Qu`est-ce qu`un esclave ?

Le poison de la conception
inégalitaire de l’homme
Qu’est-ce
qu’un esclave ?
OUT être humain totalement privé de liberté,
exploité notamment pour sa force de travail
et dépendant d’un maître de façon absolue.
A la merci de ce dernier il peut être vendu et acheté
tel du mobilier ou du bétail.
T
L’une des plus anciennes représentations d’esclaves
(environ 2100 av. J.-C.) : ces guerriers prisonniers en pierre
du temple funéraire égyptien de Pépi I er à Saqqara.
(Musée égyptien, Le Caire, Cliché G. Dagli Orti)
Terrible image de l’Homme
réduit à l’état de marchandise.
Cette photo d’un esclave
destiné à être vendu a été
prise vers 1910 dans la région
équatoriale de l’Afrique.
(Musée de l’Homme, Paris)
L’Histoire du monde depuis les origines et
sur tous les continents a été marquée par
la domination de l’Homme sur l’Homme.
L’esclavage qui en est l’une des manifestations
les plus visibles a pris des formes très
diverses selon les époques et les sociétés.
On peut distinguer deux formes
opposées d’esclavage :
L’homme soumis mais intégré au service d’une famille. Sur ce
bas-relief du IIe siècle de l’Antiquité romaine des domestiques
s’apprêtent à servir le vin.
(Rome : Musée de civilisation romaine, Cliché G. Dagli Orti)
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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.L’Homme est soumis mais est intégré
comme dans les grandes familles
antiques où, tout en restant propriété du
maître, il incarne une sorte de
domestique.
.L’Homme est cruellement traité,
vraiment réduit à l’état de chose ou
d’animal qui ferait partie d’un cheptel.
Sous le fouet d’un garde -chiourme, ces esclaves peinent à la
construction d’un temple de l’ancienne civilisation babylonienne.
(D. R.)
Le poison de la conception
inégalitaire de l’homme
L’Antiquité
ES premières traces écrites de l’existence de
l’esclavage remontent à plus de 4000 ans.
Dans le monde antique méditerranéen,
l’esclavage est une donnée économique primordiale;
il est institutionnel. Il frappe aussi bien les Blancs que
les Noirs.
L
Sur cette tablette de l’antique civilisation sumérienne
(environ 2600 ans av. J.-C.) l’acte de « vente d’un esclave mâle ».
(R.M.N.)
Ici, un esclave battu par
son maître au temps
du Nouvel Empire d’Egypte
(env. 1550 av. J.-C.).
Détail d’une fresque de
la tombe de Menna àThèbes.
(Cliché G. Dagli Orti)
Une monnaie
du temps de
Jules César avec le
chef gaulois vaincu
et prisonnier.
(D.R.)
Au temps des pharaons, en Egypte, les
esclaves sont souvent traités durement.
Ils sont parfois sacrifiés à la mort de
leur maître.
Les Gréco-Latins tentent d’éviter
la servilité d’hommes appartenant
à leur propre pays. Cependant, ils ne se
gênent pas pour leurs voisins.
Sur une gravure du XIX e siècle, libre interprétation de la mort de
Spartacus à la tête d’une armée d’esclaves révoltés contre Rome.
(D.R.)
Sur le décor d’un vase grec du IVe siècle av. J.-C. des esclaves,
prêts à servir les plats.
(Musée national d’archéologie de Naples, cliché G. Dagli Orti)
En Grèce, certains citoyens qui ne
peuvent payer leurs dettes sont
condamnés à l’esclavage. Le même sort
est réservé aux captifs et prisonniers
considérés comme barbares.
A Rome, le même mot désigne l’étranger
et l’esclave ! En dix ans, Jules César aurait
asservi et vendu un million de Gaulois.
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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Le poison de la conception
inégalitaire de l’homme
Moyen Âge :
mille ans à la peine
réservoir
d’esclaves
URANT plus de dix siècles, après la chute
de l’empire romain l’esclavage a continué
d’être pratiqué notamment autour de la
Méditerranée au profit des nations chrétiennes et
musulmanes. Les chrétiens vendent leurs prisonniers
musulmans et inversement… L’esclavage sévit aussi en
Russie, dans les Balkans et en Asie.
D
pays
importateur
Carte indiquant les grands courants du commerce
des esclaves noirs au Moyen Âge. A noter l’importance
du trafic vers l’Asie.
Intendant surveillant des paysans
moissonnant (miniature du
« Psautier de la reine Mary »).
(British Library, Ph. Bridgeman,
Giraudon)
Les marchands d’esclaves se
tournent alors de plus en plus
vers l’Afrique où des hommes
sont enlevés lors de razzias,
ramenés et vendus.
On trouve dans les archives des
grandes villes de Méditerranée,
y compris à Marseille, à
Perpignan, des textes visant à
réglementer les très anciennes
pratiques de rapts d’esclaves
organisées jusque dans les
contrées orientales de la
Méditerranée, vers la mer Noire.
Selon des historiens, le mot
esclave trouverait son origine
dans « esclavons » ou Slaves.
Après la prise de
Constantinople en 1453,
les Turcs contrôlent les Balkans.
En Europe occidentale,
l’esclavage finit par prendre
des formes atténuées comme
le servage. Les droits féodaux
évoluent. Église et seigneurs
attribuent des lopins de terre
à d’anciens captifs qui
deviennent des serfs.
Illustrant la complexité des situations au Moyen Âge, cette gravure persane montre
un « roi donnant une jeune fille chinoise à un esclave nègre ». (B.N.)
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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Des négriers
à l’abolition
De la main-d’œuvre
à coups de fouet
Carte du commerce triangulaire. Europe-Afrique-Amérique et
retour en Europe. Le commerce infâme : des hommes contre des
marchandises.
ENDANT près de quatre siècles les grands
pays européens, dans l’espoir de profits
monstrueux, ont organisé un gigantesque trafic
humain entre l’Afrique et les Amériques. Hommes, femmes
même avec enfants (supprimés dans bien des cas) sont
capturés ou achetés en Afrique et les survivants vendus
comme esclaves de l’autre côté de l’Atlantique. C’est la
traite négrière.
P
« Le débarquement à Vera Cruz ».
Cette fresque de Diego Rivera au Palais
national de Mexico évoque la barbarie
des conquérants qui marquaient
au fer leurs premiers esclaves indiens.
(Cliché G. Dagli Orti)
Allongés, enchaînés, entassés à trois par
mètre carré sur des faux ponts, les captifs
font la traversée dans d’atroces souffrances.
Les conditions d’hygiène épouvantables
favorisent les épidémies.
(D.R.)
Au XV e siècle, les populations indiennes
sont ravagées par les maladies venues
d’Europe et les expéditions des navigateurs.
Le besoin de main-d’œuvre se fait sentir
dans les plantations lointaines au climat
tropical.
La Couronne espagnole autorise
la déportation de personnes capturées
en Afrique noire. Portugais, Hollandais,
Anglais, Français dominent à tour de rôle
ce trafic négrier.
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DANS LE MONDE
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Profitant de ce commerce où l’être
humain n’est qu’une marchandise,
bien des fortunes vont
s’édifier dans les ports
de la façade atlantique
de l’Europe.
Entravés, enchaînés dès leur capture dans
les villages, commence alors
pour les esclaves l’interminable et
harassante marche vers l’océan du malheur.
Des négriers
à l’abolition
Évolution
des mentalités
LA fin du XVII e siècle apparaissent
les premières réglementations légales
concernant les esclaves : des codes,
documents à l’usage des esclavagistes, fixent le
sort des captifs.
A
Simon Bolivar donnant la liberté aux esclaves de Colombie.
Aquarelle de Luis Cancino Fernandez au musée du 20 juillet
de Bogota. (G. Dagli Orti)
Illustration allégorique
à propos du « Code noir ».
(D.R.)
Ci-dessus, l’avis de recherche de fugitifs.
A gauche un « nègre marron ».
Au XVIII e siècle, ce terme désigne
un esclave en fuite. (D.R.)
Toussaint - Louverture :
le héros de Saint-Domingue avait
rallié la France révolutionnaire
qui avait aboli l’esclavage.
En France, en 1685, le Code noir, inspiré
par le clergé, est promulgué dans les
possessions françaises. C’est un texte
terrible, pour le moins très éloigné
des conceptions actuelles des
Droits de l’Homme…
Les premiers
abolitionnistes sont les
Quakers, des protestants
américains. Ils déclarent, en
1688, l’esclavage contraire à
l’esprit du christianisme.
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DANS LE MONDE
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1776 : déclaration
d’indépendance des
États–Unis. En 1796 ToussaintLouverture, dans le sillage de la
Révolution française, établit à
Saint-Domingue une éphémère
république noire. Cependant, dans les
plantations d’Amérique, continuent de
régner la cruauté, la brutalité et
l’oppression à l’origine de nombreuses
évasions et révoltes d’esclaves,
réprimées dans le sang. Sous la
pression, entre autres, de ces
évènements sanglants, la notion
d’abolition finit par progresser. Aux
États-Unis, Nord et Sud s’opposent
notamment sur ce sujet. Cela conduit
à la guerre de Sécession. Le Nord,
victorieux, impose
l’abolition en 1865.
Des négriers
à l’abolition
Une affligeante volte-face,
une difficile victoire
LORS que la France révolutionnaire
abolit théoriquement l’esclavage en
1794 dans les colonies françaises,
Bonaparte le rétablit en 1802 !
A
En 1833, le Parlement anglais se
prononce pour l’abolition. En France un
long combat s’engage. Finalement, à
l’instigation du parlementaire de la II e
République, Victor Schœlcher, la
suppression officielle de l’esclavage est
instituée dans les colonies françaises
le 27 avril 1848.
Cela dit, la traite négrière continue.
Il faudra près de soixante ans pour que
sa mise hors-la-loi entre dans les mœurs
occidentales et soit à peu près effective.
La principale nation maritime,
l’Angleterre, devient gendarme des mers.
Vente d’esclaves en Amérique du Nord à Richmond.
Un certificat
d’affranchissement d’un
homme en 1906 au
Tanganyika, à l’époque
sous admnistration
allemande.
(Bernard Nantet)
A l’approche d’un navire
antiesclavagiste, des négriers jettent
par-dessus bord des captifs
encombrants…
(D. R.)
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DANS LE MONDE
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Des négriers
à l’abolition
A l’encontre des mentalités de leur
époque, mais tenant compte également
Trois grandes figures
antiesclavagistes
d’intérêts politiques et économiques, des
hommes de qualité se sont élevés avec
Abraham Lincoln (1809-1865) : sa vie de fils de
pionnier du Kentucky fut difficile. Avocat puis député de
l’Illinois, opposé à la guerre contre le Mexique,
antiesclavagiste, son élection à la présidence américaine
en 1860... déclenche la guerre de Sécession. Il tente par
tous les moyens d’éviter ce conflit entre le Nord et le Sud
moins pour favoriser l’émancipation des Noirs que pour
préserver l’Union. Il est assassiné par un fanatique
sudiste.
William Wilberforce (1759-1833) : cet homme
politique anglais, riche héritier préoccupé par les questions
religieuses, fonde dès 1787, la Société pour l’abolition du
commerce des esclaves. En 1823, il participe à la création
de la Société contre l’esclavage. Il meurt en 1833… un
mois avant l’adoption par le Parlement anglais de la loi
d’abolition.
(D.R.)
Détail d’une peinture de Thomas Lawrence, coll. particulière (Bridgeman-Giraudon)
force contre l’esclavage.
Victor Schœlcher (1804-1893) : ce bourgeois,
d’origine alsacienne, né à Paris, s’intéresse très tôt à la
question de l’esclavage. Dans tous ses écrits il cherche à
montrer que celui-ci avilit non seulement les esclaves
mais aussi leurs maîtres. Ami de Victor Hugo, Musset,
Gautier, Michelet, il consacre toute sa longue vie à
défendre, outre la cause des esclaves, les idées
républicaines et celle de l’abolition de la peine de mort.
Explosion de liesse à la proclamation de l’abolition de l’esclavage
en 1865 aux États-Unis.
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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Des négriers
à l’abolition
LIBERTÉ, ÉGALITÉ,FRATERNITÉ
DANS LES COLONIES FRANÇAISES
DÉCRET DU
R
27
É P U B L I Q U E
AVRIL
F
1848
R A N Ç A I S E
Au nom du Peuple Français
Le Gouvernement provisoire,
considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; qu’en détruisant le libre
arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; qu’il est une violation
flagrante du dogme républicain : « Liberté, Égalité, Fraternité » ; considérant que, si des mesures
effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de l’abolition,
il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres ;
décrète :
ARTICLE 1 .
L’esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises,
deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d’elles. À partir
de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel,
toute vente de personnes non libres, seront interdits.
ARTICLE 2.
Le système d’engagement à temps établi au Sénégal est supprimé.
ARTICLE 3.
Les gouverneurs ou commissaires généraux de la République sont chargés
d’appliquer l’ensemble des mesures propres à assurer la liberté à la
Martinique, à la Guadeloupe et dépendances, à l’île de la Réunion, à la
Guyane, au Sénégal et autres établissements français de la côte occidentale
d’Afrique, à l’île Mayotte et dépendances et en Algérie.
ARTICLE 4.
Sont amnistiés les anciens esclaves condamnés à des peines aff lictives
ou correctionnelles pour des faits qui, imputés à des hommes libres,
n’auraient point entraîné ce châtiment. Sont rappelés les individus
déportés par mesure administrative.
ARTICLE 5.
L’Assemblée Nationale réglera la qualité de l’indemnité qui devra être
accordée aux Colons.
ARTICLE 6.
Les colonies purifiées de la servitude et les possessions de l’Inde seront
représentées à l’Assemblée Nationale.
ARTICLE 7.
Le principe que « le sol de la France affranchit l’esclave qui le touche » est
applicable aux colonies et possessions de la République.
ARTICLE 8.
A l’avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout Français de posséder, d’acheter
ou de vendre des esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement, à tout
trafic ou exportation de ce genre. Toute infraction à ces dispositions entraîne la perte de la
qualité de citoyen français. Néanmoins, les Français qui se trouveront atteints par ces
prohibitions, au moment de la promulgation du présent décret auront un délai de trois ans
pour s’y conformer. Ceux qui deviendront possesseurs d’esclaves en pays étrangers, par
héritage, don ou mariage, devront, sous la même peine, les affranchir ou les aliéner dans le
même délai, à partir du jour où leur possession aura commencé.
ARTICLE 9.
Le ministre de la Marine et des Colonies et le ministre de la Guerre sont chargés, chacun en
ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret.
ER
Le supplice du collier à
longues tiges pour
empêcher l’esclave puni
de s’enfuir. Les pointes
s’accrochent dans les
branches. (D.R.)
L’ESCLAVAGE
ABOLITION
DÉFINITIVE DE L’ESCLAVAGE
Fait à Paris, en Conseil du Gouvernement, le 27 avril 1848.
Signé : les membres du Gouvernement provisoire.
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DANS LE MONDE
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Les nouveaux visages
de l’esclavage
Bons sentiments
et réalité
A lutte internationale contre l’esclavage
s’officialise en 1948 par l’article IV de la
Déclaration universelle des Droits de l’Homme
mais, dans les opinions publiques, au-delà des « bons
sentiments » convenus, bien des gens n’ont pas vraiment
rompu avec le vieux préjugé de l’inégalité entre les
hommes !
L
Affiche pour le 15 e anniversaire de la
Déclaration.
Malgré la signature de conventions
internationales, la réalité sur le terrain
est différente. Le dernier pays qui
supprime officiellement l’esclavage signe
en 1980.
La lutte contre l’esclavage rejoint alors
celle contre l’exploitation extrême des
travailleurs. La notion d’esclavage et
celles d’exploitation, de servitude
économique, se rapprochent.
A gauche, le commentateur de la radio de l’ONU, George Day. Au centre, M me Eleanor Roosevelt, présidente de
la commission des Nations unies pour les Droits de l’Homme. A droite, le professeur René Cassin représentant français
et principal artisan de l’adoption de la Déclaration universelle.
M me Eleanor Roosevelt présente la version
anglaise de la Déclaration.
(Documents Organisation des Nations unies)
Des travailleurs, en principe libres mais souvent maltraités, c’est ce
qu’exprime ce tableau « La chicotte » du peintre zaïrois Tshibumba.
(Bernard Nantet)
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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Les nouveaux visages
de l’esclavage
Traditions oppressives,
économie barbare
l’orée de l’an 2000 des rapports
internationaux récents dénoncent des
pratiques encore en vigueur dans certaines
contrées : enlèvements, vente, servitude forcée, d’hommes,
de femmes, d’enfants. Même si la vente et l’achat d’êtres
humains n’est pas toujours explicite, nombre de situations
se rapprochent de l’esclavage.
A
- Baeza
UNICEF
UNICEF - Noorani
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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De la corvée d’eau aux ateliers clandestins en passant par la
fabrication de briques, le travail épuisant reste le lot de bien
des enfants à travers le monde.
UNICEF - Horner
La servitude pour dette, déjà
pratiquée dans l’Antiquité, est
répandue dans bien des pays en voie
de développement. Pour ce qui est
de l’exploitation matérielle, sexuelle,
psychologique des plus pauvres, les
pays riches ne sont pas en reste. Par
ce biais, de grandes compagnies, ou
leurs sous-traitants locaux, préservent ou
confortent leurs intérêts ; de hauts
personnages abusent de leur pouvoir.
Même au cœur de capitales de zones
développées, des situations de travail
forcé et de servitude domestique ont été
constatées : violences, menaces,
pressions en tous genres, telles que la
confiscation par les employeurs des
papiers d’identité des « employés », ont
remplacé les chaînes.
UNICEF
Les situations sont très différentes
selon les traditions. Ici une jeune
Targui et sa « servante ».
(Bernard Nantet)
UNICEF - Pirozzi
UNICEF - Noorani
Les nouveaux visages
de l’esclavage
Les sursauts difficiles
contre le fléau
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1,72%
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5,35%
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8,95%
4,58%
17,09%
6,12%
Main-d'œuvre
Publicité
et promotion
Détaillant
Autres frais
Profit marque
et fabricant
Coût fabriquant
hors main-d'œuvre
TVA
Transport
et douanes
ES organisations officielles internationales,
les ONG ( Organisations Non Gouvernementales ) de défense des droits de l’Homme,
la conviction de militants actifs dans des associations
influent peu à peu sur la perception de l’opinion et son
attitude face aux situations d’esclavage moderne et
d’exploitation extrême de l’être humain.
L
Des campagnes européennes récentes ont
été lancées contre la fabrication par des
enfants de produits de grande
consommation… L’UNICEF, des comités,
continuent de se battre contre le fléau du
travail des enfants.
Ce petit porteur de pierres s’épuise tout au long de
journées harassantes. (Steele-Perrins - Magnum)
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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Les actions contre les pratiques iniques
ne sont pas toujours relayées de façon
efficace par l’opinion publique.
La conciliation est difficile entre les
aspirations humanistes exprimées ici ou
là dans les sociétés riches et les réalités
économiques, sociales, relationnelles
de bien des sociétés pauvres.
Ces enfants d’émigrants bangladeshi fabriquent des tapis dix heures par jour au Pakistan.
(Abbas - Magnum)
Séquelles et héritages : plaies,
métissages et renaissances
Les plaies
PRÈS l’abolition de l’esclavage aux
États-Unis en 1865, le racisme reprend de
plus belle. Par la suite, les Noirs font les frais
de l’affrontement entre les communautés.
En Afrique, la saignée humaine a provoqué un
traumatisme autant dans les esprits que dans les corps.
Le coût humain est considérable.
A
Aux États-Unis, de la fin du XIX e jusqu’à
nos jours, la violence raciale, même si elle
a pris des formes différentes, économiques
par exemple, s’est installée dans la vie
quotidienne. Les ghettos noirs et pauvres
de villes en sont une manifestation.
Aujourd’hui encore, les difficultés sociales
et économiques touchent plus les Noirs
que les Blancs. Dans le monde
développé, l’image gardée de l’Africain
réduit à la servitude alimente souvent la
xénophobie voire un racisme latent.
L’ESCLAVAGE
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DANS LE MONDE
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Horrible scène de pendaison après
lynchage. La foule blanche parade
après le forfait. (Collection Dany Lyon - Magnum)
(D.R.)
Une cérémonie d’un groupe du Ku Klux
Klan à l’idéologie raciste. Les membres
ici à visage découvert comme en signe
de provocation. (Carl de Keyzer - Magnum)
Séquelles et héritages : plaies,
métissages et renaissances
Malgré les grandes voix qui se sont
élevées contre les obstacles qui empêchent
Le long chemin
des remises en question
ou ralentissent ses progrès, la prise de
es femmes qui, comme en Afrique,
travaillaient sur la plantation et à la
maison, accomplirent en plus de leur rôle
économique, une tâche biologique, sociale
et culturelle de premier plan (…) elles furent
vraiment la femme et la mère communes.
Plus attachées encore que les hommes au
continent perdu, leurs berceuses, leurs
contes, leurs danses furent durant des
siècles le seul fil d’araignée fragile mais
infrangible qui constituait le pont avec
l’Afrique.
L
Joseph Ki-Zerbo dans « Histoire de l’Afrique noire ».
Editions Hatier.
conscience internationale de l’iniquité
de l’exploitation, de la mise en servitude
de l’homme par l’homme, n’avance pas
rapidement.
e ne suis pas esclave de l’esclavage qui
déshumanisa mes pères... Moi, l’homme
de couleur, je ne veux qu’une chose : que
jamais l’instrument ne domine l’homme.
Que cesse à jamais l’asservissement de
l’homme par l’homme…
J
Frantz Fanon « Peaux noires masques blancs ». Éditions du Seuil.
ntillais, fils d’esclaves et fils
d’esclavagistes, n’ayez plus honte,
levez-vous et soyez fiers !
C
Patrick Chamoiseau - Le Nouvel Observateur, février 1998.
Bernardin de Saint-Pierre, 1737-1814.
A
haque tasse de café sucré contient
quelques gouttes de sang noir.
L’esclavagret...
c’est la mo er
Victor Schœlch
(1833)
L’ESCLAVAGE
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ous ne verrons pas cela, nous autres,
mais du moins aurons-nous la gloire
de l’avoir pressenti. Avant longtemps
l’esclavage sera aboli à jamais et la liberté
de la race noire proclamée hautement. A
nous reviendra l’honneur d’avoir les
premiers affirmé glorieusement les droits de
nos frères à prendre place au milieu de la
grande famille humaine.
N
Delgrès qui prit en Guadeloupe la tête de la résistance aux troupes
de Bonaparte chargées de rétablir l’esclavage en 1802.
voquer Schœlcher, ce n’est pas invoquer
un vain fantôme, c’est rappeler à sa
vraie fonction un homme dont chaque mot
est encore une balle explosive…
É
Aimé Césaire, Introduction à « Esclavage et colonisation », 1948.
Séquelles et héritages : plaies,
métissages et renaissances
Métissages
et renaissances
E temps a fait son œuvre. Les communautés
noires, les États à majorité noire dans la sphère
américaine et caraïbe, ont puisé dans ce passé
terrible suffisamment d’énergie pour susciter une
renaissance sous de nouveaux cieux. Les sociétés noires
et métissées portent pour une bonne
part les chances de l’avenir de ces
régions du monde.
L
Le Martiniquais Aimé Césaire, écrivain,
poète majeur de l’univers francophone.
(AFP - Guillaud)
Martin Luther King. Il pourrait bien être l’image du vrai rêve de solidarité et de lutte pour la
dignité de tous les hommes. (Leonard Freed - Magnum)
La vitalité et la beauté
de la renaissance à
travers le geste et
l’effort sportif.
L’ESCLAVAGE
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Le monde entier partage aujourd’hui
les rythmes brésiliens, ceux des Caraïbes,
du Cap-Vert, le blues, le jazz de La
Nouvelle-Orléans. Ils sont les
signes d’excellence, parmi
bien d’autres, de
l’émergence et de la
confirmation d’une
culture métisse.
L’enthousiasme soulevé par les
exploits des sportifs noirs est aussi à
porter au crédit de la diversité humaine,
de même que l’enrichissement de la
pensée par le mélange des cultures.
Peut-être y verra-t-on l’espoir de
solidarités nouvelles entre les hommes…