Ce que vous pouvez faire et ne pouvez faire pour l`aider - Eki-Lib

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Ce que vous pouvez faire et ne pouvez faire pour l`aider - Eki-Lib
Ce que vous pouvez faire et ne pouvez faire pour l’aider
Quoi faire ou ne pas faire ? Voilà souvent la question que se posent les
parents et ami(e)s proches d’une personne souffrant d’anorexie et de
boulimie.
Trop souvent, on aura tendance à se concentrer immédiatement sur l’appétit
et la prise alimentaire. Il faut savoir que cette façon de faire, en apparence
bonne, aura souvent comme effet d’augmenter la tension et ainsi le désordre
alimentaire. Nous vous en reparlerons plus loin.
Il est important que vous sachiez que ces maladies, dans la plupart des cas,
sont accompagnées de beaucoup d’émotions. Habituellement, lorsqu’il devient
apparent qu’une personne souffre d’anorexie et de boulimie, ces troubles
complexes ont déjà une forte emprise sur les émotions de leur victime. Il
est important de savoir qu’habituellement quelque chose de plus profond
dérange la personne qui vit de l’anorexie ou de la boulimie. Elle canalise ses
émotions négatives en un mécanisme destructeur souvent sans en être
pleinement consciente.
La première chose que vous pouvez faire pour quelqu’un souffrant d’anorexie
ou de boulimie c’est de l’écouter. Bien souvent, la personne se sent très
seule, n’ayant personne de proche ni aucune façon de pouvoir parler
librement ce qu’elle ressent. Offrir un soutien et un amour inconditionnel
peut fournir la force dont quelqu’un avec un désordre alimentaire a besoin
pour aller chercher davantage d’assistance, ce qui est très important pour
une rémission permanente. Seul un ou une thérapeute d’expérience peut
traiter efficacement les désordres alimentaires.
Comme mentionné
précédemment, n’essayez jamais de forcer une personne avec un désordre
alimentaire à manger. Laissez cela au personnel médical si c’est nécessaire.
La famille et les amis essaient souvent d’encourager et de forcer à manger la
personne qu’ils aiment tant, pensant que cela résoudra le « problème ». Alors
que cela semble être un « bon coup d’encouragement », cette manière d ‘agir
rassure peu la personne, la laissant souvent avec la sensation qu’elle a des
réactions infantiles, un sentiment de perte de contrôle, que l’on désapprouve
Auteur : Natahlie St-Amour, Inf. B, B. Sc, M.A.(canditate) et Christian Desjardins, éduc. Psychothérapeute
Un texte du Centre de traitement des désordres alimentaires du Québec
Fondateur : AQAB
ses comportements, qu’on désire la contrôler et qu’elle nous déçoit. Les
personnes anorexiques ou boulimiques souffrent d’une énorme quantité de
culpabilités par rapport à ce qu’elles ressentent et face à leur manière d’agir
et cela inclut l’action de « manger » surtout quand elle y sont forcées. La
clé, c’est de demeurer ouvert à comprendre les sentiments de la personne et
d’en discuter avec elle, ce qui souvent la conduit à une sensation plus
confortable vis-à-vis la prise d’un repas (croyez le ou non). Garder un lien de
communication franche, une approche affectueuse, une démarche remplie
d’amour est la partie la plus importante de l’aide que vous pouvez apporter à
quelqu’un ayant un désordre alimentaire. Les discussions concernant le
désordre seront à faire préférablement en dehors de l’heure des repas.
La Famille et les ami(e)s… Comment sont-ils affectés par la personne qui
souffre d’anorexie ou de boulimie ?
C’est un choc terrible pour les parents de retrouver des évidences que leur
enfant se fait vomir, de retrouver des boîtes de laxatifs vides dans la
chambre de leur fille. Un mari est atterré lorsqu’il apprend que la raison
pour laquelle sa femme prend autant de temps à venir se coucher chaque soir
c’est qu’elle se « purge » en se faisant vomir. Les frères et sœurs de la
victime deviennent souvent les conspirateurs afin de dissimuler la vérité aux
parents. Très souvent, la personne qui souffre s’arrange pour cacher son
désordre alimentaire le plus longtemps possible.
L’anorexie ou la boulimie sont des désordres alimentaires complexes qui
affectent sévèrement la vie des parents et amis de la personne qui en
souffre. Les parents parlent souvent de la négation par leur enfant malade à
reconnaître avoir la maladie. Alors que les anorexiques vont souvent nier
avoir un problème, les personnes boulimiques prendront longtemps avant
d’avouer leur comportement alimentaire.
La tension qui s’installe à vivre avec un personne anorexique ou boulimique
peut créer des conflits dans la famille. Chaque individu impliqué sera
concerné par le comportement de la victime de manière différente amis en
général, on se sentira confus, impuissant, anxieux et peut-être même fâché.
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Tous se demandent comment aborder le problème : quelle est la bonne chose
à dire et à faire pour « l’être aimé » ; comment l’aider et surmonter la
situation?
Qu’est-ce que la famille et les ami(e)s peuvent faire pour la personne qui
souffre d’anorexie ou de boulimie.
Le premier pas à faire c’est d’exposer le problème au grand jour avec soin et
sensibilité. La personne qui souffre se sent souvent honteuse et coupable.
Initialement, elle peut se sentir trahie que le « secret » soit maintenant
connue. La colère est une émotion normale et les émotions qui y sont
associées doivent être rassemblées et gérées d’une manière constructive. Il
est important de rassurer l’être cher en lui permettant de parler sans
jugement de ce qui le préoccupe.
Il ne faut pas, par contre, s’attendre à ce que la personne change du jour au
lendemain ses comportements alimentaires. L’anorexie et la boulimie sont
des désordres alimentaires complexes et demandent su temps et de la
compréhension de la part des proches.
La personne qui souffre a également besoin d’être encouragée pour aller
chercher de l’aide professionnelle.
Pour une personne anorexique ou
boulimique qui a perdu plus de 25 % de son poids corporel « initial » sur une
courte période (habituellement 3 à 6 mois) et /ou qui éprouve une grande
variété de problème de santé tels que des douleurs sévères et fréquentes à
l’estomac, des étourdissements et de la fatigue, une température corporelle
basse, du sang dans les vomissures et/ou dans les selles, l’arrêt permanent
des menstruations (cycle menstruel), il est impératif qu’elle recherche une
aide médicale aussitôt que possible. La plupart des problèmes physiques
causés par l’anorexie sont dus à l’effet de la malnutrition et peuvent conduire
à la mort. Une personne boulimique peut souffrir également de problèmes de
santé importants : Une perforation de l’œsophage et/ou des saignements
internes de l’estomac dus aux constantes « purges », l’érosion de l’émail des
dents, une déséquilibre électrolytique (perte de potassium, chlore, Mg)
pouvant conduire à des problèmes cardiaques, un ralentissement du
métabolisme, de la déshydratation, de l’œdème, etc. Tous ces problèmes
peuvent aussi conduire tôt ou tard à la mort. Les deux désordres posent un
grand risque de santé aux femmes et aux hommes qui en souffrent, tant
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émotionnel que physique, et ils ne devraient pas rester sans supervision d’une
instance médicale expérimentée.
La personne qui vit un désordre alimentaire peut avoir tendance à vouloir
beaucoup « contrôler » les habitudes de la famille et en particulier ce qui
touche à la préparation et à l’achat des aliments.
Il est important de conserver de bonnes habitudes alimentaires mais sans
exagérations. Ce n’est pas de rendre service à la personne vivant un
désordre alimentaire que de tout changer ses habitudes alimentaires
actuelles (achats exclusifs d’aliments légers, cacher des aliments plus
énergétiques, ne plus manger de pizza ou de desserts sucrés, …) Votre
exemple en matière d’équilibre alimentaire est très important.
On
privilégiera une grande variété d’aliments santé (et non diètes) en incluant à
l’occasion des aliments plus énergétiques (crème glacée, chocolat, gâteaux,
pâtisserie, chips, …) Votre exemple lui servira plus tard lorsqu’elle voudra
rétablir un équilibre alimentaire. Cet exemple vaut également dans la façon
dont vous (la famille et les amis) exprimez vos émotions et de quelle façon
vous prenez du temps pour vous détendre, vous faire plaisir, etc. Malgré les
besoins importants qu’a une personne souffrant d’anorexie ou de boulimie, il
est important pour vous, parents et amis, de garder un équilibre et de
prendre du temps pour vous-mêmes.
Les choses à ne pas dire à quelqu’un ayant un désordre
alimentaire, et pourquoi!
« Es-tu malade? » « Pourquoi as-tu encore perdu du poids? »
D’accord, alors que vous lisez ceci vous vous dites que pourtant son état n’a
pas de « bon sens ». Rappelez-vous que la personne ayant un désordre
alimentaire a déjà une faible estime d’elle-même. Il n’y a rien de mal à
approcher une bonne amie ou un membre de sa famille à qui vous tenez et de
lui dire : « Tu as perdu beaucoup de poids et je me préoccupe de toi » d’une
manière sensible, suivi de « Je suis là pour t’écouter si tu as le goût d’en
parler ».
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Vas-tu enfin manger », « Je ne comprends pas du tout pourquoi tu ne
manges pas », Tu es bien mieux de sortir de la salle de bain tout de
suite! »
Ces mots ne témoignent pas à la personne votre amour mais lui impose votre
contrôle. Menacer une personne anorexique ou boulimique par rapport la
nourriture n’est pas du tout une bonne idée si vous essayez de l’aider.
Malgré les tensions et les frustrations que la situation peut apporter,
essayez de garder à l’idée, comme nous l’avons dit plus tôt, qu’il y a beaucoup
de culpabilité rattachée aux désordres alimentaires. Ainsi, répéter sans
cesse ces remarques ne fait que maintenir la maladie. Si vous êtes très près
de la personne, il n’y a rien de mal à demander gentiment : « Voudrais-tu
venir manger avec moi » ou « Parle-moi » en dehors de l’heure des repas en
essayant de comprendre avant tout ses peurs et ses préoccupations. Soyez
conscient que vous aurez à affronter des déceptions et que le processus de
guérison peut être lent. Il arrive trop souvent qu’avec des remarques
comme : « Vas-tu enfin manger le repas que je t’ai fait! », la personne qui
veut aider essaie inconsciemment d’apaiser son impuissance et sa propre
culpabilité de ne pas pouvoir aider.
« Pourquoi me fais-tu cela? », « Regarde ce que tu fais à ton ami(e),
ton frère, ta mère, ton mari, tes enfants, … »
Une fois encore, ce genre de remarque ne fait que maintenir la culpabilité.
La personne malade comprend en fait : « Pourquoi rends-tu tout le monde si
misérable? » et « Pourquoi nous accables-tu avec cette maladie? » Pour une
personne souffrant d’anorexie ou de boulimie ça ne sera pas perçu que
comme : « Tu ne mérites pas tout le temps que tu nous prends ». Si vous
êtes un proche de quelqu’un avec un désordre alimentaire, prenez-le comme
une opportunité pour vous d’apprendre à communiquer plus clairement et
d’apprendre à être une personne plus réceptive à la sensibilité des gens.
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Trucs de survie pour la famille et les amis.
1. C’est naturel de vous questionner et de vous sentir parfois coupable.
N’hésitez pas à aller chercher de l’aide au besoin.
2. Soyez patient! Les désordres alimentaires sont complexes et le
traitement est rarement simple et facile. On ne peut pas espérer une
guérison du jour au lendemain même si la personne suit une thérapie.
3. Gardez à l’esprit que la personne ne se réjouit pas d’être dans son
état. Cela peut être devenu une partie de sa vie ou même toute sa vie.
La famille et les amis peuvent blâmer la maladie mais pas la victime de
la maladie.
4. Encouragez la personne à aller chercher de l’aide professionnelle. Si
sa vie est en danger, insistez! Une fois que l’état physique aura été
initialement stabilisé, que les opportunités pour comprendre et avoir
accès aux traitements ont été rendus disponibles à la personne, les
démarches pour améliorer son état deviendront la responsabilité de la
personne elle-même. Elle doit décider comment elle utilisera les avis
et conseils professionnels.
5. Acceptez que la personne doive vivre une vie indépendante. Vous ne
pouvez la prendre en charge ni contrôler ses comportements même si
elle vous le demande!
La personne qui souffre de désordres
alimentaires doit sentir qu’elle contrôle sa vie.
6. L’heure des repas ne doit pas devenir un champ de bataille. Les
émotions comme la colère et la frustration ont besoin d’être
exprimées mais pas durant les repas. Réservez plutôt ces discussions
en dehors des heures de repas.
7. N’insistez pas sur les sujets de discussion qui tournent autour de la
nourriture. Discutez constamment de la prise de repas et du poids
peut encourager la personne qui souffre de la maladie à utiliser son
désordre alimentaire comme un outil pour manipuler les autres. La
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communication est ce qu’il y a de plus important. Prenez le temps de
parler – mais pas toujours de nourriture.
8. Évitez de commenter l’apparence de la personne et essayez plutôt de
l’encourager à développer des activités et des intérêts positifs qui ne
sont pas reliés à la nourriture. Prenez soin aussi d’être sensible
lorsque vous commentez l’apparence des autres car les remarques que
vous dites pourraient être mal interprétées par la personne
anorexique ou boulimique.
9. La personne avec un désordre alimentaire ne devrait pas recevoir plus
d’attention qu’un autre membre de la famille ou bien qu’une autre amie.
Montrer à la personne qu’elle occupe une place importante au sein de la
famille ou des amis au même titre que tous les autres.
10. Informez-vous sur la maladie et son traitement. Il y a plusieurs bons
livres qui parlent de ce sujet. Cherchez aussi de l’aide extérieure pour
vous-même. Un groupe d’entraide pour parents et amis, un conseiller
ou un professionnel qui possède de l’expérience pour aider les amis et
la famille d’une personne anorexique ou boulimique peut s’avérer très
bénéfique.
11. Vous ne devriez pas vous privez totalement pour le compte de l’être
cher. Continuez à vivre votre propre vie en vous souvenant que vous
pouvez être un exemple pour elle ou pour lui.
Alors, restez à l’écoute de la personne qui vous est si chère.
Et gardez l’espoir qu’elle s’en sortira!
Si vous avez besoin d’aide ou si vous connaissez une personne qui a besoin de
notre aide, n’hésitez plus à nous rejoindre. Plus vous tardez à intervenir, plus
les risques de santé sont importants. Une professionnelle de la santé et
spécialisée dans le traitement des désordres alimentaires est prête à vous
recevoir et à vous fournir de l’aide.
Auteur : Natahlie St-Amour, Inf. B, B. Sc, M.A.(canditate) et Christian Desjardins, éduc. Psychothérapeute
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