Paysage Audiovisuel › Législation ›
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Newsletter N°110 – Février 2014 #mediamerica Neutralité du net : Netflix répond aux FAI A l’occasion de l’annonce de ses résultats pour le quatrième semestre, la plateforme de streaming est passée à l’offensive. Mardi 14 janvier, la cour d’appel du District de Columbia rendait son verdict sur l’Open Internet Order (règlement sur la « neutralité du net ») adopté par la Commission Fédérale des Communications (FCC). La cour d’appel le déclarait alors inconstitutionnel, donnant ainsi raison à Verizon Communications. L’Open Internet Order prévoyait notamment d’empêcher les Fournisseurs d’Accès à Internet (FAI) de discriminer voire d’interdire certains services en ligne. Avant que cette décision de justice ait été rendue, Netflix faisait, à la Securities and Exchange Commission (Commission des Valeurs Mobilières, équivalent de l’AMF française), la déclaration selon laquelle si la neutralité du net était remise en cause par la cour d’appel américaine, cela aurait « des effets préjudiciables sur [ses] activités ». Au lendemain du verdict, les actions du groupe Netflix ont chuté de 5,5% (passant de 335$ à 319$), alors que la Bourse était à la hausse. Plusieurs analystes prévoient une forte augmentation des coûts pour Netflix, car la décision de justice du 14 janvier implique que les FAI seront en droit d’exiger des plateformes SVOD de nouveaux frais liés à la consommation de bande passante. Dans une interview donnée à la chaine du groupe Bloomberg, l’analyste Jennifer Fritzche, (Wells Fargo & Co.) a déclaré que l’annulation de l’Open Internet Order « conduirait certainement les utilisateurs de Netflix à payer leur abonnement plus cher – même si, selon toute vraisemblance, cela ne serait pas immédiat». Michael Pachter, analyste chez Wedbush Securities (société d’investissement américaine), partage la même opinion. Il souligne cependant que la FCC peut faire appel. « Selon nous, les FAI chercheront à tirer profit du refus essuyé par les défenseurs de la neutralité du net, et imposeront des frais supplémentaires aux plateformes de contenu comme Netflix. Ces frais seront proportionnels à la consommation de bande passante» commentait Pachter. Ce dernier considère que le titre Netflix est généralement surévalué parce que les actionnaires font confiance au groupe et à sa capacité à tirer le meilleur parti des évolutions du paysage audiovisuel. Cependant, après le verdict, la tendance générale n’était alors pas à la confiance. Cette crise de confiance n’a toutefois pas duré. A l’annonce de ses résultats pour le quatrième semestre, le 22 janvier, le géant américain de vidéo à la demande par abonnement a vu le cours de ses actions s’envoler pour atteindre 393,67$ (+18%). L’année 2013 a été excellente pour le groupe dont les titres ont connu la plus forte progression de l’indice Standard & Poor’s. Le groupe a réalisé 112 millions de dollars de bénéfice et compte désormais 44 millions d’abonnés – dont plus de 33 millions aux Etats-Unis. A l’automne, Netflix générait à lui seul 31,6% du trafic sur la bande passante en heure de pointe Internet, et était donc la plus grosse source de trafic d’Amérique du Nord. Les extraordinaires résultats du groupe n’étaient peut-être pas la seule raison du regain de confiance à l’égard des titres Netflix. Au même moment, Reed Hastings, le PDG de Netflix, a adressé une réponse ferme à Verizon et aux FAI en général. Il a affirmé haut et fort qu’il n’hésiterait pas à appeler tous les abonnés Netflix à la « révolte » si les FAI imposaient au groupe des frais supplémentaires pour leur consommation de bande passante. ww.mediamerica.org 1 D’ailleurs selon lui, « les FAI sont conscientes du large soutien public au principe de neutralité du net et ne feront rien qui pourrait pousser le gouvernement à prendre parti. » Cet avis est partagé par quelques analystes, comme Rich Greenfield (BTIG Research), qui déclarait sur son blog : « Si tout d’un coup, les FAI disaient à Netflix : « payez-nous pour avoir accès à nos abonnés sinon nous réduirons le débit de la connexion» et que Netflix refusait, les FAI finiraient par pénaliser leurs propres clients » Verizon et d’autres FAI ont d’ailleurs annoncé qu’ils n’allaient pas changer leur service. Quant à Comcast, la décision de justice du 14 janvier ne le concernait pas vraiment puisque le plus gros FAI américain avait d’ores et déjà annoncé – dans le cadre de son accord avec le gouvernement pour acquérir NBCUniversal – qu’il se conformerait à l’Open Internet Order de la FCC jusqu’en 2018, indépendamment des décisions de justice. Netflix Stock Rockets to All-Time High on Solid Q4, Upbeat Outlook, Variety, 23/01/2014 Netflix Threatens to Provoke Subscriber Protests If ISPs Block Traffic, Variety, 22/01/204 Netflix Stock Drops on Fears of Higher Costs After Ruling Strikes Down Net Neutrality, Variety, 15/01/2014 Les défis de Netflix, nouveau champion de la télé, Le Monde, 23/01/2014 Time Warner fait mieux que prévu en 2013 Time Warner a annoncé mercredi un bond de 26% de son bénéfice net annuel, à 3,7 milliards de dollars, pour un chiffre d'affaires en progression de 4% à 29,8 milliards. Malgré une baisse spectaculaire du bénéfice au quatrième trimestre 2013, de 12 points, le mastodonte médiatique américain Time Warner réussit à faire mieux que prévu sur l’ensemble de l’année dernière avec une hausse de 26% de son bénéfice net annuel, à 3,7milliards d’euros. Ce résultat est certes dû aux hausses des coûts, mais il prouve la régularité du géant américain : pour la cinquième année consécutive, Time Warner enregistre une croissance à deux chiffres. Et il ne semble pas s’arrêter en si bon chemin. Le magnat de l’audiovisuel, Jeff Bewkes, prévoit pour l’exercice en cours une nouvelle augmentation entre “10 et 15%”. Le PDG a également tenu à rappeler, en marge de la présentation des résultats, lors d'une téléconférence avec des analystes, que Time Warner avait pour philosophie "d'investir fortement dans les meilleurs contenus", tout en recherchant de nouveaux modèles d'activités et en se développant à l'international sur des marchés porteurs. La stratégie semble payer. Le chiffre d'affaires de Time Warner a augmenté de 5% à 9,5 milliards de dollars l'an dernier, celui de HBO de 4% à 4,7 milliards. Les revenus des abonnements ont progressé de respectivement 5% et 6%. L’année 2013 fut également faste pour le petit écran. HBO a gagné deux millions d'abonnés l'an dernier aux EtatsUnis pour atteindre 43 millions, soit sa plus forte progression en 17 ans, s'est félicité Jeff Bewkes. Ces progrès semblent démentir les craintes d'une perte de vitesse des chaînes payantes, sur fond de montée des services de vidéo en streaming sur Internet comme Netflix, qui a annoncé il y a deux semaines avoir terminé 2013 avec 35,7 millions de clients américains. Jeff Bewkes a réaffirmé sa certitude que le streaming en ligne était un service "complémentaire" pour les téléspectateurs, permettant par exemple de monétiser davantage les anciennes saisons de séries télévisées toujours à l'écran. Il a aussi souligné l'importance pour les distributeurs de télévision d'accélérer le déploiement de leurs propres offres de vidéo à la demande ("TV Everywhere") avec des interfaces et des mécanismes d'identification plus simples. Time Warner va mettre les contenus vidéo encore plus au cœur de son activité avec la scission au deuxième trimestre de sa filiale Time Inc., qui édite le magazine du même nom et d'autres titres comme People ou Sports Illustrated. La Lettre de l’Audiovisuel est accessible par abonnements uniquement. Pour plus d’information : [email protected]. Pour consulter quelques articles : lettreaudiovisuel.com. ww.mediamerica.org 2 Comcast/Time Warner : naissance d’un câblo-opérateur géant Le 13 février 2014, Comcast, premier câblo-opérateur américain, a annoncé son intention de racheter Time Warner Cable, numéro deux du secteur, pour environ 45 milliards de dollars. Si elle a lieu, la fusion des deux groupes donnerait naissance à un géant du câble, réunissant en une même entité presque un tiers des abonnés américains. Cette fusion doit encore être approuvée par les autorités de la concurrence, mais son annonce a d’ores et déjà généré une vague de protestations assez prévisible. Avec 30% des foyers américains abonnés à l’une des deux offres TV, la nouvelle entité serait en mesure d’imposer sa volonté aux chaînes de télévision lors des négociations sur les droits de diffusion. Cette perspective inquiète tant les consommateurs que les fournisseurs de contenu. Selon eux, le marché du haut débit n’est déjà pas assez concurrentiel. Toutefois, il est probable qu’avec la fusion Time Warner/Comcast, la situation ne serait ni meilleure ni pire. Contrairement à AT&T et T-Mobile, qui ont vu leur fusion rejetée par le ministère de la Justice, Comcast et Time Warner Cable ne s’affrontent directement sur aucun marché. En effet, leurs câbles passent dans des villes différentes, ou, parfois, comme à New York, dans des quartiers différents. Par conséquent, les craintes tiennent davantage au fait que cette nouvelle entité serait particulièrement puissante pour négocier l’acquisition de contenus, d’équipement ou de bande passante. Selon les partisans de la fusion, l’opération permettrait à Comcast/Time Warner de payer moins cher les programmes des télévisions. Les achats de contenus se répercutant directement sur les factures des consommateurs, cela impacterait à la baisse le prix des abonnements. Ce scénario est possible. Pour les détracteur de la fusion, en imposant sa volonté aux chaînes, Comcast obtiendrait un avantage déloyal sur les autres fournisseurs de télévision payante comme DirecTV ou Verizon FiOS. Comcast pourrait même exiger des autres cablo-opérateurs des frais supplémentaires pour leur donner accès à ses propres chaînes – dont NBC acquis par Comcast en 2011. En ce qui concerne le haut débit, la fusion pourrait accélérer le processus engagé par Comcast visant à créer un réseau national de données Wi-Fi qui se poserait en concurrent des principaux opérateurs téléphoniques. Comcast pourrait ainsi imposer aux utilisateurs de réduire leur consommation de bande passante. De telles restrictions seraient susceptibles de nuire à Netflix et à d’autres plateformes de contenu en ligne qui connaissent une forte croissance aux dépends des câblo-opérateurs. L’accord Comcast/ Netflix annoncé récemment est probablement le résultat de ce calcul. Aux Etats-Unis, les foyers n’ont qu’un choix très limité de FAI – généralement pas plus de deux. Par conséquent, il est très compliqué pour des consommateurs mécontents de changer de fournisseur d’accès. Toutefois, les instances de régulation – dont la Federal Communications Commission – ont une longueur d’avance sur Comcast. Elles ont le pouvoir de l’empêcher d’imposer sa volonté au marché par le biais de cette fusion. Lors du rachat de NBC Universal par Comcast en 2011, la FCC avait exigé un certain nombre de restrictions afin d’éviter des entorses aux règles de la concurrence. Depuis, Comcast s’est engagé à respecter les règles de neutralité du net (Open Internet Order) jusqu’en 2018, y compris celles rejetées par la cour d’appel fédérale le mois dernier. De telles restrictions limitent les risques liés à la montée en puissance de Comcast, sans pour autant empêcher la fusion avec Time Warner Cable. Comcast/Time Warner: The making of a cable TV giant, LA Times, 14/02/2014 L’accord entre Netflix et Comcast : une remise en cause de la neutralité du Net ? Le 23 février, Netflix a annoncé dans un bref communiqué un accord avec Comcast pour permettre à ses abonnés de bénéficier d’une meilleure qualité de streaming. Ces derniers mois cette qualité était inconstante – sutout pour les abonnés de Comcast ou Verizon. Netflix a bien tenté de pousser Comcast à augmenter le débit de la bande passante, mais la société a refusé de prendre à sa charge les coûts liés à une augmentation du traffic dont les sites de streaming et en particulier Netflix sont responsables. Depuis octobre 2013, le débit moyen pour les abonnés de Comcast a parfois chuté de 27% aux heures de pointe. Netflix n’a pas eu d’autres solutions que de céder. Comcast a confirmé que l’accord était bénéfique aux deux parties, mais pour l’instant les termes précis de cet accord n’ont pas encore été dévoilés – d’ailleurs si tous les analystes s’accordent pour dire qu’il s’agit d’un accord financier, le communiqué de presse n’évoque pas ce point. Le communiqué a annoncé l’accord dans les termes suivants : « Comcast Corporation (Nasdaq: CMCSA, CMCSK) et Netflix, Inc. (Nasdaq: NFLX) ont annoncé aujourd’hui un accord d’interconnexion bénéfique aux deux parties. Il permettra aux consommateurs Internet de Comcast de bénéficier d’une excellente qualité de streaming quand ils regarderont Netflix. En coopérant depuis plusieurs mois, les deux sociétés ont établi un lien plus direct entre Netflix et Comcast qui permet d’ores et déjà d’offrir un meilleure qualité de service aux abonnés, et qui prévoit aussi la potentielle croissance du traffic de Netflix. Dans le cadre de cet accord pluriannuel dont le termes ne sont pas divulgués, Netflix ne bénéficie pas d’un traitement de faveur. » ww.mediamerica.org 3 C’est un accord d’ « interconnexion », sans « traitement de faveur». Cela semble donc correspondre à une forme de compensation liée au volume de bande passante nécessaire pour le traffic généré par Netflix. Annoncé comme tel, cet accord ne remet pas en cause la neutralité du Net – il n’y pas de « traffic discrimination ». Mais dans les faits, la différence n’est pas bien grande aux dirsx des principaux analystes. En outre, il possible que cet accord crée un précédent et mette Netflix dans l’obligation de payer d’autres FAI pour avoir la même qualité de streaming – de même que les FAI pourraient demander une compensation financière aux autres founisseurs de contenus. Cet accord a été annoncé à peine 10 jours après l’annonce du potentiel rachat par Comcast de Time Warner pour environ 45 milliard de Dollars. Netflix paying Comcast to stream its content smoothly, Venturebeat, 23/20/2014 Comcast’s deal with Netflix makes network neutrality obsolete, Washington Post, 23/02/2014 La stratégie numérique et la gouvernance internationale, enjeux centraux du congrès State of the Net 2014 Le 28 janvier a eu lieu la 10ème édition du State of the Net, principal congrès annuel dédié au rôle des politiques publiques dans le domaine de l’économie numérique. Tom Wheeler, chairman de la Federal Communications Commision, Penny Pritzker, Secrétaire au Commerce, le représentant Bob Goodlatte (R-VA), le CEO de Dropbox Drew Houston et le président de l’ICANN Fadi Chehadé sont notamment intervenus. La stratégie numérique, vecteur de croissance et d’emplois Les représentants de l’administration Obama ont rappelé que la politique de soutien à l’économie numérique s’inscrivait dans le cadre plus général de la politique du soutien à l’emploi et à la croissance. De manière plus précise, la Secrétaire au Commerce a fixé 5 priorités à l’intervention publique dans l’économie numérique : - Le développement du haut et du très haut débit sur le territoire, dans la continuité des programmes issus de l’American Recovery and Reinvestment Act (ARRA) administrés par la NTIA ; - La mise à disposition de 5 GHz de fréquences hertziennes pour les entreprises de téléphonie mobile d’ici à 2020 ; - Le soutien à l’exploitation par le secteur privé des Big Data, tout en protégeant la confidentialité des données personnelles ; - La mise en place par le NIST d’une boite à outils pour assurer la cybersécurité des infrastructures stratégiques, dont une première version vient d’être rendue publique ; - La protection de la propriété intellectuelle des industries créatives américaines, qui représente 500 Md USD. Le sénateur John Thune (R-SD), co-président de l’Internet Congressional Caucus, a appelé de son côté à limiter l’intervention étatique, notamment 1) en réformant le Telecom Act de 1996, qui fixe aux opérateurs des obligations de service universel, et 2) en supprimant les textes réglementaires qu’il juge obsolètes et qui freinent selon lui l’innovation, en particulier dans le contexte de l’émergence d’une nouvelle génération de startups comme Uber et Airbnb. Vers une balkanisation d’Internet ? Au-delà des enjeux de politique numérique nationale, l’édition 2014 du State of the Net a largement porté sur les problématiques internationales et en particulier sur le modèle de gouvernance mondiale d’Internet. Le sénateur Thune s’est notamment alarmé de la montée du protectionnisme digital, en particulier en Inde et en Chine où certains textes de loi visent à instaurer une localisation forcée des centres de données. Le Digital Trade Act, introduit en décembre 2013 par les sénateurs Thune et Wyden (D-OR), propose ainsi un ensemble de principes de négociation commerciale en matière de commerce électronique. Pour autant, le leadership américain en matière de gouvernance d’Internet, qui s’était affirmé en décembre 2012 à Dubaï lorsque la coalition emmenée par la délégation américaine avait bloqué l’adoption d’un accord donnant davantage de pouvoir à l’ITU, est apparu fragilisé. Les révélations d’Edward Snowden ont en effet suscité de vives réactions au sein de la communauté internationale. Dilma Roussef a ainsi récemment appelé à l’organisation en avril d’une conférence portant sur la redéfinition du rôle et de la gouvernance de l’ICANN, qui devrait donner plus de poids à la communauté internationale. Le concept de Multi-Stakeholders Model (MSM), ou gouvernance décentralisée et non-gouvernementale, défendu par les entreprises et le gouvernement américains, a été critiqué pour son caractère flou et relativement abstrait. Pour sa part, Fadi Chéhadé a estimé que seule une refondation de l’ICANN accompagnée de son émancipation vis-à-vis de la NTIA permettrait d’assurer un avenir à l’organisation et au modèle actuel de gouvernance d’Internet. Ghislain de Salins Service Economique Régional de l’Ambassade de France à Washington ww.mediamerica.org 4 Le délai de diffusion des séries américaines à l’étranger reste long … sauf pour les productions Netflix. L’intégralité de la saison 2 de House of Cards, le thriller politique mettant en scène Kevin Spacey et Robin Wright, a été mise en ligne en une fois, le 14 février, sur la plateforme Netflix qui les produit. C’était la première fois qu’une série sortait le même jour dans autant de territoires différents, en l’occurrence aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Ireland, en Amérique du Sud, dans les pays scandinaves et aux Pays-Bas. Même en Allemagne, où Netflix n’est pas (encore) implanté, la série est sortie presque en simultanée afin de contenter les fans impatients. Pourtant, une nouvelle recherche du groupe IHS basé en Grande-Bretagne montre que le modèle Netflix reste une exception à la règle. La plupart des séries télévisées américaines ne sont pas diffusées avant des mois sur les chaînes télévisées étrangères. Le rapport souligne qu’il y a un délai de trois mois en moyenne, ou 84 jours plus exactement, entre la diffusion d’une série aux Etats-Unis et son lancement à l’international. Dans de nombreux pays, le décalage est encore plus important : 95 jours pour la Grande-Bretagne, 116 pour l’Allemagne et 126 pour la France. Ce délai est bien plus court en Australie où les séries américaines sont lancées un peu plus d’un mois (32 jours) après leur diffusion sur les écrans américains. « Grâce aux réseaux sociaux, le buzz autour des séries TV devient viral et mondial très vite. Certains consommateurs s’impatientent et ne souhaitent pas attendre que les programmes soient disponibles sur les chaînes traditionnelles de leur pays » déclare Tim Wescott, analyste TV chez IHS et co-auteur du rapport. « De nombreux distributeurs essayent de rendre leurs nouveaux programmes disponibles plus rapidement, en investissant même dans le doublage en langues étrangères, ce qui est généralement à la charge de l’acheteur… Toutefois, notre étude montre que ce phénomène reste l’exception et non la règle. En effet, accélérer la chronologie des médias traditionnels présente des inconvénients. » Wescott souligne que les réseaux étrangers préfèrent généralement attendre de voir les résultats de la série aux Etats-Unis avant de la programmer. De plus, les chaînes étrangères, particulièrement les diffuseurs terrestres, disposent de très peu de créneaux horaires disponibles pour de nouveaux programmes. « Pour les chaînes, il est risqué de se précipiter sur de nouveaux programmes alors qu’elles en diffusent déjà qui ont fait leurs preuves » précise Walcott. L’étude d’IHS a pris en compte 54 nouvelles séries, aussi bien des comédies que des drames, produites et diffusées aux Etats-Unis l’année dernière. Sur l’ensemble de ces programmes, seuls quatorze n’ont pas été vendus sur les marchés clés que sont la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et l’Australie. La Grande-Bretagne est le plus gros consommateur de programmes américains en volume avec 35 programmes achetés sur les 54 retenus par l’étude. Les chaînes australiennes en ont acquis 24, l’Allemagne 15 et la France 9. Despite Netflix Effect, Foreign Networks Prefer to Wait for Series, Hollywood Reporter, 20/02/2014 Disney lance une plateforme de streaming, Disney Movies Anywhere, en partenariat avec iTunes Fin février, Disney a annoncé le lancement de son service de VoD, Disney Movies Anywhere. Les films de Disney et de ses filiales, Pixar et Marvel y sont disponibles en streaming et en téléchargement. Développée en partenariat avec iTunes, ce nouveau service multiplateforme est disponible sur différents supports : tant sur ordinateur que sur iPad, iPhone et iPod Touch grâce à une application dédiée. Plus de 400 titres sont proposés auxquels s’ajoutent des bonus inédits. Le lancement de Disney Movies Anywhere a été mûrement réfléchi. Cette annonce coïncide avec la sortie en ligne du film d’animation "La Reine des Neiges" dont la bande originale bat tous les records d’audience depuis Titanic. En outre, le groupe offre actuellement une version gratuite numérique des Indestructibles aux clients synchronisant leur compte iTunes avec l’application Disney Movies Anywhere. "Cette technologie unique confirme la volonté de Disney de se développer en accompagnant les attentes et demandes des consommateurs. Nous sommes ravis de débuter avec iTunes, le premier vendeur de contenus numériques au monde", a commenté Alan Bergman, le président des studios Walt Disney. ww.mediamerica.org 5 Depuis 2008, des codes étaient inclus dans les DVD et Blu-ray de Disney ou de ses filiales Pixar et Marvel. En utilisant ces codes, il est désormais possible d’ajouter ces films – achetés alors sur des supports matériels – à sa nouvelle bibliothèque Disney Movies Anywhere. Disney avait déjà tenté de lancer un service de visionnage en ligne appelé Disney Movies Online, mais ses mauvais résultats avaient entraîné la fermeture de la plateforme en décembre 2012. Ce nouveau projet est plus abouti et correspond probablement mieux aux aspirations des consommateurs en leur permettant notamment de regarder les films sur n’importe quel support. Disney Launches Movie Streaming Service With 'Frozen' Digital Release, The Hollywood Reporter, 25/02/2014 SuperBowl 2014 : la diffusion en streaming par la Fox bat des records d’audience Le SuperBowl XLVIII, finale du championnat de football américain opposant les Broncos de Denver aux Seahawks de Seattle a battu tous les records avec la plus large audience jamais enregistrée pour la diffusion d’un événement sportif sur Internet. La diffusion gratuite et en clair était assurée en exclusivité par la chaîne de télévision Fox Sport. Pour la troisième année consécutive, un grand réseau américain a retransmis en ligne le plus grand événement sportif du monde. Le lien de streaming de la chaîne a connu une fréquentation d’environ 528 000 spectateurs à la minute, une augmentation de 4% par rapport à la rencontre de 2013 diffusée sur CBSSports.com, et de 52% par rapport à celle de 2012 sur NBCSports.com. Selon Fox, les utilisateurs de la webdiffusion sont restés connectés 47,8 minutes en moyenne, ce qui représente une progression – respectivement - de 25% et de 29% par rapport aux diffusions antérieures de ses concurrents. Pour la première fois, la chaîne Fox diffusait l’événement à la fois sur ordinateurs et tablettes numériques. Le match était disponible directement sur le site de la Fox pour les ordinateurs, tandis que les utilisateurs de tablettes y avaient accès via l’application pour iPad Fox Sports Go. Fox n’avait toutefois pas l’autorisation de diffuser le match sur les smartphones en raison d’un accord d’exclusivité entre la NFL et l’opérateur téléphonique Verizon. Totalisant en moyenne 7% de la bande passante, l’événement sportif le plus regardé de l’histoire a du reste fait chuter de 20% la fréquentation de la plateforme de streaming Netflix pendant la première mi-temps. Le pic d’audience de 1,1 million de webspectateurs, enregistré durant le troisième quart temps, reste toutefois loin du record historique pour une manifestation en direct sur Internet. Le record appartient donc toujours au Red Bull Stratos en octobre 2012, lorsque que plus 8 millions de spectateurs connectés simultanément sur You Tube avaient regardé le parachutiste Felix Baumgartner battre le record du monde de saut en chute libre et franchir le mur du son. Si l’audience Internet reste dérisoire en comparaison des 111,5 millions de téléspectateurs (meilleur audimat de l’histoire), la diffusion en ligne de grands événements sportifs est désormais un atout supplémentaire pour les chaînes sportives comme pour les annonceurs. Pour Fox Sport, cela a été l’occasion de promouvoir son application Fox Sports Go, habituellement disponible par abonnement. L’offre ne s’est pas limitée à la durée du match puisque Fox Sport a proposé, pendant 24 heures, aux utilisateurs de sa plateforme digitale la retransmission gratuite du match, des publicités et du concert donné à la mi-temps. Super Bowl: Fox’s Streaming Internet Audience Up 4% from CBS’s Last Year, Variety, 03/02/2014 Super Bowl, cumul de records (TV et web), Méta-média, 04/02/2014 ww.mediamerica.org 6 “En matière d’animation, le public américain est différent” Mathieu Béjot, délégué général de TV France International, l’association des exportateurs de programmes français, parle de la place de l’animation française sur le marché américain. Que faites-vous à New York où on vous a déjà vu il y a trois mois ? J’y étais pour soutenir mes producteurs dans le cadre des Emmy Awards où deux projets français ont été récompensés, “5 caméras brisées”, documentaire de France Télévisions, et “Les Revenants” diffusés en France sur Canal +. Là, je suis revenu pour le Kidscreen Summit, qui est une manifestation centrée sur l’animation qui attire 2 000 personnes du monde entier, producteurs, chaînes, créatifs. En même temps, il y a eu les Kids Emmy Awards où trois programmes français ont été nominés sur 6 catégories : “Spike 2” (TAT), à l’origine aussi des “As de la jungle” déjà nominés l’année dernière, “Zou” produit par Cyber Group et diffusé sur Spark aux États-Unis, et “Angelo la débrouille” produit par Teamto. Malheureusement, nous n’avons rien gagné cette fois-ci, mais trois nominés sur six, c’est un bon début. Pourquoi, d’après vous, les Anglais ont-ils remporté les prix des Kids Emmy Awards ? Il y a eu 4 prix remportés par les Anglais. On a parfois l’impression que les jurés sont plus familiers de l’animation anglaise, même si l’animation française s’exporte beaucoup. Très honnêtement, c’est bien pour nous d’arriver à ce niveau de la compétition. On est dans le top mondial. Comment se portent les exportations dans l’animation ?` Pour nous, l’animation représente toujours 35% des exportations françaises, donc c’est un secteur évidemment extrêmement important, qui voyage bien. Nous sommes le plus gros producteur d’Europe, le troisième exportateur au monde, donc il y a vraiment une industrie reconnue. On parle d’animation pour la télévision, mais le long-métrage se porte aussi très bien. On l’a vu avec “Minuscule”. Que représentent les États- Unis pour l’animation française ? C’est un marché extrêmement important, avec des chaînes présentes dans le monde entier comme Cartoon, Disney ou Spark, avec lesquelles on travaille. Aux ÉtatsUnis, il y a aussi des plateformes qui deviennent intéressantes, comme Netflix qui achète des programmes avec des deals assez conséquents en termes financiers. Le marché américain est assez dynamique. Pourtant, d’autres observateurs trouvent le marché américain hermétique. Oui, c’est assez vrai malgré tout. Il arrive assez fréquemment que l’on travaille avec Disney et Cartoon sur l’ensemble du monde, l’Europe, le MoyenOrient, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine. Mais le point noir pour nous reste les États-Unis, pas très ouvert aux productions étrangères. A quoi imputez-vous cette propension des USA à rester un peu fermés à l’animation française ? Est-ce dû aux formats, à la longueur de nos séries animées par exemple ? C’est une question de spécificité du marché américain, qui est d’ailleurs parfois un peu protectionniste de fait, et non pas de droit. Dans l’animation, les enjeux sont énormes, notamment en matière de licence et produit dérivés. Il est vrai que les sociétés américaines intégrées verticalement contrôlent la production, la diffusion le merchandising et ont tendance à favoriser leurs programmes. On entend souvent dire d’un programme qu’il a marché sur toutes les chaînes du groupe dans le monde entier.Mais non, le public américain est différent, même si on a du mal à le croire. Je pense que l’offre est différente, il existe une grosse mise en avant de leur programme. Quels sont les programmes d’animation qui marchent aux États-Unis ? Il y en a plusieurs comme “Oggy et les Cafards”. La diffusion depuis le début de l’été dernier des “Lapins crétins” sur Nickelodeon est un véritable succès d’audience. Sur Netflix, on retrouve “Garfield” (aussi à l’antenne sur Cartoon Network), ou encore “Iron Man”, “Oscar’s Oasis” (“Oscar & Co” en français), Fish’n chips. On note aussi que le programme “Eliot Kid” est présent sur Qubo, qui vient d’acheter la série “Sally Bollywood”. Quelle est la “French touch” dans l’animation ? L’esthétisme, les images léchées, une tradition de savoir raconter une histoire en images issue de la bande dessinée. Nous possédons une espèce de non conformisme, une capacité à se remettre en question à chaque nouveau projet, à travailler sur des rendus différents. Côté technique, certains spécialistes planchent sur des images 3D avec un rendu 2D par exemple. Nous ne nous restons pas sur des acquis, et nous ne sommes pas du genre à réutiliser sans arrêt la même recette qui marche. Nous avons un côté artisanal qui fonctionne assez bien. Propos recueillis par Sandra Muller à New York La Lettre de l’Audiovisuel est accessible par abonnements uniquement. Pour plus d’information : [email protected]. Pour consulter quelques articles : lettreaudiovisuel.com. ww.mediamerica.org 7 La 21st Century Fox plombée par ses chaînes de télévision Le réseau câblé américain Fox et les autres chaînes de télévision de Rupert Murdoch dépensent beaucoup, surtout dans le sport, ce qui réduit leurs bénéfices malgré des revenus en hausse. La société 21st Century Fox, qui rassemble les activités audiovisuelles du magnat des médias, a publié un bénéfice net de 1,2 milliard de dollars, divisé par deux en un an, pour le deuxième trimestre de son exercice décalé (octobre-décembre). Des effets exceptionnels entrent en ligne de compte, sans lesquels le bénéfice par action atteint pile les 33 cents qu'anticipaient les analystes. Mais le résultat d'exploitation recule, alors même que le chiffre d'affaires a progressé plus que prévu, de 15% à 8,2 milliards de dollars. Le directeur financier, John Nallen, a souligné que les résultats solides des réseaux câblés et dans les droits de retransmission avaient été annihilés par de faibles performances dans le cinéma, des effets de change défavorables et d'importants investissements. Les dépenses ont notamment bondi de 22% dans la division de réseaux câblés (Fox) suite au lancement de nouvelles chaînes, comme Fox Sports 1, et à des coûts de programmation plus élevés en particulier dans le sport. Parmi les chaînes satellitaires, les marges de Sky Deutschland sont aussi sous pression en raison du coût des retransmissions des matchs de foot de la Bundesliga, relèvent les analystes de Bank of America Les revenus publicitaires ont augmenté "légèrement" pour les chaînes à diffusion traditionnelle, et de manière plus marquée sur le câble où 21st Century Fox évoque une croissance de 7% aux Etats-Unis et de 9% à l'international. Mais elles risquent de souffrir de l'essoufflement des audiences des concours de talents “X-Factor” et “American Idol”, selon la direction, qui a aussi avoué une déception sur les studios de cinéma 20th Century Fox. Les revenus tirés des films ont décliné comparé à l'année précédente, où ils avaient été dopés par la sortie cinéma de "Taken 2" avec Liam Neeson et celle en DVD du dernier volet de la série d'animation "L'âge de glace". Chase Carey a estimé que les grosses sorties attendues dans les six prochains mois, ne suffiraient pas à redresser la barre pour l'exercice en cours. La Lettre de l’Audiovisuel est accessible par abonnements uniquement. Pour plus d’information : [email protected]. Pour consulter quelques articles : lettreaudiovisuel.com. 4 millions de visionnages pour MyFrenchFilmFestival, le festival en ligne d’Unifrance La quatrième édition de MyFrenchFilmFestival, le festival du cinéma français en ligne organisé par Unifrance, a remporté un succès sans précédent avec 4 millions de visionnages dans 205 pays. C’est en Chine, en Pologne, en Russie, au Mexique et au Brésil que les spectateurs ont été les plus nombreux. Vingt films français (dix longs et dix courts métrages) sous-titrés en 13 langues, étaient disponibles sur 20 plateformes de visionnage. Grâce à ses partenaires Youku et Tudo, MyFrenchFilmFestival a attiré 3,5 millions de e-spectateurs en Chine, ce qui représente une augmentation de 830% par rapport à la précédente édition. Le court-métrage 7ième ciel, a enregistré plus de 2,5 millions de connexions tandis qu’Augustine, le film d’Alice Winocour, qui dépeint les rapports entre un neurologiste (Vincent Lindon) et sa patiente hystérique au 19ième siècle, a été visionné plus de 350 000 fois. Le service de VoD du festival proposait des tarifs allant de 2,70 $ pour un film à 20,30 $ pour l’intégralité de la sélection. Ce site a connu une progression de 21%, pour enregistrer 46 000 visionnages en ligne. Grâce à son partenariat avec iTunes dans 80 pays, le festival en ligne a généré deux fois plus de locations de films qu’en 2013. UniFrance a également organisé 550 projections en salle aux États-Unis et en Russie avec l’aide de ses partenaires dont le distributeur américain SpectiCast. Aux Etats-Unis toujours, les films étaient disponibles sur iTunes grâce à un partenaire distributeur Under the Milky Way et sur TV5 Monde Cinema on Demand. . Bienvenue en Argentine, le film d’Edouard Deluc, s’est vu attribué le prix du meilleur réalisateur par un jury présidé par Jean-Pierre Jeunet qui comprenait la britannique Lynne Ramsay (We Need To Talk About Kevin), l’italien Marco Bellocchio (Vincere) et l’indien Anurag Kashyap (Ugly). Quant au public, il a récompensé Comme Un Lion de Samuel Collardey (30 000 votes). Le documentaire de Nabir Abdel Messeeh, La Vierge, Les Coptes et Moi, a remporté le prix de la presse internationale. Unifrance’s Online Fest MyFrenchFilmFestival Draws Record 4 Million Viewings, Variety, 20/02/14 ww.mediamerica.org 8