169 - Asloca
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DROIT AU LOGEMENT Journal de L’ASSOCIATION SUISSE DES LOCATAIRES fédération romande Rue Jean-Jacques-Cart 8 1006 Lausanne N° 169 / Avril 2005 Tirage: 85 000 Postecode 1 JAB 1006 Lausanne Le journal de l’ASLOCA lodement g Droit au www.asloca.ch ASLOCA Quelques bons tuyaux pour économiser Cette chère eau Dossier pages 6 à 10 Nouvelle révision du droit du bail? C’est encore la bouteille à encre Pages 4 et 5 Formule de demande de logement La régie ne doit pas tout savoir Page 16 Droit du bail Joseph Deiss fait fausse route Editorial E 2 Droit au logement n° 169 Avril 2005 n 2004, le conseiller fédéral Joseph Deiss a relancé le débat sur le droit du bail. Il proposait une version édulcorée du contre-projet indirect rejeté par le peuple. Nous soulignions ici même qu’il n’était pas acceptable que l’on s’achemine vers un «copier-coller» législatif contraire à la volonté populaire. La majorité des organisations représentatives des milieux économiques et sociaux siégeant au sein de la Commission fédérale du logement, dont l’ASLOCA romande, ont cherché des pistes de révision. L’ASLOCA alémanique formulait une proposition intéressante, se rapprochant de l’Accord romand négocié à l’époque entre l’ASLOCA romande et la Fédération immobilière romande (FRI), soit une «petite révision» portant uniquement sur les modalités de fixation de loyer: maintien du loyer initial fondé sur les coûts et indexation des loyers en cours de bail à raison de 80% de l’ISPC. De son coté, la FRI proposait une solution «dualiste», c’est-à-dire une solution laissant, lors de la conclusion du bail, le «libre» choix entre deux systèmes différents de fixation de loyer: l’un proposant la fixation du loyer initial et en cours de bail sur les coûts supportés par le bailleur et l’autre introduisant le loyer initial fixé sur les loyers comparatifs et l’indexation du loyer en cours de bail. L’Office fédéral du logement a d’une part poussé la Commission fédérale du logement à poursuivre ses travaux dans le cadre cette solution dualiste et d’autre part suggéré à Joseph Deiss d’en faire sa proposition officielle. Cette stratégie, officielle ou non, ne peut être admise par les locataires. 1) Comment se décider pour un système dualiste alors même que les tenants et aboutissants de chacune des méthodes ne sont pas encore définis? C’est opter, la tête dans le sable, pour la forme plutôt que pour une option de fond. Or, le fond – comment calculer concrètement le loyer – est le cœur du problème et l’essentiel. Tous les locataires le savent. 2) Comment soutenir un modèle avec un choix virtuel pour le locataire? Personne n’est dupe, le bailleur tient le couteau par le manche lors de la conclusion du bail. Il imposera la méthode la plus rentable. Or le droit du bail est destiné à protéger le locataire en tant que partie faible. Ce point cardinal est oublié. 3) Le droit du bail sera plus compliqué. Deux méthodes de calcul du loyer se côtoieraient. Où est passé l’objectif de simplification du bail? L’enjeu d’une révision du droit du bail est triple: simplifier le droit du bail, découpler les loyers du taux hypothécaire, et réduire les loyers (les plus chers d’Europe). Le découplage ne peut se faire à n’importe quel prix. Tout particulièrement, il n’est pas imaginable de sacrifier l’objectif de lutte contre les loyers exorbitants. Pour les locataires, il faut une seule méthode, celle de calcul des loyers fondée sur les coûts réels, assorti d’un système évitant la dépendance du locataire de son bailleur. C’est tout le contraire que Joseph Deiss semble vouloir nous servir en faisant sien le système dualiste de fixation de loyer. Carlo Sommaruga Deux décisions du Tribunal fédéral Nuisances subies: baisse et dommages-intérêts Jurisprudence Dommagesintérêts D’autres locataires neuchâtelois se sont même vu octroyer des dommages-intérêts par le Tribunal fédéral, en sus d’une réduction de leur loyer (Arrêt du 10 janvier 2005, 4C.334/2004). Les locataires avaient loué un hôtel-restaurant. Après une visite des locaux, la Commission communale de salubrité publique a constaté que l’état général du bâtiment était dégradé et, en certains endroits, impropre à l’utilisation. Les juges fédéraux estiment que le bruit d’un chantier peut être considéré, dans certains cas, comme une nuisance. Un médecin neuchâtelois obtient gain de cause: loyer baissé de 37% car son cabinet a subi les vibrations du percement d’un tunnel destiné à un funiculaire souterrain. 3 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Il est bien connu que le locataire a droit à une réduction temporaire de son loyer, lorsque la chose louée présente des défauts ou qu’il subit des nuisances l’empêchant d’utiliser normalement son logement ou son local commercial. Nous en avons déjà souvent parlé dans ces colonnes (voir DAL 166, p. 4, et 167, p. 14) et notre site Internet répertorie un certain nombre de décisions ayant octroyé des réductions de loyer en cas de défauts (www.asloca.ch: tabelles). Nouvelle interprétation Le Tribunal fédéral vient de rendre un important arrêt concernant le droit d’un locataire de locaux commerciaux à une réduction de loyer, en raison des nuisances subies par deux chantiers proches (Arrêt 4C.377/2004 sur le site du Tribunal fédéral: www.bger.ch/fr). Le TF a, en particulier, écarté les arguments du propriétaire selon lesquels il ne devait aucune réduction de loyer, puisque l’un des deux chantiers était d’intérêt public. Cela n’empêche pas le locataire d’obtenir de son bailleur une réduction de loyer, mais l’empêche seulement de demander l’arrêt du chantier. Le Tribunal fédéral a précisé que l’on ne pouvait pas appliquer telles quelles les règles du droit du voisinage, prévues aux art. 679 et 684 du Code civil suisse. Ces règles avaient été appliquées par le Tribunal fédéral dans des arrêts précédant la révision du droit du bail de 1990: le Tribunal fédéral a souligné que, depuis cette révision, ces arrêts ne pouvaient plus être appliqués. Le Tribunal fédéral a souligné que les situations étaient différentes, puisque les voisins, au sens du Code civil, ne sont unis par aucun lien contractuel, alors que, dans le cas d’une prétention en réduction de loyer faite par un locataire, il s’agit de «compenser le déséquilibre entre les prestations contractuelles résultant du défaut». En définitive, le locataire en cause, soit un ophtalmologue neuchâtelois, a obtenu une réduction de loyer de 37%, en moyenne, sur 27 mois. Dix chambres en quarantaine Elle a ordonné des travaux d’assainissement; les locataires ont réclamé une réduction de loyer, et des dommages/intérêts, car 10 chambres de l’hôtel étaient inutilisables. Il en est, bien sûr, résulté une baisse du chiffre d’affaires. Comparant l’évolution des recettes sur plusieurs années, le TF a confirmé le droit des locataires à des dommages-intérêts pour 50% de leur perte de bénéfices sur 6 mois, soit plus de 60 000 francs. Précisons qu’un locataire n’a droit à des dommages-intérêts, en cas de défauts, uniquement s’il arrive à démontrer qu’il a subi un dommage (perte financière) et que cette perte est due à un défaut dont la réparation incombe au bailleur. En l’espèce, le TF a estimé que le bailleur avait commis une faute en tardant à exécuter les travaux, de surcroît insuffisants. François Zutter Droit du bail: quelle révision? Débat sur des bases floues et opaques Suisse Le conseiller fédéral Joseph Deiss recevait, en juin 2004, des parlementaires représentant les milieux immobiliers et locataires. Il leur faisait part de sa volonté de simplifier le droit du bail et de découpler le loyer de l’évolution des taux hypothécaires. On expliqua aux parlementaires qu’en cas de remontée des taux, le Conseil fédéral n’entendait modifier les règles de calcul du report des variations du taux hypothécaire sur les loyers qu’au cas où le taux dépasserait 4,5%. Les représentants de l’ASLOCA romande affirmèrent que toute méthode qui ne se fondait pas sur les coûts était problématique. Une proposition inacceptable: Depuis juin 2004 diverses propositions de révision du droit du bail sont discutées. Etat de la situation. flou total En automne 2004, l’Office fédéral du logement présentait donc un avant-projet de révision du droit du bail. Surprise dans les chaumières: la proposition reprenait quasiment le projet refusé par le peuple en février. Elle avait la teneur suivante: 4 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Loyer initial Le loyer initial serait fixé librement, comme c’est le cas maintenant. Une vérification n’aurait lieu que si le locataire contestait le loyer initial devant la Commission de conciliation. La vérification du loyer initial est prévue selon une méthode de loyers comparatifs que la Confédération est chargée d’établir. Bien que cela ne soit pas précisé dans le projet, c’est la fameuse méthode dite «hédoniste». Développée par le professeur Geiger, elle détermine les loyers comparatifs essentiel- lement sur les loyers les plus récents, soit les plus chers. Cette méthode, non transparente, se trouvait déjà dans la révision du droit du bail rejetée par le peuple. Le caractère abusif du loyer surviendrait dès le dépassement d’un plafond de 10% au-dessus du niveau des loyers comparatifs. Dans le contre-projet rejeté, il était fixé à 15%. Loyer en cours de bail Selon le modèle proposé, le loyer pourrait être augmenté du 80% de l’indice suisse des prix à la consommation (ISPC). En cas d’augmentation de l’inflation de plus de 5% pendant deux ans consécutifs, le Conseil fédéral pourrait ordonner une réduction du taux maximum pouvant être répercuté. Le loyer pourrait également être majoré en cours de bail en raison de travaux à plus-value. La règle actuelle de répercussion de 50% à 70% de grands travaux sur le loyer serait supprimée et compétence donnée au Conseil fédéral pour fixer les taux de répercussion. Ce flou permettrait finalement d’améliorer les rendements des bailleurs. Seule amélioration prévue, l’échelonnement de l’augmentation de loyer, si celle-ci devait dépasser 20%. Point positif, contrairement au contre-projet rejeté, il n’y aurait plus de possibilité de majorer le loyer en cas de changement de propriétaire. En clair, la vente d’un immeuble ou d’un logement ne permettrait pas au nouvel acquéreur de majorer le loyer. Contestation du loyer par le locataire En cours de bail, le locataire ne pourrait plus demander un contrôle du loyer et obtenir une baisse, sauf si l’ISPC baisse. Ainsi, les loyers ne pourraient diminuer qu’en cas de déflation! La vérification du rendement en cours de bail disparaîtrait. Protection contre les congés Le Conseil fédéral, convaincu que le système actuel aurait fait ses preuves (sic!), ne souhaite pas introduire l’obligation de justifier le congé donné par le bailleur comme le demandent de longue date les locataires. Il propose timidement que les congés donnés afin de rechercher un rendement plus élevé – en clair: relouer plus cher – soient annulables. Prolongation de bail La pesée des intérêts dans la prolongation de bail serait modifiée en cas de résiliation en vue de travaux de construction ou de rénovation. Cet élément prendrait une part plus importante lorsque les travaux nécessitent le maintien de logements vides. Concrètement, un bailleur qui allègue une rénovation lourde de son immeuble ou une opération de démolitionreconstruction pourrait obtenir que les prolongations soient fortement réduites. Procédures gratuites La gratuité de procédure serait garantie pour les causes d’une valeur ne dépassant pas les 20 000 francs. Droit transitoire De manière surprenante, les modalités de passage du régime juridique actuel au système proposé seraient fixées par le Conseil fédéral et non dans la loi. Cela laisse une opacité sur les conditions précises de transition. Les locataires risquent d’être les dindons de la farce. Opposition de l’ASLOCA L’ASLOCA romande a vertement critiqué cette proposition de révision. Essentiellement, l’ASLOCA reproche à cet avant-projet de reprendre les éléments négatifs du contre-projet rejeté en votation en février 2004. L’ASLOCA romande défend un loyer fondé sur les coûts. De plus, le transfert systématique de compétences au Conseil fédéral introduit un flou trop important pour les locataires. L’ASLOCA n’était pas isolée dans le rejet de l’avant-projet. Le front du refus était très large, même parmi les bailleurs. Cette situation a amené l’Office fédéral du logement (OFL) à revoir sa copie. 5 Droit au logement n° 169 Avril 2005 A la conclusion du bail, les parties auraient le choix entre les deux variantes suivantes: A) Soit un droit prévoyant la fixation du loyer initial en fonction des loyers comparatifs et l’adaptation du loyer en cours de bail à l’ISPC. B) Soit un droit fixant le loyer initial et en cours de bail selon les coûts réels du bailleur. Le contenu de la première variante est fortement contesté. La deuxième option doit être travaillée afin d’aboutir à une solution mettant fin au lien avec le taux hypothécaire. Un groupe de travail doit plancher ces prochaines semaines sur cette question. Cette voie dualiste est maintenant présentée par l’OFL comme la seule solution possible. Quel intérêt pour Système à choix? les locataires? En mars 2005, l’Office fédéral du logement écartait la possibilité de construire une révision autour de l’Accord romand. Par contre, il soutenait le système à choix dit «modèle dualiste» proposé par la Fédération romande immobilière. Pour les locataires, la solution dualiste n’est pas acceptable. Elle place le locataire à la merci du bailleur, qui choisira la méthode de fixation de loyer la plus avantageuse pour lui. La négociation, si négociation il y a, est une partie de poker men- teur. Le bailleur a toutes les cartes en main, le locataire aucune. Enfin, comment accepter le principe d’une solution dualiste avant même de savoir quel sera le contenu concret de chaque option? S’accrocher à cette solution à ce stade, c’est mettre la charrue avant les bœufs. Et s’attacher à défendre la forme plus que le fond. Pour l’ASLOCA, aux termes de la décision de son comité de mars 2005, la solution dualiste devrait être écartée. Le découplage des loyers du taux hypothécaire ne doit pas aboutir au bradage de la défense des droits des locataires. Le découplage n’est pas un exercice de style et un but en soi, il permettra de supprimer l’exception suisse de loyers élevés. Par chance, la conjoncture nous est favorable car les taux hypothécaires ne remonteront pas de sitôt et le Tribunal fédéral ne semble pas enclin à modifier sa jurisprudence en matière de fixation de loyer. Alors donnonsnous le temps et les moyens pour trouver des solutions originales garantissant la défense des locataires et résistons à toute hâte qui réduirait notre marge de manœuvre politique! Carlo Sommaruga Le dossier de DAL La fontaine en pierre de taille de Givrins (VD) inaugurée en 2002 (photo Marie-Claude Gonthier) Goutte à goutte Un sondage a montré que deux tiers des Suisses estiment que l’eau du robinet est équivalente, voire supérieure à l’eau minérale. Raison de plus pour la ménager. Tous les services des eaux romands vous encouragent à le faire. 6 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Imaginez une piscine d’un kilomètre de longueur sur un kilomètre de large ayant une profondeur d’un même kilomètre. Voilà la quantité d’eau potable livrée en un an par les distributeurs d’eau en Suisse. Enorme? Cela correspond à peu près à 2% de la pluie et de la neige qui tombent chez nous. Ou encore au volume, grosso modo, du lac de Bienne. Les 40% de cette eau potable proviennent de sources, 40% des eaux souterraines et 20% des eaux de surface, autrement dit des lacs. Les société des distribution d’eau de Suisse sont pour l’instant toutes en mains publiques. Certes, l’Union européenne souhaiterait que notre pays ouvre son marché aux privés. Les grosses sociétés multinationales comme Suez ou la Générale des Eaux sont à l’affût de ce juteux gâteau. Mais l’expérience montre que souvent, si une société privée distribue l’eau, les prix ont tendance à grimper après quelques années: le rendement ponctionne alors les poches de tous les citoyens, qui, ne pouvant pas se passer d’eau, ne peuvent que faire la grimace et payer la facture. Tarifs au m3: du simple au double Un sondage téléphonique dans les cantons romands montre une forte disparité des tarifs. Pour simplifier, nous vous présentons les prix bruts (sans taxe d’épuration notamment, le prix va parfois jusqu’à doubler, car une fois l’eau achetée, il faut encore la nettoyer avant de la déverser dans des lacs ou des rivières). Ainsi, à Genève, les SIG facturent 1,29 franc par m3. A Lausanne, coup d’assommoir: 2,10 frs le m3. A Delémont, la ville demande 1,85 frs le m3. A La Chaux-de-Fonds, les services industriels des Montagnes neuchâteloises sont à peine moins gourmands que ceux de la capitale vaudoise: 2,03 frs le m3. Les habitants de l’agglomération fribourgeoise ne déboursent que 92 centimes le m3. Précision: le service des eaux fait savoir qu’une baisse de 20 centimes sera consentie en 2007. Et la palme revient à Sierre, qui facture la modique somme de 45 centi- mes pour une eau tout aussi irréprochable qu’ailleurs. Pourquoi tant de différence? Le traitement des eaux intervient pour une bonne partie dans ces frais. Comptez aussi les coûts de pompage (si les sources sont éloignées), ou s’il faut transporter l’eau sur des kilomètres comme dans les Montagnes neuchâteloises dont les habitants boivent de l’eau de rivière prise au Val-de-Travers, soit des centaines de mètres plus bas. A Genève, il faut traiter l’eau du lac, tout comme à Lausanne. Celle du lac de Bret (qui alimente partiellement Lausanne) est particulièrement trouble et nécessite plus de traitement que celle du Léman. Restons à Lausanne où le site internet des SI explique très clairement le rôle d’un service public: Pour des raisons pratiques, la distribution d’eau en Suisse est et restera un monopole. Nous pensons qu’il est vital qu’il soit géré par des services publics contrôlés par des institutions démocratiques, comme c’est le cas actuellement à Lausanne. Ceci permet d’éviter l’appropriation et l’exploitation de l’eau à des fins géostratégiques, de pouvoir, d’enrichissement, ou autre forme d’utilisation inappropriée. Consommation: beaucoup d’eau Bouteille ou robinet? Mieux vaut l’eau courante dans les toilettes Une personne consomme, en moyenne suisse, 180 litres par jour. Soit 5 litres pour boire et cuire, 9 litres pour nettoyer, 9 aussi pour arroser, 11 passent dans le lave-vaisselle, 11 pour les soins corporels, 18 pour les lessives, 57 finissent sous forme de bains ou douche et 60 passent dans la cuvette des WC. Ce dernier poste est imposant. Sachez aussi qu’un WC qui continue de couler après qu’on a actionné la chasse d’eau peut gaspiller, si la fuite est importante, jusqu’à 200 000 litres en une seule année! Pour déterminer si votre toilette coule, versez deux ou trois gouttes de colorant alimentaire dans le réservoir à l’arrière de la toilette; si l’eau de la cuvette devient colorée après quelques minutes, c’est qu’il y a une fuite. Une étude suisse conclut que l’eau embouteillée n’est souvent pas plus saine que l’eau du robinet. Dans la D’autre part, pour économiser, il ne faut pas hésiter à faire changer les joints. En effet, quand un robinet fuit, c’est souvent à cause de l’usure d’une rondelle d’étanchéité qui coûte quelques sous à remplacer. La plupart des quincailleries offrent des trousses de réparation pour robinet, avec instructions moitié des cas, écrivent les chercheurs, la seule différence entre les deux est qu’on a ajouté des minéraux dans l’eau embouteillée, ce qui ne signifie en rien qu’elle est meilleure pour la santé. La recherche a été effectuée à l’Université de Genève, et financée par le Fonds mondial pour la nature. Ce dernier précise que cela n’apporte rien sur le plan de la santé – sauf là où l’eau du robinet est carrément contaminée. L’industrie de l’eau embouteillée n’est pas toujours tendre pour l’environnement: sa production nécessite davantage d’énergie que la «production» de l’eau qui arrive dans votre robinet. illustrées. Comme la plomberie n’est pas du goût de tout le monde, vous pouvez bien sûr vous adresser à un professionnel. Car ce liquide vital est bien trop précieux pour qu’il passe tout droit dans les canalisations sans être utilisé. Laurent Duvanel Eau potable, vos droits Ruptures, coupures, factures Je loue une villa et le propriétaire me transmet la facture d’eau qu’il a reçue de la commune en disant que c’est à moi de la payer. Puis-je refuser? 7 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Le bail peut prévoir spécialement que la fourniture d’eau froide fait partie des frais accessoires et doit être payée en plus du loyer. Mais si le bail ne prévoit rien de tel, les frais de fourniture d’eau froide sont compris dans le loyer net et ne peuvent donc pas être facturés à part au locataire. Pour l’électricité et le gaz, il existe généralement un contrat de fourniture directement entre l’entreprise qui fournit l’énergie et le locataire. Cela se traduit notamment par des compteurs individuels. Les frais sont alors directement facturés au consommateur. Ce n’est quasi jamais le cas pour l’eau froide. C’est la cinquième fois en deux ans que l’eau froide est coupée suite à des ruptures de canalisations dans l’immeuble. Certaines coupures ont dépassé les 24 heures. Avonsnous droit à des indemnités? Plusieurs pannes rapprochées constituent un défaut et les locataires peuvent obtenir des réductions de loyer pour les inconvénients subis. Si le bailleur a été négligeant et a tardé à remplacer des canalisations en mauvais état, le locataire peut aussi prétendre à des dommages-intérêts. C’est le cas d’un salon de coiffure contraint au chômage pendant ces coupures d’eau. Suite à une pollution, les autorités ont annoncé que l’eau n’est plus potable et ne doit être ni bue, ni être utilisée pour la cuisson des aliments. Un point d’eau potable de secours a été installé à une centaine de mètres. Quels sont nos droits? Vous pouvez obtenir du propriétaire une réduction de loyer jusqu’au rétablissement de la fourniture d’eau potable à vos robinets. Peu importe que le propriétaire ne soit pas du tout responsable de cette pollution. En signant un bail, le propriétaire s’engage à fournir diverses prestations, dont la fourniture d’eau potable à l’intérieur des locaux. C’est lui qui doit assumer les risques d’un accident. Jacques-André Mayor Le dossier de DAL La commune de Lamone (TI) montre l’exemple Les petits centimes font les grands tuyaux 8 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Nichée dans la plaine qui s’étend au bas du Monte Ceneri jusqu’au lac de Lugano, Lamone est une modeste commune de 1650 habitants. Elle a inauguré l’automne passé un réservoir d’eau flambant neuf. Rien de bien extraordinaire jusque-là. Souhaitant informer ses citoyens et citoyennes, l’exécutif de Lamone a invité un spécialiste réputé en matière de précieux liquide, le professeur Riccardo Petrella, de l’Université de Louvain en Belgique, à donner une conférence sur les problèmes globaux du marché de l’eau. Droit au Logement a demandé au responsable du dicastère de l’Environnement et des Affaires sociales, Renato Bernas- coni, de narrer ce qui s’est passé ce soir-là: Lors du débat qui a suivi la conférence de Petrella, l’idée a été lancée de verser un centime par mètre cube d’eau potable consommé dans la commune. Reprise au vol par les cinq membres de l’exécutif, l’idée a été très vite concrétisée. Comme il s’agissait en fait d’une somme relativement modeste (2170 francs, pour les 217 000 m3 utilisés en 2004), il n’y a pas eu besoin de consulter le législatif. Ainsi, le 17 novembre 2004, la dernière décision de l’année a été de verser ce montant à une ONG pour réaliser un projet d’adduction d’eau au Sénégal. Nous allons ainsi, pendant quatre ans, soit toute la légis- lature, reconduire l’action chaque année. Et où ira l’argent, toujours au Sénégal? Nous allons donner notre contribution chaque fois à une organisation différente. Ce modèle a suscité un engouement qui a surpris le Conseil communal, lequel a choisi à l’unanimité, il faut le souligner, de consacrer ce centime de solidarité à l’amélioration de la distribution d’eau en Afrique. J’ai déjà reçu des demandes d’une douzaine de communes intéressées, bref, ça réagit positivement. Lamone fera-t-elle des émules au nord des Alpes? L’idée mérite d’être reprise. L.D. Quand grand-papa nous mettait au bain La lessiverie ne sentait pas toujours le savon: lorsque ma grand-mère faisait son pensum mensuel, elle commençait par chauffer au bois l’eau nécessaire à ses projets de grands nettoyages. C’est dire si l’eau chaude courante est un luxe encore récent. Auparavant, une seule conduite alimentait la baignoire, et encore elle ne montait pas de la cave où le chauffage central – si existant – n’avait qu’une fonction: celle de tempérer les pièces habitées. Lorsque mon grand-père décidait de poutzer les escaliers de l’immeuble de quatre étages où il habitait au Locle, il allumait la veilleuse du boiler à gaz qui trônait à la salle d’eau en dessus d’une baignoire à pied. Il remplissait cette vaste cuvette de fonte en touillant avec soin robinets et manettes de réglage du gaz. Il n’y avait pas de mitigeur, l’eau froide coulait à part, l’eau chaude sortait d’un long tube qu’il était interdit de toucher sous peine de se brûler gravement. Grand-papa faisait l’effet d’un mécanicien de locomotive à vapeur. Le bain coulé, il m’ordonnait ainsi qu’à mes deux cousins de plonger dans le Dis-moi comment tu consommes ton eau et je te dirai qui tu es! Rien de tel qu’un petit test pour se détendre. 9 Droit au logement n° 169 Avril 2005 bain et de nous laver «sans traîner les garçons». En effet, il comptait sur une eau encore tiède pour son récurage. Pas question de gaspiller une eau à peine troublée par du savon, elle allait parfaitement éliminer les saletés du corridor noirci par les seaux à charbon que se trimballaient les locataires. Dès que nous sortions du Un boiler chauffé au bois (photo: Hongaars Huis Holland) Respectez-vous l’eau? une région touchée par la sécheresse? A) Avez-vous équipé les robinets de votre salle de bain de brise-jets? Oui, souvent Une fois Jamais Oui J’ai l’intention de le faire C’est quoi un brise-jet? B) Fermez-vous le robinet pendant que vous vous lavez les dents en remplissant auparavant le verre à dents pour vous rincer? Oui Une fois sur deux Jamais C) Avez-vous déjà mis une brique dans la chasse d’eau d’un WC pendant l’été, dans bain, il y puisait de l’eau. Le balai des seaux commençait. Le fait de disposer de robinets d’eau chaude sur chaque évier est fort appréciable; il faudrait toutefois se mettre à consommer l’eau chaude comme l’alcool: avec modération. La facture des charges n’en sera que moins douloureuse. L.D. D) Purgez-vous régulièrement les équipements de votre installation, comme votre boiler? Oui Rarement Jamais E) Sachant que la consommation d’eau baisse habituellement de 18% à 25% après l’installation d’un compteur d’eau, avez-vous déjà écrit à la gérance pour demander la pose d’un tel appareil? Oui J’ai l’intention de le faire C’est pas mes affaires F) Le corps humain perd 2,4 litres d’eau par jour. L’être humain en remplace une partie en buvant et le reste en mangeant. Buvez-vous 1,5 litre par jour? Oui Rarement J’ai l’intention de le faire Comptez vos points Ajoutez: 3 point chaque fois que vous avez répondu OUI, 2 points pour la seconde réponse, 1 point pour la troisième réponse. Résultats en page 10 Enjeu: maintenir le service public pour distribuer les ressources hydriques Le dossier de DAL Garder l’eau en main publique L’histoire de l’humanité a été marquée par la domestication des forces de la nature, la plus essentielle étant l’eau. Cet asservissement de l’élément aquatique a connu quatre phases: deux de conquêtes techniques, une hygiénique et la dernière financière. La conquête initiale a été réalisée par d’anciennes civilisations (chinoise, babylonienne ou andine). En captant et distribuant eaux de pluie ou de source, canaux et aqueducs ont assuré l’approvisionnement des champs et des villes. Une seconde conquête a été réalisée en transformant la force hydraulique en énergie (moulins, usines électriques). La troisième percée technique est due à Pasteur: en découvrant les microbes et la manière de les juguler par des mesures de désinfection et d’hygiène, le savant a permis la création de réseaux d’eau potable à grande échelle. Privatiser: un besoin? La dernière nouveauté dans le monde de l’eau est l’idée de traiter l’eau comme une marchandise et non plus comme un produit de première nécessité. Les trois premières phases ont été lentes, réalisées à l’échelon local de façon très diversifiée. Ainsi, les bisses valaisans n’ont rien de commun avec le pont du Gard. Réputée bien commun naturel, l’eau est propriété de l’Etat, comme d’autres ressources (forêts, minerais, air). Or passant d’une culture de droit – accès à l’eau pour tous – à une logique de besoin, l’ONU a décrété, lors d’une conférence sur l’eau à Dublin en 1992, que l’eau est un bien économique. Comme il y a coûts (pour la rendre potable puis pour l’épurer), les collectivités, censées être trop pauvres pour assurer le financement des tuyaux et autres stations d’épuration, devraient confier au privé la gestion de l’eau. Et le prix du m3 de grimper. Le professeur Petrella met en garde: le partenariat publicprivé (PPP), prôné par la Banque Mondiale comme un système efficace de partage des responsabilités (l’Etat fait le règlement de distribution, le privé l’applique en se débrouillant pour faire des bénéfices), va gagner du terrain. Ainsi la Banque Pictet de Genève a lancé un fonds d’investissement spécial eau. Ce Global Water Fund cherche des investisseurs en Europe et aux USA. La banque table sur un taux de privatisation de 30% pour 2015 (moins de 10% aujourd’hui), et des besoins de financement de plus de 600 milliards de dollars d’ici là. «L’expérience montre pourtant que la privatisation n’est pas une bonne solution», conclut le professeur Petrella. Ainsi, en Italie, il est maintenant interdit à une commune de gérer directement son service des eaux. Seuls les privés ont le droit de vendre le précieux liquide. Heureusement en Suisse, on n’en est pas encore là. Laurent Duvanel D’après «La conquête de l’eau», Riccardo Petrella, Le Monde diplomatique, octobre 2002. Résultats du test: 18 points: vous êtes un as de l’économie d’eau. Bravo! Entre 12 et 17 points: vous avez conscience que l’eau est un bien précieux, bonne discipline au robinet. Entre 7 et 11 points: vous êtes économe dans la tête, moins devant l’évier. 6 points: vous devriez aller visiter le service des eaux de votre commune. 10 Droit au logement n° 169 Avril 2005 D’après des informations du site web de l’eau douce: www.ec.gc.ca/water/f_main.html Evolution des conditions d’habitation 1990-2000 Explosion des maisons individuelles Habitat En 2000, la Suisse comptait 1,3 million de bâtiments habités et plus de 3 millions de résidences principales. Ces bâtiments et ces logements abritaient 6,8 millions de personnes. Environ 2/3 des bâtiments habités, 3/4 des résidences principales et 3/4 des habitants se concentrent dans les zones urbaines; 1/3 des bâtiments habités, 1/4 des logements 1/4 des habitants se trouvent en zones rurales. Plus de maisons individuelles Cet article sera suivi d’autres contributions semblables dans les prochaines parutions. Droit au logement résumera ainsi des analyses de l’Office fédéral de la statistique sur l’évolution dans les conditions d’habitation en Suisse, en comparant les recensements de 1990 et 2000. Un peu rébarbatif, mais instructif. 11 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Le nombre de bâtiments habités est passé de 1,15 million en 1990 à 1,3 million en 2000. Les maisons individuelles représentent les 80% de cette augmentation, soit près de 120 000 nouvelles unités. Le nombre total des maisons individuelles a ainsi progressé de 20% pour atteindre 712 000 en l’an 2000. Le nombre de maisons à plusieurs logements a également augmenté, mais en moindre mesure. La forte progression des maisons individuelles apparaît également dans les chiffres relatifs aux logements. Au total, le nombre de logements utilisés comme résidence principale est passé de 2,8 millions en 1990 à environ 3 millions en 2000. Les maisons individuelles représentent la moitié de cette augmentation. Ce qui représente un chiffre considérable. La part des maisons individuelles est passée de 20% en 1990 à près de 25% en 2000. Près de la moitié des résidences principales se trouvent néanmoins toujours dans des maisons à plusieurs logements. Evolution de la population et des logements L’évolution des habitants reflète dans les grandes lignes celle des logements. Le nombre d’habitants est resté inchangé dans l’Espace Mittelland. La Région lémanique, avec d’autres régions, est proche de la moyenne suisse. Le Tessin et la Suisse centrale présentent des taux d’accroissement de deux à trois fois plus élevés. Le taux d’accroissement des maisons individuelles est généralement proche de la moyenne suisse, mais il est nettement plus élevé en Suisse centrale et plus bas dans la région fortement urbanisée de Zurich. Les logements situés dans des maisons à plusieurs logements n’ont augmenté – en dehors de la région zurichoise – que dans les régions à prédominance rurale de Suisse centrale, du Tessin et de Suisse orientale. Différences entre les cantons Les différences entres les cantons sont bien plus marquées que les différences entres les grandes régions. Le taux d’accroissement des résidences principales varie selon les cantons entre zéro et +20%. Les taux les plus élevés s’observent dans quatre cantons de Suisse centrale – Schwyz, Zoug, Nidwald et Obwald – suivis de Fribourg. Les taux d’accroissement des habitants sont toutefois moins élevés. A l’autre bout de l’échelle se trouvent les cantons de Glaris, de Schaffhouse, de Neuchâtel et de Bâle-Ville. Zurich en tête La décennie 1990-2000 se caractérise par une forte progression des maisons individuelles. Les villas particulières et les maisons à plusieurs logements ont augmenté surtout dans les zones rurales et dans les agglomérations moyennes, notamment à la périphérie de Zurich. Les cantons situés dans la zone d’attraction économique d’une grande ville, surtout de Zurich, se sont développés à un rythme supérieur à la moyenne. En ce qui concerne l’évolution des constructions, on constate que les régions fortement urbanisées, et Zurich à leur tête, continuent de s’étendre à leur périphérie. C.S. Extraits de l’étude Logement et évolution de l’habitat, Frohmut W. Gerheuser, PPOLIS, édité par l’OFS, octobre 2004. Aménagement du territoire: attention! Ces quelques données doivent nous amener à réfléchir sur l’aménagement du territoire. En effet, la multiplication des maisons individuelles aboutit à une consommation de territoire nettement plus importante que l’augmentation des logements par le biais d’immeubles de plusieurs logements. Il faut aussi plus de dessertes routières. Les transports augmentent et sont individuels. Le développement équilibré et durable de la Suisse est en jeu. Carlo Sommaruga Chaleur: le combustible sera plus cher Une taxe pour l’environnement redistribuée aux contribuables Suisse Dès 2006, une taxe de 35 francs sera prélevée sur chaque tonne de CO2 émise 1, correspondant à environ 9 centimes par litre de fuel de chauffage, annonce le Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC). C’est une taxe d’incitation dont le produit sera redistribué à la population par l’intermédiaire des caisses-maladie. Pour les entreprises, le remboursement sera proportionnel à la somme des salaires AVS. Position claire Le Conseil fédéral suisse a introduit en mars une taxe sur le CO2 applicable aux combustibles. L’ASLOCA admet cette idée. Elle souhaite que les immeubles soient assainis aux frais des propriétaires. 12 Droit au logement n° 169 Avril 2005 de l’ASLOCA A l’issue de la procédure de consultation, bouclée le 20 janvier 2005, les avis étaient très partagés. A cette occasion, l’ASLOCA a pris clairement position, car cette taxe touche directement les intérêts des locataires qu’elle défend. Majoritaires dans la population, les locataires sont des acteurs importants du marché énergétique du pays. Les coûts de chauffage sont une préoccupation constante des habitants de notre pays soumis régulièrement à des vagues de froid. La loi sur le CO2 privilégie les mesures librement consenties. Mais ces dernières ne permettront pas d’attendre un des objectifs majeurs du Protocole de Kyoto (soit réduire de 15% les émissions de CO2 provenant des combustibles par rapport à la consommation en 1990). Des études sérieuses l’ont démon- tré. Il faut introduire, comme le prévoit la loi, une taxe sur le CO2. Cette taxe, vu le principe de transfert, n’aura pas de conséquence sociale défavorable. L’ASLOCA estime «qu’à isolation comparable, l’occupant d’un logement de grande surface supportera une taxe CO2 plus importante que l’occupant d’un petit logement (vu sa consommation plus importante) tout en percevant une somme identique à la redistribution. Et comme les personnes ayant les moyens vont habiter en périphérie, généralement dans une maison individuelle, elles paieront aussi plus que l’habitant du centre-ville dans un immeuble locatif.» Nécessité d’assainissement Un bémol toutefois: étant donné la qualité inégale de l’isolation des maisons, il y aura un déséquilibre entre locataires, un facteur à ne pas sous-estimer vu l’état disparate du parc immobilier. Pour l’ASLOCA, il y a lieu de développer des programmes d’incitation en faveur de l’assainissement thermique de bâtiments, tout en respectant le droit du bail actuel. La création d’un fonds destiné à l’isolation et au remplacement des chaudières anciennes, qui serait alimenté par la taxe CO2, peut ainsi être envisagée à condition qu’il ne favorise pas de manière unilatérale les bailleurs au détriment des locataires. Les locataires n’ont pas à financer l’amélioration d’un bien appar- tenant à autrui. Ils en paient déjà l’usage. Un centime mal venu L’ASLOCA a rejeté le système du centime climatique, soulignant qu’il «s’agit de fait d’un impôt privé (...) introduisant un précédent fâcheux». De plus, ce mécanisme n’est pas soumis à contrôle démocratique, il laisse de côté la dynamique pédagogique et incitative de la loi. Il ne vise pas à modifier le comportement individuel des acteurs économiques. Cette formule provisoire devra prouver son efficacité avant fin 2007. En effet, si le centime climatique ne déploie pas les effets nécessaires, le gouvernement étendra la taxe sur le CO2 à l’essence. Au-delà des choix politiques stratégiques, il reste encore à préciser les mécanismes détaillés de perception et de calcul. Et il faudra veiller à ce que les décomptes de chauffage ne s’enrichissent pas d’une ligne Frais administratifs CO2 dès l’introduction de cette nouveauté fiscale. Les bailleurs sont tellement imaginatifs… Carlo Sommaruga / L.D. 1 Le CO2 dit aussi dioxyde de carbone, est un gaz qui enveloppe la Terre en magnifiant les effets du soleil comme le verre dans une serre, et c’est pourquoi on parle de «l’effet de serre». Le CO2 est dégagé lorsqu’on brûle mazout, essence, charbon, gaz, etc., soit des combustibles fossiles. Initiative populaire: l’or de la BNS pour le logement économique Genève Tonnes d’or disponibles Après l’échec de divers projets devant le peuple et les Chambres fédérales, sans attendre l’issue de l’initiative fédérale sur l’or qui ne sera pas soumise au peuple avant la fin 2005, le Conseil fédéral a décidé de verser les 21 milliards de francs selon les règles habituelles de distribution des bénéfices annuels de la BNS, soit deux tiers aux cantons et un tiers à la Confédération. Le 1er mai 2000 la parité franc-or disparaissait. 1300 tonnes d’or de la Banque nationale suisse (BNS) se libéraient. La vente de ces tonnes d’or a permis d’accumuler un capital de 21 milliards de francs. Une initiative est lancée à Genève par l’ASLOCA pour que cet argent aille en partie à la construction de logements. 13 Droit au logement n° 169 Avril 2005 550 millions pour Genève Le canton de Genève recevra ainsi près de 550 millions de francs. Il s’agit donc d’utiliser intelligemment ce capital. Qui ne peut être gaspillé dans des dépenses courantes, ni dans le remboursement de la dette. Ni l’une ni l’autre forme de dépense ne favorise les classes moyennes et les revenus les plus bas. Cet or doit être utilisé comme un investissement qui garantit à long terme un avantage social. Crise du logement et manque d’argent A Genève, la majorité de droite au parlement a cherché à affamer l’Etat, qui ne dispose plus des moyens financiers nécessaires à une politique active et sociale du logement. Cette politique restrictive n’a qu’un but, réduire le rôle de l’Etat en matière de logement. Or, il est une évidence: là où l’Etat se désengage du logement, les conditions de vie de la population la plus vulnérable se dégradent. A Genève, la droite favorise la construction de villas et de propriétés par étages. Rappelons que les 3000 logements HBM, habitations destinées aux locataires aux revenus les plus bas, du plan d’urgence voté en 1991 par le Grand Conseil ne sont toujours pas tous construits! La part de logements subventionnés n’a fait que régresser et a passé de 20% à moins de 10%. Les fonds de la BNS pour se loger Pour sortir de l’impasse, il faut une réponse concrète: donner les moyens financiers à l’Etat pour acheter des terrains ainsi que des immeubles et construire des logements économiques. Ce financement ne doit pas passer chaque année par les fourches caudines et injustes de la majorité de droite, qui n’a eu de cesse de restreindre les droits des locataires et réduire les prestations sociales. Pour la première fois, en 2005, les allocations logement ont baissé, alors que le niveau des loyers ne cesse de croître. L’ASLOCA-Genève, lors de son assemblée générale du 8 mars 2005, a donc décidé de lancer une initiative cantonale pour récupérer en faveur du logement économique un tiers du produit de l’or excédentaire de la BNS versé au canton et la moitié des dividendes annuels payés par la BNS, cela jusqu’à ce que Genève compte 50 000 logements à loyer modéré et à caractère pérenne. L’initiative propose concrètement la création d’une fondation de droit public dont les fonds seraient affectés à l’achat de terrains et d’immeubles ainsi qu’à l’achat d’immeubles vendus par des fondations de droit public, comme la Fondation de valorisation de la BCGe, cela pour éviter que les spéculateurs ne deviennent propriétaires de ces biens. Pour éviter que le Conseil d’Etat ne dépense l’argent contre la volonté populaire, l’initiative prévoit une clause transitoire qui oblige l’Etat à rembourser à la fondation de droit public les montants de la BNS utilisés pour autre chose. La volonté des locataires pourra ainsi être respectée, même si le vote intervient dans deux ans. Pour le moment, il faut réunir au plus vite les 10 000 signatures. C’est un défi de taille. Chaque locataire genevois doit signer et faire signer l’initiative et la renvoyer au plus vite. Carlo Sommaruga A commander auprès du secrétariat de l’ASLOCAGenève: tél. 022 716 18 00 Listes de signatures à télécharger sur le site: www.asloca.ch Politique du logement Création d’un Observatoire du logement S’inspirant de ce qui se fait ailleurs et dans d’autres domaines que le logement, l’Etat de Vaud, en collaboration avec des partenaires privés dont l’ASLOCA-Vaud, vient d’achever la mise en place d’un Observatoire du logement. Toutes les données de cet observatoire seront accessibles dès fin avril sur son site internet: www.obs-logement.vd.ch Vaud Des informations utiles Un observatoire est une structure qui scrute systématiquement et durablement la réalité dans un domaine. Il a pour objectif de mettre à disposition de tous et au même endroit toutes les informations relatives au marché du logement et à la politique du logement. Par ses statistiques, ses indicateurs, sa documentation et ses liens avec les partenaires œuvrant dans le même domaine, il devrait fournir aux personnes intéressées et concernées une perception globale de la situation leur permettant notamment de reconnaître les signes avant-coureurs de crises, pénurie et pléthore, et d’agir si possible en amont et de manière anticipée afin de les prévenir. Cet observatoire a également pour objectif de créer un échange entre tous les «acteurs», Etat de Vaud, communes et organismes et milieux privés afin de leur permettre d’agir de manière coordonnée et de répondre aux évolutions du marché vaudois du logement. L’ASLOCA-Vaud approuve et salue la mise en place de cet observatoire tout en se gardant de toute euphorie. C’est un outil indispensable, mais comme tout outil, il faut en faire bon usage. Enfin il ne peut en aucun cas être la panacée aux maux que nous connaissons actuellement, car à lui seul il ne concrétisera pas la politique du logement que nous appelons de nos vœux. Toutefois, c’est incontestablement un pas dans la bonne direction. Anne Baehler Bech Passage de témoin 14 Droit au logement n° 169 Avril 2005 Sonya Mermoud a quitté la rédaction de Droit au logement ce printemps afin de poursuivre sa carrière de journaliste libre. Elle a rempli sa mission d’information et de mise en forme dans notre journal avec constance et qualité. Qu’elle en soit ici remerciée. Pour la remplacer, le comité de l’ASLOCA romande a choisi un nouveau rédacteur en la personne de Laurent Duvanel. Ce journaliste de 49 ans se réjouit de se mettre au service des locataires: «Cette cause m’a toujours intéressé. Membre de longue date de l’ASLOCA, j’ai commencé par militer dans les années 80 contre la spéculation foncière en m’occupant du secrétariat romand de l’initiative Ville-Campagne. Puis, après un stage de journaliste à feu Tout Va Bien-hebdo, je me suis tourné pendant une quinzaine d’années vers la traduction (à mi-temps), qui nourrit mieux son homme que la presse. Parallèlement, en compagnie de deux collaborateurs, j’ai animé une modeste agence de presse spécialisée sur les questions écologiques, La Ligne Verte. Qui a produit notamment le Miroir écolo- gique suisse 1995, ouvrage de présentation statistique de la réalité des pollutions helvétiques. Aujourd’hui, je suis en outre rédacteur à temps partiel à Gauchebdo; je suis très content de me retrouver avec l’équipe de Droit au Logement qui m’a chaleureusement accueilli. Merci!» Nos permanences à votre service FRIBOURG ASLOCA-Fribourg (canton) Adresse: Case 36, 1700 Fribourg ASLOCA-Fribourg Adresse: Case 36, 1700 Fribourg Tél. 0848 818 800 Permanence téléphonique: Lundi et jeudi de 8h30 à 11h. Lundi, mardi et jeudi de 13h15 à 16h15. Consultations juridiques: Uniquement sur rendez-vous. Consultations sans rendez-vous: Fribourg: Hôpital des Bourgeois, mercredi de 19h à 20h. Bulle: Centre médico-social, place de la Gare 5, 3e étage, 1er et 3e lundis du mois dès 20h. Romont, Café de l’Ange, 1er et 3e jeudis du mois de 19h à 20h. Consultations en langue allemande: Fribourg chaque 1er jeudi du mois de 19h à 20h. GENEVE ASLOCA-Genève Rue du Lac 12, 1207 Genève (EauxVives). Arrêt TPG «Rue du Lac». Tél. 022 716 18 00 et 022 737 21 21 Fax 022 716 18 05 [email protected] Consultations sur rendez-vous ou permanence du lundi au vendredi, entre 17h et 18h. VALAIS ASLOCA-Jura Adresse: Case 46, 2800 Delémont Consultations en Ajoie: Gilbert Rubin, 2900 Porrentruy tél. 032 466 47 09 Consultations à Delémont: Case 2, 2800 Delémont. Consultations sur rendez-vous 032 422 74 58 (répondeur automatique). Franches-Montagnes: p.a. M. Walker, rue des Tilleuls, 2875 Montfaucon, tél. 032 955 13 88 ou J. Mouche: tél. 032 484 90 09 ASLOCA-Valais Secrétariat: rue des Mayennets 27 Case 15, 1951 Sion, tél. 027 322 92 49 Fixation des rendez-vous et contacts: lundi de 9h à 11h, jeudi de 9h à 11h et de 14h à 17h, vendredi de 9h à 11h. Sion: sur rendez-vous lundi de 14h à 17h, tél. 027 322 92 49 Martigny: consultations, rue de l’Hôtel-de-Ville 14, mardi de 18h30 à 20h, tél. 027 322 92 49 (Courrier et administration: à Sion) Monthey: consultations au Café du Valais, av. de la Gare 63, mardi sur rendez-vous de 19h à 21h, tél. 024 471 17 01 ou 024 471 37 48 Brig: Rest. Diana, Kapuzinerstr. 23, 2e et 4e mercredis du mois de 18h à 20h, tél. 027 923 36 91 JURA BERNOIS ET BIENNE ASLOCA-Courtelary-Moutier Secrétariat, Case 8, 2740 Moutier tél. 032 493 42 27 Permanence téléphonique au 032 493 37 89, mardi et vendredi de 8h30 à 11h30, sur rendez-vous le vendredi de 14h à 16h30. ASLOCA-Bienne c/o ASLOCA du canton de Berne Case postale, 3000 Berne 23. Consultations: Bâtiment du SIB, route de Morat 33 (3e étage), Bienne, tous les mardis et jeudis de 15h à 18h, sur rendez-vous 0848 844 844 NEUCHATEL ASLOCA-Neuchâteloise Adresse: rue des Terreaux 1 2000 Neuchâtel Neuchâtel: rue des Terreaux 1 2000 Neuchâtel Tél. 032 724 54 24 Fax 032 724 37 26 [email protected] Consultations sur rendez-vous. La Chaux-de-Fonds: rue Jardinière 71 Case 35 2301 La Chaux-de-Fonds Tél. 032 913 46 86 Fax 032 914 16 26 Consultations juridiques uniquement sur rendez-vous. SOLDES! Ouvrage de référence pour les professionnels, guide pratique pour les locataires, le manuel Le bail à loyer est un précieux instrument de travail des praticiens et un outil indispensable pour toutes celles et ceux qui veulent connaître leurs droits. Rédigé par David Lachat, avocat à Genève, cet ouvrage (556 pages, édité en 1997) est cédé au prix imbattable de 25 francs (broché) ou 30 francs (relié) au lieu de 65 francs PROFITEZ-EN! 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Aubonne: M. Philippe Decrausaz, tél. 021 808 54 17 ASLOCA-VeveyLa Tour-de-Peilz Adresse: Case 38, 1800 Vevey tél. 021 922 79 62 fax 021 922 53 62 Consultations: rue du Simplon 40, lundi de 18h à 20h, jeudi de 17h à 19h ou sur rendez-vous. ASLOCA-Vaud (canton) Adresse: rue Jean-Jacques Cart 8 1006 Lausanne Tél. 021 617 50 36 Fax 021 617 11 48 SUISSE ASLOCA romande p.a. Carlo Sommaruga Rue du Lac 12 1207 Genève Tél. 022 716 18 00 Fax 022 716 18 05 Site Internet de l’ASLOCA www.asloca.ch ASLOCA-Morges Adresse: Case 24, 1110 Morges 1 Tél. 021 802 23 40 Consultations: rue de la Gare 3, mercredi après-midi et vendredi sur rendez-vous et tous les mardis de 18h30 à 20h sans rendez-vous. ASLOCA-Nord vaudois Adresse: rue des Pêcheurs 8, Case 92 1401 Yverdon-les-Bains Yverdon: permanence téléphonique jeudi et vendredi de 14h à 17h 024 426 10 66, fax 423 69 03 Consultations: rue des Pêcheurs 8 (entrée: Centre social Saint-Roch). Consultations sur rendez-vous lundi de 8h à 12h et de 14h à 18h ainsi que de 19h30 à 21h. Orbe: tél. 024 441 35 19, de 19h à 20h. ASLOCA-Nyon Adresse: Les Plantaz 13a 1260 Nyon. Rendez-vous par téléphone, lundi, mardi et jeudi de 8h15 à 10h15; mardi et jeudi de 15h à 17h au 022 361 32 42. Consultations: Les Plantaz 13a (Gais-Logis). Le Droit au logement paraît cinq fois par année Impressum ASLOCA JURA ASLOCA-Renens Adresse: rue de Lausanne 31b 1020 Renens Tél. 021 635 29 52 Consultations: lundi de 18h à 20h sans rendez-vous, mardi et jeudi sur rendez-vous. Editeur: ASLOCA rue Jean-Jacques-Cart 8 1006 Lausanne Diffusion: Membres des sections de l’ASLOCA romande et abonnés. Abonnement simple: Fr. 13.– par année. Rédacteur responsable: Laurent Duvanel case postale 3115 2303 La Chaux-de-Fonds e-mail: [email protected] Imprimerie Atar Roto Presse SA Genève. Remplir la formule de demande de logement? La régie ne doit pas tout savoir Vos droits Souvent, lorsque vous cherchez un appartement, la régie vous demande de remplir une formule de demande de logement. Ce document est rédigé par la régie pour son besoin et celui du propriétaire. Bref, le locataire ne comprend pas toujours pourquoi on lui pose certaines questions. Il peut même redouter de répondre, de crainte de ne pas se voir attribuer le logement. Cette crainte est d’autant plus fondée en période de grave pénurie, comme nous la vivons aujourd’hui. S’il ne répond pas ou répond partiellement, il peut également craindre de ne pas obtenir le logement. Un bailleur peut-il ainsi poser toutes les questions qu’il souhaite même si elles vous semblent indiscrètes? La protection des données est applicable 16 Droit au logement n° 169 Avril 2005 A ce sujet, la Commission fédérale de la protection des données a rendu un jugement le 28 août 2003 (JAAC 68.153; sous: www.vpb.admin.ch). Dans ce jugement, la commission a considéré que les demandes de location des régies constituaient des «systèmes de traitement» de données personnelles touchant un grand nombre d’individus (en tous les cas pour les grandes régies), de sorte que la loi sur la protection des données est applicable aux demandes de logement. De surcroît, le jugement considère que le consentement du locataire donné au traitement de ses données personnelles par la régie n’est pas un consentement «libre et éclairé». Le bailleur ou la régie doit ainsi disposer d’un «intérêt privé prépondérant» pour recueillir les informations qu’il demande aux personnes intéressées par un logement. Un tel intérêt existe si les données recueillies sont utiles pour que le bailleur soit en mesure de se décider sur la conclusion d’un bail avec le candidat locataire et qu’il puisse s’assurer de l’exécution conforme du contrat par ledit locataire. Ces principes assez nébuleux posés, reste à savoir ce qui concrètement est admissible ou non. Ce que la régie peut demander Le jugement retient que les questions suivantes peuvent figurer sur la formule de demande de logement: Pour quels motifs le bail actuel prend fin; Quel type de permis de séjour (copie dudit permis et des papiers d’identité du locataire en cas de conclusion du contrat); Des informations sur d’éventuels actes de défaut de biens du locataire, mais concernant uniquement les cinq dernières années; Des informations sur un éventuel véhicule, pour autant qu’une place de parc soit louée; Le numéro de téléphone professionnel du candidat locataire; Le salaire du candidat locataire, même si le jugement ne le dit pas. Ce que la régie ne peut pas demander Au-delà du motif de la fin du bail actuel, nul besoin d’indiquer le nom de la régie actuelle, ou la durée du bail en cours. Ce que la régie peut demander à des enquêteurs La régie ou le bailleur ne peuvent demander à des tiers plus d’informations qu’ils ne pourraient obtenir du locataire conformément aux principes indiqués plus haut. Ainsi, ils ne pourront s’adresser à un tiers pour connaître, par exemple, les poursuites ou actes de défaut de biens plus anciens que cinq ans. Le candidat locataire peut s’assurer du respect de cela, qu’il ait ou non conclu le bail, en exerçant son «droit d’accès» aux données traitées par la régie. Thierry Sticher