La foi de Jacques Ellul, par Jean

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La foi de Jacques Ellul, par Jean
Sortir de la crise 2012/13 – Rencontre 1 - 1
Sortir de la Crise !
En lisant Jacques Ellul… Quelle société voulons-nous ?
Rencontre 1 du samedi 20 octobre 2012
Quelques notes de relecture.
Quelques livres
 Biographie de Jacques Ellul dans Frédéric Rognon, Générations Ellul, Labor et Fides
2012, L’homme Ellul, pages 15 à 18, et La pensée de Jacques Ellul, pages 19 à 24). On
y souligne les deux versants de la réflexion de Jacques Ellul : sociologique et
théologique.
 Le feu vert, autocritique du mouvement écologique de Bernard Charbonneau,
Parangon 2009.
 Habiter la terre, Numéro spécial de la revue Christus, mai 2012
« De la révolution aux révoltes » (pages 500ss)
On évoque « Le cri » d’Edouard Munch. L’homme est immobilisé dans
son cri, celui de la révolte !
On est émerveillés par le style, c’est vivant ! et pourtant…
Faut-il suivre la voie institutionnelle ? la politique ? On ne se retrouve
pas dans la palette qui est proposée… : J’adhère à telle chose pour dire
non à une autre…
L’indignation a sa place mais la vision a une place supérieure. Dans les
années 70, au temps de Nixon président, le mouvement hippy suit la
société économique avec ses facteurs de croissance, c’est une révolte
récupérée par un pouvoir fort.
Ellul pose l’enjeu du débat en écrivant : « Seule une reprise secrète et en profondeur est
susceptible d’instaurer un processus révolutionnaire… » Qu’est-ce que cela signifie ? Il
faudra bien établir du lien. Comment articuler démarche personnelle et politique ?
La roue.
Au milieu du 20ème siècle, on n’est plus dans le contexte de la roue et de la brouette, car la
découverte n’est plus en relation avec une demande. On a franchi le mur du son de la vitesse
de l’évolution technologique. On a tous été dépassés !
La démocratie a besoin de temps, elle n’arrive plus à jouer son rôle. Nous sommes dans une
société qui se rigidifie par l’ensemble des liaisons qu’elle met en œuvre, des relations qu’elle
établit. Elle est piégée.
Finances et technique
Nous sommes dans une société qui sacralise la technique et la science (« objets cultes »-)
alors que la finance se fait la plus discrète possible. Celle-ci, au contraire, devient une excuse
à tout, elle est décomplexée. Elle passe au-dessus de toute morale. Et nous la subissons.
La technique devient l’outil de la finance. Il faut donc revenir aux fondamentaux. On est
renvoyé à un discernement : l’exercice de sa lucidité, de sa responsabilité personnelle.
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Le spasme et la révolution
Médicalement, le spasme est une crispation qui n’est pas contrôlée et qui n’aboutit pas au
soulagement. C’est comme cela que vit l’amibe. « L’homme et la société vivent aujourd’hui
sur ce mode ». La révolte est elle aussi du côté du spasme, elle est immature, c’est pourquoi
elle est s’oppose à la révolution. La révolte joue un rôle cathartique pour défouler les
tensions et stabiliser les situations mais elle n’est pas suffisante.
En effet le carcan ne fait que se resserrer. La situation devient de plus en plus critique.
Comment se fait-il que tous ces efforts accomplies, porteurs de promesses merveilleuses
nous conduisent à cet échec ne sont que des spasmes, ne font que nous piéger ? Nous
prenons alors conscience qu’il faut aller au-delà de la révolte, vers une vraie révolution.
Le collectif et l’individu
« Croire que l’on modifiera quoi que ce soit par la voie institutionnelle est illusoire. »
Depuis l’origine l’individu est confronté à la société. Nous sommes dans une phase de
socialisation extrêmement dense. Nous sommes formatés par notre propre société devenue
capable de piéger l’homme. Conflit entre l’individu et le collectif.
Autrefois le groupe primait sur l’individu. Il était prégnant, il donnait le sens de la vie. Avec le
18ème siècle, les « lumières », il y eut l’émergence de l’individu…
Mais ensuite le marxisme (l’état) et le capitalisme (le marché) contrôlèrent la masse des
individus.
D’où la nécessité du retour à l’individu, à la personne. C’est l’exercice de la lucidité. Qu’estce que nous faisons de nos lucidités personnelles ?
Mais de quel individu parle-t-on ? Il ne s’agit pas d’individualisme.
L’anarchisme ? Chaque individu existe en lui-même.
La personne
On comprend alors ce que signifie Ellul quand il dit « Toute l’expérience historique ne sert de
rien. » Il faut « repartir de rien, c’est-à-dire de l’individu ». La personne : un enfant qui naît
repart de rien. C’est l’expérience d’une liberté totale. On en vient à la notion
d’engendrement.
Révolution signifie retour au commencement.
Huxley : « Si les priants s’arrêtaient de prier, le monde s’effondrerait d’un coup. » La
nécessité de l’intériorité est ainsi rappelée. Dans une société bloquée, il n’y a que
l’engagement mystique qui peut aider. On fait référence aux « cercles de silence »
développés un peu partout en France.
Le Dieu des chrétiens
D’où l’intérêt du texte de Jean-Luc Porquet dans son livre Jacques Ellul, l’homme qui avait
presque tout pévu : nucléaire, nanotechnologies, OGM , propagande, terrorisme… (Le
Cherche Midi, 2012). Porquet se dit lui-même incroyant mais souligne la foi d’Ellul.
Si l'on considère que le système technicien est un «englobant total», qui recouvre,
modifie, qualifie la totalité des aspects de la vie humaine, qui absorbe tout ce qui naît
hors de lui, qui rend obsolète ce qui existait avant lui, il faut se rendre à l'évidence :
nous sommes inclus dans ce système, et aucun point de référence ne nous permet de
porter de jugement sur ce système. Pourtant, pour procéder à la critique, il est
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indispensable d'être soi-même hors de ce que l'on critique, et de disposer d'un point
d'appui, d'une échelle de valeurs, d'un instrument d'analyse externe. D'où :
«S'il y a encore une espérance possible, s'il y a une éventualité pour que l'homme vive,
s'il y a encore un sens dans la vie, s'il y a une issue qui ne soit pas le suicide, s'il y a un
amour qui ne soit pas intégré dans la technique, s'il y a une vérité qui ne soit pas utile
au système, s'il y a au moins le goût, la passion, le désir et l'hypothèse de la liberté, il
faut prendre conscience qu'ils ne peuvent plus reposer que sur le transcendant.»
Seul le Dieu des chrétiens, réellement transcendant, extérieur et inaccessible, fournit
un point de référence, autorise une opération critique à l'égard du système, rend
possible la dialectique, et donc l'histoire.
La Bible est le lieu de l’interrogation. Dieu est créateur d’un homme libre, ce qui fait que
Dieu n’est pas tout-puissant. A nous maintenant d’accepter notre propre non-puissance, nos
limites. C’est la foi totale en la possibilité et la force de la grâce.

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