La contrée des Berbères débute là où les hommes portent le

Transcription

La contrée des Berbères débute là où les hommes portent le
Le Burnous
Originalité et marqueur identitaire
"La contrée des Berbères débute là où les hommes portent
le burnous et s’arrête là où les gens ne mangent pas du
couscous", disait le grand sociologue et philosophe, Ibn Khaldoun
pour situer le Maghreb.
‫"حدود بالد البربر تبتدئ حيث الرجال يرتدون البرنوس و تنتهي حيث‬
"‫الناس ال يأكلون الكسكس‬
-‫ ذلك هو تعريف عالم االجتماع و الفيلسوف ابن خلدون لبالد املغرب الكبير‬-
Ce propos parvenant d’un savant de la taille d’Ibn Khaldoun
(1332-1406) nous rappelle la place déterminante qu’occupent
l’art vestimentaire et l’art culinaire dans la définition de
l’identité d’un peuple. Malgré l'urbanisation effrénée des
villages, le burnous, un habit traditionnel par excellence qui
est plus que centenaire, continue d'avoir la cote parmi
l'ancienne et la nouvelle génération. Polysémique serait ce
vêtement typiquement berbère selon Ibn Khaldoun, qui
raconte dans sa Mouqadima " ‫ " املقدمة‬en faisait même l’un
des symboles de l’identité des Maghrébins, qui, se
définiraient, selon lui, par des cheveux courts, leur goût
immodéré du couscous, et enfin, par leur port du burnous.
" ‫" حلق الرؤوس أكل الكسكس و لبس البرنوس‬
"Les Berbères ont le crâne rasé, portent le burnous et
mangent du couscous".
Le burnous ou bournous, avernus ou avidhi en kabyle,
barnous (‫ )برنوس‬en arabe et aâlaw en chaoui, est un manteau
en laine long avec une capuche pointue et sans manche.
Typique des populations Berbères d'Afrique du Nord, IbnKhaldoun appelait les Berbères ashâb el-barânis, (les amisdes-burnous): ceux qui portent le burnous.
Le port du burnous a été général en Afrique du Nord, chez
les citadins et surtout dans les campagnes, Ibn Khaldoun,
parlant des Maghrébins de son époque, dit qu’il est le
vêtement porté par les Berbères. C’est une cape très ample
descendant jusqu’aux pieds et munie d’un capuchon ; elle est
fermée sur la poitrine par une couture (sader) longue environ
d’une main. Ce mode de fermeture partielle permet de porter
cette cape sans avoir à la draper comme le haïk et sans user
d’agrafes ou de boutons.
Le burnous qui composait par le passé l’identité des Algériens
et faisait la fierté des hommes, est un habit chargé de
symboles ; porter le burnous est tout un art, son propriétaire,
doit savoir le porter et le respecter. Il doit faire montre de
sobriété et de maturité ; le burnous est, alors, synonyme de
sagesse, d’autorité et de pondération.
Cet habit, très populaire au Maghreb, est tissé en une seule
pièce. Avec un galon qui ferme le capuchon et une large
bande de tissu qui réunit au niveau de la poitrine les deux
pans.
Dans un café à Alger, au temps où le burnous blanc était roi
"Alger entre 1865 et 1910"
Lors des réunions de Tajemaât en Kabylie (comité des sages
du village), l’homme qui prend la parole doit se couvrir la
tête avec la capuche de son burnous. Si celle-ci tombe, il doit
arrêter de parler, car cela signifie qu’il s’est emporté. Hiver
comme été, l’homme ne se séparait jamais de son burnous. En
hiver, lorsque la neige recouvre les cimes du Djurdjura d’un
manteau blanc, les hommes se couvrent avec leurs burnous.
Ainsi emmitouflés, l’épaisse cape blanche, tissée avec soin
par les femmes, les protège du froid glacial et les enveloppe
d’une douce chaleur.
Hommes kabyles portant le burnous lors des réunions de
"Tajemaât" en Kabylie (Comité des sages du village)
L’été, lorsque les températures grimpent et le siroco souffle
sur les villages, comme pour défier les hommes pour les
contraindre à se défaire de cet habit séculaire, ces derniers
plient avec soin leur burnous qu’ils posent gracieusement sur
l’épaule, agrémentant ainsi leur tenue estivale. Habit de tous
les jours, le burnous est aussi en effet un vêtement de
cérémonie et d’apparat. Lors des fêtes de mariage ou de
circoncision, les hommes arboraient fièrement leurs burnous
blancs, agrémentés d’un fusil de chasse.
Jadis, le nouveau burnous était souvent tissé pour le nouveau
marié. Celui-ci le porte lors de son mariage en rabattant la
capuche sur sa tête en signe de pudeur. Ce vêtement est aussi
bien féminin que masculin ; vêtement de prestige, lors des
mariages, il sert essentiellement à couvrir la mariée lorsque
celle-ci sort du domicile familial pour rejoindre la maison de
son mari. Certaines optent pour le burnous en satin blanc
brodé de motifs berbères qui a fait son apparition ces
dernières années pour remplacer le burnous en laine devenu
trop cher. Ses broderies sont différentes selon les régions, à
Alger, Constantine ou Tlemcen, il est brodé de fil d'or, en
Kabylie, il est réalisé avec la broderie caractéristique de la
région.
Dans la quasi-totalité des villes steppiques ou même sur les
Hauts-Plateaux, dans le Sud, et surtout en Kabylie, le
burnous demeure présent dans les garde-robes des grands et
petits. C'est un habit fait de laine, à l'aide du métier
traditionnel. Le burnous de luxe est à 100% tissé à l'aide de la
laine de chameau, (Loubar), ce qui lui donne une allure
doublée et rigide. Les Turcs, lorsqu'ils s'installèrent en
Algérie, vouèrent une grande admiration au burnous. A tel
point que les grands dignitaires ottomans l'adaptèrent à leur
costume. C'est ainsi que le dey et ses officiers portaient,
invariablement, le burnous blanc et procédaient, à l'époque, aux
investitures de hauts fonctionnaires en les revêtant d'un
"burnous d'honneur". Pour ce qui est de la couleur de cet attribut
vestimentaire, elle variait selon les saisons. De couleur ocre ou
brune, blanche ou noire, marron ou bleu marine. Le burnous de
soie est blanc, les autres couleurs peuvent être obtenues sur la
base de la laine de mouton que l'on colore à sa guise. Autres
propriétés du burnous, celui-ci pouvait, pendant la période de
récolte ou lors des déplacements de son porteur, porter des
quantités d'aliments enfoncés dans le capuchon, (guelmouna) qui
est large. Offert à un invité, le burnous exprime un signe de
paix, voire une sincère amitié. Aujourd'hui encore, lors de leur
circoncision, les petits garçons le portent fièrement.
Le Burnous est un patrimoine légué par nos ancêtres, c’est un
trésor inestimable qu’on doit sauvegarder et protéger. Il est
l’une des tenues traditionnelles les plus prisées dans notre pays,
elle reflète l'authenticité de notre identité et l'attachement aux
valeurs sociales et culturelles.
Algériens du 18ème siècle portant le burnous
" Sous le Burnous" par Nassreddine DINET
(Artiste Peintre Français, converti à l’Islam, après s’être installé
à Bou Saâda en Algérie)
" L'homme au Burnous" par
"Mohamed AZZOUG" (Artiste peintre Algérien)
Cavalier Algérien portant le burnous
Sources :
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www.liberte-algerie.com/culture/le-burnous-originalite-et..
www.aps.dz/le-burnous-kabyle-un-habit-traditionnel-chargé-de-sy.
www.dziriya.net / Tradition vestimentaire algérienne › Le burnous
ww.djazairess.com/fr/lemaghreb
www.liberte-algerie.com/culture/ibn-khaldoun-la-kabylie-la-femme-lecouscous-et-le-burnous
www.encyclopedieberbere.revues.org
*Photos prises de plusieurs sources