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■ ■ INTER ■ le magazine du social dans l’Ain ■ action numéro 41 . juillet 2004 Interview Nicole Prud’homme Présidente de la CNAF Dossier Entreprise et handicap Un ouvrage exceptionnel tiré de l’oubli NOTRE-DAME DE BROU Monographie de Louis Dupasquier Pourquoi rééditer un siècle et demi plus tard la Monographie de Notre-Dame de Brou ? Tout simplement parce que ce grand in-folio apparaît aujourd’hui comme une aventure éditoriale exceptionnelle et un hommage extraordinaire à l’édifice. Connu des archivistes, pisté par les bibliophiles, choyé par les spécialistes de Brou, ce chef-d’œuvre illustre la passion d’un homme, Louis Dupasquier, architecte, disciple de Viollet-Le-Duc, esprit éclairé à qui l’on doit de nombreux édifices religieux de l’Ain. Passion dévorante qui le poussa à représenter l’église de Brou dans son ensemble et dans ses moindres détails, à percer les mystères de ce joyau du gothique flamboyant, à publier cet ouvrage qui l’occupa pendant plus de 30 ans. Imprimé en chromolithographie par les pionniers Engelmann et Graf, admiré et couronné, Notre-Dame de Brou se composait de 30 planches sur lesquelles ni le temps ni les acides n’ont eu prise. Nous avons voulu garder la fraîcheur de ses couleurs et la précision de ses traits dans une réédition revue et augmentée de nombreux dessins et esquisses, et de textes de spécialistes qui nous permettent de mieux comprendre la singularité admirable de cette œuvre. ■ Cinq contributions pour cette réédition Nous avons demandé à cinq historiens ou spécialistes de Brou d’apporter à cette réédition des éclairages nouveaux sur l’édifice et sur l’auteur. Olivier Naviglio, architecte en chef des Monuments historiques : « Le monastère de Brou, un édifice exemplaire » Camille Chochois, conservateur à la bibliothèque municipale : « La Monographie de Brou, une aventure éditoriale » Magali Philippe, conservateur au musée de Brou : « Les dessins originaux de Brou par Louis Dupasquier » Claude Vigoureux, historien : « Louis Dupasquier, un personnage et une époque à redécouvrir » Jérôme Dupasquier, architecte : « Bibliographie illustrée et raisonnée des ouvrages consacrés à Brou au XIXe et XXe siècles » ■ Une édition en grand format Cette version reproduit les 30 planches d’origine et le frontispice qui ne figurait pas dans l’éditon originale, ainsi que certains calques, dessins et esquisses du fonds Dupasquier. * Format 30 x 30 cm * Reliure dos carré cousu collé * Couverture pelliculée sur carton 400 g * Impréssion en quadri sur papier couché mat ivoire 170 g Prix : 29 € MUSNIER-GILBERT ÉDITIONS 158, boulevard de Brou - 01000 BOURG-EN-BRESSE Tél. 04 74 24 69 13 - Fax 04 74 45 07 08 www.mg-editions.com Parution : septembre 2004 Sommaire Édito Visage 3 5 Chantal Geisler est assistante maternelle depuis vingt et un ans. Interview 6/8 Nicole Prud’homme, présidente de la Caisse nationale d’allocations familiales, était en visite dans l’Ain. 10/12 Table ronde Quels horizons pour les actions intergénérations ? 14/15 Gestion du patrimoine À l’aide de mesures préventives, la SEMCODA réduit le taux de vacance. 17/24 Dossier : entreprise et handicap Après avoir dressé le portrait des personnes handicapées dans l’Ain en avril 2003, InterAction zoome sur l’emploi des travailleurs handicapés en milieu ordinaire. 26/27 Vacances Handi Cap Vacances propose des séjours pour les enfants, jeunes et adultes handicapés, en lien avec l’ADAPEI. 28/29 Locataires À l’agence OPAC de Belley, les intervenantes d’action sociale aident les futurs locataires en difficulté. Art et nature 31 Les résidants des foyers de la Roche Fleurie (ORSAC) ont décoré un sentier pédestre. 32/35 Personnes âgées Le Conseil général et la MSA sont partenaires dans les projets des MARPA et des petites unités de vie. 36/37 Demandeurs d’asile Dans le cadre du contrat d’intégration et d’accueil, ALFA3A gère le bilan de prescription et d’évaluation linguistique. Le Magazine trimestriel de l’action sociale dans l’Ain Directeur de la publication : Jacques DUPOYET – Comité de rédaction : ALFA3A, OPAC de l’Ain, ORSAC, CAF de l’Ain, Conseil général de l’Ain, SEMCODA, ADAPEI, Bourg Habitat, MSA – Rédacteur en chef : Alain GILBERT – Rédaction : Agnès BUREAU, Sandrine CABAGNI, Alain GILBERT, Annick PUVILLAND. Réalisation : M&G Éditions – 158, boulevard de Brou – 01000 Bourg-en-Bresse – Tél.: 04 74 24 69 13 – Fax: 04 74 45 07 08 – E-mail: [email protected] Photo couverture : © Duqueine Composites – Impression : Bourg Offset – Tirage : 10 000 ex. – N° ISSN 1260-528X InterAction n° 41 • juillet 2004 • 1 • Interlignes Édito l Un Conseil départemental de l’accès au droit ; Soutien scolaire Créé le 2 juin, le Conseil départemental de l’accès au droit (CDAD) a pour mission d’informer les citoyens sur leurs droits et obligations, les orienter et les accompagner dans leurs démarches. Des permanences hebdomadaires, tenues par Delphine Lab, agent d’accès aux droits (ADAD), se déroulent sur neuf sites Points d’accès au droit (PAD) dans l’Ain: Ambérieu-en-Bugey, Belley, Bourg-en-Bresse, Oyonnax, Montrevel-en-Bresse, Montluel, Trévoux, Bellegardesur-Valserine et Gex, à la mairie. Outre l’accès au droit généraliste, un second axe d’action a été retenu: l’accès au droit pour les publics prioritaires (jeunes, personnes âgées, handicapées…). Le CDAD, constitué sous la forme d’un groupement d’intérêt public, réunit l’État, le Conseil général, l’Association départementale des maires, l’Ordre des avocats et la CARPA (Caisse des règlements pécuniaires) du barreau de Bourg, la Chambre des huissiers et la Chambre des notaires de l’Ain, l’AVEMA (Association d’aide aux victimes et médiation de l’Ain). Son siège est fixé au tribunal de grande instance de Bourg. 76 CDAD ont déjà été créés en France, une trentaine de départements en sont encore dépourvus. Pour joindre l’ADAD – Tél. 04 74 21 68 03 ou 06 07 12 96 34 E-mail : [email protected] Depuis plus de dix ans, le Conseil général conduit une action de soutien scolaire dans les collèges publics et privés sous contrat (au nombre de 48 + 14) pour les élèves de 6e et 5e, en français, mathématiques et 1re langue vivante. 430000 € s’inscrivaient au budget primitif 2004, pour l’année scolaire à venir, pour un total de 13000 heures de soutien sollicitées. 623 heures supplémentaires seront allouées, afin d'accentuer l’action dans les collèges en ZEP (zones d’éducation prioritaire) et de l’étendre aux classes de 4e et 3e. [ Ils ferment leurs portes • Point Contact Le Point Contact, service de rapprochement de l’offre et la demande d’emploi d’aide à domicile, géré par l’UDAF, cesse son activité en août. La décision a été prise par le conseil d’administration de l’UDAF en mai, en raison des difficultés de financement du service depuis l’annonce du désengagement des financements FSE (Fonds social européen) en janvier 2004. Après avoir supporté les retards de trésorerie durant trois ans (représentant 1/3 du service), l’UDAF s’est vue informée qu’elle ne recevrait que 998 € sur les 9 146 € conventionnés en 2001. En 2003, le Point Contact a reçu et traité 163 demandes de renseignements, 128 offres d’emploi, 195 accueils de demandeurs d’emploi. Sa fermeture s’accompagne du licenciement économique de la chargée de mission. • 2 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Un salon « Enfance et famille » se déroulera les 22, 23 et 24 octobre, à Bourgen-Bresse, à Ainterexpo. Tél. 04 74 51 69 71 ; La musique à l’école Une CHAM (classe à horaires aménagés en musique) ouvre à l’école Charles Jarrin, à Bourg-en-Bresse, à la rentrée 2004, en partenariat avec l’École nationale de musique de Bourg. Une CHAM existe déjà à Oyonnax. Conseil général Le 1er avril, Charles de la Verpillière a succédé à Jean Pépin au poste de président du Conseil général de l’Ain. Préfecture Le 19 avril, Gérard André a pris ses fonctions de sous-préfet de l’arrondissement de Nantua. Le 24 mai, Michel Fuzeau a succédé à Bernard Tomasini au poste de préfet de l’Ain. Il était auparavant préfet des Pyrénées-Orientales. OPAC de l’Ain Le 27 mai, Yves Clayette a été élu président de l’OPAC de l’Ain, où il succède à Charles de la Verpillière. Gendarmerie Le 1er juillet, le colonel Bernard Ceccaldi, responsable du groupement de gendarmerie de l’Ain depuis 2001, quitte l’Ain pour prendre ses nouvelles fonctions de directeur de l’Office national de lutte contre la délinquance itinérante, à Paris. • Cyclo Plus Créé par l’association AG2I en 1999, Cyclo Plus, service de prêts de cyclomoteurs permettant à des personnes non motorisées de se rendre sur leur lieu de travail ou formation (ou recherche d’emploi), a fermé en avril dernier, en raison de la suppression des financements attendus du PLIE (Plan local pour l’insertion et l’emploi). La remise en cause a posteriori par la Préfecture de région des conventions 2001-2003 passées avec le PLIE entraîne, pour AG2I, un déficit supérieur à 25 000 €. En 2003, 75 personnes ont bénéficié de la mise à disposition d’un cyclomoteur, 287 contrats de prêt ont été signés (6 639 jours de location, 74 142 km parcourus). Une sensibilisation à la sécurité routière et aux règles de conduite complétait l’action. ; Enfance et famille Ils partent, ils arrivent ; La CAF en braille ; L’handisport à l’école La Caisse d’allocations familiales de l’Ain met à disposition des personnes déficientes visuelles le Guide des prestations 2004 en braille et en gros caractères. Ils peuvent être consultés sur place à l’accueil du siège (4 rue Aristide Briand à Bourg-en-Bresse) ou envoyés sur simple demande, au 04 74 45 60 37 ou par courrier: CAF de l’Ain Marie-France Moiroud 4 rue Aristide Briand 01014 Bourg-en-Bresse Cedex Le comité départemental Handisport et l’Éducation nationale ont signé, le 22 juin, une convention de partenariat pour l’action menée à la CLIS (classe d’intégration scolaire) de l’école des Dîmes, à Bourg. Le comité apportera un accompagnement hebdomadaire aux activités sportives des enfants handicapés et contribuera à l’achat de matériel adapté. ; Gynécologues médicaux Suite au dossier Les emplois de la santé dans l’Ain paru dans le n° 40 d’InterAction, le docteur Monique Broyer-Jourdan nous prie de préciser qu’il existe, depuis plusieurs années, deux gynécologues médicaux libéraux dans l’Ain. Vous avez dit préjugés ? Le Progrès et Voix de l’Ain ont consacré une page entière, de très bonne tenue d’ailleurs, à l’événement. La venue de Tariq Ramadan, universitaire et théologien de l’islam, fin mai à Oyonnax, n’est pas passée inaperçue. Ni dans la Plastique Vallée, où l’opinion a été sensible à cette démonstration de force (forces en présence et force de conviction). Ni dans le département, où la présence musulmane est plutôt bien vécue. Une jeune femme, interrogée à l’issue de la conférence, estimait que cette soirée permettait de lutter contre les préjugés. De qui? De quoi? En avons-nous vraiment, qui résistent aux a priori de l’ignorance? Non, tant que la pratique religieuse des musulmans – qu’ils soient français ou étrangers – ne cherche à saper les fondements de notre société. Non, tant que les lois de la République sont respectées. Non, tant que les principes de laïcité sont reconnus. Ce qui vaut en France vaut aussi dans les autres pays où l’islam est érigé en religion d’État. Depuis dix ans, une longue et régulière fréquentation de la Tunisie a pu me permettre de le constater. Ce pays, si proche et si profond, subit les mêmes corrosions sociales que la France, à un degré moindre, certes, mais avec des effets tout autant déstabilisants. À Tunis aussi, on regarde la Ferme des célébrités, on subit les affres du chômage et on se plaint de la perte des valeurs. Mais le régime y est sans pitié pour les intégristes de tout poil, tout juste tolérant sur le port du voile, en tout cas sévère à l’encontre de ceux qui utilisent la religion comme ferment de désordre, outil de propagande politique, vecteur d’agitation sociale. Hors ces préventions, la religion se vit en paix, matin, midi et soir, à l’heure où l’on entend – sans préjugés – le muezzin lancer son appel à la prière. Et l’on écoute en privé les femmes redouter des ravages que ferait dans leur statut un tour de vis dicté par ceux qu’elles appellent, comme en Algérie, « les frérots ». Quel appel lancer, du haut de nos clochers, pour garantir la paix sociale que certains jugent menacée par l’affirmation de l’islam chez nous? Les musulmans – et les autres croyants – portent la réponse dans leurs propres convictions: elle tient dans le précepte de tolérance qui est pour beaucoup d’entre eux le seul chemin de l’intégration au sein d’une société où ils ont choisi de vivre. Elle est aussi la leur. Elle est en tout cas la nôtre. Alain Gilbert InterAction n° 41 • juillet 2004 • 3 • Interlignes Visage ; L’Ain danse le Danube Depuis 1998, l’Ain participe au grand défilé d’ouverture de la Biennale de la danse, à Lyon. Coordonné par le collectif cultures actuelles et soutenu par divers partenaires*, le projet 2004 réunit 12 structures (MJC, centres de loisirs, écoles de musique, associations) – fidèles ou nouvelles – sur 7 secteurs (Bourg, Oyonnax, Ambérieu, Reyrieux, Montluel et pour la première fois, ; Un forum social annuel sur la Côtière Bellegarde et Gex). Ateliers musique, danse, création de décors et costumes, et répétitions publiques : plus de 200 participants, de tous âges, se mobilisent autour du thème géographiquement transversal du Danube. Jour J : le 19 septembre. Tél. 04 74 52 18 73 E-mail : [email protected] * FASILD (Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations), Etat, Conseil général, collectivités locales. ; Médiateur de la CPAM : un an d’action et propositions « Je ne suis ni avocat ni juge ni arbitre » prévient Michel Thivent. Médiateur depuis juillet 2002 de la Caisse primaire d’assurance-maladie de l’Ain, il a pour mission, exercée en tant que bénévole, extérieur et indépendant, d’aider à dénouer les situations complexes de litige entre la CPAM et les usagers. Le recours au médiateur est gratuit. Le médiateur reçoit l’usager, analyse les données, explique, informe, réoriente si besoin vers l’administration compétente, et émet une proposition à la direction, qui prend la décision finale. • 4 • InterAction n° 41 • juillet 2004 « C’est un nouveau service, qui s’inscrit dans notre politique globale d’amélioration du service rendu » souligne Vincent Verlhac, directeur de la CPAM de l’Ain. Le premier bilan s’avère positif : au fil des 80 dossiers examinés depuis son arrivée, près de 30 % des affaires ont pu être réglées, 30 % ne relevaient pas de son ressort. L’analyse des dossiers individuels permettant de pointer les motifs fréquents de litige, le médiateur a aussi pour rôle de proposer des actions générales visant à éviter les contentieux inutiles. « C’est un aiguillon pour la Caisse, qui nous aide à progresser ». Exemples : suite à ses recommandations, la Caisse a reformulé de manière plus explicite les courriers informant les usagers sur la commission de recours amiable et supprimé l’effet rétroactif des mises en invalité pour éviter les indus. Expérimentée dans une dizaine de départements, la fonction de médiation s’étend aujourd’hui à l’ensemble des caisses et un médiateur national a été nommé. Le 23 mars dernier, des professionnels et bénévoles des six communes du canton de Miribel et de Tramoyes (plus d'une centaine de personnes) tenaient leur premier forum social. L'occasion était rare de confronter directement expériences et points de vue entre bénévoles des Restos du cœur ou de la Croix-Rouge, délégués de parents d'élèves, gendarmes, travailleurs sociaux, personnels éducatifs, représentants d'un centre social ou d'une structure d'accueil petite enfance. « Cette journée a d'abord permis aux gens de sortir de leur sentiment d'isolement, estime Sylvie Viricel, maire-adjoint de Miribel. Il est plus facile ensuite de faire appel à quelqu'un quand on l'identifie personnellement. » Tous ont planché ce mardi-là sur leur analyse des besoins. Plusieurs grands thèmes ont émergé : la santé et l'aide psychologique, les transports et l'aide alimentaire, l'emploi et le logement, les questions éducatives. Parmi toutes les idées lancées ensuite pour améliorer les réponses – ou en inventer –, un premier chantier a été retenu : réaliser un annuaire des personnes et des services sur le territoire, expliquant les missions et les actions. Le groupe de travail qui s'est constitué réfléchit aussi à un support pour informer régulièrement des actions et des projets en cours. « Nous n'avions pas de mode d'emploi, pas de réseau local hormis sur des objectifs ponctuels et limités. Ce forum est un premier pas vers une réflexion globale sur le social, à l'échelle intercommunale », plaide Sylvie Viricel. Ce forum, qui se réunira de nouveau en 2005, était coorganisé par les élus du territoire du Contrat local de sécurité, le Conseil général (circonscription de Jassans-Riottier), la Sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence et la Mission locale jeunes. ; Mécabourg propose des formations inter-entreprises Après une première formation au management, inter-entreprises lancée en 2003, axée sur le management et suivie par 20 chefs d’atelier de 5 sociétés, Mécabourg* a mis en place en 2004 une formation aux savoirs basiques (écriture, calcul, lecture de plans…) pour des agents de production peu ou pas qualifiés, en partenariat avec le Centre ressources illettrisme. 18 salariés de 4 sociétés ont suivi cette première session, d’une durée de 50 à 100 h selon les besoins individuels. * Groupement réunissant 25 entreprises de métallurgie, mécanique et carrosserie et industrielle, du bassin de vie de Bourg-en-Bresse. ; Journée régionale de gérontologie Le 6 avril, l’ADAPA (Association départementale d’aide aux personnes de l’Ain) a organisé, au théâtre de Bourg*, la 71e Journée régionale de gérontologie. Rencontres et débats, illustrés de films et témoignages, ont réuni quelque 300 personnes autour du thème « La parole de l’usager âgé face aux systèmes médicaux et sociaux », en présence des professeurs Claudine Esper (Faculté de droit, université Descartes, Paris), Michel Hagmann, directeur du centre médico-social de la région de Sierre (Suisse), Robert Hugonnot, président de ALMA France, de Claire Helly, vice-présidente de France Alzheimer Rhône, et Elisabeth Ojardias, du Collectif inter-associatif sur la santé en Rhône-Alpes. « Tata nourrice » Chantal Geisler Son lieu de travail : son appartement. Ses outils : des jouets, des livres… et une bonne dose de patience. Depuis 21 ans, Chantal Geisler est assistante maternelle à SaintMaurice-de-Beynost. quoi reconnaît-on qu’une personne travaille chez elle? Elle possède ses outils de travail éparpillés, çà et là, dans un bureau. Chez Chantal Geisler, assistante maternelle à Saint-Maurice de Beynost, cela ressemble plutôt à de la décoration : fauteuil, table… un salon “haut comme trois pommes” est installé dans le séjour. Non loin de là, des étagères accueillent des petits livres colorés et des jeux de société. Les petits ont leur espace et occupent, peut-être sans le savoir, une place affective. À hauteur de “grands”, des photos d’enfants: des portraits des “siens” et des clichés de groupe de ceux qu’elle garde. Les siens aussi, d’une certaine façon. Depuis 21 ans qu’elle exerce ce métier, Chantal en a gardé des enfants. « Je ne sais pas, une quarantaine peut être, je ne compte pas. Ce dont je me souviens, ce sont les visages et les caractères ». À La fibre du métier Avec un métier fonctionnant sur le bouche-à-oreille et qui peut se révéler parfois précaire, l’assistante maternelle, avec les années, s’est fait un nom. « Maintenant, je ne cherche plus, ce sont les gens qui me contactent. Dans la cité, nous sommes quatre à nous occuper d’enfants. On nous a même surnommé “les nounous de la résidence!». Agréée depuis 12 ans, Chantal a été piquée très tôt par le virus, ce qui lui a valu quelques soucis. « À l’âge de 10 ans, je ne me suis pas présentée le jour de mon grand prix de français; j’ai préféré garder mon petit cousin ». Cette fibre, elle l’a développée en étant mère au foyer, où elle s’occupait de ses enfants et occasionnellement de ceux des voisins. La transition vers la profession s’est faite naturellement. « Ce métier n’a que des aspects positifs : je fais ce que j’aime à mon domicile ». L’image d’une assistante maternelle auprès du grand public est celle d’une personne qui, en présence d’enfants, passe son temps à s’amuser. «Pour eux, une nounou qui garde les enfants chez elle ne travaille pas. Cette idée a tendance à m’agacer». Chantal fréquente depuis cinq ans le relais d’assistantes maternelles de Beynost où elle y rencontre des collègues, dont certaines représentent “la relève”. «Avec les “anciennes”, on se rend compte que leur parcours est différent du nôtre. Pour elles, assistante maternelle est une étape dans leur vie professionnelle, un passage avant de retourner travailler “au dehors” comme elles disent ». Consoler et rassurer La partie immergée de l’iceberg est une disponibilité constante, en fonction des besoins des parents. Certains jours, Chantal assure 12 heures de garde active, entre repas, jeux, lectures, sorties, avec un fond éducatif. « Une assistante maternelle co-éduque, elle ne peut se substituer aux parents». Chez Chantal, les règles sont les suivantes: pas de sucettes, sauf pour la sieste, pas de bonbons et un bon comportement. « Ils savent que s’ils s’agitent un peu trop, ils sont envoyés au coin ». Il faut aussi, lors de la première visite chez la “nounou”, consoler les plus petits et rassurer les plus grands. « Je me mets à la place des parents car je suis une maman avant d’être une nounou. Ça ne doit pas être facile de confier son enfant à autrui ». Certains enfants ont gardé le contact avec Chantal qu’ils continuent, même à vingt ans, d’appeler “nounou” ou “tata”. « Je fais partie de la famille et vice-versa ». • S.C. * Avec le soutien du Conseil général de l’Ain et de la Ville de Bourg, et en convention avec l’Université Lumière Lyon II. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 5 • Interview NICOLE PRUD’HOMME, PRÉSIDENTE DE LA CAISSE NATIONALE D’ALLOCATIONS FAMILIALES « L’aventure aujourd’hui, c’est bien d’être parents. » Programme chargé pour la présidente de la CNAF en tournée dans l’Ain, fin juin. Avant d’aller visiter la crèche d’entreprise ouverte l’an dernier dans l’entreprise Roset de Briord, avant de rencontrer les responsables de la CAF et d’avoir des entretiens avec Charles de La Verpillière, président du Conseil général, et Jean-Michel Bertrand, député-maire de Bourg, Nicole Prud’homme s’est prêtée, entre deux tartines, au jeu des questions d’InterAction. Madame la présidente a gardé la franchise de la militante syndicale CFTC, dont elle est vice-présidente. ■ Vous quittez souvent Paris pour visiter les caisses? Le plus souvent possible. Quand j’ai pris mes fonctions en 1999, je ne disposais pas d’une connaissance assez fine des besoins des allocataires ou des conseils d’administration des caisses. Il m’apparaît donc essentiel d’aller à leur rencontre. Il est très important de tisser des liens entre le national et – je n’aime pas le mot – le local car c’est là que s’enracine notre action, que vivent les allocataires et que délibèrent nos administrateurs. ■Vous êtes accueillie par une CAF « tenue » depuis deux mandats par des femmes. C’est un signe ou une tendance? Dois-je vous rappeler que les femmes tiennent historiquement une place importante dans l’action sociale ? En revanche, il est assez inattendu qu’une femme soit à la tête d’une caisse nationale et que la CFTC – le syndicat au sein duquel je milite – n’avait pas pour habitude de placer une femme à la tête de la caisse nationale. Les femmes ont une sensibilité particulière au social, à tout ce qui touche à l’enfant. J’en parle d’autant plus volontiers que je suis issue de l’enseignement. • 6 • InterAction n° 41 • juillet 2004 ■ Vous allez ce matin visiter une crèche d’entreprise. Que vaut-il mieux : que la crèche se rapproche de la femme au travail ou que la femme au travail se rapproche de son foyer? L’évolution de notre société nous impose d’accompagner les femmes dans leurs choix. Le salariat de la femme répond souvent au besoin de faire vivre sa famille, de disposer d’un niveau de vie acceptable, d’améliorer son logement ou de profiter de loisirs. Ce sont des réalités que nous nous devons de prendre en compte pour offrir aux mères de famille qui travaillent des modes de garde très diversifiés, dont les crèches d’entreprise. ■ C’est un retour au paternalisme, voire au familistère? Le patronat, en quelque sorte, revient à ses origines. N’oubliez pas que c’est le patronat social-chrétien qui a créé les allocations familiales. N’oublions pas non plus que le patronat finance à hauteur de 60 % la branche famille. Un comité d’entreprise, qui est un outil moderne de politique sociale au sein d’une entreprise, suit la même démarche puisqu’il offre un certain nombre de moyens supplémentaires pour améliorer la situation des salariés. L’implication sociale de l’entreprise me semble nécessaire. ■ Pourquoi ne pas donner aux mères le moyen de rester chez elles pour élever leurs enfants? La mise en place, en 1975, de l’allocation parentale s’inspirait de cette philosophie. Je verrais là plutôt un moyen de laisser aux femmes le libre choix dans un temps de vie qui est rarement homogène. Il faut ainsi laisser à des foyers qui le souhaitent cette possibilité. Est-ce un choix ou une contrainte ? C’est, je crois, un mélange des deux. Aujourd’hui, les jeunes filles sont plus diplômées que les garçons. Pourquoi ne mettraient-elles pas en œuvre leur projet professionnel? On les sent tiraillées. Le temps partiel librement choisi répond à cette problématique. Savez-vous que la vie d’une femme qui travaille à temps complet est une course folle ? ■ Autre rendez-vous pour cette journée de visite dans l’Ain: le Conseil général. Les CAF ont-elles vocation à faire de l’ingénierie sociale pour les collectivités territoriales? Je ne sais pas très bien ce que veut dire ingénierie. Je préfère parler de savoir-faire et de compétences. La posture des CAF n’est pas d’être prestataire mais partenaire. Elle joue un rôle de facilitateur et de conseil car nous disposons de données sur les réalités familiales qui permettent d’établir des diagnostics très fins sur les ressources, le logement, les enfants. Pour chaque département, nous ■ Avez-vous les moyens de votre politique d’action sociale qui est un plus qu’offre chaque caisse? En matière d’action sociale, j’ai toujours tendance à dire que nous n’en faisons jamais assez. La difficulté est la même pour tout le monde : ce sont bien sûr les contraintes budgétaires. Notre action sociale doit se développer dans ce cadre. Mais je me garderai bien d’être insatisfaite : dans le cadre de la convention 2001-2004 qui définit notre action sociale et ses moyens, nous avons engagé 3 milliards d’euros. C’est assez remarquable. Reste que je suis inquiète pour l’avenir. Nous allons négocier la convention d’objectifs et de moyens pour les quatre années à venir dans le cadre d’exercices budgétaires assez moyens. Certes on nous promet un retour à la croissance pour 2005. Nous avons cependant pris des engagements auprès de nos partenaires, pour trois ans, et nous nous devons de continuer. Mon inquiétude est forte de voir les caisses manquer de moyens. ■ L’indépendance des caisses en matière d’action sociale sera-t-elle remise en cause? pouvons offrir une photographie exacte des familles. L’application est évidente: ces données favorisent le développement des crèches ou la mise en place de contrats enfance ou de contrat temps libre. Les caisses jouent ainsi le rôle de conseillères en développement et de veilleurs qui alertent sur les attentes des familles. Surtout pas ! Chaque caisse garde son indépendance dans la définition de sa politique sociale. Elle a toute latitude pour la mettre en musique. Dans un souci de cohérence. On ne peut comparer l’Ain et la région parisienne. Les besoins, les tensions sociales ne sont pas identiques. Il faut préserver cette souplesse dans un pays qui souffre déjà de trop d’étatisation. La départementalisation de notre action sociale permet un dialogue fructueux et dynamique avec nos partenaires. Sans elle, nous n’aurions pas la même pugnacité. ■ Début juillet doit s’ouvrir la conférence annuelle de la famille. C’est un peu la grand-messe? Je n’aime pas bien l’expression. La conférence reste un moment important, mais je me dois de dire que les messages passent toute l’année avec le Ministère. Cette conférence nous permet, une fois par an, de parler de la famille et de connaître les engagements de l’État. L’an passé, nous avons évoqué la petite enfance et nous avons débouché sur la PAJE, la prestation d’accueil du jeune enfant et le développement des crèches d’entreprise, dont l’entreprise Roset est un des pionniers en France. La conférence de la famille donne des impulsions. Faut-il réfléchir pour qu’elle se déroule autrement, après dix années d’expérience? Sommes-nous au bout de l’exercice compte tenu des contraintes que nous connaissons et qui verront, selon les prévisions 2004, la branche famille passer à nouveau dans le rouge avec un déficit de 0,2 milliard d’euros? C’est une donnée que nous devons prendre en compte. ■ La conférence de la famille a prévu de s’intéresser aux adolescents. N’est-ce pas, entre l’enfance et les adultes, aujourd’hui le maillon faible? Je ne pense pas que la conférence de la famille cherche ainsi à combler un oubli car les CAF font déjà beaucoup en direction des adolescents en matière de majoration des allocations familiales, de politique sociale, d’aide aux collectivités locales avec les contrats temps libre, d’aide à l’obtention du BAFA, etc. Il me paraît beaucoup plus important de nous InterAction n° 41 • juillet 2004 • 7 • Interlignes tir en vacances, c’est aider la parentalité. Nous allons mettre l’accent sur la médiation familiale et en faire une prestation de service. À la CNAF, nous portons une attention particulière aux familles qui sont fragilisées par des facteurs internes ou externes. Nous devons les accompagner parce que l’aventure aujourd’hui, c’est bien d’être parents ! ■ Que pensez-vous du mariage entre homosexuels? Est-ce fonder une famille? La question n’est pas encore venue en débat au conseil d’administration, mais j’ai cru comprendre qu’elle était d’actualité. Ce n’est pas une famille comme telle. Je crois à l’altérité dans le cadre parental. Biologiquement, un enfant ne peut être conçu que dans ce cadrelà. Ce qui ne veut pas dire que s’il a des parents du même sexe, il sera mal élevé. ■ Êtes-vous de ceux qui pensent que le divorce n’est pas sans conséquences sur les enfants? Il est essentiel pour un enfant d’avoir son père et sa mère. On oblige parfois trop les jeunes à faire des choix cornéliens. Se met-on à leur place ? Accepterions-nous, nous adultes, de changer toutes les semaines d’habitudes et de mode de vie ? J’en doute. Des voix s’élèvent de plus en plus pour dire que la garde alternée n’est pas forcément une solution. Pour les parents, la séparation peut être une délivrance; mais pour les enfants, elle peut être un échec, une rupture. Nicole Prud’homme en visite à la crèche d’entreprise ouverte l’an dernier aux établissements Roset de Briord. Elle a pu y rencontrer le Pdg, Pierre Roset et Gérard Déglise, président de la communauté de communes, partenaire actif de cette initiative, Jacqueline Berry, présidente de la CAF de l’Ain, Hervé Chesnel, directeur, Dominique Macquart, directeur adjoint, Marie-Claude Chatillon, présidente d’ALFA3A, et son directeur, Jacques Dupoyet. intéresser à tout ce qui touche à l’équilibre et à la santé des adolescents, à ces comportements déviants qui font que la moitié des 16-18 ans a déjà touché à une drogue. Nous devons être attentifs à ces phénomènes mais pas pour autant pessimistes sur ces jeunes. Nous ne devons pas nous leurrer et laisser penser que les jeunes vont mal. Toutes les études disent le contraire et montrent qu’ils sont bien dans leur peau. Au-delà de ce constat, nous devons être attentifs à certains problèmes qu’ils connaissent : les grossesses adolescentes, l’accès au monde de l’entreprise qui doit être facilité par les jobs d’été, une plus grande au• 8 • InterAction n° 41 • juillet 2004 tonomie et une meilleure connaissance de la citoyenneté. ■ On parle beaucoup de parentalité. Cela signifie qu’on ne sait plus être parents? L’enfant se fait rare dans notre société et l’on comprend d’autant mieux que les parents ne veuillent pas le rater, qu’ils se posent de nombreuses questions. Avec la parentalité s’ouvre devant nous un vaste chantier. L’institution familiale est solide, mais la famille est fragile. Nous veillons en permanence à préserver ses tissus. Aider une famille à par- ■Quelles sont vos convictions sur la famille? Je milite pour la famille, cellule de base de notre société. Je milite pour toutes les familles. Mais le bien le plus précieux reste quand même l’enfant. La perpétuation de l’espèce passe par l’enfant. Il faut des enfants. Les sondages auprès des parents nous disent que le nombre idéal d’enfants est de trois. Nous nous devons de répondre à cette attente. ● Trisomie 21 Une journée anti-tabou Et si on en parlait… ? C’est avec cette accroche que l’association Enfants Soleil 01 a appelé parents et professionnels à se rencontrer le samedi 24 avril, pour mieux comprendre la trisomie 21 et trouver des raisons de croire à une vie digne et pleine pour leurs enfants. En neuf mois de « gestation », ils ont connu le grand élan du départ, puis l’inquiétude et l’insomnie, mais jamais les parents qui ont organisé cette journée de rencontres n’ont douté de son bien-fondé. « Nous souhaitions donner aux parents une occasion de sortir de leur isolement et de partager leurs expériences », rappelle la présidente d’Enfants Soleil, Marie-Christine Arban. Plus d’une centaine de parents étaient présents, dont beaucoup de jeunes couples, originaires de la région au sens large. Peu de professionnels en revanche (une quarantaine), peut-être à cause du samedi. Le matin, les questions ont été nombreuses pour Jacqueline London, biologiste à l’Association française pour la recherche sur la trisomie 21, et le professeur Marie-Odile Réthoré, généticienne à la Fondation Lejeune. Car cette irrégularité chromosomique s’exprime de façon très différente selon les personnes et certaines affections physiologiques sont mal connues (sur la vue, le système immunitaire, la motricité, les mécanismes cognitifs, etc.). Martine Ray et Frédérique Estournel, orthophonistes dans l'Ain et le Rhône, ont ensuite expliqué leur travail et défendu le potentiel des enfants – et des adultes – trisomiques dans l'acquisition du langage et des connaissances. « On aimerait dire aux parents qu'ils doivent croire en leurs enfants »: c'est sur ces mots que se terminait le film tourné tout exprès pour cette journée. Il témoignait des méthodes et des convictions de Claude Della-Courtiade, une orthophoniste de Pau qui a beaucoup travaillé dans l'Ain. Il donnait surtout la parole à des parents, des enfants et des enseignants, prouvant par l'exemple que les a priori peuvent tomber et que l'intégration est une revendication L’association Enfants Soleil 01 est née en 1999 pour rendre possible l’intégration d’enfants trisomiques dans les écoles primaires ordinaires. L’association a employé jusqu’à 7 auxiliaires de vie scolaire, financés par l’État sous statut d’emplois jeunes, qui épaulaient 12 enfants de primaire. Elle n’en salariera plus que 3 en septembre. Les Les animatrices de la Ludothèque de Bourg-en-Bresse (structure associative) ont accueilli les enfants pendant la journée. légitime et raisonnable, notamment l'intégration scolaire. Croire en eux, ce n'est pas croire qu'ils iront forcément tous au collège. Mais c'est avoir confiance en eux, savoir qu'ils peuvent apprendre, progresser, s'épanouir, s'ouvrir aux autres, acquérir de l’autonomie, en un mot: grandir. • A.B. contrats arrivés à terme ne sont en effet pas renouvelés : c’est l’Éducation nationale qui « reprend » progressivement les postes, sous l’appellation d’assistants d’éducation. Sheila Warembourg, chargée de l’accompagnement de la vie affective des personnes déficientes mentales à Handicap international, est également intervenue. Pour la contacter: Enfants Soleil 01 Les Laurents 01340 Cras-sur-Reyssouze Tél. 04 74 30 90 80 Handicap International Programme France Service d’accompagnement à la vie affective 18, rue de Gerland 69007 Lyon Apprends-moi… : parents, enseignants et thérapeutes à l’école de la trisomie Pour recevoir la cassette VHS (ou le DVD) du film réalisé à l’occasion du colloque et produit par M&G Éditions, vous pouvez vous adresser à l’association (prix : 15 €). Propos recueillis par Alain Gilbert Photos : Jean-François Basset Consultations spécialisées Sur la proposition du professeur Réthoré, l’association Enfants Soleil 01 va organiser une ou deux journées de consultations spécialisées pour les familles, dans l’Ain. Une quarantaine de familles sont déjà inscrites. InterAction était co-organisateur de cette journée. [email protected] : c’est l’adresse mail sur laquelle vous pouvez nous écrire pour nous faire part de vos réactions de lecteur, apporter une contribution à un de nos articles ou proposer un sujet. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 9 • Table ronde Quels horizons pour les actions intergénérations ? Isabelle Ferret Responsable de la MARPA de Montracol “ Au départ, l’intergénérationnel n’avait pas forcément sa place en MARPA: aujourd’hui, c’est un des projets forts à bâtir.” • 10 • InterAction n° 41 • juillet 2004 ■ Pourquoi faut-il aujourd’hui retisser des liens entre les générations? Éclatement des familles, éloignement des enfants, effritement des valeurs du rôle social des “anciens”, vieillissement de la population, ghettoïsation des tranches d’âge et donc risques d’exclusion… Les raisons ne manquent pas. « Les choses ont bougé depuis la guerre, rappelle Pierre Christophe. Le rôle social de la personne âgée est devenu moins lisible. » Les échanges entre gens d’âges différents, qui avant étaient tout naturels, tendaient depuis quelques décennies à disparaître, et ceci jusqu’au sein du cercle familial. Lueur d’espoir : « Il semble qu’on commence à inverser la tendance ». « Un jour de fête des Mères, le parking est vide, déplore Isabelle Ferret. Non pas parce que les familles sont venues chercher les résidants pour la journée, mais parce qu’elles ne sont pas venues tout simplement. » Aux Quatre Saisons, à Dagneux, le parking, par contre, reste plein ce jour-là. Mais il faut dire que l’équipement a été spécialement conçu afin de favoriser l’intergénérationnel : au centre-ville, il réunit foyer-logement pour personnes âgées, crèche, halte-garderie, centre de loisirs et club du 3e âge ; la plupart des résidants ont leurs enfants non loin et la règle tacite de départ était que ceuxci viennent voir ceux-là le dimanche. Les raisons de cette perte générale de liens étant entendues, la nécessité de les recréer apparaît comme évidente. Au Logis des Marmousets à Péronnas, les tout-petits vont visiter les « papiesmamies » de la maison médicalisée des Ancolies : « Le but, c’est que deux générations se rencontrent et qu’elles y éprouvent du plaisir » explique Nathalie Guillot. L’échange intergénérationnel a aussi des vertus pédagogiques voire thérapeutiques : ici, des retraités font découvrir le plaisir du livre à des écoliers ; là, des tout-petits approchent tout naturellement des personnes en fin de vie – alors que le sujet du vieillissement et de la mort est bien souvent tabou au sein du cercle familial – ; ailleurs, des retraités sportifs initient les jeunes au tir à l’arc, des lycéens apprennent aux anciens à surfer sur internet, etc. © Service des Aînés-Ville de Bourg Rencontres entre écoliers et clubs du 3e âge, entre tout-petits et très « anciens », entre lycéens et aînés… Les actions intergénérationnelles ont le vent en poupe partout en France. Pourquoi ? Comment ? Avec qui ? Autour de la table, InterAction a convié divers acteurs de terrain à témoigner de leur expérience et à débattre de l’avenir de ce vaste chantier aux perspectives neuves et ouvertes. Le 18 mars, le Carnaval de Bourg a réuni écoliers et personnes âgées. ■ Existe-t-il des lieux privilégiés qui favorisent le dialogue et les échanges entre générations? L’exemple des Quatre Saisons, à Dagneux, montre bien sûr qu’un lieu où les plus jeunes puissent rencontrer tout à côté les plus anciens et vice-versa est un élément important. « Une petite ville a intérêt à grouper ses équipements, pour favoriser le dialogue » dit le maire. Là n’est toutefois pas le seul facteur de réussite, insistent les autres invités. « Quand la volonté existe, on trouve le lieu, souligne Françoise Bajard. Plus que le lieu, l’important c’est la proximité ». Pour Souleymane Thiam, l’important réside d’abord dans « l’angle du projet » et aussi dans le fait que les initiatives d’actions générationnelles qui fleurissent dans l’Ain naissent non pas d’une volonté institutionnelle mais bien de la base, des établissements eux-mêmes : écoles, collèges, maisons de retraite, hôpitaux… À la notion de lieu, Pierre Christophe préfère celle de « territoire ». À Belley, le centre social mène des actions intergénérationnelles sur toute la ville, avec la maison de retraite, l’hôpital gériatrique, le club des retraités sportifs, le Passeport vacances pour les jeunes… « Mais, paradoxalement, entre un équipement petite enfance et une maison de retraite qui sont pourtant à 100 mètres l’un de l’autre, il ne se passe rien! ». Impossible, par contre, pour Colette Verne, de gommer l’importance du lieu. Enfants et retraités bénévoles de l’opération Lire et faire lire se rencontrent dans un espace bien défini : l’école. « C’est formidable qu’elle s’ouvre aux personnes âgées. C’est un lieu très intéressant, forcément intergénérationnel, un lieu d’échange de savoirs ». ■ L’intergénérations, un nouveau chantier du partenariat social? Réponse unanime: oui, bien sûr, évidemment! L’intergénérations est un chantier « continuel », « avec plein de belles choses à construire », « qu’on peut ouvrir énormément mais où il faut trouver les bons intermédiaires ». D’ailleurs, sans partenariat, pas d’intergénérations ! Puisqu’au départ, il faut bien une volonté commune d’agir ensemble, émanant de structures aussi diverses qu’un collège, une collectivité locale, un foyer médicalisé, un centre de loisirs, un bailleur social, un service de soins infirmiers, une circonscription d’action sociale etc. Peu à peu, les partenariats s’inscrivent dans les contrats d’animation des maisons de retraite, les projets pédagogiques des écoles et autres conventions multipartenariales. À Péronnas, les visites des tout-petits aux anciens n’auraient pu le voir le jour si les personnels des deux établissements n’avaient accepté de travailler en commun afin de préparer l’action. Car, attention, l’intergénérationnel ne s’improvise pas ! Il se bâtit. Ensemble. • A.P. Pierre Christophe Directeur du centre social de Belley “ Dans 10 ou 15 ans, le problème majeur de l’exclusion sera la personne âgée seule à son domicile.” Nathalie Guillot Souleymane Thiam Colette Verne Françoise Bajard Gilbert Gaillard Directrice de la crèche de Péronnas Responsable Personnes âgées à la DIPAS Bénévole de l’opération Lire et faire lire Maire de Dagneux “ Le lendemain du jour où les enfants sont passés, les personnes âgées se mettent à parler de leurs propres enfants.” “ Le Conseil général ne peut être que favorable à ces actions intergénérationnelles. Elles sont importantes.” “ Les écoles, les bibliothèques sont des lieux formidables, où les personnes âgées, les enfants, les adultes, se rencontrent. ” Responsable du service des Aînés et personnes handicapées de la ville de Bourg “ Le souhait des actions intergénérations est de recréer des liens sociaux. ” “ C’est magnifique de voir le dialogue entre les enfants, qui sont très curieux, et les personnes âgées, qui s’épanouissent.” InterAction n° 41 • juillet 2004 • 11 • Entretien Intergénérations = anti-exclusion Intergénérationnel. Le mot ne figure pas au Larousse 2003. Mais il existe bel et bien sur le terrain, où les initiatives visant à faire se rencontrer et donc recréer des liens entre enfants/ personnes âgées, ados/adultes, tout-petits/aînés… se multiplient un peu partout en France. En ont témoigné, d’entrée de débat, les diverses expériences menées par les invités réunis autour de la table. Bien sûr, on peut déplorer que ces liens se soient distendus à tel point qu’il soit nécessaire aujourd’hui de les recréer. Mais le fait est là et les causes connues de tous. Les bilans des premières actions montrent, à l’évidence, que «l’intergénérationnel, ça marche! ». Enfants et retraités – et acteurs sociaux – en redemandent. Car l’intergénérationnel « favorise le relationnel entre deux personnes », « ouvre le dialogue entre des tranches d’âge qui se côtoient en s’ignorant », « permet de dédramatiser la question du vieillissement, de la mort ». En décloisonnant les barrières entre jeunes et moins jeunes, il évite les risques de « ghettoïsation » et d’exclusion de telle ou telle « catégorie » de population. Un enjeu auquel, pour Pierre Christophe, les politiques territoriales feraient bien de réfléchir… Lire et faire lire Intergénérationnel actif A Bourg-en-Bresse Alors, au-delà du pourquoi?, la rencontre a ouvert le vaste chantier du comment ? Un point commun : toutes ces actions naissent d’une volonté partagée locale et non pas institutionnelle. Mais attention, prévient Françoise Bajard, « le plus important, c’est le moment où on passe de l’intergénérationnel passif à l’intergénérationnel actif. Et ça ne se décrète pas ! ». Le service des Aînés de Bourg a mis en place des rencontres entre écoles et clubs du 3e âge : « Dans certains clubs, les anciens se contentent d’accueillir les enfants, c’est tout, l’action ne va pas plus loin ; dans d’autres, elle évolue ». Autre léger bémol, fait remarquer Souleymane Thiam: « Qui dit intergénérationnel dit rencontre et, quelquefois, conflits de voisinage : les personnes âgées peuvent trouver que les jeunes font trop de bruit, par exemple ». Et si les portes des foyerslogements au bas desquels « squattent » les ados s’ouvraient à eux ? C’est là tout le principe de l’intergénérationnel : provoquer l’échange constructif. Bien préparer les projets Pour l’instant, l’intergénérationnel semble plus se conjuguer sous la forme enfants/personnes âgées que sous l’angle ados/retraités. Consensus autour de la table : « Avec les jeunes, c’est plus délicat, plus difficile ». Des initiatives fleurissent néanmoins. Exemple à Belley où, dès septembre, des jeunes initieront des personnes âgées à l’internet et, à l’inverse, des lycéens bénéficieront de la précieuse aide de « tuteurs » retraités. Car l’intergénérationnel n’est-il pas aussi « un échange de savoirs » ? Pour que l’échange soit le plus spontané possible, il faut longuement mûrir le projet auparavant. « Plus le décalage est grand entre les générations, plus il faut de préparation ». Mais après, une fois lancé, « il se passe des choses sympa »… et spontanées. Ils l’avaient déjà dit : « L’intergénérationnel, ça fonctionne bien ». • A.P. • 12 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Née fin 1999, à l’initiative du Relais civique, de la Ligue française de l’enseignement, de l’Union nationale des associations familiales, et d’Alexandre Jardin, l’association Lire et faire lire a pour but « d’encourager et développer toutes initiatives citoyennes de nature à promouvoir et développer le goût de la lecture ». Son action est basée sur un échange intergénérationnel : des retraités bénévoles animent des rencontres avec les enfants dans les écoles, autour du plaisir de lire. L’opération est relayée dans l’Ain par l’UDAF. 90 bénévoles s'y impliquent, dans 29 écoles. Pour clore la saison 2003/2004, l'UDAF a convié Alexandre Jardin à rencontrer l'école de Buellas, le 18 juin. En 2005, elle souhaite étendre le réseau d'action de Lire et faire lire dans les centres de loisirs et en milieu hospitalier, comme au niveau national. www.lireetfairelire.org Tél. 04 74 32 11 40 « Travailler sur des projets concertés » Catherine Croiset. Directrice départementale de la Jeunesse et des sports depuis novembre 2003, elle apprécie dans l’Ain la forte volonté de tous les partenaires de l’éducation populaire d’agir ensemble. Le banquet annuel offert par la ville aux « aînés » est servi par des lycéens en bac professionnel Services aux personnes. La préparation du Carnaval réunit les écoliers et les six clubs de personnes âgées. Des rencontres sont organisées entre la halte-garderie et les foyers-logements. Au Logis des Marmousets à Péronnas Six à huit enfants de la crèche/halte-garderie, de 2 ans 1/2 à 6 ans 1/2, rendent visite à un même groupe de résidants de la maison de retraite médicalisée voisine, Les Ancolies, deux fois par mois, durant une petite heure, autour d’activités diverses (musique, peinture, pâte à sel…). Prix Intergénérations 2004 Le ministère délégué aux Personnes âgées et le Journal de l’action sociale, en partenariat avec les revues Notre Temps et Okapi et le site internet age.village.com lancent le prix Intergénérations 2004. Celui-ci récompensera des actions, déjà réalisées ou en cours, visant à changer le regard de la société sur les âges de la vie. Peuvent concourir : les collectivités territoriales, les associations, les établissements d’accueil de personnes âgées, scolaires, de santé, les entreprises, les institutions… Seront privilégiées les actions : - créatrices de liens entre des publics de différentes générations, - permettant la réciprocité de l’échange, - répondant à des besoins insatisfaits ou émergents dans le champ social, éducatif, économique, culturel et sportif, de l’habitat… Date limite d’envoi des candidatures : 15 septembre 2004. Les prix seront remis en décembre, par le ministre délégué aux Personnes âgées, dans le cadre des Étoiles de la Fraternité. www.social.gouv.fr www.agevillage.com ■ Quel est le rôle d’une Direction départementale de la Jeunesse et des sports? La DDJS est un service déconcentré de l’État. Elle a plusieurs grandes missions : le développement des pratiques sportives et de leur accès à tous, le soutien de la jeunesse et de la vie associative, le volet formations et examens, la réglementation des établissements sportifs. Au niveau du sport, nous travaillons avec les comités départementaux. Ils sont nombreux dans l’Ain : 67 comités – donc 67 disciplines représentées –, soit environ 1 200 clubs, 160 000 licenciés. Plus d’un habitant de l’Ain sur quatre pratique un sport. Notre rôle est aussi de soutenir la fonction sociale et éducative du sport, via le FNDS (Fonds national pour le développement du sport). Nous étudions les projets très divers qui nous sont présentés, visant par exemple la responsabilisation des jeunes, le sport féminin, l’accès des personnes handicapées, la lutte contre la violence… ■ Comment se traduit l’action pour la Jeunesse? Il faut soutenir les jeunes dès qu’ils ont une idée : la DDJS apporte des aides financières, matérielles, d’accompagnement et de conseil. Valoriser les initiatives des jeunes est très important: c’était notamment le but du Forum co-organisé avec la Mission locale jeunes de Bourg, en avril. Tout ce travail se fait bien sûr en lien avec des réseaux: dans l’Ain, nous avons mis en place un réseau d’accompagnateurs qui travaillent dans des associations d’éducation populaire et vers qui nous pouvons orienter les jeunes. Les associations d’éducation populaire sont nos partenaires naturels depuis la création du ministère, il y a une cinquantaine d’années. Dans l’Ain, il en existe 251 agréées. Nous sommes aussi très attentifs au développement des CEL, contrats signés avec les collectivités locales et les associations pour l’accès des publics scolaires aux activités de sports et loisirs. 39 existent déjà, 19 sont en préfiguration. L’Ain est le département qui compte le plus grand nombre de CEL, par rapport au nombre d’habitants, en RhôneAlpes. J’apprécie vraiment le travail mené ici par les associations : elles ont le souci de la qualité, en cherchant à se poser les bonnes questions et mettre en place les bons outils. ■ Le ministère se nomme aujourd’hui « de la Jeunesse, des sports et de la vie associative ». Qu’implique ce troisième volet? La mise en place, par exemple, de formations pour les associations. Le RAIA (réseau d’accueil et d’information aux associations), qui réunit dix associations départementales relais comme l’AGLCA, le CDOS, la FOL * ou Ain profession sport et culture, travaille à améliorer la cohérence entre les formations et créer des outils. Le Guide des associations sera prochainement réédité. La vie associative est très riche en province : on compte dans l’Ain 16 000 associations, tous domaines confondus. Elles contribuent au développement local, les élus travaillent avec elles. C’est un domaine qui me tient particulièrement à cœur, d’ailleurs je suis aussi déléguée départementale à la vie associative. ■ La vie sportive et associative semble intense dans l’Ain. Quels sont vos premiers constats et projets? Je sens dans ce département une forte envie de tous les partenaires – les clubs sportifs, les associations, les communes, les institutions – de construire des choses ensemble, d’avancer les uns avec les autres. C’est très positif. La diversité géographique favorise celle des pratiques sportives. Beaucoup de choses se font déjà, par exemple pour le développement des sports de pleine nature, mais on peut aller encore plus loin. Le territoire est très étendu et il y a nécessité de bien le mailler, de travailler sur des projets concertés, afin de bien répondre aux demandes de la population. Je ressens aussi le besoin de créer des outils d’analyse, ce que nous allons faire. À la rentrée, un des prochains temps forts sportifs sera le week-end « Sport en famille » lancé par le ministère. Propos recueillis par Annick Puvilland * L’Agence pour la gestion, la liaison et le conseil aux associations, le Comité départemental olympique et sportif, la Fédération des œuvres laïques. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 13 • SEMCODA LA VACANCE DANS LE LOGEMENT SOCIAL Objectif zéro pour cent ● 0,73 % de logements vacants Les 132 logements vacants en 2003 représentaient 0,73 % du parc SEMCODA (0,83 % en 2002; 1,04 % en 2001 et 1,07 % en 2000). L’agence de Bourg-en-Bresse La vacance, c’est un des baromètres de la bonne santé des bailleurs sociaux. Chacun d’eux fait en sorte que le pourcentage de logements vides soit le plus faible possible. Avec 0,73 %, la Semcoda a obtenu en 2003 l’un de ses meilleurs résultats. évaluation de la vacance ne prend pas seulement en compte les logements que le bailleur social a du mal à louer. Elle intègre aussi les logements en cours de rénovation ou de réaménagement, les immeubles promis à la démolition ou les programmes prêts à être mis en service. C’est donc un baromètre permanent, surveillé comme le lait sur le feu, qui témoigne de la volonté du propriétaire de rendre en permanence son patrimoine attractif. Il peut décider d’installer le chauffage au gaz quand de vieux radiateurs électriques font hésiter le candidat locataire; il peut aussi démolir un immeuble en bout de course pour construire à la place des pavillons. Pour lui, le logement vide représente un manque à gagner. Sans rattrapage possible, ni aide extérieure envisageable: la SEMCODA ne peut donc que puiser dans ses propres ressources. Elle a en fait décidé depuis longtemps d’investir pour ne pas perdre. L’ Traitement préventif ● Le numéro unique Un numéro unique est attribué par un serveur national aux personnes qui déposent un dossier de demande de logement auprès d’un bailleur ou d’une commune. Appliquée depuis deux ans, cette simplification permet de mieux évaluer les besoins en logement de chaque commune et de ne plus comptabiliser deux ou trois fois le même demandeur. Reste que le numéro unique n’est pas parfait: l’orthographe des noms ou le dépôt de demande sous le nom de plusieurs personnes pour un même foyer engendre un autre numéro. • 14 • InterAction n° 41 • juillet 2004 0,73 % de vacance en 2003 ! Comment expliquer ce très faible taux qui n’est pas le fruit du hasard? Depuis qu’elle construit et gère son patrimoine, la SEMCODA a fait des choix qui lui permettent, dès la conception de ses programmes, d’éviter de connaître les problèmes qui naissent après leur mise en service. Avant toute chose, une collaboration serrée avec les collectivités locales qui lui permet d’évaluer les besoins, de personnaliser la réponse, de choisir une implantation en prise directe avec la vie de la commune. Cette intégration dans l’environnement local – le centre du village, les commerces et services de proximité – est un gage d’attractivité et de stabilité. Autre choix qui vaut à la SEMCODA l’intérêt de ses locataires : la qualité du bâti et l’entretien de son patrimoine, pas seulement pour plaire à l’œil, mais aussi pour donner toutes les garanties de confort et de tranquillité. S’il est enfin un souci que la société veut assumer bien en amont de cette démarche, c’est bien celui de la mixité sociale des programmes qui évite la création de « points noirs » : un immeuble, une montée d’escaliers, un appartement réputés difficiles ou désertés, et dans lesquels aucun locataire ne voudra emménager. En ce domaine, la SEMCODA connaît les mêmes contraintes, le même profil de locataires et les mêmes exigences sociales que les autres bailleurs. Le relais des agences Les actions contre la vacance sont aussi relayées par les agences pour qui les logements non occupés sont autant de signaux d’alerte. Chaque agence prend une part active dans la commission d’attribution des logements qui se tient en présence d’un représentant de la commune et des locataires. Elle mène aussi une politique d’intervention rapide quand un logement se vide : travaux de restauration, modification de surfaces, mesures appropriées pour apaiser les tensions. Plus largement, la connaissance de l’évolution des besoins des locataires conduit la SEMCODA à accompagner les demandes qui restent plus fortes que l’offre. Certains symptômes sont inquiétants comme la baisse des ressources et l’émergence des familles monoparentales (voir graphes). Des éléments qui pèsent de plus en plus sur la gestion du patrimoine. La société a dû aussi aménager son parc locatif… ou le modifier. Les démolitions d’immeubles ou les travaux dans le logement contribuent à une offre de meilleure qualité. • A.G. ● Loyer de solidarité Significative est l’évolution du supplément loyer de solidarité applicable aux locataires qui dépassent les plafonds de ressources. En 1998, 4,81 % des logements SEMCODA étaient concernés. Ils ne sont plus que 1,95 % (soit 300 logements) en 2004. Une évolution qui ne va pas dans le sens de la mixité sociale défendue par la SEMCODA. La vacance vécue en agence « Nous sommes extrêmement attentifs au problème du niveau de ressources » « Quand nous n’avons aucune vacance dans l’agence, nous buvons le champagne! » répond par boutade Michèle Michelard, directrice de l’agence SEMCODA de Bourg, quand on lui demande si l’objectif “zéro logement vide” est sa bête noire. « Ma bête noire, pas forcément, même si c’est une préoccupation constante. Pour moi, c’est un tout. Il vaut mieux bien travailler en amont, être bien en phase avec les locataires pour éviter d’avoir des logements vides. » L’agence de Bourg balaie large: de Coligny à Mézériat, de Mantenay-Montlin à Ambérieu où elle dispose désormais d’un bureau. En tout 3000 logements, dont 25 % en pavillonnaire, et près de 400 mutations chaque année qui font que 13 % du parc change de locataires. Les raisons de ces mouvements compensés en permanence par une très forte demande? Elles sont d’abord professionnelles : Bourg est une ville qui compte beaucoup de fonctionnaires sujets à mutation. Elles sont surtout sociales: « Nous avons beaucoup de demandes de familles monoparentales qui se reconstituent après des divorces. Notre réponse doit être rapide et adaptée car nous n’avions pas forcément un parc adapté à ce type de demande. Les statistiques 2003 sont éloquentes: un gros quart des locataires est constitué de personnes seules; un autre quart de familles monoparentales; moins de la moitié, de familles « traditionnelles ». Tendance confirmée chez les autres bailleurs sociaux. D’autres raisons influent sur cette évolution constante: les familles qui s’agrandissent, la cohabitation des jeunes et bien sûr le problème des ressources. Une paupérisation croissante À force de rencontrer des candidats locataires, Michèle Michelard peut dresser un état de leur situation sociale personnelle: « Nous constatons une paupérisation des demandeurs et des locataires en place ». Cette tendance s’affirme d’autant plus que l’accession à la propriété – attractive en raison de prêts à taux d’intérêt très intéressants – isole ceux qui ne disposent que de ressources basses ou en baisse. « Désormais, on ne dépasse plus les plafonds de ressources sauf situation exceptionnelle. Ce qui n’était pas le cas avant où il était fréquent de rencontrer parmi nos locataires des familles avec deux bons revenus. » Et M. Michelard de poursuivre : « Nous sommes extrêmement attentifs au problème du niveau de ressources. Pas seulement dans l’intérêt de notre société, car nous mettrons beaucoup de temps et de moyens pour trouver des solutions. Nous le faisons surtout dans l’intérêt des locataires, en examinant de près leur niveau de ressources et en calculant le taux de l’effort qu’ils auront à consentir pour assumer leur loyer. C’est notre rôle que de leur expliquer qu’on ne peut dépasser le seuil des 30 % d’endettement et de leur demander de ne pas prendre un type de logement supérieur à leurs ressources. » Les mêmes obligations Michèle Michelard parle d’expérience des locataires qu’elle côtoie et loge au quotidien: « Nous savons qu’ils déposent des demandes chez les autres bailleurs sociaux du département avec lesquels – je pense à Bourg Habitat – nous avons pris l’habitude de travailler. Il nous arrive de nous adresser des dossiers de demande en raison du type de logement recherché ou en fonction du niveau de ressources. » En termes de vacance, chaque bailleur n’est pas logé à la même enseigne et l’état de son patrimoine fait beaucoup pour son attractivité face à des clients qui savent désormais se montrer exigeants: « Notre parc a la réputation d’être de qualité, bien entretenu, plus récent, et d’avoir été judicieusement construit. C’est vrai que nos “cellules” sont plus grandes, ce qui rend nos loyers un peu plus chers qu’ailleurs. Mais nous sommes soumis aux mêmes conventionnements que les autres. Je viens juste de reloger dans l’urgence une femme qui ne pouvait rester dans son foyer d’accueil. J’ai fini par lui trouver un logement libre à Vonnas. » Michèle Michelard ne manque jamais l’occasion de le rappeler: « Nous oublions que certains locataires nous sont très fidèles. J’en connais qui occupent le même logement depuis 40 ans. Nous ne les remercions pas assez ». 200 76 68 150 59 70 100 49 47 40 50 67 62 36 49 26 0 2000 2001 2002 2003 n Vacant y compris mise en service n Pour vente n Pour démolition Familles monoparentales : 1 locataire sur 4 ● Les attributions 2003 montrent la part de plus en plus importante que prennent les familles monoparentales et l’isolement des personnes. Ménages 1214 attributions 47 % Personnes seules 737 attributions 29 % Familles monoparentales 613 attributions 24 % ● Ressources des ménages : des revenus en baisse Deux locataires sur trois ont des revenus qui sont en dessous de 60 % du plafond des ressources. Une tendance qui se poursuit. % plafond de ressources < 60 % 60 à 100 % 100 à 120 % Plus de 120 % Total 2003 1 632 834 78 20 2 564 63,65 % 32,53 % 3,04 % 0,78 % 100,00 % InterAction n° 41 • juillet 2004 • 15 • Un an après Dossier BIJ : un lieu-ressources ouvert à tous Ouvert depuis fin juin 2003, le Bureau information jeunesse de Bourg connaît un succès croissant. Jeunes et moins jeunes viennent y chercher des infos en tous genres et accéder gratuitement à Internet. 122 visiteurs en juillet 2003, 268 en septembre, 339 en janvier, 898 en mars, 947 en avril : la fréquentation du BIJ (Bureau information jeunesse) de Bourg, qui a ouvert ses portes fin juin 2003, à l’initiative d’ALFA3A, prouve tout l’intérêt du lieu. Un lieu qui, comme son nom l’indique, est ouvert aux jeunes. Mais pas seulement : toute personne, de tout âge, peut venir y chercher une info sur les études, les métiers, l’emploi, la formation, les sports et loisirs, la vie pratique (logement, santé…), les vacances, l’étranger. « Les demandes concernent surtout l’orientation professionnelle. Mais, à la rentrée, elles sont plus axées sur les activités sportives et de loisirs », note l’animatrice, Aurore Lopez, qui accueille jeunes et moins jeunes, et apporte conseils, aide au montage de projets, accompagnement et suivi individuels. Portes ouvertes sur le multimédia Outre la documentation sur papier, le BIJ offre la possibilité de consulter en toute liberté Internet (dans le respect d’une charte interdisant l’accès à des sites sectaires, xénophobes ou pornographiques). Car le BIJ, c’est aussi un Point Cyb ouvert à tous, équipé de 5 postes • 16 • InterAction n° 41 • juillet 2004 pour l’accès Internet et 2 pour l’initiation au multimédia et la rédaction de courriers et CV. Là aussi, les chiffres sont éloquents : 17 demandes en juillet 2003, 46 en septembre, 119 en décembre, 228 en janvier, 419 en février, 560 en avril… « L’adhésion est gratuite. L’accès est limité à 2heures par semaine, que la personne inscrite gère comme elle veut», explique l’animateur, Sébastien Drecq. Du mercredi au vendredi après-midi et le samedi matin, il accueille individuels et groupes, initie les débutants au multimédia, aide chacun à créer et consul« La journée ter une boîte aux intergénérationnelle a lettres électronique, à réaliser connu un franc un document, et succès. » oriente vers les bons sites pour trouver les bonnes infos. Le Point Cyb est également ouvert le lundi après-midi et le matin, du mardi au vendredi, en libre-service. Et le 31 mars, la journée intergénérationnelle, où des jeunes ont initié des personnes âgées à Internet, a connu un franc succès. Entreprise et handicap 2003 était année européenne du handicap. 2004 est l’année du projet de loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Accessibilité aux lieux publics, à l’emploi, aux loisirs, à la culture… La personne handicapée a le droit de vivre comme tout le monde, comme ceux qu’on dit « valides » et au cœur du milieu qu’on dit « ordinaire ». Côté entreprises, le taux d’emploi moyen de travailleurs handicapés en France stagne depuis longtemps autour des 4 %. Plus de la moitié d’entre elles, de tous secteurs, des plus petites – pourtant non tenues à l’obligation légale d’employer des « TH » – jusqu’aux plus grandes, comptent à leur effectif au moins l’un d’entre eux. Les autres avancent divers arguments pour se soustraire à la chose : manque de postes adaptés, peur de ne pas accompagner, mauvaise expérience déjà vécue… Les actions de sensibilisation, lancées par les acteurs sociaux mais aussi par les organisations professionnelles et syndicats patronaux, ne manquent pourtant pas. Les actions d’accompagnement (des entreprises et des TH) non plus. De même que les aides matérielles et financières publiques. Mais sur le terrain, quel regard portent les employeurs sur les salariés et les demandeurs d’emploi handicapés ? Comment s’y retrouvent-ils dans la multiplicité des acteurs gravitant autour de l’aide à l’emploi des TH ? L’info en tous lieux Implanté au 4 bis, boulevard de Brou (à côté de la MIFE de l’Ain), le BIJ se déplace aussi à la rencontre des jeunes au sein des collèges et lycées, amène au cœur des quartiers les offres de jobs d’été dès la mi-mars, co-organise des actions telles que le Forum jeunes porteurs d’initiatives. Sur place, il accueille une permanence mensuelle de l’association AIDES, propose aux parents une liste de baby-sitters, collecte les jouets usagés pour l’association AIRES d’Oyonnax… « La première année, il a fallu créer un vrai réseau de partenariat », reconnaît Aurore Lopez. Le travail a porté ses fruits : le BIJ est aujourd’hui un acteur à part entière de la vie sociale de Bourg et de l’Ain. • A.P. Après le dossier dressant le portrait des personnes handicapées dans l’Ain (paru dans le n° 36, en avril 2003), InterAction a zoomé sur leur emploi en milieu ordinaire et mené l’enquête auprès de ceux qui les emploient ou les accompagnent vers l’emploi ou encore aident les entreprises à s’ouvrir à elles et aussi à les garder. Regards croisés sur sujet d’actualité. Dossier réalisé par Annick Puvilland Au sommaire de ce dossier Sur le terrain des chiffres et des organismes p 18/19 Un panel d’aides à l’emploi p 20 Interview de Jean Convert, président de Cap’emploi Ain p 21 Sur le terrain des employeurs p 22/23 Points de vue patronal et syndical p 24 InterAction n° 41 • juillet 2004 • 17 • Dossier Entreprise et handicap entrep cap rise & handi Sur le terrain des chiffres et des organismes Dans l’Ain, ils sont plus de 2 000 travailleurs handicapés, reconnus par la Cotorep, salariés au sein d’une des quasi mille entreprises tenues d’employer au moins de 6 % de TH. Mais ce chiffre n’offre qu’une vision très réduite de la réalité : il va sans compter l’ensemble des personnes en situation de handicap, travaillant dans les quelque 13 000 établissements employant au moins un salarié. Certes, il existe encore des chefs d’entreprise réfractaires à l’idée d’employer une personne en situation de handicap. Mais peutêtre en emploient-ils une sans le savoir… Il existe aussi des cas où des employeurs ayant connu une expérience négative ne sont pas prêts à recommencer. Mais il existe aussi un chiffre réconfortant : en France, 87 % des entreprises qui emploient des salariés handicapés se déclarent satisfaites de leur choix*. Qui dit travail dit compétences. Et là, handicap ou non, tout le monde en a ! Mais peut-être encore plus que les autres, les travailleurs handicapés doiventils montrer à leurs employeurs une qualité essentielle et exigée : la motivation. Qualité dont ils ne sont certainement pas dénués. Avant de donner la parole aux employeurs, il nous est apparu indispensable, dans les premières pages de ce dossier, d’offrir aux lecteurs quelques repères dans le vaste paysage des organismes et mesures d’aide à l’emploi des travailleurs handicapés. Histoire de voyager en terrain connu. Même si la situation de handicap n’est pas toujours sue, connue et reconnue… *d’après un sondage Louis Harris, réalisé en octobre 2002 • 18 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Dans l’Ain Agefiph La loi du 10 juillet 1987 La reconnaissance (et orientation) travailleur handicapé En 2002, la Cotorep a prononcé : • 2 279 reconnaissances de qualité travailleur handicapé • 1 845 orientations professionnelles (dont 48,2 % de premières demandes) : – 30,3 % en milieu ordinaire – 24,3 % en formation – 18,5 % en milieu protégé – 26,9 % autres (refus, sans suite ou actions spécifiques). Demande d’emploi En 2002, 1 229 personnes handicapés se sont inscrites à l’ANPE (4,1 % de l’ensemble des inscriptions). Les entreprises et l’emploi En 2003, 880 établissements sont assujettis à la loi de 1987 (2 478 salariés bénéficiaires). 470 contribuent à l’Agefiph : • 30,9 % par l’emploi direct seul de TH • 22,3 % par le versement seul d’une contribution à l’Agefiph • 13,1 % par l’emploi direct et la sous-traitance • 12,4 % par l’emploi direct, la sous-traitance et la contribution Agefiph • 12,3 % par l’emploi direct et la contribution à l’Agefiph • 7,6 % par la contribution Agefiph et la sous-traitance • 1,4 % par un accord. Le taux d’emploi direct s’élève à 5,2 % (4,6 % en Rhône-Alpes). 44,7 % des établissements assujettis atteignent le quota des 6 % (44,4 % en Rhône-Alpes). Les entreprises privées et les établissements publics à caractère industriel et commercial d’au moins 20 salariés sont tenus d’employer, parmi leur effectif total, au moins 6 % de personnes handicapées : TH reconnus par la Cotorep, victimes d’accident du travail ou de maladie professionnelle ayant une IPP d’au moins 10 %, titulaires d’une pension d’invalidité si celle-ci réduit des 2/3 leur capacité de travail ou gain, mutilés et invalides de guerre. (Le calcul s’établit en rapportant les « unités bénéficiaires » à l’effectif salarié assujetti et est donc pondéré selon la gravité du handicap). Elles peuvent s’acquitter de cette obligation de quatre manières complémentaires : – l’emploi direct – la conclusion de contrats de sous-traitance ou de prestations de services avec des structures de travail protégé (dans la limite de la moitié du quota) – la mise en œuvre d’un accord de branche, d’entreprise ou d’établissement – le versement d’une contribution annuelle à l’Agefiph. Les entreprises ne sont pas tenues à cette obligation durant les 3 premières années de leur création. Elles peuvent déduire de leur effectif certains emplois exigeant des conditions d’aptitude particulières. Cap emploi Association délégataire d’une mission de service public, signataire d’une convention avec l’ANPE, Cap emploi-EPSR aide au placement et au maintien dans l’emploi des TH. Dans l’Ain, en 2003, elle a réalisé 250 entretiens préalables à la Cotorep (prestation désormais arrêtée faute de financement), reçu 1 157 TH (dont 67,8 % envoyés par l’ANPE dans le cadre du PAP), effectué 705 diagnostics, 174 réorientations, 531 prises en charge, 252 placements, 1 497 entretiens de suivi, déclenché 155 entrées en formation et accompagné 60 jeunes. Le réseau national Cap emploi compte 116 structures, dont 9 en Rhône-Alpes. Quelques indicateurs d’insertion PDITH En 2002 : • 390 TH insérés via Cap emploi (514 contrats de travail, dont 24,9 % CDI) • 191 contrats primés par l’Agefiph, dont 55 % dans des établissements de moins de 20 salariés • 103 TH en CIE (36,5 % dans l’ensemble des CIE) • 303 TH en CES (24,7 % dans l’ensemble des CES) • 40 TH en CEC (35,4 % dans l’ensemble des CIE) Le Programme départemental d’insertion des travailleurs handicapés anime et coordonne, avec l’ensemble des partenaires, la mise en place d’actions favorisant l’emploi des TH. Il organise par exemple chaque année un forum Rencontres entreprises/personnes handicapées. Répartition des TH selon le secteur d’activité (en %), en France Cotorep Accidentés Invalides Mutilés Ensemble du travail pensionnés de guerre Agriculture Industrie Construction Tertiaire (y compris le non-marchand) Ensemble Association nationale agréée par le ministère du Travail, instituée par la loi du 10 juillet 1987, l’Agefiph gère le Fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Elle apporte des aides spécifiques adaptées pour l’accès à l’emploi, la formation et la compensation du handicap. L’Agefiph Rhône-Alpes est au 1er rang des délégations régionales en France, en volume d’interventions. En 2003, elle a collecté 30,7 M€ et effectué 26 389 interventions. 0 39 1 1 54 9 0 32 1 0 44 4 0 43 4 60 100 36 100 67 100 52 100 53 100 Sources : DARES, DOET (chiffres 2000) Sources : Tableau de bord 2003 – Statistiques et indicateurs du handicap et de l’insertion professionnelle en Rhône-Alpes www.handiplace.org Agefiph Rhône-Alpes. AARPTH L’Association pour l’aide au reclassement professionnel des travailleurs handicapés de l’Ain chapeaute administrativement les actions de Cap emploi et du PDITH. Maintien dans l’emploi des travailleurs handicapés – Coordination de l’Ain Officialisé par une convention partenariale signée par la CRAM Rhône-Alpes, la Préfecture de l’Ain et l’Agefiph, le dispositif départemental pour le maintien dans l’emploi des TH a pour but de renforcer et coordonner les actions visant à proposer des solutions aux salariés confrontés à un risque de licenciement pour inaptitude au travail. De février à juin, la Coordination a reçu 156 dossiers correspondant à des signalements de situation, 123 sont enregistrés et en cours de traitement. ACORH Forum Rencontres entreprises/personnes handicapées Organisé par le PDITH, le 3e forum Rencontres entreprises/personnes handicapées se déroulera le jeudi 18 novembre, à Péronnas. Il sera précédé, le mercredi 17, d’une soirée « Job speed dating » à Bourg-en-Bresse. Tél. 04 74 45 91 08 Lancé en mars 2002 par la Région Rhône-Alpes, le dispositif ACORH (Appui conseil en ressources humaines) a pour objectif d’aider les grandes entreprises (+ de 100 salariés) à mettre en œuvre une politique d’emploi des personnes handicapées. Il apporte un accompagnement sur mesure, financé par l’Agefiph. COACH Mise en place par la Région en octobre 2003, COACH, équipe régionale de Coordination et d’animation de la compensation du handicap, apporte conseil et expertise afin d’étudier les situations de travail et proposer des solutions adaptées aux restrictions d’aptitude et contreindications médicales du salarié handicapé. Késako ? CEC : contrat emploi consolidé CES : contrat emploi solidarité CIE : contrat initiative emploi Cotorep : Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel DOETH : déclaration de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés EPSR : équipe de préparation et de suivi du reclassement IPP : incapacité permanente partielle ITP : incapacité temporaire partielle ORP : orientation professionnelle RQTH : reconnaissance de la qualité travailleur handicapé TH : travailleur handicapé InterAction n° 41 • juillet 2004 • 19 • Dossier Entreprise et handicap entrep cap rise & handi Un panel d’aides à l’emploi Les aides aux employeurs De plus en plus de TH • En cas d’embauche d’un travailleur handicapé, en CDI ou CDD de 12 mois ou plus, pour une durée hebdomadaire de travail minimum de 16 heures, l’entreprise peut solliciter auprès de l’Agefiph une prime à l’embauche (1 600 €). • En cas de CIE (contrat initiative emploi, qui vise à faciliter l’insertion des publics en difficulté d’accès à l’emploi), l’aide mensuelle varie de 330 à 500 €, selon la situation de la personne. Elle est versée à l’entreprise durant toute la durée du contrat en cas de CDD, durant 24 mois en cas de CDI, durant 5 ans si la personne embauchée a plus de 50 ans. De 1996 à 2001, en France, le nombre de décisions de reconnaissance Cotorep a augmenté de 46 %. Depuis, il tend à se stabiliser (+ 2,2 % de 2001 à 2002). Les aides aux travailleurs handicapés Des employeurs de tous horizons • La prime à l’embauche versée par l’Agefiph à l’employeur s’accompagne d’une prime à l’embauche versée à la personne handicapée (800 €). En 2003, en France, 55 % des embauches primées par l’Agefiph s’effectuent dans des entreprises de moins de 20 salariés, dont 75 % dans le tertiaire, 14 % dans l’industrie (19 % en 1998). Les aides diverses Inaptitude médicale • L’Agefiph peut apporter des aides en matière de conseil, étude ergonomique, formation, aides techniques, aménagement de locaux et postes de travail… En Rhône-Alpes, chaque année, 20000 salariés sont concernés par un risque de rupture de contrat de travail pour inaptitude, 8000 déclarations d’inaptitude sont établies, 6000 salariés au moins sont licenciés. Contrats de professionnalisation Incapacité Les contrats de professionnalisation (qui se substituent, dès le 1er octobre 2004, aux contrats d’orientation, d’adaptation et de qualification jeune ou adulte) et les contrats d’apprentissage font l’objet d’aides spécifiques versées par l’Agefiph, complémentaires aux aides attribuées par l’État. En France, plus de 10 % de personnes en âge de travailler déclarent au moins une incapacité forte. Les aides à la création d’entreprise pour les personnes handicapées Les personnes handicapées bénéficiaires de la loi de 1987 et demandeurs d’emploi qui créent une entreprise peuvent bénéficier (à condition d’être le dirigeant de la société et de détenir, seul ou en famille, au moins 50 % du capital, dont 30 % à titre personnel): – d’une subvention à la création d’activité (10675 € maximum), complémentaire aux autres financements et dans la limite de 50 % du coût total du projet (cofinancement minimum : 1 525 €) ; – d’une formation à la gestion (250 h maximum) ; – d’un suivi de la gestion par un organisme spécialisé, en complément de l’aide accordée par l’État au titre du chéquier-conseil. Le dossier doit être demandé à une Boutique de gestion, conventionnée par l’Agefiph (dans l’Ain, Perspectives entreprises et carrières, à Oyonnax). • 20 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Handibat : accentuer le maintien dans l’emploi « Le BTP est un secteur très difficile pour le maintien dans l’emploi des salariés handicapés, reconnaît Catherine Vanhaecke, chargée de mission Handibat Ain-Rhône. Souvent, les personnes sont extrêmement qualifiées dans leur métier mais elles ont autour des 50 ans, un niveau d’études peu élevé. Beaucoup d’entreprises sont de petite taille, ce qui peut être un atout mais aussi une contrainte. Le travail sur les chantiers ne permet pas d’aménager des postes. » Lancé en 2001 par la Fédération régionale du bâtiment, le dispositif Handibat, financé par l’Agefiph, apporte conseil et aide pratique aux salariés handicapés et aux employeurs en vue de mettre en place des solutions adaptées: études ergonomiques pour l’aménagement d’un poste, formation visant le reclassement du salarié, réorganisation du travail… « Mener une démarche pour le maintien est toujours long et nécessite une grande compréhension de la part de l’entreprise et du salarié. Après plusieurs mois d’arrêt de travail, il faut parfois renouer la confiance entre les deux ». Qui dit maintien dit médiation. « Parfois, l’entreprise ne peut vraiment pas garder le salarié. Dans tous les cas, il faut préparer la suite le plus tôt possible pour faciliter sa réorientation professionnelle. Plus les choses vont vite, plus les capacités de rebond du salarié sont meilleures. » Depuis cette année, par exemple, les salariés handicapés peuvent s’engager dans un bilan d’orientation avant la fin de leur arrêt de travail. Une autorisation obtenue par la nouvelle coordination départementale pour le Maintien dans l’emploi, dont Handibat est partenaire. « On travaillait déjà auparavant, avec la Cotorep, Cap emploi, Orsac Insertion, la CRAM. Mais cette année, la coopération s’intensifie ». Dans l’Ain, le BTP compte plus de 3000 entreprises (dont 53 % de moins de 10 salariés), soit quelque 12 000 salariés. En 2003, Handibat a reçu 48 demandes (émanant, pour la plupart, des médecins du travail), 11 situations ont donné lieu à une action de maintien dans l’emploi. En 2004, l’objectif initial de 30 nouvelles situations à étudier est déjà atteint. « Le matériel est plus facile à régler que l’humain ! » Président de Cap emploi Ain, Jean Convert dresse un bilan mi-figue mi-raisin du regard des entreprises sur les personnes handicapées. ■ PDITH, Cotorep, Agefiph, Cap emploi, coor- dinations… Le paysage des structures d’aide à l’emploi des personnes handicapées ne semble-t-il pas un peu flou et complexe ? Chaque structure a un rôle précis. Cap emploi reçoit les travailleurs handicapés reconnus par la Cotorep et les aide à accéder à l’emploi en milieu ordinaire. Il y a trois ans, nous avons signé une convention de cotraitance avec l’ANPE, qui nous envoie directement les demandeurs d’emploi. L’action de Cap emploi est bien repérée, je crois, par les personnes handicapées mais pas forcément par les entreprises. À Bourg, il existe une coordination d’associations qui mènent des actions pour les personnes handicapées mais sous toutes les formes, pas spécialement sur l’emploi, surtout sur l’accessibilité des lieux publics. Il existe depuis cette année la coordination pour le maintien dans l’emploi des personnes handicapées, qui reçoit les TH et les oriente vers les structures (Cap emploi, Interface, Orsac Insertion…). En 2002, c’était Interface qui assurait cette mission; en 2003, Cap emploi. Lorsqu’il a été question de créer une coordination, nous avons posé notre candidature pour cette fonction – ce qui nous semblait logique – mais c’est la CRAM, qui n’est pas un opérateur de terrain, qui a été désignée. ■ Toutes les structures agissent-elles en partenariat ou chacune mène-t-elle son action dans son coin ? Elles sont complémentaires, il y a forcément un partenariat. Cap emploi travaille avec Interface pour les offres d’emploi. Chacun sait que toutes ne passent pas par l’ANPE, il faut aller vers les entreprises. L’Agefiph nous recommande d’aller en priorité dans celles qui s’acquittent de l’obligation d’employer des TH en payant la cotisation. Mais nous nous adressons à toutes les entreprises, y compris les PME et les services publics. Dans l’Ain, Cap emploi a la chance de bien s’entendre avec l’ANPE, ce qui n’est pas le cas partout! Le partenariat existe depuis longtemps. Mais il y a des choses pratiques à améliorer : nous n’avons pas le même découpage géographique que l’ANPE, nous avons parfois des difficultés à recevoir les personnes au sein de leurs agences locales. Je comprends bien qu’il peut y avoir des problèmes de locaux… ■ Comment réagissent les entreprises lorsqu’on leur parle de travailleurs handicapés ? Elles ont encore des réticences. Elles ont déjà des problèmes avec leur personnel, alors si on en rajoute encore des personnes handicapées! Si elles ont déjà un travailleur handicapé avec qui ça se passe bien, c’est plus facile. Il faut encore les sensibiliser, leur faire admettre que si le poste est adapté, une personne handicapée fera son travail comme une autre. L’environnement matériel est plus facile à régler que l’environnement humain ! Il y a plus de facilités à placer les personnes dans les PME : le contact est plus direct. Les TH ont autant leur place chez les artisans que dans les grandes entreprises. Mais certains n’en veulent pas, bien sûr. ■ Les aides de l’Agefiph sont-elles un argument? Elles sont un atout pour l’entreprise au départ mais, après, l’effet s’estompe. Je ne connais pas une seule entreprise qui pratique la rotation de travailleurs handicapés pour avoir les aides ! Au-delà des motivations économiques, le sens du service, de la solidarité, existe aussi dans les entreprises, chez les patrons, les directeurs des ressources humaines. ■ Qu’est-il du maintien des salariés handicapés dans l’entreprise ? C’est difficile. Et la situation ne s’est pas améliorée en 2003. Là aussi, il faut sensibiliser les entreprises, leur faire comprendre qu’il vaut mieux adapter un poste pour garder le salarié plutôt que licencier. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 21 • Dossier Entreprise et handicap entrep cap rise & handi Sur le terrain des employeurs « À nous de trouver le bon poste pour la bonne personne » En 2003, Renault Trucks a lancé une campagne interne de sensibilisation à l’accord pour l’emploi des personnes handicapées. Avec un taux de 11,3 % (9,9 % en emploi direct, 1,4 % via la sous-traitance à des CAT), le site de Bourgen-Bresse de Renault Trucks dépasse largement le taux requis de 6 % de travailleurs handicapés. Sur un effectif total de 1 025 salariés, 71 sont reconnus TH par la Cotorep. « Nous avons la satisfaction d’avoir signé avec tous les partenaires sociaux un accord sur l’emploi des personnes handicapées », déclare Olivier Barde, chef du personnel. L’entreprise a également signé une convention de partenariat avec l’Agefiph. « Notre priorité, c’est le maintien dans l’emploi », soulignent Stéphane Vincendon et Michel Porrin, partenaires Ressources humaines, chargés respectivement de l’animation de l’accord pour l’emploi des personnes handicapées et du reclassement (des TH et autres salariés). « À nous de trouver le bon poste pour la bonne personne » : le maintien peut passer par l’aménagement d’un poste, l’adaptation des tâches, la mise en place de moyens de manutention adaptés, la recherche d’un poste dans un autre service – exemple : « Un salarié qui ne pouvait plus être au montage avait des compétences en soudure : il a pu les exploiter au service outillage » –, voire l’aide à une recherche d’emploi extérieure. Le tout s’effectue en lien avec le service médical, les autres partenaires Ressources humaines du site et, au besoin, l’assistante sociale. Améliorer les conditions de travail de tous Les quelque trente aménagements de postes réalisés en 2003 n’étaient pas tous liés à un handicap : la prévention du mal de dos, et donc la diminution des risques de maladie professionnelle, passe aussi par « On nous culpabilise de ne rien faire pour les TH » là. L’ergonomie, intégrée jusque dans les projets de création de nouveaux process de fabrication, s’inscrit aujourd’hui au quotidien de la vie du site, pour l’amélioration des conditions de travail de tous les salariés. Michel Porrin Handicap reconnu ou pas, visible ou non, problèmes physiques ou autres… Dans tous les cas, le reclassement d’un salarié doit viser un vrai poste pérenne. « On ne crée pas des emplois pour les TH : il y a des postes, les candidats postulent, on prend le meilleur profil ». Et au-delà du changement de poste, fonction ou service, les partenaires Ressources humaines suivent le salarié dans son évolution professionnelle. Une carrière sur le site local de Renault Trucks débute bien souvent via l’intérim. Stéphane Vincendon n’est pas surpris si « à l’embauche, un intérimaire qui a une reconnaissance Cotorep ne nous le dit pas forcément tout de suite » car « en France, parler de son handicap n’est pas encore spontané ». L’emploi peut aussi débuter par un stage : le site accueille des personnes en formation via Orsac Insertion et l’APF. Stéphane Vincendon Chef d’entreprise et handicapé En retard ? Directeur de l’entreprise Biga Frères à Pont-d’Ain, Jacques Marmorat souligne que « le handicap est peu pris en compte en France et dans les sociétés latines, qui sont moins avancées dans ce domaine que les sociétés anglo-saxonnes ». • 22 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Fondateur en 1982 et dirigeant d’une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de pièces composites notamment pour l’aéronautique, à Massieux, Gilles Duqueine connaît bien la problématique du travailleur handicapé: il est lui-même paraplégique suite à un accident de voiture en 1985. Pour autant, le taux de TH sur l’effectif total (48 salariés, plus le renfort d’intérimaires) est faible : « En 22 ans, j’en ai embauché beaucoup mais ça ne s’est pas toujours bien passé, souligne l’entrepreneur. Ils ont souvent un comportement d’assistés, du coup je suis devenu plus exigeant avec eux qu’avec les autres. Un salarié ne doit pas se retrancher derrière son handicap pour être moins performant ! ». Qualité première exigée du TH : la motivation. « Il doit vraiment montrer qu’il a une force de caractère, qu’il s’efforce dans son travail ». Outre le directeur, Duqueine Composites emploie actuellement un seul TH, à un poste d’opérateur. « Il a un handicap assez fort. Avec le médecin du travail, nous avons délimité les tâches qu’il peut exécuter. C’est quelqu’un qui travaille bien, qui a su me montrer qu’il en voulait ! ». Bourg Traiteur compte depuis longtemps deux travailleurs handicapés. « L’une a un problème de vue, stabilisé, qui ne la gêne pas. L’autre est un homme qui avait eu des problèmes de santé et s’était retrouvé au chômage à 50 ans, nous avons équipé son poste d’un siège adapté, tout se passe très bien, explique Jacky Bridon, dirigeant de cette entreprise de 36 salariés. Les personnes handicapées doivent travailler comme les autres, elles sont souvent sérieuses ». Mais il a connu d’autres expériences moins positives : « Il m’est arrivé d’être très déçu par une personne que j’avais embauchée et qui ne m’a informé que longtemps après de son handicap ». Il se souvient aussi du jour où il a été démarché avec insistance par une personne qui vendait des produits fabriqués par des personnes handicapées : « On nous culpabilise de ne rien faire pour eux! Je préfère essayer de favoriser directement l’embauche de travailleurs handicapés plutôt que passer commande de produits qui ne sont pas forcément adaptés à nos besoins et pas forcément concurrentiels ». Culpabiliser n’est en effet pas le meilleur moyen de convaincre ! Artisanat : un vivier d’employeurs Bien que non assujetties à l’obligation d’employer des TH, nombre d’entreprises de moins de 20 salariés n’en font pas moins preuve d’un certain « sens civique ». « Le vivier d’entreprises qui se disent prêtes à étudier une candidature pour accueillir un TH, en stage, en apprentissage ou salarié, augmente chaque année » reconnaît Marie-Thérèse Carrera, conseiller emploi à la Chambre des métiers de l’Ain. Mais il faut encore les sensibiliser, casser l’image stéréotypée du TH en fauteuil roulant. C’est un travail de longue haleine ». Cofinancées par l’Agefiph, les actions d’information et d’accompagnement des employeurs au recrutement de TH menées depuis 2000 (y compris en amont du milieu ordinaire, auprès des instituts médico-éducatifs et médico-professionnels, et jusque dans les stages de formation à la création d’entreprise) portent peu à peu leurs fruits. Exemple, « marginal mais en pleine évolution » : le nombre annuel de contrats d’apprentissage signés entre un artisan et un jeune handicapé est passé de 0 à près de 5. Les actions de sensibilisation se poursuivent en 2004, avec un accent sur le maintien dans l’emploi. Partie prenante à diverses opérations telles que le Forum Rencontres entreprises/personnes handicapées, M.T. Carrera souligne, elle aussi, la volonté de tous les partenaires d’œuvrer ensemble. Freins et motivations L’enquête menée régulièrement par la Chambre auprès des entreprises pointe les freins et les motivations à l’embauche de TH. « Un employeur qui n’a pas envie d’intégrer un TH trouvera toujours une “bonne raison” : locaux non adaptés, peur de ne pas être à la hauteur pour encadrer, travail trop physique… Ceux qui se déclarent prêts disent que si la personne a la compétence, il n’y aura pas de souci. Elles évoquent aussi le fait de donner une chance d’insertion, la solidarité, parfois les avantages financiers ». Se préparer au milieu ordinaire À l’Institut de jeunes sourds, les élèves des sections Services aux personnes, CAP et Bac Communication graphique et BEP MOM (Mise en œuvre des matériaux) se préparent à intégrer le milieu ordinaire. Professeurs et familles se mobilisent pour trouver des terrains de stage. « Nous avons un réseau d’employeurs fidèles mais pas assez nombreux », note JeanFrançois Prémilieu, directeur de l’IJS. « Paradoxalement, l’insertion professionnelle des élèves qui sortent avec un bas niveau de qualification est souvent plus facile qu’avec un niveau supérieur, où la poursuite d’études peut poser des difficultés ». Si les débouchés sont quasi assurés pour les élèves issus des sections Services aux personnes (qui peuvent passer une « validation de compétences »), il n’en va pas de même dans le secteur de l’industrie graphique, « aujourd’hui saturé ». Côté plasturgie, c’est plutôt l’inverse : le créneau est porteur mais les candidats ne se bousculent pas. « Mais d’autres portes s’ouvrent : cette année, un jeune a trouvé un stage au service Communication de Carrefour ». Tous deux en Bac pro MOM 1re année, Fabien Issartel et Nicolas Chabot ont intégré, pour huit semaines de stage, le milieu ordinaire industriel. « Je suis plutôt timide, au début c’était un peu dur, reconnaît Fabien. J’ai été surpris par les horaires du travail en équipes aussi. Les chefs d’atelier sont très occupés, c’est difficile de les rencontrer » Au final, tous deux apprécient l’expérience : « L’entreprise est un univers plus large que l’école, c’est plus motivant et plus actif ». Ils ne souhaitent pas pour autant arrêter là leurs études : Fabien souhaite s’orienter vers un BTS Programmation informatique, Nicolas se spécialiser en électrotechnique. Côté entreprise, l’expérience s’avère aussi positive. Pour Thierry Convert, directeur de TMP à Simandresur-Suran, « intégrer un stagiaire sourd-muet dans un service où il faut tout de même communiquer, c’était un peu un défi. Nous avions été très déçus de stagiaires “normaux” dans des postes à responsabilité. Là, pas du tout. Au contraire ! Fabien s’intéresse à ce qu’il fait. Même s’il ne dit rien et n’entend rien, il comprend très bien et vite. Il montre qu’il est motivé, on sent qu’il a envie de travailler ». InterAction n° 41 • juillet 2004 • 23 • Dossier Interlignes Entreprise et handicap entrep cap rise & handi MEDEF Organisations syndicales Un club Entreprise et handicap, pour agir et informer « À nous de mettre l’aiguillon pour que les bonnes intentions ne restent pas dans les cartons ! » « Les entreprises ne sont pas indifférentes au problème des personnes handicapées, souligne Henri Savidan, animateur du club Entreprise et handicap, au MEDEF de l’Ain. Mais, vu le contexte général, elles sont plutôt attentistes ». Une reprise économique qui tarde et les textes de la nouvelle loi annoncée, modifiant celle de 1987, tardant tout autant, n’incitent pas à se mobiliser outre mesure. « La plupart des employeurs disent qu’ils n’ont rien contre les personnes handicapées, sous réserve de leur trouver des postes adaptés, qu’elles puissent occuper ». Le taux d’emploi de TH dans l’Ain (4,9 % en 2001) est néanmoins un des plus élevés en Rhône-Alpes. « Il n’a cessé de grimper depuis 1994, jusqu’au pic de 2000, où les effectifs des entreprises ont beaucoup augmenté mais chacun sait que l’insertion des personnes en difficulté n’a pas suivi. Il faut rappeler aussi que, derrière ce taux, la situation des TH dans les entreprises n’est pas figée : il y a des entrées, des départs. » Encourager à s’engager Afin d’inviter les employeurs à agir pour l’emploi des TH, le club Entreprise et handicap* mène des actions d’information et sensibilisation. Mais, sur le terrain, les situations ne sont pas toujours simples. Comment justifier par exemple, dans le calcul du taux de salariés handicapés, une personne qui ne demande pas la reconnaissance Cotorep? Ledit calcul, d’ailleurs, devrait changer avec la réforme à venir : « Aujourd’hui, il tient compte du degré de handicap: 1 TH “lourd” peut compter pour 2 unités bénéficiaires, 1 TH “léger” pour 0.75… La nouvelle loi prévoit que 1 TH = 1 unité bénéficiaire, ce qui peut faire baisser les taux : des entreprises auront toujours autant de TH mais devront verser la contribution ! ». Ce qui ne devrait pas manquer de provoquer un certain « effet grimace »… Le club n’a pas attendu le texte de loi à venir, en tout cas, pour « encourager les entreprises à mettre en place un volet formalisé pour l’emploi des TH, à s’engager dans un accord ». * Créé en novembre 2003, il réunit une quarantaine de grandes entreprises de l’Ain (plus de 15 000 salariés, soit 20 % de l’effectif total des entreprises assujetties à la loi de 1987). CGT, CFDT, CGT-FO, CFE-CGC, CFTC : au Centre de production nucléaire d’électricité (CNPE) Bugey, à Saint-Vulbas, les cinq organisations syndicales sont unies, depuis 1990, pour signer avec la Direction de ce pôle industriel EDF un protocole d’accord local sur l’emploi des travailleurs handicapés. « C’est un des rares sujets consensuels entre les syndicats » souligne Jean-Yves Van Lemmens, délégué CFE-CGC. Triennal, le protocole définit précisément les actions en matière d’embauche, d’insertion, de formation, d’adaptation, de soutien au secteur protégé, et de divers partenariats (soutien à des expériences favorisant l’intégration sociale d’enfants ou adultes handicapés, Handisport, opération Don du sang au profit d’associations…). « Un des volets sur lequel nous sommes très sensibles est le plan d’embauche (recrutement et suivi). Dans le dernier protocole, la Direction s’est engagée à recruter au moins trois personnes handicapées sur les trois ans. Nous sommes intransigeants sur le respect de cet accord. À nous de mettre l’aiguillon pour que les bonnes intentions ne restent pas dans les cartons! ». De la préparation du personnel à accueillir une personne handicapée jusqu’au suivi de son embauche, les organisations syndicales l’accompagnent. Ouvrir les mentalités En 2003, sur un effectif total de 1350 agents, le CNPE emploie 35 personnes handicapées, dont 14 reconnues TH par la Cotorep. « C’est souvent difficile pour quelqu’un de dire qu’il est handicapé. Beaucoup préfèrent que ça ne se sache pas dans leur service. Ils ne demandent pas la reconnaissance Cotorep, qu’ils ressentent comme dévalorisante ». Reconnus TH ou pas, la majorité ont été recrutés « grâce aux cinq protocoles déjà signés ». Tous sont handicapés physiques. « Gérard Masson, conseiller du président d’EDF France – et lui-même handicapé en fauteuil roulant –, souhaite ouvrir l’entreprise aux personnes handicapées mentales. Mais en France, les mentalités ne sont pas encore prêtes, il faudra encore bien une dizaine d’années pour voir des handicapés mentaux dans les entreprises, même à l’accueil, comme aux États-Unis ». CGPME : agir à l’intersection des besoins des entreprises et des TH Depuis fin 2002, la CGPME Rhône-Alpes (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) œuvre pour l’accès à l’emploi des travailleurs handicapés, en partenariat avec l’Agefiph. « Nous travaillons à l’intersection des besoins de compétences des entreprises, en proposant des services de gestion des ressources humaines, et des besoins des travailleurs handicapés, avec les structures d’insertion et d’accompagnement » explique Laurence Dhaler, chargée de mission. En 2003, plus de 600 entreprises ont participé à des réunions d’information. 31 se sont engagées dans des plans d’action (recrutement, formation…). Une vingtaine d’embauches ont été réalisées, dont les trois quarts en CDI, et une cinquantaine d’offres d’emploi récoltées. • 24 • InterAction n° 41 • juillet 2004 L’intégration loi 1901 Peut-on faire plus et mieux pour que les handicapés participent à la vie associative? Plus parce que des initiatives ont été prises, depuis longtemps, particulièrement dans l’Ain. Mieux parce que bien des réticences restent à vaincre « des deux côtés ». Il revenait à la ville de Bourg le mérite d’avoir posé cette question lors d‘un forum « Associations et personnes handicapées: quelle intégration? ». En toile de fond, Colette Godard, maire-adjointe aux affaires sociales et à la solidarité, souhaitait donner tous les gages de réussite à une démarche qui nous sortait des habituels débats sur l’insertion des handicapés dans l’emploi. Le rapprochement n’est pas vain: autant les textes de loi sont précis sur la nécessité pour toute entreprise de participer à l’emploi de personnes handicapées, autant ils sont muets sur leur participation à la vie associative, mises à part quelques pétitions de principe que n’ont pas attendu certaines associations pour les mettre en pratique. La prochaine loi sur l’égalité des droits et des chances sera peut-être plus loquace. Encore que l’on voit mal comment cet appel à la participation et à la citoyenneté puisse se résoudre par des quotas. Aucun des responsables associatifs invités à ce forum n’entend négliger ce droit d’accès même si l’intégration des personnes handicapées ne va pas sans poser quelques difficultés. Les cinq associations invitées à témoigner de leur expérience n’ont pas caché qu’il y en avait mais que ces obstacles ne sauraient fermer les portes d’associations qui se sont enrichies de cet apport. Alain Goudard, pionnier avec son ensemble Résonance contemporaine qui réunit depuis 25 ans handicapés mentaux et musiciens, a su analyser dans une intervention très dense tous les bienfaits d’un tel rap- prochement. Lieu de rencontre et d’épanouissement, de brassage et de confrontation, l’association devient ainsi une école de la tolérance et un lieu de dignité. • A.G. Témoignages et ressources Cinq associations sont venues apporter leur témoignage: l’Espace Loisirs UFCV (accueil d’enfants dans les centres de loisirs), la Pétanque burgienne (avec la participation de personnes handicapées à des concours), le Club loisirs initiation plongée (qui fait découvrir un autre environnement) et le groupe sportif Carriat-Basket Bourg (un club qui donne l’exemple depuis plus de vingt ans). Jacques Laderrière intervenait au titre de Handisport qu’il préside puisque la cause le passionne. La ville avait aussi invité Jacques-Henri Sticker, universitaire et membre du Centre national d’études et de recherches sur les handicaps et les inadaptations, qui eut le mérite de mettre en perspective les données sociologiques et sociales, les carences législatives et les oublis réglementaires. Le texte de son intervention est disponible au service communication de la ville de Bourg, ainsi qu’un dépliant ressources destiné aux associations. ● Danse, musique et handicap L’Irrégulier : appel à la curiosité « Un corps handicapé a beaucoup à dire et à offrir, au-delà de la question de la souffrance qu’il peut induire », souligne Émilie Borgo, danseuse, fondatrice de la compagnie Passaros, à l’initiative de la première édition du festival L’Irrégulier. Du 11 octobre au 27 novembre, celui-ci invitera à ouvrir le regard et la réflexion sur la pratique chorégraphique et musicale contemporaines avec des artistes en situation de handicap. Au programme, du 11 au 16 octobre: des créations de compagnies mêlant personnes handicapées et valides, venues de Rhône-Alpes, de Suisse, d’Angleterre et d’Espagne, et une conférence, au théâtre de Bourg, ainsi que des rencontres et ateliers à l’IUFM. Le 15, la journée Culture et handicap, au centre culturel Aragon à Oyonnax, organisée par l’association pôle ressources Résonance Contemporaine, permettra d’aborder diverses questions lors de débats et tables rondes, ponctués de présentations artistiques et de témoignages. Des stages ouverts à toute personne, avec ou sans handicap, et animés par des artistes programmés lors du festival, sont également mis en place jusqu’à fin novembre – d’autres sont en projet en 2005 –, ainsi qu’un atelier bimensuel, à la salle des fêtes de SaintJust. Soutenu par divers partenaires*, L’Irrégulier se veut « appel à la particularité, à la curiosité et à l’écoute de l’autre ». Appel est lancé. Tél. 06 61 94 04 44 E-mail : [email protected] • A.P. * Région, Conseil général, L’agglo, ADDIM de l’Ain, CFMI (Centre de formation de musiciens intervenants) de Lyon, MAS Le Villa-Joie, villes de Bourg, SaintJust et Oyonnax, associations… © Yvette Louis Points de vue patronal et syndical © Service communication Ville de Bourg-en-Bresse ● Associations et personnes handicapées Élaborée au fil de trois ans de rencontres et ateliers par six résidents et deux aides médico-psychologiques de la maison d’accueil spécialisé Le Villa-Joie (Saint-Just), avec cinq artistes professionnels (danse/chant) et deux techniciens, le spectacle « Ouvrez la porte – échappé(e)s » a fait l’ouverture de la Semaine de la danse organisée par l’Addim de l’Ain, en mai. À l’affiche ensuite du festival Danse-Habile à Genève, il sera sur la scène du théâtre de Bourg, avec une autre création suisse, le 16 octobre. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 25 • Adapei CENTRES DE VACANCES Le ciel, le soleil et la mer Les activités sont encadrées par un animateur pour deux vacanciers. Créée il y a une trentaine d’années, l’association Handi Cap vacances de l’Ain propose des séjours aux enfants, adolescents et adultes handicapés. Un service peu répandu qui a pu se développer grâce à l’aide logistique de l’ADAPEI. ux vacances estivales sont associés le soleil, la mer, la liberté, le repos… et l’inquiétude pour les parents d’enfants handicapés. Les institutions spécialisées se mettant elles aussi au vert, il faut trouver à l’enfant ou à l’adulte un lieu adapté à son handicap où il peut passer ses vacances. Les centres de vacances spécialisés dans ce type d’accueil sont rares et les familles se « Découvrir de nouveaux horizons sentent coupables d’“abandonner” leur et de nouvelles enfant pour prendre personnes » elle aussi des congés. « C’est en fait un besoin, aussi bien pour lui que pour nous. Avec les camps de vacances, Hervé découvre de nouveaux horizons et d’autres personnes » témoigne Gérard Boulanger, père d’Hervé, 29 ans, qui fréquente les centres de vacances depuis douze années. Chaque été, l’association, HandiCap vacances de l’Ain fondée par les parents d’un enfant handicapé, permet à une centaine d’enfants, d’adolescents et d’adultes de partir eux aussi, deux ou trois semaines. L’appui de l’ADAPEI, à la fois administratif et logistique (centres et véhicules prêtés), a aidé à proposer un service plus adapté. A Péronnas, qui dispose de 22 places pour polyhandicapés et handicapés mentaux ; Sauvian (Hérault), où les 15 “estivants”, de 18 ans et plus, logeront sous les tentes d’un camping ; un centre de vacances à Béziers qui accueille 15 adultes avec une bonne autonomie. Outre le manque de structures spécialisées, les parents sont confrontés à un deuxième obstacle: le coût du séjour. « En moyenne, le prix d’un séjour gravite autour de 1400 euros pour 20 jours, ce qui se justifie par les moyens et l’encadrement spécifiques utilisés. Pour une famille ou pour un adulte handicapé qui ne peut bénéficier d’aides, cette dépense représente une part importante de leur budget », remarque Aimé Buiret, conseiller technique de l’ADAPEI. Les enfants et adultes reçus en priorité sont pensionnaires des établissements de l’ADAPEI de l’Ain ou ayant des parents adhérents à l’association. Les jeunes provenant de départements limitrophes représentent les deux tiers des vacanciers. Nouvelle priorité Cette situation a engendré récemment des tensions. « Nous avons eu des problèmes avec un directeur d’institut spécialisé qui s’est déchargé de En institut ou en camping Les séjours proposés sont au minimum de deux semaines. «Une semaine, c’est trop court: pour les enfants, car ils n’ont pas le temps de s’adapter, et aussi pour l’association, qui doit mobiliser beaucoup de moyens sur une petite période », note Jean-François Mansuino, président d’Handi-Cap vacances de l’Ain. Cette année, trois destinations sont proposées: l’IME le Prélion (ADAPEI) à • 26 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Les centres de vacances prévoient aussi des sorties en centre-ville. ses responsabilités envers un jeune de sa structure se montrant très violent dans notre centre. Lors de l’inscription, il est mentionné que les gens de l’association qui travaillent dans les centres n’appartiennent pas au monde du handicap », souligne le président. Après de mûres réflexions, les centres n’accueillent cette année que des enfants ou adultes handicapés du département. « Nous souhaitons faire bouger les organismes qui ont autorité dans le domaine et qui, sur le modèle d’Handi Cap, pourraient monter un réseau comparable au nôtre ». Par conséquent, l’accueil se fait sur trois centres au lieu de six auparavant. Autre sujet, récurrent celui-ci : le recrutement de professionnels. « Même si le recrutement s’est ouvert à un nombre plus large de candidats depuis 2003, ce qui nous a facilité la tâche, nous rencontrons chaque année des difficultés pour trouver le personnel d’encadrement » note Aimé Buiret. En ce qui concerne le recrutement des animateurs, le diplôme requis est le BAFA (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), «bien souvent peu adapté à notre type de vacanciers. En général, les animateurs sont novices en la matière, et pour les professionnels, cela demande une démarche encore plus rigoureuse qui se base sur l’approche de la personne ». Une rigueur qui paie pour les deux parties. « Pour les jeunes animateurs, cette première expérience est une révélation pour la suite de leur parcours professionnel ». Les vacanciers, eux, repartent avec un cahier, des photos de leurs activités et l’envie de retrouver l’année prochaine toute une équipe qu’ils connaissent bien. « Hervé a besoin de repères pour se rassurer. Une fois qu’il s’est adapté, il veut retourner dans le même centre, non pas pour le site mais pour son directeur et ses animateurs qu’il est sûr de retrouver » affirme Gérard Boulanger. • S.C. Les séjours dans l’Hérault sont destinés aux personnes les plus autonomes. ● Naissance de l’association Au début des années 70, la famille Vialatte, originaire d’Oyonnax, connaissait la situation “classique” de parents d’enfant handicapé: ne pas trouver, dans le département, un centre pouvant accueillir leur enfant pendant les vacances. Ils ont donc décidé de créer une association pouvant fournir ce service et d’ouvrir un centre qu’ils ont géré euxmêmes. Leur fonction d’administrateurs au sein de l’ADAPEI a permis de développer l’association en bénéficiant d’une mise à disposition de centres, de véhicules adaptés et d’une aide administrative. C’est à partir de cette collaboration que l’association s’est appelée « Handi Cap vacances de l’Ain ». Aujourd’hui, l’association accueille lors de ses séjours près de 70 % d’handicapés lourds. ● Une fiche pour évaluer l’autonomie À chaque centre ou camp de vacances correspond un degré d’autonomie requis. Une fiche d’évaluation du degré de dépendance permet au personnel encadrant de former des groupes homogènes. Cette fiche classe deux types d’autonomie: psychique et physique. De A pour une bonne autonomie mentale à D pour une prise en charge très importante, nécessitant des locaux et du matériel adaptés. Et de 1 (pas de problèmes moteurs) à 4, relevant de la présence d’une tierce personne. À la fin du séjour, les vacanciers rentrent avec des photos des activités. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 27 • OPAC LOCATAIRES EN DIFFICULTÉ L’immeuble collectif Le Rempart, à l’Isle-d’Abeau. À l’agence OPAC de Belley, les intervenantes d’action sociale rencontrent les nouveaux locataires en situation précaire dès la signature du bail, afin de les aider à prévenir les risques d’impayés. vaut prévenir que guérir: le sage prinM ieux cipe s’applique déjà depuis longtemps au sein des agences de l’OPAC de l’Ain, où les intervenantes d’action sociale aident les locataires en difficulté à limiter les impayés, étaler leurs dettes et éviter d’aller jusqu’au service Contentieux. Depuis janvier 2003, à l’agence de Belley, il s’applique le plus en amont possible, c’est-à-dire avant même l’installation du nouveau locataire dans son logement. « En faisant les recouvrements de loyers, on s’aperçoit que certaines familles fragiles sont débitrices dès le premier mois », explique Agnès Chenavier, intervenante d’action sociale sur les secteurs de Belley et Lagnieu. De ce constat est née la volonté de mener une action ciblée visà-vis des nouveaux entrants en situation précaire (familles vivant des prestations familiales, jeunes quittant le toit parental, personnes quittant un CHRS, un centre d’accueil de demandeurs d’asile ou autre hébergement transitoire). Aider dès l’entrée dans le logement Après proposition et accord du responsable d’agence, l’action a démarré en janvier 2003. Première étape: « repérer » ces familles dites fragiles, parmi la liste des futurs locataires. Seconde étape: les contacter afin de les convier à un entretien, si possible entre leur première visite du logement et celle où sera établi l’état des lieux. La rencontre est « Certaines familles brève (15 à 20 mn) fragiles sont débitrices mais active et efdès le premier mois. » ficace: «Je leur demande toujours de venir avec le dossier APL, ce qui permet de le compléter si besoin et de le faire partir à temps. En 2003, j’ai ainsi pu “récupérer” 23 dossiers. Je leur propose aussi le prélèvement automatique, qu’ils acceptent environ une fois sur trois – c’est important car nombre de dossiers de prélèvement sont refusés plus tard –. J’explique l’importance de l’attestation d’assurance habitation, les conditions de cautionnement. Je rappelle les règles simples du respect du voisinage (bruit, poubelles…). Pour les jeunes dont c’est le premier logement, j’aborde aussi la taxe d’habitation : souvent ils sont surpris car ils ne connaissaient pas son existence ». des difficultés pour l’ouverture des droits au RMI suite à une séparation du couple…). Un bilan positif au vu de l’objectif, qui n’est aucunement d’arriver à une valeur absolue de 0 % de dettes mais bien «d’essayer de comprendre et de suivre au mieux ces familles dites fragiles, de les aider dans leurs démarches administratives et de leur faire comprendre l’importance d’avoir un toit (d’où l’intérêt de régler régulièrement ses loyers) ». • A.P. ● Le parc géré par l’agence de Belley se répartit sur quatre vastes secteurs géographiques : Belley et environs (1 036 logements), Lagnieu et environs (959 logements), le plateau d’Hauteville (431 logements) et L’Isle-d’Abeau en Isère (687 logements). Ici, des pavillons individuels à Lagnieu. • 28 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Présente à l’agence de Belley le lundi, mardi et jeudi, Agnès Chenavier assure une permanence le vendredi à l’agence de Lagnieu. Qui sont les entrants 2 003 ? En 2003, sur l’ensemble du parc immobilier de l’OPAC (21544 logements), 40 % des nouveaux locataires ont des ressources inférieures à 1067 €/mois. La part d’entrants se situant dans la tranche supérieure des plafonds de ressources (1667 €/mois) est passée en trois ans de 27,1 % à 25,8 %. Le taux de personnes isolées augmente également, de 30,4 % à 31,3 %, ainsi que celui des moins de 25 ans, d’environ 16 % à 24,4 %. 12,7 % des entrants 2003 ne bénéficient que de ressources de solidarité. Intervenante d’action sociale sur les secteurs d’Hauteville et L’Isle-d’Abeau, Véronique Jacob s’efforce également de rencontrer les familles fragiles au plus tôt dès leur entrée dans le logement. « C’est un travail de proximité, un vrai travail d’action sociale. Quand on reste dans les listings et les relances, ce n’est pas là où on peut toucher les gens ». Chercher une solution ensemble Au-delà de ce premier entretien, la relation se poursuit: «Les familles se sentent sécurisées: elles savent qu’elles ont un interlocuteur, qu’elles peuvent m’appeler si elles sentent qu’elles auront des difficultés pour payer le mois suivant, qu’on cherchera une solution ensemble ». Sur les 40 familles rencontrées en 2003, 26 étaient à jour de loyer au printemps 2004 (les autres situations étant diverses: 3 personnes avaient quitté le logement, 3 plans d’apurement des dettes étaient en cours, une personne déjà expulsée par l’OPAC et avec qui le dialogue s’avère impossible risquait de nouveau l’expulsion, une autre avait ● Un nouveau dispositif pour prévenir les expulsions Quartier Sonod, à Belley. Un nouveau dispositif visant à éviter l’expulsion de locataires de bonne foi, en impayés de loyer du seul fait de leur situation financière, a été mis en place par le ministère du Logement en lien avec l’Union sociale pour l’habitat. Il sera proposé à tout ménage faisant l’objet d’une procédure en cours (à l’exception de ceux qui perturbent réellement par leur comportement la vie de leurs voisins) de signer un protocole avec le bailleur et l’État, par lequel: • le locataire s’engage à reprendre immédiatement le paiement de son loyer, accepter si besoin un accompagnement social, participer à l’élaboration et l’exécution d’un plan d’apurement de la dette; • le bailleur s’engage à suspendre la procédure d’expulsion tant que le locataire respecte le protocole, participer à l’élaboration et au suivi du plan d’apurement de la dette; • le préfet s’engage à maintenir ou rétablir l’APL, mobiliser les autres dispositifs d’aide, veiller à ce que la commission de surendettement adapte le « reste à vivre » pour les ménages surendettés. ● Premier bilan En 2003, sur les secteurs de Belley et Lagnieu, Agnès Chenavier a rencontré 40 nouveaux entrants en situation précaire (13 familles monoparentales, 13 couples avec ou sans enfant, 14 célibataires): • 19 vivant des prestations familiales (RMI, API) • 7 travaillant en CDI (dont 5 jeunes entrant dans leur premier logement) • 6 en CDI ou intérim • 6 percevant les indemnités de chômage. 24 familles avaient une garantie FSL. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 29 • Interlignes Orsac ● Forum Initiatives Décor à ciel ouvert Les jeunes, côté cour et côté jardin Le forum Jeunes porteurs d’initiatives organisé fin avril par la Mission locale de Bourg a connu deux ambiances. Celle, feutrée et officielle, de la salle de conférence d’Ainterexpo où, aux discours d’ouverture succédaient les interventions d’un sociologue (Olivier Galland, qui traita des jeunes aujourd’hui) et du responsable au ministère de la Jeunesse et des sports du dispositif Envie d’agir, Thierry Delanoë. Assistaient à ces séances studieuses les partenaires habituels de la MLJ, quelques jeunes et très peu d’élus, public pourtant ciblé par les organisateurs qui entendaient, avec ce premier forum, offrir une autre manière de regarder la jeunesse d’aujourd’hui. Celle qui se bouge, celle qui entreprend, celle qui prend des initiatives, mot clé de la journée. Tout autre était l’ambiance dans le rez-de-jardin, où étaient disposés des stands, et là où les jeunes étaient invités à donner libre cours à leur expression. Bee-bop et théâtre ont ravi un public bon enfant. Passionnants furent aussi les quatre ateliers qui, sur des thématiques très diverses (la création ou la reprise d’entreprise; les jeunes en insertion; les aides et le soutien à l’initiative des jeunes; élus locaux, jeunes et citoyenneté), ont offert, de l’avis de tous, des débats de grand intérêt. On en retrouvera d’ailleurs très largement trace dans le numéro prochain du Temps des Jeunes que publie deux fois par an l’Observatoire de la Jeunesse où coopèrent élus locaux et Mission locale. Peintures, sculptures et même écritures font partie du sentier. Après plus d’un an, les résidants des foyers de la Roche Fleurie, à Prémeyzel, voient leur travail aboutir avec l’inauguration du sentier de la Pierre Noire, véritable aventure humaine et culturelle. À suivre en 2005 Théâtre et hip-hop (avec le groupe DK’dansent) ont animé le début d’après-midi, avant les quatre ateliers-débats lors desquels des jeunes tels Nicolas, apprenti en productique, et Cédric, cascadeur professionnel, ont témoigné de leurs expériences. Y aura-t-il un forum l’an prochain? Si l’organisation de cette journée n’est pas une mince affaire, son utilité n’est pas à démontrer. Et les occasions de s’intéresser au sort de la jeunesse pas si fréquentes. Deux constats mis en avant par Xavier Breton, président délégué de la MLJ de Bourg. Si la volonté politique s’affirme pour dupliquer le forum, les financements devraient suivre. Les élus et le comité de pilotage auront à se prononcer sur cette question début juillet. Avec des objectifs plus ambitieux: affirmer le caractère départemental de cette Démonstrations (ici, de secourisme avec la CroixRouge) et rencontres ont rythmé la journée. initiative, la rapprocher du centre-ville, plus facile d’accès pour les jeunes et, surtout, mobiliser des élus qui ne savent jamais trop bien comment répondre aux attentes des jeunes. • A.G. a route continue… et bifurque sur un sentier. Depuis dix ans, le foyer de la Roche Fleurie, à Prémeyzel, s’est engagé dans une voie qui en fait maintenant sa particularité: les pratiques artistiques. L’aventure a débuté avec des ateliers d’écriture, de lecture et de chant choral et évolué vers un partenariat culturel et artistique depuis 2001 avec le lycée Quinet de Bourg-en-Bresse et le conservatoire de musique de Belley. En 2002, dans le cadre des journées Culture et handicap, les résidants présentaient “Rayon haute-fidélité”, un livre de poèmes mis en spectacle un an plus tard avec les chorales du CPA et de Roche Fleurie et l’orchestre du lycée Quinet. « La participation de la chorale “Champ de ciel” à ce genre de manifestation a été timide, nous croyions que c’était juste une petite expérience. Lors du premier spectacle, l’accueil magistral du public nous a montré une ouverture, un grand départ sur quelque chose de nouveau » affirme François Dezecache, directeur du foyer… L Un parcours “naturo-artistique” ● « Tanekas » Le défi du sourire Ce groupe de quatre étudiants de l’IREIS (Institut régional européen des métiers de l’intervention sociale) de Bourg-en-Bresse a monté un projet humanitaire au Bénin, à Cotonou. Durant un mois et demi, ils seront au milieu d’une quinzaine d’enfants, âgés de 6 à 20 ans, pensionnaires de l’orphelinat géré par l’association française Ahoué-noukoui (la Maison du sourire). Là-bas, ils se consacreront aux jeunes, moins encadrés pendant les vacances. « Les besoins en “main-d’œuvre” sont plus importants que le matériel » souligne Isabelle Menault, candidate au départ. Soutien scolaire, activités photo, initiation à l’informatique, actions de prévention du sida auprès du personnel… le programme est consistant. Autre intervention: la gazette de l’orphelinat. « Ce que nous souhaitons, c’est pérenniser la formation en informatique du per- • 30 • InterAction n° 41 • juillet 2004 sonnel. Avec la gazette, le but recherché est que les enfants se l’approprient » précise Thomas Chapard. Le coût financier du projet est estimé à 7500 €. Collecte de matériel auprès de partenaires, vente de brioches, de tickets de tombola et autofinancement ont permis au groupe de fournir la moitié de la somme. Inscrit dans le cadre du dispositif Défi jeunes, le projet a été retenu, décrochant au passage 3000 €. « Cela fait plaisir de voir que nous n’avons pas été les seuls à croire en ce projet » ajoute Isabelle Menault. Le budget est quasiment bouclé. « Nous organisons un repas de fin d’année, histoire de nous retrouver et de collecter encore un peu d’argent ». Il reste à boucler les valises: l’aventure débute fin juillet. Plus d’une cinquantaine de résidants ont participé au projet. La nouvelle ouverture s’illustre avec le partenariat avec une commune en Savoie, Chanaz. Là-bas, un sentier doit son nom à de nombreux contes et légendes: la Pierre Noire. À partir de cette histoire, les partenaires ont imaginé son cadre, en utilisant le patrimoine naturel. Un décor « naturel » habillé de créations artistiques, qui évolue au fil de la légende. La réalisation de ce sentier de découverte a mobilisé pendant plus d’une année une cinquantaine de résidants du foyer, répartis en ateliers de création, chacun spécialisé dans une étape du projet. Écriture, peinture, sculpture et même musique et bruitages constituent le “squelette” du sentier avec ses personnages: Becbouche le sorcier, Chéplu le musicien ou Bredouille le pêcheur. « Ces silhouettes ont été calquées « La vie artistique est sur celles de cerl’avenir de l’insertion » tains résidants. Une fois peintes et terminées, nous nous sommes rendu compte que nous reconnaissions, à travers les personnages du conte, les résidants », note le directeur. Outre la participation des éducateurs, le foyer a fait appel à un conteur, Ti’Pierre, pour aider dans la conception du récit, qui est aussi disponible sur CD. Utile et beau À travers cette démarche, le but est « de développer les autres moments de la vie des résidants. Nous sommes un foyer occupationnel leur fournissant une prise en charge adaptée. À la Roche Fleurie, nous avons dépassé le cadre d’une prise en charge logistique avec une identité, une vie propre qui passe par l’expression artistique. La vie artistique est l’avenir de l’insertion». Car sous ce projet se dessinent de nouvelles perspectives: la prestation artistique va servir, être reprise par la société, non pas par le biais du handicap mais par celui de l’art. « Peut-être que les instituteurs de Chanaz se rendront sur le sentier pour l’utiliser comme support pédagogique pour leurs élèves » remarque François Dezecache. Une création utile et agréable à la fois, qui ne manque pas de toucher ceux qui côtoient au quotidien les résidants, «pas parce que nous les connaissons mais parce que c’est tout simplement beau», précise Michel Dufour, directeur adjoint du foyer. • S.C. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 31 • MSA/Conseil général ACCUEIL DES PERSONNES ÂGÉES Créer ensemble des solutions locales Concept créé par la MSA, les MARPA (Maisons d’accueil rurales pour les personnes âgées) ont fait leur apparition dans le département en 1994, avec l’ouverture de la MARPA de Manziat. L’idée a aussi séduit dans des secteurs péri-urbains : trois communes de L’agglo se sont lancées dans le projet d’une PUV (Petite unité de vie). Pour toutes ces municipalités, la réalisation de cette entreprise repose d’abord sur un fort appui de la MSA et du Conseil général. • 32 • InterAction n° 41 • juillet 2004 • Une nouvelle génération d’accueil ciaire de cette allocation» note Souleymane Thiam, responsable Personnes âgées au Conseil général. « L’APA à domicile et le régime d’un établissement sont difficiles à intégrer dans une seule et même gestion. L’idée a été de créer une convention pour toutes les structures de ce type en s’appuyant sur le décret d’application de novembre 2001 ». Comme chez soi, le choix en plus. Celui de se faire à manger dans son appartement, de se faire livrer un repas ou bien de le préparer et de le partager avec d’autres personnes. La vie en communauté à deux pas de porte. Moins de 25 logements, appartements individuels, intégrés dans un ensemble comprenant des lieux de vie • Familles et habitants : commune : salon, salle de jeux, coin télé… où des partenaires indispensables les résidants ont un statut de locataire ordinaire. Les MARPA sont un label MSA. Le concept est Une responsable de structure, aidée d’assisfondé sur une démarche de développement lotantes de vie, assure la gestion et l’accompacal. Sa mise en œuvre s’appuie sur une volonté gnement des résidants. Implantée en milieu conjointe du Conseil général et de la MSA qui rural, la MARPA participe au développement lose concrétise dans une prestation d’ingénierie cal et maintient les personnes isolées dans leur auprès des collectivités locales. L’originalité du milieu de vie. À l’heure ac- « Ce projet est pensé avec concept réside aussi dans le volet social: les habitants sont les “bâtisseurs” de la MARPA. Dès tuelle, il existe et pour les habitants » le départ, ils sont sollicités. Une fois les quesdeux MARPA tionnaires établis par la MSA pour connaître le dans le département: à Montracol et à Manziat, qui possède deux structures satellites, Dommartin et Bagé-la-Ville. En fonctionnement depuis 1994, elles ont fait office de laboratoire, attirant l’attention de beaucoup d’élus du département. Deux nouvelles structures de ce type vont voir le jour, une à Saint-Étienne-du-Bois, l’autre sur Saint-Jean-le-Vieux. Les demandes ne cessent de croître. « Nous avons reçu 21 candidatures, dont plus de la moitié viennent du Bugey » indique Fabienne Le Page, responsable de l’action sociale à la MSA. Cet engouement fait écho à la loi APA (Allocation personnalisée d’autonomie) qui reconnaît désormais la spécificité des PUV (Petite unité de vie). « Cela nous a posé des problèmes sur la définition de la prise en charge de la personne âgée bénéfi- Manziat a été la première commune d’implantation d’une MARPA. type des besoins, la commune s’occupe de les faire passer par le biais d’enquêteurs bénévoles. « Notre rôle est d’impulser une démarche de développement local. Ce projet est pensé avec et pour les habitants » souligne Fabienne Le Page. L’investissement repose aussi sur la mobilisation de la population. Il revient à eux de construire les fondations du projet, en créant une association gestionnaire de la MARPA. La Préparer seul ou partager son repas : les résidants ont le choix. première tâche à laquelle elle doit s’atteler est le projet social. Pour chaque MARPA, nous appuyer sur le réseau de professionnels il est différent car établi en fonction de la pocompétents en la matière » précise Jeanine pulation résidante et du tissu local associatif. Perret, vice-présidente de l’association de SaintAutre partenaire, vital pour le projet de vie des Étienne-du-Bois. résidants: la famille. « Attention, ce n’est pas un lieu où l’on dépose la personne et l’on ne s’en sou• La “petite dernière”, à Saintcie plus » prévient Noëlle Ribot, adjointe aux Étienne-du-Bois affaires sociales de Viriat, où va se construire une PUV (Petite unité de vie). L’environnement Le projet de la MARPA de Saint-Étienne-du-Bois, est primordial, surtout pour une personne qui ouvrira ses portes au mois d’octobre, a été vieillissante, en perte d’autonomie. « S’engager monté avec la participation de trois communes dans l’accompagnement des personnes âgées doit environnantes: Bény, Courmangoux et Villemotier. se faire dès le départ. C’est, en quelque sorte, un Ici aussi, une structure de ce type était très atengagement moral des familles et des proches » tendue par la population. « C’est une bonne soutient Solange Michelle, adjointe au maire de idée qu’il y ait quelque chose pour nos anciens Saint-Denis-lès-Bourg. qui, faute d’hébergement adapté, partaient La construction d’un tel établissement est souailleurs » souligne Jeanine Perret. L’association, mise à des autorisations: du président du Conseil créée pour la circonstance en 2000 et constigénéral et du CROSMS (Comité régional de tuée essentiellement de bénévoles, est engagée l’organisation sociale et médico-sociale). «La phase dans la phase finale du projet. « Nous avons emde création, de montage du dossier est cruciale. bauché la responsable de la structure, fait visiL’association doit être présente et réactive: c’est ter la maison aux personnes âgées intéressées. un effort de tous les instants» insiste Marcel Pépin, Après quatre ans de chantiers, nous rentrons dans président de l’association gestionnaire de la le concret. La vie de l’association va s’organiser MARPA de Saint-Étienne-du-Bois. désormais autour de l’accompagnement des réStructure non médicalisée, la MARPA accueille sidants » déclare Marcel Pépin. Dernière touche des personnes ayant plus ou moins besoin d’un à la structure : l’acquisition du mobilier accompagnement médico-social. « Nous allons des parties communes. Les communes partici- InterAction n° 41 • juillet 2004 • 33 • MSA/Conseil général Créer ensemble des solutions locales L’agglo se lance dans les PUV À partir d’une étude de besoins menée par L’agglo, le projet de création de petites unités de vie, sortes de MARPA adaptées aux milieux urbain et péri-urbain, s’est orienté sur trois communes : Viriat, Saint-Denis-lès-Bourg et Péronnas. Trois expériences menées en parallèle. Viriat : « Sans un opérateur de terrain, nous allions tourner en rond » La MARPA de Saint-Étienne-du-Bois ouvrira ses portes en octobre prochain. pent à ce financement par une subvention de 15 euros par habitant. La municipalité a mis à disposition le terrain et prend en charge tous les travaux de voierie, d’aménagement des abords ainsi que la construction de la salle, réservée à l’amicale des anciens, mitoyenne à la MARPA. Cette initiative qui crée un espace partagé par les personnes âgées du secteur est propre à la MARPA de Saint-Étienne-du-Bois. L’association quant à elle locataire, paie un loyer au bailleur social qui a construit la MARPA. La maison comprend 22 logements et deux réservés à l’accueil temporaire. Pour l’instant, la liste d’attente compte une trentaine de noms. « L’admission est liée aux ressources et à l’état de santé de la personne. Une commission d’ad- Locataires à part entière, les personnes âgées meublent leur appartement. mission examinera le dossier des candidats résidants et gèrera les remplacements ». Type d’accueil souple et évolutif, la MARPA demande une gestion ajustée. « Notre charge de travail va dépendre des résidants et de leurs besoins ». • S.C. Une convention MSA – Conseil général À Bâgé-la-Ville, la structure est satellite de la MARPA de Manziat. • 34 • InterAction n° 41 • juillet 2004 Cet engagement qui va être signé en juillet 2004 entre les deux partenaires confirme leurs rôles: • celui d’ingénierie sociale pour la MSA, qui possède un savoir-faire et une expérience dans le montage des MARPA et des petites unités de vie, • celui de financeur pour le Conseil général, qui s’engage déjà à hauteur de 50 % pour le financement de l’ingénierie des MARPA et des petites unités de vie. Il accorde aussi, dans un cadre général, une subvention au financement des établissements hébergeant des personnes âgées, de 20 % d’un montant plafonné à 53000€ H.T. « Cette convention va permettre de déterminer l’évaluation de la faisabilité des projets en cours dans un comité de pilotage et de suivi », précise Odile Connord, chargée des établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) à la DIPAS. Ce comité délibère aussi sur les communes choisies pour l’installation des structures. D’ici 2008, six projets supplémentaires seront engagés dans les différentes régions du département. L’idée d’une maison pour les personnes âgées n’est pas nouvelle à Viriat; l’équipe municipale précédente avait en ce sens déjà créé une commission extra-municipale “personnes âgées”. Pour que le projet prenne forme, la municipalité a dû s’adresser à un partenaire connaissant la marche à suivre. « Nous nous sommes vite rendu compte qu’il nous fallait un opérateur de terrain. Sans lui, nous allions tourner en rond » affirme Nöelle Ribot, adjointe aux affaires sociales. Consulté, le Conseil général dirige la commune vers la MSA qui lance une enquête de besoins. « Le nombre d’anciens est assez important sur la commune. L’enquête de la MSA a fait ressortir deux interrogations majeures: “ Que va-t-on devenir en vieillissant?” et “ Où va-t-on quand on ne peut plus rester chez soi ? ”». Elle déclenche aussi une première rencontre entre le projet et la population dont une partie s’est proposée de s’engager volontairement. Le questionnaire a provoqué d’autres questions, notamment sur les conditions du maintien à domicile. « Les personnes âgées vivant chez elles doivent adapter leur logement en fonction de leur handicap, ce qu’elles ne font pas car les coûts sont trop importants ». Alors que l’équipe municipale s’engage dans la deuxième étape du projet, des thèmes de préoccupation, comme celui des services, apparaissent. « Il faudra déterminer si la personne âgée se déplacera ou si les services viendront à la PUV ». Péronnas: « Un ensemble ouvert sur le village » Sur la commune de Péronnas, 131 personnes âgées sont qualifiées de “fragiles”, c’est-àdire isolées géographiquement et socialement; 73 sont en début de perte d’autonomie, avec le besoin d’aide d’un voisin ou d’un proche pour certains actes de la vie quotidienne. Rester proche de son tissu social, tout en gardant ses habitudes, constitue la principale préoccupation des plus de 70 ans, interrogés dans le cadre du questionnaire établi par la MSA. « La petite unité de vie leur offre une alternative entre la maison de retraite et le domicile avec un avantage considérable: rester dans son milieu de vie » constate Anne Chambert-Protat, conseillère municipale. La structure sera de plain-pied comprenant les logements et une grande salle commune. « Ce lieu doit être avant tout ouvert sur le village, avec des activités à organiser avec les associations et le club du troisième âge… Bref, une maison où l’on vit et qui vit ». Saint-Denis-lès-Bourg : « Le projet social va différencier les structures » À Saint-Denis, la consultation s’est faite en deux fois. « Le premier questionnaire s’est déroulé à l’échelle de L’agglo. Peu de personnes de la commune ont été interrogées, ce qui n’a pas donné une image “fidèle” de la situation. Il était nécessaire de faire le point à notre niveau, sur l’existant et les besoins » rappelle Solange Michelle, adjointe. Ici, encore plus qu’ailleurs, l’attente de ce type de structure est très importante. « Nous avons une pénurie de logements, plus particulièrement de logements sociaux ». Le lieu d’implantation est déjà choisi: en face de la salle des fêtes, dans le quartier de la Viole. Le bâtiment sera mitoyen à une salle pouvant accueillir pendant la jour- née des activités communes entre résidants et personnes extérieures. « Après le questionnaire, nous avions une idée de la structure, autre que celle exprimée par les personnes interrogées. Notre travail est de revoir le projet social, combinant les attentes de chacun, pour obtenir une PUV spécifique à Saint-Denis ». Qu’est-ce-qu’une PUV ? Une petite unité de vie est un lieu de vie non médicalisé et accueillant moins de 25 personnes âgées. Le projet de vie proposé est le plus proche possible de celui mené à domicile: dans un environnement adapté, préservant et stimulant l’autonomie de la personne grâce à un accompagnement personnalisé. Les petites unités de vie regroupent plusieurs catégories d’accueil: • les résidences intégrées proposent aux personnes âgées locataires réparties dans différents immeubles un appartement où celles-ci peuvent se réunir ou prendre le repas. Cet appartement “commun” est sous la responsabilité d’une personne effectuant un suivi des locataires dans leur quotidien; • les domiciles regroupés tiennent du même principe que les résidences intégrées. La seule différence réside dans les lieux d’habitation des personnes âgées, en général les rezde-chaussée, moins dispersés que sur les résidences intégrées; • les MARPA sont des petites unités de vie. Elles se différencient de par leur implantation, en milieu rural. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 35 • ALFA3A Un passeport pour l’intégration Le bilan de prescription et d’évaluation linguistique fixe le nombre d’heures de formation. Au 1er juillet 2004, le dispositif du contrat d’accueil et d’intégration est mis en place. Dans quatre départements de Rhône-Alpes, dont l’Ain, ALFA3A gère auprès des signataires du contrat le bilan de prescription et d’évaluation linguistique, un outil de suivi du parcours des primo-arrivants. « Sur les plates-formes de l‘OMI, ALFA3A tiendra une permanence » explique Virginie Jeanroy, responsable du département insertion, formation et développement de l’emploi à ALFA3A. • 36 • InterAction n° 41 • juillet 2004 ’arrivée dans un pays étranger, seul ou en famille, pour des raisons politiques ou économiques, représente un nouveau départ. Tout est à apprendre dans une contrée où les repères de valeurs ne sont pas les mêmes. Une lourde barrière s’ajoute lorsque la langue du pays d’accueil est étrangère à la langue maternelle. Sans communication possible, l’intégration d’un individu est vouée à l’échec. Une formation linguistique s’avère l’élément le plus approprié dans un parcours, dont la première étape est l’assimilation. L’arrivée du Contrat d’accueil et d’intégration, géré par l’OMI (Office des migrations internationales) et fi- « Certains groupes nancé par le linguistiques risquent FASILD (Fonds de disparaître » d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations), effectif dans l’Ain le 1er juillet, formalise davantage cet aspect. Dans ce mécanisme aux rouages multiples, ALFA3A intervient dans la prestation de bilan et d’évaluation linguistique. Dans le cadre du CAI, ALFA3A sera présent sur la plate-forme de l’OMI à Lyon. Les personnes diagnostiquées par l’auditeur social de l’OMI comme appartenant au groupe 1 (communication orale impossible) et 2 (communication difficile et très difficile) seront reçues par ALFA3A, qui évaluera les besoins de ces dernières et leur prescrira un nombre d’heures de formation (variant de 200 à 500 heures) nécessaire à l’atteinte du niveau 4 du procèsverbal d’assimilation linguistique. Les personnes entrant en formation seront revues à miparcours et en fin de parcours sur les lieux de formation pour mesurer leur progression. L’objectif étant pour les signataires du CAI d’atteindre le niveau 4 de l’AMCL (Attestation ministérielle de compétences linguistiques) qui leur sera délivré par ALFA3A. La plate-forme de L l’OMI, lieu d’accueil des primo-arrivants, prévue sur l’Ain, a été installée sur Lyon, ce qui empêche les organismes départementaux tels que la CAF ou la CPAM d’être présents. Nombre d’heures insuffisant Mais trois des cinq prestations gérées par le FASILD dans le cadre d’appel d’offres (le bilan d’évaluation et de prescription linguistique, la formation linguistique et le bilan de préorientation professionnelle) ne concernent pas seulement les signataires du CAI. D’autres personnes présentant un besoin d’apprentissage du français en bénéficient déjà depuis avril 2004, sous certaines conditions : avoir plus de 26 ans, être non scolarisé ou scolarisé à niveau primaire dans son pays d’origine et avoir un niveau inférieur au bac. Dans ce cadre, 400 personnes sur l’Ain ont déjà eu une prescription de formation (soit au total 51 000 heures). Or le FASILD n’a alloué aux organismes de formation (l’IFRA, mandataire du marché et ses co-traitants) que 54000 heures pour les hors CAI et 36 000 heures pour les CAI. «Les organismes de formation raisonnent désormais en terme de stagiaires et non plus de groupe : à moins de 12 stagiaires, on ne peut pas monter un groupe. Avec ce nouveau système, certains groupes pourraient bien disparaître ». Le risque d’embouteillage à la formation est grand quand on sait qu’il y a à ce jour 300 personnes en liste d’attente. Formation modulable En fonction des besoins et des niveaux des personnes, des groupes de formation sont organisés dans le département. Ils sont répartis sur les villes de Bourg-en-Bresse (5 groupes), Ambérieu (2), Lagnieu (1), Saint-Genis-Pouilly (1), FerneyVoltaire (1), Bellegarde (4), Meximieux (1), Trévoux (1), Montluel (1), Belley (3), Miribel (1), Seyssel (1) et Oyonnax (10). L’organisme chargé de la formation linguistique, l’IFRA (Institut de formation RhôneAlpes), délivre des cours sur une période de quatre à huit mois pour les hors CAI, à raison de six et neuf heures de formation par semaine. Cette formation s’est “ajustée” selon le profil de la population, comme à Oyonnax. « Beaucoup de gens travaillent en intérim et ne vont pas s’ar- rêter de travailler pour suivre leurs cours. Dans ce cas, la formation passe à un rythme intensif, 20 heures par semaine, pour être plus efficace et perturber le moins possible leur activité », note Virginie Jeanroy, responsable du département insertion, formation et développement de l’emploi à ALFA3A. • S.C. ● Contrat d’accueil et d’intégration Le CAI a été créé dans le cadre de la nouvelle politique gouvernementale d’accueil des primoarrivants. Expérimenté en 2003 dans 12 départements (dont le Rhône), il concerne, en 2004, 26 départements supplémentaires. Ce contrat lie par des engagements réciproques le signataire et le pays d’accueil. Les signataires du CAI doivent assister obligatoirement à la journée de formation civique. La journée Vivre en France et la formation linguistique sont quant à elles facultatives. La formation civique, répartie sur six heures, traite de l’organisation et du fonctionnement de l’État et des collectivités territoriales, de l’accès à la nationalité française, de la citoyenneté des grands principes de la France: liberté, égalité, fraternité. La journée d’information sur la vie en France, optionnelle, s’établit en fonction des besoins et des demandes sous forme de modules sur les thèmes de la santé, du logement, de l’éducation, de la Après le bilan, la formation linguistique dure de quatre à huit mois. formation et de l’emploi. Les personnes sont réparties selon trois groupes de niveau linguistique. Pour les personnes des groupes 1 et 2 qui ont reçu un bilan de prescription linguistique, l’étape suivante est celle de la formation linguistique, d’une durée de 200 à 500 heures selon le niveau initial. À mi-parcours et en fin de parcours, chaque bénéficiaire de la formation fait l’objet d’un suivi linguistique destiné à s’assurer de sa progression. Ce cursus linguistique est validé par la délivrance d’une Attestation ministérielle de compétences linguistiques (AMCL) classée en trois degrés correspondant au niveau atteint. À ce moment-là, un bilan d’orientation professionnelle peut être dressé. Le signataire est mis en relation avec les organismes susceptibles de l’aider dans la suite de son cheminement comme les services sociaux, les organismes de formation professionnelle, les antennes VAE (Validation des acquis de l’expérience)… FASILD Établissement public national à caractère administratif, le Fonds d’action et de soutien pour l’intégration et la lutte contre les discriminations, créé en 1958, est rattaché au ministère des Affaires sociales, du travail et de la solidarité, compte 21 antennes régionales. Sa mission de service public s’oriente sur deux points essentiels: soutien à l’intégration et lutte contre les discriminations. En matière d’intégration, le FASILD accompagne les personnes étrangères et les conjoints de Français rejoignant légalement le territoire, en leur facilitant l’accès aux éléments de la vie quotidienne (enseignement, logement, emploi…). Son soutien à la lutte contre les discriminations s’illustre sous la forme d’actions de sensibilisation d’acteurs publics et privés et d’aide à l’élaboration de méthodes de prévention. Exemple: le projet Equal, issu du programme du même nom provenant du Fonds social européen (FSE), a pour objectif de lutter contre les discriminations raciales dans la sphère du travail et de l’emploi en mettant au point des formations pour les agents du service public adaptées pour faire face aux pratiques discriminatoires. Ce projet intègre un partenariat avec le Portugal et le Danemark. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 37 • Interlignes jeunes Zoom jeunes l Redonner confiance aux ados en difficulté l Bourg Habitat Sports l Jeunes tuteurs à Belley À l’institut de rééducation L’Arc-en-Ciel (ORSAC) à Trévoux, depuis janvier, neuf jeunes s’initient aux arts du cirque lors d’un atelier hebdomadaire animé par trois éducateurs, « avec pour but de monter eux-mêmes un vrai spectacle » explique Claire Brasseur, éducatrice spécialisée. Le 18 juin, ils ont présenté leur création aux résidants de la maison de retraite de Saint-Bernard. Première expérience positive: « Ils ont été épatants! L’échange avec les personnes âgées a été très enrichissant, les a encouragés, leur a redonné confiance en eux. Ils ont été surpris aussi de pouvoir être si bien accueillis à l’extérieur ». Le 22 juin, « l’Agence Too Cirque » donnait sa deuxième représentation, à l’école primaire Poyat à Trévoux. À public différent, « inquiétude différente ». Mais là aussi, bilan positif : « À la fin, ils ont même improvisé un numéro de clown. Ils ont senti qu’ils pouvaient apporter quelque chose aux autres, le sourire, le rire ». Un point essentiel pour des ados en souffrance. Après sa troisième représentation, le 26 juin lors de la fête de l’institut, l’atelier cirque devrait reprendre à la rentrée. Peut-être pour d’autres rencontres intergénérationnelles… Après une première initiative encourageante en 2003, Bourg Habitat a relancé cette année son opération estivale de sensibilisation des 8-14 ans à la pratique sportive, menée en partenariat avec les clubs de la ville et le service des sports, et visant à lutter contre l’ennui et l’inactivité. 1366 jeunes locataires ont reçu un courrier nominatif en avril, leur proposant une initiation gratuite de 2 heures au basket, hip-hop, foot, handball, judo ou rugby, un mercredi ou samedi, en mai, juin et septembre (autorisation parentale exigée). Fin mai, près de 200 enfants avaient renvoyé leur inscription. Une vingtaine de jeunes ont participé à chaque séance, avec un « noyau dur » de sept ou huit enfants présents à chaque rencontre. Le mois de juin s’est achevé par une visite de la ville offerte à tous. Deux séances (judo et hip-hop) sont programmées en septembre. A Belley, 19 élèves des lycées (général et professionnel) se sont engagés dans l’opération « tutorat » lancée en mai: ils ont offert aide et soutien aux devoirs à 17 collégiens et 6 écoliers, lors de séances d’une heure par semaine, au lycée. « Le tuteur n’est ni un surveillant ni un mini-professeur: il apporte une écoute, une aide aux tâches simples, un encouragement », explique le proviseur, Jacques Laprée. L’expérience, qui s’est avérée positive pour tous, sera reconduite à la rentrée. Partenaire du projet, le Crédit agricole a remis un chèque de 1200 € à la Maison des lycéens, association qui, gérée de manière autonome par des élèves majeurs, mène des actions citoyennes et solidaires: organisation d’une Semaine contre le racisme, formation aux premiers secours, ramassage de vélos usagés pour une association d’insertion au Burkina Faso, initiatives visant le cofinancement de voyages pédagogiques… l Ambérieu-Belley: la PAIO devient Mission locale Lors de sa dernière assemblée générale de la PAIO (Permanence d’accueil, d’information et d’orientation) Ambérieu-Belley, les membres et partenaires ont approuvé le projet de nouveaux statuts qui transforme la PAIO en Mission locale jeunes Bugey - Plaine de l’Ain. Le changement ne sera toutefois pas immédiat: la nouvelle structure, qui garde pour objectif premier l’insertion sociale et professionnelle des 16/25 ans, devrait être mise en place d’ici fin 2004. l Arbent : le centre social au collège Afin d’aller au plus près des jeunes, le centre social d’Arbent organise, dès la rentrée, une permanence hebdomadaire au collège JeanRostand, de 12 à 14 heures, tenue par un animateur spécialisé (poste à pourvoir). • 38 • InterAction n° 41 • juillet 2004 fréquenté cet atelier, de l’outil internet, « afin qu’ils soient très réactifs dans leur recherche de logement, notamment dans le parc privé ». Depuis 2000, en Rhône-Alpes, les propriétaires privés s’engageant à louer un logement à un jeune orienté par le CLLAJ bénéficient d’une prime (de 2 300 € à 3100 €) versée par la Région. En 2003, dans l’Ain, l’appart’ a rencontré 14 propriétaires et capté 4 logements, ce qui porte à 9 le total des logements réservés pour trois ans (7 à Bourg, 1 à Meximieux, 1 à Marboz). Le jeune signe un bail de droit commun, sans frais d’honoraires. Le coût de loyer est plafonné (8,25 €/m2 pour un studio ou T1, 6,88 €/m2 pour un T2 ou T3). « Pour le propriétaire, la formule est souple et peu contraignante : il s’engage pour 3 ans, le dossier est simplifié ». L’appart propose également un héberge- Penser local Animateur. Le mot peut faire parfois sourire car il renvoie à des images écornées à force d’avoir été utilisées: l’éternel ado, victime du syndrome de Peter Pan, se réfugiant dans la jeunesse pour fuir les responsabilités. À 19 ans, Bastien Crost ne ressemble pas à cette caricature. Au contraire : il est pressé d’en finir avec les études, pressé de se retrousser les manches. «Je sais que les études, c’est un passage obligé, mais j’ai l’impression de perdre mon temps ». Afin de mettre à profit ce “temps perdu”, le lycéen a des idées. « J’aimerais bien que des activités se développent au lycée. Par exemple, rénover une maison ne peut être qu’une expérience bénéfique pour les lycéens. Ils mettent à profit leurs cours théoriques et acquièrent de l’expérience. Si cette rénovation se fait pour une association, c’est encore mieux ». Depuis deux ans, Bastien anime tous les vendredis soir une salle de jeu en réseau dans les locaux de l’association Pyramide, à Saint-Denis-lès-Bourg. Trésorier suppléant de l’association, l’adolescent a aussi organisé d’autres événements sur la commune, comme un concert. «Cela nous a demandé du temps pour connaître la marche à suivre et monter le projet mais en même temps, cela a été très formateur. De plus, on est davantage reconnus par les partenaires, de la DDJS à la commune ». Pour ce futur animateur, son crédo se définit à l’échelle humaine. « J’ai déjà travaillé dans des camps de vacances d’été avec plus de 50 ados; c’est trop pour moi, on ne peut pas avoir une approche individuelle ». Vieil ado, jeune adulte, Bastien a déjà son avis sur la “problématique” de la jeunesse. « Ce qui manque à la jeunesse, c’est un but et la société met trop en évidence l’argent comme finalité dans la vie ». Vaste programme où il n’existe pas de recette miracle. « C’est un peu utopiste mais la solution, s’il y en a une, se fait au cas par cas. À travers les animations, j’essaie d’inculquer aux ados des notions de jeu collectif, d’humilité, de justice. Des valeurs que l’on retrouve dans la vie ». En attendant de se consacrer pleinement à sa vocation, Bastien doit “patienter” encore un an, durée nécessaire pour obtenir son DUT animation. « C’est la voie la plus directe que j’ai trouvée ». ● S.C. Coralie FABRE Aux urnes, collégiens ! [ L’appart vise le parc privé En 2003, l’appart’, association visant à « faciliter l’accès au logement des jeunes de 18 à 25 ans rencontrant des difficultés à se loger », membre du réseau CLLAJ *, a reçu 158 jeunes. 31 % ont accédé au logement autonome, « ce qui est énorme, vu la typologie des publics : 54 % sont en dessous du seuil de pauvreté » souligne sa directrice, Marie-Christine Meinhard. Outre l’accompagnement individuel, elle propose, depuis mai 2003, des ateliers collectifs mensuels, co-animés par l’ADIL (Agence départementale pour l’information sur le logement), le CCAS (Centre communal d’action sociale) et la Caisse d’allocations familiales, permettant d’aborder les questions les plus fréquentes. 29 jeunes y ont participé en 2003. Autre nouveauté, à venir en 2004: la mise à disposition sur place, pour les jeunes ayant Bastien CROST ment d’urgence : en 2003, 12 jeunes ont bénéficié d’une place en ALT (allocation de logement temporaire) à l’hôtel du Revermont (pour 30 jours maximum). Malgré la baisse, en 2003, des fonds publics accordés au dispositif de sous-location de 10 logements réservés aux jeunes en insertion professionnelle – néanmoins maintenu mais avec un nouveau système de calcul de loyer –, le budget s’équilibre, grâce à l’arrivée de nouveaux partenaires financiers (l’Opac et la Semcoda en 2003, L’agglo en 2004). L’école est finie, les années collège aussi pour Coralie, 14 ans. Quatre années passées au collège de Saint-Exupéry, à Ambérieu, dont deux placées sous le signe de la citoyenneté. Un conseil municipal jeunes y est actif depuis deux ans, élu par les élèves de 4e et de 5e des collèges Saint-Exupéry et Sainte-Marie. Les jeunes conseillers se répartissent sur trois commissions : vivre ensemble, communication, solidarité ; urbanisme, environnement, prévention routière; sports loisirs, culture. Coralie travaille au sein de la première, au poste de suppléante de la présidente. « Cette année, nous avons mené différentes actions: distribuer de la nourriture aux Restos du cœur, participer aux vœux du maire à la maison de retraite, servir les invités au repas organisé par le CLAPA (Centre de liaison et d’aide aux personnes âgées) ». Décision et action de ces jeunes pour qui ce conseil est une première expérience de citoyenneté. « Depuis la 6e, je suis déléguée de classe. Le CMJ m’a permis de m’engager dans le volontariat ». Si le fait de prendre la parole en public en effraie certains, cela ne pose pas de problèmes à Coralie. « Les séances du CMJ se font à l’hôtel de ville, avec des personnes que l’on connaît ». En présence aussi du maire, qui lui a proposé de se représenter à d’autres élections, municipales. Une prochaine carrière politique ? « C’était pour plaisanter. Je ne compte pas faire carrière dans la politique ! ». Coralie a déjà une idée nette de ce qu’elle veut faire : travailler dans la police judiciaire. « Cela reste dans le même esprit : aider les gens ». ● S.C. * Comité local pour le logement autonome des jeunes. InterAction n° 41 • juillet 2004 • 39 • Vie des associations ; Un centre socio-culturel pour la vallée de l’Albarine ; Vas-y confiance Créée en 1958 à Saint-Rambert-en-Bugey, l’ACV (Association centre de vacances) a développé, au fil des ans, diverses activités socio-culturelles. Agréée centre social par la CAF en janvier, elle est devenue Centre socioculturel de l’Albarine, en partenariat avec la communauté de communes Vallée de l’Albarine (12 communes, plus de 5000 habitants), avec pour vocation de « décentraliser au maximum nos actions, pour éviter que les gens soient toujours obligés d’aller à Ambérieu pour leurs démarches » souligne la directrice, Sabine Schneider. Outre les activités de loisirs pour jeunes et adultes, le centre souhaite mettre en place, à la rentrée, des ateliers collectifs d’aide à la recherche d’emploi et élargir l’ouverture de son Point cyber. Tél. 04 74 36 26 00 ; Aid’auto 01 récompensé ; Un plus pour l’AVF L’association Aid’auto 01, basée à Trévoux, a reçu fin juin le trophée « S’unir pour agir » décerné par la Fondation de France. L’association, créée en février 2003, propose aux personnes privées de véhicule d’en louer sur une courte durée à prix réduit. Par ce biais, elle permet aux demandeurs d’emploi et aux personnes en situation précaire de se rendre sur leur lieu de travail, formation, entretien d’embauche, stage… Tél. 04 74 00 65 79 Le bureau burgien de l’Accueil des villes françaises (AVF) a obtenu fin juin un “label +”, distinction relative à la qualité de l’accueil proposé aux nouveaux arrivants. Ce label a été accordé en fonction de 18 critères, tels le nombre de permanences assurées, le partenariat avec d’autres structures etc. La nouveauté, cette année, est le maintien des permanences durant la période estivale. Tél. 04 74 21 28 64 E-mail : [email protected] ; Ni putes ni soumises Un comité Ni putes ni soumises s’est créé en janvier dans le pays de Gex. Dans l’esprit du mouvement national, l’association mène des actions pour la laïcité et contre les violences faites aux femmes. « Bien sûr, nous ne connaissons pas ici la même violence que dans les banlieues parisiennes, mais des problèmes existent aussi: une dégradation des relations hommes-femmes, de plus en plus d’interdits pour les jeunes filles, des discriminations », note la présidente, Malika Bekhti. À l’automne, le comité s’associera à la campagne Le respect, ça change l’école lancée par l’Éducation nationale, via des rencontres avec des collégiens de 4e et 3e, et à la Journée de sensibilisation contre les violences faites aux femmes organisée par la Préfecture. En projet également: une soirée-débat animée par Fernande Amblard, psychothérapeute, auteur de Panser l’impensable. Dès septembre, le comité tiendra une permanence à Ferney, dans un local municipal; d’autres permanences sont en projet, à Saint-Genis-Pouilly, Divonne et Gex. Quatre comités Ni putes ni soumises existent en Rhône-Alpes: à Grenoble, Valence, Lyon et Ferney. 12, chemin de Colovrex 01210 Ferney-Voltaire E-mail : [email protected] ; Centre du volontariat : plus d’offres en ligne Dès la rentrée, le service d’offres d’emploi bénévole du CVPA (Centre du volontariat des pays de l’Ain) sera interactif. Les utilisateurs pourront affiner leur recherche selon plusieurs critères: la nature du poste, les horaires, le lieu, localisé sur une carte du canton de son choix. Le nombre d’offres, à l’heure actuelle aux alentours des 250, devrait, à terme, doubler. « L’objectif est, à l’aide d’un moyen moderne et efficace, de couvrir l’ensemble du département, et de répondre aux besoins des associations » commente Yves Le Pecq, responsable du Centre. Tél. 04 74 45 38 36 – www.benevolat01.org • 40 • InterAction n° 41 • juillet 2004 À l’écoute • Groupe de parole Prêter de l’argent pour démarrer une activité commerçante, voilà ce que propose l’association Vas-y confiance, créée en mars. Particularité : les prêteurs et les bénéficiaires vivent à des milliers de kilomètres, les uns en France, les autres au Togo. Sur place, un relais local sélectionne les bénéficiaires des crédits et assure un suivi et un accompagnement. Pour l’instant, 30 prêteurs ont permis de faire naître huit projets, comme un taximoto ou la vente de céréales, de vêtements. Sur le remboursement, une partie est consacrée à l’épargne, versée à l’échéance du prêt. Tél. 04 78 06 37 33 (Michel Argouse) E-mail : [email protected] www.vasyconfiance.org La nouvelle association L’écoute lance, à la rentrée, un groupe de parole ouvert à tous (10/12 personnes maximum), « afin d’aider les personnes à retrouver l’harmonisation, un bienêtre, une meilleure connaissance de soi ». Les séances, de 2 heures, se déroulent à Bourg, le samedi aprèsmidi ou mercredi soir. Tél. 04 74 22 45 65 (Lucette Druguet) • Ateliers à thèmes Créée en juin 2003, l’association AVEC (A votre écoute) « s’adresse à chacun sans nécessiter d’être dans de grandes difficultés morales ou sociales, explique sa fondatrice. Elle veut offrir une écoute à toute personne qui éprouve simplement le besoin de s’exprimer et qui, dans la vie courante, n’a pas l’occasion ou la personne auprès de qui elle peut le faire ». Outre les entretiens individuels avec des bénévoles-écoutants formés, elle met en place des ateliers à thèmes, sous forme de groupes de paroles ouverts à tous, autour de cinq grands axes : à l’écoute de soi-même, de la famille, de la santé, du parcours de vie, des autres. Premier rendez-vous le 24 juillet, à Bourg, à l’écoute de la solitude. Tél. 04 74 40 38 30 (Pierrette Viret) ; Cap sur l’Afrique avec Tam-Tam Née à Bourg à l’automne 2003, l’association Tam-Tam a pour double objectif de mieux faire connaître l’Afrique ici et de soutenir là-bas des microprojets de solidarité et développement (accueil et formation des enfants abandonnés, aide aux familles rurales, construction de puits…). Le 12 juin, elle conviait à une première rencontre festive avec, au programme : expo, conférence, dégustation, danse, poésie, mode et musique. « Ce n’est pas une association communautaire, précise sa présidente-fondatrice, Sophie-Rose Broyer. Les membres sont de divers pays d’Afrique et aussi de France ». D’autres rencontres sont en projet : « des “contes au coin du feu” pour les personnes âgées, des journées gastronomiques, des animations dans les écoles, pour expliquer l’Afrique aux enfants, leur apprendre le respect des aînés… ». Tél. 04 74 21 20 81 RÉSIDENCES ÉTUDIANTES LYON OYONNAX Chambres, studios, duplex, tous nos logements sont meublés. BELLIGNAT HAUTEVILLE BOURG-EN-BRESSE Secteur Haut-Bugey – Tél. : 04 74 77 10 04 – Fax : 04 74 81 86 61 E-mail : [email protected] Secteur Bresse – Tél. : 04 74 23 63 99 – Fax : 04 74 52 12 30 E-mail : [email protected] Secteur Lyon – Tél. : 04 78 36 02 01 – Fax : 04 78 36 80 91 E-mail : [email protected] www.alfa3a.org