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Soins 1. Département de médecine générale, université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité. 2. Département d’enseignement et de recherche en médecine générale, université de Nice-Sophia Antipolis. Sinusites Prise en charge thérapeutique de la sinusite aiguë de l’adulte en soins primaires Treatment of acute rhinosinusitis in adults: a systematic review of the literature Josselin Le Bel1, Pauline Jeanmougin1, David Darmon2 exercer 2014;112:78-88. [email protected] Context. Acute rhinosinusitis is common in general practice. Clinical and etiological diagnosis can be difficult for the physician. Rhinosinusitis is most often a viral infection for which it may sometimes be advisable to prescribe antibiotics. Guidelines regarding other therapeutics are not consensual. Mots-clés Objective. To identify and analyse the recent data on the treatment of acute rhinosinusitis. Methods. A systematic review of the literature was conducted in December 2013 in the Medline database Thérapeutique via PubMed and the Cochrane Library. All randomized controlled trials, systematic reviews and meta-analyses, including adult patients, with the key word «Sinusitis» (Mesh), published between the 1st January 2004 and the 20th December 2013 in English language, were included. Antibactériens Results. 220 abstracts were identified and 37 articles were selected, including 30 randomized controlled Administration par voie nasale trials and 7 meta-analyses. Antibiotic treatment enables a slight acceleration of healing in acute rhinosinusitis but with frequent side effects. No antibiotic is superior to another in this disease. The effect of corticosteroids is modest. Intranasal corticosteroids are effective in the reduction of the intensity and duration of the symptoms. Oral corticosteroids have proven effective as adjuvant treatment with antibiotics. Decongestants and herbal medicine (Pelargonium, Cineol) have a modest symptomatic efficacy, nasal irrigation with saline solution has a limited effect. Sinusite Key words Sinusitis Therapeutics Anti-bacterial agents Administration, intranasal Conclusion. The specific treatment of acute rhinosinusitis with antibiotics does not have a risk-benefit balance in favor of its systematic use. Among the non-specific treatments, topical corticosteroids and other treatments such as decongestants or herbal medicine are the best choices. Introduction Liens d’intérêts : les auteurs déclarent n’avoir aucun conflit d’intérêts concernant les données publiées dans cet article. La sinusite aiguë est un motif courant de consultation en médecine générale et fait partie des 50 diagnostics les plus fréquents en médecine générale en France 1 . Au Royaume-Uni, cette pathologie représente 50 cas par an pour chaque médecin généraliste 2. La sinusite aiguë est définie comme une inflammation des sinus (maxillaires, frontaux ou ethmoïdaux) à l’origine de symptômes durant moins de 8 semaines chez l’adulte 3. Le diagnostic clinique est établi sur un faisceau d’arguments comprenant la rhinorrhée purulente, la congestion nasale, la fièvre, les douleurs sinusiennes, la sensibilité à la palpation des sinus, et les antécédents de sinusite aiguë4. Ce diagnostic peut être confirmé par l’imagerie et en particulier le scanner sinusien5, mais le diagnostic d’infection bactérienne n’est possible de façon formelle que par aspiration sinusienne, non réalisable en pratique courante. 78 e x e r c e r la revue française de médecine générale La sinusite est définie comme aiguë jusqu’à 4 semaines, subaiguë de 4 à 12 semaines, récurrente si le patient présente 4 épisodes ou plus (avec résolution complète, entre 2 épisodes, durant au moins 7 jours), et chronique si les symptômes durent plus de 12 semaines6-8 . Les problématiques liées à la sinusite aiguë sont multiples. D’une part, les symptômes de sinusite aiguë sont souvent responsables d’absentéisme scolaire et professionnel, d’autre part, cette pathologie fait partie des 10 diagnostics les plus fréquents pour lesquels un antibiotique est prescrit9. Les médecins généralistes abordent souvent la sinusite aiguë comme une infection bactérienne et prescrivent donc un antibiotique dans 85 à 98 % des cas. Les prescriptions pour sinusite aiguë représentent 8 % de l’ensemble des prescriptions antibiotiques10. Pourtant, les sinusites aiguës virales (SAV) sont les plus fréquentes, majoritairement de localisation maxillaire et associées à une rhinopharyngite. Leur évolution est spontanément favorable en 7 à 10 jours. Il est difficile de faire la différence entre les symptômes d’une rhinosinusite aiguë et les symptômes d’une autre Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 Sinusites Soins Sinusitis [MeSH] AND Randomized Controlled Trial [ptyp] OR Review[ptyp] AND «last 10 years» [PDat] AND Humans [MeSH] AND English [lang] AND adult[MeSH] NOT «Chronic Disease»[MeSH] AND Randomized Controlled Trial [ptyp] OR Review[ptyp] AND «last 10 years»[PDat] AND Humans [MeSH] AND English[lang] AND adult[MeSH]. Filters: Randomized Controlled Trial; Review; Publication date from 2004/01/01 to 2013/12/31; Humans; English; Adult: 19+ years. Encadré 1. Équation de recherche PubmMed/Medline infection des voies aériennes supérieures d’évolution prolongée11. L’aspect purulent de la rhinorrhée lié à la desquamation des cellules nasales est habituel, et n’est en aucun cas synonyme d’une surinfection bactérienne. Les SAV sont compliquées d’une infection bactérienne dans seulement 0,5 à 2,0 % des cas12, et la guérison spontanée est possible par récupération de la faculté de drainage du sinus. L’inflammation de la muqueuse sinusienne et contiguë, provoquant le blocage des ostiums, joue un rôle majeur dans le développement de la sinusite11,13,14. Le traitement de la sinusite a donc pour objectif d’éliminer les facteurs étiologiques et de contrôler l’inflammation et les facteurs infectieux15,16. L’objectif de cette revue de la littérature était de déterminer l’efficacité des traitements médicamenteux proposés dans cette affection. Medline (n : 213) Méthode Une revue systématique de la littérature a été menée en décembre 2013 à partir de la base de données Medline via PubMed et de la Cochrane Library. Tous les essais contrôlés randomisés, revues systématiques et méta-analyses portant sur des sujets adultes ayant pour mot-clés le terme « Sinusitis » (MeSH) publiés entre le 1er janvier 2004 et le 20 décembre 2013 en langue anglaise ont été inclus (encadré 1). Les études portant uniquement sur la sinusite chronique, sur les enfants ou sur des modèles animaux ont été exclues. La sélection initiale a été réalisée par DD pour Medline et PJ pour la Cochrane Library. Les éventuels doublons ont été éliminés. L’inclusion des articles a été conduite de manière indépendante par les trois auteurs. Les désaccords ont été résolus par consensus. Pour chaque article ont été identifiés : les traitements utilisés, leur voie d’administration et leur efficacité par rapport à un placebo ou à un traitement de référence. Résultats Le processus de sélection et d’inclusion est détaillé dans la figure 1. 37 publications ont été retenues. Les thérapeutiques identifiées ont été classées en trois catégories selon la classification ATC : antibiotiques, corticoïdes et autres traitements. Cochrane (n : 213) 220 références identifiées 5 doublons 106 références ne concernant pas le traitement de la sinusite aiguë 1 référence ne concernant que les enfants 71 références portant sur d’autres types d’études 30 essais contrôlés randomisés 7 méta-analyses Figure 1. diagramme de flux Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 e x e r c e r la revue française de médecine générale 79 Soins Sinusites Auteur / Revue / Année Thérapeutique étudiée Lemiengre MB, Cochrane 2012 Divers antibiotiques vs placebo Garbutt J, JAMA 2012 Amoxicilline 1 500 mg/j pendant 10 j vs placebo Ahovuo-Saloranta A, Cochrane 2008 Divers antibiotiques vs placebo et comparaison des antibiotiques entre eux Williamson I, JAMA 2007 Comparaison de l’amoxicilline 1 500 mg/j et du budésonide 1 fois/j, seuls ou en association Van Driel ML, Qual Saf Health Care 2007 Prescription d’antibiotiques après réunion de groupe de pairs De Sutter A, Ann Fam Med 2006 Facteurs prédictifs d’efficacité de l’amoxicilline Jareoncharsri P, Rhinology 2004 Lévofloxacine 300 mg/j vs Amox-ac clav 1 875 mg/j Marple BF, Am J Otolaryngol 2010 Azithromycine 2 g dose unique vs amoxicilline-acide clavulanique 1 750 mg/j 10j Hadley JA, Laryngoscope 2010 Moxifloxacine 400 mg, 5 j vs placebo Desrosiers M, Curr Med Res Opin 2008 Télithromycine 800 mg/j, 5 j vs amoxicilline-acide clavulanique 1 750 mg/j, 10 j Young J, Lancet 2008 Recherche de critères cliniques identifiant des patients bénéficiant des antibiotiques Arrieta JR, Am J Otolaryngol 2007 Moxifloxacine 400 mg/j, 7 j vs amoxicilline-acide clavulanique 1 500 mg/j, 10 j Henry DC, Clin Ther 2004 Cefdinir 600 mg/j, 10 j vs lévofloxacine 500 mg/j, 10 j Merenstein D, J Fam Pract 2005 Amoxicilline 2 g/j, 10 j vs placebo Upchurch J, Otolaryngol Head Neck Surg 2006 Faropénème 600 mg vs céfuroxime 500 mg Poole M, Otolayngol Head Neck Surg 2006 Lévofloxacine 750 mg/j, 5 j vs lévofloxacine 500 mg/j, 10 j Murray JJ, Otolayngol Head Neck Surg 2005 Azithromycine 2 g unique vs lévofloxacine 500 mg/j, 10 j Riffer E, Curr Med Res Opin 2005 Clarithromycine 1 g/j vs amoxicilline-acide clavulanique 1 750 mg/j pour 14 j Ferguson BJ, Otolayngol Head Neck Surg 2004 Télithromycine 800 mg/j, 5 j vs moxifloxacine 400 mg/j, 10 j Tableau 1. Antibiothérapie Les astérisques de la colonne « Efficacité/Conclusion » renvoient à ceux de la colonne « Puissance » 80 e x e r c e r la revue française de médecine générale Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 Sinusites Soins Type d’étude Efficacité / Conclusion Puissance L’utilisation d’antibiotiques permet de réduire le temps de guérison (critère principal), sans amélioration des critères secondaires (douleur, reprise de l’activité…). Pas d’intérêt démontré de l’antibiothérapie chez l’adulte sain Méta-analyse OR = 1,25 ; IC95 = 1,02-1,53 Pas de différence significative sur la qualité de vie à J3 Pas de réduction de symptômes à J3 ECR p = 0,69 Les antibiotiques diminuent le risque d’échec clinique et sont égèrement Revue plus efficaces pour soulager les symptômes entre J7 et J15* systématique Aucun antibiotique n’est supérieur à un autre ; 80 % des patients sous placebo guérissent en 15 j *RR = 0,66 ; IC95 = 0,44-0,98 Absence d’effet de l’amoxicilline par rapport aux groupes sans amoxicilline*. Absence d’effet du budésonide par rapport aux groupes sans budésonide** ECR *HR = 1,08 ; IC95 = 0,79-1,48 **HR = 1,05 ; IC95 = 0,77-1,44 Autant d’antibiotiques prescrits dans les 2 groupes* Aucun effet sur le choix de la molécule** ECR *OR = 0,63 ; IC 95 = 0,29-1,37 **OR = 1,07 ; IC95 = 0,34-3,37 Aucun signe clinique ou radiographique n’est prédictif de l’efficacité de l’amoxicilline Pronostic non modifié par le traitement ECR p = 0,36 L’auteur déclare les 2 antibiotiques similaires ECR Aucun résultat significatif À J5, le groupe azithromycine LP présente moins de symptômes que le groupe amoxicilline-acide clavulanique ECR HR = 1,16 ; IC95 = 0,92-1,44 Différence non significative sur taux de guérison clinique (critère principal) ECR p = 0,189 Efficacité similaire sur le critère principal (guérison à J17-21) : 88,6 vs 88,8 %* ECR OR = -0,2 ; IC95 = -8,9-8,5 10 ECR comparant un antibiotique à un placebo : aucun symptôme de sévérité modérée ne permet de distinguer une infection virale ou bactérienne, ou d’identifier un groupe de patients chez qui un traitement antibiotique est justifié ; 64 % des patients sous placebo guéris à J14 Méta-analyse OR = 1,37 ; IC95 = 1,13-1,66 À 7-14 j de la fin du traitement : – guérison clinique similaire (93,4 vs 92,7 %)* – éradication bactériologique similaire (96,5 vs 96,7%)** ECR *IC95 = -3,93-5,36 **IC95 = -3,30-7,49 Guérison clinique de 83 % avec Cefdinir, et 86 % avec la lévofloxacine ECR IC95 = -12,3 –7,0 Guérison clinique : 48 % pour amoxicilline, 37 % pour placebo*. Médiane de guérison plus précoce pour l’amoxicilline (J8 vs J12)** ECR *p = 0,26 **p = 0,05 Guérison clinique J10 : – faropénème = 81,8 % ; – céfuroxime = 74,5 % ECR Non précisé Sur des sinusites bactériennes prouvées par ponction, le succès clinique était de 91,4 % avec la lévofloxacine et de 88,6 % avec la lévofloxacine ECR IC95 = -10-4,2 Guérison clinique à J17-24 de 94,5 % avec l’azithromycine vs 92,8 % avec la lévofloxacine. ECR Non précisé À J10 de la fin du traitement : – guérison clinique de 98 % avec la clarithromycine, et 97 % avec l’amoxicilline-acide clavulanique* ; – éradication bactérienne de 94 vs 98%** ECR *IC95 = -2,4-4,7 **IC95 = -12-2,9 Guérison clinique : 87,4 % avec la télithromycine vs 86,9% avec la moxifloxacine* Éradication bactériologique : 94,1 vs 93,9 %** ECR *p = 0,89 **p = 0,97 Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 e x e r c e r la revue française de médecine générale 81 Soins Sinusites Antibiothérapie (tableau 1) Dans les 19 articles retenus, il n’a pas été retrouvé d’homogénéité dans les critères diagnostiques de rhinosinusite aiguë bactérienne. Le diagnostic était posé soit sur des critères cliniques seuls, soit sur des critères bactériologiques et/ou radiologiques associés aux critères cliniques. De plus, les critères cliniques n’étaient pas consensuels dans les différents articles. L’étiologie bactérienne était évoquée soit sur des critères proches des critères des sociétés savantes américaines pour certains (symptômes > 7 jours surtout), soit sur les critères de Berg et Carenfelt pour d’autres (rhinorrhée purulente bilatérale ou à prédominance unilatérale, douleur locale avec prédominance unilatérale, présence de pus dans les cavités nasales)17. Plusieurs autres études avaient comme critère principal l’amélioration de la qualité de vie selon l’échelle anglosaxonne SNOT16 qui regroupe différents indicateurs cliniques subjectifs (se moucher, éternuer, l’asthénie, la productivité, les douleurs…), mais qui n’inclut pas la fièvre. Cinq articles comparaient une molécule antibiotique à un placebo : selon une revue systématique Cochrane18, les antibiotiques accéléreraient la guérison (quel que soit le groupe, 47 % des patients sont guéris à J7, 71 % entre J7 et J14), mais au prix d’effets secondaires fréquents (27 % dans le groupe antibiotique et 15 % dans le groupe placebo : OR = 2,10 ; IC 95 = 1,60-2,77). Deux essais comparant un placebo à l’amoxicilline ne montraient d’efficacité de l’antibiotique ni sur la durée d’évolution ni sur la qualité de vie19,20. La moxifloxacine n’était pas supérieure au placebo sur le taux de guérison, mais l’était sur la qualité de vie8. Deux études montraient que 64 % et 80 % des patients traités par placebo guérissent en 15 jours21,22. Auteur / Revue / Année Aucun symptôme de rhinosinusite n’était prédictif de l’efficacité d’un antibiotique, et aucun ne permettait la distinction entre une étiologie virale et bactérienne21. Plusieurs études comparaient différentes molécules antibiotiques entre elles, sans aucune différence significative22. Enfin, la sensibilisation à une meilleure prescription antibiotique (qualitative et quantitative) en groupe de pairs ne modifiait pas les pratiques23. Corticoïdes oraux et nasocorticoïdes (tableau 2) Il existe des preuves limitées de l’efficacité des corticoïdes (budésonide ou furoate de mométasone) à haute dose administrés par voie nasale sur la diminution des symptômes de rhinosinusite. La revue systématique de Zalmanovici et Yaphe 24 a ainsi identifié 4 essais randomisés contrôlés par placebo bien réalisés, portant sur 1 943 participants traités pendant 15 ou 21 jours en traitement adjuvant ou en monothérapie. Les résultats similaires de la métaanalyse de Hayward25 déterminent à 13 le nombre de sujets à traiter (NST)*. En raison de l’hétérogénéité entre les essais, des analyses en sous-groupe en fonction du temps et des dosages ont été réalisées. Ainsi, le NST était de 9 pour 21 jours de traitement, alors qu’il était non significatif pour une période de traitement inférieur (jusqu’à 14 jours). Il y avait * Le NST (Number Needed to Treat, NNT en anglais) est le nombre de personnes à traiter pendant une période déterminée (celle de l’étude) pour guérir ou pour prévenir un cas supplémentaire de la pathologie considérée. Ce NST est calculé à partir de la RAR (Réduction Absolue de Risque) avec la formule classique : NST = (1/RAR) x 100 ou avec d’autres formules équivalentes : 100/RAR (exprimée en pour cent) ou 1/RAR (exprimée par rapport à l’unité). Voie d’administration Thérapeutique étudiée Venekam P, CMAJ 2012 Prednisolone 30 mg/j Per os Venekam P, Cochrane Database Syst Rev 2011 Prednisone 24 mg à 80 mg/j ou bétaméthasone 1 mg/j Per os Keith PK, Prim Care Respir 2012 Furoate de fluticasone 1 ou 2/j (110 µg) Intranasale Hayward G, Ann Fam Med 2012 Corticoïdes Intranasale ZalmanovicI I, Cochrane Database Syst Rev 2013 Corticoïdes, fuorate de mométasone pendant 15 à 21 jours Intranasale Meltzer J, Ann Allergy Asthma Immunol 2012 Mométasone furoate 2/j Intranasale Williamson J, JAMA 2007 Budésonide 200 µg ; 1 fois/j Intranasale Meltzer J, Allergy Clin Immunol 2005 Mométasone furoate 1 ou 2/j Intranasale Tableau 2. Corticoïdes systémiques et locaux 82 e x e r c e r la revue française de médecine générale Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 Sinusites Soins aussi une relation dose-effet. Le NST pour 800 µg de mométasone par jour était de 8 avec une réduction plus importante des symptômes qu’avec une dose de 400 μg par jour. Aucun événement indésirable majeur n’a été relevé au cours de ces études. Une revue systématique Cochrane26 concernant les corticoïdes administrés par voie orale n’a pas retrouvé d’effet en monothérapie mais une efficacité en traitement adjuvant de l’antibiothérapie. Elle reposait sur 4 essais contrôlés randomisés de qualité méthodologique modérée, incluant un total de 1 008 participants. Les patients étaient plus susceptibles de bénéficier à court terme d’un soulagement de leurs symptômes que ceux ayant reçu un traitement témoin (placebo ou médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens en plus des antibiotiques oraux). Les effets secondaires des corticostéroïdes oraux signalés dans ces études étaient limités et bénins. Une seule étude a étudié l’efficacité de la corticothérapie orale chez les patients ne recevant pas de traitement antibiotique et n’a pas montré d’amélioration clinique27. Autres traitements (tableau 3) De nombreux traitements, hors antibiotiques et corticoïdes, ont été évalués en traitement de la sinusite aiguë. Deux études ont montré l’efficacité de solutions salines physiologiques ou hypertoniques sur le critère intermédiaire de la clairance mucociliaire, avec une supériorité de la solution saline physiologique, et une augmentation des symptômes d’irritation nasale avec la solution hypertonique28,29. Une revue Cochrane de 2011 a en revanche montré que l’utilisation de solution saline n’était pas efficace sur l’amélioration des symptômes de sinusite et que l’effet sur la réduction de la durée des symptômes était limité30. Concernant les méthodes d’irrigation nasale, les données étaient insuffisantes pour privilégier une méthode particulière31. Plusieurs traitements de type phytothérapie ont été étudiés. Deux traitements par voie orale, à base de Pelargonium sidoides32 et de cinéole33,34 paraissaient avoir une efficacité sur les symptômes de sinusite aiguë. Des effets secondaires ont été décrits, en particulier des risques d’hépatotoxicité du Pelargonium sidoides. Un autre traitement par voie orale, le « BNO 1016 », composé d’extraits de 5 plantes médicinales, a été évalué35. Une amélioration significative du Major Symptom Score (somme des 5 principaux symptômes de rhinosinusite qui sont : rhinorrhée, pharyngite, congestion nasale, céphalée et douleur faciale) et une réduction de la durée de symptômes ont été démontrées. Le traitement intranasal à base de cyclamen n’a pas fait la preuve de son efficacité sur les symptômes cliniques de rhinosinusite. Seule l’efficacité sur les symptômes radiologiques (scanner) a été démontrée36,37. Concernant les traitements homéopathiques38,39, les données sont insuffisantes, de même que l’utilisation d’ultrasons40, qui ne permet pas d’amélioration des signes cliniques. Enfin, les traitements décongestionnants ont une efficacité démontrée sur les douleurs et les symptômes de sinusite aiguë. L’association d’acide acétylsalicylique (AA) et de pseudoéphédrine (PEP) à la dose de 500 ou 1 000 mg d’AA et de 30 ou 60 mg de PEP, a été évaluée dans une étude. Ces deux associations sont efficaces en traitement des douleurs de rhinosinusite, sans effet secondaire rapporté41. Les décongestionnants locaux tels que l’oxymétazoline permettent d’améliorer les symptômes de rhinosinusite aiguë, mais, compte tenu du risque d’effet rebond, leur utilisation doit être limitée à 3 jours42. Type d’étude Efficacité / Conclusion Puissance Pas d’effet clinique constaté en monothérapie per os ECR RRA = 6,7 % (-7,9-21,2) Amélioration clinique des symptômes en 3 à 7 jours Méta-analyse HR = 1,4 ; IC95 = 1,1-1,8 Réduction du daily major score (congestion nasale, douleur sinusienne, rhinorrhée postérieure) ECR p = 0,008 Amélioration des symptômes avec un traitement à haute dose pendant 21 jours Méta-analyse RR = 0,11 ; IC95 = 0,06-0,17 Disparition des symptômes par rapport au placebo ou à l’absence d’intervention* 400 µg > 200 µg*. Pas d’effet secondaire majeur retrouvé Méta-analyse *RR = 1,11 ; IC 95 = 1,04-1,18 **RR = 1,1 ; IC95 = 1,02-1,18 Diminution de la durée des symptômes : 8,5 vs 11 jours ECR p = 0,008 Pas d’amélioration significative ECR OR = 0,93 ; IC95 = 0.54-1.62 Amélioration des symptômes à 15 jours de traitement ECR p < 0,001 Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 e x e r c e r la revue française de médecine générale 83 Soins Sinusites Auteur / Revue / Année Voie d’administration Thérapeutique étudiée Hauptman G, Otolaryngol Head Neck Surg 2007 Solution saline physiologique et hypertonique Intranasale Ural A, Laryngol Otol 2009 Solution saline physiologique ou hypertonique Intranasale Gelardi M, J Biol Regul Homeost Agents 2009 Dispositif d’irrigation nasale « Lavonase » Intranasale Kassel JC, Cochrane Database Syst Rev 2010 Solution saline physiologique vs placebo Intranasale Bachert C, Rhinology 2009 Pelargonium sidoides vs placebo Per os Jund R, Rhinology 2012 « BNO 1016 » (herbes médicinales) Per os Ponikau JU, Laryngoscope 2012 Extrait de cyclamen vs placebo Intranasale Pfaar O, Rhinology 2012 Extrait de cyclamen + amoxicilline 1,5 g/j/8 jours Intranasale Tesche S, Eur Arch Otorhinolaryngol 2008 Cinéole 200 mg/j vs association de 5 herbes médicinales Per os Kehrl W, Laryngoscope 2004 Cinéole 200 mg/j vs placebo Per os Zabolotnyi DI, Explore 2007 Sinfrontal (homéopathie) vs placebo Per os Kneis KC, Appl Health Econ Policy 2009 Sinfrontal (homéopathie) vs antibiotique Per os Hosolen EJ, Physiother 2010 Traitement par ultrasons locale Schachtel BP, J Clin Pharmacol 2010 Acide acétylsalycique (AA) + pseudoéphédrine (PEP) Per os Scheid DC, Am Fam Physician 2004 Oxymétazoline, xylométazoline, phényléphrine Per os Tableau 3. Autres traitements Les astérisques de la colonne « Efficacité/Conclusion » renvoient à ceux de la colonne « Puissance » Discussion Résultats principaux Le traitement antibiotique permet une légère accélération de la guérison dans la rhinosinusite aiguë mais au prix d’effets secondaires fréquents, alors qu’elle survient après 15 jours sans traitement pour plus de deux tiers des patients. Aucune molécule antibiotique n’est supérieure à une autre dans cette indication. L’effet des corticoïdes est modéré sur la rhinosinusite aiguë. Les corticoïdes locaux ont fait la preuve de leur efficacité en monothérapie sur la réduction de l’intensité et de la durée des symptômes, tandis que la corticothérapie per os n’a prouvé son efficacité qu’en traitement adjuvant d’une antibiothérapie. Parmi les traitements adjuvants, les décongestionnants et certains médicaments phytothérapeutiques 84 e x e r c e r la revue française de médecine générale (Pelargonium sidoides et cinéole), ont fait la preuve de leur efficacité sur les symptômes de sinusite aiguë. L’irrigation nasale par solution saline a un effet limité sur la réduction de la durée des symptômes. Difficultés diagnostiques La difficulté majeure dans la rhinosinusite aiguë se trouve donc bien dans la distinction entre une origine bactérienne et virale, avec des conséquences thérapeutiques importantes. Cette distinction paraît d’autant plus difficile qu’elle n’est pas consensuelle : les stratégies diagnostiques recommandées sont très différentes entre la Haute autorité de santé (HAS)43 et les guidelines américaines44 (tableau 4). Les recommandations de la HAS de 2011 sur la prise en charge des infections respiratoires hautes sont issues d’une revue de la littérature bien plus large mais plus ancienne que celle conduite pour cet article. Néanmoins, aucun Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 Sinusites Soins Conclusion Type d’étude Puissance Les deux solutions améliorent la clairance mucociliaire*, diminuent la congestion nasale**, diminuent l’obstruction nasale***. Irritation nasale plus importante avec la solution hypertonique**** ECR *p < 0,0001 pour toutes les comparaisons La solution nasale physiologique améliore la clairance mucociliaire ECR p < 0,05 Efficacité sur les symptômes d’obstruction nasale, sans supériorité par rapport aux autres dispositifs d’irrigation nasale ECR p < 0,05 Différences non significatives : sur les symptômes nasaux, sur la durée de l’écoulement nasal, sur les symptômes respiratoires, sur la durée des symptômes Revue systématique NS Amélioration du Sinusitis severity score de 5,5 vs 2,5 points sur 24 Des cas d’hépatotoxicité ont été décrits ECR p < 0,00001 Réduction de la durée des symptômes de 2 jours vs placebo. Pas d’effet secondaire retrouvé ECR NC Amélioration des signes radiologiques. Pas d’amélioration significative des symptômes ECR p < 0,045 Pas d’amélioration significative des symptômes vs placebo. Effets secondaires à type d’épistaxis et d’irritation nasale ECR NS Amélioration des symptômes de sinusite à J7 supérieure dans le groupe cinéole ECR p < 0,001 Amélioration significative des symptômes à J4 et J7 Effets secondaires à type d’épigastralgies et exanthème ECR NC Réduction significative des symptômes à J7 ECR p < 0,001 En faveur d’une diminution du nombre de jours non travaillés, avec le produit homéopathique Étude coût-efficacité NS Efficacité identique sur la douleur au traitement antibiotique à J4. Score diminué de 1,5 point sur 10 ECR IC95 = 0,6-2,5 Efficacité sur la douleur de l’association AA-PEP 500 mg-30 mg ou 1 000 mg-60 mg*. L’association 1 000 mg-60 mg est la plus efficace** ECR *p < 0,01 **p < 0,05 Risque d’effets rebons, pas d’effet sur la pression artérielle en population générale Revue systématique NC symptôme clinique ne permet un diagnostic formel d’étiologie bactérienne ou un pronostic d’efficacité d’un traitement antibiotique dans les articles postérieurs à 2004 sélectionnés ici. Une autre difficulté réside dans les termes utilisés. En France, le terme « rhinosinusite aiguë » est défini comme une inflammation de la cavité nasale et des sinus, d’origine virale, souvent secondaire à une rhinopharyngite et spontanément résolutive. Le terme « sinusite aiguë purulente » est quant à lui utilisé pour décrire la prolifération bactérienne (pneumocoque, Hæmophilus influenzæ, Branhamella catarrhalis) dans une ou plusieurs cavités sinusiennes, par défaut de drainage, secondaire à une rhinosinusite aiguë virale. Dans les pays anglo-saxons, partant du constat qu’une inflammation des sinus se produit rarement sans inflammation simultanée de la muqueuse nasale, les termes utilisés sont « rhinosinusite aiguë virale » (RSAV) et « rhinosinusite aiguë bactérienne » (RSAB), qui paraissent plus explicites. Les objectifs des traitements de la RSAV et de la RSAB sont différents. La prise en charge de la RSAV vise à soulager les symptômes d’obstruction nasale et la rhinorrhée, mais les traitements ne réduisent pas la durée des symptômes. La prise en charge de la rhinosinusite bactérienne aiguë (RSAB), qui comprend l’antibiothérapie, vise à éliminer l’infection et à prévenir les complications (rares, mais potentiellement graves). Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 e x e r c e r la revue française de médecine générale Traitements antibiotiques et recommandations actuelles En France, les dernières recommandations de 2011 portant sur les rhinosinusites bactériennes 43 préconisent en première intention l’amoxicilline seule, 85 Soins Haute autorité de santé (HAS) Présence de 2 au moins des 3 critères majeurs : 1. Persistance ou augmentation des douleurs sinusiennes infra-orbitaires malgré un traitement symptomatique (antalgique, antipyrétique, décongestionnant) prescrit pendant au moins 48 heures. 2. Type de la douleur : – son caractère unilatéral ; – et/ou son augmentation quand la tête est penchée en avant ; – et/ou son caractère pulsatile ; – et/ou son acmé en fin d’après-midi et la nuit. 3. Augmentation de la rhinorrhée et augmentation de la purulence de la rhinorrhée. Ce signe a d’autant plus de valeur qu’il devient unilatéral. La présence de critères mineurs, s’ils sont associés aux critères majeurs, renforce la suspicion diagnostique : – fièvre qui persiste au troisième jour d’évolution ; – obstruction nasale, éternuements, gêne pharyngée, toux, s’ils persistent au-delà de 10 jours. Infectious Diseases Society of America (IDSA) Une des trois caractéristiques suivantes : 1. Symptômes de RSA persistant 10 jours ou plus sans amélioration clinique. 2. Apparition de symptômes graves (fièvre > 39 °C, écoulement nasal purulent ou douleur faciale) d’une durée d’’au moins trois jours consécutifs au début de la maladie. 3. Aggravation des symptômes à la suite d’une infection virale des voies respiratoires supérieures qui a duré 5 à 6 jours et qui s’étaient initialement améliorés. Tableau 4. Critères diagnostiques des rhinosinusites aiguës bactériennes (sinusites purulentes) Sinusites « l’impact des antibiotiques sur la flore commensale est à considérer en priorité dans l’histoire naturelle de la résistance », certaines molécules pourraient être dans un futur proche à prescription ou dispensation contrôlée. Ces antibiotiques particulièrement sélectionnants sont l’amoxicilline clavulanate, les céphalosporines (surtout en cas d’administration orale et/ou de 3e ou 4e génération), et les fluoroquinolones 46. Pour cette raison, certains résultats des études sélectionnées ici sont à interpréter avec précaution : les antibiotiques à large spectre de type moxifloxacine sont à conserver pour des infections spécifiques (tuberculose résistante en particulier) ; la télithromycine, quant à elle, présente des effets indésirables potentiellement graves. De plus, les posologies des antibiotiques étudiés sont parfois très inférieures à celles utilisées en France (par exemple, amoxicilline prescrit à 1 500 mg/j ; amoxicilline clavulanate à 1 750 mg/j, lévofloxacine à 300 mg/j). De fortes doses d’antibiotiques ne seraient pas plus efficaces. Dans ces conditions, il est difficile de juger de la transférabilité des résultats de ces essais à la pratique. Au total, il ressort de cette recherche qu’il manque des données d’évaluation des pratiques en France, tant au plan de l’utilité des antibiotiques dans une pathologie où il est difficile de préciser l’étiologie, qu’au plan des doses et des durées de traitement. Il paraît indispensable, pour une pathologie si prévalente, d’homogénéiser les études et surtout d’évaluer les pratiques françaises. Une décision médicale partagée pour le traitement des rhinosinusites aiguës paraît envisageable : proposer au patient le choix entre laisser des symptômes évoluer car la guérison spontanée surviendra en 15 jours, ou prendre un antibiotique au risque d’effets secondaires fréquents. Traitements corticoïdes à 80-90 mg/kg/24 h, soit 2 à 3 g/24 h, alors que les guidelines américaines de 2012 recommandent l’amoxicilline clavulanate à 90 mg/kg/j44. Compte tenu de données locales de bactério-résistance différentes, il est complexe de transposer les recommandations étrangères d’antibiothérapie. En France en 2011, 23,9 % des pneumocoques sont résistants à la pénicilline G et 26,1 % à l’érythromycine45. Pour H. influenzæ, 13,4 % sont résistants à l’amoxicilline, 12,8 % aux β-lactamines, et 30 % au cotrimoxazole45. Ce contexte de résistance élevée et de consommation antibiotique toujours très forte sur le territoire national a poussé l’ANSM en novembre 2013 à lister des antibiotiques « critiques », c’est-à-dire particulièrement générateurs de résistance bactérienne. Partant du postulat que 86 e x e r c e r la revue française de médecine générale Depuis la réactualisation en 2013 de la méta-analyse Cochrane de Zalmanovici et al.24, il n’y a pas eu de nouvelles études concernant l’utilisation des corticoïdes par voie nasale. L’étiologie principalement virale des sinusites devrait rassurer les praticiens dans la prescription de cette thérapeutique symptomatique efficace en monothérapie. En revanche, les résultats montrant que la corticothérapie orale n’est efficace qu’en adjonction d’antibiotique peuvent être source de confusion pour les praticiens. Des études en soins primaires sur la corticothérapie per os en monothérapie pour traiter la rhinosinusite aiguë sont nécessaires. En effet, une seule étude s’y est intéressée, la plupart des autres études concernant des patients recrutés en soins secondaires. Vo l u m e 2 5 N ° 1 1 2 Soins Autres traitements Conclusion Cette revue de la littérature permet de relativiser la place des traitements par irrigation nasale de solution saline, qui ont une efficacité limitée sans être dépourvus d’effets secondaires. Concernant les traitements phytothérapeutiques, deux types de plantes paraissent faire preuve de leur efficacité. Très peu de données sont disponibles sur ces traitements dans les bases médicamenteuses, ce qui peut limiter leur utilisation. Enfin, les traitements décongestionnants ont une efficacité démontrée, mais la crainte des effets secondaires, qui restent peu fréquents, peut restreindre leur prescription. La balance bénéfices-risques du traitement antibiotique n’est pas en faveur de son instauration systématique dans la rhinosinusite aiguë. Les traitements par corticoïdes locaux et les autres thérapeutiques (phytothérapie et décongestionnants) doivent être privilégiés, de même que les traitements mécaniques en raison de leurs faibles effets secondaires. © JPC-PROD – Fotolia.com Sinusites Résumé Contexte. La sinusite aiguë est un motif courant de consultation en médecine générale. Son diagnostic clinique aussi bien qu’étiologique peut poser des problèmes aux médecins généralistes. Il s’agit le plus souvent d’une affection virale pour laquelle il peut être recommandé de prescrire des antibiotiques. Les recommandations concernant les autres thérapeutiques ne sont pas consensuelles. Objectif. Identifier et analyser les données récentes concernant le traitement de la sinusite aiguë. Méthode. Une revue systématique de la littérature a été menée en décembre 2013 à partir de la base de données Medline via PubMed et dans la Cochrane Library. Tous les essais contrôlés randomisés, revues systématiques et méta-analyses portant sur des sujets adultes ayant pour mot clé le terme « Sinusitis » (MeSH), publiées entre le 1er janvier 2004 et le 20 décembre 2013 en langue anglaise ont été inclus. Résultats. 220 résumés ont été identifiés et 37 articles retenus dont 30 essais contrôlés randomisés et 7 méta-analyses. Le traitement antibiotique permet une légère accélération de guérison dans la rhinosinusite aiguë mais au prix d’effets secondaires fréquents. Aucune molécule antibiotique n’est supérieure à une autre dans cette pathologie. L’effet des corticoïdes est modeste. Par voie nasale, ils sont efficaces en monothérapie sur la réduction de l’intensité et de la durée des symptômes. La corticothérapie per os n’a prouvé son efficacité qu’en traitement adjuvant d’une antibiothérapie. Les décongestionnants et la phytothérapie (Pelargonium, cinéole) ont une efficacité symptomatique modeste, l’irrigation nasale par solution saline a un intérêt limité. Conclusion. Le traitement spécifique de la sinusite aiguë par antibiothérapie n’a pas une balance bénéfices-risques en faveur de son instauration systématique. Parmi les traitements non spécifiques, les corticoïdes locaux et certains phytothérapies et décongestionnants doivent être privilégiés. Références 1. Société française de médecine générale. Observatoire de la médecine générale. Informations épidémiologiques sur les pathologies et leur prise en charge en ville. Issy-les-Moulineaux : Sfmg, 2010. Disponible sur : http://omg.sfmg.org/content/donnees/top25.php. 2. Ashworth M, Charlton J, Ballard K, Latinovic R, Gulliford M. Variations in antibiotic prescribing and consultation rates for acute respiratory infection in UK general practices 1995-2000. Br J Gen Pract 2005;55:603-8. 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