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L A R E V U E D U M É D E C I N D E DOSSIER Le genou de l’enfant sportif T E R R A I N MISE AU POINT Myalgies d’effort non vasculaires et non traumatiques INTERVIEW Un homme virtuel simule les crash-tests PRATIQUE La prescription en médecine du sport Super cross de Paris-Bercy Jeux 8-9-10mondiaux Novembre 2002 Comme chaque année, le super cross de Bercy a rassemblé des milliers d’adeptes des compétitions moto. Médecins du sport saisit cette occasion pour faire le point sur les différentes façons de pratiquer la discipline (cross, endurance, vitesse), les qualités physiques qu’elle requiert et la traumatologie qui en découle. BIMESTRIEL - NUMÉRO 55 - NOVEMBRE 2002 - 5,5 E P. 4-5 PROFESSION P. 7-11 ÉVÉNEMENT VARIATIONS SUR LE MÊME THÈME Comme chaque année, le Super Cross de Bercy a rassemblé des milliers d’adeptes des compétitions moto. Médecins du sport saisit cette occasion pour faire le point sur les différentes façons de pratiquer la discipline (cross, endurance, vitesse), les qualités physiques qu’elle requiert et la traumatologie qui en découle. < DOSSIER > Et il y a celui qui lance le marteau, discipline peu médiatique, qui se fait prendre et l’admet sans discuter, évoque ses raisons, son mal-être, et envisage très clairement les conséquences de sa franchise. Celui-là va sans doute le payer cher. Tous ont triché, probablement. Un seul l’assume. Lequel d’entre eux vous paraît le plus digne ? Peu ont dû lui témoigner de l’estime. Pourtant... D.R. Il y a celui qui explique que quelqu’un a injecté un produit dans son dentifrice ou lui a fait boire de l’eau frelatée en échangeant sa bouteille sur le bord de la piste, ou que son boucher lui a fait manger des steacks aux hormones... Il y a celui qui explique que le seul comprimé qu’il ait jamais pris est celui que vous lui avez donné pour sa migraine, la veille de sa compétition… Il y a celui qui explique qu’il ne savait pas que, sur la notice de son complément alimentaire, “ephedra” pouvait vouloir dire “éphédrine”… Il y a celui qui évite de peu une sanction, parce qu’un bon avocat a trouvé un vice de procédure dans le contrôle (...positif) … Il y a celui qui utilise le suivi longitudinal pour savoir s’il doit ou non se retirer un temps des circuits… Il y a celui dont la blessure s’éternise, dont on n’a pas de nouvelles puis qui revient dans une forme éblouissante... Il y a celui qui se métamorphose, y compris au niveau du visage, et qui explique que cela est dû à un intense travail de musculation… Il y a celui qui se découvre asthmatique, souffrant d’allergies diverses... Il y a celui qui transporte les médicaments de sa belle-mère dans son coffre… Il y a les “protégés” de disciplines phares faisant le spectacle… Autant de situations vécues ou médiatisées qui pourrissent le sport de haut niveau et n’arrêtent que rarement une carrière de façon définitive, sauf en cas de récidive ou si le sportif est âgé. SUPER CROSS DE BERCY 8-10 Nov. 2002 P. 13-19 Le genou de l’enfant sportif Le point sur les lésions traumatiques, les pathologies chroniques et le genou tumoral de l’enfant sportif. P. 21-23 INTERVIEW Accidentologie : un homme virtuel pour mieux simuler les crash-tests P. 25-28 MISE AU POINT Les myalgies d’effort non vasculaires et non traumatiques P. 29 INTERNET Les sites utiles en médecine du sport P. 30-32 PRATIQUE La prescription en médecine du sport P. 33 CONGRÈS P. 34 ABONNEMENT Retrouvez Médecins du Sport sur Internet www.menarini.fr Articles, mises au point, banque d’images, formations, événements… Hervé de Labareyre, Clinique des Lilas, Paris Directeur de la publication: Dr Antoine Lolivier - Rédacteur en chef: Dr Didier Rousseau - Rédacteur en chef adjoint: Odile Mathieu - Secrétaire de rédaction: Isabelle Ampart - Maquette: Christine Lecomte - Production: Gracia Bejjani - Comité de rédaction: DrJean-Christophe Bertrand - Dr Gilles Bruyère - Pr François Carré - Pr Pascal Christel - Dr Jean-Marie Coudreuse - Laurence Ducrot - Dr Hervé de Labareyre - Dr Olivier Fichez - Dr Jacques Gueneron - Dr Eric Joussellin - Dr Pascal Lefèvre - Dr Philippe Le Van - Dr Dominique Lucas - Dr Patrick Middleton - Dr Paule Nathan - Dr Marie-France Oprendek-Roudey - Dr Jacques Parier - Dr Gérard Porte - Dr Jacques Pruvost - Dr Philippe Thelen - Dr Hervé Zakarian. - Service d’abonnement: Elodie Tual - Photos de couverture: DPPI Cette publication est éditée par Expressions Santé, 2, rue de la Roquette – Passage du Cheval Blanc, cour de Mai - 75011 Paris. Tél.: 0149292929. Fax: 0149292919. E-mail: [email protected] - N° ISSN : 1279-1334. Imprimeur: Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne. Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs. MÉDECINS DU SPORT 3 N°55-NOVEMBRE 2002 Sommaire ÉDITO Profession ACTUALITÉS PROFESSIONNELLES En bref DOPAGE Un numéro “spécial mains” A propos de la prévention contre le dopage Analyse des résultats de l’enquête menée en Pays de la Loire au sein des pôles France et pôles Espoir. Dr Frédérique Allaire* U n questionnaire visant à connaître les habitudes en matière de prévention de lutte contre le dopage des athlètes inscrits en pôle France et pôle Espoir sur la région des Pays de la Loire a été distribué début mars 2002. La Fesum (Fédération européenne des services d’urgences mains) a pour objet d’assurer la meilleure qualité possible de soins aux blessés de la main grâce à la coordination des services membres de la fédération, ainsi que par le développement et la mise en commun des moyens d’enseignement et de recherche dans le cadre de la traumatologie de la main et des applications de la microchirurgie. La liste des centres Fesum est bien connue des SAMU et pompiers. Aujourd’hui la fédération se dote d’un numéro de téléphone unique sur l’ensemble du territoire français métropolitain. Quelle que soit la région, il suffit en cas d’accident d’appeler le : ✆0825 00 22 21 pour obtenir les coordonnées du centre FESUM le plus proche. Pôle France et pôle Espoir Les pôles France et Espoir sont des filières d’accès au haut niveau ; on en compte 29 en région Pays de la Loire. Ces structures permettent une adaptation de l’emploi du temps scolaire ou universitaire, de façon à répondre au cahier des charges de la fédération partenaire,en terme qualitatif et quantitatif concernant l’entraînement. Les réponses aux questionnaires pouvaient rester anonymes, et étaient restituées cachetées. Sur 352 questionnaires, 170 réponses ont été ré-adressées à la Direction départementale et régionale de la jeunesse et des sports (DDRJS) des Pays de la Loire. Méconnaissance des systèmes de prévention Même si cette enquête peut recevoir des critiques méthodologiques, elle souligne de grandes tendances : ● plus de 50 % des sportifs de pôle consultés ne connaîssent pas l’existence de la liste des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des substances dopantes ; ● une grande majorité d’entre eux (74 %) s’informe, auprès de leur médecin, quant à l’appartenance des médicaments prescrits, à la « liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des substances dopantes » ; ● 66 % des sportifs ne connaissent pas l’existence de l’Antenne médicale de lutte contre le dopage (AMLD). Toutefois,la très grande majorité (72 %) souhaiterait y rencontrer un médecin,puis un psychologue (17 %) ou préparateur mental (26 %).Les sportifs restent très attachés à la possibilité de pouvoir consulter en préservant leur anonymat (61 %). Quant à la situation géographique de ces antennes,elle est souhaitée pour la grande majorité au sein des centres médico-sportifs (64 %). Les attentes des sportifs Enfin, lorsqu’on leur demande, quelles informations d’ordre préventif ils souhaiteraient y trouver, ils citent : ● la liste indicative des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des substances dopantes (96 %) ; ● les modalités du contrôle anti-dopage (82 %) ; ● des informations sur le cannabis et ses effets sur les performances (81,9 %) ; ● la conduite à tenir en cas de prise accidentelle d’une spécialité pharmaceutique appartenant à la liste indicative contenant des substances dopantes. Favoriser la diffusion Il apparaît donc, à la lecture de ses résultats : ● que la distribution de la liste des spécialités pharmaceutiques françaises contenant des substances dopantes gagnerait à être diffusée plus largement,tant au niveau des Antennes médicales de lutte contre le dopage, qu’au sein des cabinets de consultation des médecins du sport; ● que la demande d’informations relatives aux effets du cannabis, du tabac et de l’alcool reste d’actualité. Des outils élaborés par la Mildt concernant ces trois substances sont à la disposition des médecins du sport,ainsi que la liste des spécialités pharmaceutiques contenant des substances dopantes, directement accessibles et régulièrement réactualisés sur le site du ministère des Sports. Enfin,cette enquête conforte le médecin dans l’idée qu’il reste l’interlocuteur privilégié du sportif pour tout ce qui a trait à la lutte contre le dopage. Pour en savoir plus www.drogues.gouv.fr www.santesport.gouv.fr * Médecin conseiller, Pays de la Loire. MÉDECINS DU SPORT 4 N°55-NOVEMBRE 2002 Les états généraux du sport L e 16 septembre dernier, lors d’une conférence de presse, Jean-François Lamour, ministre des Sports, Henri Sérandour, président du Comité National Olympique et Sportif Français et Pierre Mazeaud, Président d’honneur, lançaient les Etats Généraux du Sport. proposées au mois de décembre 2002, dans différents domaines. En matière de lutte contre le dopage, le but sera de s’interroger sur les façons de renforcer l’efficacité des moyens déjà existants. Il s’agira d’améliorer la coordination des efforts au niveau européen et mondial, de favoriser la rédaction d’un code mondial anti-dopage, d’améliorer l’efficacité du CPLD et la formation de l’encadrement médical des sportifs pour améliorer la prévention et éviter les erreurs. Un deuxième volet s’attachera à la préservation du capital santé. Dans ce cadre, l’accent sera mis sur l’accompagnement médical à la pratique sportive (de loisirs ou de compétition) afin d’éviter les pathologies ; aux moyens d’adaptation de ce suivi en fonction des pratiquants (jeunes, seniors…) et à la place des fédérations, clubs et ministère dans ce dispositif. Plusieurs groupes de travail nationaux et régionaux se sont constitués et ont ouvert leurs réflexions autour de 6 thématiques : ● l’avenir du modèle féodal ; ● le rôle de l’état dans le sport ; ● la place du sport professionnel en France ; ● la fonction éducative et sociale du sport ; ● le sport et les territoires ; ● le sport et la santé. Le groupe de réflexion “sport et santé” est présidé par le Pr Gérard Saillant (chef du service de chirurgie orthopédique de la Pitié Salpêtrière à Paris) et constitué de médecins, kinésithérapeutes, athlètes, présidents de fédérations, journalistes… A l’issue de plusieurs réunions nationales et régionales, « propositions concrètes et actions pragmatiques » devraient être Pour en savoir plus www.jeunesse-sports.gouv.fr www.menarini.fr Le premier site francophone consacré à la médecine du sport • Plus de 1 000 pages de documents consacrées à la Mise à jour tous les mois médecine du sport • Plus de 500 photos classées par localisation anatomique • Des données épidémiologiques sur plus de 7 000 cas • Des articles originaux • Un accès aux moteurs de recherche bibliographiques et des liens vers de nombreux sites Internet (Medline, CHU de Rouen, INSEP…) • Une base de données exclusive en médecine du sport • Le calendrier des événements sportifs Retrouvez l’index de tous les articles de Médecins du Sport, référencés depuis sa création. MÉDECINS DU SPORT 5 N°55-NOVEMBRE 2002 Profession ÉCHOS DU MINISTÈRE DPPI 2002 Super-cross de Paris-Bercy La compétition moto rassemble des milliers d’adeptes autour de l’image mythique du pilote. Cette proximité avec les spectateurs est une des raisons du succès populaire de la moto, que confirme le nombre de licenciés de la FFM : près de 43000. Mais, si le pilote, véritable chevalier des temps modernes, jouit d’une énorme popularité, ce n’est pas sans contreparties. Les traumatismes courants, les chutes, et leurs conséquences parfois désastreuses, sont le quotidien de ces sportifs de haut niveau. Un risque que partagent aussi les motocyclistes de tous les jours, sur la route. Une activité accessible à tous, certes, mais pas sans danger. Médecins du Sport saisit l’occasion du super-cross de Paris Bercy qui se déroulait du 8 au 10 novembre dernier, pour revenir sur cette discipline aux multiples aspects. Des spécialistes du sport moto (médecins, kinésithérapeutes et ostéopathes) font le point sur les dangers de cette discipline sportive, ainsi que sur celles pratiquées sur le bitume des circuits, et les pilotes, Christophe Guyot et Yves de Maria, apportent leurs témoignages de champions. ■ MÉDECINS DU SPORT 7 N°55-NOVEMBRE 2002 Evénement : super-cross de Paris-Bercy 8-9-10 Novembre C’est en 1869 qu’un français invente le vélomoteur qui, modernisé par l’Allemand Daimler-Benz, deviendra la moto. Avant d’être un sport mécanique, ce fut un moyen de locomotion. Sous l’impulsion des constructeurs, et afin de créer une vitrine technologique et publicitaire,les compétitions sont apparues.D’abord sous la forme de vitesse sur route, grâce aux constructeurs italiens,espagnols,anglais et même français, puis par des courses sur les chemins de campagne (le futur moto-cross), grâce aux pays anglo-saxons. Appelé à l’époque en anglais “scrambler”, le moto-cross a vu le jour aux Etats-Unis. Les constructeurs japonais, conscients de la manne publicitaire,l’ont rapidement érigé en compétition mondiale.Aujourd’hui, les disciplines du cross sont nombreuses et de plus en plus extrêmes (Cf. encadré p 9). La Fédération française de moto (FFM) fut créée en 1913, puis affiliée au Comité national olympique le 17 juin 1937. Elle pris le nom de Fédération française de motocyclisme le 15 mai 1946, et gère aujourd’hui les différents événements dans l’Hexagone. En chiffres, la FFM, c’est 1 200 clubs, 43 000 licenciés,100 000 adhérents pour près de 1 200 épreuves organisées chaque année. “repêchages”qui sauvent chacune 3 pilotes pour la finale. Le plateau est composé en grande partie de pilotes venus des Etats-Unis (où le championnat a une importance énorme), mais aussi de Français et autres pilotes européens. COURSES ET ACROBATIES AU MENU DU SUPER-CROSS MOTO-CROSS : LA DISCIPLINE MOTO LA PLUS DANGEREUSE Pour le 20e super-cross de Bercy, les organisateurs ont repris la formule traditionnelle d’une compétition de motocross (un circuit en terre avec de nombreuses “bosses”),mais dans une salle de spectacle (en “indoor”).Les obstacles “tables” et “woops” occasionnent des sauts spectaculaires. A cela,le super-cross de Bercy ajoute l’ambiance d’un stadium et des démonstrations acrobatiques de haut vol ! Le programme se compose de 2 démonstrations de 25 minutes sur 2 rampes greffées à la piste. Mais le saut avec retournement du couple pilote-moto par l’arrière encore appelé “back-flip” reste interdit par le règlement. La formule de course se compose de trois séries opposant 12 pilotes (4 par équipe, selon les résultats des essais chronos),à l’issue desquelles 4 d’entre eux sont qualifiés pour la finale. Suivent 2 séries de Surtout le haut du corps A l’énoncé des spécificités du moto-cross, on comprendra que c’est la discipline moto la plus dangereuse.Le super-cross, comme le moto-cross pratiqué à haut niveau,requièrent une habileté certaine et une bonne condition physique. Le docteur Marc Saramito, qui suit des pilotes comme Arnaud Vincent (GP 125 cm3) et Yves de Maria (moto-cross),confirme : « Les chutes en moto-cross sont plus importantes qu’ailleurs. Le type même du circuit accidenté avec bosses et les sauts qu’effectuent les machines et les pilotes sont propices à des chutes.Les pilotes de moto-cross tombent entre 50 et 100 fois dans leur carrière. L’essentiel des pathologies concernent le haut du corps. Le syndrome des loges de l’avant-bras, les ruptures de scaphoïdes, les entorses DPPI Evénement : super-cross de Paris-Bercy UN PEU D’HISTOIRE En super-cross, les obstacles occasionnent des sauts spectaculaires. MÉDECINS DU SPORT 8 N°55-NOVEMBRE 2002 DPPI La pratique de la moto tout terrain, comme beaucoup de sports mécaniques, n’est pas l’apanage des sportifs de haut niveau. Presque toutes les disciplines moto sont accessibles aux pilotes motivés (physiquement et financièrement) et d’un bon niveau d’entraînement. acromio-claviculaires et les luxations d’épaules sont les plus fréquents.En microtraumatologie,on note des tendinites, mais dans des proportions peu élevées. Les chutes peuvent avoir toutes les conséquences connues:traumatismes du rachis cervical, traumatismes crâniens, fractures des membres et du bassin,entorses et parfois traumatisme des testicules en cas de mauvaise réception sur la machine. Pire, il n’est pas rare que le pilote ait à subir les conséquences d’une chute qui se solde par la réception de la machine sur lui-même! » PRÉPARATION : NATATION, VTT, MAIS PEU DE MUSCULATION La préparation physique est importante pour éviter tout déchirement ou fautes de conduite qui mènent rapidement à la chute. Pratique exigeante sur le plan cardiovasculaire, le moto-cross impose un bon entraînement et surtout des étirements. La carrure du pilote est primordiale pour maîtriser la puissance et la machine lors des phases aériennes et lors des réceptions. Pascale Novaro Mach, kinésithérapeute au collège médical de la FFM,précise que le moto-cross développe plutôt la force explosive,la détente (nécessaire pour les sauts), à l’inverse de la moto de vitesse qui est moins radicale en termes de types d’efforts. Elle rappelle aussi que les pilotes de haut niveau ne doivent pas trop travailler leur musculature sur des appareils de gym, mais plutôt directement sur la moto, et que leur corps s’adapte • Le moto-cross est la discipline la plus connue et la plus ancienne. Avec des machines spéciales auparavant équipées de moteurs deux-temps (mais les normes antipollution poussent les constructeurs à passer au quatre-temps), les pilotes participent à plusieurs manches sur un circuit fermé, ponctuées de bosses et autres difficultés. • Le free-style créé sous l’impulsion des pilotes de vélos, des skate-boarders et autres mordus de sports extrêmes, est basé sur des sauts invraisemblables et des figures acrobatiques. • L’enduro est, comme son nom l’indique, une épreuve d’endurance qui se pratique sur des chemins en pleine nature et qui peut prendre la forme d’une balade tranquille ou d’une importante machinerie commerciale, comme les rallye-raids que sont le Dakar ou la Baja mexicaine. Ce dernier type d’épreuve demande des qualités d’endurance et une résistance à des conditions climatiques extrêmes, la chaleur cumulée aux grandes distances à parcourir pouvant déshydrater les pilotes. • Le trial, plus zen, est basé sur l’équilibre ; le trial peut aussi être spectaculaire avec des pilotes, véritables équilibristes, qui gravissent des obstacles de plusieurs mètres. Une épreuve française (le “Trial Master”, toujours à Bercy) est organisée au mois de février. Cette discipline est sûrement la moins traumatique des sports moto, les rares chutes se faisant presque toujours à l’arrêt. • Le moto-ball, pour les fans de football, se pratique sur un terrain semblable à un terrain de football, les règles sont quasiment les mêmes, mais les joueurs sont à moto ! • Le “super-motard” est une épreuve mixte terre/bitume, elle aussi représentée à Bercy. Cette discipline mêle les aptitudes du moto-cross et la vitesse sur des circuits mixtes. • Les disciplines “made in US” beaucoup moins connues et directement importées des USA, comme les courses de “dirttrack” ou “short-track” se déroulent sur des anneaux en terre où les pilotes évoluent en glissant. MÉDECINS DU SPORT 9 N°55-NOVEMBRE 2002 Evénement : super-cross de Paris-Bercy LES AUTRES DISCIPLINES DU CROSS Evénement : super-cross de Paris-Bercy PRÉPARATION PHYSIQUE EN MOTO-CROSS L’avis d’Yves de Maria, multiple champion de France de moto-cross « La pratique du moto-cross au niveau professionnel requiert un haut niveau de préparation. Comme c’est un sport personnel, il n’y a pas de structure d’entraînement collectif. Il faut donc avoir un entraîneur, un docteur et un kiné pour soi ! Pour ma part, je fais de la course à pied, du vélo, de la musculation, du tennis et même du karting. C’est excellent pour le renforcement des cervicales. Il faut être lucide sur ses capacités : être pro ça coûte cher, il faut beaucoup de travail et savoir rester humble. Pendant les courses il faut aussi savoir être un peu fou, mais conserver cette lucidité qui permet d’éviter la casse. J’ai eu beaucoup d’accidents, une quinzaine de fractures, de multiples luxations, entorses et près de dix opérations. D’ailleurs je ne serai pas à Bercy car je dois me faire opérer de l’épaule pour attaquer la nouvelle saison du championnat du Monde. » aux efforts à fournir.Pour le Dr Saramito, « il est aussi nécessaire de surveiller régulièrement la charnière cervicale. Le moto-cross reste malgré tout un sport accessible aux débutants, pour peu d’entretenir sa condition physique. » Reste l’enduro, qui cumule les spécificités du cross, de la vitesse et de l’endurance. Cette discipline fait beaucoup souffrir le dos, bien que le pilote compense souvent en se tenant debout sur la machine, et impose d’adapter l’alimentation au type d’épreuve (chaleur, taux d’humidité…). machines étant un peu mieux maîtrisables, mais toujours plus rapides. Les champions Barry Sheen,Michael Doohan, et les Français Jean-Michel Bayle, Christian Sarron, Olivier Jacque et Régis Laconi,connaissent le prix des chutes et ont développé une résistance à la douleur peu commune. Même si l’environnement des circuits est très sécurisé,l’aspect traumatologique des chutes est souvent lourd et la rééducation des pilotes de haut niveau un souci de premier plan. Des contraintes physiques importantes A l’évidence, le meilleur entraînement, pour tous types de sports moto, reste la natation,le VTT et la pratique de la musculation, avec modération. COURSES DE VITESSE : UNE TRAUMATOLOGIE LOURDE L’évolution des compétitions Le sport moto est mondialement connu pour son championnat de vitesse. Les Grands Prix moto, équivalents à la Formule 1,sont la vitrine technologique des constructeurs.Avec le chamboulement du nouveau règlement (les deux-temps sont peu à peu remplacés par des mécaniques quatre-temps,plus proches des machines de série),la compétition prend un nouvel essor. Pour les pilotes,peu de changements,les En dehors des accidents, la compétition moto sur circuit impose des contraintes physiques importantes.La position du pilote sur les machines de vitesse, du fait de la recherche d’efficacité,se traduit par des torsions et extensions des articulations et du rachis dorsolombaire ou cervical importants, sur les trois phases essentielles du pilotage : l’accélération, le virage, et le freinage. Une étude (1) menée sur des pilotes de vitesse professionnels, durant le championnat de France Open et Superbike, à l’initiative de la FFM,permet de mieux analyser les contraintes. • Les mains Dans la phase de freinage sur circuit (machine lancée à plus de 200 km/h, pilote de 65 kg), le poids supporté par chaque main est de 42 kg ! Dans la majorité des cas,les pilotes se plaignent de douleurs, pendant le pilotage MÉDECINS DU SPORT 10 et après les courses, au niveau des membres supérieurs.Epaules,avant-bras, poignets et mains sont les groupes les plus sollicités dans les trois phases du pilotage. A l’accélération,c’est 80 kg de force de traction qui se répartissent sur les mains.Et lors des virages,la main intérieure supporte une force de près de 42 kg,la main extérieure n’étant sollicitée qu’à hauteur de 23 kg. • Les membres inférieurs Les membres inférieurs sont surtout sollicités dans les phases de virages (avec des rotations de la hanche, flexion des genoux ou encore chevilles en flexion plantaire). • Le rachis cervical et dorsolombaire Viennent ensuite les groupes rachis cervical et dorsolombaire qui doivent faire face à la pression aérodynamique ainsi qu’aux chocs du revêtement (bitume) du circuit. Mais à ce stade, les pilotes compensent par une tension musculaire pour amoindrir les résonances. Risques de fractures importants Bernard Achou,kinésithérapeute-osthéopathe avec la clinique mobile du Dr Costa sur les Grands Prix confirme:« Les micropathologies sont inhérentes à la position de conduite.Mais comme rien n’est figé, les constructeurs peuvent adapter les motos aux styles de conduite des pilotes, à leur morphologie, leur poids et parfois même à leurs handicaps,comme ce fut le cas pour Michael Doohan qui, suite aux multiples fractures qu’il a subies sur son pied droit,a bénéficié d’un frein manuel. Les problèmes se situent au niveau des cervico-dorsales et du rachis cervical en extension.En terme d’accident,on a souvent des traversées thoraco-bracchiale, des pathologies de premières côtes,le syndrome des loges ou du canal carpien dans le poignet. Mais les soucis les plus fréquents restent les fractures des mains,des doigts (fracture du métatarsien ou brûlure du cinquième doigt et arrachement du tendon extenseur),du scaphoïde,du radius,les fractures acromio-claviculaires de stade 3 et sterno-claviculaires,les fractures de l’astragale, les fractures de transverse au niveau lombaire, celles de la malléole péronière et tibiale.Plus rares sont les fractures des fémurs ou des tibias. » La résistance des pilotes mise à l’épreuve Bernard Achou chiffre l’importance des chutes en Grand Prix.« En un week-end, N°55-NOVEMBRE 2002 DPPI Hormis les Grands Prix de Vitesse au fort potentiel médiatique, il existe l’endurance (les 24 heures du Mans, le Bol d’Or) et les championnats Superbike (avec des machines quasiment de série), le Promosport, les coupes de marques… Ces épreuves se déroulent toujours sur circuit fermé, avec des normes de sécurité élevées. Les machines sont classées par catégories de cylindrée ou de puissance. Il existe aussi des courses de vitesse sur route, la plus fameuse étant le Tourist Trophy sur l’Ile de Man en Angleterre. Une épreuve, appelée le “singe”, est ouverte aux Side-cars, ces motos très spéciales avec un passager dans le “panier” qui se déplace dans les virages. Ce type d’épreuve est assimilé aux rallyes, épreuves composées de spéciales chronométrées sur des routes de montagne mais fermées à la circulation. Enfin, on note l’apparition, depuis peu, d’épreuves sur glace comme le Trophée Andros où les machines sont simplement des machines de cross dotées de pneus à clous. la clinique mobile traite entre 40 et 120 chutes.Entre 150 et 200 actes thérapeutiques sont pratiqués chaque jour, toutes disciplines médicales confondues (la clinique mobile comprend 12 personnes) : médecine, ra- diologie, chirurgie, kiné, ostéopathes, anesthésie et infirmerie. Sur certaines petites fractures, les pilotes arrivent à rouler après seulement 10 jours ! L’important, c’est que la moto aille le plus vite possible avec un pilote dessus. A la base, c’est le pilote qui doit s’adapter à la moto.Enfin,le pilote moto n’est pas si différent des autres sportifs de haut niveau. Il doit avoir un excellent coup d’œil, une rapidité d’exécution, une concentration maximale pendant les 48 minutes de course et aussi lors des essais et une préparation physique (entraînement quotidien) irréprochable. Bien sûr, il doit aussi développer une résistance à la douleur hors du commun ! » Le mental prédomine Christophe Guyot,membre du comité directeur de la FFM et vainqueur des 24 heures du Mans en 2001,recense une dizaine de chutes par an depuis 12 ans de pratique en compétition.Il assure que le mental est prédominant pour les champions : « Je m’étonne de réaliser des choses en courses dont je suis incapable à l’entraînement. Pour la concentration, le golf est un bon complément. Le sport moto est beaucoup moins mortel que la spéléologie, par exemple, et est un catalyseur fantastique pour ceux qui cherchent des sensations extrêmes. » En endurance,le temps de pilotage est très important (une heure toutes les trois heures) ce qui entraîne une importante fatigue.Il faut conserver sa concentration toute la nuit et récupérer entre les relais. MÉDECINS DU SPORT 11 Des machines et des hommes Plutôt que de se soucier de leur image de marque par des révolutions technologiques peu utiles, les constructeurs devraient se pencher sérieusement sur l’ergonomie et le confort de leurs machines qui ont peu évolué depuis la création des deux-roues motorisées. Sur la piste,combien de techniciens et de mécaniciens sont présents dans les stands ? Et combien de kinés ou de médecins ? Comme l’explique le Bernard Achou : « Le chalenge de la clinique est de remettre les sportifs sur la grille le dimanche. Mais ces sportifs sont farouchement déterminés à revenir sur le haut du podium. » Les pilotes disposent d’un bon entraînement physique et mental,mais « le problème,c’est d’arriver à les arrêter »,affirme Alex Béhara,ostéopathe pendant 10 ans sur les rallyes africains. « Ils ont une puissance de récupération incroyable et ne se soucient guère des lendemains ». ■ Propos recueillis par David Folch. Pour en savoir plus Le site de Fédération francaise de moto : ● www.ffmoto.org François Brégeon, Franck Job Moto de vitesse et préhension, approche et électromyographique. FFM 1993. ● N°55-NOVEMBRE 2002 Evénement : super-cross de Paris-Bercy Même si l’environnement des circuits est très sécurisé, l’aspect traumatologique des chutes est souvent lourd. LES AUTRES DISCIPLINES SUR BITUME < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif Le genou de l’enfant sportif Mots clés FRANCK LAUNAY*, JEAN-LUC JOUVE*, PIERRE CHRESTIAN**, GÉRARD BOLLINI* Genou Enfant Fractures Luxations Tumeurs Quelles pathologies du genou peut-on rencontrer chez un enfant sportif ? Quels sont les éléments importants du diagnostic ? Quel traitement est le plus adapté ? Ce dossier fait le point sur les lésions traumatiques (osseuse, articulaire ou ligamentaire), les pathologies chroniques (analyse de la douleur, examens à pratiquer...) et le genou tumoral. Sommaire Introduction Page 14 Le genou traumatique Page 14 A - Les lésions traumatiques du fémur antérieur ● B - Les lésions traumatiques de la rotule ● C - Les lésions traumatiques du tibia supérieur ● D - Les lésions traumatiques ligamentaires ● * SERVICE DE CHIRURGIE ORTHOPÉDIQUE, HÔPITAL DE LA TIMONE ENFANTS, MARSEILLE. ** SERVICE DE CHIRURGIE INFANTILE, CHP LA RÉSIDENCE DU PARC, MARSEILLE. MÉDECINS DU SPORT 13 Le genou chronique Page 17 A - L’interrogatoire ● B - L’examen clinique ● C - Les examens paracliniques ● D - La thérapeutique ● Le genou tumoral Page 19 Conclusion Page 19 Bibliographie Page 19 N°55-NOVEMBRE 2002 < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif Introduction Le genou doit concilier des impératifs, à première vue contradictoires, de stabilité et de mobilité. Cette articulation est un système fragile, d’un point de vue mécanique, et en permanence confrontée à une instabilité potentielle (3,10). De plus, le genou de l’enfant ne peut pas être comparé à un genou d’adulte en miniature. Il possède des caractéristiques anatomiques et fonctionnelles qui engendrent des pathologies spécifiques. Trois spécificités biomécaniques caractérisent le genou de l’enfant : - l’hyperlaxité ligamentaire et l’hypermobilité méniscale physiologique, - la fragilité des zones métaphysaires à cause de la présence des cartilages de croissance fémoral distal et tibial proximal, - l’instabilité transversale de la rotule. Il paraît important de distinguer le genou traumatique aigu de la pathologie plus chronique. Le genou traumatique ■A - Les lésions traumatiques du fémur inférieur Les fractures de l’extrémité inférieure du fémur intéressent, dans la plupart des cas, le cartilage de croissance, ce qui en fait leur gravité. Le trait de fracture traverse une zone à la vascularisation riche mais fragile, et intéresse le cartilage de croissance le plus fertile du squelette (8, 13, 15). Le mécanisme lésionnel en cause est toujours très violent. Les accidents sur la voie publique restent l’étiologie principale. La fracture peut survenir à tous les âges, mais la moyenne est de 9 ans. Le diagnostic ne pose guère de problèmes. L’enfant se présente avec un gros genou douloureux, traumatique, et souvent déformé. Les radiographies du genou permettent à elles seules le diagnostic. Les fractures de l’extrémité inférieure du fémur sont classées en quatre types selon la classification de Salter et Harris (16). ● Type I : décollement épiphysaire pur (le plus fréquent), avec souvent un grand déplacement de toute l’épiphyse pouvant apparaître comme une véritable luxation antérieure du genou (Fig. 1). ● Type II : décollement épiphysaire avec bec métaphysaire du côté où le périoste est intact. Figure 1 : fracture “décollement épiphysaire de type I” pouvant simuler une véritable luxation du genou. Type III : fracture intercondylienne avec décollement épiphysaire d’un seul massif condylien. ● Type IV : fracture dont le trait est métaphyso-épiphysaire, traversant le cartilage de croissance ; il s’agit d’une fracture intra-articulaire. ● ● Les décollements épiphysaires Les décollements épiphysaires doivent être réduits anatomiquement, autant que possible. Leur grande instabilité rend, le plus souvent, la fixation nécessaire (13, 15). Les moyens d’ostéosynthèse doivent être MÉDECINS DU SPORT 14 simples et respecter le cartilage de croissance, tout du moins chez l’enfant avec encore un bon potentiel de croissance. Parmi les séquelles mineures classiques de ce type de fracture, on retrouve la raideur articulaire et l’amyotrophie du quadriceps. Elles sont en général régressives en un an. En revanche, la déviation angulaire et l’inégalité de longueur des membres inférieurs sont deux complications majeures qu’il faut essayer d’éviter. La déviation angulaire peut survenir soit à cause d’un cal vicieux par insuffisance N°55-NOVEMBRE 2002 < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif de réduction, soit à cause d’une épiphysiodèse. Cette épiphysiodèse est due à des lésions vasculaires au niveau du cartilage de croissance (2) et se trouve corrélée à l’importance du déplacement initial. L’inégalité de longueur des membres inférieurs est toujours secondaire à une épiphysiodèse et est à craindre dans 20 % des cas. ● Les fractures Les fractures de l’extrémité inférieure du fémur sont des lésions rares dont la gravité est liée à l’importance du déplacement initial et à ses conséquences vasculaires sur une région fertile. Le traitement chirurgical sera la règle car le déplacement doit être réduit de façon anatomique, sans risque de déplacement secondaire. ■B - Les lésions traumatiques de la rotule ● Les fractures Représentant moins de 1 % de la pathologie traumatique de l’enfant, les fractures s’observent surtout chez le grand enfant et l’adolescent. Les fractures du corps de la rotule sont secondaires à un traumatisme direct de la face antérieure du genou. L’extension active est impossible en cas de fracture déplacée. Il s’agit le plus souvent de fractures transversales. Dans ce cas, on peut palper la dépression entre les deux berges de la fracture. Le diagnostic se porte ensuite sur les radiographies du genou. En cas de fracture non déplacée, le traitement est orthopédique, par un plâtre en légère flexion de genou pendant un mois. En cas de fracture déplacée, le traitement est chirurgical, par embrochage. La mobilisation du genou sera alors précoce. Les fractures “avulsions” du bord supérieur ou du bord inférieur de la rotule sont secondaires à un traumatisme indirect du genou, lors d’une contraction brutale du quadriceps contre résistance (7). Elles correspondent à une rupture complète de l’appareil extenseur, expliquant ainsi l’impossibilité d’extension active du genou. Là encore, le traitement sera chirurgical. Le genou de l’enfant ne doit pas être comparé à un genou d’adulte en miniature. ● Les luxations Les luxations traumatiques de la rotule sont généralement secondaires à un traumatisme indirect forcé en flexion, valgus, rotation externe et contraction du quadriceps. La rotule chevauche alors le condyle externe, pouvant entraîner des fractures ostéochondrales et une déchirure de l’aileron interne de la rotule. Les radiographies sont inutiles pour porter le diagnostic, mais permettent de la confirmer. La réduction est en général facile, sans anesthésie, en mettant le genou en extension et en refoulant doucement la rotule en dedans. Cependant, la manœuvre de réduction est souvent réalisée spontanément, rendant parfois difficile le diagnostic rétrospectif. L’examen objectivera cependant une hémarthrose, avec une douleur élective du bord interne de la rotule. Le traitement sera en première intention orthopédique, avec une immobilisation pendant trois semaines, à moins qu’un volumineux fragment ostéocartilagineux se soit détaché de la rotule ou de la trochlée fémorale. La rééducation sera entreprise après la phase d’immobilisation. Ce n’est qu’en cas de récidive qu’un éventuel traitement chirurgical pourra être envisagé, après un bilan para-clinique soigneux de l’anatomie de l’articulation fémoro-patellaire, à la recherche d’anomalies structurales. MÉDECINS DU SPORT 15 ■C - Les lésions traumatiques du tibia supérieur Les fractures de l’épiphyse supérieure du tibia (hormis les épines tibiales) sont rares (12, 17). Les fractures “décollements épiphysaires” sont classées selon la même classification que celles du fémur inférieur (Fig. 2). Comme pour le fémur inférieur, ces fractures doivent être réduites de façon anatomique. En revanche, les séquelles à type de désaxation ou d’inégalité de longueur des membres inférieurs sont beaucoup plus rares que pour les fractures du fémur inférieur. Il existe un autre type de fracture au niveau de cette région ; ce sont les arrachements de la tubérosité tibiale antérieure. Ils surviennent, le plus souvent, chez des adolescents sportifs. Le mécanisme est classiquement une violente flexion du genou contrariée par une contraction brutale du quadriceps. Le sport qui engendre typiquement ce genre de lésion est le saut en hauteur. Le traitement de ces arrachements est orthopédique, en cas de fracture non déplacée, mais nécessite une ostéosynthèse en cas de déplacement (Fig. 2). Potentiellement, il peut apparaître dans les suites une épiphysiodèse de la tubé- N°55-NOVEMBRE 2002 < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif Figure 2 : fracture “décollement épiphysaire de type IV” de l’extrémité supérieure du tibia, associée à une fracture métaphysaire transversale du tibia proximal. Ostéosynthèse par vissage et embrochage. rosité tibiale, épiphysiodèse génératrice d’un genu recurvatum. ■D - Les lésions traumatiques ligamentaires Les lésions ligamentaires de l’enfant se différencient de celles de l’adulte par la nette prédominance chez l’enfant de lésions osseuses par rapport aux lésions ligamentaires pures (4). La majorité des entorses est représentée par la lésion du ligament latéral interne (5). Celle-ci est facilement diagnostiquée par l’examen clinique devant une douleur le long du trajet ligamentaire, plus marquée au niveau du condyle médial. Lorsqu’elle est isolée, elle ne relève que du traitement orthopédique. Ce sont plutôt les atteintes du ligament croisé antérieur (LCA) qui vont retenir ici notre attention. La rupture en plein corps ligamentaire ou au plafond. Ce sont les moins fréquentes ; elles seront traitées dans la pathologie chronique du genou de l’enfant ; ● Les fractures du massif des épines tibiales. Elles sont classées selon la classification de Meyers et Mc Keever (11) : - type I : fracture non déplacée ; - type II : fracture partiellement déplacée ; - type III : fracture complètement déplacée. ● Le tableau clinique est classiquement celui d’un gros genou douloureux. L’examen cli- nique est difficile. Ce sont les radiographies qui vont faire le diagnostic. Le traitement est orthopédique dans les fractures peu ou pas déplacées. Il consiste en une immobilisation plâtrée du genou en hyperextension, pendant 6 semaines, puis en une rééducation longue. En revanche, les formes déplacées nécessitent un traitement chirurgical avec fixation, par vissage, laçage à ciel ouvert, ou sous arthroscopie. Le traitement chirurgical sera ensuite complété par une immobilisation plâtrée, puis par une rééducation. Le mécanisme physiopathologique de l’accident chez l’enfant se fait avec une nette prédominance des chocs violents et directs qui s’opposent aux traumatismes sportifs en pivot de l’adulte. Chez l’enfant, il s’agit, le plus souvent, d’une hyperextension active (“shoot” dans le vide chez le footballeur) ou d’un choc direct antéro-postérieur appliqué à l’extrémité inférieure du fémur (équivalent à une hyperextension). Ce mécanisme préférentiel chez l’enfant explique la nette prédominance des arrachements du massif des épines tibiales (1). Il existe deux types de lésions anatomiques du LCA. MÉDECINS DU SPORT 16 N°55-NOVEMBRE 2002 < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif Le genou chronique L’ Amplitudes et mouvements On recherchera les amplitudes articulaires et la limitation du mouvement. Un flessum actif peut faire discuter une pathologie méniscale, un syndrome rotulien ou une rétraction des ischio-jambiers. On terminera l’examen local par la recherche des mouvements anormaux telle qu’une laxité antéro-postérieure qui devra toujours être interprétée en fonction de la laxité du côté opposé (laxité physiologique). C’est le test de Lachman qui a le plus de valeur pour affirmer la laxité. analyse d’un genou douloureux chronique de l’enfant sportif est avant tout un problème d’analyse sémiologique. Un grand nombre d’affections tout à fait typiques peuvent être identifiées sans examen complémentaire sophistiqué. Dans un deuxième temps, des explorations plus pointues seront mises en œuvre soit pour confirmer le diagnostic, soit pour influer sur la thérapeutique. ● ■A - L’interrogatoire L’interrogatoire sera précis et portera sur la douleur et la nature de celle-ci. ● Le siège : l’enfant ou l’adolescent désignera avec son doigt l’endroit douloureux. ● L’intensité : elle sera cotée sur l’échelle d’évaluation de la douleur. ● La rythmicité : journalière, hebdomadaire, mensuelle. ● Les circonstances d’apparition : il s’agit en général de douleurs mécaniques apparaissant à la pratique du sport ; il faudra s’enquérir du type d’activité sportive en cause, ainsi que le nombre d’heures de pratique par semaine. Il faudra préciser s’il existe une douleur avec une sensation de dérobement du genou à la montée ou à la descente des escaliers. ■B - L’examen clinique Figure 3 : la maladie d’Osgood-Schlatter est une apophysite de croissance de la tubérosité tibiale antérieure. L’évolution est bénigne, mais il peut exister des calcifications intratendineuses. On utilisera volontiers des manœuvres de sensibilisation en plaçant le segment tibial en rotation interne, puis en rotation externe, en demandant au sujet de fléchir le genou. Cette manœuvre peut déclencher une douleur rotulienne et fera alors évoquer un syndrome douloureux rotulien. L’examen clinique sera alors régional, s’étendant à l’ensemble du membre inférieur. On recherchera les rotations de la hanche et leur symétrie par rapport au côté opposé. Toute modification de ces amplitudes doit faire rechercher une pathologie spécifique de la hanche : - ostéochondrite vers 8/9 ans ; - épiphysiolyse avec limitation de la rotation interne vers 10/12 ans. L’examen du pied et de la forme des membres inférieurs replacera la pathologie rotulienne dans le contexte des vices de torsion des membres inférieurs, le syndrome rotulien s’accompagnant le plus souvent d’un pied creux valgus bilatéral. Les conditions de l’examen sont fondamentales. Le genou doit être relâché en semi-flexion avec un coussin sous le creux poplité. ● Douleurs locales On recherchera tout d’abord les points douloureux. Certains sont caractéristiques et donnent d’emblée le diagnostic : - la douleur sur la tubérosité tibiale évoque une maladie d’Osgood-Schlatter (Fig. 3) ; - la douleur au niveau de la pointe de la rotule témoigne d’une douleur de l’engagement rotulien ; elle évoque une maladie de Sinding-Larsen. La palpation de la rotule se fait en exagérant le mouvement de pression. Figure 4 : en cas d’instabilité majeure, la rotule peut complètement se luxer en dehors lors de la flexion du genou. MÉDECINS DU SPORT 17 N°55-NOVEMBRE 2002 < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif Figure 5 : le ménisque discoïde est une malformation congénitale du ménisque qui touche plus volontiers le ménisque externe, et qui est souvent bilatérale. ● Bilan de l’examen Pour finir, un examen général orientera vers la recherche d’une hyperlaxité ligamentaire congénitale, replaçant l’instabilité rotulienne dans son contexte. Au final, dès l’examen clinique, on peut avoir une idée précise de la pathologie en cause. ● Les pathologies Une douleur superficielle localisée fait le diagnostic de maladie d’Osgood-Schlatter ou de maladie de Sinding-Larsen. Une laxité antéro-postérieure oriente vers une rupture du ligament croisé antérieur. Une douleur rotulienne oriente vers une pathologie rotulienne dont la difficulté sera d’en préciser la nature : - s’il existe une douleur antérieure pure, il s’agit d’un syndrome douloureux antérieur du genou ; c’est un syndrome bien identifié s’accompagnant de douleurs importantes sans véritable lésion anatomique, hormis un syndrome d’hyperpression rotulienne ; - s’il existe une douleur antérieure associée à une instabilité rotulienne, l’instabilité est tout à fait visible cliniquement lors de la flexion du genou ; la rotule bascule sur la face externe du genou (Fig. 4). ■C - Les examens paracliniques Les examens paracliniques seront au départ très simples. Ils consistent en des radiographies du genou de face et de profil et, dans certains cas, des incidences en défilé fémoro-patellaire, à 30°, 60° et 90° de flexion. D’autres examens radiologiques pourront être demandés en fonction du contexte clinique. ● Si on veut évaluer une lésion ligamentaire ou méniscale, on utilisera l’IRM (6). ● Si on veut évaluer la qualité ou l’altération du cartilage rotulien, on procédera à un arthroscanner (14). ● Si on redoute une douleur projetée d’une pathologie sus-jacente, un cliché du bassin ou du fémur en totalité (hanche et genou compris sur la même plaque) est absolument nécessaire. L’arthroscopie diagnostique seule n’a plus sa place. Elle sera diagnostique et thérapeutique. Elle aura sa place lorsqu’il existe une “plica mediopatellaris” qui occasionne une douleur avec un claquement. Le ménisque discoïde est, le plus souvent, une découverte évoquée par la clinique, avec un ressaut franc du genou, confirmée par l’IRM (Fig. 5) ou l’arthrographie. La scintigraphie osseuse prend une grande valeur pour : - affirmer la réalité de la pathologie ; - faire la preuve d’une algodystrophie ; - montrer la souffrance articulaire. Cependant, rien ne remplacera la bonne conduite de l’examen clinique. Le dialogue entre médecin radiologue et médecin clinicien est fondamental dans la construction de l’arbre diagnostic. MÉDECINS DU SPORT 18 ■D - La thérapeutique Le syndrome douloureux rotulien antérieur, bien identifié, réclame : - de la patience ; - une rééducation bien faite ; - le port d’orthèses plantaires moulées, en cas de vice architectural du membre inférieur. L’instabilité rotulienne vraie sera chirurgicale uniquement après une rééducation bien conduite, prenant en compte l’équilibration du quadriceps et des ischiojambiers. ● Si l’instabilité ne s’accompagne d’aucune anomalie de la TA/GT, il suffit de retendre le plan interne avec transfert abaissement du vaste interne. ● Si l’instabilité s’accompagne d’une augmentation de la TA/GT, aux gestes sur les parties molles, il est souhaitable d’associer un transfert au 1/3 du ligament rotulien. ● La transplantation plus externe des muscles de la patte d’oie ne se fera que dans le cadre d’une torsion tibiale externe. ● Les gestes chirurgicaux intéressant la structure osseuse devront être évités avant la fin de la croissance du genou. La reconstruction du ligament croisé antérieur peut être envisagée chez l’enfant. Plusieurs procédés sont possibles : - la technique utilisant le tendon quadripital et surtout le pré-rotulien ; - la technique de Jaeger utilisant le “fascia lata” ; - la technique utilisant le semi-tendineux et le semi-membraneux ; - la technique utilisant le tiers moyen du tendon rotulien, avec une baguette osseuse tibiale et une baguette osseuse rotulienne (cette technique ne pourra être envisagée qu’à la fin de la croissance du genou). Ces techniques sont réalisables d’une manière sûre sans retentissement sur la croissance à partir de l’âge de 12 ans. Même si, pour certains auteurs, elles sont envisageables plus précocement (8). N°55-NOVEMBRE 2002 < DOSSIER > Le genou de l’enfant sportif Le genou tumoral H eureusement, la pathologie tumorale est relativement rare. Néanmoins, elle est grave, tout au moins pour ce qui concerne les tumeurs malignes. Le diagnostic initial doit donc être le plus précoce possible pour que la prise en charge soit optimale. Les tumeurs osseuses malignes les plus fréquentes chez l’enfant et l’adolescent sont l’ostéosarcome et la tumeur d’Ewing. Leur localisation préférentielle se situe autour du genou, c’est-à-dire au niveau de la métaphyse fémorale inférieure et au niveau de la métaphyse tibiale inférieure (Fig. 6). cas, il n’existe qu’une vague douleur. Notons que, souvent, il existe une notion de traumatisme mineur dans les semaines précédant le diagnostic. Il s’agit ici d’une notion excessivement importante. Le principe à retenir est qu’une douleur du genou, après un traumatisme relativement mineur, doit disparaître au bout de trois semaines. Sa persistance au-delà de ce délai est anormale et doit conduire, dans tous les cas, à des explorations complémentaires : radiographies, scintigraphie osseuse, voire imagerie par résonance magnétique. Figure 6 : aspect en IRM d’un ostéosarcome de la métaphyse fémorale inférieure. Le tableau clinique peut être relativement pauvre, associant une douleur peu importante avec quelquefois une tuméfaction palpable. Cependant, dans la plupart des La prise en charge de ces tumeurs malignes sera multidisciplinaire et le traitement associera chimiothérapie et chirurgie. Leur diagnostic précoce permettra dans certains cas de réaliser une chirurgie qui pourra conserver l’articulation du genou, ce qui est très important chez ces sujets jeunes. Conclusion Les pathologies, aiguës ou chroniques, du genou de l’enfant sportif sont nombreuses. La physiologie ligamentaire et méniscale du sujet jeune, la fragilité des cartilages de croissance, et l’instabilité de la rotule entraînent des risques spécifiques. Une bonne connaissance des différentes pathologies permettra d’adopter la meilleure prise en charge, en facilitant le diagnostic (palpation, recherche de la douleur, examens complémentaires...), puis le choix du traitement (réduction, immobilisation, chirurgie, rééducation...). ■ BIBLIOGRAPHIE 1. Abols Y, Bellier G, Hulin PH et al. Les ruptures du ligament croisé antérieur chez l’enfant. Rev Chir Orthop 1989 ; 75 (I) : 128. 7. Grogan DP, Carey TP, Leffers D et al. Avulsion fractures of the patella. J Pediatr Orthop 1990 ; 10 : 721-30. 2. Bollini G. Traumatologie et ostéosynthèse chez l’enfant. Rev Chir Orthop 1986 ; 72 (2) : 13-17. 8. Kouyoumjian A, Barber FA. Management of anterior cruciate ligament disruptions in skeletally immature patients. Am J Orthop 2001 ; 30 : 771-74. 3. Bonnel F. Organisation architecturale et biomécanique de l’articulation fémorotibiale. In “La gonarthrose”. Bonnel F, Mansat Ch, Jaeger JH. Paris : Masson, 1987 ; pp 1-13. 4. 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Lors d’une interview accordée au Dr Jean-Marie Coudreuse, médecin du sport à Marseille, le Pr Christian Brunet, qui dirige le LBA, décrit Humos et nous confie les applications de ce projet. MÉDECINS DU SPORT 21 L e mannequin siliconé des “crashtests” renvoyé à la préhistoire de l’accidentologie…, voilà ce que pourraient bien provoquer les travaux du Pr Christian Brunet. Son équipe travaille sur un projet original de logiciel permettant de connaître précisément les lésions provoquées par un accident de la route. Pour mieux prévenir les conséquences d’un choc en voiture, sur le corps et les organes de l’accidenté, le Laboratoire de biomécanique appliquée (LBA) de Marseille procède à des crash-tests avec des mannequins très perfectionnés.Il est aussi une des rares structures européennes autorisées à utiliser des corps humains N°55-NOVEMBRE 2002 Interview Euro NCAP Mots clés Crash-test Simulation Biomécanique, Traumatologie Humos Interview Humos, le projet d’homme virtuel du Laboratoire de biomécanique appliquée de Marseille, entre désormais en phase de sophistication. pour ses crash-tests.Il s’agit alors de corps congelés, légués à la science par leurs propriétaires (Cf.encadré p.23).Ces sujets d’anatomie,autopsiés après accident,ont fait beaucoup progresser l’accidentologie et ont largement contribué à la conception de l’homme virtuel du LBA,baptisé Humos. Humos sert de base au futur logiciel qui simulera des accidents plus vrais que nature. Le Pr Brunet nous détaille son projet et nous confie les perspectives de ses recherches. Dr Jean-Marie Coudreuse: Pr Bru- Crash-tests et vitesse Les sujets anatomiques et les mannequins du LBA participent à des crash-tests de type “choc frontal”. La vitesse requise est de 50 km/h pour les accidents organisés avec les mannequins de silicone, mais elle est limitée à 45 km/h pour les sujets d’anatomie, pour des raisons éthiques. Le logiciel, développé par l’équipe du Pr Brunet à partir de ces essais, permettra à terme de simuler virtuellement des accidents à des vitesses bien supérieures (130 ou 150 km/h), et de connaître les conséquences traumatologiques de tels chocs. net, quel est votre fonction au sein du Laboratoire de biomécanique appliquée (LBA)et en quoi consiste le travail de ce laboratoire ? Pr Christian Brunet : Je dirige ce laboratoire,qui est sous la dépendance de l’Inrets (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité), un organisme national lui-même dépendant du Ministère des transports et de la recherche (double tutelle). Le Laboratoire de biomécanique appliquée est une unité mixte de recherche, liant l’Inrets et la faculté de médecine de Marseille.Mais surtout,ce laboratoire est pratiquement unique en Europe,par les travaux qu’il effectue sur des sujets d’anatomie et par la présence des cliniciens, radiologues, chirurgiens, médecins, réanimateurs qui participent à nos travaux de recherche au plan clinique. Euro NCAP Dr Jean-Marie Coudreuse: En quoi consiste précisément le projet Humos ? Pr Christian Brunet : Le projet Humos est celui d’un homme virtuel que nous avons réalisé à partir d’un sujet d’anatomie,congelé dans la position assise d’un conducteur automobile, puis coupé selon des axes prédéterminés, un peu comme un scanner, de sorte que l’on a d’abord eu des coupes en 2 dimensions sur lesquelles on a repéré et reconnu les différents organes. Ces organes ont été ensuite tracés sur une table à numériser. L’ordinateur a alors reconstruit ces différentes coupes pour réaliser une représentation dans l’espace de cet homme qui est au départ un “cadavre”. Dans une deuxième étape, nous avons réalisé une modélisation, c’est-à-dire que nous avons appliqué sur ses viscères, ou sur les os en 3 dimensions,ce qu’on appelle MÉDECINS DU SPORT 22 Plus de 20 ans de recherche en accidentologie Il y a 22 ans, à Marseille, la recherche médicale en accidentologie pointait du doigt le danger des pare-chocs chromés. Ces derniers, provoquant des lésions osseuses et ligamentaires bien plus difficiles à soigner que les fractures, sont aujourd’hui déformables. Les travaux marseillais ont également permis de démontrer l’utilité des joints en caoutchouc (plutôt que métallique), autour des parebrises, ou la nécessité de placer les roues de secours à l’arrière du véhicule pour épargner au mieux les piétons. un maillage, constitué de formes géométriques bien connues. Chacune de ces mailles est reliée à d’autres mailles par ce qu’on appelle des nœuds ; ceci nous a permis de réaliser au final un homme virtuel modélisé, possédant à peu près 53 000 nœuds. Tout l’intérêt du projet réside à la jonction des mailles.Au niveau de ces nœuds, on applique des lois de biomécanique qui sont connues et qui sont aussi des lois de comportement des viscères,différentes pour un viscère mou ou pour un élément dur comme un os ou un tendon. Dr Jean-Marie Coudreuse: On peut donc dire que le corps est divisé en 53 000 points, sur chacun desquels on peut connaître les contraintes qu’il va recevoir en fonction des forces transmises ? Pr Christian Brunet : Ce ne sont pas 53 000 points,mais plutôt des nœuds.Ce terme allie biomécanique et informa- Des prothèses adaptées L’homme virtuel du laboratoire de biomécanique appliquée va servir à créer des prothèses parfaitement adaptées à la morphologie d’un patient. Le vieillissement d’une prothèse peut en effet être virtuellement testé sur Humos. N° 55-NOVEMBRE 2002 Interview tique, il correspond à une zone de jonction entre plusieurs mailles, sur lesquelles on peut appliquer des lois de comportement qui rendent compte des effets d’une accélération et des modifications structurelles des viscères lors d’une forte décélération, par exemple. Dr Jean-Marie Coudreuse : Comment avez-vous validé ce mannequin virtuel ? Pr Christian Brunet : Le mannequin virtuel, qui en est à l’étape numéro un, est maintenant en phase de sophistication. On cherche à affiner ses maillages pour, par exemple, créer une circulation virtuelle, au sein même de ce corps, c’està-dire une circulation de type artériel et une circulation de type veineux.Il faut que l’on puisse affiner également les enveloppes du cerveau et notamment les écoulements du liquide céphalorachidien.C’est à ce moment-là que l’on pourra comparer des crash-tests virtuels avec les mêmes crash-tests,réalisés sur des sujets d’anatomie dans notre centre. Dr Jean-Marie Coudreuse : Pourriez-vous nous donner un exemple de lésions mises en évidence lors de tests virtuels ? Pr Christian Brunet: Lors des crash-tests virtuels avec ceinture de sécurité, on pourra mettre en évidence, selon la vitesse, l’incidence de l’impact frontal, latéral, oblique, ou même des tonneaux. On verra les lésions viscérales, par exemple du foie,qui seront directement liées à une ceinture de sécurité ou un élément du tableau de bord qui viendrait enfoncer la région de l’hypochondre droit, de façon quasi systématique et répétitive, au cours des nombreux crashtests virtuels que l’on aura réalisés. Plus on multipliera ces crash-tests (on pourra le faire avec des ordinateurs puissants), plus on aura l’occasion d’affiner les mécanismes lésionnels de façon scientifiquement prouvée. Dr Jean-Marie Coudreuse: Quelles perspectives avez-vous pour le futur? Pr Christian Brunet : Dans les années à venir, le but sera de pouvoir installer un mannequin virtuel dans une voiture virtuelle, encore en phase de conception. Il sera alors possible,avant même que le prototype ne sorte de l’atelier de recherche, de modifier sur l’ordinateur la voiture virtuelle.On pourra par exemple déceler un élément vulnérant du tableau Aujourd’hui, les crash-tests de référence utilisent des mannequins de silicone. En simulant sur logiciel des crash-tests avec un conducteur virtuel (projet Humos), les connaissances médicales en accidentologie devraient progresser. de bord, de la colonne de direction ou des montants latéraux pour la rendre plus sûre,jusqu’à ce que l’on puisse fabriquer le prototype pratiquement exempt de tout défaut. Dr Jean-Marie Coudreuse : J’imagine que vous avez des partenaires parmi les constructeurs. Les sportifs de haut niveau, en particulier les pilotes de Formule 1 sont-ils concernés par ces travaux ? Pr Christian Brunet : Comme il m’a été demandé, il y a peu de temps, on peut imaginer,lorsque Humos numéro 2 sera au point, que des crash-tests virtuels soient réalisés sur les Formules 1 de l’année suivante,encore dans les disques durs des ingénieurs.On pourra,à ce momentlà,si la méthode est fiable,réaliser autant de crash-tests virtuels,contrôlés par des experts, afin d’éviter le coût très élevé d’un crash-test réglementaire réalisé en début de saison. ■ De l’utilisation des sujets anatomiques Les crash-tests avec des sujets d’anatomie réclament 2 à 3 semaines de préparation et ne peuvent avoir lieu que dans l’enceinte d’une faculté de médecine (ici, la faculté de médecine Nord de Marseille). La loi insiste sur la préservation de la dignité des sépultures. Un juge d’instruction doit autoriser le transport du corps, qui n’est pas restitué à la famille. Après incinération, les cendres sont déposées dans un cimetière proche de Marseille. En outre, les sujets anatomiques sont rares et, 9 fois sur 10, dédiés à la formation des médecins. A ces difficultés s’ajoutent des questions évidentes d’éthique, qui soulignent d’autant plus l’intérêt de la création de “l’homme virtuel” du Laboratoire de biomécanique appliquée (Humos). MÉDECINS DU SPORT 23 N°55-NOVEMBREE 2002 non vasculaires et non traumatiques Les myalgies d’effort non vasculaires et non traumatiques sont très difficiles à diagnostiquer, parce que rares et méconnues. Médecins du sport fait le point sur ces pathologies peu communes. L a douleur musculaire est un symptôme dont les origines sont nombreuses. Après avoir envisagé les douleurs d’effort d’origine traumatique ou vasculaire (Médecin du Sport n°15, 16,39,40),Médecins du sport se penche sur les autres étiologies,parfois aux confins de la médecine interne : les myalgies non vasculaires et non traumatiques. Nous différençons les myalgies d’effort, (détaillées ci-après), des myalgies de repos. Les formes mixtes sont possibles, compliquant la situation (Tab. I). La finesse du diagnostic repose sur une Myalgies de repos Mots clés démarche clinique rigoureuse,malgré une symptomatologie trompeuse.Le rôle du médecin du sport se limite parfois à donner une bonne orientation à son patient pour le guider dans les rares filières spécialisées. Myalgies d’effort Muscles Nerf Myopathies Métabolisme LES PIÈGES NEUROLOGIQUES Cliniquement, les douleurs sont plus ou moins localisées au niveau de la zone de compression et ont tendance à irradier en amont et/ou en aval.Il existe souvent une composante nocturne et d’éventuels troubles sensitifs associés mettent sur la voie.Le test d’une infiltration anesthésique au niveau d’une zone de conflit présumée, est d’une grande valeur s’il est positif.L’EMG est plus ou moins performant car il n’existe pas souvent de déficit moteur,les PEV sensitifs peuvent être plus performants. Au niveau du membre supérieur Parmi les douleurs les plus fréquentes (1), citons les compressions : ● du nerf médian,sous l’aponévrose du long biceps au coude ; ● du nerf radial, à la racine de l’avantbras, au niveau de l’arcade de Froehse ; Tableau I : les différentes formes de myalgies. ● du nerf cubital, dans la gouttière rétro-épitroLES MYALGIES LES DIFFÉRENTES FORMES chléenne. Myalgies d’effort Dr Hervé de Labareyre* (Traumatique) (Vasculaire) Pièges neurologiques Muscles accessoires Maladies musculaires Dystrophies Dystonies Myasthénie Myalgies aiguës Médicamenteuses Infectieuses (bact., vir., parasit., fung.) Myalgies chroniques Médicamenteuses Métaboliques Endocriniennes Maladies systémiques (myosites, vascularites) Maladies neurologiques Myalgies mixtes MÉDECINS DU SPORT Au niveau du membre supérieur Là encore de nombreuses zones compressives peuvent être rencontrées (Fig. 1 et 2) : ● le nerf grand sciatique peut être coincé sous le bord inférieur du muscle pyramidal, donnant le fameux syndrome du pyramidal (sans doute moins fréquent qu’il n’est évoqué), et se traduisant par une douleur ressentie au niveau de la fesse 25 Figure 1 : zones d’irritation possibles du nerf sciatique au niveau du bassin. ou de la partie haute de la face postérieure de la cuisse, une douleur à la palpation profonde de la fesse, et une “contracture”du muscle pyramidal dont le testing est douloureux ; ● le nerf grand sciatique peut également être irrité dans la région ischiatique, donnant un tableau d’enthésopathie haute des ischio-jambiers, mais s’accompagnant de paresthésies ; ● le nerf ilio-hypogastrique peut être coincé sous la partie la plus latérale de l’arcade crurale,et entraîner des douleurs latérales de la face externe de la hanche et de la cuisse (Fig. 2 (1)) ; ● le nerf cutané latéral (ex fémorocutané) est à l’origine de la classique “méralgie”,à la face latérale de la cuisse,dans une zone en raquette (Fig. 2 (2)) ; ● le nerf fémoral (ex crural) peut également être comprimé sous l’arcade crurale en entraînant des symptômes antérieurs de cuisse, de même que lors de * Clinique des Lilas, les Lilas. N°55-NOVEMBRE 2002 Mise au point Les myalgies d’effort Mise au point 1 Rm. cut. lat. du n. ilio-hypo N. cutané latéral de la cuisse 2 Rx. perforants du n. musculaire latéral (du n. fémoral) 3 4 Rm. cutané de la br. antérieure du n. obturateur N. saphène 6 5 N. cutané sural latéral (du n. fibulaire commun) 7 N. fibulaire superficiel LES MUSCLES ACCESSOIRES OU SURNUMÉRAIRES Les muscles accessoires sont très souvent asymptomatiques. Lorsqu’ils deviennent expressifs,la douleur apparaît progressivement,toujours au même endroit,de façon de plus en plus facile.Elle s’accompagne d’une impression de crampes, de tension, et s’améliore toujours avec le repos. On note généralement une augmentation de volume localement et une tuméfaction ferme contractile. L’hypothèse diagnostique était autrefois confirmée par l’EMG ;actuellement, l’échographie et l’IRM sont largement plus employées (Fig.3).L’ablation chirurgicale règle habituellement le problème.Le muscle le plus concerné demeure le soléaire accessoire, mais nous pouvons citer également le gastrocnémien médial ou le demi-membraneux accessoire. LES MYOPATHIES MÉTABOLIQUES Figure 2 : quelques pièges au niveau du membre inférieur. la traversée de l’aponévrose du droit antérieur (Fig. 2 (3)) ; ● le nerf obturateur est à l’origine d’une symptomatologie à la face médiale basse de la cuisse, s’il est irrité en traversant l’aponévrose des adducteurs (Fig.2 (4)) ; ● le nerf péronier commun (ex SPE) peut être comprimé lorsqu’il contourne l’articulation tibio-fibulaire proximale, avec une symptomatologie de la face latérale de la jambe (Fig. 2 (5)) ; ● le nerf saphène,de trajet anatomique variable, peut entrer en conflit avec le sartorius (ex couturier) et être à l’origine de douleurs de la partie haute et médiale de la jambe (Fig. 2 (6)) ; ● le nerf fibulaire superficiel (ex musculo-cutané) peut être comprimé lorsqu’il traverse l’aponévrose du tibial antérieur et entraîner une symptomatologie distale de la loge antéro-latérale de la jambe (Fig. 2 (7)) ; ● le nerf sural (ex saphène externe) provoque une symptomatologie distale du mollet s’il est comprimé lors de son passage à travers l’aponévrose surale. Les myopathies métaboliques sont de véritables maladies musculaires d’origine génétique pour lesquelles les recherches sont actives.Elles sont très mal connues, difficiles à diagnostiquer et leurs variétés augmentent sans cesse au fur et à mesure du démembrement de ces pathologies (2, 4, 8). Rappel Il importe de se souvenir d’un minimum de physiologie musculaire (Fig. 4) pour mieux comprendre les classifications,les symptômes et les hypothétiques traitements : ● un exercice court et intense (jusqu’à 5-7 secondes) induit une dégradation de la créatine-phosphate musculaire, c’est le métabolisme anaérobie alactique ; ● un exercice intense ne dépassant pas 40 à 60 secondes entraîne une dégradation du glucose,puis du glycogène musculaire avec production d’acide lactique, c’est le métabolisme anaérobie lactique ; ● un exercice se prolongeant plus de quelques minutes implique une dégradation des glucides et des lipides dans la mitochondrie, c’est le métabolisme aérobie ; pendant les 10-20 premières minutes,les glucides sont plus consommés que les lipides ; au-delà, c’est l’inverse. Signes cliniques généraux La découverte se fait souvent à l’âge adulte, car les symptômes sont le plus souvent mineurs. Les formes majeures entraînant une pathologie manifeste dès l’enfance sortent de notre domaine habituel de consultation. Le sport n’est finalement qu’une circonstance de découverte, sans être la cause du problème. La notion de myoglobinurie (urines rouges ou noires) est un bon élément d’orientation signant une rhabdomyolyse. Les douleurs musculaires sont plutôt diffuses,symétriques,il peut exister un gonflement musculaire. Elles peuvent être isolées,s’accompagner d’une fatigue avec parfois un phénomène de second souffle, lorsque l’effort peut être poursuivi après un court repos,mais aussi s’accompagner de crampes et, enfin, entraîner une intolérance franche à l’effort avec fatigabilité majeure, impression d’enraidissement et difficultés à la marche. Dans tous les cas, il existe un risque de décompensation avec rhabdomyolyse susceptible d’entraîner une insuffisance rénale avec mise en jeu du pronostic Figure 3 : volumineux soléaire accessoire bilatéral, l’espace graisseux de Kajer est comblé par une structure de signal musculaire. Toutes ces pathologies,de diagnostic difficile,sont susceptibles d’être améliorées par des infiltrations locales ou une chirurgie décompressive. MÉDECINS DU SPORT 26 N° 55-NOVEMBRE 2002 LDH glucides glucides NAD NAD NADH 2 NADH 2 après des efforts prolongés,alors que les efforts courts sont bien tolérés.On ne note pas de phénomène de second souffle. Il existe un risque d’insuffisance rénale aiguë. lipides acide pyruvique acide pyruvique ACT CO2 + H2O mitochondrie ATP créatine - phosphate + ADP O2 CO2 + H2O créatine CPK Figure 4 : les différentes voies métaboliques énergétiques (9). vital. Cette situation n’est pas habituelle en traumatologie du sport, car il s’agit habituellement de formes mineures. Les examens complémentaires Ceux-ci ont 3 objectifs : 1 - mettre en évidence la souffrance musculaire (CPK,myoglobinurie de repos et de post-effort, tracé myogène de l’EMG d’effort qui est normal au repos,IRM morphologique) ; 2 - détecter l’anomalie métabolique (lactacidémie d’effort, spectroscopie en IRM) ; 3 - détecter l’anomalie causale “in situ” (biopsie musculaire). Certains de ces examens ne sont évidemment demandés qu’en milieu spécialisé. Les explorations fonctionnelles Des tests d’effort peuvent être réalisés, au cours desquels sont évaluées la VO2 max,la cinétique de l’acide lactique, de l’ammoniémie,des CPK,de la LDH et de la myoglobine. Les différentes maladies On distingue les glycogènoses (dysfonctionnement du métabolisme glucidique), les lipidoses (dysfonctionnement du métabolisme lipidique),les myopathies mitochondriales (pathologie de la chaîne respiratoire), les anomalies du recaptage du calcium,etc.,la liste n’est pas close. 1 - Les glycogènoses les plus fréquentes se manifestent par une intolérance à l’effort à cause d’un déficit enzymatique quelque part dans la chaîne de dégradation du glycogène ; toutes les enzymes peuvent être impliquées,d’où la multiplicité des maladies et leurs formes cliniques différentes (12 maladies répertoriées à ce jour). La plus fréquente est la maladie de Mc Ardle, ou glycogènose de type V, liée à un déficit en myophosphorylase.Autosomique récessive,cette maladie se manifeste toujours lors d’efforts plutôt courts et intenses, sous la forme d’une fatigabilité musculaire douloureuse à l’effort, voire de crampes, associée à un essoufflement.Il existe un phénomène de second souffle, par mise en route plus tardive des mécanismes aérobies. L’examen au repos est normal, à l’exception de l’apparition d’une contracture musculaire après contraction contre résistance (test de la griffe digitale).On note fréquemment une myoglobinurie, une augmentation variable des CPK et une absence de production d’acide lactique après effort, par blocage de la glycolyse anaérobie. La spectroscopie en IRM montre, entre autres anomalies, une absence de diminution du pH musculaire à l’effort (liée à la non-production d’acide lactique). La biopsie musculaire objective une accumulation du glycogène (non dégradé) et le déficit en myophosphorylase (cause de la maladie). L’ensemble de ces maladies ne permet que peu, ou pas, de traitement (augmentation des lipides, diminution des glucides dans l’alimentation ?). Les glycogènoses majeures se manifestent par un déficit musculaire permanent, sont découvertes chez l’enfant et se compliquent d’atteinte hépatique,splénique, voire respiratoire. 2 - Les lipidoses se traduisent par des épisodes de myolyse avec myoglobinurie MÉDECINS DU SPORT 27 Le diagnostic se fait à la biopsie musculaire (surcharge lipidique, déficit enzymatique). Il existe des possibilités thérapeutiques par le biais de l’alimentation en augmentant la ration en sucres (glucose, fructose) et en privilégiant les acides gras à chaînes moyennes plutôt que ceux à chaînes longues. Les efforts prolongés sont déconseillés tout comme le jeûne. La lipidose la plus fréquente en médecine du sport est liée à un déficit en carnitine palmityl transférase (CPT) type 2, qui permet le transfert des acides gras libres à travers la paroi mitochondriale. Il existe des déficits en CPT type 1 ainsi qu’en carnitine. 3 - Les myopathies mitochondriales sont liées au déficit de l’une ou l’autre des enzymes de la ß-oxydation ou de la chaîne respiratoire. Elles se manifestent par une fatigabilité musculaire douloureuse,après un effort court avec présence d’un essoufflement.Les symptômes musculaires sont souvent en retrait par rapport à de multiples symptômes traduisant un dysfonctionnement pluri-systémique (neurologique, oculaire, cardiaque…). L’acide lactique augmente parfois un peu au repos et beaucoup à l’effort. La VO2 max est basse. La spectro-IRM et la biopsie sont pathologiques.Même s’il est mal toléré,l’exercice physique est un facteur de moindre dégradation. 4 - L’anomalie du recaptage du calcium sarcoplasmique - Elle peut se traduire par une mauvaise relaxation de la fibre musculaire après contraction,c’est le syndrome de Brody. On note la notion de raideur musculaire, de crampes, de faiblesse, prédominant sur les muscles distaux et faciaux.La force musculaire de repos est normale alors que les exercices musculaires répétitifs montrent un défaut de relâchement. - Ailleurs, elle peut se traduire par une hyperthermie. Les dystrophies (2) Elles résultent de l’incapacité de l’organisme à maintenir la structure différenciée du tissu musculaire pendant l’existence, par anomalie génétique. Il était classique de différencier les dystrophies avec ou N°55-NOVEMBRE 2002 Mise au point acide lactique Mise au point Lame basale Lamine Espace extracellulaire dystroglycane Dysferline Caveoline 25 sarcospan dystroG. Sarcolemme Sarcoglycanes Cytoplasme Syntrophines Les dystonies Encore appelées crampes professionnelles, elles se manifestent souvent lors d’activités manuelles précises (écriture, piano,guitare…) et se traduisent par une contraction douloureuse et simultanée de groupes musculaires agonistes et antagonistes. On ne retrouve aucune anomalie biologique ni en imagerie.Le traitement passe souvent par des moyens “relaxants” au sens large. Dystrophine Dystrobrevine Emerine Actine Calpaïne Lamine Enveloppe nucléaire Noyau Figure 5 : les principales protéines musculaires impliquées dans les dystrophies (où l’on s’aperçoit que les connaissances du médecin du sport sont sans doute insuffisantes…) (3). sans myotonie, d’autres classifications beaucoup plus complexes sont actuellement en vigueur et dépassent très largement le domaine de la médecine du sport (Fig. 5). A noter,la présence d’un hypo-signal musculaire sur l’IRM morphologique,un EMG de type myogène et des anomalies histologiques à la biopsie (dégénérescence musculaire,adipose,sclérose). La myasthénie Il s’agit d’une anomalie de la transmission neuromusculaire par l’acétylcholine. Elle se manifeste essentiellement par une faiblesse musculaire à l’effort beaucoup plus que par des douleurs ; l’atteinte des muscles oculaires et faciaux est évocatrice. Le traitement repose sur les médicaments anticholinestérasiques. Tableau II : les médicaments susceptibles d’entraîner des douleurs musculaires (d’après T. Cardon). POLYMYOSITES Médic. certains Procaïnamide D-Pénicillamine Acadione L-Tryptophane Cimétidine MYOPATHIES AVEC RHABDOMYOLYSE Fibrates Inh. HMG coA réduct. Alcool Amphétamines Cocaïne Cyclosporine A Zidovudine (AZT) Médic. probables Carbimazol Phénylbutazone Etretinate Néomercazole Emetine Propylthiouracile Procaïnamide Pénicilline Colchicine Carbimazole Dypiridamole Lanzoprazole Danazol Leuprolide Flecaïne Lévodopa Cromoglycate de Na Phénytoïne Lithium Sulfamides Inhibiteur de l’enzyme PUVAthérapie de conversion (Angiotensine) Métoprolol Méthotrexate Ac. aminocaproïque MYALGIES +MYOPATHIES All-trans-retinoïc ac. Azathioprime Inhibiteur de l’enzyme de conversion (Angiotensine) Interferon Bêtabloquants Rifampicine Huile tox. espagn. Rétinoïdes Danazol MÉDECINS DU SPORT MYOPATHIES DOULOUREUSES + NEUROPATHIES Vincristine Amiodarone Hypophosphorémie iatrogène Hypokaliémie iatrogène CONCLUSION Il existe de multiples étiologies aux douleurs musculaires. Il ne faut pas se laisser piéger par les hypothèses mécaniques habituelles, chez le sportif, et envisager d’autres anomalies de fonctionnement musculaire. Le recours à des instituts de myologie est alors d’un grand secours. ■ BIBLIOGRAPHIE 1. Fichez O. Diagnostic d’une douleur chronique de l’avant-bras. Médecins du sport 2000 ; 36 : 13-22. 2. Cardon T. Diagnostic des myalgies diffuses.Réflexions rhumatologiques, 2001 ; 42 (5) : 26-29. 3. Eymard B. Renouveau des dystrophies musculaires. Réflexions rhumatologiques 2002 ; 50 (6) : 7-14. 4. Eymard B, Laforet P. Myopathies métaboliques à l’âge adulte, présentation et démarche diagnostique. Consultation de Pathologie Musculaire, Hôpital de la Salpêtrière (non publié à ce jour). 5. Rochcongar P.Myalgies et exercice physique.J Traumatol Sport 2000 ;17 (2) : 67-71. 6. Serratrice G.Mitochondries et rhumatologie.La lettre du Rhumatolgue 1991 ; 169 : 1-3. 7. Serratrice G. Myalgies et crampes d’effort. J Traumatol Sport 2002 ; 19 (2) : 100-5. 8. Wazières B (de), Dupond J.L. Myopathies métaboliques et mitochondriales.Réflexions Rhumatologiques 2002 ; 6 ; 50 : 15-20. 9. Monod H.,Vandewalle H. Sports et Médecine, Editions Médicales Fournier Frères - Pharmuka, 1983, tome III. 28 N° 55-NOVEMBRE 2002 Régulièrement, le Dr Philippe Le Van* vous proposera un petit tour d’horizon des sites consacrés à la médecine du sport sur la toile du net. Voici un site Internet orienté en rhumatologie et arthroscopie. Internet La rubrique du Dr. Net http://perso.wanadoo.fr/thierry.boyer./ Un contenu d’une grande richesse pour ce site qui saura satisfaire le “surfeur-médecin” curieux, sur un grand nombre de sujets, grâce aux articles de l’auteur, mais surtout par la diversité des sujets abordés lors des journées de Bichat, dont les recueils des communications sont consultables sur le site. La page d’accueil est divisée en deux. • Menu gauche Les publications de l’auteur sont réparties en quatre rubriques :épaule,genou, hanche et divers. En cliquant sur l’une des localisations, on accède à une liste de publication (13 articles sur l’épaule par exemple) portant sur la clinique, la pathologie et le traitement. Ces articles ne sont pas illustrés,mais font le tour du sujet et sont d’excellents supports pour un enseignement. Nous vous conseillons la lecture, dans la rubrique “Divers” de l’article : « Les infiltrations intra-articulaires sont-elles toujours intra-articulaires ? » qui rend modeste sur le sujet. Les enseignements dont est responsable le Dr Boyer avec les programmes détaillés,les annales et même les reçus aux examens, par promotion. * Médecin du sport, Insep, Paris. Le site du Dr Thierry Boyer, médecin du sport, rhumatologue et arthroscopiste responsable de l’enseignement de “Pathologie locomotrice liée à la pratique du sport” et du DIU d’arthroscopie à l’hôpital Bichat, Paris. Des images d’arthroscopie concernant l’épaule, le genou et la hanche, très didactiques, qui permettent de comprendre,grâce aux légendes,où se situent les structures anatomiques lors de vue arthroscopiques, ainsi que les pathologies rencontrées. Les + ❍ • Menu droite L’énorme quantité des articles mis en Sous une reposante image de parc paysager,vous trouverez la liste des congrès “Sport et appareil locomoteur”des journées de Bichat,depuis 1998 jusqu’au dernier congrès de mars 2002.En un clic sur l’année de votre choix,vous pourrez accéder à la liste des sujets abordés, avec accès direct aux recueils complets des communications. Les sujets, très divers, concernent tous les aspects de la traumatologie du sport. L’ensemble des articles mis en ligne concernant les cinq dernières années,propose une multitude de thèmes sur lesquels il est souvent bon de rafraîchir nos connaissances. ■ ligne sur ce site, par l’auteur et les différents intervenants du congrès “Sport et appareil locomoteur” des journées de Bichat. Le côté pratique, pour les médecins intéressés par les enseignements de “Pathologie locomotrice liée à la pratique du sport” et du DIU d’arthroscopie. L’intérêt didactique des images d’arthroscopie. Les ❍ Une présentation un peu austère. Les articles ne sont pas illustrés. www.menarini.fr Le premier site francophone consacré à la médecine du sport • Plus de 1 000 pages de documents consacrées à la médecine du sport • Plus de 500 photos classées par localisation anatomique • Des données épidémiologiques sur plus de 7 000 cas • Des articles originaux • Un accès aux moteurs de recherche bibliographiques et des liens vers de nombreux Mise à jour tous les mois sites Internet (Medline, CHU de Rouen, INSEP…) • Une base de données exclusive en médecine du sport • Le calendrier des événements sportifs Retrouvez l’index de tous les articles de Médecins du Sport, référencés depuis sa création. MÉDECINS DU SPORT 29 N°55-NOVEMBRE 2002 Pratique La prescription en médecine du sport Situations pratiques et QCM 1re partie Dr Jacques Pruvost* En théorie, tous les médecins du sport s’intéressent et s’informent sur la réglementation concernant les substances interdites ou soumises à restrictions dans le cadre de la lutte contre le dopage. En pratique, ces quelques cas cliniques nous rappellent, qu’au quotidien, les prescriptions ne sont pas toujours faciles. O n parle beaucoup de l’angoisse du gardien de but avant le penalty, du stress du tennisman qui sert pour le match, des tourments du golfeur à l’approche du 18e trou,mais comment décrire les sentiments d’un médecin du sport au moment de la prescription de médicaments,seul face à un sportif de haut-niveau ou un sportif de compétition ? Il s’agit là d’un exercice souvent périlleux où nous engageons toujours notre responsabilité professionnelle.En effet,il faut savoir être efficace sans faire prendre le risque à ce sportif d’être positif à un éventuel contrôle anti-dopage. Le Code de santé publique 2002 et l’arrêté du 27 mars 2002 relatif aux substances et aux procédés interdits donnent un cadre législatif précis aux praticiens qui s’engagent à soigner les sportifs licenciés. Les quelques situations pratiques développées ci-dessous ont pour objectif de montrer aux médecins du sport les nombreux écueils que l’on peut croiser au gré de prescriptions qui ne s’avèrent jamais faciles. N’ayant aucune imagination,l’auteur de cet article s’est contenté de puiser dans sa longue expérience de médecin au service des sportifs de compétition quelques cas cliniques rencontrés sur le terrain… Voici donc la première partie du chapitre concernant les réglementations dans la prescription des narcotiques, des bêta-2 agonistes et des anesthésiques locaux.■ * Médecin du sport, médecin conseiller, Direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports, Marseille. Cas clinique n°1 Que mettre dans sa mallette ? Vous encadrez pour la première fois une équipe de handball féminine de Nationale 1 à l’occasion d’un match et d’un déplacement sur un week-end à 700 km de votre cabinet médical. Vous emportez avec vous les documents suivants A La loi du 23 mars 1999 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage. B L’arrêté du 27 mars 2002 relatif aux substances et aux procédés mentionnés à l’article L.3631-1 du Code de la santé publique (Voir Médecins du sport N°52). C La liste indicative des spécialités françaises contenant des substances interdites et/ou soumises à certaines restrictions du ministère de la Jeunesse et des sports. Dernière mise à jour du 30/09/2002. D La liste 2001/2002 des substances et méthodes interdites commune au Comité international olympique (CIO) et à l’Agence mondiale anti-dopage (AMA). E Le Code de santé publique 2002. F Votre VIDAL “Visite”. G Les numéros des téléphones portables du médecin fédéral national et du médecin en charge du suivi des équipes de France de handball. H Le numéro de téléphone du pharmacologue-toxicologue responsable de l’Antenne médicale de lutte contre le dopage (AMLD) de votre région. Pour en savoir plus www.santesport.gouv.fr Le site du ministère des Sports entièrement consacré au dopage. www.wada-ama.org Le site de l’Agence mondiale antidopage (AMA). www.cpld.fr Le site du Conseil de prévention et de lutte contre le dopage (CPLD). MÉDECINS DU SPORT 30 N°55-NOVEMBRE 2002 Situation de crise A l’hôtel, la veille de la compétition, une joueuse de l’équipe vient vous montrer l’ordonnance de son médecin généraliste qu’elle a consulté en début de semaine pour une tendinopathie rotulienne et qui lui a prescrit : • Di-Antalvic® : 2 gélules matin et soir pendant 5 jours. • Lamaline® : 1 gélule 3 fois par jour pendant 5 jours. • Feldène® 20 mg : 1 comprimé matin et soir pendant 7 jours. Parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont exactes ? A Vous rassurez la sportive en lui assurant que son ordonnance ne contient aucun médicament inscrit sur la liste des produits interdits et qu’elle ne risque rien en cas de contrôle anti-dopage. B Vous rassurez la sportive, faites un certificat de notification thérapeutique décrivant sa pathologie et justifiant le traitement prescrit qu’elle présentera en cas de contrôle anti-dopage. C Vous expliquez à la sportive qu’en cas de contrôle anti-dopage elle sera positive, faites un certificat d’incompatibilité avec la pratique sportive de 10 jours et le remettez à la sportive. Vous gardez un double de ce certificat. D Vous passez un très mauvais week-end. La bonne attitude Les réponses C et D sont exactes. La Lamaline® est un médicament interdit de la classe des Narcotiques dont le principe actif est la morphine. La sportive sera donc positive en cas de contrôle antidopage. Vous devez lui remettre un certificat d’incompatibilité avec la pratique sportive et lui suggérer très fortement de ne pas participer à la compétition. C’est à elle d’en informer l’entraîneur ou le dirigeant du club responsable sur ce déplacement. Si cette sportive souhaite prendre des risques et jouer à tout prix, vous devez respecter le secret médical et ne pas intervenir. Ambiance garantie et mauvais week-end en perspective… Aucun médecin référent (médecin fédéral national, médecin du suivi des équipes de France, médecin de l’Antenne médicale de lutte contre le dopage) n’est joignable. Cas clinique n°3 Un remède contre la douleur Un rugbyman vient vous consulter pour des lombalgies d’apparition récente associées à une douleur radiculaire gauche intermittente. Ce sportif a des antécédents de sciatique sur hernie discale. Il tient absolument à participer au match de la fin de semaine car son équipe “joue le maintien en première division régionale”. Parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont exactes ? Vous pouvez prescrire un anti-inflammatoire non stéroïdien : Ketum 100® per os, ou Ketum Doseur® en traitement local. A B Vous pouvez prescrire un antalgique de niveau II a : DI-Antalvic® (dextropropoxyphéne, paracétamol). C Vous pouvez prescrire un antalgique de niveau II a : Efferalgan Codéine® (codéine, paracétamol). D Vous pouvez prescrire un antalgique de niveau II b : Topalgic 100 LP® (chlorhydrate de tramadol). Les réponses B, C, F, G et H sont exactes. Le texte de la loi du 23 mars 1999 est superflu. Le Code de santé publique est un ouvrage encombrant qui n’a pas pour vocation de se promener sur les terrains de sport. Néanmoins, il est intéressant de savoir que l’édition 2002 reprend la loi du 23 mars 1999 et précise le rôle des médecins dans la lutte contre le dopage. Vous restez sur le territoire Français, la liste commune au CIO et à l’AMA n’est donc pas utile. Les autres textes sont des références qui doivent figurer sur le bureau ou dans la mallette du médecin du sport. Les numéros de téléphone des médecins de la fédération et d’un médecin pharmacologuetoxicologue sont toujours d’un grand secours lorsque l’on accompagne des sportifs professionnels ou de Haut-Niveau. MÉDECINS DU SPORT 31 La bonne attitude Les réponses A, B, C et D sont exactes. Selon l’arrêté du 27 mars 2002 relatif aux substances et aux procédés interdits, « les anti-inflammatoires non stéroïdiens, le dextropropoxyphéne, la codéine et le tramadol ne sont pas interdits ». La bonne attitude N°55-NOVEMBRE 2002 Pratique Cas clinique n°2 Une mauvaise toux Un triathlète qui a doublé ses quantités d’entraînement depuis 3 mois, vient vous consulter pour une toux à l’effort et après l’effort évoquant un asthme. Vous l’adressez à un pneumologue qui, après épreuve fonctionnelle respiratoire, certifie le diagnostic d’asthme La d’effort et vous conseille de traiter le patient par : fénotérol (Berotec® - bêta-2 mimétique de courte durée d’action) en suspension pour inhalation et antileucotriene (Montelukast®). Parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont exactes ? A Vous respectez les prescriptions du spécialiste, faites un certificat de notification thérapeutique et adressez le double du dossier au médecin fédéral national. B Vous préférez prescrire un bêta-2 mimétique d’action prolongée (Serevent®, Foradil®, Oxéol®), faites un certificat de notification thérapeutique et adressez le double du dossier au médecin fédéral national. C Vous prescrivez de la terbutaline (Bricanyl®) en suspension pour inhalation, faites un certificat de notification thérapeutique et adressez un double du dossier au médecin fédéral national. bonne attitude La réponse C est la bonne réponse. Attention, le pneumologue a sans doute voulu tester votre sagacité ! Et il n’est pas impossible qu’il l’ait fait involontairement... En effet le fénotérol (Berotec®) fait partie de la liste des substances interdites et vous ne devez pas le prescrire. Arrêté du 27 mars 2002 : Berotec® et Oxéol® sont sur la liste des médicaments interdits mais Foradil®, Serevent® et Bricanyl® peuvent être prescrits, accompagnés d’un certificat de notification thérapeutique. Certains bêta-2 agonistes de longue durée d’action (Foradil®, Serevent®) peuvent être prescrits, accompagnés d’une notification thérapeutique, mais le bambuterol (Oxéol®) est interdit. Le classement sur la liste des substances interdites n’a donc pas de rapport avec la durée d’action des produits : action brève pour le fénotérol (Berotec®, Bronchodual®), action prolongée pour le Bambutérol (Oxéol®) ; mais ces derniers produits sont interdits pour leurs propriétés stimulantes ou anabolisantes. Cas clinique n°5 Stratégie thérapeutique Un coureur sur route de très bon niveau vient vous consulter pour une tendinopathie d’Achille “traînante” et invalidante. Tous les traitements médicaux et paramédicaux habituels semblent inefficaces. Seule la mésothérapie le soulage à l’approche des compétitions et les championnats de France de semi-marathon sont prévus dix jours plus tard. Le sportif est d’accord avec votre stratégie thérapeutique qui consiste en une séance tous les 3 jours (3 séances en tout) d’un mélange de piroxicam (Feldène®), blufomedil (Fonzylane®) et lidocaïne (Mésocaïne®). La dernière séance est prévue 48 heures avant la compétition. Parmi les propositions suivantes, laquelle ou lesquelles sont exactes ? A Vous rassurez le sportif en lui assurant qu’aucun des trois médicaments utilisés n’est sur la liste des produits dopants. La bonne attitude Les réponses C et D sont exactes. La lidocaïne fait partie des anesthésiques locaux qui sont autorisés par voie injectable locale ou intra-articulaire, uniquement lorsque “l’administration est médicalement justifiée”. La Mésocaïne®, très largement utilisée en mésothérapie, peut rendre positif un contrôle anti-dopage. Une notification thérapeutique doit donc accompagner son utilisation. En cas de contrôle anti-dopage, le sportif doit déclarer au médecin préleveur, tous les médicaments et produits qu’il a pris, ou qui lui ont été administrés, dans les 15 derniers jours. Pratique Cas clinique n°4 B Vous rassurez le sportif en lui assurant que la technique de la mésothérapie et les faibles doses utilisées ne peuvent rendre positif un contrôle anti-dopage. C Vous faites un certificat de notification thérapeutique précisant le diagnostic, le traitement, les doses utilisées et vous le donnez au sportif. D Vous précisez au sportif qu’il est dans l’obligation de présenter ce certificat en cas de contrôle anti-dopage dans les 15 jours qui suivent la dernière séance de mésothérapie. MÉDECINS DU SPORT 32 N°55-NOVEMBRE 2002 15E RÉUNION ANNUELLE DU GIEDA INTER RACHIS 6 - 8 décembre 2002 Ensam - Angers 13 - 14 décembre 2002 Centre français du commerce extérieur, Paris ■ Thèmes RACHIS ET DOULEUR ● Etiopathogénie de la dégénérescence discale ● Les douleurs chroniques invalidantes et rebelles ● Indications et résultats des techniques de stimulation transcutanée et médullaire ● Approche multidisciplinaire du traitement de la lombalgie chronique ● Données nouvelles sur l’évolution naturelle de la hernie discale L’IMAGERIE DU RACHIS Apport de l’IRM dans la pathologie discale - la discographie simulation de mise en charge en IRM ■ Thèmes Pathologies du membre inférieur et pratiques sportives La lutte anti-dopage ● Arthrose de la hanche et du genou: preuves et particularités ● Epreuve d’effort en hypoxie ● Physiologie et évaluation des performances sportives ● ● ABORDS MINI INVASIFS DES LÉSIONS DISCALES ● La discectomie endoscopique par voie transforaminale ● Technique YESS ● Autres techniques endoscopiques ● Place de la chirurgie endoscopique dans les échecs de la chirurgie canalaire, dans la pathologie sténosante et dans le traitement des spondylodiscites ● Perspectives futures (cage, injection de tissu néonucléaire, prothèse par voie endoscopique) ● Antibio-prophylaxie dans la chirurgie endoscopique ■ Ateliers La douleur en traumatologie du sport Imagerie ● Conduite à tenir face à un genou instable ● Viscosupplémentation ● Examens programmés des membres inférieurs ● “Ces ex-célèbres sportifs, que sont-ils devenus?” ● Accélérométrie ● Examen à la pratique sportive chez le sujet âgé ● Thérapeutiques manuelles et osthéopatiques (genou) ● Locométrix: l’analyse biomécanique ambulatoire de l’athlète à la course à pied ● ● AUTRES TECHNIQUES MINI INVASIVES DES LÉSIONS DISCALES ● La décompression discale au Laser ● La nucléolyse à l’éthanol ● Les techniques de thermo-modulation (IDET, HFR, Laser) ● Concept d’harmonisation musculaire paraspinal ■ Renseignements ■ Table ronde Techni Media Service Congrès de médecine du Sport Valérie Renaudin, Benoist Boursier ZA Beau Soleil, BP 10 44116 Vieillevigne Tél. : 0240265807 Fax : 0240265403 Email: [email protected] ● ● Comparaison des différentes techniques percutanées Comparaison avec la chirurgie canalaire, micro-chirurgie… ■ Renseignements Gieda Inter rachis - Catherine Charpentier 23 rue du général Galembert - 41000 Blois Tél. / fax: 0254785398 Email: [email protected] ÉCHOS DES 23E JEUX MONDIAUX DE LA MÉDECINE 2002 Les fractures de fatigue et ostéoporotiques Les 23e Jeux mondiaux de la médecine 2002, qui se sont déroulés à Balaton, en Hongrie, ont été l’occasion de faire le point sur les mécanismes de survenue des fractures sans traumatisme chez le sportif. Ce type de fracture, qui pose parfois des problèmes de diagnostic, est dû soit à des forces exercées régulièrement sur un os sain (fracture de fatigue) soit à des contraintes modérées sur un os fragile (fracture ostéoporotique). Une revue d’actualités sur les fractures de fatigue a permis de détailler les critères de diagnostic (douleur mécanique, douleur au toucher, parfois œdème ou tuméfaction...) et MÉDECINS DU SPORT 33 d’expliquer quels examens confortent ce dernier (radiograhie, scanner, IRM...) voire l’anticipent (scintigraphie osseuse). L’ostéoporose, sénile ou post-ménopausique, peut également favoriser des fractures. Lors des derniers Jeux mondiaux de la médecine, les spécialistes ont conseillé de compléter le diagnostic traditionnel (trouble des règles, trouble alimentaire, ménopause précoce, antécédent familial, traitement corticoïde, etc.) par la réalisation d’une densitométrie osseuse ; celle-ci précisera le niveau de résistance de l’os du sportif ou poussera à rechercher une cause pathologique à sa fragilité. N°55-NOVEMBRE 2002 Congrès / formation 22E CONGRÈS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MÉDECINE DU SPORT