Breaking Bad

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Breaking Bad
Breaking Bad - Une série ...
stupéfiante !
A l’annonce de son cancer, Walter White (Bryan Cranston), bon
père de famille américain, aurait pu décider d’attendre la
faucheuse les arpions en éventail ou bien de boxer les
métastases à grand coup de chimio. Tout ça est bien trop
ordinaire. Lui, Walter, décrète qu’il va mettre sa famille à
l’abri de toute disette future en thésaurisant, sans leur
dire, un beau pactole. Toujours est-il qu’avec un salaire de
prof de chimie de lycée, sans perspective d’évolutions aucune,
peu de risque d’engranger beaucoup de pépètes. Lorsqu’il
décide de capitaliser sur la seule chose dans laquelle il est
calé et qu’il aime, la chimie, alors là tout bascule. Walter
White se lance dans un métier à risque avec des gens peu
fréquentables, il devient « cuisiner ».
Mais il ne fait pas la tambouille dans un troquet. Il
assaisonne des matières dangereuses pour concocter un plat
unique : des méthamphétamines.
Petit effort de visualisation, prenez quelques instants pour
vous faire une image mentale d’un alpiniste audacieux
pendouillant à une falaise et ne tenant qu’à la force de son
petit doigt. Vous l’avez ? Ceci est un « cliffhanger ». Le
pendant dans une série est un épisode terminant sur un point
crucial de l’action, sans donner de dénouement. Votre héros
est donc ce grimpeur qui aurait dû avoir plus froid aux yeux,
et dont vous ne connaitrez le sort que dans l’épisode suivant.
Dans Breaking Bad, c’est la spirale infernale, on va de
cliffhanger en cliffhanger, on se ronge les ongles et on suit
chaque épisode sur le qui-vive, les yeux ronds comme des
goupilles.
Si vous connaissez déjà la série, lisez sans crainte, pas de
« spoilers » dans ce petit billet tout à la gloire de la série
de Vince Gilligan.
L’histoire :
Un homme cachant quelque chose à sa femme, ça peut être
l’objet d’un bon vaudeville. Mais un homme qui cache quelque
chose de notoirement illégal à sa femme, sa famille,
ses
amis, cela fait une excellente série dramatique. Un Satellite
Award, a d’ailleurs consacré Breaking Bad comme la Meilleure
série dramatique en 2010.
Walter White (Bryan Cranston) fait le choix de cuisiner des
métamphétamines pour laisser
un magot coquet à sa femme
Skyler (Anna Gunn) et son fils handicapé (RJ Mitte).
« Mais que diable allait-il faire dans cette galère » * ?
Walter s’élance dans un guêpier dans lequel sa célérité sera
mise à mal et qui partira en cacahouète, à toute berzingue.
La principale source de rebondissements viendra, comme on
pouvait le pressentir, des partenaires qu’un tel gagne-pain
implique. Le hasard placera sur la route de Walter un de ses
anciens élèves : Jesse Pinkman (Aaron Paul). Cancre, rêvasseur
et médiocre apprenti chimiste, il est devenu petit trafiquant
et producteur de substances illicites. Pinkman a beau avoir
basculé du côté obscur il n’a pas l’envergure d’un Pablo
Escobar.
Dans ses activités péri-scolaires le Professeur White
s’adjoindra les services de ce Jesse Pinkman. Pinkman sera son
homme à tout faire et commis de cuisine dans la préparation de
cette fameuse drogue synthétique.
Les deux cuistos gagnent du terrain, petit à petit avec leurs
rondelettes cargaisons de préparation maison. Les épisodes
sont très bien ciselés, chacun d’eux fait avancer l’aventure
mais initie et clôture aussi des intrigues courtes. Les
épisodes sont oppressants et palpitants. Les coups de théâtres
pleuvent sans qu’on ait rien flairé, rien à voir donc avec
Master Chef.
Chaque épisode est construit d’une manière originale et
troublante. La recette est la suivante : les premiers instants
dévoilent de manière extrêmement stylisée et intrigante un
élément dans le futur (ou parfois dans le passé) de la série.
Il s’agit d’un point hyper focalisé et esthétique, et par
conséquent perturbant. Posé en ouverture d’épisode il résonne
comme un rébus mystérieux ou une mise en bouche corsée.
Cette pratique n’est pas sans rappeler le système du cliché
noir et blanc présentant un élément dans le futur, instauré
dans la série NCIS de Donald Paul Bellisario. Celle-ci avait
pourtant un but tout autre puisqu’il s’agissait de tenir le
téléspectateur en haleine alors que l’épisode était entrecoupé
de pages de pub, nombreuses aux Etats-Unis et Canada.
Mais revenons à nos deux gargotiers.
Dans Breaking Bad, le générique enfumé et psychédélicochimique instaure un rythme lent et pesant au son cadencé de
tambours et percussions. Les épisodes qui débutent à sa suite
se déroulent toujours sous un œil artistique. Les points de
vue sont ceux des deux acteurs principaux mais la caméra passe
aussi du côté, si étrange que cela puisse paraître, de leur
concoction. Les plans sont brillamment enchaînés et le panel
de personnages assure une dynamique décisive dans l’addiction
du spectateur.
Au cours de l’épisode, ou parfois dans un épisode suivant,
l’énigme introductive trouve son explication et nous laisse
volontiers les 4 fers en l’air.
Le ton :
Vince Gilligan reconnu mondialement pour avoir signé et
réalisé de nombreux épisodes de « X-Files : Aux Frontières du
réel », change ici radicalement de registre et ne conserve que
le suspens pour cette série dramatique diffusée par la chaine
américaine AMC. Le pitch est aussi simple qu’efficace, on
pourrait ainsi sous-titrer la série : Breaking Bad, Où quand
un père de famille modèle bascule dans le trafic de drogue.
La première saison est un apéritif savoureux. L’épisode
introductif est explosif, il laisse sur le carreau,
interloqué. La saison se résumerait ainsi : Si l’effet
papillon se définit par des petites causes qui engendrent de
grandes conséquence alors à grandes causes… d’autant plus
terribles répercussions. La mayonnaise prend bien mais c’est
une mise en bouche.
La saison deux se révèle être une entrée bien relevée.
Haletante avec une progressive montée en grade de la tension.
Les blancs montent en neige et divinement.
La troisième saison un plat de résistance costaud avec une
intrigue délicieusement carabinée. Un bon sac de nœuds et de
rebondissements.
La quatrième saison : le dessert bien sûr. Mais ça n’est
surement pas un petit dessert léger. Il s’agirait d’avantage
d’une pièce montée à plusieurs étages qui tiennent en
équilibre de façon très précaire… On entre avec cette saison
dans une autre dimension : celle des fins gourmets de séries à
suspens.
Les 4 saisons disponibles à ce jour, s’inscrivent dans la
continuité les unes des autres mais avec une escalade
crescendo du suspens et de la complexité de la situation.
L’american dream a du plomb dans l’aile, encore une série qui
n’est pas tendre avec les United States of America. Les
personnages récurrents évoluent, des petits nouveaux viennent
se mêler à l’équipe initiale surtout dans la galerie des « bad
guys ».
Contrairement à certaines séries qui s’essoufflent au fur et à
mesure et qui ont du mal à se renouveler (Desperate Housewives
en tête), Breaking Bad ne perd pas le rythme, il n’y a bien
que le téléspectateur angoissé qui a du mal à respirer.
Le personnage principal :
Walter White est un personnage
ambigu et surprenant. Au fil des
épisodes
on
suit
sa
transformation
physique
et
psychologique. Viril, pugnace,
forcené et à la fois désespéré
son comportement ne manquera pas
de vous estomaquer.
Bestial, animal ou familial, Bryan Cranston est phénoménal
dans Breaking Bad. Aujourd’hui quinqua pêchu, cet acteur
américain s’était fait connaître dans un autre rôle de père de
famille : celui de Hal dans la série Malcom créée par Linwood
Boomer.
Bryan Cranston y était rocambolesque en papa inconscient,
dépassé et farfelu.
Il était cocasse en boss raté, acariâtre et autoritariste dans
How I met Your Mother.
La critique ne s’y est pas trompée, il triomphe en roi des
méthamphétamines. Il a ainsi obtenu trois Emmy Award
consécutifs de Meilleur acteur dans une série dramatique en
2008, 2009 et 2010.
Le second rôle :
Apparu dans de très nombreuses séries depuis 1999, la carrière
d’Aaron Paul n’a pas vraiment décollé mais il y a fort à
parier que son Emmy Award et son Saturn Award de Meilleur
acteur dans un second rôle dans une série dramatique reçus en
2010, changeront la donne.
Aaron Paul est Jesse Pinkman. Partner de Walter White, il est
finalement moins à sa place face aux gros durs que son
acolyte. L’habit ne fait pas le moine. Cea n’est pas parce
qu’il porte un vieux baggy, qu’il est tatoué des quatre
membres et qu’il donne des airs à un certain Eminem que c’est
un « bad ass », un vrai méchant quoi. Il est purement et
simplement candide, inapte et irresponsable. Il s’invente un
personnage faussement venu des bas-fonds mais n’a ni le passé,
ni les épaules. En situation de
crise, et Dieu sait qu’ils en
affronteront de nombreuses, il
implose, il déconnecte, il
flippe. C’est donc un fardeau,
un empêcheur de tourner en rond,
un « boulet » extra, un poil à
gratter lancinant dans le dos de
Walter White. Plutôt lavette que body buildé. Plutôt pommé que
méchant.
Sans le sel apporté par la prestation d’Aaron Paul, l’aventure
de Walter White serait, à n’en point douter, fadasse. Walter
et Jesse sont deux alpinistes encordés si Walter avance, Jesse
aussi, bon gré mal gré. Si Jesse recule Walter aussi. Ils
prennent des risques dans leur ascension et le précipice les
guette.
Entendons nous bien, d’un côté de la corniche il y a les camés
accrocs, les cartels mexicains et la mort. De l’autre : le
désaveu de leurs proches, les flics, la prison, la déchéance
sociale. A la limite des conventions, nos deux héros ne sont
pas au bout de leur peine.
Les rôles secondaires :
Dans la fine équipe de Jesse : Skiny Pete (Charles Baker),
Badger (Matt L. Jones) et Combo (Rodney Rush) ne sont pas sans
rappeler les pieds nickelés. A eux quatre ils sont la
quintessence de la connerie. Cahin, caha ils consomment et/ou
vendent les cristaux bleutés.
Dans la famille de Walter, Dean Norris campe un beau-frère
assez embarrassant : Hank Schrader. Comme les autres
personnages de Vince Gilligan même s’il paraît brut de
décoffrage, il est en réalité tout en nuances. Hank c’est
« l’homme de la pampa parfois rude mais toujours courtois ».
Le rôle et la présence de Hank, s’intensifient au cours des
saisons. Il vient perturber la gestion déjà hasardeuse de
Walter et Pinkman. A la manière des frères Morgan (Dexter et
Debbie) dans la série Dexter, ils ont un sacré conflit
d’intérêts dans la famille et cela vient pimenter encore un
peu plus le scenario. Fricoter avec la DEA (les stups
américains) n’est pas un bon calcul quand on trempe dans le
trafic de drogue… c’est s’assurer des tracas à tire la rigot!
Enfin, qui entre dans le monde des affaires aux Etats-Unis
aura besoin d’un bon avocat : Saul Goodman (Bob Odenkirk), qui
apparaît dès la saison 2, libidineux à souhait, macho et
engraissé au pot de vin. Un homme de très mauvais goût entouré
d’enfants de cœur adorables, tueurs à gages et autres hommes
de mains, tel que l’imperturbable Mike (Jonathan Banks).
Petit clin d’œil au personnage fétiche de Robert Rodríguez
: Machete joué par Danny Trejo aussi connu sous les noms
tranchants de Razor Charlie, Cuchillo (couteau en espagnol) ou
Navajas (lames). L’acteur américain fait une apparition,
courte mais sensationnelle dans la Saison 3, dans la peau d’un
trafiquant mexicain du nom de Tortuga. Toujours à l’aise dans
ses santiags l’amigo!
Dans le but de ne pas trop vous en dire, tous les personnages
ne sont pas ici décrits mais les fans de la série s’accordent
sur le fait que la prestation de Giancarlo Esposito est
troublante et pimentée dans le rôle d’un personnage un peu
trop propre sur lui le gérant des fast-food « Los Pollos
Hermanos ».
Est-il vraiment nécessaire d’ajouter quelque chose pour vous
donner envie de gouter à Breaking Bad ?
Pour le fun :
Voici en prime trois vrai-faux sites web vu dans la série.
Liés aux événements de la Saison 2 :
– le site créé par Walter Junior pour lever des fonds pour son
père http://www.savewalterwhite.com/
– le site de Saul Goodman l’avocat véreux au slogan entêtant
« Better call Saul » http://www.bettercallsaul.com/
Liés aux événements de la Saison 3 et 4 :
– le site de la chaîne de resto de poulet fris de Gustavo
Fring http://lospolloshermanos.jimdo.com/
Casting :
Bryan Cranston (Walter White), Aaron Paul (Jesse Pinkman),
Dean Norris (Hank Schrader), Betsy Brandt (Marie Schrader),
Anna Gunn (Skyler White), RJ Mitte (Walter White Junior), Bob
Odenkirk (Saul Goodman), Giancarlo Esposito (Gustavo Fring),
Charles Baker (Skiny Pete), Matt L. Jones (Badger), Rodney
Rush (Combo) …
Note :
* Les Fourberies de Scapin, Molière.
Costard trois pièces
Quel est le point commun entre Phileas
Fogg, un chevalier maladroit de la
Renaissance et un tenancier de salon de
coiffure ? Sacha Danino et Sebastien
Azzopardi !
Trois pièces actuellement à l’affiche à Paris ont été touchées
par la grâce de ces deux auteurs de théâtre. Les trois sont
hilarantes, étonnantes et farfelues.
Les spectateurs de tous âges y trouveront leur bonheur !
La première, « Le tour du Monde en 80jours » est une
adaptation de l’œuvre éponyme de Jules Verne et joue sa 6ème
saison (1500 représentations au compteur) au Café de la Gare.
Décalée, burlesque, jubilatoire, frénétique on s’amuse
énormément du jeu de scène des acteurs. Le moins que l’on
puisse dire, c’est que c’est très récréatif et que ça peut
plaire à un public de 7 à 77 ans selon les degrés de lecture.
La deuxième, jouée au Splendid est « Mission Florimont ».
Cette pièce retrace aussi un voyage mais à une tout autre
époque : la Renaissance. Le roi de France confie à l’un de
ses plus fidèles – mais pas très vaillant serviteur-, une
mission. Il doit remettre au calife de Constantinople un
important message. La route sera semée d’embûches… et cette
histoire tout droit sortie de l’imagination de ses deux
auteurs est un vrai petit bijou comique.
La troisième et dernière en date, est également la plus
originale, puisqu’il s’agit d’une adaptation en français d’un
grand succès populaire américain « Dernier coup de Ciseaux ».
C’est le Théâtre des Mathurins qui accueille cette pièce, dont
le fondement repose sur la participation du public pour
élucider un meurtre. Aventure inédite !!!
La patte du duo Danino-Azzopardi ?
Du rythme, du bricolage scénique, des références humoristiques
à l’actu, de la bonne humeur et des acteurs-athlètes.
Ça trotte, ça galope, ça roule, ça se dandine : le ton de ces
3 pièces est résolument ultra-enlevé, on ne peut décemment pas
s’ennuyer une seconde.
Dans « Le tour du monde en 80 jours » et « Mission Florimont »
avec peu d’acteurs et peu de décors, ils nous font sacrément
voyager. Cela n’est pas sans rappeler l’adaptation loufdingue
d’Hitchcock par Eric Metayer : « Les 39 marches », où chaque
acteur interprète une palanquée de personnages. Ainsi la
petite troupe enchaîne les apparitions en changeant de voix,
de costumes, de religions, de sexes… provoquant des fous rires
généralisés.
Zygomatiques sensibles, s’abstenir !
Pour « Dernier coup de Ciseaux » c’est un poil différent (ça
varie d’un cheveu pourrait-on dire pour filer la métaphore).
Les premières minutes de la pièce posent le décor et
présentent les personnages au travers d’une scène de vie du
salon de coiffure. Chacun a plus ou moins un mobile et tient
bien son rôle.
Mais outre le rythme, le point commun de ces pièces est
qu’elles laissent la part belle au rire et à la participation
des spectateurs. Participation poussée à son paroxysme, bien
sûr, dans « Dernier coup de ciseaux » où l’on peut même
pendant l’entracte soumettre ses questions au commissaire de
Police enquêtant sur le meurtre.
Puisqu’il faudra bien commencer par en voir une des 3,
alors comment choisir ?
Si vous portez un chapeau melon et/ou des bottes de cuirs. Si
quand on parle jeux de société, pour vous, il n’y a que le
Cluedo qui ait droit de cité. Si vous ne dormez jamais devant
un épisode de Derrick et que vous connaissez toutes les
répliques de Columbo. Si les livres qui ont peuplé votre
enfance ne sont autres que « Le club des 5 » ou « Les 6
compagnons ». Enfin si vous rêvez que les Experts de
Manhattan, de Miami ou d’ailleurs vous demandent enfin votre
avis.
Oui, si vous brûlez qu’ils vous sachent bon gré d’être
derrière votre télé avec du temps de cerveau disponible ?
« Dernier coup de ciseaux » est pour vous. Vous pourrez
participer, questionner, influencer, bref, faire de cette
enquête, votre enquête. Si bien que chaque soir la disparition
tragique d’une pianiste renommée et bruyante voisine d’un
salon de coiffure, trouvera une issue différente.
Si de Phileas vous vous souvenez seulement qu’il est anglais
et qu’il a tenté un tour du monde à la fin du XIXème siècle.
Il est temps de mettre à jour votre culture générale, mais
sans Fred & Jamie ! Sur scène dans un rythme endiablé, les
pays et les entourloupes se succèdent. Si vous ne connaissez
pas le Café de la Gare niché depuis 30 ans au cœur du
Marais. Si vous n’avez jamais trépigné dans les gradins
étroits qui ont vu Coluche, Elie & Dieudonné ou Eric & Ramzy
faire leurs premières passes d’armes…
Alors il vous faut découvrir cet écrin dans lequel « Le tour
du monde en 80jours » est devenu un mythe, une référence du
théâtre comique (mais pas de boulevard) et dont le fameux Café
de la Gare est le temple.
Si vous avez envie de vous encanailler avec les sbires de
François Ier et ses rivaux, en chantant en dansant et en
galopant, vous êtes au bon endroit. Plus dévergondé que
Phileas, mais beaucoup moins fute-fute que Canard le coiffeur,
notre Florimont de la Courneuve, qui parle un étrange patois
(la langue de la cité),
donne toutefois énormément de sa
personne. Ce grand bêta en collants, conquerra votre cœur et
vous ne saurez rester insensible aux charmes de son acolyte,
la belle Margot. Il y a des rebondissements, des « méchants »,
des interludes musicaux, des jeux de lumières et une trame de
fond efficace. Sur scène du talent à profusion et une troupe
qui s’éclate et délire dans une fantaisie canalisée, pour
notre plus grand plaisir.
Avec déjà 3 succès dans leur escarcelle, nul doute que Sacha
Danino et Sebastien Azzopardi, sont des auteurs à suivre. Si
vous avez envie de passer un bon moment au théâtre, c’est en
tout cas une valeur sûre!
« Dernier coups de ciseau »
Théâtre des Mathurins, 36 rue des Mathurins – 75008 Paris
DU MARDI AU SAMEDI À 21H ET LE SAMEDI À 16H30
Distribution :
Pièce comique de Marilyn Abrams et Bruce Jordan,
Texte Français de Sacha Danino et Sebastien Azzopardi,
Mise en scène Sébastien Azzopardi,
Avec : Domitille Bioret, Romain Canard, Réjane Lefoul, Yan
Mercoeur, Bruno Sanches et Olivier Soliveres.
« Le tour du Monde en 80 jours »
Café de la Gare, 1 Rue du Temple 75004 Paris
DU MERCREDI AU SAMEDI À 20H ET LE SAMEDI À 17H
Distribution :
Pièce comique de Sacha Danino et Sebastien Azzopardi,
Mise en scène Sébastien Azzopardi,
Avec : Stéphane Roux, Rodolphe Sand, Frédéric Imberty,
Nicolas Tarrin, Coralie Coscas
« Mission Florimont »
Splendid, 48 rue faubourg Saint-Martin 75010 Paris
DU MARDI AU SAMEDI A 21H30 ET LE SAMEDI À 17H
Pièce comique de Sacha Danino et Sébastien Azzopardi
Mise en scène Sébastien Azzopardi,
Avec :
Florimont : Sébastien AZZOPARDI Ou Rodolphe SAND Ou Nicolas
MARTINEZ
Margot : Aurélie KONATE
François 1er : Guillaume BOUCHEDE ou Sébastien AZZOPARDI ou
Yannik MAZZILLI
Soldats : Erwan CREIGNOU ou Gilles-Vincent KAPPS ou Benoit
MORET
Charles Quint : Olivier SOLIVERES ou Franck DESMEDT
"Golgota Picnic",
pétard mouillé
un
doux
On vit vraiment une drôle d’époque, plus de 2000 ans après la
mort du Christ, il se trouve encore des gens pour hurler au
blasphème et proférer des menaces, dont le Seigneur se serait
bien gardé, à l’attention de l’équipe de « Golgota Picnic »
pour avoir mis sur pied une pièce faisant soi-disant offense à
Jésus.
Le soir de la première, il est difficile d’accéder au théâtre
plus d’une heure trente avant la représentation. Un premier
cordon de sécurité à 100 mètres de la porte ne fait passer que
les spectateurs munis de billets; à l’entrée, un second
contrôle ne vous laisse que vos chaussures et avant de
pénétrer dans la salle de spectacle, on passe un dernier
détecteur de métaux, histoire d’être tranquille. Si vous
décollez depuis l’aéroport du Rond-Point, vous ne risquez pas
d’embarquer un terroriste à bord !
Enfin, une fois face à la scène, on savoure avant même le
spectacle. D’être entré, certes, mais aussi cette délicieuse
odeur de pains à hamburger, qui sont étalés sur la scène en
totalité. Jean-Michel Ribes, faisant les cents pas de façon
papale surveille au bon ordre de l’installation du public.
Après 20 minutes de retard, les acteurs entrent enfin…
C’est parti pour une heure et des poussières de reproches en
tout genre à l’Eglise, ils sont bien écris, prêtent à sourire,
nous divertissent sans ennuyer. Listant tour à tour les
méfaits d’une religion qui a perdu la confiance de ses fidèles
(pédophilie, inquisition, génocides…), Garcia parle comme un
enfant qui se rend compte de la véritable nature de ce qu’il a
fantasmé, ou ce qui l’a guidé pendant des années mais qui
aujourd’hui a perdu toute crédibilité dans son monde, ce monde
qu’il semble détester et qu’il ne regrettera pas de quitter
(message transmis par les acteurs).
Dans les premières minutes, la tension des contrôles de
sécurité n’est pas complètement retombée, on s’attend au pire,
aux symboles trash et insoutenables, il n’en est rien, pas
même une esquisse. Une légère larme vient pour l’auteur, qui
semble en fait terriblement déçu de l’absence de Dieu. Mettant
les actions de l’église face à leurs contradictions (les Noirs
ont été créés pour danser le funk et rouler des havanes),
Garcia ne fait pas pour autant de la propagande antichristique, encore moins « christianophobe », néologisme se
prêtant très mal à ce propos. L’auteur ne cherche pas à
convaincre, il se contente juste de se raconter, ça peut nous
intéresser comme on peut faire le choix de s’en foutre. Les
seules choses que les comédiens maltraitent sont
d’authentiques vers-de-terre filmés en gros plan, affairés à
bâtir une tour de Babel symbolique en tranche de pain.
Les acteurs sont à l’aise et jouent bien, même si le texte
prononcé se suffit à lui même, la mise en scène n’est pas
transcendante ni ratée, banale en somme, si on enlève les
hamburgers.
Malgré les citations de Bush prêtées au Christ, (« Si vous
n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi »), la qualification
de « messie du SIDA », n’ayant « jamais travaillé » reste
quand même très soft comparé aux moindres dialogue de
L’Exorciste ou des paroles d’un groupes de death metal
quelquonque, qui pourtant ne mobilisent pas autant
d’intégristes aux portes de leur salles respectives.
Mêlant théâtre, performance et musique, quelques symboles sont
bien intégrés, de la plaie au flan de Jésus servant de poche
pour l’argent, aux acteurs recouverts des couleurs de la
Vierge utilisées dans l’iconographie religieuse (bleu et
rouge) jusqu’à en devenir des êtres ignobles couverts de boue,
jusqu’à la création en direct d’un authentique Suaire de
Turin. Mais ces quelques idées n’atteignent pas la moitié d’un
« budget ménage » nécessaire à un Macaigne.
Le texte se termine sur un facile « Pour trouver ta voie, il y
a Google Maps », avant de conclure la pièce (les quarante
dernières minutes), sur un piano où un musicien nu interprète
les « Sept dernières paroles du Christ » adaptées pour
l’occasion. Bien que d’une belle interprétation, la force se
perd entre chaque mouvement et, au moment d’applaudir, le
public est un peu perdu. Egaré entre la haine portée par les
acteurs au premier acte et l’amour donné par la musique en
conclusion.
Etrange goût amer que laisse un spectacle sans trop de pépins.
Une bombe qui se révèle en fait n’être qu’un doux pétard
mouillé, un bon boulevard un peu osé-olé qui a pris comme
thème le Christ quand d’autres ont choisi le couple ou les
discussions de comptoir.
Golgota Picnic
[Si je t'attrape
mourir de rire !
...]
A
Si je t’attrape, je te mort ! Oui, bon, encore un titre avec
une faute d’orthographe. On n’en est plus à ça près avec la
série des « … m’a tuer ».
Et puis, à y regarder de plus près, Les Blancs Manteaux,
succès, prolongations = puce à l’oreille ! Et places au
premier rang ! Oui oui, vous avez bien entendu, premier rang !
Celui où d’ordinaire, il faut prévoir le parapluie pour se
protéger des attaques de particules
identifiées la plupart du temps.
buccales
volantes,
Là, il n’en est rien. Totale maîtrise. Parfois une petite
participation réclamée par les comédiens, mais vraiment rien
de méchant. Autant dire, un bon premier rang !
Et c’est rassurés que nous entrons dans une heure de rire
quasi continu, qu’il soit fou ou aux éclats !
Stef : Durant l’été 2010 la pièce d’Olivier Maille avait fait
des débuts intimistes. Il se murmurait alors sous cape que le
trio sur la scène du théâtre « Les feux de la rampe » avait
du talent et que les dialogues étaient piquants, depuis la
pièce a tout simplement décollé (500 représentations à ce
jour) et met le feu au théâtre des Blancs Manteaux, le jeudi,
le vendredi et le samedi.
La banane, tous les spectateurs l’ont en sortant car on rit
beaucoup de quiproquos en scène désopilante…
Ne dit-on pas que c’est dans les vieilles casseroles qu’on
fait les meilleures soupes ? La trame de la pièce respecte cet
adage. Les thèmes sont universels : L’amour & la mort.
Cependant
on reste assez peu de temps dans la dimension
consensuelle pour très vite s’engouffrer dans l’humour noir et
juste ce qu’il faut de décalé.
Car voilà l’élément
perturbateur qui pointe déjà le bout de sa faux : La mort, la
vraie, en noir, celle qui est sensée foutre les jetons-les
chocottes-la trouille quoi !
Si la mort pouvait m’être aussi douce …
Pierre : Qui ne rêverait pas de passer ne serait-ce que
quelques minutes avec La Mort …
Juste histoire de se faire une idée.
Apprendre à connaître celle qui va nous accompagner pour le
restant de notre vie … ou plutôt de notre mort.
Et là, autant dire que c’est la Mort que l’on souhaiterait
rencontrer (si tant est que l’on souhaite jamais la
rencontrer), celle qui serait capable de nous faire oublier
qui elle est, et surtout … pourquoi elle est là !
A nous faire douter que c’est vraiment elle, qu’on doit faire
erreur … Une blague douteuse, un comédien raté, une soirée
déguisée, Halloween avant l’heure … Bref, les raisons seraient
multiples !
Et pourtant, pour plagier le titre d’un roman de Robert Merle,
« La Mort est mon métier » nous annonce-t-elle à mi-mot … La
preuve en est, elle est chaussée Méphisto (merci Aldebert) !
Entre balbutiements, chansonnettes, cascades et autres bévues,
le spectacle proposé par la Mort est tout bonnement magnifique
! (Coup de chapeau à Florent Chesné, en photo ci-contre)
Et oui, car c’est encore bien méconnu, mais la Mort a des
mimiques !
Mais sans vivants, la Mort n’est rien … Allons faire un tour
du côté de ses victimes du jour !
Stef : Chômeur, égoïste, flemmard, irritant
c’est ainsi que le personnage de Franck
apparait dans les premières minutes de « Si te
t’attrape je te mort ». La scène introductive,
dite aussi scène des Miels pops, est
hilarante. En quelques phrases la situation
est dressée, les spectateurs sont déridés, le
décollage peut avoir lieu.
On découvre après l’entrée sur scène fracassante de la mort,
que Franck a aussi des bons côtés…
A Paris le personnage est joué par Olivier Maille, comédien
d’une expressivité rare faisant tout passer dans ces mimiques.
Avec une bonne présence scénique, Olivier Maille, ne se
contente pas de donner la réplique à la mort, il est aussi le
metteur en scène de cette pièce. Le sacré répondant de son
personnage associé à une gestuelle burlesque très maîtrisée
sont là pour faire monter la sauce. A ce petit jeu le tandem
fonctionne très bien. Rajouté le sel apporté par le personnage
de Caroline et vous aurez un trio qui carbure.
Pierre : Et autant dire que Caroline a démarré au quart de
tour !
Une furie, une coloc détestable, une ex regrettée
(et regrettable ?), une actrice ratée …
Bref, la femme idéale !
Et oui, on tomberait presque sous le charme (non,
pas uniquement de la comédienne -Kim Schwarck ce
soir là-, c’est le risque), mais de son rôle !
De la bonne humeur, de la voix, du punch ils en ont. Ils en
veulent, ces djeunes. Une belle énergie sur scène à voir
absolument si vous avez envie d’une pièce …
… Drôle sans être lourdingue
… Bien ficelée mais pas alambiquée
… Déconcertante d’efficacité
A voir à Paris, Toulouse, Montpellier en décembre
Une pièce à voir à la capitale mais aussi en province, une
fois n’est pas coutume ! Alors, profitez-en, courez sur les
sites de location de place, dans vos théâtres préférés, ou
envoyez un gentil mail aux acteurs (résultat non garanti), et
allez vite voir une représentation de « Si je t’attrape je te
mort », en tournée :
Paris
Théâtre des Blancs Manteaux : 15 rue des Blancs
Manteaux, 75004 Paris (Métro Hôtel de Ville)
Toulouse
Café théâtre Les Minimes
Montpellier
Kawa Théâtre
Casting
La mise en scène signée Olivier Maille fait la part belle à
la répartie et à l’inattendu. Olivier est enfant du verbe
mais sa carrière il l’a débutée avec un costume un peu
spécial, celui d’avocat. A son actif depuis qu’il a troqué sa
robe contre les planches « Quand j’étais amoureux », « Les
Zexperts – Mais qui a tué le cadavre mort?»! , « J’y
comprends rien! » , « Le régime se sarkophage », «Jusqu’ici
tout val mal!», « Le videur du paradis ».
La Mort : Jérôme Rodrigues de Aguiar, Rui Silva ou Florent
Chesné
Franck : Olivier Maille, Stéphane Szestak ou Benoît Ménager,
Caroline : Kim Schwarck, Elise Hobbé ou Mélodie Fontaine.
N.B : Ce billet est le premier du genre … Ecrit à 4 mains par
Stef et Pierre … A bientôt pour d’autres billets de ce type, à
4, 6, 8, 10 mains, voire davantage encore !