Nouveaux tubes à rayons X à cathode froide
Transcription
Nouveaux tubes à rayons X à cathode froide
26 // Transfert de savoir et de technologie Nouveaux tubes à rayons X à cathode froide La nanotechnologie nous réserve toujours de nouvelles surprises. Les propriétés extraordinaires de ces minuscules particules permettent de réaliser des idées qui semblent chambouler toutes les règles connues. Les chercheurs de l’Empa veulent maintenant réaliser une nouvelle génération de tubes à rayons X à l’aide de nanotubes de carbone. 1 Micrographie électronique à balayage de nanotubes sur la nouvelle cathode froide. TEXTE: Ivo Marusczyk / PHOTOS & ILLUSTRATION: Empa Rayons X ans les tubes à rayons X usuels, la cathode qui produit le faisceau d’électrons qui va frapper l’anode et produire ainsi les rayons X est formée d’un filament de métal chauffé à incandescence. En collaboration avec les deux laboratoires de l’Empa «nanotech@surfaces» et «Joining and Interface Technology, le groupe réuni autour d’Oliver Gröning a développé maintenant une nouvelle technologie des cathodes. Cette technologie utilise des nanotubes de carbone comme source froide d’électrons, ce qui permet des configurations totalement nouvelles des tubes à rayons X. Les parallèles avec les ampoules électriques à incandescence sont manifestes. Tout comme sur les tubes à rayons X, le concept reposant sur l’utilisation d’un filament s’est là aussi établi comme une solution simple et robuste. Son désavantage réside dans ce filament qui entraîne une perte d’énergie énorme sous forme de chaleur et qui impose une certaine forme géométrique – la forme d’ampoule précisément. Il est aussi possible de produire des faisceaux d’électrons «à froid» au moyen de champs électriques très puissants; toutefois ceci demande des tensions de 30 millions de Volt par centimètre carré de surface de cathode. C’est là qu’interviennent les nanotubes de carbone: par leur structure en forme de pointes ils sont en mesure de «concentrer» le champ électrique et de l’amplifier localement, ce qui réduit de 10 à 1 000 fois la tension totale nécessaire. Dans un projet financé par l’Agence pour la promotion de l’innovation CTI, les chercheurs de l’Empa et leurs collègues de la firme Comet AG, leader mondial de l’industrie des tubes à rayons X, se sont donné pour but de développer de telles cathodes froides qui doivent d’une part présenter une grande 2 Croquis schématique de la nouvelle source de rayons X. D 3 Le prototype raccordé à la pompe qui crée un vide dans le tube. 52 mm Faisceau d‘électrons 1 µm 2 3 1 surface et d’autre part être peu coûteuses à produire. Dans le champ de tension entre ces exigences, l’équipe de l’Empa emprunte une voie nouvelle: les nanotubes de carbone sont noyés dans une pâte spéciale qui s’applique simplement par sérigraphie sur le support de cathode. Dans l’étape suivante les nanotubes de carbone sont dégagés de la pâte par un moyen mécanique. Ces prototypes de tubes à rayons X ont déjà fait la preuve de leur aptitude dans des tests pratiques: «Avec ces cathodes froides d’un type nouveau, nous avons atteint une nouvelle dimension dans la flexibilité de configuration des sources de rayons X», résume Gröning. «Nous avons montré qu’ils possèdent les caractéristiques de puissance des tubes classiques et les dépassent même parfois.» Par exemple le champ focal du faisceau de rayons X est plus homogène que sur les tubes classiques. Il est donc pensable d’obte- nir des champs de rayonnement notablement plus larges qu’avec les appareils actuels. Et les cathodes froides demandent 40 pour-cent moins d’énergie que les cathodes chaudes. Il pourrait cependant s’écouler encore quelque temps avant que cette nouvelle technique opère sa percée car, malgré la simplicité de la fabrication des cathodes, la structure de ces nouveaux tubes «froids» demeure complexe. Leur fonctionnement demande de plus une électronique coûteuse. Malgré cela, les chercheurs de l’Empa espèrent que le passage aux tubes utilisant la nanotechnologie pourrait être rentable car leurs nouvelles possibilités de configuration pourraient leur ouvrir de nouveaux domaines d’utilisation et de nouveaux marchés. Gröning reste toutefois encore peu loquace sur l’aspect que pourraient avoir les appareils à rayons X de l’avenir et sur ce qu’ils permettront de radiographier. //