Compte-rendu atelier du 8 décembre 2015
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Compte-rendu atelier du 8 décembre 2015
1 Être un leader à l’ère du numérique Un chantier d’Entreprise et Progrès 2015 COMPTE RENDU DES CONVERSATIONS OUVERTES DU 8 DECEMBRE 2015 INTRODUCTION DE DENIS TERRIEN, Président d’Entreprise et Progrès …. PRESENTATION DU CHANTIER PAR PHILIPPE LE ROUX, Président-fondateur de Key People et JEANPAUL MAZOYER, DSI du Crédit Agricole. Philippe Le Roux : Il y a 40 ans, nous assistions à la chute de l’autorité qui a progressivement envahit l’entreprise, l’innovation managériale au sein de l’entreprise est donc un vrai sujet… Jean-Paul Mazoyer : Je me suis posé la question suivante : qu’est ce qui est révolutionnaire dans cette révolution qui nous entoure ? 1 L’étendue et l’utilisation du big data par les entreprises est amplifiée mais ce n’est pas une révolution en soi. 2 Le phénomène des objets connectés est aussi amplifié mais ce n’est pas non plus une révolution. 3 La mobilité. Un smartphone a plus de puissance que l’ordinateur qui a envoyé Apollo sur la Lune. De plus, le smartphone est géolocalisé et personnalisé. Une rupture est présente ici. 4 Le cloud. Toute l’information disponible est condensée dans des serveurs sur le net et cela impact considérablement le fonctionnement d’une entreprise car le collaboratif se constitue. C’est cela pour moi la véritable révolution numérique. Tout est mis en réseau, le principe de base étant qu’il y a plus d’intelligence dans des millions de personnes que dans quelques-unes ; Désormais chaque personne à une parcelle d’intelligence sur un sujet donné. Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 2 OUVERTURE MUSICALE avec Michel Podolak - métaphore du nouveau leadership par un exercice musical. Plusieurs réflexions découlent de cet exercice. 1 Le chef d’orchestre donne les consignes 2 Quand la musique s’accélère et que les choses deviennent complexes, quelqu’un doit gérer le changement, diriger le sens, montrer un chemin. 3 Quand une personne dirige les autres se sentent moins responsables. Un lien vertical se crée et le lien horizontal se délite alors. Le problème c’est que la révolution numérique a surdéveloppé l’horizontal or les process se complexifient, il faut donc un chef. Ainsi donc, le rôle du chef d’orchestre est d’être une partie du tout et donc d’avoir un pouvoir circulaire. Du collaboratif, il faut aller vers le coopératif c’est-à-dire faire œuvre commune. CONFERENCE de Bertrand Vergely, philosophe : « deviens qui tu es. Plaidoyer pour un leadership authentique ». INTRODUCTION Je viens vous parler du problème qui va nous occuper dans les prochaines années, le problème de l’identité. Suite au 1er tour des régionales, on continue de présenter le FN comme le parti de la haine. Pour autant, c’est simple et je vais l’expliquer à travers la voix d’un jeune ce matin à la radio « je vote Front National car je n’ai pas d’identité ; j’ai besoin de repères ». Pareillement, une des concierges d’un lycée dans lequel j’enseigne m’a dit que sa fille lui a déclaré s’être convertie à la religion musulmane car « les musulmans m’ont donné une religion. Tu ne m’en as pas donné ». Le phénomène FN et le phénomène musulman sont des phénomènes identitaires, c’est aujourd’hui le retour du boomerang. 1. La question de l’identité Cela fait 40 ans que tous les discours philosophiques dominants vont contre l’identité. Nous avons tout fait pour détruire l’identité en nous expliquant que l’identité c’était le mal, que la vérité résidait dans la diversité. Pour chacun, l’identité est synonyme de crispation, de crise identitaire. On y réagit négativement. Il s’avère que les grecs anciens ont réfléchi à cette notion et de manière positive. De Pindare à Nietzsche, en passant par Ovide, Saint Augustin et Goethe, la notion d’identité se retrouve dans la formule « deviens qui tu es ». Cette formule est un programme de vie qui répond aux grandes crises sociétales et civilisationnelles auxquelles nous sommes confrontées. Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 3 2. L’humanisme est-il le culte de l’homme ? Nous sommes les héritiers de l’humanisme ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous avons fait de l’humanisme le culte de l’homme. La définition de l’humanisme est inscrite sur le fronton du temple de Delphes « connais-toi toi-même et tu connaitrais le secret de l’univers et des Dieux ». Être humaniste c’est comprendre que le monde n’est pas seulement à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de nous-même. L’humanisme est l’expérience de l’intériorité, cela donne sens à la civilisation occidentale. Descartes au 17ème siècle se rend compte que dans un monde en mutation permanente, on peut seulement se repérer en s’appuyant sur soi. Socrate dans ce monde vacillant invitait déjà « à rentrer à l’intérieur de soi-même » pour avoir une clé d’interprétation du monde. Je comprends qui je suis et peut donc mieux comprendre le monde. 3. L’individu mondial, la question de l’individualité dans la diversité. Qu’est-ce que c’est qu’un individu mondial ? Ce n’est pas quelqu’un qui est ouvert à tout dans la diversité, c’est quelqu’un qui s’est approprié l’intérieur de lui-même et qui vit des expériences qui le fait vibrer et qui font donc vibrer les autres. Bernanos écrivait : « on ne comprend rien au monde moderne si on ne voit pas que tout est fait pour nous empêcher d’avoir une vie intérieure » donc l’urgence de demain c’est de retrouver une expérience intérieure. Pour reprendre Pindare « devient qui tu es, cela veut dire sois à la noblesse du trésor qui est en toi ». Le problème de la diversité est en effet un faux problème. Le problème est l’intelligence. L’identité c’est le fondement de la vie. Quelqu’un qui a une identité, c’est quelqu’un qui est relié, c’est une personne qui a une expérience profonde. Si l’on prétend que l’on peut vivre sans identité, nous verrons apparaitre de plus en plus de sectes et de fanatisme. 4. Le leader dans l’entreprise / le paradigme du « numérique » Le travail d’un dirigeant est un travail de vie, c’est d’être capable de percevoir ce qu’il y a de vivant. Un dirigeant doit être dans l’action et dans la contemplation. Faut garder son énergie et ne pas s’épuiser. Pour affronter la révolution numérique, nous avons fabriqué un faux ordre contre le désordre. Or le désordre c’est permettre à l’élément harmonieux qui est en chacun de nous de s’exprimer. Il n’y a donc pas de désordre mais une diversité qu’il faut savoir traiter comme tel. Aujourd’hui, il faut revenir à la rigueur de la pensée. Il n’y a plus de rigueur intellectuel ni aucune pensée politique de nos jours. La réflexion a laissé la place à la peur. L’ensemble de nos cultures gauchistes et libertaires regardent le monde avec 80 ans de retard. Ces modèles historiques sont dépassés et obsolètes. Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 4 Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 5 CONVERSATIONS OUVERTES sur les enjeux et posture du leader à l’ère du numérique Objectif : expérimenter cette posture de l’écoute pour partager ses expériences, ses réflexions, au sein de petits cercles de 7/8 personnes. 1) Présentation individuelle + la raison qui nous a amené à participer à cet évènement. 2) Partage et échange reprenant le cheminement en 3 temps des ateliers du chantier du mars à octobre (3X 15 min) I. II. III. Impact des mutations dans le monde des entreprises et leur nécessaire transformation Exploration de voies nouvelles pour diriger dans les entreprises à l’ère du numérique Questionnement sur la posture du dirigeant à l’ère du numérique. Jean-Luc Obin, Président de Leaderinnov Association a introduit chacun de ses 3 temps puis avant toute discussion par cercles, des dirigeants ayant participé aux 6 ateliers du chantier nous ont témoigné de ce qui les a marqués pour transformer leur pratique de dirigeants suite à ces échanges. I. Impact des mutations dans le monde des entreprises et leur nécessaire transformation Résumé des 2 1er ateliers par Jean-Luc Obin Nicolas Colin, associé fondateur de TheFamily, co-auteur avec Henri Verdier de « L’âge de la multitude : entreprendre et gouverner après la révolution numérique », 2012, Armand Colin. Pour Nicolas Colin la révolution numérique est derrière nous. Les entreprises numériques s’introduisent dans une chaîne de valeurs et la déconstruisent au fur et à mesure. L’essentiel étant ici que la multitude (le big data) est la ressource première des entreprises numériques qui « essayent d’envelopper le client dans des boucles de valeurs ». Pour cela, les dirigeants doivent être en premier lieu « les ambassadeurs des clients ». Pierre Giorgini, auteur de « la transition fulgurante : vers un bouleversement systémique du monde ? », 2014, Bayard et Président-recteur de l’Université catholique de Lille, s’est concentré sur les aspects humains de la révolution. En 1er lieu la généralisation du travail commutatif. Avec la multiplication des « Co » dans tous les domaines et le fonctionnement en réseau au service de l’homme. Pour lui le critère de l’efficacité de l’entreprise est désormais l’intensité créative. En 2ème lieu, Pierre Giorgini a approfondit l’institutionnalisation de cette ère digitale par une réflexion philosophique : l’entreprise du 3ème millénaire donne et doit donner à chaque salarié la certitude légitime, justifié et véritable que son travail contribue à l’universel. Témoignage de 2 dirigeants sur le chantier « Être un leader à l’ère du numérique ». Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 6 Gérald de Bourmont, PDG du Groupe Valori. « Dans les années 2000, j’ai vécu l’ère numérique comme une continuité du traitement de l’information que je vivais depuis une trentaine d’années. Je n’avais pas pris conscience qu’il s’agissait véritablement du cadre qui était en train d’exploser sous nos yeux. Cela m’est apparu comme une évidence lors de l’atelier avec Pierre Giorgini ». Jean-Paul Mazoyer, Directeur de la sûreté informatique du Crédit Agricole. « Nicolas Colin a évoqué le déni des entreprises confrontées à la transformation numérique. Ce qui est intéressant c’est qu’il s’agit d’un processus de l’entreprise qui réagit progressivement pour arriver à intégrer la vérité telle qu’elle est. - 1er déni « ça ne nous concerne pas » 2ème déni, « de toute façon, cela restera marginal » 3ème déni « nous sommes trop puissants pour que cela nous touche » 4ème déni « nous le faisons déjà » 5ème déni « allons voir le ministre ». Temps d’échange par cercle. II. Exploration de voies nouvelles pour diriger dans les entreprises à l’ère du numérique Résumé du 3ème et 4ème atelier par Jean-Luc Obin Carlos Verkaeren, Président du Groupe Poult, 2ème biscuiterie française avec 1 000 salariés est le type même d’entreprise libérée (suppression du budget, du comité exécutif, de l’entretien annuel d’évaluation, de l’organigramme…) La fonction de l’équipe dirigeante n’est que de manager l’autorégulation. Pour Christian Monjou, Agrégé de l’Université, enseignant chercheur à Oxford, ancien lauréat de la Fondation Besse et conférencier professionnel, les jardins sont des machines à produire du sens. Il oppose jardins à la française et jardins à l’anglaise. A Versailles prime la ligne droite. A l’ouest tout converge vers le château et à l’est tout part du château. Le jardin à la française c’est la métaphore du royaume qui exprime l’absolutisme et la méfiance à l’égard de tout changement de sens. A l’inverse le jardin à l’anglaise c’est une synthèse de la nature. Le jardin est organisé pour la marche bien qu’il n’y ait pas de sens de la marche. Chacun crée son sens en avançant progressivement. Ce type de jardins est « un cadre de création du sens pour l’action ». Témoignage de 2 dirigeants sur le chantier « Être un leader à l’ère du numérique ». Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 7 François Deneux, Partner chez Arthur D.Little. « J’ai remarqué que dans les centres de production, parcellisé à l’extrême chaque process, c’est-àdire « diviser les choses sans les comprendre » est dès que possible remis en cause par les salariés eux-mêmes. L’entreprise libérée semble une avancée naturelle de la bonne marche de l’entreprise ; ceci pour autant que le dirigeant de l’entreprise soit prêt à lâcher la bride ». Vincent Prolongeau, ancien DG de Pepsico France sur les enseignements de l’anamorphose sur le leadership. « L’anamorphose c’est une fresque qui en fonction de son coin d’observation est vue différemment. Exemple du tableau « la Trinité des Monts ». En se positionnant à la gauche du tableau, l’on voit la représentation d’un homme avec un grand manteau. En se décalant progressivement vers la droite du château, la peinture se transforme en une vue du désert dans lequel figure différents personnages. L’idée derrière cela, c’est non pas une illusion d’optique mais c’est une révélation d’une réalité dissimulée. Enseignement sur le leader d’aujourd’hui : un leader doit aider à envisager une autre perspective d’une même réalité, à se déplacer pour se remettre en cause en apprenant à ses équipes à contempler un autre message que celui perçu de prime abord. Pour susciter l’innovation, il est important de susciter la réflexion plutôt que d’imposer une vision très égocentrique. Le nouveau leader est donc peut-être moins celui qui représente le sauveur mais l’homme qui est capable de mettre en mouvement ses équipes ». Temps d’échange par cercle. III. Questionnement sur la posture du dirigeant à l’ère du numérique. Résumé des 5ème et 6ème ateliers par Jean-Luc Obin Jean Caron, agrégé de philosophie, professeur en classes préparatoires a traité avec nous du renouvellement de notre leadership dans un monde en réseaux. Pour Jean Caron les réseaux se sont imposés partout dans la pensée scientifique mais très peu dans la pensée managériale. Il nous a donc invités à réfléchir sur plusieurs comportements de leadership. Tout d’abord l’autorité morale personnelle; le leader devant montrer une certaine solidité personnelle pour inspirer confiance. Mais également, il a évoqué le fait « d’être attentif », « de prendre le temps de l’attention », de « l’obsession du lien avec ses collaborateurs », de « soutenir les liens de solidarité », « de s’ouvrir à la nouveauté », de « penser la transversalité ». Le leader doit également être le garant de l’unité de la culture d’entreprise. Pour cela, le leader doit « être en lien avec soi-même, avec sa propose spiritualité pour pouvoir être en réseau avec les autres ». Jean Pouget est l’auteur du livre « Intégrer et Manager la génération Y » (Vuibert, 2013). Après avoir donné une définition non exhaustive des générations X et Y (connectée, multitâches, dans Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 8 l’immédiateté… Jean Pouget a expliqué que ces générations ne veulent plus se fondre dans le moule de l’entreprise. Leur exigence de respect, de réalisation de soi, de reconnaissance doit être prise en compte pour que ces derniers décident d’intégrer pleinement le monde de l’entreprise. Témoignage d’un dirigeant sur le chantier « Être un leader à l’ère du numérique ». Guillaume Ancel, Directeur de la gouvernance institutionnelle d’Humanis. Plusieurs choses m’ont frappées pendant nos ateliers : les références culturelles, la collaboratif et la mise en mouvement. Sur les références culturelles, le vrai sujet est pour moi que l’entreprise arrive à changer de référence culturelle. Nous sommes entrés dans l’ère du collaboratif – notamment avec les clients le mode de fonctionnement de l’entreprise doit donc être totalement revu. On souhaite toujours inventer une entreprise numérique avec une culture d’entreprise classique ; c’est impossible. Ensuite sur la mise en mouvement des organisations, c’est moins un sujet d’autorité que d’intelligence collective. Temps d’échange par cercle. IV. Conclusion de ces conversations ouvertes : chaque participant a été invité à notifier par écrit quelques idées marquantes sur ces temps de partage et quant aux propos des intervenants. - 1) Les compétences du leader - - - Synchronisation sans partition (orchestre de Jazz) Le leader numérique est intuitif, relationnel et capable de créer de l’adhésion (vs les process, la gestion et l’organisation) l’essentiel : traiter les gens en adultes. Les chefs sont nécessaires ; nous avons besoin de héros. Le leadership authentique est notre défi Comment aller chercher les leaders et leur donner la bonne place dans nos organisations ? Disparition du chef charismatique - - Rythme / vitesse : tempo imposé par le monde qui nous entoure, un chef d’entreprise doit gérer les différents tempos (court/long). Vision vs cap Le nouveau leadership nécessite du lâcher prise Un temps pour s’inspirer Contrôle = maîtrise : avec une forme de « lâcher prise » Légitimité nouvelle basée sur l’alignement personnelle La vision comme socle de l’engagement Partager le leadership : laisser les autres émerger en tant que leaders Mon rôle de leader est de faire diminuer les frontières La « sûreté d’être » des leaders dans l’ère numérique / digitale est indispensable car Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 9 - - - - - il doit accepter qu’il n’est plus maître de rien. Avant la vision venait du leader, maintenant de tout le monde Le dirigeant de demain sera UN sans dichotomie entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Le numérique brise toute séparation. Le dirigeant doit être « bien dans ses baskets » (loin des pressions des marchés…) pour apporter exigence et bienveillance aux cellules horizontales. Nécessité pour le manager de l’écoute et de l’humilité pour comprendre et s’adapter. Faire l’expérience par soi-même afin de permettre d’aller au-delà. Prendre conscience de ses fins et de son potentiel pour déplacer son regard et celui des autres Lâcher prise Le leader est producteur de sens Le leader diffère du manager Le leadership ne se décrète pas Moins de process, plus de leadership Le leader croit savoir contempler Humilité Valeur d’exemple en déléguant et en faisant confiance Déléguer le leadership (laisser les autres émerger comme leader) L’ère du numérique est-elle l’ère de la brutalité dans l’entreprise ? Un bon leader doit s’entourer de meilleurs que lui Il faut faire expérimenter aux leaders pour les faire changer Besoin d’intériorité pour être inspirant, pour donner du sens Le leader doit travailler (donner) du sens Tuer la pyramide, casser les codes, savoir se mettre en danger, le leader on croit en - - lui, garant du concept, s’effacer pour que l’autre existe Partager le leadership Le leader est le garant de l’unité Les traits du leader à l’ère du numérique et du collaboratif : humilité, ouverture à l’autre, rigueur intellectuelle, intégrité. Importance d’inclure les comportements dans l’évaluation des managers. Le leader doit savoir casser les codes. 2) La structure de l’entreprise numérique - - - - - La loyauté n’est plus la valeur essentielle des marques mais la valeur ajoutée. L’information n’est plus la source du pouvoir Nicolas Colin « quand on me sort une liste de valeurs, je sais que je vais être mal servi » L’entreprise « libérée » fonctionne en cohérence avec nos racines profondes. Conditions de l’entreprise libérée à succès : des petites équipes, niveau de qualification et d’éducation suffisants Respecter les temps longs (jardins) Le tout digital menace = anxiogène Pas de sentiment d’énormes révolutions seulement la révolution des outils Dans un monde numérique : socle de valeurs partagées, respect « mérité » en fonction de que « l’on est » et ce que l’on fait, reconnaissance, management ouvert, compétence - télescopage des différents temps (ex : l’image d’un enfant qui se noye télescope tous les agendas des gouvernements sous la pression des opinions publiques connues). Ouverture : 1) accueillir la complexité 2) culture apprenante Clarifier les valeurs et principes 1) les piliers culturels Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 10 - - - - - 2) l’identité partagée Quelle mécanique mettre en œuvre ? « organisation horizontale » ne veut pas dire « non structurée » Nous gérons les finances et les ressources humaines mais nous ne gérons pas de la même manière la ressource la plus précieuse, le temps. Référence culturelle : comment la changer ? La mise en mouvement Ancrer les collaborateurs à avoir une vision Dans un monde de changement la relation client peut représenter un fil conducteur. Changer de référence culturelle Besoin de sens, besoin de répondre à la question « pourquoi on le fait ? » Enjeu de créer du lien en utilisant le numérique La génération Y nous interpelle, bouleverse les codes avec comme vertu un équilibre personnel retrouvé. Collecte de l’information et de l’intelligence Le numérique déplace et interroge Appauvrissement du contenu Le sens est mobilisateur / fédérateur Le numérique est une opportunité de se réinventer Rupture numérique et rupture sociétale = double rupture L’entreprise est aussi un lieu d’identité Les libertés individuelles que permet le numérique redonnent du sens et de l’importance à l’œuvre commune et aux relations humaines La fin du principe de précaution Courage ! audace ! prise de risque ! Impossibilité de travailler sans sens Le désir n’est pas un levier souvent utilisé - - - - - - - - L’accès à l’information n’est plus synonyme de pouvoir Mettre l’humain au centre Question du temps dans la conduite du changement (temps du numérique, temps de l’organisation, temps pour les dirigeants, temps pour la collaboratif) Dans ce monde qui bouge, il faut s’appuyer sur le sens et la culture Leaders inspirants On part quand on est déçu par l’entreprise et par son insertion Face aux risques de débordement du numérique et de ses acteurs majeurs, le contre-pouvoir de la génération montante est nécessaire, écoutons-les. Savoir se donner le temps de la transition Quoi qu’il se dit, les Etats ont les moyens de réguler les « menaces » de la transition numérique : c’est juste une question de volonté, n’ayons pas peur. L’entreprise libérée oui mais avec un actionnaire patient. Le numérique conduit au monopole et à la prédation. Prédation par rapport aux concurrents et aux trésors publics. Impact de nouveaux modes de travail (freelance en communauté) La place de la responsabilité sociétale d’entreprise dans le virage numérique = mettre le collaborateur au centre Il faut oser poser la question de la dimension sociale et humaine de l’émergence de la nouvelle économie au risque de créer une vraie guerre civile. Changement de mindset (humilité, ouverture, collaboratif), mise en service de moyens (RH au cœur de l’entreprise, homme au cœur de l’organisation), incarnation (du sens, de la culture, des valeurs, collaboration, exemplarité) Le recrutement c’est 95% du travail managérial. Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 11 - - - - - - - 3) vers l’ère du collaboratif - Nécessité de la confiance Confiance : libération des énergies La demande des clients change tellement vite que les équipes doivent être capables de réagir de manière autonome Dépasser les inquiétudes individuelles Authenticité : savoir être, cohérence entre ce que l’on fait et ce que l’on doit. Responsabilisation : émergence du collectif Energie pour transformer : faire des choix Apprendre à travailler avec son écosystème (clients, fournisseurs, parties prenantes) Ancrage dans l’action et dans la relation Importance de la sincérité + cohérence Le collaboratif permet l’émergence de nouveaux leaders aussi puissants que les leaders traditionnels Confiance en soi et en les autres : oser la fierté et oser la transparence Créer une vision partagée Intériorité = sûreté d’être intérieur Espace de liberté et d’expression pour faire accueillir les contributions de tout un chacun. Donner du temps libre aux collaborateurs pour qu’ils travaillent des projets qui leur tiennent à cœur. L’ère du collaboratif L’intelligence collective pour mettre en mouvement - - - - - Numérique = ère du collaboratif Avant la planification venait du leader, maintenant de tout le monde. Encourager le dialogue indépendamment de la hiérarchie. Demander au collaborateur de contribuer non seulement avec la compétence qu’on lui reconnait, mais avec sa personnalité et ses savoir-faire personnels. Pour passer d’un mode de pensée à un autre, il faut mettre en action à l’intérieur, sortir de nos peurs pour aller vers l’autre, créer le lien, le partage ; enfin prendre le temps pour soi et écouter le silence Rendre les conditions possibles pour que les unités opérationnelles soient d’une taille qui permettent de libérer les énergies des équipes = arrêter d’en demander trop aux dirigeants et c’est à lui de faire son chemin d’introspection pour devenir porteur de sens. Collaboratif Donner de la joie : ouvrir le dialogue entre le vertical et l’horizontal et faire œuvre commune favoriser des contre-pouvoirs issus eux aussi des réseaux Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 12 LES TABLES RONDES - témoignages de dirigeants d’entreprise au cœur de la transformation, interviewés par Stéphane Marchand, Délégué général d’Entreprise et Progrès Comment ces dirigeants vivent la notion de leadership, celle qu’ils pratiquent et celle qu’ils essayent de susciter dans leur organisation ? Dirigeants : - Bertrand Bailly, co-président de Davidson Consulting Rand Hindi, fondateur et CEO de Snips Sophie Guieysse, Ex-DRH de Canal + Jean-Marc Steffann, Chief Technical Officer de la Poste Digitale Rand Hindi, décris nous ce que signifie pour toi d’être un leader ? « Dans mon entreprise, l’objectif n’a donc pas été de dicter ce que l’on était censé faire mais plutôt de créer une organisation ou le leadership naturelle émergeait et ou finalement je n’avais quasiment pas mon mot à dire. Il faut laisser les autres émerger en tant que leader ». Rand, que fais ton entreprise ? « Il s’agit d’une entreprise spécialisée en intelligence artificielle ; on s’intéresse à la relation que nous avons avec la technologie au quotidien, comment la rendre tellement intelligente que l’on a alors plus besoin d’interagir avec elle ». Qu’apportes-tu dans cela ? « Il existe une pensée fausse de dire que tout ce qui est « flat » est non structuré ; il y a énormément de structure dans une organisation horizontale. Au contraire, dans nos petits groupes de 6-7 personnes, il y a un leader clairement identifié qui drive les équipes mais chaque équipe à sa manière propre de s’organiser. Mon rôle est transversal et est beaucoup à propos de garantir la culture et la cohésion entre toutes les équipes mais non dans l’exécution au jour le jour ». Sophie Guieysse ton travail était de faire émerger des leaders au sein d’un groupe en phase de numérisation accéléré. Comment définis tu les leaders ? « Dans le monde des médias, nous avons vécu une digitalisation accélérée. Face aux GAFA, nous avons dû nous adapter très vite. Avant même de parler de leader, ce qui révolutionne les organisations, c’est la nécessité de casser les silos et de faire travailler beaucoup plus rapidement ensemble différentes composantes de l’entreprises (marketing, commerce, techno…) pour arriver à changer le produit proposé au client en lui proposant une autre expérience. Il apparait important d’identifier les talents qui sont capables de faire travailler ensemble des gens très différents. Nous passons d’un leadership très hiérarchique à un leadership d’influence ou le leader doit savoir repérer les clients partout et surtout doit avoir la capacité d’entrainer des équipes très diverses ». Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 13 Bertrand Bailly, chez Davidson Consulting (société de 1 400 consultants spécialisé dans le conseil en technologies), quel est le secret pour être 1er du classement Great Place To Work et que fais-tu de plus que les autres entreprises en tant que leader ? « Nous avons construit la boîte sur le modèle de l’entreprise horizontale. Note modèle, conçu pour 70 personnes, comprend plusieurs dizaines d’entités de 70 personnes avec un dirigeant qui gère chaque entité. Nous avons ainsi détruit la pyramide en reconsidérant totalement le rôle du boss. Mon rôle c’est d’animer la réflexion autour de la marque. Mon rôle c’est que les patrons de chacune des entités soient bien alignés sur le projet d’entreprise et sur la façon de le décliner opérationnellement ». Jean-Marc Steffann, la Poste possède la plus grosse flotte de smartphone au monde, l’outil est là. Comment vous vivez ce leadership à l’ère du numérique ? Penses-tu que l’outil crée les leaders ou les leaders se servent ils simplement des outils ? « 250 000 personnes travaillent à la Poste dont 100 000 facteurs ; d’ici quelques années il n’y aura quasiment plus de courrier. Nous sommes prêts et abordons déjà cette transformation numérique (les facteurs sont équipés de smartphone, les livraisons s’adaptent aux disponibilités du client,…) Etre un leader c’est donc ne pas avoir peur des ruptures. Expliquer au sein d’une organisation de 250 000 personnes qu’il va y avoir des ruptures, c’est compliqué à gérer. Pourtant, en tant que leader il faut qu’on imprime à la Poste la compréhension de ces changements ». Sophie Guieysse, tous les mots à la mode sur le numérique « en réseaux », « la hiérarchie écrasée », « la génération Y », « digital native », pourrait laisser penser que nous assistons à la fin du management ? As-t-on besoin de plus ou de moins de leadership ? « Nous passons d’un leadership de la possession à un leadership du partage. Les leaders de demain seront dans des approches collaboratives, les jeunes préfèrent partager plutôt que posséder. Au niveau des voitures, des appartements… nous changeons complètement de paradigme. Les jeunes ont besoin de beaucoup de liberté d’action mais avec un cadre clair, un objectif clair et du sens. » Question anonyme : avez-vous un DRH chez Davidson Consulting ? Et la politique de rémunération ? Bertrand Bailly : « Nous n’avons pas de DRH car la responsabilité RH opérationnelle est à la charge des managers des équipes ; nous avons simplement une petite équipe groupe qui phosphore sur les aspects RH et qui s’occupe des obligations légales. La gestion avec les délégués du personnel est de la mission des dirigeants. La politique de rémunération quant à elle est définie collectivement. La question reste : comment objectiver la performance et augmenter les salaires en conséquence ? » Tu es plutôt hostile au concept d’entreprise libérée ? Bertrand Bailly : « Je pense qu’on ne décide pas des valeurs de l’entreprise collectivement. Les valeurs précèdent le boulot opérationnel. Aujourd’hui si l’on me demande si la transparence est une valeur du Groupe je dirais non mais de fait nous sommes hyper transparents : le forum Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier 14 interne n’est absolument pas modéré, l’ensemble des chiffres de l’entreprises sont communiqués aux salariés… » Rand Hindi, tu quadruples tous les 6 mois, penses-tu qu’à un moment tu vas arriver à la limite du système que tu pratiques actuellement, as-tu déjà anticipé le leadership d’après ? « Aucun modèle n’est fixe, nous n’avons pas la solution qui marchera dans 10 ans. Finalement tout cela se rapproche de la question du recrutement. Sur le recrutement, nous avons très rapidement pris conscience que les CV ne servent à rien. Nous avons remplacé cela par un questionnaire sur notre site avec 3 questions dont la suivante : « racontez-nous quelque chose que vous avez hacké et hacké dans le sens ou vous avez trouvé une solution créative qui n’était absolument pas la solution intuitivement naturelle ». Avec ce genre de questions, on voit tout de suite ceux qui réfléchissent un peu comme nous. Dans un 2ème temps, on leur envoie un petit challenge. Cela leur permet également de comprendre sur quoi ils travaillent. C’est très important pour eux aussi de décider s’ils veulent vraiment intégrer la société. Ensuite on les invite à travailler 2 jours avec nous. A la fin du process, il n’y a plus strictement aucun doute sur le fait de savoir si la personne fait ou non partie de la société. Une fois qu’une offre a été faite à quelqu’un, il est en fait déjà intégré. Aujourd’hui, je ne suis plus responsable de toutes les personnes que l’on recrutent ». Cela peut-il durer ? « Je ne sais pas. On sait exactement où nous souhaitons être dans 10 ans et où nous nous situons actuellement mais nous n’avons aucune idée du chemin restant à parcourir. Il faut être agile. Darwin disait « que ce ne sont pas les plus forts qui s’en sortent mais ceux qui s’adaptent le plus vite ». Bertrand Bailly « je crois aussi que le plus fondateur dans la réussite d’une entreprise, c’est le recrutement. Bien recruter c’est 95% du travail, les gens sont alors faciles à manager. Les directeurs de nos entités (de 70 personnes), je les vois seulement une fois par an, cela suffit car ils portent pleinement le projet de Davidson Consulting, ils ont été bien recrutés ». Sophie Guieysse « le recrutement c’est la clé. Il faut faire attention de ne pas que recruter des gens à son image car pour se développer à mon sens, il faut sortir du cadre, avoir une longueur d’avance. Pour cela, il est important d’avoir une organisation collégiale avec des gens qui ont un regard différent. Conclusion par Denis Terrien A Entreprise et Progrès nous sommes des dirigeants humanistes, pragmatiques et optimistes. La manière dont nous avons abordé ça c’était de repartir sur et de nous-mêmes, sur l’homme en tant que leader de nos entreprises. En tant que dirigeant, il est de notre rôle de faire basculer nos équipes d’un point A à un point B ; la difficulté étant que nous ne savons pas très bien ou se situent le point B. Il faut donc simplement avoir confiance en soi pour apporter, faire basculer nos équipes dans un univers totalement inconnu. Pour conclure « si on arrive à équilibrer respect de l’humain et performance économique, nous pensons que la société s’en portera mieux ». Entreprise et Progrès – 41 boulevard Malesherbes – 75008 Paris Tel : 09 83 72 80 25 - Site internet : www.entrepriseprogres.com Version du 4 janvier