Texte 1 – L`Assommoir – Émile Zola – XIXe siècle - Geert
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Texte 1 – L`Assommoir – Émile Zola – XIXe siècle - Geert
Texte 1 – L'Assommoir – Émile Zola – XIXe siècle Quelques repères Le titre C'est le nom du débit de boisson dans lequel Coupeau fait sa demande en mariage à Gervaise. Évocation de l'action violente de l'alcool sur le milieu ouvrier de la Goutte d'Or et, plus précisément, sur Coupeau et sa femme. Emblème du mal qui frappe le monde du travail parisien. Autres Macquart, le contrebandier, est alcoolique. Adèle Fouque, névrosée, devient folle et finit à l'asile. Leur vie est racontée dans La Fortune des Rougon (le premier livre de la saga). Le but de Zola est de montrer que la tare et l'alcool ne font pas bon ménage et déterminent la descendance, se transmettent. Question Comment cet incipit permet-il la présentation des personnages ? Introduction Émile Zola, né en 1840 et mort en 1902, est le chef de file du mouvement naturaliste. Après des études secondaires à Aix-en-Provence puis à Paris, il commence à écrire. Parmi ses romans figure la série des Rougon-Macquart ou « l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire », composée de 20 volumes. L'Assommoir, le 7e, retrace la vie de Gervaise, l'héroïne, petite fille du contrebandier Macquart et d'Adélaïde Fouque. Le passage présenté en est l'incipit. Lecture Annonce des axes Cet incipit in media res répond aux attentes du lecteur en lui donnant les informations et les repères nécessaires. Pour répondre à la question « Comment cet incipit permet-il la présentation des personnages ? », j'étudierai deux axes : 1. Un incipit romanesque 2. Une description naturaliste et symbolique I – Un incipit romanesque L'utilisation du plus-que-parfait avec entre autres « avait attendu » (l. 1), « s'était assoupie » (l. 3) et « avait aperçue » (l. 12)permet de situer les personnages, leur milieu, le lieu et l'époque dans lesquels ils vivaient. A – Les personnages dans leur milieu Gervaise Gervaise est citée dès le premier mot du texte. Cependant, on ne nous donne que son prénom, pas son nom de famille. Ceci donne une impression de familiarité avec celle qui sera sans doute l’héroïne. Elle est triste, désespérée, comme nous le montre le champ lexical des fleurs, avec par exemple « larmes » (l. 4 et 22) ou « sanglots » (l. 18). C'est une mère de famille : « enfants » (l. 6) et « mère » (l. 45). Elle a un amant, Lantier. Leurs noms sont souvent associés, mais le nom de l'héroïne est toujours en premier. Ils vivent ensemble : « il découchait » (l. 19). Elle est amoureuse et naïve. En effet, elle le croit quand il dit qu'il cherche du travail la nuit. Ceci nous laisse deviner sa jeunesse. Mais elle a compris qu'elle a été trahie et essaie vainement de repérer Lantier. Elle le guette, comme nous le montre le champ lexical de la vision, par exemple « guettait » (l. 8), « vu » (l. 9) ou encore « aperçu » (l. 12). C'est une femme du peuple, vêtue d'une « camisole » (l. 2) et de « savates » (l. 49). Elle vit dans un logement précaire, soigneusement décrit par l'auteur. Nous reviendrons sur ce point par la suite. Lantier On ne connaît pas son nom de famille et on ne dispose pas d'informations ni sur son identité ni sur les liens conjugaux qui l'unissent à Gervaise. On sait néanmoins qu'il est menteur : entres les lignes 7 et 8, il raconte à Gervaise qu'il va chercher du travail lorsqu'il sort tard dans la nuit. Lantier, fainéant et coureur, est manifestement tombé sous le charme de « la petite Adèle » (l. 12). Celle-ci est l'élément perturbateur. L'adjectif « petite » peut être considéré comme péjoratif et nous renseigne en même temps sur son âge : elle est jeune. De plus, elle est « brunisseuse » (l. 1213), et appartient donc au monde ouvrier. Les enfants Ils sont au nombre de deux : Claude, âgé de huit ans, et Étienne, âgé de « quatre ans seulement » (l. 43-44). Ils sont endormis et souriants, et symbolisent l'innocence. Ils représentent le bonheur dans la vie de Gervaise et la douleur de celle-ci en les regardant est croissante entre les lignes 45 et 48. Elle passe en effet d'un « regard noyé » (l. 45) à de « légers cris » (l. 47). B – Les lieux et l'époque Les informations sont plus nombreuses sur le cadre que sur les personnages et les lieux mentionnés sont réels. Ils permettent d'ancrer les personnages dans leur milieu social. Le fait que l'hôpital de Lariboisière soit en construction signifie que l'action se déroule lors de la fin de la première moitié du XIXe siècle. Par ailleurs, les nombreux noms d'établissements, comme l'hôpital ou le « Veau à deux têtes » (l. 5) donnent un impression de réel. Les boulevard extérieurs de la ligne 11 montrent une limite avec les quartiers misérables et dangereux de Paris à cette époque. L'utilisation des couleurs liées à la nappe d'incendie et la coulée noire insistent sur cet aspect. L'action se déroule dans le quartier ouvrier de la Goutte d'Or, délimité par le « boulevard de la Chapelle » (l. 52), la « barrière Poissonnière » (l. 53) et le « boulevard Rochechouart » (l. 61) ; Tous ces lieux existent et permettent d'ancrer les personnages dans le milieu ouvrier. Transition Les personnages ainsi que leur époque et les lieux dans lesquels ils vivent sont présentés selon les règles de l'incipit romanesque. Mais le texte permet également de mieux connaître leur situation sociale. II – Une description naturaliste et symbolique La situation social des personnages nous est connue par la grande place accordée à la description de la chambre et les éléments symboliques mentionnés. A – La description de la chambre Elle se déroule des lignes 23 à 39 et est à l'imparfait. Elle est conforme à l’esthétique naturaliste et nous renseigne sur Gervaise. Le regard de Gervaise Elle nous dépeint la chambre selon un plan panoramique : « faisait le tour de sa misérable chambre garnie » (l. 22-23). Le laisser-aller au cœur du texte Ce laisser-aller nous est montré par les champs lexicaux de la saleté, du manque, et de la dégradation. La seule note de gaieté — ironique — est le « rose tendre » (l. 38) des reconnaissances. La saleté « graisseuse » (l. 25), « sales » (l. 32) et « mangé par la boue » (l. 34) Le manque « manquait » (l. 24), « trois chaises » (l. 25) pour quatre personnes, « un lit de fer qui barrait la commode et emplissait les deux tiers de la pièce » (l. 27-28) La dégradation « ébréché » (l. 26), « vieux » (l. 30), « troué » (l. 33) B – Une évocation symbolique Cet incipit contient également une série d'images qui seront développées dans le cours du roman et qui annoncent l'évolution de la vie des personnages. Les deux descriptions de la vue des faubourgs réservent un belle place au couleurs rouge — l'incendie — et noire — la coulée noire. Ces couleurs ont un caractère démoniaque. De plus, le « rouge lie de vin » (l. 54) rappelle l'alcool qui sera présent dans tout le texte. Un dernière note de rouge peut être retrouvée à la ligne 63, avec les « tabliers sanglants ». Les barrière encerclent l'espace et inscrivent le thème de l'enfermement comme une condamnation en ce début de récit. A droite, les trottoirs, symbole de la misère. A gauche, l'hôpital, « alors en construction » (l. 67), qui se prépare en quelque sorte à recevoir Coupeau. Le blanc de cet hôpital peut rappeler la mort avec le linceul blanc. L'abêtissement des personnages peut se voir avec la chambre, comparable à une cage. La voracité des objets laisse penser que les personnages seront dévorés par leur milieu : « flancs vides » (l. 30), « mangé par la boue » (l. 33-34). Cette confusion de l'animé et de l'inanimé montre que le milieu dans lequel évolue l'héroïne peut être menaçant. Cette menace est renforcée par « l'odeur fauve des bêtes massacrées » (l. 64). Conclusion La présentation de cet incipit propose la confrontation d'un personnage et d'un espace. L'enfermement du personnage dans un espace clos souligne son enfermement dans une situation qui ne pourra aboutir qu'à la mort. Ouverture • Suite du romane, évolution des personnages • Les Rougon-Macquart et la place de L'Assommoir. • Le courant naturaliste • La présentation de l'incipit → comparaison