L`Asie centrale, ses jeunes républiques, son histoire séculaire

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L`Asie centrale, ses jeunes républiques, son histoire séculaire
son histoire séculaire
vade-mecum ASIE JUILLET 2012
L’Asie centrale, ses jeunes républiques,
océans pour accroître leur richesse et étendre leur pouvoir.
L’histoire eurasiatique a ainsi été écrite par les empires maritimes, sur fond d’expansion du Portugal, de l’Espagne, de
la France, du Royaume-Uni et des Pays-Bas vers l’Asie.
Même l’islam, qui est aujourd’hui fortement implanté dans
de nombreux pays asiatiques, voire prédominant en Indonésie
et en Malaise notamment, s’est propagé avant tout par voie
maritime.
Par Urs Schoettli
Les contours de l’Asie centrale varient selon qu’on les examine
sous l’angle culturel, géopolitique ou géographique. Dans la
présente analyse, nous allons nous concentrer sur les cinq
«Stans», soit le Tadjikistan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le
Kazakhstan et le Turkménistan, qui existent sous la forme
d’Etats indépendants depuis l’effondrement de l’Union
­soviétique. Selon la définition de l’Organisation des Nations
Unies, l’Asie centrale recouvre aussi l’Arménie, l’Azerbaïdjan,
la Géorgie et la Mongolie. Si nous avons choisi de nous intéresser aux «Stans», c’est en raison de l’intérêt particulier
qu’ils revêtent dans une perspective géopolitique. Tout
porte à croire en effet que dans les années à venir, ces pays
seront au cœur de la lutte de pouvoir entre l’Europe et l’Asie,
autrement dit entre la Russie, la Chine et l’Inde.
Cela étant, il ne faut pas oublier que les routes terrestres ont
joué de longue date un rôle majeur dans la rencontre et la
confrontation entre les cultures et civilisations européennes
et asiatiques. On pense notamment à la route de la soie qui,
à l’une de ses extrémités, conduisait jusqu’au Japon et constituait le principal axe de communication de la région eurasiatique, avant que les puissances islamistes émergentes ne lui
fassent barrage. De ces contacts et brassages terrestres sont
nés les royaumes bactriens du nord-ouest du sous-continent
indien, lesquels ont produit un mélange unique de cultures
grecque, centrasiatique et indienne.
Près d’un quart des Etats indépendants que compte la planète – principalement des petits pays – ne disposent pas
d’un accès direct à la mer. L’une des particularités de l’Asie
centrale tient justement au fait que les cinq «Stans» sont
tous des territoires enclavés. La plupart des grands chapitres de l’histoire mondiale se sont joués entre des Etats
riverains et des puissances maritimes qui utilisaient les
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NOTENSTEIN BANQUE PRIVÉE
La route de la soie a fait des royaumes
d’Asie centrale un creuset culturel
où se mêlent les influences grecques,
centrasiatiques et indiennes.
La diversité des ethnies et des communautés contribue aussi
à la complexité de l’Asie centrale et, à plusieurs égards, confère
une dimension arbitraire au tracé des frontières nationales.
Dans leur configuration actuelle, les cinq «Stans» sont tous
des reliquats de l’ère soviétique. Comme dans la partie occidentale de l’URSS, il a été toutefois tacitement convenu en
Asie centrale que les frontières existantes ne seraient pas
modifiées après l’indépendance, évitant ainsi d’ouvrir une
dangereuse boîte de Pandore.
Identité musulmane
Des espaces gigantesques,
des populations éparses
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L’avancée de la Russie en Asie centrale et en Sibérie s’est avérée
plus décisive encore. Après la domination que les Tatars
avaient exercée sur la Russie au bas Moyen Age, de la moitié
du XIIIe à la moitié du XIVe siècle, la donne a radicalement
changé, en particulier sous les règnes de Pierre le Grand et de
Catherine la Grande. Par la suite, Moscou mènera loin son
expansion en Asie. Autrement dit, les frontières qui séparent
actuellement la Fédération de Russie et la République populaire de Chine sont issues de «traités inégaux» et pourraient
se voir remises en question dans un avenir plus ou moins
lointain, si Pékin continue de gagner du poids.
L’identité des communautés nomades se calque parfois sur
celles des grandes cultures sédentaires voisines, et tel est le
cas en Asie centrale. Les cinq «Stans» tels qu’ils se présentent
aujourd’hui sont empreints de l’influence russe. Ce n’est pas
sans raison si le russe a conservé son statut de langue véhiculaire après le retrait de Moscou, s’imposant même comme la
langue nationale au Kirghizistan ainsi qu’au Kazakhstan, où
la population est constituée d’un quart de Russes.
Les cinq «Stans» totalisent ensemble une superficie de près
de 4 millions de kilomètres carrés, ce qui les place au 7e rang
mondial, devant l’Inde elle-même. Avec 2,7 millions de
kilomètres carrés, le Kazakhstan est de loin le plus grand
Etat d’Asie centrale. Sa population, en revanche, est rest­
reinte. Les contrées d’Asie centrale comptent en tout moins
de 70 millions d’habitants. L’Ouzbékistan (près de 30 millions d’habitants) est l’Etat le plus densément peuplé, alors
que le ­Kirghizistan a la plus faible population de la région
(moins de 6 millions). Immense et riche en matières premières, le Kazakhstan affiche quant à lui une population à
peine deux fois supérieure à celle de la Suisse, ce qui, toujours dans une optique géopolitique, est particulièrement
préoccupant.
Avant que les cinq républiques centrasiatiques ne se fondent
dans l’Union soviétique sous la forme moderne d’Etats nationaux, l’ensemble de la région était dominée par les régimes
féodaux et coloniaux. L’islam, qui est venu d’Arabie et s’est
répandu en Asie centrale dès le VIIIe siècle, a exercé un rôle
identitaire majeur, faisant rapidement reculer les influences
bouddhiste et chinoise (dynastie Tang) pour devenir la religion dominante. Résultat: 98% des Tadjiks, 90% des Ouzbeks,
89% des Turkmènes et 80% des Kirghizes sont aujourd’hui de
confession musulmane. Seul le Kazakhstan (70% de musulmans) compte une minorité substantielle de chrétiens (20%),
de par sa communauté russe.
De la Hongrie au Japon en passant
par la Russie, la perception des nations
d’Asie centrale reste marquée
par les conflits avec les conquérants
issus de la région.
La faible densité de population de l’Asie centrale tient, d’une
part, aux conditions climatiques, géographiques et tectoniques peu propices et, d’autre part, à l’économie nomade
traditionnelle – les deux facteurs étant évidemment interdépendants. Cette structure de population singulière est importante, dans la mesure où l’Asie centrale a été perçue
comme un repaire de peuples prédateurs non sédentaires
tout au long de l’histoire des civilisations d’Europe et d’Asie.
Les cultures sédentaires ont subi les attaques répétées des
armées de cavaliers mongols et des Tatars déferlant depuis
l’Asie centrale. Le passé de nombreuses nations, des Hongrois
aux Japonais, en passant par les Russes, les Indiens et les
Chinois, est ainsi jalonné de défaites et de victoires contre les
conquérants centrasiatiques. Le Japon, par exemple, a échappé de peu à une invasion des Mongols, deux grandes offensives opérées au XIIIe siècle par la dynastie mongole, établie
en Chine, ayant échoué.
Dans le sillage du 11 Septembre et de la lutte globale menée
par les Etats-Unis contre les militants islamistes, d’aucuns ont
craint que les jeunes Etats d’Asie centrale, encore à la recherche de leurs marques, deviennent des proies faciles pour
des musulmans radicaux bénéficiant de soutiens externes.
Les importantes réserves de matières premières, les pipelines et les voies d’approvisionnement internationaux, ainsi
que la position stratégique de l’Asie centrale au cœur du
continent eurasiatique appellent à cet égard une vigilance
particulière. La menace est d’autant plus grande que le
­Pakistan et l’Afghanistan, deux foyers du terrorisme et du
fondamentalisme islamiques, sont proches, et qu’en outre,
des puissances tierces comme la Turquie, l’Arabie saoudite
et l’Iran, luttent pour accroître leur ascendant dans la région, en exploitant à cette fin les affinités religieuses.
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NOTENSTEIN BANQUE PRIVÉE
Différents facteurs prédestinent les
Etats centrasiatiques à devenir une terre
propice au radicalisme musulman.
certaines positions défendues par Pékin dans les zones de
tension et de conflit qui s’étendent du Moyen-Orient à la
Birmanie (Myanmar).
Les desseins à long terme des Chinois
En Asie également, la fin de la
guerre froide a entraîné de profonds
bouleversements en termes
de géopolitique et de défense.
Si dans le cadre de la crise nord-coréenne, les Chinois restent
inflexibles pour diverses raisons, ils ont en revanche su agir
avec rapidité et efficacité dans la réorganisation de l’Asie centrale. Encore une fois, les stratèges et dirigeants pékinois ne
sont pas motivés par l’altruisme, mais guidés par une politique d’hégémonie et la volonté de consolider leur influence.
Ce qui n’empêche pas Pékin de prendre à l’occasion des initiatives pouvant être considérées comme pertinentes et souhaitables d’un point de vue supérieur. On songe notamment ici
au rôle tenu par la Chine dans la crise asiatique de 1997–1998.
Dans un tel contexte, on peut difficilement rester indifférent
à ce qui se passe en Asie centrale. On sait que jadis, ce sont les
barrages hostiles placés sur la route de la soie qui ont déclenché la recherche de la voie maritime menant aux fameuses
îles aux épices de l’Asie. Mais pour le reste, le passé de l’Asie
centrale est assez nébuleux et relève plus d’une mosaïque de
petites histoires que de l’Histoire avec un grand H. Au rang
des principaux mythes et théories conspirationnistes figure
notamment le Great Game, auquel se sont livrés l’empire britannique et l’empire des tsars russes aux XVIIIe et XIXe siècles,
afin d’asseoir leur emprise en Asie centrale, Afghanistan
et Tibet inclus. La question était alors de savoir si les Russes
pousseraient jusqu’aux rives de l’océan Indien et parviend­
raient à menacer par voie terrestre l’empire britannique installé en Inde. Depuis, il ne subsiste de ces deux empires que
les vestiges d’un passé glorieux. Comme évoqué ci-dessus,
l’auto-démantèlement de l’URSS aurait pu générer des ondes
de choc nettement plus fortes que ce ne fut le cas en fin de
compte. Il est rare qu’un tel colosse s’effondre sans que des
secousses se fassent sentir à l’échelle mondiale. Le monde se
demande à présent si, avec le retour de la Chine parmi les
puissances mondiales et son accession au rang de principale
rivale des Etats-Unis, les choses ne risquent pas de se crisper.
Nous nous sommes habitués à voir les Chinois jouer le rôle de
«trouble-fête» dans les conflits internationaux, tendant souvent à considérer les intérêts occidentaux, et essentiellement
américains, comme «plus rationnels». Largement sous la
mainmise anglo-saxonne, les médias mondiaux s’insurgent
volontiers contre cette Chine qui ne prend pas part aux sanctions contre le Soudan, l’Iran ou la Syrie et qui, face au «Printemps arabe» et face à la Lybie, s’est longtemps rangée du côté
du régime assiégé. Ce faisant, on oublie que les Chinois ne
fondent pas de telles prises de position sur des critères moraux, mais agissent en fonction de leurs propres intérêts
économiques et géopolitiques. Il suffit de regarder les cartes
indiquant l’emplacement des ressources en énergie et en matières premières dont dépend la Chine pour comprendre
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Si les regards se tournent en priorité vers l’Ouzbékistan, où
le fondamentalisme religieux relève d’une certaine tradition, le Kirghizistan et le Kazakhstan connaissent eux aussi
une montée de l’agitation d’origine islamique. Le danger
vient premièrement du fait que les régimes sans mandat
démocratique mais jouissant d’appuis étrangers utilisent
l’islam comme un instrument de légitimation de leur pouvoir. Deuxièmement, il se peut qu’à l’instar du «Printemps
arabe», les mouvements d’opposition locaux qui combattent
les oligarchies et les régimes en place avec des moyens légaux ou terroristes, servent la cause islamiste et promettent
un ordre «nouveau et plus juste» inspiré du Coran et de la
charia.
La Chine a créé une plateforme visant
à institutionnaliser la collaboration
avec les Etats centrasiatiques et
à étendre son influence dans la région.
La création des Shanghai Five, groupe informel lancé à l’initiative de Pékin, remonte à 1996 déjà. Outre la Chine et la
Russie, ce forum réunissait le Tadjikistan, le Kirghizistan et le
Kazakhstan. Cinq ans plus tard, soit le 15 juin 2001, il a donné
naissance à l’Organisation de coopération de Shanghai
(OCS), toujours sous l’impulsion de Pékin. L’Ouzbékistan y
ayant également adhéré, seul le Turkménistan, qui entretient
des liens historiques et culturels particulièrement étroits avec
la Turquie, est resté en dehors de cette alliance. L’OCS a connu
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La Chine poursuit depuis longtemps des objectifs précis en
Asie centrale. Dans sa longue histoire, l’Empire du Milieu a
assisté à maintes reprises aux assauts des peuples d’Asie centrale qui menaçaient la sécurité et l’intégrité physique de ses
habitants. La dernière dynastie impériale, la dynastie Qing
(1644–1912), était une domination étrangère des Mandchous
et avant cela, ce sont les Mongols qui avaient dirigé l’empire
sous la dynastie Yuan (1271–1368). Après la chute de l’Union
soviétique, Pékin s’est naturellement prise d’un vif intérêt
pour les développements en Asie centrale. La vision européo­
centriste du monde a conduit l’Occident à considérer la chute
du Mur de Berlin, la disparition du rideau de fer et la réunification de l’Europe comme les seuls événements marquants de
la fin de la guerre froide. On a occulté au passage le fait qu’en
Asie aussi, ce tournant historique a entraîné de profonds
­bouleversements en termes de géopolitique et de défense. Le
démantèlement de la flotte soviétique dans le Pacifique, la fin
de la rivalité des superpuissances dans le sous-continent
indien et la création des cinq républiques autonomes d’Asie
centrale en sont quelques exemples.
ouvert ainsi la voie à une invasion de l’Irak et de l’Afghanistan,
l’importance stratégique de l’Asie centrale a changé aux yeux
de Washington, conduisant les Américains à établir des bases
militaires à Karshi Khanabad en Ouzbékistan et à Manas au
Kirghizistan. En l’occurrence, la base ouzbèke a été fermée en
2005 déjà, et le retrait des troupes stationnées au Kirghizistan
est programmé. Rappelons qu’en novembre 2011, le nouveau
président kirghize, Almazbek Atambaïev, laissait entendre
dans l’un de ses premiers discours officiels qu’à l’échéance
prévue en 2014, l’accord passé avec les Américains ne serait
pas renouvelé. Ses prédécesseurs avaient déjà menacé de dénoncer ledit accord, mais l’octroi d’une aide supplémentaire
des Etats-Unis avait permis de les amadouer. A relever enfin
que la présence américaine est focalisée sur la guerre en
Afghanistan et ne s’inscrit pas dans une stratégie centrasiatique, quand bien même Moscou et Pékin suspectent régulièrement de telles intentions.
L’Inde et les Etats-Unis sur la touche
Au travers de ce forum, Pékin s’est clairement dotée d’un
instrument visant à renforcer son poids en Asie centrale.
Notons que ni les Etats-Unis, ni aucun pays d’Europe occidentale n’ont rejoint cette organisation. Si cela se conçoit d’un
point de vue purement géographique, il faut aussi y voir un
signe clair que la Chine n’entend pas tolérer la présence d’une
puissance occidentale dans son «arrière-cour». On remarquera également que l’Inde, comme son rival pakistanais,
doit se contenter d’un statut d’observateur. Or ce n’est pas
forcément dans la logique des choses. Durant la guerre froide
en effet, l’Inde entretenait des liens particulièrement étroits
avec l’Union soviétique dans divers secteurs et jouissait donc
d’une haute estime en Asie centrale. De nombreux scientifiques et chercheurs centrasiatiques mirent ainsi le cap sur
l’Union indienne. New Dehli bénéficiait en outre de relations
privilégiées avec Tachkent depuis la Seconde Guerre mondiale, époque où les indologues et autres spécialistes du souscontinent avaient quitté Leningrad et Moscou pour se réfugier dans la capitale de l’Ouzbékistan.
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depuis lors un développement constant: en plus de ses six
membres permanents, elle accueille à présent l’Inde, l’Iran, le
Pakistan et la Mongolie en tant qu’observateurs. Chaque
­année, un sommet réunit les chefs d’Etat de l’ensemble des
membres. Parallèlement, d’autres rencontres spéciales entre
parlementaires et experts sont mises sur pied. L’OCS a notamment pour buts d’assurer le «maintien de bonnes relations de
voisinage» et de promouvoir la coopération transfrontalière
dans différents domaines, du commerce au transport, en passant par la recherche et la science.
Intérêts européens
L’abstinence diplomatique et l’impuissance en matière de
politique de sécurité dont fait preuve l’Europe ne devraient
toutefois pas la conduire à négliger l’Asie centrale. Avec leur
faible densité de population, les «Stans» ne sont certes pas
des marchés de débouchés intéressants pour les biens de
consommation européens. En présence de moyens opérationnels limités, il y a clairement une logique à se concentrer
sur les marchés d’Asie du Sud, du Sud-Est et de l’Est, qui
réunissent des milliards de consommateurs. Cela dit,
d’autres aspects sont à prendre en considération. Comme
nous l’évoquions dans une précédente publication, l’âge d’or
qui s’est amorcé en Asie au cours des dernières années ira de
pair avec une renaissance du mercantilisme. A l’avenir, les
Etats vont devoir remettre l’accent sur l’accumulation de
­richesse et de ressources, afin de disposer de confortables
réserves de devises, de posséder des sources d’énergie et de
sécuriser leur approvisionnement en matières premières et
en denrées alimentaires de base.
L’Inde n’a pas su mettre à profit
ses bonnes relations avec les «Stans» au
lendemain de leur indépendance.
L’Inde ne dispose évidemment pas des mêmes moyens que la
République populaire de Chine pour financer la coopération internationale et l’encadrement d’Etats satellites. Mais
les considérations purement matérielles ne sont pas tout:
l’arrogance et l’incompétence de la diplomatie et du gouvernement indiens ont également été un frein, empêchant
New Dehli de se positionner suffisamment tôt en Asie cent­
rale. Reste à savoir maintenant si l’Inde parviendra à remédier à cette situation.
La présence américaine est focalisée
sur la guerre en Afghanistan.
L’Europe devrait elle aussi vouer
un intérêt accru à cette région riche
en ressources.
A l’instar des Indiens, les Américains se retrouvent sur la
touche. Lorsque l’administration Bush a lancé la guerre
­totale contre le terrorisme au lendemain du 11 Septembre et
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NOTENSTEIN BANQUE PRIVÉE
En Asie centrale comme dans d’autres régions, on peut mesurer à quel point l’influence politique de l’Europe a régressé
à l’échelle mondiale. Personne ne semble avoir songé qu’après
la dislocation de l’URSS, les Européens auraient eux aussi
pu jouer un rôle dans la redéfinition et l’architecture de la
politique de sécurité en Asie centrale. Le Great Game adroitement mené par les Britanniques appartient depuis longtemps au passé...
On peut voir la Chine comme une nouvelle puissance militaire et une rivale dangereuse. En l’occurrence, après deux
décennies d’une croissance économique fulgurante et d’une
explosion de la classe moyenne, les Chinois ont, à l’instar des
Européens, intérêt à ce que le système commercial et financier international fonctionne bien. Toute dérive militaire
entraînerait obligatoirement une baisse sensible du niveau de
vie. De leur côté, les nouvelles élites centrasiatiques et leurs
régimes ont encore fort à faire en matière de modernisation
politique. La stabilité de l’Asie centrale est d’une importance
fondamentale aussi bien pour l’Europe – et la Suisse – que
pour la Chine, c’est pourquoi elles doivent veiller toutes deux
à ce que la région ne tombe pas sous la coupe de dangereux
fondamentalistes. Les défaites essuyées sporadiquement sur
ce plan en Asie centrale ont heureusement eu jusqu’ici des
conséquences plus bénignes qu’on aurait pu le craindre il y a
quelques années seulement. Mais rien ne dit qu’il en sera
toujours ainsi.
Supplément du Focus Asie publié deux fois par
an par Notenstein Banque Privée SA, Vade-mecum
Asie offre une mise en contexte et une vision
approfondie d’un continent caractérisé par
une grande diversité culturelle et une rapide
mutation économique.
Pour en savoir plus:
www.notenstein.ch/focusasie ou
[email protected]
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NOTENSTEIN BANQUE PRIVÉE
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Dans ce contexte, l’Asie centrale revêt une grande importance pour les nations industrielles occidentales, Suisse y
compris. La région recèle encore de nombreuses ressources
inexploitées. Dans un monde marqué par une intensification constante de la concurrence autour des matières premières sur fond de hausse de la demande en Asie, elle est
donc appelée à jouer un rôle accru. Gaz naturel, pétrole,
charbon, minerais, mais aussi terres rares, figurent ici en
première ligne. Enfin, cette Asie centrale sise au cœur du
continent eurasiatique s’impose également comme une
zone de transit majeure.