LA 3 semi rédigée - Le blog de Jocelyne Vilmin
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LA 3 semi rédigée - Le blog de Jocelyne Vilmin
Texte 3 : Émile Zola (1840-1902), L’Assommoir (1877) Question : Comment l’incipit de L’Assommoir introduit-il le lecteur dans l’univers romanesque de Zola ? Introduction : - Zola : l’auteur engagé, le chef de file du naturalisme, le projet des Rougon-Maquart - Présentation du passage : Dans L’Assommoir, septième roman de la saga des Rougon Macquart, paru en 1877, Zola a « voulu peindre la déchéance fatale d’une famille ouvrière dans le milieu empesté de nos faubourgs ». Le premier chapitre entre directement dans l’histoire « in medias res », en montrant Gervaise en proie aux difficultés. Elle attend son amant qui a découché, dans une chambre misérable où dorment ses deux enfants. En même temps, Zola met en place le cadre du roman. Lecture - Reprise de la question et reprise du plan : À travers ce passage, nous verrons de quelle manière le lecteur découvre l’univers du roman. Tout d’abord, nous étudierons comment cet incipit romanesque plonge le lecteur dans l’action ; puis, nous analyserons en quoi cet incipit est caractéristique d’un roman naturaliste ; enfin, nous dégagerons l’aspect symbolique de ce début de roman. I - un incipit romanesque : L’incipit de L’Assommoir plonge le lecteur directement dans l’univers du roman : en effet, il s’agit d’un incipit in medias res qui présente les différents personnages tout en donnant des indications sur leur milieu social et le cadre de l’histoire. a) un début in medias res : la première phrase nous fait entrer directement dans l’histoire sans aucune description préalable : Ni Gervaise, ni Lantier ne sont décrits : on ne sait de l’héroïne que le prénom et le récit commence sur une action déjà commencée comme l’indique le plus-queparfait b) les personnages : Cependant, le passage permet de cerner les personnages principaux et leurs relations le premier mot du roman « Gervaise » nous désigne ainsi celle qui sera l’héroïne du roman. Elle apparaît comme une femme délaissée par son amant à travers les expressions qui indiquent l’attente : De même son désarroi est souligné par le champ lexical des larmes qui parcourt tout le passage : Ainsi que celui de la souffrance : Quant à Lantier, on sait peu de choses si ce n’est qu’il « cherch[e] du travail » bien qu’on puisse en douter puisque l’expression est précédée de « il racontait » qui entraîne le doute sur sa véritable volonté. D’autre part, il délaisse Gervaise pour des plaisirs nocturnes : il « ne reparaissait que tard dans la nuit », va au « bal » ou séduit d’autres femmes comme le montre l’évocation de « la petite Adèle » Nous découvrons les enfants du couple par le regard de Gervaise : « Claude, qui avait huit ans » et «Etienne, âgé de quatre ans ». L’un et l’autre dorment. c) le milieu : Cette première page nous renseigne aussi sur le milieu social : les personnages appartiennent au petit peuple parisien d) le cadre : enfin les indications spatiales et temporelles sont nombreuses et entraînent par leur précision un effet de réel - indications temporelles une nuit, le nombre de jours - indications spatiales : tous les noms qui désignent les rues du quartier, les bâtiments - « Gervaise avait attendu Lantier jusqu'à deux heures du matin » - « avait attendu Lantier jusqu'à deux heures du matin », « elle reprit son attente de la nuit » -« les joues trempées de larmes », « éclata en sanglots », etc… - « toute frissonnante », « fiévreuse », etc… « brunisseuse », « bouchers » - Cf. surlignage dans le texte - Cf. surlignage dans le texte Ainsi l’incipit de L’Assommoir permet au lecteur d’entrer dans l’histoire de manière vivante tout en lui donnant les indications nécessaires à la compréhension du contexte. Il lui indique aussi par les procédés utilisés quel est le genre de ce roman II - une description naturaliste : Le point de vue utilisé et la manière de décrire l’environnement des personnages sont significatifs du naturalisme de Zola. a) le point de vue interne : En effet, toute la scène est en focalisation interne : il y a effacement du narrateur au profit des perceptions du personnage principal. C’est par le point de vue de Gervaise que le lecteur vit la scène. On peut noter l’importance du champ lexical de la vision De même les lieux sont dévoilés au lecteur par le regard de Gervaise, point de vue en surplomb : Gervaise regarde de « la fenêtre » de l’hôtel, puis regard panoramique b) le manque et la misère : De même, c’est à travers le regard de Gervaise que nous découvrons la misère du couple ainsi que de l’endroit où il vit - cf. surlignage dans le texte cf repérages dans le dernier paragraphe : « à droite », « à gauche », « presque en face d'elle » - cf. surlignage dans le texte : la misère des personnages - cf. surlignage dans le texte : la misère de l’hôtel Les procédés naturalistes de cette première page mettent ainsi l’accent sur l’intériorité du personnage principal et le milieu dans lequel il évolue. Néanmoins l’aspect réaliste de cet incipit n’empêche pas une présentation symbolique préfigurant les thèmes de l’œuvre. III - une évocation symbolique : Dans ce passage, une grande importance est donnée aux couleurs et aux lieux. Ils permettent non seulement de décrire la scène mais mettent en place des motifs qui imprègneront le roman tout entier. a) le jeu des couleurs - opposition lumière/obscurité - des couleurs menaçantes - cf. surlignage dans le texte - cf. surlignage dans le texte + figures de style b) des lieux symboliques - les lieux énoncés permettent de situer l’action du - cf. surlignage dans le texte roman dans le XVIIIe arrondissement de Paris, un quartier très populaire. Situé alors aux portes de Paris, c’est un faubourg, à la limite de la ville et des terrains vagues. Il possède sa vie propre, loin du centre de la capitale. - d’autre part, ces lieux ne sont pas dépourvus de - métaphores charge symbolique : lieux de la mort violente (les abattoirs) et de la maladie (l’hôpital) - enfin le champ de vision de Gervaise est limité, - « masse blanche de l’hôpital » emprisonné : symbole d’une certaine fatalité qui enferme Gervaise dans une vie désastreuse. À travers les éléments de la description et ce qu’ils symbolisent, le lecteur voit donc se dessiner les thèmes majeurs du roman. Conclusion : - L’incipit de L’Assommoir introduit donc le lecteur dans l’univers romanesque de Zola en l’immergeant directement dans l’histoire, en présentant les personnages et le cadre dès les premières lignes. Il met, de plus, en évidence l’esthétique naturaliste du roman grâce à la focalisation interne et à la description du milieu dont les aspects symboliques permettent au lecteur un premier aperçu des thèmes essentiels du roman. - L’entrée « in medias res » du roman lui donne une impression de réel : le lecteur a l’impression d’entrer dans l’histoire aux côtés du personnage et grâce à lui sans description préalable. En cela, cet incipit diffère tout autant de celui de La Vie de Marianne, qui présente un préambule avant que l’histoire ne commence ou de celui de La Princesse de Clèves dont l’intérêt réside dans une longue description du cadre du roman