Journal du mois d`avril 2012 - Peuples et Montagnes du Mékong

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Journal du mois d`avril 2012 - Peuples et Montagnes du Mékong
Journal du mois d’avril 2012
Dimanche 8 avril 2O12
L’avion pour LUANG PRABANG au départ de HANOI avait du retard. Ce n’est pas la
première fois que l’on me reporte l’heure de départ.
La première chose que l’on a envie, c’est de retrouver ses marques. Question de se
rassurer, sans doute.
A 6 heures du matin, l’aéroport est vide et les boutiques sont fermées. Il n’y a que
quelques voyageurs en transit comme moi qui tournent en rond en attendant l’heure de
partir. Je sais que la cafétéria ouvre ses portes vers 8 heures.
J’ai hâte de terminer mon voyage car la fatigue commence à se faire ressentir. La
cafétéria ouvre enfin et je peux prendre mon café. Ici on paye de préférence en dollars
ou en dongs. On peut payer en euros mais il faut négocier.
L’avion arrive enfin à LUANG PRABANG avec une bonne heure de retard. On vient juste
de se faire doubler par un avion qui arrive de BANGKOK, ce qui fait qu’il y a foule à
l’aéroport. Heureusement, je n’ai pas à faire la queue car j’ai déjà mon visa. Je passe donc
tout de suite.
LY est là qui m’attend avec sa moto et c’est dans cette équipage, ma grosse valise sur les
genoux, que nous arrivons à la guesthouse. Tout est en place. Tout est conforme. FAM
m’accueille avec sa gentillesse et sa discrétion habituelle. Les tables et les sièges en
béton sont toujours à la même place.
Après une sieste réparatrice, l’idée me prend de prendre une douche. Pour une personne
normale et correctement équilibrée, c’est un acte simple et banal. Pour moi, c’est plus
compliqué ! A la suite d’un faux mouvement, ma main touche un flacon posé sur une
tablette. D’un geste souple et naturel, je veux le rattraper. C’est alors que je glisse sur le
carrelage de la salle de bains, que ma première main arrache la tablette du mur, que
l’autre arrache le flexible de la douche et que je me retrouve par terre, arrosé par un
puissant jet d’eau. Effet comique garanti, sauf que le flexible ayant été arraché du mur, il
n’est plus possible d’arrêter l’eau !
LY étant venu à mon secours, il nous faudra bien un quart d’heure avant de pouvoir
arrêter ce déluge.
Le reste de la soirée a quand même été plus tranquille. Que voulez-vous, il faut bien
respirer ! Nous sommes allés LY et sa copine française (mais oui) dîner dans un petit
restaurant sympa auprès de la rivière KHAN. Atmosphère sympathique, lieu propice et
discret pour les jeunes couples LAO en quête de tranquillité.
Enfin plus tard, avec LY, nous avons refait le monde mais de ça, je vous en reparlerai
plus tard…
Lundi 9 avril 2012
A l’endroit même où la rivière Khan se jette dans le Mékong, il y avait un vieux monsieur
qui vous proposait mollement de traverser le Mékong en barque pour visiter un temple.
Il était complètement édenté et son visage reflétait les difficultés de la vie. Moyennement
une bière LAO, il se répandait en histoires dans un français à peine déformé par l’alcool.
Rencontre étonnante comme seul ce magnifique fleuve sait en produire. Il faudra que je
pense vérifier s’il est toujours à son poste. Il ne le sait pas mais il fait partie de ma vie.
Je passe dans la ville en voyeur. Chaque chose, chaque odeur, chaque sourire
m’intéresse. Chacun vaque à ses affaires avec beaucoup de sérieux et de conscience
professionnelle. Chacun aligne sa marchandise : tissus LAO, chaussons pour les grands et
les petits, jupes pour les enfants, bijoux fantaisie, peintures traditionnelles. Un peu plus
loin, il y a les marchandes de gâteaux et de jus de fruits. Dans la ruelle, je retrouve les
vendeurs de nems, de viandes grillées et de poissons. Mais derrière les étals et les
couleurs, il y a la pauvreté. Une pauvreté digne et non ostentatoire. Une pauvreté qui sait
rester à sa place pour offrir le meilleur aux quelques touristes qui déambulent. Le
marché de nuit scintille de toutes ses lumières et nous sommes papillons. Beaucoup
passeront la soirée sans rien vendre. Alors il faudra remballer soigneusement toute la
marchandise et rentrer chez soi, le plus souvent à plusieurs kilomètres d’ici. Il y aura
toujours un peu de riz à la maison.
Mardi 1O avril 2012
Hier, je parlais de pauvreté. Le LAOS est un des pays les plus pauvres de la planète et le
PIB est inférieur a des pays comme le MALI ou le BURKINA FASO. Bien qu’ancien
protectorat français, le LAOS est moins connu des français que nos anciennes colonies
africaines. L’aide humanitaire y est donc moins conséquente. Pauvreté oui, mais pas
misère. On ne verra pas ici comme en France des personnes mendier. Ou du moins c’est
très rare. La France est un pays riche où il y a de la misère. Indécent !
Ici chacun a à s’occuper. Tout fait commerce. De magnifiques poissons grillent sur la
braise. On vend des cuisses et des ailes de poulet, des saucisses, de la soupe, des
légumes, des nems, de la salade, des fruits et des fleurs. Les trottoirs sont encombrés de
petits marchands qui arrivent à subsister grâce à quelques ventes. En France, tout cela
serait naturellement interdit. Pas de patente. Pas d’hygiène. Pas propre. Pas beau. Non
respect de la réglementation. Circulaires à la con. Notre vieux pays se protège de son
ombre et rend difficile ce qui ne l’est pas forcément. Si on vendait des soupes sur les
trottoirs de PARIS, il y aurait peut être encore de la pauvreté mais chacun garderait sa
dignité. Chômeur n’est pas un état.
Cette nuit il a fait un orage assez violent ce qui est inhabituel en cette saison. Il a plu
beaucoup. Du coup ce matin, il y avait une petite fraîcheur. J’ai toujours très mal. J’ai du
mal à me lever et il me faut une bonne heure pour pouvoir marcher à peu près
convenablement. Je ne sais pas si c’est de l’arthrose. Je parierai cependant pour une
sciatique (vérification faite sur internet, c’est bien une sciatique). Les symptômes sont
caractéristiques). C’est l’âge ! Ce matin dans ma valise de médicaments, j’ai trouvé un
gel antalgique et anti-inflammatoire. C ‘est apparemment ce qu’il me faut ! Avec un peu
de chance, ça sera efficace…
Avec LY, nous avons loué une grosse moto. Nous partons samedi pour OUDOMXAY et le
village HMONG de BAN PAKEO. 2OO kilomètres à parcourir sur une mauvaise route et
sur des pistes. Inconvénient, ce n’est pas très confortable, surtout pour ma sciatique. A
moins que selon le vieil adage, traiter le mal par le mal soit un remède efficace !
Avantage, nous pouvons nous arrêter quand nous voulons et où nous voulons pour
susciter des rencontres et visiter des villages.
J’ai proposé au grand LY d’aller au marché ce matin, ensemble. Il ne veut pas. Je lui ai dit
que je n’avais pas l’intention de me faire entretenir par la guesthouse. L’amitié, c’est
précieux. Nous verrons demain pour les courses…
Je l’ai souvent dit et écrit, j’ai honte en comparant la façon dont on est accueillis et la
façon dont on accueille les étrangers sur notre sol. La comparaison est douloureuse avec
le pays des Droits de l’Homme. Il faudrait revoir notre histoire.
Mercredi 11 et jeudi 12 avril 2012
Ils sont là sur le bord de la route ou du trottoir. Par dizaines. Par centaines armés
jusqu’aux dents de tous les ustensiles possibles. Les plus petits ont de magnifiques
mitraillettes colorées ; les autres utilisent des seaux ou des bassines. Les plus guerriers
ont même des tuyaux d’arrosage. C’est nettement plus efficace et plus rapide. Il n’y a
même pas la peine de recharger…
C’est la fête de l’eau et c’est la fête des enfants. Ils sont à l’affut de votre passage et ils se
régalent de vous doucher et si vous êtes Phallang, vous avez droit à un traitement de
faveur. A la troisième attaque, vous êtes complètement trempés. Tout cela se fait dans la
joie, les rires et la bonne humeur. La transgression est possible et même encouragée.
C’est à la fin de la semaine, la célébration du Nouvel An LAO. C’est la fête…
Ce matin, je suis allé rencontrer le Chef de village de MUANG KHAM avec mon ami BOON
THONG. Nous avons mis au point le chantier des Toilettes sèches. Nous pourrions
procéder de la façon suivante :
1. Ils creusent le trou des toilettes pour le 13 août.
2. Lors de notre passage à MUANG KHAM nous vérifions qu’il est conforme au plan.
3. Le Chef de village et BOON THONG se préoccupent de trouver un Chef de chantier
et des maçons qui seront vraisemblablement des habitants du village. Le Chef de
chantier pourrait être un étudiant en architecture de leur connaissance.
4. Ils procèdent à l’achat des matériaux et à la fabrication de la grille jusqu’au 28
août. A cette date, les participants au voyage seront repartis et je pourrai être
disponible pour tenter de régler les problèmes qui pourraient encore se
présenter.
5. Si tout va bien, l’essentiel de la cuve et du système des toilettes sèches devrait
être achevé pour le 3 septembre. Resterait éventuellement la partie extérieure à
achever. Mais là, ils n’ont plus besoin de nous.
Je leur ai également indiqué que lors du voyage solidaire du mois d’août, nous
apporterons à l’école du matériel scolaire.
Dans l’après-midi, je suis allé à une trentaine de kilomètres de LUANG PRABANG en TukTuk avec LY et Aline sa copine française, me baigner dans les cascades. Il y avait
beaucoup de monde, aussi bien des gens des environs, que des touristes. Naturellement,
nous avons été copieusement douchés. Demain, ce sera pire…
Du vendredi 13 au mardi 17 avril 2012
Les évènements s’étant succédés, il ne m’a pas été possible d’écrire tous les jours. Je vais
donc faire un résumé de ces journées qui ne reflètera qu’imparfaitement les moments et
les émotions que j’ai pu vivre.
Tout a continué, bien sûr, avec la fête de l’eau à l’occasion du Nouvel An LAO. Mais cette
fois-ci à la dimension de toute une ville. Un immense grand jeu où tout le monde est
concerné, jeunes ou vieux, touristes ou pas. Différentes tactiques sont employées : un
peu comme la veille, des petits groupes de jeunes se répartissent le long des routes et
des rues. Un jet d’eau approvisionne régulièrement une grande bassine dans laquelle ils
prennent l’eau pour vous arroser. Pour être plus efficaces et faire barrage, ils se mettent
en vis-à-vis ce qui fait que vous ne pouvez pas échapper à leurs attaques. Une
sonorisation bruyante les accompagne. Cette façon de faire, même si elle témoigne d’une
certaine efficacité, reste cependant artisanale. Aussi d’autres jeunes ont su dédoubler
leur force de frappe. Juchés à une bonne vingtaine sur une camionnette, tous habillés
d’un teeshirt de même couleur et munis de grandes réserves d’eau contenue dans des
fûts, ils déambulent de rue en rue, arrosant tout ce qui se trouve sur leur passage. Le
summum guerrier est enfin atteint quand deux camionnettes se rencontrent. C’est alors
des envolées d’eau qui montent au ciel pour mieux retomber sur chacun dans des grands
éclats de rires.
Il me plait aussi de voir chaque touriste muni de son pistolet ou de sa mitraillette en
plastic multicolore se défendre comme il peut à petits jets d’abord timides puis de plus
en plus volontaires jusqu’au moment où le plaisir arrivant, il décide lui-même
d’attaquer ! J’imagine que devant ces grands enfants, se cachent d’honorables
professeurs, commerçants, ingénieurs ou notaires. Une occasion unique de laisser
tomber le masque et de se laisser aller sans retenue, à la fête. Il n’y a plus ni différences,
ni classes sociales, ni riches, ni pauvres, il n’y a que des grands enfants qui s’autorisent à
sortir de leur cadre habituel. Du moins pour quelques instants.
C’est donc trempé jusqu’aux os que j’ai pris avec quelques Phallangs de rencontre, la
barque pour aller sur l’île, lieu de tous les débordements aquatiques. Sur cette île qui
n’apparaît qu’à la saison sèche et qui sépare le Mékong en deux bras paisibles, se
trouvent plusieurs milliers de personnes. Des tentes ont été montées pour manger et
boire de la bière et des espaces pour danser ont été délimités. Une foule compacte
circule d’un bout à l’autre de l’île.
Notre premier objet en arrivant a bien entendu été de construire notre propre stupa.
Nous avons chois un endroit bien sablonneux et prêt de la rive et nous avons commencé
à le monter progressivement. A quatre pattes, comme des enfants sur une plage, nous
avons construit une pyramide de sable d’une bonne cinquantaine de centimètres de
haut. Une fois achevée, nous l’avons décoré en l’entourant de boules de sable bien
humides. Nous l’avons blanchie à la farine et piquée de fleurs et de bâtons d’encens. Puis,
nous nous sommes inclinés et nous avons fait notre prière à Bouddha. C’est ainsi que des
milliers de stupas se sont érigés tout le long de cette île. C’était magnifique. Après, il ne
restait plus qu’à faire la fête…
LY et moi, sommes partis en moto le samedi matin pour OUDOMXAY. Cela n’a l’air de
rien mais c’est une aventure. Pire une épreuve. La dernière fois que j’avais pris cette
route, j’avais mis une bonne dizaine d’heures pour faire les 2OO kilomètres qui séparent
OUDOMXAY de LUANG PRABANG. Aujourd’hui en moto, nous n’en avons mis que six
mais si je peux me le permettre, je n’ai plus de fondement. Je veux dire par là que j’ai mal
au cul ! Arrivés à OUDOMXAY, ils nous restaient encore à faire 60 kilomètres de route
goudronnée et 16 kilomètres d’une piste qui serpente dans la montagne.
Arrivés à BAN PAKEO, nous avons été reçus à bras ouverts. L’oncle de LY nous attendait
et j’ai revu le Monsieur qui nous avait demandé de soigner sa femme. Cette dernière est
décédée et il s’est remarié. Afin de ne pas imposer ma présence et d’être une charge
pour cette communauté, j’ai décidé d’acheter un cochon. Je l’ai acheté 300 000 kips, soit
l’équivalent de 30 euros. Nous avons décidé de le manger le lendemain pour midi.
J’aime ce village HMONG. Il est d’une grande simplicité et les habitants sont chaleureux
et contents de vous accueillir. La vie y est communautaire et toutes les décisions
importantes qui concernent la vie du village, sont prises lors de repas communs. Le soir,
nous avons mangé de jeunes pousses de bambous ramassées dans la forêt et d’un peu de
riz blanc. Fatigué de ce long voyage en moto, je suis allé rapidement me coucher.
Le lendemain dimanche, a été jour de visite. Il était indispensable de rendre visite à
plusieurs familles. C’est ainsi que dans la matinée, j’ai participé à quatre repas
différents ! Le premier, attendu celui-là, a été pris chez notre hôte. Le petit déjeuner que
nous connaissons n’existant pas chez les Hmongs, il s’agit d’un vrai repas composé
comme la veille de riz et de pousses de bambous. Le deuxième repas a été pris dans la
famille d’un étudiant que nous parrainons. Le troisième, nettement plus important, s’est
déroulé chez le Monsieur qui s’est remarié. Il s’agissait, avec tout le village de leur
souhaiter à travers la cérémonie du BACI, bonheur et prospérité. Il devait bien y avoir
une cinquantaine de personnes. La cérémonie achevée, un hommage a été rendu aux
anciens auxquels j’ai été associé. Nous nous sommes mis debout, les plus jeunes étant en
face de nous. C’est alors qu’ils se sont mis à psalmodier, les mains ouvertes, puis à
genoux, ils se sont inclinés devant nous. L’opération s’est renouvelée trois fois. C’était
puissant, impressionnant et très respectueux. Le quatrième repas, c’était finalement
celui du cochon que j’avais acheté. ..
Entre deux repas, je suis allé visiter l’élevage de canards d’un jeune homme. Son projet
est tout à fait récent. Il a d’abord conçu un grand enclos avec une mare, un peu à l’écart
du village pour recevoir ces volatils. Puis il est allé acheter quelques canards pour
commencer son élevage. Il en a aujourd’hui un peu plus de 2OO. Cette initiative me
paraît tout à fait intéressante et originale par rapport à la culture Hmong car il ne s’agit
plus d’élever des canards pour seulement se nourrir mais d’en faire un commerce qui lui
procure suffisamment de revenus pour pouvoir en vivre. Mais pour cela, il lui faudra
trouver des débouchés de vente…
Lors de conversations, je leur ai également proposé d’installer quelques ruches à la
sortie du village. Le miel est d’un bon rapport et pourrait développer une activité
supplémentaire. Ils se sont montrés relativement réticents à cette idée arguant que les
abeilles piquent et qu’il y a plein d’enfants au village. En fait, je crois que cela ne fait pas
partie de leur culture et qu’ils restent extrêmement prudents à toute forme de
changement. La conséquence bien sûr, est qu’ils restent enfermés dans une extrême
pauvreté.
A la fin du quatrième repas, nous avons commencé la réunion. Une fois de plus, les
hommes sont présents et les femmes restent en arrière-plan. Tout de suite il apparaît
que les choses ne sont pas aussi simples que je l’aurais souhaité. Ils ne veulent pas une
toilette sèche mais six répartis à la fois dans le village et dans celui des KHAMU qui
jouxte le précédent. Je leur explique qu’il faut d’abord en construire une à titre
expérimental afin d’en vérifier la fiabilité et de procéder à d’éventuelles corrections.
Mais leur problème n’est pas celui là. Ils ne veulent pas que les KHAMU soient jaloux de
ce qu’ils ont et qu’ils apparaissent comme des privilégiés ! Mes arguments rationnels
comme quoi il faut bien en construire une avant d’en faire une deuxième, ne servent à
rien. L’équilibre relationnel qu’ils ont construit avec les KHAMU passe avant nos
toilettes sèches, invention très européenne d’ailleurs, qui garde peut être pour eux avec
ses cheminées, une part d’incompréhension sur le fonctionnement si ce n’est une part de
mystère.
Prudents, ils décident d’expliquer le problème et de s’en remettre au district (à
l’administration locale). S’ils ont l’autorisation, les toilettes seront construites et s’ils ne
l’ont pas, il n’y en aura pas… C’est simple comme une décision HMONG !
Nous avons également abordé avec eux le voyage du mois d’août et les conditions
d’accueil et d’hébergement. Le soir de notre arrivée, un dîner communautaire sera servi
et les participants au voyage seront répartis dans différentes familles du village.
Ils m’ont également rappelé leurs besoins de soins dentaires et médicaux. A ce propos, je
leur ai dit que nous étions en recherche des personnes compétentes. Enfin a été aussi
abordé la possibilité de prêts d’argent remboursables en petites mensualités pour aider
sous certaines conditions d’efficience, à la mise en place de projets spécifiques qui
auraient pour objectif de sortir une ou plusieurs personnes de toute forme d’assistanat.
L’élevage de canards me semble relever de cette logique.
Après la réunion, nous avons rassemblé nos affaires et nous nous sommes dits
longuement au revoir. La séparation entre LY et sa Grand Mère a été pleine d’émotions.
Nous sommes donc repartis, toujours avec notre moto et toujours avec l’arrière-train
(personnel) pour le moins endolori.
En redescendant, nous nous sommes arrêtés chez un oncle de LY où il n’y a pas eu
d’autre choix que de manger notre cinquième repas. Et là merveille culinaire, j’ai mangé
une bestiole qui ressemblait à un rat !
Notre retour sur OUDOMXAY s’est déroulé sans encombre si ce n’est bien entendu,
quelques douches intempestives en arrivant. C’est toujours la fête ! J’avoue qu’après ces
différentes péripéties que j’ai apprécié la guesthouse que nous avons trouvé.
La journée du lundi 16 avril a été beaucoup plus calme. A OUDOMXAY et dans ses
environs, nous avons continué à rendre visite à toute la famille de LY. D’abord à ses
grands parents maternels qui tiennent une petite boutique au carrefour de deux pistes
et à l’entrée d’un village. Ils vendent quelques pastèques et puis de l’épicerie. Comptetenu des piles de paquets de bonbons présents, les enfants doivent être de bons clients.
D’ailleurs j’en verrai un certain nombre que viendront chercher des glaces et des
friandises. La grand-mère est courbée mais très active. Le grand-père, lui fabrique des
petits sièges bas avec des lanières qu’il entrelace et cloue sur le montant en bois.
Nous avons visité un barrage et un peu plus loin, une retenue d’eau qui fait cascade et où
les jeunes du village viennent se baigner.
Le point principal de cette journée est bien évidemment la situation très problématique
des deux sœurs de LY. Elles ont 12 et 11 ans et vivent seules, absolument seules et
quasiment sans revenus. Le père est parti, il y a déjà plusieurs mois travailler dans son
village d’origine. Il n’y a pas de mère, celle-ci étant décédée. Elles seraient vaguement
sous la surveillance d’un cousin qui n’assume pas ses responsabilités. En réalité, ces
deux jeunes filles organisent elles-mêmes leur vie, se font à manger, gèrent la
maisonnette dans laquelle elles sont et vont malgré tout à peu près à l’école. LY qui est à
200 kilomètres de ses sœurs, fait ce qu’il peut. Il leur achète des vêtements et de la
nourriture. En France ces enfants car ce sont des enfants, seraient considérés comme en
danger. Ici, il en est tout autre. Cela fait partie de la vie. Elles doivent se débrouiller et
personne n’y trouve à redire. Sauf moi, face à mon impuissance…
J’ai donné les 35 euros que m’avait remis la dame du restaurant LAO de Roche la Molière
à LY pour qu’il achète à manger à ses sœurs. Cet argent était destiné à des orphelins et je
ne crois pas me tromper beaucoup en les donnant pour ces petites filles.
Nous avons dîné ensemble : LY, sa copine et ses deux sœurs. Pour la circonstance, elles
avaient mis leurs habits juste achetés au marché précédemment par LY. Elles étaient
très intimidées mais je pense heureuses de ces quelques instants.
Je ne peux m’empêcher de penser, par comparaison, à tout ce que notre société a de
dérisoire dans ces façons de faire et ces excès de consommation. Il y a là deux mondes
qui ne se rencontrent pas. Une civilisation achevée et sans doute finissante et une autre
qui émerge car la vie est de ce côté là…
Le mardi 17 avril signifie le calvaire de la moto. C’est le jour de notre retour sur
LUANG PRABANG. Je crains cette journée et les douleurs qui l’accompagnent. Nous
sommes partis vers 8 H 30 ce matin et contrairement à mes appréhensions, le voyage
s’est plutôt bien passé. Arrivés vers 13 heures à la guesthouse. Fin de notre périple…
Le 18 et 19 avril 2012
Ce sont les derniers préparatifs pour mon retour en France. Hier, je suis allé au marché
chinois acheter du thé vert. C’est un thé qui vient de la région du YUNAN, donc à priori
un thé de qualité. Le soir même, je suis retourné au marché de nuit. J’ai acheté quelques
tissus et des sacs à revendre pour l’assemblée générale de l’association. J’espère que l’on
trouvera preneur…
Aujourd’hui, je n’ai pas grand-chose à faire, si ce n’est préparer ma valise. Mon avion est
à 17 heures pour Hanoï. Après, il faudra que j’attende 5 heures avant de prendre l’avion
pour Paris. A moins que LY m’emmène visiter une maison. Il paraît qu’on peut la louer
pour 25O dollars par mois. A voir mais je ne prendrai pas de décisions dans l’immédiat.
J’arrive à la fin de ce court journal qui était destiné à la fois à vous informer et à recueillir
mes émotions. J’aurais pu écrire davantage mais les conditions ne l’ont pas toujours
permis. J’espère que ceux qui ont pu me lire et qui ne connaissent pas le LAOS, ont pu le
découvrir un peu à travers mes propos et que ce sera pour eux, l’occasion d’un nouveau
voyage…

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