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10 LA LIBERTÉ CANTON - GRAND FRIBOURG JEUDI 29 JANVIER 2015 L’UDC va lancer son initiative CENTRE ISLAM ET SOCIÉTÉ • Les démocrates du centre fribourgeois récolteront des signatures pour stopper la création de cet institut à l’Université de Fribourg. PATRICK PUGIN L’Union démocratique du centre (UDC) ira jusqu’au bout pour empêcher l’Université de Fribourg d’héberger le Centre islam et société (CIS). C’est ainsi qu’hier soir à Autigny, le comité central de la formation a accepté – par 51 voix contre 0 (5 abstentions) – de lancer une initiative populaire demandant une modification de la Constitution cantonale. L’enjeu: «Introduire une base légale n’autorisant pas la création d’un centre islam et société tel que projeté et empêchant ainsi qu’une quelconque formation étatique d’imams soit instaurée», dit le texte de l’initiative. La proposition a suscité l’enthousiasme de l’assemblée. L’ancienne présidente du Grand Conseil Katharina Thalmann-Bolz, s’interrogeant sur «notre tolérance chrétienne», a bien fait part de son dilemme. Mais la plupart des interventions ont salué la volonté du comité directeur de stopper la création du CIS. Pour différentes raisons. L’opacité qui a entouré la genèse du projet tout d’abord: «On nous a menés en bateau en nous disant qu’il s’agissait d’un centre de formation pour imams, puis en nous affirmant ensuite qu’il s’adressait à des personnes en contact avec des musulmans», a rappelé le député Nicolas Kolly. L’héritage catholique de l’Université de Fribourg, ensuite, doit être préservé. Enfin, à l’heure où l’Etat prend des mesures d’économies, l’UDC digère mal que de l’argent public soit consacré à l’institution d’un centre consacré à l’islam. Certes, a souligné le président cantonal Roland Mesot, c’est une bonne idée de transmettre aux imams des connaissances pour qu’ils puissent s’intégrer à la société suisse: «Mais ces connaissances du christianisme, de l’histoire suisse ou de la pédagogie, ils peuvent déjà les acquérir à l’Université. Pas besoin de créer un centre spécifique!» L’UDC a particulièrement peu apprécié l’attitude du Conseil d’Etat et de l’Université au lendemain du 10 septembre 2014. Ce jour-là, le Grand Conseil donnait un signal en acceptant – par 52 voix contre 38 et deux abstentions – un mandat de- Succédant à Alain Lunghi, Joëlle Nicolet entrera en fonction le 1er mai. DR INNOREG FR Une nouvelle coordinatrice Pour l’UDC, l’Université de Fribourg doit préserver son héritage catholique. CHARLES ELLENA mandant au gouvernement d’intervenir auprès du Rectorat afin qu’il renonce à la création du CIS. Le mandat n’avait pas été validé: il manquait quatre voix pour atteindre la majorité qualifiée. Un comité interpartis? Mais la volonté politique était on ne peut plus claire, avait considéré l’UDC. D’autant que sur les 52 voix favorables au mandat, seules 19 émanaient de ses rangs… Les démocrates du centre invitaient ainsi le gouvernement et l’Alma mater «de tirer les conséquences du vote des députés et de renoncer à la réalisation de ce centre». Sans quoi, avertissaient-ils déjà, le lancement d’une initiative populaire serait envisagé. «J’ai l’impression qu’il y a une volonté d’imposer ce CIS sans tenir compte de la volonté exprimée par les députés», a résumé Roland Mesot. L’UDC va s’attacher maintenant à constituer un comité d’initiative. L’ouvrira-t-elle à d’autres partis? On se souvient que le fameux mandat – griffé par six démocrates du centre – avait été cosigné par trois démocrates-chrétiens (André Schoenenweid, Patrice Morand et Jean-Pierre Doutaz) et un libéral-radical (Yvan Hunziker). «Nous verrons», indique Roland Mesot en aparté. Mais pour lui, quoi qu’il arrive, il est bien entendu que c’est son parti qui prendra le commandement des opérations. Il faut dire qu’en année électorale, l’affaire ne pouvait guère mieux tomber pour l’UDC, qui pourra capitaliser sur la méfiance – pour ne pas dire la défiance –, que suscite actuellement l’islam. L’agenda est certes favorable, concède Roland Mesot. «Mais ce n’est pas nous qui avons lancé ce CIS!» Un CIS qui a démarré ses activités en ce début d’année 2015 (voir «LL» du 24 janvier). Ce qui agace tant le président de l’UDC que Nicolas Kolly: «Le Conseil d’Etat nous a dit que le démarrage du centre était prévu en 2017! Et il est déjà ouvert!» Ne sera-t-il dès lors pas plus compliqué de stopper la machine maintenant qu’elle est lancée? Ce n’est pas le problème de l’UDC, selon son président. «Au lieu de mettre le projet en stand-by, le Conseil d’Etat et l’Université ont pris le risque de continuer… Si notre initiative abouti, ce sera à eux de trouver une solution!» Pas d’objection au texte Une fois le comité d’initiative constitué, l’UDC transmettra sa demande à la Chancellerie d’Etat. «Elle nous a déjà indiqué n’avoir pas d’objection d’ordre formel au texte que nous lui avons soumis», fait savoir Roland Mesot. Ledit texte sera ensuite publié dans la «Feuille officielle», avec le délai pour la récolte de 6000 signatures. Si elle aboutit, l’initiative sera traitée par le Conseil d’Etat, puis le Grand Conseil, chargé de rédiger l’article constitutionnel. I Joëlle Nicolet remplacera Alain Lunghi comme coordinatrice de l’Association Innoreg FR, a communiqué hier cette dernière. Agée de 30 ans et domiciliée à Posieux, elle prendra ses nouvelles fonctions le 1er mai prochain. Au bénéfice d’un diplôme de gestionnaire en tourisme obtenu à l’Ecole suisse de tourisme à Sierre après sa maturité professionnelle commerciale à Fribourg, Joëlle Nicolet a complété sa formation par un brevet fédéral de spécialiste en marketing. Elle travaille actuellement pour le compte des Transports publics fribourgeois, où elle est en charge du marketing Produits. Basée à Romont, Innoreg FR a été fondée en 2009 par les régions du canton. Cette plateforme pilotée par les préfets a pour objectif d’initier des projets de la Nouvelle politique régionale (NPR) pour le canton de Fribourg, en collaboration avec les régions et les acteurs économiques fribourgeois. Son rôle est aussi d’informer ces derniers sur les possibilités, les instruments et les procédures de la NPR, ainsi que de collaborer dans ce domaine avec la Promotion économique du canton. Le poste de coordinatrice correspond à un plein-temps. Alain Lunghi a occupé cette fonction depuis les débuts d’Innoreg FR. En septembre dernier, la Direction de l’économie et de l’emploi et la Promotion économique du canton l’ont choisi comme nouveau responsable du secteur de la NPR. Il est entré en fonction le 1er décembre dernier. Depuis sa fondation, Innoreg FR a permis l’éclosion de plusieurs projets touchant tous les districts et permettant la valorisation de nombreux domaines d’activités tels que le tourisme, le soutien aux entreprises, la mobilité ou l’énergie. CAG ÉDITION Un best-seller fribourgeois grâce au pape François MARIELLE SAVOY «C’est l’histoire de bénévoles qui ont pensé une toute petite chose et se sont retrouvés complètement dépassés par les événements.» Cette aventure peu commune, narrée par Sœur Anne-Véronique Rossi, est celle de l’association-édition fribourgeoise «La vie consacrée», à l’origine d’un livre sortant dimanche en Suisse et qui a tapé dans l’œil du pape François. Tout commence lorsque Daniel Pittet, père de famille fribourgeois, décide de rendre hommage aux consacrés en leur dédiant un livre (voir «LL» du 24 janvier). Pour l’aider dans la réalisation de son projet, il fait appel à un petit groupe de religieux dont il est proche, parmi lesquels Sœur Anne-Véronique Rossi, supérieure générale du couvent des Ursulines. L’idée manque d’être abandonnée mais entretemps, le pape déclare 2015 «Année de la vie consacrée» et ceux qui formeront par la suite une association éponyme prennent cet événement comme un signe. «Nous avons écrit aux 1300 consacrés de Suisse romande et recueilli 250 témoignages», raconte Sœur Anne-Véronique Rossi. Derrière l’ouvrage, trois critères clairement établis: «Laisser de côté le jargon religieux, correspondre à l’enseignement du pape et être en lien avec la vie concrète». Il s’agissait de faire un recueil qui ne soit pas un livre théologique ou un livre de prières, mais un opus accessible à tous. «Nous voulions montrer qui sont les consacrés de façon simple, en sortant des clichés du type «Sister Act» ou «Soeurthérèse.com»», insiste la religieuse. Daniel Pittet obtient les confidences de l’ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, qui rédige la postface de l’ouvrage. Puis, pour mettre la cerise sur le gâteau, il a l’idée de faire marcher ses contacts au Vatican afin de convaincre le pape de mettre sa patte dans l’ouvrage. Et là, l’histoire bascule. Le souverain pontife demande à rencontrer le Fribourgeois. «Vous connaissez le pape François qui sourit. Nous avons vu le pape qui décide», s’amuse Daniel Pittet. Car François a adoré l’ouvrage, et particulièrement le témoignage de «Sœur Micheline» – Daniel Pittet n’osera pas lui dire que la Micheline en question est loin d’être sœur. Le souverain pontife décrète que le livre ne sera pas cantonné à la Romandie. nancer cela? «En priant saint Joseph et sainte Thérèse de l’enfant Jésus», répond simplement le pape. Cette sœur de la communauté des Béatitudes (VS) est l’une des 250 consacrés qui témoignent dans «Aimer c’est tout donner». DR «Vous allez le traduire dans toutes les langues et le distribuer gratuitement en Afrique», ordonne-t-il. Et d’ajouter que le titre choisi ne va pas du tout. «La vie consacrée» devient alors «Aimer c’est tout donner». Mais comment organiser et fi- L’impulsion est donnée et le livre traduit en sept langues. Il sera distribué gratuitement sur la place Saint-Pierre un dimanche d’avril après l’angélus ou encore offert aux participants des prochaines Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), en 2016 en Pologne. Dans les prochains mois, l’objectif est de le diffuser dans le monde entier et gratuitement dans les pays pauvres. Quant au financement, il est exclusivement assuré par des dons. «Une de nos connaissances offrira tous les livres distribués aux JMJ», précise Daniel Pittet. Les 35 000 ouvrages déjà imprimés en Suisse – dans les trois langues nationales – et qui seront disponibles dès dimanche ont également pu voir le jour grâce à différents donateurs. «Et j’ai confiance, nous allons encore trouver d’autres personnes exceptionnelles pour nous aider», conclut Daniel Pittet. I > «Aimer c’est tout donner» pourra être acquis dès dimanche pour 10 francs sur le site www.vieconsacree.com IMPRIMÉ À FRIBOURG «Aimer c’est tout donner» est imprimé à Saint-Paul, à Fribourg. Et pour l’entreprise, les folles dimensions prises par le projet nécessitent toute une organisation. «Pour l’instant, nous avons tiré 35 000 exemplaires, mais nous avons du papier pour 200 000 livres», indique l’imprimerie. Cela représente 64 tonnes entreposées sur plus de 100 palettes. Le stockage d’une telle quantité de papier est «très rare mais pas inédit» pour Saint-paul. Reste que si tout se passe comme prévu, l’ouvrage dépassera plus que largement les 200 000 copies. «On peut s’attendre à diffuser 5 à 10 millions d’exemplaires», estime Daniel Pittet. MS