MUNICH
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MUNICH
MUNICH MUNICH Etats-Unis, 2005 Un film de Steven Spielberg Avec Eric Bana, Mathieu Kassovitz, Daniel Craig, Ciaran Hinds, Hanns Zischler, Ayelet Zurer, Geoffrey Rush... Scénario : Tony Kushner & Eric Roth, d’après le roman de George Jonas, Vengeance. Photographie : Janusz Kaminski Musique : John Williams Production : Kathleen Kennedy, Barry Mendel et Colin Wilson Durée : 2h40 Distribution : UIP SORTIE LE 25 JANVIER 2006 Septembre 1972. Alors que le monde entier a les yeux rivés sur les Jeux Olympiques de Munich, un commando palestinien prend en otages des athlètes israéliens. Malgré les tractations, les funestes évènements se concluent dans un bain de sang, avec la mort des otages… Suite à cet acte terroriste, le gouvernement de Golda Meir lance une opération de représailles afin d’éliminer les commanditaires de l’opération. Avner, jeune agent du Mossad, est catapulté à la tête d’une petite équipe d’hommes qui aura pour mission d’assassiner les différents agents impliqués. Une traque dans l’ombre et l’anonymat débute. Séparé de sa famille et contraint à ôter la vie, Avner va peu à peu développer une nouvelle réflexion, réalisant que les cibles abattues sont alors remplacées par des personnes encore plus radicales… Steven Spielberg, réalisateur Né en décembre 1946 aux Etats-Unis, Steven Spielberg a très tôt été attiré par le monde du cinéma. Réalisant de nombreux courts-métrages dès son adolescence, il finit par décrocher ses premiers contrats à la télévision. Son téléfilm, Duel, fortement plébiscité, est même diffusé en salles en Europe. Mais son immense premier succès, c’est Les Dents de la Mer, en 1977. Les énormes bénéfices du film lui permettent de s’offrir un certain degré de liberté. Sa carrière accumule alors immenses succès et films plus intimistes. Il faudra cependant attendre 1994 pour que l’Académie des Oscars reconnaisse enfin l’enfant chéri du box-office grâce à sa Liste de Schindler. Deuxième film tourné en l’espace d’un an, Munich pourrait peut-être rapporter de nouvelles récompenses à Spielberg, puisque nommé dans les catégories des meilleurs film et réalisateur… Film et Réalisateur… Eric Bana, acteur (Avner) Etonnant parcours que celui d’Eric Bana. Né en Australie de parents immigrés, c’est initialement vers la comédie qu’il se dirige, d’abord sur scène puis dans une équipe où il brille par ses talents d’imitateur. Une comédie plus tard, il fait volteface et apparaît en tueur dans le film Chopper, unanimement reconnu par la critique. Il est alors accaparé par les films hollywoodiens, jouant sous la houlette de Ridley Scott (La Chute du Faucon Noir), Ang Lee (Hulk, c’est lui…) ou encore Wolfgang Petersen (Troie). Après deux comédie assez gentilles et un gros film de science-fiction loin d’être aussi anodin qu’il n’y paraît, Spielberg s’attaque de nouveau à un pan de l’histoire du vingtième siècle, comme il l’a déjà fait à plusieurs reprises par le passé. Et comme à chaque fois, le résultat est un film dur et prenant au message assez pessimiste. Disons le d’entrée, juger un film historique n’est pas ce dont je suis capable. Munich s’appuie sur des faits réels et avérés, et se construit sur des personnes et évènements qui ont réellement eu lieu. De ce constat, il devient difficile de juger en soi l’histoire, puisque ses grandes lignes ne sont pas dus à un scénariste mais plutôt aux décisions politiques et humaines faites à l’époque. Je déciderai donc dans les lignes suivantes de me pencher plutôt sur le film en lui-même que sur le traitement réel de l’Histoire et son exactitude historique que je serais parfaitement incapable de confirmer… Confrontant Israéliens et Palestiniens, Munich ne choisit pas de stigmatiser l’un en blanchissant l’autre. Le constat est plutôt rassurant et évite tout manichéisme radical dans un film qui s’est malgré tout révélé comme assez polémique lors de sa sortie au Moyen-Orient. Personne n’est tout blanc ou tout noir ici. Chacun a ses convictions mais l’on sent les tensions et une certaine dénonciation... Au cours des différentes opérations menées par Avner et son équipe, des noms connustel que celui d’Ehud Barak - sont croisés… Reste qu’au-delà de la dénonciation de l’absurdité de cette vengeance n’engendrant rien d’autre qu’une volonté de vengeance réciproque, Munich est une véritable réussite. Un film sombre et rondement mené, rappelant les grandes heures du film d’espionnage et du polar. Grave et pesante, l’ambiance est pleine d’incertitude et d’attente… Attente du signal qui permettra de déclencher le mécanisme de mort contre l’une des cibles, attente d’information et du contact, attente pleines de crainte et de pensées fiévreuses. Peur d’échouer, peur d’être repéré… Les destins qui se croisent sont torturés, pris entre la vie privée et le devoir. L’image est récurrente, éclabousse la personnalité d’Avner séparé de sa femme prête à accoucher. Elle hante aussi ce contact français, joué par Matthieu Amalric lors de cette scène quasi-surréaliste ou apparaissent tour à tour Michael Lonsdale et Valérie Bruni-Tedeschi. Avner se questionne, cherche un sens à sa mission… Il pleut, il fait nuit, les hommes agissent dans l’ombre de la nuit ou d’un hall d’immeuble. Bruits de bottes au coin d’une ruelle, commando agissant soudainement, la violence des actions d’Avner est faussement atténuée par la pénombre – au contraire elle lui donne peut-être un impact encore plus radical, le tout sur une bande sonore de John Williams particulièrement crispante. Ce n’est pas l’habituelle partition lyrique du complice de Spielberg, mais l’efficacité est indéniable et donne aux images un ton particulièrement haletant. Sur la noirceur des séquences d’action détonne celle des échanges entre les personnages, de ces temps de relâches entre deux exécutions. Avner et ses hommes se réunissent autour d’impressionnants repas (impossible de ne pas être tenté par un tel étalage de bonnes choses) et rencontrent des créatures aussi attirantes que vénéneuses… Sans prendre parti pour une cause plutôt qu’une autre, Munich ne se gêne pas pour autant de souligner les racines d’une situation politique majeure de l’histoire contemporaine. Servi par une photographie superbe et une excellente reconstitution de l’Europe des années soixante-dix, le film a le souffle d’un film d’espionnage comme l’on n’en voit plus. Les protagonistes ne sont pas blancs de tout reproche ni dénoués d’incertitudes face à la futilité de la vengeance. Spielberg offre une œuvre aussi adulte que prenante. A découvrir, sans hésiter à faire la démarche personnelle de s’informer sur les évènements historiques sur lesquels se base le film… G.H. février 2006