Est-ce que vous connaissez ce proverbe? - UvA-DARE

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Est-ce que vous connaissez ce proverbe? - UvA-DARE
LA CONNAISSANCE PROVERBIALE
DES FRANÇAIS ET DES NEERLANDAIS
EN L1 ET L2
Daphne van Kesteren (10415939)
Mémoire de maîtrise
Sous la direction de Petra Sleeman
Département de français
Université d’Amsterdam
Juin 2013
Arrivée à terme de mon mémoire, je tiens à adresser
quelques remerciements aux personnes qui m’ont aidée
dans la réalisation du mémoire. Tout d’abord, je voudrais
remercier madame Petra Sleeman pour avoir dirigé mon
mémoire. Ensuite mes remerciements vont à Isabelle
Charlier, à Christine van Kesteren et à Koen Gijzel pour
m’avoir donné la permission de questionner leurs élèves.
Finalement, je voudrais remercier toutes les personnes
qui ont participé à mon enquête.
2
INDEX
INTRODUCTION
6
CHAPITRE I. Le proverbe : un cadre théorique
1.1. La définition du mot proverbe
1.2. Les origines et les évolutions des proverbes
1.3. La catégorisation des proverbes
1.3.1. Les dictons
1.3.2. Les maximes
1.3.3. Les adages
1.3.4. Les aphorismes
1.3.5. Les préceptes
1.3.6. Les sentences
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CHAPITRE II. Le proverbe : une étude comparative
2.1. Les proverbes français et le rôle du proverbe en France
2.1.1. Les proverbes français
2.1.2. La connaissance des proverbes en France
2.2. Les proverbes néerlandais et le rôle du proverbe aux Pays-Bas
2.2.1. Les proverbes néerlandais
2.2.2. La connaissance des proverbes aux Pays-Bas
2.3. Les différences et les ressemblances
2.3.1. Les équivalents totaux
2.3.2. Les équivalents partiels
2.3.3. Les pseudo-équivalents
2.3.4. Les non-équivalents
2.3.5. D’autres différences
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CHAPITRE III. L’acquisition des proverbes en France et aux Pays-Bas
3.1. L’acquisition des proverbes
3.1.1. L’acquisition des proverbes chez les locuteurs natifs
3.1.2. L’acquisition des proverbes chez les apprenants L2
3.2. La méthode de recherche
3.2.1. La procédure suivie et les critères de comparaison
3.2.1.1. Les personnes interrogées
4.1.1.2. Le questionnaire
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CHAPITRE IV. La recherche : les résultats
4.1. La connaissance proverbiale en L1
4.1.1. Les lycéens francophones
4.1.1.1. La production des proverbes
4.1.1.2. La (re)connaissance des proverbes
4.1.1.3. La signification des proverbes
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3
4.1.1.4. L’usage des proverbes
4.1.2. Les lycéens néerlandais
4.1.2.1. La production des proverbes
4.1.2.2. La (re)connaissance des proverbes
4.1.2.3. La signification des proverbes
4.1.2.4. L’usage des proverbes
4.1.3. Explication des résultats
4.1.4. Les étudiants français
4.1.4.1. La production des proverbes
4.1.4.2. La (re)connaissance des proverbes
4.1.4.3. La signification des proverbes
4.1.4.4. L’usage des proverbes
4.1.5. Les étudiants néerlandais
4.1.5.1. La production des proverbes
4.1.5.2. La (re)connaissance des proverbes
4.1.5.3. La signification des proverbes
4.1.5.4. L’usage des proverbes
4.1.6. Explication des résultats
4.1.7. Les adultes francophones
4.1.7.1. La production des proverbes
4.1.7.2. La (re)connaissance des proverbes
4.1.7.3. La signification des proverbes
4.1.7.4. L’usage des proverbes
4.1.8. Les adultes néerlandais
4.1.8.1. La production des proverbes
4.1.8.2. La (re)connaissance des proverbes
4.1.8.3. La signification des proverbes
4.1.8.4. L’usage des proverbes
4.1.9. Explication des résultats
4.1.10. Conclusion
4.2. La connaissance proverbiale en L2
4.2.1. Les lycéens francophones
4.2.1.1. La production des proverbes
4.2.1.2. La connaissance des proverbes
4.2.1.3. Explication des proverbes
4.2.1.4. Usage des proverbes
4.2.2. Les lycéens néerlandais
4.2.2.1. La production des proverbes
4.2.2.2. La connaissance des proverbes
4.2.2.3. L’explication des proverbes
4.2.2.4. L’usage des proverbes
4.2.3. Explication des résultats
4.2.4. Les étudiants français
4.2.4.1. La production des proverbes
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4.2.4.2. La connaissance des proverbes
4.2.4.3. L’explication des proverbes
4.2.4.4. L’usage des proverbes
4.2.5. Les étudiants néerlandais
4.2.5.1. La production des proverbes
4.2.5.2. La connaissance des proverbes
4.2.5.3. L’explication des proverbes
4.2.5.4. L’usage des proverbes
4.2.6. Explication des résultats
4.2.7. Les adultes francophones
4.2.7.1. La production des proverbes
4.2.7.2. La connaissance des proverbes
4.2.7.3. L’explication des proverbes
4.2.7.4. L’usage des proverbes
4.2.8. Les adultes néerlandais
4.2.8.1. La production des proverbes
4.2.8.2. La connaissance des proverbes
4.2.8.3. L’explication des proverbes
4.2.8.4. L’usage des proverbes
4.2.9. Explication des résultats
4.2.10. Conclusion
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DISCUSSION
73
CONCLUSION
78
BIBLIOGRAPHIE
79
ANNEXES
82
5
INTRODUCTION
« Un proverbe est l'esprit d'un seul et la sagesse de tous. »1
John Russell
« Une hirondelle ne fait pas le printemps », « l'habit ne fait pas le moine » et « qui vole un
œuf, vole un bœuf » sont trois phrases qui semblent sans doute familières pour tous les
Français. Elles sont des produits des siècles passés, des peuples étrangers qui ont constitué
quelque chose de commun : les proverbes. A l’heure actuelle, on ne sait pas où les proverbes
sont nés exactement et ce n’est que pour certains proverbes qu’on connaît leur histoire et leur
culture. Mais nous pouvons sans doute affirmer qu’ils sont des signes d’antiquité et de
sagesse. Leur richesse est surtout basée sur la diversité ; chaque culture est différente et
chaque population connaît ses propres codes proverbiaux. Chaque proverbe exprime sa propre
perspective sur un comportement ou un sentiment à adopter.
Notre étude se base sur la connaissance et l’usage des proverbes dans des cultures et des pays
différents. Dans ce mémoire, nous nous concentrerons sur la connaissance et l’usage
proverbial des personnes francophones et des personnes néerlandaises. De plus, nous nous
demandons si les proverbes semblent être en voie de disparition et c’est pour cette raison que
nous nous demandons s’il y a des différences en connaissance proverbiale entre des
générations différentes. A cet égard, nous voudrions savoir si les générations plus âgées
connaissent et utilisent plus de proverbes que les jeunes générations par exemple. C’est
pourquoi notre question principale sera la suivante : Quels sont les connaissances et l’emploi
actuels des Francophones et des Néerlandais des proverbes dans leur langue maternelle (L1)
et leur langue seconde (L2) ?
Dans ce mémoire, nous mettrons en avant les résultats d’une étude comparative entre la
connaissance et l’usage parémiologique des Francophones et des Néerlandais sur la base
d’une enquête. En fonction de cette enquête, nous regarderons la manière dont les proverbes
sont utilisés et produits par des Francophones et des Néerlandais de différents âges. Dans cette
analyse comparative, nous nous intéressons à l’usage et la connaissance de proverbes dans la
1
Source : http://www.linternaute.com/citation/34526/un-proverbe-est-l-esprit-d-un-seul-et-la-sagesse-de---john-
russell/
6
langue maternelle des participants (le français pour des personnes francophones et le
néerlandais pour les Néerlandais). En outre, nous nous intéressons aussi à la connaissance
parémiologique dans leur langue seconde. Les personnes francophones qui ont participé sont
par conséquent des apprenants du néerlandais et les Néerlandais qui ont participé sont des
apprenants de la langue française.
En ce qui concerne la structure de notre travail, nous commencerons par définir un cadre
théorique du proverbe où nous essaierons d’en donner une définition précise et où nous nous
concentrerons sur ses origines et ses évolutions. Ce cadre théorique se terminera par la
catégorisation des proverbes. Dans la deuxième partie de la recherche, nous présenterons une
étude comparative des proverbes français et les proverbes néerlandais et la connaissance des
proverbes en France et aux Pays-Bas. Nous donnerons aussi des différences et des
ressemblances entre les proverbes français et néerlandais. Ensuite, nous parlerons de
l’acquisition des proverbes en langue maternelle et en langue seconde. Dans ce troisième
chapitre, nous présenterons aussi notre méthode de recherche, la procédure que nous avons
suivie et les critères de comparaison. Nous parlerons aussi de la construction de notre corpus.
Dans le quatrième chapitre, nous avancerons les résultats de notre recherche, en nous
concentrant sur la connaissance proverbiale des personnes interrogées en langue maternelle
(L1) et en langue seconde (L2). Nous finirons ce mémoire en proposant une discussion, des
possibilités pour des recherches futures possibles et quelques conclusions générales.
7
CHAPITRE I
Le proverbe : un cadre théorique
Ce premier chapitre se concentre sur la notion et l’origine des proverbes. A l’aide d’autres
recherches, nous proposons une définition du mot proverbe dans le premier paragraphe.
Ensuite, nous mettons en avant les origines et les évolutions des proverbes. Et finalement,
nous essayons d’établir une classification des proverbes.
1.1. La définition du mot proverbe
Selon la définition de Buridant (1984), le proverbe est un:
« Énoncé singulier par son contenu et sa forme. Son insertion dans le discours a intéressé les
grammairiens et les philosophes depuis la plus haute antiquité jusqu’à nos jours et, assez
récemment, les ethnologues : c’est un élément carrefour dont l’étude engage des disciplines
majeures des sciences humaines. »2 Deuxièmement, il existe un terme complet concernant
l’étude de proverbe, c’est ce qu’on appelle la parémiologie. Ce concept vient du grec
‘paremia’ et recouvre l’étude ‘logos’ des proverbes. Depuis les années 60, la parémiologie est
reconnue comme la branche dont l’objet fondamental d’étude est le proverbe.
(Zouogbo, 2009)
Le proverbe est un objet d’étude auquel beaucoup de travaux ont été consacrés. Néanmoins, il
n’est pas facile de donner une définition complète et universelle du phénomène. En feuilletant
plusieurs ouvrages concernant le proverbe, il semble qu’il n’existe pas de définitions claires
de la notion de proverbe. Il nous paraît pour cette raison important de débuter ce travail en
reprenant la définition, telle qu’elle apparaît dans le dictionnaire Le Petit Robert (2011) :
« Formule présentant des caractères formels stables, souvent métaphorique ou figurée et
exprimant une vérité d’expérience ou un conseil de sagesse pratique et populaire, commun à
tout un groupe social. »3 Par conséquent, l’ouvrage classique du Robert met en avant le côté
métaphorique et imagé du proverbe. Tout comme Alain Rey (1989) qui souligne aussi
l’emploi de la métaphore, « qui transfère le sens de la phrase d’un élément concret servant de
2
CLAVER ZOUOGBO, Jean-Philippe. Le proverbe entre langues et cultures ; Une étude de linguistique
confrontative allemand/français/bété. Peter Lang, Etudes contrastives Vol. 10, 2009.
3
Le Petit Robert, 2011
8
prétexte à une valeur abstraite »4. Alain Rey insiste sur le fait que la métaphore est
extrêmement fréquente dans les proverbes. (Zouogbo, 2009)
En cherchant une définition de la notion du proverbe, nous distinguons aujourd’hui deux
tendances contraires. Premièrement, il existe une tendance qui est plutôt optimiste. La
tendance optimiste dit qu’il est possible de définir le proverbe linguistiquement. Les linguistes
optimistes avancent que les proverbes constituent une catégorie linguistique homogène et
qu’ils sont décrits d’une façon unitaire. Par ailleurs, il existe une tendance qui est plutôt
pessimiste. Cette tendance soutient le fait que les proverbes forment une catégorie qui est plus
ou moins hétérogène et elle dit que ce n’est pas facile de définir la notion du proverbe à cause
de liens imprécis. (Kleiber, 1999)
Le proverbe est avant tout un moyen de communication, c’est une manière de communiquer
et de s’exprimer. L’usage de proverbes peut être considéré comme un jeu, qui est d’une part
tonal parce que le proverbe peut être une forme d’ironie, de plaisanterie ou de gravité par
exemple. De l’autre côté, l’usage de proverbes peut être considéré comme un jeu modal, le
proverbe est souvent une invitation, un conseil, un rappel à l’ordre et/ou même un fatalisme.
(Visetti, 2006)
Comme il est difficile de donner une définition exacte du phénomène ‘proverbe’, nous
regardons et reprenons les mêmes caractérisations qu’on retrouve dans d’autres recherches qui
concernent l’analyse du proverbe. Il y a de nombreux traits distinctifs, mais non essentiels, qui
caractérisent les parémies. En disant d’abord que le proverbe est une forme sentencieuse qui
est plutôt figée. Le proverbe est donc à peu près inchangé et constant dans sa forme. C’est
pourquoi il est possible d’intégrer le proverbe au lexique entendu. Deuxièmement, on
reconnaît le proverbe par sa brièveté et la simplicité de ses formats qui sont particulièrement
des structures binaires, c'est-à-dire divisible en deux parties. Tous les proverbes ont en
commun qu’ils peuvent dire beaucoup avec peu de mots. De plus, le proverbe se trouve
toujours au présent. Généralement il ne s’adapte pas au contexte et il prend l’ordre des mots
d’une phrase déclarative ou il se trouve à l’impératif. Le proverbe ne peut jamais être mis
dans la forme d’une question. Le proverbe est aussi défini par l’injonction morale qu’il
4
REY, Alain. Préface dans MONTREYNAUD, Florence, PIERRON, Agnes et SUZZONI, François.
Dictionnaire de proverbes et dictons. Robert, Paris, 1989.
9
possède normalement. Grâce à sa permanence ancestrale, les proverbes contiennent dans la
plupart des cas une leçon sage et des vérités éternelles. Le proverbe est normalement utilisé
comme une sorte de citation sans mentionner la source. Mais contrairement à la citation,
l’auteur de proverbe est en général inconnu. Finalement, il est important qu’on insiste sur le
fait que les proverbes contiennent une sorte d’universalité. Les différents genres proverbiaux
traversent les langues et les cultures ce qui mène au fait que les proverbes connaissent souvent
un équivalent ou une concordance dans une autre langue. (Visetti, 2006)
Cependant, il y a aussi des proverbes qui sont caractéristiques d’une seule langue. Ce sont
souvent les proverbes qui expriment des caractéristiques qui sont typiques d’une culture. Pour
la culture néerlandaise, c’est par exemple le fait que les Néerlandais sont connus pour leur
mentalité (sévère) de travail, le proverbe néerlandais « Na gedane arbeid is het goed
rusten » (Après que le travail a été fait, il faut qu’on se repose) est pour cette raison
typiquement néerlandais. La même chose vaut pour le fait que Paris est bien sûr typiquement
français, c’est pour cela qu’on ne connaît pas le proverbe « Avec des si, on mettrait Paris en
bouteille » en néerlandais par exemple. (Hasselt, 2010)
Pourtant, il est clair que les proverbes sont fortement liés à la culture. Pour cette raison, les
personnes qui veulent apprendre une deuxième langue ont souvent des problèmes avec
l’apprentissage des proverbes. De plus, il est aussi important que les apprenants connaissent
les proverbes de leur propre langue, parce que cela les aide à comprendre leur propre culture.
L’apprentissage de proverbes aide donc à mieux apprendre la culture. (Hasselt, 2010)
Dans son article, Godelieve Laureys5 distingue quatre caractéristiques différentes du
proverbe. À savoir :
1) Les caractéristiques de forme. Ce sont les expressions lexicalisées avec des stéréotypes
morphologiques et syntaxiques. Mais à cette catégorie appartient aussi l’usage de procédés de
style poétiques comme par exemple le rythme, la rime, les associations sonores, les
allitérations, les oppositions, les parallélismes et les images.
5
LAUREYS, Godelieve. Koppig als een ezel - Envis som en åsna. Dierensymboliek in het Nederlands en het
Zweeds.
10
2) Les caractéristiques sémantiques-pragmatiques. Les proverbes sont fixés sur une
reproduction normative et conservative de vérités humaines, c’est pourquoi ils confirment
souvent des normes qui sont spécifiques à la culture.
3) La fonction communicative. Les proverbes sont souvent utilisés pour soutenir un argument.
Le proverbe fonctionne comme un ‘magister dixit’-argument, cela veut dire que l’auditeur est
censé être d’accord avec le locuteur.
4) La fonction méta-communicative. A cause de sa forme joyeuse et le renvoi aux idées du
peuple, le proverbe stimule et
rétablit l’interaction entre locuteur et auditeur. De cette
manière, les proverbes rendent possible d’aborder des sujets délicats d’une manière indirecte
et joyeuse. Selon une expression nigériane les proverbes sont « l’huile de palme dont on se
sert pour manger la parole »6. Cette phrase a la particularité de comparer l’énoncé proverbial
avec un repas. Cette métaphore ou cette connotation de proverbes nous montre que le
proverbe est en quelque sorte une sorte de nécessité vitale (comme la nourriture) que nous
partageons ensemble et qui nous donnent des forces aussi. (Laureys, 1995)
Toutes ces caractéristiques du proverbe peuvent être retrouvées dans un schéma rédigé par
Jean-Claude Anscombre (Image 1) :
Image 1. Caractéristiques de la notion de proverbe 7
Une grande partie des proverbes réfèrent aux animaux. Ces proverbes, et beaucoup d’autres
proverbes
aussi,
sont
clairement
basés
sur
des
stéréotypes.
Dans
le
travail
« Geschlechtsspezifische Stereotypen im Sprichwort: Ein inter-diziplinärer Problemaufriß »,
6
Assemblée Parlementaire de la Francophonie. L’avenir des langues. Antananarivo, du 14 au 16 mai 2008
(http://en.calameo.com/read/00006161628652c06f267)
7
ANSCOMBRE, Jean-Claude. Parole proverbiale et structures métriques. Dans: Langages, 34e année, n°139,
2000.
11
Daniels donne la définition suivante des stéréotypes : « Les stéréotypes sont des convictions
exprimées en mots qui se dirigent vers des individus ou des groupes. Les proverbes prennent
la forme d’expressions tendancieuses qui refusent ou attribuent simplement et à tort certaines
caractéristiques de comportement à un groupe de gens (ou animaux). » (Laureys, 1995)
Les stéréotypes sont toujours le résultat d’une sélection d’observations où les choses typiques
sont accentuées tandis que les autres perceptions ne sont pas présentées. Cela fait que les
parémies peuvent se contredire de temps en temps. Un exemple est l’image du hibou qui est
aussi bien le modèle de la bêtise que le modèle de la sagesse. Et en France, on dit « vif
comme un lézard » mais aussi « paresseux comme un lézard ». Les stéréotypes sont des
procédés rhétoriques et leur valeur de vérité est déterminée par les idées humaines mais aussi
bien par leur contexte concret. (Laureys, 1995)
Malgré le fait qu’il existe beaucoup de proverbes qui s’agissent d’animaux ou de choses plus
concrètes, le proverbe possède toujours une caractéristique qu’on appelle le trait humain.
George Kleiber (1999) explique ce fait dans son livre: « Alors que les phrases génériques
peuvent porter sur tout type d’entités, les proverbes semblent restreints aux hommes. » Il dit
que
même les proverbes qui ne mentionnent pas littéralement des hommes en parlent
métaphoriquement. George Lakoff et Mark Turner en disent que : « Proverbs concern people,
though they often look superficially as if they concern other things – cows, frogs, peppers,
knives, charcoal. »8 (Audy, 2010)
1.2. Les origines et les évolutions des proverbes
Il existe beaucoup d’études concernant l’origine et la diffusion géographique des proverbes.
Même si la plupart des proverbes sont anciens, on n’arrête pas de les utiliser à l’heure
actuelle. Aujourd’hui, beaucoup de personnes ne savent plus comment les proverbes se sont
formés et ce qu’ils signifiaient originellement. L’origine et l’histoire des proverbes peuvent
pourtant nous fournir une image de la façon dont les gens vivaient et pensaient autrefois. Les
proverbes peuvent nous montrer ce qu'ils croyaient dans le temps et ce qu'ils ont appris de la
nature par exemple. C’est l’histoire et l’ancienneté qui ont donné le proverbe une certaine
8
AUDY, Marie-Line. L’attrition de la marque d’usage PROVERBIAL de la 7e (1878) à la 8e(1932-35) édition
du Dictionnaire de l’Académie Française. Université de Montréal, Département de linguistique et de traduction
Faculté des arts et des sciences, Avril 2010.
12
autorité. C’est son intemporalité, son vocabulaire archaïque et son syntaxe désuet qui donne le
proverbe son caractère antique en répétant des paroles de sagesse sans âge. Les deux
linguistes Yves-Marie Visetti et Pierre Cadiot en disent la suivante « Dans des sociétés de
tradition orale, le proverbe est le lieu essentiel de l’intelligence et de la mémoire collectives,
un instrument indispensable de fixation et de transmission, et une forme par excellence d’un
discours public et transpersonnel ».9 (Audy, 2010)
En
ce
qui
concerne
l’origine
des
proverbes,
nous
pouvons
distinguer
trois
catégories différentes. D’abord, il y a les proverbes qui viennent d’écrits sacrés comme la
Bible ou le Coran. Des exemples de ces proverbes sont « Mieux vaut un voisin proche qu'un
frère éloigné », « Qui donne aux pauvres prête à Dieu » et « Péché d'orgueil ne va pas sans
danger ». Deuxièmement, on distingue les proverbes qui sont utilisés pour la première fois par
une personne qui détient l’autorité. Ces personnes peuvent être des politiciens, des
philosophes ou des poètes par exemple. Un exemple d’une telle personne est Voltaire, il a
inventé entre autre le proverbe « Le désespoir a souvent gagné des batailles ». Le proverbe
« Loin des yeux, lon du cœur » vient aussi d’un poème (extrait d’Élégies du poète latin
Properce) par exemple. Les proverbes dans cette catégorie sont des expressions historiques
qui empruntent leur crédibilité à l’autorité de leurs sources. De plus, certains textes littéraires
ont aussi créé des proverbes. Il est observé que les proverbes sont souvent tirés de textes
littéraires, notamment des fables. La dernière catégorie se compose de proverbes qui sont
dérivés de la tradition orale, ce qui est le cas pour la plupart des proverbes. Ils sont souvent
dits aux jeunes par les plus âgés, qui aiment orner leur discours avec des proverbes avec
lesquels ils connotent l’éloquence et la sagesse. Les proverbes qui sont dérivés de la tradition
orale sont devenus des domaines publics anonymes qui sont utilisés par tout le monde. Il
s’agit de proverbes comme par exemple « Bon chien chasse de race ». Le mode de
transmission orale de proverbes, de bouche à oreille et de génération en génération, a abouti à
une diffusion de proverbes dans des langues et cultures différents et ainsi à fournir plusieurs
variantes du même proverbe. Selon Brouzeng « La diversité des origines de parémies
9
AUDY, Marie-Line. L’attrition de la marque d’usage PROVERBIAL de la 7e (1878) à la 8e(1932-35) édition
du Dictionnaire de l’Académie Française. Université de Montréal, Département de linguistique et de traduction
Faculté des arts et des sciences, Avril 2010.
13
porteuses d’un même message prouve l’existence d’un fond de thèmes communs à de
nombreuses langues »10. (Laureys, 1995)
En dépit du fait que les proverbes sont en général figés, il y a aussi des proverbes qui ont
évolué au fil du temps. Un exemple d’un tel proverbe est « Quand le chat n'est pas là, les
souris dansent ». Ce proverbe a des variantes anciennes comme « Là où le chat n'est, souris y
révèle » (XIIIe siècle) et « Absent le chat, les souris dansent » (Baïf, 1597).
(Sevilla Munoz, 2000)
Comme nous avons déjà montré dans le paragraphe précédent, les proverbes présentent
souvent des similarités mutuelles. Pour la plupart de ces proverbes il vaut qu’ils viennent de
textes latins. On sait que les Romains utilisaient beaucoup de proverbes comme les écrits
d’écrivains comme Plaute, Cicéron et Horace nous montrent. Beaucoup de proverbes latins
viennent à leur tour de la langue grecque. (Laureys, 1995)
Au XVIe siècle, il était d’usage d’incorporer des proverbes dans la peinture. Pendant cette
période, des peintres comme Frans Hogenberg et Pieter Bruegel ont illustré des proverbes ou
dictons dans leurs peintures. Un exemple très connu d’une telle peinture est « les proverbes
flamands » de Pieter Bruegel. Sur cette peinture on trouve environ 120 proverbes ou dictons,
certains sont décrits par rapport au folklore nordique et d'autres réfèrent aux dictons flamands.
Image 2. Peinture ‘Les proverbes flamands’ de Pieter Bruegel
10
11
VISETTI, Yves-Marie et CADIOT, Pierre. Motifs et proverbes Essai de sémantique proverbiale. Paris :
Presses Universitaires de France. 2006.
14
Pendant le romantisme, les collections de proverbes devenaient populaires à cause d’un grand
intérêt à la culture, l’esprit du peuple et l’héritage culturel du passé. Depuis cette époque, nous
pouvons trouver des collections de proverbes dans à peu près toutes les régions linguistiques.
(Laureys, 1995)
1.3. La catégorisation des proverbes
Dans le premier paragraphe, nous avons vu que il est difficile de trouver une définition
complète de la notion de proverbe. En regardant les classifications et les interprétations de
proverbes, elles semblent être aussi hasardeuses. C’est ainsi que l’on retrouve des locutions
identiques, comme par exemple « une hirondelle ne fait pas le printemps », qui sont classées
parfois comme dictons, comme maximes ou comme citations. De plus, en regardant les
dictionnaires, les notions sont aussi souvent utilisées d’une manière différente. Par
conséquent, il est très difficile de distinguer ces termes apparentés. C’est pourquoi, nous
tenterons seulement de donner une classification dans ce paragraphe. (Audy, 2010)
Dans son livre, Alain Streck distingue six catégories de proverbes différentes, à savoir les
dictons, les maximes, les adages, les aphorismes, les préceptes et les sentences. Dans ce
paragraphe nous traitons ces six catégories en donnant une définition et plusieurs exemples.
Les linguistes ne sont pas tous d’accord sur le fait que c’est six notions sont des souscatégories des proverbes, certains d’entre eux soutiennent le fait que ces catégories sont des
catégories indépendantes et pour cette raison différentes de la notion du proverbe. Le
proverbe se confond souvent avec la locution, la maxime, l’adage, le dicton, l’aphorisme et la
sentence. L’explication de cette confusion tient à ce que les chercheurs ne sont toujours pas
d’accord sur la terminologie pour caractériser ces séquences figées. Même aujourd’hui, il n’y
a aucune définition qui a fait l’unanimité. Ce que l’un qualifie de proverbe est considéré par
un autre comme une maxime etc. (Streck, 2008) (Audy, 2010)
1.3.1. Les dictons
En regardant la définition du dicton dans Le Robert, nous pouvons constater que le dicton est
une sentence passé en proverbe, c’est une expression proverbiale qui exprime une vérité ou un
conseil. Comme Maurice Maloux le signale « le dicton […] caractérise maintenant des faits
de circonstance »12. Les dictons constatent donc plutôt un fait, comme par exemple « Noël au
11
12
http://art.mygalerie.com/lesmaitres/pbruegel/bruegel1.html
MALOUX, Maurice. Dictionnaire des proverbes sentences et maximes. Paris : Larousse, 1998.
15
balcon, Pâques aux tisons ».
De plus, les dictons sont régulièrement régionaux et ils
contiennent en général une note humoristique, comme on peut voir dans les exemples « Qui
vole un œuf vole un bœuf » et « Il est fatigant de se reposer ». Les dictons portent aussi
souvent sur les périodes ou des fêtes de l’année. Finalement, plusieurs linguistes s’entendent
pour dire que les dictons ressortent souvent à la météorologie et au travail agricole. Les
dictons sont des proverbes qui parlent en particulier du temps qu’il fait ou de la vie
quotidienne, voici l’exemple « En avril ne te découvre pas d’un fil. » Pierre Arnaud définit la
notion du dicton en disant qu’ « un dicton est un proverbe portant sur un moment de l’année
(saison, mois ou fête) et le temps qu’il y fait ou les réalités agricoles qui lui sont liées […]
ainsi que sur des faits caractéristiques d’une branche d’activité ou d’une localité ne pouvant
servir à référer à une situation extérieure à ces dernières ». 13 (Streck, 2008) (Audy, 2010)
1.3.2. Les maximes
La deuxième notion que nous abordons est celle des maximes. Les maximes expriment
souvent une règle de conduite. Selon Le Robert, c’est une formule lapidaire énonçant une
règle morale ou une vérité générale comme par exemple « Il vaut mieux se faire agréer que de
se faire valoir ». Une autre caractéristique de maximes est le fait qu’elles sont souvent
ironiques et/ou critiques, comme dans l’exemple « Il faut prendre la vie comme elle vient ».
Dans l’article de Marie-Line Audy, la maxime est décrite comme un énoncé d’ « application
[…] générale », de « caractère […] mixte » et la maxime énonce une « règle de vie ». De plus,
en regardant le XVIIe et le XVIIIe siècle, la notion de la maxime connaissait une certaine
valeur, un certain statut social. Cela ressort du fait que les maximes étaient préférées à la cour
pendant ces époques là. Comme Voltaire constate Voltaire énonce que « Les maximes sont
nobles, sages et utiles. Elles sont faites pour les hommes d’esprit et de goût, pour la bonne
compagnie. »14. (Streck, 2008) (Audy, 2010)
1.3.3. Les adages
Ensuite, les adages édictent plutôt un conseil juridique ou pratique. En général, c’est une souscatégorie de la maxime pratique ou juridique, ancienne et populaire comme on peut voir dans
les proverbes « Qui veut voyager loin ménage sa monture » et « Noblesse oblige ». Selon
13
14
ARNAUD, Pierre J. L.. Réflexions sur le proverbe. Cahiers de lexicologie, 59(2):6-27, 1991.
VOLTAIRE. Siècles De Louis XIV: Et De Louis XV, Volume 5; Siècles De Louis XIV: Et De Louis XV. Pierre
Didot, et Firmin Didot, 1817.
16
Maurice Maloux, l’adage est « une proposition ayant pour fin une action morale »15. Certains
adages sont des résultats de la sagesse folklorique et c’est son ancienneté qui rend l’adage une
énonciation proverbiale mémorable. Beaucoup d’adages qu’on connaît proviennent
originairement d’une traduction latine comme par exemple l’adage « Subis la loi que tu as
créée » qui vient de « Patere legem quam fecisti ». (Streck, 2008) (Audy, 2010)
1.3.4. Les aphorismes
Quatrièmement, nous parlons d’aphorismes. Les aphorismes énoncent une théorie, et tirent
une conclusion de faits observés, comme par exemple « Chat échaudé craint l’eau froide », «
La critique est aisée et l'art est difficile ». La notion d’aphorisme est proche de celle de la
maxime mais l'aphorisme se fonde sur des propositions antithétiques tandis que la maxime
met en scène le paradoxe. De plus, la maxime est de la tradition française, tandis que
l’aphorisme est de la tradition allemande. L'aphorisme maintient des liens avec la poésie et il
est proche de figures de style comme la contradiction, le parallélisme, l’antithèse et la
symétrie. Et finalement, l’aphorisme donne un énoncé autoritaire et fermé. (Streck, 2008)
(Audy, 2010)
1.3.5. Les préceptes
La cinquième catégorie est celle des préceptes. Les préceptes sont des prescriptions ou des
formules courtes qui récapitulent une théorie, une série d’observations ou qui renferment un
précepte. Ils résument un enseignement d’ordre scientifique, artistique, moral ou
philosophique, comme on peut voir par exemple dans le précepte « L’éducation a des racines
amères, mais ses fruits sont doux ». (Streck, 2008)
1.3.6. Les sentences
Finalement, les sentences sont de courtes phrases qui expriment un jugement ou une pensée
morale, souvent de manière dogmatique. Le Robert en dit que c’est une pensée, surtout sur un
point de morale, exprimée d’une manière dogmatique et littéraire « Qui ne sait pas rendre un
service n’a pas le droit d’en demander » et « N’accuse pas le puits d’être profond, si tu prends
une corde trop courte ». Selon Maurice Maloux, la sentence « fait réflechir »16. Il insiste aussi
sur le fait que la sentence est différente du proverbe en disant que « la sentence […] a un sens
moins vulgaire et une forme plus abstraite. » (Audy, 2010)
15
16
MALOUX, Maurice. Dictionnaire des proverbes sentences et maximes. Paris : Larousse, 1998.
MALOUX, Maurice. Dictionnaire des proverbes sentences et maximes. Paris : Larousse, 1998.
17
En faisant cette analyse de différentes catégories, il devient clair, même si le dicton est une
sous-catégorie des proverbes, que le proverbe et le dicton seraient des synonymes ayant les
sens les plus rapprochés. C’est aussi pourquoi ces deux notions sont souvent mentionnées
dans le même contexte et pourquoi elles sont souvent emmêlées. L’adage se distingue plutôt
par son ancienneté, bien que la sentence soit avant tout une pensée et pour cette raison elle se
diffère des autres catégories. Néanmoins, il faut qu’on insiste sur le fait que la distinction
entre les catégories n’est pas du tout évidente. En lisant des articles, il devient clair que les
liens entre ces catégories ne sont pas univoques, ce qui a mené a des définitions plus au moins
générales.
De plus, il faut qu’on insiste sur la distinction entre le proverbe, l’expression et la locution
verbale. Les deux notions de l’expression et de la locution sont souvent confondues et elles
sont utilisées irrégulièrement. Bien que les limites entre l’expression et la locution ne soient
pas nettes, il existe des différences entre les deux. Selon le Dictionnaire historique de la
langue française la locution est apparue au sens de « manière de parler » tandis que
l’expression est apparue au sens de « manière de s’exprimer » 17. Le dictionnaire dit aussi que
la locution a pris le sens moderne de « groupe de mots fixé par la tradition » ce qui la rend en
compétition avec la notion du proverbe et de l’expression. La locution et l’expression sont
toutes les deux constituées de plusieurs mots. Mais d’un point de vue sémantique, la locution
est considérée comme juste une unité fonctionnelle. L’expression, de l’autre côté, possède
souvent un trait métaphorique pour exprimer un message. Dans la pratique, la notion
d’expression est souvent utilisée comme une sorte de terme général et générique qui est
employé pour toutes les phrases qui ont un sens figuré. Une différence entre l’expression, la
locution et le proverbe est le fait que la forme verbale de la locution et de l’expression peut
être conjuguée de temps en temps. Tandis que le proverbe se trouve toujours au présent. De
plus, le Dictionnaire historique de la langue française considère le proverbe comme quelque
chose une énoncé qui désigne une sentence morale, c’est une maxime de la sagesse.
(Hasselt, 2010)
17
REY, Alain. Dictionnaire historique de la langue française. Paris : Le Robert, 2006.
18
CHAPITRE II
Le proverbe : une étude comparative
Ce deuxième chapitre se concentre premièrement sur les proverbes français, leur histoire,
leurs formes et la connaissance des proverbes en France. Deuxièmement, nous mettons en
avant les proverbes néerlandais et la connaissance des proverbes aux Pays-Bas. Finalement,
nous comparons les pays et leurs proverbes en donnant des différences et des ressemblances
entre les deux.
2.1. Les proverbes français et le rôle du proverbe en France
Dans cette première partie du chapitre, nous parlons des proverbes français, leurs origines et
leurs formes. Deuxièmement, ce paragraphe se concentre aussi sur le rôle du proverbe en
France, sur la connaissance des proverbes chez les Français.
2.1.1. Les proverbes français
Visetti et Cadiot (2006) affirment que « les proverbes sont généralement les mêmes, en patois
et en français, ce qui est une preuve que le langage était autrefois le même. » Cette citation
montre que la plupart des proverbes français existent depuis au moins quelques centaines
d’années. Déjà au Moyen Âge, le proverbe était d’une importance considérable dans la
culture. Pendant cette époque-là, le proverbe était vu comme une autorité absolue, comme une
vérité. C’est pourquoi nous pouvons retrouver des proverbes dans des textes médiévaux de
tout genre : religieux, poétiques, savants, didactiques etc. Au XVIIème siècle, le proverbe
obtint un statut différent. Le proverbe fut considéré comme vulgaire, il prit une connotation
négative et les lettrés décidèrent de ne plus les utiliser. C’est pourquoi le proverbe commença
à tomber en désuétude. En 1694, l’Académie française sortit la première édition du
Dictionnaire de l’Académie française qui incluait beaucoup de parémies. L’Académie
française en disait : « Cependant comme ils font une partie considerable de la Langue, on a
pris soin de les recueillir, aussi bien que les façons de parler Proverbiales, dont on a marqué
les significations & les differens employs. »18 Bien que les proverbes eussent une connotation
négative pendant cette époque, il y avait des écrivains, comme Perrault et La Fontaine, qui
continuaient à les utiliser comme objet didactique et moral. C’est pourquoi les proverbes
18
Source : http://www.academie-francaise.fr/le-dictionnaire-les-neuf-prefaces/preface-de-la-premiere-edition-
1694
19
étaient préservés et transmis quand même sous forme écrite. Mais ce ne fut qu’après la
Révolution que les parémies entrèrent de nouveau dans la tradition française. C’est pourquoi
Suzzoni (1989) explique à juste titre : « Les proverbes sont recueillis comme les témoins d’un
monde qui s’éloigne, d’une langue au vocabulaire désuet, aux tournures vieillies […] enrichis
au cours des siècles des adages de la tradition antique, grecque et latine, de citations devenues
proverbiales, de préceptes évangéliques, d’aphorismes et de sentences d’une morale laïque
plus récente ». (Audy, 2010)
En regardant les proverbes français, nous pouvons distinguer une certaine régularité dans les
structures des proverbes d’après Conenna (2000). Les classes de proverbes les plus courantes
commencent par ‘on’, comme par exemple « On revient toujours à ses premières amours »,
par ‘qui’, comme dans « Qui va à la chasse perd sa place » et « Qui ne risque rien, n’a rien) ou
par ‘il faut’, comme par exemple « Il faut battre le fer quand il est chaud ».
2.1.2. La connaissance des proverbes en France
Anscombre (2000) a fait une recherche à petite échelle sur la connaissance des proverbes en
France. Sa liste comprenait des proverbes actuels mais aussi des proverbes qui sont tombés
en désuétude. Les répondants devaient montrer si on connaissait les proverbes ou non. Sa
recherche a montré que le nombre de proverbes augmente avec le degré de la culture et
surtout avec l’âge. Anscombre a aussi constaté que la connaissance des proverbes est souvent
passive, c’est-à-dire que les personnes interrogées ne les utilisaient pas toujours d’une
manière spontanée. Ils connaissaient souvent les proverbes mais ils ne les utilisaient pas, cela
s’applique certainement aux jeunes répondants de sa recherche.
2.2. Les proverbes néerlandais et le rôle du proverbe aux Pays-Bas
Dans la deuxième partie du chapitre, nous parlons des proverbes néerlandais, leurs origines et
leurs formes. De plus, ce paragraphe se concentre sur le rôle du proverbe aux Pays-Bas et sur
la connaissance des proverbes chez les Néerlandais.
2.2.1. Les proverbes néerlandais
Le néerlandais est très riche en proverbes. Van Hasselt (2010) affirme que les collections de
proverbes les plus anciennes étaient des manuscrits, qui étaient compilés par des prédicateurs
et des savants médiévaux simplement pour être utilisés par eux-mêmes. La plupart des
20
proverbes néerlandais comme on les connaît aujourd’hui sont originaires de la Bible ou
viennent de l’Antiquité. En outre, il faut qu’on insiste sur le fait qu’il y a aussi un nombre
considérable de proverbes sans origine claire. A cause de la tradition orale, nous ne pouvons
plus connaître leurs sources exactes. Aux Pays-Bas, les proverbes étaient toujours considérés
comme une richesse du patrimoine culturel qu’on devait transmettre et conserver.
Comme on a vu dans le premier paragraphe, nous pouvons remarquer une certaine régularité
dans les structures des proverbes. La même chose vaut pour les proverbes néerlandais. Les
classes de proverbes néerlandais les plus courantes commencent par ‘men’ (il) ou ‘men moet’
(il faut) comme par exemple « Men moet roeien met de riemen die men heeft » (où la chèvre
est attachée, il faut qu'elle broute) et « Men moet geen slapende honden wakker maken » (il ne
faut pas réveiller le chat qui dort) ou par ‘wie’ (‘qui’), comme dans « Wie niet waagt, die niet
wint» (qui ne risque rien, n’a rien) et « Wie wat bewaart, die heeft wat » (qui garde de son
dîner a mieux à souper). Une autre chose qui caractérise les proverbes néerlandais est le fait
que les Néerlandais omettent souvent la deuxième partie du proverbe. Dans le premier
chapitre, nous avons vu que les proverbes sont souvent des structures binaires qui sont donc
divisibles en deux parties. En néerlandais, on omet souvent la deuxième partie. Par
conséquent, on dit « Beter één vogel in de hand » (un tiens vaut mieux) au lieu de « Beter één
vogel in de hand dan tien in de lucht » (un tiens vaut mieux que deux tu l’auras), « Hoe meer
zielen » (plus on est de fous) au lieu de « Hoe meer zielen, hoe meer vreugd » (plus on est de
fous, plus on rit) ou « Als de kat van huis is » (quand le chat n’est pas là) au lieu de « Als de
kat van huis is, dansen de muizen op tafel » (quand le chat n’est pas là, les souris dansent).
2.2.2. La connaissance des proverbes aux Pays-Bas
Aux Pays-Bas, il existe beaucoup d’instituts qui donnent des cours de néerlandais comme
langue étrangère. Van Hasselt (2010) met en évidence que ces instituts prêtent souvent
explicitement attention aux proverbes. Leur motivation peut être expliquée par le fait qu’ils
pensent que les proverbes forment une partie importante de la langue néerlandaise et c’est
pour cette raison que les apprenants doivent avoir une connaissance de base parémiologique
selon eux.
Il y a eu des recherches à petite échelle sur la connaissance des proverbes entre des lycéens
néerlandais. Ces recherches ont démontré qu’ils ne connaissent souvent que la moitié des
proverbes demandés. Dans ces études, il ne s’agit pas de proverbes qui sont rares dans
21
l’utilisation. Mêmes des proverbes qui sont fréquemment utilisés, comme par exemple
« Onbekend maakt onbemind »19 et « De morgenstond heeft goud in de mond » (à qui se lève
matin, Dieu aide et prête la main), n’étaient pas reconnus par les élèves. De plus, les élèves
peuvent plus souvent donner le bon sens du proverbe qu’ils peuvent compléter le proverbe.
Cela montre que leur connaissance réceptive est meilleure que leur connaissance productive.
Les recherches ont aussi démontré que les élèves plus âgés le font mieux que les élèves plus
jeunes. Probablement parce que les élèves plus âgés ont plus d’expérience de la langue et
parce qu’ils ont eu plus d’occasions de rencontrer des proverbes dans leur vie quotidienne. Le
fait que les élèves ne connaissent que la moitié des proverbes peut bien sûr être expliqué par
le fait qu’en général les écoles néerlandaises ne prêtent pas beaucoup d’attention au
phénomène parémiologique. Ni les objectifs de l’école primaire, ni les objectifs de l’éducation
secondaire de 2006 ne parlent d’une éducation de proverbes. Ce qui est remarquable, c’est le
fait que les objectifs de 1998, par contre, parlent d’une telle éducation. Cela nous montre que
depuis 2006, l’enseignement de proverbes n'apparaît plus dans les exigences du ministère
néerlandais. Les méthodes scolaires sont axées sur les objectifs scolaires et parce qu’ils ne
parlent pas d’un enseignement de proverbes, cela n’apparaît pas dans les méthodes non plus.
C’est pour cette raison que les professeurs ne traitent pas le sujet des proverbes d’une manière
structurelle dans leurs cours. Quand un proverbe est rarement nommé et pas répété, les élèves
ne les apprennent pas. Répétition est la clé du succès en ce qui concerne une bonne
acquisition du vocabulaire et quand cela n’arrive pas, les élèves simplement ne retiennent pas
un proverbe. C’est pourquoi on peut se demander s’il n’est pas logique que la connaissance et
l’usage de proverbe semble être en déclin chez les jeunes. (Hasselt, 2010)
Nous pouvons donc remarquer qu’il arrive que les élèves ne connaissent pas un proverbe ou
qu’ils ne le connaissent que partiellement. C’est pour cette raison qu’ils font parfois des
fautes. Les élèves ne sont pas les seuls à faire cela. C’est un phénomène qu’on voit de plus en
plus aux Pays-Bas et il existe même un nom pour ce phénomène. C’est-ce qu’on appelle des
« verspreekwoorden », ce qui est une déformation du mot « verspreking » (erreur de
prononciation) et du mot « spreekwoord » (proverbe). Les erreurs sont souvent des mélanges
de deux proverbes différents comme par exemple « Men moet geen blaffende honden wakker
19
Définition du proverbe : quelque chose qui est connu par peu de personnes, n’est pas apprécié comme il se doit
22
maken »20, des proverbes dont les mots sont inversés comme par exemple « Beter een verre
buur dan een goeie vriend »21 ou des proverbes dont un mot est remplacé par un mot qui le
ressemble
comme
par
exemple
« Haastige
moed
is
zelden
goed »22.
Ces
« verspreekwoorden » apparaissent souvent dans les médias et ils peuvent mener à des
situations amusantes mais aussi honteuses. Des programmes télés comme par exemple ‘De
Wereld draait door’23 exploitent ce phénomène en montrant des fragments où les célébrités
se trompent par exemple. (Hasselt, 2010)
2.3. Les différences et les ressemblances
Dans le premier chapitre nous avons montré qu’à cause du fait que les différents genres
proverbiaux traversent les langues et les cultures, les proverbes connaissent souvent un
synonyme dans une autre langue. On appelle des proverbes synonymes dans deux langues
différentes des équivalents. Pour trouver une équivalence parémiologique, il ne faut pas
traduire une parémie mot à mot d’une langue vers une autre. Il faut chercher dans l’autre
langue une unité de sens qui correspond le mieux au proverbe de la langue du départ. (Sevilla
Munoz, 2000)
Bien qu’il ne semble pas toujours difficile de trouver un équivalent d’un proverbe, les degrés
d’équivalence varient néanmoins. Dans son livre, Zouogbo (2009) distingue trois catégories
différentes d’équivalents : les équivalents totaux, les équivalents partiels et les pseudo-
20
Cela est un mélange de deux proverbes néerlandais, à savoir: « men moet geen slapende honden wakker
maken » (il ne faut pas réveiller le chat qui dort – on utilise ‘chien’ en néerlandais) et « blaffende honden bijten
niet » (chien qui aboie ne mord pas)
21
Le proverbe original est « beter een goede buur dan een verre vriend » (traduction littérale : mieux vaut un bon
voisin qu'un ami éloigné). Cela veut dire qu’il est mieux d’avoir un voisin serviable qu’un ami qui n’est pas
présent. Dans l’exemple donné, les mots ‘buur’ (voisin) et ‘vriend’ (ami) sont inversés
22
Le proverbe original est « haastige spoed is zelden goed » (équivalent français : qui trop se hâte reste en
chemin), littéralement cela peut être traduit en français par « le courage hâtif est rarement bon ». Dans l’exemple
donné, le mot ‘moed’ (courage) est remplacé par un mot qui rime avec et le ressemble ‘spoed’ (hâte)
23
‘De wereld draait door’ est un programme télé néerlandais qui est un mélange de nouvelles, d'information et
de divertissement (http://dewerelddraaitdoor.vara.nl)
23
équivalences. Dans ce paragraphe nous essayons d’expliquer ces trois catégories plus
précisément en donnant des exemples24 pour le français et le néerlandais.
2.3.1. Les équivalents totaux
Zouogbo (2009) commence par les équivalents totaux. Comme son nom probablement
indique déjà, les équivalents totaux sont des phrases qui sont exactement les mêmes dans les
deux langues. C’est pourquoi ils sont littéralement traduisibles d’une langue à l’autre. Ces
proverbes ne forment pas de problèmes en utilisant un proverbe dans une deuxième langue,
parce qu’ils sont encore compréhensibles après la traduction littérale.
En regardant les proverbes français et les proverbes néerlandais, il existe bien des exemples
d’équivalents totaux. Comme le proverbe « À cheval donné on ne regarde pas les dents/la
bouche » qui est l’équivalent de « Een gegeven paard moet men niet in de bek kijken ».
Autres exemples sont « C'est dans le besoin qu'on reconnaît ses vrais amis » et son équivalent
« In nood leert men zijn (ware) vrienden kennen », « C'est l'exception qui confirme la règle
» et son équivalent « Het is de uitzondering die de regel bevestigt », « C’est au fruit qu’on
connaît l’arbre » et son équivalent « Aan de vruchten kent men de boom » et « Un homme
averti en vaut deux » et son équivalent « Een gewaarschuwd mens telt voor twee ».
2.3.2. Les équivalents partiels
D’après Zouogbo (2009), les équivalents partiels sont des équivalents dont la structure et
l’idée sont identiques. Mais les mots utilisés ne sont pas exactement les mêmes. Tous les
proverbes possèdent des réels, c’est-à-dire un ou plusieurs constituants nominaux porteurs de
signification. Dans le proverbe « Quand le chat n’est pas là, les souris dansent », nous
pouvons trouver deux réels par exemple : chat et souris. Dans les équivalents partiels, les réels
sont souvent différents ce qui change les mots dans les phrases mais pas l’idée générale ou la
structure de la phrase.
En comparant les proverbes français et les proverbes néerlandais, les équivalents partiels sont
peut être les plus fréquents. Un premier exemple est le proverbe « C’est la goutte d’eau qui
fait déborder le vase » et son équivalent « Dat is de druppel die de emmer doet overlopen ».
24
Tous les exemples donnés dans §2.3 ont été tirés du dictionnaire Van Dale : Groot woordenboek Frans-
Nederlands (1991) et Van Dale : Groot woordenboek Nederlands-Frans (1991)
24
Ici nous pouvons voir que la structure de la phrase est la même mais le réel ‘vase’ est en
néerlandais traduit par le réel ‘emmer’ (seau). La même chose vaut pour le proverbe « Une
hirondelle ne fait pas le printemps » et son équivalent
« Eén zwaluw maakt nog geen
zomer ». Dans ces équivalents, la structure est encore la même mais les réels ‘printemps’ et
‘zomer’ (été) sont différents. Nous donnons encore deux exemples d’équivalents partiels : « Il
ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier » et son équivalent « Men moet niet al
zijn eieren onder één kip leggen » où les réels ‘panier’ et ‘kip’ (poule) sont différents et les
équivalents « Il ne faut pas réveiller le chat qui dort » et « Men moet geen slapende honden
wakker maken » où les réels ‘chat’ et ‘hond’ (chien) se distinguent.
2.3.3. Les pseudo-équivalents
Finalement, nous arrivons à la dernière catégorie, celle des pseudo-équivalences. Selon
Zouogbo (2009), les pseudo-équivalences sont des équivalents dont la structure et les réels ne
sont pas identiques. Pour les apprenants d’une deuxième langue, il n’est pas possible de
traduire littéralement le proverbe de leur propre langue et il n’est pas toujours facile de
comprendre un proverbe (de nature pseudo-équivalente) dans la deuxième langue. Les
pseudo-équivalences n’ont pas la même forme ni les même réels. La seule chose qu’ils ont en
commun est leur signification.
En analysant les proverbes français et les proverbes néerlandais, nous rencontrons aussi des
pseudo-équivalences. Un exemple est le proverbe français « Quand le vin est tiré, il faut le
boire » et son équivalent néerlandais « Wie a zegt, moet ook b zeggen ». Quand on traduit le
proverbe néerlandais en français cela devient « Celui qui dit ‘a’, doit aussi dire ‘b’ ». Ces
deux phrases sont totalement différentes en structure mais leur signification est pourtant la
même : une fois qu’on commence quelque chose, il faut le finir. Un autre exemple des
pseudo-équivalences est le proverbe « Bon chien chasse de race » et l’équivalent « De appel
valt niet ver van de boom » (litt. la pomme ne tombe pas loin de l’arbre). Ces deux proverbes
sont aussi totalement différents, mais ils ont la même signification : les enfants ont les qualités
de leurs parents. Nous donnons encore deux exemples de pseudo-équivalences, premièrement
« L’air ne fait pas la chanson » et son équivalent néerlandais « Schijn bedriegt » (litt. les
apparences sont trompeuses) qui signifient : l'apparence est différente de la réalité.
Finalement, il y a le proverbe « On ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs » et son
équivalent « Waar gehakt wordt, vallen spaanders » (litt. là où on coupe, il y a des morceaux),
ces deux équivalents ont la signification suivante : pour chaque chose il y a un prix à payer.
25
2.3.4. Les non-équivalents
Finalement, il faut mentionner qu’il existe encore des proverbes français qui n’ont pas un
équivalent néerlandais, comme par exemple « C'est le ton qui fait la musique », « Secret de
deux, secret de Dieu, secret de trois, secret de tous », « Tout soldat porte son bâton de
maréchal dans sa giberne » et « Le soleil brille pour tout le monde ». La même chose vaut
pour certains proverbes néerlandais, comme par exemple « Zoals de man is, braadt men de
worst »25, « De derde man brengt de spraak aan »26, « Wie de jeugd heeft, heeft de
toekomst »27 et « Een kinderhand is gauw gevuld »28.
2.3.5. D’autres différences
En faisant cette comparaison entre les proverbes français et les proverbes néerlandais, nous
avons remarqué nous même d’autres caractéristiques qui sont typiques des proverbes français
et des proverbes néerlandais. En regardant les proverbes français, il est remarquable qu’on
puisse trouver beaucoup de proverbes qui sont relatifs à la guerre et à la chasse tandis que
leurs équivalents ne le sont pas. Des exemples sont « A la guerre comme à la guerre » et son
équivalent néerlandais « Nood breekt wet » (litt. la nécessité fait la loi), « Qui terre a, guerre
a » et son équivalent néerlandais « Veel koeien, veel moeien » (litt. beaucoup de vaches,
beaucoup de problèmes) et « Qui part à la chasse, perd sa place » et son équivalent
néerlandais « Opgestaan is plaats vergaan » (litt. celui qui se lève, perd sa place).
Un thème récurrent pour les proverbes néerlandais est le transport maritime. Il y a beaucoup
d’exemples de proverbes néerlandais qui réfèrent au transport maritime, tandis que leurs
équivalents français ne le font pas. Voici des exemples : « Driemaal is scheepsrecht » (litt.
trois fois est le droit maritime) et son équivalent français « Jamais deux, sans trois », « De
beste stuurlui staan aan wal » (litt. les meilleurs barreurs se tiennent sur la rive) et son
équivalent français « La critique est aisée mais l’art est difficile » et le proverbe néerlandais
« Men moet roeien met de riemen die men heeft » (litt. il faut ramer avec les rames qu’on a) et
son équivalent français « Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute ». Ce dernier
exemple nous mène à une autre différence entre les proverbes français et les proverbes
néerlandais.
25
Signification : tout le monde est traité par sa propre valeur
26
Signification : l’arrivée d’un tiers rend la conversation plus animée
27
Signification: l’avenir est aux jeunes
28
Signification: il (ou elle) se contente d’un rien
26
Il nous semble que les animaux sont des réels plus fréquents dans les proverbes français. Dans
les proverbes français, on trouve souvent un animal tandis qu’il n’est pas présent dans
l’équivalent néerlandais. Voici quelques exemples :
Proverbe français
Proverbe néerlandais
Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle Men moet roeien met de riemen die men heeft
broute
(Litt. il faut ramer avec les rames qu’on a)
Qui se fait brebis, le loup le mange
Al te goed is buurmans gek
(Litt. celui qui est trop brave est considéré comme un
idiot)
Petit poisson deviendra grand
Kleine boompjes worden groot
(Litt. des petits arbres deviennent grands)
La poule ne doit pas chanter devant le De vrouw komt na de man
coq
(Litt. la femme vient après l’homme)
A laver la tête d’un âne, on perd sa Het is de moriaan gewassen of geschuurd
lessive
(Litt. c’est l’homme/femme de couleur lavé ou dégraissé)
Quand on parle du loup on en voit la Als men van de duivel spreekt, trapt men op zijn staart
queue
(Litt. quand on parle du diable on en voit la queue)
Un chien vivant vaut mieux qu’un lion Beter blo Jan dan do Jan
mort
(Litt. mieux un Jean lâche qu’un Jean mort)
Dans le chapitre suivant, nous présenterons notre propre recherche où nous testerons la
connaissance et l’usage des proverbes des Français et des Néerlandais en langue maternelle et
en langue seconde.
27
CHAPITRE III
L’acquisition des proverbes en France et aux Pays-Bas
Ce troisième chapitre concerne une recherche comparative entre l’acquisition et l’usage des
proverbes en France et aux Pays-Bas. Dans une première partie, nous parlons de l’acquisition
des proverbes dans la langue maternelle mais aussi dans une langue seconde (L2) en nous
basant sur la littérature sur ce sujet. Deuxièmement, pour introduire les résultats de notre
propre recherche qui seront présentés au chapitre suivant, nous présentons notre méthode de
recherche, la procédure suivie, les critères de comparaison et notre corpus.
3.1. L’acquisition des proverbes
Après avoir montré, dans le chapitre précédent, quelles sont les connaissances des proverbes
chez les Français et les Néerlandais selon la littérature, nous discutons, dans ce premier
paragraphe, l’acquisition des proverbes. Nous nous demandons comment les proverbes sont
appris par les locuteurs natifs et par les apprenants L2.
3.1.1. L’acquisition des proverbes chez les locuteurs natifs
L’acquisition des proverbes est fortement liée à la transmission des proverbes. Selon Visetti et
Cadiot (2006), le proverbe « est bien un lieu de l’intelligence et de la mémoire collectives, un
instrument indispensable de fixation et de transmission, et une forme par excellence d’un
discours d’abord public et transpersonnel ».
Il faut se demander qui transmet les proverbes, que transmettent les proverbes et comment ils
sont transmis exactement. D’abord, le groupe social occupe le premier plan dans la
transmission. Les adolescents apprennent leurs connaissances (proverbiales) immédiatement
de la bouche des personnes plus âgées qui se trouvent autour d’eux, ou bien des professeurs,
des prêtres ou des narrateurs par exemple. Deuxièmement, comme nous avons déjà vu, les
proverbes ont une valeur didactique. Ils peuvent répondre à toutes les questions quotidiennes
et ils peuvent nous apprendre quelque chose sur le travail, l’amour, l’effort et le respect. Tout
court, les proverbes nous apprennent quelque chose sur les aspects de la vie sociale et
affective. C’est pourquoi les proverbes nous font réfléchir et ils sollicitent aussi la
compréhension et l’intelligence du destinataire. Le proverbe a un caractère implicite, parce
qu’il faut qu’on découvre quelque chose en l’entendant. C’est en entendant le même proverbe
dans plusieurs situations et des situations différentes, qu’on arrive à saisir toutes ses
28
significations. Après, on est capable d’utiliser le proverbe à son tour. Paulhan (1966) en dit
que le proverbe est « comme une chose que l’on ne peut saisir que si l’on a commencé par
l’exprimer ». Selon lui, le sens du proverbe n’est pas un fait fixe, mais il fonctionne comme
un exercice. Il faut l’entendre et l’exercer pour en comprendre et dériver le sens. C’est
pourquoi la répétition est le mot clé. La répétition joue un rôle très important dans la
transmission de la tradition orale. Selon Calvet (1997), le fait qu’il faut répéter des formules
identiques « n’implique en rien le statut passif du diseur, car chaque profération est à la fois
une recréation et une retransmission ». (Henaff, 2010)
3.1.2. L’acquisition des proverbes chez les apprenants L2
Dans l'apprentissage de toute langue étrangère, la connaissance approfondie de sa culture se
révèle une nécessité incontestable. Dès le début de l’apprentissage, l'apprenant entre dans un
autre monde dont les valeurs sont en général différentes de celles de la propre culture.
Les apprenants ont souvent des difficultés avec l’apprentissage de proverbes. Il est important
que l’apprenant accorde de l’importance à l’apprentissage des proverbes parce que cela l’aide
à comprendre la culture et à communiquer sans se heurter à des obstacles. Marand (2007)
insiste sur le fait que les proverbes et les expressions font partie de la compétence culturelle.
Il existe plusieurs théories différentes sur l’acquisition des proverbes dans une langue
étrangère. Tyaglova (2010) parle d’une théorie d’apprentissage qui se compose de trois
étapes. Elle propose d’enseigner les proverbes à travers des textes. Elle commence par des
textes qui contiennent des proverbes qui sont transférables, c’est-à-dire des proverbes qui sont
identiques et qui peuvent être traduits mot à mot dans l’autre langue. Deuxièmement, elle se
concentre sur des textes qui comprennent des proverbes qui ne sont pas identiques mais qui
sont basés sur la même métaphore. Dans la dernière étape, elle présente des textes avec des
proverbes qui n’ont pas d’équivalent dans l’autre langue.
Mbaye (2013) propose aussi une stratégie d’enseignement des proverbes en classe de langue
étrangère. Elle aussi propose également d’enseigner les proverbes à travers un texte, plus
spécifiquement à travers un roman. Elle donne une approche très détaillée avec six pistes
d’orientation. La première piste comprend la contextualisation des proverbes. Il faut que les
élèves lisent le roman pour qu’ils puissent comprendre le contexte.
La deuxième piste est celle du repérage des proverbes en discours, dans cette étape les
étudiants sont priés de relever et de repérer les proverbes qui se trouvent dans le texte. La
29
piste suivante consiste à situer l’emploi des proverbes. Dans cette phase, il s’agit de proposer
aux élèves d’écrire un texte personnel où ils utilisent les mêmes proverbes que ceux qu’ils ont
trouvés dans le roman.
Quatrièmement, il faut que les élèves trouvent les équivalents des proverbes dans la langue
maternelle. Ensuite, dans la cinquième piste, il faut demander aux élèves de traduire le texte
dans la langue étrangère. En faisant une traduction, les élèves doivent faire en sorte que le
texte soit encore rythmique, et catégoriellement et lexicologiquement correct. De cette
manière, les enseignants peuvent vérifier les compétences parémiologiques, linguistiques et
sociolinguistiques des élèves.
Dans la piste finale, celle de proverbes en discours, les élèves insistent essentiellement sur les
proverbes. Ils sont censés argumenter les proverbes et résumer leur usage. La compréhension
des proverbes peut aider les élèves à mieux interpréter le texte. Après son analyse, Mame
Mbaye (2013) avance qu’elle pense qu’il faut « considérer le proverbe comme faisant partie
intégrante de la langue, c'est-à-dire, comme un fait de langue à part entière comme la
grammaire, le vocabulaire, la conjugaison, etc. car ils les englobent tous. »
Finalement, elle fait encore la distinction entre les apprenants débutants et les apprenants
avancés. En ce qui concerne les débutants, l’enseignement peut mettre au point la
reconnaissance, la compréhension, la mémorisation et l’utilisation des proverbes. Pour les
élèves avancés il est important qu’on se focalise sur l’apprentissage de la formation
linguistique des proverbes et la création des proverbes à partir de proverbes connus de la
langue maternelle. À un niveau encore plus élevé, un niveau supérieur, les élèves doivent être
capables d’expliquer les proverbes en contexte et de les traduire correctement dans la langue
étrangère. (Mbaye, 2013)
Finalement, van Hasselt (2010) parle aussi de l’acquisition des proverbes dans une deuxième
langue. Dans son article, elle insiste fortement sur la répétition. Elle explique que si on ne
laisse passer un proverbe qu’une fois dans la classe, les élèves ne le retiennent pas. Elle
propose la méthode d’acquisition de Verhallen & Verhallen (1994) qui concerne en effet
l’enseignement du vocabulaire, mais selon van Hasselt elle est aussi applicable à
l’apprentissage des proverbes. Cette théorie comprend quatre étapes différentes.
On commence par l’étape de préparation. Dans cette première phase, les enseignants
demandent aux élèves s’ils connaissent le proverbe, ce qu’ils pensent en entendant le proverbe
et pourquoi. Deuxièmement, on arrive à la prochaine étape, celle où les élèves attribuent un
30
sens au proverbe, c’est ce qu’on appelle sémantiser. Ils doivent expliquer la signification d’un
proverbe et expliquer le proverbe dans un contexte. Après, dans la troisième étape, les élèves
sont censés pratiquer le proverbe. Il est important qu’ils fassent des exercices sur le proverbe
et qu’on le répète souvent. Dans l’étape finale, les enseignants peuvent contrôler ce que les
élèves ont retenu en faisant un test. Van Hasselt (2010) insiste sur le fait qu’on ne peut pas
apprendre tous les proverbes qu’on connaît de cette manière. C’est pourquoi l’enseignant doit
sélectionner les proverbes dont il pense que les élèves pourraient les rencontrer.
D’après Marand (2007), le domaine parémiologique de la langue reflète pour une grande
partie la culture des locuteurs natifs. C’est pourquoi il est important pour l’apprenant de s’y
lancer dès le début de son apprentissage. De la part de l’enseignant on s’attend à ce qu’il ou
elle sache introduire tant l’aspect linguistique que l’aspect culturel dans son programme
didactique afin que l’élève arrive à une bonne acquisition des proverbes dans la langue
seconde.
Dans ce chapitre, nous avons vu que l’acquisition des proverbes n’est pas facile, ni en L1 ni
en L2. Etant donné que les proverbes ne sont plus explicitement enseignés (en tout cas pas
aux Pays-Bas), comme nous avons vu au chapitre précédent, les apprenants L1 doivent les
apprendre de façon implicite. En L2, l’enseignant doit faire un effort considérable pour les
apprendre aux élèves. C’est pour cela que les connaissances des proverbes ne sont pas
toujours bonnes, d’après la littérature. Dans cette étude comparative nous essayons de
découvrir s’il y a des différences entre les connaissances des locuteurs L1 du français et du
néerlandais, entre les apprenants L2 du français et du néerlandais, et entre diverses tranches
d’âge. Après avoir rédigé un cadre théorique d’acquisition parémiologique en L1 et L2 et
avons de passer aux résultats au chapitre suivant, nous présenterons notre méthode de
recherche, la procédure suivie et les critères de comparaison dans la section suivante.
3.2. La méthode de recherche
Ce deuxième paragraphe propose notre méthode de recherche où nous traitons la procédure
suivie, les personnes que nous avons interrogées et le questionnaire que nous avons rédigé
pour eux.
31
3.2.1. La procédure suivie et les critères de comparaison
Pour se faire une idée des connaissances des Français et des Néerlandais sur l’emploi des
proverbes, nous avons fait une étude comparative. Pour une bonne réalisation de notre
recherche, nous avons choisi une forme de recherche quantitative où nous avons testé notre
question principale parmi un groupe de sujets sur la base d’un questionnaire.
3.2.1.1. Les personnes interrogées
Le questionnaire était organisé parmi un groupe de personnes francophones et un groupe de
personnes néerlandophones. Les personnes francophones qui ont participé sont tous des
apprenants du néerlandais (néerlandais comme L2) et les personnes néerlandophones qui ont
participé sont tous des apprenants du français (français comme L2). Nous avons interrogé les
personnes sur la connaissance parémiologique de leur langue maternelle et de leur langue
seconde. Comme dans les chapitres précédents nous avons montré que l’âge et l’expérience
sont très importants dans l’acquisition des proverbes, nous avons choisi d’interroger plusieurs
personnes d’âges différents. C’est pourquoi nous distinguons trois catégories différentes, à
savoir :
1) Les lycéens (âge 15-20)
Le premier groupe se compose de lycéens néerlandophones qui suivent des cours de français à
l’école et de lycéens francophones qui suivent des cours de néerlandais à l’école. Nous avons
interrogé des élèves d’une école néerlandaise, le ‘Jan van Brabant College’ qui se trouve à
Helmond (Pays-Bas) et les élèves d’une école wallonne à Arlon, qui s’appelle ‘l’Institut Notre
Dame d’Arlon’.
Les élèves sont tous âgés de 15-20 ans et ils sont presque tous des apprenants faux-débutants.
Le groupe des lycéens néerlandophones comprend 40 élèves et le groupe des lycées
francophones comprend 12 élèves.
2) Les étudiants (âge 20-30)
Ce deuxième groupe comprend des étudiants néerlandais qui ont suivi des cours de français
au lycée et qui suivent encore des cours de français à l’université et des étudiants
francophones qui suivent des cours de néerlandais à l’université ou à une école de langue.
Les étudiants sont tous âgés de 20-30 ans et ils sont des apprenants qui ont en général un bon
niveau de la langue seconde.
Le groupe des étudiants néerlandais se compose de 12
personnes et le groupe des étudiants francophones se compose également de 12 personnes.
3) Les adultes travailleurs (âge 30+)
32
Le groupe final, celui des adultes travailleurs, se compose d’adultes travailleurs néerlandais
qui ont un bon niveau du français et d’adultes travailleurs francophones qui ont un bon niveau
du néerlandais. La plupart d’entre eux sont ou bien des professeurs de néerlandais en France
ou en Wallonie, ou bien des professeurs de français aux Pays-Bas.
Les adultes travailleurs ont tous 30 ans ou plus. Le groupe des adultes travailleurs
néerlandophones comprend 14 personnes et le groupe des adultes travailleurs francophones
comprend 17 personnes.
3.2.1.2. Le questionnaire
Le questionnaire que nous avons rédigé était basé sur le questionnaire utilisé dans une
recherche de Guilford (1997). Dans son article, Guilford étudie la connaissance des emprunts
anglais en français chez des étudiants français. Il a utilisé un test où il demande aux enquêtés
les quatre questions suivantes :
a) Ressentez-vous le mot comme français ou anglais ?
b) Connaissez-vous le mot ?
c) Si oui, donnez-en une définition
d) Utilisez-vous le mot ?
(Guilford, 1997)
Le but de notre enquête est de constater le niveau de connaissance des proverbes et de leurs
équivalents en L2. Ainsi le questionnaire est-il composé de deux parties. Dans la première
partie, il s’agit de la connaissance de proverbes dans la langue maternelle. Dans la deuxième
partie, il s’agit de la connaissance de proverbes dans la deuxième langue.
Au début du questionnaire, nous avons demandé aux participants d’indiquer leur âge, leur
nationalité, leur profession et leur langue maternelle. Ils devaient aussi répondre aux questions
suivantes : Est-ce que vous avez appris d’autres langues ? Si oui, lesquelles ? Est-ce que vous
avez passé un certain temps à l’étranger ? Si oui, où et à quel âge(s) ? Depuis combien
d’années apprenez-vous le français/néerlandais ? Et de quelle manière ? Finalement, ils
devaient indiquer le niveau de leur L2 par ‘mauvais’, ‘médiocre’, ‘passable’, ‘bon’ ou ‘très
bon’. Les réponses que les enquêtés ont données forment notre corpus.
Dans la première question du test, nous avons demandé aux enquêtés de nommer les trois
premiers proverbes qui leur venaient à l’esprit. Dans le test français par exemple, cette
33
question était posée de la manière suivante : « Question 1. Notez ici les trois premiers
proverbes français qui vous viennent à l’esprit ».
Après, nous avons choisi dix proverbes qui existent tant en français qu’en néerlandais :
Néerlandais
Français
Signification
1. Waar rook is, is vuur
1. Il n’y a pas de A l’origine des rumeurs, il y a toujours quelque chose de
fumée sans feu
vrai
2. Men moet de koe bij 2. Il faut prendre le Quand on s’attaque à une difficulté sans chercher à
de horens vatten
taureau
par
les l'éviter/avec détermination
cornes
3. Stille wateren hebben 3. Il n'est pire eau Ce sont des gens à l'apparence inoffensive dont il faut le
diepe gronden
que l'eau qui dort
plus se méfier
4. De appel valt niet ver 4. Bon chien chasse Les enfants ont les qualités de leurs parents
van de boom
de race
5. Als de kat van huis 5. Quand le chat En l'absence de l'autorité, on fait preuve d'euphorie
is, dansen de muizen n’est
(op tafel)
pas
là,
les insouciante. Celle-ci peut amener à transgresser les
souris dansent
règles. Ce proverbe est souvent utilisé pour qualifier le
comportement des enfants quand ils échappent à la
surveillance des adultes
6. Dat is de druppel die 6. C'est la goutte La situation a dépassé les bornes
de
emmer
overlopen
doet d'eau
qui
fait
déborder le vase
7. Wie a zegt moet ook 7. (Quand) le vin est Il faut aller au bout de ce que l'on a commencé
b zeggen
tiré, il faut le boire
8. Hoe meer zielen, hoe 8. Plus on est de L’amusement croît avec le nombre de convives disposés
meer vreugd
fous, plus on rit
à se divertir. Plus le nombre de personnes joyeuses est
important, plus la joie de chacun augmente
9. Uit het oog, uit het 9. Loin des yeux, L’éloignement de deux personnes affaiblit l’affection
hart
loin du cœur
qu’elles se portent mutuellement
10. Een gegeven paard 10. À cheval donné Quelle que soit sa valeur, un cadeau doit toujours être
moet je niet in de bek on ne regarde pas les apprécié29
kijken
dents
Bleu = les proverbes inclus dans le questionnaire néerlandais
Vert = les proverbes inclus dans le questionnaire français
29
Toutes les significations sont tirées du site web de l’Internaute : http://www.linternaute.com/proverbe/langue-
francaise
34
Nous avons demandé aux enquêtés s’ils connaissaient le proverbe (oui ou non), ce que le
proverbe veut dire selon eux et s’ils utilisaient le proverbe souvent, rarement ou pas du tout.
Voici, un exemple d’une question tirée du test français :
Image 1. Exemple d’une question tirée du test français
Notez qu’on retrouve ces mêmes questions dans l’article de Guilford sous les questions b, c et
d.
En ce qui concerne la deuxième partie du questionnaire, c.à.d. la connaissance des
proverbes en L2, nous avons posé les mêmes questions. Mais nous avons ajouté une autre
question où on demande si les participants connaissent aussi l’équivalent du proverbe dans
leur langue maternelle. (Voir annexe 1 & 2 pour l’ensemble des tests)
Les enquêtés pouvaient remplir le questionnaire en ligne. Le questionnaire français était
accessible via le site web suivant : http://www.thesistools.com/web/?id=336858. Le
questionnaire
néerlandais
était
accessible
via
le
site
web
suivant :
http://www.thesistools.com/web/?id=333350.
Comme indiqué avant, nous avons inclus dix proverbes dans le questionnaire, cinq pour la
première partie (L1) et cinq pour la deuxième partie (L2). Nous avons choisi d’utiliser des
proverbes de nature différente, c’est-à-dire des équivalents complets, partiels et des pseudoéquivalents, pour obtenir des résultats détaillés et pour voir si les équivalents complets sont
plus facilement acquis par les apprenants. Dans le tableau nous avons montré les proverbes
que nous avons inclus dans le test. Il comprend donc des équivalents complets (les proverbes
35
1, 5, 9 et 10) des équivalents partiels (les proverbes 2, 6, 8) et des pseudo-équivalents (les
proverbes 3, 4 et 7).
En ce qui concerne cette liste des dix proverbes, nous pouvons rencontrer un problème. Nous
avons essayé d’établir une liste avec des proverbes équivalents qui sont utilisés à la même
fréquence par les locuteurs natifs. Pour en savoir un peu plus, nous avons déterminé la
fréquence des proverbes français dans une base textuelle qui s’appelle Frantext30. Puis, nous
avons regardé si leurs équivalents néerlandais étaient utilisés à la même fréquence en utilisant
la base textuelle de la bibliothèque numérique de la littérature néerlandaise, le DBNL31.
Même si nous avons essayé de chercher des proverbes qui sont assez fréquents en français
qu’en néerlandais, les proverbes et leur fréquence ne sont jamais totalement équivalents. C’est
un problème méthodologique que nous devrons prendre en compte dans cette recherche.
30
Site web de Frantext : http://www.frantext.fr
31
Site web de DBNL : http://www.dbnl.org
36
CHAPITRE IV
La recherche : les résultats
Dans cette recherche, nous avons vérifié la connaissance proverbiale des personnes
francophones et néerlandaises. Comme nous avons étudié leurs connaissances proverbiales en
langue maternelle et en langue seconde, ce chapitre se compose de deux grandes parties.
Parmi ces deux sous-catégories, il y a au total six groupes différents à distinguer, à savoir : les
lycéens francophones, les lycéens néerlandais, les étudiants français, les étudiants néerlandais,
les adultes francophones et les adultes néerlandais. Ils ont tous été testés sur quatre catégories,
à savoir : la production des proverbes, la (re)connaissance des proverbes, la signification des
proverbes et l’usage des proverbes.
4.1. La connaissance proverbiale en L1
Dans la première partie du questionnaire, il s’agit de la connaissance proverbiale dans la
langue maternelle, ce qui est pour les participants francophones évidemment le français et
pour les participants néerlandophones le néerlandais.
4.1.1. Les lycéens francophones
Le groupe de lycéens francophones comprend 12 personnes au total. Les élèves sont tous âgés
de 15-20 ans et il faut ajouter qu’ils sont tous des élèves d’origine wallonne.
4.1.1.1. La production des proverbes
Dans le premier exercice du questionnaire, les lycéens devaient nommer les trois premiers
proverbes qui leur venaient à l’esprit. Au total, les élèves ont cité 26 proverbes, ce qui revient
à une production moyenne de 2,2 proverbes par personne. Il y avait cinq proverbes qui étaient
nommés plusieurs fois par les lycéens : « il n y a pas de fumée sans feu », « qui vole un œuf,
vole un bœuf », « l'argent ne fait pas le bonheur », « on ne fait pas d'omelette sans casser les
œufs » et « quand on parle du loup on en voit sa queue ». En regardant la production des
proverbes, il était aussi remarquable que les élèves ne connaissent pas bien la différence entre
les proverbes et les expressions. Dans cet exercice, ils ont aussi cité des expressions et des
locutions comme par exemple « avoir un poil dans la main », « il pleut des cordes », « avoir
un cœur de pierre » et « avoir un chat dans la gorge ». Nous ne les avons pas compté parmi
les 26 proverbes.
37
4.1.1.2. La (re)connaissance des proverbes
Dans cette partie, nous donnons les résultats des cinq premiers proverbes du questionnaire, à
savoir : « il n’y a pas de fumée sans feu » (proverbe 1), « il faut prendre le taureau par les
cornes » (proverbe 2), « il n'est pire eau que l'eau qui dort » (proverbe 3), « bon chien chasse
de race » (proverbe 4) et « quand le chat n’est pas là, les souris dansent » (proverbe 5). La
plupart des élèves francophones prétendent qu’ils connaissent bien trois des cinq proverbes.
83,3% des élèves disent qu’ils connaissent le proverbe 1 « il n’y a pas de fumée sans feu »,
91,7% des élèves prétendent qu’ils connaissent le proverbe 2 « il faut prendre le taureau par
les cornes » et même 100% des élèves disent qu’ils connaissent le proverbe 5 « quand le chat
n’est pas là, les souris dansent ». Seulement un des douze élèves dit qu’il connaît le proverbe
« bon chien chasse de race » (proverbe 4), ce qui montre que
91,7% des élèves ne
connaissent pas ce proverbe. La même chose vaut pour le proverbe « il n'est pire eau que l'eau
qui dort » (proverbe 3).
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
80%
60%
40%
20%
Oui
Non
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 1. La connaissance des proverbes (L1) chez les lycéens francophones
4.1.1.3. La signification des proverbes
L’exercice suivant comprenait la signification des proverbes. Les élèves étaient priés de
donner la signification correcte des cinq proverbes. Plus de la moitié des élèves ont donné
l’explication correcte des deux premiers proverbes, cela n’est pas frappant parce qu’ils ont
déjà indiqué avant qu’ils connaissaient ces proverbes. Mais il y avait quand même des élèves,
33,3%, qui ont donné des significations incorrectes aux proverbes 1 (il n’y a pas de fumée
sans feu) et 2 (il faut prendre le taureau par les cornes). Le proverbe 5 (quand le chat n’est pas
là, les souris dansent) est un cas intéressant parce que tous les élèves ont indiqué qu’ils
connaissaient ce proverbe. 75% des élèves ont donné l’explication correcte du proverbe,
tandis que 25% des élèves ont donné une signification incorrecte. En ce qui concerne le
proverbe 4 (bon chien chasse de race), les élèves n’ont pas essayé d’en donner une
38
signification correcte parce que dans 75% des cas une explication manque. Cela n’est pas le
cas pour le proverbe 3 (il n'est pire eau que l'eau qui dort). Tandis que seulement 16,7% des
élèves ont donné une signification correcte, 33,3% ont encore essayé de donner une définition
en l’expliquant de la manière suivante : « La fumée est créée par le feu, donc s'il n’y a pas de
feu, la fumée ne sera pas présente. » Mais cela ne peut pas être considéré comme une bonne
explication du proverbe.
La signification des proverbes
100%
80%
60%
Correcte
40%
Incorrecte
20%
Manque
0%
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 2. La signification des proverbes (L1) chez les lycéens francophones
4.1.1.4. L’usage des proverbes
Finalement, les lycéens devaient désigner s’ils utilisaient le proverbe rarement, souvent ou pas
du tout. Chez les trois premiers proverbes, nous pouvons voir que la notion ‘pas du tout’ est
dominante. En ce qui concerne le proverbe 4 (bon chien chasse de race) tous les élèves ont
répondu qu’ils n’utilisent jamais ce proverbe. Mais, les résultats du proverbe 5 (quand le chat
n’est pas là, les souris dansent) diffèrent des autres. Là, la notion ‘rarement’ est dominante et
il y avait même 17% des élèves qui ont indiqué qu’ils utilisent ce proverbe souvent quand ils
parlent le français.
Est-ce que vous utilisez ce
proverbe ?
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Souvent
Rarement
Pas du tout
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 3. L’usage des proverbes (L1) chez les lycéens francophones
39
4.1.2. Les lycéens néerlandais
Le groupe des lycéens néerlandais était plus grand que le groupe des lycéens francophones.
Ce groupe connaît 40 participants qui fréquentent tous la même école, le Jan van Brabant
College à Helmond. Ces élèves sont aussi tous âgés de 15-20 ans.
4.1.2.1. La production des proverbes
En regardant la production des proverbes, il devient clair que, en ce qui concerne leur langue
maternelle, les lycéens néerlandais peuvent en général citer plus de proverbes que les lycéens
français. Au total, les élèves ont nommé 115 proverbes, ce qui revient à une production
moyenne de 2,9 proverbes par personne. Cela veut dire que presque tout le monde était
capable de nommer trois proverbes dans sa langue maternelle. Le proverbe le plus
fréquemment cité était le proverbe « de appel valt niet ver van de boom » (équivalent de bon
chien chasse de race) qui est aussi inclus dans le questionnaire. Ce proverbe était nommé par
23 personnes et cela veut dire que plus de la moitié des élèves néerlandais (57,5%) ont cité ce
proverbe. Après, les proverbes « quand le chat n’est pas là, les souris dansent » et « à cheval
donné on ne regarde pas les dents » étaient fréquents. Ces proverbes sont également inclus
dans le questionnaire. D’autres proverbes fréquents étaient « hoge bomen vangen veel wind »
(aux grandes portes battent les grand vents) et « oost west, thuis best » (il n'y a pas de petit
chez soi). Chez les lycéens français, nous avons vu que les élèves ne connaissaient pas bien la
différence entre les proverbes et les expressions. La même chose vaut pour les élèves
néerlandais. Dans la partie de production, ils ont cité aussi beaucoup d’expressions comme
par exemple « met je mond vol tanden staan » (rester sans pouvoir répondre), « de kat uit de
boom kijken » (regarder de quel côté vient le vent) et « een gat in je hand hebben » (être un
panier percé). De plus, il y avait aussi des élèves qui ont mal cité un proverbe, comme par
exemple « *als drie druppels water op iemand lijken » (*se ressembler comme trois gouttes
d'eau) au lieu de « als twee druppels water op iemand lijken » (se ressembler comme deux
gouttes d’eau). Nous les avons comptés parmi les 115 proverbes.
4.1.2.2. La (re)connaissance des proverbes
La plupart des élèves prétendent connaître tous les proverbes. le proverbe 3 « stille wateren
hebben diepe gronden » (l’équivalent du proverbe il n'est pire eau que l'eau qui dort) est le
proverbe qui est le plus mal connu par les lycéens néerlandais. 40% des élèves ont indiqué
qu’ils ne connaissent pas ce proverbe. Ce proverbe était aussi le plus mal connu par les élèves
francophones. Le proverbe 4 « de appel valt niet ver van de boom » (bon chien chasse de
40
race) est un cas intéressant parce que tous les élèves néerlandais ont indiqué qu’ils
connaissent ce proverbe, ce qui revient à un pourcentage de 100%. Ce qui est frappant, c’est
le fait qu’en français ce proverbe était mal connu par les élèves. Le proverbe 5 « als de kat
van huis is, dansen de muizen op tafel » (quand le chat n’est pas là, les souris dansent) a
obtenu un pourcentage élevé chez tant les francophones que les néerlandais. En effet, 87,5%
des néerlandais ont signalé qu’ils connaissent ce proverbe. Ce résultat peut être expliqué par
le fait qu’ils peuvent facilement rencontrer ce proverbe dans des situations quotidiennes. Ils
peuvent associer ce proverbe avec l’environnement scolaire ou l’environnement familial, ce
qui mène à des connotations différentes.
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
80%
60%
Oui
40%
Non
20%
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 4. La connaissance des proverbes (L1) chez les lycéens néerlandais
4.1.2.3. La signification des proverbes
Les élèves étaient priés de donner l’explication correcte des cinq proverbes, ce qui n’était pas
une tâche facile pour eux. Ils avaient indiqué qu’ils connaissaient le proverbe 4 « de appel valt
niet ver van de boom » (bon chien chasse de race) le mieux et ce proverbe est aussi le mieux
expliqué par les élèves. Dans la partie de connaissance, 77,5% des élèves ont signalé qu’ils
connaissaient le proverbe 1 « waar rook is, is vuur » (il n’y a pas de fumée sans feu), bien que
seulement 10% des élèves étaient capable d’en donner la définition correcte. Souvent, nous
pouvons voir que les élèves savent plus ou moins la signification des proverbes mais ils ont
des difficultés avec la formulation. Une élève a même indiqué : « Ik kan dit niet goed
uitleggen maar ik snap het wel »32. De plus, ils donnent souvent des exemples de situations où
32
Répondant 33 : « Je ne peux pas bien expliquer ce proverbe, mais je le comprends quand même ». (Traduction
de l’auteur)
41
le proverbe pouvait être utilisé, sans donner une vraie explication. Dans ce cas, l’explication
est incomplète. Un bon exemple est l’explication du proverbe 5 « als de kat van huis is,
dansen de muizen op tafel » (quand le chat n’est pas là, les souris dansent) où les élèves ont
donné des explications suivantes : « Als de baas/engerd weg is, komen de bangerikken naar
buiten »33 et « Als de moeder weg is, maken de kinderen er een feestje van »34. Mais nous
voyons aussi des mauvaises explications en ce qui concerne proverbe 4 « de appel valt niet
ver van de boom » (bon chien chasse de race) comme par exemple « Dat het ergens op lijkt,
het is niet afwijkend »35.
La signification des proverbes
100%
80%
Correcte
60%
40%
Incorrecte ou
incomplète
20%
Manque
0%
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 5. La signification des proverbes (L1) chez les lycéens néerlandais
4.1.2.4. L’usage des proverbes
Quant à l’usage des proverbes, il est clair que le proverbe 4 « de appel valt niet ver van de
boom » (bon chien chasse de race) est utilisé le plus par les élèves néerlandais. Plus de 50%
des élèves ont indiqué qu’ils utilisent le proverbe rarement ou même souvent. Ils signalent
aussi qu’ils ne font pas souvent usage des proverbes 1, 2 et 3, c’est pourquoi la notion ‘pas du
tout’ est dominante ici.
33
Répondant 24 : « Si le patron/le sale type est parti, les poltrons apparaîtront ». (Traduction de l’auteur)
34
Répondant 2 : « Si la mère est partie, les enfants feront la fête ». (Traduction de l’auteur)
35
Répondant 12 « Que cela ressemble à quelque chose, il n’est pas déviant. » (Traduction de l’auteur)
42
Est-ce que vous utilisez ce
proverbe ?
100%
80%
60%
Souvent
40%
Rarement
20%
Pas du tout
0%
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 6. L’usage des proverbes (L1) chez les lycéens néerlandais
4.1.3. Explication des résultats
En ce qui concerne la partie de la production, les élèves néerlandais peuvent en général citer
plus de proverbes que les lycéens francophones. Les résultats ont montré que tous les élèves
ne connaissent pas bien la différence entre les proverbes et les expressions. La plupart des
élèves néerlandais prétendent connaître tous les proverbes, tandis que les élèves francophones
ont indiqué qu’ils connaissent bien trois des cinq proverbes (« il n’y a pas de fumée sans
feu », « il faut prendre le taureau par les cornes » et « quand le chat n’est pas là, les souris
dansent »). Les élèves francophones ont indiqué qu’ils ne connaissent pas le proverbe 4 (bon
chien chasse de race) tandis que tous les élèves néerlandais ont indiqué qu’ils connaissent ce
proverbe. Le proverbe 3 (il n'est pire eau que l'eau qui dort) est le proverbe le plus mal connu
par les élèves néerlandais, ce proverbe est aussi mal connu par les élèves francophones. Le
proverbe 5 (quand le chat n’est pas là, les souris dansent) a obtenu un pourcentage de
connaissance élevé chez tant les francophones que les néerlandais. La partie de signification
où ils devaient donner l’explication correcte des proverbes n’était pas facile pour les lycéens.
Le proverbe 4 (bon chien chasse de race) est le mieux expliqué par les élèves néerlandais,
tandis que les élèves francophones n’ont pas essayé d’en donner une signification correcte
parce que dans 75% des cas une explication manque. Quant à l’usage des proverbes, la notion
‘pas du tout’ est en général dominante. Le proverbe 4 (bon chien chasse de race) est utilisé le
plus par les élèves néerlandais, bien que le proverbe 5 (quand le chat n’est pas là, les souris
dansent) soit utilisé le plus par les élèves francophones.
43
4.1.4. Les étudiants français
Le groupe des étudiants français se compose de 12 personnes au total. Ils sont tous des
étudiants d’origine française qui vivent en France ou aux Pays-Bas en ce moment.
4.1.4.1. La production des proverbes
Quant à la production des proverbes, nous pouvons voir que le nombre moyen de proverbes
est plus élevé chez les étudiants que chez les lycéens. Au total, les étudiants ont cité 35
proverbes, ce qui revient à une production moyenne de 2,9 proverbes par personne. Seulement
une personne n’était pas capable de nommer trois proverbes dans sa langue maternelle. Le
proverbe le plus fréquemment cité est le proverbe « l’habit ne fait pas le moine ». Un tiers des
étudiants ont nommé ce proverbe dans leur enquête. D’autres proverbes qui étaient fréquents
dans les questionnaires des étudiants français sont « qui aime bien châtie bien » et « un de
perdu, dix de retrouvés ». De plus, les étudiants ont cité beaucoup de proverbes différents et
originaux comme par exemple « une hirondelle ne fait pas le printemps », « qui va à la chasse,
perd sa place », « la vengeance est un plat qui se mange froid », « il ne faut pas vendre la peau
de l'ours avant de l'avoir tué » et « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. » Dans les
réponses des étudiants, nous pouvons encore découvrir des expressions au lieu de proverbes
(e.g. il pleut des cordes/il pleut comme une vache qui pisse), mais beaucoup moins que chez
les réponses des lycéens.
4.1.4.2. La (re)connaissance des proverbes
Dans leurs questionnaires, les étudiants français ont indiqué qu’ils connaissaient tous les
proverbes 1 (il n’y a pas de fumée sans feu), 2 (il faut prendre le taureau par les cornes) et 5
(quand le chat n’est pas là, les souris dansent). 66,7% des étudiants disent qu’ils connaissaient
le proverbe 3 (il n'est pire eau que l'eau qui dort). Le seul proverbe avec lequel les étudiants
semblent avoir des difficultés est le proverbe 4 (bon chien chasse de race). 91,7% des
étudiants ont signalé qu’ils n’ont jamais étendu ce proverbe, cela veut dire que seulement un
étudiant le connaît.
44
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
80%
60%
Oui
40%
Non
20%
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 7. La connaissance des proverbes (L1) chez les étudiants français
4.1.4.3. La signification des proverbes
La plupart des étudiants peuvent expliquer les proverbes 1, 2 et 5, ce qui n’est pas frappant
parce qu’ils ont déjà indiqué qu’ils connaissent ces proverbes. Huit personnes ont signalé
qu’ils connaissent le proverbe 3 (il n’est pire eau que l'eau qui dort) et ils ont tous donné une
définition correcte du proverbe. Un étudiant a donné une explication incorrecte, tandis que
chez les autres 25% des étudiants une explication manque. En ce qui concerne le proverbe 4
(bon chien chasse de race), nous voyons qu’une signification manque chez 83,3% personnes
et cela veut dire que seulement deux personnes ont essayé d’en donner une définition correcte.
La signification des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Correcte
Incorrecte ou
incomplète
Manque
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 8. La signification des proverbes (L1) chez les étudiants français
45
4.1.4.4. L’usage des proverbes
En ce qui concerne l’usage des proverbes, plus de 50% des étudiants français ont signalé
qu’ils utilisent les proverbes 1, 2 et 5 rarement ou même souvent. Cela nous montre qu’en ce
qui concerne la langue maternelle, les étudiants utilisent les proverbes plus souvent que les
lycéens. 33,3% des étudiants ont indiqué qu’ils utilisent le proverbe 3 (il n'est pire eau que
l'eau qui dort) rarement. Quant au proverbe 4 (bon chien chasse de race), tous les étudiants ont
dit qu’ils n’utilisent ce proverbe jamais dans leur langue maternelle.
Est-ce que vous utilisez ce
proverbe?
100%
80%
60%
Souvent
40%
Rarement
Pas du tout
20%
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 9. L’usage des proverbes (L1) chez les étudiants français
4.1.5. Les étudiants néerlandais
Le groupe des étudiants néerlandais comprend également 12 personnes. Ils sont tous des
Néerlandais qui font leurs études ou bien à l’Université d’Utrecht ou bien à l’Université
d’Amsterdam.
4.1.5.1. La production des proverbes
Les étudiants néerlandais sont le premier groupe qui ont tous nommé trois proverbes
différents dans la partie de production. Les proverbes qui étaient les plus fréquents étaient
« de appel valt niet ver van de boom » (bon chien chasse de race) et « beter één vogel in de
hand dan tien in de lucht » (un tiens vaut mieux que deux tu l'auras). D’autres proverbes
fréquents étaient « boontje komt om zijn loontje » (comme on fait son lit on se couche) et
« als de kat van huis is, dansen de muizen op tafel » (quand le chat n’est pas là, les souris
46
dansent). La construction « men moet geen oude koeien uit de sloot halen »36 est aussi très
fréquente dans les réponses des étudiants néerlandais, bien que cette construction soit plutôt
considérée comme une locution verbale que comme un proverbe. Les étudiants néerlandais
ont aussi cité beaucoup de proverbes différents et originaux comme par exemple : « de klok
hebben horen luiden maar niet weten waar de klepel hangt »37, « men moet geen slapende
honden wakker maken » (il ne faut pas réveiller le chat qui dort) et « wie de schoen past,
trekke hem aan » (qui se sent morveux, se mouche).
4.1.5.2. La (re)connaissance des proverbes
Dans leurs questionnaires, les étudiants néerlandais ont indiqué qu’ils connaissent tous les
proverbes demandés. Ce qui revient à un pourcentage de 100% de connaissance pour tous les
cinq proverbes qu’on retrouve dans la première partie du questionnaire.
4.1.5.3. La signification des proverbes
En regardant l’ensemble des cinq proverbes, nous pouvons voir qu’en moyenne 80% des
étudiants donnent une bonne explication des proverbes. De plus, ils essaient toujours de
donner une définition du proverbe parce qu’on ne trouve jamais un manque d’explication chez
les étudiants néerlandais. Le proverbe avec lequel ils ont le plus de difficulté est le proverbe 2
« men moet de koe bij de horens vatten » (il faut prendre le taureau par les cornes). Quant à ce
proverbe, 33,3% des étudiants donnent une signification incorrecte ou incomplète. Le
proverbe qui est le plus facile à expliquer pour eux est le proverbe 1 « waar rook is, is
vuur » (il n’y a pas de fumée sans feu), seulement un étudiant a donné une signification
incorrecte ou incomplète du proverbe.
36
Définition: il ne faut pas remuer le passé. (Traduction de l’auteur)
37
Littéralement: avoir entendu le son de la cloche, sans savoir où le battant se trouve. Définition: avoir entendu
parler de quelque chose sans vraiment savoir quoi que ce soit
47
La signification des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Correcte
Incorrecte ou incomplète
Manque
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 10. La signification des proverbes (L1) chez les étudiants néerlandais
4.1.5.4. L’usage des proverbes
En ce qui concerne l’usage des proverbes, nous pouvons constater que la notion ‘rarement’ est
la plus dominante. Il est clair que les étudiants utilisent le proverbe 2 « men moet de koe bij
de horens vatten » (il faut prendre le taureau par les cornes) le moins, ce qui n’est pas frappant
parce que ce proverbe était aussi le plus difficile à expliquer pour eux. Un autre proverbe qui
est remarquable dans son usage est le proverbe 4 « de appel valt niet ver van de boom » (bon
chien chasse de race). Tous les étudiants ont indiqué qu’ils utilisent ce proverbe rarement ou
souvent.
Est-ce que vous utilisez ce proverbe?
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Souvent
Rarement
Pas du tout
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 11. L’usage des proverbes (L1) chez les étudiants néerlandais
48
4.1.6. Explication des résultats
Quant à la production, le nombre moyen de proverbes est plus élevé chez les étudiants que
chez les lycéens. Les étudiants français ont une production moyenne de 2,9 proverbes par
personne tandis que les néerlandais ont une production moyenne de 3 proverbes par personne.
En général, ils citent moins d’expressions que les lycéens. Les étudiants néerlandais ont
indiqué qu’ils connaissent tous les proverbes demandés. Les étudiants français semblent avoir
des difficultés avec le proverbe 4 (bon chien chasse de race) parce que seulement un étudiant
le connaît. C’est pourquoi nous voyons qu’une signification de ce proverbe manque chez
83,3% des étudiants français. En ce qui concerne les étudiants néerlandais, on ne trouve
jamais un manque d’explication. Le proverbe avec lequel ils ont le plus de difficulté est le
proverbe 2 (il faut prendre le taureau par les cornes) et le proverbe qui est le plus facile à
expliquer pour eux est le proverbe 1 (il n’y a pas de fumée sans feu). Quant à l’usage des
proverbes, nous voyons que les étudiants utilisent les proverbes plus souvent que les lycéens.
La notion ‘rarement’ est la plus dominante. Le proverbe 2 (il faut prendre le taureau par les
cornes) est utilisé le moins par les Néerlandais. Les Français ont indiqué qu’ils n’utilisent
jamais le proverbe 4 (bon chien chasse de race) dans leur langue maternelle, bien que ce
même proverbe soit le plus fréquemment utilisé par les étudiants néerlandais.
4.1.7. Les adultes francophones
Le groupe des adultes francophones comprend une Canadienne et des personnes d’origine
française et belge. Au total, ce groupe se compose de 17 personnes. La plupart des personnes
travaillent, ou ont travaillé, comme enseignant.
4.1.7.1. La production des proverbes
Les adultes francophones ont également tous nommé trois proverbes différents dans la partie
de production. Comme chez les étudiants français, le proverbe le plus fréquent est aussi
« l’habit ne fait pas le moine ». D’autres proverbes qui sont fréquemment cités par les adultes
sont « après la pluie, le beau temps », « pierre qui roule n'amasse pas mousse» et « un tiens
vaut mieux que deux tu l’auras ». Les adultes ont cité des proverbes très variés et originaux
comme par exemple : « qui fait le malin, tombe dans le ravin » et « tant va la cruche à l'eau
qu'à la fin elle se brise ».
49
4.1.7.2. La (re)connaissance des proverbes
Tous les adultes francophones ont indiqué qu’ils connaissent les proverbes 1, 2 et 5. Le
proverbe 3 (il n'est pire eau que l'eau qui dort) est connu par presque 95% des personnes, il
n’y avait qu’une seule personne qui a indiqué qu’il n’avait jamais entendu parler de ce
proverbe. Le proverbe 4 (bon chien chasse de race) est un cas intéressant. Comme chez les
lycéens et les étudiants français, ce proverbe est le moins connu. Tandis que le pourcentage de
personnes qui ne connaissent pas ce proverbe était au-dessus de 90% chez les lycéens et les
étudiants, ce pourcentage atteint un nombre de 58,8% chez les adultes. Il est donc clair que
plusieurs adultes francophones connaissent le proverbe mais il y a encore un grand nombre
d’adultes, plus que la moitié, qui ne le connaissent pas.
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
80%
60%
Oui
40%
Non
20%
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 12. La connaissance des proverbes (L1) chez les adultes francophones
4.1.7.3. La signification des proverbes
Quant à la signification des proverbes, nous pouvons voir que la plupart des adultes ont donné
des explications correctes aux proverbes 1, 2, 3 et 5. En ce qui concerne le proverbe 5 (quand
le chat n’est pas là, les souris dansent), tous les adultes y ont donné une signification correcte.
Nous avons déjà vu que les adultes avaient des difficultés avec la connaissance du proverbe 4
(bon chien chasse de race), et nous pouvons retrouver cela dans les explications du proverbe
aussi. Seulement 35,3% des adultes ont donné une explication correcte et complète au
proverbe. Une explication du proverbe 4 manque aussi dans 35,3% des cas.
50
La signification des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
Correcte
50%
Incorrecte ou incomplète
40%
Manque
30%
20%
10%
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 13. La signification des proverbes (L1) chez les adultes francophones
4.1.7.4. L’usage des proverbes
Les adultes francophones ont indiqué qu’ils utilisent le proverbe 5 (quand le chat n’est pas là,
les souris dansent) le plus. 64,7% des adultes disent qu’ils utilisent ce proverbe souvent, ce
qui est un pourcentage très élevé. Les autres 35,3% des adultes ont signalé qu’ils utilisent le
proverbe rarement. En ce qui concerne les proverbes 1 et 2, la plupart des adultes ont indiqué
qu’ils utilisent ces proverbes rarement ou souvent. Cela n’est pas le cas pour le proverbe 3 (il
n'est pire eau que l'eau qui dort). Plus de 70% des adultes disent qu’ils n’utilisent ce proverbe
jamais. Quant au proverbe 4 (bon chien chasse de race), tous les adultes – 100% - ont indiqué
qu’ils n’utilisent ce proverbe pas du tout.
Est-ce que vous utilisez ce proverbe?
100%
90%
80%
70%
60%
Souvent
50%
Rarement
40%
Pas du tout
30%
20%
10%
0%
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 14. L’usage des proverbes (L1) chez les adultes francophones
51
4.1.8. Les adultes néerlandais
Les adultes néerlandais forment un groupe de 14 personnes. Ils sont tous des personnes
néerlandaises et ils travaillent presque tous comme enseignant de français.
4.1.8.1. La production des proverbes
Dans la première partie du questionnaire, tous les adultes néerlandais étaient capables de
nommer trois proverbes dans leur langue maternelle. Le proverbe le plus fréquemment cité
était de nouveau le proverbe « de appel valt niet ver van de boom » (équivalent de bon chien
chasse de race), comme il était aussi le cas chez les lycéens et les étudiants néerlandais.
D’autres proverbes qui étaient fréquemment nommés sont les proverbes « oost west, thuis
best »38, « zoals het klokje thuis tikt, tikt het nergens » (à chaque oiseau son nid est beau) et
« beter één vogel in de hand dan tien in de lucht » (un tiens vaut mieux que deux tu l'auras).
Les adultes néerlandais ont aussi trouvé beaucoup de proverbes différents et créatifs, comme
par exemple « elk vogeltje zingt zoals het gebekt is » 39 et « schoenmaker, blijf bij je leest »
(chacun son métier, les vaches seront bien gardées). C’est aussi chez les adultes qu’on
retrouve des proverbes qui sont un peu démodés, comme par exemple « de kruik gaat net zo
lang te water tot ze barst » (tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise) et « om de wille
van de smeer likt de kat de kandeleer »40.
4.1.8.2. La (re)connaissance des proverbes
Dans leurs questionnaires, les adultes néerlandais ont tous indiqué qu’ils connaissent tous les
5 proverbes demandés. Ce qui revient à un pourcentage de 100% pour tous les proverbes pour
toutes les personnes.
4.1.8.3. La signification des proverbes
Quant à la signification des proverbes, les adultes néerlandais expliquent le proverbe 4 « de
appel valt niet ver van de boom » (bon chien chasse de race) le mieux, avec un pourcentage de
100% d’explications correctes. En ce qui concerne les autres proverbes, les adultes donnent
aussi beaucoup de bonnes réponses. Le proverbe avec lequel ils ont le plus de difficulté est le
38
Définition: il n’y a rien de mieux que la maison. (Traduction de l’auteur)
39
Définition: chacun parle à sa propre manière. (Traduction de l’auteur)
40
Définition: si quelqu’un pense qu’il peut bénficier de quelque chose, il fait des choses qu'il n'aime pas.
(Traduction de l’auteur)
52
proverbe 1 « waar rook is, is vuur » (il n’y a pas de fumée sans feu), mais même 78,6% des
adultes peuvent expliquer ce proverbe correctement. Une autre chose remarquable est le fait
qu’on ne trouve pas de manques d’explication dans le corpus des adultes néerlandais.
La signification des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Correcte
Incorrecte ou incomplète
Manque
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
1
2
3
4
5
Graphique 15. La signification des proverbes (L1) chez les adultes néerlandais
4.1.8.4. L’usage des proverbes
En regardant l’usage des proverbes chez les adultes néerlandais, il devient clair que la notion
de ‘rarement’ est la notion la plus fréquente. Le proverbe qui est le plus populaire dans l'usage
est le proverbe 4 « de appel valt niet ver van de boom » (bon chien chasse de race). 42,9% des
adultes ont indiqué qu’ils utilisent ce proverbe souvent, tandis que ce pourcentage atteint un
nombre de 0% chez tous les groupes français. Ce proverbe qui est donc le plus populaire en
néerlandais, est le proverbe le moins populaire en français.
Est-ce que vous utilisez ce proverbe?
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Souvent
Rarement
Pas du tout
Proverbe 1 Proverbe 2 Proverbe 3 Proverbe 4 Proverbe 5
Graphique 16. L’usage des proverbes (L1) chez les adultes néerlandais
53
4.1.9. Explication des résultats
Les adultes francophones et les adultes néerlandais étaient tous capables de citer trois
proverbes dans la partie de production. Les adultes néerlandais ont aussi tous indiqué qu’ils
connaissent les 5 proverbes demandés. Les adultes francophones ont indiqué qu’ils
connaissent le proverbe 4 (bon chien chasse de race) le moins bien, seulement 40% des
adultes le connaissent. La plupart des adultes néerlandais ont donné des explications correctes
aux proverbes, pour eux le proverbe 1 (il n’y a pas de fumée sans feu) était le plus difficile à
expliquer. On ne trouve pas de manques d’explication dans le corpus des adultes néerlandais.
Les adultes francophones avaient des difficultés avec la connaissance du proverbe 4 (bon
chien chasse de race), et nous pouvons retrouver cela dans les explications du proverbe aussi.
En ce qui concerne l’usage des proverbes, la notion de ‘rarement’ est la notion la plus
fréquente. Les adultes francophones utilisent le proverbe 5 (quand le chat n’est pas là, les
souris dansent) le plus. Quant au proverbe 4 (bon chien chasse de race), tous les adultes
francophones ont indiqué qu’ils n’utilisent ce proverbe pas du tout, tandis que 42,9% des
adultes néerlandais ont indiqué qu’ils utilisent ce proverbe souvent. Le proverbe le plus
populaire en néerlandais est le proverbe le moins populaire en français.
4.1.10. Conclusion
En ce qui concerne la production des proverbes de tous les groupes, nous voyons une
augmentation. Les lycéens savent produire le moins de proverbes, les étudiants connaissent
déjà plus de proverbes et les adultes peuvent en général tous nommer au moins trois proverbes
dans leur langue maternelle. C’est aussi chez les adultes qu’on retrouve des proverbes qui sont
un peu démodés. Nous voyons aussi que les lycéens ont le plus de difficulté à distinguer les
proverbes et les expressions. En néerlandais, le proverbe le plus fréquemment cité est le
proverbe « de appel valt niet ver van de boom » (équivalent de bon chien chasse de race). En
français, c’est le proverbe « l’habit ne fait pas le moine » qui est le plus fréquemment nommé.
Aussi dans les autres parties, nous voyons que les élèves connaissent, utilisent et savent
expliquer moins de proverbes que les adultes. En général, le proverbe 4 (bon chien chasse de
race) est le proverbe le plus connu et le plus populaire en néerlandais, bien que ce proverbe
soit le moins connu et le moins populaire en français. En général, le proverbe 5 (quand le chat
n’est pas là, les souris dansent) est le proverbe le plus connu et le plus populaire en français.
Quant à l’usage des proverbes, nous voyons que la notion ‘pas du tout’ est la plus dominante
chez les lycéens. La notion ‘rarement est la plus dominante chez les étudiants. Et les notions
‘rarement’ et ‘souvent’ sont les notions les plus utilisées chez les adultes. Cela nous montre
54
que les étudiants utilisent en général plus de proverbes que les lycéens et les adultes utilisent
encore plus de proverbes que les étudiants dans leur langue maternelle.
Dans le paragraphe suivant, nous présenterons les résultats de la connaissance proverbiale de
nos participants en langue seconde.
4.2. La connaissance proverbiale en L2
Dans la deuxième partie du questionnaire il s’agit de la connaissance proverbiale dans la
langue seconde, ce qui est pour les participants francophones le néerlandais et pour les
participants néerlandophones le français. Dans cette partie, les cinq autres proverbes sont
testés, à savoir : « c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase » et son équivalent partiel
« dat is de druppel die de emmer doet overlopen » (proverbe 6), « quand le vin est tiré, il faut
le boire » et son pseudo-équivalent « wie a zegt moet ook b zeggen » (proverbe 7), « plus on
est de fous, plus on rit » et son équivalent partiel « hoe meer zielen, hoe meer
vreugd » (proverbe 8), « loin des yeux, loin du cœur » et son équivalent total « uit het oog, uit
het hart » (proverbe 9) et « à cheval donné, on ne regarde pas les dents » et son équivalent
total « een gegeven paard moet je niet in de bek kijken » (proverbe 10).
4.2.1. Les lycéens francophones
Tous les lycéens francophones suivent des cours de néerlandais au lycée ‘l’Institut Notre
Dame d’Arlon’, en moyenne depuis quatre/cinq ans. Au début du questionnaire, ils devaient
indiquer leur niveau du néerlandais (avec les notions : mauvais, médiocre, passable, bon ou
très bon). La plupart des élèves ont signalé que leur niveau du néerlandais est passable. Il y
avait aussi 4 élèves qui trouvent qu’ils ont un bon niveau du néerlandais.
4.2.1.1. La production des proverbes
En regardant notre corpus, il est clair qu’il n’est pas facile pour les lycéens francophones de
citer des proverbes en néerlandais. Ils étaient priés de nommer trois proverbes néerlandais,
mais ils ont seulement une production moyenne de 0,7 proverbes néerlandais par personne. Il
y avait un proverbe qui était cité plusieurs fois : « oost west, thuis best » (il n'y a pas de petit
chez soi). D’autres proverbes qui étaient nommés sont « de appel valt niet ver van de boom »
(bon chien chasse de race) et « spreken is zilver, zwijgen is goud » (la parole est d'argent, le
silence est d'or). Nous pouvons voir qu’ils citent aussi des expressions, comme par exemple
« een kikker in de keel hebben » (avoir un chat dans la gorge).
55
4.2.1.2. La connaissance des proverbes
Quant à la connaissance des proverbes, les élèves ont indiqué qu’ils ne connaissent pas le
proverbe 8 « hoe meer zielen, hoe meer vreugd » (plus on est de fous, plus on rit) et le
proverbe 10 « een gegeven paard moet je niet in de bek kijken » (à cheval donné, on ne
regarde pas les dents) en néerlandais. Deux élèves ont indiqué qu’ils connaissaient le proverbe
6 « dat is de druppel die de emmer doet overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait déborder le
vase) en néerlandais. Le proverbe qui était le plus connu par les élèves francophones est le
proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin du cœur) ; environ 25% des élèves
ont signalé qu’ils connaissent ce proverbe.
4.2.1.3. Explication des proverbes
Dans la plupart des cas, une signification des proverbes manquait. Le proverbe 10 « een
gegeven paard moet je niet in de bek kijken » (à cheval donné, on ne regarde pas les dents) est
expliqué correctement une fois et le proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer doet
overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase) est expliqué correctement deux
fois par les élèves. Il n’est pas surprenant que le proverbe 10 soit expliqué correctement parce
que c’est le proverbe qui est le plus transparent (équivalent total). Pour le reste des proverbes
une explication correcte manque.
En plus, les élèves devaient aussi donner l’équivalent du proverbe dans la deuxième partie du
questionnaire. Personne ne savait l’équivalent français du proverbe 7 « wie a zegt moet ook b
zeggen » (quand le vin est tiré, il faut le boire). Un petit pourcentage des élèves a réussi à
donner l’équivalent correct de proverbes 6, 8 et 10. 25% des élèves connaissent l’équivalent
du proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin du cœur), qui était aussi le
proverbe le plus connu.
56
Les équivalents des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
Correct
50%
Incorrect
40%
Manque
30%
20%
10%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 17. Les équivalents des proverbes chez les lycéens francophones
4.2.1.4. Usage des proverbes
En général, les élèves ont indiqué qu’ils n’utilisent pas de proverbes quand ils parlent le
néerlandais. C’est pourquoi la notion ‘pas du tout’ est la notion la plus dominante. Tous les
élèves ont signalé qu’ils n’utilisent jamais les proverbes 6, 7, 8 et 10. Seulement un élève a
indiqué qu’il utilise rarement le proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin du
cœur), ce qui revient à un pourcentage de 8,3%. 91,7% des élèves disent qu’ils n’utilisent
jamais le proverbe 9.
4.2.2. Les lycéens néerlandais
Tous les lycéens néerlandais suivent des cours de français à l’école, en moyenne depuis quatre
ans. Au début du questionnaire, ils devaient aussi indiquer leur niveau de français. Les
niveaux des élèves varient énormément mais la plupart des élèves, 40%, ont signalé que leur
niveau de français est médiocre. De plus, 32,5% des élèves disent qu’ils ont un niveau
passable du français. Le reste des élèves sont repartis entre mauvais, bon et très bon.
4.2.2.1. La production des proverbes
Comme les lycéens francophones, les lycéens néerlandais ont aussi des difficultés avec la
production des proverbes dans leur langue seconde. Il est clair qu’en général les élèves
néerlandais ne connaissent pas de proverbes français. C’est pourquoi ils ont seulement une
production moyenne de 0,2 proverbes néerlandais par personne. De plus, ils citent souvent des
57
expressions au lieu de proverbes, comme par exemple « c’est la vie ». 5% des élèves ont cité
le proverbe « plus on est de fous, plus on rit », un proverbe qui était aussi inclus dans notre
questionnaire.
4.2.2.2. La connaissance des proverbes
En ce qui concerne la connaissance des proverbes, nous pouvons voir que le proverbe 10 (à
cheval donné, on ne regarde pas les dents) était le proverbe le plus connu par les élèves
néerlandais. Notons que son équivalent néerlandais (« een gegeven paard moet je niet in de
bek kijken ») était aussi fréquemment nommé dans la production de la première partie et
qu’ils sont des équivalents totaux. 65% des élèves ont signalé qu’ils connaissent le proverbe
10. Le proverbe qui est le moins connu par les élèves néerlandais est le proverbe 7 (quand le
vin est tiré, il faut le boire). Cela est une conséquence logique parce que ce proverbe et son
équivalent néerlandais « wie a zegt moet b zeggen » (littéralement : celui qui dit a, doit aussi
dire b) sont des pseudo-équivalents. C’est pourquoi il n’est pas frappant que les élèves aient
des difficultés avec la compréhension de ce proverbe.
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
80%
60%
Oui
40%
Non
20%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe
10
Graphique 18. La connaissance des proverbes (L2) chez les lycéens néerlandais
4.2.2.3. L’explication des proverbes
Dans la plupart des cas, une signification du proverbe manque. Les élèves peuvent expliquer
le mieux le proverbe 10 (à cheval donné, on ne regarde pas les dents) et le proverbe 8 (plus on
est de fous, plus on rit). En ce qui concerne le proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le
boire), aucun des élèves peuvent en donner une explication correcte. 10% des élèves ont
essayé de donner une signification, tandis que 90% des élèves n’ont pas donné une explication
du proverbe.
58
Quant aux équivalents, la plupart des élèves ont donné l’équivalent correct du proverbe 6
(c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase) et du proverbe 10 (à cheval donné, on ne
regarde pas les dents), tandis que seulement un élève a donné l’équivalent correct du proverbe
7 quand le vin est tiré, il faut le boire). En ce qui concerne ce proverbe, nous pouvons voir que
l’équivalent manque dans 82,5% des cas. Le proverbe 9 (loin des yeux, loin du cœur) est un
cas intéressant, parce que là les élèves ont souvent donné un équivalent incorrect. 17,5% des
élèves ont donné l’équivalent « uit het oog, maar niet uit het hart » ce qui veut dire « loin des
yeux, mais pas loin du cœur ». En expliquant ce proverbe, ils le définissent de la façon
suivante : le fait que deux personnes s’éloignent ne veut pas dire qu’ils ne s’aiment plus. Ce
qui est exactement le contraire de ce que le proverbe veut dire véritablement. Une raison pour
le fait que quelques étudiants ont donné cet équivalent au proverbe peut être que quelqu’un a
utilisé ce proverbe de cette manière dans son environnement (il existe aussi deux chansons
néerlandaises qui s’appellent « uit het oog, maar niet uit het hart »). C’est probablement
pourquoi certains élèves ont cette connotation particulière en entendant ce proverbe.
Les équivalents des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
Correct
50%
Incorrect
40%
Manque
30%
20%
10%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 19. Les équivalents des proverbes chez les lycéens néerlandais
4.2.2.4. L’usage des proverbes
En regardant l’usage des proverbes, il devient clair que les lycéens néerlandais ont indiqué
qu’ils n’utilisent pas de proverbes quand ils parlent le français. C’est pourquoi la notion ‘pas
du tout’ est la notion la plus dominante. Tous les élèves ont signalé qu’ils n’utilisent jamais
les proverbes 6, 7, 8 et 9. Seulement un élève a indiqué qu’il utilise rarement le proverbe 10 (à
cheval donné, on ne regarde pas les dents), ce qui revient à un pourcentage de 2,5%. 97,5%
des élèves ont donc affirmé qu’ils n’utilisent jamais le proverbe 10 quand ils parlent le
59
français. Vu le fait que le proverbe 10 est le proverbe le plus transparent, il est logique que ce
proverbe soit le plus utilisé.
4.2.3. Explication des résultats
En regardant notre corpus, il est clair qu’il n’est pas facile pour les lycéens francophones de
citer des proverbes en L2. De plus, ils citent souvent des expressions au lieu de proverbes. Le
proverbe qui est le plus connu par les élèves francophones est le proverbe 9 « uit het oog, uit
het hart » (loin des yeux, loin du cœur) et le proverbe 10 (à cheval donné, on ne regarde pas
les dents) était le proverbe le plus connu par les élèves néerlandais. Ce n’est pas par hasard
que ces deux proverbes sont les plus connus, parce qu’ils sont les seuls équivalents totaux.
Dans la plupart des cas, une signification du proverbe manque. Les élèves peuvent en général
expliquer le proverbe 10 (à cheval donné, on ne regarde pas les dents) le mieux. Le proverbe
qui est le moins connu par les élèves francophones et néerlandais est le proverbe 7 (quand le
vin est tiré, il faut le boire), ce qui n’est pas frappant non plus parce que ce proverbe connaît
un pseudo-équivalent dans l’autre langue. C’est pourquoi les élèves ne savent pas donner
l’équivalent du proverbe 7. Pour les Francophones, il était le plus facile de donner
l’équivalent de « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin du cœur), tandis que la plupart
des Néerlandais savent donner l’équivalent néerlandais du proverbe 10 (à cheval donné, on ne
regarde pas les dents). En général, les lycéens n’utilisent pas de proverbes quand ils parlent
leur L2.
4.2.4. Les étudiants français
La moitié du groupe sont des étudiants français qui font des cours de néerlandais à
l’Université de Strasbourg. L’autre moitié du groupe sont des étudiants français qui ne vivent
que récemment aux Pays-Bas et qui apprennent le néerlandais à l’école de Koentact, une école
de langue qui se trouve à Amsterdam41. La plupart des étudiants français trouvent qu’ils ont
un bon niveau de néerlandais. Environ 20% des étudiants disent qu’ils ont un niveau passable
du néerlandais bien qu’un étudiant pense qu’il a un très bon niveau de néerlandais.
41
Site web: http://ww.koentact.nl
60
4.2.4.1. La production des proverbes
Comme nous avons vu chez les lycéens, il n’est pas toujours facile pour les apprenants de
citer des proverbes dans leur L2. Nous voyons la même chose en ce qui concerne les étudiants
français. Les étudiants ont une production moyenne de 1,1 proverbe néerlandais par personne.
Dans la partie de production, ils citent des proverbes comme « wie niet waagt, wie niet wint »
(qui ne risque rien, n’a rien), « oost west, thuis best » (il n'y a pas de petit chez soi) et « wie a
zegt, moet ook b zeggen » (quand le vin est tiré, il faut le boire).
4.2.4.2. La connaissance des proverbes
Le proverbe qui est le mieux connu par les étudiants français est le proverbe 6 « dat is de
druppel die de emmer doet overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase). Plus
de 60% des étudiants ont indiqué qu’ils connaissent ce proverbe. Environ un tiers des
étudiants connaissent les proverbes 7, 9 et 10. Le proverbe 8 « hoe meer zielen, hoe meer
vreugd » (plus on est de fous, plus on rit) est le mal connu par les étudiants, environ 17% des
étudiants ont indiqué qu’ils connaissent ce proverbe.
4.2.4.3. L’explication des proverbes
Quant
à la signification des proverbes, environ un quart des étudiants ont donné une
explication correcte des proverbes 7, 8, 9 et 10. Le proverbe 6 « dat is de druppel die de
emmer doet overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase) est le plus facile à
expliquer pour les étudiants, 66,7% a donné la signification correcte.
En ce qui concerne les équivalents, la plupart des étudiants ont donné l’équivalent correct du
proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer doet overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait
déborder le vase). L’équivalent de proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin
du cœur) était donné correctement par la moitié des élèves. Cela est une conséquence logique
à cause du fait que c’est un équivalent total du proverbe français. Les équivalents des autres
proverbes étaient plus difficiles à trouver. L’équivalent de proverbe 8 « hoe meer zielen, hoe
meer vreugd » (plus on est de fous, plus on rit) était donné par deux étudiants, tandis qu’aucun
élève n’a trouvé les équivalents des proverbes 7 et 10.
61
Les équivalents des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
Correct
50%
Incorrect
40%
Manque
30%
20%
10%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 20. Les équivalents des proverbes chez les étudiants français
4.2.4.4. L’usage des proverbes
En général, les étudiants ont indiqué qu’ils n’utilisent pas souvent des proverbes quand ils
parlent le néerlandais. La notion de ‘pas du tout’ est pourtant la notion la plus dominante.
Mais il faut aussi remarquer que certains étudiants ont indiqué qu’ils utilisent les proverbes
rarement. Le proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer doet overlopen » (c’est la goutte
d’eau qui fait déborder le vase) est le proverbe le plus fréquemment utilisé, 25% des étudiants
ont signalé qu’ils utilisent ce proverbe rarement.
Est-ce que vous utilisez ce proverbe?
1
0,9
0,8
0,7
0,6
Souvent
0,5
Rarement
0,4
Pas du tout
0,3
0,2
0,1
0
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 21. L’usage des proverbes (L2) chez les étudiants français
62
4.2.5. Les étudiants néerlandais
Tous les étudiants néerlandais suivent des cours de français ou bien à l’Université d’Utrecht,
ou bien à l’Université d’Amsterdam. La plupart des étudiants néerlandais, 83,3%, trouvent
qu’ils ont un bon niveau de français. Les autres 16,7% des étudiants pensent qu’ils ont même
un très bon niveau de français.
4.2.5.1. La production des proverbes
Nous pouvons voir une grande différence entre la production des proverbes des étudiants
néerlandais et celle des étudiants français. Tandis que les Français avaient seulement une
production moyenne de 1,1 proverbe par personne, les Néerlandais ont un nombre moyen de
2,5 proverbes par personne. Bien que ce nombre soit assez haut, il faut faire remarquer que les
étudiants ne distinguent pas toujours entre proverbe et expression. Tous les énoncés qui sont
nommés plusieurs fois sont en fait des expressions, par exemple « il pleut comme vache qui
pisse », « donner la langue au chat », « faire la nuit blanche » et « c’est la vie ». Quand même,
ils citent aussi beaucoup de proverbes. Des exemples sont « petit à petit, l'oiseau fait son nid
», « c'est en forgeant qu'on devient forgeron », « rira bien qui rira le dernier » et « mieux vaut
prévenir que guérir ».
4.2.5.2. La connaissance des proverbes
En ce qui concerne la connaissance des proverbes, nous pouvons voir que la plupart des
étudiants connaissent tous les proverbes. Le proverbe 9 (loin des yeux, loin du cœur) est le
proverbe le plus connu, 91,7% des étudiants ont indiqué qu’ils connaissent ce proverbe.
Comme la graphique nous montre, le proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le boire) est le
proverbe le moins connu. Cela peut être expliqué par sa nature pseudo-équivalente. Les autres
proverbes sont en général bien connus chez les étudiants néerlandais.
63
Est-ce que vous connaissez
ce proverbe?
100%
80%
60%
Oui
40%
Non
20%
0%
Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe Proverbe
6
7
8
9
10
Graphique 22. La connaissance des proverbes (L2) chez les étudiants néerlandais
4.2.5.3. L’explication des proverbes
En général, la plupart des étudiants savent donner la signification correcte des proverbes. Le
proverbe 10 (à cheval donné, on ne regarde pas les dents) est le mieux expliqué, 83,3% en
donnent une explication correcte. Quelques étudiants ont des difficultés avec l’explication du
proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le boire), 33,3% des étudiants en donnent une
signification incorrecte.
La plupart des étudiants ont donné l’équivalent correct des proverbes 6, 9 et 10. Ils avaient le
plus de difficultés avec l’équivalent néerlandais du proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le
boire). 58,3% des étudiants ne connaissaient pas le proverbe ou ont donné un équivalent
incorrect. Cela peut de nouveau être expliqué par sa nature pseudo-équivalente. L’équivalent
de proverbe 8 (plus on est de fous, plus on rit) était aussi difficile à trouver pour les étudiants,
50% ont donné l’équivalent correct.
Les équivalent des proverbes
100%
80%
60%
Correct
40%
Incorrect
20%
Manque
0%
ProverbeProverbeProverbeProverbeProverbe
6
7
8
9
10
Graphique 23. Les équivalents des proverbes chez les étudiants néerlandais
64
4.2.5.4. L’usage des proverbes
Les étudiants néerlandais ont indiqué qu’ils n’utilisent pas souvent des proverbes français
quand ils parlent le français. Le proverbe qui est le plus fréquemment utilisé est le proverbe 8
(plus on est de fous, plus on rit). 25% des étudiants ont indiqué qu’ils utilisent ce proverbe
rarement ou même souvent. Tous les étudiants ont indiqué qu’ils n’utilisent jamais les
proverbes 6, 9 et 10 quand ils parlent le français.
4.2.6. Explication des résultats
Pour les étudiants français, il n’est pas facile de citer des proverbes en néerlandais (±1,1
proverbe par personne) les Néerlandais ont une production moyenne beaucoup plus haute de
2,5 proverbes par personne. Il faut faire remarquer que les étudiants néerlandais ne distinguent
pas toujours entre proverbe et expression. En français, le proverbe le mieux connu est le
proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer doet overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait
déborder le vase). C’est pourquoi ce proverbe est aussi le plus facile à expliquer et d’en
trouver un équivalent français. L’équivalent de proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin
des yeux, loin du cœur) était donné aussi correctement par la moitié des étudiants à cause du
fait que c’est un équivalent total. Le proverbe 8 « hoe meer zielen, hoe meer vreugd » (plus on
est de fous, plus on rit) est le mal connu par les étudiants français. Les Néerlandais ont
indiqué qu’ils connaissent le proverbe 9 (loin des yeux, loin du cœur) le mieux. Le proverbe
7 (quand le vin est tiré, il faut le boire) est le proverbe le moins connu par les étudiants
néerlandais. Cela peut être expliqué par sa nature pseudo-équivalente. En général, la plupart
des étudiants néerlandais savent donner la signification correcte des proverbes. Ils ont des
difficultés avec l’explication et l’équivalent du proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le
boire). Tous les étudiants ont indiqué qu’ils n’utilisent pas souvent des proverbes quand ils
parlent dans leur L2. Pour les Français, le proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer doet
overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase) est le proverbe le plus
fréquemment utilisé. Pour les Néerlandais, le proverbe qui est le plus fréquemment utilisé est
le proverbe 8 (plus on est de fous, plus on rit).
4.2.7. Les adultes francophones
La plupart des adultes francophones travaillent – ou ont travaillé – comme enseignant de
néerlandais ou ils sont des enseignants de français aux Pays-Bas. La plupart des adultes ont
indiqué qu’ils ont un bon niveau de néerlandais. Et un tiers des adultes trouvent qu’ils ont
65
même un très bon niveau de néerlandais. Presque 20% des adultes trouvent que leur niveau de
néerlandais est passable.
4.2.7.1. La production des proverbes
En regardant la production des adultes francophones, nous pouvons voir que les adultes ont
une production moyenne de 2,2 proverbes néerlandais par personne. Dans les exemples qui
sont cités par les adultes, on trouve aussi beaucoup d’expressions et de locutions comme par
exemple « brood op de plank hebben » (avoir du pain sur la planche) et « zo vader, zo
zoon » (tel père, tel fils). Cette dernière locution est nommée plusieurs fois par les adultes
francophones. Des proverbes qui sont fréquemment nommé sont « beter laat dan
nooit » (mieux vaut tard que jamais), « de appel valt niet ver van de boom » (bon chien chasse
de race) et « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin du cœur).
4.2.7.2. La connaissance des proverbes
Quant à la connaissance des proverbes, il faut faire remarquer que le proverbe 7 « wie a zegt
moet ook b zeggen » (quand le vin est tiré, il faut le boire) et 10 « een gegeven paard moet je
niet in de bek kijken » (à cheval donné, on ne regarde pas les dents) sont le moins connus par
les adultes francophones. Environ la moitié des adultes ont indiqué qu’ils connaissent ces
proverbes. Presque tous les adultes connaissent le proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer
doet overlopen » (c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase) et le proverbe 9 « uit het oog,
uit het hart » (loin des yeux, loin du cœur).
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
80%
60%
Oui
40%
Non
20%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 24. La connaissance des proverbes (L2) chez les adultes francophones
66
4.2.7.3. L’explication des proverbes
En ce qui concerne la signification des proverbes, nous pouvons de nouveau voir que les
proverbes 7 « wie a zegt moet ook b zeggen » (quand le vin est tiré, il faut le boire) et 10
« een gegeven paard moet je niet in de bek kijken » (à cheval donné, on ne regarde pas les
dents) sont les plus difficiles. Chez plus de la moitié des adultes, une explication manque ou
ils donnent une explication incorrecte de ces proverbes. Le proverbe 9 uit het oog, uit het
hart » (loin des yeux, loin du cœur) était le plus facile à expliquer pour eux, presque 90% des
adultes en donnent une explication correcte. La plupart des adultes savent aussi expliquer les
proverbes 6 et 8.
Les résultats des équivalents sont très variés. Premièrement, tous les adultes peuvent donner
l’équivalent français du proverbe 6 « dat is de druppel die de emmer doet overlopen » (c’est la
goutte d’eau qui fait déborder le vase). 93,3% des adultes connaissent l’équivalent du
proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin des yeux, loin du cœur). Les résultats sont moins
convaincants quand on regarde les proverbes 7 « wie a zegt moet ook b zeggen » (quand le
vin est tiré, il faut le boire) et 10 « een gegeven paard moet je niet in de bek kijken » (à cheval
donné, on ne regarde pas les dents). Seulement 20% des adultes connaissent l’équivalent du
proverbe 10. Mais, aucun des adultes ne pouvait donner l’équivalent français du proverbe 7.
Comme nous avons déjà vu, le proverbe 7 est le proverbe qui pose le plus de problèmes à
cause de sa nature pseudo-équivalente.
Les équivalents des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
Correct
50%
Incorrect
40%
Manque
30%
20%
10%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 25. Les équivalents des proverbes chez les adultes francophones
67
4.2.7.4. L’usage des proverbes
En regardant l’usage des proverbes, nous pouvons également constater que les résultats
varient. Il n’est pas surprenant que les proverbes 7 « wie a zegt moet ook b zeggen » (quand le
vin est tiré, il faut le boire) et 10 « een gegeven paard moet je niet in de bek kijken » (à cheval
donné, on ne regarde pas les dents) ne soient pas utilisés souvent parce qu’ils sont les
proverbes les moins connus. Seulement un adulte (6,7%) a indiqué qu’il utilise le proverbe 7
rarement quand il parle le néerlandais. Le proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin des
yeux, loin du cœur) est le proverbe le plus fréquemment utilisé par les adultes.
Est-ce que vous utilisez ce proverbe?
100%
90%
80%
70%
60%
Souvent
50%
Rarement
40%
Pas du tout
30%
20%
10%
0%
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 26. L’usage des proverbes (L2) chez les adultes francophones
4.2.8. Les adultes néerlandais
Les adultes néerlandais travaillent presque tous comme enseignant de français aux Pays-Bas.
La plupart des adultes, 66,7%, ont indiqué qu’ils ont un très bon niveau de français. Les autres
33,3% des adultes trouvent que leur niveau de français est bon. En général, le niveau de L2 du
groupe est donc assez élevé.
4.2.8.1. La production des proverbes
Les adultes néerlandais ont la production moyenne la plus haute de tous les groupes avec une
moyenne de 2,6 proverbes français par personne. Le proverbe français le plus nommé par eux
est « mieux vaut tard que jamais ». Des autres proverbes qui sont fréquemment cités par les
adultes néerlandais sont « l'habit ne fait pas le moine », « c’est en forgeant qu’on devient
forgeron » et « honni soit qui mal y pense ».
68
4.2.8.2. La connaissance des proverbes
La plupart des adultes néerlandais connaissent les proverbes 6, 8, 9 et 10. Même tous les
adultes ont indiqué qu’ils connaissent le proverbe 9 (loin des yeux, loin du cœur). Comme
nous avons vu chez tous les autres groupes, le proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le
boire) est de nouveau le proverbe qui est le moins connu. Presque 60% des adultes ont indiqué
qu’ils ne connaissent pas ce proverbe.
Est-ce que vous connaissez ce
proverbe?
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Oui
Non
Proverbe 6
Proverbe 7
Proverbe 8
Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 27. La connaissance des proverbes (L2) chez les adultes néerlandais
4.2.8.3. L’explication des proverbes
En ce qui concerne la signification des proverbes, il est clair que la plupart des adultes
peuvent bien expliquer les proverbes 6, 8, 9 et 10, bien que le proverbe 7 soit correctement
expliqué par 28,6% des adultes. Dans 35,7% des cas il y a un manque d’explication et dans
l’autre 35,7% des cas les adultes ont donné une explication incorrecte au proverbe 7 (quand le
vin est tiré, il faut le boire).
Quant aux équivalents des proverbes, les adultes donnent souvent l’équivalent correct du
proverbe français. Même tous les adultes connaissent les équivalents néerlandais des
proverbes 6 et 10. Le proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le boire) pose encore un
problème, 64,3% des adultes ne donnent pas d’équivalent ou un équivalent incorrect du
proverbe à cause de sa nature pseudo-équivalente.
69
Les équivalents des proverbes
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Correct
Incorrect
Manque
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 28. Les équivalents des proverbes chez les adultes néerlandais
4.2.8.4. L’usage des proverbes
Quant à l’usage des proverbes, la notion ‘pas du tout’ est en général la notion la plus
dominante. Le proverbe qui est utilisé le plus fréquemment est le proverbe 9 (loin des yeux,
loin du cœur), 71,4% des adultes ont indiqué qu’ils utilisent ce proverbe rarement. Cela est
une conséquence logique parce que ce proverbe était aussi le proverbe qui était le plus connu
par les adultes. La notion ‘souvent’ n’est pas du tout fréquente dans les résultats des adultes
néerlandais. Seulement une personne a signalé qu’elle utilise souvent le proverbe 8 (plus on
est de fous, plus on rit) quand elle parle le français.
Est-ce que vous utilisez ce proverbe?
1
0,9
0,8
0,7
0,6
Souvent
0,5
Rarement
0,4
Pas du tout
0,3
0,2
0,1
0
Proverbe 6 Proverbe 7 Proverbe 8 Proverbe 9 Proverbe 10
Graphique 29. L’usage des proverbes (L2) chez les adultes néerlandais
70
4.2.9. Explication des résultats
De tous les groupes, les adultes ont en général la production moyenne la plus élevée. Les
adultes néerlandais ont la production moyenne la plus haute de tous les groupes avec une
moyenne de 2,6 proverbes français par personne. Les proverbes 7 « wie a zegt moet ook b
zeggen » (quand le vin est tiré, il faut le boire) et 10 « een gegeven paard moet je niet in de
bek kijken » (à cheval donné, on ne regarde pas les dents) sont les moins connus par les
adultes francophones. Comme nous avons vu chez tous les autres groupes, le proverbe 7
(quand le vin est tiré, il faut le boire) est de nouveau le proverbe qui est le moins connu chez
les adultes néerlandais. Presque tous les adultes francophones et tous les néerlandais ont
indiqué qu’ils connaissent le proverbe 9 (loin des yeux, loin du cœur) et peuvent l’expliquer
correctement aussi. Les adultes donnent souvent l’équivalent correct des proverbes. Même
tous les adultes connaissent l’équivalent du proverbe 6 (c’est la goutte d’eau qui fait déborder
le vase), bien que le proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le boire) pose de nouveau des
problèmes chez les deux groupes. Quant à l’usage des proverbes, la notion de ‘pas du tout’ est
en général encore la notion la plus dominante. Le proverbe 9 « uit het oog, uit het hart » (loin
des yeux, loin du cœur) est le proverbe le plus fréquemment utilisé par les adultes
francophones et les adultes néerlandais.
4.2.10. Conclusion
En ce qui concerne la production des proverbes de tous les groupes, nous voyons de nouveau
une augmentation. Les lycéens savent produire le moins de proverbes, les étudiants
connaissent déjà plus de proverbes en L2 et les adultes peuvent en général nommer au moins
deux et souvent aussi trois proverbes dans leur langue seconde. Nous voyons aussi que
presque tous les groupes ont des difficultés à distinguer entre les proverbes et les expressions.
Cela est probablement dû au fait qu’en général ils ne connaissent pas beaucoup de langage
figuré dans leur deuxième langue et c’est pourquoi ils citent simplement ce qu’ils savent
(proverbe ou non).
En néerlandais, le proverbe le plus fréquemment cité par les
Francophones est le proverbe « oost west, thuis best » (il n'y a pas de petit chez soi) et de
nouveau le proverbe « de appel valt niet ver van de boom » (bon chien chasse de race). En
français, c’est le proverbe « mieux vaut tard que jamais » qui est le plus fréquemment nommé
par les Néerlandais.
Le proverbe 9 (loin des yeux, loin du cœur) est globalement le proverbe qui est le plus connu
par tous les personnes francophones et néerlandaises. Ce proverbe est le proverbe le plus
71
facile à expliquer et le plus fréquemment utilisé par tous les groupes. Cela peut être expliqué
par le fait qu’en français et en néerlandais les deux formes du proverbe 9 sont des équivalents
totaux. Le proverbe qui est le moins connu, le moins utilisé et le plus difficile à expliquer est
le proverbe 7 (quand le vin est tiré, il faut le boire), ce qui n’est pas frappant parce que ce
proverbe connaît un pseudo-équivalent dans l’autre langue. Quant à l’usage des proverbes,
tous les groupes indiquent qu’ils n’utilisent pas souvent des proverbes en parlant leur langue
seconde. C’est pourquoi la notion de ‘pas du tout’ est en général la notion la plus dominante.
Généralement, il semble que les Néerlandais connaissent plus d’équivalents et peuvent
produire plus de proverbes en L2 que les Francophones.
72
DISCUSSION
Comme nous avons déjà mentionné à l’introduction, à l’heure actuelle les proverbes semblent
être en voie de disparition et c’était pour cette raison que nous nous demandions s’il y avait
des différences en connaissance proverbiale entre des générations différentes. Nos résultats
ont confirmé le fait que les générations différentes utilisent les proverbes aussi d’une manière
différente et que la connaissance et l’emploi des proverbes augmentent avec l’âge. Nous
avons vu une augmentation tant en L1 qu’en L2 ; les jeunes savent produire, peuvent
expliquer et utilisent le moins de proverbes, les étudiants connaissent et utilisent déjà plus de
proverbes et les adultes connaissent, savent expliquer et utilisent en général le plus de
proverbes en L1 et L2. Cela pourrait montrer un certain déclin dans la connaissance et l’usage
des proverbes chez les jeunes. Cela pourrait être expliqué par le fait que les proverbes étaient
autrefois une partie importante de l’enseignement, bien qu’aujourd’hui on accorde moins
d’importance à l’enseignement de proverbes. Comme on ne traite plus les proverbes d’une
manière structurelle à l’école, les élèves semblent ne plus s’en souvenir ou les employer. Une
deuxième explication pour le fait que les jeunes connaissent et utilisent (le) moins de
proverbes est le manque d’expérience. Les étudiants et les adultes sont certainement plus âgés
et ont plus d’expérience de la langue et de la vie. Par conséquent ils ont eu plus d’occasions
de rencontrer des proverbes dans leur vie quotidienne et cela les aide à mieux comprendre les
proverbes.
Finalement, nous avons vu dans la recherche de Anscombre (2000) que la connaissance des
proverbes est souvent passive chez les jeunes répondants, ils connaissaient souvent les
proverbes mais ils ne les utilisaient pas. Nous avons constaté les mêmes résultats. Van Hasselt
(2010) a affirmé que la connaissance réceptive des jeunes est meilleure que leur connaissance
productive. Dans notre propre recherche, nous avons vu aussi que les jeunes avaient des
difficultés avec la partie de la production et qu’ils nomment souvent les mêmes proverbes
habituels (plus de 50% des élèves néerlandais ont cité le proverbe « de appelt valt niet ver van
de boom » (bon chien chasse de race).
Nos résultats ont montré qu’en général les participants néerlandais savent produire,
connaissent et utilisent plus de proverbes que les participants francophones. Cela vaut tant
pour la langue maternelle que pour la langue seconde. Cela pourrait être expliqué par le fait
qu’on accorde ou a accordé probablement plus d’importance à l’enseignement de proverbes
73
aux Pays-Bas qu’en France, même si aujourd’hui cela semble être en déclin. Cela pourrait
encore être expliqué par la longue histoire des proverbes en France. Déjà au XVIIème siècle, le
proverbe a obtenu un statut négatif et il a pris une connotation négative aussi grâce à la
contribution de l’Académie française. C’est pourquoi le proverbe commença à tomber en
désuétude à cette époque-là. Bien que le proverbe ne connaisse plus vraiment une connotation
négative aujourd’hui, la suite de son histoire pourrait expliquer le fait que le statut de
proverbes est différent en France qu’aux Pays-Bas. Et cela a peut-être abouti au fait que les
Français semblent utiliser moins de proverbes que les Néerlandais qui ne connaissent pas cette
histoire mouvementée des proverbes. En rapport avec la précédente, une troisième explication
pourrait être le style utilisé. Il se peut que les Néerlandais aiment se servir d’un style
métaphorique. Il se peut que les Français, à cause de leur longue histoire d’intervention
linguistique, préfèrent être clairs. Comme Rivarol (1784) écrivait : « ce qui n’est pas clair,
n’est pas français »42.
Dans cette étude comparative, nous devions tenir compte de certains aspects qui peuvent
poser des problèmes. Le premier problème possible de la recherche concerne les notions de
‘rarement’, ‘souvent’ et ‘pas du tout’. Nous sommes intéressée par la fréquence d’usage des
proverbes, et c’est pourquoi nous avons posé cette question aux répondants. Mais il faut
prendre en compte le fait que ces notions sont pourtant vagues et pluri-interprétables. Cela
veut dire qu’il est donc possible que l’un ait interprété ces notions d’une manière différente
que l’autre.
De plus, nous avons choisi d’analyser les résultats d’une certaine manière. En ce qui concerne
les significations des proverbes, nous avons subdivisé les réponses dans les catégories
suivantes : signification correcte, signification incorrecte ou manque de signification. Même si
ces catégories semblent être claires, il n’est pas toujours facile de qualifier une réponse de
correcte ou d’incorrecte. Souvent, il s’agit plutôt d’une réponse incomplète que d’une réponse
incorrecte. Parfois, il est clair que les répondants connaissent les proverbes et savent ce qu’ils
veulent dire mais ils ne peuvent pas l’expliquer d’une façon correcte. Comme la réponse était
dans ces cas incomplète, nous l’avons qualifiée comme incorrecte.
42
Source http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-qui-pas-clair-pas-francais-rivarol-commentez-
139990.html
74
Mais il faut insister sur le fait que cette qualification de correct ou d’incorrect est aussi parfois
un jugement personnel et subjectif de l’enquêtrice. Le proverbe 5 « quand le chat n’est pas là,
les souris dansent » était par exemple difficile à qualifier de correct ou d’incorrect. Dans leurs
définitions, les participants ont très souvent donné des explications comme « quand la mère
est partie, les enfants sont joyeux », « quand le patron est absent, les employés transgressent
les règles » ou « quand le professeur est absent, les élèves sont heureux ». Même si le
proverbe est sans doute applicable dans ces situations, ces explications ne couvrent pas la
définition totale du proverbe, c.à.d. en l'absence de l'autorité, on fait preuve d'euphorie
insouciante ce qui peut amener à la transgression des règles. Dans l’enquête, il est arrivé
plusieurs fois que les participants aient donné seulement des exemples de situations sans
vraiment expliquer ce que le proverbe veut dire exactement. Dans ces cas, nous avons décidé
de qualifier ces réponses comme incorrectes, parce qu’elles étaient en fait incomplètes.
Un autre point de discussion est le fait que la plupart des répondants ont fait l’enquête en
ligne. Même s’il était indiqué qu’il ne faut pas utiliser l’internet pour répondre aux questions,
cela ne veut pas dire que les enquêtés ne l’ont effectivement pas utilisé. Un répondant du
groupe des lycéens francophones a par exemple premièrement indiqué qu’il ne connaissait pas
le proverbe 4, mais après il en donne quand même la bonne signification. Cela est
remarquable parce que ce proverbe était le proverbe le moins connu et pour cette raison le
plus difficile pour tous les groupes français. Nous avons quand même compté sa réponse
comme une réponse correcte.
En ce qui concerne les enquêtes en papier, il y a aussi un désavantage. En feuilletant
l’enquête, les répondants peuvent voir le reste du questionnaire et aussi des exemples de
proverbes. C’est pourquoi ils pourraient reprendre ces mêmes proverbes dans la partie de la
production. Cependant, nos résultats montrent qu’il n’y a pas beaucoup de répondants qui ont
fait cela.
Ensuite, il y a aussi une différence en regardant les niveaux des participants. Le niveau de la
langue seconde est difficile à constater exactement et le niveau des personnes du même
groupe peut être différent à cause de plusieurs motifs comme la motivation ou l’intérêt par
exemple. Au début du questionnaire, ils devaient tous indiquer le niveau de leur L2 avec les
notions ‘mauvais’, ‘médiocre’, ‘passable’, ‘bon’ ou ‘très bon’. Les niveaux que les répondants
du groupe ont donnés diffèrent souvent du niveau du groupe correspondant. Ainsi, la plupart
75
des lycéens francophones ont signalé que leur niveau de néerlandais est passable tandis que la
plupart des lycéens néerlandais trouvent qu’ils ont un niveau médiocre de français. Les
adultes francophones estiment en général qu’ils ont un niveau plus faible que les adultes
néerlandais. Il y a aussi des différences entre les lycéens, les étudiants et les adultes en ce qui
concerne le niveau de leur langue seconde et la motivation pour l’apprentissage de L2. C’est
pour cette raison que le niveau de la deuxième langue est probablement le plus élevé chez les
adultes. Si ces auto-évaluations sont correctes, cela signifie que le niveau des groupes
correspondants n’était pas identique.
De plus, il y a une différence importante entre les origines des personnes francophones. Bien
que tous les répondants néerlandophones soient des Néerlandais, les répondants francophones
habitent dans des pays francophones différents. Le groupe des lycéens francophones sont par
exemple tous des Wallons, bien que le groupe des étudiants francophones soient tous des
Français. Le fait que les répondants francophones sont d’origines différentes peut bien sûr
avoir une influence sur les résultats.
Sous ce rapport, il est aussi important de mentionner l’origine de l’enquêtrice. Le fait que
l’enquête a été rédigée par une Néerlandaise peut aussi avoir des influences sur les résultats.
Surtout la construction de l’enquête et les choix des proverbes dépendent de l’enquêtrice.
Nos résultats ont démontré que le proverbe « bon chien chasse de race » par exemple n’est
pas fréquemment utilisé en français. Le fait que l’enquêtrice ne savait pas que cela était le cas
peut être expliqué par le fait qu’elle n’est pas une Française et que, pour cette raison, elle ne
sait pas exactement quels proverbes sont fréquemment utilisés en France. Comme nous avons
indiqué plus tôt, nous avons déterminé la fréquence des proverbes français dans une base
textuelle qui s’appelle Frantext. En regardant cette base textuelle, il semblait que le proverbe
« bon chien chasse de race » était quand même utilisé fréquemment en France. Cela peut être
expliqué par le fait que nous avons utilisé une base textuelle, donc une source littéraire, pour
tester la fréquence des proverbes. Bien que le proverbe puisse être trouvé dans des sources
littéraires, cela ne veut pas automatiquement dire que le proverbe est aussi fréquemment
utilisé dans le langage parlé.
76
Dans des recherches futures, il pourrait être intéressant d’effectuer cette même recherche sur
une échelle plus grande – avec plus de proverbes et plus de participants. De plus, il est aussi
intéressant d’effectuer cette même recherche aussi avec des participants d’autres langues et
cultures.
77
CONCLUSION
Les résultats de notre recherche ont montré premièrement que la production, la connaissance
et l’emploi des proverbes dépendent de l’âge d’usager. Les jeunes (15-20 ans) utilisent, savent
expliquer et connaissent également moins de proverbes que les étudiants (20-30 ans) et les
adultes (30+) dans leur langue maternelle mais aussi dans leur langue seconde. Les adultes
savent expliquer, connaissent et utilisent en général le plus de proverbes. Cela nous montre
que la connaissance et l’emploi des proverbes augmentent avec l’âge. Les jeunes ont aussi le
plus de difficultés à distinguer les proverbes et les expressions. De plus, les adultes utilisent
des proverbes plus diversifiés, plus originaux et même parfois un peu démodés.
En ce qui concerne les différences entre les Francophones et les Néerlandais, nous pouvons
constater qu’en général les Néerlandais savent produire, connaissent et utilisent plus de
proverbes que les Francophones. Cela vaut tant pour la langue maternelle que pour la langue
seconde. Il est évident que tous les répondants connaissent et utilisent moins de proverbes
dans leur langue seconde que dans leur langue maternelle.
Les résultats ont démontré aussi qu’un proverbe peut être très populaire dans une langue, bien
que son équivalent puisse être moins utilisé dans une autre. Un exemple est le proverbe « de
appel valt niet ver van de boom » qui est fréquemment utilisé et très bien expliqué par les
Néerlandais, tandis que son équivalent français « bon chien chasse de race » est en général
moins connu et beaucoup moins utilisé en France. Cela nous amène à la conclusion que les
pseudo-équivalents, c.à.d. des équivalents dont la structure et les réels ne sont pas identiques,
et les non-équivalents sont plus difficiles à acquérir dans la langue seconde. Les équivalents
totaux sont plus transparents et pour cette raison aussi plus faciles à comprendre dans la
langue seconde. Cela aide les répondants à déduire la signification bien qu’ils ne connaissent
pas toujours le proverbe en L2.
Nous pouvons nous demander si ces conclusions ne restent que des hypothèses. Cette étude
est une étude qui a été faite à une petite échelle, des recherches plus détaillées seraient
nécessaires pour tester la validité des résultats.
78
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79
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parémiologiques en bété pour la constitution d’un corpus trilingue allemand/français/bété.
Meta : journal des traducteurs / Meta: Translators' Journal, vol. 53, n° 2, p. l'Université de
Montréal, 310-323, 2008.
81
ANNEXES
Annexe 1. Le questionnaire français
Les proverbes en français et en
néerlandais
Ce questionnaire fait partie d’une recherche comparative concernant l’usage de proverbes en
français et en néerlandais. Cette étude est réalisée dans le cadre d’un mémoire de Master. Votre
participation à ce questionnaire n’aura aucune influence sur votre régime personnel, et les
informations que vous nous fournirez seront uniquement utilisées pour établir un rapport final sur
l’ensemble du groupe de répondants. Les données seront traitées de façon anonyme et
confidentielle. Remplir ce questionnaire prend environ 15 minutes. Si vous avez des questions ou
des remarques, n’hésitez pas à contacter directement l’enquêtrice :
[email protected].
Nous vous remercions d’avance pour votre participation à ce questionnaire.
Informations générales
Nom et prénom*
Âge
Nationalité
Profession
Langue maternelle
Est-ce que vous avez appris d’autres langues ?
Si oui, lesquelles ?
Est-ce que vous avez passé un certain temps à
l’étranger ? Si oui, où et à quel âge(s) ?
Depuis combien d’années apprenez-vous le
néerlandais ? Et de quelle manière ?
Niveau du néerlandais
 Mauvais
 Médiocre
 Passable
 Bon
 Très bon
* Pas obligatoire
1/7
82
TEST 1/2
Français (L1)
QUESTION 1. Notez ici les trois premiers proverbes français qui vous viennent à l’esprit.
1)
2)
3)
QUESTION 2. La signification et l’usage de proverbes français
Exemple 1. “Il n’y a pas de fumée sans feu.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe ?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Exemple 2. “Prendre le taureau par les cornes.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
2/7
83
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe ?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Exemple 3. “Il n'est pire eau que l'eau qui dort.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe ?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Exemple 4. “Bon chien chasse de race.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe ?

Souvent

Rarement

Pas du tout
3/7
84
Exemple 5. “Quand le chat n’est pas là, les souris dansent.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe ?

Souvent

Rarement

Pas du tout
4/7
85
TEST 2/2
Néerlandais (L2)
QUESTION 1. Notez ici les trois premiers proverbes néerlandais qui vous viennent à l’esprit.
1)
2)
3)
QUESTION 2. La signification et l’usage de proverbes français
Exemple 1. “Dat is de druppel die de emmer doet overlopen.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ? Quel est d’après vous l’équivalent français du proverbe ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe quand vous parlez néerlandais ?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Exemple 2. “Wie a zegt moet ook b zeggen.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
5/7
86
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ? Quel est d'après vous l’équivalent français du proverbe ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe quand vous parlez néerlandais?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Exemple 3. “Hoe meer zielen, hoe meer vreugd.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ? Quel est d'après vous l’équivalent français du proverbe ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe quand vous parlez néerlandais?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Exemple 4. “Uit het oog, uit het hart.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ? Quel est d'après vous l’équivalent français du proverbe ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe quand vous parlez néerlandais?

Souvent

Rarement

Pas du tout
6/7
87
Exemple 5. “Een gegeven paard moet je niet in de bek kijken.”
A – Est-ce que vous connaissez ce proverbe ?
 Oui
 Non
B – Qu’est-ce qu’il veut dire selon vous ? Quel est d'après vous l’équivalent français du proverbe ?
C – Est-ce que vous utilisez ce proverbe quand vous parlez néerlandais?

Souvent

Rarement

Pas du tout
Merci beaucoup pour votre participation à cette enquête !
7/7
88
Annexe 2. Le questionnaire néerlandais
Spreekwoorden in het Frans en
Nederlands
Deze vragenlijst is onderdeel van een onderzoek naar het gebruik van spreekwoorden in het Frans
en Nederlands. Het onderzoek wordt verricht in het kader van een masterthesis. De antwoorden
op de vragen zullen vertrouwelijk worden behandeld en komen alleen in handen van de
onderzoeker. De gegevens zullen anoniem verwerkt worden. De vragenlijst bestaat uit open
vragen en het invullen hiervan zal ongeveer 15 minuten van uw tijd in beslag nemen. Als u nog
vragen of opmerkingen heeft, kunt u rechtstreeks contact opnemen met Daphne van Kesteren
([email protected]).
Bij voorbaat hartelijk dank voor het invullen van de vragenlijst.
Algemene informatie respondent
Naam*
Leeftijd
Nationaliteit
Beroep
Moedertaal
Hebt u ervaring met het leren van andere
talen? Zo ja, welke talen zijn dit?
Hebt u langere tijd doorgebracht in het
buitenland? Zo ja, waar en op welke
leeftijd(en)?
Hoeveel jaar leert u al Frans? En op welke
manier?
Niveau van het Frans
 Slecht
 Matig
 Redelijk
 Goed
 Zeer goed
* Niet verplicht
1/7
89
TEST 1/2
Nederlands (L1)
VRAAG 1. Noteer hier de eerste drie Nederlandse spreekwoorden die in u opkomen.
1)
2)
3)
VRAAG 2. Betekenis en gebruik van Nederlandse spreekwoorden
Voorbeeld 1. “Waar rook is, is vuur.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Voorbeeld 2. “De koe bij de horens vatten.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
2/7
90
B – Wat betekent het volgens u?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Voorbeeld 3. “Stille wateren hebben diepe gronden.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Voorbeeld 4. “De appel valt niet ver van de boom.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord?

Regelmatig

Zelden

Nooit
3/7
91
Voorbeeld 5. “Als de kat van huis is, dansen de muizen op tafel.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord?

Regelmatig

Zelden

Nooit
4/7
92
TEST 2/2
Frans (L2)
VRAAG 1. Noteer hier de eerste drie Franse spreekwoorden die in u opkomen.
1)
2)
3)
VRAAG 2. Betekenis en gebruik van Franse spreekwoorden
Voorbeeld 1. “C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u? Wat is volgens u het Nederlandse equivalent van dit
spreekwoord?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord wanneer u Frans spreekt?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Voorbeeld 2. “(Quand) le vin est tiré, il faut le boire.”
A – Kent u dit spreekwoord?


Ja
Nee
5/7
93
B – Wat betekent het volgens u? Wat is volgens u het Nederlandse equivalent van dit
spreekwoord?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord wanneer u Frans spreekt?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Voorbeeld 3. “Plus on est de fous, plus on rit.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u? Wat is volgens u het Nederlandse equivalent van dit
spreekwoord?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord wanneer u Frans spreekt?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Voorbeeld 4. “Loin des yeux, loin du coeur.””
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u? Wat is volgens u het Nederlandse equivalent van dit
spreekwoord?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord wanneer u Frans spreekt?

Regelmatig

Zelden

Nooit
6/7
94
Voorbeeld 5. “À cheval donné on ne regarde pas les dents.”
A – Kent u dit spreekwoord?
 Ja
 Nee
B – Wat betekent het volgens u? Wat is volgens u het Nederlandse equivalent van dit
spreekwoord?
C – Maakt u weleens gebruik van dit spreekwoord wanneer u Frans spreekt?

Regelmatig

Zelden

Nooit
Hartelijk dank voor het invullen van deze vragenlijst!
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