entretien des toits en tuile de terre cuite

JANVIER 2002
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R É PA R E R , C ’ E S T T O U J O U R S P O S S I B L E
PATRIMOINE SUISSE
Pendant longtemps, le prix des matériaux était déterminant, alors que celui de la main-d’œuvre
était négligeable. Aujourd’hui, c’est l’inverse, et la rapidité de l’intervention prime sur toutes
autres considérations. Sans parler des fameuses garanties que les artisans se refusent de donner si
tout n’est pas remis à neuf. Pourtant, récupérer les tuiles anciennes pour les reposer sur un toit
assaini reste une opération possible, et même souhaitable d’un point de vue esthétique,
patrimonial et quelquefois économique.
ENTRETIEN DES TOITS
EN TUILE DE TERRE CUITE
Il y a trois façons de réparer un toit :
1) Mêler les nouvelles tuiles aux anciennes.
Tout est question de proportion, mais même si les
contrastes peuvent être violents entre anciennes et
nouvelles tuiles, le toit conserve une grande homogénéité. Le temps atténuera les différences.
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INTRODUCTION
3) Concentrer les nouvelles tuiles sur les pans
les moins visibles. Cette façon moderne n’est valable que si l’entier de la toiture est refaite et qu’un pan
c
au moins a un impact visuel important au contraire
d’autres. C’est cependant rarement une solution
complètement satisfaisante.
C ONCLUSION
La solution la plus économique et la plus respectueuse du patrimoine consiste sans aucun doute à entretenir régulièrement son toit.
Si d’importantes réparations s’imposent, le recours à
des professionnels expérimentés et motivés est le
meilleur gage d’économie à moyen terme.
Et rappelez-vous que la récupération des anciennes
tuiles est toujours une solution à envisager. En effet,
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une tuile de bonne qualité, même ancienne, peut
résister plusieurs siècles aux intempéries. C’est durant les vingt premières années que généralement
les défauts apparaissent. C’est donc en pur gaspillage — quelquefois par économie, plus souvent par
commodité — que l’on élimine des tuiles anciennes
encore bonnes au service.
P O U R E N S AV O I R P L U S
Les tuiles en terre cuite sont donc des éléments durables qui ne subissent que peu de détériorations au
cours du temps. Cependant, les toitures recouvertes
de tuiles en terre cuite requièrent un minimum d’entretien. Si c’est le cas, la couverture peut résister des
décennies, voire des siècles.
Aujourd’hui, par économie, par mode, ou par
manque de savoir-faire,
nombre de toitures perdent leur couverture ancestrale.
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Le toit en tuiles de terre cuite, édit. Industrie suisse de la terre cuite ASITEC, Zurich, 1999.
La beauté des toits, édit. Industrie suisse de la terre cuite ASITEC, Zurich, 1980.
Les tuiles anciennes du canton de Vaud, Michèle GROTE, Cahier d’archéologie romande n°67,
Lausanne, 1996.
PATRIMOINE SUISSE
Section Neuchâtel
Case postale 2866
2001 Neuchâtel
La technique de la terre cuite est extrêmement ancienne ; il suffit de penser aux poteries archéologiques
trouvées sur de très nombreux sites préhistoriques. Il
s’agit simplement de terre glaise (argile) mélangée
(gâchée) à de l’eau pour la rendre plus malléable afin
qu’elle puisse être façonnée ou moulée. L’objet
ainsi obtenu est séché à
l’air, puis cuit à environ
1000°C dans un four. Le
matériau qui en résulte
est très résistant et indéformable ; il est cependant sensible aux chocs.
Ces qualités confèrent
aux objets en terre cuite
des durées de vie très
longues.
Photo Danielle Karrer
2) Faire des bandes verticales (éventuellement
horizontales) avec les nouvelles tuiles. Cette façon de faire traditionnelle peut se justifier lorsqu’une
partie seulement d’un pan de la toiture doit être refaite. Les réparations en tache sont également possibles
si elles ne sont pas trop grandes (environ 1 m2).
Section Jura
Case postale 2202
2800 Delémont 2
Textes et illustrations : Jean-Daniel Jeanneret, Architecte du patrimoine, dipl. EPFL / CHEC
Section Jura-Bernois
Rue du Collège 29
2605 Sonceboz
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CADRE HISTORIQUE
Jusqu’au début du XXe siècle, le coût d’une couverture était fortement influencé par le prix de la matière
première et du transport. Le coût de la main-d’œuvre
était presque négligeable. Dans ce contexte, il était
important de produire les tuiles le plus près possible
du lieu de pose. Il était également d’usage de récupé-
rer systématiquement les tuiles usagées, même si elles
provenaient d’autres bâtiments. Il est ainsi courant de
retrouver sur un ancien toit une grande diversité de
tuiles d’époques et de provenances diverses. C’est du
reste cette diversité qui en fait le charme inimitable.
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L E S D É T É R I O R AT I O N S L E S P LUS C O UR A N T ES
Bien que la terre cuite soit un matériau très résistant, les toits en tuiles peuvent se détériorer sous
l’effet de défauts de fabrication ou d’événements particuliers. On peut résumer les causes de dégradation des couvertures en tuiles en deux grandes familles : celles d’origine naturelle et celles
causées par l’homme. Les premières relèvent souvent de la fatalité, mais les secondes pourraient
être, dans la plupart des cas, évitées ou corrigées.
UNE MAUVAISE VENTILATION
Il arrive que l’on trouve entre la couverture et la sous
-couverture une forte humidité due à de petites fuites ou à de la pluie, voire de la neige, soufflée par
dessous les tuiles. Si cette eau n’est pas évacuée, elle
peut à la longue favoriser le pourrissement des lattes
à tuile et du contre-lattage. Des affaissements peuvent s’ensuivre accentuant encore le phénomène. Il
faut donc qu’une bonne ventilation entre la couverture et la sous-couverture soit assurée. Une bonne
conception des raccords au bas et au haut du toit est
donc nécessaire. La distance entre les deux couches
doit également être proportionnelle à la longueur
des chevrons. Dans certains cas extrêmes, des tuiles
spéciales, appelées "chatières", peuvent améliorer la
ventilation. Lorsque des problèmes de ce genre apparaissent, il faut souvent envisager une réfection
complète de la couverture et de la ferblanterie…
Coupe d’un toit
traditionnel sans
isolation
ventilation par une chatière
légère ventilation
par les cannelures
latte à tuile
contre-lattage
sous-couverture
sous-toiture
DES DÉGÂTS OCCASIONNÉS
PAR LE GEL
Des défauts de fabrication, comme une mauvaise argile, un malaxage imparfait, une cuisson inégale par
exemple, peuvent rendre les tuiles moins résistantes
au gel. En effet, si les tuiles ont des micro-fissures,
de l’eau va s’y infiltrer. Sous l’effet du froid, elle peut
geler, ce qui augmente sensiblement son volume. Ce
phénomène provoque des tensions dans le matériau
qui peuvent occasionner un agrandissement des fissures et aboutir à un éclatement ou à un effritement
de la tuile. Ce type de dégradation apparaît généralement peu de temps après la pose de nouvelles tuiles. Normalement les fabricants de tuiles garantissent
leurs produits contre ce genre de défauts.
PATRIMOINE SUISSE
DES COLONIES D’ALGUES ET
DE CHAUX
L’argile utilisée peut être plus ou moins riche en calcaire. Un bon malaxage de la terre devrait permettre
de l’homogénéiser. Cependant, il arrivait, lorsque la
production n’était pas encore industrielle, que des
grains de calcaire subsistent et se transforment en
chaux vive lors de la cuisson. Une fois la tuile exposée aux intempéries, les grains de chaux s’hydratent,
augmentant légèrement de volume. De petits cratères se forment alors à la surface, ne rendant pas forcément la tuile impropre à l’usage. Les tuiles avec
des cratères ne sont donc pas a priori à jeter !
Coupe d’une tuile
extérieur
apparition
d’un cratère
DE MOUSSES, LA VÉGÉTATION
Une colonie d’algues, de lichens ou de mousses
n’apparaît jamais par hasard sur un toit. Il faut que
l’endroit soit à l’ombre et suffisamment humide. La
présence proche d’un arbre peut favoriser la colonisation d’une toiture. Il faut également que les tuiles
offrent une surface suffisamment poreuse pour permettre à ces hôtes de s’incruster.
La présence d’algues et de lichens n’a pas d’incidence notable sur l’étanchéité du toit ni sur sa longévité.
Les mousses normalement ne sont pas plus néfastes,
bien qu’elles retiennent abondamment l’humidité,
pour autant qu’elles ne provoquent pas de soulèvement ou de déplacement des tuiles. Au besoin, un
nettoyage à l’eau à basse pression devrait suffire à
éliminer provisoirement les mousses. L’utilisation de
produits anti-mousses est sans efficacité. Les végétaux, herbes, arbustes, etc. doivent par contre être
systématiquement éliminés, leurs racines pouvant
faire de gros dégâts.
grains de chaux
extérieur
UN ENLÈVEMENT DE LA NEIGE
MALADROIT
Pour des raisons de sécurité, la neige et la glace accumulées sur les toits doit certaines fois être évacuée
manuellement. Il arrive alors que des coups de pelle
endommagent quelques tuiles. Un contrôle sérieux
du toit au printemps devrait suffire, faut-il encore le
faire…
ventilation naturelle
ouverture au droit
DES RACCORDS DE
FERBLANTERIE DÉFECTUEUX
Les jonctions entre les pans inclinés d’un toit en tuiles et les souches de cheminées, les lucarnes et les
tabatières (Velux®) sont particulièrement délicates.
Ce sont des éléments en ferblanterie qui doivent assurer une continuité entre la couverture et ces éléments. Leur conception, leur mise en œuvre et leur
entretien doivent être particulièrement soignés. En
cas de fuites, des injections de mastics siliconiques
ne sont que des solutions provisoires, un changement de l’élément incriminé est souvent la manière
efficace de remédier au mal. Même si cela peu coûter cher, c’est toujours plus économique que de devoir refaire complètement la toiture quelques années
plus tard…
LA PRÉSENCE DE GRAINS
DES GLISSEMENTS DE TUILES
La rupture du talon est la cause la plus courante du
glissement de tuiles. Cela peut provenir de défauts
de fabrication, ou d’une charge inappropriée de la
tuile, par exemple en marchant dessus. Sous l’effet
d’une rafale de vent, il est également possible que
quelques tuiles se soulèvent et se décrochent du lattage. Les fuites qui en résultent peuvent être importantes. Cependant, un contrôle régulier de la couverture devrait suffire à éviter le pire.
Exemple d’une couverture à
recouvrement double
zone non recouverte
recouvrement
pureau
tuile ayant glissé
PATRIMOINE SUISSE