Poly de TD

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Poly de TD
Module de sémiologie
Travaux Dirigés
Année 2008
Méthodes d’examen clinique
des bovins
Pathologie des Ruminants
G. Foucras, G. Meyer, J-F Valarcher, F. Schelcher
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Avant-propos
Les objectifs de cet enseignement sont multiples. Tout d’abord, la topographie et la
morphologie normales des organes et des différents appareils seront décrites chez le bovin en bonne
santé et présentées directement sur l’animal. Dans un second temps, les différentes techniques
d’examen applicables à chaque région ou organe seront présentées.
L’enseignement des méthodes de l’examen clinique d’un animal (ou propédeutique) se
distingue de la sémiologie qui est l’étude des signes cliniques. L’examen clinique est le pré-requis à
l’établissement d’un diagnostic qui fait la synthèse des informations recueillies à ce moment-là, en
les confrontant aux connaissances des affections spécifiques et des maladies.
Les modalités pratiques de l’examen clinique présentées dans un ordre constant et logique,
par souci de clarté, sont les suivantes.
L’examen clinique débute par l’examen visuel ou inspection des différentes régions du corps (tête,
cou, thorax, abdomen, région périnéale, glande mammaire et membres) à distance de l’animal, puis
en se rapprochant.
L’examen de chaque région ou organe fera appel à différentes techniques :
- la palpation qui permet de déterminer la consistance et le volume des tissus ou des
organes.
- la percussion qui consiste à frapper directement sur une région du corps avec un maillet
pour provoquer une plainte de l’animal (percussion douloureuse), ou en interposant entre le marteau
à percussion et la peau une spatule plessimétrique de façon à provoquer l’émission de sons dont la
tonalité dépend de la densité des tissus sous-jacents (percussion sonore).
- la palpation profonde ou succussion lorsqu’elle est appliquée sur la paroi du flanc, a pour
but de mettre en évidence l’accumulation de liquide à l’intérieur d’un organe ou d’une cavité.
- l’auscultation directe en appliquant l’oreille contre le champ à examiner ou le plus souvent
en utilisant un stéthoscope ( de Goetze ou Hauptner)
- l’auscultation-percussion
ou auscultation-succussion qui consistent à utiliser
simultanément deux techniques permettant en particulier la mise en évidence de l’accumulation de
gaz et de liquide à l’intérieur d’un viscère abdominal chez les bovins.
Les techniques d’imagerie médicale (radiologie, échographie) pourront être utilisées au cas par cas
en appui des techniques classiques d’examen.
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1 – Rappels de Contention
- Abord de l'animal
Lorsque le bovin est en liberté dans un parc ou dans un enclos, on essaiera tout d'abord de
restreindre ses déplacements en le bloquant dans un angle (en s'aidant d'une barrière par exemple).
Les installations de type couloir de contention sont utiles. Avant l'examen clinique rapproché et
avant toute manipulation, le clinicien doit observer l’animal à distance ; il appréciera alors l'état
d'agitation ou de crainte de l'animal pour choisir des moyens de contention adaptés. Avant tout
contact avec le bovin, le clinicien doit s’assurer que l’animal a remarqué sa présence pour éviter
l’effet de surprise et des réactions de défense qui pourrait être dangereuses.
- Contention de la tête
Avant de réaliser l'examen clinique, le bovin doit être immobilisé par une contention
efficace de la tête afin de prévenir tout mouvement intempestif.
Contention manuelle
Animal avec cornes
Saisir la corne située vers soi, puis ramener la tête de l'animal sur l'encolure tout en
saisissant l'extrémité de la tête
soit par une prise nasale
soit par une prise sous-mandibulaire.
Se placer alors en arrière de l'épaule de l'animal et maintenir la tête de l'animal relevée (les efforts
que fait l'animal pour se libérer seront réduits si la tête est placée en extension).
Animal sans corne
Saisir le mufle de l'animal, puis ramener la tête sur l'encolure. L'autre main est placée sous
l'oreille de façon à maintenir la tête plaquée contre soi.
La prise nasale peut dans tous les cas être remplacée par l’utilisation d’une pince-mouchette.
Réalisation d'un licol
Deux types de licol peuvent être utilisés pour attacher un animal (écorné ou non) à un point fixe.
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Figure 1: Réalisation d’un licol
1/bovin avec cornes
2/bovin écorné
Noeud d'amarre
Le noeud d'amarre est un noeud que l'animal ne peut pas défaire en tirant, mais qui permet
de le libérer rapidement en cas d'urgence.
Figure 2 : Nœud d’amarre
Contention des membres
Contention d'un membre antérieur (cf appareil locomoteur)
La contention d'un membre permet d'empêcher les coups de pied avec les membres
postérieurs ; elle est utile aussi pour l'examen du pied.
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Contention d'un ou des membre(s) postérieur(s)
Mise en place d'un entrave-flancs
Huit au jarret
En solidarisant les deux membres postérieurs, les possibilités de coup de pied sont très limitées
(à utiliser pour une intervention de longue durée ou qui risque de provoquer des réactions de
défense avec les postérieurs).
Figure 3 : Contention des membres postérieurs : Huit au jarret
Méthodes de couchage
Le couchage d'un bovin adulte n'est réalisé qu'en dernier recours si l'animal est très agité ou
si l'intervention (chirurgicale le plus souvent) le nécessite.
La bovin est amené sur un support meuble (matelas de paille) pour éviter toute blessure. Un aide
doit s'occuper de la tête pendant toute la manœuvre. Une fois l'animal au sol, la tête est placée en
extension et les membres attachés.
Méthode de Hertwig
Une corde suffisamment longue est placée de façon à créer des demi-clés en avant et en arrière
des membres antérieurs, puis en avant des saillies osseuses de l’ilium (en prenant garde de ne
pas traumatiser la mamelle).
Méthode de Szabo
La corde divisée en deux brins de longueur identique est placée en regard du garrot, puis placée
sous les membres antérieurs. Les deux brins sont croisés sur le dos de l’animal et passent
ensuite entre mamelle et membre postérieur de chaque côté.
Relever d'un animal couché
En présence d'un bovin couché, il faut d’abord l’inciter à se lever. Si le relever n'est pas
possible et que le décubitus persiste, l'animal peut être soulevé en utilisant un appareil de Bagshawe
(placé sur les tubérosités osseuses de l’ilium) associé à un palan.
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2 - Appareil locomoteur
- Examen à distance
Animal couché
Normalement le bovin est couché en position sterno-abdominale, les membres antérieurs
repliés, placés chacun de chaque côté de la cage thoracique, les membres postérieurs légèrement
repliés, placés tous les deux du même côté du corps. On examinera le port de la tête, la position et
l’angulation des membres.
Lorsque l’animal se relève, il soulève d’abord le train postérieur, puis il utilise la tête
comme balancier, et redresse la partie antérieure du corps.
Animal debout, en mouvement
Sur le bovin au repos, on examine la position des membres les uns par rapport aux autres, et
leur maintien par rapport au corps. On recherche des déviations de l’axe des membres (les bovins
sont en général légèrement panards) ainsi que des modifications de volume (asymétrie des masses
musculaires)
Au cours du déplacement, on détermine si la durée de la phase d’appui (= posé et appui) ou
la phase de suspension (=soulèvement et engagement) d’un des membres est raccourcie ; cet
examen permet de définir le membre atteint et très souvent le siège de l’affection locomotrice.
- Soulèvement du membre à examiner
Figure 4 : Soulèvement d’un membre postérieur
- Pied
La fréquence des affections podales (80% des boiteries chez les bovins) conduit en première
intention à examiner le pied après avoir placé le bovin dans une cage de contention.
Inspection
Après avoir soulevé le membre à examiner (cf Fig.4), on nettoie soigneusement le pied pour
permettre l’examen des onglons, et en particulier leur taille, leur forme. L’angle entre la paroi
antérieure et la surface de la sole est de 60° environ ; la longueur de la paroi antérieure doit être au
plus égale à deux fois la hauteur de la muraille mesurée latéralement dans l’axe du membre.
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La corne des onglons sains est ferme, offre une surface lisse et unie. Il faut noter les ruptures ou les
pertes de substance de l’étui corné. La peau de la couronne et de l’espace interdigité doit être
intacte, sèche, ferme adhérente au sabot. L’axe du pied, ligne virtuelle traversant le milieu des trois
phalanges est parfaitement rectiligne vu de face.
Palpation et palpation-pression
On palpe la couronne et la paroi abaxiale des deux onglons, afin de comparer leur
température. On appuie fortement de préférence à l’aide d’une pince à sabot sur les soles et les
talons pour apprécier leur consistance et leur sensibilité. Ensuite un des onglons est mobilisé autour
de son axe pendant que l’autre est maintenu normalement, et on note les réactions de défense.
Les solutions de continuité de la corne seront parées, puis explorées à l’aide d’une sonde
métallique.
L’examen radiologique des onglons pourra compléter ces examens pour préciser la nature et
l’étendue des lésions.
Partie proximale du membre
Si la boiterie n’est pas localisée aux onglons, on examine les différentes structures du
membre (articulations, os, muscles) et les différents segments.
Inspection
On recherche des modifications de volume sur les articulations, les gaines tendineuses ou les
bourses synoviales, les muscles.
Palpation et palpation-pression
La palpation permet d’apprécier la consistance des tissus, la sensibilité à la pression, la
chaleur. On soumet le membre à des mouvements de flexion, d’extension, de torsion pour déceler
d’éventuelles douleurs.
Percussion
La percussion des rayons osseux sert à mettre en évidence une sensibilité lors d’ostéopathies
chroniques ou de fractures.
Ponction
La ponction d’une articulation distendue a pour intérêt de permettre l’examen du liquide
synovial (quantité, couleur, transparence, coagulabilité, et numération cellulaire)
Techniques d’imagerie
On peut avoir recours à l’échographie pour l’examen des tissus mous et pour des lésions
suffisamment superficielles. Cependant elle n’est d’aucun recours pour les lésions osseuses. Dans
ce cas, on préférera la radiologie qui n’est applicable qu’à la partie distale des membres avec les
équipements les plus courants.
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3 - Appareil digestif
L’examen de l’appareil digestif s’effectue organe par organe de la bouche au rectum. On
s’intéressera au comportement du bovin en présence d’aliments appétents (estimation de l’appétit,
prise de nourriture)
On examinera la nature, la qualité et la quantité des aliments distribués ainsi que la proportion
relative fourrages/concentrés ; on vérifiera l’adéquation des apports aux besoins en fonction du
stade physiologique et du niveau de production attendu de l’animal.
3.1. Cavité buccale
Inspection et palpation externes
Il faut s’intéresser à la salivation (100 à 200 litres de salive sont produits par jour), à la
présence de lésions, ou à des modifications du volume et de la consistance des tissus en relation
avec une blessure, une tumeur, ou un foyer infectieux.
Ouverture de la bouche
L’ouverture de la bouche est réalisée, après contention efficace de la tête, en introduisant les
mains à plat dans la zone dépourvue de dents (noter à ce moment-là la force développée par la
musculature des masséters). On examinera l’aspect de la muqueuse (couleur, vésicules, lésions
ulcératives ou érosives), la denture, la langue, les orifices des canaux salivaires, le canal
mandibulaire et les caroncules sublinguales, la présence éventuelle d’aliments non déglutis ou d’un
corps étranger. On notera toute modification de l’odeur de la cavité buccale (odeur de nécrose), et
surtout celle de l’air exhalé (odeur ammoniacale, de corps cétoniques).
La bouche peut être maintenue ouverte soit en extériorisant la langue fermement maintenue
à l’aide d’une serviette, soit à l’aide d’un spéculum buccal permettant l’inspection et la palpation du
pharynx.
3.2. Pharynx
Inspection et palpation externes
Le pharynx, carrefour des voies digestive et respiratoire peut être examiné et palpé juste en
arrière de l’auge, à l’angle de la mandibule. La palpation externe du pharynx lorsqu’elle est forte
provoque la déglutition ; elle peut également provoquer l’apparition du cornage pharyngé.
Palpation interne
Il faut tout d’abord assurer une contention parfaite de la tête de l’animal et utiliser un
spéculum buccal pour prévenir tout risque de pincement du bras par les mâchoires puissantes du
bovin.
La palpation interne du pharynx est possible avec la main introduite verticalement dans la
cavité (pour offrir le moins de prise possible aux dents molaires).
3.3. Œsophage
Topographie
L’œsophage des bovins adultes mesure 1,10 à 1,25 m de long. Il s’étend en regard de la
gouttière jugulaire, d’abord dorsalement par rapport à la trachée, puis sur le côté gauche et redevient
à nouveau dorsal lorsqu’il pénètre dans la cavité thoracique.
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Inspection et palpation externes
L’inspection se réalise dans la région de la gouttière jugulaire du côté gauche du fait de la
déviation de l’œsophage de ce côté ; il est possible de voir à ce niveau le passage des bols
alimentaires. Pour la palpation, les mains sont placées de chaque côté de l’encolure, au dessus de la
trachée et déplacées en suivant la gouttière jugulaire. Seul le trajet cervical est accessible par ces
techniques.
Cathétérisme bucco-oesophagien
Seul le cathétérisme permet d’explorer la totalité du conduit et donc le diagnostic d’une
obstruction située en dehors de la portion cervicale. Il permet l’évacuation des gaz accumulés lors
de météorisation ou l’administration de liquides.
La sonde (en caoutchouc, matière plastique, ou constituée d’une spirale métallique) devra avoir une
longueur de 1,5 m environ, un diamètre maximal de 2 à 3 cm et sera lubrifiée avant d’être introduite
dans la cavité buccale. La tête sera fermement maintenue et placée en légère extension. Une fois
que l’extrémité de la sonde a été déglutie, elle est poussée délicatement jusque dans le réticulorumen. Pour vérifier la position de la sonde, un peu d’eau versée dans la sonde une fois qu’elle a été
introduite provoquera une toux réflexe en cas de cathétérisme trachéal accidentel. Une fois que la
sonde aura potentiellement atteint le réticulo-rumen, on auscultera le rumen tout en insufflant de
l’air à travers la sonde pour entendre le bruit de bouillonnement ainsi produit.
3.4. Réseau
Une affection très fréquente du réseau est la réticulo-péritonite par corps étranger : un fil de
fer s’implante dans la paroi du réseau, parfois la traverse et entraîne avec lui des germes à l’origine
d’une réticulo-péritonite d’extension plus ou moins marquée. L’examen du réseau a pour but de
rechercher la présence d’une douleur réticulaire lors de troubles de la motricité des pré-estomacs
s’accompagnant d’une perte d’appétit.
Topographie et zone de projection
Le réseau est situé juste en arrière du diaphragme en zone craniâle de la cavité abdominale.
Il est donc placé en avant du rumen. Les 2/3 du volume (7 à 8 litres) sont situés à gauche du plan
médian ; il se projette dans les 7e et 8e espaces intercostaux.
Figure 6 : Aire de projection (dite de Liess)
L’aire de projection du réseau (définie par Liess) est limitée dorsalement par le bord caudal
du champ pulmonaire, crânialement par une ligne joignant la pointe des coudes à la base du
cartilage du processus xiphoïde, et caudalement par une ligne joignant l’ombilic et le point
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d’intersection entre une ligne oblique joignant la pointe du coude à l’extrémité dorsale de la
dernière côte et une ligne horizontale passant par l’articulation de l’épaule (du côté gauche ),
passant à un travers de main en dessous (du côté droit).
Recherche de la sensibilité douloureuse
L’examen direct du réseau étant difficile, plusieurs techniques ont été développées pour
mettre en évidence une douleur d’origine réticulaire.
Trois techniques de palpation-pression indirecte sont possibles :
- épreuve du garrot. Un pli de peau est réalisée tout en exerçant une légère pression
sur l’épine dorsale à hauteur du garrot. Si le bovin se met en lordose spontanément, l’épreuve est
négative. Si l’animal ne bouge pas ou essaie de se soustraire à la pression exercée, en émettant une
plainte (spontanément audible ou en auscultant simultanément la trachée), en fléchissant les
membres antérieurs, l’épreuve est positive.
- épreuve du bâton. Une barre solide est placée ventralement au réseau pour exercer
une pression sur celui-ci et déplacée en plusieurs points pour balayer la totalité de l’aire de Liess. Si
après soulèvement, l’animal émet une plainte, l’épreuve est positive
- percussion. Le réseau est examiné en percutant sur la zone de projection ventrale à
l’aide d’un marteau lourd (maillet). Une alternative à cette technique est la percussion intercostale
avec marteau à percussion et cuvette plessimétrique.
On peut également associer plusieurs techniques par exemple l’épreuve du bâton et la percussion.
Auscultation
L’auscultation appliquée en regard du réseau permet d’entendre les contractions du réseau.
Toutefois la motricité réticulaire, indissociable de la motricité ruminale, est évaluée simplement par
l’auscultation du rumen.
Détection ferromagnétique
La présence d’un corps étranger métallique peut être recherchée à l’aide d’un détecteur
ferromagnétique en balayant la totalité de l’aire de projection du réseau d’avant en arrière.
3.5. Rumen
Le volume du rumen est d’environ 150 litres chez le bovin adulte. C’est le réservoir digestif
le plus volumineux dans lequel sont stockés les aliments dégradés par la flore microbienne. Le but
de l’examen du rumen est de rechercher une altération de la motricité des pré-estomacs d’origine
primaire ou secondaire, ainsi qu’une modification du volume et de la consistance de son contenu.
Topographie et zone de projection
Le rumen occupe les 3/4 de la cavité abdominale. Le sac ventral selon son état de
remplissage s’étend plus ou moins loin du côté droit.
Le rumen se projette sur la quasi-totalité de la paroi costo-abdominale gauche, la limite entre le sac
ventral et le sac dorsal se situant à peu près à mi-hauteur de la paroi du flanc.
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Figure 7 : Relations topographiques du rumen (vue droite, Rosenberger)
Figure 8 : Relations topographiques des pré-estomacs des bovins (vue gauche, Rosenberger)
Inspection du flanc gauche
L’examen du profil du flanc gauche (creux, fuyant du flanc) en le comparant à celui du flanc
droit permet d’estimer l’état de réplétion du rumen.
L’aspect plus ou moins bombé du creux du flanc indique une accumulation gazeuse dans le rumen
(météorisation)
Palpation
transpariétale
La palpation du rumen en plaçant la main à plat dans le creux du flanc permet de mesurer la
fréquence des contractions ruminales (5 à 7 contractions / 5 min.).
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La palpation-pression et la succussion du flanc gauche permet d’apprécier la consistance du
contenu ruminal normalement organisé en 3 strates de consistance différente (gaz, fibres, et
liquide).
transrectale
La palpation transrectale du cul-de-sac dorsal (et ventral du côté droit lors de surcharge
ruminale) du rumen permet de confirmer la dilatation plus ou moins marquée de celui-ci.
Percussion
La percussion du rumen permet d’estimer la taille du dôme gazeux et éventuellement de
mettre en évidence une douleur.
Auscultation
L’auscultation se réalise en appliquant la capsule du stéthoscope d’abord dans le creux du
flanc gauche, puis en l’absence de bruits en regard de l’avant-dernier espace intercostal (double
auscultation). On peut entendre 2 types de bruits :
- des bruits intermittents, périodiques avec une fréquence de 5 à 7 / 5 min., d’une
durée de 10 à 15 s., et semblables à un bruit de cascade qui correspondent aux bruits de contraction
du rumen.
- des bruits plus ou moins permanents, crépitants, qui correspondent à l’activité
fermentaire.
Ponction
à visée diagnostique
Elle a pour but de prélever un échantillon de liquide ruminal pour examen
biochimique et bactériologique. Après rasage et désinfection locaux, la ponction est réalisée dans le
fuyant du flanc, un travers de main en avant du grasset à l’aide d’une aiguille 22G, munie d’une
seringue. Après aspiration, la seringue est séparée de l’aiguille avant d’être retirée pour éviter toute
contamination par du sang au moment de la traversée des muscles pariétaux. Le liquide obtenu est
de couleur vert-grise à brun-verdâtre, légèrement visqueux, d’odeur aromatique, avec une valeur pH
comprise entre 5,5 et 7 ; il contient des bactéries à dominante Gram négatif et des protozoaires.
à visée curative
La ponction a pour but cette fois d’évacuer les gaz accumulés dans le sac dorsal du
rumen lors de météorisation. Le trocart (métallique ou à vis) est implanté au sommet du dôme créé
par la dilatation du sac dorsal du rumen après incision cutanée en visant le coude droit. Le trocart
est laissé en place jusqu’à l’arrêt des troubles.
3.5. Feuillet
Topographie et zone de projection
Le feuillet est situé sous la paroi costale droite à laquelle il n’est pas adhérent. Il se projette
en arrière du champ pulmonaire (cf appareil respiratoire) entre la 8e et la 11e côte sous une
horizontale passant par le 1/3 inférieur de la paroi costale.
Palpation
La palpation de l’organe n’est possible qu’après laparotomie paralombaire droite
Percussion
Elle est réalisée dans les espaces intercostaux de la zone de projection du feuillet et permet
généralement d’obtenir un son assez mat. A l’inverse, la percussion douloureuse n’a pas d’intérêt.
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Auscultation
Les bruits d’origine omasale ne sont pas toujours clairement perceptibles, ni aisément
différenciés des bruits provenant des autres organes digestifs.
Ponction
Pour la ponction du feuillet, on enfonce une aiguille dans le 9e espace intercostal à la
hauteur de l’articulation de l’épaule ; l’aiguille exécute des mouvements de rotation irréguliers,
absents en cas de parésie du feuillet.
3.6. Caillette
La caillette est l’estomac glandulaire des bovins qui peut non seulement être le siège d’affections
inflammatoires, mais aussi subir des modifications de position par rapport aux autres organes de la
cavité abdominale.
Topographie et zone de projection
Le volume relatif de la caillette par rapport à celui du rumen évolue avec l’âge chez les
bovins ; chez le veau pré-ruminant, la caillette a un volume double de celui du rumen alors qu’à
l’âge adulte, elle ne représente plus que 1/9 du volume du rumen (10 à 15 litres)
La topographie de la caillette évolue donc avec l’âge. Chez le veau, elle occupe toute la partie
ventrale de la cavité abdominale. Chez l’adulte, sa base se trouve dans la région du processus
xiphoïde. La majorité de l’organe est située du côté droit du plan médian sous le réseau et le sac
cranial du rumen. Elle contourne le feuillet et se termine par sa partie pylorique située du côté droit.
Le pylore se projette dans le 10e espace intercostal droit sur une horizontale passant par
l’articulation de l’épaule.
Inspection des profils
On recherche en arrière de l’hypochondre droit une déformation du profil qui apparaît lors
de surcharge abomasale. Le déplacement vers la droite de la caillette, si elle s’accompagne d’une
forte dilatation peut entraîner une déformation qui s’étend plus dorsalement et caudalement.
Lorsque la caillette se déplace vers la gauche, une saillie dans le creux du flanc gauche peut
apparaître lors de déplacement sévère (rare).
Palpation
transpariétale
La palpation profonde de la caillette est réalisée avec le poing en zone ventro-latérale droite
en arrière de l’hypochondre. Elle permet de mettre en évidence une sensibilité de l’organe lors
d’ulcère étendu par exemple, ou une accumulation de sable, qui si elle est volumineuse se traduira
par un crissement.
Lors de déplacement vers la gauche, la succussion du fuyant du flanc en arrière de l’hypochondre
gauche permet de provoquer un bruit liquidien.
transrectale
Lors de dilatation extrême avec déplacement vers la droite, la caillette devient accessible à la
palpation transrectale dans le quart dorsal droit ; à l’inverse la palpation de la caillette entre paroi
abdominale et rumen n’est que très rarement possible lors de déplacement vers la gauche.
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Auscultation
L’auscultation de la caillette dans sa position physiologique n’a pas d’intérêt. En revanche
elle est fondamentale pour le diagnostic des déplacements de la caillette.
L’auscultation-percussion s’effectue de part et d’autre d’une ligne joignant la pointe du coude à la
pointe de la hanche sur une surface de 20 cm de diamètre centrée sur les dernières côtes
(correspondant à la poche de gaz sous pression contenus dans l’organe). La percussion de la paroi
est réalisée par des chiquenaudes, ou avec le manche d’un marteau à percuter.
Ponction
La caillette en position normale, chez l’adulte, sera ponctionnée sur la ligne blanche à peu
près à mi-distance entre l’ombilic et l’appendice xiphoïde. Lors de déplacement, la ponction
s’effectue dans la moitié inférieure de la zone de percussion tympanique.
Le liquide obtenu est normalement verdâtre avec un pH compris entre 2 et 4.
Figure 9 : Représentation schématique de la situation topographique de la caillette lors de dilatation
à droite.
Figure 10 : Représentation schématique de la situation topographique de la caillette dans le
déplacement vers la gauche (léger, moyen ou important).
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3.7. Intestins
Les différents segments intestinaux (duodénum, jéjuno-iléon, caecum, colon et rectum) ne
peuvent pas être individualisés les uns par rapport aux autres. L’examen clinique aura donc surtout
pour but de rechercher une modification de leur contenu.
Topographie
Les intestins occupent les 2/3 de la moitié droite de la cavité abdominale ; ils sont repoussés
à droite au delà du plan médian selon l’état de remplissage du rumen et vers la paroi abdominale
ventrale pendant la gestation.
Figure 11 : Topographie des intestins, du foie et de la caillette chez les bovins (après ablation d’une
partioe du diaphragme et du grand epiploon, Rosenberger). Jaune = duodénum ; violet = jejunum ;
brun = ileum; vert = circonvolutions intestinales (colon spirale) ; bleu = gros intestin ; gris =
caecum, caillette et foie.
Inspection, palpation
Ces techniques appliquées à la paroi du flanc droit n’ont que peu d’intérêt, excepté dans le
diagnostic de la dilatation avec ou sans torsion du caecum.
Succussion
La succussion du flanc droit s’effectue de la même façon que celle du flanc gauche chez
l’adulte. Chez le veau, elle se réalise en plaçant les mains de chaque côté de l’abdomen pour
mobiliser le contenu de la cavité abdominale par des mouvements de haut en bas. Lors de diarrhée,
on perçoit un bruit liquidien net.
Palpation transrectale
C’est le temps essentiel de l’examen des intestins. La main (recouverte par un gant en
matière plastique préalablement lubrifié) est introduite en cône pour progresser à travers les
contractions du rectum, puis elle est posée à plat sur la paroi du rectum.
L’examen concerne le rectum lui-même et les circonvolutions intestinales caudales. Pour le rectum,
il faut s’intéresser à l’état de la muqueuse, à la tension de la paroi, et à la présence éventuelle
d’adhérences . Chez un bovin en bonne santé, les circonvolutions intestinales ne sont pas
individualisables.
Les autres organes accessibles par palpation transrectale sont : le bassin et la filière pelvienne, les
nœuds lymphatiques iliaques médiaux et iliaco-fémoraux, le rumen, l’appareil génital (vagin, col,
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cornes, ovaires), l’appareil urinaire (vessie, pôle caudal du rein gauche), le pouls en avant de la
quadrifurcation de l’aorte.
Examen des matières fécales
L’examen des matières fécales permet de noter la quantité d’excréments présents dans le
rectum, leur consistance, couleur, odeur, le degré de digestion des fibres végétales (taille
anormalement élevée >2 cm), la présence de substances anormales telles que du mucus, de la
fibrine, du sang plus ou moins digéré.
3.8. Foie
Dans l’espèce bovine, l’examen clinique est réduit.
Topographie et zone de projection
Le foie se projette du côté droit en arrière du champ pulmonaire avec une orientation dorsoventrale. il est situé sous les côtes (entre la 8e et la 13e côte) et ne dépasse normalement pas le
cercle de l’hypochondre.
Inspection
L’inspection du foie n’est pas réalisée. L’inspection des muqueuses et de la peau dans les
zones non pigmentées peut suggérer lors d’ictère, de lésions de photosensibilisation, de lésions
hémorragiques une atteinte hépatique.
Palpation
Lors d’hypertrophie hépatique, le foie est palpé avec les doigts placés en crochet en arrière
de la dernière côte à droite, dans la partie supérieure du creux du flanc.
Percussion
L’aire normale de percussion du foie (son mat) est située dorsalement dans l’avant-dernier et
le dernier espace intercostal, juste en arrière du champ pulmonaire (son pulmonal). Une sensibilité
douloureuse à la percussion est rarement perçue.
Biopsie
Le prélèvement de tissu hépatique a pour but d’évaluer les lésions hépatiques diffuses.
La ponction se réalise à l’aide d’une aiguille à biopsie. Le lieu de la ponction se situe 20 à 30 cm
latéralement à l’épine dorsale, dans le 11e ou 12e espace intercostal droit. Après incision cutanée,
l’aiguille est introduite en aveugle à travers les muscles intercostaux dans le tissu hépatique et
permet de prélever un fragment tissulaire. La biopsie peut également être réalisée après laparotomie
droite et sous contrôle visuel.
Examen biologique
Les informations apportées par les examens biologiques ont un intérêt majeur pour le
diagnostic des affections hépatiques en comparaison des résultats de l’examen clinique.
4 – Muqueuses
Les muqueuses chez un bovin en bonne santé sont brillantes, humides, de couleur rosée.
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On recherchera en particulier des modifications de la coloration (jaune=ictére, paleur=anémie,
bleue-violacée=cyanose).
Muqueuse oculaire
La main placée en arrière de l’oeil enfonce le globe oculaire par pression sur la paupière
supérieure tout en abaissant la paupière inférieure.
Muqueuse buccale (cf. examen de la bouche et contention du mufle)
Muqueuse nasale
L’examen se fait en écartant l’aile du nez avec l’index pour élargir le champ de vision à
l’intérieur de la cavité nasale. Il est nécessaire de s’aider d’un bon éclairage.
Muqueuse vulvaire
La queue déviée latéralement par le coude, on écarte les lèvres de la vulve avec le pouce et
l’index d’une main, ou bien avec les deux mains entre le pouce et l’index de chaque main.
L’aspect des différentes muqueuses devra être comparé et interprété en fonction des atteintes
locales.
5 - Tissu conjonctif sous-cutané
La mobilité de la peau dépend de l’état d’hydratation de l’hypoderme. Si l’on réalise un pli
de peau à mi-hauteur de l’encolure, il disparaît dès qu’on le relâche dans les conditions normales
d’hydratation. Le pli de peau persiste d’autant plus longtemps que la déshydratation est marquée
(supérieure à 5% du P.V. lorsqu’elle est détectable)
Le tissu conjonctif sous-cutané peut être le siège d’infiltrations liquidiennes (liquide interstitiel,
sang,...), cellulaires, ou gazeuses, et de migrations parasitaires (larves d’hypodermes)
6 - Appareil cardio-vasculaire
L’examen de l’appareil cardio-vasculaire a pour but de diagnostiquer les affections
spécifiques d’appareil, mais aussi de préciser les conséquences sur l’appareil cardio-vasculaire
d’autres affections pour l’établissement du pronostic.
6.1. Cœur
Topographie et zone de projection (cf Figure12)
Chez les bovins, le cœur se projette entre la 3e et la 6e côte. La base du cœur se situe à mihauteur du thorax alors que la pointe du cœur dirigée caudalement , légèrement déviée vers la
gauche repose sur le sternum. Les 3/5 du volume cardiaque se trouvent à gauche du plan médian et
les 2/5 à droite de sorte que l’examen du cœur commence toujours du côté gauche.
L’aire de projection du cœur sur la paroi thoracique correspond à un triangle rectangle orienté vers
l’avant. Il est situé entre deux droites horizontales, l’une passant par l’articulation de l’épaule et
l’autre par la pointe du coude. La limite caudale est une droite verticale qui suit la musculature des
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anconés et qui passe par la pointe du coude. L’hypothénuse est une ligne joignant un point situé
entre le 1/3 antérieur et le 1/3 moyen de l’horizontale passant par l’épaule et la pointe du coude.
Les valves artérielles (Aortique et Pulmonaire) se projettent du côté gauche respectivement dans le
4e et le 3 e espace intercostal. La valve atrio-ventriculaire gauche (Mitrale) se projettent dans le 4e
espace du côté gauche, alors que la valve atrio-ventriculaire droite (Tricuspide) se projette dans le
3e espace du côté droit. (Localisation des points d’auscultation : Formule MATP = 4433).
Inspection
L’activité cardiaque à de très rares exceptions près (maigreur, veau naissant) n’est pas
décelable à l’inspection de la zone de projection. On inspectera aussi la région antérieure du
sternum à la recherche d’un oedème de stase.
Palpation
La main droite posée sur le garrot, on engage la main gauche à plat aussi loin que possible
sous le membre thoracique à la recherche du choc précordial. Le choc précordial résulte du
battement que fait la pointe du coeur contre la paroi thoracique à chaque révolution cardiaque. Chez
les bovins en bon état d’engraissement, le choc précordial est peu voire pas décelable. Il faut
évaluer une modification de l’intensité, de la fréquence, du rythme et de la position du choc
précordial.
Auscultation
C’est le temps essentiel de l’examen cardiaque. Le stéthoscope est introduit entre l’humérus
et la paroi thoracique sous la pointe du coude gauche tout d’abord, et suffisamment loin vers
l’avant. Il faut évaluer tout particulièrement la fréquence, l’intensité, le rythme et la présence de
bruits surajoutés.
La fréquence chez les bovins adultes est comprise entre 70 et 80 battements par minute ; chez le
jeune elle est plus élevée mais ne dépasse normalement pas 120 battements/minute.
L’intensité des deux bruits est forte.
Le rythme cardiaque est régulier.
Les bruits surajoutés aux deux bruits cardiaques peuvent avoir différentes origines péricardique,
endocardique ou sanguine.
6.2. Gros vaisseaux
- Artères
L’efficacité du travail cardiaque est apprécié en périphérie par la palpation du pouls dont on
évaluera la fréquence, la force et le rythme sur différentes artères superficielles :
- artère faciale (peu facile) qui sera palpée de façon symétrique en posant la pointe
des doigts à plat sur les joues de l’animal juste en avant des muscles masséters
- artère médiane (peu facile) palpable en dessous et en avant de la pointe du coude,
dans la dépression osseuse entre radius et ulna.
- artère saphène (peu facile et dangereux) dont le trajet passe en avant de la corde
du jarret au milieu de la jambe
- artère coccygienne dont la palpation s’effectue aisément dans le sillon ventral des
vertèbres caudales, à une ou deux largeurs de main de la base de la queue.
Le pouls peut aussi être apprécié au cours de la palpation transrectale de l’artère aorte et des artères
iliaques chez l’adulte. Chez le veau, la palpation du pouls sur les artères fémorales à la face médiale
des membres postérieurs est évidente.
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- Capillaires
L’inspection des plus petits vaisseaux (artérioles et veinules) peut se faire à la surface de la
sclère de l’oeil, en déviant la tête de l’animal latéralement tout en lui imprimant un léger
mouvement de rotation. On considère alors l’état de remplissage, la couleur, les contours,
d’éventuelles pulsations des vaisseaux épiscléraux.
- Veines
Inspection
On examine les grosses veines superficielles : les veines mammaires situées ventralement en
avant de la mamelle (fontaine du lait) et les veines jugulaires situées de part et d’autre de l’encolure
dans le sillon jugulaire. On s’attachera à l’état de remplissage des vaisseaux. Un pouls veineux
négatif est fréquemment observé sur les veines jugulaires et correspond à la répercussion pariétale
de la contraction des oreillettes ; ce pouls veineux auriculaire disparaît lors du test de compression.
Palpation
La palpation des veines jugulaires se fait en embrassant l’encolure de l’animal et en faisant
glisser la pointe des doigts perpendiculairement au sillon jugulaire. Elle permet d’apprécier le
volume des vaisseaux et de rechercher des modifications de la paroi du vaisseau ou des tissus périveineux.
Test de compression veineuse
Il doit être réalisé chaque fois que les veines jugulaires apparaissent saillantes. Si on
comprime avec le pouce la veine à mi-hauteur de l’encolure, le segment situé en amont se distend,
alors que la partie située en aval se collabe. Le test dans ce cas est négatif. Si la dilatation persiste
en aval du point de compression, c’est qu’il existe un trouble majeur de la circulation veineuse.
7 - Appareil respiratoire
L’examen de l’appareil respiratoire se fera depuis le mufle jusqu’aux poumons. L’examen
débute par l’inspection des mouvements respiratoires en se plaçant de 3/4 arrière par rapport à
l’animal de façon à examiner les mouvements respiratoires au niveau de l’hypochondre et des
flancs.
On notera la fréquence, l’intensité, le type, et le rythme de la respiration.
La fréquence respiratoire chez un bovin adulte est de 20 à 30 mouvements par minute.
L’amplitude des mouvements respiratoires est assez forte si bien que les mouvements respiratoires
sont facilement identifiables.
La respiration est de type costo-abdominale : le thorax et l’abdomen participent aux mouvements
respiratoires à part égale.
Pour un rythme respiratoire normal, les durées de l’inspiration et de l’expiration sont à peu près
égales. L’expiration est suivie d’une courte pause.
Lorsque ces paramètres sont normaux, la respiration est dite eupnéique.
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On prêtera également attention aux bruits synchrones de la respiration et audibles à distance
(cornage).
7.1. Voies aériennes supérieures
- Mufle
Chez le bovin en bonne santé, le mufle est frais, humide et brillant, recouvert de fines
gouttelettes de liquide séreux et clair provenant des glandes naso-labiales. Des sécrétions nasales
desséchées sont présentes en cas de dépression marquée ou de paralysie de la langue.
Il faut noter un écoulement anormal en quantité ou en qualité (couleur, consistance, odeur,...), uni
ou bilatéral.
- Cavités nasales et sinusales
On détectera le souffle respiratoire en plaçant le dos des deux mains face aux naseaux. On
s’assurera tout d’abord que le souffle respiratoire à la même force à droite qu’à gauche. Une force
inégale signifie qu’il existe un obstacle au passage de l’air que l’on peut confirmer en obstruant une
des ouvertures nasales.
L’appréciation de l’air expiré se fait en plaçant la main en parabole devant un des naseaux pour le
renvoyer vers soi.
Inspection
L’examen débute par l’inspection externe des zones de projection du sinus frontal (situé
dorsalement à une droite passant par l’angle nasal des yeux), et maxillaire supérieur (latéralement
de part et d’autre du sinus nasal et crânialement à cette même droite) au cours de laquelle on
recherchera des blessures notamment perforantes.
Palpation
Par palpation externe, on recherche main à plat la présence de lésions hypertrophiques, de
signes inflammatoires.
Percussion
On examine ensuite les sinus à l’aide d’un marteau à percuter en comparant les sons émis à
droite et à gauche à la recherche d’une modification de la matité des sons émis.
Seule la trépanation permet un examen direct des cavités sous-jacentes.
7.2. Larynx et trachée
La palpation externe permet de rechercher les augmentations de volume des tissus
environnants, une sensibilité du larynx. De plus on notera si les bruits de cornage sont modifiés ou
apparaissent au cours de la palpation du larynx.
La trachée n’est accessible que dans sa portion cervicale où elle est examinée par inspection et
palpation externe de la même manière que l’œsophage.
La toux n’est pas provoquée facilement par la palpation externe, même forte, chez le bovin adulte
en bonne santé.
La recherche d’agents infectieux peut être réalisée sur un échantillon de mucus prélevé par
aspiration transtrachéale , voire par lavage broncho-alvéolaire.
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7.3. Poumons et plèvre
Topographie et champ d’exploration pulmonaire (cf Figure 12)
Le champ d’exploration pulmonaire est limité dorsalement par le bord latéral de la musculature du
tronc (muscle long dorsal). La limite crâniale est formée par une ligne joignant l’angle postérosupérieur de l’omoplate à la pointe du coude. La limite caudale est une ligne partant de la 9e côte à
gauche et de la 10e côte à droite et joignant la pointe du coude.
En plus du champ pulmonaire thoracique, il existe chez les bovins un champ pulmonaire préscapulaire. Le champ pulmonaire pré-scapulaire se trouve situé en avant de la musculature de
l’épaule et s’étend de l’articulation de l’épaule jusqu’à mi-hauteur de l’omoplate ; sa largeur varie
de 2 à 5 doigts.
Palpation
Le champ pulmonaire doit être palpé des deux côtés pour rechercher des lésions perforantes
de la paroi thoracique, une fracture costale, ainsi que la présence d’emphysème sous-cutané.
Percussion
La percussion immédiate est réalisée avec le poing chez l’adulte ; elle est digito-digitée chez
le veau. Lors de percussion médiate, les coups sont assénés à l’aide d’un marteau à percussion sur
une spatule plessimétrique fortement appliquée dans un espace intercostal. Les coups secs sont
donnés par le seul mouvement de l’articulation de la main ou du coude.
Elle a pour objectif de définir la limite caudale des poumons, en particulier du côté droit grâce à la
matité hépatique. Elle se réalise en percutant sur des lignes horizontales distantes de 2 à 3 cm ; la
percussion verticale permet de rechercher des modifications des sons en relation avec des
altérations de la plèvre ou du tissu pulmonaire.
La percussion permet de révéler un hydro- ou un pneumothorax, et des lésions pulmonaires si elles
sont suffisamment diffuses (7-8 cm ø) et très superficielles sous la paroi.
Auscultation
Il faut appliquer la capsule du stéthoscope avec une force de pression égale et la déplacer en
progressant par bandes horizontales espacées de 2 à 3 cm depuis la région dorso-crânienne jusque
vers le bas du champ pulmonaire. On ausculte chaque point pendant 1 à 2 cycles respiratoires. On
insistera sur les zones les plus crâniales situées sous l’épaule, et en avant des membres antérieurs
correspondant aux lobes apicaux des poumons
Les bruits respiratoires normaux sont composés de bruits inspiratoires et de bruits expiratoires qui
sont d’intensité moyenne et dont la fréquence correspond à celle des mouvements respiratoires. On
recherchera des modifications des bruits normaux, qui peuvent être atténués ou renforcés, et la
présence de bruits surajoutés (sifflements, crépitements).
8 - Appareil lymphatique (Figure 13)
L’examen de l’appareil lymphatique repose sur l’inspection et la palpation des ganglions
lymphatiques accessibles.
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8.1. Nœuds lymphatiques
Les nœuds lymphatiques sont normalement facilement mobilisables et non subdivisés. Il
faut noter d’éventuelles modifications de volume, de sensibilité, de consistance en comparant l’état
des nœuds lymphatiques de chaque côté. Il faut examiner :
Nœuds lymphatiques de la tête
- Nœuds lymphatiques mandibulaires
plus ou moins perceptibles
Localisation : entre le bord horizontal de la mandibule et le pôle caudal de la glande
mandibulaire
Taille : 0,5 à 1cm de diamètre
Territoire de drainage : moitié inférieure de la tête
Palpation : prise en pince entre pouce et index
- Nœuds lymphatiques parotidiens
plus ou moins perceptibles
Localisation : placés légèrement au dessus de l’articulation de la mandibule, au
dessus de la glande parotide
Taille : 0,5 à 1 cm de diamètre
Territoire de drainage : moitié supérieure de la tête
Palpation : main à plat à l’extrémité dorsale de la glande parotide, un peu en
dessous l’oreille
- Nœuds lymphatiques rétropharyngiens médians
non perceptibles
Localisation : localisés entre la branche montante de la mandibule, au dessus du
larynx et en dessous de l’aile de l’atlas
Taille : 0,5 à 1cm de diamètre
Territoire de drainage : organes internes de la tête, pharynx et œsophage
Palpation : les doigts tendus des deux mains à droite et à gauche sont enfoncés dans
le triangle ci-dessus défini, en se plaçant dans le sens de l’animal
non perceptibles
Nœuds lymphatiques rétropharyngiens latéraux
Localisation : situés à l’extrémité dorsale de la glande mandibulaire
Taille : 0,5 cm
Territoire de drainage : drainent les autres centres lymphatiques de la tête.
Nœuds lymphatiques du tronc
de
Toujours palpables
- Nœuds lymphatiques cervicaux superficiels
Localisation : situés en avant de la scapula et légèrement au dessus de l’articulation
l’épaule
Taille : 7-8 x 2-3 cm
Territoire de drainage superficiel : encolure, poitrine et épaule
Palpation : en enfonçant fermement le bout des doigts vers le bord antérieur de
l’épaule durant la palpation le nœud glisse nettement sous les doigts
- Nœuds lymphatiques subiliaques
Localisation : situés à la limite tiers moyen/tiers inférieur du segment joignant
l’angle externe de la hanche à la rotule
Taille : 7-8 x 2-3 cm
Territoire de drainage : moitié postérieure du tronc, partie crânio-latérale de la cuisse
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Palpation : en se plaçant en sens inverse de l’animal et en faisant glisser vers l’avant
le nœud horizontalement sous la pulpe des doigts
- Nœuds lymphatiques mammaires
Localisation : situés de chaque côté du ligament suspenseur, à l’attache de la
mamelle
Taille : 5-6 cm de diamètre
Territoire de drainage : mamelle, face interne et postérieure de la cuisse
Palpation : pendant qu’une main soulève la mamelle par l’arrière, l’autre palpe en
profondeur l’attache postérieure de la mamelle sur le plan médian
Nœuds lymphatiques intra-abdominaux
- Nœuds lymphatiques iliaco-fémoraux
toujours palpables
Localisation : situés crânialement et médialement au niveau du col de l’ilium
Taille : 3-4 cm de diamètre
Territoire de drainage : subiliaques, creux poplité, mamelle ou scrotum, région du
fémur, des lombes, du bassin et des testicules
Palpation : avec la main placée à plat de chaque côté de l’entrée du bassin en
position crânio-médiane au niveau de la partie antérieure du corps de l’ilium.
- Nœuds lymphatiques iliaques médiaux
plus ou moins palpables
Localisation : à la quadrifurcation aortique
Taille : 1-2 cm
Territoire de drainage : moitié postérieure du tronc, partie crânio-latérale de la cuisse.
8.2. Vaisseaux lymphatiques
Dans les conditions normales, les vaisseaux lymphatiques ne sont pas décelables ; s’ils sont
palpables, c’est qu’ils sont hypertrophiés.
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Figure 13 : exploration des nœuds lymphatiques
9 - Appareil urinaire
L’examen de l’appareil urinaire permet de rechercher des affections primitives et des troubles
fonctionnels secondaires des reins, des uretères, de la vessie et de l’urètre. Il permet le prélèvement
d’urine pour la recherche de constituants anormaux.
9.1. Reins
Topographie
Chez les bovins, le rein gauche est plus caudal que le rein droit. Le rein droit se projette
dorsalement entre la 12e vertèbre dorsale et la 3e vertèbre lombaire. Son méso l’attache très près de
la colonne vertébrale à droite du plan médian. Le rein gauche s’étend de la 1ere jusqu’à la 5e
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vertèbre lombaire et il est suspendu à un méso de la longueur d’une main environ et, repoussé vers
la droite par le rumen, il se situe donc dans le plan médian.
Palpation transrectale
La plupart du temps, seul le pôle caudal du rein gauche est accessible par palpation transrectale. Il
faut noter la taille du rein, des lobules, la consistance du tissu rénal et péri-rénal, la sensibilité
éventuelle.
9.2. Uretères
Le trajet des uretères des reins à la vessie est palpé par voie transrectale main à plat de
chaque côté de la partie antérieure du bassin. Ils ne sont pas palpables par voie transrectale dans les
conditions physiologiques.
9.3. Vessie
Topographie
Chez le mâle, la vessie est située sous le rectum alors que chez la femelle, elle est située
ventralement au vagin sur le plancher du bassin.
Figure 14 : Topographie de la vessie chez la vache
Palpation transrectale
Au cours de l’exploration rectale chez la femelle, la vessie est palpable si elle est
volumineuse et dépasse le corps de l’utérus. Par voie vaginale, même vide, elle est toujours
palpable (de la taille du poing à celle d’un ballon). Il faut s’intéresser à son volume, à la structure de
sa paroi, aux adhérences avec les organes voisins, à sa sensibilité.
9.4. Urètre
Chez la femelle, l’extrémité distale de l’urètre peut être examiné par voie vaginale, explorée
avec le doigt, sondée avec un cathéter introduit sous contrôle digital qui permet le prélèvement
d’urine.
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Chez le mâle, l’examen de l’urètre s’effectue par inspection de la zone préputiale et palpation de la
zone périnéale, (ou palpation transrectale). Le cathétérisme partiel de l’urètre (risque de
traumatisme des bulbes urétraux) peut être envisagé après administration d’un neuroleptique.
9.5. Prélèvement d’urine
L’analyse d’urine fait partie de l’examen clinique et doit être réalisée soit sur un prélèvement
obtenu après miction spontanée soit après cathétérisme de l’urètre chez la femelle.
- Miction spontanée
La miction survient très souvent après que le bovin s’est relevé. Elle peut être provoquée par
massage de la région périnéale chez la femelle ou du prépuce chez le mâle. Cependant l’urine est
souvent souillée par des substances étrangères.
- Cathétérisme urétral
Après nettoyage et désinfection soignée de la région périnéale et de la vulve, une sonde urinaire
souple ou rigide est introduite dans le vagin. Le doigt repère le diverticule sous-urétral et est placé
dans le méat urinaire ; on remplace alors le doigt par l’extrémité de la sonde qui est ensuite
enfoncée doucement jusqu’à la vessie. Si la vessie est pleine, l’urine s’écoule spontanément ; dans
le cas contraire, on aspirera l’urine à l’aide d’une seringue.
Analyse d’urine
On réalisera tout d’abord un examen macroscopique de l’urine en notant sa couleur, sa
limpidité.
On évaluera ensuite les capacités fonctionnelles des reins en mesurant la densité de l’urine qui est
comprise entre 1,020 et 1,040 chez les bovins en bonne santé.
La présence de protéines dans l’urine sera ensuite recherchée à l’aide d’une bandelette urinaire.
Dans le cas d’une réaction positive, la protéinurie sera confirmée à l’aide de la réaction de Heller.
D’autres constituants seront recherchés au cours de l’examen biochimique sur bandelette urinaire,
ceux qui révèlent une atteinte urinaire ou générale (glucose, pH et sang), et ceux qui n’ont aucune
relation directe avec une atteinte urinaire proprement dite (corps cétoniques).
Après centrifugation douce, un examen microscopique permet de rechercher la présence de cristaux,
de cellules (leucocytes, érythrocytes) et de germes. Ces examens peuvent être complétés d’une
analyse bactériologique en cas de suspicion d’infection urinaire.
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