L`idée de soumettre les robots à l`impôt se propage en Europe et
Transcription
L`idée de soumettre les robots à l`impôt se propage en Europe et
Datum: 31.07.2016 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 123'806 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 999.211 Abo-Nr.: 1095889 Seite: 3 Fläche: 128'319 mm² L'idée de soumettre les robots à l'impôt se propage en Europe et inquiète la Suisse Débat Le Parlement européen est appelé à faire passer les robots du statut de machines à celui de «personnes électroniques», afin qu'ils paient des charges sociales et disposent d'une assurance responsabilité civile. A Sasebo, au Japon, le robot en chef «Andrew» réalise les fameux «okonomiyaki», les crêpes locales, dans le lien na Restaurant. Son employeur devra peut-être bientôt payer des impôts et des charges sociales sur son travail. The Asahi Shi mbun/Gettyhmages Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 62334366 Ausschnitt Seite: 1/4 Datum: 31.07.2016 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 123'806 Erscheinungsweise: wöchentlich Elisabeth Eckert Themen-Nr.: 999.211 Abo-Nr.: 1095889 Seite: 3 Fläche: 128'319 mm² lui, se profile la peur du chômage, du déclassement social, de la pré- rance de responsabilité civile, au européenne: «Si les gains de procas où la machine intelligente ductivité obtenus par la machine créerait un dommage ou provo- peuvent être redistribués à l'humain, j'y suis totalement favoraquerait un accident. Enfin, les motionnaires euro- ble (lire l'interview ci-dessous).» péens sont d'avis que, «eu égard En réalité, l'étude de Deloitte aux effets potentiels, sur le marSuisse ne fait que refléter d'autres ché du travail, de la robotique et enquêtes récentes, comme celle de l'intelligence artificielle, il conde l'Organisation de coopération têtes? Qui nous assurera le salaire dont nous aurons toujours besoin pour vivre, notre caisse maladie si nous n'avons plus de travail, parce et, dès lors, à lui faire payer l'imavancés, en 2013, par les cherpôt a suscité de fortes réactions, y cheurs américains Carl Benedikt compris aux Etats-Unis, où le déFrey et Michael Osborne, un chifbat philosophique, éthique, fiscal fre qui, depuis lors, fait référence. [email protected] L'automatisation des emplois, le remplacement de l'homme par la machine, est, sans doute, le sujet qui inquiète le plus le monde du travail aujourd'hui. Car, derrière carité financière. Si les robots vient d'envisager sérieusement et de développement économipourront, demain, à peu près tout l'instauration d'un revenu univer- ques (OCDE), parue le 19 mai faire à notre place, qui paiera nos sel de base», en guise de redistri- dernier, qui estime que «la part retraites, alors même qu'il n'y a bution des richesses. Cette pre- des emplois qui présentent un risdéjà plus que quatre actifs pour un mière mondiale d'un acte parle- que élevé d'automatisation est retraité et que la faillite de la pré- mentaire visant à doter les robots plutôt de 9% en moyenne dans voyance vieillesse plane sur nos d'une forme de «personnalité» les pays développés» que les 47% qu'un emploi sur deux ou trois et économique fait également sera bientôt effectué par un auto- rage. Qu'en pense-t-on en Suisse, mate? Qui, enfin, remplira les où, même si l'initiative sur un RBI caisses de l'Etat, puisque les ro- a été massivement rejetée en juin dernier, le débat a été vif? bots ne paient pas d'impôts? Associé chez Deloitte Suisse, L'Europe va se saisir prochaiMarkus Koch balaie d'une main nement de la question. Une mocette idée d'une taxation des rotion a été déposée le 31 mai de- Mi-juillet encore, une autre analyse publiée par France Stra- tégie vient à son tour de battre en brèche les estimations des «techno-pessimistes», déclarant ainsi que seuls 15% des em- plois dans l'Hexagone - soit 3,4 millions de postes de travail vant le Parlement européen. bots. La société de consulting seraient «automatisables». avait pourtant, dans une étude de Forte de vingt-quatre pages*, elle Dès lors, ces nouvelles donnovembre dernier**, affirmé que demande, en résumé, trois chonées tendraient à prouver qu'un ses. Premièrement: compte tenu «près de 50% des employés pour- impôt spécial sur les machines seraient être remplacés par l'autode la sophistication exponentielle des machines et de leur part crois- matisation ces prochaines ansante dans le monde du travail, il nées ou ces prochaines déceny a lieu, selon la Commission juri- nies». «L'utilisation de machines dique européenne, de doter les ne se traduit pas automatiquerobots les plus évolués d'un nou- ment par une réduction de posveau statut juridique, celui de tes, rétorque-t-il. Bien au con«personne électronique». Taxer les gains réalisés traire! Nos études montrent que l'automatisation a créé plus «Les entreprises devront notifier l'étendue et la part de la robotisation à leurs résultats financiers» Mary Delvaux, rapporteu re d'emplois en Suisse qu'elle n'en a de la Commission juridique Deuxièmement, les employeurs supprimé au cours des vingt-cinq du Parlement européen qui recourront au remplacement dernières années. Et, d'après les de l'homme par la machine de- prévisions, il devrait en être de rait totalement inutile, vu que les vront être soumis à un impôt même à l'avenir. D'ici à 2025, suppressions d'emplois seraient spécial, prélevé sur les écono- quelque 270 000 emplois nets bien moindres qu'annoncées... De mies qu'ils auront réalisées, afin devraient être créés en Suisse au de remplir les caisses de la sécu- niveau macroéconomique.» rité sociale des Etats. De plus, les Lisa Mazzone, conseillère nafabricants de robots autonomes tionale Verte genevoise, défend surcroît, questionne encore Markus Koch, quelle machine devra-t-on taxer? «Les robots englobent à la fois des machines, des an- devront s'acquitter d'une assu- au contraire cette proposition droïdes ou des logiciels d'intelli- Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 62334366 Ausschnitt Seite: 2/4 Datum: 31.07.2016 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 123'806 Erscheinungsweise: wöchentlich gence artificielle.» Voilà donc une définition bien vaste, rendant Le robot à l'université quasi impossible de savoir quoi «Cet intérêt académique est dû imposer. Enfin, qui paierait l'im- au fait que l'utilisation de robots pôt, étant donné que même les ro- se fait de plus en plus sentir dans bots les plus autonomes ne perçoi- notre vie quotidienne, nous exvent aucun salaire? Le construc- plique Christiana Fountoulakis, teur de la machine? Le fabricant professeur de droit à l'Université du logiciel intelligent? Le proprié- de Fribourg. Quant à l'attribution taire usager? Migraines pour les ju- d'un statut de «personne électroristes et les entreprises garanties. nique», elle est surtout discutée en relation avec des questions de N'en demeure que la thémati- responsabilité civile ou pénale, que de l'«identité» de la machine lorsque l'utilisation d'un robot fait à ce point débat que plusieurs cause des dommages corporels universités de Suisse lui ouvrent ou matériels», soulevées par la leurs portes. L'Université de Bâle Google Car. Mais personne n'esva ainsi introduire une filière time raisonnablement au- baptisée «Robots and Law» à la rentrée 2016, et celle de Fribourg y consacrera un débat le 19 octobre prochain, sur le thème «Quel droit pour les robots?» En cela, les alma mater semblent reconnaître qu'un robot du XXIe siècle n'est pas tout à fait assimilable à la machine à vapeur du XVIIIe siècle et que, si on lui reconnaît des droits, on peut aussi lui imputer des devoirs... jourd'hui qu'un robot dispose, pour l'heure, d'une «capacité de discernement » qui en ferait «une personne» au sens juridique du terme. Bienheureux donc R2D2, qui n'est pas près de remplir une déclaration fiscale. * www.europarl.europa.eu ** «Mens und Maschine: Roboter auf dem Vormarsch?» www2.deloitte.com Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen Themen-Nr.: 999.211 Abo-Nr.: 1095889 Seite: 3 Fläche: 128'319 mm² La Rome antique en exemple Un impôt sur les robots? Même le Financial Times s'en est fait l'écho début janvier. Dans une tribune libre parue dans la revue Robotics Law Journal, dont elle est rédactrice en chef, Neasa MacErlean propose que l'on impose les propriétaires de robots comme l'on taxait, sous l'Empire romain, les propriétaires d'esclaves, considérés comme «des choses» ne touchant aucun salaire. Les citoyens, par le biais de leur patrimoine (terres, bétail, pièces d'or ou êtres humains), devaient s'acquitter d'une taxe. Remplaçons «esclave» par «robot» et les économies avancées trouveraient là la solution à une nouvelle fiscalité. Une proposition qui fait bondir la juriste de l'Université de Fribourg, Christiana Fountoulakis: «Cela reviendrait pour l'essentiel à pénaliser les entreprises utilisant des robots! Lors de l'introduction des locomotives diesel au XXe siècle, il était obligatoire en Angleterre qu'un ou plusieurs chauffeurs soient à bord pour enfourner du charbon, alors que cette fonction était devenue obsolète. Uniquement pour préserver de l'emploi. Ce fut, au final, un désastre économique!» ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 62334366 Ausschnitt Seite: 3/4 Datum: 31.07.2016 Le Matin Dimanche 1001 Lausanne 021/ 349 49 49 www.lematin.ch Medienart: Print Medientyp: Tages- und Wochenpresse Auflage: 123'806 Erscheinungsweise: wöchentlich Themen-Nr.: 999.211 Abo-Nr.: 1095889 Seite: 3 Fläche: 128'319 mm² «Les machines doivent enfin profiter aux humains» Lisa Lise Mazzone Conseillère nationale genevoise, Les Les Verts Verts me semble être une piste tout à fait intéressante à explorer. Pourtant, la défaite du RBI devant le peuple suisse devrait vous avoir prouvé que le système tel qu'il est convient à une majorité de gens... Pourriez-vous défendre l'idée de taxer les robots devant le Parlement fédéral? Bien au contraire. Même si, de sanctionner les entreprises qui optimisent leur production grâce aux robots, n'est-ce pas le progrès technologique que vous rejetez? Absolument pas. Cette révolution nous oblige précisément Absolument, même s'il faudra dans les urnes, nous n'avons fait à nous poser des questions éthi que s et économiques sur notre du temps pour faire les lignes! que 23%, les questions liées à Avec le projet proposé au Parle- l'évolution du monde du travail, modèle de société, où le temps libre ou celui consacré aux ment européen, on fait enfin à l'automatisation, au rempla- autres vaut, pour l'heure, bien profiter tout le monde du gain moins que le pointage au obtenu par les machines. Parmi cement de l'homme par bureau. Nous avons créé les la machine ou à la finalité du les propositions que nous avons machines pour nous soulager, déjà faites après la votation sur progrès technologique ne font au départ, de tâches pénibles que commencer. Je ne sais pas le RBI, plusieurs ont trait aux ou répétitives, puis d'autres si la solution précise avancée nouveaux modes de redistribution des richesses, où le travail par les motionnaires européens fonctions plus larges grâce aux est exactement la bonne, mais logiciels intelligents. Mais ce salarié à plein-temps ne serait progrès technologique doit elle doit ouvrir le débat dans plus la norme unique et absopermettre un progrès social toute la société et pas seulelue, pour que chacun ait les de la même ampleur. Dès lors, ment chez les économistes. moyens de choisir d'avoir plus si les gains obtenus par les Nous nous trouvons à un de temps libre. Un impôt spérobots sont redistribués à tout moment charnière. cial sur les gains réalisés par les le monde, j'y suis plus que entreprises grâce aux machines En acceptant, quelque part, favorable! Medienbeobachtung Medienanalyse Informationsmanagement Sprachdienstleistungen ARGUS der Presse AG Rüdigerstrasse 15, Postfach, 8027 Zürich Tel. 044 388 82 00, Fax 044 388 82 01 www.argus.ch Argus Ref.: 62334366 Ausschnitt Seite: 4/4