L`ADOLESCENT DE 15 A 20 ans dans l`enseignement
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L`ADOLESCENT DE 15 A 20 ans dans l`enseignement
L’ADOLESCENT DE 15 A 20 ans dans l’enseignement professionnel PREFACE L’adolescent, un être sociable guidé par ses pulsions L’enfant arrive à la vie grâce à sa mère, sous la forme d’un bébé qui se retrouve sans défense dans le cocon familial où l’attachement est à la base de l’affection. Quelques personnes ont une complète domination sur lui : la famille, surtout la mère, et la maîtresse d’école. C’est ainsi qu’il est protégé et contrôlé. C’est dans ce micro environnement que l’enfant va construire ses bases psychologiques et cognitives qui marqueront son inconscient pour la vie. A la fin de l’enfance, il va connaître des changements biologiques très importants avec la puberté et son entrée au collège. Le pré adolescent se retrouve ainsi dans un environnement collectif et multipolaire dans lequel il va disposer de plus de liberté et de nouvelles possibilités relationnelles. Adolescent, il devra se montrer plus responsable et prendre plus d’initiatives. Les années collèges ne durent que 4 ans, pourtant ce sont elles qui vont déterminer les trajectoires scolaires de l’adolescent. Plein d’énergie, avec un mouvement permanent, l’adolescent va aller naturellement vers le plaisir, la magie des objets et les personnes attractives. En quelque sorte, il va se laisser guider par ses pulsions. Le rôle de notre civilisation est de lui proposer des finalités, des croyances, des valeurs... pour lui donner envie de progresser et de participer à la vie collective. C’est le rôle de l’école de l’aider à acquérir les bases et l’éducation nécessaires pour se réaliser. Au lycée, l’adolescent est tiraillé entre une société de liberté, de consommation et une pédagogie du savoir non attractive. Cela risque de faire passer le temps de l’étude au second plan, alors que l’ambition des jeunes aura été maximisée par les adultes (diplômes objets). OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 2 SOMMAIRE Introduction .......................................................................................................................................................................... 5 Objectifs et moyens de l’étude................................................................................................................................... 8 1ère PARTIE CONNAITRE L’ADOLESCENCE Avant-propos ......................................................................................................................................................................... 11 Chapitre 1 Le processus d’adolescence et ses points clés ................................................................. 1. Le processus d’adolescence ................................................................................................. 2. Un corps en mutation – La puberté .................................................................................. 3. La vie de famille – L’école des parents ......................................................................... 4. Les copains d’abord – Les pairs ........................................................................................ 5. La santé – L’hygiène de vie ................................................................................................. 6. L’adolescence et les études – La confiance en soi ................................................... 7. L’esprit qui s’ouvre, le développement cognitif et moral .................................... 8. L’adolescent, un passionné................................................................................................... 9. La mise en place de son autonomie ................................................................................. 12 13 17 19 21 23 25 30 32 36 Chapitre 2 Les conduites à risque ................................................................................................................... 39 Chapitre 3 Les adolescents des banlieues ................................................................................................... 48 Chapitre 4 Enquête sur des adolescents favorisés ................................................................................ 51 Annexe Lexique de 50 termes psychologiques ................................................................................. 55 Conclusion ............................................................................................................................................................................... 61 2ème PARTIE ENQUETE SUR LES ADOLESCENTS EN SITUATION SCOLAIRE Chapitre 1 Une importante différenciation en fonction des filières .......................................... La théorie de la concentration des jeunes en crise, par l’orientation ............... 66 69 Chapitre 2 Les enquêtes en classe par questionnaires ....................................................................... Méthodologie et objectifs........................................................................................................ Enquête 1 sur le processus d’adolescence ................................................................... Enquête 2 sur la psychosociologie des jeunes ........................................................... Résultat des enquêtes et comparatifs 73 73 74 87 OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 3 3ème PARTIE 12 SUJETS D’ACTUALITE QUI CONCERNENT L’ADOLESCENT EN MILIEU SCOLAIRE Sujets choisis et traités avec des professionnels de l’éducation 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. La famille et ses rapports à la scolarité ........................................................................................................... La motivation pour les études .............................................................................................................................. Le socle commun de connaissances et de compétences ........................................................................ L’Espace Santé Jeunes............................................................................................................................................. Le rôle des Conseillers Principaux d’Education (CPE) ......................................................................... L’adolescent vu par les médecins scolaires .................................................................................................. L’adolescent et son argent ..................................................................................................................................... L’adolescent et ses rapports à la consommation ........................................................................................ Le système des valeurs et les adolescents ..................................................................................................... Les nouveaux médias et les jeunes.................................................................................................................... Ce qu’il faut changer pour offrir plus de choix aux adolescents ....................................................... Les nouveaux métiers de la pré-formation professionnelle ................................................................. 98 103 108 113 117 123 125 129 133 138 142 152 4ème PARTIE PROPOSITIONS POUR AMELIORER L’INTEGRATION DES ADOLESCENTS EN MILIEU SCOLAIRE Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Le chef d’établissement garant de l’intégration des adolescents .............................. Accueil renforcé et formation spécifique des entrants.................................................... Mise en place d’un dispositif d’assistance des adolescents ......................................... 157 160 161 CONCLUSION GENERALE..................................................................................................................................... 162 Les réponses pour aujourd’hui et celles de demain............................................................................................. 165 ANNEXE – Les participants à l’étude ....................................................................................................................... 167 OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 4 INTRODUCTION Pourquoi s’intéresser à l’adolescence ? Cette étude n’est ni un guide sur l’adolescence, ni un ouvrage de sociologie scolaire. Notre but est de vous aider à mieux connaître l’adolescence, avant de vous accompagner dans le système scolaire existant, en particulier au niveau des différentes filières, avec l’introduction de sujets d’actualité. Nous vous proposons ci-dessous quelques définitions de termes souvent utilisés dans notre étude : Adolescence : L’adolescence est une phase de transition de la vie humaine entre l’enfance et l’âge adulte. La puberté, avec sa poussée hormonale importante, provoque une déstabilisation de l’équilibre de l’enfant avec des conséquences sur l’ensemble de la personnalité. L’adolescence, c’est aussi la période où de nombreuses bases essentielles vont se construire. Dans notre société, l’adolescence est une période longue où l’acquisition de l’autonomie est tardive : scolarité prolongée et chômage des jeunes qui interfèrent, un signe qui marque une crise historique. Enfant : Au sens étymologique, le terme d’enfant désigne l’être humain qui n’a pas encore acquis l’usage de la parole. Dans son sens actuel, il désigne une étape entre la naissance et la puberté. On distingue la première enfance (jusqu’à 3 ans), la deuxième (de 3 à 7 ans) et la troisième enfance (7 à 12 ans), cette dernière débouchant sur l’adolescence. La psychologie de l’enfant influence considérablement la pédagogie des maîtres actuels. Jeune : Peu avancé dans l’âge, doué d’une force vitale, un peu naïf. Elèves : Garçon ou fille qui reçoit un enseignement dans un établissement scolaire. Le mauvais élève est un cancre. Méthodes pédagogiques : Dans les années 80, en France, les méthodes pédagogiques dans le primaire ont réalisé des progrès importants en s’ouvrant à l’apport des psychologues de l’enfant. Il n’en est pas de même aujourd’hui au collège dans les rapports entre les psychologues de l’adolescent et les pédagogues. C’est pourtant une piste à suivre pour amener du professionnalisme dans l’éducation des jeunes au collège. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 5 Comparaison entre la notion d’élève et celle d’adolescent Le mot élève est universellement consacré à la désignation de l’unité de base qui compose le système éducatif. C’est un mot qui a été utilisé par les uns et les autres pour répondre à leurs besoins : l’élève (ou l’apprenant) c’est celui qui reçoit un enseignement, l’élève et son pédagogue, le niveau cognitif de l’élève, les élèves d’aujourd’hui et ceux de demain, combien coûte la formation d’un élève, quelles sont les règles qui doivent être respectées par les élèves, les élèves difficiles, l’association de parents d’élèves, on est élève de la maternelle à la période étudiante... élève est un mot pratique, sans doute le plus utilisé dans les milieux de l’enseignement. Mot universel, élève désigne la totalité des individus en situation scolaire et si l’on désire étudier une partie de la jeunesse à l’étude, il faudra choisir un champ plus limité avec des mots qui ont plus de sens : l’enfant, l’adolescent, l’étudiant qui correspondent à des périodes sensibles de l’éducation. L’adolescent nous rappelle que l’élève répond aussi aux lois de la vie L’adolescence, qui repose sur des bases biologiques, psychologiques et sociales, a sa propre évolution, avec deux objectifs principaux : se construire une personnalité et s’en sortir le mieux possible pour réussir l’âge adulte. Les changements se font par étapes, par une succession d’états variables, individuellement ou en fonction de la famille, des pairs et de l’école. L’adolescence s’éveille au collège, avec la puberté, et elle s’atténue avec le premier emploi ou avec les études supérieures. Dans notre étude, nous aborderons la seconde partie de l’adolescence, de 15 à 20 ans, qui correspond à la période lycée (GT, LP) et CFA. Si la question centrale de cette étude cherche à examiner les rapports actuels entre adolescence et enseignement professionnel, nous nous livrerons aussi à des observations plus ouvertes sur le collège et le lycée GT pour effectuer des comparaisons. Dans cette étude, nous suivrons le « canal médian » de cette population de jeunes adolescents qui représente 70 % de chaque classe d’âge, avec des potentiels intellectuels comparables (QI de 85 à 115). Il nous a été difficile de comprendre pourquoi une part importante de ces adolescents de niveau moyen pouvaient être orientés à la fin du collège dans des catégories définitives qui, par ailleurs, ne tiennent pas compte de l’évolution du marché du travail. Nous aborderons l’adolescence en milieu scolaire dans un cadre large afin de disposer d’éléments comparatifs. La première partie de l’étude est une base essentielle pour la connaissance de l’adolescence. Les informations proviendront de la psychanalyse, mais aussi de praticiens de l’adolescence et de médecins écrivains. A l’opposé des adolescents déviants ou des jeunes issus des banlieues, vous pourrez consulter une enquête effectuée avec des jeunes de milieux favorisés. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 6 Bien entendu, la question posée dans cette partie s’adresse à l’adolescence normale (ou moyenne) et se tourne vers l’influence de la crise d’adolescence et du milieu scolaire La deuxième partie est sous le signe de la « différenciation » des adolescents au collège, au lycée GT, au lycée PRO et en CFA. Pour mesurer les points communs et les différences entre ces établissements, nous utiliserons des questionnaires en classes : QCM 2 QCM 5 Le processus d’adolescence Les aspects psychosociaux Où se trouvent les différences réelles ? Entre les filières, entre les niveaux, ou entre les différents établissements ? Dans la troisième partie, douze sujets d’actualités qui concernent l’adolescence en milieu scolaire ont été choisis avec les professionnels de l’Education qui nous ont aidés dans notre étude. En partant de la famille, de la motivation des jeunes, du socle commun de connaissances et de compétences, de l’Espace Santé Jeunes... nous aborderons des sujets de société : l’adolescent et son argent, la consommation, les nouveaux médias... pour terminer par une réflexion prospective sur l’augmentation des possibilités de choix des adolescents de niveau moyen. La quatrième partie est une proposition pour améliorer l’intégration (par l’assistance) des adolescents en milieu scolaire. Etant donné l’évolution rapide de cette population, les chefs d’établissements demandent des conseils pour maîtriser les adolescents en difficulté. Les notions propres à cette étude Famille Sur qui s’appuie l’adolescent ? ADO Ecole Pairs Télévision, multimédias Société, autonomie Dans la majorité des cas, la famille assure son rôle de pivot principal. Mais l’un des pôles, celui qui est ouvert, a une influence ambiguë sur le jeune face aux mouvements permanents. La communauté scolaire, qui dispose de moyens organisés et de professionnalisme, a la charge d’aider les jeunes. L’adolescent a droit à une nouvelle chance : dès la 6ème/5ème, les adolescents sont soumis aux changements biologiques de la puberté, alors que les études au collège durent 4 ans. Si le jeune rencontre une pour plusieurs crises graves durant cette période, est-ce que l’école propose des solutions pour préserver les chances de ce jeune en mutation ? Une éducation plus individuelle, plus souple, qui tienne compte des difficultés rencontrées, du maintien de la motivation, de la mise en place d’une citoyenneté positive. Dans la conclusion générale de l’étude, nous reprendrons les points principaux avant de faire des propositions. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 7 OBJECTIFS ET MOYENS DE L’ETUDE L’objectif premier de cette étude est d’apporter une nouvelle perspective sur les jeunes de l’enseignement professionnel, dont l’âge se situe entre 15 et 20 ans. A la suite des changements liés à la « crise d’adolescence au collège » et des difficultés rencontrées par certains jeunes, une part importante de la jeunesse est orientée par défaut dans les filières professionnelles. Quelles différences peut-on faire entre les élèves les plus faibles de lycées GT et les meilleurs des lycées professionnels et des CFA ? La question sera posée en introduisant des éléments de psychologie scientifique. Ajoutons à cela que l’observation des adolescents au collège, qui n’est pas toujours un établissement stabilisé, amène rapidement à se poser la question de l’orientation à la fin du 1er cycle, si radicale en France. OBJECTIFS DE L’ETUDE − Apporter plus de connaissances sur l’adolescence (15 – 20 ans). − Bien montrer les différences existant entre les différentes filières (collège, LGT, LP, CFA). − A partir d’enquêtes réalisées auprès des élèves, faire des commentaires et des différenciations sur le vécu des adolescents en milieu scolaire. − Sous forme de fiches variables (12), approfondir les points qui caractérisent l’adolescent en milieu scolaire. − Proposer un dispositif pour améliorer l’intégration (et l’assistance) des adolescents. Sur ce point, les proviseurs sont de plus en plus concernés par les problèmes créés par les adolescents. − A la suite d’une conclusion-résumé, nous ferons des propositions pour aujourd’hui et pour demain. L’ORIGINE DES INFORMATIONS Des méthodes mixtes vont être mises en place : documentations, entretiens avec les professionnels de l’éducation, enquêtes auprès des élèves et collaboration avec des enseignants et des spécialistes. 1. Etude documentaire Nous avons, au début de l’étude, consulté une importante documentation : − − − − Livres, études spécialisées, articles de presse Internet, nombreuses études et documentations Bibliothèques spécialisées : INETOP, IUFM… Sites spécialisés OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 8 2. Entretiens avec des professionnels de l’éducation (environ 50) qui nous ont aidés dans la réalisation des enquêtes − Chefs d’établissements, dirigeants, proviseurs adjoints − Chargés d’éducation : CPE, responsables pédagogiques, assistants − Enseignants dans de nombreuses disciplines − Conseillers COP, auteurs, formateurs en pédagogie… − Services sociaux, infirmières et médecins scolaires 3. Mise en place d’enquêtes par QCM (en auto-passation) − Questionnaire 2 : Le processus d’adolescence 1000 QCM − Questionnaire 5 : 1000 QCM Les aspects psychosociaux La mise en place des questionnaires de mai à octobre va concerner 60 classes dans une dizaine d’établissements. La combinaison entretiens et enquêtes devrait favoriser la collaboration avec les enseignants. 4. Choix de fiches variables (3 à 5 pages) En choisissant avec les enseignants les sujets d’actualité qui les intéressent, puis en les développant en partenariat, nous sommes assurés de réunir des informations actuelles. 5. Propositions et applications en partenariat avec certains établissements scolaires Echanges avec des établissements qui vont servir de support et de retour pour les informations qui les intéressent. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 9 1ère PARTIE CONNAITRE L’ADOLESCENCE Le processus d’adolescence Les conduites à risque Les adolescents des banlieues Lexique de 50 termes psychologiques OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 10 AVANT-PROPOS Une importante littérature qui s’adresse aux parents qui lisent Des dizaines d’ouvrages dissèquent les conduites des adolescents et nous expliquent combien ils sont fragiles à cet âge propice aux problèmes. Parmi les questions que se posent les adultes, c’est la réussite scolaire et professionnelle qui les intéresse le plus, ainsi que le règlement des difficultés passagères. Quels types de parents lisent les ouvrages sur l’adolescence ? La recherche de connaissances sur l’adolescence dans une perspective générale passe par la compilation des nombreux ouvrages destinés aux parents d’élèves. Les médecins-écrivains les plus connus : Marcel Ruffo, Alain Braconnier, Philippe Jeammet, Patrice Huerre, Stéphane Clerget... s’adressent à la mère de l’adolescent pour l’aider à comprendre la crise d’adolescence ou pour répondre aux problèmes qui se manifestent. Les auteurs parlent peu des rapports entre les adolescents et le système scolaire, sinon qu’ils appellent les familles à la prudence. Les familles qui lisent ce type d’ouvrages appartiennent à des catégories socioprofessionnelles favorisées ayant des enfants en âge scolaire : − − au collège ou au lycée (LGT) adolescents de 11 à 15 ans (puberté) adolescents de 15 à 19 ans Qu’en est-il du lectorat en France pour ce type de livres éducatifs ? Repères sur les catégories socioprofessionnelles (CSP) Favorisés Moyenne Défavorisés Hors lectorat Collège 34.4 % 28.5 % 37.2 % 51.7 % Lycée LGT 45.6 % 29.2 % 25.2 % 40.0 % Lectorat Catégories qui achètent peu de livres L’orientation des adolescents vers l’enseignement professionnel : On peut constater que les parents qui lisent des ouvrages sur l’adolescence sont les mêmes que ceux qui vont éviter d’orienter leurs enfants vers l’enseignement professionnel. Au sein de l’Ile de France, les différences sont considérables selon la géographie. C’est en fin de 3ème que se fait « l’écrémage » pour l’entrée au lycée GT (LGT : 58 %, EP : 42 %). Collège situé à Orientation LGT Orientation LP et CFA 92 Neuilly-sur-Seine 90 % 10 % 75017 Paris – Proche banlieue 70 % 30 % 93 Aulnay-sous-Bois, en ZEP 50 % 50 % OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 11 1ère partie Chapitre 1 LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE CONNAITRE L’ADOLESCENCE DANS SON APPROCHE GENERALE Dans cette partie, nous allons parler des adolescents « bien portants », c’est-à-dire de l’adolescence ordinaire, soit 70 % des jeunes. Nous les rencontrons principalement au collège et dans le lycée GT. L’adolescence qu’est ce que c’est ? Le mot adolescence vient du latin adolescere qui signifie grandir. L’adolescence est une phase de transition de la vie humaine entre l’enfance et l’âge adulte. La puberté, avec sa poussée hormonale importante, provoque une déstabilisation de l’équilibre de l’enfant avec des conséquences sur l’ensemble de la personnalité. Cette phase est marquée par des changements physiques (puberté, sexualité, croissance), affectifs (transformations de la vie relationnelle), intellectuels (compréhension de la vie et de sa vie, raisonnement) et psychiques (recherche identitaire, acquisition progressive de l’autonomie). Dans l’espèce humaine, la reproduction est possible avant la fin de la croissance, ce qui induit une forte consommation d’énergie, et souvent une grande sensation de fatigue à cet âge. Dans notre société, l’adolescence est une période longue où l’acquisition de l’autonomie est tardive : scolarité prolongée et difficultés à s’intégrer à la vie active. « Processus » ou « crise d’adolescence » Les spécialistes de l’adolescence, face aux changements (ou aux bouleversements) constatés pendant cette période, vont utiliser différentes variantes du vocabulaire. Alors que « processus » renvoie à des enchaînements d’opérations bien organisés, « crise » désigne des déséquilibres ponctuels ou localisés. L’adolescence est une crise, car c’est une rupture avec l’état d’enfance antérieur. Les psychanalystes, eux, parlent de crise d’adolescence au regard des ruptures apportées par la puberté, le développement des pulsions liées à la sexualité, ainsi que la réactivation du complexe d’Œdipe avant la séparation. Dans le cadre de notre étude, nous avons remarqué que nos interlocuteurs avaient une préférence pour le concept « de processus d’adolescence », d’un contenu moins négatif, moins technique que la crise d’adolescence qui fait penser à une succession de difficultés à régler. Au cours de l’étude, l’emploi du terme crise d’adolescence ou adolescents en tension sera réservé à des situations créant des problèmes ou des incidents aux personnes extérieures. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 12 1 - LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE Schéma des transformations Causes biologiques Transformations psychologiques Dès 11 ans Durées variables LA SOCIETE Développement sexuel Agressivité Changements d’humeur Image de soi Protection de l’intimité La recherche d’identité Vêtements, le corps Libido NOUVELLE LA PUBERTE ORGANISATION Le corps en premier PSYCHIQUE Changement avec les parents (la mère) Avec mouvement de séparation Nouvelles relations sociales Montées pulsionnelles Sorties, Divertissement LA SOCIETE Préparation de l’autonomie La psychanalyse a fait de l’adolescence (et de son environnement social) un sujet d’étude qu’elle a su problématiser avec succès. Les transformations psychologiques, à la suite de la puberté, peuvent se manifester de manière inattendue : pas d’évolution linéaire, mais une succession d’états variables. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 13 LES POINTS CLES DU PROCESSUS D’ADOLESCENCE LES PULSIONS ET LES CONFLITS A l’adolescence, la vie psycho-affective de l’enfant de 6 à 11 ans va rompre les équilibres établis. A ce nouveau stade, les pulsions vont profiter de la désorganisation physique et psychique pour se libérer. Dans le langage freudien, la pulsion est active. A l’origine, elle prend racine dans une région du corps chargée d’excitation. Son sujet est la satisfaction, c’est-à-dire l’apaisement de la tension créée par l’excitation. Les pulsions se situent à la limite du somatique et du psychique. La plus célèbre des pulsions est la libido. A l’adolescence, les pulsions sexuelles et agressives vont connaître un accroissement considérable. La société, en recherchant une meilleure maîtrise des comportements des jeunes va tenter de leur imposer d’importantes restrictions pulsionnelles, en renforçant les mécanismes de sublimation, pour affermir le « moi » du jeune dans des orientations approuvées. Ainsi naissent les conflits avec son entourage, à la recherche de la satisfaction de ses désirs sexuels et agressifs, à un moment où la société incite à plus de tolérance, alors que la famille et l’école cherchent à canaliser cette énergie pulsionnelle. LA PERTURBATION DU COMPORTEMENT PSYCHOLOGIQUE La construction de la nouvelle personnalité de l’adolescent, en partant des changements physiques à la puberté et de la montée des pulsions, va s’accompagner d’une perturbation du caractère : − il est paradoxal, il ne sait pas ce qu’il veut − il est plus agressif, plus réactif avec des disputes et des changements d’humeur − il est plus souvent opposant, cherche à mettre fin à l’obéissance, car il a besoin de se situer − cependant, il cherche le dialogue pour exercer son raisonnement − l’importance qu’il accorde à l’image de soi est positive, mais elle peut le conduire au narcissisme − importance de l’estime de soi et de la bonne volonté − ses sentiments, ses émotions sont facilement exagérés − l’adolescent protège son intimité, car il désire faire un maximum de choses à l’insu de ses parents OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 14 LES CHANGEMENTS AVEC LA FAMILLE Les relations avec les parents se modifient et un mouvement de séparation s’amorce. Le poids des facteurs socio-économiques va peser sur l’évolution de la famille au moment de l’adolescence des enfants, qui est une période qui tend à se rallonger (durée de 6 à 10 ans). Beaucoup de couples connaissent la « crise de milieu de vie » aux environs de 40 ans. Cette problématique parentale peut s’ajouter à celle de l’adolescence. Les parents s’interrogent sur le sens de leur vie, par une remise en question de leurs parcours, par des désirs de changements et de fuite, par des sentiments dépressifs. Malgré le réveil du « complexe d’Œdipe », les mères vont devoir remodeler la nouvelle personnalité de leurs enfants alors que l’adolescent s’engage sur un mouvement de séparation (individuation). L’existence d’une situation matrimoniale régulière du couple est certes favorable, mais le climat familial et surtout la qualité du contact avec les parents sont des facteurs significatifs au niveau des résultats éducatifs. L’existence d’une relation hostile semble à tout prendre préférable à une indifférence du père qui laisse l’adolescent face à lui-même et à un manque de contenu. L’absence totale du père constitue toujours un facteur de risque. LES NOUVELLES RELATIONS SOCIALES L’adolescent est très attiré par les sorties et les divertissements. C’est un moyen de découvrir les bienfaits de la relation et de vivre des relations fortes. Si l’absence totale de relations peut apparaître comme l’indice d’un malaise important, au plan des facteurs de risque, c’est au contraire l’intensité des relations avec les pairs qui est l’élément de développement le plus fort. Chez l’adolescent, l’apparition de troubles et de nombreuses conduites pathologiques (en particulier de troubles du comportement) est liée à la « qualité » des relations avec leurs pairs. La recherche d’excès (sorties très fréquentes, très tardives, avoir beaucoup de « copains », être toujours dehors...) est pour les psychologues un indice révélateur de multiples conduites pathologiques. L’individuation (individualisation / séparation) conduit l’adolescent à construire son sentiment d’identité. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 15 LA RECHERCHE DE SON IDENTITE – L’IDENTIFICATION Au moment de l’adolescence, les choses changent face au bouleversement pubertaire et à la nécessité de prise d’autonomie vis-à-vis des parents. L’adolescent doit reconstruire son identité et l’individualiser. En opposition avec ses parents, l’adolescent se positionne comme différent, unique, ayant sa propre valeur. La recherche d’identité est essentielle, mais la plupart des adolescents vont remplacer cet objectif par des transformations secondaires ou d’apparence : − ce sera le cas pour les vêtements et pour tout ce qui touche à l’image du corps. Les adolescents choisissent avec la télévision des idoles, des stars... pour disposer ainsi d’une identité virtuelle. Ajoutons à cela le rôle des nouveaux multimédias pour la convivialité qui, souvent, est source de mimétisme. LA PREPARATION DE L’AUTONOMIE Le projet de quitter la maison, de quitter son école... n’est encore qu’un souhait dont il parle de plus en plus, mais on a le sentiment que c’est à l’occasion de « faux départs » qu’il va travailler à construire son autonomie. En 2006, la recherche d’autonomie par les jeunes est souvent reportée après l’âge de 20 ans. LES TROUBLES DE L’ADOLESCENCE Dans cette étude, nous aborderons les conduites à risque ainsi que les principales déviances de l’adolescence. L’association drogue / suicide est une des principales peurs des parents. LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE Les composantes essentielles PUBERTE MODIFICATION DU CARACTERE NOUVELLES RELATIONS SOCIALES PULSIONS PAIRS SOCIETE COMPORTEMENTS A RISQUE LA FAMILLE LES CHANGEMENTS PREPARATION DE L’AUTONOMIE OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel RECHERCHE D’IDENTITE 16 2 - UN CORPS EN MUTATION – LA PUBERTE L’adolescence est une phase de mutation pendant laquelle l’enfant devient adulte. Le corps se transforme, la croissance s’accélère, les poils apparaissent, la voix change, autant de signes qui indiquent que l’enfant entre dans l’adolescence. LA PUBERTE C’est le point de départ de l’adolescence, période de transformations hormonales, anatomiques et psychologiques : • Le corps de l’enfant se transforme sur plusieurs années en un corps d’adulte capable de se reproduire. • Les organes génitaux et les caractères sexuels secondaires se développent : premiers boutons d’acné, poils de barbe ou seins qui pointent. • Les transformations psychologiques se mettent en place pour intégrer les changements corporels. Récapitulatif des phénomènes de la puberté Période de la puberté Hormones principales Organes génitaux Caractères sexuels secondaires Fille Entre 10 et 15 ans Œstrogène Progestérone Androgène GH Vulve Vagin Utérus Menstruations Poitrine Pilosité Taille Voix Garçon Entre 11 et 15 ans Testostérone Androgène GH Pénis Scrotum Testicules Pilosité Taille Voix plus grave La croissance Les transformations du corps à l’adolescence se font sur une période minimum de deux ans. Cette croissance est essentiellement liée au développement osseux qui, pour un même âge chronologique, peut être différent d’un adolescent à un autre. Des données génétiques s’y ajoutent et induisent, pour une grande part, la taille définitive. Le rythme et le degré des autres transformations morphologiques et physiques sont eux aussi liés au patrimoine génétique et varient d’un individu à l’autre. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 17 LA VIE AMOUREUSE ET SEXUELLE A l’adolescence, sous l’influence d’apports hormonaux nouveaux, les jeunes vont s’intéresser à l’autre sexe et être confrontés à l’émergence de sensations, de sentiments, de désirs nouveaux... Les relations parents-enfants vont laisser place progressivement à des relations d’adulte à jeune adulte. L’amour n’est pas le sexe Il est d’autant plus difficile de parler d’amour et de sexualité à propos des adolescents que la société et l’évolution des mœurs jouent un rôle considérable. On parle plus facilement de la masturbation chez l’adolescent que de ses états amoureux. Les besoins affectifs, l’imaginaire, la rêverie... vont le conduire à l’amour aux différents visages. Que signifie être amoureux ? Avoir des sentiments forts envers l’autre, vivre ensemble des choses extraordinaires, faire simplement des choses en accord, se sentir heureux. Il y a aussi le véritable amour qui dure longtemps et qui fait souffrir lorsqu’il se termine. Le flirt, le premier baiser Le premier baiser se situe aux alentours de 13-14 ans. La − − − première relation sexuelle (estimations 1998) 15-16 ans, les premières caresses Le premier acte sexuel 17 ans et 3 mois pour les filles, 17 ans et 6 mois pour les garçons Entre 15 et 18 ans, la moitié des adolescents ont « fait l’amour » Qu’est ce qui les pousse à franchir le pas de l’acte sexuel ? Pour les filles : − une bonne moitié par amour − les autres pour ne pas être quittées − par désir sexuel − parce qu’il faut le faire un jour − par transgression et provocation vis-à-vis des parents Pour les garçons : − une bonne moitié par désir charnel − une autre, par curiosité, pour bluffer les copains et pour s’assurer de leur virilité La contraception A partir des années 1980, l’augmentation du taux de MST dans la population adolescente, avec leurs risques de séquelles sur la reproduction (stérilité tubaire, grossesse extra-utérine...) et les différentes formes d’infection ont conduit à renforcer l’information et le dépistage chez les adolescents. En 1983, l’épidémie de sida a incité à promouvoir la prévention dans ce domaine. Aujourd’hui, il importe d’évaluer les risques liés à la vie sexuelle des adolescents dans leur globalité. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 18 3 - LA VIE DE FAMILLE L’adolescence est une période révélatrice de la nature et de la qualité de l’autorité parentale, bien qu’actuellement mise à mal par la précocité de la puberté, la croissance des adolescents et la libération des mœurs au niveau de la société. Les études récentes montrent que 5 adolescents sur 6 se disent satisfaits ou très satisfaits de leurs parents. Ceci confirme l’existence de 20 % d’adolescents qui seraient à problèmes et concernés par de nombreuses « incivilités » ainsi que par les baisses scolaires qui conduisent souvent à l’orientation dans l’enseignement professionnel. − Les adolescents mineurs sont domiciliés chez leurs parents − Les adolescents majeurs de 18 à 20 ans et plus vivent en majorité chez leurs parents. Cette situation tient aux réalités économiques, à l’entrée tardive dans la vie professionnelle et/ou maritale, à une vision incertaine de l’avenir. La famille paraît donc indispensable pour l’adolescent de cette tranche d’âge, même s’il rêve le plus souvent d’avoir son autonomie. VIVRE ENSEMBLE Rien ne vaut la famille : les adolescents la considèrent comme l’institution la plus solide, un véritable refuge contre la société dans laquelle ils ont quelques difficultés à s’intégrer. Les parents, par contre, ont du mal à accepter le mode de vie de leurs enfants : « ... dort le jour, vit la nuit, passe une partie de sa vie au téléphone ou en squattant la télé, apporte son linge sale, ne fait pas le ménage et préfère se servir dans le frigo que de participer aux repas. » La mère a l’impression d’être devenue la domestique de son enfant, mais elle a le courage de négocier (ou de faire un contrat) pour éviter le déclenchement d’une crise familiale. Au quotidien, il faut imposer quelques règles simples, plutôt que de le harceler de reproches. ADOLESCENTS EN CONFLIT AVEC SA FAMILLE Il n’y pas de différences fondamentales sur ce sujet entre les adolescents les plus jeunes et les plus âgés. Les relations entre parents, frères et sœurs Elles se modifient sensiblement d’une famille à l’autre et les interactions sont nombreuses. Un mauvais fonctionnement de la famille peut être à l’origine de problèmes, à l’inverse, de bonnes relations avec des connivences affectives peuvent faciliter le vivre ensemble. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 19 Les principaux sujets de conflits La télévision, le téléphone, les sorties, les invitations, les permissions, l’argent... les parents doivent se rappeler que les jeunes au collège et au lycée sont mineurs et qu’il est préférable, lors de leurs sorties, de les accompagner et de les ramener. Les autres points de conflit : les vêtements, la chambre, la propreté, la participation au fonctionnement de la maison, la musique, les fréquentations... Par la suite, d’autres sujets vont perturber les relations de la famille : la sexualité, l’amour, les questions politiques et sociales, les conduites alimentaires, les problèmes de caractère, les difficultés scolaires. Il faut ajouter les conduites addictives : tabac, alcool, cannabis, drogues... qui risquent d’entraîner les jeunes vers la toxicomanie avec des besoins d’argent élevés et la dépression au rendez-vous. LES FAMILLES ECLATEES Elles représentent 20 à 30 % des cellules familiales concernées par l’adolescence. Divorce, monoparentalité, décès d’un parent, recomposition familiale... c’est un sujet d’actualité en France, nous en reparlerons dans la 3ème partie de l’étude (Fiche variable n° 1). L’ECOLE DES PARENTS Les parents ont besoin de se comparer à des référents extérieurs afin : − d’améliorer leurs pratiques éducatives, − de s’en sortir à l’occasion de conflits installés, − de lutter contre l’échec scolaire qui va de pair avec la crise d’adolescence chez la plupart des jeunes. L’école des parents pourrait apporter une aide aux familles éclatées qui en feraient la demande. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 20 4 - LES COPAINS D’ABORD – LES PAIRS C’est grâce aux autres que l’on devient soi-même et qu’on apprend à se connaître. En effet, « l’autre » joue le rôle de miroir. Dans ce cadre, l’amitié et les échanges riches d’affection et de complicité ont beaucoup d’importance pour l’adolescent qui souhaite avant tout tenir une place, en particulier une place sociale. Les copains* sont ceux qui partagent avec le jeune ses humeurs et ses histoires ; ils peuvent devenir de proches confidents. L’adolescent apprend les bienfaits de la relation mais aussi certaines déceptions liées à l’abandon des valeurs essentielles, telles la fidélité, la confiance, le respect de la différence. L’adolescent rencontre l’autre et se rencontre lui-même. Cette découverte, c’est aussi celle du sexe opposé, surtout au lycée. La plupart des adolescents sont influençables. Ceux qui exercent avant tout cette influence décisive, ce sont les amis ou le groupe. Ces changements vers l’extérieur risquent de compromettre la relation parent/enfant. C’est hors de la famille que l’adolescent a besoin de vivre ses relations fortes, il est donc primordial qu’il choisisse des amis qui correspondent à des motivations importantes pour lui. FAUT-IL AVOIR PEUR DES BANDES D’ADOLESCENTS ? Le phénomène de la bande et son influence sur leur enfant inquiètent les parents. De tous temps, la bande a eu une mauvaise réputation parce qu’elle forme un club fermé avec ses rites et ses lois cachés. Ce fonctionnement symbolise la prise d’indépendance. Il y a toujours au sein de la bande quelques personnalités qui inquiètent et qui peuvent mettre sous influence les individus les plus faibles. Les comportements les plus éloignés de nos valeurs : vie familiale inexistante, fugues, tenues vestimentaires extravagantes, langage grossier, langage des banlieues, attitudes provocatrices, etc... sont considérés par les familles comme le mauvais exemple à éviter. A noter aussi que certains adolescents au sein d’une bande se révèlent très différents de ce qu’ils sont à la maison et à l’école. Quand l’adolescent est influençable, il est conseillé d’éviter les groupes à risque. * les copains ou les pairs OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 21 LE DROLE DE LANGAGE DES ADOLESCENTS Ils parlent tous un drôle de langage dont le phrasé semble être sorti d’un air de rap. « Les meufs », « trop », « grave », « c’est trop bien ». La méta connaissance de cet « inter langage » échappe le plus souvent à ceux qui le pratiquent. Le rôle central de la culture cosmopolite des banlieues se retrouve chez chacun. Le temps des mots d’argot est nettement dépassé. Ce nouveau champ linguistique est connu de la totalité des adolescents français. Des conversations interminables Les adolescents adorent bavarder et les téléphones portables leur donnent un moyen illimité pour le faire. Seul le coût des communications peut ramener les jeunes à la réalité. LEUR MANIERE DE SE VETIR Depuis quelques années, l’adolescent choisit les vêtements qu’il porte. Sur ce choix, le droit de regard des adultes est fini et pour toujours. Pourquoi s’habillent-ils tous pareillement ? Le vêtement permet de marquer son appartenance à un groupe d’âge, de manière spectaculaire quelquefois. Les jeunes cherchent à s’intégrer plus qu’à se différencier. Les membres de bandes ou de groupes affichent leur ressemblance en matière vestimentaire, musicale, d’opinions sur la société... Le vêtement est une sorte de carte de visite, un signe de reconnaissance. Tatouage et percing Le tatouage, comme le percing, a une triple fonction : s’approprier son corps en le différenciant et en masquant des parties que l’on considère comme moins esthétiques, lui donner une identité originale et satisfaire un besoin d’appartenance à un groupe. Ce sont les excès : nombre et taille des tatouages, tatouages permanents, nombre des percing qui doivent alerter les éducateurs. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 22 5 - LA SANTE – L’HYGIENE DE VIE Quand on leur parle de santé, tous les adolescents évoquent pêle-mêle : le suicide, la drogue, l’alcool, le tabac, la délinquance, le divorce des parents, le cancer, la mort, la pollution... mais aussi les problèmes de croissance, de sommeil, de musique et de violence... LA PLACE DE LA SANTE CHEZ L’ADOLESCENT Elle est élevée, elle a autant d’importance que la réussite scolaire. La majorité des jeunes se déclarent en bonne santé (88 %) mais 43,2 % ont eu un accident durant l’année, 72 % ont des problèmes dentaires et 38 % ont des problèmes de vue. La moitié des 11-19 ans présentent des symptômes : fatigue, problèmes de sommeil, dorsalgies, céphalées, gastralgies, nausées, symptômes de nature psychosomatique... Il faut admettre qu’à cet âge l’angoisse est sous-jacente, que 20 % des jeunes présentent des signes dépressifs et qu’environ 7 % manifestent un syndrome dépressif. LES PROBLEMES BIEN ADOLESCENTS − − − − − L’acné, 80 % en souffrent, surtout les garçons Les problèmes liés à la croissance Les troubles des règles et les infections génitales Le problème du sida et sa prévention Les troubles du sommeil CE QU’ILS MANGENT La prise des repas en famille est un rituel qui se perd. Entre fast-food et grignotage, l’équilibre alimentaire est laissé de côté. L’adolescent reste très attaché aux aliments dominés par le sucre. Il est capable de dévorer comme un ogre un jour et d’oublier le lendemain de manger, ayant plus important à faire. Certains adolescents souffrent de troubles alimentaires, boulimie ou, plus grave, l’anorexie. Il devient nécessaire de surveiller ce qu’ils mangent pour leur assurer un bon équilibre alimentaire et rendre la prise des repas plus détendue. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 23 L’HYGIENE DE VIE, LES TENDANCES ACTUELLES Les garçons passent de plus en plus rarement sous la douche. Le brossage des dents, le rasage, le changement de vêtements sont de moins en moins fréquents. Ils ont une « mauvaise haleine », des odeurs corporelles et des cheveux gras avec pellicules. Même si les conseils d’hygiène sont peu suivis par les adolescents, il faut leur apprendre que cela peut leur éviter des problèmes au niveau de la santé, à commencer par l’acné. L’hygiène de vie prépare le jeune à prendre soin de sa santé. Voir 3ème partie de l’étude : fiche variable n° 4 « L’espace Santé Jeunes » OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 24 6 - L’ADOLESCENT ET LES ETUDES – LA CONFIANCE EN SOI Le modèle unique et la motivation La majorité des élèves va être orientée vers le lycée GT dès la fin du collège. Ceux qui réussissent moins bien devront faire preuve d’attitudes mentales positives pour rechercher leur propre réussite dans l’enseignement professionnel. Il apparaît nécessaire de savoir comment s’y prennent certains pays pour avoir de meilleurs résultats, moins d’inégalités, moins de violence, et comment obtenir que les jeunes acquièrent davantage le goût de l’école. A. LA SCOLARITE, PREOCCUPATION PREMIERE Pour la grande majorité des familles, « c’est le BAC d’abord ». Souvent, ce sont les parents qui font ce choix pour l’enfant, dès le collège. Cet attrait pour le modèle unique français : BAC GT pour aller jusqu’à l’enseignement supérieur long passe par une scolarité abstraite, dès le collège, et exige un niveau intellectuel élevé. Ainsi, 60 % d’une classe d’âge est orientée vers la seconde de détermination, qui est considérée par les familles et les jeunes comme la seule solution satisfaisante pour réussir ses études et sa vie professionnelle. A noter que les jeunes du collège sont en phase de mutation intense avec la puberté, et qu’il n’existe ni dispositif, ni droit à l’échec pour les adolescents qui connaissent des difficultés passagères au collège. Dans les milieux défavorisés, il faut se rappeler que les études représentent « plus » qu’on ne l’imagine pour les adolescents et les familles. L’échec au passage en seconde est vécu comme une blessure, même par les élèves en difficultés scolaires. La massification de la scolarisation Fin de scolarité obligatoire 100 % 72 % en 2005 Taux de scolarisation 30 % en 1994 11 12 OBSERVATOIRE EPA 13 14 15 16 17 L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 18 19 20 25 L’augmentation du taux de scolarisation depuis 10 ans Les études deviennent volontaires à partir de 16 ans et le « modèle unique » pousse les jeunes vers la « course au BAC ». L’enseignement professionnel, alors qu’il apporte des avantages au niveau des débouchés, est toujours considéré comme une voie subalterne. En 2005, 62 % d’une classe d’âge ont obtenu le BAC, avec 80 % de réussite. Ce sont les BAC Techno et Professionnel qui ont la croissance la plus forte. Une pression scolaire importante, résultant d’un taux de scolarisation qui a presque doublé en 15 ans, et la nécessité pour les élèves du Lycée GT d’avoir le BAC caractérisent les adolescents de 15 à 19 ans qui ont été admis en seconde. Le niveau de référence des diplômes ne serait pas toujours maintenu. La solution de l’enseignement professionnel Lycée professionnel (26 %) Apprentissage (12 %) En France, cette solution est utilisée comme un moyen d’écarter les jeunes du collège qui ne sont pas assez performants sur le plan de la scolarité ou qui ont un comportement perturbant pour l’école. Ceci marquera profondément la composition des groupes d’adolescents de l’enseignement professionnel qui ont le sentiment d’avoir été laissés de côté. Les professeurs et les conseillers de l’orientation ont tendance à présenter l’orientation vers la seconde comme une voie socialement supérieure et professionnellement plus efficace. Pourtant, l’évolution actuelle du chômage des jeunes paraît donner plus de chances aux jeunes issus de l’enseignement professionnel, bien que ce fait ne soit pas assez démontré actuellement. Les jeunes de l’enseignement professionnel, plus âgés d’une à deux années, auront de ce fait un rapport aux études différent des jeunes du lycée GT : − − − − − « Différenciation sociale » marquée. Recherche d’une pédagogie pratique et d’un bon climat affectif avec les formateurs. Le manque d’intérêt de cette population pour les études est aussi à prendre en considération. Ces jeunes sont souvent réfractaires à la lecture. Ils donnent plus facilement de l’intérêt à ce qui est immédiat et instantané. Cela confirme la nécessité d’un soutien scolaire auprès des catégories sociales défavorisées (étude surveillée, soutien scolaire...). Les adolescents en cours de déscolarisation Il existe une forte corrélation entre le maintien et la poursuite d’une scolarité, d’une part, et l’existence de difficultés de l’adolescent, d’autre part. Ainsi, les études montrent que les élèves des cycles courts (cycles professionnels) ont plus de problèmes avec les conduites à risque, consomment plus d’alcool, se bagarrent plus volontiers et ont plus de problèmes de santé. Ces données se retrouvent dans une population au chômage ou d’adolescents déscolarisés. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 26 UN CLIMAT PEDAGOGIQUE RECHERCHE L’adolescent va être confronté au fonctionnement naturel du système scolaire qui renforce les effets positifs de l’enseignement chez les meilleurs élèves et prive les élèves médiocres – en l’absence de réussite – des stimuli renforçateurs et de l’approbation des maîtres. La réflexion sur la réussite des jeunes, y compris celle des adolescents hostiles aux études, est à mettre au centre de la pédagogie des jeunes les moins doués et des moyens. La confiance en soi Les médias nous renvoient l’image déformée d’un adolescent violent, déprimé et enclin à se déprécier. Il est vrai que dans une société caractérisée par un taux de divorces de 49 %, où le nombre d’enfants par famille est en diminution, où la majorité des mères travaille, il est difficile d’apporter aux adolescents des éléments positifs, ainsi que l’espoir d’un monde meilleur. Les adolescents, et en particulier les sujets introvertis et timides, ont besoin d’être aimés, appréciés, admirés, et que l’on estime leurs qualités et leurs compétences. Le jeune qui est conscient de sa valeur personnelle (estime de soi) pourra s’affirmer en exprimant ses idées, ses opinions, ses besoins et ses désirs. Une pédagogie intégrant des formations pratiques et manuelles pourra aider à bâtir un sentiment de confiance chez les jeunes lassés par une scolarité trop abstraite. Il est alors capable de faire des choix personnels, de prendre sa place dans un groupe et surtout de se faire respecter face aux mauvaises influences et aux agressions verbales. C’est donc un objectif essentiel pour l’école que de mettre en place une pédagogie qui renforce la relation de confiance des adolescents avec les professeurs, dans la classe et dans l’école. La mise en confiance est un sentiment à mi-distance entre le respect et l’amour. Définition du mot confiance − − − Sentiment qui fait qu’on se fie à soi-même Avoir confiance en soi : être assuré de ses possibilités Sentiment de sécurité de celui qui se fie à quelqu’un ou à quelque chose OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 27 B. LA MOTIVATION – LE ROLE DE LA REUSSITE Derrière les comportements incivils et violents ou de repli sur soi, il faut discerner le manque de réussite et le déficit de motivation qui en découlent et qui, souvent, sont les principales causes de l’inappétence scolaire et qui mettent les jeunes en position d’hostilité face aux études. C’est bien à l’adolescence, cet « espace temps » que certains définissent comme « le purgatoire de la jeunesse et de la seconde naissance », que le « métier » de parents prend tout son sens. Quand les parents démissionnent face à un jeune et à une société qui les dépassent, les jeunes deviennent étrangers à leur famille et à l’école et optent pour une vie avec leurs copains, les sorties et avec la télé, le net et les jeux vidéo. Une vie sans projet, sans but, une vie au jour le jour qui éloigne d’eux toute « bonne volonté » et toute idée de progression. La vraie question pour la famille et l’école : que faire pour les motiver ? Comment les aider à s’aider eux-mêmes ? Comment les convaincre que c’est leur vie à eux qui est en jeu ? Que le paresseux d’aujourd’hui risque fort d’être laissé sur le bord du chemin, demain. Motiver un adolescent est complexe. De nombreux spécialistes, comme Gordon, ont mis au point des méthodes pour les formateurs intéressés par cette démarche. La roue de la motivation ETAPE 0 Se centrer sur son comportement présent ETAPE 1 Donner des objectifs ETAPE 5 Avoir une communication positive ETAPE 4 Lui donner confiance COMMENT MOTIVER SON ENFANT ? ETAPE 2 L’encourager à persévérer ETAPE 3 Donner du sens à son action OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 28 L’ADOLESCENT DOIT CROIRE EN SA CAPACITE A REUSSIR Pour qu’un adolescent démotivé croit en sa capacité à réussir, il doit sentir que ses parents et ses maîtres y croient eux-mêmes, car la confiance, comme la peur, est contagieuse. L’optimisme aussi. Pour le jeune, croire en sa réussite est une condition nécessaire mais pas vraiment suffisante. Il faut donc lui prouver ou le mettre en situation de réussir sur des parcours qui lui sont mieux adaptés. Par exemple en lui proposant une pédagogie plus concrète. La finalité de toute recherche d’amélioration de la motivation, à l’école, en entreprise, dans la société... est de briser la spirale négative de l’échec. Ses composantes sont : la peur d’échouer, le manque de confiance en soi, le découragement, l’enfermement, l’échec. Les adolescents au collège ou au lycée qui rencontrent des difficultés avec une scolarité trop abstraite ou avec une compétitivité trop forte ont la possibilité de bénéficier d’une nouvelle trajectoire avec l’enseignement professionnel. Il reste cependant que cette branche de l’enseignement initial est marquée par une image négative, celle d’un taux assez élevé de jeunes en difficulté scolaire et aux comportements déviants ou violents. LE SCHEMA DE LA LE SCHEMA DE LA MOTIVATION DEMOTIVATION REUSSITE ECHEC TRAVAIL APPRECIATION PAS DE TRAVAIL PEUR D’ECHOUER DESIR DE PROGRESSER CONFIANCE ENFERMEMENT DEFICIT DE CONFIANCE MOTIVATION DECOURAGEMENT Voir 3ème partie de l’étude : Fiche variable n° 2 – « La motivation pour les études – Le rebond après le collège » OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 29 7 - L’ESPRIT QUI S’OUVRE Le développement cognitif et moral Les transformations relatives aux capacités intellectuelles de l’adolescent s’avèrent tout aussi importantes que le bouleversement physique. Piaget voit dans l’adolescence la dernière étape de la construction intellectuelle. Vers sa quinzième année, le jeune devient capable de raisonnement hypothético-déductif, c’est-à-dire qu’il fait appel à des hypothèses dans ses raisonnements. DE LA REDACTION A LA DISSERTATION Dans la rédaction, on demande au jeune de faire parler la réalité, le concret. La dissertation va l’emmener dans un domaine nouveau où il va être question d’évoquer le possible, l’abstrait et ses relations avec le réel. L’adolescent acquiert le raisonnement par hypothèses, ce qui le pousse à développer son imaginaire et il s’éloigne ainsi des adultes, plus ancrés dans le réel. L’autre changement cognitif de l’adolescence va être l’apprentissage des relations sociales et des questions culturelles. LE PLAISIR DE RAISONNER Cette nouvelle capacité de raisonnement ouvre la voie au débat avec la famille et avec ses pairs. Un adolescent débat par plaisir pour être reconnu dans ses nouvelles capacités intellectuelles, mais ce peut être aussi l’occasion d’entrer en conflit avec ses parents et ses professeurs. Il faut cependant constater que la maîtrise du raisonnement hypothético-déductif, qui correspond à l’achèvement du développement de la pensée formelle, n’est pas atteinte par l’ensemble des adolescents. LA MORALE Un système de règles, donc une organisation cognitive qui conduit à déterminer ce qu’il est bon de faire (en distinguant la part du devoir et du respect) et ce qui est mal. La conduite morale peut être aussi considérée comme un ensemble de règles que suivent les hommes et qui déterminent leurs modes de vie, leurs comportements et leurs mœurs. Dans tous les cas, la correspondance entre niveau cognitif et développement moral chez l’adolescent apparaît dans l’ensemble des travaux effectués en psychologie expérimentale. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 30 DES REGLES DU JEU DE BILLES AU JUGEMENT MORAL La nécessaire argumentation Jusqu’à 10 ans, les règles du jeu font office de modèles de loi. Avec le développement cognitif, le sentiment d’obligation engendre une morale d’obéissance, qui est la base du sport. Pour arriver à une nouvelle forme de sentiments moraux fondés sur la coopération, il faudra développer la maturité sociale et émotionnelle. Chez l’adolescent, le décalage entre les paroles, les règles morales mal comprises et la réalité est lié à l’immaturité et demande une aide extérieure au niveau des adultes. Cette aide se fera par l’argumentation et le travail pédagogique, ce qui permettra à l’adolescent de structurer et de planifier sa pensée. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 31 8 - L’ADOLESCENT, UN PASSIONNE L’adolescent ne connaît pas la modération, ce n’est pas de son âge. Il se donne à fond dans toutes ses expériences, qu’elles soient sportives, culturelles ou relationnelles. Les filles soignent leur ligne et travaillent leur allure, les garçons, eux, cherchent des sensations fortes et la compétitivité lors de matchs entre copains. En revanche, filles et garçons se retrouvent dans l’écoute de la musique et dans une culture de l’image sous toutes ses formes. LE SPORT ET SES NOMBREUX BIENFAITS Plus qu’à tout autre moment de la vie, c’est à l’adolescence que la pratique du sport devient une nécessité, surtout s’il n’est pas motivé par ses autres activités. Entre l’acquisition d’une meilleure image du corps et la découverte de ses propres performances, le sport favorise la socialisation par les échanges, l’intégration à un groupe et les activités d’équipe. Le sport contribue aussi à l’apprentissage de règles et de notions éthiques : comme le respect de l’autre, la sagesse qui consiste à la remise en question, au désir de se corriger et à l’acceptation de l’échec. La pratique d’un sport peut contribuer à la transmission des valeurs de base. Selon les différents sports pratiqués, le jeune va changer de style de communauté : du football, au roller, au tennis... en passant par le judo. A chaque fois, les lieux, les groupes, les règles... vont être différents. Le « sport spectacle », tel qu’il est présenté dans les séquences télévisuelles avec ses manipulations et ses ententes, est certes éloigné de la pratique du sport en club sportif, regroupant des adolescents et des adultes, mais il a une influence indiscutable sur le choix des sports par les adolescents. LA MUSIQUE, PLUS QU’UN LOISIR La musique, la télévision, le cinéma, les multimédias, rencontrer des amis... représentent les principaux loisirs des adolescents. La musique est devenue une composante indispensable de la vie des adolescents. Ils l’écoutent surtout et parfois essaient d’en jouer. Chaque génération a son style de musique qui, généralement, déplaît à la génération précédente. A la place du rock, il y a la techno, le rap, le hip hop... Une musique trop forte, à la limite du supportable, peut être dommageable pour l’audition et poser des problèmes médicaux. Il faut argumenter, présenter des articles écrits sur ce sujet, afin d’éviter le développement d’une surdité. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 32 Les loisirs préférés des jeunes à 15 ans 89 à 18 ans 93 75.7 81.8 79.5 75.4 Lecture 53.7 51.7 51.1 38.9 33.7 30 36.5 33.4 29.9 20.7 Lecture 18.3 13.3 15.7 8.5 Ecouter de la musique Télévision Voir des amis Sport Lire un magazine Lire un livre Jeux vidéo Bricolage cuisine Activité en club Lire une BD Et pourtant, ils lisent – Seuil 1999 A noter que les jeunes lisent différemment, sans doute parce qu’ils ne sont pas assez guidés. On retrouve les « réfractaires à la lecture » principalement dans l’enseignement professionnel. Les musiques et leur style de vie Le rap qui est une véritable culture et le hip-hop qui apporte ses codes vestimentaires à caractère sportif, avec une démarche particulière... proposent un monde que les jeunes n’ont pas envie de partager avec leurs parents. La techno provient d’une grande révolution musicale et technologique qui a permis de créer des musiques électroniques. C’est un nouveau type de génération, celle qui a été élevée à l’ère informatique et qui pousse la recherche de sensations nouvelles pour obtenir des vibrations du corps. La rave (en anglais délirer) est une fête organisée en secret où l’on danse plusieurs journées d’affilée pour éveiller en soi ses pulsions enfouies par la routine. Les fêtes engendrent souvent des dérives avec utilisation de drogues et éventuellement des accidents et des morts. Bien entendu, il reste de la place pour les autres musiques, en constante redécouverte. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 33 L’ADOLESCENT ET LA CULTURE DE L’IMAGE Cinéma, télévision, ordinateur, Internet, jeux vidéo... la nouvelle génération possède la culture de l’image. Des images, des images, encore des images ! Les jeunes se sont approprié les images et leurs ressources sont étendues. Les adolescents qui passent beaucoup de temps devant leur écran sont souvent ceux qui ne trouvent pas de centre d’intérêts ailleurs, ni au collège, ni au lycée, ni à l’extérieur de leur foyer et sont souvent en conflit avec leurs parents. On peut constater aussi qu’une consommation de deux heures par jour de jeux vidéo (ou équivalent) peut empêcher la lecture. Le phénomène touche entre un quart et un tiers des utilisateurs, essentiellement des garçons. La vie sur grand écran Le cinéma est le vecteur culturel privilégié des jeunes, c’est pour eux une source d’inspiration et qui exacerbe leur sensibilité. La salle de cinéma est comme le café, un lieu vivant de rencontre. En France, les thèmes récurrents de ce cinéma miroir de la jeunesse sont le chômage, la drogue, la sexualité, la découverte de soi et des autres. Le cinéma reste un objectif de sortie entre adolescents, en milieu urbain. Le rêve et l’habitude de la télévision 95 % des foyers français possèdent au moins un appareil de télévision, 50 % disposent de deux, voire trois postes dont un que l’on retrouve dans la chambre des enfants ou adolescents hors de tout contrôle parental. Les adolescents de 15 ans regardent la télévision 200 minutes par jour, soit 3 heures 20 minutes. C’est évidemment beaucoup trop. Les jeunes ont une opinion favorable sur cette habitude. Les spécialistes retiennent 4 facteurs aggravants de la violence par le biais de la télévision : − un effet de passivité et d’indifférence, − un effet d’agressivité qui peut pousser à se comporter de façon violente, − un effet de peur excessive d’être victime de la violence, − un effet de cercle vicieux, les enfants ayant tendance à s’identifier aux personnages agressifs. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 34 IL ASPIRE A UN AUTRE MONDE Si les jeunes n’adhèrent plus aux velléités révolutionnaires, ils sont restés idéalistes. Ils souhaitent un monde meilleur et nombre d’entre eux s’y emploient. En 2006, les adolescents sont actifs dans la lutte contre l’exclusion, pour l’écologie et la défense de la planète. Les jeunes de 18 à 21 ans sont particulièrement sensibles au danger du racisme et ils se mobilisent facilement contre les idées d’extrême-droite et contre les guerres. Les partis politiques et les associations recherchent les jeunes qui, devenus militants, auront la ferme volonté d’agir. Faire partie d’une association, est ce vraiment enrichissant ? C’est un bon moyen d’apprendre à vivre en société et donc de se préparer à la vie professionnelle. Dans une association, on partage les mêmes obligations et les mêmes avantages que les autres membres. Il faut veiller cependant aux nombreuses sectes à la recherche de jeunes. L’adolescent craint l’avenir, il redoute la dégradation de la planète par des apprentis sorciers. Ecologiste, il est prêt à s’engager pour défendre ses idées. Ainsi, il est sensible aux campagnes de récupération des déchets. Paradoxalement, il jette ses papiers par terre, crache son chewing-gum dans la rue et se moque totalement de la pollution sonore de son deux-roues. Au café, les adolescents se retrouvent pour refaire le monde et se faire des amis Plus de la moitié d’entre eux se retrouvent avec des copains au moins une fois par semaine dans un café, un bar, une salle de jeux. Les garçons de plus de 16 ans sont plus nombreux. Le café est un lieu de discussion où l’on boit et l’on fume selon la tradition. Le Comité Français d’Education à la Santé indique que la plupart des jeunes qui fréquentent ces cafés ont de bons scores de santé sociale et générale. Nous ne sommes plus à l’époque des rêveurs à l’absinthe, peut être à celle de nouveaux aventuriers par le rêve. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 35 9 - LA MISE EN PLACE DE SON AUTONOMIE Généralement, les parents voient avec plaisir leur enfant prendre son autonomie. Pour le jeune, ce sera le résultat d’un apprentissage de plusieurs années qui commence dès le collège pour se terminer à l’âge adulte. Les jeunes issus de l’enseignement professionnel et technologique se lanceront dans la vie active entre 18 et 20 ans, c’est-à-dire qu’ils vont entrer dans un cycle d’emplois assez précaires (durée moyenne d’attente d’un CDI : une à trois années). Dans cette période de transition, ils resteront le plus souvent à la maison. C’est par la vie à deux, avec la location d’un logement, qui se fera le vrai passage à l’autonomie et à l’âge adulte. Le développement de la scolarité pour ceux qui poursuivent leurs études dans le supérieur allongera considérablement le trajet vers l’autonomie, avec en plus des difficultés financières importantes chez ceux qui sont originaires de milieux défavorisés. En mai 2006, nous avons vu se mettre en place « le psychodrame lié au CPE », avec les lycées et les étudiants de l’université, ce qui n’a cependant pas apporté de solutions à l’emploi des jeunes diplômés, à ce jour. L’EDUCATION A L’AUTONOMIE ET LA CHAMBRE Elle commence par la gestion de la chambre dont il dispose et qui est son territoire, à lui. S’il s’isole au milieu de la maison avec son fouillis de vêtements, de CD, d’articles de sport... il faudra qu’il se prenne en charge, y compris pour le ménage. Même s’il n’autorise pas ses parents à entrer dans sa chambre, il faudra veiller à l’espace scolaire et à son rangement. Les particularités de l’adolescent ont leurs limites, surtout s’il s’agit de l’aider à réussir sa vie. LA QUESTION DE L’ARGENT DE POCHE On constate qu’il paraît plus normal de donner leur autonomie financière aux garçons plutôt qu’aux filles. Est-ce lié au complexe d’Œdipe, qui lie plus fort la mère au fils, ou aux aptitudes pratiques des filles, qui font plus de petits boulots durant leurs études (baby-sitting, travail de bureau, monitrice au centre de loisirs). Dans les faits, les filles paraissent mieux se débrouiller que les garçons sur ce point Les adolescents vont devoir gérer leurs revenus à la semaine ou au mois, ce qui les change des achats de friandises au coup par coup qu’ils connaissaient durant l’enfance. A noter que la majorité des jeunes dépensent leur argent de poche dans les loisirs. La question principale de l’autonomie à partir de 18 ans va être liée à la capacité des familles à maintenir l’adolescent dans un « statut de consommateur », à l’identique de ses pairs. Plus de la moitié des familles ne seront pas en mesure de proposer un budget de 100 € par mois qui, pourtant, se situe à niveau sous moyen. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 36 Une des préoccupations des adolescents, dès la 4ème, sera de se procurer cet argent, tellement indispensable pour eux. Dans les milieux défavorisés, c’est par la recherche de petits boulots (baby-sitter, le plus souvent) que l’on va chercher une issue. Pour les garçons ce sera plus difficile et le dérapage vers le vol, le racket, les trafics divers... est malheureusement fréquent. L’ADOLESCENT MAJEUR EST-IL LIBRE ? Devenir adulte, c’est obtenir de ses parents l’autorisation d’être différent d’eux et de chercher à continuer le projet de vie que l’on avait mis en place avec eux. Mais, de son côté, l’adolescent, en coupant le cordon ombilical qui le liait à ses parents, s’engage à gérer son autonomie. 18 ans, ça se fête. C’est un moment important pour le jeune, même si dans les faits il jouissait déjà d’une certaine liberté. La responsabilité juridique, elle, est réelle. LA FIN DES RITES DE PASSAGE Le BAC joue un rôle important dans la prise d’autonomie et la confiance en soi des jeunes. Cependant, les raisons qui sont à l’origine du manque de rupture entre l’adolescence et l’âge adulte sont diverses. Beaucoup de jeunes vivent une époque de post-adolescence qui a besoin d’une aide économique pendant quelques années. Taux de jeunes poursuivant leurs études 18 ans 83.4 % 21 ans 19 ans 71.5 % 23 ans 20 ans 56.4 % 25 ans 43.4 % 22.7 % 9.9 % Dans le même temps, à peine plus de 20 % des jeunes à la sortie du lycée ont un emploi en France. Ajoutons à ces données sociales et économiques, les changements qui sont intervenus dans les pratiques familiales. Avec la libéralisation des mœurs, une plus grande tolérance des parents s’est opérée vis-à-vis de la sexualité de leurs enfants. On accepte aujourd’hui, dans la plupart des cas, que les jeunes couples s’installent sous le toit familial. PARTIR OU RESTER CHEZ SES PARENTS ? Les filles partent avant les garçons du domicile des parents. Est-ce parce que leur désir d’autonomie est plus fort ?... parce qu’elle se mettent plus rapidement en couple que les garçons ?... Au même niveau de formation, les garçons restent plus longtemps à la maison. L’âge moyen de départ chez les parents est de 23 ans. Les parents, en maintenant les jeunes dans l’enfance, souhaitent les garder le plus longtemps possible, en les aidant et gardent ainsi les avantages de rester en contact avec la jeunesse. La formation en CFA permet aux jeunes d’obtenir un salaire. Cette pratique accélère leur autonomie et les encourage à s’installer seuls ou en couple ou à s’acheter une voiture. Salaires mensuels des apprentis en 1ère année : 16 – 17 ans : 25 % du SMIC 18-20 ans : 41 % du SMIC 21-25 ans : 53 % du SMIC Valeur du SMIC en 2006 = 1 254,31 € OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 37 UNE SEMI-DEPENDANCE QUI SE PROLONGE Passé 20 ans, le jeune n’est toujours pas décidé à quitter le nid douillet de sa famille. Il peut y avoir à cela des raisons concrètes : il ne trouve pas de logement... il est revenu après une expérience d’autonomie peu réussie... C’est un adulte célibataire qui va être accueilli chez ses parents avec un logement indépendant si possible. En France, à 24 ans, 30 % des post-adolescents vivent en famille et ils sont de plus en plus nombreux. Le plus souvent, cette semi-dépendance s’explique par des raisons sociales et économiques : emplois précaires, chômage, obtention trop tardive des premiers « vrais » salaires, budget trop faible... Nous arrivons dans un 3ème millénaire, où la famille aura un rôle de valeur de refuge, sans doute davantage pour les garçons que pour les filles, devenues plus autonomes et aux goûts plus tranchés. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 38 1ère partie Chapitre 2 LES CONDUITES A RISQUE Le Haut Comité Français de la Santé Publique demande la mise en œuvre d’une politique en faveur des enfants et des adolescents. Les indicateurs relevés par les experts sont alarmants puisque, chez les garçons, les accidents sont à l’origine de plus de 70 % des décès, les suicides de 15 % et les maladies graves de 12 %. La France est le pays de l’Union Européenne où la morbidité due aux accidents et aux suicides est la plus élevée. « Presque le double de certains pays comme la Grande-Bretagne ». On peut ajouter à ces chiffres les indicateurs qui décrivent les conduites violentes, la violence subie, les tentatives de suicide, la consommation de substances entraînant la dépendance. LES PRINCIPALES CONDUITES A RISQUE AU COLLEGE Qu’appelle-t-on « conduites à risque ». Elles désignent la prise d’alcool, de tabac ou de drogues, les fugues, les vols et les accidents à répétition. L’adolescence est un terrain particulièrement propice à l’émergence de ce type de comportements. L’adolescent pousse son corps aux limites du danger, se complaît dans les situations extrêmes. Il expérimente ainsi son propre corps en pleine mutation et une certaine autonomie qui lui apporte un sentiment d’individualité et d’identité. La prise de risque s’accompagne chez l’adulte de certaines précautions, ce qui n’est pas le cas chez l’adolescent. Mais, si le risque est habituel à cet âge, cela ne doit pas faire oublier l’intensité du danger pour l’adolescent. Les conduites à risque, pour transitoires qu’elles puissent être à l’adolescence, posent parfois le signe d’un trait de caractère qui révèle des tendances impulsives, instables ou opposantes. En voici quelques exemples : Accidents à répétition : Accident de la route, de ski, de plongée, accidents du sport, accidents domestiques... Les accidents sont le résultat d’une prise de risque avec oubli de la notion de danger. Un nombre élevé d’accidents peut être interprété comme le signe d’un mal être, voire d’un équivalent suicidaire. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 39 La fugue : Ce phénomène concerne les individus de tous les milieux sociaux. C’est un acte généralement compulsif (non préparé) et solitaire qui répond à un double désir : d’une part, découvrir le monde et partir à l’aventure et d’autre part fuir pour échapper à des problèmes aigus (conflits familiaux, difficultés scolaires, mal être...) La fugue est une forme d’appel au secours et un moyen de solliciter l’intérêt de l’entourage. Elle est réellement attachée à une angoisse et à un conflit interne difficile à résoudre. Le vol : Le vol constitue la forme de conduite illégale la plus fréquente à l’adolescence. Suivant le lieu, le contexte, le type d’objet volé, la violence qui y est associée ou non, les significations psychologiques sont différentes. Le vol dans les grandes surfaces serait commis par 70 à 90 % des adolescents, mais seulement un faible pourcentage d’entre eux est pris en flagrant délit, cela concerne aussi bien les garçons que les filles. Ces vols peuvent être alarmants et revêtir une dimension pathologique lorsque les objets sont dérobés de manière fréquente, puis accumulés et non consommés. Il en est de même pour les vols destinés à la revente. Les vols de véhicules motorisés engagent l’adolescent sur le chemin de la délinquance. Ils représentent le quart de tous les délits. Ces vols sont assimilés à des « emprunts » et le véhicule est parfois remis à proximité du lieu du vol. S’il s’agit du premier vol, la justice aura une responsabilité importante à l’occasion de la punition. Réparer le délit en faisant rendre à l’adolescent ce qu’il a volé est une méthode qui apporte des résultats positifs. Le vol dans les résidences est toujours commis par des garçons en groupe ou de manière isolée. Lorsqu’il y a préméditation, effraction de nuit et parfois port d’armes ou agression sur les personnes, il s’agit de conduites antisociales assez graves, caractéristiques des grands adolescents qui s’engagent hélas dans la délinquance. Les chemins de la délinquance : La délinquance infantile, y compris dans sa forme la plus grave, la criminalité infantile, est un phénomène qui se développe depuis le début des années 1990. Tout se passe comme si les adultes découvraient soudain que les enfants ont de tous temps aimé la bagarre et que sans interdit et sans repère ils risquent de devenir des sauvages. Les enfants et les adolescents ont besoin de morale et de valeurs pour se protéger d’euxmêmes. Le problème de la violence des adolescents prend actuellement l’allure d’un véritable phénomène de société, en particulier dans les banlieues et les cités où se regroupent des bandes de jeunes désabusés qui vivent sans avenir. En particulier, chez les jeunes qui n’ont pas bénéficié de la formation professionnelle, la délinquance apparaît comme une solution pour lutter contre le chômage et la pauvreté. La démission des parents, ainsi que la défaillance des modèles proposés occupent une place centrale dans l’évolution de ce phénomène. Les études montrent que la violence est plus fréquente dans les milieux sociaux défavorisés et dans les familles dissociées. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 40 LA DIVERSITE DES CONDUITES A RISQUE CHEZ L’ADOLESCENT Après les exemples que nous venons de proposer, il faut rappeler que les conduites à risque sont l’un des thèmes les plus souvent évoqués à propos des jeunes, qu’il s’agisse des accidents, des limites qu’ils franchissent vis-à-vis d’eux-mêmes, de la société et de leurs transgressions. Ceci pose aussi le problème de la relation des jeunes au danger. En ont-ils conscience, s’y préparent-ils suffisamment ? Les conduites à risque vont souvent de pair avec la quête d’autonomie et la recherche d’indépendance. Une variété de problèmes se présentent aux jeunes. Nous en citons les principaux dans le tableau ci-après. LES PROBLEMES RENCONTRES 1. Les problèmes de santé et l’hygiène de vie Médecin, infirmière scolaire 2. Les comportements addictifs Principalement : tabac, alcool, cannabis (TAC) et les différentes drogues 3. La violence et les troubles de la conduite 4. Les conduites de déscolarisation Retards, absentéisme, fugues, décrochage scolaire 5. Les conduites délictueuses chez les adolescents Vandalisme, vol public, vol privé, racket. Délinquance juvénile 6. Les accidents à répétition Plaisir du risque, voitures et deux-roues, sport OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 41 1. LES PROBLEMES DE SANTE ET D’HYGIENE DE VIE Tout adolescent présente à un moment ou à un autre de petits problèmes médicaux, mais il y a aussi des problèmes plus importants : accidents, maladie grave, troubles psychologiques sévères (dépression, tentative de suicide, psychiatrie...) En général, les établissements organisent régulièrement une consultation médicale qui est l’endroit privilégié pour faire le point avec chaque adolescent. Tout au long de l’année, les services partiels ou à plein temps d’une infirmière apportent aux adolescents des avantages évidents. C’est aussi un investissement intéressant pour aider l’ensemble des jeunes à réussir leurs études. Pour plus de détails : 3ème partie Sujet n° 4 – L’Espace Santé Jeunes 2. CONDUITES A RISQUE – COMPORTEMENTS ADDICTIFS Qu’appelle-t-on « conduites à risques » ? On désigne par cette appellation la prise d’alcool ou de toxiques, les fugues, les vols et les accidents à répétition. Le risque touche à la fois à la santé – et même à la vie – du sujet, mais aussi à son avenir physique, psychologique et scolaire. L’adolescence est un terrain particulièrement propice à l’émergence de ce type de comportement. C’est le rôle des « espaces santé jeunes » de faire le diagnostic de ces jeunes qui poussent leur corps dans des situations extrêmes, aux limites du danger. Actuellement, la crainte de éducateurs et des familles se situe autour de l’usage des drogues et de leurs conséquences sur les états suicidaires. Prise régulière de drogues Manque de sujets d’intérêt DESCOLARISATION DEPENDANCE CYCLE COMPORTEMENT ADDICTIF INTERVENTION MEDICALE SUR INCIDENT L’ARGENT Besoin exceptionnel qui peut conduire au vol ou à de graves compromis DESTABILISATION FATIGUE DROGUES - Psychostimulants - Sédatifs - Oniriques ... OBSERVATOIRE EPA Risque de tentative de suicide ARRËT Manque d’argent DEPRESSION ECHEC L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 42 3. LA VIOLENCE ET LES TROUBLES DE LA CONDUITE Notre société se trouve placée devant un phénomène jusqu’alors peu connu et qui inquiète beaucoup : la montée de la violence chez les mineurs. Cette violence répétée représente plus de 10 % des jeunes de 13 à 16 ans. Il est vrai que les circonstances favorisant le passage à l’acte sont multiples. La démocratisation de l’éducation est louable, mais elle a eu des effets pervers en entraînant la massification de l’enseignement sans tenir compte des différences individuelles. La création d’établissements à grande capacité regroupant, sans précaution, de nombreux jeunes issus de milieux en difficultés a mis en place des situations explosives. Dans le même temps, la société a connu un climat de récession économique n’accordant pas d’espoir aux jeunes les plus démunis. Ajoutons à cela qu’après l’enseignement élémentaire, certains ne savent ni lire, ni écrire, ni compter correctement et entrent au collège avec la perspective de « longues années d’ennuis », ce qui ne correspond pas à leur demande ou à celle des familles. La télévision, le cinéma, Internet sont-ils aussi la cause de cette violence ? Un nombre considérable de travaux sur ce thème apportent des résultats partagés. S’il semble que les scènes de violence montrées à l’écran encouragent certains esprits à passer à l’acte, elles ne sont pas réellement à l’origine de la violence. Il existe une proximité entre violence, pauvreté et délinquance, mais les aspects quantitatifs restent faibles. La violence dans les cités et dans les ghettos des banlieues peut être aussi la manifestation d’un sentiment d’exclusion insupportable pour les adolescents qui y vivent. Les actes de violence dans les établissements publics En 2001, l’enquête SIGNA a été mise en place dans les collèges et les lycées publics. Son objectif est de recenser, de manière exhaustive, les « actes » graves de violence survenus à l’école et à ses abords, à savoir ceux qui vérifient au moins l’une des conditions suivantes : − − − actes dont la qualification pénale est évidente, actes qui ont fait l’objet d’un signalement (police, justice, services sociaux), actes qui ont un retentissement important dans la communauté scolaire. Les actes d’incivilités sont donc exclus du champ de cette enquête. Au total ce sont près de 81 350 incidents par an qui ont été recensés, dont 70 % ont été signalés par les collèges, 15 % par les LGT et 14 % par des lycées professionnels. Les LGT paraissent nettement moins exposés que les autres établissements. Deux types d’actes regroupent la majorité des incidents : les violences physiques sans arme (29 %), les insultes et les menaces graves (25 %), viennent ensuite les vols et les tentatives de vol. Ces dernières années, la mise en place d’un signalement plus systématique est à l’essai, car les chiffres de l’enquête SIGNA paraissent être en dessous de la réalité. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 43 Troubles de la conduite - Différences entre garçons et filles Les conduites violentes non délictuelles sont fréquentes : 73 % des jeunes crient fort quand ils sont en colère (31 % le font souvent), 43 % cassent ou frappent dans ces circonstances (14 % souvent). Durant les 12 derniers mois, 44 % se sont déjà bagarré (11 % souvent). Contrairement aux conduites addictives, les conduites violentes diminuent avec l’âge. Si les garçons s’expriment à travers d’actes physiques (bagarres, violences physiques), les filles s’expriment plus volontiers à travers des cris, sans pour autant s’y limiter. Au total, 42 % des élèves ont eu au moins une des conduites violentes, mais 14 % des garçons contre 9 % des filles en cumulent plusieurs. (Enquête nationale. Inserm. U169.) Comportement perturbant la classe Source : Coslin 1997 (extraits) − − − − − − − − − − − − − − − Emettre des critiques Etre absent Exprimer son ennui Fumer pendant les cours Faire autre chose Discuter à voix basse Arriver en retard Ne pas tenir compte des réprimandes Avoir du mal à se calmer Communiquer par gestes Apporter un couteau à cran d’arrêt Manger ou boire pendant les cours Intervenir sans y être invité par le professeur Exprimer son ennui Ecouter son balladeur − − − − − − − − − − − − − − Quitter la classe sans rien dire Frapper le professeur Faire des grimaces, des mimiques Faire de petits vols en classe Se déplacer sans autorisation Faire du bruit Refuser de participer aux activités en classe Rire seul ou à plusieurs Interrompre le professeur ou les élèves Provoquer un chahut Insulter un professeur ou un élève Imiter des cris d’animaux, chanter, siffler Frapper un camarade dans la classe Parler à haute voix sans rapport avec le cours ... Parfois, les adolescents s’avèrent plus sévères que leurs professeurs dans l’appréciation des comportements perturbants. « Parler à haute voix sans rapport avec la classe », « faire du bruit » gêne plus les professeurs, alors que « fumer en classe » est estimé très grave par les élèves. De la même façon : « critiquer le professeur, être absent sans motif, ne pas suivre les cours, s’endormir en classe » est jugé plus sévèrement par les élèves. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 44 4. LES CONDUITES DE DESCOLARISATION ET LE DECROCHAGE SCOLAIRE Si le taux de redoublement reflète l’échec des acquis scolaires et de l’orientation, les conduites de déscolarisation telles que le fait d’arriver en retard à l’école ou de manquer des cours expriment un désinvestissement scolaire qui, à terme, peut mener vers le redoublement ou l’exclusion. Parmi les 11-19 ans, 19 % ont déjà « séché » les cours durant les 12 derniers mois (4 % fréquemment) soit un total de 10 % régulier pour l’ensemble de ces conduites. La différence entre garçons et filles est faible avant 17 ans, mais elle devient sensible après 18 ans (garçons 20 %, filles 13 %). Comme le remarquent certains psychologues, si la majorité des élèves sont absents ou arrivent en retard une fois dans l’année, le nombre de sujets arrivant en retard systématiquement (ou ayant des absences) est beaucoup plus faible (6 %). Cependant, ceci montre bien le risque de décrochage scolaire dans les collèges et les lycées par des élèves qui n’ont pas toujours atteint la fin de la scolarité obligatoire (16 ans). Les retards et surtout les absences répétées sont bien les signes qui annoncent le décrochage scolaire. Le décrochage scolaire : La déscolarisation s’avère être le résultat de l’interaction de multiples facteurs que l’on peut placer dans un circuit triangulaire ouvert sur l’extérieur Famille ADO Ecole Pairs Société Consommation Pour de multiples raisons liées à la période qu’il traverse, l’adolescent désire quitter le collège ou le lycée alors qu’il n’existe pas d’autres solutions efficaces pour acquérir les bases d’un métier. Les parents doivent rester fermes et bien expliquer le rôle exclusif du système éducatif et des diplômes, en France. Si la famille n’a pas de moyens financiers pour permettre au jeune de s’inscrire dans l’enseignement privé, il existe aussi la solution de l’apprentissage. Il ne faut pas désespérer si l’adolescent ne s’adapte pas au système traditionnel, très abstrait, car il reste l’apprentissage qui s’ouvre aux jeunes de tous les niveaux. A noter cependant que le décrochage scolaire en cours d’année obligera le jeune, dans tous les cas, à faire des petits boulots pendant quelques mois, dans l’attente de la prochaine rentrée scolaire. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 45 5. LES CONDUITES DELICTUEUSES CHEZ LES ADOLESCENTS Il s’agit des conduites passibles de condamnation concernent l’usage de drogues illicites, le vol, le racket et les violences. Ces conduites sont assez peu fréquentes : ainsi, 14 % ont volé au moins un fois durant l’année dans un lieu public, 6 % ont volé leur famille ou leurs amis, 2 % ont fait du racket et nous le rappelons : 15 % ont essayé une drogue illicite. Au total, 18 % ont eu une de ces conduites. La différence des sexes existe et persiste avec l’âge. Les conduites délictueuses à l’adolescence Sexe Garçons Filles Age < 13 ans 14-15 16-17 18 et + < 13 ans 14-15 16-17 18 et + Unité % % % % % % % % 20 8 5 21 7 3 18 4 2 6 5 1 15 7 1 14 5 1 11 4 0 12 24 39 3 10 19 22 Au moins une fois dans l’année Vol public Vol privé Racket 10 7 4 Au moins une fois dans la vie Drogue illicite 6 Source Inserm U169 – 1993 sur 12 000 jeunes Ces chiffres demanderaient à être actualisés à la hausse, en particulier pour les drogues qui engendrent chez les jeunes un besoin important d’argent pour acheter ces substances. Avec les drogues, l’adolescent s’installe dans le mensonge, la dissimulation et le vol, devenu hélas nécessaire. La délinquance juvénile Etant donné les vives inquiétudes qu’ils inspirent à la population, les problèmes posés par la délinquance juvénile sont devenus cruciaux dans notre société. La législation relative aux mineurs est remise en question et son inadéquation est particulièrement visible et mise en avant par les médias. L’arrestation d’adolescents délinquants est évaluée à 200 000 par an, alors que 50 000 jeunes âgés de 13 à 21 ans ont été mis sous mandat judiciaire en 1998. Ils ne représentent donc qu’une infime partie des six millions de jeunes scolarisés en France et dont l’immense majorité ne va pas si mal que cela. Les conduites se modifient, le sentiment d’insécurité augmente Dans les années 90, les atteintes contre les biens étaient en accroissement : vols dans les magasins, vols de véhicules à moteur, actes de vandalisme... Depuis 2000, d’autres infractions ont augmenté en fréquence : la délinquance de voie publique (33 %) et les crimes et délits contre les personnes. Il ressort de cette évolution une aggravation des actes de délinquance qui s’accompagnent de plus en plus de violences (17 %). Par ailleurs, les viols et les infractions à la législation sur les stupéfiants ont presque doublé en 10 ans. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 46 6. LES ACCIDENTS A REPETITION Chez les garçons, les accidents sont à l’origine de 70 % des décès Risques domestiques, risques du sport, accidents de la circulation, etc. L’accident est le problème de santé publique le plus important chez les adolescents. Les accidents du travail (ou d’atelier) ne touchent que 5 % des garçons et 2 % de filles, cependant, ces statistiques sont nettement plus élevées pour les élèves du lycée professionnel, 14 % pour les garçons, 4 % pour les filles. Les jeunes de l’enseignement professionnel ont le plus d’accidents de la vie courante, y compris pour la circulation routière. Rappelons que le trajet entre domicile et lycée professionnel / CFA est en général plus long. Les lycéens de l’enseignement général sont principalement victimes d’accidents associés à la pratique du sport. Le plaisir du risque La vitesse, le bruit de la moto, la communion avec la nature dans l’alpinisme, le vol en deltaplane... La prise de risque s’accompagne de plaisirs, elle comporte des aspects positifs qui ont leur utilité : un rôle de stimulation, une aide à l’autonomie et à la constitution d’une meilleure image de soi. La prise de risque brise la routine et redonne la vie, à condition de ne pas oublier le danger et de bien l’anticiper. Le défi des pairs est une forme de jeu social succédant aux jeux de l’enfance. Le risque sportif séduit les adolescents. En premier lieu il est autorisé, en second lieu il permet à l’adolescent de s’exprimer. Deux-roues et voiture Il existe une forte corrélation entre l’adolescence et l’implication dans les accidents de la circulation. L’âge de 14 ans constituant le socle des courbes de mortalité et d’accidents. C’est aussi l’âge où les jeunes peuvent accéder aux deux-roues motorisés. Les jeunes circulent aussi en voiture comme passager de « conducteurs jeunes ». Cependant, il ne faut pas négliger le rôle des facteurs socio-économiques pour les voitures ou les deux-roues. Les adolescents, souvent démunis financièrement, utilisent des véhicules mal entretenus ou bricolés, des casques peu efficaces... Les accidents de la route sont plus fréquents chez les garçons. L’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET LE RISQUE D’ACCIDENTS Les lycées professionnels et les CFA sont beaucoup plus concernés que les collèges et les lycées généraux par les accidents à répétition. La mise en place d’un service de prévention des accidents paraît être une mesure essentielle dans les LP et les CFA. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 47 1ère partie Chapitre 3 LES ADOLESCENTS DES BANLIEUES Il devient nécessaire d’aborder certains regroupements spécifiques de jeunes vivant dans les banlieues des grandes villes. Localement, ils sont majoritaires et nous les retrouveront, après les collèges en ZEP, orientés dans les lycées professionnels. En général, on accuse le type d’habitat social de conduire à un phénomène de ségrégation de certaines catégories sociales (80 % d’ouvriers, d’employés, de sans emplois). D’ailleurs, l’urbanisation dans ces quartiers n’a pas laissé de place pour l’implantation des entreprises. Le taux de chômage y est très élevé et la population d’origine étrangère trois fois supérieure à la moyenne nationale. Des noyaux se forment dans ce tissu enclavé, favorables à l’activité des bandes à la recherche de nouveaux adeptes. LES JEUNES DE LA CITE Ce sont des adolescents produisant une micro société de survie et de défense contre l’exclusion. Ce sont très majoritairement les garçons qui animent ce mouvement, les filles trouvant refuge dans une micro société où l’école est, pour elles, un réel moyen d’échapper à leurs difficultés sociales et personnelles. Elles n’y sont pas reconnues à parité avec les garçons. Garçons et filles nouent difficilement des relations amoureuses et intimes. Ces difficultés gênent l’individualisation et, de ce fait, le développement normal de ces adolescents. Par exemple, pour des jeunes d’origine maghrébine, la revendication de la culture d’origine sert à justifier des attitudes de surveillance envers les sœurs et à reporter sur elles les agressions dont ils sont eux-mêmes l’objet. La cité constitue le milieu de vie du jeune, là où se tissent des liens primaires proches de l’enfance et des familles. Cependant, les jeunes ont le sentiment d’être dominés de l’extérieur, alors qu’ils sont dominants à l’intérieur de la cité. Ce sentiment est sans doute à l’origine de leur attitude de rejet et d’exclusion qui peut se retrouver en milieu scolaire. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 48 LES LANGUES DES CITES Dans les cités cohabitent des communautés d’origines diverses, de cultures et de langues différentes. Cette cohabitation a favorisé l’émergence entre le Français et les dialectes composant la mosaïque linguistique des banlieues d’un inter langage que certains appellent aussi la « tchatche des cités ». Cet inter langage est devenu un outil de communication pour les adolescents et migre, actuellement, hors des banlieues bénéficiant de la promotion qui en a été faite par la télévision. Ce parler local devient ainsi un outil de reconnaissance identitaire pour la jeunesse française, au détriment d’une langue française plus académique et plus unitaire. CE QUI INFLUENCE LE DEVELOPPEMENT DE LA PERSONNALITE DES JEUNES DES BANLIEUES Le poids de la famille est essentiel On peut constater que les valeurs des parents et des enfants divergent moins que par le passé. Il n’y a pas de fossé de séparation entre les générations (nous sommes loin de mai 68). A noter que la majorité des mères d’origines immigrées préfèrent utiliser leur langue d’origine. L’école joue un rôle important au niveau de l’intériorisation des règles et des normes civiques Il est vrai, cependant que les formations à l’éducation civique s’avèrent insuffisantes et n’apportent pas assez de résultats dans la lutte contre les incivilités. L’école pourrait jouer, en outre, un rôle dans le développement de la confiance entre les adolescents et les institutions publiques. Le rôle des médias, en particulier celui de la télévision La télévision, reliée le plus souvent par satellite, permet un choix important de programmes dont certains en langue étrangère. L’existence d’une « culture virtuelle internationale » contribue à maintenir ces populations hors du champ de la culture française et hors de la langue scolaire. Les temps passés devant la télévision sont très importants. L’arrivée des nouveaux multimédias peut changer le comportement passif actuel. Le groupe des pairs participe à la socialisation et au développement de la personnalité des adolescents Le groupe des pairs peut être aussi une bande comme il en existe de nombreuses dans les banlieues (noyaux + déscolarisation). OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 49 LA SCOLARISATION DES ADOLESCENTS DES BANLIEUES Les collèges en ZEP ont été créés pour proposer une éducation conçue pour les jeunes des banlieues. Le taux de jeunes en crise d’adolescence et en difficulté scolaire y sera très élevé (de 70 à 80 % des effectifs). L’éducation prioritaire en 2004 (REP et ZEP) En 2004, l’éducation prioritaire concernait 656 300 élèves dans les établissements du second degré (1 collège sur 5). La situation en France est contrastée : 8 % dans l’Académie de Rennes et de Limoges, 31 % pour Lille et 36 % pour Créteil. L’objectif premier des ZEP est d’obtenir une amélioration du niveau scolaire des élèves, notamment chez les plus défavorisés. Les collèges en ZEP sont installés au cœur des ZUS (Zones Urbaines Sensibles) qui sont exposées aux chômages et aux difficultés sociales. Lorsque l’on parle des adolescents des banlieues, on parle des grands quartiers sensibles, comme le 93, le 91, le 95, Lille, Lyon et Marseille avec une culture locale dominante. ACADEMIE CRETEIL PARIS VERSAILLES Elèves en éducation prioritaire Elèves collège % Dont collèges en ZEP Elèves % 35.5 26.0 23.5 63 229 11 750 44 809 119 788 33.0 20.3 18.3 TOTAL IDF 68 081 15 038 57 484 140 603 TOTAL FRANCE 557 046 21.4 444 049 17.0 Stat. 2004 Que vont devenir les jeunes des banlieues à la sortie du collège en ZEP L’origine sociale de ces jeunes (80 % employés, ouvriers et sans emploi) au collège unique permettra, surtout chez les filles, l’orientation d’environ 30 % d’entre elles vers le lycée général et technologique. Les élèves orientés vers l’enseignement professionnel se retrouveront en lycée professionnel (affectation par l’Académie) ou en CFA (orientation volontaire). Ceci explique le taux très élevé d’adolescents en crise et en difficultés scolaires dans l’enseignement professionnel (de l’ordre de 50 à 70 %). CONCLUSION La scolarisation des jeunes issus des banlieues est une voie difficile et qui représente une part significative de notre jeunesse. Mais il faut constater que ces élèves se concentrent aux mêmes endroits et qu’ils sont surtout concernés par les filières courtes. Il s’agit bien de regroupements spécifiques qu’il faudrait améliorer localement. L’objectif de nos travaux est, rappelons-le, d’étudier l’ADOLESCENCE de 15 à 20 ans dans un contexte plus général. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 50 Chapitre 4 ENQUETE SUR DES ADOLESCENTS FAVORISES (au collège) Source : Etude Scouts de France et OKAPI – 2002 Image de ces jeunes scouts et collégiens POINT DE DEPART L’étude des 11-15 ans se heurte à une double difficulté : − d’une part, c’est une période où les comportements sont très changeants avec les conséquences de la puberté. Les jeunes sont très sensibles aux modifications des modes de vie de la société. Leur recherche de modèles et de valeurs en dehors du cercle familial les rend également très réceptifs aux choix valorisés de leur entourage. − D’autre part, la violence scolaire, le débat sur la dépénalisation des drogues, le sentiment d’insécurité croissant dans la société avec l’image de l’adolescent déstabilisé laissent à penser à une perte de valeurs des jeunes, de leur faible sentiment de responsabilité, de la faiblesse de leurs liens avec leurs parents. Ces travaux donnent une toute autre image de cet échantillon d’adolescents. L’enquête a utilisé un questionnaire auto-administré. Les résultats portent sur un échantillon de plus de 800 jeunes. EXTRAITS DES RESULTATS DE L’ENQUETE Le partage du temps libre On constate deux activités principales : la télévision et les multimédias pour environ la moitié du temps. Vient ensuite le travail scolaire pour 31 % du temps, c’est-à-dire plus de 5 heures par semaine. Des différences importantes selon le sexe des collégiens : − Les garçons font du sport et des activités multimédia. − Les filles sont plus studieuses et préfèrent des activités calmes telles que la lecture et la musique. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 51 Quel que soit le sexe, les sorties entre amis restent relativement limitées par rapport aux jeunes des lycées (15 à 20 ans). A partir de 14-15 ans, la proportion de jeunes qui rencontrent leurs amis en dehors du collège augmente d’environ 25 %, soit 5 heures par semaine en sorties. L’importance accordée à la télévision L’importance du temps passé devant le petit écran inquiète de nombreux spécialistes de la jeunesse. Il faut souhaiter que les jeunes soient capables de se distancer de la culture audiovisuelle, ce qui est le cas pour cet échantillon des Scouts de France. A noter, cependant, que les métiers permettant d’accéder à la célébrité sont ceux qui font le plus rêver les jeunes (chanteurs, acteurs, sportifs...) Il n’en est pas de même pour les métiers traditionnels. Le groupe de pairs permet de se distancer du groupe familial L’adolescent dans sa troupe commence à rechercher des valeurs et des références en dehors du cercle familial. Le groupe d’amis prend alors une importance croissante avec l’âge et semble avoir à la fois une fonction d’accueil, d’apport d’une certaine sécurité affective autre que celle des parents et de diversification des références pour la construction de son identité. De nombreux adolescents de 14-15 ans, et en particulier les filles, déclarent se sentir plus à l’aise dans les groupes d’amis que dans leur famille. Les jeunes interrogés définissent l’amitié par sa dimension affective. Un ami c’est quelqu’un « qui m’aime comme je suis » ou « quelqu’un qui sait m’écouter et me comprendre ». Cette dimension chez les garçons peut laisser place à la recherche d’une complicité. La prise de distance avec le cercle familial se fait sans le rejet des parents En rupture avec l’image des adolescents en révolte contre leurs parents, les jeunes de 11-15 ans, de cette enquête, ne rejettent pas les relations avec les adultes, et en particulier avec leur mère ou leur père. Les parents interviennent sur l’école, la religion, la santé, l’actualité, le choix des vêtements... Les jeunes confirment qu’ils abordent tous les sujets avec leurs parents, excepté les amours et les loisirs. Les 11-15 ans accordent finalement un rôle important aux adultes Ce qu’ils attendent des adultes : qu’ils apportent des questions à leurs réponses, qu’ils les aiment et les rassurent, qu’ils les aident à réussir leur vie. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 52 Des jeunes plutôt bien dans leur peau L’étude de cet échantillon Scout de France amène une rupture avec l’image stéréotypée de l’adolescent. A la différence de l’approche classique sur « la crise d’adolescence », ces jeunes sont bien dans leur peau et heureux de vivre. Cependant, une minorité (16 %) se sent mal dans sa peau, 9 % déclarent ne pas se sentir heureux de vivre. Ce sont les filles de 14 à 15 ans qui sont le plus concernées par cette forme de mal être. Par ailleurs, les jeunes, au collège, ne sont pas encore des consommateurs de tabac ou d’alcool. Les valeurs – Un important souci de justice Les positions des jeunes par rapport à la société sont marquées par un fort souci de justice : − le plus important pour vivre ensemble, c’est que j’aie les mêmes droits que tous, ou que je tienne ma parole donnée. Les jeunes ont une vision positive de la loi, car elle permet de punir les abus de certaines personnes. Cependant, cette morale s’assouplit chez les 14-15 ans, car les jeunes pensent que la loi favorise toujours les mêmes personnes et qu’elle n’est pas toujours équitable. Les caractéristiques socioprofessionnelles de cet échantillon concernent des familles favorisées présentant des différences avec la globalité − 46 % des jeunes vivent dans un ménage de cadres (contre 17 % en moyenne). − 10 % de ménages ouvriers (contre 40 % en France). − Les 2/3 sont des garçons issus de petites agglomérations. − 90 % sont de religion chrétienne. − La pratique de l’activité scoute prend du temps et met en œuvre une pédagogie qui a une influence sur les comportements et les valeurs des jeunes. A noter que les jeunes scouts, en particulier les garçons, passent moins de temps que les autres devant la télévision. Il est possible que la pédagogie scoute orientée sur la notion de services amène les jeunes à se mettre au service de la société. Ils ont aussi des valeurs positives : la famille, la religion, la loi... Pour les autres critères : comparaison avec les autres adolescents, relations avec les adultes et en particulier les parents, perception du rôle de la scolarité... Les jeunes de cet échantillon paraissent plus apaisés, mieux intégrés à « leur scolarité ». On ne voit pas de trace de la fameuse « crise d’adolescence » redoutée par le plus grand nombre. Il faut remarquer que cet échantillon Scout de France donne une image idéale de la jeunesse à l’âge du collège et que l’étude a peu approfondi les « angles critiques ». OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 53 SYNTHESE DE L’ENQUETE SCOUT DE FRANCE Le temps que je consacre en moyenne à mes activités : Lorsque je me réunis avec mes ami(es), quelles sont mes activités ? − Le temps passé au travail scolaire (en moyenne 5 heures par semaine) est légèrement inférieur à celui passé devant la télévision. Les filles aiment discuter et bavarder entre elles, alors que les garçons préfèrent pratiquer un sport ou le multimédia. − Les activités « multimédias » se développent plus chez les garçons. Pour moi, un ami c’est surtout : « quelqu’un qui m’aime comme je suis », avec un côté confidence pour les filles, et plutôt « partage et rigolade » pour les garçons Le goût pour les soirées, les sorties, le shopping augmente avec l’âge et l’entrée au lycée. L’endroit où je me sens le plus à l’aise, c’est : Plus l’adolescent grandit, plus il se sent à l’aise avec ses amis et moins il recherche la sécurité familiale. La troupe scoute : Pour 4 jeunes sur 5, la troupe scoute est le lieu où ils se sentent le plus à l’aise. Différence entre les sexes : Les différences entre les sexes sont importantes et peuvent traduire une entrée plus tardive des garçons dans l’adolescence. Et le rôle des adultes : Les filles se sentent plus à l’aise avec leurs − Les jeunes attendent des adultes des amies. réponses à leurs questions et une présence rassurante. − Je discute des sujets suivants : Plus les jeunes grandissent, plus ils discutent de leurs histoires d’amour et de sexualité et moins ils abordent les sujets sérieux. Des interlocuteurs privilégiés en fonction des sujets abordés. Des interlocuteurs privilégiés : Un responsable pédagogique et éducatif est là pour parler de scolarité et d’avenir. Cet échantillon représente-t-il une image normale ou une image idéale de l’adolescence ? OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 54 1ère partie ANNEXE LEXIQUE DE 50 TERMES PSYCHOLOGIQUES L’adolescence L’adolescence est une phase de restructuration affective et intellectuelle de la personnalité, un processus d’individualisation et de métabolisation des transformations physiologiques liées à l’intégration du corps sexué. La fin en est difficile à préciser, de nos jours. L’adolescence constitue un champ psychologique privilégié pour l’étude des changements. Les changements sont sous-tendus par la réactivation du conflit oedipien de la petite enfance, par la déliaison d’avec les images parentales infantiles et par la reliaison avec de nouveaux objets libidinaux, par des rapports défensifs à un idéal du moi et aux pulsions pour établir un nouvel équilibre narcissique. L’adolescence est infiltrée d’une problématique identificatoire jusqu’au moment où le sujet peut assumer sa séparation et sa différenciation dans l’autonomie. Du point de vue intellectuel, elle est caractérisée par le développement de la pensée formelle, le raisonnement hypothético-déductif, la découverte de la notion de loi et de la morale. Par la pensée, l’adolescent peut aboutir à un égocentrisme métaphysique, mais peut aussi concevoir des projets d’avenir et de grands idéaux. Les formes cliniques de l’adolescence comportent aussi bien une originalité juvénile considérée comme normale, des sentiments d’isolement et des préoccupations obsédantes concernant l’image du corps où peuvent s’amorcer de graves troubles et des attitudes de défi et de dépendance provoquant l’agression et la déviance. Action – intention Annulation rétroactive L’intention est le fait de se proposer un certain but, elle correspond à une volonté ou à un désir qui précède une action. L’action a ceci de particulier d’être toujours dirigée vers un objet. Pour certains auteurs, toute action est elle-même intentionnelle, c’est-à-dire que l’intention, le désir, la volonté… font partie intégrante de l’action. Mécanisme de défense par lequel le sujet fait comme si une pensée ou une action antérieure n’était pas advenue. Il s’agit en fait d’un comportement banal, utilisé par chacun. Addiction Désigne le processus par lequel un homme, ou un groupe d’hommes, acquiert ou détermine lui-même ses propres règles de conduite. La capacité d’autonomie résulte de l’intériorisation de règles et des valeurs consécutives à l’expérience et aux échanges sociaux. La conquête de l’autonomie est corrélative à la construction de l’identité durant l’adolescence. Qualifie une relation de dépendance aliénante, plus ou moins consciente, à un produit toxique ou non. Définit aussi un comportement habituel et répétitif. Alcool, tabac, drogue, boulimie, sexe... Affectivité Notion englobant des états aussi divers que les émotions, les passions, les sentiments, l’anxiété, l’angoisse, la tristesse, la joie, voire les sensations de plaisir et de douleur. On oppose la motricité, la cognition et l’affectivité. La psychologie de l’adolescent s’efforce de prendre en compte la spécificité de l’expérience du plaisir, de l’angoisse, du désir, de l’amour… OBSERVATOIRE EPA Autonomie Bande Regroupement d’individus marginaux ou déviants. L’existence de bandes est généralement associée à la désorganisation sociale et à des situations de crise, locales, qui invitent les individus non insérés à créer leur propre système de normes et de valeurs. C’est un phénomène lié à l’adolescence. L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 55 Besoins Etat de déficit ou d’écart à l’équilibre homéostatique qui déclenche dans l’organisme des comportements propres en aboutissant à l’acte consommatoire, à combler le déficit, à rétablir l’équilibre. Besoins primaires, biologiques : faim, soif, fatigue, besoins sexuels… qui conduisent à voir dans les comportements des instruments de la réduction du besoin, notion-clé dans les théories de la motivation. Besoins secondaires : (moins directement vitaux) Besoin d’imitation, d’affiliation au groupe, liés à l’expérience d’une activité, besoin d’exploration, esthétique, etc. Chez S. Freud, c’est la mise en évidence d’une dissociation entre conscience et activités psychiques inconscientes qui sera à la base de sa méthodologie. Cognitif Ce terme est d’importation récente dans le lexique français. Il qualifie tout processus de prise ou de traitement de l’information et s’applique à ce qui relève de la perception, de la mémoire, de la pensée, du langage. Il s’oppose alors à l’affectif. En outre, il qualifie les processus ayant leur siège dans la boîte noire, dans l’esprit, par opposition aux comportements. Crise Changements - Changements physiologiques et sexuels. - Changements dans le processus d’individualité de l’adolescent. Le sujet veut assurer sa séparation et son individualité. - L’étude des résistances au changement constitue un objet privilégié d’investigation. Comportement Activité d’un organisme en interaction avec son environnement. Le terme désigne tantôt l’ensemble des activités (le comportement humain), tantôt telle activité particulière (le comportement alimentaire). La notion de comportement se limite aux activités directement observables de l’organisme, ce qui exclut, dans un premier temps : les états de conscience, les pensées, les sentiments, les représentations et autres activités intérieures. Déviances Le concept de déviance suppose l’existence d’un consensus social minimum autour d’un système de règles reconnues comme légitimes. Est alors considéré comme déviant celui qui ne respecte par les normes sociales admises et les transgresse. (Personnes ou comportements.) Différenciation Action d’être soi tout en étant différent de l’autre, afin de pouvoir mettre en place tous les processus qui conduisent à l’autonomie. Empathie Conflit Antagonisme, opposition de sentiments, de goûts, d’opinions entre des personnes ou des groupes. Le conflit cognitif désigne un sujet partagé entre deux concepts, deux règles ou des modes de résolutions discordants. Le conflit de culture révèle des divergences de codes, de croyances, de valeurs liées aux interactions entre groupes culturels différents. Le conflit psychique est une opposition de motivation contradictoire chez la même personne. Le conflit peut rester localisé à une partie du psychisme. Il y a crise quand il tend à l’envahir tout entier. La crise d’adolescence en est un exemple. Conscience (sens philosophique) : Ce concept porte une triple signification : - Un principe qui permet de différencier le bien et le mal et garantit l’exercice du libre arbitre. - Le sens métaphysique appelle à la connaissance de soi, à l’introspection. - A l’origine, c’est le débat sur la conscience, cher au philosophe, qui exerce un contrôle sur l’activité cérébrale et, par là, sur les conduites du sujet. OBSERVATOIRE EPA La crise est ponctuelle et localisée : c’est un changement décisif, un moment aigu de déséquilibre. La naissance, les débuts de la scolarisation et l’adolescence sont autant de phases critiques. Intuition de ce qui se passe en l’autre, sans oublier toutefois qu’on est soi-même, car, dans ce cas, il s’agirait d’identification. Emotion Etat particulier d’un organisme survenant dans une situation dite émotionnelle, accompagnée d’une expérience subjective et de manifestations somatiques et viscérales. Les émotions de base comprennent la joie, la tristesse, la colère, la peur, la surprise et le dégoût. Chez l’homme, elles donnent naissance à des mimiques. L’émotivité, c’est-à-dire la capacité à réagir par les émotions, dépend de facteurs génétiques et de développement, particulièrement au jeune âge. Estime de soi Le sujet a une bonne perception de lui-même. Pour construire cette estime, l’individu doit accepter ses imperfections. Grâce à elles, il peut surmonter les épreuves et réussir. Il semble que la construction de l’identité, la stabilité psychique, la capacité à L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 56 s’investir et à réussir dépendent essentiellement de l’image que l’on a de soi. Une image de soi déficiente implique souvent une dépression et une difficulté d’apprentissage. Frustration La privation est le manque d’un objet susceptible de satisfaire un besoin. La frustration prend une résonance subjective : la privation est vécue comme le résultat d’un refus opposé par autrui. Groupe d’appartenance Notion psychosociale qui concerne l’adhésion et la participation d’un sujet à un groupe. L’affiliation est un processus sélectif et interactif d’identification qui contribue à la reconnaissance sociale d’un individu.. Homéostasie Notion d’équilibre et de constance du milieu intérieur en dépit des modifications de l’environnement. La fixité du milieu intérieur est la condition de la vie libre. Identification En psychanalyse, ce terme désigne les processus inconscients (à distinguer de l’imitation) au travers desquels se réalise la structuration du moi et de la personnalité. Le sujet « se met à la place de l’autre » (rival, agresseur, objet d’amour et d’admiration) pour des raisons qu’il méconnaît. Identité Caractère de ce qui est même ou unique, bien que pouvant être perçu, représenté, analysé, nommé… de manières différentes. L’identité personnelle, caractérise ce qui demeure identique à soi-même. L’identité sociale est la conviction d’un individu d’appartenir à un groupe social, reposant sur le sentiment d’une communauté géographique, linguistique, culturelle et entraînant certains comportements spécifiques. Les jeunes migrants se trouvent confrontés à des traditions et à des modèles divergents, voire conflictuels, qui aggravent la crise identitaire. L’adhésion aux normes et aux valeurs de la société de référence est une composante essentielle de l’intégration. Image du corps Représentation imaginaire que chaque sujet a de son corps. Cette notion montre combien la formation du corps joue un rôle déterminant dans la genèse de la représentation de soi. OBSERVATOIRE EPA Imago Représentation des personnes de l’entourage premier du sujet (père, mère...) qui se fixe dans son inconscient et oriente son mode d’appréhension d’autrui. Indiscipline C’est le refus de se soumettre aux règles éducatives et à leur système institutionnel. Rapporté au cadre familial et scolaire, l’indiscipline est un des symptômes des troubles de l’enfance et de l’adolescence. Débordant du seul registre des troubles du caractère, l’indiscipline relève des facteurs psychosociaux qui donnent sens à cette forme d’insoumission. Relation sociale asymétrique et légitime de celui qui doit l’obéissance aux parents, au maître, au chef… Individuation Terme qui est presque toujours complété par séparation. Individuation/séparation : ces deux mots accolés sont très utilisés par les psychiatres de jeunes enfants pour montrer que l’enfant doit se séparer de sa mère et devenir un individu autonome. C’est peu à peu qu’il se détache de l’image maternelle avec laquelle il est en fusion totale dans les premiers mois de sa vie. Intégration Principe d’organisation s’appliquant à des structures dont les éléments sont ordonnés ; les niveaux supérieurs organisant leur contrôle sur les niveaux inférieurs. Le concept d’organisation est central dans la logique du vivant (les lois d’intégration du système nerveux central). En psychologie, la notion d’intégration tient une place capitale dans les contextes les plus divers : mécanismes d’apprentissage ou ordonnancement des stades du développement cognitif, organisation de la mémoire, prise en compte des informations sensorielles… Ce terme s’applique aussi aux conduites orientées vers un but et à toute action intentionnelle. Dans le contexte psychopédagogique ou psychosocial, le terme d’intégration désigne l’insertion à un groupe auquel le sujet devrait s’adapter. Notion inverse de la différenciation. Libido Terme créé par Sigmund Freud qui peut se traduire en langage courant par sexualité. En fait, dans la théorie freudienne sur les pulsions, la libido désigne les manifestations dynamiques de la sexualité. Elle trouve sa source dans les zones érogènes et son but est la satisfaction des pulsions. Elle peut être tournée vers un autre extérieur ou vers soi, de manière narcissique. Comme toutes les pulsions, selon les individus et les circonstances, la libido peut soit être refoulée soit être sublimée. L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 57 Maturité Personnalité Période de la vie caractérisée par le plein développement physique, affectif et intellectuel. Ce qui fait l’individualité d’une personne. Les travaux les plus récents s’efforcent de spécifier ce qui relève plutôt de la psychologie que de la biologie. La psychologie s’oriente soit sur des composantes motivationnelles, soit dans une perspective cognitive qui met l’accent sur l’influence de l’information. L’information apparaît comme la synthèse durable des actions psychiques d’un sujet. Motivation La motivation s’inscrit dans la fonction de relation du comportement : grâce à elle, les besoins se transforment en buts, plans et projets. Le développement de la motivation implique : - la canalisation des besoins (apprentissages) - l’élaboration cognitive (buts et projets) - la motivation instrumentale (moyens) - la personnalisation (autonomie) Mécanismes de défense Cette notion englobe tous les moyens utilisés par le moi pour maîtriser, contrôler, canaliser les dangers internes et externes. La psychanalyse énumère en particulier : la régression, le refoulement, la formation réactionnelle, l’isolation, l’annulation, l’indentification projective… Dans la perte des objets infantiles et dans la canalisation du surcroît pulsionnel (sexuel et agressif), l’adolescent mettra en place des mécanismes de défense intra psychiques. Cependant, l’ensemble de ces questions reste source de débats. Narcissisme Terme né de la référence au mythe de Narcisse qui, à trop admirer son reflet dans l’eau, fut transformé en fleur. Le narcissisme a été très étudié par Jacques Lacan, notamment dans le fameux stade du miroir que traversent tous les enfants de 6 à 18 mois. Le narcissisme se définit comme l’amour porté à son image. Il existe un narcissisme primaire qui appartient au moi et un narcissisme secondaire qui, lui, est un retour sur le moi avec constitution d’images idéales. Celui-ci joue un rôle dans certaines perversions sexuelles caractérisées par la recherche d’un partenaire identique à soi-même. Objet Terme de la psychanalyse pour définir ce qui oriente le désir de chacun : il est bon ou mauvais. D. Winnicott parle d’objet transitionnel qui permet de se séparer de la mère ; Sigmund Freud définit l’objet comme le but de la pulsion : « ce en quoi ou par quoi la pulsion peut atteindre son but ». Pensée Le mot « pensée » renvoie à toutes les manifestations de l’esprit, désignant tantôt des idées, tantôt des raisonnements. Les rapports entre pensée et langage demeurent complexes. Le terme « cognition » tend à se substituer à « pensée ». OBSERVATOIRE EPA Personnalisation A la différence de la socialisation, véritable intégration au groupe par identification, la personnalisation est réalisation de soi, réalisation par le projet, promotion par le pouvoir, estimation des valeurs, développement de l’identité et de l’autonomie. A noter que la socialisation peut être une dépersonnalisation. Il y a un rapport dialectique entre développement et crise. Problèmes Situations face auxquelles le sujet ne dispose pas de conduite adaptée. Les problèmes sont utilisés depuis longtemps par les psychologues pour étudier le mode de fonctionnement de l’intelligence ou pour évaluer le niveau de performance. La résolution de problèmes met l’accent sur les processus en stratégies par lesquels le sujet arrive à la réussite finale. Psychanalyse Méthodologie de S. Freud Inconscient : définit toute opération mentale et toute représentation inaccessible à la conscience du sujet. En d’autres termes, une grande partie des processus perceptifs de la mémoire, de l’attention, de la décision… sont inconscients. Conscient : l’un des trois systèmes de l’appareil freudien. Il est la condition dynamique d’un inconscient d’une toute autre nature. Le MOI et le ÇA : la préadolescence apporte des changements. La quantité des émotions investit toutes les pulsions du ÇA, sexuelles et agressives : retour des tendances orales et annales qui entraînent la voracité, la complaisance dans la saleté et le désordre. L’adolescence apportera par la suite des modifications plus qualitatives. Le MOI change considérablement, devient plus inflexible, soucieux de renforcer ses défenses. Le SURMOI : sous l’effet de la puberté, le SURMOI résiste mais sa position s’en trouve affaiblie. Les parents peuvent inconsciemment perdrent leur rôle de soutien du SURMOI. L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 58 L’IDEAL du MOI : il est considéré comme une fonction du SURMOI (idéalisation du moi). Psychisme Terme définissant la vie mentale avec ses pulsions et toutes ses instances psychologiques. Pulsion Terme du vocabulaire freudien. La pulsion a une source corporelle et un but : supprimer l’état de tension corporelle qu’elle engendre. La pulsion est dirigée vers un objet. Les pulsions se situent à la limite du somatique et du psychique. On parle de pulsion orale, de pulsion anale et génitale. La plus célèbre des pulsions est la libido. La pulsion est une source, un but qui induit la satisfaction, la décharge d’énergie investie et un objet par rapport à un but qui peut être atteint. Si l’objet n’est pas trouvé et si le but n’est pas atteint, naissent la frustration et un accroissement de la tension qui est ressenti comme un déplaisir. Pulsion et satisfaction Source somatique OBJET Décharge d’énergie BUT atteint PLAISIR Insatisfaction FRUSTRATION TENSION OBJET pas trouvé BUT pas atteint Types de pulsions : sexuelles, pulsions du moi et d’autoconservation (alimentation, musculaire…) pulsions de vie, pulsions de mort (agression, destruction). Raisonnement Activité de pensée intentionnelle qui se présente comme un enchaînement de propositions qui permet de conclure à la valeur de vérité (vraie, fausse, probable…) On distingue 2 types de raisonnement : les déductions et les inférences. La quête identitaire La recherche de son identité est au centre de la crise d’adolescence. OBSERVATOIRE EPA La construction de son identité, la reconnaissance de celle-ci par soi-même et par les autres constitue un enjeu majeur à l’adolescence. Pour un jeune, construire son identité, c’est découvrir ce qu’il aime, ce qu’il désire, ce qu’il envisage affectivement et professionnellement, bref, ce qu’il attend de la vie. Il atteint un âge de remise en question et il fait le bilan de sa vie. (Autonomie) Refoulement Mécanisme de défense typique de l’hystérie. C’est l’opération par laquelle le sujet repousse ou maintient dans l’inconscient des pensées, images ou souvenirs liés à la sexualité. Pour S. Freud, son essence consiste dans le fait d’écarter et de maintenir à distance du conscient des représentations et non des affects qui ne peuvent être que réprimés. Regression En psychanalyse, ce terme désigne un type de mécanisme de défense utilisé dans le cadre de l’interprétation des symptômes psychopathologiques. S. Freud évoque la régression de la libido, la régression de l’ego et la régression objectale. Sentiment Etat affectif complexe qui peut concerner des objets internes (le MOI) relié à des situations étrangères (ou extérieures). La définition du sentiment inclut nécessairement la subjectivité mais en précisant la relation du sujet aux circonstances : perception, action, sensation. A noter que le narcissisme, l’amour, la haine, la jalousie… font partie des sentiments. Sublimation Processus de dérivation des pulsions sexuelles et agressives vers des buts et des objets socialement valorisés, en particulier l’investigation intellectuelle et la créativité culturelle. Le mécanisme de sublimation permet à l’enfant une modification structurale de sa vie pulsionnelle, qui l’oriente vers les apprentissages scolaires, les jeux sociaux, l’activité culturelle et l’établissement des nouvelles relations humaines. Dans la famille se développent les sentiments de tendresse, de dévotion et de respect. Symptômes Ce terme, qui appartient à l’origine au vocabulaire médical, implique une relation entre quelque chose qui se montre (le signe) et le trouble organique ou psychologique non visible. L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 59 Dans le cadre de la névrose, de la crise… le symptôme apparaît comme un compromis entre l’expression d’un désir et les mécanismes de défense qui maintiennent inconscient ce désir. Les valeurs Ce par quoi on est digne d’estime sur le plan moral, intellectuel, physique, etc. Référée à l’idéologie, une valeur est proche d’une fin (la liberté, la solidarité, le savoir…) Elle peut s’appliquer à des groupes (valeurs éducatives) et conduit à insister sur la signification des pratiques sociales. Violences La violence physique fait régner la loi du plus fort en opprimant des individus ou des groupes plus faibles. Les psychologues décrivent différentes formes de violence morale : la menace du retrait de l’amour et de la protection ainsi que l’usage pervers du raisonnement, qui peuvent introduire des règles paradoxales. Le psycholoque J. Bergeret appelle « violence fondamentale » la situation du nourrisson confronté aux mauvais traitements des adultes et à une règle archaïque d’équilibre des vivants et des morts : pour que l’un vive, l’autre doit mourir. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 60 CONCLUSION CONNAISSANCE DE L’ADOLESCENCE Une période propice à la formation de la volonté La psychologie des adolescents : gérer la crise ou inventer une nouvelle pédagogie ? Les adolescents vivent dans un monde en mutation, alors qu’ils sont eux-mêmes en forte mutation. Bien entendu, si la société montrait une voie royale à chacun d’eux, les adolescents auraient, malgré tout, à choisir entre le travail ou le divertissement et la convivialité. Il n’en a pas toujours été ainsi. Les jeunes nés dans les années 30, les adolescents de la guerre, avaient à l’esprit des objectifs très simples et qui stimulaient leur volonté : trouver à manger, avoir un emploi avant 16 ans et choisir une fiancée avant que le choix ne se limite. Ce qui montre bien qu’un jeune sans avenir peut mettre en place des mécanismes de réussite. Les pédagogues modernes insistent sur les particularités des adolescents : − − Il faut répondre aux questions essentielles : à quoi je sers, pour qui je compte ? Quel que soit le contexte, l’adolescent demande de l’amour et de la reconnaissance. Pour survivre, les groupes ont besoin de règles à défaut de buts précis. Aussi, le travail sur l’organisation des microcontextes prend une place exceptionnelle dans la pédagogie des adolescents. La cohérence des règles constitue un point de repère important, car les jeunes ont besoin d’une stabilité psychosociale pour se construire. Plus une société se complexifie, plus les objectifs proposés manquent de visibilité... et plus la communauté scolaire doit veiller à son fonctionnement propre, sans oublier aucun de ses membres. Chaque individu peut se préparer par la formation à réussir sa vie, même s’il ne sait pas encore de quoi sont fait les lendemains. Derrière toute cette dilapidation d’énergie, que l’on rencontre surtout chez les garçons, il faut admettre que l’adolescence est une extraordinaire école pour la maîtrise de la frustration, c’est-à-dire une période de construction de la personnalité et de la volonté. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 61 Les échanges avec les professionnels scolaires A QUI LES JEUNES SE CONFIENT-ILS ? Les adolescents, qui sont-ils ? Que font-ils ? de seconde en % de 1ère BEP en % Se confient aux parents pour un problème scolaire 73 de santé 65 sentimental 15 de sexualité 25 de drogue 33 70 67 11 17 27 65 68 10 18 26 Se confient à une autre jeune pour un problème scolaire 17 de santé 10 sentimental 65 de sexualité 38 de drogue 22 20 9 68 52 29 26 10 67 52 32 Se confient à un professionnel pour un problème : enseignant, éducateur, infirmière, médecin, assistante sociale scolaire 1 de santé 13 sentimental 4 de sexualité 2 de drogue 3 4 15 4 2 2 2 13 3 2 2 Ne se confient pas pour un problème scolaire 7 de santé 12 sentimental 18 de sexualité 33 de drogue 40 5 7 19 26 38 5 6 15 22 34 Les élèves de 4ème en % Enquête nationale Inserm, U169 – 1993 Commentaires sur les échanges avec les proches : La lecture de ce tableau confirme le rôle central de la cellule familiale pour ce qui est essentiel (scolaire, santé). Concernant la mise en place de sa nouvelle personnalité, de sa nouvelle vie... l’adolescent se confiera plus naturellement à ses pairs (sentiments, sexualité, drogues). Alors que le jeune a conscience du rôle incontournable de l’école, qui permet d’accéder aux diplômes (les talismans du positionnement social), il reste fermé aux échanges sur sa propre scolarité, sur sa vie... avec les professionnels scolaires. Certains professionnels, comme le médecin et l’infirmière, sont les mieux perçus pour aider les jeunes qui rencontrent des difficultés. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 62 Les adolescents se sentent-ils chez eux dans leur établissement ? Une enquête réalisée par l’INSERM en 1993 s’est intéressée aux relations profondes des adolescents et en particulier à rechercher à qui ils se confiaient en cas de besoin. Lorsqu’il s’agit de se confier à un professionnel scolaire, l’adolescent a des scores très faibles (4 %) comparé à la famille (70 %), ce qui laisse à penser qu’il y a des dispositifs à mettre en place, dans chaque établissement scolaire, pour améliorer la communication individuelle. Ceci amène une autre question : le rôle d’un établissement scolaire est-il seulement de transmettre un savoir, ou doit-il se sentir davantage concerné par l’éducation des élèves qui lui sont confiés ? Nous avons souligné l’importance de la cohérence des règles et de l’organisation du micro contexte que représente la communauté scolaire. Il faut y ajouter la notion de confiance qui est le plus souvent représentée par une personne et non par une collectivité. Ce sont les difficultés partagées qui conduisent à la confiance, qui s’établit difficilement au niveau du lycée/CFA, car le nombre d’intervenants non enseignants est limité dans les structures actuelles. Avoir des conseillers disponibles, c’est le prix à payer pour mieux connaître individuellement les adolescents. Voir tableau en page précédente : A qui les jeunes se confient-ils ? Les révélateurs de la crise d’adolescence Il existe aussi une autre méthode pour « gérer les adolescents », c’est d’attendre que leurs problèmes émergent et que les incidents se multiplient afin de fournir des motifs pour intervenir. Devant la longue liste des incivilités et incidents liés à l’adolescence. Les chefs d’établissements doivent mettre en place deux groupes de solutions : − − Mettre en place des pédagogies plus adaptées aux adolescents Se doter d’un dispositif pour réduire les conséquences des problèmes et des incidents. Voir tableau en page suivante Dans le chapitre suivant, nous allons nous attacher à montrer les différences existantes entre les filières de formation. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 63 LES REVELATEURS DE LA CRISE D’ADOLESCENCE Quels sont les problèmes ou les comportements excessifs qui amènent les adultes à parler de crise d’adolescence ? LES DOMAINES LES REVELATEURS DANS LA FAMILLE − − − − − − − − − − − − − Puberté - Amour-sexualité Changement dans les relations familiales Fin de l’obéissance – Conflits répétés, désordre Permission de sortie, chantage affectif Plus d’émotivité et de sensibilité Agressivité, bagarres, humeur variable Tout pour les copains (bandes) Troubles du sommeil Prise de risque, recherche d’autonomie Mauvaises habitudes, tabac, alcool, cannabis, drogues Alimentation anarchique Excès de télévision, d’Internet, de jeux vidéo Désaffection pour l’école, résultats en chute A L’ECOLE − − − − − − − − − − Refus de l’autorité, insolence, insultes Vécu scolaire négatif - Absentéisme, retards Crises, changement de personnalité (identité) Incivilités, indiscipline, réactivité excessive Perturbe le bon déroulement de la classe Résultats scolaires en chute Conflits répétés - Violence à l’école, agressivité Prédélinquance, vols, racket - Trafics divers Insatisfait de l’orientation Décrochage scolaire SANTE − − − − − Transformations liées à la puberté - Sexualité, grossesse Addictions : tabac, alcool, cannabis, drogues Troubles du sommeil, vie nocturne Passage dépressif, fatigue, suicide - Angoisse, crise de tétanie Problèmes de santé Les accidents répétés : − A l’atelier, travail à l’extérieur − Accidents de la route − Sport AVEC LA SOCIETE (police et justice) L’HABILLEMENT LA « PARLURE » OBSERVATOIRE EPA − − − − − Dégradations, vols, racket Violences, agressions sexuelles Trafics ou usage de produits illicites Installation dans la délinquance Appartenance à une bande de délinquants (jeunes déscolarisés, chômeurs, jeunes en errance... principalement) − − − − − Comportements de types marginaux, le plus souvent en groupes Manque de propreté et d’hygiène Les vêtements (spectaculaires) Le percing, les tatouages excessifs Les nouveaux langages empruntés aux banlieues, pauvreté du langage L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 64 2ème PARTIE ENQUETE SUR LES ADOLESCENTS EN SITUATION SCOLAIRE Les différenciations College, LGT, LP, CFA OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 65 2ème partie Chapitre 1 UNE IMPORTANTE DIFFERENCIATION DES ADOLESCENTS en fonction des filières Avec la massification de la scolarité, la très grande majorité des adolescents – il y en a 6 millions – va se trouver sous statut scolaire, dans un système scolaire qui présente de grandes différences créées par l’orientation – sélection. Repères sur les enseignements Entrée dans la vie active COLLEGE – Premier cycle 11 ans 6ème 3.200.000 élèves 800.000 par classe d’âge Préadolescence Puberté 5ème Retour de vacances 13 ans 4ème 15 ans Difficultés scolaires Adolescence 3ème 16 ans → Entreprises LYCEE – Second cycle 58 % 2.567.000 élèves LGT LP CFA 15 ans Lycée GT 14 % LP CFA CAP BEP 1.507.000 720.000 340.000 Niveaux V et IV 28 % Terminales 18 ans 37 % Bac G 21 % Bac Techno 16 ans 18 ans Bac Pro 1 Bac Pro 2 Bac Pro BP → BEP et CAP Entreprises 19-20 ans → BAC PRO Entreprises Enseignement supérieur 540.000 élèves entrent dans le supérieur, soit 65 % des jeunes du collège OBSERVATOIRE EPA BTS 105.000 / an DUT 50.000 / an Classes préparatoires 36.000 / an Université (entrants) 300.000 / an UIFM 50.000 / an La culture étudiante française permet un certain tâtonnement jusqu’au BAC + 2 L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 20 ans → BTS Entreprises Vie active différée 20-26 ans 66 ELEVES SORTANT DU SYSTEME EDUCATIF, SANS DIPLOME, OU SANS METIER Bases Taux (%) Sortants − Collège - Décrochage scolaire 800 000 9.0 72 000 − Lycée GT - Décrochage scolaire (2ème et 1ère) - Echec au BAC 460 000 - 4.2 18.0 19 300 82 000 − LP et CFA - Décrochage scolaire (1ère et 2ème années) - Echec au CAP et au BEP (20 %) 240 000 200 000 12.0 20.0 28 800 40 000 − Université - Décrochage scolaire (1ère et 2ème années) - Echec au DEUG 200 000 40.0 80 000 Estimation globale 322.100 Un adolescent sur quatre sortira du système d’enseignement, sans diplôme et sans métier. Les risques (et les problèmes) pour ces adolescents sont plus élevés par rapport à ceux qui obtiennent une qualification professionnelle. Ce sont des élèves des filières générales qui sont le plus durement touchés. ORIGINES SOCIOPROFESSIONNELLES DES ADOLESCENTS MEN - DPD Les critères CSP regroupés en 4 catégories : Catégories Collège A Favorisée Cadres > BAC+3 Professions libérales Enseignants 19.7 % B Favorisée Professions intermédiaires Niveaux III et IV 14.7 % C Moyenne Employés Commerçants Artisans Agriculteurs 28.5 % D Défavorisée Ouvriers et sans activités 37.2 % Lycée GT 28.0 % 17.6 % 29.2 % 25.2 % Enseignement privé Sous contrat 31.0 % 15.3 % 30.2 % 23.5 % Lycée Pro 6.7 % 12.8 % 23.5 % 51.0 % Apprentissage 3.5 % 8.5 % 20.0 % 60.0 % Les origines sociales favorisées sont surreprésentées au niveau du lycée GT, en particulier avec le secteur privé. Au lycée professionnel, seulement 19.5 % des jeunes sont issus d’un milieu favorisé et beaucoup moins en apprentissage (12 %). La majorité des auteurs en psychologie de l’adolescent choisissent comme champ d’études les élèves (et leur famille) issus de milieux favorisés et moyens au collège et au lycée. Sur le plan quantitatif, cela représente environ trois millions d’adolescents. Par contre, les chercheurs qui travaillent sur les pathologies et sur les déviances liées à l’adolescence, se retrouvent naturellement dans un champ plus restreint : celui de l’enseignement professionnel et de la déscolarisation. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 67 L’ORIENTATION A LA FIN DU COLLEGE Rappels Dans les milieux de l’enseignement public, le mot « sélection » est interdit. Au niveau des usages, ce sont les mots « orientation » et « affectation » qui sont employés. L’orientation en 4ème Les élèves âgés de 16 ans peuvent être orientés vers l’enseignement professionnel, les enseignements spécialisés et la vie active. L’orientation en 3ème Une campagne intensive est mise en place de janvier à juin pour présenter, aux élèves et à leur famille, les différents choix d’orientation. Un document de liaison entre le collège et la famille permet d’aboutir à deux choix qui seront proposés, dans un premier temps, au professeur principal, assisté du conseiller d’orientation psychologue (COP). Les enfants sont mineurs et les familles, tout comme les enseignants, privilégient les formations générales et technologiques : − 530.000 jeunes entrent en seconde, empruntant ainsi le modèle unique. Le taux d’accès au BAC est d’environ 65 %. L’entrée dans l’enseignement professionnel L’orientation dans un lycée professionnel se fait directement par le collège. En revanche, l’entrée en Apprentissage est un choix volontaire qui sera fait par les familles. Au niveau du lycée professionnel, dans la majorité des cas, il s’agit d’une orientation par défaut qui est souvent proposée aux jeunes et aux familles, comme un dernier recours, avant la vie active. L’adolescent qui se trouve dans cette situation vit cette orientation comme une humiliation, et ce sentiment risque de s’installer. Le profil des entrants au lycée professionnel : Age : 1 à 2 ans de retard, mauvais résultats scolaires, lassitude de l’école, procédure d’orientation trop rapide, sentiment d’être laissé sur le côté. Un nombre élevé de jeunes orientés vers les lycées professionnels proviennent des collèges en ZEP et des banlieues populaires. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 68 Qu’advient-il du million de jeunes de l’enseignement professionnel en France ? Ils représentent 16 % des adolescents et bénéficient d’une scolarité plus concrète et d’un accès facilité à l’emploi. Cependant, il faut remarquer que bon nombre de ces jeunes n’exercent pas les métiers qu’ils ont appris. Dans cette filière, la « crise d’adolescence » sera plus répandue, avec assez souvent des tendances à l’agressivité. Ce développement irréversible est lié à l’évolution des familles, du tissu social de proximité et de la culture adolescente. L’absence de ressources financières sera elle-même un facteur aggravant pour cette jeunesse issue de milieux défavorisés. Théorie de la concentration des jeunes en crise, par l’orientation LE CONSTAT ● Crise d'adolescence ESTIMATION ● Mauvais résultats COLLEGE taux ados en tension ADOLESCENTS EN TENSION Collèges 40 % Collèges en ZEP 70 % scolaires ● Blessure de l’orientation ●●●●●●●●●●●●●●●●● ●●●●●●●●●●●●●●●●●● Orientation volontaire NIVEAU V LGT LP ●●●●●● Terminale ●●● 20 % d’échec au niveau du BAC BEP CFA ●●●●●●●●●● ●●●●●●● ●●●●●● ●●● ●●●●●●● ●● Bac Pro Bac Pro ●●● ●● Manque de maturité au niveau du BAC PRO Plus de maturité C’est au lycée professionnel que le CUMUL : crise d’adolescence, niveau scolaire faible et ressentiment après l’orientation, sera le plus important. Au CFA, le volontariat avec les parents et l’embauche en alternance va, le plus souvent, accélérer la maturité de l’adolescent qui est mieux orienté . A remarquer que les adolescents sont beaucoup plus apaisés en classe terminale avec l’enjeu du BAC, mais aussi grâce au travail éducatif au lycée qui porte ses fruits (voir travaux CPE). Le niveau IV, c’est-à-dire le BAC PRO, au niveau du lycée professionnel n’apporte pas encore la maturité souhaitée chez des jeunes de 19 à 20 ans. Est-ce lié au climat psychologique du lycée professionnel ou à un défaut de valorisation du BAC PRO et de ses débouchés ? OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 69 LE DESIR DE POURSUIVRE SES ETUDES, UNE CLE POUR L’ADOLESCENT L’attractivité des jeunes, qui est essentielle, n’est pas seulement générée par le choix d’un métier ou d’une profession. D’autres influences, qui sont des étapes intermédiaires vont intervenir : Attractivité pour les diplômes et pour les niveaux : BAC G, BAC Techno et BAC PRO, BTS, Université (DEUG), CPGE... A noter que le CAP et le BEP ont perdu, en partie, leur attractivité. Attractivité pour les établissements scolaires : Les jeunes se font leur propre image et leur propre cote des établissements de leur périmètre. Les élèves du collège, y compris ceux qui sont destinés au lycée professionnel, recherchent la proximité. L’influence des proches sur l’attractivité reste prépondérante : Les parents, les proches, les copains, les « modèles » proposés par la télé... font partie de la recherche d’un métier et d’une « solution identitaire ». Il est fréquent aussi qu’un adolescent fasse le même choix qu’un « ami » dans l’espoir de rester ensemble par la suite. A l’opposé de cette démarche, les opérations d’orientation à la fin du collège et d’affectation par l’académie vont décider du passage dans l’enseignement professionnel, avec une approche bureautique. COMMENT DEVIENT-ON ELEVE DE LYCEE PROFESSIONNEL Certains élèves ont vraiment choisi d’aller au lycée professionnel, d’autres ne sont jamais vraiment « entrés » à l’école, depuis le CP ou le collège, ils ont toujours été en échec. Mais, la majorité des élèves du lycée professionnel relève d’un 3ème cas de figure : pour eux l’orientation est le moment de la perte de leur ambition à la suite d’une dérive scolaire, de ruptures diverses, le plus souvent familiales, ou d’événements traumatisants. (voir schémas page suivante) OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 70 Lycée professionnel Répartition des jeunes des LP NIVEAU V A B C NOUVELLES TRAJECTOIRES Ceux qui ont vraiment choisi - dérive au collège ruptures évènements déstabilisants crise d’adolescence Ceux qui ne sont jamais « entrés » à l’école Proches de la déscolarisation (Rapport de force) COMPARAISON AVEC L’APPRENTISSAGE Les conséquences du volontariat des jeunes et de leurs familles, ajoutées à la nécessité de conclure un contrat d’apprentissage avec une entreprise, vont modifier considérablement la sociologie des jeunes qui étudient en CFA. CFA Répartition des jeunes des CFA NIVEAU V A B C NOUVELLES TRAJECTOIRES Ceux qui ont vraiment choisi - dérive au collège ruptures évènements déstabilisants crise d’adolescence Erreur de recrutement par le CFA A. Un nombre plus élevé d’élèves qui font le choix d’un métier avant la campagne d’orientation et un « taux d’adolescents en crise » qui devrait être plus faible qu’en lycée professionnel. B. Cette population, qui est de plus en plus importante au CFA, peut avoir été déçue par l’orientation publique et par l’image négative du CAP et du BEP, elle trouve dans l’apprentissage un choix de métiers et de niveaux plus large. Le taux d’adolescents en crise devrait être plus élevé que pour le groupe A. C. Cette catégorie, qui a une longue histoire avec l’échec scolaire et qui refuse la discipline, reste plutôt en LP dans le cadre de l’enseignement obligatoire. En général, le CFA ou les employeurs écarteront ce type de candidats trop agités à l’entrée dans l’apprentissage. La crise d’adolescence, dans ce groupe, concerne la presque totalité d’entre eux. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 71 POURQUOI DECROCHE-T-ON AU COLLEGE ? Difficulté dès le CP La majorité des élèves qui présentent des difficultés scolaires au collège ont redoublé le CP. En 6ème Le passage de la classe unique, avec un seul instituteur, à la pluralité des professeurs et des classes peut jouer un rôle en 5ème et 4ème, dans le décrochage scolaire. Avec l’adolescence La puberté, la croissance, la fatigue, les changements dans la personnalité du jeune, les crises familiales... peuvent aggraver les difficultés scolaires du jeune. A cette étape, le jeune va apporter de nouveaux sujets – pris en dehors du collège et de la famille – qui vont le distraire de l’école : « ça ne m’intéresse pas » « je préfère m’amuser avec les copains ». Une fois de plus, l’extérieur, les copains... vont se substituer au travail scolaire personnel et à la motivation pour les études et il est vrai qu’au moment de l’adolescence cette attitude peut paraître normale à certains. L’enseignement professionnel devrait chercher à s’élargir en direction des adolescents – de niveau moyen – qui auraient besoin à la sortie du collège d’une nouvelle trajectoire plus ouverte qu’aujourd’hui, qui soit en même temps une 2ème chance. Après une période d’adolescence difficile et fatigante en 4ème et 3ème, l’adolescent, s’il est de niveau moyen et ouvert aux études, aspirera à une nouvelle chance. L’enseignement professionnel, en faisant la promotion de son rôle d’ascenseur social, et de ses possibilités de rattrapage pour ceux qui sont intéressés par un BAC professionnel ou un BTS, éviterait aux adolescents de faire trop tôt le deuil de leurs ambitions. Les enseignants et la réussite scolaire de leurs enfants Les instituteurs et les professeurs savent que la réussite de l’adolescence passe par la réussite scolaire. Pour réaliser cet objectif, les parents-enseignants bénéficient d’un « savoir-faire », le plus souvent transmis par la génération précédente. Actuellement, 45 % des élèves de CPGE proviennent de familles d’enseignants, ce qui ressemble à un exploit. Au collège, les jeunes issus de ces familles n’étaient que 3 %. Il y a là un modèle qui devrait servir de référence aux familles, au moins en ce qui concerne les méthodes utilisées (témoignage). Une des clés de la différenciation entre les adolescents se trouve au niveau de l’effort scolaire consenti individuellement et qui est lié à l’expérience scolaire des parents. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 72 2ème partie Chapitre 2 LES ENQUETES EN CLASSE PAR QUESTIONNAIRES Auprès des lycées GT, lycées professionnels, CFA Les entretiens réalisés au début de l’étude ont montré la difficulté à mesurer le vécu scolaire des adolescents, si l’on voulait comparer les différents secteurs. Une enquête sur l’adolescent en milieu scolaire a été mise en place à partir de questionnaires en auto-passation. Méthodologie et objectifs Deux questionnaires ont été conçus pour l’ensemble des publics : Enquête 1 – sur le processus d’adolescence Enquête 2 – sur la psychosociologie des adolescents (Questionnaires en pages suivantes) Les questionnaires utilisés proposent environ 9 groupes de questions avec des ouvertures personnelles. Le dépouillement a été facilité par l’utilisation du logiciel Ethnos 3 qui propose des tris à plats et des tris croisés. Où ont été réalisées ces enquêtes ? L’hypothèse d’enquêter directement auprès des jeunes a été écarté et ce sont les proviseurs et les CPE qui se sont chargés de faire distribuer les questionnaires en classe. La représentativité de l’enquête : 10 établissements en Ile de France et Province Lycée GT Lycée professionnel CFA importants (4) (3) (3) soit 60 classes pour 2x1 000 QCM Il s’est avéré en outre que la combinaison entretiens et enquêtes permettaient de créer des liens avec les enseignants. Les objectifs de ces enquêtes Utilisation de deux questionnaires complémentaires (QCM2 et QCM5) afin de disposer d’informations représentatives. La 1ère enquête sur le processus d’adolescence et la 2ème enquête sur les aspects psychosociaux ont été analysées séparément avec des conclusions partielles chaque fois que cela a été possible. La fin du chapitre sera réservée aux résultats des enquêtes, aux aspects comparatifs et synthétiques. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 73 1ère ENQUETE 1er lot ENQUETE SUR LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE au lycée GT QCM2 Juin 2006 Cette première enquête a été réalisée à Maurepas, dans la nouvelle ville de Saint-Quentin en Yvelines, grâce au soutien de deux proviseurs ouverts à la sociologie scolaire. Ces lycées sont de conception récente, dans un cadre urbain de la fin du XXe siècle. Les élèves usagers de ces lycées sont là pour « poursuivre leurs études » et leurs comportements, individuels et collectifs, présentent une assez bonne maîtrise. L’origine des adolescents correspond à la moyenne socioprofessionnelle (Ile de France et Province). Les élèves de seconde de lycée GT, comme base de comparaison Ils représentent 60% d’une classe d’âge, ils sont mineurs de 15-16 ans et ont été choisis dans le cadre d’une orientation de fin de 3ème avec la participation des parents. Cette sélection d’élèves de seconde est sans doute la meilleure base de référence dont nous disposons pour une comparaison avec les autres filières de formation. 1er lot - Maurepas QCM2 - Lycées généraux et technologiques L’échantillon retenu : QCM2 – Le processus d’apprentissage 247 questionnaires, pour 16 classes Principalement : niveau seconde, élèves mineurs Sexe : Filles 67% Q1. Garçons 33% Pour vous, l’adolescence est un changement de quel type ? Psychologique : 35,2 % Physique : 34,2 % Relationnel : 18,0 % Avec la société : 12,6 % Les filles soulignent plus la dimension psychologique. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 74 Q2. La fin de l’adolescence, qui est le passage à l’âge adulte, correspond à : - La maturité ........................... 47,6 % - Le début du travail ............. 31,8 % - Les diplômes .............................. - La vie à 2..................................... 13,5 % 7,2 % Le mot maturité parait être universel, car au lycée le début du travail et la vie à deux sont des étapes encore lointaines pour les élèves. Q3. Etes-vous un adolescent : - Satisfait .................................. - Assez satisfait...................... 42,1 % 31,5 % - Inquiet de l’avenir .................... - Ayant besoin d’un soutien .... 73,6 % 21,0 % 7,2 % Les garçons sont plus optimistes, les filles modèrent leur satisfaction (assez satisfaite) et elles expriment leur inquiétude de l’avenir. La notion de soutien ou d’assistance n’est pas habituelle. Q4. Selon vous, qu’est ce qui caractérise le processus d’adolescence ? - Désir d’autonomie, indépendance ................ 18,2 % - Changement sexuel......................................... 7,8 % - Nouvelle façon de voir les choses ................ 14,7 % - Plus de sensibilité, de conflits......................... 6,8 % - Changements dans les relations familiales ... 10,3 % - Peurs, angoisses.............................................. 5,0 % - Humeur variable........................................... 10,2 % - Développement des appétits et des pulsions... 4,4 % - Refus de l’autorité et des contraintes ........... 8,2 % - Recherche de dialogue.................................... 3,4 % - Image de soi, confiance en soi ..................... 8,0 % - Solitude, isolement ......................................... 2,5 % Les filles ont plus conscience des changements : changement sexuel, humeur variable, peurs et angoisses, changement d’image personnelle. Elles désirent aussi mettre en œuvre une nouvelle façon de voir les choses et en particulier obtenir plus d’autonomie de la part de la famille. Les garçons se situent dans « l’âge ingrat » avec refus de l’autorité, refus scolaire et des conflits frontaux. Les adolescents rappellent aussi qu’ils sont pleins d’énergie (et de sexualité), qu’ils aiment jouer, s’amuser et qu’ils ont des besoins affectifs considérables de leurs parents et de leurs pairs. Il peut être intéressant d’éduquer les adolescents aux bases de la vie scolaire, au début des cycles scolaire : 4ème, seconde, 1ère CAP et BEP. Q5. Qu’aimez-vous le plus ? - Sortir entre copains ...................... - Etre avec des amis ........................ - M’amuser ......................................... 21,2 % 21,1 % 19 ,9 % 61,4 % - La liberté ..................................... - Aider les autres ......................... - Avoir des responsabilités....... 18,6 % 11,8 % 7,4 % Les adolescents du lycée GT aiment avant tout sortir, être entre amis, s’amuser. Les filles préfèrent être entre amies pour échanger, les garçons cherchent d’abord à sortir avec leurs copains pour s’amuser. Q6. Ce que vous n’aimez pas ? - L’hypocrisie .................................... - L’injustice........................................ - L’échec ............................................. 31,7 % 26,7 % 15 ,7 % - Etre traité comme des enfants - L’autorité .................................... - Les études ................................... 13,9 % 8,9 % 3,1 % Les filles montrent du doigt les valeurs et la morale, les garçons n’aiment pas être traités comme des enfants et boudent davantage les études. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 75 Q7. Qui est le mieux placé pour proposer une ligne de conduite aux adolescents ? - Les parents ...................................... - Les proches ..................................... - Moi-même ....................................... 29,8 % 19,8 % 15 ,3 % - La société .................................... - L’entreprise ................................ - Le lycée ....................................... 68,9 % 10,0 % 9,5 % 7,0 % L’intimité entre collectivité scolaire et adolescent doit passer par un médiateur. Q8: Les principaux dangers à éviter : - Le tabac, l’alcool, le cannabis (TAC) ..... - Le sida, les MST ..................................... - La violence ............................................. - Perte de motivation pour les études .... - Echec scolaire........................................ - Les dettes, le vol .................................... - Etre sous la dépendance d’une bande ..... - L’isolement, le repli sur soi .................... Sous-total 13,2 % 10,9 % 10,2 % 9,3 % 8,9 % 6,3 % 5,9 % 5,8 % - Manque de sommeil, vivre la nuit ..... - L’absentéisme.................................... - Les conflits ........................................ - Le refus des règles ............................. - Se couper des adultes......................... - Abus de TV, Internet ......................... - Style de l’ado trop excessif................ - Autre.................................................. 4,8 % 4,4 % 3,5 % 3,3 % 3,0 % 2,8 % 2,6 % 70,5 %+9- Les dangers qui guettent l’adolescent sont bien identifiés par chacun : les addictions, les changements liés à la sexualité, la violence, l’échec scolaire, et une mauvaise hygiène de vie. Même au lycée GT, les jeunes connaissent les chemins qui conduisent à la délinquance juvénile : le vol, la drogue, les bandes organisées et l’échec scolaire (déscolarisation). Q9. Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ? Cette question ouverte a permis aux lycéens de s’exprimer librement. 1. Scolarité / famille (rôle élevé) 50% − Difficultés scolaires, manque de motivation pour les études, peur de l’échec, − lassitude scolaire. Relation avec la famille. Difficultés de dialogue avec les parents, problèmes familiaux ... 2. Difficultés psychologiques − − − − − − − 30% Début de relations sentimentales et amoureuses Problèmes de comportement et relationnels Manque de confiance en soi, conflits en cours Crise d’angoisse, difficulté de mobilisation intellectuelle Besoin d’affection, solitude affective Besoin de liberté, d’autonomie Image de soi (le corps, les habits ...) 3. Sujets à risque 12% − Manque de sommeil − Addictivités : TAC, sexualité − Manifestations psychosomatiques (Mal de ventre, nervosité, angoisses, crises de tétanisation ...) OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 76 4. Thèmes liés à l’autonomie 8% Chez les jeunes de niveau IV, surtout des adolescents majeurs Ces jeunes ont des préoccupations marquées pour le travail, l’argent, la construction de leur propre autonomie. Ils ont plus conscience, que les jeunes de seconde, des exigences de la scolarité pour réussir leur avenir. Ils vont rechercher activement des stages et des petits boulots, pour assurer leur argent de poche et améliorer leurs loisirs. 5. Les adolescents et leur avenir Beaucoup d’adolescents veulent en savoir plus sur le devenir de la société et sur leur avenir. En absence d’aide et d’information sur ce point, ils peuvent exagérer leur peur de l’avenir et douter de leur orientation. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 77 SYNTHESE QCM 2 LA PERCEPTION DE L’ADOLESCENT PAR LUI-MEME LYCEE LGT AUTONOMIE La perception des changements créés par l’adolescence 73 % des adolescents sont satisfaits de leurs lycée CHANGEMENTS AVEC LA FAMILLE NOUVEAUTES Nouvelles relations sociales Ce qu’ils aiment ? − − − La construction de la personnalité Sortir Etre entre amis S’amuser Sensibilité, humeur variable, transgressions, peurs, angoisses... La recherche d’identité, les relations sociales, le corps, les vêtements... A travailler : Faible conscience collective, Apprendre à aider les autres et à prendre des responsabilités Qui est le mieux placé pour les guider ? Les parents, les proches, les pairs, eux-mêmes. L’adolescent n’a pas encore découvert tout l’intérêt de demander des conseils à des professionnels. Le passage à l’âge adulte est flou et éloigné pour les jeunes de seconde. Le travail, la vie à deux, un logement séparé l’intéressent moins que la réussite aux diplômes. − − Pour les questions de fond, l’adolescent s’adresse peu au lycée (7 %). Un nombre assez élevé d’adolescents sont inquiets de leur avenir. Au lycée, certains jeunes ont des besoins matériels incontournables. Ces adolescents qui doivent se débrouiller deviennent plus mûrs (comme les apprentis). Ils vont rechercher des petits boulots, des stages en entreprise et des emplois saisonniers pour assurer leur autonomie matérielle pour diverses raisons. La perception des dangers et des risques • les addictions • la sexualité, les MST • la violence • la perte d’intérêt pour les études et l’échec scolaire • manque d’hygiène de vie et de précaution • les chemins de la délinquance : vol, bande, drogue... Il faut noter que chez les jeunes élèves du lycée GT, les relations avec la famille et avec l’école occupent une place majeure. Ce sont les adolescents majeurs (le plus souvent en terminale) qui cherchent à nouer de nouvelles relations sociales avec l’extérieur. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 78 OBSERVATOIRE EPA Enquête QCM 2 QUESTIONNAIRE L’adolescent en milieu scolaire Etablissement : ................................................................. Référence : ....................... Voici un questionnaire qui vous permettra d’exprimer votre point de vue et vos sentiments concernant l’adolescence. Merci de répondre, selon les cas, en cochant une case ou en rédigeant une ou plusieurs lignes. Vos coordonnées : Age ................ ans Classe ou niveau .......................................................................... Fille Spécialité ...................................................................................... Garçon 1. L’adolescence est-elle un changement : Physique Psychologique Relationnel Avec la société 2. La fin de l’adolescence correspond au passage à l’âge adulte avec : Les diplômes La maturité Le début du travail La vie à deux Assez satisfait Ayant besoin d’un soutien Inquiet de l’avenir 3. Etes-vous un adolescent ? Satisfait 4. Le processus de l’adolescence, qu’est ce qui le caractérise, selon vous : Veuillez cocher 4 cases Changement sexuel Refus de l’autorité et des contraintes Changement dans les relations familiales Désir d’autonomie, indépendance Recherche de dialogue Plus de sensibilité, plus de conflits Humeur variable Peurs, angoisses Image de soi, confiance en soi Solitude, isolement Nouvelle façon de voir les choses Ouverture des appétits Autres : ..................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................................ OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 79 5. Qu’aimez-vous le plus ? (faites 2 choix) Sortir avec les copains Aider les autres Etre entre amis La liberté Avoir des responsabilités M’amuser 6. Ce que vous n’aimez pas : (faites 2 choix) L’autorité Les études Etre traité comme des enfants L’hypocrisie L’injustice L’échec 7. Qui est le mieux placé pour proposer une ligne de conduite aux adolescents ? Veuillez cocher 3 cases Vos parents Vos copains La société Vos proches Un livre spécialisé Moi-même Le lycée / CFA L’entreprise Autres : ..................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................................ 8. Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ? ................................................................................................................................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................................................................................................................................. ................................................................................................................................................................................................................................................................. 9. Dans tout ce que l’on dit et écrit sur l’adolescence, aujourd’hui, quels sont pour vous les principaux dangers à éviter ? Veuillez cocher 5 cases LES DANGERS Manque de sommeil, vivre la nuit Abus de TV, Internet Fatigue liée à la croissance, mauvaise hygiène de vie L’alcool, le cannabis... Se couper des adultes Les dettes, le vol Pas de motivation pour les études Echec scolaire Le « style de l’ado » trop excessif : langage, vêtements, monde à part... Se mettre sous la dépendance d’une bande douteuse Le sida, les MST Refus des règles Isolement, repli sur soi Conflits à répétition Les blocages L’absentéisme à l’école La violence Crise avec le maître d’apprentissage Autres : ..................................................................................................................................................................... ........................................................................................................................................................................................ Toute l’équipe d’EPA vous remercie de votre participation et vous garantit une totale confidentialité sur vos réponses. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 80 1ère ENQUETE 2ème lot ENQUETE SUR LE PROCESSUS D’ADOLESCENCE En CFA APPRENTISSAGE QCM2 Juin 2006 2ème lot – IMT Grenoble QCM2 – Le processus d’apprentissage − − − − 285 questionnaires pour 15 classes Niveau V 194, niveau IV 114 Spécialités : BTP, Métiers de Bouches/HR, Pharmacie (SS) Sexe : garçons 79%, filles 21% Le traitement de ce lot s’est fait selon 4 angles : − − − − La comparaison globale niveau V - niveau IV La comparaison lycée GT - CFA La comparaison par spécialités La comparaison des opposés : Pharmacie BP et BTP niveau V 1ère analyse : comparaison globale IMT – Niveau V et Niveau IV Niveau V : 96 BTP, 75 MB, 23 HR Niveau IV (BP) : 53 BTP, 16 MB, 45 SS Total 194 Total 114 Niveau V Niveau IV Ecart LGT (repères) % % % % Q1 : Adolescence Psychologique Physique Relationnel Société 31.3 29.1 23.5 16.2 28.2 33.9 23.5 14.3 - 3.1 4.9 0.0 - 1.9 + Q2 : Fin de l'adolescence La maturité Début du travail Diplômes Vie à deux 46.9 32.1 9.0 12.0 44.9 27.9 8.3 18.9 - 2.1 - 4.2 - 0.7 6.9 - Q3 : Satisfaction Satisfait Assez satisfait Inquiet de l'avenir Besoin d'un soutien 53.0 31.7 10.0 5.4 50.1 25.8 21.1 3.0 - 2.9 - 5.8 11.1 - 2.3 Questions OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel + 47.6 31.8 13.5 7.2 42.1 + 31.5 21.0 7.2 73.6 73.6 81 Q4 : Processus adolescence Questions Niveau V Niveau IV % % Ecart % LGT (repères) % Autonomie Nouvelle compréhension Changement relations famille Humeur variable Refus de l'autorité Image de soi Changement sexuel Plus de sensibilité, de conflits Peur, angoisses Appétits / pulsions Dialogue Isolement 18.2 15.3 11.8 8.6 6.7 10.4 12.6 4.1 1.3 4.7 4.1 1.7 17.4 13.8 11.0 9.4 8.2 10.9 11.2 4.0 4.0 3.9 2.3 2.8 -0.8 -1.5 -0.8 0.7 1.4 0.5 -1.4 -0.1 2.7 -0.8 -1.7 1.0 Q5 : Qu'aimez-vous le plus ? Sortir avec les copains Etre entre amis M'amuser La liberté Aider les autres Avoir des responsabilités 26.6 16.0 14.0 22.1 6.5 14.8 16.0 22.5 12.4 21.5 11.9 15.8 -10.7 6.5 -1.6 -0.6 5.4 0.9 -+ Q6 : Ce que vous n'aimez pas Hypocrisie L'injustice L'échec Etre traité comme des enfants Autorité Les études 19.1 22.9 17.7 16.3 11.0 13.1 31.7 26.4 17.9 13.6 5.0 5.4 12.7 3.5 0.2 -2.7 -6.0 -7.6 + 9.7 10.9 9.0 11.8 12.2 11.2 2.1 1.3 2.2 + 8.5 8.7 8.7 4.6 3.7 6.0 4.9 4.7 1.8 2.2 2.6 1.4 2.6 6.1 8.2 9.3 7.0 4.0 3.5 4.3 2.9 3.3 2.8 4.2 3.5 2.7 -2.4 -0.5 0.6 2.4 0.3 -2.5 -0.6 -1.7 1.5 0.6 1.6 2.1 0.1 Q7 : Les dangers de l'adolescence L'alcool, cannabis (TAC) Le sida, les MST La violence Manque de motivation pour les études Echec scolaire Les dettes, le vol Bande douteuse Isolement Le manque de sommeil, vivre la nuit L'absentéisme Les conflits Refus des règles Se couper des adultes L'abus de TV, d'Internet Style de l'ado trop excessif Fatigue liée à la croissance + + + - - + - + 18.2 14.7 10.3 10.2 8.2 8.0 7.8 6.8 5.0 4.4 3.4 2.5 21.2 21.1 19.9 18.6 11.8 7.4 61.4 31.7 26.7 15.7 13.9 8.9 3.1 13.2 10.9 10.2 9.3 8.9 6.3 5.9 5.8 4.8 4.4 3.5 3.3 3.0 2.8 2.6 Les adolescents mineurs recherchent la nouveauté et sont plus inconscients, leurs aînés sont davantage tournés vers les responsabilités et ont plus de discernement. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 82 Q8 : Qui doit vous donner une ligne de conduite ? Niveau V Niveau IV Questions % Les parents Les proches Moi-même La société L'entreprise Le lycée / CFA 27.5 14.9 20.9 5.5 15.1 6.7 % 28.2 16.2 14.3 7.6 12.8 8.0 Ecart LGT (repères) % % 0.7 1.3 - 6.6 2.1 - 2.3 1.3 + Q9 : Quelles difficultés rencontrez-vous actuellement ? Niveau V 29.8 19.8 15.3 10.0 9.5 7.0 79% de garçons Niveau IV Les jeunes - Problèmes d’adaptation au travail en entreprise - Adaptation à l’alternance : scolarité CFA, manque de temps, manque de motivation pour les études - Problèmes psychologiques et de découverte de la vie amoureuse et sexuelle. Développement relationnel et personnel - Problèmes de transports, permis de conduire - Besoin de continuer un travail psychologique : relationnel, confiance en soi, rencontrer des amies. - Inquiétude pour l’avenir, peur de rater les examens, de ne pas trouver une entreprise après l’apprentissage. - Développement de la vie sociale - Problèmes financiers liés aux dépenses de la vie en couple avec logement indépendant - Désir d’être reconnu - Problèmes familiaux Conclusion : Comparaison niveau V et IV Les apprentis mineurs de 15 à 17 ans : Ils sont plus enthousiastes et acceptent d’être modelés par le CFA et par l’entreprise. Les enjeux de ces adolescents sont situés au niveau de leur existence quotidienne et du plaisir qu’ils en retirent. Il parait nécessaire d’aider les jeunes de 1ère CAP/1ère BEP au moment du démarrage de l’apprentissage en particulier dans la mise en œuvre de l’alternance. Les apprentis majeurs de 18 à 20 ans : Ils préparent un BP ou un BAC PRO et ont des repères concrets sur l’existence. La clé de voûte de leur avenir c’est la réussite dans les études et dans l’obtention d’un job. Ces jeunes ont déjà pris le chemin de l’autonomie. Par contre, ils sont plus exigeants, supportent mal l’autorité. Les apprentis plus âgés de niveau IV, qui réussissent difficilement leurs études, expriment plus d’insatisfaction et sont inquiets pour leur avenir. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 83 2ème analyse : comparaison lycée GT et CFA Questionnaire QCM2 : enquête IMT comparée à enquête LGT – principaux écarts Voir questionnaire BLEU – QCM2 Sélection de questions Apprentissage Niveau V Niveau IV LGT en % Diplômes Vie à deux 9.0 12.0 8.3 18.9 13.5 7.2 Satisfaction Satisfait Assez satisfait Inquiet de l'avenir Besoin d'un soutien 53.0 31.7 10.0 5.4 50.1 25.8 21.1 3.0 42.1 31.5 21 7.2 Adolescence Humeur variable Refus de l'autorité Image de soi Changement sexuel Plus de sensibilité, de conflits Peur, angoisses 8.6 6.7 10.4 12.6 4.1 1.3 9.4 8.2 10.9 11.2 4.0 4.0 10.2 8.2 8.0 7.8 6.8 5.0 Ce qu’ils aiment Sortir avec les copains 26.6 16.0 21.2 Etre entre amis M'amuser 16.0 14.0 22.5 12.4 21.1 19.9 La liberté Aider les autres 22.1 6.5 21.5 11.9 18.6 11.8 Avoir des responsabilités 14.8 15.8 7.4 Ce qu’ils n’aiment pas L'échec Autorité 17.7 11.0 17.9 5.0 15.7 8.9 Les dangers L'alcool, cannabis (TAC) 9.7 11.8 13.2 La violence Manque de motivation pour les études 9.0 8.5 11.2 6.1 10.2 9.3 Qui donne la ligne de conduite ? Les parents 27.5 28.2 29.8 Les proches La société 14.9 5.5 16.2 7.6 19.8 10.0 L'entreprise 15.1 12.8 9.5 6.7 8.0 7.0 Le lycée / CFA Commentaires : Les lycéens GT sont de jeunes adolescents plus dépendants de leur entourage. Leurs principales préoccupations : les diplômes, plus de sérieux face à l’avenir, une forte écoute de leurs pairs et de la société. Les apprentis de niveau V vont exprimer de la spontanéité, plus de narcissisme, des changements sexuels plus conscients. Ils avouent leur manque de motivation pour les études. Les apprentis majeurs de niveau IV sont déjà tournés vers leur futur métier avec le désir de devenir autonome. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 84 3ème analyse : comparaison par spécialités IMT Questions QCM2 – enquête IMT – les spécialités : BTP, Métiers de bouche, Pharmacie (SS) Sélection de questions MB % SS % Satisfait Assez satisfait Inquiet de l'avenir 50.5 33.0 10.7 57.0 24.8 13.8 36.2 27.7 36.2 Adolescence Autonomie Nouvelle compréhension Humeur variable Changement sexuel Image de soi Peur, angoisses Refus de l'autorité 16.6 16.3 8.4 14.9 9.4 1.4 7.4 15.9 13.8 8.8 11.4 10.2 3.7 8.9 19.0 8.2 12.5 9.8 12.5 6.0 9.2 Ce qu’ils aiment le plus Avoir des responsabilités 15.2 12.6 15.5 Sortir avec les copains Etre entre amis 25.0 19.4 22.3 17.1 10.3 27.8 La liberté M'amuser 18.7 15.2 22.8 14.0 24.7 8.3 6.5 11.3 13.4 Ce qu’ils n’aiment pas Hypocrisie Les études 19.0 12.2 27.1 6.1 38.7 3.2 L'échec 17.9 19.0 15.1 Qui donne la ligne de conduite ? Les parents La société 30.1 4.9 27.4 4.5 30.0 11.7 Le lycée / CFA Moi-même 7.9 18.8 8.2 17.0 5.8 13.3 Les proches Les copains 14.8 10.2 16.4 12.1 17.5 5.0 Les dangers Manque de motivation pour les études 7.1 7.9 4.0 La violence Le manque de sommeil, vivre la nuit 9.0 6.1 10.2 3.6 12.5 4.0 L'abus de TV, d'Internet Crise avec le maître d'apprentissage 2.1 0.8 4.4 3.6 5.8 1.3 Aider les autres Voir questionnaire BLEU – QCM2 BTP % Commentaires : Les apprentis les plus confirmés (BP Préparatrice en pharmacie – filles) nous offrent un profil proche de l’adulte : − − − − − Une satisfaction réservée et une inquiétude assez forte pour l’avenir. Elles aiment être entre amies, profiter de la liberté et peuvent aider les autres. L’hypocrisie et l’injustice comme antivaleurs sont fortement repoussées. La société et les pairs ont remplacé le schéma parental. La violence fait peur. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 85 4ème analyse : comparaison des opposés - IMT Pharmacie BP (filles) et BTP niveau V (garçons) Les écarts sont importants Voir questionnaire BLEU – QCM2 Sélection de questions BTP Niv V Garçons SS Niv IV Filles % % Ecarts % Vie à deux 13.8 18.3 + 4.5 Satisfait Assez satisfait Besoin d'un soutien Inquiet de l'avenir 50.0 32.0 8.0 10.0 36.2 27.7 0.0 36.2 - 13.8 - 4.3 - 8.0 + 26.2 Adolescence Autonomie Nouvelle compréhension Humeur variable Changement sexuel Peur, angoisses 15.3 14.8 8.8 16.6 1.3 19.0 8.2 12.5 9.8 6.0 + 3.7 - 6.6 + 3.7 - 6.8 + 4.7 Ce qu’ils aiment le plus Sortir avec les copains Etre entre amis 27.1 19.7 10.3 27.8 - 16.8 + 8.1 M'amuser Aider les autres 13.3 5.4 8.3 13.4 - 5.0 + 8.0 8.3 12.5 + 4.2 Les dangers La violence Commentaires : − Les jeunes adolescents affichent plus de satisfaction (+50%) pour le CFA que les filles en BP (36.2%). − Les jeunes du BTP en niveau V sont caractérisés par leur énergie et leur goût pour la nouveauté. Ils abordent ouvertement la sexualité et leur besoin de mixité. Ceci illustre bien le côté pulsionnel de ces jeunes apprentis. Conclusion au niveau du processus de l’adolescence : Les adolescents du lycée et en CFA ne sont pas complètement sortis des transformations entamées à la puberté ; sexualité et changements de relations avec la mère. Les jeunes de 15 à 17 ans sont les plus influençables et les plus imprudents. Parmi les apprentis plus âgés, on trouvera une partie de ces jeunes soumis à des addictions majeures et dont la dépendance est déjà installée. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 86 2ème ENQUÊTE 1er lot ENQUETE SUR LES ASPECTS PSYCHOSOCIAUX ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE Test apprentissage QCM 5 Octobre 2006 Aspects psychosociaux 180 questionnaires CFA Q1. Qu’est ce qui compte le plus pour vous ? 1. Les parents ................................................ 25,5% 6. Le sport ........................................................... 6,2% 2. Les copains................................................ 18,3% 7. Les loisirs ...................................................... 4,3% 3. Ma petite amie ......................................... 15,8% 8. La société....................................................... 1,3% 4. Les sorties .................................................. 12,8% 9. Les éducateurs ............................................ 0,8% 5. Le lycée / le CFA ................................... 10,7% 10. Les professeurs ........................................... 0,7% Les jeunes rappellent en annexe leurs plaisirs favoris : aller en boite, manger, avoir une voiture et des moments tranquilles. Une minorité reste sérieuse en pensant au travail et à l’avenir. Q2. Comment utilisez-vous votre argent ? Les apprentis déclarent disposer de : 1. 100 à 200€ ......... 32,5% 2. 200 à 500€ ........ 51% 3. Plus de 500€ ........ 16,5% Selon leurs déclarations, ils utilisent cet argent pour : 1. Sorties .................................................................. 2. Loisirs 38,7% 5. Aide à votre famille......................................... 8,9% 6. Epargne .................................................................. 5,3% 3. Habillement ............................................... 23,2% 7. Logement .............................................................. 4,1% 4. Alimentation ............................................. 15,5% 8. Scolarité................................................................. 1,3% Sous-total : 77,4% Il faut ajouter dans certains cas des dépenses importantes pour les voitures et les motos. Alors que certains apprentis acceptent de partager avec leur famille, d’autres disposent d’un budget d’argent de poche élevé qui peut devenir « tentateur ». OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 87 Q3. Qu’est ce qui vous intéresse le plus ? 1. Réussir mes examens ............................ 18,9% 6. Me réaliser .................................................. 5,9% 2. Mon avenir.................................................. 18,6% 7. M’amuser, sortir ...................................... 5,8% 3. Devenir autonome ................................... 15,4% 8. Les copains, les copines ...................... 5,4% 4. Avoir un bon emploi.............................. 15,1% 9. Voyager ........................................................ 5,0% 5. Vivre à 2....................................................... 10. Faire du sport.......................................... 2,8% 7,2% Chez les apprentis, le sens des réalités prend le pas avec l’âge sur le divertissement et les copains lorsqu’il s’agit de se construire un métier et de devenir autonome. Q4. Qu’est ce qui vous manque le plus actuellement ? (question ouverte) − Dans un premier temps, les besoins concrets émergent : avoir des vacances scolaires, avoir plus de temps libre, passer son permis de conduire, avoir une voiture ou un deux-roues, améliorer les moyens de transport. − Certains apprentis manquent d’argent surtout les plus âgés, plus autonomes. − Au niveau du CFA, on aimerait avoir plus de services : club de foot, soutien scolaire, amusement et aide pour choisir les sorties. − La demande de conseils et de soutien psychologique est assez fréquente : Pour avoir plus de tendresse et d’affection, pour avoir de vrais amis, pour mieux réussir sa vie amoureuse, pour réussir son développement personnel et bénéficier de plus de mixité garçonfille, ... − Les apprentis ont besoin d’être conseillés pour mieux vivre leur présent et leur futur. Q5. Remarques sur votre CFA / IMT 1. Je m’y sens bien ....... 55,4% 2. Pas d’opinion .......... 42,1% 3. Je m’y sens mal....... 2,6% Les apprentis expriment des exigences assez fortes sur le CFA : − Des locaux plus modernes, plus design, des salles climatisées, des ordinateurs plus rapides. − Une meilleure organisation pédagogique et administrative : moins de distance humaine dans les rapports Apprentis-IMT. − C’est sur la cafétéria et le self que les remarques sont les plus fréquentes : baisser le prix des repas et des boissons, plus d’emplacements de cafétéria étant donné l’architecture de l’IMT, améliorer la cafétéria actuelle... − Avoir des caissons ou des casiers pour mettre son matériel. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 88 Q6. Auprès de qui iriez-vous en cas de difficultés ? 1. Vos proches .............................................. 27,4% 5. Les formateurs ............................................ 5,8% 2. Vos parents .............................................. 27,2% 6. Le CFA ........................................................... 3,1% 3. Les copains, les pairs.......................... 21,0% 7. Internet, téléphone .................................... 3,0% 4. L’entreprise ............................................. 8. L’infirmière .................................................. 0,8% 9. CPE – surveillant....................................... 0,0% 7,4% Sous total : 83% L’apprenti se sent plus en confiance avec les personnes de sa sphère personnelle. Au niveau du CFA, il faut sans doute mieux formaliser les possibilités de « consulting » offertes aux jeunes. Q7. Que pensez-vous de votre travail scolaire ? 1. Je suis peu motivé par les études..... 40,2% 3. Cela demande beaucoup de travail ... 15,4% 2. J’aime étudier ............................................ 34,9% 4. Les études sont difficiles ........................ 9,6% Ce point demande un approfondissement, car en fonction des niveaux et des spécialités les cotations sont très variables. Par exemple : BTP – 66,7% sont peu motivés par les études, alors que 46,2% des élèves du tertiaire aiment étudier. Q8. Que pensez-vous de votre entreprise ? 1. C’est bien..................................................... 80,9% 3. Je n’ai pas eu le choix ........................... 4,8% 2. J’ai été déçu ................................................ 14,4% 4. Je me suis mal intégré ........................... 0,0% Dans les BTP, 93,8% des apprentis sont satisfaits de leur entreprise. Cela montre bien l’importance de la motivation des jeunes par le contrat de travail. Q9. Quelle est votre opinion sur votre orientation actuelle ? 1. Bonne........... 79,8% 2. Moyenne ....... 20,2% 3. Médiocre .......... 0,0% Cette question, regroupée avec les questions sur le CFA, montre bien la satisfaction de la formation en apprentissage, avec cependant des contraintes et des efforts plus marqués qu’au lycée. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 89 QCM5 - Observatoire EPA Etablissement : ........................................................ LGT LP Questionnaire : L’ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE Vos coordonnées : Lycée .................................................................................... Age..................... ans Classe.................................................................................... Fille Spécialité .............................................................................. Garçon Voici un questionnaire qui vous permettra d’exprimer votre point de vue et vos sentiments sur l’adolescent et son environnement. Merci de répondre, selon les cas, en cochant une case, ou en rédigeant une ou plusieurs lignes. 1. Qu’est ce qui compte le plus pour vous ? Les parents Le lycée Le sport Les loisirs / Les sorties Pouvoir dialoguer (cochez 3 cases) Les copains / Les copines Etre en bonne santé Les professeurs / Les éducateurs La télévision / L’ordinateur Avoir des responsabilités Si autres, précisez .............................................................................................................................................................................. 2. Comment utilisez-vous votre argent ? De quelle somme disposez-vous par mois pour vos dépenses ? ................ euros / mois en moyenne (Argent de poche + petits boulots) Comment utilisez-vous cet argent (cochez 3 cases) Habillement Alimentation Matériel et fournitures scolaires Transports Aide à votre famille Permis de conduire 2 roues, Auto Epargne Si autres, précisez .............................................................................................................................................................................. .................................................................................................................................................................................................................. 3. Quels sont vos principaux objectifs ? Réussir mes examens M’épanouir Avoir un bon emploi Voyager Le sport Avoir des responsabilités (cochez 4 cases) Devenir autonome Bâtir mon avenir Les copains, les copines M’amuser, sortir La vie culturelle Aider les autres Si autres, précisez .............................................................................................................................................................................. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 90 QCM5 – L’adolescence en milieu scolaire 4. Qu’est ce qui vous manque le plus actuellement ? (Rédiger quelques lignes) ................................................................................................................................................................................................................ ................................................................................................................................................................................................................ ................................................................................................................................................................................................................ 5. Que pensez-vous de votre lycée ? Je m’y sens bien Pas d’opinion Je m’y sens mal Quelles améliorations faudrait-il apporter ? (cochez 3 cases) L’organisation de la vie scolaire Le règlement intérieur Les locaux La possibilité d’être conseillé La cafétéria, les boissons Plus de liberté La cantine La relation avec les professeurs L’animation des loisirs Plus de dialogue Que pourrait faire votre lycée / CFA pour améliorer votre vie d’étudiant ? .................................................................................................................................................................................................................... 6. En cas de difficultés graves, à qui vous confiez-vous ? Vos parents Au lycée A l’infirmière A vos professeurs (cochez 3 cases) A vos proches Au CPE / Surveillants A vos copains / Copines A une association extérieure Lorsque vous avez un problème personnel, qui aimeriez-vous rencontrer dans votre lycée ? .................................................................................................................................................................................................................... 7. Que pensez-vous de votre travail scolaire ? J’aime étudier Les études sont difficiles (cochez 1 case) Cela demande beaucoup de travail Je suis peu motivé pour les études 8. Quelle est votre opinion sur votre orientation actuelle ? Bonne Moyenne (cochez 1 case) Médiocre 9. Lorsque l’on est adolescent(e), quels sont les principaux dangers à éviter ? (Rédiger quelques lignes) .................................................................................................................................................................................................................... .................................................................................................................................................................................................................... Toute l’équipe d’EPA vous remercie de votre participation OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 91 2ème ENQUÊTE 2ème lot ENQUETE SUR LES ASPECTS PSYCHOSOCIAUX ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE Test apprentissage QCM5 Octobre 2006 Les aspects psychosociaux − − − − Echantillon mixte 547 questionnaires pour 26 classes Lycée GT = 242 Lycée Pro = 90 CFA = 215 Le traitement du lot s’est fait en fonction du type d’établissement ANALYSE COMPARATIVE LP % CFA % Ecarts % Q1. . Qu’est ce qui compte le plus pour vous ? Les parents 16.3 Le lycée 8.5 Le sport 7.9 Les loisirs / les sorties 12.4 Pouvoir dialoguer 5.9 Les copains / les copines 19.8 Etre en bonne santé 12.9 Les professeurs 1.5 La télévision / l’ordinateur 5.6 Avoir des responsabilités 4.5 29.4 11.4 10.5 3.9 1.6 13.5 18 2.4 3.4 4.2 20.8 2.6 8.5 12.7 2.5 23.7 18.2 0.0 2.5 3.8 - Q3. Quels sont vos principaux objectifs ? Réussir mes examens 19.8 M’épanouir 8.4 Avoir un bon emploi 14.0 Voyager 6.4 Le sport 4.2 Avoir des responsabilités 3.4 Devenir autonome 6.3 Bâtir mon avenir 11.5 Les copains / les copines 6.8 M’amuser / sortir 10.6 La vie culturelle 3.1 Aider les autres 3.9 23.7 1.2 20.1 5.3 6.3 5.5 7.8 15.0 5.9 4.6 1.1 3.1 23.0 1.0 20.3 2.7 4.4 5.7 9.1 13.5 7.1 10.5 0.3 1.4 Questions OBSERVATOIRE EPA LGT % L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel - - - 92 LP % CFA % Ecarts % Q6. En cas de difficultés graves, à qui vous confiez-vous ? Vos parents 26.2 30.9 Au lycée 0.9 3.1 A l’infirmière 3.2 4.7 A vos professeurs 3.4 4.1 A vos proches 31.1 27.5 Au CPE / surveillants 0.6 2.7 A vos copains / copines 32.1 25.3 A une association extérieure 2.9 1.9 30.7 0.0 1.1 2.8 29.6 0.0 35.8 0.0 - Q7. Que pensez-vous de votre travail scolaire ? J’aime étudier 25.1 Les études sont difficiles 22.2 Cela demande beaucoup de travail 44.7 Je suis peu motivé par les études 8.2 17.6 28.4 36.5 17.6 - 62.5 33.3 4.2 - Questions LGT % 35.8 21.3 31.5 11.5 Q8. Quelle est votre opinion sur votre orientation actuelle ? Bonne 43.6 52.1 Moyenne 49.6 41.9 Médiocre 6.9 6.1 - - Conclusions : Les élèves du lycée Pro sont restés très près de leurs parents. Ils se plaisent au lycée et dans leur club sportif. Après, viennent les copains et les copines à la base d’une convivialité, le plus souvent fermée. L’objectif principal des jeunes, qui est raisonnable, c’est la réussite aux examens et pour les jeunes de l’enseignement professionnel l’accès à l’emploi. Plus les études rapprochent l’adolescent de la fin de sa scolarité, plus il désire devenir autonome et bâtir son avenir. En cas de difficultés, les jeunes ne s’adressent pas aux professionnels du lycée et du CFA, mais à leurs parents, proches et copains. Ceci confirme le manque de personnel non enseignant pour établir des relations individuelles avec les jeunes. Les élèves du lycée GT soulignent le travail scolaire important qu’ils ont à faire, alors que les apprentis avouent leur manque de motivation pour les études. Par contre, c’est chez les apprentis que l’orientation paraît la plus stable. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 93 QCM5 Aspects psychosociaux QUESTIONS OUVERTES QCM5 Q4. Qu’est ce qui vous manque le plus actuellement ? Le point commun à tous les adolescents c’est le besoin de temps, d’argent et de partenaires de sexe opposé. La vie affective, en particulier de bonnes relations avec la famille, peut manquer à certains, surtout s’ils n’ont pas assez d’amis. Les jeunes du lycée Pro et du CFA vont demander plus d’argent et ceux du CFA, des vacances scolaires et une moto ou une voiture. Des points secondaires apparaissent aussi, chez les mineurs, sur le besoin de sommeil, la nécessité de faire son travail après les études et d’avoir plus de liberté pour sortir. Q9 : Lorsque l’on est adolescent(e), quels sont les principaux dangers à éviter ? La peur principale des adolescents : la drogue, l’alcool, le tabac viennent en tête. Ensuite, au lycée GT, viendra la peur de se laisser influencer, d’avoir de mauvaises fréquentations, de se laisser aller et même d’arrêter ses études. Le sexe est aussi considéré comme un danger pour certains, ainsi que le racisme. Dans l’enseignement professionnel, les mauvaises fréquentations, le fait de traîner dans les rues peuvent aller jusqu’à la délinquance et, pour d’autres, vers la maladie (MST). Les apprentis qui sont motorisés abordent aussi les dangers de la route. Dans la 3ème partie qui propose 12 sujets d’actualité nous aurons l’occasion de revenir sur les résultats des enquêtes 1 et 2. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 94 3ème PARTIE 12 SUJETS D’ACTUALITE qui concernent l’adolescent dans le système scolaire Fiches variables traitées avec l’aide de professionnels de l’Education OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 95 3ème partie Avant-propos LES SUJETS D’ACTUALITE Les fiches variables et les hypothèses de changement Ils ont été choisis avec l’aide de professionnels de l’éducation que nous avons rencontrés tout au long de l’étude. Le travail sur des sujets à la demande permet d’éclairer le choix des décideurs, chacun pouvant étudier ou observer tel ou tel aspect spécifique le concernant. Le but de ces fiches variables n’est pas d’examiner de façon exhaustive chacun des sujets retenus, mais d’avoir une « moisson d’informations » et des témoignages représentatifs (constitution de bases). Proviseurs, enseignants, médecins, infirmières, CPE et spécialistes de la psychologie de l’adolescent ont ainsi participé à l’élaboration de ces fiches, chacun selon ses préoccupations d’aujourd’hui et son imagination pour demain. A la fin de chaque fiche variable, nous pourrons émettre quelques idées prospectives : construire des scénarios est aussi un moyen privilégié d’explorer l’avenir et d’identifier les leviers d’actions souhaitables. Les hypothèses d’évolution que nous proposons sont des fictions contrastées. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 96 12 SELECTION DE FICHES VARIABLES L’ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE 1. La famille et ses rapports à la scolarité 2. La motivation pour les études – Le rebond après le collège 3. Le socle commun de connaissances et de compétences et les transformations de l’adolescence 4. Espace Santé jeunes − Les raisons de la consultation 5. Le rôle des Conseillers Principaux d’Education (CPE) dans l’aide aux adolescents en tension 6. L’adolescent vu par les médecins scolaires LES ADOLESCENTS DANS LA SOCIETE D’AUJOURD’HUI 7. L’adolescent et son argent 8. L’adolescent et ses rapports à la consommation 9. Le système des valeurs 10. Les nouveaux médias et les jeunes PROSPECTIVE : DE NOUVELLES CHANCES POUR L’ADOLESCENT 11. Ce qu’il faut changer pour apporter plus de choix aux adolescents Vers une nouvelle offre scolaire plus souple 12. Les nouveaux métiers de la pré-formation professionnelle OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 97 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 1 LA FAMILLE ET SES RAPPORTS A LA SCOLARITE Bien que l’influence familiale ne soit plus aussi importante qu’à l’enfance, bien que le jeune marque ses distances par rapport à ses parents, la famille joue encore un rôle primordial à l’adolescence. La mission de la scolarité, qui est déterminante pour l’avenir des jeunes, est absente de la plupart des ouvrages traitant de l’adolescence, destinés aux parents. Dans notre étude, nous avons pu constater que les jeunes se préoccupaient de leur réussite scolaire, plus précisément des diplômes. Il serait souhaitable de les mobiliser sur ce point, sachant que les besoins se font davantage sentir chez les adolescents issus de milieux défavorisés. L’efficacité de la famille au niveau du soutien scolaire et du développement de la motivation varie selon les différents contextes familiaux. LES CONTEXTES FAMILIAUX Le modèle traditionnel 72 % Un homme, une femme (durablement unis de préférence), des enfants (plutôt légitimes), sans exclure la présence de quelques ascendants, c’est le modèle le plus connu, soit environ 72 % du total des familles. L’attachement caractérise universellement les liens parentaux, par contre, l’exercice du contrôle des jeunes varie énormément selon les cultures. La qualité des microcontextes que sont la famille et l’école va instaurer un climat de confiance et faciliter la construction psychologique des jeunes. Les relations changeantes de l’adolescent avec ses parents proviennent de l’ouverture à un modèle social élargi où les pairs et le divertissement prennent une place grandissante. C’est dans ce contexte que les pratiques éducatives des parents vont créer une différenciation importante au niveau de la réussite de leurs enfants. Les praticiens savent clairement que c’est sur un fond d’affects positifs que l’entente parents-adolescents résistera le mieux aux difficultés inhérentes à la crise d’adolescence jusqu’à sa fin. La confiance est un socle essentiel pour la construction de soi. A l’opposé, dans les familles où souvent règnent depuis l’enfance la tension, l’agressivité ou la négligence, le soutien des parents risque de se faire rare pour l’adolescent. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 98 A noter cependant les cas de résilience (le plus souvent favorisés par l’école) que l’on rencontre dans des situations familiales dommageables. Les chances pour l’adolescent de trouver un soutien, plus de confiance en soi, une union avec les adultes... sont plus fréquentes dans la famille traditionnelle, entre mère, père, frère, sœur et proches parents. Les nouvelles familles 28 % Depuis une trentaine d’années on observe la diminution du nombre de mariages et un délitement des structures familiales existantes. − Nombre de mariages : 417 000 en 1972 304 000 en 2000, soit un recul de 27 %. − La montée des séparations et des divorces a conduit à de fréquentes recompositions familiales. Le plus souvent, c’est la mère qui se voit confier la garde des enfants. Le nombre des divorces dépasse les 150 000 dans les années 2000. La moitié des divorcés se remarient, les autres vivent en union libre. Les enfants du divorce représentent environ 10 % de la jeunesse. Il existe de nombreuses structures familiales nouvelles, dont nous citons les principales : Les familles monoparentales qui sont composées d’un seul parent, la mère dans 85 % des cas élevant un ou plusieurs enfants. Ce terme a été forgé par les féministes américaines pour regrouper sous le même vocable : le veuvage, le divorce, le célibat. On compte aujourd’hui 1,8 million de familles de ce type, soit environ 20 % de l’ensemble des familles. De plus en plus d’enfants vivent avec un seul parent, un adolescent sur quatre est concerné par cette situation. Les couples non mariés portent des noms variés : concubins, union libre, PACS... Le nombre de ces couples ne cesse de croître. Les couples non cohabitant qui forment une réunion de célibataires. Les familles recomposées : Dans ce cas, l’un des membres a eu des enfants avant de reformer une union. Cette union donne souvent une nouvelle naissance d’enfants. En 2000, ce type de familles représentait 708 000 familles, soit 8 % du total des familles. Ajoutons à cela que 1,5 million d’enfants vivent aujourd’hui dans une famille recomposée, dont 63 % avec leur mère. Le recul de la famille « traditionnelle » au profit de ces nouvelles formes de foyers se traduit assez souvent par des difficultés scolaires pour l’adolescent. Ces nouvelles familles cherchent à attirer par le plaisir, plutôt que par le devoir nécessaire à l’éducation. A noter que certaines nouvelles familles peuvent apporter à l’enfant de l’amour, une permanence, un soutien et surtout de la confiance lorsque la mère reste au centre de ces nouvelles structures. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 99 PARENTS ET REUSSITE SCOLAIRE De nombreux facteurs interviennent au niveau de l’éducation parentale : Un lieu et de la sérénité pour étudier à la maison Le premier moyen de réussite scolaire à la maison commence par la chambre ou tout autre lieu propice à l’étude. Un endroit calme avec des rangements, mis en ordre tous les jours. Le premier handicap des jeunes issus des classes populaires commence à ce niveau. A défaut d’un lieu propice à l’étude, l’adolescent regarde la télévision, joue avec les copains ou avec son ordinateur et ne consacre pas assez de temps à l’étude. La salle d’étude telle que nous l’avons connue de 17 à 19 heures en internat est-elle à ce point dépassée, au moment où l’égalité des chances se trouve au milieu du débat politique actuel ? L’état d’esprit des parents vis-à-vis de l’éducation de leurs enfants Les parents ont une position qui ressemble à ce qu’ils ont vécu au même âge. Il existe une correspondance entre leur apprentissage initial et celui de leur enfant. L’acte compte plus que la parole. De plus, les parents traversent la crise de la quarantaine ou de milieu de vie et se questionnent beaucoup sur eux-mêmes. Avant de leur rappeler leur rôle d’éducateur, il faudrait sans doute travailler à leur information sur ce point. De temps à autre, les parents laissent monter des bouffées d’anxiété excessives et s’affolent. A d’autres moments, ils se montrent rassurants, voire irresponsables en laissant faire, donnant ainsi une image instable. Il paraît essentiel de sensibiliser les familles à la nécessité de mobiliser les jeunes dans leur scolarité. Notre société est coupée en deux : d’un côté beaucoup d’informations dans lesquelles certaines familles « piochent », de l’autre le manque d’actions spécifiques pour certaines familles qui ont besoin que l’on aille vers elles. Les adolescents mineurs et majeurs Les élèves de terminale ont conscience des enjeux majeurs créés par les diplômes et ils sont inquiets au moment des bulletins de notes. Ils se plaignent parfois de leur école et de leur scolarité mais ils ne demandent pas forcément conseil aux professionnels. C’est à la famille de les aider à prendre des mesures pour y arriver et à s’organiser. A l’opposé, les mineurs peuvent faire du chantage pour éviter que leur soit retirées certaines sources de plaisirs : loisirs, amis, argent de poche, habillement, friandises... et les parents cèdent surtout si la structure familiale est fragile. En conclusion, on peut avancer l’idée que les jeunes établissent une hiérarchie où la réussite scolaire est placée en tête de liste, mais à défaut d’être guidés par leurs parents ou par l’école, ils s’intéressent d’abord à la vie de tous les jours. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 100 Banlieues – Les mères salariées stimulent leurs enfants A partir d’une étude réalisée sur un échantillon de 3000 élèves, un chercheur du CNRS montre que les enfants des quartiers populaires réussissent mieux au collège lorsque leurs mères occupent un emploi. Alors que le chômage sape profondément les bases du travail scolaire, ainsi que le sens de l’effort, le taux d’activité des femmes détermine la réussite scolaire. Dans les quartiers sensibles, ce n’est pas l’encadrement qui manque, mais la stimulation. LES INNOVATIONS DANS LE DOMAINE DE L’EDUCATION, AVEC LA FAMILLE (Soutien scolaire) − Proposer une information sur la scolarité à la maison, lors de l’inscription de l’élève. − Organiser un système de soutien scolaire à l’école (par exemple : étude surveillée avec suivi scolaire). − Organiser un système de soutien ouvert : bénévolat, missions locales, associations... − Mise en place de « boutiques » qui seraient des relais éducatifs pour les parents et les adolescents. − Inventer des structures spécifiques : dans les collèges, collèges en ZEP, lycées GT, lycées PRO, CFA... pour les jeunes en baisse de résultats scolaires. − Tenir compte du décalage considérable entre les propositions des adultes et l’attente des jeunes. Se rappeler que les savoirs se transmettent autrement que par des discours ou des notes écrites. Propositions complémentaires pour faire avancer le projet de soutien scolaire − Il existe des différences entre les jeunes des lycées professionnels des banlieues et ceux des lycées généraux parisiens. En tenir compte si l’on met en place un système de soutien à la scolarité sur Internet. − Ne pas sous-estimer l’importance de l’accompagnement scolaire des familles défavorisées. − La mise en place d’un coordonnateur de ce type de travail d’étude dans la famille est souhaitable. Coordination des familles et des jeunes. Travail sur les méthodes. − Eviter la mise en place de circuits administratifs lourds et inadaptés. − Former les parents à la relation éducative, à la gestion du temps hors école. − Travailler sur la motivation des adolescents : comment captiver les jeunes, créer un pôle éducatif capable de se mettre en concurrence avec le plaisir, les copains, les médias... OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 101 SUJET D’ACTUALITE N° 1 LA FAMILLE ET SES RAPPORTS A LA SCOLARITE Prospective : hypothèses d’évolution sur les 20 prochaines années : Hypothèse 1 – Respect de l’étude à la maison : Après avoir connu une période noire, avec dépréciation des diplômes et refus des jeunes d’accepter les emplois restants, un mouvement des familles se met en place pour mieux organiser le travail en dehors des cours : étude surveillée, travail à la maison (adaptation de la chambre et des méthodes), assistance extérieure... Exemple : logiciel d’accompagnement. Les élèves originaires des classes défavorisées découvrent la nécessité de faire un travail scolaire supplémentaire plusieurs heures par semaine. Hypothèse 2 – L’échec scolaire généralisé – La démagogie familiale : Pour conserver l’affection de leurs enfants, les parents prennent des positions permissives et encouragent les divertissements. Afin d’éviter les conflits avec la société et avec ses électeurs, le système politique dévalue en permanence la valeur des diplômes et subventionne des emplois fictifs pour occuper les moins de 26 ans Le mondialisme supplée au manque de compétitivité en France. FICHES VARIABLES A la fin de chaque fiche variable, nous proposons des hypothèses d’évolution qui sont des fictions avant d’être des portraits fidèles. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 102 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 2 LA MOTIVATION POUR LES ETUDES – LE REBOND APRES LE COLLEGE Plusieurs enquêtes psychologiques montrent que l’ordre de préoccupation scolaire, pour les jeunes, vient en second, après les relations avec les amis et les loisirs. Cependant, l’école intéresse, peut être plus qu’on ne l’imagine, les adolescents. Par ailleurs, il faut noter qu’une définition de la scolarité, qui la réduirait à la simple activité d’enseignement et d’acquisition des connaissances, ne correspond pas aux vœux des adolescents mineurs. La preuve en est fournie par le manque d’intérêt de certains élèves de l’enseignement professionnel pour ce type de scolarité. RESULTATS DE NOS ENQUETES SUR LA MOTIVATION SCOLAIRE (extraits) QCM2 – Le processus d’apprentissage que pensez-vous de votre travail scolaire ? Question 6 : je suis peu motivé Niveau V Niveau IV en points en points Lycée GT – 2ème 3.1 - CFA des métiers 13.1 5.4 - 3.2 CFA BP Filles Ceci démontre que les élèves qui entrent au lycée GT, tout comme les apprentis de niveau IV, ont une motivation normale pour les études. A l’opposé, chez les apprentis (et les élèves de lycées professionnels) de niveau V, hors formations tertiaires, il y a des réticences pour faire des études générales. Question 8 : quels sont les principaux pièges à éviter ? LGT Niveau V Niveau IV (en points) (en points) (en points) - Perte de motivation 9.3 8.5 6.1 - Echec scolaire 8.9 8.7 8.2 Les peurs concernant un éventuel échec scolaire sont réelles et équivalentes entre lycée GT et enseignement professionnel. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 103 QCM5 – Aspects psychosociaux Question 7 : que pensez-vous de votre travail scolaire ? LGT LP % CFA divers % - J’aime étudier 25.1 35.8 17.6 - Les études sont difficiles 22.2 21.3 28.4 - Cela demande beaucoup de travail 44.7 31.5 36.5 8.2 11.5 17.6 - Je suis peu motivé par les études Commentaires Les élèves du LGT ont conscience que le travail scolaire demande beaucoup d’efforts (44.7 %) et que la compétition est forte. Ce sont les apprentis en CFA qui sont les moins motivés par les études (17.6 %), alors que les élèves du LGT annoncent plus de motivation pour les études. Il semblerait que les études théoriques au LGT soient celles qui impressionnent le plus les jeunes. L’ADOLESCENT ET LES ETUDES L’intérêt de l’adolescent est, malgré tout, de réussir à l’école. Dans l’idéal, chacun devrait pouvoir réussir au mieux de ses capacités, de ses attirances et à son rythme, mais les réalités scolaires et sociales n’en tiennent pas compte. Tous les jeunes n’ont pas le goût d’apprendre et l’adolescence est un temps de maturation où les contraintes scolaires leur paraissent lourdes. Occupé par la construction de son « moi », par le développement de ses relations sociales et de ses divertissements, l’adolescent peut perdre du vue l’importance des enjeux scolaires s’il est mal accompagné. Qu’est ce qui les pousse à travailler ? Le besoin de reconnaissance de leurs parents et de leurs copains, se construire un avenir, satisfaire les attentes de leurs professeurs et de leurs proches, trouver du travail plus facilement avec l’espoir de bien vivre... Pourtant, cette attitude raisonnable face à l’école ne permet pas toujours aux adolescents d’accepter la forte pression scolaire et les réactions tendues de leurs parents, s’ils ne sont pas au sommet. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 104 Ajoutons à cela que pour les élèves de niveau IV, en classe terminale, la proximité d’une nouvelle orientation qui est liée à un diplôme ou à la recherche d’un emploi peut déchirer l’élève entre son angoisse et sa raison. C’est une raison d’amener les élèves à acquérir progressivement une méthode de travail, du collège jusqu’à la fin du lycée. Ils disposeront ainsi d’une organisation optimale pour toute la durée de leurs études. La peur de l’école La peur de l’école est fréquente : certains jeunes disent aimer l’école, mais nombreux sont ceux qui en ont peur ou qui s’y ennuient. Certains élèves cherchent à dominer les autres, créant ainsi une peur entretenue qui peut être liée à des trafics ou à des rackets. On constate aussi qu’aimer ou ne pas aimer l’école n’est pas directement associé au travail scolaire, certains apprécient l’école mais ils n’y font que le strict minimum, alors que d’autres qui détestent le collège y obtiennent de bons résultats. L’élève travaille davantage lorsqu’il aime l’enseignant et la matière enseignée. D’autres professeurs sont mis en accusation parce qu’ils expliquent mal et ne comprennent pas les jeunes. C’est là qu’interviennent les mutations psychologiques et somatiques qui rendent plus complexe l’éducation des adolescents. Les difficultés scolaires spécifiques à l’adolescence Les difficultés scolaires peuvent surgir lorsque l’adolescent doit se prendre en charge ou que la nouvelle scolarité réveille les difficultés scolaires de l’enfance. Comme souvent à l’adolescence, c’est la durée et l’importance de la difficulté qui doivent alerter l’entourage. Quelques semaines de baisse scolaire ne doivent pas donner une inquiétude excessive aux parents et aux éducateurs, en revanche, lorsque ce fléchissement dépasse trois mois, il faut faire un diagnostic. Les origines d’un fléchissement scolaire sont à rechercher dans différentes directions : − l’adolescent a du mal à s’intéresser à des matières nouvelles nécessitant plus d’abstraction. − Les méthodes de travail ne sont plus adaptées aux nouveaux enseignements. − L’adolescent fait un investissement de plus en plus important vers une activité autre que la scolarité : relation amoureuse, appartenance à un groupe qui multiplie les sorties et les loisirs, club sportif, musique, cinéma... − Troubles affectifs graves interagissant avec le rendement scolaire : troubles du comportement à l’école, dépression, angoisses, conflits avec les parents, rupture sociale, fugue, absentéisme... − Evénements graves : décès d’un proche, changement de domicile, recomposition familiale... OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 105 L’APPRENTISSAGE ET LE PHENOMENE DE REBOND, APRES LE COLLEGE A partir d’observations effectuées dans un grand CFA, l’IMT à Grenoble, il nous a été possible de constater que les élèves qui entraient en 1ère CAP et BEP bénéficient d’un « regain » ou « rebond » en première année. Il s’agit d’un effet constaté du système éducatif et de son contexte mais qui n’a pas été recherché par les dirigeants de ce CFA. A noter cependant que ce CFA de 2000 places fait partie de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Grenoble et qu’il pratique la formation individualisée depuis de nombreuses années. Définition de l’individualisation en formation : C’est la mise en place pour chaque apprenti d’un parcours individuel de formation afin de lui permettre de suivre les cours les plus adaptés possibles à ses besoins. Chaque semaine de formation à l’IMT, le jeune recevra un programme spécifique avec des enseignants différents et des modules adaptés. C’est avec un logiciel EDT 2000 que l’IMT gère en permanence l’organisation de la pédagogie. Les causes supposées de ce rebond : Apprentis mineurs Apprentis originaires du collège 4ème et 3ème et du pré apprentissage Nouveau départ, orientation choisie Motivation pour la spécialité Programmes moins abstraits Formation individualisée Contexte organisé Formateurs expérimentés CFA / IMT Ce qui change L’ALTERNANCE ENTREPRISE Il s’agit d’élèves en difficultés scolaires au collège Maître d’apprentissage Salaires Relations individuelles Pour ceux qui s’adaptent moins bien L’expérience montre que les élèves qui ont le plus de difficultés à prendre la « vague », environ 6 à 10 %, ont des difficultés à terminer leur première année de CFA. Les raisons de ces échecs minoritaires sont multiples : problèmes pour s’intégrer à l’entreprise, manque de satisfaction avec l’alternance, adaptation mitigée au CFA, à ses méthodes, à ses formateurs, différence de mentalité... La grande majorité des apprentis entrant au CFA : BTP, mécanique auto, vente et services, alimentation... vont bénéficier de ce rebond en gagnant en confiance et en intégrant une méthode de travail fiable. L’IMT (Institut des Métiers des Techniques) a obtenu une réussite élevée en 2006, avec 80 % d’élèves reçus aux examens. Cet exemple montre l’avantage de l’apprentissage qui apporte une meilleure intégration des jeunes pendant leurs études en alternance et assure un emploi à la sortie. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 106 SUJET D’ACTUALITE N° 2 LA MOTIVATION POUR LES ETUDES Hypothèses d’évolution Hypothèse négative Les études passent en second, après le plaisir qui se développe au travers de la convivialité et du divertissement. L’organisateur du plaisir se confond avec les nouveaux médias et l’intérêt pour l’étude et la découverte sont rejetés comme usages corrects. La société, les médias..., qui ont besoin de l’adolescent comme consommateur, justifient ces choix. Hypothèse de la motivation forcée Le système d’éducation, la politique, les familles, se mobilisent pour rappeler aux adolescents la nécessité de faire des études et d’y consacrer la majeure partie de leur temps. Hypothèse du rebond après le collège L’enseignement professionnel modifie les paramètres qui créent des difficultés au niveau de la motivation des jeunes et s’intéresse à ce qui les pousse à travailler. Pour les jeunes qui ont des difficultés avec les enseignements trop abstraits à l’entrée en seconde, l’orientation vers l’enseignement professionnel devrait être systématique. L’enseignement professionnel fait partie des options proposées par les classes de détermination du LGT. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 107 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 3 LE SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES Le socle commun de connaissances et de compétences est la disposition majeure de la Loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’Ecole du 23 avril 2005. C’est un acte refondateur qui constitue la référence pour la rédaction des programmes d’enseignement de l’école et du collège. Il ne se substitue pas aux programmes actuels. Il en fonde les objectifs pour définir ce que nul n’est censé ignorer en fin de scolarité obligatoire. De plus, par l’article 2 de la même loi, la Nation fixe comme mission première à l’école de faire partager aux élèves les valeurs de la République et de les aider à réussir leur vie en société. L’application des premiers programmes se fera dès la rentrée 2007. Le socle commun sera l’occasion de mettre en place des évaluations aux différents paliers. Un livret personnel permettra de suivre la construction psychologique et sociale de chaque élève, tout en servant de référence pour les élèves, les parents et les enseignants. LES SEPT COMPETENCES DU SOCLE COMMUN Compétences Importance pour les changements de l’adolescence 1 La maîtrise de la langue française 2 La pratique d’une langue vivante étrangère 3 Mathématiques, culture scientifique, technologie 4 Technologies de l’information et de la communication XX 5 La culture humaniste (culture générale) XX 6 « Apprentissage du vivre ensemble » 7 Autonomie et initiative (parler d’autonomisation et d’orientation de l’élève) OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel XXX complémentaire XXX Si méthodes pédagogiques actives 108 RAPPELS DES BESOINS EN DEVELOPPEMENT DES ADOLESCENTS SOCLE COMMUN BESOINS DE L’ADOLESCENT Hors socle commun ACTIONS INDIVIDUELLES ACCOMPAGNEMENT AIDE POUR LIQUIDER LES SITUATIONS DIFFICILES ET SORTIR DES CRISES Gestion de l’humeur ANIMATION DYNAMISME La régulation Construction d’une nouvelle personnalité IDENTITE LES RAPPORTS ENTRE LA FAMILLE ET L’ECOLE CONNAISSANCE DE L’ADOLESCENT Les pairs Redonner confiance LA LOGIQUE les interdits, la morale LA FAMILLE Quel modèle intégratif ? ADOLESCENTS LE SOMATIQUE SANTE, CROISSANCE SEXUALITE 12 à 18 ANS CREATION D’UN CONTEXTE FAVORABLE DIAGNOSTICS DIVERS LA VIE EXTRASCOLAIRE LES RELATIONS SOCIALES Donner du sens à l’école CONNAISSANCE DU BASSIN LOCAL DE VIE LE TRAVAIL, L’AGE ADULTE L’ACCEPTATION Préparer à la responsabilité adulte MOTIVATION POUR LES ETUDES A QUOI ÇA SERT D’ETUDIER LA NOUVEAUTE LE CHANGEMENT DE VIE LES JEUX, LE DIVERTISSEMENT LA CULTURE AUTONOMISATION SEPARATION DIFFERENCE DE TRAITEMENT DES ELEVES (Egalité des chances) Quel avenir ? ADAPTATION DU SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES AUX PLUS FAIBLES Education spécifique en banlieue : collège en ZEP (20 % des adolescents) S’inspirer de la formation de l’apprenti junior « Une équipe pédagogique, à laquelle sont associés le jeune et sa famille, procède à l’élaboration d’un projet pédagogique personnalisé ». Pédagogie en petits groupes et individualisée, « un membre de l’équipe pédagogique exercera la fonction de tuteur ». « Les différentes activités doivent permettre de marquer un véritable changement avec les pratiques pédagogiques antérieures ». OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 109 CE QU’IL FAUDRAIT CONFORTER LORS DE L’APPLICATION DU « SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES » Notre étude, rappelons-le, est dédiée aux adolescents de l’enseignement professionnel, principalement 240 000 jeunes orientés vers les lycées professionnels (souvent en provenance des collèges en ZEP) et 120 000 vers l’Apprentissage après le collège (4ème et 3ème). L’arrivée d’un socle commun de connaissances et de compétences est bienvenue, surtout s’il est mis en application dès l’école primaire. Il sera à nouveau évalué chez tous les jeunes de 16 ans, à l’issue de leur scolarité obligatoire avant l’entrée en LP ou en CFA. Cependant, après une lecture détaillée des textes officiels, on a l’impression que cette loi, dans sa formulation, s’adresse plutôt aux accédants au lycée général et technologique (460 000 jeunes entrent en seconde chaque année), c’est-à-dire à ceux qui ont déjà un niveau comparable au socle commun de connaissances et de compétences. En réalité, les jeunes les plus faibles (la moitié d’une classe d’âge) risquent à nouveau de se trouver face à un système de formation trop abstrait, trop complexe et dont le sens ne serait pas compris de tous. On attendait un enseignement « apportant un minimum bien maîtrisé », plus à la portée des élèves les plus faibles destinés à l’enseignement professionnel. Le socle commun de connaissances et de compétences et les besoins complémentaires des jeunes adolescents, orientés vers l’enseignement professionnel. Voici les points que l’on pourrait inclure dans le socle commun de connaissances et de compétences pour favoriser l’égalité des chances : 1. Introduire « plus de maîtrise du corps » dans la nouvelle scolarité Santé, croissance, sexualité, sports, dépenses physiques, le geste... ainsi que la régulation de l’humeur et de la réactivité des jeunes, la recherche d’un équilibre général. 2. Plus de travail individuel avec les jeunes Diagnostic, conseils, accompagnements, meilleure connaissance des adolescents et d’une guidance efficace. 3. Plus de souplesse avec le temps scolaire Un adolescent des banlieues qui débute sa puberté à 11 ans et qui a des difficultés majeures à trouver son identité et son orientation a besoin de plus d’années au collège pour acquérir le socle de connaissances et de compétences qu’un adolescent issu d’une famille d’enseignants. Le travail d’éducation collective, à rythme élevé, ne convient pas à tous les individus. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 110 4. La motivation pour les études Deux jeunes sur trois n’aiment pas les études, ce qui représente la presque la totalité des jeunes qui vont entrer en LP et CFA. Faire aimer les études est devenu aussi important que de modifier les programmes. Le socle commun de connaissances et de compétences n’aborde pas assez les méthodes pour créer la motivation chez les élèves de niveau moyen. 5. Le contexte de l’école Il est très important, à une époque où les familles et la vie sociale se décomposent assez souvent, que l’école apporte un contexte constructif et positif. 6. Mettre en place les moyens de débloquer et de traiter certaines situations Un service de conseils et d’accompagnement ayant un savoir-faire pour détecter les situations difficiles, traiter les conflits, assister les jeunes en difficultés scolaires et les relancer, travailler sur la gestion du temps (complète) des jeunes, en bref, faire de la prévention et de l’organisation sur le plan individuel... L’amélioration de l’efficacité de l’adolescent pourrait y gagner. 7. La relation parents-école Chez les adolescents mineurs d’origine sociale défavorisée presque tout reste à faire. 8. La formation psychopédagogique des enseignants Environ 50 % d’une classe d’âge, dont une partie se retrouve dans un collège en ZEP, puis dans un lycée professionnel, demande des méthodes pédagogiques plus psychologiques et plus concrètes. Les programmes proposés dans le socle commun de connaissances et de compétences doivent bénéficier de forts changements pédagogiques pour s’intéresser aux jeunes de niveau moyen. 9. La connaissance de la finalité des études Les parties 6 et 7 du socle commun de connaissances et de compétences (apprentissage du vivre ensemble, autonomisation et orientation) ne doivent pas oublier certains points essentiels aux futurs élèves de l’enseignement professionnel : − Avenir, connaissance de la vie locale, vie professionnelle, dynamique nationale, fixation d’objectifs... Il en est de même pour transmettre une certaine philosophie : grandir, c’est mieux que de rester sur les bancs de l’école, la vision du passé-présent est souvent une forme de régression... La fin de la scolarité obligatoire à 16 ans, qu’est ce que cela entraîne au niveau du volontariat de chacun ? Poursuite des études ou vie active ? La nécessaire acceptation de la place que chacun se construit dans la société. 10. Habileté, gestes, adresse Il ne faut pas oublier que le développement psychomoteur des jeunes commence à l’enfance et que l’adolescent de 16 ans, lorsqu’il apprend un métier, arrive avec son niveau propre d’habileté. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 111 SUJET D’ACTUALITE N° 3 LE SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Le socle commun de connaissances et de compétences a été conçu pour que les jeunes qui arrivent dans l’enseignement professionnel aient un minimum général de savoirs et de développement personnel pour réussir leurs études et accéder à un emploi. Hypothèse 2 Le socle commun de connaissances et de compétences a été conçu pour donner aux meilleurs élèves du collège des connaissances plus cohérentes et plus complètes afin qu’ils s’adaptent mieux aux études du LGT et de l’enseignement supérieur. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 112 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 4 L’ESPACE SANTE JEUNES A partir de 1000 élèves, les établissements scolaires sont en mesure de créer une infirmerie à temps plein ou partiel. La Faculté des Métiers d’Evry, avec ses 3300 apprentis sur un campus tout à fait récent, a créé un ESPACE SANTE JEUNES avec une infirmière confirmée, Madame Françoise Dupont, qui remplit des fonctions élargies, comme le propose l’Académie de Versailles. ROLE DE L’INFIRMIERE SCOLAIRE Aider les élèves à réussir et à préparer leur vie d’adulte Contribuer à faire de l’école un lieu de vie et de communication L’adolescent La communauté Accueillir, écouter et accompagner les élèves Organiser les urgences et les soins Réaliser les dépistages infirmiers Organiser un suivi infirmier Assurer le suivi de l’état de santé général Agir en cas de maladies transmissibles Mettre en œuvre des dispositifs en cas d’évènements graves survenus dans la communauté scolaire Mettre en place des actions permettant d’améliorer la qualité de vie des élèves en matière d’hygiène, de sécurité, d’ergonomie Développer une dynamique d’éducation à la santé Participer à la formation des personnels et des élèves Favoriser l’intégration scolaire des enfants atteints de handicaps et de troubles prolongés de la santé L’intérêt de l’ESPACE SANTE JEUNES – que nous remercions ici pour sa collaboration à notre étude – c’est la diversité entre des actions individuelles, en groupe et collectives, au niveau de la Faculté des Métiers. L’adolescent est avant tout un corps en mutation, avant même d’être une « machine cognitive ». L’infirmière, mieux que les enseignants, sait créer une relation d’aide, avec beaucoup d’écoute bienveillante, ce qui favorise la création d’un lien plus positif avec les adolescents. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 113 LES PETITS SIGNES, SANS LEGITIMITE MEDICALE Ce sont des signes avant-coureurs que l’infirmière percevra chez les adolescents : − − − − − − − − − Les fléchissements scolaires, les retards, les absences non motivées (surtout le lundi matin) L’anorexie, la boulimie et l’insomnie La difficulté à rester en place, en classe Avoir la position de bouc émissaire en classe L’incapacité à rester calme en classe : rires, mouvements incontrôlables Le déni de souffrance, l’inhibition des sentiments Malaises en classe ou à l’école Le renfermement sur soi : pas d’expression de tendresse, d’affection Le calfeutrage dans ses vêtements, tenue négligée L’infirmière, sans aborder ici l’aspect médical, a ses propres moyens d’observation qui sont complémentaires de ceux des enseignants. LES SITUATIONS DE CRISE Il s’agit d’un mode d’être et de fonctionnement organisé depuis des années : impulsivité, rupture, variations d’humeur, intolérance, frustration, incapacité d’attendre, violence... On peut y assimiler les « accidents » qui, chez les garçons, sont les problèmes somatiques qui arrivent en deuxième place. LE ROLE DES PARENTS En cas de difficultés, l’infirmière rencontre les parents pour connaître la situation effective de la famille et s’assurer de son fonctionnement au quotidien. LES QUATRE CHAMPS DE LA SOUFFRANCE DE L’ADOLESCENT 1. L’adolescent, sur le plan physique et psychique : Conduites à risque, moment de fragilité, sexualité 2. La désespérance : Difficultés sociales de la famille, maladie grave d’un membre de la famille, deuil, difficultés affectives, situations difficiles dans la famille (angoisses, agressivité, surprotection, violence...) 3. La maladie chronique et prolongée, le handicap 4. Les troubles psychologiques structuraux : Eclosion de troubles psychiatriques à l’occasion d’une épreuve personnelle. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 114 LES RAISONS DE LA CONSULTATION A L’ESPACE SANTE JEUNES : EN INTERNE Soins, conseils, accompagnements − − − − − − − − Conseils au moment de la puberté Sexualité, IVG Fatigue, angoisse, malaises paroxystiques (spasmophilie) Dépression, prévention du suicide Accidents divers Addictions : tabac, alcool, drogue Accidents associés à la violence Etc Diagnostic infirmier, dépistage VERS DES SERVICES EXTERIEURS Jeunes en situation de danger Maltraitance, abandonnés, abus sexuels... − − Diagnostic infirmier Signalisation au Procureur de la République Transfert médical Maladies graves ou chroniques, handicap, psychiatrie − − Voir avec le médecin et les parents Mise en place d’un projet individualisé Urgence médicale - SAMU Un établissement qui n’a pas de service infirmier fait beaucoup plus appel au SAMU, souvent inutilement, ce qui peut rendre le SAMU moins coopératif : − − − − − Accidents de trajet, de sport, d’atelier et autres types de traumatismes Violence, toxicomanie, alcool (coma suite à des mélanges) Stress, spasmophilie, tétanies, perte de conscience Arrêt cardiaque, phobie scolaire, crise d’asthme, épilepsie Hypoglycémie SAMU : par le 15 sur le fixe ou le 112 sur le portable OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 115 ANIMATIONS ET COMMUNICATION L’infirmière de la Faculté des Métiers organise des actions collectives : − Tous les mois, organisation d’une action d’éducation à la santé : sexualité-sida, tabacdrogue, sécurité routière, etc (voir liste en 4ème partie). L’organisation de dons du sang permet aussi de développer la citoyenneté chez les adolescents. L’HYGIENE DE VIE Les études montrent qu’il reste des progrès à réaliser et l’infirmière est sans doute la mieux placée pour informer les jeunes sur ce point : − un jeune sur trois ne prend pas de petit déjeuner tous les jours, ils consomment peu de fruits et de légumes, car ils préfèrent les sucreries et les boissons sucrées ; − l’hygiène buccodentaire doit être surveillée ; − en matière de dépense physique, les jeunes Français sont les plus mauvais élèves des pays comparés par le HBSC. Pourtant, ils s’interrogent beaucoup sur leur image corporelle et bon nombre d’entre eux entreprennent des régimes. Voir Etude INPES « La santé des élèves de 11 à 15 ans » LE ROLE DE L’ASSISTANCE SOCIALE − − − − Enfance en danger Aides aux familles : logement, transports, aide à l’alimentation Montage de dossiers : AGEFIP, Bourses... Contacts judiciaires et suivis SUJET D’ACTUALITE N° 4 L’ESPACE SANTE JEUNES Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 L’Espace Santé Jeunes répond à la demande des jeunes et vient compléter l’animation et la communication Santé de l’établissement. Hypothèse 2 L’Espace Santé Jeunes développe les aspects morbides des adolescents, mettant ainsi en scène les aspects négatifs de la jeunesse au détriment du contexte positif et de la réussite scolaire. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 116 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 5 LE ROLE DES CONSEILLERS D’EDUCATION (CPE) Leur aide aux adolescents en tension Les chefs d’établissements sont de plus en plus concernés par les problématiques nouvelles des adolescents, le symptôme étant l’adolescent en difficulté ou en crise. Qui peut, dans sa spécialité, aider le chef d’établissement en apportant des solutions efficaces ?... l’infirmière, l’assistante sociale, les associations extérieures... et les CPE ? Les CPE (Conseillers Principaux d’Education) disposent d’une organisation, celle de la « vie scolaire », qui leur permet d’être bien informés sur les élèves, les parents et les enseignants, en outre, ils ont reçu une formation pour aider individuellement les adolescents. LE METIER DE CPE EN 2006 - LA VIE SCOLAIRE Ce service qui emploie de 4 à 12 personnes cherche d’abord à améliorer le fonctionnement général du lycée : Sous l’angle de l’autorité, la massification de l’éducation, le déclin des institutions, la crise de l’emploi et le phénomène des banlieues ont des incidences concrètes sur le fonctionnement de la communauté. La mission de la « vie scolaire » est aussi de prendre sa part dans chaque projet éducatif en créant un climat nécessaire à toute éducation. C’est aussi un centre administratif et opérationnel Son équipement permet l’organisation de l’établissement scolaire, professeurs et élèves, ce qui contribue à donner un programme à la vie scolaire qui tienne compte de l’aménagement du temps et de l’espace, des règles de la vie commune, des questions matérielles du « vivre ensemble ». LES RESPONSABILITES DU CPE Le fonctionnement de l’établissement : La responsabilité du contrôle des effectifs, des retards et des absences, l’organisation du service du personnel de surveillance, le mouvement des élèves. La collaboration avec le personnel enseignant : Echanges avec les professeurs sur le comportement et l’activité de l’élève, ses résultats, ses conditions de travail, recherche en commun de l’origine de ses difficultés. L’animation éducative : Relations et contacts directs avec les élèves sur le plan collectif (classes ou groupes) et sur le plan individuel (comportement, travail, problèmes personnels), foyer socio-éducatif, organisation de la concertation et de la participation. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 117 ETRE CPE EN LYCEE PROFESSIONNEL Etre CPE en lycée professionnel, c’est exercer auprès d’une population le plus souvent confrontée à des difficultés scolaires et sociales pour favoriser l’insertion dans la vie professionnelle. Le nombre de lycées professionnels est supérieur à 1000, souvent de taille moyenne, la majorité d’entre eux accueillant moins de 500 élèves (2 CPE par LP). La création du BAC professionnel a donné, ces dernières années, un nouvel élan à l’enseignement professionnel. Ce nouveau BAC a besoin d’être repositionné comme un moyen d’accéder directement à l’emploi ou la possibilité d’obtenir un diplôme de Niveau III, spécifique à l’enseignement professionnel. La population des jeunes diplômés du BAC PRO est plus âgée – de 1 à 2 ans – que les titulaires des autres BAC. Des études récentes soulignent que le public des lycées professionnels est satisfait de son école, malgré une forte démobilisation scolaire, une tendance à l’absentéisme et aux abandons. Cette réalité est à mettre en corrélation avec une forte précarité sociale (nombre élevé de boursiers) et un nombre élevé de jeunes qui ont recours aux « petits boulots » alors qu’ils préfèreraient être en apprentissage. Ce que cherchent les jeunes du LP, c’est d’abord développer des relations aux autres. Au niveau de l’adolescence le milieu social peut être plus marqué qu’en LGT : les actes de violence et l’adoption de conduites à risques (tabagisme, alcool, drogues) y sont plus fréquents, chez les filles aussi bien que chez les garçons. La fragilité objective de ces jeunes, qui est du ressort du CPE, résulte d’un sentiment, variable et réel, où se mêlent la perception d’un échec scolaire, la précarité sociale et parfois familiale, et de plus en plus souvent des difficultés d’accès à l’emploi. La prise en charge éducative par le CPE est étroitement associée aux perspectives de la vie active et à la recherche de solutions à des problématiques concrètes. La violence qui s’installe à des degrés divers selon les établissements réactive la nécessité d’une surveillance constante. Les risques sont à leur maximum dans les collèges des banlieues péri-urbaines (ZEP), mais ils existent sous des formes plus feutrées dans les lycées : revente de drogues, racket, vols de matériels, intimidation... AIDER LES JEUNES EN DIFFICULTE Les manifestations du mal de vivre de l’adolescent s’expriment indifféremment dans et hors la classe. Issus de toutes les couches de la société, les jeunes sont confrontés à des turbulences, parfois graves, liées à la situation familiale, à l’environnement socioéconomique ou au mal être individuel. Il revient souvent au CPE d’établir un diagnostic ou d’envisager une prise en charge de l’élève. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 118 Evaluation des difficultés Doté des outils de contrôle et familiarisés avec l’information provenant de la vie scolaire, le CPE peut devenir un professionnel de l’évaluation et de l’analyse des problèmes. Il rend compte de la réalité sociale, de la précarité, des difficultés individuelles ou collectives qui affectent la scolarité des élèves. En outre, le CPE pourra accéder à l’ensemble des professionnels de la communauté éducative. Le tableau ci-dessous montre ce qui va principalement intéresser le CPE : Résultats scolaires insuffisants (Causes diverses) Mise en place d’un soutien scolaire Conditions de logement insuffisantes Elèves perturbés, agités (troubles divers) Parents sans emploi Lutte contre la pauvreté Elèves déviants Elèves qui occupent des emplois saisonniers et des petits boulots (trop) Elèves absentéistes Elèves perturbateurs Etc La violence et les confrontations Dans la vie scolaire, le comportement peut déraper dans des atteintes aux personnes, aux biens, aux locaux. On remarque 5 formes de violences : − − − − − la confrontation (agression envers les personnes) la violence de droit commun (vol dans les cartables, racket...) la violence pulsionnelle (affaires sexuelles) la violence ludique (bombe lacrymogène dans le couloir) la dissolution de la loi et des règles (bagarre dans la classe) Les déviances qui inquiètent le plus : la toxicomanie et le suicide associé. L’évolution de l’aide aux adolescents en difficulté Si les CPE disposaient de plus de temps, ils feraient des diagnostics plus approfondis concernant les « jeunes limites au niveau des incivilités », la violence à ses débuts ainsi que les jeunes ayant des difficultés scolaires. Bien entendu, ces actions contribueraient à mieux comprendre les problèmes familiaux (parents) et les aspects sociaux de la vie extérieure des jeunes. Mais, en cas de développement des problématiques de l’adolescent, les CPE devront envisager l’utilisation de méthodes et de moyens d’intervention plus efficaces que le simple dialogue. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 119 QUESTIONNAIRE – LES CPE FACE A L’ADOLESCENCE Réponses des CPE de LGT Q1. A travers votre pratique de CPE, quels sont les principaux problèmes de l’adolescence en milieu scolaire ? - La démotivation - Le manque de travail personnel Q2. - L’absentéisme - Le mal être de beaucoup de jeunes A propos de « crise d’adolescence », qu’est ce qui gêne le plus la vie scolaire ? - Absences, retards - Situation de famille - Problèmes psychologiques Q3. - Les addictions (cannabis et drogue) - Les conflits, les transgressions Que préconisez-vous pour aider les jeunes en crise d’adolescence ? - Une meilleure formation des enseignants à la psychologie de l’adolescent. - Une augmentation du nombre de personnels non enseignants pour accompagner les adolescents en milieu scolaire (médecin, infirmière, assistante sociale, conseillère d’orientation, CPE, surveillants). Q4. Dans quel domaine le CPE peut-il intervenir ? Vie scolaire : coordination, prévention, communication réalisée avec différents partenaires extérieurs. Actions individuelles : relations avec les familles, entretiens avec le jeune, orientation vers des services extérieurs spécialisés. Q5. Pouvez-vous rappeler 3 incidents récents ? Absentéisme renforcé, bagarres, insolences. Q6. Selon vous, quels sont les principaux comportements les plus néfastes pour la scolarité ? - Manque d’investissement, passivité, manque d’intérêt - Les incivilités qui peuvent projeter l’élève dans des situations conflictuelles installées. CONCLUSION Dans le cadre des lycées moyens de 400 à 700 élèves, ce sont les CPE qui sont les plus concernés par les problèmes liés à l’adolescence. Différence avec le lycée professionnel − On conseille aux élèves, dès leur entrée au lycée professionnel, de changer d’orientation s’ils ne sont pas satisfaits. − Les CPE doivent faire des efforts permanents pour maintenir l’autorité et la discipline. − Le sport est nécessaire pour calmer ce type d’adolescents. − Les incidents et les incivilités graves sont plus fréquents qu’au lycée GT. − Les CPE sont de plus en plus sollicités pour faciliter le placement des jeunes après les examens. C’est ce point qui détermine la valorisation des diplômes et qui apporte un certain crédit de confiance à l’intérieur du lycée professionnel. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 120 CPE ET REGLEMENT INTERIEUR 1. Sécurité − − − 2. Prévention des incendies, des accidents Salles de travaux pratiques, ateliers Objets et produits dangereux Organisation de la vie de la communauté scolaire Scolarité proprement dite − Participation aux cours (notamment régime des cours facultatifs) : contrôle des absences, respect des horaires (heures d’ouverture de l’établissement) − Exécution des tâches scolaires, système de notation utilisé par l’établissement dans le cadre de la réglementation en vigueur Relations au sein de la communauté scolaire − Relations avec les élèves et les familles, cas des élèves majeurs − Dossier scolaire, bulletins, relevés de notes − Rappel du rôle et des attributions des délégués de classe Vie dans l’établissement − Dispositions générales Mouvements : d’interclasse, vers le stade, vers les annexes, visites à l’extérieur Utilisation des moyens de transport individuels ou collectifs Réglementation de l’usage du tabac Tenue des élèves Autorisation de sortie Présence des élèves qui n’ont pas cours (responsabilité de l’établissement) Dégradations − Régimes de la demi-pension et de l’internat Discipline et autodiscipline − Champ d’application de l’autodiscipline, sanctions Hygiène - Santé − Urgences médicales et chirurgicales, accidents, fléaux sociaux − Contrôle des médicaments utilisés par les internes et les demi-pensionnaires Assurances − Activités ordinaires et activités comportant des risques particuliers (assurance recommandée) − Activités facultatives (assurance exigée), régime des accidents du travail Information, activités culturelles − Horaire d’ouverture et fonctionnement du CDI et des bibliothèques − Revues et publications mises à la disposition des élèves − Affichage, journal de l’établissement − Rappel des activités de l’association socio-éducative et de l’association sportive Mise en œuvre et respect du règlement intérieur − Mode de communication du règlement intérieur à tous les intéressés, mesures à prendre en cas de non-respect du règlement intérieur OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 121 SUJET D’ACTUALITE N° 5 LE ROLE DES CONSEILLERS D’EDUCATION Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Les conseillers principaux d’éducation (CPE) sont les « shérifs » du lycée. Leur autorité leur permet de faire appliquer les règles, leur organisation leur donne des renseignements généraux sur tous, ils savent livrer les combats nécessaires avec les groupes de jeunes qui recherchent la confrontation. Hypothèse 2 Les CPE peuvent faire avancer individuellement les adolescents qui en éprouvent le besoin. Diagnostic, prise en charge, orientation vers des services spécialisés... sont l’avenir du métier de CPE. A plus court terme, dans les lycées professionnels, l’aide aux jeunes qui ont des difficultés à accéder à l’emploi peut être à la base d’une nouvelle fonction rattachée au CPE. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 122 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 6 L’ADOLESCENT VU PAR LES MEDECINS SCOLAIRES Dans notre système scolaire, le médecin scolaire est chargé d’un territoire avec tous les types d’établissements : école maternelle, école primaire, collège, lycées GT et lycées professionnels. Grâce au parrainage du Docteur LE GAL, Directeur du service santé scolaire de l’Essonne, nous avons eu le privilège de recueillir les points de vue d’un groupe de médecins scolaires. Nous vous proposons ci-après la synthèse des réponses au questionnaire semi ouvert que nous avons utilisé : QUESTIONNAIRE MEDECINS SCOLAIRES 91 Q1. A travers votre pratique professionnelle, quelle est votre vision de l’adolescence en milieu scolaire ? - Certains ados semblent bien dans leur peau et suivent leur scolarité sans problèmes. D’autres ont l’air complètement perdus, sans objectifs, sans repères. Ils refusent l’aide extérieure qui, par ailleurs, semble insuffisante. - Les problèmes rencontrés sont surtout d’ordre psychologique, avec des difficultés de communication au travers de la cellule familiale et qui peuvent aller jusqu’au conflit. - Il subit de profonds changements, il se réfugie dans le groupe. - Les difficultés psychologiques – ou de mal être – peuvent être envahissantes si elles n’ont pas été repérées à temps. - Il y a un manque de temps pour écouter les adolescents étant donné l’ampleur des missions du médecin scolaire. - La démission parentale et le manque de contrôle des limites sont fréquents. Q2. A propose de la crise d’adolescence, qu’est ce qui fait le plus peur aux parents ? à 100 % - Crise familiale / parents - Addictions, comportements à risque à 50 % - Baisse des résultats scolaires avec plus de nuances - Amour / Sexualité, fugues, conflits, dépression, anorexie... et problèmes de santé. Q3. Quels problèmes rencontrez-vous le plus souvent chez vos patients adolescents ? Sur le plan médical - Surpoids - Anorexie, acné, problèmes de dos - Problèmes d’hygiène dentaire - Alimentation anarchique, mauvaise hygiène de vie - Consommation de cannabis et addictions - Méconnaissance de leur corps et de leurs problèmes de santé Sur le plan psychologique - Troubles du sommeil - Souffrance, mal être, anxiété, mauvaise estime de soi - A l’origine, le manque de motivation, le manque de communication avec les parents, le besoin de reconnaissance - Le manque de confiance en soi, l’agressivité - Difficultés familiales et conflits intra familiaux - La dépression qui n’est pas souvent diagnostiquée par les proches OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 123 Q4. Que préconisez-vous pour améliorer la prévention santé pour les adolescents ? - Information dans les classes, articulation avec la vie scolaire, surtout addictions et relations amoureuses. - Plus de personnels qualifiés et disponibles pour aider le médecin dans cette mission. Actuellement, les sections maternelles sont prioritaires. - Mise en place d’une éducation pour la santé qui soit cohérente, notamment par le biais du CESC. - Plus d’accessibilité aux référents santé. Q5. Où se trouvent les comportements les plus néfastes pour la scolarité ? à 100 % - Absence de cadres - Démission des parents / parents - Addictions, TAC avec plus de nuance - La télévision, absence de soutien Q6. à 50 % - Absence de valeurs - Manque d’hygiène - Les copains Que préconisez-vous pour motiver scolairement les adolescents ? - Travailler à partir d’un objectif professionnel. Adapter les programmes scolaires qui ne sont pas assez attractifs pour cette génération. Les enseignants doivent avoir un comportement maîtrisé. Leur consacrer du temps, partir de leurs idées, de leurs désirs, de leurs envies. - Mettre en place des accompagnements individualisés avec les adultes référents. - Passer des contrats avec le lycée. - Dans la pédagogie, proposer à la fois des cadres et des soutiens. CONCLUSION Les médecins scolaires qui ont une vision indépendante sur les adolescents confirment les grands points que nous avons rencontrés dans cette étude : − − − − − Un gros plan sur le rôle de la famille. L’idée que les problèmes psychologiques sont à prendre avec beaucoup de sérieux. Les jeunes ont besoin de cadres et de référents stables. Le manque de temps qui est la caractéristique de notre époque : les adolescents s’impliquent dans des opérations extrascolaires variées et l’établissement scolaire ne dispose pas de personnels suffisants pour diagnostiquer, écouter et accompagner. Derrière la santé, les médecins scolaires savent que l’équilibre des jeunes passe par la réussite scolaire et la poursuite d’objectifs concrets. SUJET D’ACTUALITE N° 6 L’ADOLESCENT VU PAR LES MEDECINS SCOLAIRES Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Le médecin scolaire passe 98 % de son temps à réaliser des visites médicales. Hypothèse 2 Le médecin scolaire désire s’impliquer davantage dans la promotion de la santé et en particulier dans la prévention pour les adolescents de 12 à 18 ans avec la mise en place d’un « contexte santé » pour avoir plus d’influence psychosociale. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 124 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 7 L’ADOLESCENT ET SON ARGENT Les parents pratiquent au collège des versements occasionnels d’un montant peu élevé, car cela leur confère un certain droit de regard sur l’utilisation de cet argent de poche. Par la suite, une plus grande régularité des versements se met en place, avec un budget régulier. Ceci traduit davantage la mise en place d’une autonomie financière progressive. Plus on est âgé, plus on reçoit de l’argent : Le montant de l’argent de poche augmente avec l’âge. Au début du collège, la majorité des jeunes doit recevoir moins de 10 euros par mois, alors qu’au lycée et particulièrement en classe terminale on reçoit le plus souvent entre 30 et 50 euros. ENQUETE EPA – QCM5 LYCEES GT ET LYCEES PRO De quelle somme disposez-vous chaque mois ? 0 à 30 € = 79.2 % Lycées GT et lycées PRO 31 à 50 € = 12.5 % 50 € et plus = 8.3 % Moins de 10 % des lycéens disposent de plus de 50 euros d’argent de poche par mois. Le lycéen fait figure d’étudiant pauvre. APPRENTISSAGE – CFA De quelle somme disposez-vous chaque mois ? 100 à 200 € = 32.5 % 200 à 500 € = 51.0 % Apprentissage CFA Plus de 500 € = 16.0 % (après reversement à la famille). Cette enquête montre les écarts très importants existant au niveau de l’argent entre les jeunes des lycées et les apprentis, plus autonomes financièrement, surtout dans les milieux défavorisés. Par ailleurs, les apprentis n’ont rien à réclamer à leurs parents qui utilisent parfois l’argent de poche pour exercer un moyen de pression sur leurs enfants. CONSOMMATION SANS ARGENT : les adolescents qui n’ont pas les moyens peuvent accéder gratuitement à de nombreuses occupations : la radio, la télévision, les journaux, le « chat » et à de nombreux sites Internet. Certains peuvent en plus télécharger de la musique, des vidéos, des jeux vidéo et des logiciels. La liste s’allonge chaque jour. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 125 Comment les jeunes vont-ils utiliser leur argent ? Lycée GT / LP % CFA Apprentissage % 1. Sorties loisirs 2. Habillement 30.3 28.1 38.7 23.2 3. 4. 5. 6. 7. 8. 18.4 12.2 5.1 4.0 2.0 5.9 15.5 5.3 5.9 3.4 8.0 - Alimentation Portable, multimédia Transports Aide à la famille 2 roues, Auto Autres Les lycéens GT n’habitent pas trop loin de leur lycée. Ils ont un trajet plus court que les jeunes des lycées PRO et des CFA qui, eux, seront plus sensibles aux transports en commun ou à la possession d’un moyen de transport (deux-roues, auto). Les filles dépensent plus pour les vêtements que les garçons, mais elles aident davantage leur famille. Pour les familles, la priorité des dépenses va pour les vêtements, la culture et les besoins liés à la scolarité. Un grand nombre de lycéens recherchent des petits boulots : garde d’enfant, service restauration, vente... car ils n’acceptent pas la fatalité de leur pauvreté relative. L’apprenti et son argent L’apprenti dépense plus dans le divertissement et dans les sorties, car il en a les moyens. Les dépenses de transports sont plus importantes, car le CFA et l’entreprise sont éloignés de son domicile. Dans son partage avec la famille, il participera aux dépenses du gîte et du couvert, tout en déchargeant la famille de ses besoins en argent de poche. Certaines familles laissent à leur adolescent la totalité de son salaire, ce qui peut le rendre vulnérable. Trop d’argent de poche peut faire de l’apprenti une cible facile pour les « noceurs » avec le risque de contacter des dépendances et de se fatiguer précocement de l’étude. A la différence des lycées, l’apprenti (garçon) peut satisfaire son goût pour les deux-roues, les autos et les multimédia, auxquels il va consacrer une partie importante de son salaire. De leur côté, les filles peuvent devenir dépendantes à l’excès de dépenses d’habillement et du culte de leur image. Les apprentis de niveaux IV et III qui quittent la maison Une minorité essaie la vie à deux, avec logement indépendant. Souvent, ils devront travailler le week-end pour faire face aux dépenses d’aménagement de la maison. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 126 LES CHIFFRES DES ADOLESCENTS Sondage ADOSURF environ 1 000 votes sur Internet Qu’est ce que tu lis ? - Des magazines Des BD Des livres, des romans Les journaux Rien Filles Garçons en % en % 52.2 7.6 29.7 2.5 8.0 28.2 29.5 9.4 10.1 22.8 31.4 31.1 17.0 20.5 37.9 27.1 18.1 16.9 28.1 17.9 22.4 19.8 11.8 26.7 16.1 21.7 24.9 10.6 15.8 40.2 34.2 6.0 3.8 19.3 24.8 38.5 6.2 11.2 41.0 22.5 15.9 11.2 9.4 32.0 4.8 23.8 23.1 16.3 Combien de SMS envoies-tu par jour ? - De 0 à 3 De 4 à 6 De 7 à 10 Plus de 10 Combien de temps passes-tu à tchater par jour ? - Je ne vais pas sur les tchats Moins de 30 minutes De 30 minutes à 1 heure Entre 1 heure et 3 heures Plus de 3 heures Combien de fois vas-tu au cinéma par mois ? - Jamais 1 fois 1 à 3 fois 3 à 5 fois Plus de 5 fois Manges-tu plutôt : - des pâtes de la salade des pizzas des steak - frites des hamburger - frites OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 127 SUJET D’ACTUALITE N° 7 L’ADOLESCENT ET SON ARGENT Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Les jeunes des lycées sont en majorité des étudiants pauvres (20 à 30 € par mois) Certains acceptent tous les petits boulots possibles afin d’améliorer leur pouvoir d’achat, pour d’autres les risques de délinquance (vol) sont élevés. Hypothèse 2 Les apprentis disposent tous les mois d’un salaire de 200 à 600 €, ce qui va faciliter leur autonomie. Cependant, il faut s’assurer que ces sommes sont partagées avec la famille et que le jeune ne devienne pas une cible pour les « bandes ». Hypothèse 3 Les élèves des lycées professionnels Dans la majorité des cas, ces « élèves boursiers » mériteraient d’avoir un moyen d’améliorer leurs revenus mensuels tout en bénéficiant d’un tuteur. Ils sont plus âgés que les élèves du LGT, d’environ 1 à 2 ans et majoritairement issus de milieux défavorisés. Chaque année, les lycées professionnels accueillent environ 100 000 jeunes BEP de ce profil. Pour ce type de formation, l’apprentissage privé ou public apporterait beaucoup d’avantages à ces adolescents. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 128 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 8 L’ADOLESCENT ET SES RAPPORTS A LA CONSOMMATION Depuis plus de 50 ans, la société de consommation forme des légions de consommateurs de plus en plus lucides et exigeants. Dans la recherche de cibles nouvelles, les « jeunes » sont ainsi devenus un marché à part entière, avec sa logique propre depuis les années 90. Si les enfants vivent encore de consommation par procuration et par prescription, les adolescents sont directement confrontés à des stratégies offensives notoires. La responsabilité du jeune (pénalement responsable : argent, vol...) : Si l’on se réfère au cadre pénal et au registre des sanctions possibles : − 13 à 16 ans (collège) : le jeune peut se voir infliger des « sanctions éducatives » et, à l’âge du lycée, des peines de prison avec une excuse de minorité. − 16 à 18 ans : cette excuse de minorité peut être levée. − 18 ans et plus : l’adolescent est traité comme un adulte, c’est-à-dire qu’il est situé au même niveau de responsabilité. Le poids économique des jeunes D’un point de vue quantitatif, les adolescents représentent une population de 5 000 000 individus : 2 300 000 sont âgés de 15 à 17 ans et autant de 18 à 20 ans. Autant de filles que de garçons. Il est difficile de trouver des chiffres fiables, mais il est possible d’estimer ce que représente l’argent de poche, de 30 à 50 € mensuels, soit une enveloppe de 2 à 3 milliards d’euros par an. Il faut y ajouter le pouvoir d’achat des apprentis et des adolescents de 18 à 20 ans qui sont sortis de la scolarité. Mais, ce budget doit être rapporté au pouvoir de prescription des jeunes sur leur famille. S’il est difficile de chiffrer cette influence, les professionnels du marketing l’estiment à plus de 100 milliards d’euros par an. L’influence sur les achats de la famille Loisirs (71 %), produits alimentaires (49 %), vacances (46 %), informatique et télécom (41 %). Ajoutons à cela le développement des « cartes bancaires jeunes » par les grandes banques. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 129 Les jeunes, des proies faciles pour la publicité et le marketing Aujourd’hui, l’adolescent ne dispose plus de repères stables et présents. Le manque de force de l’image familiale (ou parentale) va pousser le jeune à chercher une justification de ses apprentissages (fondés sur le plaisir) et des modèles de figures qui s’imposent à lui. La marque peut ainsi représenter un élément important dans la vie et la structuration du jeune. Bien entendu, il s’agit de la marque des produits en phase avec le mode de vie des jeunes. La multiplicité des marques qui véhiculent des produits de courte durée de vie contribue à accentuer l’impression d’instabilité ambiante : NIKE, ADIDAS, REEBOOK, QUIKSILVER, DIESEL, CELIO, PUMA, LEVI’S, SFR, ORANGE, SONY, SAMSUNG, MAC DONALD’S, COCA COLA... La publicité, ça marche Près d’un jeune sur deux dispose d’une télévision dans sa chambre. Ils la regardent en moyenne plus de 3 heures par jour. Certes, certains jeunes préfèrent la radio, voire le web. Cependant, 50 000 spots ciblés « jeunes » sont diffusés chaque année sur les chaînes françaises et ils jouent sur des registres en phase avec la culture ambiante (spectacles, histoires ludiques et plaisantes...) Le produit n’est pas argumenté, l’essentiel est dans le registre du plaisir et de l’émotionnel, pour déclencher l’envie d’acquérir le produit. C’est donc en inventant des valeurs plus ou moins fausses que l’on va entrer en résonance avec les jeunes. En même temps, le jeune devient la référence de la famille. Les produits qui en découlent (4 jeunes sur 5 vont essayer) Les produits technico-ludiques (baladeurs, MP3, consoles de jeux vidéo, téléphones portables ultra sophistiqués...), d’innovations alimentaires (produits dits de « snacking », gâteaux, boissons sucrées, céréales très sucrées...), de produits vestimentaires « sportifs » (en particulier les chaussures)... pour ne citer que les plus importants. Les jeunes paraissent être canalisés vers un produit, une marque, dans leur recherche d’appartenance et d’identité. Il apparaît que la vie propre de l’adolescent va se rapprocher de plus en plus de « l’offre de plaisirs » que la société lui propose. Pour les études, le temps restant va être de plus en plus mince : quelques minutes chaque jour, après l’école. L’adolescent va se situer dans un schéma trouble entre les valeurs manipulées que lui proposent les médias et les pairs et les valeurs proposées par l’école. Seule la minorité (20 %) de jeunes de niveau élevé, visant des études supérieures longues, et le plus souvent issus de milieux favorisés, semble échapper à la domination des médias populaires et de la publicité. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 130 Les risques d’une consommation maîtrisée A la faiblesse des jeunes face aux discours attrayants et manipulatoires, vient se greffer une autre fragilité, celle des frontières entre « la vie bien pensée » et les comportements dangereux et immoraux : − L’incitation à l’addiction : Boire, fumer, se droguer, c’est un marché très lucratif, d’autant que l’on a jamais compté autant de fumeurs. La consommation de drogues douces est plus récente mais en constante augmentation. L’alcool est l’addiction qui paraît encore la plus préoccupante, car les buveurs sont liés aux événements festifs, conviviaux, qui sont une manne pour les producteurs de vin, d’alcool et de produits nouveaux : prémix, mélanges divers.... − L’addiction numérique : La publicité et les grands magasins spécialisés ont lancé les loisirs dits « numériques ». Les jeux vidéo tenant une part particulière – obsédante – dans la vie des jeunes qui ont choisi ce loisir. On peut faire la même remarque pour le chat ou la communication en réseau. Même si les jeunes concernés par un risque d’addiction numérique ne montrent pas de trouble de la personnalité, ils se trouvent confrontés à un grave problème d’emploi du temps et la dérive potentielle se situe à ce niveau. Le jeune vit alors retiré de la famille, de son groupe d’amis et du travail scolaire. − Les dérives de l’hyper consommation La consommation peut générer des comportements déviants, par exemple : l’alimentation qui rend obèse la soif de consommer, « le désir de marques »..., où consommer devient un sujet unique de passion. CONCLUSION La consommation à tout va, sans éducation, sans garde-fou, risque bien d’entraîner la jeunesse à agir en partant de ses pulsions et en fragilisant de plus en plus le lien social. Il devient de plus en plus nécessaire de mettre en place une véritable éducation du jeune consommateur. Emploi du temps hebdomadaire des adolescents Télévision Nouveaux médias Portable Divertissement convivialité Sport Consommation Le temps pour l’étude 20 – 30 h 10 – 20 h 4–8h 6 – 12 h 4–6h 2–4h 5h En devenant une cible nouvelle pour le marketing, les adolescents trouvent une gamme complète de produits et de services correspondant à leurs besoins de convivialité et de divertissement. Ils vont y consacrer 50 h par semaine, c’est-à-dire l’équivalent de la totalité de leur temps scolaire. On parle de plus en plus de « réparer l’ascenseur social » qui devient nécessaire à la jeunesse issue des milieux défavorisés, mais il faut prendre conscience qu’il y a un conflit entre le plaisir et l’investissement important nécessaire aux études. Certains attendent « le Père Noël », alors que la montée dans la société s’obtient par le travail scolaire et par une culture de la réussite. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 131 SUJET D’ACTUALITE N° 8 L’ADOLESCENT ET SES RAPPORTS A LA CONSOMMATION Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Les jeunes croulent sous l’influence de la publicité, ce qui les fait se détourner de leur principal objectif, l’étude, et succomber au désir en devenant dépendant des marques, des produits spécifiques et des réseaux. C’est non seulement leur temps qui leur est confisqué par la consommation, mais également leur combativité et leur pourvoir d’initiative. Hypothèse 2 Les jeunes se développent et apprennent beaucoup au contact de la consommation. Ainsi, ils apprendront à mieux communiquer et à se préparer à certains métiers. Par exemple : les nouveaux médias préparent les jeunes aux études scientifiques et techniques. Bien connaître le maniement des nouveaux médias permettra à certains jeunes de mieux utiliser les moteurs de recherches pour leur culture personnelle et pour leur scolarité. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 132 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 9 LE SYSTEME DES VALEURS ET LES ADOLESCENTS Les règles de vie collective, la morale, les sanctions − Ces règles sont en général formalisées et diffusées auprès des jeunes et des enseignants. − Nous sommes dans le cadre du raisonnement rationnel. − S’il existe des difficultés d’application avec certains adolescents, c’est par l’argumentation et le travail pédagogique qu’il devient possible de structurer et de planifier la pensée des jeunes. La transformation des valeurs sociales − Le choix et la transmission des valeurs doivent tenir compte des évolutions humaines, affectives et subjectives ainsi que de l’éclosion actuelle des valeurs juvéniles. La transmission des valeurs morales (Etude du Magazine PELERIN) Les valeurs morales se transmettent principalement par la famille (91 %), par l’école (60 %). Le monde du travail arrive au 3ème rang avec 12 % des avis. A noter que les grandes entreprises font de plus en plus d’efforts pour formaliser leurs valeurs et les mettre en place. La transmission des valeurs se fait par le discours (ou l’écrit) et par l’exemplarité des adultes. Les valeurs qu’il faut transmettre aux jeunes générations 1. L’honnêteté / La franchise / La fiabilité 6. Le sens de la justice / L’équité 2. L’altérité/ La tolérance 7. L’esprit d’équipe / La confiance 3. Le respect de l’autorité / Les règles 8. L’épanouissement personnel / Les projets 4. Le goût du travail / La qualité 9. 5. Le sens de l’intérêt général / Le sentiment d’appartenance L’environnement / La citoyenneté / Le développement durable 10. Le modernisme / L’efficacité En fonction des valeurs retenues, certains établissements et entreprises proposent un guide de conduite pour compléter le règlement intérieur administratif. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 133 Projet : Faculté des Métiers de l’Essonne Les valeurs dans l’enseignement professionnel Sur un campus capable d’accueillir 3 300 apprentis et élèves, la Faculté des Métiers a regroupé 5 établissements d’enseignement professionnel avec leurs différences de métiers et de cultures. Dans le cadre de la mise en place de son plan d’établissement, la Faculté des Métiers a pris conscience de l’intérêt qu’il pouvait y avoir de proposer ses propres valeurs à l’ensemble des usagers de l’établissement. Les valeurs traditionnelles républicaines : Leur fondation date de la fin du XIXe siècle : Liberté, Egalité, Fraternité, qui, avec le travail, ont été la base du formidable essor de l’Ecole publique. Au XXIe siècle, ces valeurs ont gardé leur force, mais il faut tenir compte, aujourd’hui, des nouvelles interactions : l’égalité des chances, l’adaptation à la modernité (technologie), l’esprit d’équipe, l’influence du sport, la nécessité d’étudier individuellement pour réussir ses études, l’influence du marché du travail sur les diplômes... Il y a donc un véritable changement dans les valeurs à promouvoir en ce début de millénaire. Les valeurs choisies par la Faculté des Métiers : Avec l’objectif de préparer un plan pour 2007, la Direction de la communication réfléchit aux valeurs qu’elle va chercher à transmettre : 1. 2. 3. 4. 5. L’altérité/ La tolérance Le sens de l’intérêt général / Le sentiment d’appartenance Le goût du travail et de la qualité Le respect de l’autorité et les règles La citoyenneté / L’environnement La Faculté des Métiers est une micro société avec un grand espace réparti sur 6 bâtiments, 12 groupes de spécialités dans le cadre d’un management déconcentré. Il a fallu rechercher une méthode pour faciliter la transmission des valeurs retenues. Schéma de transmission des valeurs : 1. Préparation d’un code de conduite C’est un travail de longue haleine qui prendra place près du règlement intérieur. C’est aussi l’occasion de réfléchir au contenu d’un LIVRET ETHIQUE à constituer progressivement. Ce travail de transmission des valeurs passe nécessairement par des argumentations choisies. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 134 2. La segmentation de la communication éthique − Au niveau général de la Faculté des Métiers − Orientée vers les jeunes : altérité, comportement, développement personnel, réussite, avenir, ouverture d’un dialogue. − Orientée vers la communauté : c’est une communication de soutien à l’institution : enseignants et collaborateurs, développement du sentiment d’appartenance. − Orientée vers le professionnalisme, c’est la valeur travail rendue plus concrète : la scolarité, la qualité du travail, la relation entreprise-emploi, les aspects contractuels. − Orientée vers la sécurité qui est un sujet privilégié pour aborder les valeurs : accidents, conduites dangereuses, aide aux accidentés, prévention. − La mode de l’environnement : cette orientation de notre société plaît aux jeunes. Il paraît souhaitable d’associer aux informations sur l’environnement des compléments éthiques. L’environnement, l’Europe, la planète, notre propre territoire et les démarches spécifiques pour préserver notre avenir. Ajoutons à cela ce qui a trait au développement durable et à ses démarches. − L’accueil renforcé des entrants : c’est le moment d’associer aux modules de formation destinés aux entrants un exposé sur les valeurs et sur la philosophie de la Faculté des métiers. 3. Evaluation des performances éthiques Dans les grands établissements, il peut devenir nécessaire de faire des bilans pour connaître la situation de départ et ajuster au fur et à mesure les objectifs éthiques à valoriser. Les indicateurs éthiques et leur cotation Profil éthique Rentrée 2006 Pâques 2007 Rentrée 2007/2008 5/10 6/10 Prévoir une action Valeurs et règles Exemple : Altérité Choix de 30 indicateurs En cours de réalisation CONCLUSION : dans la fiche n° 5, sur le rôle des CPE, il est possible de trouver une base de règlement intérieur qui vous permettra de comparer valeurs et vie scolaire. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 135 INVENTAIRE DES VALEURS A L’ADOLESCENCE VALEURS DE SOCIETE Un monde de Paix (sans guerre, ni conflit) Beauté et Respect de la Nature (respecter l’environnement et préserver les ressources naturelles) Egalité (les mêmes droits pour tous) Sciences et Techniques (développer la connaissance et favoriser la mise au point de techniques nouvelles) Grandeur et Indépendance de la Nation (vivre dans un pays uni, fort, indépendant et puissant) Justice sociale (plus grande égalité économique, moins de différence entre riches et pauvres) Coopération Internationale (favoriser les relations d’aide et d’amitié entre les peuples) Démocratie (participation des citoyens aux décisions qui sont prises et qui les concernent) Beauté des Arts (littérature, musique, peinture) et respect du patrimoine (préserver les œuvres du passé) Respect de la Personne et de la Dignité Humaine (permettre à chaque individu d’être traité comme quelqu’un qui a de la valeur) Liberté (liberté de pensée, d’expression, d’association, libre circulation) Stabilité sociale (absence de violence, sécurité publique et exercice de la justice) VALEURS PERSONNELLES ET INTERPERSONNELLES Vie aisée (être à l’aise financièrement) Santé et bien-être (sans maladie, ni handicap) Vie sociale active (fréquenter, rencontrer beaucoup de gens) Bonheur (être satisfait de ce que l’on fait et de ce que l’on vit) Expérience religieuse ou mystique (être en communion avec Dieu ou l’Univers) Travail (avoir un emploi et pouvoir le garder) Protection de la vie (prendre soin de sa propre vie, ne pas la mettre en danger) OBSERVATOIRE EPA Amour (vivre une relation d’affection profonde et durable) Amitié vraie (avoir des amis proches et sincères) Sécurité pour les siens (prendre soin de ceux que l’on aime) Soutien personnel (savoir qu’il y a toujours quelqu’un pour vous aider et vous soutenir) Progrès personnel (s’efforcer d’être quelqu’un de meilleur) Réalisation personnelle (se réaliser, réussir quelque chose d’important, de durable) L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel Respect de la morale (penser qu’il y a des règles du Bien et du Mal universelles qui doivent être respectées) Connaissance de soi (être plus conscient du type de personne que l’on est) Statut social (avoir une position sociale élevée) Pouvoir, Autorité (prendre des décisions, exercer un pouvoir sur les autres) Plaisir sans souci (vivre les plaisirs de la vie sans pression, sans stress) Vie passionnante (vivre de nouvelles expériences et des aventures nouvelles) 136 MODES DE CONDUITES Serviable (être toujours prêt à rendre service aux autres) Compréhensif (être capable de partager les sentiments des autres) Franc (ne pas craindre de dire ce qu’on pense) Ambitieux (être soucieux de réussir, de parvenir à ce qu’on veut) Logique (être conséquent, rationnel) Audacieux (aimer innover et entreprendre des choses nouvelles) Efficace (rechercher la meilleure méthode pour atteindre son but) Généreux (partager avec autrui ce que l’on a) Persévérant (ne pas renoncer malgré les difficultés) Poli (être bien élevé, ne jamais être grossier, ni vulgaire) Coopératif (être capable de collaborer avec d’autres) Indépendant (se suffire à soi même, ne compter que sur soi) Réfléchi (ne pas faire les choses à la hâte, réfléchir avant d’agir) Tolérant (accepter les autres même s’ils sont différents de soi) Maître de soi (se contrôler, savoir se discipliner) Tendre (manifester une affection profonde) Soigné (faire attention à son aspect extérieur) Digne de confiance (être quelqu’un sur qui on peut compter) Engagé (se consacrer à une cause à laquelle on croit) Idéaliste (vivre selon la manière dont les choses devraient être plutôt que comme elles sont) Déterminé (défendre ses opinions en dépit de ceux qui s’y opposent) Gagneur (vouloir être à chaque fois le meilleur) Honnête (ne jamais tricher, ni mentir) Spontané (agir comme cela vient naturellement) Extrait de l’orientation SUJET D’ACTUALITE N° 9 LE SYSTEME DES VALEURS ET LES ADOLESCENTS Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Les valeurs de l’école, qui sont celles de la République, n’ont pas changé depuis un siècle. Hypothèse 2 Pour modifier le comportement des jeunes, il faut « manipuler les valeurs que l’on propose » comme le font la publicité et les médias. Hypothèse 3 Pour entrer dans le XXI° siècle, il y a un nouveau choix de valeurs à faire et des méthodes à créer pour améliorer le niveau éthique. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 137 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 10 LES NOUVEAUX MEDIAS ET LES JEUNES (Extrait MEDIA PRO) Depuis 6 ans, la situation a profondément évolué avec la généralisation des pratiques et l’élaboration de nouvelles applications plus conviviales. UN DECALAGE IMPORTANT SELON LES CONTEXTES D’USAGE 96 % des jeunes Français de 12-18 ans disent utiliser Internet, mais l’utilisation à la maison devance très largement l’utilisation chez les amis ou à l’école. L’utilisation d’Internet occupe une place marginale à l’école : 65 % des jeunes déclarent ne jamais utiliser Internet en classe. Les usages suivent des règles établies. Communiquer, visiter des sites, jouer, télécharger... ça se pratique à la maison, alors qu’à l’école Internet est utilisé pour les travaux scolaires. C’est encore plus net avec le téléphone portable. Ce sont souvent les parents (en particulier les mères) qui souhaitent être connectées en permanence avec leurs enfants. L’usage du téléphone portable est peu contrôlé à la maison, alors qu’il est strictement interdit à l’école. On peut expliquer ainsi le succès des SMS. LES MOTEURS DE RECHERCHE POUR TOUT FAIRE 94 % des internautes déclarent utiliser les moteurs de recherche, mais pas forcément pour faire des recherches. Le plus souvent, ils se servent des moteurs – plus spécialement Google – comme intermédiaire pour aller sur un site connu, par exemple les jeux. La véritable recherche d’informations est moins fréquente, elle est plutôt liée au travail scolaire. Les jeunes ont une connaissance insuffisante des techniques de recherche ; ils apprécieraient cependant l’aide des enseignants pour avancer dans l’utilisation de ces outils. COMMUNIQUER PAR TOUS LES MOYENS Près de 6 internautes sur 10 disent ne jamais communiquer avec des inconnus. Ceux qui le font sont plus âgés (17 – 18 ans). La fréquentation du chat se raréfie chez les filles, comme chez les garçons au profit des messageries instantanées (MSN). Ce qui est important pour les jeunes, c’est d’être connecté en permanence avec leurs amis. Qu’il s’agisse du téléphone portable ou d’Internet, la communication se fait avant tout entre pairs. Elle passe par l’écran et par écrit : 9 jeunes sur 10 disent envoyer souvent des SMS, près de 6 internautes sur 10 utilisent souvent les messageries instantanées de type MSN et environ 1 sur 2 les courriels. Les médias sont également une source d’information importante pour plus d’1 jeune sur 2. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 138 LES AUTRES SUJETS D’INTERNET La différence entre filles et garçons est plus nette dans certaines activités : − Télécharger des fichiers Les garçons, 2 fois plus − Jeux en réseau ou en ligne Les garçons nettement plus − Regarder les vidéos (clips, bandes annonces de films...) Garçons 35 % Filles : 20 % − Le portable pour envoyer ou recevoir des photos Concerne plutôt les filles. L’AUTOFORMATION AUX NOUVEAUX MEDIAS Internet, c’est décidément une affaire de génération. C’est grâce à leurs amis que plus des 3/4 des jeunes déclarent s’informer sur les nouvelles activités possibles en ligne. Dans la famille, c’est avec les frères et sœurs que l’on échange le plus. En résumé, les jeunes apprennent principalement seuls, en tâtonnant ou en expérimentant. 25 % des jeunes déclarent que les enseignants pourraient apporter de nouvelles connaissances en leur ouvrant de nouveaux horizons sur les possibilités d’Internet. L’INTERACTION ENTRE LES MEDIAS La musique sort grande gagnante de la fréquentation d’Internet : près d’1 jeune internaute sur 2 déclare en écouter très souvent. A l’inverse, la télévision est perdante : 43 % de jeunes (surtout des filles) déclarent la regarder moins qu’avant, surtout les 14-16 ans. La lecture de livres est également touchée négativement, mais de manière ambivalente : certains lisent moins, mais d’autres lisent plus qu’avant. L’usage d’Internet renforce le fait de sortir entre amis parce qu’il facilite la relation avec les pairs et l’organisation des rencontres. Les parents sont présents dans cette révolution Internet : certains estiment qu’ils doivent la contrôler, d’autres participent à ces communications électroniques. Lorsque Internet fait partie des échanges familiaux, et que les parents sont eux-mêmes des utilisateurs, les médias électroniques vont souvent contribuer à apaiser les relations au sein de la famille, en particulier dans les familles recomposées. SECURITE ET REGLES Les jeunes sont au courant des problèmes dus aux virus, des risques liés à l’anonymat, aux travestissements d’identité, aux questions de droits d’auteur posées par le téléchargement, mais leurs connaissances sur ces questions sont insuffisantes. Le contrôle parental reste globalement limité et porte avant tout sur le temps passé sur Internet, au téléphone et sur les sites visités. Ce contrôle s’exerce plus rarement sur les pratiques liées aux messageries instantanées et au courrier électronique. A l’école, la situation est radicalement différente et les jeunes perçoivent limitations et interdictions, mais il ne s’y développe aucune pratique sur la sécurité, au point que 4 jeunes sur 10 déclarent ne pas savoir s’il existe un règlement et s’ils ont reçu des consignes de sécurité. Dans le système actuel, les jeunes ne bénéficient pas forcément des pratiques individuelles au niveau de la scolarité. Pour la majorité des jeunes, Internet ne fait pas partie du monde de l’école, d’un côté la société de consommation High Tech et de l’autre l’école. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 139 SYNTHESE La relation des jeunes Français de 12-18 ans avec Internet et les médias électroniques a beaucoup changé depuis 2006. Les usages se sont développés autour de 2 pôles : − la fréquentation des sites, surtout pour le travail scolaire. − La communication à distance, avec de nombreux services : téléphone portable, messagerie instantanée... et courrier, dans une moindre mesure. Les jeunes ont intégré ces médias dans la vie quotidienne et leur relative aisance d’utilisation s’est construite par tâtonnement et avec leurs proches. Cependant, ils se révèlent moins compétents qu’ils ne le disent. Ils ont besoin d’aide pour mieux utiliser les médias électroniques et suivre les évolutions de ce marché. L’école, centrée sur les apprentissages techniques et sur la recherche d’information, ne répond que peu aux besoins de convivialité et de divertissement des jeunes, elle encadre et limite les pratiques, spécialisant ainsi les domaines d’application d’Internet. La maison, lieu d’appropriation par excellence, reste le lieu de toutes les expérimentations. SUJET D’ACTUALITE N° 10 LES NOUVEAUX MEDIAS ET LES JEUNES Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 La fracture numérique est moins importante que la fracture sociale. Les jeunes des zones défavorisées, en se sensibilisant de bonne heure aux multimédias, en apprenant des langues étrangères, peuvent, à partir d’une formation informatique qui les motive, accéder aux sciences, aux techniques et à la gestion. L’école peut favoriser ce type de trajectoires. Hypothèse 2 Laissons les jeunes avec leurs téléphones et leurs ordinateurs. Après tout, la recherche du plaisir a toujours été l’apanage des jeunes et les nouveaux médias sont devenus les nouveaux jouets de la jeunesse. Il faut que jeunesse se passe, c’est aux adultes de leur proposer une société qui en vaille la peine et qui donne envie aux jeunes d’accéder à des usages plus utiles. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 140 LA SITUATION EN FRANCE Jeunes de 12 – 18 ans L’utilisation d’Internet s’accroît chez les jeunes de 16 – 18 ans Ce que disent les jeunes L’UTILISATION D’INTERNET Déclarent avoir déjà utilisé Internet 96 % ACTIVITES EN LIGNE LES PLUS REPANDUES Déclarent utiliser quelquefois + souvent + très souvent − Les moteurs de recherche 94 % Tous usages, y compris pour accéder à des sites connus − Le courrier électronique 67 % − La messagerie instantanée Type MSN 69 % en progression − Les salons de chat 32 % en baisse − Le téléchargement 49 % (pour rester en contact avec ses amis) (Musique, logiciels, vidéos, radios) − La création – Les blogs 18 % L’INFLUENCE SUR LES AUTRES MEDIAS − Regarder moins la télévision 43 % − Lire moins qu’avant (livres, BD,...) 28 % (il y a aussi ceux qui lisent davantage) − Ecouter plus de musique 45 % − Les jeux en réseau sont ceux qui fixent le plus les garçons aujourd’hui. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 141 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 11 CE QU’IL FAUT CHANGER POUR OFFRIR PLUS DE CHOIX AUX ADOLESCENTS de niveaux moyens L’ADOLESCENT AU MOMENT DU CHOIX C’est en fin de collège que se fait l’orientation des adolescents vers des filières choisies ou imposées. Une hiérarchie est établie entre les élèves capables de faire des études supérieures et ceux qui entrent dans l’enseignement professionnel. La relation des formations avec l’emploi n’est pas clairement établie pour les élèves de niveau moyen. La rapidité avec laquelle sont prises les décisions d’orientation ainsi que leur caractère définitif surprennent souvent les familles et les élèves. Certitude et incertitude à l’orientation 40 % 30 % 30 % NIVEAUX MEDIANS Élèves les plus faibles ZONE D’INCERTITUDE LP et CFA Etudes générales technologiques professionnelles Formation professionnelle Débouchés en entreprise selon évolution du marché du travail Elèves Q > 110 et bons élèves Bon pronostic pour étude supérieure BAC + 4 PROSPECTIVE et Orientation difficile à réaliser En fonction des acquis scolaires et du comportement en classe, l’équipe pédagogique rédige le « livret scolaire » qui détermine la « cote de chaque élève ». Ainsi, le destin des adolescents se joue au collège dans un cadre collectif qui ne tient pas compte des évènements graves traversés lors de l’adolescence (conflit familial grave, accident, décès, maladie longue, problèmes financiers...), qui ne donne pas de nouvelles chances à ceux qui ont connu une baisse scolaire prolongée, aux jeunes des populations défavorisées qui ont besoin d’une scolarité assistée (soutien scolaire, diagnostic et toute forme d’accompagnement individuel...) OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 142 L’adolescent n’a pas droit à l’erreur. Certains élèves ont besoin de 5 ans pour réussir le collège, avec un accompagnement individualisé, alors que pour d’autres, cela se fera en 4 ans maximum et dans une formule où la famille apporte un complément. De 12 à 16 ans, l’adolescent ne vit pas le temps comme un adulte. Doit-on pour autant l’écarter des « meilleures filières » ? A la fin du collège, les élèves les plus aptes aux formations abstraites vont être orientés vers le lycée GT (37 % en général, 21 % en technologique, au total 58 % d’une classe d’âge). La filière GT est considérée par le milieu scolaire comme la seule qui permette de réussir sa vie. Au niveau des catégories socioprofessionnelles, le nombre de cadres et de professions intellectuelles est stable en France : − 15 % de cadres et métiers intellectuels nécessitent des études supérieures. Ce qui veut dire qu’à la sortie de leurs études, seulement 1 étudiant sur 4 au lycée GT atteindra l’objectif professionnel proposé par l’institution. − 23,2 % de professions intermédiaires dont la moitié seront originaires des BAC Techno, BTS et d’horizons divers. − 20 % des jeunes du lycée GT (80 000 jeunes/ an) se retrouvent employés, ouvriers ou sans emploi, le plus souvent sans formation professionnelle qui pourtant aurait été plus efficace pour leur projet professionnel. Cette recherche d’adéquation diplômes-débouchés (qui reste floue) est aujourd’hui la principale source d’inquiétude des adolescents. Actuellement, rien n’est prévu au lycée pour ajuster les réalités de l’emploi aux études théoriques et ce sont donc les impératifs de l’emploi qui vont transformer l’école, à terme. Si l’on ne fait pas partie du premier tiers au collège, il peut être préférable de choisir une filière professionnelle. L’image de cette filière s’améliore chaque année et elle va s’adapter de plus en plus aux élèves moyens qui désirent une éducation plus concrète pour occuper un emploi qualifié. QUE VA CHANGER LA MISE EN APPLICATION DU SOCLE COMMUN DE CONNAISSANCES ET DE COMPETENCES ? 1ère hypothèse : les bons élèves du collège destinés aux LGT vont satisfaire aux différentes évaluations du socle commun de connaissances et de compétences. Ces évaluations pourront se combiner avec le brevet du collège, le B2i... et améliorer ainsi l’homogénéité des programmes scolaires. (Age d’entrée en seconde : 15 ans) 2ème hypothèse : pour les élèves en retard de 1 ou 2 ans qui sont destinés à l’enseignement professionnel (LP et CFA), c'est-à-dire qui entrent en 1ère CAP, 1ère BEP, à 16 ans et plus (fin de la scolarité obligatoire). Il faudra proposer un socle commun différent, moins théorique avec des repaires plus concrets, ou faut-il prévoir en fin du collège une année de rattrapage pour certains adolescents, ceux qui ont besoin de plus de temps pour assimiler le socle commun ? OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 143 En 2008, la mise en application du socle commun de connaissances et de compétences devrait apporter des réponses à ces questions, tout en rappelant que c’est l’enseignement professionnel qui a le plus besoin du contrôle de niveau des élèves à la sortie du collège et à la fin de la scolarité obligatoire. LE ROLE DE LA PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE Actuellement, les élèves du collège ne bénéficient pas systématiquement des avantages de la psychologie scientifique, à la différence des pays européens et anglo-saxons. Les tests actuels, utilisés par les professionnels, permettent de mesurer l’intelligence avec une précision satisfaisante, en particulier les TESTS de QI mis en œuvre par les professionnels. A côté du « livret scolaire » qui donne aux orientateurs et professeurs principaux des indications sur les acquis scolaires et sur le comportement en classe, il manque à l’orientation des indications objectives sur le potentiel mental des adolescents. QI Général = QI verbal + QI de performance Aujourd’hui, une jeune au QI de 95, s’il est orienté en LGT, risque de rencontrer des difficultés – et d’en souffrir – pour faire des études abstraites destinées à des potentiels plus élevés (QI de 110 nécessaire pour le BTS et l’université). A l’inverse, un jeune avec un QI de 110 risque de rechercher un parcours scolaire plus performant s’il entre dans l’enseignement professionnel (QI de 70 à 95). OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 144 11 - 1 LA SITUATION ACTUELLE L’enseignement supérieur, un objectif majoritaire Rappels sur le QI En France, l’orientation massive à la fin du collège n’utilise pas systématiquement d’outils psychotechniques modernes dans le but d’avoir une indication sur le potentiel général des jeunes, ainsi que sur certaines de leurs aptitudes. A la logique de mesure universelle, avec des moyens scientifiques, l’Education Nationale, oppose la « logique de bilan », c’est-à-dire que l’on vise au maintien de l’institution et de l’ordre avant toute hypothèse de changement. Le quotient intellectuel ou QI Le QI qui est un test d’intelligence générale, c’est-à-dire du Facteur G, est utilisé depuis près d’un siècle. Il s’agit de la mesure d’une caractéristique biologique. Le QI ne se mesure pas directement, comme si l’on mesurait la taille d’un jeune, mais indirectement, par exemple celle de quelqu’un au travers de son ombre portée sur un sol inégal. Avec l’avancement des tests et de la qualité des méthodes de passation individuelle, la fiabilité des tests de QI est élevée. En France, ce type de test ne peut se passer qu’auprès d’un psychologue diplômé. Le QI classique et l’âge mental sont les critères les plus utilisés pour le classement des individus. Nous utiliserons, dans cette étude, le QI Wechsler qui a été étalonné en France avec une moyenne de 100, écart type de 15. LA DISTRIBUTION DES ELEVES (à la fin du collège) A partir d’une courbe de Gauss (ou en cloche), nous simulons la distribution des élèves après le collège. Ces tableaux doivent être pris avec prudence et être considérés comme des éléments d’aide à la réflexion. Lycée général QI de 105 à 145 Lycée techno QI de 95 à 105 LP et CFA QI de 70 à 95 34,13 % 34,13 % 13,59 % 13,59 % LP 2,15 % Techno 2,15 % LG CFA 0,13 % 0,13 % 0,13 % Spécial Ecart -3 -2 -1 0 +1 +2 +3 QI 55 70 85 100 115 130 145 OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 145 INTERPRETATION SIMPLIFIEE DE LA COURBE DE GAUSS Les QI et leurs références 85 100 115 130 − − − Plancher de la normalité Formation professionnelle (70 à 95) Normal Plafond de la normalité – Licence universitaire QI élevé : 3ème cycle, Grandes écoles Les catégories centrales, QI de 85-115 représentent 68 % de jeunes. C’est ici que le choix d’orientation est le plus difficile à réaliser car les profils sont semblables. Les niveaux supérieurs, QI > 115, sont en nombre limité (16 %). Les QI < 70 demandent une pédagogie spéciale. Ils ne représentent que 3 % des jeunes. Répartition actuelle Filières Estimation moyenne Lycée général ................................ Lycée technologique ............... 37 % 21 % QI de 105 QI de 95 à 145 à 105 Total LGT 58 % QI de 95 à 145 Lycée professionnel ............... CFA ................................................ 28 % 14 % QI de 70 (Actuel) à 95 10 % des effectifs LGT en dessous de QI 100 42 % COMPARAISON ENTRE ORIENTATION ET CATEGORIE PROFESSIONNELLE Tant que les adolescents auront confiance dans les diplômes qu’ils préparent et dans les débouchés liés à leurs études, ils accepteront les contraintes de leur métier d’apprenant. Actuellement, ce sont les adolescents du LGT qui doutent de plus en plus des promesses qui leur sont faites. Au lieu d’analyser le marché et d’en tirer une ligne de conduite, certains élèves font le choix de la protestation. 42 % Flux d’origine Lycée général 37 % Techno 21 % Lycée Pro 28 % CFA V et IV 14 % Enseignement supérieur Cadres et professions intellectuelles 15 % Professions intermédiaires Agents de maîtrise Techniciens 23.2 % Ouvriers 23.9 % Agricul. Artisan Commerç. Gérant Employés 29.1 % 9% Catégories socioprofessionnelles : constantes : 15 % cadres et 50 % d’employés et d’ouvriers OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 146 CE QU’IL FAUT CHANGER POUR AIDER LES JEUNES A BENEFICIER DE PLUS DE CHOIX La question qui nous a été posée : que peut-on faire pour donner plus de choix aux adolescents, tout en veillant à ce que ces nouveaux choix débouchent sur des solutions efficaces au niveau de l’insertion ? Voici les différentes solutions que nous proposons pour donner plus de souplesse au système scolaire actuel : 1. Redécouper l’offre scolaire - Les affectations après le collège En orientant près de 60 % des jeunes vers le lycée GT, c’est environ 10 à 20 % des jeunes qui seront en difficulté scolaire et qui vont sortir du lycée et de l’université sans qualification. Par ailleurs, le niveau des diplômes doit être respecté pour préserver l’entrée dans l’enseignement supérieur et les besoins nationaux en matière grise. (Voir détails dans le prochain chapitre) 2. Introduire plus de souplesse au collège auprès des élèves moyens L’adolescence est une période difficile pour certains et qui peut demander un diagnostic suivi d’un accompagnement individualisé avec plus de temps à consacrer aux études. Le droit à l’échec, le droit à une nouvelle chance, le droit au soutien scolaire... sont autant d’éléments à mettre en place pour les adolescents au collège et en particulier les sujets moyens qui ont des potentialités évidentes. 3. Améliorer l’image de l’enseignement professionnel auprès des enseignants, des élèves et des parents Ce type d’action de communication vient d’être pratiqué au niveau de l’apprentissage, avec un succès indéniable. Les principaux points à améliorer sont : • Le niveau V, avec le BEP dont l’orientation se fait le plus souvent par défaut et dont la sortie après deux ans est souvent confuse. Mieux connaître l’insertion de ces jeunes. • Le niveau IV, c’est-à-dire l’échelon BAC PRO. Ce diplôme doit garder sa bonne image, afin que les élèves de ce niveau ne doutent ni de la valeur du diplôme, ni des débouchés qu’ils procurent au niveau de l’emploi. Le manque de confiance dans ce diplôme porterait un rude coup aux lycées professionnels dans leur ensemble. • Un nouveau niveau III professionnel, pour crédibiliser les possibilités d’évolution par l’enseignement professionnel. − Création de nouveaux diplômes en BAC PRO + 1 et BAC PRO + 2 comparables au BTS, mais avec une partie théorique moins difficile (type brevet de maîtrise). • Bien entendu, les lycées GT pourraient créer des sections professionnelles, à côté de leurs sections technologiques. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 147 4. Les passerelles LGT ↔ EP Augmenter et assouplir le système actuel des passerelles : − En seconde du LGT, c’est à ce niveau qu’il y a le plus de « sortants » (5%). − A l’université − Pour les élèves en fin de scolarité obligatoire, à qui il faut sans doute faire prendre conscience des différences existant entre scolarité obligatoire et scolarité volontaire. A seize ans, c’est à l’adolescent, de choisir son orientation, de l’assumer ou de quitter l’école. 5. (sorties importantes dans certaines spécialités). Les élèves qui sont sortis sans qualification et sans diplôme Le dispositif actuel n’est pas assez systématique et il ne conduit pas forcément à l’emploi. Il serait souhaitable de mettre en place des « préformations » pour leur permettre de s’inscrire dans une nouvelle formation professionnelle. Voir 3ème partie Fiche n° 12 – Les nouveaux métiers de la pré-formation professionnelle 6. L’influence des nouveaux médias Actuellement la « fracture numérique » serait moins importante que la « fracture sociale ». En d’autres termes, il y aurait le même pourcentage de membres utilisateurs des nouveaux médias, surtout Internet, dans les classes défavorisées (ouvriers, employés) que dans les classes favorisées. Certes, ce type de médias est utilisé pour la convivialité et le divertissement, et encore faiblement pour les recherches, la culture et l’étude. Les jeunes, motivés pour utiliser ce type de « médiateur » pour faire leurs études restent ouverts aux filières professionnelles et technologiques. Pour les jeunes de niveau moyen, et quelle que soit leur origine sociale, la pratique intense des nouveaux médias peut être utile dans les formations scientifiques, techniques, informatiques et à la gestion. Un bon moyen de proposer des choix nouveaux aux adolescents passionnés par le numérique. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 148 11 - 2 VERS UNE NOUVELLE DISTRIBUTION, MODIFICATION DES NIVEAUX MEDIANS Scénario fiction La majorité des jeunes (58 %) sont orientés vers un lycée GT et pensent avoir ainsi un meilleur métier et une qualification leur assurant un emploi. Aujourd’hui, c’est une représentation moyenne de la population qui entre au lycée GT, et non plus seulement la partie supérieure de cette population. C’est ainsi que l’on peut expliquer la baisse de niveau des examens, l’échec important des premières années de l’université et un défaut de qualité des emplois proposés. Les manifestations de lycéens en 2005 confirment ce point. Par ailleurs, un grand nombre d’élèves de lycée GT reconnaissent avoir des difficultés à étudier, notent une forte pression scolaire et ressentent une réelle complexité pour les études théoriques. Ajoutons que certains adolescents peuvent rencontrer des difficultés sur le plan personnel ou familial, ce qui peut être un frein à des études d’un niveau élevé. La demande actuelle de matière grise qui est formulée par l’université concerne des étudiants de niveau élevé dans les matières scientifiques et techniques. Dans ce chapitre, nous allons proposer une nouvelle répartition, en rétablissant à 50 % au lieu de 58 % la part du LGT. La catégorie de jeunes au LGT redevient la moyenne supérieure et de façon simplifiée les élèves de Techno auraient un QI de 100 à 110, ceux de l’enseignement général un QI de 110 à 145, ce qui correspond bien aux besoins de l’enseignement supérieur long (25 %). Nouvelle distribution, en fin de collège Echantillonnage 34,13 % LGT 34,13 % 13,59 % 13,59 % français WECHSLER LP LP 2,15 % Techno 2,15 % LG CFA 0,13 % 0,13 % 0,13 % Spécial Ecart -3 -2 -1 0 +1 +2 +3 QI 55 70 85 100 115 130 145 Nouvelle répartition BAC général 28 % QI de 110 et plus BAC techno 22 % QI de 100 à 110 Total 50 % LP CFA 30 % 18 % QI de 70 à 100 Total 48 % Enseignement spécialisé 2,5 % Il devient nécessaire de raisonner en fonction du niveau moyen des jeunes, c’est-à-dire des QI moyens de 85 à 115 qui représentent 68,4 % d’une classe d’âge, avec des choix d’orientation plus difficiles à effectuer. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 149 LA NOUVELLE MENTALITE DE LA JEUNESSE Tournés vers leur vie personnelle et en groupe, les adolescents de 14 à 17 ans vont-ils faire les efforts nécessaires et mettre en place une méthode de travail afin de réussir leurs études ? Ce qui est vrai pour les jeunes qui ont le profil pour réussir des études supérieures longues (30 %), ne l’est pas pour la moyenne des jeunes. C’est donc autour de la moyenne qui regroupe les 2/3 d’une classe d’âge (QI de 85 à 115) qu’il faut apporter des changements dans l’orientation actuelle. Dans de nombreux cas, la différence entre un jeune qui entre en seconde et un autre qui entre en 1ère BEP se fait sur le niveau social des familles, car c’est le niveau verbal qui va créer la différence. En résumé : Le taux de 8 % de glissement que nous avons choisi pour notre simulation permet d’améliorer sensiblement le niveau des élèves du LGT et donc, à terme, leur réussite. Il permet aussi de relancer l’enseignement professionnel qui est le seul capable d’offrir à des jeunes de niveau moyen des études plus motivantes, un emploi à terme et la possibilité de poursuivre leurs études qui débouchent sur les professions intermédiaires (voir schéma ci-dessous). NOUVEAU DIAGRAMME : LYCEES ET EMPLOIS OCCUPES 48 % Flux d’origine Lycée général 28 % Techno 22 % Lycée Pro 30 % CFA V et IV 18 % Enseignement supérieur Cadres et professions intellectuelles 15 % Professions intermédiaires Agents de maîtrise Techniciens 23.2 % Ouvriers Employés Agricul. Artisan Commerç. Gérant 23.9 % 29.1 % 9% CONCLUSION Cette nouvelle répartition réduit l’échec pour les élèves du LGT, avec l’objectif d’améliorer le niveau actuel pour les universités. Les lycées GT pourront ouvrir des sections professionnelles pour les élèves moyens. En créant un nouveau diplôme professionnel après le BAC PRO, cela donnerait une nouvelle image plus égalitaire pour les jeunes et un accès facilité aux professions intermédiaires. Les nouveaux débouchés de niveau élevé pour les BAC G sont dans l’informatique, la gestion, les sciences et les techniques. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 150 SUJET D’ACTUALITE N° 11 CE QU’IL FAUT CHANGER POUR OFFRIR PLUS DE CHOIX AUX ADOLESCENTS DE NIVEAUX MOYENS Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 Si l’on reste dans la fatalité actuelle, il faut accepter les défauts importants du système scolaire : − Un nombre très élevé (150 000) de jeunes qui sortent de la filière principale LGT + Université sans qualification. − Un lycée professionnel où l’image des diplômes est à la baisse et où l’insertion professionnelle aurait avantage à être soutenue. − Un CFA à qui l’on refuse des élèves de niveau plus élevé pour faire face à la demande des entreprises. Hypothèse 2 Qu’est ce qu’il faut changer d’abord ? − La répartition des élèves à la fin du collège en tenant compte des besoins de l’économie en jeunes de niveau moyen. − La fin d’un système où l’élève est catalogué dès ses 14 ans : intellectuel, indéterminé, manuel. Les indéterminés sont à diriger vers une pré-formation qui leur permettra de se réconcilier avec les études et où ils vont apprendre, avec le temps, quel genre de métier ou de filière peuvent leur convenir et surtout les aider à s’engager vers un métier qui les intéresse. Il existe plus de 100 000 indéterminés chaque année, et il est bien difficile de privilégier dans tous les cas la formation théorique pour les mettre en attente. Hypothèse 3 Qui aura du travail demain ? La répartition des critères socioprofessionnels varie peu : 15 % de cadres diplômés et 50 % d’employés et d’ouvriers. C’est donc la voie médiane qui apporte le plus de solutions aux jeunes (cadres intermédiaires – indépendants – employés/ouvriers). Le marché du travail est à approfondir sur le plan régional car les jeunes se déplacent peu. Les jeunes des lycées GT qui ont des difficultés à poursuivre des études théoriques en LGT prépareraient mieux leur avenir en suivant une filière professionnelle. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 151 3ème partie SUJET D’ACTUALITE N° 12 LES NOUVEAUX METIERS DE LA PRE-FORMATION PROFESSIONNELLE (Elèves sortis de la scolarité) Pré : avant une formation, phase de transition Certes, il est préférable d’accompagner les adolescents qui se trouvent placés face à des difficultés pendant la période scolaire. Mais, si l’élève a du mal à suivre le mouvement général, il va décrocher. Il lui faudra trouver une « nouvelle chance » qui viendrait de l’extérieur. Généralement, il est rare que l’élève-sortant arrive seul à reprendre un cycle scolaire. Ce sont les métiers de la pré-formation qui vont l’aider en quelques mois à retrouver la confiance et les bases nécessaires à une nouvelle formation ou à une nouvelle orientation. Les métiers de la pré-formation ne sont pas encore suffisamment répandus auprès des jeunes qui désirent reprendre leurs études. Certains grands établissements mettent en place des classes de pré-formation, mais la partie la plus importante du chemin reste à faire pour banaliser ces pratiques. LA FACULTE DES METIERS DE L’ESSONNE, UN DEBUT DE DEVELOPPEMENT Ce campus de construction récente accueille un nombre élevé d’apprentis et de jeunes en formation professionnelle. Une unité sous la responsabilité de Martine de FILIPPIS est chargée de la création de programmes spécifiques et de leur mise en application pédagogique. La recherche et l’évaluation des candidats sont assurées par les Missions locales de la proximité. Chaque année, plusieurs centaines de jeunes se portent volontaires à la préformation, dans le centre de la Faculté des Métiers. Ces formations peuvent s’exercer dans le cadre de la formation professionnelle ou en amont de l’apprentissage. 1. LA PRE-FORMATION DANS LE CADRE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE (FPC) Elle concerne les jeunes de 16 à 26 ans qui, après une période d’interruption, vont chercher à obtenir une qualification dans le cadre du contrat de professionnalisation. La Faculté des Métiers de l’Essonne a développé, en partenariat avec des entreprises, une formation en alternance qui accueille des niveaux VI et V à la recherche d’un contrat de professionnalisation. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 152 Réalisations en 2005-2006 Accueil de 160 élèves dans le cadre d’une formation alternée, le tiers des jeunes étant composé de primo entrants. Pré-formation Niveau VI et V : 4 mois en scolarité et 4 à 6 mois en entreprise A l’issue de cette formation spécifique, les responsables de la formation négocient pour les jeunes des contrats de professionnalisation afin de leur assurer une formation qualifiante rémunérée (12 à 18 mois). Le processus de prise en charge des jeunes en difficulté scolaire dans le cadre de la formation professionnelle (FPC), qui s’effectue en quelques mois (voire un an), est actuellement bien maîtrisé dans la Faculté des Métiers de l’Essonne. Il existe une autre filière qui utilise des méthodes différentes pour l’apprentissage. 2. PRE-FORMATIONS EN AMONT DE L’APPRENTISSAGE L’apprentissage, depuis de nombreuses années, propose un dispositif de pré apprentissage : − Les CLIPA : pour les élèves de 14 ans qui doivent être guidés dans le choix d’un métier et qui ont besoin d’une rescolarisation importante. − Les CPA (classe de pré apprentissage) dès l’âge de 15 ans Ces classes ont pour but de consolider les élèves dans le choix d’un métier tout en renforçant leurs bases scolaires. Ces élèves ont une à deux années de retard mais l’adaptation à l’apprentissage se réalise dans de bonnes conditions. Les effectifs de CPA/ CLIPA en France 9000 élèves en CPA pour 1000 en CLIPA, ce qui confirme le rôle marginal des CLIPA. Aujourd’hui, les CPA qui servent de base au pré-apprentissage se réalisent dans le cadre d’une alternance stable. A noter que les jeunes des CPA choisissent leur métier au départ et restent en alternance toute l’année. Ils présentent des garanties au niveau de leur fidélité au CFA, car ils pourront s’inscrire en CAP la 2ème année, et dans une entreprise. Le pré apprentissage à la Faculté des Métiers Depuis la rentrée 2006, 5 classes de CFA (100 élèves) fonctionnent selon les programmes officiels au sein de la Faculté des Métiers. Dans le cadre du niveau VI, l’unité de pré-formation a créé 2 classes supplémentaires destinées à aider une quarantaine de jeunes d’origines diverses à intégrer l’apprentissage à 16 ans. Pour ces élèves comme pour ceux des CPA, la pré-formation s’étale sur une année en alternance. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 153 La pré-formation a pour rôle de régler les problématiques les plus difficiles, de socialiser et d’apporter à chaque jeune les bases dont il a besoin, avec l’objectif d’entrer en apprentissage. Ces formations demandent plus de souplesse et plus de temps que pour les formations standards. Les métiers de la pré-formation qui se rapprochent de l’accompagnement individuel demandent un savoir-faire spécialisé. L’activité de pré-formation, en se développant, permettra de produire un vivier et de faire ainsi l’appoint au recrutement du CFA. Aujourd’hui, l’unité de pré-formation de la Faculté des Métiers s’intéresse aux niveaux VI et V, traitant ainsi un flux d’environ 300 jeunes par année. De plus, ce pôle d’accès pourrait s’ouvrir dans les prochaines années aux adolescents de 16 à 20 ans qui sont sortis du lycée sans qualification. 3. LA PRE-FORMATION DES NIVEAUX IV ET III Le marché de la réinsertion des jeunes sortis du lycée et de la 1ère année d’université est à la fois important et crédible, car le niveau général de ces jeunes trouvera au sein de la formation professionnelle les moyens pour rebondir. Dans la 2ème partie de l’étude, en page 67, nous proposons un tableau qui regroupe les principaux flux de sortants qui mériteraient d’être traités avec des moyens spécialisés et une pédagogie en alternance. Etant donné l’expérience de la Faculté des Métiers, les flux suivants peuvent être la base de nouvelles activités. Segments du marché de pré-formation professionnelle Les flux réguliers Formation professionnelle Apprentissage − − 2ème LGT (et 1ère) Terminale BEP (diplômé ou non) CQP BAC PRO en 3 ans − Terminale LGT (20 % n’obtiennent pas le BAC) CQP BTS en 3 ans − 1ère année d’université CQP BTS NORMAL Actuellement, différents établissements proposent aux jeunes des solutions de réinsertion. Il reste, cependant, la nécessaire mise en place de moyens à la taille des besoins de ces adolescents qui souhaiteraient la possibilité d’un nouveau départ. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 154 Dans le cas d’un établissement scolaire important, le processus de préformation fait appel à différents savoir-faire : − La recherche des jeunes et le recrutement : le plus souvent avec les Missions locales. Progressivement, la recherche directe se développera en synergie avec les autres besoins du Centre de formation. − Des programmes et des pédagogies adaptés à ce type de jeunes ainsi que des moyens modernes (ordinateurs, labos de langues, méthodes pédagogiques...). − La mise en place de l’alternance qui passe par l’existence d’un réseau d’entreprises. Le placement en entreprise, la contractualisation, le suivi des jeunes par leurs tuteurs... sont autant de pratiques qui sont en place dans les grands CFA. − L’assistance à l’insertion des jeunes après la pré-formation : la durée de la phase de transition varie de 6 à 10 mois. Le jeune est pris en charge par les responsables pédagogiques avec des objectifs d’insertion : conclure un contrat de qualification, signer un contrat d’apprentissage, éventuellement insérer directement le jeune en entreprise pour répondre à ses besoins financiers immédiats. Le rôle essentiel de la pré-formation apparaît d’abord comme une prise en charge de jeunes sortis du système éducatif en leur proposant des moyens et des programmes orientés vers la réussite d’une période de transition. La Faculté des Métiers, en misant sur ces pédagogies innovantes peut aussi trouver une amélioration de son recrutement général qui est d’environ 1200 jeunes par an. SUJET D’ACTUALITE N° 12 LES NOUVEAUX METIERS DE LA PRE-FORMATION PROFESSIONNELLE Hypothèses d’évolution Hypothèse 1 La préformation professionnelle au service des élèves en difficulté des collèges, ou des primo entrants, est une action sociale qui va dans le sens du socle commun des connaissances et des compétences. Les entreprises et la société ont besoin de ce type de personnels. Hypothèse 2 Il ne faudrait pas oublier, pour autant, les 100 000 à 150 000 jeunes, le plus souvent originaires du LGT et de l’université, qui se retrouvent sans qualification et sans emploi. L’étude des sortants du système scolaire, qui est source de souffrance et d’inégalité pour les jeunes, mériterait d’être réalisée sur le plan national afin de montrer l’importance de cette problématique et de proposer des solutions modulaires en fonction des flux et des niveaux. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 155 4ème PARTIE PROPOSITIONS POUR AMELIORER L’INTEGRATION DES ADOLESCENTS EN MILIEU SCOLAIRE Le chef d’établissement garant de l’intégration des adolescents et des incidents rencontrés Accueil et formation des entrants Répondre aux besoins d’assistance des adolescents OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 156 4ème partie Chapitre 1 LE CHEF D’ETABLISSEMENT, GARANT DE L’INTEGRATION DES ADOLESCENTS et des incidents rencontrés Nous l’avons constaté récemment, les chefs d’établissement sont submergés de demandes d’assistance à l’occasion de multiples difficultés et incidents rencontrés avec les adolescents. Comme pour la vie scolaire, seul le chef d’établissement pourra mettre en œuvre un dispositif et des méthodes afin de définir le rôle de chacun envers les adolescents. QUELLES VONT ETRE LES RAISONS PRINCIPALES D’INTERVENTION AUPRES DES ADOLESCENTS ? − Incivilités répétées, élèves perturbateurs − Résultats scolaires insuffisants − Crise familiale − Problèmes de santé, psychopathologie, dépression (suicide) − Accidents à répétition − Addictions, principalement l’alcool et les drogues − Problèmes psychologiques, problèmes familiaux et sentimentaux − La violence, la délinquance juvénile − Difficultés scolaires, absences − Etc. Le chef d’établissement qui est directement concerné par les problèmes les plus graves manifestés par les jeunes doit mettre en place des services chargés d’écouter et de proposer des solutions aux adolescents en plein changement. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 157 L’USAGE DES MOTS Les déviances La violence Comportements qui échappent aux règles admises par la société. Les déviances qui inquiètent le plus : la toxicomanie et les conduites suicidaires associées, la dépression, le mal être, la fugue. Le mal être, au lieu d’être contenu explose en perturbant gravement le climat de l’établissement. La violence va souvent de pair avec la délinquance : vol, vols avec revente, racket, deal de la drogue. Les incivilités Les problèmes de santé Nécessité d’un bon partenariat avec une infirmière et un médecin. Le plus souvent certains comportements perturbent la classe. Les CPE connaissent bien la limite qui sépare les déviances des incivilités. CPE et infirmières peuvent aider le proviseur à prendre en charge les jeunes qui ont besoin d’un suivi transitoire. LE DOMAINE DE NOTRE ETUDE L’un des objectifs de départ de l’étude était d’étudier l’adolescent « normal » afin de rester dans le cadre d’une étude scolaire unique. Le déroulement de l’étude nous a obligés à tenir compte de pratiques marginales que nous représentons dans le tableau ci-après : Etude adolescent en milieu scolaire MARGE 1 15 % Les banlieues (ZUS) Filière spécifique selon les territoires La marge sociale permanente 5% LE CANAL MEDIAN Adolescent normal MARGE 2 70 % DES ADOS DEVIANCES QI de 85 à 115 VIOLENCE L’enseignement professionnel et les lycées GT manque de motivation pour l’étude INCIDENTS La massification de l’enseignement, qui a propulsé de nouvelles populations, principalement dans les LGT, a généré dans le second degré un cumul de comportements à risques et de jeunes ayant des difficultés familiales. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 158 LE CHOIX DE LA STRATEGIE D’ASSISTANCE AUX ADOLESCENTS EN TENSION − Certains établissements développent des moyens permanents de prévention, tout en proposant un « lieu de conseil ». Le plus connu est le Comité d’Environnement Social (CES), qui est constitué de cellules d’écoute et de dialogue. Les CES débouchent sur des actions modestes à la portée d’un établissement scolaire, et leurs vacations consistent principalement à un accompagnement préventif. − D’autres établissements se dotent d’une politique de prévention et d’un dispositif faisant appel à des possibilités d’aides internes ou externes. LE PLAN DU DISPOSITIF CONSEILLE AUX ETABLISSEMENTS DU SECOND DEGRE 1. Accueil renforcé et formations des entrants dans les classes d’arrivée : 2ème du LGT, 1ère BEP et 1ère CAP 2. Mise en place d’un dispositif d’assistance au niveau de l’établissement qui permet de détecter les adolescents qui ont des difficultés d’adaptation, de mettre en place une prévention permanente et de les aider individuellement. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 159 4ème partie Chapitre 2 ACCUEIL RENFORCE ET FORMATION SPECIFIQUE DES ENTRANTS Nous avons rencontré des chefs d’établissements qui ont fait l’effort de mieux organiser l’accueil des jeunes provenant du collège en y ajoutant quelques séances de formations spécifiques. En général, cette opération améliore instantanément « l’intégration » des jeunes et leur comportement paraît plus assuré. Nous allons rappeler quelques points sur cette séquence qui est mise en place, le plus souvent en septembre. OUTILS DE COMMUNICATION Livret d’accueil, site Internet, plan des lieux MODULES DE FORMATIONS SPECIFIQUES (LP ET CFA) Module 1 – Présentation générale ½ journée Présentation de l’établissement Différences entre lycée et collège Les nouvelles obligations au lycée : ponctualité, assiduité, respect, politesse... Rappeler que l’école n’est pas obligatoire après 16 ans et que ceux qui y restent en ont fait le choix L’orientation : rappeler aux élèves qui ne sont pas satisfaits de leur orientation qu’ils ont la possibilité de changer de suite de spécialité Visite de l’établissement Module 2 – Professeur principal 1 à 2 heures La philosophie de l’école, ses valeurs Les programmes, l’organisation des cours, la vie scolaire Le règlement intérieur qui doit être lu et signé par les élèves Les perspectives de leur formation, les diplômes de CAP / BEP et BAC PRO Le marché local du travail Module 3 – CPE et mise en place de la vie scolaire 1h Faire le point sur la vie scolaire Règlement intérieur Réponses aux questions OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 160 4ème partie Chapitre 3 MISE EN PLACE D’UN DISPOSITIF ASSISTANCE afin de répondre aux besoins des adolescents − Le chef d’établissement peut mettre en place des outils de communication destinés aux élèves, aux enseignants et aux parents, avec des thématiques tournées vers une image positive de l’adolescence. Ce sera aussi le moyen d’aborder la prévention sur les comportements à risque ainsi qu’une information sur la citoyenneté. − Une bonne connaissance de l’architecture de l’établissement sera également utile : organisation des déplacements, régulation des flux, lieux et heures qui engendrent des comportements hors normes. LE DISPOSITIF D’ASSISTANCE LE CHEF D’ETABLISSEMENT ESPACE SANTE Infirmerie, Médecin ASSISTANTE SOCIALE SOCIALE PREVENTION CPE ou responsable pédagogique ANIMATIONS ASSOCIATIONS LE SPORT et la vie des clubs LES ASSOCIATIONS EXTERIEURES ET LEURS SPECIALITES Addictions (drogues, alcool, tabac) Les accidents répétés Psychologues : diagnostic et accompagnements, confiance en soi, problèmes psychologiques Délinquance juvénile Dépression, mal être, suicide L’hygiène de vie, la santé L’environnement Le soutien scolaire La relation avec les familles La sexualité, la contraception, MST La violence L’aide aux victimes, le secourisme L’emploi local, la recherche d’emploi etc... OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel Voir fiches : - Espace Santé n° 4 - Le rôle des CPE n° 5 161 CONCLUSION GENERALE Si l’on désire améliorer la vie des adolescents de 15 à 20 ans de l’enseignement professionnel – population d’un million de jeunes – il faut partir de son origine, c’est-àdire de la génèse de cette catégorie par l’orientation officielle à la fin du collège. Alors que la majorité des élèves du collège qui entrent au lycée GT sont considérés comme la « seule voie pour réussir », plus de 300 000 jeunes considérés comme limités sur le plan des études théoriques, ou pas assez calmes pour résider en classe vont être « orientés par défaut » vers les lycées professionnels et l’apprentissage. Cette dichotomie de la jeunesse effectuée avec des moyens d’une fiabilité relative risque de créer à terme un grave préjudice aux élèves de niveau moyen qui sont faibles pour le lycée GT et plus adaptés aux filières professionnelles. Avec l’évolution des métiers qui fait la part belle à l’enseignement professionnel, l’emploi des jeunes est menacé dans son ensemble si le niveau d’accès aux filières professionnelles est trop bas et si les jeunes qui en sortent ne correspondent pas aux besoins des entreprises. Dans le cadre de notre étude sur l’adolescence dans l’enseignement professionnel, nous allons rappeler les points que l’institution scolaire, dans son ensemble, doit améliorer. LES POINTS A AMELIORER DANS LE SYSTEME SCOLAIRE POUR AIDER LES ADOLESCENTS DES FILIERES PROFESSIONNELLES 1. L’orientation à la fin du collège : − Les jeunes qui sont destinés à l’enseignement professionnel, et pour qui l’accès à l’emploi sera facilité par rapport aux filières générales, ont le droit au respect. C’est aux enseignants du collège et aux COP de mettre en place une image positive pour cette population. − Changer l’état d’esprit et les méthodes d’évaluation des jeunes qui ne doivent pas seulement reposer sur le niveau verbal. Qui peut faire la différence entre les élèves les plus faibles du lycée GT et les élèves les plus forts qui entrent au lycée professionnel ou en CFA ? − Actuellement, la voie médiane, QI de 95 à 105, représente 80 000 jeunes chaque année. C’est pour ce niveau qu’il faut revoir les méthodes de l’orientation, car de plus en plus ce sont les élèves les plus faibles du lycée GT qui vont connaître des difficultés d’insertion, à la suite d’un échec possible au BAC ou de difficultés au début de l’enseignement supérieur. Chaque année, près de 80 000 jeunes ratent les BAC LGT. 2. La motivation et l’attractivité pour les formations professionnelles doivent être considérablement développées. Les moyens qui ont été utilisés pour réévaluer l’image de l’apprentissage, ces dernières années, sont à prendre en exemple. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 162 3. Si le défaut d’orientation du jeune est aggravé par une affectation d’office par l’académie, le lycée professionnel et le CFA devront pouvoir corriger ce type d’erreur d’aiguillage. Dès la rentrée de septembre, il faut conseiller aux jeunes qui ne sont pas satisfaits de leur orientation, de faire un autre choix. C’est encore possible. 4. Le rôle essentiel de la communauté scolaire : Notre société est en mutation et il n’est pas toujours possible d’assurer aux jeunes que les métiers qu’ils ont choisi déboucheront automatiquement sur une insertion de qualité. Il est donc essentiel de réussir la vie de la communauté qui apportera aux jeunes « les règles et les valeurs » pour leur permettre d’étudier dans de bonnes conditions et d’acquérir le goût de la formation pour toute la vie. 5. Il faut bien se rappeler que les jeunes de niveau V sont des mineurs qu’il faut « contrôler » en permanence. La « majorité » qui apporte une meilleure socialisation et de la maturité chez les adolescents correspond aux classes terminales à partir de 18 ans. 6. La scolarité après 16 ans : Il paraît nécessaire de rappeler aux adolescents mineurs que la scolarité obligatoire se termine à 16 ans. Passé cet âge, c’est l’adolescent qui choisi de poursuivre ses études. Il devient donc un élève volontaire qui ne subit d’aucune façon la scolarité et les orientations qui sont devenues les siennes. 7. Il est normal que les adolescents de l’enseignement professionnel rencontrent plus de difficultés et de problèmes que les adolescents du lycée LGT. Il faut donc se doter de moyens de prévention, de diagnostics et d’intervention pour faire face aux problématiques courantes qui vont être plus fréquentes. Il serait souhaitable de créer plus de postes de personnels non enseignants pour gérer cette particularité des adolescents qui ont besoin d’accompagnements individuels. 8. L’institution scolaire devrait se doter d’une organisation moins rigide pour s’adapter à l’évolution des adolescents qui n’est pas linéaire et qui libère une succession d’états variables : Besoin de moyens complémentaires pour soutenir la motivation, pour travailler à une vitesse propre à chaque jeune, pour avoir la capacité de compenser les lacunes et les baisses scolaires. 9. Dans les lycées professionnels, la pratique d’un sport et l’animation des clubs sportifs deviennent nécessaires dès lors que l’on constate que la routine s’installe au niveau des jeunes ou que les problèmes liés au manque de motivation se développent de manière collective. Le besoin « d’action sportive » est moins important dans les lycées GT et les CFA où les jeunes ont l’esprit plus mobilisé. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 163 10. Les lycées professionnels et le CFA doivent devenir des spécialistes en matière d’insertion des jeunes : en stages et après l’obtention des diplômes. Dans les lycées professionnels, les élèves arrivent à remettre en question la valeur des diplômes qu’ils préparent, ainsi que leur utilité pour avoir un emploi qualifié de leur goût. Si cette vague négative gagne les lycées professionnels, les élèves vont douter du BEP et même du BAC PRO. A la dévaluation de ces deux diplômes, va s’ajouter la mise en place d’un « discours nihiliste » sur les emplois proposés à l’issue des études par les entreprises. Une telle contagion qui provient d’une éxagération de l’image externe peut rendre le lycée professionnel ingouvernable et improductif. C’est-à-dire que les problèmes qui sont liés à l’adolescence vont être amplifiés. Les compétences du service entreprises : en mettant en place des méthodes de recherche, en étudiant le marché de l’emploi, en créant un bureau des élèves qui s’impliquent dans la relation entreprise, en faisant intervenir des employeurs dans les classes ... Le lycée professionnel aura ainsi des objectifs concrets : se battre pour rapprocher les jeunes des entreprises et leur démontrer qu’avec un CAP, un BEP ou BAC PRO on n’est plus concerné par le chômage et que l’on peut avoir un bel avenir devant soi. 11. Le socle commun de connaissances et de compétences Les jeunes qui entrent au lycée professionnel ou dans un CFA ont déjà 16 ans. Pour eux, les évaluations relatives au socle commun de connaissances et de compétences sont terminées. Dès l’année 2007, il faudra vérifier si la mise en place de ce socle répond bien aux besoins de l’enseignement professionnel, qui, par ailleurs, sont identifiés depuis plusieurs années. La mise en application du socle commun de connaissances et de compétences dans les CPA (classes prépartoires à l’apprentissage), qui accueillent chaque année 9000 élèves de 15 ans issus de la 4ème du collège, devrait devenir un lieu d’expérimentation particulièrement révélateur. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 164 L’ADOLESCENCE EN MILIEU SCOLAIRE Apporter des réponses pour aujourd’hui et pour demain L’adolescent qui entre dans l’enseignement professionnel est issu des classes défavorisées. Il ne faut donc pas s’étonner si son adolescence se passe plus difficilement et si ces jeunes appartiennent à des groupes sociaux plus grégaires. Au quotidien, c’est l’éducation qui demeure le facteur essentiel. Cependant, un sentiment persiste, celui d’une injustice liée aux inégalités au moment de l’orientation qui s’effectue avec des méthodes dont la justesse et la fiabilité, à terme, restent à démontrer. Les jeunes du « professionnel » demandent une valorisation de l’image de leurs études, à partir du moment où eux aussi sont utiles à la société et que leur insertion professionnelle se fait dans de bonnes conditions. Ils réclament le respect de la part des enseignants du collège et des médias et demandent une égalité de traitement. Ces thèmes de l’injustice et du manque de respect à la sortie du collège devraient être mis en avant assez rapidement par les acteurs et les médias qui en sont chargé. Et pour demain, ce sont les évolutions du marché du travail, la baisse du chômage des jeunes dans des secteurs bien identifiés, qui feront évoluer l’orientation des jeunes de la « voie médiane » à la sortie du collège. Quelle est la meilleure solution pour les jeunes et pour l’économie, pour les 80 000 jeunes de QI 90 à 110 et qui sont en bascule entre le lycée GT, le lycée professionnel et les CFA ? La réponse devrait s’appuyer sur ce que les jeunes deviennent 3 à 5 ans après la fin de leur scolarité et sur l’évolution alarmante du chômage des jeunes. On pourrait faire aussi des efforts plus importants pour convaincre les enseignants et les élèves du lycée professionnel pour que les diplômes de CAP/BEP et BAC PRO soient mieux valorisés et que le savoir-faire au niveau de l’insertion professionnelle prenne une place centrale au sein de chaque établissement, si l’on accepte l’idée que le chômage des jeunes est un fléau pour notre pays. Sur ce point, les CFA ont fait leurs preuves et chacun reconnaît ce point fort de l’apprentissage qui assure un débouché à la majorité des apprentis. Reste un point à régler à l’entrée des jeunes au lycée professionnel : un grand nombre d’adolescents sont affectés automatiquement et souvent par défaut. Ils ont une problématique commune : ils veulent rester à l’école, alors qu’ils ont plus de 16 ans. Mais ils savent que l’orientation proposée ne leur convient pas. L’éducation de ces adolescents risque d’être plus difficile et au niveau du BEP 50 % des élèves sortiront de la scolarité pour aller vers des voies externes variées. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 165 Pour améliorer l’image du lycée professionnel et augmenter le niveau global de l’éducation, ne serait-il pas possible de créer des classes spéciales (de lycée professionnel), qui auraient des objectifs basés sur l’orientation des jeunes : connaissance des métiers, complètement du niveau scolaire (socle commun de connaissances et de compétences) et mise en contact avec les organisations qui font elles-mêmes leur formation au métier : Armée, Grandes entreprises et secteur public, transports, etc. La réorientation volontaire vers une filière professionnelle serait également envisageable. Chaque année, 50 000 jeunes de profil indécis pourraient passer par cette seconde spéciale qui permettrait ainsi au reste de l’enseignement professionnel de fonctionner normalement, soulagé de cette part d’élèves en mal être, avec un projet indéterminé. En guise de conclusion ... Le rôle des adultes est d’apporter protection et affection aux adolescents, mais aussi d’en assurer le contrôle et le soutien individuel si nécessaire. Le problème c’est la rigidité de l’orientation dans un monde d’incertitudes économiques où l’administration scolaire devrait approfondir certaines finalités et certaines voies nouvelles qu’attendent les adolescents. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 166 REMERCIEMENTS Nous remercions tout particulièrement pour leur participation : AU NIVEAU DE LA PSYCHOLOGIE ET DE LA PEDAGOGIE DES ADOLESCENTS − Rectorat de Paris - SAIA M. Patrick PAUMONT Chef du service études SAIA − CIO 19° Mme VANHAMME - VINCQ Directrice − Service Promotion Santé Inspection d’Académie du 91 Docteur Marie-France LE GAL Directrice − INETOP Conservatoire des Arts et Métiers Différents chargés de mission − IUFM de Paris Philippe DAVIAUD Chargé de mission CPE et différents intervenants et auteurs et recherches professionnelles sur sites Internet AU NIVEAU DES CHEFS D’ETABLISSEMENTS ET ADJOINTS Ce sont les proviseurs de lycées et les directeurs de CFA qui sont le plus concernés par l’évolution de l’adolescence de 15 à 20 ans. Ils nous ont aidés à rencontrer des enseignants et à mettre en place nos enquêtes : Lycées généraux et technologiques et collèges − Lycée Jean Lurçat – 75013 M. Gilbert LONGHI – Proviseur − Lycée Albert Einstein – 91 Ste-Geneviève des Bois M. Gilbert LONGHI – Proviseur − Lycée des Sept Mares – 78 Maurepas Mme Sylvie ZENOUDA – Proviseur − Lycée Dumont Durville – 78 Maurepas M. JOINE-MAURIN – Proviseur − Collège Boris Vian – 75017 Paris Mme GUIBERT – Principale Lycées professionnels − Lycée Hôtelier Belliard – 75018 Mme BAZIN – Proviseur Adjoint − Lycée d’électricité Marcel Deprez – 75011 Paris M. BOUGON – Proviseur − Lycée du BTP – 75019 Paris M. TAHRAT – Proviseur Adjoint − Lycée Patay - Commerce Vente – 75013 Paris M. Paul COHEN – Proviseur Adjoint OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 167 GRANDS CFA Faculté des Métiers de l’Essonne (Multimétiers CCI) – 91000 Evry − Mme Isabelle LEMICHEL − Mme Françoise DUPONT − Mme Martine de FILIPPIS Directrice (DIRCOM) Infirmière Chef de projet IMT – Institut des Métiers et des Techniques (Multimétiers CCI) – 38000 Grenoble − M. Thomas VIRON Directeur Adjoint et les chefs de secteur (8) CFA PME APPRENTISSAGE – 92 Puteaux − Responsables Pédagogiques Avec la participation des CPE Monsieur MOREAU CPE Lycée Jean Lurçat, Madame Myriam MERLIN CPE Lycée Albert Einstein, Madame DERNONCOURT et Monsieur LANCELOT CPE du Lycée Marcel Deprez, Madame LE MENEZ et Madame DUVERT CPE du Lycée des Sept Mares... AU NIVEAU DE L’ORIENTATION DE L’ETUDE − GROUPE FORMATION CCIG et CRCI M. Jean-François BOYER – Directeur − AGEFA PME M. Jean-Jacques DIJOUX - Directeur Ainsi que les nombreux partenaires rencontrés lors des études précédentes et qui nous ont aidé dans nos travaux. OBSERVATOIRE EPA L’adolescent de 15 à 20 ans et l’enseignement professionnel 168