La 7,65 Parabellum

Transcription

La 7,65 Parabellum
Fiche munition ●●▶ 7,65 parabellum
La 7,65 Parabellum
Un peu d’histoire
E
ncore un petit retour dans
ces années folles de la fin du
19ème siècle. Comme le
fidèle lecteur le sait, nous eûmes
précédemment dans ces colonnes,
le plaisir d’interviewer ces vieilles
dames que sont la 7,65 Browning,
la 7,63 Mauser et la 9 mm
Parabellum. Il manquait leur vieille
amie et néanmoins concurrente la
7,65 Parabellum.
Et tout ça commence en 1893 avec
celle qui a donné à cette « bande
des quatre », la 7,65 Borchardt.
L’étui de type «bouteille » est une
première dans le monde des cartouches pour arme de poing. Ce
simple aspect lui donne immédiatement une allure de petite cartouche
pour arme longue avec bien sur le
sentiment de puissance associé à ce
look. Cette Cartouche sera intégralement reprise dans ses dimensions
par les 7,63 Mauser et 7,62 Tokarev,
avec des chargements beaucoup
plus musclés ce que ne pouvait de
permettre la fragile mécanique du
Borchardt. à étui de type bouteille.
Nous l’avons vu dans ces colonnes,
c’est l’époque charnière entre
l’abandon de l’usage militaire des
révolver au profit des tout nouveaux
pistolets automatiques et les commissions d’armement aux USA et en
Europe particulièrement s’activent
fortement en conduisant des séries
de test en vue de choisir ce qu’il y a
de meilleur.
Parmi ces tests ceux menés par la
Suisse seront d’une importance
capitale pour notre cartouche.
En effet dés 1897, Georg LUGER un
ingénieur de la Deutsche Waffen
und Munitionsfabriken, plus sim-
plement DWM fut chargé de présenter le BORCHARDT aux essais
de l’armée suisse.
On s’en doute, le Borchardt est jugé
lourd et particulièrement encombrant avec l’énorme protubérance
de son mécanisme à l’arrière de la
poignée.
Luger se met à sa table à dessin et
repense entièrement l’arme. Le
mécanisme en particulier est reporté vers la partie arrière du boîtier et
surtout une forme moins large et
plus pentue est donnée à la poigné
dotant ainsi l’arme d’une ergonomie et une élégance sans précédent.
A cette dernière fin, Luger n’abandonne pas la cartouche du BORCHARDT mais l’adapte à la nouvelle poignée. Pour ce faire, il l’a raccourcit de 4 mm environ tout en
maintenant son profil général et sa
forme bouteillée.
Le BORCHARDT-LUGER et sa cartouche bien vite appelée 7,65 Luger
étaient nés et seront adoptés après
quelques ultimes modifications
pour le pistolet par la Suisse le 4
Mai 1900
Cette arme qui bien vite sera baptisé « Parabellum » par la DWM
devient ainsi le Modèle 1900, début
d’une longue lignée… mais ceci est
une autre histoire.
Quelques dates pour nous retrouver
facilement dans cette histoire de
famille
1893 : naissance de la 7,65
Borchardt ; c’est une 7,65 x 25
1896 : naissance de la 7,63 Mauser
; c’est une 7,65 x 25
1898 : naissance de la 7,65 Luger
ou Parabellum ; c’est une 7,65 x 21
1902 : naissance de la 9mm
Parabellum : c’est une 9 x 19
Emploi & Variantes
Militaire pour l’essentiel : Le « parabellum » et calibre 7,65 est le premier pistolet automatique adopté
réglementairement et c’est la Suisse
qui ouvre la bal, rejointe ensuite par
la Bulgarie, le Brésil, le Portugal, la
Finlande et bien d’autres nations.
La 7,65 parabellum ne sera jamais
réglementaire dans son pays d’origine, l’armée allemande lui préférant
en 1904 d’abord pour sa Marine et
en 1908 pour son Armée de Terre la
cartouche de 9 mm.
En revanche, la Suisse déjà habituée
1
Fiche munition ●●▶ 7,65 parabellum
à ce « petit calibre » depuis l’adoption dés 1882 de son revolver d’ordonnance en 7,5 mm conservera
cette cartouche fort longtemps en
dotation, jusqu’à l’adoption du
fameux SIG P210 en 9 mm parabellum. Cependant pour un usage
sportif, le Sig P210 restera chambré
en 7,65 parabellum et sa précision
dans ce calibre est légendaire.
au tir sportif et à un usage de défense personnelle.
Bien vite à l’instar du Mauser 96,
des versions carabines apparaissent
dont la très célèbre et magnifique «
Carabine-Pistolet Mle 1902 ».
Visant la clientèle des explorateurs
et aventuriers divers courant le
monde à cette époque, le chargement était plus musclé.
La 7,65 Luger fit une grande carrière sportive, notamment en Suisse où
elle se révéla tout de suite comme
étant d’une très grande précision. Il
n’est pas rare qu’un bon tireur
obtienne sans grande difficultés des
scores de 45 à 50 / 50 sur cible C50
à bras franc à la distance de 25 m
avec un simple Modèle 1906-29.
D’autres armes ont aussi été chambrées pour elle, mais à un degré
bien moindre. La plupart étant des
armes initialement chambrées en 9
mm parabellum et pour lesquelles
une conversion en 7,65 fut développée soit industriellement à petite
échelle soit artisanalement.
En effet pour des armes de système
Browning par exemple le changement de canon est très simple et la
conversion de calibre ne nécessite
pas d’autre opération. Nul besoin
de changer de chargeur, de tête de
culasse. Ainsi on cite des cas de
Browning GP35 et aussi de … MAC
50 recanonnés en 7,65 Parabellum.
Les armes chambrées pour
ce calibre
Plus qu’on ne le croit généralement.
Le 7,65 Parabellum fut le calibre
réglementaire de l’Armée suisse
pendant pas mal de décennies
depuis le Luger 1900, en passant
par les évolutions successives de
1906 et de 1929 et toutes les
variantes intermédiaires.
Les armes les plus représentatives
de cette cartouche son sans conteste le Luger (sous toutes ses appellations réglementaires parmi lesquelles le M23 finlandais) et le SIG
.
Elle fut aussi adoptée par la police
des frontières allemandes (au temps
des frontières…) avec les HK P9 et
P9S ainsi que par l’Egypte avec le
Beretta Modèle 51.
On la retrouve même, toujours en
Suisse, dans un pistolet-mitrailleur
dérivé du MP 18 de la grande
Guerre, le SIG-Bergmann Mle 1920
et aussi en Finlande avec le Suomi
M-26 (encore un parallèle avec la
7,65 Long … et le PM 38)
Mais il y eu aussi de nombreuses
fabrications commerciales destinées
●●▶ Mod. 329PD canon de 4’’
Mauser repris dans les années 70 la
fabrication du Parabellum dans ses
deux chambrages 7,65 e 9 mm.
En Italie proche de la Suisse ; les
BERETTA M98 / 98F / 98FS ET M99
ont été chambrés en 7,65
Parabellum. A usage de Police et de
Tir sportif (la possession d’armes en
9 mm étant interdite aux civils).
sable car les munitions manufacturées ne sont pas particulièrement
bon marché.
La douille étant à collet rétreint, la
feuillure se fait sur l’épaulement du
collet. La longueur de l’étui est
donc une donnée a surveiller avant
chaque rechargement d’autant plus
que cette cartouche est assez puissante. Il est n’est pas nécessaire de
sertir fortement les projectiles avec
des charges de tir modérées.
Il existe peu de données de rechargement officielles pour la 7,65 parabellum. Ni la SNPE ni LAPUAVithavuori ne publient de données
de chargement pour elle. Les
quelques informations publiées sont
celles du manuel de rechargement
de René MALFATI ou les conseils
donnés par les fabricants de projectiles comme HN. Ce sont donc ces
données qui sont reproduites dans
le tableau ci-après. Les informations
publiées par HN concernent des
poudres américaines pour lesquelles il est indispensable de
consulter avec beaucoup de prudence les tableaux de correspondances relatives. Le rechargeur
consciencieux et prudent les considérera comme une base de développement, l’auteur et la revue
déclinant toute responsabilité se
limitant à la reproduction des tables
publiées.
Etuis
Outillage
Aucune difficulté d’approvisionnement. Toutes les fabricants de matériel de rechargement ont les outils
pour la cartouche de « 30 Luger » à
leur catalogue On retrouve donc
tous les grands : HORNADY, LEE,
LYMAN, RCBS,…
Rehargement
Le rechargement de la 7,65 Luger
est à la portée de tout rechargeur.
C’est même une activité indispen-
Fabriqués par WINCHESTER, FIOCCHI, STARLINE…
La disponibilité des étuis vides non
amorcés en France n’est pas évidente. Il est alors possible de reformer
la 7,62 Tokarev beaucoup plus aisément distribuée notamment pas
Sellier Bellot. L ‘étui de 9X21 est
aussi utilisable quoique donnant
après rétreint du collet une douille
légèrement plus courte.
Une autre solution consiste à tourner des étuis de 39 Special ou de
.357 Magnum, qui fonctionnent très
2
Fiche munition ●●▶ 7,65 parabellum
bien à charges modérées.
En revanche, les munitions manufacturées sont plus aisément disponibles, tout en n’étant pas légion,
citons principalement FIOCCHI et
RUAG en Suisse. Ce dernier produisant depuis une dizaine d’années
d’excellent étuis à amorçage boxer
rechargeables un grand nombre de
fois
Poudres
La poudre française la mieux adaptée est incontestablement la A1.
C’est celle qui offre la meilleure
vitesse pour une pression modérée.
La Ba10 n’est pas du tout recommandable dans ce calibre, trop vive
et trop délicate à faible densité de
chargement compte tenu de la
capacité de l’étui. N’oublions pas
que le 7,65 Luger sans être aussi «
chaud » que le .30 Mauser ou encore le 7,62 Tokarev se situe à un
niveau de vitesse comparable à la
7,65 Long française, les deux cartouches étant balistiquement équivalentes (ce qui est de nature à
quelque peu réviser certains points
de vue tenaces sur notre 7,65 Long
national).
On peut aussi utiliser la Ba9 dans
une fourchette de 0,30 grammes
pour un projectile de 88 à 90
grains, à 0,35 pour un projectile de
81 à 93 grains type Balleurope ou
HN cuivré.
Balles
Tous les grands fabricants proposent
les projectiles allant de .308 à .309:
L’étui, Sierra, Sellier Bellot, Fiocchi
… d’un poids moyen de 85 à 90
grains pour le projectile blindé classique.
Le projectile classique est de type
blindé cylindro ogival (FMJ « Round
Nose). On peut dans certains cas
avoir une petite difficulté de positionnement du projectile avec ceux
munis d’une gorge de sertissage.
C’est le cas de la Sellier Bellot, prévue pour la douille de 7,62 Tokarev
ou 7,63 Mauser. Dans ce cas, ne
pas sertir.
Lyman, RCBS ou LEE et d’autres
fabricants proposent des moules à
balle plomb pour la
7,65
Parabellum. La référence Lyman est
la 311252 de 75 grains, un peu
légère pour cette cartouche. LEE
propose une balle d’un poids plus
conforme de 93 grains avec sa référence 311-093R.
On trouve également en cuivrée
l’excellente HN de 86 grains en
deux diamètres : .309 et .311. Cette
balle s’adapte très bien aux différents diamètres de canon que l’on
peut rencontrer tant en 765
Parabellum, qu’en 7,63 Mauser et
autres 7,62 Tokarev (c’est derniers
généralement en .311, voire
plus…).
Balleurope fabrique aussi une balle
de 81 grains. Destinée au .32 ACP
elle est d’un diamètre de .313 et
nécessite d’être recalibrée au moins
à .311 pour être utilisable dans le
7,65 Browning.
Données utiles, normes CIP
Longueur maxi de la douille :
21,6 mm
Longueur cartouche :
29,85 mm
Pression maxi :
N.C.
Diamètre standard du projectile :
.308 À .309
Amorçage :
De type boxer classique format
Small Pistol disponible chez CCI,
RWS, Winchester…
Jacky DEJONCKHEERE
Crédits photos :
Frédéric Botbol
http://la-cartouche.skynetblogs.be/
●●▶ De gauche à droite :
7,65 parabellum, 7,65 Browning,
7,63 Mauser, 9mm Luger
Poids de
balle (grains)
Marque
Type
Poudre
Charge grammes
Conseillée Maxi
V 2,5m
Source
86
HN .311
Cuivrée
Hogdon « HP38 »
0,27
355 m/s
H.N.
86
HN .311
Cuivrée
Alliant « Bullseye »
0,23
350 m/s
H.N.
93
n.c.
FMJ
A1
0,28
n.c.
MALFATI N° 4
93
n.c.
FMJ
Ba 9
0,32
n.c.
MALFATI N° 4
93
n.c.
FMJ
A0
0,32
n.c.
MALFATI N° 4
3

Documents pareils