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Bulletin de l’Association Rénovation — N° 53 > Novembre 2011 LE BILLET : FRAGILITÉ VIE DES ETABLISSEMENTS : L a Fragilité semble être de mise dans tous les éditoriaux de ces temps ci. Fragilité des banques avec des fonds propres trop faibles, fragilité des institutions avec des gouvernements trop insouciants, fragilité des organisations nécessitant des mutualisations et des fusions pour atteindre des tailles suffisantes pour « survivre », fragilités des accords entre puissances mondiales... Ce 1 terme de « fragilité » reste à définir. La physique des matériaux nous en donne une définition qui me parait être la meilleure : La fragilité est l'état d'une substance qui se fracture lorsqu'on lui impose des contraintes mécaniques ou qu'on lui fait subir des déformations brutales (c'est-à-dire sous forme de choc), sa fracture n'exige qu'une faible énergie. Si, en revanche, l'énergie à fournir pour produire la fracture est importante, on dira que la substance est « tenace ». La fragilité rend à la « substance » une notion passionnante, l’énergie. Une « substance » est fragile ou tenace selon qu’on devra fournir plus ou moins d’énergie à la fracturer. Il ne s’agit pas de faiblesse, ni d’insouciance, ni de hauteur de fonds, encore moins de taille minimale, mais de fracture qui fait la fragilité. Notre monde semble « fragile » et pas tenace, car l’énergie mise à le fracturer se résume à quelques 1 % de personnes qui seraient en capacité de le fracturer (en référence à l’origine du mouvement OccupyWall Street « Ce que nous avons tous en commun, c'est que nous sommes les 99 % qui ne tolèrent plus l'avidité et la corruption (suite page 2) UN JOURNAL, UN ATELIER... L e SAVS Insercité propose plusieurs activités à ses usagers dont l’atelier « journal ». Ainsi tous les quinze jours le mardi après midi, un petit groupe constitué en moyenne de 4 à 5 usagers, se retrouve autour de l’élaboration d’un journal, appelé « MIX'CITE ». Aprés le temps de l’accueil et de l’hospitalité autour d’une tasse de café, chacun s’exerce à l’écriture. Pour cela, les deux animatrices énoncent une proposition, préalablement réfléchie. Vient ensuite le temps de s’exprimer, l’écrit donne la place à la lecture et l’échange. Ces écrits paraîtront dans la rubrique Créacité. Ils seront complétés par d’autres articles tels que des jeux, des commentaires sportifs, des recettes, des bons plans à s’échanger, des informations pratiques… Après une longue période de rédaction et de mise en page, le journal est enfin publié et distribué aux différents usagers d’Insercité. [email protected] Si ce journal a une vocation essentiellement interne (travailler sur l'expression et la communica- Découvrez aussi notre site internet : tion et créer un lieu de rencontre et de socialisation), nous avons choisi de proposer aux lecteurs de Reliance quelques textes sélectionnés par les usagers eux-mêmes parmi les précédents numéros de Mix'Cité. En préambule, chacun d'eux donne sa vision du journal…. Mix'Cité d’impressions vues par ses écrivants « Mix'cité, mix de mots, nouveau dans la partie, j’apprécie le mix. Différents horizons, différentes écritures, www.renovation.asso.fr bien en charmante compagnie. » « En écrivant mon premier texte intitulé « Oppositions » dans le cadre de Mix'cité, j’ai réalisé que je trouvais plus facilement l’inspiration que prévu. » (suite page 2) des 1 % restants ») au détriment de tous les autres. La « fragilité » ici révèle une force impressionnante qui permet de faire lever, dans le monde entier 900 manifestations de répercussion internationale en 6 mois. Intéressant comme « fragilité ». Il en est de même pour la famille dont la fragilité révèle des forces insoupçonnées de réaction, d’anticipation, de solidarités. On assiste à une mutation complète des paysages familiaux, où les repères sont très différents du 20eme siècle. La famille se choisit bien au-delà de la génétique, les entités qui la composent s’allient ou se dés -allient au fil des ans, les individus se « composent » des familles. Le paysage social entourant la famille se métamorphose aussi, moins d’Etat plus de local, est ce toujours un bien ? Moins d’argent plus de solidarités, est ce toujours vrai ? Moins d’approches généralistes sociales, plus d’approches réalistes thématiques, est ce antinomique ? UN JOURNAL, UN ATELIER : (SUITE) « Mix'cité, c’est à la fois informatif, cultivant, ludique, relaxant. Mixcité c’est un journal illustré pour s’évader et oublier les tracas du quotidien » « Mix'cité, un espace d’écriture. Des mots qui claquent, précis, joueurs, sportifs, à l’image des écrivants. Un temps en dehors du quotidien pour s’exprimer » « Mix'cité, deux rendez-vous dans le mois, des temps de propositions, des temps d’écritures, de lectures et mises en page. Beaucoup d’échanges et de partages, Mixcité rimant avec convivialité. » Mix’cité en quelques extraits : TARAVELLE Taravelle, qu’est-ce ? Rare et éveil Veille et rareté Vieille comme du marbre de carrare Rare comme une vieille arabe Belle comme le boléro de Ravel Tarée comme un arbre mal arasé Quand la ville tarée veille sans sommeil Au-delà 2 VIE DES ETABLISSEMENTS LE BILLET (SUITE) des mutations constatées des paysages mondiaux et locaux, la famille sait s’adapter, sait se déformer, sait se transformer, en un mot s’adapter aux contraintes multiformes que lui donnent ses membres, comme elle sait s’adapter à l’accueil du fragile en son sein, fragile parce que tout petit, fragile parce que tout vieux, fragile parce que handicapé, fragile parce que pauvre, malade… La « substance » est tenace, comme on pourrait le vérifier si on comparait avec les outils capables de mesurer la résistance des matériaux, la famille. Elle permettra une nouvelle fois de refaire société, individu après individu, famille après famille, quand les énergies qui font fracture se seront tues. Et c’est aussi sans doute parce qu’au-delà de ces images, la « substance familiale » a quelque chose en plus que le matériau, sans doute un élément qui s’appelle humanité. C’est pourquoi elle s’adaptera encore et toujours à la vie. François Xavier LEURET, Administrateur Rénovation et Président de l’UDAF Gironde « Aphasée » et vidée comme un tartare de vieille Vêlé comme le veau zélé de boire Avelinas con navel Bartavelle en plein vol… Je suspends ton sens au dictionnaire Révèle nous ton sens taravelle Le Djé Malheur s’oppose à Bonheur Maigre s’oppose à Gros Madame s’oppose à Monsieur Marié s’oppose à Divorcé Malveillance s’oppose à Bienveillance Manuel s’oppose à Intellectuel Maigreur s’oppose à Grosseur Maniaque s’oppose à Dépressif Mariage s’oppose à Divorce Majorer s’oppose à Minorer Malheureux s’oppose à Bienheureux Maximum s’oppose à Minimum Maudit s’oppose à Bénit Maximiser s’oppose à Minimiser Malveillant s’oppose à Bienveillant Marquer s’oppose à Démarquer Sam VIE DES ETABLISSEMENTS UN JOURNAL, UN ATELIER : (SUITE) Soyons sérieux, combien d’associations aident positivement leur prochain ? A mon avis, heureusement, un grand nombre qui font chanter le quotidien ou les lendemains de certains . Vive le S.A.V.S., vive INSERCITE, vive RENOVATION, Si mon plaidoyer doit être juste et raisonnable, c’est que j’aimerais que ce service serve pour les futures générations . INSERCITE, c’est une structure, un cadre chaud et accueillant, Nul ne peut douter de la gentillesse de ses cadres et de ses patients. Si la doctrine politique actuelle rime parfois avec récession de budget associatif ou culturel, Entre gauche et droite quand une association fonctionne positivement, logiquement, elle se fait la part belle . Rassurons nous et disons nous que MIX’CITE est un pôle attractif de parole libre, Constatons que participer à cette aventure nous grise comme des personnes un peu ivres . Il faut simplement se rendre compte qu’être membre d’INSERCITE est une chance, Trouver un équilibre entre le pire et le meilleur, ne pas trop faire pencher la balance . Et je conclurai ce discours en souhaitant à chacun de rentrer dans la danse, car MIX’CITE est un journal qui prône l’égalité, la liberté, la fraternité, la générosité, dogme qui peut parfois être absent dans mon pays qui se nomme la France. WHITY.S GUILLEMOT 3 Guillemot, qui es-tu ? Je mets des guillemets à ton nom Je cherche ton sens mot à mot Mais motus, ni su ni tu Sine qua non du sens de ce mot Guilleret, ris-tu ? Guillemets à ton sens caché PRINTEMPS Je m’allonge dans l’herbe, Tourne les yeux vers les cieux Et je vois sous des formes superbes La course des nuages sous un soleil radieux. J’entends le chant des hirondelles Qui traversent un ciel lumineux, Le vent d’ouest me renvoie leurs battements d’ailes Pareils à un rythme mélodieux. Fais-tu ou dis-tu ? Ris-tu ou mets-tu ? Guillemot dans le dico Soudain mes paupières s’alourdissent Et tandis que le soleil réchauffe ma peau Mes jambes progressivement s’engourdissent. A quoi rimes-tu ? Guili-guili, tu ris ? Mot à mot, aiguille fine anguille Mot angulaire ou non sens Sans savoir je sais que ce mot Qui ne veut ni ouï dire, ni maudire Sais-je qu’un jour, je saurais ton Il me semble alors entendre des voix, Je pense être entouré de vide en plein ciel Et pourtant sous mes mains le sol froid Me rappelle que la gravité est essentielle Au maintien de mon corps sur terre Même si j’aimerais comme le soleil Pouvoir m’élever dans les airs. Plongé dans un lourd sommeil Je ressens les bienfaits calorifiques des lumières. sens. Le Djé Daniel VIE ASSOCIATIVE LA TÉLÉVISION TUE… ÇA NOUS REGARDE ! En effet, la télévision tue. Elle rend bête, nous manipule, nous déçoit. Malheureusement, on peut lui imputer toutes sortes de tares, elle en fait fi. Parce que, malgré tout, nous la regardons de plus en plus longtemps et surtout, différemment. Comme pour la politique, nous avons tous un avis sur la télé car nous sommes tous des téléspectateurs ; même ceux qui ne possèdent pas de postes, exceptions héroïques confirmant la règle. A partir de ce constat, il est bon de balayer quelques illusions : il n’y a pas de téléspectateurs intelligents, pas dupes de ce qu’ils voient et consommateurs éclairés de programmes stimulants. Les lecteurs de Télérama et les autres. De même, il n’y a pas de bonne ou mauvaise télé, de séparation qualitative entre télé éducative et télé commerciale. Il y a juste de la télé, c’est à dire un robinet à images structuré sur le mode du programme et qui transforme en « télévisuel » tout ce qu’on lui apporte : Bob l’Eponge, BHL, Koh Lanta, Nuit & Brouillard, Philip Roth et Loana mis bout à bout, ça fait de la télé… Le filtre télévisuel simplifie, aplanit et n’a d’autre mission que de faire reculer l’échéance de la pression sur le bouton off. Et pourtant, cette télé, nous la conservons, ne serait ce que pour déplorer le temps passé par nos enfants devant notre poste. Quel est ce je-ne-sais-quoi qui nous empêche de nous en séparer, qui séduit encore un jeune public et fâche les adultes (ceci expliquant peut être cela) ? On peut tirer la sonnette d’alarme, pointer les multiples dangers inhérents à la consommation audiovisuelle. Dans ce cas, on masquera toute une série de problématiques passionnantes autour de nos rapports avec l’objet. 4 Depuis plus de dix ans, à Rénovation, je m’intéresse aux relations qui se nouent entre les enfants et les images. Images vidéo, cinéma, télévisuelles ou jeux vidéo. J’écoute ce qu’ils ont à en dire et je me suis aperçu qu’il y avait moins de passivité qu’on pouvait le craindre. Les enfants consomment des images en abondance mais ce serait une grave erreur de considérer qu’ils n’en font rien. A hautes doses et sans discernement, les images peuvent les abêtir ou les traumatiser. Mais elles peuvent aussi les socialiser lorsqu’ils en parlent avec leurs camarades, leur éviter de succomber à la dépression ou à des pathologies beaucoup plus graves. Ce qu’ils peuvent en dire crée un espace d’échanges entre eux et moi d’où parfois surgissent des inquiétudes, des questionnements très précieux pour mon travail éducatif. Il n’est donc pas étonnant que je me saisisse du billet de M Hajjar pour plaider une fois encore sur l’impérieuse nécessité d’une éducation à l’image. Je l’entends comme une éducation nécessaire à nous adultes pour comprendre ce qui se joue entre les images et les enfants, et bien sûr aux enfants pour contourner les multiples pièges constitutifs de l’image et de ses nombreux supports aujourd’hui. La télévision tue mais l’indifférence ou le dénigrement à l’égard des pratiques des jeunes spectateurs sont aussi nocifs. J’ai eu l’opportunité de proposer une formation dans ce domaine à Rénovation. Elle chanta un été et disparut l’année suivante, faute d’amateurs… Je me souviens de ma découverte de Crime et Châtiment, il y a longtemps. Le plus souvent, je m’allongeais à plat ventre sur mon lit et posais le livre par terre. Ma posture était au plus haut point avachie, mon esprit absorbé par ce que je lisais. Je devais renvoyer l’image d’une masse inerte, comme une vache dans un pré. Jeff MARCADE, éducateur réalisateur