l`Iceberg du Bégaiement - free books about stuttering

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l`Iceberg du Bégaiement - free books about stuttering
L’ICEBERG DU BÉGAIEMENT
BÉGAIEMENT : L’ANALOGIE AVEC UN ICEBERG DE JOSEPH SHEEHAN
Par Russ Hicks
Traduit par Richard Parent
Russ Hicks est un membre de la NSA (National Stuttering Association) et s’est distingué auprès
des Toastmasters International. Tout comme l’Hexagone du Bégaiement de John Harrison 1 ,
l’analogie de l’iceberg avec le bégaiement, formulée par Joseph Sheehan en 1970, a
substantiellement contribué à préciser la vraie nature de ce trouble de la communication,
nonobstant sa cause qui nous est encore inconnue. R.P.
J’adore les analogies. Bien formulées, elles nous permettent de mieux comprendre ce qui est
compliqué. « Le cerveau est comme un ordinateur. » « Un milliard de dollars équivalent à une
pile de billets de cent dollars sur 93 km de hauteur. » La parabole de Jésus sur le Bon Samaritain
ne ressemble-t-elle pas à une analogie ? Lorsque vous en comprenez le concept de base, vous en
saisissez les vrais enjeux. En résumé, comprendre quelque chose de vraiment compliqué
commence souvent par une bonne analogie.
Le bégaiement est-il compliqué ? Et comment ! S’il ne l’était pas, on n’en parlerait même
pas en ce moment. Vous avez une grippe ? Buvez beaucoup de liquide et gardez le lit. Vous
n’avez presque plus d’essence ? Arrêtez-vous à une station et faites le plein. Vous bégayez ?
Prenez cette petite pilule rose. Des problèmes simples demandent des solutions simples.
Le bégaiement est parmi nous depuis la nuit des temps. Il y a même un hiéroglyphe égyptien
pour le désigner. Et chaque civilisation ayant vécu depuis ce temps avait sa propre analogie pour
le bégaiement. « Les Dieux lui ont jeté un sort ! Tuons-le ! » (Wow !) « Sa langue est trop
longue. Coupons-la ! » (Autre wow !) « Il pense plus vite qu’il ne peut parler. Ralentissez-le ! »
(Nous progressons, mais ce n’est pas encore suffisant.) Pour qu’une analogie soit efficace, elle
doit au moins représenter la vérité d’une situation complexe. Ce n’est que récemment (et je
l’affirme avec confiance) que nous commençons à comprendre quelques-unes des « vraies
vérités » du bégaiement.
En 1970, Joseph Sheehan écrivit cette phrase dans un livre qu’il rédigea : « Le bégaiement se
compare à un iceberg : la plus petite partie est au-dessus de la ligne d’eau alors que la partie la
plus massive se trouve sous l’eau. » Jusqu’à cette époque, les orthophonistes conventionnels
traitaient uniquement la partie visible de l’iceberg,2 le bégaiement que vous entendez, ignorant
presque totalement cette imposante masse de bagage émotionnel se cachant sous l’eau. La théorie
à la mode se résumait à dire que si vous pouviez « contrôler » le bégaiement, le bagage
émotionnel disparaitrait de lui-même. Pour être équitable, ce ne sont pas tous les orthophonistes
qui pensaient ainsi. Hélas, parce que trop peu d’entre eux savaient comment travailler sous la
ligne d’eau, la plupart se contentèrent de travailler sur le bégaiement qu’ils pouvaient entendre.
Et je peux en témoigner car ce fut précisément le genre de thérapie que j’ai suivie dans les
années 1950 alors que j’étais adolescent. « Contrôle » ton bégaiement et tu seras fluent. Ha bon !
Probable que cela ait fonctionné pour un très petit nombre de PQB, mais certainement PAS pour
moi. J’étais fluent pendant environ un mois suite à chacune de mes 8 semaines de séances
intensives en thérapie tenues pendant quatre étés de suite. Mais chaque fois, ce bégaiement
1
2
C’est en 1985 que John Harrison formula, pour la première fois, son concept de l’Hexagone du Bégaiement. RP
Les symptômes. RP
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revenait avec toute sa vigueur. Tout le monde se disait que je ne travaillais pas assez fort, que je
ne prenais pas cela suffisamment au sérieux… Peut-être n’étais-je pas assez intelligent… Même
moi, c’est ce que je croyais. Alors vous voyez ? Si on peut le contrôler pendant un mois, alors
pourquoi ne pouvons-nous pas le contrôler en permanence ? Il vous faut simplement travailler
plus fort - et y mettre plus d’attention – ou devenir plus intelligent. Personne ne comprenait ce
qui se passait VRAIMENT. En pénétrant dans l’Iceberg du Bégaiement de Joseph Sheehan,
lentement mais sûrement, certaines thérapies commencèrent à évoluer. Pas TOUTES, bien
entendu, mais au moins CERTAINES d’entre elles. Oui, cette analogie avec un iceberg
représentait bel et bien la réalité – et avec le passage du temps, les gens commencèrent à utiliser
l’analogie sur un plus grand nombre d’aspects du bégaiement. On commençait, enfin, à voir plus
clair ! Voyons le modèle de base…
BÉGAIEMENT : ANALOGIE AVEC UN ICEBERG
Wow !… Plutôt impressionnant, n’est-ce pas ?
Si on identifie les parties de l’iceberg, on constate que la partie la plus apparente, celle qu’on
voit au-dessus de l’eau, représente le bégaiement qu’on entend. Cette partie visible/audible ne
représente que 10% de l’iceberg. Ce n’est que 10% du vrai problème que constitue le bégaiement.
Le reste de l’iceberg, le 90 % sous l’eau, est invisible. Et c’est là que se trouve tout le bagage
émotionnel. Toutes ces émotions de peur, de honte, de culpabilité, d’anxiété, ces sentiments
d’impuissance et d’isolement, le déni… et bien d’autres.
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Wow… c’est donc ça, le bégaiement ?
Eh oui ! C’est tout ça.3
Donc, si on ne travaille que sur la partie visible de l’iceberg, nous ne nous attaquons pas au
problème dans son entier, c’est bien cela ?
Exactement ! Vous avez tout compris.
COMPRÉHENSION
Aucune analogie n’étant parfaite, on doit « ajuster » la plupart d’entre elles afin de bien
comprendre le concept plus large. Plongeons donc dans cet iceberg afin de l’examiner de « plus
près et de manière plus personnelle. »
Oublions le bégaiement pour un instant. Ne pensons qu’à l’iceberg. Qu’arriverait-il si nous
avions un chalumeau géant et que nous fassions rapidement fondre la partie visible de l’iceberg ?
Il se retrouverait alors avec un sommet plat, n’est-ce pas ? Et alors ? La glace étant moins dense
que l’eau, l’iceberg remonterait lentement vers la surface afin de rétablir le ratio 10/90, partie
visible/partie immergée. (Merci Archimède pour ton coup de main !)
Bon, revenons au bégaiement. Quelle est l’analogie ? Nous éliminons le bégaiement audible
(ce qui ne représente pas de difficulté particulière) mais ne faisons rien pour le bagage
émotionnel sous l’eau et, en peu de temps, nous connaissons… UNE RECHUTE !! Bingo ! C’est
précisément ce qui nous est arrivé, à moi ainsi qu’à bien d’autres PQB qui avons, il y a plusieurs
décennies, été traités par des orthophonistes qui ignoraient tout de l’analogie avec l’iceberg.4
Coupez sa pointe et l’iceberg remontera vers la surface et vous vous retrouverez ENCORE avec
le 10 % au-dessus de la ligne d’eau. Simple loi de nos cours de physique du secondaire/high
school/Collège et lycée.
Tel que mentionné plus haut, aucune analogie n’est parfaite. Vous pensez qu’en faisant cela
(avec un chalumeau géant) une bonne centaine de fois, vous finirez par faire fondre l’iceberg au
complet ? Hélas pour le bégaiement, c’est ici que l’analogie ne tient plus la route. Pour le
bégaiement, quand vous faites fondre la pointe de l’iceberg, la partie immergée prend
généralement plus d’ampleur. Enlevez 10 % en haut et vous ajoutez au moins 15 % en bas. Vous
vous retrouvez en présence d’une PQB ayant échoué. Il (ou elle) n’a pas travaillé suffisamment
fort. Il n’a pas pris cela suffisamment au sérieux. Ou il n’est simplement pas assez intelligent.
Paresseux, manque de sérieux, stupide… culpabilité, colère, honte… la partie immergée n’a fait
que prendre de l’ampleur. Non seulement bégaie-t-il – DE NOUVEAU – mais il se retrouve avec
ENCORE PLUS de bagages émotionnels. Je le sais pour l’avoir vécu. Et ce n’est pas drôle du
tout. Faites cela à plusieurs occasions et vous finissez par créer un monstrueux problème qui
durera toute une vie.5
Si vous voyez s’échapper de la fumée bleue de votre système d’échappement, vous ne
changerez PAS un pneu pour régler le problème, n’est-ce pas ? Changer un pneu est bien plus
facile que d’effectuer un travail sur les pistons du moteur ; mais tout bon mécanicien s’efforcera
de régler LE problème en appliquant LA solution qui s’impose. Travailler sur une solution qui ne
3
Mark Irwin désigne Syndrome de la Parole Bégayée (SPB) l’ensemble de l’Iceberg.
Ou de l’Hexagone du Bégaiement. RP
5
Je vous recommande de lire Pourquoi le bégaiement est si insidieux de votre humble serviteur. RP
4
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serait pas appropriée ne ferait qu’empirer le problème. Relevez vos manches et travaillez sur ce
moteur. Ne pensez plus aux pneus. Le problème n’est pas là. (Vous voyez : je vous avais bien dit
que j’aimais les analogies !)
Voilà pourquoi il est si important pour une orthophoniste de savoir ce qui se passe
RÉELLEMENT. Si le bégaiement se compare à un iceberg, alors l’orthophoniste doit devenir une
habile ingénieure en icebergs. En comprenant qu’en adoucissant la pointe de l’iceberg, cela aura
pour conséquence de faire monter celui-ci ; vous commencez alors à comprendre que vous
DEVEZ, simultanément, vous attaquer à la partie immergée de l’iceberg.
Que contient la partie inférieure de l’iceberg ? Des ÉMOTIONS ! « Bagage émotionnel » est
le terme populaire. On ne s’attaque pas au bagage émotionnel avec une meilleure manière de
respirer, des contacts légers ou un débit ralenti. On doit faire appel à la psychologie. Car la
psychologie est la « job de pistons » du bégaiement. Il ne s’agit certes pas d’un travail facile.
Non, le bégaiement n’est pas CAUSÉ par des facteurs psychologiques, mais la psychologie fait
certainement partie de la solution. Comme le montre l’iceberg, 90 % du bégaiement est de nature
émotive. Ces émotions n’y étaient probablement pas lorsque vous avez commencé à bégayer ;
mais il n’y a pas de doute qu’on les retrouve chez les adultes affichant un bégaiement chronicisé.
VARIATIONS
Bon, très bien. Tournons-nous maintenant vers quelques autres variables… Tout comme les
flocons de neige, il n’y a pas deux icebergs au monde qui soient exactement identiques – tout
comme il n’y a pas deux individus exactement pareils. Encore moins deux Personnes qui
bégaient!
FORMAT
C’est la variable la plus évidente. Un iceberg MASSIF représenterait un GROS problème de
bégaiement. Peu importe la masse au-dessus de la surface, le problème n’en est pas moins
extrêmement sérieux. Parlez-en au capitaine du Titanic ! Inversement, un iceberg minime ne
mériterait probablement pas d’être appelé iceberg – on parlerait plutôt d’un CUBE de glace. Un
gros iceberg est un gros problème. Un petit cube de glace n’est qu’un petit problème. Un iceberg
dont la masse serait moyenne serait un problème moyen. Il s’agit de considérer l’iceberg dans son
ENSEMBLE, pas juste la pointe de cet iceberg.
DENSITÉ
Si nous pouvions varier la densité de l’iceberg, on apercevrait quelques étonnantes
caractéristiques de la glace – et du bégaiement ! On peut parler, en effet, d’une glace légère,
moyenne ou épaisse…
Légère : on parle alors d’une densité comparable à celle du polystyrène expansé (styrofoam) ;
95 % au-dessus, 5 % sous l’eau. Selon la MASSE de l’iceberg, cela peut encore représenter un
sérieux problème – mais on peut facilement y travailler à l’aide des techniques de fluency
shaping. Il s’agit de la condition généralement rencontrée chez les jeunes enfants. Par un
travail sur la fluence, accompagné d’une participation parentale, d’une modélisation de la parole
et du développement du langage, il est possible de GUÉRIR cette condition ! Hourra !
Moyenne : 10 % au-dessus, 90 % sous la surface. Il s’agit du bégaiement chronique adulte, celui
qu’on rencontre le plus souvent. La Fluency Shaping ne suffira probablement pas à elle seule. Il
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vous faudra également vous attaquer au bagage émotionnel. (Gardez à l’esprit que, chaque PQB
étant différente, diverses techniques seront pertinentes pour une PQB mais pas nécessairement
pour les autres.)
Épaisse : 1 % (ou moins !) au-dessus, 99 % (ou plus !) sous la surface. C’est le bégaiement
MASQUÉ ou « intériorisé ».6 Les PQB masquées – c.-à-d. celles qui ne bégaient pas ! – passent
parfois pour des personnes parfaitement fluides ! Mais le bagage émotionnel qu’elles cachent
sous l’eau est simplement phénoménal ! Pour ce genre de personnes, un programme de Fluency
Shaping sera rarement efficace. Vous DEVEZ faire appel à beaucoup d’outils psychologiques
pour travailler sous la ligne d’eau. Un tel sujet se prête probablement à d’autres ouvrages dans le
cadre de l’ISAD7, quelques-uns ayant d’ailleurs déjà été rédigés. Je vous recommande, à ce sujet,
l’article de Leiven Grommen que vous trouverez à http://www.mnsu.edu/comdis/isad2/papers/grommen.html (version
anglaise). Les ateliers très courus de Cathy Olish, « Covert Stuttering Exposed, » donnés lors de
plusieurs conférences de la NSA, constituent d’autres exemples de l’émergence du concept de
bégaiement masqué.
DURETÉ :
La glace peut être douce ou dure, ou entre les deux.
Douce : Cela représente un client très coopératif, disposé à écouter et à explorer de nouvelles
avenues. Ce sont des clients avec qui il est « plaisant » de travailler puisqu’il est aisé de travailler
avec une glace douce.
Entre les deux : Voilà le client adulte « typique » ; quelque peu méfiant, mais disposé à écouter et
à apprendre. Bien que ce genre de personne exige pas mal d’efforts, les récompenses peuvent être
au rendez-vous lorsque les choses fonctionnent bien pour eux.
Dure : Ce sont les clients très réticents, qui ne veulent pas changer, puisque seulement EUX
savent quoi faire – ou pensent le savoir. Il est TRÈS difficile de travailler sur leur iceberg à cause
de cette dureté de la glace. J’ai déjà connu un gars comme cela qui finit par se suicider, et cela
malgré tous les efforts de plusieurs excellents orthophonistes. Un cas très malheureux…
EN RÉSUMÉ
Le capitaine du Titanic regarda au-devant et aperçut un petit iceberg. Puis il se rappela que
son bateau avait été conçu pour être insubmersible. C’est alors qu’il donna l’ordre : « Toute
vapeur devant ! » Mais il n’avait PAS vu le 90 % de l’iceberg sous l’eau. Et son bateau coula…
parce qu’il n’avait vraiment pas compris l’imposante puissance d’un iceberg. Il aurait fait un
orthophoniste pourri. S’il avait été un bon orthophoniste, il aurait reconnu qu’il ne voyait pas tout
l’iceberg et que son bateau – malgré sa solidité tant vantée – NE résisterait PAS face à un
gigantesque iceberg. Il aurait DÛ composer avec l’iceberg DANS SON ENSEMBLE, pas
seulement avec la partie visible de celui-ci.
Traduction de The Iceberg Analogy of Stuttering, par Russ Hicks.
Traduction de Richard Parent, Mont St-Hilaire, Québec. Novembre 2014. (Hors résumé) Rév. : 04/03/2015
Pour consulter la liste des traductions françaises et les télécharger gratuitement, cliquez ICI
6
7
Voir aussi, sur Goodbye Bégaiement, Bégaiement masqué : le grand secret.
Journée internationale du bégaiement.
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ICEBERG ET SYNDROME DE LA PAROLE BÉGAYÉE
(BÉGAIEMENT + TROUBLE D’ANXIÉTÉ SOCIALE) = SYNDROME DE LA PAROLE BÉGAYÉE
Par Mark Irwin, D.D.S.
Traduit par Richard Parent
Puisque nous sommes à définir la vraie nature du bégaiement (et non la cause), continuons avec
l’utilisation d’un vocabulaire plus précis. La plupart des précisions apportées ci-après sont de
Mark Irwin8 qui, tout comme John Harrison dont il défend depuis longtemps les idées, préconise
un vocabulaire plus précis pour parler du “bégaiement.” Mark, qui est dentiste Australien, a été,
jusqu’en mai 2011, président du Conseil de l’International Stuttering Association (ISA) et se
considère comme un défenseur des intérêts des PQB. Le matériel de ce texte provient de
plusieurs échanges sous forme de courriels publiés sur le site de Bob Bodenhamer dédié au
bégaiement (neurosemanticsofstuttering). Ce document est en cours de rédaction (work in
progress). RP
Dan Onovako : Il ne s’agit pas (d’un problème) de parole, cette dernière n’étant qu’un
symptôme (du véritable problème). Je crains, en effet, que nous ne canalisions pas nos efforts
dans la bonne direction. La parole ne devrait pas être, pour nous, un sujet d’inquiétude puisque
nous pouvons nous exprimer avec fluence en certaines circonstances.
Bob Bodenhamer : Nous croyons qu’un individu qui bégaie en certaines situations mais qui
est fluent en d’autres, s’exprime selon deux stratégies apprises : 1) une stratégie de bégaiement
et 2) une stratégie de fluence. Nous croyons que ce qui déclenche l’une ou l’autre de ces
stratégies est inconsciemment déterminé par les significations attribuées par la PQB à un certain
contexte dans lequel elle se retrouve. Si la PQB attribue inconsciemment une signification
menaçante à un contexte quelconque (Trouble d’Anxiété Sociale), elle bégaiera. Si elle attribue
inconsciemment à un autre contexte des significations de sécurité, d’aisance et d’absence de
menace, elle parlera avec fluence. Parlant de son article, Comment créer une bonne dose de
bégaiement, Bob précise : un certain nombre de ces croyances ou de ces structures mentales
négatives qu’entretient la PQB sur Soi, les Autres et le Pouvoir se retrouvent simultanément
activées pour “donner corps” au Trouble d’Anxiété Social.
Lorsqu’une PQB atteint une étape de sa vie
Où elle ne craint plus le bégaiement et
Qu’elle n’y pense plus,
Non plus qu’à « la manière » dont elle s’exprime,
Alors, cette personne cesse d’être une PQB. En vérité,
Cette personne s’exprime selon une stratégie de fluence.
C’est la raison pour laquelle Bob donne le conseil suivant aux PQB : « Surveillez-vous.
Qu’est-ce qui diffèrent dans vos schèmes de pensée et vos états d’esprit entre les moments où
vous êtes fluents et ceux où vous bégayez ? »
Mark Irwin : Comme je l’ai souvent dit… le bégaiement est un symptôme du Syndrome de la
Parole Bégayée (SPB). Pour enfoncer davantage le clou, il nous faut modifier l’utilisation du mot
bégaiement comme métaphore de l’iceberg alors que nous désignons aussi “bégaiement” la partie
8
Mark est, depuis 2011, président de l’Australian Speak Easy Association (ASEA).
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ICEBERG ET SYNDROME DE LA PAROLE BÉGAYÉE
visible de cet iceberg.9 On désigne l’iceberg dans son ensemble en lui accolant la même étiquette
que la partie visible. Avouez avec moi que cela ne fait pas de sens !
Il est plus logique d’utiliser “Syndrome de la Parole Bégayée (SPB)” comme métaphore de
l’iceberg composé du bégaiement visible/audible (bégayage) et du Trouble d’Anxiété Sociale
(TAS - souvent conditionné par la peur de bégayer – que nos amis anglo-saxons désignent
psellismophobia) qui se cache sous la surface de l’eau. La peur de bégayer est une condition
nécessitant un recadrage des schèmes de pensée.
Les PQB n’ont généralement pas de problème lorsqu’elles ne se retrouvent pas en situation
sociale. Ajoutons ici que de récentes études indiquent que ce ne sont pas tous les enfants qui
bégaient qui sont socialement anxieux. Cependant, certains enfants peuvent être extrêmement
socialement anxieux même si leur bégaiement est léger.
Mark : « Pour moi, le SPB est un trouble très important, l’anxiété perpétuant le bégaiement
et engendrant un problème multiforme. Il est extraordinairement perturbateur pour la qualité de
vie et se traduit par une importante détérioration du fonctionnement éducatif, professionnel et
social de l’individu. De plus, parce qu’il est tellement significatif (et bien plus que tout bégayage
mineur dépourvu d’anxiété), on doit lui coller un terme spécial si on veut qu’il reçoive l’attention
qu’il mérite. » Mes efforts en ce sens sont appuyés par les informations résultant de recherches
démontrant que le TAS impacte négativement sur une thérapie de restructuration de la parole ET
que les conseils donnés en thérapie de la parole auront souvent un impact négatif sur le traitement
du TAS.
Dans le cas du Syndrome de la Parole Bégayée (SPB), nous avons donc affaire au Trouble
d’Anxiété Sociale (TAS) combiné au - et renforçant le - bégaiement. La sévérité de l’anxiété
sociale ne dépend pas de la sévérité du bégaiement. Des études sur les rechutes ont démontré
qu’on doit s’adresser en premier au TAS et qu’il est préférable de s’y attaquer par une thérapie
d’exposition dans un environnement de groupe où on demande aux sujets d’adopter un locus
externe. 10 Dans le cas du “Bégaiement par Habitude” 11 (dépourvu de TAS, et donc d’anxiété
consciente), nous sommes confrontés à une respiration inappropriée. On peut changer cela
également ; mais, comme toute autre habitude, ce sera bien plus facile d’y arriver avant l’âge de
40 ans qu’après.
Bégaiement déclenché par l’anxiété : ici, Mark nous dit qu’il s’agit d’une question de
sémantique. « Lorsque je parle de bégaiement déclenché par l’anxiété (anxiety induced stuttering), je
veux dire que « l’anxiété de bégayer » occasionne ce dernier, elle précède le bégaiement. En
d’autres mots, il s’agit de bégaiement secondaire ou d’un bégaiement composé de réactions
négatives envers l’expérience du bégaiement. En plus d’accroitre les bégayages, ces réactions
négatives incluent la peur du bégaiement, une estime de soi inférieure et le Trouble d’Anxiété
Sociale. À l’opposé, le bégaiement primaire peut être causé par des limitations
neurodéveloppementales ou un traumatisme psychologique (psychogène) ou un traumatisme
9
Cette partie visible, au-dessus de la ligne d’eau, est devenu, en français, bégayage.
Références interne/externe : Ultimement, nous nous référons en nous-même pour percevoir les choses, on
regarde en nous, on vit selon notre Soi intérieur, tirant profit de nos propres connaissances et de notre vécu. Mais on
peut aussi changer notre perspective vers ce qui nous est extérieur, se fiant à des indices provenant de sources
externes, sur ce que veulent les autres, ce qu’ils pensent ou leurs besoins afin de faire nos choix. On dit aussi locus
externe de contrôle (external locus of control - on emploie également le terme locus en français).
11
Mark parle de « Habitual Stuttering. »
10
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ICEBERG ET SYNDROME DE LA PAROLE BÉGAYÉE
cérébral (en anglais neurogenic). À moins de reconnaître l’existence d’un bégaiement secondaire,
nous ne pouvons accepter la prétention de certaines PQB à l’effet qu’elles soient guéries, même
si elles continuent à bégayer. Ce qui s’est produit, c’est qu’elles sont guéries du bégaiement
secondaire, ce qui veut dire guéries du bégaiement associé à la peur de bégayer, à une estime de
soi inférieure et au Trouble d’Anxiété Sociale. Elles ne craignent plus les prises de parole et ne
passent pas des heures à ruminer sur de prétendus désastres sociaux suite à des expériences de
bégaiement. »12
Mark suggère d’utiliser trois termes différents pour parler du bégaiement :
1. “Bégaiement Développemental” (respiration et mouvements musculaires mal coordonnés) chez
l’enfant qui fait l’apprentissage de la parole.
2. “Syndrome de la Parole Bégayée” (soit le bégaiement renforcé et exacerbé par le Trouble d’Anxiété
Sociale (TAS) en une boucle sans fin).
3. “Bégaiement par Habitude” (respiration inappropriée en parlant devenue une habitude et qui se
déclenche de manière inconsciente chaque fois que nous nous exposons à une situation de “bégaiement”
pénible déjà vécue auparavant.)
Il va de soi que les exigences thérapeutiques varient pour chacun de ces trois groupes.
Mark apporte les précisions suivantes : Une habitude (réaction/réponse apprise) persiste
longtemps après la disparition de la situation initiale ayant provoqué une telle réaction (rappelonsnous des chiens de Pavlov). Ce ne sont pas tous les problèmes physiologiques qui exigent d’être
recadrés par des pensées conscientes. Certains schémas physiologiques s’imprègneront avec le
temps comme, par exemple, un swing de golf. Oh, bien sur ! Certains golfeurs auront un swing
inadéquat à cause de la peur de performer. Mais on doit aussi considérer la possibilité que leur
technique soit inadéquate. On doit découvrir si ces golfeurs ont besoin d’un coach ou d’un
psychologue sportif. Même chose pour les PQB. La disfluence est-elle causée par des peurs de
performance ou une mauvaise habitude respiratoire ? A t-on besoin de l’une (thérapie
psychologique ou TCC13) ou l’autre (modification du bégaiement/fluency shaping) ou de l’une et
l’autre (car souvent, les deux s’imposeront).14 Et puis, quand une et quand l’autre ? La seconde
alternative devrait suffire pour un client qui ne souffre plus du TAS et qui n’est plus susceptible
de recourir à une technique de modification comme comportement sécuritaire. C’est une question
de jugement dont le résultat aura un impact sur le succès et la rentabilité d’une thérapie.
Parlant de comportement sécuritaire, Mark précise : « L’utilisation du terme Syndrome de la
Parole Bégayée (SPB) signifie que les clients et les thérapeutes sauront que ceux qui sont atteints
du SPB auront besoin de plus qu’une simple thérapie de parole. Cela les sensibilisera au fait que
les conseils en thérapie de parole, pour ceux qui sont socialement très anxieux, pourraient résulter
en l’instauration de ce que les psychologues désignent comportement sécuritaire. Les
comportements sécuritaires sont des stratégies favorisant le succès social (une parole fluente) en
distrayant l’individu de son problème sous-jacent d’anxiété sociale. En d’autres termes,
l’individu s’exprimera avec plus de fluence en utilisant ses techniques de fluence (volume
doublé, un ton de voix plus profond, liaison entre les mots, etc.) tout en demeurant socialement
12
Courriel de Mark Irwin à Alex, 13 septembre 2015, 07 h 32, objet : The King’s Speech.
Thérapie cognitivo-comportementale.
14
Dans le même ordre d’idée, voir le texte suivant sur Goodbye Bégaiement : Bégaiement et anxiété sociale :
pourquoi une simple rééducation de la parole n’est souvent pas suffisante.
13
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très anxieux. L’individu aura appris à dépendre de son comportement sécuritaire pour la fluence
tout en négligeant la restructuration et la désensibilisation nécessaires pour composer avec son
anxiété sociale (et, ainsi, améliorer sa qualité de vie). »
John Harrison : « Ma conception du bégaiement chronicisé/blocage est celle d’un SYSTÈME
dans lequel la psychologie occupe un rôle majeur sans toutefois occuper toute la place. Tout
comme pour votre voiture, ce système se compose d’éléments qui doivent fonctionner
efficacement et en harmonie les uns avec les autres. Et c’est justement cette interconnexion qui
fait du bégaiement/blocage un problème qui s’avère, pour s’en sortir, un défi bien particulier. »
Dans un autre ordre d’idée, nous savons que les experts ne s’entendent pas sur la ou les
cause(s) du bégaiement. Il est temps pour nous de réaliser qu’il y a une différence entre observer
un événement et trouver une cause. Il est bien plus logique de se concentrer sur le rétablissement.
Mais avant de s’embarquer dans un parcours en ce sens, il nous faut savoir à quoi on s’attaque
afin de savoir sur quoi travailler. Comme le dit le Dr Phil… « Tu ne peux changer ce que tu n’as
pas reconnu ».
Mark raconte l’anecdote suivante : « Parlant du Bégaiement par Habitude, j’allai à un party
d’anniversaire d’une PQB qui s’en était fort bien rétabli. Tous ses nouveaux amis l’avaient vu
progresser pendant sa transition jusqu’à ce qu’il devienne un locuteur presque parfaitement
fluide. Il se mouvait avec aisance dans la pièce, riant avec et présentant les gens. Mais nous
pouvions aisément deviner qui étaient ses vieux amis… c’étaient ceux avec lesquels il bégayait. Il
était évident que, dans le cas de mon ami, son bégaiement refaisait surface par habitude. Et ce qui
était encore plus étonnant : il n’était même pas conscient qu’il bégayait. »
Voici le témoignage de Dan (une PQB) :
« J’essaie souvent de comprendre pourquoi quelqu’un qui se sait génial, confiant, intelligent
et capable de communiquer, pourquoi donc une telle personne bégaie. J’ai de la difficulté à
concevoir cela. Un état mental aussi positif devrait encourager une liberté dans tous les aspects de
la vie d’une telle personne – y compris sa parole. Si quelqu’un semble être tout cela mais
continue à bégayer, alors quelque chose doit lui échapper. Il entretient peut-être un mensonge
selon lequel il ne possède pas ces qualités. Bien qu’il ne donne pas l’impression d’en avoir, on ne
peut entendre ses pensées/bavardages internes (conscients ou inconscients). Lorsque les racines
sont solides, de même pour l’arbre.  Voici un paradoxe : il m’arrive d’exhiber une telle
confiance que les gens ne devineraient jamais ce qui se passe en mon for intérieur. Et cela
fonctionne puisque, en réalité, je n’ai aucune raison de ne pas être confiant. Je ne mime donc pas
cela ; je ne fais que forcer mon esprit à s’enligner sur ce que je suis réellement. Et devinez quoi
– ça fonctionne. Tout ce dont j’ai besoin, c’est de rester dans cet état mental en tout temps et ne
pas en sortir chaque fois que je me sens dans un état négatif. »
Dan poursuit : « J’étais dans un groupe alors que nous échangions entre nous à voix haute.
J’avais eu des difficultés à m’exprimer. Lorsque je quittai cette rencontre, je me demandai
pourquoi il en était ainsi. En vérité, je ne voulais pas parler autant, car je craignais de bégayer. Je
me retrouvais donc en mode bégaiement. Mais qu’est-ce qui se présenta en premier ? Était-ce ma
parole qui m’amenait à croire que j’allais bégayer ? Ou était-ce ma croyance/attitude/mode
mental qui permettait à mon blocage de s’épanouir ? Je crois que c’était cette dernière possibilité.
Mon blocage n’était qu’un symptôme d’une fausse croyance (et autres éléments tout aussi
charmants  de mon Hexagone du Bégaiement), rien de plus. Juste mon corps qui me disait
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ICEBERG ET SYNDROME DE LA PAROLE BÉGAYÉE
« Quelque chose va de travers dans ta façon de penser, car, honnêtement, il n’y a pas de raison
pour que tu bégaies. »
Jane écrit : « Peut-être que lorsque nous étions enfants, nous (PQB) sommes tous passés par
le ‘Bégaiement Développemental’ ; mais étant plus émotifs15 (et 83 % des personnes qui bégaient
sont considérées très émotives16), nous interprétons notre lutte pour parler (lors de la phase du
bégaiement développemental) comme un échec (néfaste, inacceptable, embarrassant, etc.). Nous
tentons alors de contrôler notre parole. Et parce que nous voulons être ‘bon’ dans tout ce que
nous faisons, nous ne tolérons ni erreurs, ni faiblesses – et le fait d’essayer de se contrôler ne fait
qu’empirer la situation. C’est ainsi que nous ‘progressons’ vers ce que nous désignons
‘Syndrome de la Parole Bégayée’ et/ou ‘Bégaiement par Habitude.’ Je ne faisais que penser tout
haut !!! »
Mark : (Ce pourcentage de 83 % des PQB qui sont très émotives) implique qu’il existe deux
groupes de PQB. Les individus qui sont très émotifs et ceux qui ne le sont pas. J’avance qu’il y a
de fortes chances que ceux qui appartiennent au groupe des plus émotifs soient également ceux
qui sont atteints du TAS. Étant donné que le TAS dénote une déficience additionnelle avec
laquelle les PQB doivent composer ET que la présence du TAS influence la thérapie à
sélectionner/mettre au point, nous gagnerions certainement tous à utiliser un vocabulaire qui nous
permettrait d’établir des distinctions claires et précises entre ces deux groupes. Les termes
“Bégaiement par Habitude” (où il y a bégaiement sans anxiété ni émotivité) et “Syndrome de la
Parole Bégayée” (où le TAS et le bégaiement fusionnent pour ne faire qu’un) me conviennent
parfaitement.
En terminant, voici ce que je désigne la Prière de la PQB :
« Merci Dieu de m’avoir aidé à réaliser que je vivais un mensonge, mensonge reposant sur
de fausses perceptions et croyances (« Je suis inadapté » ; « Je n’ai aucune valeur » ; « Les autres
se moquent de moi, » etc., etc.). Merci de m’avoir donné la chance de découvrir que j’avais une
valeur (« Je suis honnête » ; « Je suis sincère » ; « Je m’efforce, chaque jour, d’être une meilleure
personne et un meilleur père, » etc.) Merci de m’avoir fait prendre conscience que je jouissais
d’un mécanisme de la parole intact (la preuve en ayant été faite à maintes reprises par la fluence).
Enfin, merci de m’avoir donné les outils et la chance de découvrir la bonne voie à emprunter afin
que ma fluence s’améliore progressivement. » Luis
Rédigé à partir de diverses sources. Document en cours de rédaction (work in progress). 04/03/2015
Voir aussi, sur Goodbye Bégaiement, Bégaiement et anxiété sociale: pourquoi une simple rééducation de la
parole n’est souvent pas suffisante.
Rév: 13/09/2015; 04/10/2015;
15
16
Le texte original utilise le terme « sensitive » qui pourrait également se traduire par sensible ou émotif.
Ce pourcentage est de 10 à 15 % dans la population en général.
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BÉGAIEMENT MASQUÉ
Théorie de Mark Irwin
Dans son article sur le Syndrome de la Parole Bégayée (SPB), Mark Irwin, ancien président
de l’International Stuttering Association, nous propose les visions de plusieurs théoriciens sur
cette appellation de bégaiement intériorisé : Pour David Shapiro, il s’agit des sentiments et
pensées intériorisées tandis que pour Moore et Rigo, cette notion renvoie aux symptômes cachés
du bégaiement. Les pays du Commonwealth, quant à eux, considèrent que le terme de
bégaiement intériorisé s’applique aux « personnes bègues avec un bégaiement masqué, aussi
appelées cachées ou honteuses ».
Face à ces visions différentes, Mark Irwin a pu proposer une définition plus précise qui
permettrait de différencier bégaiement masqué et bégaiement intériorisé.
Il définit le Syndrome de la Parole Bégayée (S.P.B.) où le bégaiement est intériorisé. Il s’agit
donc d’un bégaiement avec non seulement des évitements au niveau de la parole, mais également
des évitements au niveau des situations. Il s’intéresse ici aux répercussions que peut avoir le
bégaiement sur toute la vie sociale du patient : le choix des études ou encore ses relations avec
ses pairs par exemple.
Afin de mettre en avant un lien entre le bégaiement et ses répercussions sur la vie
quotidienne, Irwin s’appuie sur la notion d’anxiété sociale qui « est un handicap en soi qui peut
soit être spécifique à certaines situations sociales ou se généraliser à la plupart. La grande
majorité des sujets qui souffrent de TAS (Trouble d’Anxiété Sociale) disent combien leur
carrière, leurs études et leur vie en général ont été gravement perturbées par leurs peurs ».
Cette notion d’anxiété sociale renvoie à celle de phobie sociale, définie par le DSM IV
comme « un trouble de l’anxiété caractérisé par une crainte (appréhension, inconfort émotionnel
ou inquiétude) persistante et intense causant un détresse considérable et une capacité diminuée de
quelques fonctions dans la vie quotidienne ».
Pour Christophe André et Patrick Légeron, dans leur ouvrage « La peur des autres : trac,
timidité et phobie sociale », le phobique social a « une peur persistante d’une ou plusieurs
situations dans lesquelles il est exposé à l’éventuelle observation attentive d’autrui et craint d’agir
de façon humiliante ou embarrassante. Il évite donc ces situations ou éprouve une anxiété intense
à leur approche. Cette tendance à l’évitement interfère avec la vie professionnelle ou les relations
sociales habituelles. La personne reconnait la nature excessive ou irrationnelle de ses craintes »
Le Syndrome de la Parole Bégayée se définit alors comme un bégaiement avec un Trouble
d’Anxiété Sociale (T.A.S.).
Pour Irwin, le terme de bégaiement « masqué » se définit par l’acte volontaire de masquage,
de la part d’un locuteur. Cela signifie qu’après avoir terminé sa phrase, la personne est en mesure
d’expliquer ce qu’elle n’a pas voulu dire, les mots qu’elle n’a pas employés. Elle est donc
consciente de ce qu’elle masque. Dans le cas du bégaiement intériorisé, il ne s’agit plus
seulement de mots mais aussi de situations sociales.
Pour autant, j’ai fait le choix de donner à ce site le nom de bégaiement masqué. En effet, ces
termes sont encore aujourd’hui les plus couramment utilisés pour nommer ce type de bégaiement.
(Cet article provient d’un site internet sur le bégaiement masqué.)
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