François VALLEJO, écrivain
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François VALLEJO, écrivain
François VALLEJO, écrivain. François VALLEJO est né au Mans en 1960. Après l’école primaire Dulac et le collège Ambroise Paré, il arrive en seconde au lycée Montesquieu à la rentrée 75. En première, il sera présenté au Concours général de grec ancien par Michel GARIER1, son professeur de Lettres. Il y obtiendra le troisième accessit. Il quittera le lycée après l’obtention de son Bac philo en juin 1978. Il est aujourd’hui professeur de Français dans un collège du Havre. Son premier roman2 ‘Vacarme dans la salle de bal’ paraît en 1998 décrit la profondeur et la complexité des relations humaines. ‘Pirouettes dans les ténèbres’ (2000) affirme son style original, dynamique et sensible, puis ‘Madame Angeloso’ (2001), sélectionné pour les prix Goncourt, Femina et Renaudot, lui permet d’obtenir le François VALLEJO, en première. Ouest-France, Prix roman France Télévisions. Mais 8 juin 1977. c’est ‘groom’ (2003), récompensé par le prix des Libraires et le prix Culture & Bibliothèque, qui lui apporte la reconnaissance. En 2005, il signe ‘Le Voyage des grands hommes’, récompensé par les prix de l’Académie du Maine, Pierre Mac Orlan et Roman du Var. Il présente son sixième roman, ‘Ouest’, en 2006. Ecrivain confirmé, François Vallejo emporte les lecteurs dans son univers drôle et décalé.3 2001 Prix France Télévisions Roman Madame Angeloso (Viviane Hamy) 2005 Prix de l'Académie du Maine Le Voyage des grands hommes (Viviane Hamy) 2004 Prix Culture et Bibliothèques pour tous Groom (Viviane Hamy) 2006 Prix Jean Giono - Prix du jury Ouest (Viviane Hamy) 2004 Prix des Libraires Groom (Viviane Hamy) 2007 Prix du Livre Inter3 Ouest (Viviane Hamy) 2005 Prix du Roman du Var Le Voyage des grands hommes (Viviane Hamy) 2007 Prix Ciné Roman Carte Noire Ouest (Viviane Hamy) 2005 Prix Pierre Mac Orlan Le Voyage des grands hommes (Viviane Hamy) 1 M. Garier était à l’époque en conflit avec l’Inspecteur d’Académie qui voulait fermer la section grec au lycée. Réticent au début, François Vallejo, avec un de ses camarades, se laissa convaincre de se présenter au Concours général dans cette discipline. Le résultat permit de repousser la décision de fermeture d’un an…Cette année-là, les lauréats furent invités à l’Elysée par le Président Giscard d’Estaing. Professeur et lauréat devaient éviter toute extravagance vestimentaire. 2 Tous les romans de François Vallejo sont édités aux éditions Viviane Hamy. 3 Evene.fr – Août 2006. 3 Le 33ème lauréat du prix Livre Inter a été proclamé lundi 4 juin 2007 à l’antenne de la radio France Inter. Le prix a été attribué par un jury composé d’auditeurs de la radio, sous la présidence de Camille Laurens. Le jury du Livre Inter a récompensé François Vallejo pour son roman Ouest qui raconte un face à face entre un aristocrate et un garde-chasse dans la campagne du XIXe siècle. : Éditions Viviane Hamy François Vallejo, romancier plein Ouest Le Manceau s'est vu décerner hier le prix du Livre Inter 2007 pour son fabuleux roman intitulé Ouest. François Vallejo est un grand jeune homme brun à l'aspect un peu austère. Il ne faut pas s'y fier. À l'intérieur, le rire se terre et l'imagination bouillonne. Il est à part, cet auteur de 47 ans qui se définit volontiers comme « un croisement entre Sophocle et le XVIIIe siècle ». Romancier chronométré, il sort un livre tous les deux ans depuis une décennie. Des histoires absolument fantaisistes, comme celle de Madame Angeloso, une grosse dame qui crèche dans une R5 jaune. Il y eut aussi Pirouette dans les ténèbres, puis Groom et Le voyage des grands hommes. Tout cela dans un style qui tranche : original, vif, râpeux, ludique. Le côté réglo de Vallejo s'exprime aussi dans sa fidélité à un seul éditeur. Ou plutôt, à une seule éditrice : Viviane Hamy qui publia en 1998 son premier livre Vacarme dans la salle de bal. Depuis lors, avec ses histoires insolites, François Vallejo suscite louanges et lauriers. À l'automne, Ouest manque de peu le Goncourt. Aujourd'hui, les lecteurs du jury du Livre Inter adoubent son auteur parmi les grands. Il faut dire que Ouest est un livre assez extraordinaire. Il raconte le face à face bizarre, au XIX e dans un château de l'Ouest, entre deux personnages : un aristocrate aux idées républicaines et un garde-chasse resté fidèle à l'Ancien Régime. Pendant un demi-siècle, ils cohabitent dans une atmosphère de crime et de romantisme noir, mi pervers mi-sensuel. La photo de l'aïeul Ouest part d'un élément personnel. La photo d'un arrière-grand-père garde-chasse, flanqué d'un fusil et d'un énorme chien. François Vallejo met ce cliché familial en relation avec les images des tortures de la prison d'Abou Ghraïb. Et vogue l'imagination ! Le huis-clos terrible du roman naît de là. « Cette photo est bien réelle, confirmait hier Jean-Claude Vallejo, enseignant dans la Sarthe, frère et complice de François. Notre arrière-grand-père était effectivement garde-chasse au château des Perrières à Allonnes, près du Mans. François a gardé le nom du château pour le livre. Mais il a reculé dans le temps cet ancêtre pour en faire un personnage du XIXe siècle. Comme dans le livre, le chien qui s'appelait en vrai Sultan accompagnait à l'école une petite fille qui était notre grand-mère. » Jean-Claude confirme que cet « Ouest de western » à la localisation volontairement imprécise est parfaitement inspiré des paysages de la Sarthe. « Mon frère et moi avons grandi dans le Vieux Mans, à l'époque où c'était un quartier populaire. Notre père était ouvrier typographe et notre mère dactylo à la mairie. » Les deux frères, élèves au lycée Montesquieu se nourrissent de littérature. Dès l'âge de 12 ans, François écrit comme un fou des romans maritimes. Titulaire d'un Capes de lettres classiques, il enseigne aujourd'hui au collège RaoulDufy au Havre. Et il écrit. « Quand je travaille, il y a une sorte de flux assez rapide qui se met en place », ditil. Avec toujours un double mouvement : jaillissement jubilatoire d'un côté, maîtrise stylistique de l'autre. Georges GUITTON. Ouest, François Vallejo, chez Viviane Hamy, 270 pages, 18,50 €. Ouest-France mardi 5 juin 2007 Avec son nom de danseur de tango, on le verrait bien originaire de Buenos Aires. Or François Vallejo est né dans les quartiers populaires du Mans. Avec son imaginaire qui transforme l'anodin en extravagance, on le croiserait volontiers sur la route, un peu bateleur, un peu marginal. Mais il est professeur de français au Havre, ville béton ouverte sur l'Océan et le reste du monde. Cheveux courts, chaussures cirées, sourire poli, il réserve sa folie à des personnages démesurés qui poussent les murs et vivent «sur la pointe du rocher». A douze ans, il rédigeait des fictions maritimes quand les autres jouaient au foot dans la cour ou se repassaient les Rolling Stones en boucle. «C'était une activité secrète», dit-il, partagée cependant avec son frère aîné qui, lui aussi, noircissait des pages de cahiers. Les parents n'en savaient rien, l'ignorent peut-être encore. Vallejo a conservé dans son grenier ses premiers textes qu'il ne veut pas relire. Parfois des idées lui reviennent et le souvenir de moments de grâce qu'il essaye toujours de retrouver. En 1998, le jeu devient réalité avec la publication de son premier roman, Vacarme dans la salle de bal, une histoire dont le point de départ est un quiproquo de voisinage. L'écrivain part d'un fait réel, minuscule «comme un pilotis qui assure la construction». Il gardera ce principe dans ses autres livres (Pirouettes dans les ténèbres, Madame Angeloso, Groom), faisant glisser un propos anodin, un détail physique, vers des proportions extravagantes: «J'aime ce mélange de folie et de construction maîtrisée.» Derrière ses livres se profile toujours la même éditrice, Viviane Hamy, qui lut son premier roman en quarante-huit heures. Elle le publie désormais tous les dix-huit mois avec constance et passion. Entre eux, il s'agit de ping-pong et d'échanges feutrés. Viviane ne pointe pas chaque ligne du manuscrit, elle laisse entendre qu'à tel ou tel moment l'auteur pourrait aller plus loin. François Vallejo se contente de ces sobres indications, il ne lui en faut pas plus pour réfléchir, densifier ses mots, resserrer sa pensée ou la faire exploser. Entre ces deux êtres, la confiance est totale, la discussion constante et le respect mutuel. En 2005, c'est Viviane Hamy qui murmure le terme «roman historique» dans l'oreille de Vallejo. Une fois encore, la pensée chemine. «A priori, utiliser l'histoire comme point de départ romanesque ne me disait rien, mais j'avais une idée vague à propos du voyage de Jean-Jacques Rousseau.» Naîtra quelques mois plus tard le magnifique Voyage des grands hommes au cœur du XVIIIe siècle avec le valet Lambert, ses petites misères de domestique et son regard aigu sur les grands de ce monde et leurs médiocrités. A la fin du roman, François Vallejo laisse entendre que la famille Lambert fera à nouveau parler d'elle, une façon de glisser cette idée comme une «pierre d'attente». 2006: voici Ouest, avec un nouveau Lambert, l'arrière-petit-fils du valet, devenu gardechasse dans un XIXe siècle turbulent. On avait quitté une histoire de chevaux et de journal littéraire, nous voici dans un huis clos, entre le château et les terres du baron de l'Aubépine. Le voyage des grands hommes était solaire, souvent drôle, écrit dans une langue travaillée dans l'esprit du siècle, Ouest refuse le jeu de l'écriture archétypale de Balzac ou Zola pour un phrasé sec et nerveux, comme enfermé dans l'esprit des héros et de leurs fantasmes. «Je cherchais la fusion de plusieurs voix, le passage de l'une à l'autre sans vraiment la déceler, comme une spirale.» François Vallejo s'inspire d'un vague cliché familial ancien où un homme armé d'un fusil tient son chien, un molosse, qui le déséquilibre au moment du flash. L'image résonne tout à coup avec certaines photos de la prison d'Abou Ghraïb au point d'en faire le prologue. «Vous vous dites: l'histoire d'Abou Ghraïb, les prisonniers, les gardiens tortionnaires, les chiens, elle est là, centrale, dans les journaux, les procès, partout, connue de tous, c'est la nôtre. Et celle de ce type en colère et inquiet à côté de son animal?» Viendra l'histoire de Lambert et du baron, de leurs chiens de meute et des jeunes filles belles à mourir. La terre détrempée de cet Ouest ressemble à l'Amérique des premiers colons mais ici, dans la vieille noblesse française, on devient fou en rêvant d'un nouveau Napoléon et de Victor Hugo. Ouest est un livre de tourment et de tension, un magnifique roman d'une beauté sombre et sensuelle. François Vallejo explique qu'il raisonne en termes d'œuvre plus que de livres. Il dit ça sans calcul ni prétention, juste avec l'obstination du gamin de douze ans qu'il est resté, à la poursuite de l'instant magique où l'imagination se transforme en millions de mots. Lire, septembre 2006