Depuis le marathon du Mont-blanc, le Trail des Aiguilles Rouges me
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Depuis le marathon du Mont-blanc, le Trail des Aiguilles Rouges me
25 Septembre 2010 Trail des Aiguilles Rouges Depuis le marathon du Mont-blanc, le Trail des Aiguilles Rouges me trotte dans la tête….Dénivelé important pour une distance raisonnable à mon gout. Un jour, l’inscription part. On ne sait pas pourquoi ce jour là… ! Mais c’est fait, l’objectif est en vue. Je ne suis pas seul car Flo sera aussi de la partie. Les autres compères, ont ciblés la CCC avec ses 98km et 5600 D+. Trop long pour moi, trop tôt !! Et il faut le dire : Pas envie tout simplement. Le Trail de Faverges était le premier objectif de l’année en préparation des Aiguilles. L’entrainement cette année : Pas celui des templiers de l’an dernier. Le sentiment de ne pas être prêt. Et plus la date approche, plus les doutes s’installent. Une alimentation difficile à gérer suite aux vacances… Béa ne cesse de me soutenir, de me booster !! 15 jours avant, elle m’emmènera même faire une petite sortie de 17 km dans le Sancy !! Mes sensations sont bonnes, l’envie revient, la date approche. Je me sens mieux. Maintenant : repos, repas équilibrés. 15 jours tranquilles avec vélo et petites sorties. Nous finissons de préparer nos affaires et samedi enfin, nous partons. Suite à un voyage calme en compagnie des Choupiflos, nous arrivons à Vallorcine au rythme des réveils peu nombreux de Pierre. J’ai bien cru que nous n’allions pas faire de pause tellement ce petit bonhomme roupille. Superbe résidence avec vue sur la ligne d’arrivée, piscine, sauna, hammam… Tout y est !! Les bagages ont quittés les voitures….. et…. Nous voilà filant vers Chamonix : Haut-lieu de retrait de dossards en tout genre. Quel plaisir de se retrouver sur cette place, pleine de souvenirs, de joies !! Quel plaisir aussi de croiser de grands noms du Trail, sans bien-sûr oser les approcher, mais juste faire de gros efforts pour une photo hasardeuse et unique (photo). Dossard 215, 713 inscrits. Balade dans les rues de Chamonix en attendant le débrief de 18h. Le temps est vraiment couvert et très humide. Pas de sommets en vue… Le brouillard nous attend pour demain. Le débrief : Le mauvais temps est là, le parcours de repli est validé. Donc pas de Brévent à 2500m mais une descente à la place pour un retour sur Planpraz, la Flégère. Puis retour sur le parcours au niveau des Lacs Blancs. L’organisateur nous dresse un tableau bien noir mais au combien attrayant en soi. Pasta Party :Nous voilà devant 1kg de Spaghettis, sauce tomate florentine et Jambon…Puis Dodo…2h15 le réveil sonne. La tête est claire, je suis bien et fignole mes dernières affaires. Douche, petit déjeuner. 3h25, Béa nous emmène à Chamonix alors que Pierre dort à points presque fermés. Bises à Chouchou. 3h45, nous sommes sur la place du départ, nous sommes prêts. La pression monte. Couvert, bouché, mais pas de pluie (même si elle est prévue à 1300m) Thé de bienvenue, le moral est au Top, Béa me booste. On se place sur la ligne. Enfin 5m derrière. Je me sens moins seul avec mes bâtons : prêt de 90% des traileurs en sont équipés. Béa fait quelques photos avant le grand saut. Dernières consignes d’avant course et c’est le départ. Les chronos partent, nous aussi…comme d’habitude, très doucement. Béa est là sur la droite, elle filme et très vite la course prend le dessus dans la tête. Un peu de route pour sortir de Chamonix avant de filer par un single dans la forêt et commencer par une grimpette fort pentue. Je jette un œil sur le Gps : 26m en 14 secondes… Pas mal mais un peu court pour 3 kms. Je cherche, panique un peu intérieurement et le remets en route…ok c’est mieux. Là le cerveau par à 200 km/h pour recalculer tous les temps avec 15min de décalage et environ 3km de moins. Quelques minutes que nous montons sans cesse. Dans le brouillard et la nuit, c’est une chaine de frontales qui serpente : celles de devant sont 30m au-dessus, celles de derrière sont 30m en-dessous !! Impressionnant et unique. Pas de bouchon, mais un rythme bien calé. Pas de pluie et une fraîcheur qui me va bien. Une petite claque dans le dos, et mon ami Flo qui partage quelques mètres, quelques paroles motivantes…Il était en pause. C’est pourtant moi qui ai bu le thé. Du Brouillard : Déjà, il reprend quelques places et me laisse reprendre mon rythme avec bonheur. Les 1300 m nous amène le brouillard et aussi une petite pluie fine… que l’on aimerait appeler neige… mais là il faudra encore monter. Du coup, je commence à quitter mon sac afin de m’équiper de mon super coupe-vent (95gr) afin de ne pas être mouillé et risquer d’avoir froid tout à l’heure. Je profite d’un virage pour m’arrêter et finaliser l’enfilage. Je l’avais testé une fois par temps frais au Sancy. Sous cette petite pluie il s’avère au top. Je suis à la bonne température. Nous évitons Merlet en passant au-dessus et enfin prendre un petit peu de repos dans la descente : Comme la montée mais dans l’autre sens et un peu plus directe dans le dénivelé. Je résume : Descente, pluie, dénivelé, brouillard, frontales sans antibrouillards, terrain glissant et enfin Traileuses et traileurs qui veulent doubler… Une foire d’empoigne !! J’ai rarement vue cela. Il est vrai qu’ici, les coureurs en moyenne savent mieux descendre donc, je ne suis pas trop freiné mais je me fais doubler par beaucoup. Ca glisse, ça double, ça tombe. J’échappe cependant à la chute… enfin presque car la cheville partira en vrille et me ralentira le temps quelques mètres. Ravitaillement : Je fais le plein, car je suis parti léger avec la ferme intention de m’arrêter à chaque ravito. Fin de la petite descente, pour enfin attaquer le premier gros dénivelé. Il me tarde que le jour se lève. La cadence ne faiblit pas et je pense à Béa qui est peut-être retournée se coucher. Le jour pointe tout doucement son petit nez. Les bois s’éclaircissent pour laisser place à un paysage magnifique malgré la couverture nuageuse. Dès qu’il y a un espace, ça double. Dès que je peux, je double aussi. Cela stabilise afin que chacun soit à se place. Pas trop de vent, le froid se fait sentir, il tombe quelques flocons : Pas de quoi faire un boule de neige cependant. Les chemins sont gras avec la pluie et la neige de la veille. Le taux de patinage doit être élevé. Vive les bâtons !! Le paysage est digne d’une course de haute montagne. Le temps se dégage et laisse transparaitre un sommet, le reprend et en découvre un autre. En quelques secondes je passe d’un paysage à l’autre, sans retenue et sans limites : « Le Grand Bleu » de la montagne est devant moi. Cette sensation d’être seul dans un environnement unique et de vouloir y rester le plus longtemps possible, car la fatigue n’a pas encore donné signe de vie. La montée continue, la file s’étire un peu mais reste dense. Dire que ce sont les premiers 1000 D+. Plus que 3000 environ. On serpente et contournons l’aiguillette. Glissade, relance, descente, remontée, cela fait du bien de courir. Mais le peu de neige tombée, amène sur la roche une sensation de vouloir mettre des crampons. Proche de l’aiguillette, cette sensation pure de montagne reprend le dessus. D’un coup, la réalité revient à grand avec une glissade du pied droit vers la gauche et une délicieuse douceur de la roche des Alpes sur la hanche. Pas le temps de digérer la douleur ni la pause, je repars, boitillant un peu, levant le pied. La bascule vers la descente n’est pas loin, le repos sera là. L’aiguillète des Houches est là, enfin, je suis dessus. Bien m’en a pris d’associer descente et repos. Incompatible. Définition de la descente : Image de la montée, mais dans l’autre sens. La tête dans les chaussures et les deux mètres qui nous précèdent puis demi-tour et l’on recommence dans l’autre sens. Le chemin pris n’ai pas toujours le meilleur, mais souvent le plus pentu. Les chevilles souffrent, tout souffre. Les chutes sont là, bien que le terrain soit moins gras. J’y échappe pour le moment. Par contre un petit écart imprévu me déclenche immédiatement des crampes au niveau des abducteurs... ?? Si tôt, à peine 18km… ?? La tête cogite, le potassium manque dans mes potions. Bref, je m’envoie deux Sporteïns dans le gosier puis je repars sur la douleur, pas le temps d’attendre. La descente se faisant sans trop d’encombres, les crampes réapparaitront lors d’un changement de rythme comme par exemple : Une côte. Direction Plampraz à l’aide de montée descente, vallon, relance en tout genre, coup de cul, grosses marche…Tous les types de terrain y passent. L’esprit s’échappe, j’essaie de comprendre le pourquoi des crampes. Le doute s’installe dans la tête sans prévenir. Il n’y a plus que cela. Alors j’essaie de me projeter plus loin. Mais où, tout se mélange : Plampraz ou la flégère. Dans quel ordre, je perds le fil et ne sais plus trop dans quel sens il faut réfléchir. La Flégère c’est où Béa m’attend, mais dans combien de temps. La réalité m’échappe complètement. Le téléphone sonne. J’ai un message…Un ami sûrement. Je ne m’arrête pas car j’ai peur de ne pas repartir. Plus envie. Je me fais dépasser sans cesse. A quoi bon. Néanmoins, il faut poursuivre. Et puis le message : ça doit être des encouragements. Difficile de s’accrocher à ce bout de technologie bienfaitrice en pleine nature : Contradictoire non ? Le temps passe, les autres dépassent, le gout n’y est plus. C’est reparti pour un chemin plus large de 4x4, pentu, et qui nous mène à Plampraz… Achevant dans l’état ou je suis. Plampraz : Y’avait-il un ravito ? Je ne sais plus, toujours est-il que l’ordre du parcours s’est remis un peu en ordre car n’ayant pas passé la Flégère, il est sûr que ce sera pour après. Logique non ? Ca monte, ca descends ? Il y a une sorte d’oubli de ce coté là : Mon seul but : arriver entier à la Flégère pour voir Béa. Si, je me souviens d’un truc : Lorsque mon pied s’est pris dans quelque chose et que je me suis vautré de tout mon long sur les cailloux… Pas trop de mal mais le coupe-vent est bien esquinté…et je suis plein de boue… Passage délicat avec de gros blocs et des câbles pour main courante : pas difficile mais avec les abducteurs en compote…Assez comique même !! Puis encore le téléphone qui sonne… la batterie est faible et il est toujours au fond du sac. Je n’irai pas voir, c’est trop tard, la Flégère n’est pas loin. 2 minutes plus tard re…Dring. Je craque et leur dit de me foutre la paix. J’ai envie de faire le vide, me poser, m’isoler. Le téléphone a compris, car il s’est éteint. Cependant, ces deux coups de fil m’inquiètent. Ce devait être important. A quoi bon, je verrai plus tard à la Flégère. J’aperçois la télécabine, les encouragements…j’ai hâte d’y être. Mais là les coups de fils me sautent à la figure. Pas de Béa, peut-être un peu plus loin. J’ai compris. C’était juste pour me dire qu’elle ne serait pas là………… Le fond n’est pas loin……… Elle sera à Argentière. La Flégère. Bref, je m’arrête, fais le plein de ma poche, mange un bout de fromage…Quand je vois au loin ma Béa courir avec son sac sur le dos, fraîchement descendu de la télécabine. Moi qui avais peur qu’elle prenne froid en m’attendant. Elle me bichonne, contente de ne pas m’avoir raté. Elle comprend que le moral n’est pas au top. Je craque un peu puis elle me booste pour la suite. C’est vrai, la moitié est faite. Ce n’est pas le moment de lâcher. Je repars assez vite afin de ne pas trop avoir de plaisir à rester là. Elle m’encourage, je fais signe sans me retourner, je fais le vide et garde son image dans la tête. Le retour positif vers Les Lacs Blancs : Je cible cette montée de 400mD+ qui m’attend. Facile devant ce qui vient d’être fait. Ce n’est pas faux, il suffisait de le dire, pour atteindre ce passage, qui aurait pu nous amener aux lacs Blancs. Un petit scan pour ceux qui nous suivent par internet et nous voilà repartis dans une descente folle de 1100 mD- vers Argentière. Les jambes souffrent, les chutes sont toujours présentes. Je croise le médecin avec un coureur à terre. Sa cheville est en vrac. Je me demande comment il sera évacué. Des pins de partout, 500D+ au dessus et 500 D- en dessous. Je file puis trouve pour un moment un compagnon de balade. Un peu de pub pour les Croqs au détriment des grands classiques auvergnats !! Passage d’un pont très glissant : Mon compagnon chutera lourdement, ce qui m’évitera de justesse la même mésaventure. Il lèvera le pied, ce qui nous séparera, car le moral est revenu… Je descends au max de mes possibilités. Plus que 1000mD+ … Et c’est presque la fin. Argentière arrivera très vite, un peu de bitume oblige pour changer de flanc de montagne… Chouchou et Pierre sont là pour m’encourager et me dit que Béa est un peu plus loin. Petit sourire de Pierre puis je file au ravito où ils nous rejoindront. Flo doit avoir 30 minutes d’avance et est mieux qu’avant. Coup dur comme moi je crois. Je change de veste pour plus léger, Béa me change, me motive, et surtout me gave de barres et nourriture en tout genre. Il fait chaud. Mais attention, au col des Posettes. Je fais le plein, un bénévole me donne même du sel. C’est reparti. Je suis mieux. Je connais le parcours : celui du marathon du Mont-Blanc mais dans l’autre sens. Je remonte quelques places… Plus de file interminable à cette heure. J’atteinds « Le Tour » sans trop de monde autour. Quelques encouragements font du bien. Et puis devant nous : La remontée à l’aiguille des Posettes. Impressionnant. Je me cale sur un rythme. J’avale un coureur qui galère en descente. Un bout de chemin et je mène le train. Je cible un autre coureur, qui a du mal dans la montée et reprends un peu sur le faux plat. Je ne le lâche plus. A peine40m devant. Il devient mon seul but : Ne pas le perdre et l’accrocher. Deux coureurs me suivent. On monte bon train. Je regarde derrière ça remonte fort, par petits groupes. Je me dis que là, c’est moi qui vais me faire avaler, alors je donne mon maxi pour rester en rythme jusqu’au bout. Je fini par doubler ma cible de tout à l’heure, cible qui se rangera dans le rang. Je regarde devant et m’étonne que personne ne double. Cool le rythme : Pas étonnant, nous sommes maintenant une dizaine. Et moi en tête de file qui tire tout le monde. En plus ça jazze derrière comme quoi le train est bon et qu’ils sont bien là. J’enrage intérieurement, car j’aurai aimé que quelqu’un prenne le relai. Je continue car, mine de rien, tout cela me pousse. Nous finirons une quinzaine à l’aiguillette des Posettes. L’aiguilette des Posettes : J’explose de joie, avec la ferme intention de relancer plus fort et ne pas me faire doubler par qui que ce soit… Non mais !! Avant de relancer, derrière-moi, c’est une pluie de remerciements qui m’arrive. Quelle joie. !! Alors je m’exécute et repars comme un fou pour une descente pleine d’ivresse vers le col des Posettes. De la neige fondue, 20 cm de gadoue un peu partout, de rocher, une galère à toute épreuve, mais je lâche tout le monde. Je ne suis pas peu fier de moi dans cette descente, même si je suis à la limite du raisonnable au bout de 50 km. Petit salut aux deux gendarmes qui sont sur le parcours… Dernier ravito : Je l’aperçois enfin, plus bas que le Col, à l’abri du vent. 200m avant je sors ma gamelle avec la ferme intention de boire juste un coup et garder mon avance de 200m…Bien m’en a pris… Pourquoi être si pressé. Total, petite discussion autour d’un verre, il reste 4 km, la course est jouée, presque gagnée. Je repars quand même au maxi de mes possibilité et en oubli de suivre les balises qui coupent les grands lacets... Je rattrape donc le chemin qui descend droit dans la pente. C’est mieux. Puis enfin nous rattrapons les bois, une oreille tendu car la sono annonce l’arrivée. Une jeune fille me double, nous discutons 30 secondes, elle me remercie pour la montée. J’essaie de suivre son allure, mais une erreur de réception me rappellera à l’ordre avec mes crampes abductrices… Et M……. Je la laisse partir, respire puis repars les jambes dures. Là, commence de longues traversée toute en descente à travers bois. Fastidieuse à ce stade de la course. La fatigue se fait sentir, car le sentier est superbe. Peut-être le fait de connaître, de l’avoir déjà fait. Enfin, les encouragements sur la ligne d’arrivée se font entendre. Dernier petit faux plat à marcher entre les chalets, puis c’est la descente vers la ligne à travers champs. Ne pas tomber, ça glisse. Elle est là, ma petite femme me mitraille de photos dans cette descente et m’emboite le pas jusqu’au bout. J’y suis. Je franchis la ligne avec la joie immense de retrouver mes proches. Les jambes ne me lâchent pas. la ligne est là. Je serre Béa dans mes bras, je suis heureux, les enfants sont au téléphone…Petit ravitaillement.. et nous voilà repartis pour prendre un bonne douche dans nos appartements, profiter de la piscine, sauna et Hammam. Et surtout se réchauffer et manger une bonne raclette à l’appartement bien au chaud. Flo nous ouvrira le champagne. La raclette sera très bonne mais nous ne ferons pas de vieux ce soir car la fatigue est là. Un grand Merci à tous ceux qui nous ont encouragés dans cette épreuve. Tous ceux qui nous ont soutenus, par leurs Mails, leurs messages, leurs pensées. Ceux aussi qui ont passés une partie de leur journée à suivre nos exploits sur internet. Aussi je voulais remercier ma famille, qui m’a soutenue dans ce défi sans jamais baisser les bras. A sacrifier ses propres objectifs devant les miens, à se caler sur mon rythme de vie sans dire un mot mais toujours dans le soutient. Ballade dans les rues de Chamonix Repas d’après course Dessert de lendemain de course Désolé pour le retard de ce récit…… (on l’aura eu pour 2010…… !!!) Il ne manquait que lui !!!