TSI (Terre Solidaire Infos) spécial CICODES
Transcription
TSI (Terre Solidaire Infos) spécial CICODES
TSI N° 50 Juin Miz Even 2013 Bulletin finistérien de liaison des Associations de Solidarité Internationale et de Défense des Droits humains CICODES, 45 bis rue Bourg-les-Bourgs 29000 QUIMPER - 02 98 95 87 40 - [email protected] - www.cicodes.org Directrice de publication : Maryannick Carré EDITO Passage du témoin 2012-2013 SOMMAIRE Au cours de l’année 2012, tout en poursuivant ses activités, le CICODES a longuement préparé la transmission des postes de responsabilité. La réflexion s’est déroulée avec l’aide d’un DLA (Dispositif local d’accompagnement), p. 19, qui a eu pour objet de «Faire évoluer le fonctionnement interne pour partager et transmettre, renouveler les responsabilités de gestion, de coordination, d’animation à partir des priorités définies par les activités de l’association». Ainsi, l’assemblée générale du 16 février 2013 a «validé et mis en route l’architecture du changement et acté le passage de relais entre administrateurs». Pour son 30ème anniversaire, les anciens du Bureau et du Conseil d’administration, qui n’abandonnent pas le navire, saluent l’engagement volontaire du nouvel équipage et souhaitent, un bel avenir au CICODES. 2-5 Histoire du CICODES 6-7 De la Journée Tiers Monde à l’Education citoyenne 7-8 Accompagnement de projet Solidarité Internationale (SI) 9 Terre Solidaire Infos (TSI) 10 La Fête des Droits de Toutes les Couleurs (FDTC) 11-13 Les collectifs 14-15 Les campagnes 15 Festival de films documentaires ALIMENTERRE 16-18 Pourquoi je viens au CICODES et pourquoi j’y reste 18 Naissance d’un réseau 19 Le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) 20 Agenda et bibliographie TSI Le mot de la nouvelle présidente Pourquoi faire partie du CICODES ? Vous retrouverez cette question tout au long de ce numéro spécial TSI «trente ans». Pour ma part c'est depuis vingt ans que j'y adhère. Mon engagement bénévole au sein de l'association a eu plusieurs formes : bénévole à la permanence du samedi matin, membre du bureau, du Conseil d'Administration, du comité de rédaction TSI… Le Dispositif Local d'Accompagnement a permis de mieux définir l'association, son but, ses missions et les rôles de chacun. Ainsi, avec mon expérience bénévole et les conclusions du DLA, j'ai accepté la présidence du CICODES au sein d'une nouvelle équipe. J'accepte cette responsabilité pour le projet CICODES : informer sur l'inégalité Nord-Sud, éveiller l'autre à la nécessité de la solidarité internationale. Je défends la démarche du CICODES avec le partage d'outils, les liens avec de nouveaux partenaires. Dans nos orientations 2013 l'accent est mis sur la création d'un réseau d’associations de solidarité internationale (ASI), p.18, et sur le renforcement de l'éducation au développement et à la solidarité internationale (EADSI). Je souhaite défendre l'emploi des salariées, le valoriser, le pérenniser et le renforcer. Je m'engage avec l'espoir de garder une juste place au CICODES au cœur de la cité, dans un local adapté, ouvert au public, avec les membres des autres associations qui partagent les mêmes valeurs. Maryannick Carré Comité de rédaction : Annaig Renoux, Jean-Claude Gourvès, Marie-Anne Bonnal (CICODES), Anne-Katell Jaffrezic (LDH Quimper) Yves Jardin (France Palestine Solidarité), Janine Le Berre (ATD Quart Monde – Quimper), Conception et mise en page par Nathalie Fichter Danièle L’Aot (Douar Nevez), Simone Jaouen (Peuples Solidaires – Quimper). Publication soutenue par le Conseil général du Finistère Le CICODES a 30 ans ! 2 Notre histoire Il a fallu un peu plus d’un an pour inventer notre projet local et parallèlement, créer un réseau national. Logo crée par Monique Au-delà de réunir de la documentation, l’association s’est donné pour but essentiel «d’être un lieu d’échanges entre militants des associations travaillant pour le développement du Tiers-Monde et les autres mouvements d’éducation populaire» (article 2 des statuts). Peuples Solidaires, ECHANGE et EDUCATION, deux mots-clefs qui demeurent nos priorités. Terre des hommes, Secours Catholique Comité Amérique Latine Création en 1983, une initiative de 4 associations qui manquaient d’informations sur les pays où étaient implantées leurs actions de solidarité. Un nom, un logo, un local : Centre : un lieu pour échanger d’Information : un objectif Cornouaillais : une identification géographique pour un DEveloppement Solidaire : une orientation politique Le CICODES, fait partie des membres fondateurs du Réseau d’information Tiers-monde «RITIMO» déclaré en 1985. R I T I M O Aujourd’hui et depuis 2008 Réseau d’information et de documentation pour le développement durable et la solidarité internationale Un local, attribué par la Ville de Quimper LES ÉTAPES AU GRÉ DES DÉMÉNAGEMENTS 41, RUE DE KERFEUNTEUN de 1983 à 1990, bénévoles et objecteurs de conscience Une première mission : documentation et accueil du public Après quelques mois passés dans le premier local d’à peine 9 m2, au 3e étage, 5, place Ar Barz Cadiou, le CICODES est resté 6 ans, dans un 4 pièces rue de Kerfeunteun, partagé les dernières années avec «Terre des Hommes». Eric, le premier des objecteurs de conscience, est recruté pour seconder les bénévoles et assumer la tâche de documentaliste. C’est le début de la mutualisation entre les Centres avec la création d’un fichier commun. En 1985, naît un premier périodique «CICODES Infos» qui disparaîtra au 3e numéro faute de moyens humains et financiers. Premiers équipements 1983 1984 1985 Téléphone - Projecteur de diapos Radio cassettes Téléviseur + antenne - Magnétoscope Photocopieuse d’occasion – Cafetière A la veille du déménagement, les bénévoles assurent pas moins de 14 heures de permanence par semaine dont 2 heures le samedi matin. Ces heures sont entrées, dès 1983, dans les bilans financiers sur la base du Bénévolat valorisé. La bibliothèque compte alors environ 400 ouvrages pour adultes, enfants et jeunes, une quinzaine de titres de périodiques, six expositions dont quatre ont été réalisées par les bénévoles. CICODES-Infos N°1 Le Cambodge, Le Tiers-Monde à l’école N°2 Haïti : la perle aux cochons étrangers ? N°3 Pérou : le sentier lumineux ou la marche difficile vers la démocratie Premiers ouvrages : Le mal développement en Amérique latine, René Dumont Changer le monde, Vincent Cosmao Le Tiers-Monde de la 6e à la 5e Premiers périodiques Croissance de jeunes Nations Solidarité Guatemala Ecole et Tiers-Monde Pêche et développement Le CICODES a 30 ans ! 3 15 RUE JEAN RAMEAU Une grande baraque nous accueille ainsi qu’une dizaine d’associations de solidarité, comme nous le souhaitions. De 1990 à 2008, bénévoles et salarié-e-s. Chaque association dispose alors d’un espace utile à ses activités, Terre des Hommes occupe la moitié du bâtiment, le CICODES un bon quart (3 salles et bureau d’accueil) et les autres associations, un bureau chacune. De plus, nous disposons de 2 salles de réunion. Une deuxième mission : la Journée Tiers Monde à l’école Ainsi a débuté ce qui est devenu par la suite l’«Education au développement et à la solidarité internationale», p. 6 et 7. Ce fut l’époque de la création d’outils pédagogiques, des achats de montages diapos, de vidéos, de jeux ; des premières coordinations entre associations pour réaliser des animations dans les écoles auxquelles un document de «4 pages» (animations et documentation) est envoyé ; des premières démarches vers l’Education nationale ; des bases de données RITIMO. 15, rue Jean Rameau Photo de D.L’Aot Premières vidéos Les pays de la faim nous font vivre L’empire du soja Les gamins de Bogota Premiers jeux 1990 Création du 1er catalogue des moyens pédagogiques et audiovisuels (jaune), supplément (bleu en 92), nouveau (rouge 95). Tiers-Mondopoly Le jeu de la banane Supermarché mondial Dett Zone RITIMO invite les centres à diffuser les campagnes «Agir ici pour un monde solidaire» et «Réseau solidarité», p. 14. Les bénévoles sont encore aidés par des objecteurs jusqu’à la fin du dispositif (1996). Sont alors recrutés des «Emplois aidés». Grâce à leur présence, les permanences fonctionnent tous les jours du mardi au samedi, après-midi et/ou matin (20h par semaine) et l’équipe profite de toutes les occasions pour tenir un stand à l’extérieur. Mallette 14 «Partir» Kit partir de RITIMO Exposition et livret Partir pour être solidaire A partir de 1993, une troisième mission : information, formation, accompagnement des jeunes porteurs de projets Celle-ci se développe en partenariat avec RITIMO, Réseau Jeunes solidaires, l’ADIJ, Déclic, plusieurs PIJ et BIJ. En septembre 1996, le CICODES obtient l’agrément comme association de jeunesse et d’éducation populaire de la DDJS qui le renouvellera en 2006 avec une Convention «Expert Envie d’agir». 1993 Le CICODES fête ses 10 ans à la MPT de Kermoysan avec l’Association Culturelle Turque (report 29/01/94) 1995 Avec l’arrivée en mars de Christophe, objecteur, l’année a été consacrée à la réflexion et aux démarches pour créer un périodique aidé financièrement par Terre des Homme de Quimper Terre Solidaire Infos, le N° 0, sortira en juin, p. 9 Equipements, suite : Le Centre achète un second téléphone, un fax (1993) avec l’aide de RITIMO, du logiciel ISIS (MAE), un ordinateur et une imprimante avec l’aide de Terre des Hommes (1994), un minitel (1995), une photocopieuse qui sera mise à disposition, comme le fax, des associations avec qui nous partageons les lieux. Il récupère un ordinateur et une imprimante, officiellement cédés par France-Télécom. Les services techniques de la ville réalisent, sur mesure, les meubles-bibliothèques, pour les livres, périodiques et expositions. Formations RITIMO à Paris pour les objecteurs à Quimper au logiciel de bases de données, pour les bénévoles par Nathalie S. 4 Le CICODES a 30 ans ! A partir de 1997, la durée des permanences atteint un maximum de 37 heures par semaine. Bénévoles plus nombreux, activités accrues. accueil de stagiaires en BTS du lycée Chaptal, de personnes en Travaux d’Intérêt Général, des étudiants en géographie…. tournées des conteurs africains en partenariat avec Afrique verte, Frères des Hommes et Peuples Solidaires. De 1999 à 2007, ils interviennent dans des dizaines d’écoles et de bibliothèques du département. 1ère Fête des Droits de Toutes les Couleurs le 20 mars 1999, p. 10 En 1999, nous faisons le choix de créer un poste d’emploiJeune afin de développer les animations en milieu scolaire et l’accueil des jeunes. Notre premier recruté ne fera pas l’affaire et nous procéderons à son licenciement. Les suivant-e-s seront très dynamiques, entreprenants et novateurs. Grâce à Céline, nous accueillerons Thomas, un stagiaire handicapé, qui, avec son aide, créera l’association «Joue ton Monde». Nous participons alors à la vie régionale au sein de la CASI Bretagne ainsi qu’à la vie du RITIMO. La belle équipe que nous formons, salarié-e-s et bénévoles, favorise la sortie de nos activités hors les murs pour aller dans les quartiers de Quimper et ailleurs, jusqu’au Festival de Cinéma des minorités à Douarnenez. Ainsi s’est concrétisée une autre priorité ou : Tournée des conteurs africains Photo D. L’Aot Une quatrième mission : animer des collectifs Le Collectif De l’Ethique sur l’étiquette se constitue de cinq associations. Comme au sein de la plupart des Membres de RITIMO, il relaie ses campagnes nationales et lance la Semaine de la Solidarité, la Quinzaine du Commerce équitable, p.11-13. L’aide d’un-e salarié-e à plein temps s’impose. En 2002, nous embauchons Nathalie, sur un poste de secrétaire, aide-documentaliste, d’abord en contrat aidé. Elle suivra différentes formations en informatique, (RITIMO à Paris ou localement) et le Site du CICODES sera mis en ligne en 2008 après la formation SPIP. La multiplication des rencontres, (une 2ème assemblée générale d’orientation-réflexion s’instaure dès 2002) favorise une grande convivialité. Le CICODES devient un «Cybercentre» avec l’achat d’un nouvel ordinateur et d’un modem aidé par RITIMO/MAE. 2003 Le CICODES fête ses 20 ans le 12 novembre à la MPT de Kermoysan où Serge donne une conférence sur les Multinationales. La 1ère convention est signée avec le Conseil général du Finistère (2004-2005-2006). En 2005, à l’occasion des 20 ans de RITIMO, une réflexion est lancée au cours des AG et à partir de 2009, l’appartenance au réseau doit être formalisée par une convention de 2 ans renouvelables. Il était temps pour le CICODES d’entamer une réflexion à l’aide d’un dispositif local d’accompagnement, ce fut, en 2006, la mise en route d’un 1er DLA. Nous bénéficierons des formations «Employeur» et «Comptabilité» dont nous avions grand besoin. Exemples de Stands Printemps des associations Passage de la Course Paris-Barcelone Riz pour la Somalie 500 ans de l’Amérique latine Braderies Terre des hommes Terroirs en fête SAFIR Salon du Développement Durable (Brest) Journées des éditeurs à l’IUFM Droits de l’Homme à Plozévet Label Nocturne à Penhars Forum des Solidarités Marche Janadesh 25, 26, 27 mai 2007, mobilisation générale ! Réunion Nationale des Centres RITIMO à QUIMPER, organisée par Nathalie et Sébastien Le CICODES a 30 ans 5 45 BIS, RUE BOURG-LES-BOURGS De 2008 à nos jours, une professionnalisation nécessaire 2007-2008, le temps des difficultés et des solutions Les conclusions du DLA ont été décevantes, nous n’avons pas suivi toutes les préconisations, particulièrement celles d’arrêter les activités qui ne rapportent pas !!! FDTC et conférences SSI gratuites… Aspect plus positif : après la fin de la pérennisation des «emplois jeunes», nous obtenons un poste d’intérêt régional. A la suite du départ de Sébastien, nous embauchons Amandine en mars 2008. Animatrice compétente, elle a su rapidement relayer professionnellement les bénévoles. Elle obtient un Label RITIMO pour le Livret pédagogique accompagnant le film «Pour une poignée de terre» sur la marche Janadesh réalisé par Sébastien. Avec Internet, la communication est devenue plus facile. Après plusieurs mois de fonctionnement difficile en raison d’un sinistre (inondation le 17/12/2007), l’arrivée en septembre dans des locaux plus confortables fut appréciée. Trop exigus, ils ne permettront l’accueil que de 4 associations suivies de 3 autres qui se partageront les bureaux et la salle de réunion. 2010-2013, le temps des remplaçantes et des compétences La formation de formateurs, dispensée par Amandine, tant pour le CICODES, que pour RITIMO, au niveau national et international, marque la reconnaissance du CICODES. Les remplacements d’Amandine par Anne-Cécile en 2010 et par Anne-Claire en 2012, n’ont pas perturbé les animations en EADSI. Pour décharger l’animatrice, il a été décidé de confier quelques heures salariées à Milène qui a assuré l’animation annuelle du Festival de films documentaires «ALIMENTERRE» et de la Semaine de la solidarité internationale (SSI). Les deux stagiaires, également compétentes, ont permis d’organiser les animations de la Quinzaine équitable et de réaliser un nouveau catalogue «Echanger, Se former, Agir», en attente depuis des années. En 2011, nous obtiendrons un poste FONJEP, une sécurité pour assurer la FDTC. Son succès vérifié avec le changement de date, passée de décembre à janvier, n’est plus à démontrer. Le reste revenait aux bénévoles : Semaine de la solidarité, TSI et Collectifs. Pour cela le bureau a dû développer des temps réguliers de coordination. Mais, par manque de moyens humains et financiers, certaines tâches ont été abandonnées comme l’accompagnement du Réseau Afrique de l’Ouest après la Journée de l’Afrique en 2009 et l’organisation de la Semaine de la solidarité en 2012. Livret d’accompagnement du film « Pour une poignée de terre » Nathalie a mis en ligne le site internet du CICODES fin 2008. On y trouve une petite vidéo résumant les actions de l’association, un historique, une présentation de l’équipe, les compte-rendus d’AG et de CA, notre catalogue téléchargeable, les événements auxquels nous participons, une information sur le réseau RITIMO dont le CICODES a été cofondateur, et bien d’autres choses encore… Venez faire un tour sur le www.cicodes.org ! 2011-2013, le temps du passage et de la transmission Lucidement, les administrateurs anticipant sur des départs forcés bien qu’imprévus, ont saisi le CA de septembre 2011 pour envisager l’avenir du CICODES avec l’accompagnement d’un nouveau DLA portant spécialement sur «la gouvernance et le mode de fonctionnement interne afin de faciliter la transmission des fonctions dans le cadre d’un renouvellement des instances de décisions». La réflexion s’est déroulée de janvier à juin 2012 puis s’est finalisée en février 2013. L’aboutissement fut l’élection de la nouvelle équipe à l’AG du 16 février 2013. Remerciements, félicitations et bon vent portant ! D.L. 13 juin 2013 30 ans ! A quand la fête ? 6 Education De la Journée Tiers Monde à l’Education citoyenne La création d’un Centre d’information et de documentation, en 1983, contenait implicitement une volonté de sensibilisation du public. Mais ses membres fondateurs, souvent enseignant-e-s, allèrent d’emblée au-delà : avec leurs homologues d’autres départements, à l’origine du réseau RITIMO1, ils s’engagèrent dans une démarche éducative. Les premières années La Journée «Tiers Monde à l’école», instaurée au début des années 80, en novembre, permit aux associations de solidarité internationale (ASI), membres du CICODES, d’intervenir en établissements scolaires pour mieux faire comprendre les réalités des pays du Sud puis de l’Est et faire découvrir la richesse et la diversité des cultures populaires. Et, ainsi, une vie quotidienne riche d’ingéniosité et d’initiatives courageuses pour lutter contre les difficultés liées autant à diverses formes d’exploitation locales ou internationales qu’à des conditions naturelles souvent hostiles. Très vite, un lien privilégié fut établi avec le CDDP2, structure dépendant du Ministère de l’Education nationale. Les interventions se développèrent sur une semaine voire plus car des tournées de conteurs et conteuses africain-e-s furent organisées en établissements scolaires et bibliothèques. Dans le cadre de la Campagne Demain le monde, plusieurs enseignant-e-s, consacrèrent plusieurs heures de leur temps de travail à participer à un concours d’affiches renouvelé chaque année sur un thème différent : l’eau, la paix, l’éducation pour tous, nourrir le monde… Un jury, avec la participation d’un professeur de l’IUFM3 sélectionnait les lauréats dans les écoles, collèges et lycées ; les affiches étaient placées sur les voies publiques ; par exemple en «sucettes DECAUX» à Quimper. Le lien entre l’enrichissement du fonds documentaire et la sensibilisation fut étroit : achat de diaporamas, réalisation d’expositions (La Mer nourricière, Les immigrés…) et de mallettes pédagogiques (Le travail des enfants, Se nourrir tous…). Puis, en liant Tiers monde et Journée des Droits de l’enfant, le 20 Novembre, le CICODES put, avec Amnesty international et ATD Quart Monde notamment, proposer des interventions communes pendant des demi-journées banalisées où les élèves de tout un niveau, généralement sixième ou cinquième, étaient répartis en groupes de dix à quinze. L’éducation au Développement et à la Solidarité internationale (EAD-SI) Cependant, le Bulletin officiel de l’Education nationale publiait des instructions pédagogiques concernant l’EADSI dans une circulaire annuelle qui citera RITIMO et EDUCASOL comme «associations de Solidarité internationale…bénéficiant des références requises au regard du service public». Et, désormais, même s’il existe des «temps forts», «la dimension et la portée des actions d’EAD-SI justifient qu’elles soient conduites tout au long de l’année.»4 EDUCASOL, dans sa Charte, précise que la finalité de l’EAD-SI est «le changement des mentalités et des comportements de chacun dans le but de contribuer individuellement et collectivement à la construction d’un monde juste, solidaire et durable.»5 Le CICODES se situe dans ce cadre. L’un de ses objectifs est de «développer l’Education à la Solidarité et à la Citoyenneté Internationales et aux Droits de l’Homme, par la pratique d’animations et activités scolaires et extrascolaires, dans le cadre des agréments de l’Education Nationale et de la Jeunesse et Sports» (article 2 de ses Statuts). Cette activité est renforcée par la signature, en 2004, d’une Convention avec le Conseil général (CG) du Finistère : celui-ci, engagé dans une coopération décentralisée, souhaite que la Solidarité internationale soit mieux connue dans le département. Par exemple, le CICODES produira un dossier pédagogique pour l’exposition Regards d’Antsiranana, réalisée par le CG à partir de photos prises par de jeunes Malgaches pour exprimer leur quotidien et il accompagnera celle-ci, notamment dans les collèges. Désormais il anime, avec le CDDP, avant la fin de chaque année scolaire, une réunion pour organiser l’information des établissements scolaires sur les ressources associatives en EAD-SI dans le département, aussi bien par leurs ressources documentaires que leurs possibilités d’interventions. Y participent l’Inspection académique, la Direction diocésaine de l’Enseignement catholique, le Conseil général et plusieurs ASI. Avec le soutien du CG, plusieurs livrets se sont ainsi succédé, déposés ou envoyés dans les établissements scolaires. Ils seront remplacés, en 2011, par le minisite http://www.education-solidaire29.org/ mis en place par le Conseil général et géré par le CICODES. De nouvelles opportunités permettant d’intervenir toute l’année apparurent avec l’évolution des programmes : par exemple, les Itinéraires de Découverte, en collège, permirent aux associations d’intervenir en demi-classe, tous les quinze jours pendant un semestre ; parfois, ce sont les élèves qui vinrent, avec leurs professeurs, travailler au CICODES à partir de la documentation. La professionnalisation Dans cet engagement militant, les bénévoles furent d’abord secondés par des objecteurs de conscience puis, à partir de 2000, par des personnes recrutées sur un poste d’emploi-jeunes ; les videocassettes et les expositions prirent le pas sur les témoignages directs pour amener une réflexion de fond : avec l’EAD-SI, la prise de conscience «de l’interdépendance des régions du monde»5 amenait, dans le cadre des programmes scolaires, à questionner notre mode de développement. Réseau d’Information Tiers Monde Centre départemental de Documentation pédagogique Institut universitaire de Formation des Maîtres 4 Bulletin officiel de l’Education nationale du 14/06/2001 5 Charte d’Educasol, plate-forme composée de vingt-sept associations de solidarité internationale intervenant au niveau national, dont RITIMO http://www.educasol.org/Notre-charte 1 2 3 …/… Education Les animations prirent un caractère plus professionnel avec l’obtention d’un «poste d’intérêt régional» et cette évolution s’accéléra : un thème comme le commerce équitable ou la souveraineté alimentaire devint le sujet même d’une ou plusieurs séances, par exemple à l’occasion du Festival ALIMENTERRE où la sensibilisation se fait maintenant à partir de films documentaires. Le contenu même ne concerne plus le «Tiers Monde» ou les «Pays du Sud» mais les inégalités, les discriminations, les droits économiques, sociaux et culturels, chez nous comme partout dans le monde ; par suite, les choix politiques de nos élus ainsi que nos propres comportements font l’objet de débats : la solidarité internationale devient partie intégrante de l’éducation à la citoyenneté, la responsabilité spécifique du Nord étant soulignée. A l’occasion de la Quinzaine du Commerce équitable et de la Semaine de la Solidarité internationale (SSI), les partenaires des pays du Sud sont invités, aussi bien par les ASI que par le Conseil général, dans le cadre de la coopération décentralisée. Ils viennent témoigner de leurs efforts sur le plan technique et organisationnel mais aussi de leur lutte pour acquérir droits politiques, civiques, économiques, sociaux et culturels. L’échange avec tout public permet une meilleure connaissance réciproque et la recherche de complémentarités en vue d’objectifs communs : une citoyenneté mondiale s’élabore. En même temps, les animateurs et animatrices, apprécié-e-s pour la relation établie avec les jeunes doivent répondre à des demandes de plus en plus nombreuses et susceptibles de prendre la forme d’interventions régulières, en établissement agricole ou Centre social par exemple. De nouvelles opportunités se présentent, en écoles élémentaires et collèges, dans trois domaines du Socle commun de connaissances et compétences : culture humaniste, compétences sociales et civiques, autonomie et initiative. Au-delà, le CICODES accompagne également les jeunes dans le montage de leurs projets de solidarité internationale. 7 De même, puisque «…l’éducation à la solidarité internationale et au développement, visant à donner aux élèves des clés de compréhension des grands déséquilibres planétaires et à encourager leur réflexion sur les moyens d’y remédier, participe pleinement à l’éducation au Développement durable…»6, des recherches de synergie sont possibles avec les éducateurs à l’environnement et à la santé ; mais pourquoi pas également avec l’éducation populaire ainsi qu’avec l’éducation permanente, en particulier pour la communication interculturelle ? Le changement de mentalité et de comportement recherché par l’EAD-SI a débouché logiquement sur un acte politique : former des acteurs de transformation sociale qui partagent des valeurs communes et, en tout premier lieu, «la conviction de la nécessité de construire un monde socialement solidaire, culturellement diversifié, économiquement viable, écologiquement durable et politiquement démocratique»6. Désormais, citoyenneté et solidarité multidimensionnelle sont complémentaires ; la solidarité internationale en a toujours fait partie et mérite, à ce titre, d’être reconnue, plus que jamais, d’intérêt public. Le 5 Juillet 2012, le Parlement européen adoptait une «Déclaration écrite sur l’éducation au développement et la citoyenneté mondiale active» où il est dit que celle-ci doit être encouragée «en période d’austérité, de crises et de multiplication des mouvements nationalistes et populistes». On aimerait que chaque collectivité territoriale fasse sienne cette Déclaration et la traduise en décisions concrètes. S.Bonnal 6 Education au Développement durable / Troisième phase de généralisation / Circulaire du Ministère de l’Education nationale n° 2011 – 186 du 24/10/2011 Accompagnement de projet Solidarité Internationale (SI) La nécessité de l’accompagnement des projets de solidarité internationale Depuis plusieurs années, à l'instar d'autres membres du réseau RITIMO, le CICODES propose un accompagnement des personnes qui envisagent de partir dans le cadre de projets de Solidarité Internationale. Nombreux sont ceux qui refusent l'indifférence et veulent aider, apporter un soutien, ne pas rester inactifs face à des situations qui les révoltent. Pour beaucoup, il semble évident qu'agir, c'est «aller sur le terrain» et a fortiori à l'autre bout du monde. Or, derrière la motivation d'«aider», il y a souvent d'autres envies (être valorisé, découvrir ce dont on entend parler, mûrir, assouvir sa soif d'aventure, quitter ses repères, se lancer dans une carrière professionnelle, avoir des responsabilités que l'on n'a pas ici). Si cette mission d'accompagnement du CICODES s'est avérée au fil des années de plus en plus nécessaire, c'est parce que l'on a commencé à mesurer l'impact parfois négatif sur le terrain de projets dits «humanitaires». L’action solidaire menée par les jeunes est souvent, au début, l’axe fort de leur projet et l'envie d'aider devient donc le moteur à tout légitimer. Pour autant, il est important de rappeler que le pays d'accueil n'est pas un terrain d'expérimentation et que la solidarité internationale renvoie à de nombreuses questions et enjeux ici et là-bas. Il existe d'ailleurs une charte sur l'accompagnement des jeunes dans les projets de SI, réalisée par le réseau RITIMO, qui a valeur de référent pédagogique. Cette charte s'inscrit dans un ensemble de principes touchant …/… 8 Accompagnement des jeunes aux droits humains fondamentaux, qu'ils soient civils politiques, économiques, sociaux, culturels ou environnementaux. L'accompagnement de projets s'inscrit bel et bien dans les valeurs promues et portées par le CICODES dans l'ensemble de ses actions : la rencontre interculturelle, les partenariats réciproques, le développement de l'esprit critique et de l'ouverture d'esprit. Le rôle d’accompagnateur/trice Au-delà des aspects méthodologiques et du soutien aux initiatives, la mission d’accompagnement des porteurs de projets SI, telle que la conçoit le CICODES, s'attache à les faire réfléchir au sens de leur action en éveillant les consciences. En effet, l’idée de monter un projet de solidarité internationale s’appuie au départ autant sur une vision souvent partielle et déformée du contexte que sur une profonde envie d’agir à son niveau, le plus concrètement possible. Pour que l'expérience soit la plus enrichissante possible pour celui ou celle qui part et ceux qui l’accueillent, l'accompagnement se donne pour objectifs de travailler avec les porteurs de projets sur les aspects suivants : le travail sur le rapport à soi et aux autres, la compréhension de la diversité culturelle et son impact sur les actions, la compréhension du monde qui les entoure, une interrogation sur la relation partenariale comme élément central de toute activité de solidarité internationale, la mesure de l'impact du projet sur l'organisation sociale locale dans laquelle le projet est construit, la découverte et le questionnement sur l'environnement de la solidarité internationale au niveau conceptuel et pratique en se posant des questions éthiques sur le sens de l'action, la découverte de sa propre culture à travers celle des autres, pouvoir combattre ses peurs de l'autre et lutter contre toutes formes de discrimination, la projection et l'analyse des suites de l'engagement du porteur de projet au retour dans son territoire de vie, le développement de la confiance en soi et de l'envie de participer à la vie de son territoire et à la construction d'un monde plus solidaire, équitable, un monde des droits humains pour tous. Force est de constater que la confrontation avec la réalité est loin de toujours apporter les repères et les bases que les jeunes espèrent pour donner un sens à leur vie... En témoignent les fréquents appels adressés au CICODES au retour «Qu'est-ce que je fais maintenant ?», TSI N°45, Mars 2011 p.11. Le retour constitue donc également une étape importante dans l'accompagnement de jeunes porteurs de projets SI. L'accompagnateur/trice insiste dès le début sur la préparation du retour : cette préoccupation peut porter sur des éléments aussi concrets que l'hébergement, les revenus, la poursuite d'études ou l'emploi… Mais au-delà de ces aspects pratiques, l'accompagnateur/trice amène les jeunes à réfléchir aux conséquences probables de leurs projets SI sur eux/ellesmêmes, et à leur cheminement personnel. L’accompagnement au retour sert également à montrer les interactions entre «ici» et «là-bas», car il permet de proposer d'autres pistes d'engagement ici (consommation responsable, solidarité locale, défense des droits humains, soutien aux immigrés, lutte contre les discriminations…). Point n'est besoin de «partir pour être solidaire»... L'accompagnateur/trice reçoit, écoute et conseille les jeunes désireux-ses de préciser ou construire un projet. Il/elle les aide à cheminer dans leur engagement... : «A la fois guide et miroir, l’accompagnateur/trice s'efforce d'aider les jeunes à concrétiser leur désir sincère de solidarité, à vivre une expérience la plus gratifiante possible, mais solidement ancrée à la fois dans la réalité personnelle et dans celle du monde», TSI N°45, Mars 2011 p.11. Amandine Duthoit, Anne-Claire Lucas, Anne-Cécile Orain 1995-2013 : 50 numéros 9 Terre Solidaire Infos (TSI) Si le CICODES a été créé en 1983, «Terre Solidaire Infos» est né plus tard, en juin 1995 avec la publication du n°0, puis au début de 1996 du n°1. Il est alors le «Journal de Terre des Hommes, de Peuples Solidaires et du CICODES». Il est défini lors de sa création comme «la Revue Commune, c’est-à-dire un moyen supplémentaire de se faire connaître, mais aussi et surtout de faire connaître les actions, les projets à court, moyen et long termes, enfin pourquoi pas de donner l’envie à d’autres de devenir acteurs…» Effectivement les tout premiers numéros donneront des nouvelles des organisations fondatrices. Mais dès le n°3 sont publiées des informations diverses ne les concernant plus uniquement. En mars 2001, TSI dans son n°15 change de définition et devient le «Bulletin finistérien de liaison des Associations de Solidarité Internationale et de Défense des Droits Humains». Il ne restait plus alors des fondateurs, avec le CICODES, que Peuples Solidaires. Dans ce numéro, le bulletin se donne comme but «une évolution vers un travail en réseau interculturel, de solidarité internationale, de développement solidaire ou de défense des droits humains» et il vise à «construire la citoyenneté internationale». La rédaction est assurée par un comité, au départ de 4 membres, qui va ensuite s’étoffer pour en atteindre 8. Certaines personnes n’en feront partie que pendant un temps très court, d’autres resteront plus longtemps. Aujourd’hui, sur les membres du comité de rédaction, une seule personne est présente depuis l’origine, deux en font partie depuis 14 ans, trois depuis 11 ans. La direction de la publication a été assurée par la présidente, Danièle L’Aot, depuis le début, sauf de 1999 à 2002 où elle l’a été par Serge Bonnal, alors président. Dans les premiers numéros, l’éditorial en première page était signé par une personne connue, en fonction des thèmes traités. Depuis le n°16 de juin 2001, l’éditorial est signé de façon collective du nom de TSI. Si les premiers numéros étaient faits de nouvelles brèves, assez rapidement TSI va être consacré à un thème précis. Déjà le n°8 d’avril 1998 faisait l’«Etat des lieux des Associations de Solidarité Internationale» à l’occasion du Printemps des Associations, avec des fiches sur 19 associations finistériennes. Le n°9 de décembre 1998 marquait le 50ème anniversaire de la DUDH en mettant l’accent sur l’éducation. Le n°10 de mars 1999 était consacré à la Campagne pour l’annulation de la dette, avec un article important sur la naissance d’ATTAC. Mais à partir du n°16 de juin 2001 chaque numéro est consacré à un thème précis. Les numéros 21 à 24 sont peut-être à distinguer : deux d’entre eux, de mars 2003 et mars 2004 parlent d’éduquer, l’un à la politique, l’autre à la fraternité ; trois d’entre eux publient des contributions des lecteurs. Le n°32 de décembre 2006 marquait le 10ème anniversaire du bulletin, avec un article rappelant le rôle important de Christophe, objecteur de conscience, au début de la publication. Assez vite, certaines pages ou rubriques deviennent habituelles dans tous les numéros : page des revues, livres ou autres documents récemment acquis, agenda de caractère interassociatif à partir du n°11 en 1999, campagnes dont notamment celles de Peuples Solidaires. Le nombre de pages a progressivement augmenté. Les premiers numéros ne comprenaient que 4 pages, puis on passe à 6 à partir du n°5. Le n°8, consacré aux Associations, en comptera 14, puis les suivants en comporteront 8. Après une variation entre 8 et 12 pages selon les numéros, à partir du n°36 en mars 2008 TSI compte régulièrement 12 pages, avec même 16 pages pour le n°44 de décembre 2010 consacré aux migrants, 20 pages pour le n°45 de mars 2011 sur la Solidarité des Jeunes rédigé par des jeunes solidaires, et à nouveau 16 pages pour le n°46 de juin 2011 ayant pour thème «Un monde sans armes ?». Le nombre de numéros a en général été de trois par an (en mars, juin et décembre). La première page est restée à peu près la même depuis l’origine, avec la partie supérieure comportant l’abréviation TSI à gauche, un planisphère au centre et le nom complet sur trois lignes à droite. A partir du n°34 de juin 2007, la maquette est renouvelée ; le planisphère est stylisé, le nom en abrégé s’y inscrit, avant de disparaître à partir du n°42 en mars 2010. La couleur ne sera utilisée que pour le seul n°45 imprimé par le Conseil Général à l’occasion du Forum Jeunesse Kaléidoscope. Le thème de chaque numéro de TSI est choisi par le comité de rédaction après débat sur les différentes propositions. Les membres du comité proposent alors des articles sur le sujet choisi, sous un angle général ou sur un aspect plus précis, selon leur sensibilité et leurs intérêts souvent liés à l’association dont ils font partie. Une demande de participation est également adressée à des personnes ou à des associations pouvant être concernées ou intéressées par le thème retenu. Au fur et à mesure que les articles sont rédigés, ils sont adressés aux membres du comité de rédaction. Ceux-ci se réunissent quatre ou cinq fois pour les relire et les corriger au besoin. Cette correction porte sur la forme, sans modifier le fond, c’est-à-dire les idées ou arguments exprimés par l’auteur. L’article, une fois revu, est transmis à la secrétaire du CICODES, Nathalie, pour le délicat travail de mise en page. Aux articles s’ajoutent une bibliographie succincte et aussi les pages et rubriques habituelles déjà évoquées. Evidemment en 16 pages il n’est pas possible de traiter un thème de façon exhaustive, d’autant plus que les membres du comité de rédaction ne sont pas des spécialistes du thème choisi. Le bulletin donne un éclairage sur celui-ci et offre aux lecteurs des pistes pour aller plus loin. En tant que première synthèse, il est déjà un outil de travail, sinon un moyen d’éducation populaire facilement accessible. Il est aussi un moyen d’ouvrir la réflexion et d’éveiller l’attention sur une thématique qui invite à découvrir des articles, des ouvrages, des documentaires traitant du même sujet ou des sujets analogues. Si cela se produit effectivement chez les lecteurs, TSI aura atteint son but. L’aventure vaut donc d’être poursuivie. Y.J. 10 La diversité culturelle en fête ! La Fête des Droits de Toutes les couleurs (FDTC) Genèse : Le 10 mars 1999, Geneviève Garros, adjointe chargée de la solidarité et de l’action locale annonçait : «La ville de Quimper, en partenariat avec de nombreuses associations locales œuvrant en direction des droits de l’homme et de la solidarité, organisera le samedi 20 mars 1999 une fête intitulée des droits de toutes les couleurs. Elle fait suite au cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH) célébré le 10 décembre dernier. Dans cet esprit, elle se veut être un lieu de fraternité, de solidarité, de dialogue et d’ouverture sur le monde». Lieu : La première fête s‘est déroulée à l’Ecole Edmond Michelet, elle était centrée sur l’Afrique. En 2000, un groupe de travail fut créé pour mettre sur pied une fête à Penhars toujours sur le thème de l’Afrique, essentiellement pour les enfants et les jeunes. La Maison Pour Tous (MPT) et le Centre social étaient très impliqués. Puis il fut décidé que, les années suivantes, la fête aurait lieu alternativement dans l’une ou l’autre des Maisons de quartier, par roulement. En 2001, c’est donc à la MJC de Kerfeunteun que la fête s’est préparée et a eu lieu. En 2002, elle fut accueillie par le Centre social des Abeilles, puis en 2003 par la MPT de Penhars de nouveau, enfin en 2004 par celle d’Ergué Armel. Elle connut un succès tel que de nombreuses personnes ne purent assister au spectacle, la salle étant trop petite. Dès l’année suivante elle fut donc accueillie au Pavillon. Date : Les premières années un samedi, puis un dimanche à partir de 2005, fut choisi au plus proche de l’anniversaire de la DUDH. A partir de 2003, la fête fut déplacée aux alentours du 20 novembre pour coïncider avec la Semaine de la Solidarité Internationale, et l’anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), puis de nouveau en décembre. Elle fut finalement reportée en janvier deux ans plus tard, en fonction de la disponibilité de la salle. L’édition du 15/01/2012 Photo de D.L’Aot Contenu et organisation : Les propositions d’animation furent d’abord recensées à la commission de Solidarité internationale de la ville à laquelle participait une trentaine d’associations. Les ateliers étaient organisés par les uns et les autres dans les diverses salles : un conteur d’Afrique Verte croisait ses contes avec une conteuse algérienne ou française. La création d’une fresque ou d’une cabane offrait des activités aux enfants. Un lâcher de ballons leur donnait l’occasion de rédiger des messages de solidarité. Dès le départ, les associations culturelles turques et marocaine ont été très actives. Les ateliers vidéo n’obtinrent pas le succès espéré. Par souci d’écologie les ballons furent remplacés par des échanges de messages internet grâce au cyberbus de la MPT d’Ergué Armel ; mais les difficultés techniques ne permirent pas de continuer cette activité au-delà de deux ans. Comme la fête prenait de l’ampleur, il fallait que la préparation soit coordonnée par un animateur. C’est Serge qui s’en chargea, la ville déléguant l’organisation au CICODES. Puis la préparation fut animée par un «comité de pilotage» au cours de nombreuses réunions depuis le mois d’avril avec de nombreuses commissions de travail. L’objectif était désormais de «sensibiliser à la solidarité internationale et au respect des droits de l’homme» en associant les organisations de migrants. La country dance s’ajouta aux danses d’enfants turcs, français et bretons, le théâtre forum aux différentes expressions théâtrales des enfants des écoles. L’organisation du spectacle revint à Soaz Jolivet pendant plusieurs années. La rétribution d’intervenants pour des ateliers jeux ou arts plastiques fut remise en cause. En décembre 2006, un passeport «Citoyen du monde» demandait aux enfants de récupérer 30 visas (réponses à des questions) auprès des associations qui tenaient un stand, réponses récapitulées sur une grande mappemonde. L’année suivante ce fut le jeu de piste, les réponses obtenues donnaient les pièces à coller sur un puzzle géant et dans le livret de l’enfant. Les bibliothèques de la ville furent de plus en plus associées, en particulier pour le jeu de piste Habillons l’enfant de ses droits ou lorsque les enfants partirent à la recherche Des mots qui volent, et encore plus avec l’Odyssée des mots avec la recherche de Ceux qui ont dit Non à l’inacceptable. Le goûter gratuit devint très vite équitable, et une démonstration de tri écologique fut proposée. Un catalogue des associations de solidarité internationale et de défense des droits humains financé par la municipalité, fut rédigé par le CICODES en 2006. La fête Gouel ar gwiriou a bep liv obtint le label de l’année européenne du dialogue interculturel en 2008. L’année suivante vit le renouvellement de l’affiche et l’animation par Cordao Caraïbes créa une ambiance particulièrement chaude. La nouvelle équipe du CICODES va proposer des changements en concertation avec les différents acteurs «afin de renforcer les animations en direction des enfants pour les sensibiliser aux droits et à la diversité culturelle.» Apportons des idées nouvelles pour que la fête continue ! S. J. Les collectifs 11 Des collectifs : De l’Ethique sur l’Etiquette et la Semaine de la Solidarité Internationale Une des priorités du CICODES a toujours été d’agir collectivement avec d’autres associations de solidarité, locale, nationale et internationale. A la fin de l’année 2012, comme il était précisé dans la partie «Agir» de son dernier catalogue, le CICODES : soutenait le Collectif Droit d’asile, l’Association FrancePalestine-Cornouaille et la Journée du refus de la misère. organisait la Semaine de la Solidarité internationale, la Quinzaine du Commerce Equitable et le Festival de films documentaires «ALIMENTERRE». animait le Collectif «De l’Ethique sur l’étiquette». Ici, nous n’évoquerons que le Collectif «De l’Ethique sur l’étiquette» (ESE) et la Semaine de la solidarité (SSI). I - Le collectif «De l’éthique sur l’étiquette» Dès sa création en 1995, Artisans du monde à coordonné le collectif De l’éthique sur l’étiquette en invitant les consommateurs et les citoyens à relayer ses campagnes en direction des acteurs économiques et les pouvoirs publics pour changer les règles du commerce international afin de : lutter contre l’exploitation des enfants, l’esclavage, la répression antisyndicale… (Juin 1997). Photo de D.L’Aot Il relaie également les campagnes nationales lancées à l’initiative du CRID1, de Peuples Solidaires, du CCFD, d’Oxfam France. Dès ses débuts, le Collectif participe à la Quinzaine du commerce équitable (en mai) et à la Semaine de la Solidarité Internationale (SSI) en novembre en y incluant à partir de 2008 le Festival de films documentaires «ALIMENTERRE». Nous nous rappelons les grandes mobilisations souvent programmées pour deux années consécutives avec des formations : 1997 : Libère tes fringues en direction de Décathlon, La Redoute et André. 1998-1999 : Jouez le jeu en direction des magasins et fabricants d’articles de sport. 2000 : Pour l’école : consommons éthique ! en direction des collectivités locales. Cette campagne a connu un franc succès avec «La Loi Le Texier» : plus d’une centaine de villes ont adopté la motion demandant d’intégrer des critères éthiques pour leurs achats de fournitures scolaires ; d’autres comme la ville de Quimper se sont engagée sans toutefois signer la motion2… Il serait sans doute utile de vérifier les engagements des collectivités, à commencer par chez nous ! : Centre de recherche et d’information pour le développement « La ville de Quimper a inscrit des critères sociaux recommandés par la loi dans ses appels d’offres des fournitures scolaires… » Couleurs Quimper-Février 2004 1 CRID 2 Rapidement, des collectifs locaux dépendant du Collectif national se sont développés avec les boutiques Artisans du monde ou dans les centres RITIMO. Le collectif qui s’est créé à Quimper, en 1998-99, a été d’abord finistérien avec 2 antennes, l’une à Brest, l’autre à Quimper. Il était alors animé par les bénévoles du CICODES, de Peuples Solidaires, du CCFD, de Solidair’éthic, de la CLCV, de Ti ar bed et de la CFDT. De 2001 à 2008, l’équipe quimpéroise a été animée par le personnel salarié du CICODES, qui a coordonné les actions pour : relayer les campagnes en organisant des évènements divers destinés à informer le grand public, contribuer à la pression sur les enseignes par lettres d’interpellation et rencontres des directeurs, sensibiliser les citoyens en menant des actions à l’intention de divers publics et clubs sportifs. La Loi Le Texier (extraits) Cette Loi est à l’origine un texte présenté par le Parlement des Enfants. Adoptée le 27 mai 1999 par l’Assemblée Nationale. Elle se présente sous la forme de 3 articles : 1. Pour les achats scolaires, les collectivités publiques doivent veiller que les produits achetés n’aient pas requis l’emploi d’une main d’œuvre enfantine. 2. Lors de la présentation de la liste des fournitures scolaires, les élèves reçoivent une information sur la nécessité d'éviter l'achat de produits fabriqués par des enfants. 3. L'enseignement d'éducation civique comporte une formation à la connaissance et au respect des droits de l'enfant. Info ESEpress, n°2 – novembre 1999 12 Les collectifs 2001 : Achats publics : achats éthiques ? en direction des candidats aux élections municipales.3 2002 : Exploiter n’est pas jouer ! en direction des distributeurs de jouets avec un carnet de notes. Votons pour un monde plus juste ! Campagne pour l’augmentation de l’aide publique au développement, lancée par le CCFD et soutenue par 22 partenaires. 2003 : Exigeons des jouets fabriqués 100% droits de l’homme ! Les notes s’améliorent un peu ! 2004 : Jouez le jeu pour les J.O. en direction des fabricants de matériel de sport avec un nouveau carnet de notes. 2005 : Pour le respect des droits de l’homme au travail dans l’industrie du sport 1er juillet : Journée mondiale du bandeau blanc Action mondiale contre la pauvreté, 2005 : plus d’excuses ! Pression pour accélérer les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). décembre : OMC, 10 ans, ça suffit ! en direction de la 6e conférence de l’Organisation Mondiale du Commerce à Hong-Kong. 2006 : Justice pour les travailleurs du Bangladesh Campagne de solidarité avec les ouvriers du textile. En 2006, le collectif national perd le soutien de la Commission européenne et doit licencier trois salarié-e-s. Après ce coup porté, le collectif au cours d’une phase transitoire se constitue en association (2007) et reprend ses campagnes. Pendant cette année-là le collectif reprend une dimension départementale pour relayer la campagne nationale portée par le CRID et la Coordination Sud. 2007 : Urgence planétaire ! Votons pour une France solidaire en direction des candidats aux élections présidentielles et législatives. 2008 : Jouez le jeu pour les JO 2008 de Pékin en direction du directeur du Comité National olympique et sportif français. 2009 : Droits des travailleurs… Liquidation totale ? Rendez-vous et rencontre des distributeurs locaux. 2011 : Il est mortel ce jean… Stop au sablage en direction des consommateurs. 2012 : Pour des achats sportifs responsables… Jouez le jeu dans le cadre des JO à Londres. 2012-2015 : Made in Cambodge, le salaire de la faim. Le 1er volet de la campagne européenne qui, en soutenant les travailleurs cambodgiens en grève, vise 4 entreprises : Lewis, Gap, H&M et Zara. Les actions concernent toujours 4 types de produits : vêtements, chaussures, jouets et matériel de sport. Toutes les campagnes sont orientées vers la prise de conscience de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE)4 et la création d’un Label social… dans le monde entier. D. L . 3 «Quimper fait partie des 200 premières collectivités territoriales qui se sont prononcées en faveur d’achats publics respectueux des droits de l’enfant et de l’homme au travail.» Couleurs Quimper-Juin 2002 4 Voir encadré Collectif De l’Ethique sur l'Etiquette Martine Tressard Les collectifs II - La Semaine de la Solidarité internationale (SSI) Elle se déroule depuis 1998, tous les ans, la troisième semaine de novembre. Le CICODES avec le Collectif De l’Ethique sur l’étiquette s’est très vite impliqué dans ce qui est devenu un grand rendez-vous national de sensibilisation à la Solidarité internationale et au Développement Durable. Ainsi, en 2001, il est présent chaque jour avec une fourgonnette décorée, des tréteaux et des parapluies sur différents marchés du Finistère pour promouvoir le commerce équitable. Avec de nombreux partenaires, notamment le MRJC, la CLCV, le CCFD, Frères des Hommes, Max Havelaar, Peuples Solidaires et trois boutiques de commerce équitable sur le thème «De boutiques en marché, le commerce équitable fait sa renommée». Très vite, ce sera l’occasion d’accueillir des acteurs du Sud. Par exemple, en 2004, Patrick Vewessee, représentant du syndicat des travailleurs de l’agroalimentaire de la région de Foko, au Cameroun pour une conférence-débat : «L’industrie de la banane au Cameroun : le salaire du sang». Celle-ci était suivie d’un théâtre-forum sur ce thème avec la troupe Je Savoir Dire et d’un repas camerounais. Le CICODES avait organisé cet événement avec Peuples Solidaires, Afriques-Finistère et le REPCIP 29. Des partenaires de Peuples Solidaires seront présents les années suivantes sur le thème des droits de l’homme au travail ainsi que d’autres ASI comme Pêche et Développement en 2005 avec la venue à Quimper de pêcheurs sri-lankais et indiens. Des débats suivent la projection de films : Le Cauchemar de Darwin, Private, sur le conflit israélo-palestinien, Les trois chambres de la mélancolie, sur la Tchétchénie. Parmi les thèmes mis en valeur les années suivantes, «Les Dalits» à travers une exposition de Frères des Hommes sur l’actualité des anciens intouchables en Inde et «La faim, la terre et les paysans – soutiens croisés» avec la participation de représentants de trois organisations paysannes : Marcelo Durao du Mouvement des Sans-Terre au Brésil, Jean Coulibaly de l’Association des Organisations Paysannes Professionnelles du Mali et Richard Rabenaivo de l’association «Malgaches Solidaires pour une Citoyenneté Responsable au service des Droits des Populations». En 2007, la SSI prend de l’ampleur : le Collectif accueille Varsha, représentante du mouvement gandhien Ekta Parishad qui témoigne de la longue marche des Sans-Terre l’année précédente avec Janadesh Zindabad ! : femmes et accès à la terre en Inde. Puis Daniel Rey, économiste et agronome chilien, qui donne une conférence sur le thème «Demain, quels paysans pour les sociétés d’Amérique latine ?» ainsi que Véronique Lunven témoignant de son expérience de volontariat à Madagascar «Partir, (re)venir, échanger… et changer». Gilles Balbastre, réalisateur du film sur la marchandisation des services et de l’énergie «Services publics : EDF et les apprentis sorciers» participe au débat qui suit la projection. L’Association France-Palestine Solidarité (AFPS) présente le film «Les enfants d’Arna» de 13 J. Mer-Khamis et D. Danniel : dans le quotidien d’un camp palestinien, une Israélienne monte une troupe de théâtre avec les enfants prisonniers. Le CICODES devient alors Pôle référent pour la SSI et organise la communication au-delà de la semaine ellemême. Les collectivités territoriales s’impliquent : la Ville de Quimper avec des expositions dans le hall de la mairie et des conférences, le Conseil général avec, par exemple, des témoignages de ses partenaires malgaches et de ses agents partis en congé de solidarité à Madagascar. Un nouveau type de rencontres, le café-débat permet des échanges plus décontractés. Les thèmes sont divers : «les migrations», «partir», «femmes et mondialisation» avec la projection des films Femmes précaires et Ouvrières du monde et une conférence de Suzanne Wu. C’est celui de la souveraineté alimentaire qui prend désormais une place essentielle dans la SSI avec des tables rondes, le débat qui suit la projection de «Terres à taire : histoires de soja, ici et là-bas…» réalisé par huit jeunes bretons de l’association Aman y Alla et CCFD, et surtout, l’intégration du Festival de films ALIMENTERRE à la SSI. Après la projection, les débats, où interviennent des partenaires du Sud comme Mamadou Cissokho, Président d’honneur du ROPPA (Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest), placent la problématique au niveau mondial ; c’est le cas pour «Je mange, donc je suis» de Vincent Bruno. A partir de ces films et pendant un trimestre environ, le CICODES intervient dans plusieurs établissements scolaires, surtout ceux concernés directement par le thème, comme les Maisons Familiales Rurales et les Lycées agricoles En 2011 et pour les années suivantes, le slogan «Droits à l’essentiel» englobe tous les droits humains : civiques, politiques, économiques, sociaux et culturels. A Quimper, les événements rattachés à la SSI reflètent cette diversité mais le CICODES continue à privilégier les films du Festival ALIMENTERRE et les interventions en établissements scolaires. Le CICODES reste attaché à cette occasion de donner, chaque année, à travers la solidarité internationale, des clés de compréhension du monde, depuis la découverte des cultures jusqu'à l'appréhension des systèmes internationaux de gouvernance. C’est aussi l’occasion de rappeler que chacun, ici et là-bas, a un rôle à jouer pour proposer un monde plus juste, équitable et solidaire, par des modes de vie responsables et des engagements collectifs. S. Bonnal Photo de D.L’Aot 14 Les campagnes Les Campagnes de Peuples Solidaires Peuples Solidaires et Terre des Hommes ayant été cofondateurs du CICODES, il semblait logique que celui-ci relaie leurs campagnes, souvent menées conjointement aussi avec Frères des hommes, puis le CCFD et peu à peu dans plusieurs pays simultanément par le biais de confédérations syndicales. Nos campagnes sont des actions d’information/mobilisation de grande envergure menées en commun sur plusieurs années, dans plusieurs pays. Elles visent à changer les règles du jeu sur des dossiers prioritaires des Droits Economiques, Sociaux et Culturels (DESC) pour aboutir à la «Dignité au travail». C’est ainsi que peuples solidaires s’est impliqué dans le collectif «de l’éthique sur l’étiquette» (ESE) et sa campagne pour introduire des normes éthiques dans les achats publics dont les marchés sont passés au sein des collectivités locales et territoriales, pour les écoles, les cantines… mais aussi pour sensibiliser le public et former des «consom’acteurs» conscients de l’impact de la valeur citoyenne de tout achat : campagne «Made in Dignity». Ce même collectif a mené campagne, avec ses différentes composantes, près des clubs sportifs, magasins de sports et jusqu’au Comité olympique pour améliorer les conditions de fabrication de matériel sportif, particulièrement des ballons et faire reculer l’exploitation des enfants. De même dans le cadre de la «Clean Clothes campaign» le même organisme a fait campagne contre le sablage des jeans - opération qui entraîne des maladies pulmonaires chez les travailleurs et plus généralement contre l’insécurité des conditions de travail des ouvrier-e-s du textile et du jouet en Asie (Campagnes Barbie, Mattel ou Walt Disney) ou dans la fabrication de produits électroniques (campagne contre Apple ou actuellement Samsung). Les plus jeunes de ses militant-e-s et sala-riée-s n’hésitent pas à se lancer dans des actions de rue, flash mobs, happenings devant les grands magasins, telle la campagne très théâtralisée «Barbie est une menteuse» ou le pseudo défilé de mode «gris cendré» à la suite d’un énième incendie dans une usine textile au Bengladesh. D’autres campagnes sont menées dans le domaine agricole avec l’objectif «Faim zéro» : c’est le cas de la production de bananes avec le syndicat Euroban. Parallèlement à cette action menée au niveau international dans plusieurs pays, Peuples Solidaires fait signer des Appels Urgents à la demande de ses partenaires du Sud qui dénoncent le manque de dialogue social et l’impossibilité d’améliorer les conditions de travail, souvent désastreuses et dangereuses : «les femmes n’ont pas la banane», «des bananes pas si bonita»… Des courriels et courriers postaux sont adressés aux décideurs politiques ou économiques, ainsi qu’une carte de soutien aux organismes sociaux qui ont fait appel, plus, au besoin, une aide financière alimentée par les signataires des Appels pour les familles des travailleurs en grève ou licenciés. Cette solidarité encourage les ouvriers à persévérer dans leur action. Une caisse européenne de solidarité vient d’être créée dont la gestion a été confiée à Peuples Solidaires. Efficacité des appels et des campagnes : 7 fois sur 10, la mobilisation a un impact. Des avancées ont ainsi été obtenues sur les conditions de travail des ouvrier-es dans les plantations de bananes des multinationales. Suite aux 15 000 signatures recueillies lors de la campagne de mars 2011, les multinationales du fruit, Dole et Chiquita se sont engagées à mettre en place des programmes de formation pour les femmes et de meilleures conditions de sécurité tant pour la santé que pour l’environnement. Au niveau du textile, la cessation du blanchiment des jeans par des agents chimiques très nocifs pour les travailleurs a été obtenue. Par ailleurs, peu à peu la reconnaissance de syndicats et de négociation s’impose très lentement mais les conditions de travail en Chine, aux Philippines, Cambodge ou au Bangladesh restent particulièrement désastreuses, même si après l’effondrement d’un immeuble d’ateliers de confection, Camaïeu accepte d’indemniser les victimes après avoir reçu plus de 70 000 signatures de pétition. L’appel a été poursuivi pour faire céder Auchan. Au niveau du jouet, c’est toujours à l’image des firmes qu’il faut s’en prendre : atteindre Walt Disney ou Mattel en dénonçant le fait que leurs sous-traitants ne respectent pas les codes de bonne conduite dont ils se targuent, finit par les faire réagir ; faire savoir que des enfants, contre toutes les législations, travaillent à fabriquer des jouets, nuit à leur image de marque. Dans l’électronique, en réponse à l’appel urgent sur les «smartphones pas très smart» aux Philippines, le géant sud-coréen Samsung a répondu par voie de presse. Il nie avoir recours au travail de mineurs, bien qu’il en ait été dénombré jusqu’à 60 à 80% du personnel dans certaines usines, mais annonce un renforcement des contrôles et dit avoir exigé «que soient mis en place de nouveaux processus de recrutement» pour renforcer les mesures de vérification d’identité et d’âges. Samsung admet par ailleurs avoir «trouvé un certain nombre de points qui nécessitaient des améliorations» et dit être «en train d’y travailler». La compagnie prévoit même de «mettre fin aux heures supplémentaires excessives d’ici fin 2014.» Appels urgents de Peuples Solidaires Campagne n° 358 (du 10 mars au 10 juillet) : «Philippines : Licencié-e-s pour avoir parlé» 393 travailleurs-ses de la plantation de palmiers à huile Filipinas Palmoil Plantations Inc.(FPPI) sont licencié-e-s pour avoir répondu aux questions du Département du travail et de l’Emploi lors d’une inspection qui a confirmé les nombreuses violations des droits au sein de l’entreprise. Le Centre pour les syndicats et les droits humains en appelle donc à la solidarité internationale pour faire pression sur la compagnie afin qu’elle réintègre les travailleurs-ses et respecte enfin leurs droits. La grève entamée en novembre 2012 par près de 1000 travailleurs pour la réintégration de leurs collègues entraîne des menaces et l’intervention des forces de sécurité. Le 18 janvier Dole ordonne la reprise du travail pour tous, mais la FPPI ne réintègre pas les personnes licenciées… Comment ? Cartes à adresser au Président de l’entreprise et au syndicat (à signer sur le site www.peuples-solidaires.org) Les campagnes Au niveau de l’Accès à la terre, Peuples Solidaires ne se limite pas à la sécurité alimentaire, qui repose sur l’aide, il s’est engagé, avec le CICODES au sein du Collectif 29 pour la Souveraineté alimentaire et le droit des peuples à se nourrir eux-mêmes. Dans ce cadre, la lutte contre les accaparements de terre s’accélère, en lien avec les organisations paysannes et syndicales qui prennent conscience de ce nouveau danger. La campagne de soutien au mouvement indien Ekta Parishad, qui a organisé en Octobre dernier sa seconde marche pour obtenir du gouvernement indien le droit à la terre pour les petits paysans et en particulier pour les femmes, a abouti à un accord en dix points, avec deux avancées majeures : l’ébauche d’une politique nationale de réformes agraires dans un délai de 6 mois ; l’adoption d’une provision légale pour fournir des terres arables aux Sans-Terre et des habitations aux sans-abri. Vient maintenant le temps vérifier l’application de cet accord et l’éventualité d’une nouvelle campagne de pression sur le gouvernement indien. La campagne pour la souveraineté alimentaire nécessite de défendre le droit à la protection des marchés agricoles et le soutien à une agriculture paysanne et familiale soucieuse de la place des femmes et préservant les écosystèmes et l’accès aux semences 15 paysannes. Elle exige aussi la lutte contre les agrocarburants et la volatilité des prix. Cette campagne se mène en Europe avec un plaidoyer pour une nouvelle PAC (politique agricole commune) mais aussi dans tous les pays où Peuples Solidaires agit en lien avec Action Aid International et de nombreux organismes tant en Europe que dans les pays du Sud. S.J. Site Peuples-solidaires.org Appels urgents de Peuples Solidaires Appel Urgent Tunisie : «Latécoère : l'éthique bat de l'aile» L’équipementier aéronautique français Latécoère est l’un des leaders mondiaux de son secteur. Mais il semble moins performant en matière de respect des droits humains, surtout lorsqu'il s'agit du personnel majoritairement féminin - de sa filiale tunisienne. Les militantes tunisiennes en appellent donc à votre solidarité pour faire valoir leurs droits et respecter leur dignité. Comment ? Appel électronique à signer sur www.peuples-solidaires.org/appel-urgentunisie-latecoere/ La lutte pour la souveraineté alimentaire au cœur des préoccupations du CICODES → Pourquoi un habitant de la planète sur 7 souffre-t-il encore de sous-alimentation aujourd'hui, alors que les ressources devraient être suffisantes ? → Que faire ?... Ces questionnements restent des pôles majeurs de réflexion en matière de solidarité internationale ; Pour la souveraineté alimentaire*, le CICODES s'implique donc directement à deux niveaux avec : La participation comme pôle-relais à la Campagne ALIMENTERRE Cette campagne qui comprend le Festival de films du même nom est mise en place par le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) qui lutte pour l'autonomie alimentaire de tous depuis plus de 50 ans. Depuis sa création en 2007, le Festival de films ALIMENTERRE propose chaque année, à tous, jeunes et adultes, une sensibilisation et une réflexion sur un ou plusieurs aspects de cette problématique vitale pour l'avenir de l’humanité. Dès 2008, le CICODES a trouvé dans le festival de films ALIMENTERRE un outil permettant de proposer nouvelles animations au public et aux scolaires. Il s’est engagé comme pôle-relais pour le Finistère de la Campagne et du Festival. Deux points-forts de cet outil : Le Festival de films et la Campagne dans laquelle il est inclus permettent, grâce à la multitude des approches qu'ils offrent, d'appréhender les problèmes majeurs et d'échanger, au cours des débats, sur les causes des dysfonctionnements et l'enjeu de nourrir le monde. La diffusion des films et les activités de campagne réparties dans l'année nécessitent un travail en partenariat avec un maximum d'associations et collectifs, qui apporte richesse et dynamisme. Après 4 années de diffusion, ce sont 3254 personnes dont 1950 scolaires qui ont participé aux débats qui ont suivi le visionnement d’une quinzaine de films. Un thème-phare chaque année depuis 3 ans : en 2011, «Comment nourrir tout le monde ?» ; en 2012, «Les agro-carburants» ; en 2013, «La transition agricole et alimentaire». En ce qui concerne les diffusions prévues ou à prévoir cette année, contacter le CICODES [email protected] ; www.festival-alimenterre.org/ La participation au «Collectif29 pour une souveraineté alimentaire ici et là-bas» Crée en mars 2012, à l’initiative de Peuples solidaires, du CCFD et de la Confédération paysanne, compte une vingtaine mouvements, associations, syndicats et commerces bio. Ses membres ont interrogé les candidats aux élections législatives du département «afin d’attirer leur attention pour que des décisions justes et durables soient prises dans l’intérêt commun des populations du Sud et du Nord, notamment dans le cadre de la PAC et de l’OMC». Les 4459 signatures obtenues à la pétition mise en place et en ligne par Cyberacteurs en direction des consommateurs ont été remises aux élus. TSI n° 48 : Accaparement des terres. En 2013, les membres du Collectif ont demandé aux responsables politiques qu’ils exigent du gouvernement une «PAC cohérente avec la souveraineté alimentaire». Milène Condette *Le concept de Souveraineté alimentaire défini par Via Campesina en 1996, désigne le droit des populations, de leurs Etats ou unions, à définir leur politique agricole et alimentaire, sans dumping vis-à-vis des pays tiers. Elle inclut le droit de se protéger des importations agricoles et alimentaires à trop bas prix. 16 Témoignages Pourquoi je suis venu au CICODES et pourquoi j’y reste Cette année 2013 est celle des 30 ans du CICODES, des presque 20 ans du TSI … et de mes 88 ans ! Si je ne m'abuse, je dois être le doyen (d'âge) des gens qui gravitent autour du CICODES et c'est sans doute à ce titre-là que l'on me demande de témoigner en répondant aux deux questions ci-dessous. 1 - Comment et pourquoi je suis venu au CICODES. Sur les 88 ans de mon existence, j'en ai passé 34 dans la vie dite active, c'est-à-dire le temps pendant lequel j'ai, comme on dit, gagné ma vie : par mon travail, j'ai pu faire face à mes besoins. Cela veut dire aussi que pendant 54 ans ce sont d'autres qui s'en sont chargés, disons en gros la Société : soit directement : instruction primaire gratuite, obtention de deux bourses nationales pour le secondaire et le supérieur, plus divers avantages aux familles de fonctionnaires (mon père était dans la Marine Nationale) et aux familles nombreuses (je suis l'aîné de six enfants), soit indirectement, par l'intermédiaire de ma famille. Pour alléger la facture, on pourrait peut-être tenir compte des cotisations, versées pendant ma vie active pour contribuer à payer les pensions des retraités de l'époque... en attendant que les actifs d'aujourd'hui contribuent à payer la mienne, mais cela ne couvre certainement pas la totalité des allocations que me versent mes différentes caisses, surtout si, comme je l'espère, cela se prolonge encore quelque temps ! De toute façon, il y a déjà un important reliquat. Il faudrait aussi mentionner les mesures généreuses prises par le Président Mitterrand. Pensant libérer un nombre important d'emplois en faveur des chômeurs, il avait proposé à des seniors volontaires, réunissant certaines conditions de cotisations, d'anticiper leur retraite tout en continuant à toucher une partie importante de leur salaire jusqu'à l'âge de 65 ans. Réunissant les conditions, je me suis ainsi trouvé en retraite à 58 ans. J'en ai tiré la conclusion que je restais redevable à la Société pour son aide et sa générosité. Et que je devais, d'une façon ou d'une autre, rendre une partie ce que j'avais reçu par un engagement bénévole de type social, humanitaire, selon mes possibilités. Venant de la Région parisienne je retrouvai, à Quimper, un vieil ami qui me parle du CICODES, une association locale récente qui se consacre, ici et là-bas, à l'aide aux pays que l'on appelait encore du Tiers Monde. Il en était adhérent et me proposa de me faire connaître la présidente, Danièle L. Avec son mari, ingénieur agronome, ils avaient travaillé pendant trois ans au Chili fin des années 60. A leur retour en 1970, ils avaient créé avec d’autres une association départementale Développement international qui a rejoint le mouvement 1% TiersMonde, devenu lui-même Peuples solidaires, l’une des associations fondatrices du CICODES. Mon travail au CICODES Je suis arrivé avec mon temps libre et ma bonne volonté. Je pensais à la définition que l'on donne dans la Marine Nationale (Arme de spécialistes) au matelot non (encore) qualifié, le sans-spé (cialité) : bon à tout et propre à rien. Dès le début, on m'a demandé de remplacer, provisoirement (1 an), le trésorier brusquement empêché. Par la suite j'ai essayé de me rendre utile dans les différentes activités, à ma portée. Cela consistait à faciliter le travail du personnel responsable (salariés et bénévoles), en le dégageant en partie de contraintes ordinaires et peu spectaculaires mais indispensables à la marche de l'association. J'ai ainsi assuré des permanences à l'accueil et au téléphone, classé les nouveaux ouvrages ou revues et rédigé de temps à autre la notice d'un livre. Je faisais aussi partie du Comité de rédaction du TSI, et, comme les autres membres, rédigeant un article, participant à la correction mutuelle des textes et à la mise sous enveloppe. Il faut y ajouter d’autres tâches : transport de matériel, aménagement de salles pour les réunions... tout ce qui permet la vie ordinaire d'une association composée surtout de bénévoles.. Le CICODES ne fait pas cavalier seul : TSI fait appel à différentes associations. D'autre part, il participe activement à de grandes campagnes nationales ou locales lancées par des collectifs. Je me souviens particulièrement de la campagne pour le café Max Havelaar, produit-phare du Commerce équitable afin d’obtenir les conditions d'un commerce plus juste pour les paysans producteurs de café d'Amérique du Sud. Ils étaient outrageusement exploités par les intermédiaires des multinationales et de ce fait, étaient très tentés de substituer au café des plantations autrement plus rentables pour la production de drogues. La démarche organisait des circuits courts qui rémunéraient à l’avance les paysans ce qui leur permettait d’envoyer leurs enfants à l’école et de vivre dignement. Le CICODES avait accepté de promouvoir le café d’un torréfacteur breton, le CAT de Bain-de-Bretagne. Le café arrivait directement de la brûlerie et nous nous chargions, outre une petite vente directe, de le faire connaître aux consommateurs. Nous organisions des présentationsdégustations sur les marchés et dans les grandes surfaces. Un des arguments publicitaires était : «Aidez les paysans à vendre normalement leur café et renoncer à la production des drogues : vous contribuerez à protéger vos enfants». Il y avait parfois des rencontres émouvantes. Je me souviens d'une maman en pleurs qui, tout en dégustant son café, nous confiait sa détresse d'avoir découvert que son fils était accro à la drogue et son désespoir de ne pas savoir comment l'aider à s'en détourner. 2 – Pourquoi je reste au CICODES. D'abord parce que je m'y plais bien. J'ai le sentiment de (modestement) rendre service, sans les contraintes de la vie professionnelle et de bien employer une partie de mon temps libre. Et aussi parce que personne ne m'a encore dit de partir ! …/… Témoignages J'espère bien que quand je serai devenu plus encombrant qu'utile, j'en prendrai moi-même conscience ou alors que mes amis me rendront l'immense service de me le dire, à la manière CICODES : gentiment mais fermement... Peutêtre que j'ai encore un peu de temps ! Je dois dire aussi le grand climat d'amitié que j'ai trouvé au CICODES. J'ai parlé de Danièle mais j'ai tout de suite perçu que ceux qui l'entouraient était du même cru : c'est d'ailleurs parce que la plupart d'entre eux étaient déjà amis qu'ils ont pu créer le CICODES et son esprit. Et la nouvelle équipe de jeunes qui se constitue depuis quelques années semble bien aller dans le même sens, en faisant les adaptations nécessaires. Dans l'équipe (élargie) du TSI, règne le même climat d'amitié. Nous évaluons mutuellement nos prestations, corrigeons nos articles et même demandons de les réécrire au moins partiellement. Nous le faisons avec rigueur et sérieux (respect des lecteurs), avec amitié et compréhension (respect des auteurs). Depuis 10 ans, je n'ai jamais surpris une réaction d'auteur attristé, a fortiori rebuté, par ce genre de comportement. 17 Cela veut-il dire que la vie du CICODES est un long fleuve tranquille, coulant dans une sérénité perpétuelle ? Non bien sûr, il a aussi ses difficultés, parfois graves, voire des incompréhensions relativement durables, mais c'est tout de même plus facile de les résoudre, dans un climat qui demeure amical où chacun accorde à l'autre le préjugé favorable. Avec le temps, mes prestations sont moins nombreuses et plus limitées. Je continue toutefois à participer aux Assemblées Générales et souvent aux Conseils d'Administration lorsqu’ils sont ouverts aux adhérents. Le fait d'être dans la petite logistique donne une vue peut-être partielle mais concrète de la vie interne de l'association, permet de suivre son évolution, sa fidélité aux intuitions de départ et, le cas échéant, permet d'exprimer son propre point de vue, si on le juge opportun. Pour toutes ces raisons, quand je quitterai le CICODES, si je suis encore en mesure de le faire, je souhaite rester en contact (visites, téléphone...) pour suivre la vie de l'association... et reparler du bon vieux temps avec ceux qui m'y auront connu. J.C. G Témoignage d’une bénévole Mes activités au CICODES Comment et pourquoi je suis venue au CICODES TSI - Alors très invalide et dans l’impossibilité d’écrire, j’ai tout d’abord pris part au TSI en tant qu’observatrice puis, avec l’aide de certaines personnes, en tant que contributrice. Dire que j’ai un parcours quelque peu atypique est un doux euphémisme ! Outre un très très long cursus universitaire, j’ai un parcours de santé quelque peu taquin. Angliciste de formation, j’ai été sélectionnée par des professeurs d’une des dix plus grandes universités étatsuniennes pour y enseigner tout en intégrant un master. Ma scolarité a été quelque peu «perturbée» par un accident de kendo (escrime japonaise) juste avant la fin de la première des huit années passées là-bas. Malgré des douleurs chroniques et troubles sérieux de la mémoire, j’ai persisté tant bien que mal et ai été admise en PhD1. Pour des raisons économico-politiques, j’ai dû rentrer à Quimper où tout en poursuivant mes recherches de thèse et celle d’un emploi, j’ai ressenti de façon très violente le choc culturel (paradoxal car j’étais dans mon élément dans la diversité ethnico-linguistico-culturelle du campus ; pas ici). Aussi mon corps s’est-il brutalement rebellé, m’obligeant à abandonner tout ce sur quoi je travaillais depuis tant d’années. Cet accident mal diagnostiqué à l’origine et donc mal soigné pendant une décennie avait laissé des séquelles redoutables. Malgré cette situation de santé plutôt lamentable, le besoin de rencontrer des personnes en dehors des professionnels de santé devenait vital, de préférence des militants humanistes. L’assistante sociale m’a alors recommandé de rencontrer Anna Calvez, du Conseil Général. Au regard de mes compétences et centres d’intérêt, celle-ci m’a immédiatement orientée vers le CICODES, en novembre 2007. 1 PhD, littéralement « Docteur en philosophie » / doctorat de 3e cycle - études et recherches transdisciplinaires axées principalement sur la traite négrière et l’esclavage colonial dans les Antilles françaises et sur leur impact dans la société contemporaine : travail/devoir de mémoires, individuelle et collective, plus ou moins conscientisées. Le comité JEBB s’est créé peu de temps après mon arrivée. JEBB comme Justice et esclavage en Basse-Bretagne (1750 – 1850) ou l'exposition extraordinaire d’Annick Le Douget, greffière au Tribunal de Quimper, a été le support idéal pour sensibiliser scolaires et tout public aux traites d’humains et aux diverses formes d’esclavages, à Brest et dans plusieurs mairies et bibliothèques de quartier quimpéroises (avec PASI2) et lors de la Journée de lutte contre les discriminations. JEBB ou le tremplin de très grande qualité pour des conférencesdébats dans ces deux villes ainsi qu’à Rennes, le 10 mai 2009. Par ailleurs, Amandine et moi avons élaboré, sur papier, le contenu d’un CDrom interactif sur les différentes formes d’esclavage (ancestral, intraafricain, oriental, colonial et contemporain), dans le cadre d’un partenariat avec le CDDP293. Faute de moyens financiers, ce projet n’a pas abouti. Cette collaboration, fructueuse et amicale, basée sur des rapports de confiance et de complémentarité, en bonne intelligence, s’est renouvelée à de nombreuses reprises, dans diverses actions. Des échanges constructifs et chaleureux se sont ensuite développés avec Anne-Cécile et Anne-Claire ainsi qu’avec plusieurs bénévoles. 2 3 Pont l’Abbé Solidarité Internationale. Centre départemental de documentation pédagogique du Finistère. …/… 18 Témoignages Des interventions en binômes motivés et efficaces (avec PASI) à l’occasion du 20e anniversaire de la Convention internationale des Droits de l’Enfant ont eu lieu à la médiathèque de Plozévet auprès d’élèves de primaire. Dans le cadre de la commission communication et après moultes concertations collégiales, un infographiste et moi avons passé de longues heures à développer et créer les visuels modernisés du CICODES (plaquette et affiche). Interprète ponctuelle de militants étrangers, j’ai eu l’immense honneur et privilège de rencontrer des individus remarquables et investis (quitte à risquer leur vie) dans des domaines différents, où chacun/e a suscité une profonde inspiration, faite d’humilité et de respect, toujours de manière pacifique : Axel Pinpin des Philippines, Pradeep K. Sharma et Lillykutty Sahadevan d’Inde. Nous restons depuis en contact régulier. cité, d’ici et d’ailleurs), l’attrait de l’altérité, le tissage de liens, la défense et la protection des droits du vivant (de l’Humain et de l’environnement) par l’éducation populaire, par le militantisme au quotidien, dans nos paroles et gestes, me sont vitaux, tout comme cette insatiable envie d’échanger et d’apprendre. Aussi suis-je enchantée des orientations nouvelles que prend le CICODES, en phase avec ce que nous prônons à la LDH Quimper : vigilance, information, communication, action et réaction via des échanges constructifs. Une aventure humaine autour de sujets et de personnes qui nous tiennent à cœur, où chaque personne et chaque action affectent la (sur)vie d’autrui, qu’il soit à quelques mètres comme à des milliers de kilomètres de nous. Nous faisons partie d’un tout, soyons solidaires et humains ! A-K J 4 concours ouvert à chacun/e, sans discrimination aucune. Vidéos à envoyer jusqu’au 16 septembre 2013 ! Militante pratiquante de la Ligue des Droits de l’Homme Quimper, membre du bureau et de l’équipe de coordination du Concours de la Vidéo engagée4 (2e edition), j’ai immédiatement pensé au CICODES comme partenaire potentiel. Milène fait partie du jury présidé par la réalisatrice et scénariste Nicole Le Garrec. Pourquoi je reste au CICODES Etant à ce jour toujours dans l’incapacité de reprendre une activité professionnelle, ce long passage forcé de reconstruction est délicat mais loin d’être infructueux car c’est un apprentissage quotidien. Les expériences au CICODES sont riches de belles découvertes, de différends sourds aussi parfois. La participation à des activités sociales et politiques (dans le sens de la vie de la PROJET : Réseau des Associations de Solidarité Internationale en Cornouaille Depuis la création du CICODES, de nouvelles Associations de Solidarité Internationales (ASI) ont vu le jour. Nombreuses dans le Finistère, les ASI sont engagées en Afrique, Asie, Amérique latine, Europe… Certaines d’entre elles bénéficient d’une longue expérience tandis que d’autres, plus récentes, réalisent leurs premiers projets. Elles participent chaque année au Forum organisé par la Conseil général et à la Fête des Droits de Toutes les Couleurs coordonnée par le CICODES en lien avec la Ville de Quimper. Cependant il apparaît peu de liens organisés entre elles. Ce constat a été partagé lors de l’Assemblée Générale du CICODES en février dernier. Dans le cadre de ses orientations 2013, il a été décidé d’y donner suite par la création d’un réseau des Associations de Solidarité Internationale. Le CICODES s’adressera prochainement aux ASI de Cornouaille pour leur soumettre ce projet de réseau. Il s’appuiera sur un programme bâti autour de trois thématiques : La première, sur le thème «Agriculture-Eau» se tiendra durant la Semaine de la Solidarité Internationale en novembre prochain en lien avec les thèmes défendus par ALIMENTERRE. La seconde sera consacrée à la «Scolarité-Formation». La troisième aura pour thème la «Santé-éducation à la santé». Une quatrième aura pour objet l’analyse des problématiques repérées afin de dégager des pistes d’action pour la construction d’un Réseau des Associations de SI en Cornouaille. Si au cours de ces rencontres l’on repère des problématiques communes, elles fourniront des pistes d’action pour la construction du Réseau des Associations de Solidarité Internationale en Cornouaille. Cette démarche se fera à partir des souhaits émis par les participants au cours des trois rencontres précédentes. Jean-Michel Le Roux Le Dispositif Local d’Accompagnement (DLA) 19 Un DLA pour mieux appréhender le CICODES Lorsqu’au Conseil d’administration l’idée d’un nouveau Dispositif Local d’Accompagnement a été évoquée, je n’étais pas vraiment enthousiaste. Le précédent DLA remontant à 2006 m’avait semblé peu convaincant. J’avais eu l’impression que le CICODES était considéré comme une entreprise qui devait valoriser les manifestations lucratives et abandonner tout ce qui ne «rapportait» pas d’argent. La prise en compte de l’audience et du rayonnement culturel était oubliée. Mais qu’est-ce exactement qu’un DLA ? Il s’agit d’un dispositif mis en place par l’état, la caisse des dépôts et développé avec le soutien du Fonds social européen et des collectivités locales. La proposition émanait de Karine Vaillant de l’Espace Associatif qui nous a proposé plusieurs intervenants parmi lesquels nous devions faire un choix. Pourquoi avons-nous opté pour Agnès Coiffard qui vit à Aurillac dans le Cantal ? Sans doute en raison de ses nombreuses interventions dans le monde associatif. Jamais nous n’avons eu l’occasion de regretter ce choix. Les différentes séances étaient programmées de mars à juin 2012 de préférence le samedi avec repas partagé du style auberge espagnole qui renforçait les liens amicaux au sein du groupe. Le pique-nique à l’extérieur pour profiter du soleil de printemps fut un moment de bonheur exceptionnel. Chacun(e) apportait son plat et ses boissons et Agnès, avec ses fromages Cantal et Salers, avait un succès extraordinaire au point que d’une fois à l’autre nous lui passions nos commandes personnelles… Pour revenir à nos séances studieuses, l’objectif était de clarifier le fonctionnement et le projet du CICODES, d’analyser les places respectives de chacun, salariées et bénévoles à partir de questions simples : Qui ? Fait quoi ? Comment ? Par petits groupes nous apprenions à mieux nous découvrir car si nous avions déjà eu des contacts avec les différents participants, nous ne connaissions pas vraiment la démarche antérieure qui avait conduit chacun(e) au CICODES. Nous nous sommes attachés aussi à mettre en évidence les principales avancées de ces dernières années concernant la logistique, l’intendance, l’animation, la coordination et la communication. Au terme de la première journée nous avions déjà le sentiment d’avoir élucidé les missions du CICODES et d’avoir clarifié l’essentiel. Au cours des autres journées Agnès mettra l’accent sur les pôles d’activité avec la redéfinition des objectifs et des besoins, les partenariats, les différents rôles des bénévoles, l’évolution des compétences et le partage des responsabilités, elle nous invitera à nous poser des questions sur le sens de notre engagement. Toujours souriante, claire dans ses explications et disponible pour toutes les suggestions, elle va nous amener insensiblement à nous déterminer en faveur d’un domaine pour lequel nous avons des affinités, puis va nous grouper en fonction de nos motivations respectives. Elle attendra le dernier jour pour solliciter individuellement les personnes qui consentent à s’investir pour renouveler le bureau. Danièle et Serge ont porté pendant de nombreuses années le poids des décisions du CICODES et ont donné sans compter leur temps et leur énergie pour défendre les valeurs d‘éducation et de solidarité internationale. Nous savons trop ce que leur doit le CICODES. A l’heure actuelle, tout en restant actifs au sein du CA, ils souhaitent transmettre cette responsabilité et assurer une transition en douceur. Tout le savoir-faire d’Agnès sera nécessaire pour amener d’autres à se mobiliser. Nous savions dès le départ que le renouvellement était l’enjeu de ce nouveau DLA. AnneCécile, Milène, Jean-Michel, puis Maryannick acceptent spontanément de se proposer comme nouveaux responsables. Ils savent que la tâche sera lourde et se posent beaucoup de questions sur la succession, sur la difficulté de poursuivre un travail aussi rigoureux et ambitieux. Toute l’équipe est prête à les épauler dans cette délicate mission. Merci à eux d’avoir accepté de s’engager pour des valeurs solidaires. J.L.B. Photos de D.L Constitution du nouveau bureau : Présidente : Maryannick Carré Vice-présidente : Anne-Cécile Orain Trésorier : Jean-Michel Le Roux Secrétaire : Milène Condette Agenda 20 Juillet 2013 le 20 : Journée internationale pour la diversité socioculturelle et pour la lutte contre la discrimination 4 à St Martin des Champs 10 au 12 à Plemet dans les Côtes d’Armor 11 à Quimper Ingalan Bro Montroulez, en partenariat avec Peuples Solidaires, Attac, le CCFD-Terre Solidaire, organise une conférence «Afrik’Intox, une autre histoire des OGM» à 20h30 à l’Espace du Roudour. Université d’été du RECIT (Réseau des Ecoles de CIToyens) Bretagne au Centre de la Hersonnière. Thème : « Action collective, émancipation personnelle ». Plus d’infos : www.recit.net Piquet de solidarité avec le Peuple Palestinien, rue Kéréon, à 18h. Le thème du tract distribué à cette occasion dépendra de l’actualité. En cas d’évènement particulièrement grave, il pourra être organisé un rassemblement ou une manifestation. Contact : [email protected] Août 2013 le 23 : Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition 8/08 – 12/09 à Quimper Piquet de solidarité avec le Peuple Palestinien, rue Kéréon, à 18h. Contact : [email protected] 23 au 31 à Douarnenez Festival de Cinéma de Douarnenez. Thème : « Rroms, tsiganes et voyageurs ». Plus d’infos sur www.festival-douarnenez.com ou 02 98 92 09 21 Septembre 2013 le 21 : Journée internationale de la Paix 7 et 8 à Quimper Grande Braderie de Peuples Solidaires, à la salle du Chapeau Rouge. Contact : [email protected] Octobre 2013 le 17 : Journée internationale du Refus de la Misère 10 à Quimper du 15/10 au 30/11 Piquet de solidarité avec le Peuple Palestinien, rue Kéréon, à 18h. Contact : [email protected] Plus d’infos sur www.festival-alimenterre.org Novembre 2013 le 29 : Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien 14 à Quimper du 16 au 25 à Pont l’Abbé et à Loctudy Piquet de solidarité avec le Peuple Palestinien, rue Kéréon, à 18h. Contact : [email protected] Exposition sur l’eau de Yann Arthus Bertrand dans les sous-sols du château avec une animation éclatée dans toute la ville du 16 au 25. Solidarité papiers à l’Espace Jeunes, le samedi 16 Deux randonnées à Loctudy, l’une sportive, l’autre sur le patrimoine, le dimanche 17 Causerie aux « Camélias » à partir de l’exposition « Chemins d’école », le mercredi 20 Conférence-débat du PAE Togo à la Maison de la particip’action, le vendredi 22 Information à l’Espace jeunes sur le volontariat, le Service Civique International, les chantiers de jeunes, le samedi 23 Spectacle solidaire au Triskell, le dimanche 24 Contact : [email protected] ; Plus d’infos sur www.lasemaine.org Participation à l’Ecofoire de Quimper, organisée par Confluences pour la planète (Al’Terre Breizh, Cyber’acteurs et Sens & Habitat) avec diffusion des films documentaires du Festival ALIMENTERRE. Contact au sujet des films : CICODES au 02 98 95 87 40 ou sur www.festival-alimenterre.org. Pour plus d’informations sur l’Ecofoire : http://www.cyberacteurs.org/ecofoire/ le 24 à Quimper ADULTE Atlas des énergies mondiales, B. Barre / B. Merenne-s, Autrement Guide de la PAC, Collectif, Groupe PAC 2013 Ces peuples entrent en résitance, Attac, CADTM/CETIM/Syllepses Lobby planet Paris. Ces mains invisibles qui guident les politiques , AITEC Au mépris du monde. G8 – G20 et peuples en lutte, Collectif, Attac L’économie est l’affaire de tous, C. Laval / R. Tassi, Nouveaux regards/Syllepses/Attac L’efficacité énergétique à travers le monde. Sur le chemin de la transition, Collectif, Global chance/Coredem Europe pas sans toit, Collectif, AITEC Atlas de l’environnement – édition 2013 du Finistère, Cambodge, le salaire de la faim, Ethique sur l’étiquette Comment monter mon projet de solidarité internationale, Cool'eur/RITIMO Complètement banane, Fairtraide MURKY WATERS, CRISLA La route du café (Pérou), Internote Les Himbas font leur cinéma !, France 5 Tour d'horizon, Handicap International Viens avec nous, Tapori /ATD Quart-Monde Voyage au cœur des réalités paysannes , Ethiquable Collectif, Conseil général du Finistère Guide pratique sur l’éducation à la citoyenneté mondiale, Collectif, Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe Répondre aux préjugés sur les migrations , RITIMO La richesse autrement, Alternatives économiques Le « printemps arabe » : un premier bilan, Collectif, Alternatives Sud JEUNE-ENFANT En résonances, Nicoby, Conseil régional de Bretagne Catalogue téléchargeable sur le site du CICODES