Poly de TD
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Module de sémiologie Travaux Dirigés Année 2008 Méthodes d’examen clinique des bovins Pathologie des Ruminants G. Foucras, G. Meyer, J-F Valarcher, F. Schelcher _____________________________________________________ -1- Avant-propos Les objectifs de cet enseignement sont multiples. Tout d’abord, la topographie et la morphologie normales des organes et des différents appareils seront décrites chez le bovin en bonne santé et présentées directement sur l’animal. Dans un second temps, les différentes techniques d’examen applicables à chaque région ou organe seront présentées. L’enseignement des méthodes de l’examen clinique d’un animal (ou propédeutique) se distingue de la sémiologie qui est l’étude des signes cliniques. L’examen clinique est le pré-requis à l’établissement d’un diagnostic qui fait la synthèse des informations recueillies à ce moment-là, en les confrontant aux connaissances des affections spécifiques et des maladies. Les modalités pratiques de l’examen clinique présentées dans un ordre constant et logique, par souci de clarté, sont les suivantes. L’examen clinique débute par l’examen visuel ou inspection des différentes régions du corps (tête, cou, thorax, abdomen, région périnéale, glande mammaire et membres) à distance de l’animal, puis en se rapprochant. L’examen de chaque région ou organe fera appel à différentes techniques : - la palpation qui permet de déterminer la consistance et le volume des tissus ou des organes. - la percussion qui consiste à frapper directement sur une région du corps avec un maillet pour provoquer une plainte de l’animal (percussion douloureuse), ou en interposant entre le marteau à percussion et la peau une spatule plessimétrique de façon à provoquer l’émission de sons dont la tonalité dépend de la densité des tissus sous-jacents (percussion sonore). - la palpation profonde ou succussion lorsqu’elle est appliquée sur la paroi du flanc, a pour but de mettre en évidence l’accumulation de liquide à l’intérieur d’un organe ou d’une cavité. - l’auscultation directe en appliquant l’oreille contre le champ à examiner ou le plus souvent en utilisant un stéthoscope ( de Goetze ou Hauptner) - l’auscultation-percussion ou auscultation-succussion qui consistent à utiliser simultanément deux techniques permettant en particulier la mise en évidence de l’accumulation de gaz et de liquide à l’intérieur d’un viscère abdominal chez les bovins. Les techniques d’imagerie médicale (radiologie, échographie) pourront être utilisées au cas par cas en appui des techniques classiques d’examen. -2- 1 – Rappels de Contention - Abord de l'animal Lorsque le bovin est en liberté dans un parc ou dans un enclos, on essaiera tout d'abord de restreindre ses déplacements en le bloquant dans un angle (en s'aidant d'une barrière par exemple). Les installations de type couloir de contention sont utiles. Avant l'examen clinique rapproché et avant toute manipulation, le clinicien doit observer l’animal à distance ; il appréciera alors l'état d'agitation ou de crainte de l'animal pour choisir des moyens de contention adaptés. Avant tout contact avec le bovin, le clinicien doit s’assurer que l’animal a remarqué sa présence pour éviter l’effet de surprise et des réactions de défense qui pourrait être dangereuses. - Contention de la tête Avant de réaliser l'examen clinique, le bovin doit être immobilisé par une contention efficace de la tête afin de prévenir tout mouvement intempestif. Contention manuelle Animal avec cornes Saisir la corne située vers soi, puis ramener la tête de l'animal sur l'encolure tout en saisissant l'extrémité de la tête soit par une prise nasale soit par une prise sous-mandibulaire. Se placer alors en arrière de l'épaule de l'animal et maintenir la tête de l'animal relevée (les efforts que fait l'animal pour se libérer seront réduits si la tête est placée en extension). Animal sans corne Saisir le mufle de l'animal, puis ramener la tête sur l'encolure. L'autre main est placée sous l'oreille de façon à maintenir la tête plaquée contre soi. La prise nasale peut dans tous les cas être remplacée par l’utilisation d’une pince-mouchette. Réalisation d'un licol Deux types de licol peuvent être utilisés pour attacher un animal (écorné ou non) à un point fixe. -3- Figure 1: Réalisation d’un licol 1/bovin avec cornes 2/bovin écorné Noeud d'amarre Le noeud d'amarre est un noeud que l'animal ne peut pas défaire en tirant, mais qui permet de le libérer rapidement en cas d'urgence. Figure 2 : Nœud d’amarre Contention des membres Contention d'un membre antérieur (cf appareil locomoteur) La contention d'un membre permet d'empêcher les coups de pied avec les membres postérieurs ; elle est utile aussi pour l'examen du pied. -4- Contention d'un ou des membre(s) postérieur(s) Mise en place d'un entrave-flancs Huit au jarret En solidarisant les deux membres postérieurs, les possibilités de coup de pied sont très limitées (à utiliser pour une intervention de longue durée ou qui risque de provoquer des réactions de défense avec les postérieurs). Figure 3 : Contention des membres postérieurs : Huit au jarret Méthodes de couchage Le couchage d'un bovin adulte n'est réalisé qu'en dernier recours si l'animal est très agité ou si l'intervention (chirurgicale le plus souvent) le nécessite. La bovin est amené sur un support meuble (matelas de paille) pour éviter toute blessure. Un aide doit s'occuper de la tête pendant toute la manœuvre. Une fois l'animal au sol, la tête est placée en extension et les membres attachés. Méthode de Hertwig Une corde suffisamment longue est placée de façon à créer des demi-clés en avant et en arrière des membres antérieurs, puis en avant des saillies osseuses de l’ilium (en prenant garde de ne pas traumatiser la mamelle). Méthode de Szabo La corde divisée en deux brins de longueur identique est placée en regard du garrot, puis placée sous les membres antérieurs. Les deux brins sont croisés sur le dos de l’animal et passent ensuite entre mamelle et membre postérieur de chaque côté. Relever d'un animal couché En présence d'un bovin couché, il faut d’abord l’inciter à se lever. Si le relever n'est pas possible et que le décubitus persiste, l'animal peut être soulevé en utilisant un appareil de Bagshawe (placé sur les tubérosités osseuses de l’ilium) associé à un palan. -5- 2 - Appareil locomoteur - Examen à distance Animal couché Normalement le bovin est couché en position sterno-abdominale, les membres antérieurs repliés, placés chacun de chaque côté de la cage thoracique, les membres postérieurs légèrement repliés, placés tous les deux du même côté du corps. On examinera le port de la tête, la position et l’angulation des membres. Lorsque l’animal se relève, il soulève d’abord le train postérieur, puis il utilise la tête comme balancier, et redresse la partie antérieure du corps. Animal debout, en mouvement Sur le bovin au repos, on examine la position des membres les uns par rapport aux autres, et leur maintien par rapport au corps. On recherche des déviations de l’axe des membres (les bovins sont en général légèrement panards) ainsi que des modifications de volume (asymétrie des masses musculaires) Au cours du déplacement, on détermine si la durée de la phase d’appui (= posé et appui) ou la phase de suspension (=soulèvement et engagement) d’un des membres est raccourcie ; cet examen permet de définir le membre atteint et très souvent le siège de l’affection locomotrice. - Soulèvement du membre à examiner Figure 4 : Soulèvement d’un membre postérieur - Pied La fréquence des affections podales (80% des boiteries chez les bovins) conduit en première intention à examiner le pied après avoir placé le bovin dans une cage de contention. Inspection Après avoir soulevé le membre à examiner (cf Fig.4), on nettoie soigneusement le pied pour permettre l’examen des onglons, et en particulier leur taille, leur forme. L’angle entre la paroi antérieure et la surface de la sole est de 60° environ ; la longueur de la paroi antérieure doit être au plus égale à deux fois la hauteur de la muraille mesurée latéralement dans l’axe du membre. -6- La corne des onglons sains est ferme, offre une surface lisse et unie. Il faut noter les ruptures ou les pertes de substance de l’étui corné. La peau de la couronne et de l’espace interdigité doit être intacte, sèche, ferme adhérente au sabot. L’axe du pied, ligne virtuelle traversant le milieu des trois phalanges est parfaitement rectiligne vu de face. Palpation et palpation-pression On palpe la couronne et la paroi abaxiale des deux onglons, afin de comparer leur température. On appuie fortement de préférence à l’aide d’une pince à sabot sur les soles et les talons pour apprécier leur consistance et leur sensibilité. Ensuite un des onglons est mobilisé autour de son axe pendant que l’autre est maintenu normalement, et on note les réactions de défense. Les solutions de continuité de la corne seront parées, puis explorées à l’aide d’une sonde métallique. L’examen radiologique des onglons pourra compléter ces examens pour préciser la nature et l’étendue des lésions. Partie proximale du membre Si la boiterie n’est pas localisée aux onglons, on examine les différentes structures du membre (articulations, os, muscles) et les différents segments. Inspection On recherche des modifications de volume sur les articulations, les gaines tendineuses ou les bourses synoviales, les muscles. Palpation et palpation-pression La palpation permet d’apprécier la consistance des tissus, la sensibilité à la pression, la chaleur. On soumet le membre à des mouvements de flexion, d’extension, de torsion pour déceler d’éventuelles douleurs. Percussion La percussion des rayons osseux sert à mettre en évidence une sensibilité lors d’ostéopathies chroniques ou de fractures. Ponction La ponction d’une articulation distendue a pour intérêt de permettre l’examen du liquide synovial (quantité, couleur, transparence, coagulabilité, et numération cellulaire) Techniques d’imagerie On peut avoir recours à l’échographie pour l’examen des tissus mous et pour des lésions suffisamment superficielles. Cependant elle n’est d’aucun recours pour les lésions osseuses. Dans ce cas, on préférera la radiologie qui n’est applicable qu’à la partie distale des membres avec les équipements les plus courants. -7- 3 - Appareil digestif L’examen de l’appareil digestif s’effectue organe par organe de la bouche au rectum. On s’intéressera au comportement du bovin en présence d’aliments appétents (estimation de l’appétit, prise de nourriture) On examinera la nature, la qualité et la quantité des aliments distribués ainsi que la proportion relative fourrages/concentrés ; on vérifiera l’adéquation des apports aux besoins en fonction du stade physiologique et du niveau de production attendu de l’animal. 3.1. Cavité buccale Inspection et palpation externes Il faut s’intéresser à la salivation (100 à 200 litres de salive sont produits par jour), à la présence de lésions, ou à des modifications du volume et de la consistance des tissus en relation avec une blessure, une tumeur, ou un foyer infectieux. Ouverture de la bouche L’ouverture de la bouche est réalisée, après contention efficace de la tête, en introduisant les mains à plat dans la zone dépourvue de dents (noter à ce moment-là la force développée par la musculature des masséters). On examinera l’aspect de la muqueuse (couleur, vésicules, lésions ulcératives ou érosives), la denture, la langue, les orifices des canaux salivaires, le canal mandibulaire et les caroncules sublinguales, la présence éventuelle d’aliments non déglutis ou d’un corps étranger. On notera toute modification de l’odeur de la cavité buccale (odeur de nécrose), et surtout celle de l’air exhalé (odeur ammoniacale, de corps cétoniques). La bouche peut être maintenue ouverte soit en extériorisant la langue fermement maintenue à l’aide d’une serviette, soit à l’aide d’un spéculum buccal permettant l’inspection et la palpation du pharynx. 3.2. Pharynx Inspection et palpation externes Le pharynx, carrefour des voies digestive et respiratoire peut être examiné et palpé juste en arrière de l’auge, à l’angle de la mandibule. La palpation externe du pharynx lorsqu’elle est forte provoque la déglutition ; elle peut également provoquer l’apparition du cornage pharyngé. Palpation interne Il faut tout d’abord assurer une contention parfaite de la tête de l’animal et utiliser un spéculum buccal pour prévenir tout risque de pincement du bras par les mâchoires puissantes du bovin. La palpation interne du pharynx est possible avec la main introduite verticalement dans la cavité (pour offrir le moins de prise possible aux dents molaires). 3.3. Œsophage Topographie L’œsophage des bovins adultes mesure 1,10 à 1,25 m de long. Il s’étend en regard de la gouttière jugulaire, d’abord dorsalement par rapport à la trachée, puis sur le côté gauche et redevient à nouveau dorsal lorsqu’il pénètre dans la cavité thoracique. -8- Inspection et palpation externes L’inspection se réalise dans la région de la gouttière jugulaire du côté gauche du fait de la déviation de l’œsophage de ce côté ; il est possible de voir à ce niveau le passage des bols alimentaires. Pour la palpation, les mains sont placées de chaque côté de l’encolure, au dessus de la trachée et déplacées en suivant la gouttière jugulaire. Seul le trajet cervical est accessible par ces techniques. Cathétérisme bucco-oesophagien Seul le cathétérisme permet d’explorer la totalité du conduit et donc le diagnostic d’une obstruction située en dehors de la portion cervicale. Il permet l’évacuation des gaz accumulés lors de météorisation ou l’administration de liquides. La sonde (en caoutchouc, matière plastique, ou constituée d’une spirale métallique) devra avoir une longueur de 1,5 m environ, un diamètre maximal de 2 à 3 cm et sera lubrifiée avant d’être introduite dans la cavité buccale. La tête sera fermement maintenue et placée en légère extension. Une fois que l’extrémité de la sonde a été déglutie, elle est poussée délicatement jusque dans le réticulorumen. Pour vérifier la position de la sonde, un peu d’eau versée dans la sonde une fois qu’elle a été introduite provoquera une toux réflexe en cas de cathétérisme trachéal accidentel. Une fois que la sonde aura potentiellement atteint le réticulo-rumen, on auscultera le rumen tout en insufflant de l’air à travers la sonde pour entendre le bruit de bouillonnement ainsi produit. 3.4. Réseau Une affection très fréquente du réseau est la réticulo-péritonite par corps étranger : un fil de fer s’implante dans la paroi du réseau, parfois la traverse et entraîne avec lui des germes à l’origine d’une réticulo-péritonite d’extension plus ou moins marquée. L’examen du réseau a pour but de rechercher la présence d’une douleur réticulaire lors de troubles de la motricité des pré-estomacs s’accompagnant d’une perte d’appétit. Topographie et zone de projection Le réseau est situé juste en arrière du diaphragme en zone craniâle de la cavité abdominale. Il est donc placé en avant du rumen. Les 2/3 du volume (7 à 8 litres) sont situés à gauche du plan médian ; il se projette dans les 7e et 8e espaces intercostaux. Figure 6 : Aire de projection (dite de Liess) L’aire de projection du réseau (définie par Liess) est limitée dorsalement par le bord caudal du champ pulmonaire, crânialement par une ligne joignant la pointe des coudes à la base du cartilage du processus xiphoïde, et caudalement par une ligne joignant l’ombilic et le point -9- d’intersection entre une ligne oblique joignant la pointe du coude à l’extrémité dorsale de la dernière côte et une ligne horizontale passant par l’articulation de l’épaule (du côté gauche ), passant à un travers de main en dessous (du côté droit). Recherche de la sensibilité douloureuse L’examen direct du réseau étant difficile, plusieurs techniques ont été développées pour mettre en évidence une douleur d’origine réticulaire. Trois techniques de palpation-pression indirecte sont possibles : - épreuve du garrot. Un pli de peau est réalisée tout en exerçant une légère pression sur l’épine dorsale à hauteur du garrot. Si le bovin se met en lordose spontanément, l’épreuve est négative. Si l’animal ne bouge pas ou essaie de se soustraire à la pression exercée, en émettant une plainte (spontanément audible ou en auscultant simultanément la trachée), en fléchissant les membres antérieurs, l’épreuve est positive. - épreuve du bâton. Une barre solide est placée ventralement au réseau pour exercer une pression sur celui-ci et déplacée en plusieurs points pour balayer la totalité de l’aire de Liess. Si après soulèvement, l’animal émet une plainte, l’épreuve est positive - percussion. Le réseau est examiné en percutant sur la zone de projection ventrale à l’aide d’un marteau lourd (maillet). Une alternative à cette technique est la percussion intercostale avec marteau à percussion et cuvette plessimétrique. On peut également associer plusieurs techniques par exemple l’épreuve du bâton et la percussion. Auscultation L’auscultation appliquée en regard du réseau permet d’entendre les contractions du réseau. Toutefois la motricité réticulaire, indissociable de la motricité ruminale, est évaluée simplement par l’auscultation du rumen. Détection ferromagnétique La présence d’un corps étranger métallique peut être recherchée à l’aide d’un détecteur ferromagnétique en balayant la totalité de l’aire de projection du réseau d’avant en arrière. 3.5. Rumen Le volume du rumen est d’environ 150 litres chez le bovin adulte. C’est le réservoir digestif le plus volumineux dans lequel sont stockés les aliments dégradés par la flore microbienne. Le but de l’examen du rumen est de rechercher une altération de la motricité des pré-estomacs d’origine primaire ou secondaire, ainsi qu’une modification du volume et de la consistance de son contenu. Topographie et zone de projection Le rumen occupe les 3/4 de la cavité abdominale. Le sac ventral selon son état de remplissage s’étend plus ou moins loin du côté droit. Le rumen se projette sur la quasi-totalité de la paroi costo-abdominale gauche, la limite entre le sac ventral et le sac dorsal se situant à peu près à mi-hauteur de la paroi du flanc. - 10 - Figure 7 : Relations topographiques du rumen (vue droite, Rosenberger) Figure 8 : Relations topographiques des pré-estomacs des bovins (vue gauche, Rosenberger) Inspection du flanc gauche L’examen du profil du flanc gauche (creux, fuyant du flanc) en le comparant à celui du flanc droit permet d’estimer l’état de réplétion du rumen. L’aspect plus ou moins bombé du creux du flanc indique une accumulation gazeuse dans le rumen (météorisation) Palpation transpariétale La palpation du rumen en plaçant la main à plat dans le creux du flanc permet de mesurer la fréquence des contractions ruminales (5 à 7 contractions / 5 min.). - 11 - La palpation-pression et la succussion du flanc gauche permet d’apprécier la consistance du contenu ruminal normalement organisé en 3 strates de consistance différente (gaz, fibres, et liquide). transrectale La palpation transrectale du cul-de-sac dorsal (et ventral du côté droit lors de surcharge ruminale) du rumen permet de confirmer la dilatation plus ou moins marquée de celui-ci. Percussion La percussion du rumen permet d’estimer la taille du dôme gazeux et éventuellement de mettre en évidence une douleur. Auscultation L’auscultation se réalise en appliquant la capsule du stéthoscope d’abord dans le creux du flanc gauche, puis en l’absence de bruits en regard de l’avant-dernier espace intercostal (double auscultation). On peut entendre 2 types de bruits : - des bruits intermittents, périodiques avec une fréquence de 5 à 7 / 5 min., d’une durée de 10 à 15 s., et semblables à un bruit de cascade qui correspondent aux bruits de contraction du rumen. - des bruits plus ou moins permanents, crépitants, qui correspondent à l’activité fermentaire. Ponction à visée diagnostique Elle a pour but de prélever un échantillon de liquide ruminal pour examen biochimique et bactériologique. Après rasage et désinfection locaux, la ponction est réalisée dans le fuyant du flanc, un travers de main en avant du grasset à l’aide d’une aiguille 22G, munie d’une seringue. Après aspiration, la seringue est séparée de l’aiguille avant d’être retirée pour éviter toute contamination par du sang au moment de la traversée des muscles pariétaux. Le liquide obtenu est de couleur vert-grise à brun-verdâtre, légèrement visqueux, d’odeur aromatique, avec une valeur pH comprise entre 5,5 et 7 ; il contient des bactéries à dominante Gram négatif et des protozoaires. à visée curative La ponction a pour but cette fois d’évacuer les gaz accumulés dans le sac dorsal du rumen lors de météorisation. Le trocart (métallique ou à vis) est implanté au sommet du dôme créé par la dilatation du sac dorsal du rumen après incision cutanée en visant le coude droit. Le trocart est laissé en place jusqu’à l’arrêt des troubles. 3.5. Feuillet Topographie et zone de projection Le feuillet est situé sous la paroi costale droite à laquelle il n’est pas adhérent. Il se projette en arrière du champ pulmonaire (cf appareil respiratoire) entre la 8e et la 11e côte sous une horizontale passant par le 1/3 inférieur de la paroi costale. Palpation La palpation de l’organe n’est possible qu’après laparotomie paralombaire droite Percussion Elle est réalisée dans les espaces intercostaux de la zone de projection du feuillet et permet généralement d’obtenir un son assez mat. A l’inverse, la percussion douloureuse n’a pas d’intérêt. - 12 - Auscultation Les bruits d’origine omasale ne sont pas toujours clairement perceptibles, ni aisément différenciés des bruits provenant des autres organes digestifs. Ponction Pour la ponction du feuillet, on enfonce une aiguille dans le 9e espace intercostal à la hauteur de l’articulation de l’épaule ; l’aiguille exécute des mouvements de rotation irréguliers, absents en cas de parésie du feuillet. 3.6. Caillette La caillette est l’estomac glandulaire des bovins qui peut non seulement être le siège d’affections inflammatoires, mais aussi subir des modifications de position par rapport aux autres organes de la cavité abdominale. Topographie et zone de projection Le volume relatif de la caillette par rapport à celui du rumen évolue avec l’âge chez les bovins ; chez le veau pré-ruminant, la caillette a un volume double de celui du rumen alors qu’à l’âge adulte, elle ne représente plus que 1/9 du volume du rumen (10 à 15 litres) La topographie de la caillette évolue donc avec l’âge. Chez le veau, elle occupe toute la partie ventrale de la cavité abdominale. Chez l’adulte, sa base se trouve dans la région du processus xiphoïde. La majorité de l’organe est située du côté droit du plan médian sous le réseau et le sac cranial du rumen. Elle contourne le feuillet et se termine par sa partie pylorique située du côté droit. Le pylore se projette dans le 10e espace intercostal droit sur une horizontale passant par l’articulation de l’épaule. Inspection des profils On recherche en arrière de l’hypochondre droit une déformation du profil qui apparaît lors de surcharge abomasale. Le déplacement vers la droite de la caillette, si elle s’accompagne d’une forte dilatation peut entraîner une déformation qui s’étend plus dorsalement et caudalement. Lorsque la caillette se déplace vers la gauche, une saillie dans le creux du flanc gauche peut apparaître lors de déplacement sévère (rare). Palpation transpariétale La palpation profonde de la caillette est réalisée avec le poing en zone ventro-latérale droite en arrière de l’hypochondre. Elle permet de mettre en évidence une sensibilité de l’organe lors d’ulcère étendu par exemple, ou une accumulation de sable, qui si elle est volumineuse se traduira par un crissement. Lors de déplacement vers la gauche, la succussion du fuyant du flanc en arrière de l’hypochondre gauche permet de provoquer un bruit liquidien. transrectale Lors de dilatation extrême avec déplacement vers la droite, la caillette devient accessible à la palpation transrectale dans le quart dorsal droit ; à l’inverse la palpation de la caillette entre paroi abdominale et rumen n’est que très rarement possible lors de déplacement vers la gauche. - 13 - Auscultation L’auscultation de la caillette dans sa position physiologique n’a pas d’intérêt. En revanche elle est fondamentale pour le diagnostic des déplacements de la caillette. L’auscultation-percussion s’effectue de part et d’autre d’une ligne joignant la pointe du coude à la pointe de la hanche sur une surface de 20 cm de diamètre centrée sur les dernières côtes (correspondant à la poche de gaz sous pression contenus dans l’organe). La percussion de la paroi est réalisée par des chiquenaudes, ou avec le manche d’un marteau à percuter. Ponction La caillette en position normale, chez l’adulte, sera ponctionnée sur la ligne blanche à peu près à mi-distance entre l’ombilic et l’appendice xiphoïde. Lors de déplacement, la ponction s’effectue dans la moitié inférieure de la zone de percussion tympanique. Le liquide obtenu est normalement verdâtre avec un pH compris entre 2 et 4. Figure 9 : Représentation schématique de la situation topographique de la caillette lors de dilatation à droite. Figure 10 : Représentation schématique de la situation topographique de la caillette dans le déplacement vers la gauche (léger, moyen ou important). - 14 - 3.7. Intestins Les différents segments intestinaux (duodénum, jéjuno-iléon, caecum, colon et rectum) ne peuvent pas être individualisés les uns par rapport aux autres. L’examen clinique aura donc surtout pour but de rechercher une modification de leur contenu. Topographie Les intestins occupent les 2/3 de la moitié droite de la cavité abdominale ; ils sont repoussés à droite au delà du plan médian selon l’état de remplissage du rumen et vers la paroi abdominale ventrale pendant la gestation. Figure 11 : Topographie des intestins, du foie et de la caillette chez les bovins (après ablation d’une partioe du diaphragme et du grand epiploon, Rosenberger). Jaune = duodénum ; violet = jejunum ; brun = ileum; vert = circonvolutions intestinales (colon spirale) ; bleu = gros intestin ; gris = caecum, caillette et foie. Inspection, palpation Ces techniques appliquées à la paroi du flanc droit n’ont que peu d’intérêt, excepté dans le diagnostic de la dilatation avec ou sans torsion du caecum. Succussion La succussion du flanc droit s’effectue de la même façon que celle du flanc gauche chez l’adulte. Chez le veau, elle se réalise en plaçant les mains de chaque côté de l’abdomen pour mobiliser le contenu de la cavité abdominale par des mouvements de haut en bas. Lors de diarrhée, on perçoit un bruit liquidien net. Palpation transrectale C’est le temps essentiel de l’examen des intestins. La main (recouverte par un gant en matière plastique préalablement lubrifié) est introduite en cône pour progresser à travers les contractions du rectum, puis elle est posée à plat sur la paroi du rectum. L’examen concerne le rectum lui-même et les circonvolutions intestinales caudales. Pour le rectum, il faut s’intéresser à l’état de la muqueuse, à la tension de la paroi, et à la présence éventuelle d’adhérences . Chez un bovin en bonne santé, les circonvolutions intestinales ne sont pas individualisables. Les autres organes accessibles par palpation transrectale sont : le bassin et la filière pelvienne, les nœuds lymphatiques iliaques médiaux et iliaco-fémoraux, le rumen, l’appareil génital (vagin, col, - 15 - cornes, ovaires), l’appareil urinaire (vessie, pôle caudal du rein gauche), le pouls en avant de la quadrifurcation de l’aorte. Examen des matières fécales L’examen des matières fécales permet de noter la quantité d’excréments présents dans le rectum, leur consistance, couleur, odeur, le degré de digestion des fibres végétales (taille anormalement élevée >2 cm), la présence de substances anormales telles que du mucus, de la fibrine, du sang plus ou moins digéré. 3.8. Foie Dans l’espèce bovine, l’examen clinique est réduit. Topographie et zone de projection Le foie se projette du côté droit en arrière du champ pulmonaire avec une orientation dorsoventrale. il est situé sous les côtes (entre la 8e et la 13e côte) et ne dépasse normalement pas le cercle de l’hypochondre. Inspection L’inspection du foie n’est pas réalisée. L’inspection des muqueuses et de la peau dans les zones non pigmentées peut suggérer lors d’ictère, de lésions de photosensibilisation, de lésions hémorragiques une atteinte hépatique. Palpation Lors d’hypertrophie hépatique, le foie est palpé avec les doigts placés en crochet en arrière de la dernière côte à droite, dans la partie supérieure du creux du flanc. Percussion L’aire normale de percussion du foie (son mat) est située dorsalement dans l’avant-dernier et le dernier espace intercostal, juste en arrière du champ pulmonaire (son pulmonal). Une sensibilité douloureuse à la percussion est rarement perçue. Biopsie Le prélèvement de tissu hépatique a pour but d’évaluer les lésions hépatiques diffuses. La ponction se réalise à l’aide d’une aiguille à biopsie. Le lieu de la ponction se situe 20 à 30 cm latéralement à l’épine dorsale, dans le 11e ou 12e espace intercostal droit. Après incision cutanée, l’aiguille est introduite en aveugle à travers les muscles intercostaux dans le tissu hépatique et permet de prélever un fragment tissulaire. La biopsie peut également être réalisée après laparotomie droite et sous contrôle visuel. Examen biologique Les informations apportées par les examens biologiques ont un intérêt majeur pour le diagnostic des affections hépatiques en comparaison des résultats de l’examen clinique. 4 – Muqueuses Les muqueuses chez un bovin en bonne santé sont brillantes, humides, de couleur rosée. - 16 - On recherchera en particulier des modifications de la coloration (jaune=ictére, paleur=anémie, bleue-violacée=cyanose). Muqueuse oculaire La main placée en arrière de l’oeil enfonce le globe oculaire par pression sur la paupière supérieure tout en abaissant la paupière inférieure. Muqueuse buccale (cf. examen de la bouche et contention du mufle) Muqueuse nasale L’examen se fait en écartant l’aile du nez avec l’index pour élargir le champ de vision à l’intérieur de la cavité nasale. Il est nécessaire de s’aider d’un bon éclairage. Muqueuse vulvaire La queue déviée latéralement par le coude, on écarte les lèvres de la vulve avec le pouce et l’index d’une main, ou bien avec les deux mains entre le pouce et l’index de chaque main. L’aspect des différentes muqueuses devra être comparé et interprété en fonction des atteintes locales. 5 - Tissu conjonctif sous-cutané La mobilité de la peau dépend de l’état d’hydratation de l’hypoderme. Si l’on réalise un pli de peau à mi-hauteur de l’encolure, il disparaît dès qu’on le relâche dans les conditions normales d’hydratation. Le pli de peau persiste d’autant plus longtemps que la déshydratation est marquée (supérieure à 5% du P.V. lorsqu’elle est détectable) Le tissu conjonctif sous-cutané peut être le siège d’infiltrations liquidiennes (liquide interstitiel, sang,...), cellulaires, ou gazeuses, et de migrations parasitaires (larves d’hypodermes) 6 - Appareil cardio-vasculaire L’examen de l’appareil cardio-vasculaire a pour but de diagnostiquer les affections spécifiques d’appareil, mais aussi de préciser les conséquences sur l’appareil cardio-vasculaire d’autres affections pour l’établissement du pronostic. 6.1. Cœur Topographie et zone de projection (cf Figure12) Chez les bovins, le cœur se projette entre la 3e et la 6e côte. La base du cœur se situe à mihauteur du thorax alors que la pointe du cœur dirigée caudalement , légèrement déviée vers la gauche repose sur le sternum. Les 3/5 du volume cardiaque se trouvent à gauche du plan médian et les 2/5 à droite de sorte que l’examen du cœur commence toujours du côté gauche. L’aire de projection du cœur sur la paroi thoracique correspond à un triangle rectangle orienté vers l’avant. Il est situé entre deux droites horizontales, l’une passant par l’articulation de l’épaule et l’autre par la pointe du coude. La limite caudale est une droite verticale qui suit la musculature des - 17 - anconés et qui passe par la pointe du coude. L’hypothénuse est une ligne joignant un point situé entre le 1/3 antérieur et le 1/3 moyen de l’horizontale passant par l’épaule et la pointe du coude. Les valves artérielles (Aortique et Pulmonaire) se projettent du côté gauche respectivement dans le 4e et le 3 e espace intercostal. La valve atrio-ventriculaire gauche (Mitrale) se projettent dans le 4e espace du côté gauche, alors que la valve atrio-ventriculaire droite (Tricuspide) se projette dans le 3e espace du côté droit. (Localisation des points d’auscultation : Formule MATP = 4433). Inspection L’activité cardiaque à de très rares exceptions près (maigreur, veau naissant) n’est pas décelable à l’inspection de la zone de projection. On inspectera aussi la région antérieure du sternum à la recherche d’un oedème de stase. Palpation La main droite posée sur le garrot, on engage la main gauche à plat aussi loin que possible sous le membre thoracique à la recherche du choc précordial. Le choc précordial résulte du battement que fait la pointe du coeur contre la paroi thoracique à chaque révolution cardiaque. Chez les bovins en bon état d’engraissement, le choc précordial est peu voire pas décelable. Il faut évaluer une modification de l’intensité, de la fréquence, du rythme et de la position du choc précordial. Auscultation C’est le temps essentiel de l’examen cardiaque. Le stéthoscope est introduit entre l’humérus et la paroi thoracique sous la pointe du coude gauche tout d’abord, et suffisamment loin vers l’avant. Il faut évaluer tout particulièrement la fréquence, l’intensité, le rythme et la présence de bruits surajoutés. La fréquence chez les bovins adultes est comprise entre 70 et 80 battements par minute ; chez le jeune elle est plus élevée mais ne dépasse normalement pas 120 battements/minute. L’intensité des deux bruits est forte. Le rythme cardiaque est régulier. Les bruits surajoutés aux deux bruits cardiaques peuvent avoir différentes origines péricardique, endocardique ou sanguine. 6.2. Gros vaisseaux - Artères L’efficacité du travail cardiaque est apprécié en périphérie par la palpation du pouls dont on évaluera la fréquence, la force et le rythme sur différentes artères superficielles : - artère faciale (peu facile) qui sera palpée de façon symétrique en posant la pointe des doigts à plat sur les joues de l’animal juste en avant des muscles masséters - artère médiane (peu facile) palpable en dessous et en avant de la pointe du coude, dans la dépression osseuse entre radius et ulna. - artère saphène (peu facile et dangereux) dont le trajet passe en avant de la corde du jarret au milieu de la jambe - artère coccygienne dont la palpation s’effectue aisément dans le sillon ventral des vertèbres caudales, à une ou deux largeurs de main de la base de la queue. Le pouls peut aussi être apprécié au cours de la palpation transrectale de l’artère aorte et des artères iliaques chez l’adulte. Chez le veau, la palpation du pouls sur les artères fémorales à la face médiale des membres postérieurs est évidente. - 18 - - Capillaires L’inspection des plus petits vaisseaux (artérioles et veinules) peut se faire à la surface de la sclère de l’oeil, en déviant la tête de l’animal latéralement tout en lui imprimant un léger mouvement de rotation. On considère alors l’état de remplissage, la couleur, les contours, d’éventuelles pulsations des vaisseaux épiscléraux. - Veines Inspection On examine les grosses veines superficielles : les veines mammaires situées ventralement en avant de la mamelle (fontaine du lait) et les veines jugulaires situées de part et d’autre de l’encolure dans le sillon jugulaire. On s’attachera à l’état de remplissage des vaisseaux. Un pouls veineux négatif est fréquemment observé sur les veines jugulaires et correspond à la répercussion pariétale de la contraction des oreillettes ; ce pouls veineux auriculaire disparaît lors du test de compression. Palpation La palpation des veines jugulaires se fait en embrassant l’encolure de l’animal et en faisant glisser la pointe des doigts perpendiculairement au sillon jugulaire. Elle permet d’apprécier le volume des vaisseaux et de rechercher des modifications de la paroi du vaisseau ou des tissus périveineux. Test de compression veineuse Il doit être réalisé chaque fois que les veines jugulaires apparaissent saillantes. Si on comprime avec le pouce la veine à mi-hauteur de l’encolure, le segment situé en amont se distend, alors que la partie située en aval se collabe. Le test dans ce cas est négatif. Si la dilatation persiste en aval du point de compression, c’est qu’il existe un trouble majeur de la circulation veineuse. 7 - Appareil respiratoire L’examen de l’appareil respiratoire se fera depuis le mufle jusqu’aux poumons. L’examen débute par l’inspection des mouvements respiratoires en se plaçant de 3/4 arrière par rapport à l’animal de façon à examiner les mouvements respiratoires au niveau de l’hypochondre et des flancs. On notera la fréquence, l’intensité, le type, et le rythme de la respiration. La fréquence respiratoire chez un bovin adulte est de 20 à 30 mouvements par minute. L’amplitude des mouvements respiratoires est assez forte si bien que les mouvements respiratoires sont facilement identifiables. La respiration est de type costo-abdominale : le thorax et l’abdomen participent aux mouvements respiratoires à part égale. Pour un rythme respiratoire normal, les durées de l’inspiration et de l’expiration sont à peu près égales. L’expiration est suivie d’une courte pause. Lorsque ces paramètres sont normaux, la respiration est dite eupnéique. - 19 - On prêtera également attention aux bruits synchrones de la respiration et audibles à distance (cornage). 7.1. Voies aériennes supérieures - Mufle Chez le bovin en bonne santé, le mufle est frais, humide et brillant, recouvert de fines gouttelettes de liquide séreux et clair provenant des glandes naso-labiales. Des sécrétions nasales desséchées sont présentes en cas de dépression marquée ou de paralysie de la langue. Il faut noter un écoulement anormal en quantité ou en qualité (couleur, consistance, odeur,...), uni ou bilatéral. - Cavités nasales et sinusales On détectera le souffle respiratoire en plaçant le dos des deux mains face aux naseaux. On s’assurera tout d’abord que le souffle respiratoire à la même force à droite qu’à gauche. Une force inégale signifie qu’il existe un obstacle au passage de l’air que l’on peut confirmer en obstruant une des ouvertures nasales. L’appréciation de l’air expiré se fait en plaçant la main en parabole devant un des naseaux pour le renvoyer vers soi. Inspection L’examen débute par l’inspection externe des zones de projection du sinus frontal (situé dorsalement à une droite passant par l’angle nasal des yeux), et maxillaire supérieur (latéralement de part et d’autre du sinus nasal et crânialement à cette même droite) au cours de laquelle on recherchera des blessures notamment perforantes. Palpation Par palpation externe, on recherche main à plat la présence de lésions hypertrophiques, de signes inflammatoires. Percussion On examine ensuite les sinus à l’aide d’un marteau à percuter en comparant les sons émis à droite et à gauche à la recherche d’une modification de la matité des sons émis. Seule la trépanation permet un examen direct des cavités sous-jacentes. 7.2. Larynx et trachée La palpation externe permet de rechercher les augmentations de volume des tissus environnants, une sensibilité du larynx. De plus on notera si les bruits de cornage sont modifiés ou apparaissent au cours de la palpation du larynx. La trachée n’est accessible que dans sa portion cervicale où elle est examinée par inspection et palpation externe de la même manière que l’œsophage. La toux n’est pas provoquée facilement par la palpation externe, même forte, chez le bovin adulte en bonne santé. La recherche d’agents infectieux peut être réalisée sur un échantillon de mucus prélevé par aspiration transtrachéale , voire par lavage broncho-alvéolaire. - 20 - 7.3. Poumons et plèvre Topographie et champ d’exploration pulmonaire (cf Figure 12) Le champ d’exploration pulmonaire est limité dorsalement par le bord latéral de la musculature du tronc (muscle long dorsal). La limite crâniale est formée par une ligne joignant l’angle postérosupérieur de l’omoplate à la pointe du coude. La limite caudale est une ligne partant de la 9e côte à gauche et de la 10e côte à droite et joignant la pointe du coude. En plus du champ pulmonaire thoracique, il existe chez les bovins un champ pulmonaire préscapulaire. Le champ pulmonaire pré-scapulaire se trouve situé en avant de la musculature de l’épaule et s’étend de l’articulation de l’épaule jusqu’à mi-hauteur de l’omoplate ; sa largeur varie de 2 à 5 doigts. Palpation Le champ pulmonaire doit être palpé des deux côtés pour rechercher des lésions perforantes de la paroi thoracique, une fracture costale, ainsi que la présence d’emphysème sous-cutané. Percussion La percussion immédiate est réalisée avec le poing chez l’adulte ; elle est digito-digitée chez le veau. Lors de percussion médiate, les coups sont assénés à l’aide d’un marteau à percussion sur une spatule plessimétrique fortement appliquée dans un espace intercostal. Les coups secs sont donnés par le seul mouvement de l’articulation de la main ou du coude. Elle a pour objectif de définir la limite caudale des poumons, en particulier du côté droit grâce à la matité hépatique. Elle se réalise en percutant sur des lignes horizontales distantes de 2 à 3 cm ; la percussion verticale permet de rechercher des modifications des sons en relation avec des altérations de la plèvre ou du tissu pulmonaire. La percussion permet de révéler un hydro- ou un pneumothorax, et des lésions pulmonaires si elles sont suffisamment diffuses (7-8 cm ø) et très superficielles sous la paroi. Auscultation Il faut appliquer la capsule du stéthoscope avec une force de pression égale et la déplacer en progressant par bandes horizontales espacées de 2 à 3 cm depuis la région dorso-crânienne jusque vers le bas du champ pulmonaire. On ausculte chaque point pendant 1 à 2 cycles respiratoires. On insistera sur les zones les plus crâniales situées sous l’épaule, et en avant des membres antérieurs correspondant aux lobes apicaux des poumons Les bruits respiratoires normaux sont composés de bruits inspiratoires et de bruits expiratoires qui sont d’intensité moyenne et dont la fréquence correspond à celle des mouvements respiratoires. On recherchera des modifications des bruits normaux, qui peuvent être atténués ou renforcés, et la présence de bruits surajoutés (sifflements, crépitements). 8 - Appareil lymphatique (Figure 13) L’examen de l’appareil lymphatique repose sur l’inspection et la palpation des ganglions lymphatiques accessibles. - 21 - 8.1. Nœuds lymphatiques Les nœuds lymphatiques sont normalement facilement mobilisables et non subdivisés. Il faut noter d’éventuelles modifications de volume, de sensibilité, de consistance en comparant l’état des nœuds lymphatiques de chaque côté. Il faut examiner : Nœuds lymphatiques de la tête - Nœuds lymphatiques mandibulaires plus ou moins perceptibles Localisation : entre le bord horizontal de la mandibule et le pôle caudal de la glande mandibulaire Taille : 0,5 à 1cm de diamètre Territoire de drainage : moitié inférieure de la tête Palpation : prise en pince entre pouce et index - Nœuds lymphatiques parotidiens plus ou moins perceptibles Localisation : placés légèrement au dessus de l’articulation de la mandibule, au dessus de la glande parotide Taille : 0,5 à 1 cm de diamètre Territoire de drainage : moitié supérieure de la tête Palpation : main à plat à l’extrémité dorsale de la glande parotide, un peu en dessous l’oreille - Nœuds lymphatiques rétropharyngiens médians non perceptibles Localisation : localisés entre la branche montante de la mandibule, au dessus du larynx et en dessous de l’aile de l’atlas Taille : 0,5 à 1cm de diamètre Territoire de drainage : organes internes de la tête, pharynx et œsophage Palpation : les doigts tendus des deux mains à droite et à gauche sont enfoncés dans le triangle ci-dessus défini, en se plaçant dans le sens de l’animal non perceptibles Nœuds lymphatiques rétropharyngiens latéraux Localisation : situés à l’extrémité dorsale de la glande mandibulaire Taille : 0,5 cm Territoire de drainage : drainent les autres centres lymphatiques de la tête. Nœuds lymphatiques du tronc de Toujours palpables - Nœuds lymphatiques cervicaux superficiels Localisation : situés en avant de la scapula et légèrement au dessus de l’articulation l’épaule Taille : 7-8 x 2-3 cm Territoire de drainage superficiel : encolure, poitrine et épaule Palpation : en enfonçant fermement le bout des doigts vers le bord antérieur de l’épaule durant la palpation le nœud glisse nettement sous les doigts - Nœuds lymphatiques subiliaques Localisation : situés à la limite tiers moyen/tiers inférieur du segment joignant l’angle externe de la hanche à la rotule Taille : 7-8 x 2-3 cm Territoire de drainage : moitié postérieure du tronc, partie crânio-latérale de la cuisse - 22 - Palpation : en se plaçant en sens inverse de l’animal et en faisant glisser vers l’avant le nœud horizontalement sous la pulpe des doigts - Nœuds lymphatiques mammaires Localisation : situés de chaque côté du ligament suspenseur, à l’attache de la mamelle Taille : 5-6 cm de diamètre Territoire de drainage : mamelle, face interne et postérieure de la cuisse Palpation : pendant qu’une main soulève la mamelle par l’arrière, l’autre palpe en profondeur l’attache postérieure de la mamelle sur le plan médian Nœuds lymphatiques intra-abdominaux - Nœuds lymphatiques iliaco-fémoraux toujours palpables Localisation : situés crânialement et médialement au niveau du col de l’ilium Taille : 3-4 cm de diamètre Territoire de drainage : subiliaques, creux poplité, mamelle ou scrotum, région du fémur, des lombes, du bassin et des testicules Palpation : avec la main placée à plat de chaque côté de l’entrée du bassin en position crânio-médiane au niveau de la partie antérieure du corps de l’ilium. - Nœuds lymphatiques iliaques médiaux plus ou moins palpables Localisation : à la quadrifurcation aortique Taille : 1-2 cm Territoire de drainage : moitié postérieure du tronc, partie crânio-latérale de la cuisse. 8.2. Vaisseaux lymphatiques Dans les conditions normales, les vaisseaux lymphatiques ne sont pas décelables ; s’ils sont palpables, c’est qu’ils sont hypertrophiés. - 23 - Figure 13 : exploration des nœuds lymphatiques 9 - Appareil urinaire L’examen de l’appareil urinaire permet de rechercher des affections primitives et des troubles fonctionnels secondaires des reins, des uretères, de la vessie et de l’urètre. Il permet le prélèvement d’urine pour la recherche de constituants anormaux. 9.1. Reins Topographie Chez les bovins, le rein gauche est plus caudal que le rein droit. Le rein droit se projette dorsalement entre la 12e vertèbre dorsale et la 3e vertèbre lombaire. Son méso l’attache très près de la colonne vertébrale à droite du plan médian. Le rein gauche s’étend de la 1ere jusqu’à la 5e - 24 - vertèbre lombaire et il est suspendu à un méso de la longueur d’une main environ et, repoussé vers la droite par le rumen, il se situe donc dans le plan médian. Palpation transrectale La plupart du temps, seul le pôle caudal du rein gauche est accessible par palpation transrectale. Il faut noter la taille du rein, des lobules, la consistance du tissu rénal et péri-rénal, la sensibilité éventuelle. 9.2. Uretères Le trajet des uretères des reins à la vessie est palpé par voie transrectale main à plat de chaque côté de la partie antérieure du bassin. Ils ne sont pas palpables par voie transrectale dans les conditions physiologiques. 9.3. Vessie Topographie Chez le mâle, la vessie est située sous le rectum alors que chez la femelle, elle est située ventralement au vagin sur le plancher du bassin. Figure 14 : Topographie de la vessie chez la vache Palpation transrectale Au cours de l’exploration rectale chez la femelle, la vessie est palpable si elle est volumineuse et dépasse le corps de l’utérus. Par voie vaginale, même vide, elle est toujours palpable (de la taille du poing à celle d’un ballon). Il faut s’intéresser à son volume, à la structure de sa paroi, aux adhérences avec les organes voisins, à sa sensibilité. 9.4. Urètre Chez la femelle, l’extrémité distale de l’urètre peut être examiné par voie vaginale, explorée avec le doigt, sondée avec un cathéter introduit sous contrôle digital qui permet le prélèvement d’urine. - 25 - Chez le mâle, l’examen de l’urètre s’effectue par inspection de la zone préputiale et palpation de la zone périnéale, (ou palpation transrectale). Le cathétérisme partiel de l’urètre (risque de traumatisme des bulbes urétraux) peut être envisagé après administration d’un neuroleptique. 9.5. Prélèvement d’urine L’analyse d’urine fait partie de l’examen clinique et doit être réalisée soit sur un prélèvement obtenu après miction spontanée soit après cathétérisme de l’urètre chez la femelle. - Miction spontanée La miction survient très souvent après que le bovin s’est relevé. Elle peut être provoquée par massage de la région périnéale chez la femelle ou du prépuce chez le mâle. Cependant l’urine est souvent souillée par des substances étrangères. - Cathétérisme urétral Après nettoyage et désinfection soignée de la région périnéale et de la vulve, une sonde urinaire souple ou rigide est introduite dans le vagin. Le doigt repère le diverticule sous-urétral et est placé dans le méat urinaire ; on remplace alors le doigt par l’extrémité de la sonde qui est ensuite enfoncée doucement jusqu’à la vessie. Si la vessie est pleine, l’urine s’écoule spontanément ; dans le cas contraire, on aspirera l’urine à l’aide d’une seringue. Analyse d’urine On réalisera tout d’abord un examen macroscopique de l’urine en notant sa couleur, sa limpidité. On évaluera ensuite les capacités fonctionnelles des reins en mesurant la densité de l’urine qui est comprise entre 1,020 et 1,040 chez les bovins en bonne santé. La présence de protéines dans l’urine sera ensuite recherchée à l’aide d’une bandelette urinaire. Dans le cas d’une réaction positive, la protéinurie sera confirmée à l’aide de la réaction de Heller. D’autres constituants seront recherchés au cours de l’examen biochimique sur bandelette urinaire, ceux qui révèlent une atteinte urinaire ou générale (glucose, pH et sang), et ceux qui n’ont aucune relation directe avec une atteinte urinaire proprement dite (corps cétoniques). Après centrifugation douce, un examen microscopique permet de rechercher la présence de cristaux, de cellules (leucocytes, érythrocytes) et de germes. Ces examens peuvent être complétés d’une analyse bactériologique en cas de suspicion d’infection urinaire. - 26 -