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ROME SAINT-PIERRE LE BERNIN : LE TRIOMPHE DU BAROQUE La construction de la nouvelle basilique enfin terminée, il fallut songer à la décoration intérieure et à l’aménagement du parvis précédant la basilique. Les papes Urbain VIII et Alexandre VII firent appel à un sculpteur très célèbre, qui se révéla aussi un “metteur en scène” de génie : Le Bernin. L'ARTISTE (1598 - 1680) Sculpteur, architecte, peintre, scénographe, Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, est un génie universel qui a pu s’exprimer totalement en accord avec son temps. Il est le fils de Pietro Bernini, sculpteur florentin installé à Naples, qui travaillera à partir de 1606 à Rome pour le cardinal Camillo Borghese, futur pape Paul V. Pietro Bernini fut un artiste médiocre mais un excellent professeur pour son fils Gian Lorenzo. Enfant prodige, celui-ci fut formé au Vatican au contact de la sculpture antique et apprit à dessiner devant les œuvres de Raphaël et Michel-Ange. Adolescent surdoué, il sculptera des chefs-d’œuvre pour le cardinal Scipione Borghese : - Neptune et Triton (1620) - Apollon et Daphné (1624) - David (1623 - 1624) Il travaillera tout au long de sa vie à la décoration intérieure de Saint-Pierre. ❖ Baldaquin : vient du mot italien baldacco ou baldacchino qui désigne à l’origine une pièce de soie de Bagdad. Au Moyen-Age, les artistes utilisaient un dais, ou baldaquin, pour indiquer l’importance particulière d’une personne ou d’un lieu. LA DÉCORATION INTÉRIEURE Le baldaquin A la demande du pape Urbain VIII, il va construire le baldaquin ❖ de SaintPierre, entre 1624 et 1633. Le Bernin construira un baldaquin de bronze de 29 mètres de haut (plus de 10 étages !)pour honorer les reliques de saint Pierre. Ce baldaquin est composé de : - quatre colonnes torses (cette forme a été imposée, car c’était celle des colonnes de l’ancienne basilique) - quatre volutes qui se rejoignent pour soutenir un globe et une croix. Il est orné de putti (petits angelots) et de quatre anges aux angles. De couleur foncée, le bronze est rehaussé d’or. Les éléments décoratifs (laurier autour des colonnes, soleils, abeilles) rappellent du blason de la famille d’Urbain VIII, les Barberini. La taille du baldaquin est proportionnelle à celle de la basilique. Par son dynamisme, il amène le regard vers le haut, contribuant ainsi à la méditation et à l’élévation de la prière. La croisée du transept Le Bernin décore les quatre piliers construits par Bramante et Michel-Ange. Il crée des niches dans lesquelles il place quatre statues symbolisant les reliques les plus importantes de la basilique (après celles de saint Pierre naturellement). Entre 1635 et 1538, il sculpte la statue de saint Longin (le soldat qui perça de sa lance le côté du Christ). Saint Longin a les bras largement écartés, tenant fermement sa lance. Un drapé recouvre son armure, son casque et son épée à ses pieds. Le marbre n’est pas poli : il est recouvert de stries et de rainures qui captent la lumière. Cette statue doit être regardée de loin pour juger de l’effet des jeux d’ombres et de lumières dans les drapés. La chaire de Saint-Pierre (1657 - 1666) A la demande du pape Alexandre VII, Le Bernin crée un reliquaire pour la chaire de saint Pierre. Le siège épiscopal de saint Pierre (en fait une chaise du 4e siècle) est enchâssé dans un trône de bronze. Ce trône vide est tenu dans les airs par quatre “pères de l’Eglise”. Une cohorte d’anges dorés s’élèvent au-dessus de la chaire. Au centre, une percée de lumière fait apparaître la colombe du Saint Esprit, d’où partent des rayons. A noter le contraste du bronze sombre et du stuc doré. Le monument funéraire d’Urbain VIII (1628 - 1647) Le Bernin place au-dessus d’un sarcophage la statue du pape au geste de bénédiction impérial. Sur le cercueil, le squelette de la mort écrit le nom d’Urbain VIII ; de part et d’autre, deux allégories en marbre : l’amour (cari tas) et la justice. L’ensemble est dynamique et contrasté (opposition du marbre et du bronze). L’intérieur de Saint-Pierre LA PLACE SAINT-PIERRE De multiples contraintes “La place de Saint-Pierre est entourée de colonnes, légè res de loin, massives de près. Le terrain, qui va toujours un peu en montant jusqu’au portique de l’église, ajoute encore à l’effet produit. Un obélisque de quatre-vingts pieds de haut*, qui parait à peine élevé en présence de la coupole de Saint-Pierre, est au milieu de la place.[...] A quelque distance des deux côtés de l’obélisque s’élèvent deux fontaines dont l’eau jaillit perpétuellement, et retombe avec abondance en cascade dans les airs. Ce murmure des ondes, qu’on a coutume d’entendre au milieu de la campagne, produit dans cette enceinte une sensation toute nouvelle ; mais cette sensation est en harmonie avec celle que fait naître l’aspect d’un temple majestueux.” Madame de Staël Corinne ou l’Italie En 1656,AlexandreVII demande au Bernin de mettre en valeur l’espace situé devant la basilique. Outre le respect des bâtiments existants, la construction doit pouvoir accueillir une foule importante lors d’événements comme les bénédictions papales de Pâques et Noël, mais elle ne doit pas masquer les fenêtres des appartements pontificaux où le pape paraît régulièrement. Elle doit aussi permettre le passage à couvert des processions. Le Bernin, dans l’esprit de l’architecture baroque, veut créer un effet de surprise à la découverte, au détour de ruelles étroites, de la plus grande basilique du monde (la perspective de la via della Conciliazione, créée en 1929, est contraire à ce que recherchait Le Bernin) . La réponse du Bernin Son projet est de délimiter la place en forme d’ellipse par une colonnade fermée, les visiteurs y accédant par un arc de triomphe. Même si le projet n’a pas été respecté, la conception de cette place est un exemple d’architecture baroque et en comprend tous les éléments : - la place en forme d’ovale - la présence de fontaines : l'une de Carlo Maderno (à droite) l'autre du Bernin (l’obélisque, originaire d’Héliopolis, qui ornait la spina du cirque de Caligula, avait déjà été déplacé devant Saint-Pierre) - la mise en scène de la façade de la basilique (édifiée par Maderno) par un escalier monumental. La colonnade, immense portique qui entoure la place, est formé de quatre rangées de colonnes, couronné par un entablement droit, lui-même surmonté par des statues de saints. En jouant des effets de perspective, Le Bernin a su harmoniser les différentes parties exécutées successivement, atténuant la lourdeur de la façade et redonnant de l’élan à la coupole de Michel-Ange. Texte, conception et réalisation : Michèle GOZARD, Françoise GRIEU - Edition 2001
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