soufre - Le Grand T

Transcription

soufre - Le Grand T
1-1075853 1-1075850 2-1075851 3-1075852
TEXTE, MISE EN SCÈNE ET INTERPRÉTATION CHARLOTTE BLIN
2014/15
© GRIMMM
SOUFRE
COLLECTIF AÏE AÏE AÏE
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Licences spectacles
EN TOURNÉE EN LOIRE-ATLANTIQUE
SOUFRE
ANCENIS - THÉÂTRE QUARTIER LIBRE
JAN LU2610:00 & 14:30
MA27 10:00 & 14:30
NORT-SUR-ERDRE - ESPACE CULTUREL CAP NORT
JAN JE2910:00 & 14:30
VE3014:30
MACHECOUL - ESPACE DE RETZ
FÉV LU0210:00 & 14:30
DURÉE : 50 min
PUBLIC : à partir de 8 ans
SOMMAIRE
CONTACTS PÔLE PUBLIC ET MÉDIATION
Présentation
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La pièce
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Aïe aïe aïe collectif d’artistes
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Pistes de travail
6
Pour aller plus loin…
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La presse en parle...
9
Caroline Urvoy
[email protected]
02 28 24 28 17
10
© GRIMMM
Annexes
Manon Albert
[email protected]
02 28 24 28 08
LE GRAND T
84, rue du Général Buat
BP 30111
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PRÉSENTATION
Soufre
Texte, mise en scène et interprétation Charlotte Blin
Création lumière et régie Lucille Iosub
Scénographie Julien Mellano et Charlotte Blin
Collaborations artistiques Denis Athimon et Agnès Limbos
Montage sonore et visuels Julien Mellano
Costume confection Poly Molly
Production Collectif AÏE AÏE AÏE
Coproductions Théâtre Lillico, Coopérative Ancre.
Avec le soutien du Conseil Régional de Bretagne.
Résidences Théâtre de l’Oiseau-Mouche à Roubaix, Le Garage/collectif danse Rennes Métropole, Théâtre Lillico et
Théâtre du Cercle à Rennes.
LA PIÈCE
Le soir de la nouvelle année, au cœur de la fête, au cœur
de l’hiver, une femme nous raconte la vie d’une rue et de
ses habitants. Elle compose la mosaïque d’une société en
miniature animée par le bonheur, le confort moderne, la
compétitivité, l’amour, l’indifférence et les feux d’artifices.
Au milieu de ces morceaux de vies, tissés à la
manière d’un récit chorale, il y a une petite marchande d’allumettes...
À propos de Soufre
Soufre tourne librement autour du conte d’Andersen
La Petite Marchande d’allumettes, pour évoquer la vie d’une
rue, d’une ville, d’un monde, d’un univers. Sous la forme de
digressions et de points de vue tous azimuts, on y aborde
des questions profondes, poétiques pour certaines, graves
pour d’autres, pour observer à la loupe les brefs fragments
de vies d’une société humaine en miniature.
Un spectacle où la comédienne seule en scène associe
du texte, des manipulations d’objets et des bricolages
chorégraphiques. L’écriture de Charlotte Blin s’inspire de
sources multiples (le conte, la description scientifique,
l’annonce publicitaire, la recette de cuisine, etc.), provoquant
des télescopages à la manière parfois des relations
humaines.
©DSZUSTER
Le soufre est un élément chimique présent partout dans la
nature, il peut servir à fabriquer des allumettes, des explosifs,
des laxatifs...
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AÏE AÏE AÏE COLLECTIF D’ARTISTES PAS TRÈS DISCIPLINÉS
« Aïe Aïe Aïe [...] Créatif, inventif, référencé, à double lecture, décalé, poétique, super pro / bricolé (si, c’est possible),
tendre / grinçant, mélancolique / guilleret, esthétique, délirant… Bref. Aïe aïe aïe, c’est un collectif de quatre artistes.
Julien Mellano, Morgan Euzenat, Charlotte Blin et Justine
Curatolo.
« Chacun avait son propre univers avant. On s’est regroupés par affinités humaines et artistiques, mais dans la différence. D’où le terme indiscipliné. Les choses se font et
se défont, on ne travaille pas forcément ensemble. Quand
on est directeur de projet, on peut travailler en solo, ou
avec quelqu’un du collectif, ou avec d’autres gens. Le collectif nous a permis de partager un outil administratif, de
communiquer, de partager des réseaux, de multiplier les
possibles ».
De se nourrir les uns des autres, aussi. Le spectacle de
Morgan « KluG » se joue en rue, Justine a apporté le chant
lyrique, Julien des méthodes de travail, Charlotte le mouvement, la danse ; tous ont un intérêt pour l’image, des
parcours de plasticiens devenus comédiens. Et la dérision,
présente tout le temps. «Tout ça est assez poreux. On a
toujours un regard sur les projets de chacun, mais on est
soucieux de garder nos identités, pour ne pas tomber dans
des compromis. On multiplie les registres et du coup, on
n’est pas catalogués. Ne pas avoir d’étiquettes nous permet aussi de ne pas avoir d’ a priori.»
Passer de formes classiques à des installations, du burlesque à l’aigre-doux, de la marionnette au théâtre d’objets,
« la constante, c’est le public, toujours intégré dans la création. Mais pas un public spécifique. Tous les publics ». Des
spectacles à partager en famille, avec des éclats de rire
décalés selon les vécus de chacun. Nous, dans Ma Biche
et mon Lapin, il y a même un moment où on ne s’est pas
sentis très youplaboum, par exemple… »
Isabelle Nivet
Source : Sorties de secours, concerts, théâtre, expos
Magazine et site internet des sorties en Bretagne Sud
CHARLOTTE BLIN
© COLLECTIF AÏE AÏE AÏE
Auteur, metteur en scène et interprète, Charlotte Blin intervient dans des spectacles qui associent les jeux de
langages poétiques, le théâtre d’objets et les bricolages chorégraphiques. Ses histoires préférées racontent
le drame burlesque de l’être humain en proie à son imaginaire héroïque inconsolable : assouvir les crimes princiers d’une brute gracile, casser un mur à la masse, aimer passionnément, regarder par la fenêtre.
2012 - Création et interprétation de Soufre / Collectif Aïe Aïe Aïe / théâtre, objets et bricolages chorégraphiques
Création et mise en scène de Living room / Théâtre du Cercle / théâtre et tableaux vivants avec douze comédiens amateurs en réunion spirite
Co-création (avec Julien Mellano) et interprétation de Ma Biche et mon Lapin / Collectif Aïe Aïe Aïe / forme courte à poils et sans parole.
2011 - Conception artistique du projet Vern volume 18e rencontres d’art contemporain / Le Volume / événement associant arts visuels et spectacle vivant
Écriture et mise en scène de Play back - Morceaux de bureau / Théâtre du Cercle / théâtre et tableaux vivants avec douze comédiens amateurs à la table
2010 - Co-création (avec Morgan Euzenat) Les Vestiges / Carte blanche au collectif Aïe Aïe Aïe / Musée du château de Mayenne / parcours de scènes courtes avec 7 interprètes
2009 - Création et interprétation (avec Justine Curatolo) de Pavanes / Collectif Aïe Aïe Aïe / forme courte pour expérience sonore au jardin
Création et mise en scène Les Grands Projets / Collectif Aïe Aïe Aïe / scènes courtes et sans parole avec figurants habitants
2007 - Co-création (avec Julien Mellano) et interprétation de Beastie queen / Collectif Aïe Aïe Aïe / théâtre d’objet pâtissier.
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PISTES DE TRAVAIL PÉDAGOGIQUE
UNE RÉFLEXION AUTOUR DE LA SOCIÉTÉ DE
CONSOMMATION
Dans le spectacle, Charlotte Blin nous transporte de maison en maison où le spectateur est invité à entrer dans différentes habitations : il voyagera de la cuisine de René pour
apprendre la recette détaillée de la farce qui garnira l’oie,
au bureau de Monsieur Lamotte où le directeur compte
la recette, nous verrons également Monsieur Dusapin qui
surfe sur les cours de riz et du blé en amassant des lingots d’or. La comédienne par un système ingénieux ouvre
des boîtes maisons, se glisse dans la peau de tous les personnages et nous embarque dans cette histoire. Et puis,
on retrouve la petite fille aux allumettes que tout le monde
ignore, même Monsieur Dusapin qui a pourtant sacrément
envie de trouver du feu pour allumer sa clope mais qui ne
va tout de même pas débourser un centime.
Le spectacle nous interroge notamment sur la société de
consommation, notre rapport au luxe, à l’opulence spécialement en période de fête.
Proposition : Étudier des œuvres plastiques autour de la
société de consommation, de l’utilisation et du traitement de
l’objet dans certaines œuvres de Ralph Goings, Tony Cragg,
Chris Jordan ou encore d’Andreas Gursky et D. Hanson.
au spectateur une déambulation dans une ville tracée au
cordeau. Une ville. La ville. Sur un plateau nu et sombre,
l’espace de jeu est délimité par un carré, un amoncellement
de confettis blancs.
De part et d’autre d’une grande avenue, les maisons, les
commerces, les institutions, les lieux de vie sont représentés par des boîtes (boîte à chaussures, boîte de rangement,
etc.).
Proposition : Créer une ville
À l’aide d’objets de récupération, d’emballages, créer un
centre-ville en représentant chaque commerce ou institution par un objet ou imaginer un symbole qui les représentent (la mairie, la poste, l’école, le coiffeur, la pharmacie,
l’église, le bar-tabac…). Les constructions peuvent prendre
la forme de maquette en trois dimensions ou être plutôt
un aplat en deux dimensions. L’idée est de réfléchir autour
de la fonction de nos institutions et leurs représentations.
Qu’est qui fonde le quartier et comment il s’organise ?
Proposition : Construction d’une ville
Proposition : ça me révolte ! Demandez aux élèves d’écrire
un monologue dans lequel ils expliquent des éléments qui
peuvent les révolter au quotidien. L’exercice peut se faire en
deux temps : ils écrivent chacun leurs monologues puis ils
doivent ensuite passer par une étape d’oralisation.
Proposez-leur également une contrainte : par exemple, ils
doivent mettre au moins cinq fois dans leurs textes « Moi, j’y
peux rien ! Ces choses là, ça me révolte ! ».
L’ESPACE DE LA VILLE
La scénographie du spectacle Soufre invite le spectateur à
porter une réflexion sur la construction de l’espace urbain,
l’organisation de la ville.
Architecture et utopie : la scénographie de Soufre propose
Image de PQ Ville, la ville en carton utilisée dans le film
La Science des rêves de Michel Gondry. Cette ville a été
réalisée par Sylvain Arnoux. Elle a été fabriquée avec un
matériau unique : le rouleau de papier toilette. Demander
aux élèves dans la même démarche de choisir un matériau
unique pour construire une ville.
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Dans le spectacle, Soufre la ville proposée est celle de
l’indifférence : interrogez-les sur la matière qu’ils utiliseraient pour représenter cette ville ? A l’inverse s’ils devaient
construire la ville de la solidarité : quel matériau utiliser ? Et
pourquoi ?
Proposition : mettre en parallèle cette réflexion sur l’espace avec les constructions architecturales et la place de
l’Homme dans les compositions de Claude Nicolas Ledoux,
Le Corbusier, Oscar Niemeyer.
L’OBJET DANS LA SCÉNOGRAPHIE
Charlotte Blin utilise l’objet dans la construction de la scénographie et dans l’interprétation pour nous raconter cette
histoire. Les objets sont porteurs d’un imaginaire et nous
suggèrent les personnages. Par exemple, le maire de la ville
au moment où il fait son discours est représenté grâce à
des objets (micro…). Le rôle évocateur des objets dans le
spectacle est central.
Image 1: Robert BRESSON, Sans titre, 1931. Sur cette
photographie, les brosses à dents deviennent une forêt
fantastique.
Proposition : comment appréhender l’objet autrement ?
Demandez aux élèves de choisir plusieurs objets du quotidien et d’inventer une histoire en partant de ces objets.
Les objets peuvent être à la fois des éléments de décors
ou des personnages. Invitez chaque élève à raconter son
histoire en utilisant les objets.
Proposition : identité et objet
Image 2 : Tejo REMY pour le collectif Droog Design, Milk
bottle lamp, 1993. Douze bouteilles de lait se transforment
en lampe pour salon.
Composer son propre portrait par l’accumulation d’objets :
objets qui nous accompagnent au quotidien, objets précieux, objets qui nous caractérisent…
Proposition : « Assemblage hybride… »
1. À partir d’une caisse d’objets de récupération, les élèves,
par petits groupes, doivent créer un nouveau personnage.
2. On se questionnera sur le détournement occasionné par
les analogies formelles. Exemples : une passoire devient un
casque ; une fourchette, une jambe…
3. Les différentes propositions peuvent être photographiées ou dessinées par les élèves afin de garder une trace
des différentes métamorphoses des objets…
Image 3 : Pablo PICASSO, Tête de taureau, 1942. L’assemblage d’un guidon et d’une selle de vélo rappelle l’animal
cher à Picasso.
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POUR ALLER PLUS LOIN…
Documents sur La Petite FiIle aux allumettes, versions
originales :
Documents sur le conte à l’usage des enseignants :
Contes classiques, texte original d’Andersen ; images de
Julia Chausson ; Paris : Oskar, 2011.
Du conte au théâtre : avec la compagnie Louis Brouillard Joël Pommerat, DVD, CRDP de l’Académie de Paris, Coll.
Entrer en Théâtre, 2008.
Contes Merveilleux Tome I, Hans Christian Andersen ; Paris, France : Domaine public, 1850.
Andersen, Sceren CNDP, coll. Textes et documents pour la
classe, 2005. CDDP.
Contes Merveilleux Tome II, Hans Christian Andersen ; Paris, France : Domaine public, 1850.
Analyser un conte, dans JDI (Journal des instituteurs),
2000. CDDP.
Les Contes d’Andersen en bandes dessinées ; textes adaptés par Céka ; Dessins d’Emilie Decrock, Guillaume Tavernier, Sophie de La Villefromoit... ; Darnetal (76) : Petit à petit,
2007.
À l’école des contes et des récits cycles 1 2 et 3 ; Meilhac
Jean-Claude, CRDP Nord Pas de Calais, coll. Démarches
et outils pour la classe, 1995. CDDP.
La Petite sirène et autres contes d’Andersen livre-cd /
contient La Petite Fille aux allumettes.
Documents sur La Petite Fille aux allumettes, versions
interprétées :
La Petite Marchande d’allumettes, Jean Renoir, moyen-métrage (1928).
La Fille aux allumettes, film d’Aki Kaurismaki, 1990. Film
transposé dans le monde ouvrier des années 1980.
La Petite Fille aux allumettes par Véronique Olmi, paru en
2004 aux éditions Stock.
La Petite Femme aux cigarettes, Florian Houdart, interprétation libre du conte dans un univers moderne et surréaliste.
Documents sur le théâtre d’objets à l’usage des enseignants :
DVD Marionnettes et le théâtre d’objets ; DVD, CRDP de
l’Académie de Lyon ; Entrer en théâtre ; 2010.
Marionnette : De l’objet manipulé à l’objet théâtral ; Cara
Anne, CRDP de Champagne-Ardenne ; 2006.
La ville :
Dada « La ville » n°173, 2012, éditions Arola.
Site de la maison de l’architecture de la Ville Nord Pas de
Calais : http://www.mav-npdc.com/
14 regards sur la ville, Louis Rambert
La Petite Fille qui aimait trop les allumettes, Gaëtan Soucy
roman québecois
Kirsten, la Petite Fille aux allumettes, Frédéric Bertocchini
et Marko, bande dessinée aux éditions Albiana, (2011)
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LA PRESSE EN PARLE...
LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES, VERSION MODERNE
« Paysage enneigé, insouciance, robe de bal noire pour la comédienne, musique joyeuse, lumières étincelantes... On se croirait
dans le monde merveilleux de Walt Disney. Nous sommes sur
l’avenue d’une grande ville, un soir de réveillon. Dans les maisons
plutôt cossues, c’est l’effervescence. Charlotte Blin, grâce à un
jeu astucieux de boîtes lumineuses et un brin de malice, entraîne
le jeune public d’une demeure à l’autre : préparation des repas de
fête, cérémonie des vœux à la mairie, derniers achats dans les
grands magasins dont les vitrines scintillent de mille feux, jusqu’à
la banque, où le riz et les marrons s’échangent à prix d’or... Chacun se prépare aux douze coups de minuit, aux cotillons et feux
d’artifice... Mais dans la rue, se joue un drame. Avec Soufre, Charlotte Blin propose une adaptation moderne de La Petite Fille aux
allumettes, conte de Noël, signé Andersen, publié la première fois
le 18 novembre 1845 qui met en scène la misère au XIXe siècle
mais résonne cruellement aujourd’hui. Sans mélo, avec finesse,
Charlotte Blin, fait rimer opulence, performance et indifférence.
Une invitation à ouvrir les yeux. »
Agnès Le Morvan - Ouest-France - octobre 2012
QUAND AÏE AÏE AÏE REVISITE ANDERSEN
« Du conte La Petite Fille aux allumettes écrit par Andersen en
1845 à l’adaptation théâtrale offerte [...] par le collectif Aïe Aïe Aïe
sous le titre Soufre, le moins qu’on puisse dire est que Charlotte
Blin, qui l’a conçue et l’interprète, prend le public à contre-pied
du début à la fin. Avec quel talent, quelle force !... Pas seulement
parce qu’elle décentre le conte en plaçant au cœur de la pièce,
non la marchande d’allumettes, mais une femme qui, de sa fenêtre, regarde la petite fille sous la neige, mais parce qu’elle évolue dans un décor minuscule qui fait d’elle une géante, à contrecourant de l’idée d’une ville qui écrase ses habitants.
Et pourtant. Merveilleuse dans sa robe de soirée, elle évolue, légère et précise, au milieu de cette ville moderne qui, à ses pieds,
scintille en ce soir de réveillon. On dirait qu’elle peut tout faire,
qu’elle domine tout, cette géante-là. L’histoire se répète et, entre
le bruit de la machine à calculer d’un gérant de magasin, les cris
des boursiers et la musique techno qui suit les vœux du maire,
les allumettes soufrées ne sont qu’illusion et la petite fille meurt. »
Marie-Joelle Encinas – Sud-Ouest – janvier 2013
« Qui aurait pu imaginer en 1845 que ce brave Hans Christian
Andersen avait tout prédit ? La mondialisation, la spéculation sur
les matières premières, l’arrogance du capitalisme et des banquiers, l’insignifiance des discours politiques, l’indifférence des
gens à toute la misère du monde qu’on ne peut pas, tout de
même, accueillir chez soi.... Il est vrai qu’Andersen savait ce que
pauvreté veut dire et que le monde avait déjà une solide expérience de l’exploitation de l’homme par l’homme. Alors, entre la
nuit de réveillon de La Petite Fille aux allumettes de 1845 et
celle de 2012, il n’y a qu’un pas qu’on franchit allègrement avec
le collectif Aïe Aïe Aïe.
Une rue de ville bien proprette avec son grand magasin, sa
banque gratte-ciel, ses immeubles cossus et derrière les fenêtres,
de beaux appartements douillets, la mairie et son lustre scintillant.
Et la neige qui recouvre tout cela d’une blancheur immaculée...
Bienvenue dans le monde merveilleux de la société moderne !
Ajoutez à cela un orchestre qui vous diffuse la musique du bonheur à la sauce américaine et le tour est joué. La comédienne,
Charlotte Blin, vêtue d’une robe noire chic et d’escarpins vernis,
réveillon oblige, nous invite à entrer dans chaque habitation. Des
boîtes blanches transparentes avec des tiroirs et des ampoules
de toutes les couleurs.
On commence par la cuisine de René et la recette détaillée de
la farce qui garnira l’oie du festin, on poursuit l’exploration à la
Perec par une incursion dans le bureau de Monsieur Lamotte au
dernier étage du grand magasin, où le directeur compte la recette
(il y a beaucoup de sous). On change de trottoir pour retrouver
Monsieur Dusapin, le banquier qui surfe sur les cours du riz et du
blé en amassant des lingots d’or, on retrouve Madame Lamotte,
la femme de l’autre, « coacheuse » qui nous fait l’article sur son
nouveau métier qui va peut-être changer votre vie. Et ce voisin,
Jurgen, tellement désirable dans son intérieur design peuplé de
grands canapés moelleux... Madame Lamotte rêve de s’y vautrer.
La comédienne ouvre les boîtes-maisons, se glisse dans la peau
de tous les personnages et nous embarque.
Entre deux escales confortables, on croise dans la rue la petite
fille aux allumettes que tout le monde ignore, même Monsieur
Dusapin, qui pourtant a sacrément envie de trouver du feu pour
allumer sa clope mais qui ne va tout de même pas débourser un
centime, une allumette, ça n’a pas de cours sur le marché...
DÉTACHEMENT
Arrive la conférence scientifique de la pharmacienne sur le phénomène de l’hypothermie et ses symptômes à 35° (hypothermie
moyenne), 32° (hypothermie sérieuse), 28° (hypothermie grave
entraînant arrêt cardiaque et mort cérébrale). Les choses se précisent.
Le temps coule, la petite fille aux allumettes se blottit sous un
porche et se réchauffe comme elle peut en grattant une première allumette, les premiers effets scientifiquement établis apparaissent... Les douze coups de minuit sonnent, les bouchons
sautent, tout le monde descend dans la rue et se congratule.
Tiens, un petit cadavre entouré d’allumettes consumées... Ça,
c’est moche... On s’apitoie quelques secondes. Pas trop longtemps. C’est la faute à personne, des choses qui arrivent. Tout
cela est raconté avec grâce et délicatesse, le détachement qui
sied à la situation. L’air de rien. »
Frédérique Meichler - L’Alsace - février 2013
*Momix : Festival International Jeune Public de Kingersheim
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ANNEXES
ANNEXE 1
Le texte, La Petite Fille aux allumettes de Christian Hans Andersen
Il faisait effroyablement froid, il neigeait depuis le matin, il faisait
déjà sombre, le soir approchait, le soir du dernier jour de l’année.
Au milieu des rafales, par ce froid glacial, une pauvre petite fille
marchait dans la rue : elle n’avait rien sur la tête, elle était pieds
nus. Lorsqu’elle était sortie de chez elle le matin, elle avait eu de
vieilles pantoufles beaucoup trop grandes pour elle. Aussi les perdit-elle lorsqu’elle eut à se sauver devant une file de voitures, les
voitures passées, elle chercha après ses chaussures, un méchant
gamin s’enfuyait emportant en riant l’une des pantoufles, l’autre
avait été entièrement écrasée.
Voilà la malheureuse enfant n’ayant plus rien pour abriter ses
pauvres petits petons. Dans son vieux tablier, elle portait des allumettes, elle en tenait à la main un paquet. Mais, ce jour, la veille du
nouvel an, tout le monde était affairé, par cet affreux temps, personne ne s’arrêtait pour considérer l’air suppliant de la petite qui
faisait pitié. La journée finissait, et elle n’avait pas encore vendu
un seul paquet d’allumettes. Tremblante de froid et de faim, elle se
traînait de rue en rue.
Des flocons de neige couvraient sa longue chevelure blonde. De
toutes les fenêtres brillaient des lumières : de presque toutes les
maisons sortait une délicieuse odeur, celle de l’oie, qu’on rôtissait
pour le festin du soir, c’était la Saint-Sylvestre. Cela, oui, cela lui
faisait arrêter ses pas errants. Enfin, après avoir une dernière fois
offert en vain son paquet d’allumettes, l’enfant aperçoit une encoignure entre deux maisons, dont l’une dépassait un peu l’autre.
Harassée, elle s’y assied et s’y blottit, tirant à elle ses petits pieds,
mais elle grelotte et frissonne encore plus qu’avant et cependant
elle n’ose rentrer chez elle. Elle n’y rapporterait pas la plus petite
monnaie, et son père la battrait.
L’enfant avait ses petites menottes toutes transies. « Si je prenais
une allumette, se dit-elle, une seule pour réchauffer mes doigts »
C’est ce qu’elle fit. Quelle flamme merveilleuse c’était ! Il sembla
tout à coup à la petite fille qu’elle se trouvait devant un grand poêle
en fonte, décoré d’ornements en cuivre. La petite allait étendre
ses pieds pour les réchauffer, lorsque la petite flamme s’éteignit
brusquement : le poêle disparut et l’enfant restait là, tenant en
main un petit morceau de bois à moitié brûlé.
Elle frotta une seconde allumette, la lueur se projetait sur la muraille qui devint transparente.
Derrière, la table était mise, elle était couverte d’une belle nappe
blanche, sur laquelle brillait une superbe vaisselle de porcelaine.
Au milieu, s’étalait une magnifique oie rôtie, entourée de compote
de pommes et voilà que la bête se met en mouvement et avec un
couteau et une fourchette fixés dans sa poitrine vient se présenter devant la pauvre petite. Et puis plus rien, la flamme s’éteint.
L’enfant prend une troisième allumette et elle se voit transportée près d’un arbre de Noël, splendide. Sur ses branches vertes
brillaient mille bougies de couleurs, de tous côtés, pendait une
foule de merveilles. La petite étendit la main pour saisir la moins
belle, l’allumette s’éteint. L’arbre semble monter vers le ciel et ses
bougies deviennent des étoiles, il y en a une qui se détache et qui
redescend vers la terre, laissant une traînée de feu.
« Voilà quelqu’un qui va mourir » se dit la petite. Sa vieille grandmère, le seul être qui l’avait aimée et chérie, et qui était morte il
n’y avait pas longtemps, lui avait dit que lorsqu’on voit une étoile
qui file, d’un autre côté une âme monte vers le paradis. Elle frotta
encore une allumette, une grande clarté se répandit et, devant
l’enfant, se tenait la vieille grand-mère.
- Grand-mère, s’écria la petite, grand-mère, emmène-moi. Oh !
Tu vas me quitter quand l’allumette sera éteinte, tu t’évanouiras
comme le poêle si chaud, le superbe rôti d’oie, le splendide arbre
de Noël. Reste, je te prie, ou emporte-moi.
Et l’enfant alluma une nouvelle allumette, et puis une autre, et
enfin tout le paquet, pour voir la bonne grand-mère le plus longtemps possible. La grand-mère prit la petite dans ses bras et elle
la porta bien haut, en un lieu où il n’y avait plus ni de froid, ni de
faim, ni de chagrin, c’était devant le trône de Dieu.
Le lendemain matin, cependant, les passants trouvèrent dans
l’encoignure le corps de la petite ; ses joues étaient rouges, elle
semblait sourire ; elle était morte de froid, pendant la nuit qui avait
apporté à tant d’autres des joies et des plaisirs. Elle tenait dans sa
petite main, toute raidie, les restes brûlés d’un paquet d’allumettes.
- Quelle sottise ! dit un sans-cœur. Comment a-t-elle pu croire que
cela la réchaufferait ? D’autres versèrent des larmes sur l’enfant,
c’est qu’ils ne savaient pas toutes les belles choses qu’elle avait
vues pendant la nuit du nouvel an, c’est qu’ils ignoraient que, si
elle avait bien souffert, elle goûtait maintenant dans les bras de sa
grand-mère, la plus douce félicité.
ANNEXE 2
Phrases extraites du conte La Petite Fille aux allumettes qui
peuvent servir de base à des exercices de théâtre.
- Elle avait eu de vieilles pantoufles beaucoup trop grandes pour
elle.
- Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de rue en rue.
- Voilà la malheureuse enfant n’ayant plus rien pour abriter ses
pauvres petits petons.
- La veille du nouvel an, tout le monde était affairé.
- L’air suppliant de la petite qui faisait pitié.
- De toutes les fenêtres brillaient des lumières.
- Elle était couverte d’une belle nappe blanche.
- Cela, oui, cela lui faisait arrêter ses pas errants.
- Mais elle grelotte et frissonne encore plus qu’avant et cependant
elle n’ose rentrer chez elle.
- Si je prenais une allumette, une seule pour réchauffer mes doigts.
- Quelle flamme merveilleuse c’était !
- Le poêle disparut et l’enfant restait là, tenant en main un petit
morceau de bois à moitié brûlé.
- Sur ses branches vertes, brillaient mille bougies de couleurs.
- Sa vieille grand-mère lui avait dit que lorsqu’on voit une étoile qui
file, d’un autre côté une âme monte vers le paradis.
- Grand-mère, grand-mère, emmène-moi.
- Oh! Tu vas me quitter quand l’allumette sera éteinte.
- Tu t’évanouiras comme le poêle si chaud
- Le superbe rôti d’oie, le splendide arbre de Noël.
- Et l’enfant alluma une nouvelle allumette, et puis une autre, et
enfin tout le paquet.
- Quelle sottise ! Comment a-t-elle pu croire que cela la réchaufferait ?
- Toutes les belles choses qu’elle avait vues pendant la nuit du
nouvel an.
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