Paysage Audiovisuel › Législation ›

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Newsletter N°122 – Mai Juin. 2015
#mediamerica
PAYSAGE AUDIOVISUEL
Le projet de marché numérique unique européen soulève quelques inquiétudes aux USA
La présentation de la stratégie pour un marché unique numérique pour l’Union européenne le 6 mai a suscité de
nombreuses réactions dans les médias et l’industrie aux Etats-Unis. L’annonce a en effet été largement reprise dans
la presse généraliste et économique (New York Times, Wall Street Journal, Financial Times), qui, tout en saluant une
réforme favorable à la croissance européenne, évoque une nouvelle stratégie visant à contrer la domination des
grandes entreprises technologiques américaines.
Les commentateurs insistent sur l’apparente l’hétérogénéité actuelle des cadres réglementaires nationaux, qui
contraignent à la fois entreprises et utilisateurs européens. Ils s’étonnent par exemple qu’un utilisateur de Netflix ne
puisse pas accéder à son compte indifféremment d’un pays de l’UE à l’autre, à la différence des Etats-Unis. Parmi les
16 actions annoncées par la Commission européenne, les commentateurs américains retiennent en particulier
l’ouverture d’une enquête sur les pratiques des plateformes en ligne. Cette action est en effet largement interprétée
comme visant spécifiquement les « géants » du web Américains qui dominent le marché, rappelant la condamnation
récente de Google par la Commission pour pratiques anti-concurrentielles.
Cet accueil partagé est également repris dans l’industrie, où de nombreuses associations professionnelles se sont
exprimées. L’EU American Chamber (la Chambre de commerce américaine dans l’UE) et la Software & Information
Industry Association (SIIA) se sont félicitées de l’annonce d’un marché numérique unique, en soulignant les bénéfices
futurs pour la croissance européenne. Selon la SIIA, la progression de l’intégration européenne est également un
atout pour les entreprises américaines.
La Computer and Communications Industry Association (CCIA, qui représente la plupart des géants de l’Internet
américains tels que Google, Facebook, Microsoft, Amazon, Netflix et eBay) et l’Information Technology Industry
Council, qui compte parmi ses membres les grands groupes technologiques (dont Hewlett Packard, IBM, Twitter et
Yahoo) ont en revanche exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis d’un éventuel durcissement de la régulation européenne
pour les acteurs américains. Tandis que la CCIA a salué les actions visant à libéraliser les flux numériques au sein de
l’UE, elle s’inquiète de la possibilité d’une plus forte régulation des plateformes en ligne, qui risquerait de pénaliser en
premier lieu les acteurs européens. Dean Garfield, président de l’Information Technology Industry Council met en
garde : « la mise en place de nouvelles barrières commerciales serait une grave erreur pour l’Europe, et aurait des
effets négatifs sur le commerce et les investissements transatlantiques ». Certains critiques ont également soulevé le
fait qu’une nouvelle réglementation sur les plateformes en ligne pénaliserait davantage les petits acteurs que les
géants américains dotés d’un puissant arsenal juridique.
Ella Filippi
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
Comcast renonce au rachat de Time Warner Cable
Le 24 avril 2015, Comcast, premier cablo-opérateur américain, a annoncé qu’il renonçait au rachat de Time Warner
Cable (second cablo-opérateur) lancé un an plus tôt.
Ce projet avait été annoncé en février 2014 pour un montant estimé de 45 milliards de dollars. L’opération avait été
validée par les conseils d’administration des deux groupes en octobre de la même année. Le dossier devait alors être
examiné par le régulateur, la Federal Communications Commission (FCC), et par le Department of Justice (DoJ).
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Très vite, des voix s’étaient élevées parmi les décideurs politiques, certaines entreprises comme Netflix ou Google,
ou encore dans la société civile pour dénoncer une fusion qui aurait donné naissance à un groupe contrôlant le
marché du très haut débit et, de fait, en situation de monopole sur certains segments. Les entreprises de diffusion de
contenu par internet ou réseau de TV câblés craignaient de se voir imposer des conditions défavorables en termes de
prix ou de hiérarchisation des contenus, face à un acteur qui serait devenu incontournable et au pouvoir de
négociation renforcé. Les consommateurs quant à eux redoutaient une hausse des prix et une baisse de la qualité de
service dans les zones où la nouvelle entité serait l’unique fournisseur d’accès à internet à très haut débit.
Comcast espérait cependant obtenir le feu vert des autorités américaines grâce à l’efficacité de son lobbying, qui
avait permis dans le passé d’acquérir NBC Universal avec l’aval du régulateur. Pourtant, il est apparu dès le début du
processus que la FCC ne comptait pas expédier la procédure. Comcast et Time Warner ont dû fournir des
argumentations supplémentaires au cours de l’année 2014 et le passage en revue qui devait initialement durer 6 mois
n’était toujours pas terminé après 1 an. Les concessions proposées par Comcast (notamment un transfert de clients
vers un troisième acteur du câble, Charter, pour maintenir un minimum de concurrence) n’ont pas convaincu la FCC.
Peu avant l’annonce du 30 avril, la FCC aurait fait savoir à Comcast que le rachat ne pourrait se faire en l’état et
qu’une procédure dite de “hearing” serait lancée pour étudier le dossier. Cette procédure qui peut durer près de deux
ans n’était pas acceptable par Comcast qui a été contraint de renoncer. Cette situation avait été anticipée par les
deux parties et leur accord ne comportait pas de clause de dédommagement en cas d’arrêt du processus.
Quelles suites ?
La fin du projet de rachat par Comcast remet Time Warner sur le marché. Le troisième plus gros câblo-opérateur des
États-Unis, Charter, avait déjà tenté de racheter Time Warner mais ses offres avaient été jugées insuffisantes.
Charter pourrait être tenté de faire une nouvelle offre plus généreuse mais sans forcément atteindre le montant
proposée par Comcast.
De son coté, Comcast pourrait rediriger son appétit pour des acquisitions vers des fournisseurs de contenu comme
Netflix pour la TV ou un studio de cinéma comme Sony Pictures, MGM ou Paramount. L’entreprise devrait également
se concentrer sur l’amélioration de ses réseaux et de son service client, deux domaines dans lesquels l’entreprise est
régulièrement critiquée.
Aurélien Bocquet
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
Netflix s’élève contre le projet de fusion d’AT&T et Direct TV
L’entreprise de vidéo à la demande (VàD) a demandé à la Federal Communications Commission (FCC), dans une
lettre datée du 5 mai, de s’opposer à la fusion entre AT&T et Direct TV, toujours en cours d’examen par le régulateur.
L’acquisition pour 48,5 milliards de dollars de Direct TV, deuxième fournisseur de télévision payante aux Etats-Unis,
par AT&T, deuxième fournisseur d’accès à Internet (FAI) mobile, aboutirait à la création du premier diffuseur de
télévision payante haut débit, au terme des investissements prévus dans le cadre de la fusion. Selon la direction de
Netflix, « un tel pouvoir de marché augmente l’intérêt et la capacité d’AT&T de nuire aux acteurs concurrents perçus
comme une menace et risque d’accentuer davantage encore les pratiques anticoncurrentielles dans lesquelles AT&T
s’est déjà engagée ».
En juillet 2014, Netflix avait dû signer un accord d’interconnexion avec le FAI lui garantissant une connexion directe
afin de se prémunir contre les épisodes d’encombrement du trafic. Netflix avait alors connu un ralentissement de son
service sur AT&T pendant la durée du conflit opposant les deux entreprises, jusqu’à la signature de cet accord.
L’entreprise de VàD accuse également AT&T de mettre en oeuvre certaines pratiques permettant d’avantager ses
propres services, telles que l’application de plafonds de données (data caps) ou la tarification à l’usage. Ces pratiques
iraient ainsi à l’encontre de la libéralisation du marché et au détriment du consommateur.
Netflix a cependant précisé qu’elle approuverait l’opération sous certaines conditions, à savoir le strict respect de la
neutralité du net, l’interdiction pour AT&T/Direct TV de faire payer des frais d’interconnexion aux fournisseurs de
service tels que Netflix, et l’application des mêmes plafonds de données par AT&T à ses propres services.
AT&T s’est peu après vivement opposée à ces objections auprès de la FCC, arguant notamment n’avoir
stratégiquement aucun intérêt à dégrader la qualité des services fournis par son réseau à ses abonnés. L’entreprise a
ainsi demandé au régulateur de ne pas accepter les conditions soumises par Netflix.
En avril dernier, la FCC a finalement annoncé après un an d’examen ne pas donner son accord au projet de fusion
entre Comcast et Time Warner Cable, dans l’intérêt du consommateur et de la concurrence. Le régulateur ne s’est
cependant pas encore prononcé sur la fusion entre AT&T et Direct TV.
Ella Filippi
Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington
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Interview de Frédéric Montagnon, cofondateur de Secret Media
Frédéric Montagnon est le cofondateur de Secret Media, société lancée par deux Français à New York qui propose
des solutions aux éditeurs face à la montée en puissance des bloqueurs de publicité. Il nous explique comment
éduquer l’internaute à l’utilité de la publicité sur la toile.
Vous étiez à la tête d’Over- Blog, une plateforme géante de blogs que vous avez revendue pour créer Secret
Media avec votre partenaire historique Julien Romanetto. En quoi consistent vos nouvelles activités ?
Je travaille avec les éditeurs pour leur apporter une solution technologique pour que l’internaute ne puisse plus
bloquer la publicité. Ça ne résout pas le problème du mauvais ressenti des gens qui n’aiment pas les pop-up, les
publicités non ciblées. Sur certains sites, les contenus sont meilleurs, donc les annonceurs paient plus cher pour des
publicités qui sont mieux ciblées. Ce n’est pas parfait mais c’est mieux.
Comment inciter l’utilisateur à ne pas bloquer la publicité ?
Il y a un gros problème de perception de la publicité. Le public ne comprend pas à quoi elle sert. Il faut lui expliquer la
mécanique. Le secteur du gaming a mis en place un système malin : soit l’utilisateur achète un jeu, soit il regarde une
publicité. Il comprend alors que la publicité a la valeur de ce qu’il devait acheter. Quand on travaillait sur Teads, on
avait racheté une société qui s’appelait Beezic : cette plateforme de musique consistait à proposer des titres gratuits
en téléchargent le MP3, en échange de quoi l’utilisateur devait accepter de regarder un spot de publicité. C’est-à-dire
qu’il comprenait bien que chaque titre coûtait un minimum de 70 centimes. Du coup, il n’a pas l’impression d’être
agressé par la publicité.
Sur quel aspect peut-on agir pour éduquer l’internaute à l’utilité de la publicité sur Internet ? Il y a un manque
de pédagogie de la part des annonceurs. Mais ce travail d’éducation est du ressort de l’éditeur, qui doit assumer son
modèle.
Dans le détail, que pouvez-vous apporter à l’usager ? Trois milliards de personnes ont accès à Internet mais plus
de la moitié a du mal à payer sa connexion. Un rapport a été édité parInternet.org, un projet porté par Facebook,
Samsung, Ericsson et d’autres, qui étudie la connectivité dans le monde. La moitié des personnes dans le monde
paie un forfait inférieur à 2,50 dollars par mois. Pour certains, c’est énorme. Si ces gens-là devaient payer pour le
contenu et le service, ils ne pourraient plus accéder à Internet.50 % des gens n’ont pas les moyens de se payer les
services et les contenus qu’ils consomment. Si le modèle venait à s’écrouler, Internet deviendrait un réseau fermé
pour une élite de gens qui paient. Nous devons aider à faire passer ce message.
Comment sont organisées vos activités ? La société est basée aux USA, on a une filiale en France, La R&D est à
Paris, et j’ai beaucoup de mal à recruter ici car il faut des personnes très qualifiées. Les entrepreneurs lèvent des
fortunes colossales et pour recruter, le niveau de salaire est vertigineux. Je pense qu’on n’a pas loin d’une année
d’avance, on a déposé deux brevets. Je suis plutôt très confiant.
Est-il plus intéressant d’investir en France ou aux Etats- Unis ? Je suis très positif sur l’avenir du secteur des
nouvelles technologies en France. C’est facile de recruter de très bons ingénieurs en France, les professionnels sont
plutôt bien affûtés, les conditions de création d’entreprise sont très avantageuses, le coût de la fiscalité avec la R&D
en France est idéal. Les conditions d’embauche ici sont élevées pour un employeur car les salaires sont vraiment
hauts. Mis bout à bout, entre l’apport de l’agence d’innovation et le crédit recherche, il est plus intéressant d’investir
en France surtout avec le cours de l’euro en ce moment.
Propos recueillis à New York par Sandra Muller.
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:
TELEVISION
France 24 renforce sa distribution aux États-Unis sur Time Warner Cable
France 24 a conclu un nouvel accord avec Time Warner Cable, aux Etats-Unis, qui rend accessible la chaîne en
anglais 24h/24 dans toute la région de Los Angeles en Californie. France 24 en anglais est désormais diffusée sur le
canal 219 dans l’offre basique de l’opérateur câble américain auprès de 850.000 nouveaux foyers dans les comtés de
Los Angeles, Ventura, Orange, Riverside et San Bernardino.
Cet accord vient renforcer la présence de France 24 aux États-Unis, déjà disponible dans 8.5 millions de foyers à
travers tout le pays.
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France 24 est accessible 24h/24 7j/7 aux États-Unis :
– Dans la région de New York, en anglais (chaîne 219), sur Time Warner Cable.
– Sur l’ensemble du territoire, en français et en anglais (chaînes 9862 et 9864), sur
DishWorld.
– A Washington D.C, en anglais, sur Comcast, Cox et FiOS TV.
La chaîne fait partie du groupe France Médias Monde qui réunit, outre FRANCE 24, RFI, la radio mondiale et Monte
Carlo Doualiya, la radio universaliste en langue arabe.
France 24, ce sont trois chaînes internationales d’information continue, émettant 24h/24 et 7j/7 dans 300 millions de
foyers sur les 5 continents : en français, en arabe et en anglais. Elles rassemblent45,9 millions de téléspectateurs
hebdomadaires (mesurés dans 64 pays sur les 180 où au moins l’une des trois chaînes est distribuée). La rédaction
de France 24 propose depuis Paris une approche française du monde et s’appuie sur un réseau de 142 bureaux de
correspondants couvrant la quasitotalité des pays du globe. La chaîne est distribuée par câble, satellite, sur la TNT
dans certains pays, sur l’ADSL, les mobiles, tablettes et téléviseurs connectés ainsi que sur Youtube dans ses trois
versions linguistiques. L’univers nouveaux médias de France 24, également décliné en trois langues, enregistre
chaque mois 13,2 millions de consultations et 12,3 millions de vidéos vues (moyenne 2014) – 26,5 millions de vidéos
vues en mars 2015 – ainsi que 14,4 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux (en mars 2015).
Time Warner porté par la télévision
Le groupe Time Warner a bien commencé l’année notamment grâce à ses chaînes HBO et Turner et l’augmentation
de leur chiffre d’affaires respectif.
Sur les trois premiers mois de l’année, le groupe américain Time Warner a fait mieux que prévu, soutenu par sa
division de médias télévisés. En effet, le profit opérationnel ajusté du groupe est en hausse de 12% pour atteindre le
niveau record de 1,8 milliard de dollars et ses revenus ont été boostés de 5% à 7,1 milliards. Et ce malgré un
bénéfice net en baisse de 25 % à 970 millions de dollars. Du côté de sa branche télévision, HBO, grâce notamment à
la nouvelle saison de “Game of Thrones” (qui a fédéré 18,1 millions de téléspectateurs sur les deux premières
semaines de diffusion), est en hausse de 4 % à 1,4 milliard de dollars. Concernant les antennes de Turner, à l’instar
de TCM, CNN ou encore CartoonNetworks, le chiffre d’affaires est également en hausse, de 5 %, à 2,7 milliards de
dollars. Cela représente son meilleur trimestre depuis la création, explique le groupe dans un communiqué. Par
ailleurs, HBO a lancé au début du mois d’avril son service OTT, HBO Now, outre- Atlantique (voir l’article
Mediamerica du 30/04/2015: HBO lance son service de vod : HBO Now). Une offre qui a obtenu “une réponse très
positive”, tant au niveau des abonnés que de l’utilisation”. De quoi rendre le groupe Time Warner “confiant” en
l’avenir.
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:
CINEMA
Ces films qui pourraient révolutionner l’industrie du cinéma
La prolifération des séries TV de qualité comme Mad Men et Game of Thrones a brouillé la frontière entre le petit et le
grand écran. Ces séries ne sont pas seulement bien écrites et bien jouées. Elles sont soigneusement composées, et
bénéficient d’une qualité de photographie qui était jusque-là absente des programmes destinés à la télévision.
Lors de la convention des propriétaires des cinémas, le CinemaCon qui s’est tenu le mois dernier, les commentateurs
ont souligné une nouvelle tendance. Des réalisateurs emblématiques comme Ang Lee, Robert Zemeckis et Alejandro
González Iñárritu seraient en train de « remettre la télévision à sa place » en utilisant pour leurs films des
technologies et des effets qui pourraient redéfinir les limites du cinéma.
Billy Lynn’s Long Halftime Walk d’Ang Lee sera par exemple le premier film de l’histoire à être tourné en 120 images
par seconde. Quant à Robert Zemeckis, il redéploye la 3D dans The Walk, un film consacré à Philippe Petit qui avait
marché entre les deux tours du World Trade Center sur un fil, suspendu au-dessus du vide. Le spectateur est dans la
peau du funambule.
Après avoir exploité le travelling de façon hors norme dans son film Birdman, Iñárritu a repris sa coopération avec le
directeur de la photo Emmanuel Lubezki pour filmer The Revenant uniquement la lumière naturelle. Le tournage
aurait été particulièrement exténuant, mais à voir les rushes avec Leonardo DiCaprio, le résultat est remarquable.
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Toutes les innovations technologiques n’ont cependant pas reçu un accueil enthousiaste. Les expériences de Peter
Jackson pour la trilogie Le Hobbit ont déplu à beaucoup de spectateurs arguant que les effets gâchaient l’aspect
pictural du film et prêtaient à cette production fantastique l’apparence d’une telenovela.
Certains studios sont prêts à tenter de nouvelles expériences et à investir dans des films avec des effets innovants
pour valoriser la projection en salles. Il s’agit de se différencier de « l’expérience-maison » où les écrans individuels et
les télévisions sont toujours plus sophistiqués. C’est une stratégie similaire à celle déployée par Hollywood dans les
années 1950. Face à la popularité croissante de la télévision, les studios s’étaient alors lancés à cœur perdu dans les
épopées bibliques. Au CinemaCon 2015, ce n’est pas sans raison que l’adjectif “grand” a été le plus entendu dans les
présentations des studios.
Pour l’instant, la stratégie semble fonctionner. Les analystes prédisent qu’une série de films issus des comics comme
Avengers: Age of Ultron, et les épopées de science-fiction comme Star Wars: The Force Awakens vont conduire le
box-office vers de nouveaux sommets. Mais Ang Lee, Robert Zemeckis et Alejandro González Iñárritu représentent
une troisième voie. L’accent mis sur l’innovation pourrait être essentiel à long terme pour l’industrie du cinéma.
How Movies Like Leonardo DiCaprio’s ‘The Revenant’ Could Revolutionize the Industry, Variety, 24/04/2015
Le succès croissant du festival de cinéma européen à Porto Rico
Depuis 2010, l´Alliance Française de Porto Rico organise annuellement un Festival de Cinéma Européen qui connaît
un succès croissant et rassemble aujourd’hui plus de 8 000 personnes tous programmes confondus. Depuis l’année
2013, outre la projection de films européens inédits à Porto Rico, l´AF a développé plusieurs programmes éducatifs
au sein du Festival. L’organisation d´un tel événement culturel et éducatif répond à plusieurs objectifs :
– Faire connaître le cinéma européen au public portoricain, élargissant ainsi la diversité de l’offre culturelle sur le
territoire.
– Valoriser la créativité et le talent portoricains, et soutenir l’industrie du cinéma locale.
– Développer l’éducation artistique des plus jeunes à travers le cinéma.
– Créer de nouveaux ponts artistiques et économiques entre Porto Rico et les pays d’Europe, favorisant de nouvelles
collaborations. Ainsi en 2015, le Festival a établi une collaboration avec des festivals internationaux comme le
Festival of New Spanish Cinema (EE.UU/Espagne), qui a présenté la sélection officielle de fictions espagnoles et le
Festival de documentales musicales IN-EDIT (Espagne), qui a présenté la section de films documentaires.
La programmation
Le festival a été l’occasion de présenter pas moins de 26 longs-métrages (22 films de fiction et 4 films documentaires)
sélectionnés par la programmatrice du festival (la responsable culturelle de l´AF) selon les critères suivants :
– Films inédits, présentés en « premières » sur le territoire portoricain,
– Productions contemporaines, réalisées durant les deux dernières années,
– Œuvres cinématographiques ayant été nominées et/ou récompensées dans les plus grands festivals internationaux
(Cannes, Berlin, Venise, Goya, San Sébastian, Césars, etc…) ou ayant connu un fort succès commercial dans leur
pays d’origine,
– Diversité de genres (comédie, drame, romance, thriller, animation…)
– Diversité de pays d’origine (15 pays représentés en 26 films)
Le volet éducatif et universitaire du festival
Pour la deuxième année consécutive, et s’inspirant du modèle d’ « Education à l’image » du CNC, l’AF a inclus dans
son festival un volet éducatif destiné aux jeunes élèves de Porto Rico. Ont ainsi été présentés en collaboration avec
l´Institut Français, VANDAL de Hélier Cisterne (16-18 ans), LE HAVRE de Aki Kaurismaki (14-16 ans) et UNE VIE DE
CHAT de Jean-Loup Felicioli et Alain Gagnol (12-14 ans).
Le projet “Festinema Junior” se déroule en trois étapes avec en amont un travail de préparation à la projection à partir
du matériel pédagogique du CNC adapté et traduit en anglais et en espagnol par l´AF (grâce au soutien des services
culturels de l´Ambassade de France aux Etats-Unis), puis mis à disposition des professeurs lors d’un atelier de
formation ayant lieu un mois avant le début des projections. Ensuite, des séances en matinée durant la semaine du
festival étaient réservées aux élèves des collèges et lycées de Porto Rico. Enfin, les élèves ont établi un bilan avec
leurs professeurs.
Une coopération au niveau universitaire a aussi été développée. En préambule du festival, l´AF organise chaque
année une semaine de projections au sein des principales universités publiques et privées de Porto Rico. Une série
de films français et espagnols (différents de la sélection officielle du Festival) sont présentés gratuitement aux
étudiants universitaires, grâce à la collaboration de l’Institut Français et du Consulat Général d’Espagne à Porto Rico.
Le programme Young French Cinema d´Unifrance a été valorisé à cette occasion : l’AF a présenté le film LES
APACHES en présence de son réalisateur THIERRY DE PERETTI. Les deux projections du film (à l’Université de
Porto Rico, campus de Rio Piedras et de Mayaguez) ont réuni plus de 300 personnes. En outre, pour la troisième
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année consécutive, et dans l´optique de stimuler la création des étudiants universitaires de cinéma, l´AF leur a lancé
le défi de créer un court-métrage en 48 heures. Le gagnant, élu par un jury de professionnels, a gagné une bourse
d’étude d´été à l´école de cinéma madrilène ECAM.
La Coopération avec les professionnels de l´industrie cinématographique
Organisée chaque année depuis 2013, la compétition de courts métrages pour cinéastes portoricains vise à
accentuer la visibilité des talents locaux sur les écrans commerciaux de l´île, et à leur ouvrir des portes en Europe. En
effet, les meilleurs réalisateur et producteurs bénéficient d’un séjour en Europe pour y présenter leur production.
Par ailleurs, les conférences de spécialistes européens de l´industrie cinématographique invités par l’AF sont
l’occasion de créer des liens plus solides entre Porto Rico et l´Europe. Voici les thèmes de l’édition 2015:
– « Les industries créatives et l’industrie cinématographiques. Le renforcement des possibilités de collaboration entre
Porto Rico et l’Union Européenne. » : présence de Nathalie Streiff (Institut Français, programme Aide aux cinémas du
monde), Antonio de Lecea (Délégation de l’Union Européenne), Guillermo Corral (Conseiller culturel de l’Ambassade
d’Espagne à Washington)
– « L´écriture de scripts » par Pablo Remón (scénariste, réalisateur et professeur à l’ECAM de Madrid)
– « Présentation du Festival de Documentaire Musicaux IN-EDIT » par Isabella Longo (Responsable des relations
internationales d’In-Edit).
Enfin, pour la deuxième consécutive, l’AF organise en collaboration avec l’ICP (Institut de Culture Portoricaine) un
projet de Tournée du Festival dans différents centres culturels de l’île, afin de toucher également le public de
province.
Quelques chiffres de l´édition 2015:
– Sélection officielle : 1 semaine de projections/ 70 projections de films/ 3 salles du cinéma/ plus de 5 000 spectateurs
(capacité d’accueil de 7 000 places)
– Préambule – projections dans les universités : participation de 6 universités / plus de 1 000 personnes
– Projections scolaires – projet Festinema Junior : participation de 1 000 élèves issus de 18 écoles publiques, 7
écoles privées et 2 écoles d’éducation alternative / outre l´AF de Porto Rico, les AF de Nouvelle Orléans et
Minneapolis ont également organisé l´événement dans leur ville respective.
– Compétitions locales : Réalisation de 14 courts-métrages des étudiants universitaires portoricains / Réalisation de 7
courts-métrages de jeunes cinéastes portoricains
– Conférences : 6 invités internationaux dont 2 français (Nathalie Streiff, IF, Thierry de Peretti, réalisateur)
Les dates de la 6ème édition du Festival (mars à juin 2015)
– 9-15 mars: Préambule du Festival dans les Universités
– 18 mars: Inauguration du Festival au Musée d’Art de PR (projection de TIMBUKTU de Sissako
– 19-25 mars: 26 films présentés au cinéma Fine Arts, Café de Miramar, San Juan.
– 25 mars: Soirée de clôture, annonce des gagnants des compétitions de courts-métrages portoricains.
– Mai-Juin: Tournée du Festival dans 10 centres culturels de villes de province. Présentation des courts-métrages
portoricains et des films phares du festival.
Site du Festival : www.festivaldecineeuropeo.com
MUSIQUE
La réforme du copyright musical
Peu avant l’affaire “Blurred Lines” qui a réinterrogé les limites entre inspiration artistique et plagiat aux États-Unis, le
US Federal Copyright Office publiait en février un rapport adressé au Congrès concernant la réforme du copyright
musical. Pour rappel, le copyright dans le droit américain suppose le dépôt de l’œuvre et son enregistrement auprès
du bureau. L’enregistrement a valeur de preuve. L’industrie musicale appelle à sa réforme depuis plusieurs années.
Quatre points principaux sont présents dans ce rapport :
– Les créateurs de musique devraient être rémunérés équitablement ;
– Le processus de licence devrait être plus performant ;
– Les membres du marché devraient avoir accès aux données faisant autorité pour l’identification et la licence des
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enregistrements sonores et des œuvres musicales ;
– Leur utilisation et leur paiement devrait être plus accessibles et plus transparents pour les titulaires de droits.
L’industrie musicale a rapidement réagi face à ce rapport comptant 254 pages. Deux parties semblent se faire face au
sujet de la licence musicale : les auteurs et les labels d’un côté, les titulaires des licences et les fournisseurs de
services numériques de l’autre.
Les premiers ont applaudi la proposition demandant que “les enregistrements sonores et les œuvres musicales sousjacentes soient d’avantage placés sur un même pied d’égalité”. Le Président de l’ASCAP Paul Williams (réponse
complète ici) félicitait ainsi des “recommandations qui ont pour objectif de rendre le système plus équitable pour les
auteurs-compositeurs” et un rapport qui est “une importante étape vers une réforme significative”. “La mise en place
d’un droit de représentation terrestre et le principe directeur de la rémunération équitable aux marchés pour les
auteurs-compositeurs, les artistes et les producteurs sont des fondements importants de ce nouveau rapport […]” a
déclaré Neil Portnow, président et PDG de The Recording Academy. Neil Portnow demandait également au Congrès
que la “nouvelle technologie [paie] de façon juste les artistes“.
Les seconds se sont montrés heureux de l’appel à la transparence présent dans le texte mais ont cependant défendu
le système des licences légales que Pandora a même qualifié d’ “écosystème de la musique”.
SoundExchange, dans leur réponse rendue publique sur leur site a insisté sur l’importance de la mise en place d’un
droit
de diffusion des morceaux par les radios AM/FM des Etats-Unis, celle d’une plus égale des auteurs de musique et du
paiement plus juste des musiciens ayant enregistré des morceaux avant 1972.
Plus récemment, plus de 1200 membres de la Copyright Alliance et plus de 350 membres de CreativeFuture
signaient
une lettre de soutien à un système de copyright fort et efficace adressée au Congrès qui continuera son étude du
rapport au cours des prochains mois.
Plus d’informations : Billboard / Billboard / mi2n / Billboard
Informations fournies par le Bureau Export de la musique à New York
Patreon : un modèle de crowdfunding qui semble fontionner
Lancé en 2013 par Jack Conte (Pomplamoose), Patreon a rapidement attiré l’attention des musiciens et des
investisseurs. En mars dernier, l’artiste Amanda Palmer a réuni 1,1$ millions de fonds, un record pour la plateforme.
La compagnie a également reçu 2,1$ millions (de la part d’Atlas, de Charles River et d’autres investisseurs) et 15
millions de dollars de la part de SV Angel (Dropbox, Airbnb), Index Ventures (SoundCloud, Etsy) ou encore de David
Marcus (Facebook) en 2014.
Avec l’évolution de l’industrie musicale, les artistes ont de plus en plus besoin d’être proches de leurs fans. D’où
l’essor des plateformes de crowdfunding ces cinq dernières années (Kickstarter, GoFundMe, IndieGoGo, etc.).
Patreon a la particularité d’offrir aux artistes une alternative qui semble davantage les intéresser (les recherches
Google pour Patreon sont passées en un an de 77% en-dessous de celle d’Indiegogo à 5% au dessus). Un fan peut
ainsi donner de l’argent soit par projet, soit par période (une semaine ou un mois), ce qui permet aux donateurs de
jouir d’une plus grande liberté selon Danny Rimmer (Index Ventures). Les musiciens restent cependant encore
minoritaires et ce sont surtout des bloggers, journalistes, vidéastes qui utilisent Patreon.
Plus d’informations : Billboard
Informations fournies par le Bureau Export de la musique à New York
Nouvelle plateforme Discover lancée par Warner Music et Snapchat
Le 7 janvier dernier, Snapchat (estimé désormais à 19 milliards de dollars en février) a annoncé le lancement de sa
nouvelle plateforme “Discover” qui offre désormais la possibilité aux utilisateurs de l’application d’accéder aux
services de nombreux médias partenaires parmi lesquels figurent Warner Music qui proposent des teasers de clips
vidéos.
Les premiers artistes à figurer dans ces vidéos – qui peuvent être actualisées tous les jours – étaient David Guetta,
Drake et Blake Shelton.
Il est possible depuis février de lancer l’application et d’écouter de la musique sur son Iphone en même temps.
Plus d’informations : Billboard / Billboard / Complex / Billboard
Informations fournies par le Bureau Export de la musique à New York
Quel avenir pour les ventes de l’industrie musicale ?
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Malgré les résultats peu encourageants des ventes d’albums mis en avant par le rapport Nielsen en 2014, les
évolutions de ces dernières sont constantes et font couler l’encre. Différentes théories s’entrecroisent. Dernièrement,
un article du Billboard tentait d’imaginer ce que serait l’achat de musique dans le futur. Pour le magazine, certains
consommateurs devraient rester fidèles à l’achat de CD (comme les fans de Country par exemple) tant que ce format
ne disparaîtra pas tandis que de nouveaux challenges seront probablement posés aux leaders de la vente digitale
comme Apple – qui aura à apprendre à porter la double casquette de vendeur digital et de service de streaming (via
Beats Music et Itunes Radio) -, Amazon – qui a lancé en 2014 Prime Music – ou encore Google avec Google Play et
Songza, son service radio sur Internet.
1) Le vinyle : un objet qui passionne et suscite les débats
A la suite de l’importante hausse des ventes de vinyles l’an dernier mis en avant par le rapport Nielsen (52% de plus
comparé à 2013 ; cf. graphiques de Billboard ci-dessous), certains émettent des doutes quant à la longévité de cette
tendance à l’instar de Neil Young qui affirmait en janvier durant le Frame radio show que les vinyles ne sont qu’un
effet de mode : « Beaucoup de ceux qui achètent aujourd’hui des vinyles ne se rendent pas compte qu’ils écoutent
des masters CD sur des vinyles […], cela montre bien que ce n’est qu’un parti-pris de mode. »
Cependant, le sujet ne finit pas de faire couler de l’encre.
Billboard soulignait ainsi en mars qu’à l’ère où la musique digitale domine la consommation de musique, 72% des
acheteurs de vyniles ont moins de 35 ans (selon MusicWatch). L’article s’interrogeait sur cet engouement qui se voit
par exemple à travers la vente de vinyles dans des grandes chaînes telles qu’Urban Outfitters ou Whole Foods. Trois
raisons semblent expliquer cela : le désir d’écouter de la musique non comme un arrière-plan mais comme un objet
appelant toute la concentration de l’auditeur, le plaisir de la possession d’un objet réel et précieux (le packaging
soigné appelle les fans à acheter du physique à la place du digital) et l’impression que la musique est de meilleure
qualité quand elle provient d’une galette noire. Cependant, aux Etats-Unis, l’offre semble surpasser actuellement la
demande avec seulement 16 usines de pressage sur le territoire (Rainbow Records produits 7 millions de vinyles par
an tandis que Nashville’s United est plus modeste mais spécialisés dans des vinyles plus personnalisés).
Le prochain challenge pour le format qui tend à fidéliser ses utilisateurs (le magazin de vinyles Day’s Kurtz soulignait
qu’une fois le matériel acheté, un fan achètera deux à trois fois plus d’albums qu’auparavant) sera donc d’augmenter
la production ce qui ne sera pas facile étant donné que l’équipement de pressage n’est plus produit depuis plusieurs
décennies ce qui ajoute aux labels des contraintes (prévoir 6 mois à l’avance le pressage) ou les obligent à
s’adresser aux usines tchèques ou hollandaises.
Plus d’informations : Billboard / Billboard / Rolling Stones / Billboard (Neil Young)
ww.mediamerica.org
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2) Le digital reste cependant le support majeur de consommation de la musique
Si le format vinyl parvient à séduire de plus en plus de mélomanes, le digital reste néanmoins le principal vecteur de
diffusion et d’écoute de la musique. Selon les chiffres dévoilés par l’institut de mesure et de
monétisation audionumérique Triton Digital, le streaming audio serait encore à l’honneur puisque que l’institut
constatait pour le mois de janvier 2015 une hausse de 41% des écoutes en streaming par rapport à janvier 2014. Le
smartphone reste ainsi le support favori de consommation de la musique. Rob Favre, le PDG de Triton s’est montré
encore plus optimiste pour la suite de l’année 2015 dans la mesure où de nouvelles plateformes d’écoutes vont être
créées et que la compétition entre les plateformes existantes risquent de s’intensifier.
Plus d’informations : mi2n
Informations fournies par le Bureau Export de la musique à New York
ww.mediamerica.org
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