Les jardins de Cadiot en Dordogne : 8 jardins en 1

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Les jardins de Cadiot en Dordogne : 8 jardins en 1
detentejardin.com
Les jardins de Cadiot en Dordogne : 8
jardins en 1
Topiaires et potées d’agapanthes se placent au coeur d’un damier de buis.
Dans les bois d’un petit vallon que la Dordogne enveloppe d’un voile de brume les matins
frisquets, les jardins de Cadiot vivent cachés, de même que la maison, à peine signalée par
quelques toits de pigeonniers. « Nous avons toujours veillé à maintenir l’équilibre entre
milieu sauvage et paysager », explique Anne-Marie, créatrice, jardinière et gardienne des
lieux depuis plus de 30 ans.
Une quête esthétique
Au début des années 1980, il y avait là une modeste ferme à reconstruire et des terres qui
avaient connu la vigne, le tabac et beaucoup de potagers. C’est là que Bernard et Anne-Marie
Decottignies ont fait leur vie avec leur âme d’artiste : elle, qui peignait, mettra ses talents de
coloriste dans le choix des fleurs ; lui, qui sculptait la pierre et le métal, façonnera le végétal.
« Nous étions dans une quête esthétique, et en même temps très proches de cette nature où
nous avons toujours vécu. » Dans une première série de créations – qui sont aujourd’hui le
jardin anglais, les patios et le jardin toscan – près de l’habitation, ils sont confrontés au rocher,
à la sécheresse et à la rareté de la terre.
1. Le patio des azulejos est blotti entre le roc et les murs écroulés d’une grange.
2. Une déesse émerge des seringats, des iris et des nigelles.
3. Un peu plus tard en saison, les roses, les ails et les juliennes s’épanouissent.
À l’écoute de la nature
Ces conditions difficiles les obligent à observer, recycler pour amender, utiliser les plantes
sauvages, trouver des alliées à l’exemple des abeilles pollinisatrices… Une dizaine d’années
plus tard, Bernard investit le grand pré de l’autre côté de la route. L’époque médiévale, très
prégnante en Périgord, lui inspire alors deux oeuvres magistrales : le cloître et le labyrinthe.
1. 30 ans après leur plantation, les ifs sont les piliers du jardin toscan.
2. Dahlias et amarantes font les belles heures du potager.
8 jardins thématiques comme autant de tableaux
Passé le porche d’entrée, le potager (1) s’ouvre à la visite. Ponctué au printemps par les
feuillages élancés, clairs et grisés des cardons et par les fleurs violettes de la ciboulette, il va
s’empourprer au fur et à mesure de l’été avec les tomates, piments, amarantes, dahlias…
La pivoineraie (2), en forme d’éventail, est fermée par un treillage à maille carrée et des
piliers en charmille. Dans ce « jardin clos », 80 variétés de pivoines conservent la scène
fleurie d’avril à juillet en compagnie des iris, des ancolies.
Le verger (1), mitoyen de la pivoineraie et dessiné comme un cloître avec des carrés de
cordons fruitiers, est accessible par cet espace fleuri autour d’un grand noyer. Des potées
d’orangers posées au coeur des tapis de lavandes (au fond à droite) initient ce jardin des
délices et des saveurs.
Le labyrinthe de charmes (2) est un point d’ancrage entre les chambres d’inspiration
médiévale, le sous-bois et le coteau habité. Le robinier ‘Casque d’Or‘ planté comme un
étendard dans le soleil ajoute une touche surnaturelle.
Classique, le jardin toscan (1) : des allées ocre, des parterres taillés, des terres cuites, des
sculptures. Il jouxte un petit bois sacré, « le bosco », cher à la Renaissance italienne, habité
par un sphinx.
Le jardin des buis (2) fut le premier jardin installé, en prolongement de l’habitation. Ses
parterres de buis et ses cyprès, ses fleurs de lis et d’agapanthes ont naturellement intégré le
jardin toscan.
Le jardin anglais (1) souligne la fantaisie des topiaires, en toile de fond des fleurs vivaces
lumineuses. Ici, en plein été, les achillées jaunes, le fenouil bronze, la Lobelia lactiflora et
l’amaranthe explosent de vie.
Le patio bleu (2) est une des trois courettes aménagées entre les murs écroulés de granges
anciennes. C’est un havre de fraîcheur auprès de bassins où l’eau murmure, cachée sous des
lianes d’une végétation intrépide.
Des fleurs regroupées par affinités
Les rosiers lianes couvrent les pergolas tout autour du cloître ; ces variétés robustes et
abondantes ne fleurissent qu’une fois dans l’année. Mais, de la précoce ‘Neige d’Avril‘ à la
tardive ‘Ethel’, elles assurent plus de trois mois de floraison sans interruption.
1. La lavande et la santoline bordent les chemins du verger ; ces méditerranéennes ont leur
place sur les sols arides, mais attention aux situations en cuvette où l’eau pourrait s’accumuler
en hiver : elles détestent ! Elles aiment les emplacements rocailleux où l’eau s’écoule. De la
même façon, on a pu constater que les buis se portent mieux dans le jardin toscan, pauvre en
terre, que dans le cloître pourtant plus fertile. Une précision : pour durer, les potées de
citronniers doivent passer l’hiver en serre froide.
2. Les hydrangéas ont trouvé leur place dans le vallon en lisière de forêt, où le calcaire
n’est plus du tout actif, comme le confirment les fleurs plus mauves que roses. Avec les H.
paniculata (au centre), on trouve des H. aspera et des H. microphylla ; ils bénéficient d’un
épais paillis de feuilles (jusqu’à 30 ou 40 cm) mais sont arrosés régulièrement en cas de
sécheresse.
1. Allium giganteum, A. aflatunense, Hesperis matronalis et ornithogalum forment la
première vague mauve du cloître, relayés par les monardes, les échinacées et pavots
d’Orient. La couleur ne faiblit pas en été avec les Phlox paniculata et les Campanula
lactiflora, talonnés par les anémones du Japon et les Salvia involucrata... Les derniers asters
sont les ultimes couleurs de ces 6 mois fleuris. L’arrosage – impératif en juillet et août – est
assuré par un circuit automatique installé sous les paillis.
2. La pivoineraie est moins exigeante en eau que les jardins d’été. Plus de 80 variétés sont
réunies – pivoines japonaises, hybrides à fleurs simples et Paeonia lactiflora parfumées – qui
fleurissent d’avril à juin avec les ancolies et iris. Leurs feuillages sont coupés dès le mois
d’août lorsqu’ils sont secs.
Des allées en perspective
1 - Un cheminement libre et abondamment fleuri, littéralement foisonnant, amène le
visiteur vers les chambres de verdure. Dans la partie la plus large des allées, les vivaces qui
n’en font qu’à leur tête débordent des plessis sur un sol laissé brut. Mais, dans les passages
plus étroits, ligne droite et discipline reprennent le dessus afin de faciliter la circulation.
2 - La pivoineraie dessinée en amphithéâtre trouve un contrechamp dans les couleurs
sombres du sous-bois. Les allées, légèrement concentriques, s’appuient sur des piliers de
charmilles plantés en périphérie ; des treillages à larges mailles théâtralisent la scène et
clôturent l’espace avec des lattis de châtaignier posés en renfort.
3 - Le cloître répond à un dessin classique avec des allées rectilignes qui se croisent à angle
droit. Conformément au modèle monastique, un bassin occupe son centre, entouré d’un
parterre végétal composé ici avec les cordons fruitiers. Des pergolas de roses sont organisées
tout autour comme une seconde enceinte protectrice, pour une déambulation de charme.
Toutes les infos sur le jardin
Lieu : Périgord noir, à quelques kilomètres de la Dordogne, dans sa partie la plus pittoresque
entre Sarlat et Souillac.
Climat : méridional continental : étés secs et chauds (périodes à 40 °C), hivers froids (-15 °C
il y a 3 ans).
Surface : deux hectares répartis sur 3 terrasses de 300 mètres de long qui suivent un axe estouest, auquel s’ajoute un hectare de sous-bois.
Exposition : le coteau du jardin regarde le sud, ce qui n’exclut pas des zones plus ombragées
dans le vallon, surtout à proximité de la forêt.
Sol : coteau calcaire sec, très pierreux dans la partie supérieure. Le jardin toscan a été planté
sur pas plus de 30 cm de terre arable. Les jardins du vallon bénéficient d’une terre plus
profonde et fertile, sans trop de calcaire.
Âge du jardin : démarré il y a plus de 30 ans, il a été agrandi dans les années 1990 et
plusieurs fois remanié.
Entretien : il a toujours été assumé par la famille avec des aides ponctuelles pour les gros
travaux de taille ou de plantation lors de la création ou la réfection des parcelles. Trois
personnes y travaillent à plein-temps : Anne-Marie Decottignies, son fils Benjamin et son
épouse Manon.
Contact : les jardins sont ouverts en visite libre du 1er mai au 15 octobre sans jours de
fermeture, de 10 h à 19 h sans interruption. Entrée adulte : 7 €. Groupes sur rendez-vous.
Tous les mardis de 10 h 30 à 12 h 30, découverte des plantes médicinales, comestibles,
sauvages et cultivées, en compagnie de Catherine Heine, naturopathe : 10 €.
Réservation au 06 71 25 27 31.
Les Jardins de Cadiot, 24370 Carlux.
Tél. 05 53 29 81 05, et lesjardinsdecadiot.com.