Courbe d`apprentissage de la promontofixation par voie - sifud-pp
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GUYOMARD Aurélie Interne 9ème semestre Gynécologie- Obstétrique CHU DIJON – Pr SAGOT Diplôme Universitaire de Statique Pelvienne et Urodynamique CHU Nimes-Montpellier. Pr MARES Année universitaire 2011-2012 Courbe d’apprentissage de la promontofixation par voie laparoscopique : A propos d’une série de 50 patientes Torflex de K. Army 1 SOMMAIRE RESUME........................................................................................................................................................ 3 INTRODUCTION.......................................................................................................................................... 4 PATIENTES ET METHODES ...................................................................................................................... 4 Patientes...................................................................................................................................................... 4 Technique opératoire .................................................................................................................................. 4 Données péri-opératoires............................................................................................................................ 6 Tests statistiques......................................................................................................................................... 6 RESULTATS ................................................................................................................................................. 6 CONCLUSION ............................................................................................................................................ 10 REFERENCES ............................................................................................................................................. 11 2 RESUME Objectifs : L’objectif de cette étude était d’évaluer le nombre de procédures nécessaires pour acquérir la technique de promontofixation par voie cœlioscopique. Patientes et méthodes : Il s'agit d'une étude rétrospective de 50 patientes. L’ensemble des patientes a été pris en charge par un seul chirurgien qui avait une pratique régulière de la cœlioscopie. La courbe d’apprentissage, la durée d’intervention, le taux de laparoconversion et les complications per- et post-opératoire ont été évaluées. Résultats : Les patientes ont été réparties en 2 groupes de 25, comparables en âge et en Indice de Masse Corporelle. La durée opératoire est significativement plus courte pour le deuxième groupe : 162,8 min vs 132,6 min (p<0.0001). Il n'y a pas de différence en terme de complications per- (4% vs 0%) ou post-opératoires. Il n'y a eu aucune laparoconversion. Discussion et conclusion : Il s'agit donc de la première évaluation de courbe d'apprentissage de la promontofixation cœlioscopique dans notre centre. Vingt-cinq procédures sont nécessaires pour s'approprier la technique, ce qui doit motiver les équipes chirurgicales à diffuser largement cette technique fiable et reproductible. Mots-clés : courbe d’apprentissage, promontofixation, laparoscopie. 3 INTRODUCTION La cure de prolapsus génito-urinaire par suspension utéro-vaginale par voie abdominale est une technique déjà ancienne mise au point en 1958 par les professeurs Huguier et Scali 1 puis diffusé plus largement à partir de 1974 2. Le développement des techniques cœlioscopiques ainsi que l’expérience obtenue par l’utilisation de matériel prothétique 3;4 dans la voie d’abord vaginale ont contribué au développement de la promontofixation par voie cœlioscopique. La faisabilité et l'efficacité de cette technique a déjà été démontrée à plusieurs reprises 5-10. La complexité de cette procédure et son délai d’apprentissage freine sa large diffusion. Afin de définir le nombre de cas nécessaire pour acquérir la technique opératoire et pour évaluer la morbidité pendant la phase d’apprentissage, nous avons analysé les données péri-opératoires des 50 premières patientes bénéficiant de cette technique dans notre service. PATIENTES ET METHODES Patientes Il s’agit d’une série rétrospective cas témoin réalisée sur une période de six ans et trois mois, de mai 2006 à août 2012, au sein du service de Chirurgie Gynécologique du Centre Hospitalier Universitaire de Dijon. Cinquante patientes ont bénéficié par le même chirurgien d’une promontofixation par laparoscopie pour un prolapsus symptomatique avec hystéroptose prédominante. La population a été répartie en deux groupes (1 et 2) de 25 patientes par ordre chronologique. Technique opératoire La patiente était installée en décubitus dorsal, genou fléchi à 30°. Un sondage urinaire et une canulation utérine étaient mis en place. Le pneumopéritoine était réalisé 4 par open-cœlioscopie. Quatre trocarts étaient nécessaires : deux de 10mm : en ombilical et en hypogastrique médian puis deux de 5mm : deux en fosse iliaque droite et gauche. L'exposition était facilitée par un Trendelenburg marqué et la fixation percutanée du sigmoïde à l'aide d'une aiguille droite de Mersuture 0. Le premier temps opératoire comportait la dissection du promontoire et l'ouverture du péritoine le long du bord droit du rectum jusqu'au douglas. Ensuite la dissection de la cloison recto-vaginale était réalisée jusqu'aux élévateurs de l'anus. Puis la dissection de la cloison vésico-vaginale était faite jusqu'au tiers inférieur du vagin avec réalisation d'une fenêtre dans le ligament large à droite. Classiquement, l’utérus était conservé, sauf en cas de pathologies bénignes associées. La pièce était alors extraite avec le morcellateur utérin. Le matériel prothétique utilisé était un treillis synthétique macro-poreux non métallique de polypropylène à double brin : Prolène® (Johnson and Johnson Gateway laboratory, USA). Il s'agit d'un matériau qui génère peu d'érosions et d'infections 9. Ce treillis fait partie du type I de la classification d'Amid des biomatériaux 11. La bandelette postérieure était découpée à la demande. Elle était fixée à la paroi vaginale postérieure et aux releveurs, à l’isthme utérin au niveau du torus et aux ligaments utéro-sacrés droit et gauche par six points résorbables de vicryl. La plaque antérieure, découpée à la demande était fixée à la paroi vaginale antérieure et à l’isthme utérin par quatre points de vicryl résorbables. Puis elle était passée par la fenêtre du ligament large. Les bandelettes antérieure et postérieure étaient ensuite fixées sur le ligament prévertébral, en réalisant une certaine traction, à l’aide de tackers ou par un fil non résorbable de térylène 0. Ce geste pouvait être associé, en fonction de la clinique à la cure d’une incontinence urinaire d’effort par mise en place d’une bandelette sous-urétrale de type TOT (trans-obturator tape) et/ou à une périnéorraphie postérieure. De même, une fermeture complémentaire du cul de sac de Douglas par douglassectomie pouvait être réalisée selon les cas pour éviter le risque d’elytrocèle ou pour traiter une entérocèle. 5 Données péri-opératoires La courbe d’apprentissage, la durée d’intervention, le taux de laparoconversion et les complications per et post-opératoire ont été évaluées. La durée opératoire a été calculée de l’open-cœlioscopie jusqu’à la fermeture cutanée des sites de trocarts. Les gestes associés : TOT, amputation du col n'ont pas été comptabilisés. Les données des 25 premières patientes ont été comparées aux données des 25 dernières patientes. Toutes les complications ont été recensées. Parmi les complications postopératoires, on distingue des complications mineures et majeures survenues dans le mois suivant l'intervention. Tests statistiques Une analyse descriptive statistique de la population a été réalisée. Pour comparer les moyennes et les données quantitatives péri-opératoires, un test de normalité (Shapino-Wilk) a été utilisé pour s’assurer de la distribution gaussienne de la variable. Puis un test paramétrique t (Student) sur série appariée a été appliqué. Le logiciel XLSTAT a été utilisé pour les calculs. Le risque d’erreur de type I, α a été fixé à 5%. RESULTATS Les caractéristiques des patientes sont rapportées dans le tableau 1. L’âge moyen des patientes dans le groupe 1 est de 54,6 ans [43-75] et de 53,6 ans [37-71] dans le groupe 2. L’Indice de Masse Corporelle (BMI) moyen est de 23,9 kg/m² [20,7-27,3] dans le groupe 1 et de 24,5 kg/m² [20,4-30,5] dans le groupe 2. (Tableau 1) Une patiente dans le groupe 1 a bénéficié d’une césarienne et 2 dans le groupe 2. Dans le groupe 1, aucune patiente n’avait été prise ne charge auparavant pour une cure de prolapsus ou une chirurgie périnéale. Dans le groupe 2, trois patientes avaient déjà eu une cure de prolapsus par voie basse dont une avec mise en place de matériel prothétique antérieur ; et une patiente par voie haute. 6 Il n’y a eu aucune laparoconversion pour l’ensemble de la série. Il n’y a eu aucun décès. La durée opératoire moyenne pour l’ensemble de la population est de 147,7 [90220], de 162,8 minutes [90-220] dans le groupe 1 et de 132,6 minutes [100-175] dans le groupe 2. Elle est plus courte dans le groupe 2 (p < 0,0001 ; test de Fischer) (Figure 1). 300 Durée opératoire en minutes 250 200 150 100 50 0 0 10 20 30 40 50 Patientes Figure 1 : Courbe d'apprentissage de la promontofixation par voie cœlioscopique La durée d’hospitalisation est de 4,92 jours [3-8] dans le groupe 1 et de 4,2 jours [3-8] dans le groupe 2. La morbidité per-opératoire globale est de 2% (4% vs 0% respectivement dans chaque groupe). La morbidité post-opératoire (complications majeures) globale est de 4%. 7 Dans le groupe 1, en per-opératoire on retient une plaie vésicale suturée immédiatement. En post-opératoire, on retient deux complications majeures : une occlusion sur bride nécessitant une reprise chirurgicale à J10, une désinsertion de la plaque antérieure à 3 semaines et deux complications mineures : une infection urinaire et un hématome sur orifice de trocart. Dans le groupe 2, on ne retient aucune complication per-opératoire. En postopératoire, on note 5 complications mineures : 3 épisodes de constipation chroniques résolus à 2 mois et 2 épisodes de rétention aiguë d’urines nécessitant des sondages urinaires pendant 4 jours. Groupe 1 Groupe 2 : 25 premières patientes 25 dernières patientes 54,6 [43-75] 53,6 [37-71] NS 23,9 [20,7-27,3] 24,5 [20,4-30,5] NS Antécédents de césarienne 1 2 NS Antécédents de chirurgie du prolapsus 1 4 NS Durée opératoire moyenne [min-max] 162,8 [90-220] 132,6 [100-175] < 0,0001 4,92 [3-8] 4,2 [3-8] NS Laparoconversion 0 0 NS Complications per-opératoires 1 0 NS Complications post-opératoires 4 5 NS Majeures 2 0 NS Mineures 2 5 NS Âge moyen [min-max] Indice de Masse Corporelle (BMI) moyen [min-max] Durée d’hospitalisation moyenne [min-max] p Tableau 1: Résumé des caractéristiques des patientes et des données per- et post-opératoires. 8 DISCUSSION Comme le montrent plusieurs séries de la littérature 3;8;12 , la promontofixation cœlioscopique est une technique fiable et reproductible. Dans la littérature, à notre connaissance, il n’y a aucune étude évaluant la courbe d’apprentissage de la promontofixation cœlioscopique. On retrouve tout au plus quelques données dans des études de faisabilité. Cette chirurgie efficace et reproductible 10 fait partie des techniques de chirurgie cœlioscopique avancée. A ce titre, elle nécessite un minimum d’acquis concernant notamment les temps de dissection des fosses para-vésicales et para-rectale et les techniques de sutures surtout pour le temps de fixation postérieur de la bandelette. La morbidité per-opératoire est faible (une plaie vésicale en début d’expérience) et l’absence de laparoconversion confirme la faisabilité de la technique. Ces données confirment celles d'autres séries : taux de conversion variant de 0% 12 à 7.2% 13 et taux de complications per-opératoires majeures variant de 0% 12 à 9% 8. La plaie vésicale est la complication dominante avec une fréquence moyenne de 5% 8. Les complications majeures post-opératoires semblent moins élevées dans le deuxième groupe mais sont liées aux caractéristiques des patientes. La patiente ayant présenté une occlusion sur bride au 10ème jour post-opératoire avait des antécédents d’hystérectomie pour rupture utérine au décours d’un accouchement, d’annexectomie avec plaie urétérale bilatérale et une cure de prolapsus par voie basse en 2005. Elle avait présenté des épisodes sub-occlusifs avant la promontofixation. C’est d’ailleurs chez cette patiente qu’a eu lieu la plaie vésicale. De plus, la désinsertion de la bandelette antérieure est survenue chez une patiente ayant présenté un effort brutal de soulèvement trois semaines après l’intervention. Dans une série de 77 patientes prises en charge pour une promontofixation avec hystérectomie et Burch dans le même temps opératoire, Cosson et coll. 13 en 2002 retrouvait également une diminution de leur temps opératoires entre leur dix premières et dix dernières patientes (286 min vs 180 min respectivement). 9 Par contre, Cheret et coll. 8 ne retenait pas de différence significative de la durée opératoire entre leurs onze première et onze dernières patientes avec respectivement une durée moyenne de 160 puis 150 min. Dans notre série, la courbe d’apprentissage est relativement courte puisqu’on retient une différence significative de la durée opératoire à partir de la 25ème patiente. Le taux de complication est identique dans les deux groupes. Les limites de notre étude sont le caractère rétrospectif et l'absence d'appariement sur les antécédents chirurgicaux, cependant c'est le deuxième groupe qui présente les antécédents les plus importants. Au total, ces résultats doivent encourager la large diffusion de la promontofixation par voie cœlioscopique qui constitue réellement la technique de référence pour l'hystéroptose de la femme jeune. CONCLUSION Nous rapportons la première évaluation de la courbe d'apprentissage pour la promontofixation par voie cœlioscopique dans notre centre. Le nombre de procédures nécessaires pour acquérir la technique se situe autour de 25. La promontofixation cœlioscopique est une technique faisable, efficace et reproductible. La courbe d'apprentissage étant relativement courte, sa diffusion doit être faite largement. 10 REFERENCES 1. Huguier J, Scali P. Posterior suspension of the genital axis on the lumbosacral disk in the treatment of uterine prolapse. Presse Med 1958;66:781-84. 2. Scali P, Blondon J, Bethoux A, Gerard M. Operations of support-suspension by upper route in the treatment of vaginal prolapse. J.Gynecol.Obstet.Biol.Reprod.(Paris) 1974;3:365-78. 3. 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Laparoscopic promontofixation feasibility study in 44 patients. J.Gynecol.Obstet.Biol.Reprod.(Paris) 2001;30:139-43. 9. Agarwala N, Hasiak N, Shade M. Laparoscopic sacral colpopexy with Gynemesh as graft material--experience and results. J.Minim.Invasive.Gynecol. 2007;14:577-83. 10. Maher C, Baessler K, Glazener CM, Adams EJ, Hagen S. Surgical management of pelvic organ prolapse in women: a short version Cochrane review. Neurourol.Urodyn. 2008;27:3-12. 11. Amid P. Classification of biomaterials and their related complications in abdominal wall hernia surgery. Hernia 1997;1:15-21. 12. Rivoire C, Botchorishvili R, Canis M, Jardon K, Rabischong B, Wattiez A et al. Complete laparoscopic treatment of genital prolapse with meshes including vaginal promontofixation and anterior repair: a series of 138 patients. J.Minim.Invasive.Gynecol. 2007;14:712-18. 13. Cosson M, Rajabally R, Bogaert E, Querleu D, Crepin G. 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