Dossier : Économies d`énergie dans le secteur du logement social
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Dossier : Économies d`énergie dans le secteur du logement social
N° 72 JANVIER - MARS 2015 MAGAZINE D’INFORMATION SUR LE LOGEMENT SOCIAL BRUXELLOIS info Dossier : Économies d’énergie dans le secteur du logement social bruxellois ET AUSSI : • INTERVIEW DE MADAME LA MINISTRE CÉLINE FREMAULT, EN CHARGE DU LOGEMENT EN RÉGION DE BRUXELLES-CAPITALE, • INTERVIEW DE MADAME BRIGITTE DE PAUW, PRÉSIDENTE DU CONSEIL D’ADMINISTRATION DE LA SLRB. SLRB-info SLRB-Info est une publication de la Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale n Éditeurs responsables Yves Lemmens Directeur général Madame Dorien Robben Directrice générale adjointe Rue Jourdan, 45-55 1060 Bruxelles Tél. : 02/533.19.11 http://www.slrb.irisnet.be n Direction de la rédaction Marie-Noëlle Livyns n Comité d’accompagnement Alain Adriaensen Abderrahim Cherké Cécile Coddens Valentine Colot Naïma Ghanmi Catherine Grosjean Nathalie Kezer Salma Lasri Xavier Leroy Nathalie Ramani Caroline Osselaer Daniel Termont Jo Vancleven Pol Zimmer n Traduction Bureau de traduction Rammant La SLRB s’engage pour la protection de l’environnement, ce périodique a été imprimé sur papier recyclé. 2 Au sommaire de notre n° 72 : L’éditorial du rédacteur en chef ....................................................... 3 • Interview de Madame la Ministre Fremault, en charge du logement en Région de Bruxelles-Capitale ( MN. Livyns )..................................... 4 • Interview de Madame Brigitte De Pauw, Présidente du Conseil d’administration de la SLRB ( MN. Livyns )................................ 9 • La Déclaration de Politique Régionale pour la législature 2014-2019 : impacts directs et indirects pour le secteur du logement social bruxellois ( C. Coddens ).................................................................... 10 • Budget Régional Bruxellois 2015 : quelles évolutions pour le secteur du logement social ? ( C. Coddens )................................................... 12 DOSSIER : ECONOMIES D’ÉNERGIE DANS LE SECTEUR DU LOGEMENT SOCIAL BRUXELLOIS.............................................. 15 • Sensibilisation des locataires sociaux aux économies d’énergie, l’exemple du Foyer Laekenois ( T. Leenaerts )..................................... 15 • Une nouvelle fonctionnalité dans le programme « Cadastre » : la comptabilité énergétique ( R. Rixen ).............................................. 17 • Votre responsable « Energie » vous aide à améliorer la performance énergétique de votre patrimoine immobilier ( J-P. Gerkens )............... 19 • L’implication du responsable « Energie » dans le contrat de maintenance ( F. Bisshop ).................................................................. 22 • Marché conjoint d’énergie entre la SLRB et les SISP associées : tentative de bilan ( V. Colot ).............................................................. 24 • Des bâtiments à haute performance énergétique ( HPE ) à l’épreuve de leurs occupants : comment améliorer leur usage ( Steve Cailler ).... 29 Techniques et méthodes.................................................................. 31 • Cycle de formation organisé par Bruxelles-Environnement pour les professionnels du secteur.................................................... 31 Brèves................................................................................................ 32 • Huit agréments octroyés par la SLRB avant le 9 décembre 2014 ....... 32 • Huit nouvelles demandes d’agrément le 9 décembre 2014................ 32 Publications...................................................................................... 33 • Baromètre conjoncturel de la Région de Bruxelles-Capitale n° 28...... 33 • Baromètre social, rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté en 2014, Observatoire de la Santé et du Social................................................ 33 • Observatoire des Bureaux : bilan 2013 ; Bruxelles Développement Urbain.. 33 • Observatoire des activités productives, ateliers, dépôts et sols pollués.... 34 • Rapport d’activités 2013, Citydev...................................................... 34 • Actes du colloque, mission publique en territoires complexes, Citydev ...34 • « Tu bâtis, je rénove », n° 304, novembre 2014.................................. 34 • Le logement social en Europe au début du XXIème siècle.................... 35 A méditer : « L’architecture actuelle s’occupe de la maison, de la maison ordinaire et courante pour hommes normaux et courants. Elle laisse tomber les palais. Voilà un signe des temps ». Le Corbusier D/2015/5637/115 À NOS LECTEURS La reproduction des textes et illustrations n’est autorisée qu’après accords écrits préalables de la rédaction ainsi que de l’auteur, et moyennant citation de la source et du nom de l’auteur. Les articles publiés n’engagent que leur( s ) auteur( s ). A nos lecteurs : afin de réduire l’impact écologique du magazine, vous pouvez en recevoir la version électronique plutôt que la version imprimée. Pour ce faire, il suffit d’envoyer un courriel avec vos coordonnées exactes à [email protected]. Merci pour votre collaboration. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 L’éditorial du rédacteur en chef Chères lectrices, Chers lecteurs, Q uoi de plus normal en début de législature que d’apprendre à connaître notre nouvelle Ministre de Tutelle et notre nouvelle Présidente du Conseil d’Administration. Au travers des interviews que nous avons réalisées avec Madame la Ministre Céline Fremault et avec Madame la Présidente Brigitte De Pauw, j’espère que cet objectif sera atteint. Dans le même esprit, vous trouverez dans ce numéro un article concernant la Déclaration de Politique Régionale du Gouvernement Bruxellois et un article consacré aux moyens significatifs alloués au logement dans le cadre du budget régional 2015. Notre dossier du trimestre est consacré aux réductions des factures mensuelles énergétiques des locataires sociaux. D’ailleurs, les SISP n’abordent pas la question de l’énergie uniquement sur un plan technique, l’exemple du service social de l’asbl « Cité Modèle » est bien parlant à cet égard. Celui-ci travaille depuis de nombreuses années à sensibiliser les locataires du Foyer Laekenois à mieux maitriser leur consommation d’énergie. Par ailleurs, vous examinerez les articles décrivant concrètement quelques réalisations dans le cadre du logiciel cadastral « Antilope » et du projet « PLAGE » afin d’objectiver le suivi de la comptabilité énergétique. Les expériences d’Assam-Sorelo, du Foyer Bruxellois et du Logement Molenbeekois y sont décrites. Vous pourrez consulter aussi un article tentant de dresser le bilan du marché groupé de fourniture d’énergie lancé en 2007 entre la SLRB et les SISP pour mutualiser leurs efforts et ainsi garantir aux locataires sociaux des prix planchers pour la fourniture de gaz et d’électricité. Nous concluons ce dossier par un article attirant l’attention sur les bâtiments à haute performance énergétique. Enfin, je saluerai la collaboration toujours plus renforcée avec nos collègues de Bruxelles-Environnement qui par ailleurs, occupent désormais un bâtiment passif sur le site de Tours et Taxis. Un beau symbole pour un des dix pôles de développement listés par le Gouvernement régional. Bonne lecture à tous. • Yves Lemmens, Directeur général Retrouvez SLRB-Info sur notre site Internet : www.slrb.irisnet.be/Publications/SLRB-info www.slrb.irisnet.be/publications/articles SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 3 Interview de Madame la Ministre Céline Fremault : « Ma volonté est de mettre un accent particulier sur les publics fragilisés ( personnes âgées, handicapés, personnes en situation précaire, ... ) et sur les classes moyennes qui doivent garder les moyens de continuer à construire leur vie et leur avenir à Bruxelles. » Madame la Ministre, vous disposez dans le Gouvernement Vervoort II, d’un portefeuille important sur le plan budgétaire et tout aussi conséquent sur le plan des compétences. Vous héritez des compétences en matière de logement, qualité de vie, environnement et énergie. Quelles opportunités voyez-vous dans le regroupement particulier de ces compétences ? Dans le cadre de la DPR, quelles sont vos ambitions plus précises pour la législature au croisement de ces portefeuilles ? J e vois dans mes compétences Logement, Environnement & Energie, Aide aux personnes, Familles et Personnes handicapées un fil rouge, celui de l’amélioration de la qualité de vie des Bruxellois. Ma volonté est de mettre un accent particulier sur les publics fragilisés ( personnes âgées, handicapés, personnes en situation précaire, ... ) et sur les classes moyennes qui doivent garder les moyens de continuer à construire leur vie et leur avenir à Bruxelles. La mission est d’assurer le mieux-vivre à Bruxelles pour tous les Bruxellois. Mes principaux défis durant cette législature 2014- 4 2019 sont de garantir un logement de qualité pour tous, lutter contre l’exode de la classe moyenne, faire face aux enjeux de la croissance démographique, assurer la transition de notre économie vers une économie plus durable créatrice d’emplois verts. Je souhaite également œuvrer pour une meilleure cohésion sociale et une solidarité renforcée que ce soit dans la lutte contre la pauvreté, l’intégration des personnes handicapées, ... Concrètement, pour améliorer la qualité de vie des Bruxellois et endiguer l’exode de la classe moyenne, mes priorités sont d’augmenter l’offre et la qualité des logements, instaurer une allocation-loyer encadrée et plafonnée, faciliter l’accès au logement pour les revenus modestes et moyens, et assurer le développement d’un environnement sain et sécurisant, sans oublier de favoriser l’effet levier des défis environnementaux comme moteur de l’économie et de l’emploi. Le Gouvernement Vervoort compte assurer le développement de dix zones urbaines. Quelles places auront votre politique environnementale et votre politique du logement dans ces zones de développement ? La DPR est très claire, la création de dix nouveaux quartiers a pour objectif simple mais fondamental de faire face à l’explosion démographique. Elle précise : « construire du logement accessible et adapté répondant à l’objectif de mixité sociale, des nouveaux espaces publics ainsi que des équipements d’intérêt général tout en favorisant l’installation de nouvelles entreprises à Bruxelles et en garantissant une bonne desserte en transports publics. La qualité de vie, la qualité architecturale et paysagère de ces nouveaux quartiers devra également être un objectif poursuivi. » En tant que Ministre du Logement ET de l’environnement ET de la qualité de vie, je m’inscris totalement dans la DPR. Plus personne aujourd’hui n’émet de doutes quant à la nécessité de densifier la Région. En parallèle, tout le monde est également convaincu que la qualité de vie « à la bruxelloise » est un des facteurs attractifs de la ville. Les politiques du logement et de l’environnement auront donc une place prioritaire dans les choix qui seront posés pour l’aménagement et le développement de ces zones urbaines. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 renforcer l’une, l’autre et devront être interdépendantes. Cette interdépendance est un facteur de base de la réussite du développement de ces dix quartiers. Concernant l’Alliance Habitat et le PRL où la SLRB occupe une place de choix, quelles seront vos orientations ? Quelles impulsions voulez-vous donner au travail avec les partenaires, dans des montages d’opérations immobilières parfois un peu compliqués en Région de BruxellesCapitale ? Il sera, en effet, fondamental que ces dix zones urbaines dont, pour certaines, les Pouvoirs publics disposent de la maîtrise foncière partielle ou totale, permettent d’atteindre l’objectif fixé par la DPR de lancer la production de 6 500 logements publics durant la législature. Cela concernera à la fois des logements sociaux et moyens, locatifs et acquisitifs. Je serai aussi particulièrement attentive à ce que la densification de ces nouveaux quartiers se fasse de manière harmonieuse et au profit du développement des maillages vert et bleu au sein de la Région de Bruxelles-Capitale. Je suis convaincue que la densification du territoire régional ne sera soutenable que si le qualitatif est également au rendez-vous. J’entends par là qu’elle doit s’accompagner simultanément d’une multiplication des espaces verts et d’une diversification de ceux-ci mais dans une logique de réseaux et de complémentarité entre eux. Dans ce cadre, mon action au travers des compétences qui sont les miennes et celle du MinistrePrésident comme Ministre de l’Aménagement du Territoire, devront se Les défis de la Région en matière de production de logement ne sont pas minces. Permettez-moi de rappeler en particulier les aspects liés à l’insuffisance de l’offre de logement par rapport à la demande : la production de nouveaux logements est à l’heure actuelle largement inférieure aux 6.000 logements escomptés par an. L’observatoire des permis logement recense un nombre d’environ 4.000 « permis logement » octroyés par an, essentiellement à destination du secteur privé. En matière de lancement de production de logements publics, le Gouvernement s’est engagé, dans le cadre de la Déclaration de Politique Régionale 2014-2019 au travers de l’Alliance Habitat, à atteindre des objectifs ambitieux en la matière : lancer la production de 6.500 logements publics. Parmi ceux-ci, nous prévoyons tant du locatif que de l’acquisitif, du logement social et du logement moyen et la SLRB devra y occuper un rôle prépondérant. Pour y parvenir, l’enjeu principal tiendra tant à l’aspect budgétaire, qu’au foncier disponible, qu’à l’accélération des procédures administratives et à la coordination des acteurs concernés. Par ailleurs, en termes d’objectifs, je souhaite également que le Plan Régional du Logement, initié déjà il y a plus de dix ans, soit SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 mené à son terme : il reste encore environ 3.600 logements à livrer dans les années à venir et il est indispensable de finaliser ce Plan pour respecter les engagements de mes prédécesseurs. En terme de méthodologie, dès mon entrée en fonction, il m’a semblé important de travailler à la mise en place des conditions nécessaires à l’atteinte des objectifs en matière de production de logements. C’est pourquoi, j’ai rapidement créé un Conseil de Coordination du Logement regroupant, d’abord, l’ensemble des acteurs publics en matière de logement afin de renforcer les synergies entre eux et de favoriser le développement de projets mixtes communs. Mais le secteur public seul n’y arrivera pas : il faudra collaborer avec le privé là où c’est opportun en veillant à développer une offre accessible, notamment par la mise en place de plans de financements tels que les « PPP » ( Partenariat Public Privé ). Le privé produit déjà aujourd’hui une grosse partie des nouveaux logements à Bruxelles. Ils ont une expertise dans ce domaine et notre devoir, en tant que pouvoirs publics, est de les accompagner le plus efficacement possible dans les différentes procédures ( obtention de permis d’environnement et d’urbanisme notamment ). Le privé devra lui aussi jouer son rôle, notamment en matière de charges d’urbanisme. Je conçois donc les perspectives potentielles à cet effet comme de réels partenariats « Win-Win » - Public / Privé. Pour ce qui concerne le foncier disponible, une attention particulière sera accordée aux dix quartiers prioritaires identifiés et à l’accélération des différentes procédures administratives. Mais cela n’empêchera pas que d’autres projets d’envergure pouvant donner des résultats à court terme et ne situant pas dans ces dix quartiers, fassent également l’objet d’un soutien fort. 5 ment privé, l’allocation loyer ou enfin les formes alternatives de logement ? Les défis n’ont jamais été aussi nombreux pour la Région de BruxellesCapitale mais dans le même temps, nous disposons aujourd’hui davantage de leviers d’action qu’auparavant depuis la sixième réforme de l’Etat. Là aussi, le Conseil de Coordination du Logement devra jouer un rôle prépondérant en étroite complémentarité avec le futur « assemblier régional » chargé du développement territorial des dix quartiers prioritaires. Enfin, sachez que l’une de mes priorités au sein du Gouvernement consistera à m’assurer que les moyens budgétaires nécessaires, tant en matière d’investissement que de fonctionnement, puissent être dégagés pour la bonne réalisation de ces objectifs. Ce travail se fera en étroite collaboration avec les organismes en charge de la politique du Logement dans notre Région dont bien entendu la SLRB. C’est la loi du genre, vous reprenez des dossiers laissés par vos prédécesseurs. Quelles sont les priorités du Gouvernement et les vôtres parmi les dossiers importants, parfois sensibles, tels que le processus de rationalisation des SISP, la réforme du loyer des logements sociaux et partant le financement du secteur, les occupations précaires ou encore dans le secteur du loge- La première priorité d’une Ministre du Logement est bien entendu de favoriser l’accès des concitoyens à des logements de qualité. La production par les pouvoirs publics d’un volume important de logements à gestion publique et à finalité sociale est sans aucun doute indispensable pour concrétiser cet objectif mais n’est pas suffisant à lui seul. Désormais plus autonome sur le plan de la fiscalité, il est normal que les priorités du Gouvernement se concentrent par ailleurs particulièrement sur des mesures qui permettent d’assurer l’équilibre budgétaire de la Région dans l’objectif de garantir sa pérennité. Le processus de rationalisation des SISP est à ce titre une des priorités absolues en ce qu’il conditionne le refinancement de la région. Je me réjouis de voir se concrétiser les multiples opérations de fusions qui permettront à terme de pérenniser la viabilité des SISP. A ce titre, j’aurai une attention particulière à ce que ces fusions, au-delà du fait d’être effectives au terme du long et parfois complexe processus qu’elles impliquent, soient des fusions réussies dans les faits, de sorte à ce que les principaux bénéficiaires puissent en tirer le meilleur. Je pense aux locataires bien sûr, qui sont les premiers concernés, mais également à l’ensemble des membres du personnel de ces sociétés pour qui les défis seront nombreux. Notons également que pour y parvenir, j’ai décidé de prolonger la mission de l’équipe d’experts en place jusqu’au 30 novembre 2015, par le biais d’une assistance individualisée postérieure aux demandes d’agréments. La viabilité du secteur du logement social est également une préoccupation majeure pour moi. Cela implique de garantir le mode de financement du secteur et plus globalement la soutenabilité budgétaire de notre modèle et ce tenant compte notamment d’éléments nouveaux tels que la récente consolidation de la SLRB ou moins récents mais tout aussi interpellant comme l’augmentation importante et continue de l’ARS. 1 Dans ce contexte, la question de la réforme du calcul des loyers a souvent été évoquée. Les derniers Gouvernements se sont lancés dans une réflexion à ce sujet. Ils se sont engagés à mener à terme une telle réforme. Cet objectif n’est néanmoins pas explicite dans la DPR, ce qui pourrait laisser penser qu’elle ne figure a priori pas dans les priorités du Gouvernement. Cela constitue en effet un sujet très sensible. Une note de principe relative à la réforme du calcul du loyer dans le secteur du logement social bruxellois avait été approuvée en fin de législature précédente. Celle-ci énumérait une série de principes à suivre en cas de réforme et dressait une série de constats relatifs au régime locatif actuel. Je vais pour ma part veiller à ce qu’un travail de concertation avec le secteur sur les principes cadres arrêtés par mes prédécesseurs, soit mené. A ce stade-ci, je ne prends donc aucune option dans un sens ou dans un autre, c’est encore prématuré. Ce que je souhaite, c’est que le travail d’analyse et d’évaluation puisse aller jusqu’au bout et qu’on puisse avoir un débat serein en déterminant au 1. L’Allocation Régionale de Solidarité est octroyée aux SISP qui subissent une perte en raison de la faiblesse ou de l’absence de revenus des locataires. Cette allocation couvre 75 % du déficit social éventuel encouru par chaque SISP l’année précédente ( Code bruxellois du Logement, art. 41,5. 6 SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 niveau du Gouvernement les objectifs que l’on souhaite atteindre tant pour les locataires que pour le secteur et les finances régionales. Si une décision doit être prise à un moment donné, il faudra veiller, selon moi, à dégager une solution qui soit la plus équilibrée possible et qui devra s’implémenter de façon phasée dans le temps. On parle d’une problématique qui touche directement le quotidien des gens et il est donc normal que l’on veille à ne pas créer de déséquilibres dans un sens comme dans l’autre. Les occupations temporaires sont également à l’ordre du jour des investigations en cours en ce qu’elles peuvent constituer une solution temporaire pour les plus démunis, je parle des personnes qui se trouvent dans des situations intenables, tels que les sans-abris. Ce dispositif ne peut se substituer aux formes alternatives de logements ou aux logements de transit et d’urgence, dont je parlerai ensuite, et qui doivent permettre à tout un chacun de trouver une forme de logement qui lui correspond, soit-elle locative ou acquisitive, de type social, modéré ou moyen. En matière d’occupation précaire, je relève que seules quatre SISP ont à ce jour pris les devants avec la SLRB pour convenir des conditions d’habitabilité de ces logements. J’estime que le secteur pourrait faire un effort pour permettre aux personnes démunies de pouvoir trouver une solution temporaire, ne fut-ce que pour leur permettre de se stabiliser le temps de pouvoir avoir une solution plus durable. A mon sens, le milieu associatif a un rôle à jouer pour faciliter ces occupations précaires en garantissant l’accompagnement des ménages concernés et en permettant aux SISP d’avoir un interlocuteur « institutionnel ». Pour résumer mes propos, occupations temporaires oui mais pas n’importe comment et en complément d’une offre plus classique dont les logements d’urgence et de transit « institutionnalisés ». L’allocation loyer est également une des priorités absolues du Gouvernement en ce qu’elle permettra à bon nombre de foyers de faire face à la hausse constante des loyers sur le marché privé. Une allocation loyer généralisée à destination des locataires se logeant sur le marché privé sera développée pour 2016 au plus tard. Il s’agira d’abord d’évaluer l’expérience pilote lancée sous la précédente législature, d’analyser les expériences similaires étrangères en la matière et de travailler ensuite sur les aspects juridiques, budgétaires et opérationnelles ( notamment la question des loyers de référence et des publics visés ) nécessaires à la mise en œuvre de cette nouvelle politique. Un marché public de service visant à évaluer l’expérience pilote et à encadrer ce processus de réflexion a été lancé début 2015. Les résultats sont attendus prochainement. L’objectif étant de pouvoir proposer une règlementation instituant le cadre de l’allocation loyer, et de la rendre effective en 2016 au plus tard. Enfin, en matière de formes alternatives de logement, ce ne sont pas les idées qui manquent ! Pensons prioritairement aux situations qui nécessitent des solutions urgentes, je pense de façon prioritaire aux sans-abris. Comme je l’ai dit, la question des occupations précaires ne doit pas être mise de côté, cependant elle ne permet généralement pas d’habiter dans de bonnes conditions, encore moins lorsqu’il s’agit de ménages avec enfants. La première mesure concrète que j’ai prise a consisté à développer le « Housing First ». Un budget de 750.000 € a déjà été engagé en 2014 et nous a permis d’acquérir un immeuble qui servira à l’hébergement des familles les plus démunies, SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 celles qui nécessitent un hébergement d’urgence. Cela permettra de pallier, en partie, la saturation des logements de transit communaux. Autre forme alternative de logement, acquisitive cette fois, Le Community Land Trust ( CLT ), un instrument nouveau à Bruxelles, mais déjà plus ancien dans d’autres pays où il a fait ses preuves comme dans les pays Anglo-saxons où il existe depuis plusieurs décennies. Le CLT doit permettre la production de logements à prix abordables. L’innovation a beaucoup d’importance afin de pouvoir trouver une réponse aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui au niveau du logement en Région bruxelloise. Le modèle CLT tel que développé actuellement à Bruxelles innove à différents niveaux, que ce soit sur le plan des modèles juridiques, du modèle participatif ou encore en matière de clauses de reventes qui garantissent le transfert du subside public et font en sorte que les logements restent abordables pour des bas revenus, génération après génération. Un budget de 2.000.000 € par an a été prévu et devra permettre de lancer la production jusqu’en 2017 d’au moins cent vingt logements sur base de ce concept novateur pour la Région. Madame la Ministre, il y a donc une femme à la tête de la politique du logement bruxellois ( bien que ce ne soit pas une première ) et quatre femmes dans un Gouvernement composés de huit personnes. Bien que vous n’ayez pas l’égalité des chances dans vos attributions, vous avez quand même un avis. Voulezvous le partager ? Je salue en effet la parité parfaite homme / femme dans le Gouvernement bruxellois, ce qui n’est malheureusement pas le cas dans d’autres exécutifs… Comme 7 vous le précisez, je n’ai pas l’égalité des chances dans mes attributions, mais malgré tout c’est un combat qui ne me quitte jamais. Mon engagement est quasi obsessionnel, je l’avoue. Il est indispensable de mettre en avant le décalage interpellant entre l’égalité de droit et l’égalité de fait. Les effets pervers se manifestent principalement ai niveau des conditions de vie et des revenus des femmes, et par conséquent sur leur dépendance économique et finan- 8 cière, gage d’une égalité première. Ce combat n’est pas un enjeu strictement féminin : il concerne chacun d’entre nous et il est symbolique de la société que nous souhaitons construire pour nos enfants. La question de l’égalité hommefemme concerne des pans entiers de l’organisation sociale : l’emploi, la prise de décision, l’éduction, la santé, la famille, … Je revendique mon féminisme d’aujourd’hui qui se traduit par de multiples revendications : la nécessité d’une politique renforcée de discrimi- nation positives à l’égard des femmes, celle de l’individualisation des droits sociaux, celle de la lutte inlassable contre les stéréotypes sexués qui continuent de provoquer des dégâts au quotidien ou encore celle de la tolérance zéro envers toute forme de violence conjugale ou familiale, visible ou invisible. • Propos recueillis par Marie-Noëlle Livyns Coordinatrice cellule « Etudes et Communications », SLRB SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Interview de Madame Brigitte DE PAUW, Présidente du Conseil d’administration de la SLRB Connaissez-vous le secteur du logement, en général, et celui du logement social, en particulier ? Comment ? Quel est votre avis à ce sujet ? Le secteur du logement social n’est nullement inconnu pour moi. En effet, de 2004 à 2009 j’étais membre de la Commission Logement du Parlement Régional Bruxellois. Déjà à l’époque, évidemment, il était question du problème posé par les nombreuses demandes de logements et l’offre insuffisante. Cela fait belle lurette que ce problème existe dans la Région de Bruxelles-Capitale. Je ne peux évidemment pas faire de miracles; pourtant, je suis déterminée à mettre tout en œuvre – de concert avec le Cabinet de Madame la Ministre Fremault – pour faire en sorte que les moyens alloués au secteur du logement social soient affectés le plus intelligemment et le plus efficacement possible, et ce tout en accélérant les projets de rénovation. Je veillerai également à accélérer la création de synergies avec les propriétaires de terrains, afin de pouvoir réaliser le plus rapidement possible des projets de constructions neuves dans le cadre de l’Alliance-Habitat. Quelles sont vos ambitions par rapport à votre nouveau mandat ? Quel profil souhaitez-vous donner à votre présidence ? S’il me faut choyer une ambition, il faut que celle-ci soit réaliste, au bénéfice du secteur. A la fin de mon mandat, j’aimerais pouvoir être évaluée à partir du travail accompli en collaboration avec le Cabinet de Madame la Ministre. Je souhaite trouver également, en collaboration avec le Conseil d’administration de la SLRB, l’Administration et le Cabinet, des solutions à des problèmes délicats, telles que la libération de logements qui sont actuellement occupés par des ménages à revenus élevés ou encore les mutations de ménages occupant des logements sur-adaptés vers des logements adaptés. Je suis consciente que le secteur du logement social est autant une question de réflexion que d’action. Une double approche continuera toujours à m’animer, au bénéfice tant des locataires que des projets. J’ai en tout cas l’intention de m’engager à fond dans mon mandat, et ce conformément à la Déclaration de Politique Régionale. Comment pourriez-vous vous présenter en quelques lignes à nos lecteurs ? En tant qu’assistante sociale de formation, j’ai la fibre sociale. A cet égard, je peux me prévaloir d’une longue carrière dans le secteur social et dans l’action politique. J’étais membre du Conseil d’administration de plusieurs ASBL et directrice de Cabinet adjointe d’un Ministre bruxellois. Comme je l’ai déjà indiqué, j’ai siégé au Parlement Régional Bruxellois et, à l’heure actuelle, j’exerce la Présidence du CPAS de Jette. Je crois pouvoir dire que tous ces mandats sont ancrés dans ma préoccupation vis-à-vis des personnes vulnérables dans notre société, ainsi que dans mon engagement en faveur des droits de chacun. Je crois inébranlablement en la force de la concertation et je m’associe à la Directrice générale adjointe de la SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 SLRB, qui entend faire de la concertation l’un des piliers de la SLRB sur le plan de la gestion. J’entends donc placer ma présidence de la SLRB sous le signe de la concertation avec l’ensemble des partenaires et autorités concernés par le logement. Au cours de ces cinq années de mon mandat, je souhaiterais poursuivre davantage la dynamique du secteur et je compte, à cet effet, sur le professionnalisme et la bonne volonté de tous les acteurs concernés. Je me suis déjà rendu compte de la grande efficacité de l’administration de la SLRB et je suis impatiente de pouvoir collaborer avec ces professionnels du logement et de mener à bien – de concert avec le Conseil d’administration et le Cabinet – une énorme pile de dossiers, de manière à ce qu’un nombre accru de personnes en Région de Bruxelles-Capitale puissent disposer d’un logement de qualité. • Propos recueillis par Marie-Noëlle Livyns Coordinatrice cellule « Etudes et Communications », SLRB 9 La Déclaration de Politique Régionale pour la législature 2014-2019 Principaux impacts directs et indirects pour le secteur du logement social bruxellois L a Région Bruxelloise a fêté ses vingt-cinq ans en 2014. En un quart de siècle, le paysage urbain a bien changé. Beaucoup de quartiers et d’équipements ont été rénovés tandis que les services à la population, l’urbanisation et l’aménagement se sont vus renforcés. Par ailleurs, la sixième réforme de l’Etat qui transfère une série de compétences à la Région bruxelloise et le contexte d’effort budgétaire et de ralentissement économique ont amené le Gouvernement nouvellement constitué à établir des priorités claires et ambitieuses. Pour mener à bien ses priorités, le mot d’ordre pour la législature sera le décloisonnement de l’ensemble des pouvoirs publics à Bruxelles. Ces priorités se concentrent autour de trois grands pôles : l’enseignement, l’économie et la rationalisation des outils régionaux. 10 • 6500 logements publics dont 3000 logements sociaux et 1000 logements moyens devront être lancés durant cette législature par la SLRB. • Une réévaluation des moyens budgétaires engagés dans le cadre du premier Plan régional du logement et de l’Alliance Habitat sera effectuée pour s’assurer que ces moyens permettent une réalisation de ces logements. • Le Gouvernement réduira les procédures urbanistiques pour les logements sociaux et étudiera toutes les possibilités d’organiser les marchés publics de manière plus efficace. Des avancées dans d’autres chapitres de la Déclaration de politique régionale auront également un impact sur le secteur du logement social : En ce qui concerne le logement social, en dehors de la volonté de poursuivre le processus de fusion des SISP, par ailleurs prévus dans les accords du COMORI, les mesures prévues dans la DPR concernent exclusivement le patrimoine. Les voici. • La régionalisation du bail de résidence principale, le Gouvernement travaillera à l’établissement d’une liste claire des travaux qui incombent aux propriétaires d’une part et aux locataires d’autre part et à laquelle il ne pourra pas être dérogé. • Au niveau des programmes quadriennaux de rénovation du patrimoine, le Gouvernement veillera à garantir aux SISP les moyens leur permettant de mettre l’ensemble des logements aux normes du Code bruxellois du logement. • Le Gouvernement simplifiera les procédures urbanistiques, notamment pour permettre la réalisation de grands projets urbains publics et privés destinés entre autres au logement. Les délais légaux pour les projets relevant des compétences tant régionales que communales seront raccourcis. Le COBAT 1 sera notamment revu. • Les structures actuelles seront rationalisées en vue de garantir au concepteur d’un projet immobilier et au demandeur d’un permis d’urbanisme un interlocuteur régional unique qui soit en mesure de traiter conjointement les permis et certificats d’urbanisme et d’environnement mais aussi toutes les matières connexes : PEB, pollution des sols et avis de prévention SIAMU. • Une plateforme territoriale régionale verra le jour. Elle sera composée de deux entités distinctes : le « bureau bruxellois de planification » chargé de la connaissance socio-économique et de la planification territoriale et « l’assemblier ». Le bureau de planification regroupera : –la Direction Etude et Planification ( la DEP de l’AATL ), – l’Institut Bruxellois de Statistiques et d’Analyse ( IBSA ), – l’Agence de Développement Territorial ( ADT ), –une partie de la Régie foncière, – les cellules chargées de la planification territoriale stratégique au sein de l’Agence de l’équipement et des transports ( AED ou Bruxelles Mobilité ), de la STIB et de l’IBGE, – les observatoires thématiques. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 « L’assemblier » sera chargé de coordonner la mise en œuvre des orientations stratégiques de développement tant pour les acteurs publics ( Citydev, STIB, SLRB, Port, communes, … ) que pour les partenaires privés et en prenant à sa charge les aspects des projets qui sont laissés de côté comme par exemple la viabilisation du site ou encore certaines études. Il regroupera la société d’acquisition foncière ( la SAF ), la Régie foncière régionale et le personnel transféré du comité d’acquisition. • Pour faire face à l’explosion démographique, le Gouvernement mettra en œuvre le développement de dix nouveaux quartiers. Il s’agit des Pôles suivants : 1. Les sites de Schaerbeek-formation et de Tour et Taxis, complémentairement au développement du Canal 2. Le Plateau du Heysel, et le projet NEO 3.Le pôle Reyers 4.Le Quartier du Midi 5.Le site de la Gare de l’Ouest 6.Le site Josaphat 7.Le pôle Delta-Souverain 8.Le site des Casernes d’Etterbeek et d’Ixelles 9.Le site des Prisons de SaintGilles et Forest 10.Le Boulevard Léopold III et le site de l’OTAN • Il est question également de poursuivre ou d’initier le développement d’autres quartiers répondant aux besoins régionaux, en ce compris les Dames blanches 2. Le Gouvernement modifiera aussi le RRU 3 en vue d’y intégrer les principes d’une densification maîtrisée et respectueuse de la typologie urbanistique des quartiers. • Enfin, la fonction de maître architecte sera confirmée et ses fonctions élargies aux projets privés d’envergure régionale. Les mesures suivantes visent plus particulièrement les cités-jardins classées par la Commission Royale des Monuments et Sites ( CRMS ): • En vue d’un plus grand équilibre entre la protection du patrimoine et l’accélération de la rénovation de certains quartiers, le Gouvernement compte revoir l’avis conforme de la CRMS au regard des autres enjeux de développements urbains et de supprimer le cas échéant son aspect contraignant en cas d’avis majoritaire positif en commission de concertation. • L’élaboration de plans de gestion patrimoniaux, entre autres pour les logements sociaux intégrant l’amélioration des performances énergétiques dans le respect du patrimoine sera encouragée. D’autres mesures sont susceptibles d’avoir un impact indirect sur le secteur : • Un service autonome régional de sécurité et de prévention sera créé. L’objectif étant d’assurer une meilleure collaboration entre zones de police, de réorganiser les corps de police par quartier, d’assurer une formation de qualité en matière de sécurité et d’accroître le nombre de policiers. • L’inventaire des sols pollués devra être clôturé d’ici deux ans et l’ordonnance sol sera modifiée pour réduire les obligations et les charges administratives. • Il est prévu de passer de deux parcs à conteneurs régionaux à dix en cinq ans. Dans l’intervalle, le Gouvernement veillera à installer des parcs à conteneurs mobiles sur des terrains vacants afin que chaque habitant puisse disposer d’un parc à trois km de son domicile. Il est également prévu d’accroître le nombre de corbeilles publiques, de cendriers, de toilettes publiques, de conteneurs enterrés et de bulles à verre. • Le Gouvernement va accroître aussi le nombre de zones piétonnes et des pistes cyclables. Il assurera de manière prioritaire l’extension du métro vers Schaerbeek et Evere. Il lancera dans la foulée les études concernant l’extension du métro vers Uccle. • Le Gouvernement examinera enfin la possibilité de transformer les toits inutilisés en jardin ou équipement Horeca sur les bâtiments publics et la « mise en espace public » des toits des nouvelles tours construites à Bruxelles. La Déclaration de politique régionale de cette législature est porteuse de changements importants comme la mise en œuvre de la VIème réforme de l’Etat et la refonte des organismes qui touchent de près ou de loin à l’aménagement du territoire. Le secteur du logement social sera concerné par ces grands projets. Par ailleurs, les dynamiques déjà engrangées comme la fusion des SISP et l’Alliance Habitat sont confortées. • Cécile Coddens, Economiste, « service Etudes et qualité », SLRB 1. COBAT : Code Bruxellois de l’Aménagement du Territoire 2. Dames blanches : quartier de Woluwe Saint-Pierre 3. RRU : Règlement Régional d’Urbanisme SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 11 Budget régional Bruxellois de 2015. Quelles évolutions pour le secteur du logement social ? L e budget de la Région de Bruxelles-Capitale pour l’année 2015 a été réalisé de manière à contenir la croissance des frais de fonctionnement au maximum. C’est aussi le premier budget dans lequel la SLRB est consolidée dans le périmètre budgétaire régional. En effet, depuis le mois de septembre 2014, la SLRB et le Fonds du Logement se trouvent repris, en termes statistiques et comptables, dans le budget et les comptes de la Région. Ceci a des conséquences importantes car tout déséquilibre dans le budget de la SLRB ou du Fonds du Logement devra désormais être compensé par le budget de la Région. Cela concerne tout particulièrement les modes de financement en lien avec l’Alliance Habitat1 dont les deux organismes en sont les principaux acteurs. Un travail d’analyse à cet effet, sera soumis au Gouvernement début 2015. Ces deux éléments pris en compte, le budget régional du logement se situe à 399.017.000€ 2, soit en hausse de 4 % par rapport au budget initial de 2014. En ce qui concerne plus précisément le budget régional consacré au logement social, la croissance est de 3 %. L’allocation régionale de solidarité est le poste qui connaît la plus 1. Pour le secteur du logement social bruxellois, cela vise plus particulièrement le programme quadriennal d’investissement 2014-2017 et la production de 3000 logements sociaux et de 1000 logements moyens. 2. Le montant de 399.017.000,00 € est exprimé en crédits de liquidation. Il s’agit des dépenses qui seront réalisées durant l’exercice budgétaire 2015. 12 forte croissance : 14 %. Viennent ensuite les crédits affectés au versement des subsides et avances remboursables pour le financement des programmes de rénovation. Les autres crédits budgétaires relatifs au secteur du logement social sont maintenus à leur niveau de 2014. À l’exception du transfert de revenu versé aux SISP pour financer les réductions sociales accordées aux locataires qui augmente de 1 %, il n’y a pas d’indexation pour les autres postes budgétaires. Le subside pour les activités d’animation dans le logement social, quant à lui, est réduit. Il passe de 74.000 € à 50.000 €, faute d’utilisation complète des crédits budgétaires ces dernières années. L’année budgétaire 2015 permettra le développement de cinq priorités : 1.Les objectifs de l’Alliance Habitat pour la production de logements sociaux et moyens et de rénovations des logements existants sont maintenus. La SLRB devra contribuer au lancement de la production de 4000 logements sur les 6500 prévus ( 3000 logements sociaux et 1000 logements moyens locatifs ). 120 logements seront mis à disposition selon la méthode du « Community Land Trust » et le reste par Citydev et les communes via les contrats de quartier durable. pilote d’allocation aux personnes en attente d’un logement social sera évaluée et une étude sera mise en place pour travailler les aspects juridiques, budgétaires et opérationnels d’une nouvelle allocation 3. Un Plan Logement étudiants : la première Agence Immobilière Sociale ( AIS ) étudiante sera créée pour la prochaine rentrée académique. À cette fin, les crédits dévolus aux AIS sont augmentés de 1.518.000 €. 4. Un soutien renforcé aux Bruxellois candidats prioritaires et aux jeunes via les prêts du Fonds du Logement qui seront augmentés de 10 % et devront passer au nombre de 1400 prêts. 5. L’avancement dans d’autres dossiers prioritaires comme la fusion des SISP, la régionalisation du bail, la lutte contre les logements vides et insalubres, la réforme du cadre des Associations d’Insertion par le Logement ( AIPL ), le nouveau contrat de gestion de la SLRB, la révision de l’arrêté relatif aux AIS pour leur permettre de travailler plus efficacement. 2. La mise sur pied d’une allocation loyer généralisée sera développée dans les années à venir. Dans ce cadre, l’expérience SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Tableau 1 : Evolution du budget de la Région de Bruxelles-Capitale consacré au logement exprimé en crédits de liquidation ( en milliers d’euros ) SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 13 Graphique 1 : Répartition du budget logement entre les différentes rubriques et acteurs ( en milliers d’euros ). Dans ce graphique, les 125.000.000 € de provision pour prêt exceptionnel au Fonds du Logement n’ont pas été pris en compte en raison de leur caractère occasionnel. La part du Fonds du Logement passe dès lors de 169.213.000 € à 44.213.000 €. En conclusion, on peut dire que le budget régional bruxellois consacré au logement en 2015 croît de 4 %, soit de 15.619.000 €. Les composantes de cette augmentation sont issues de différents secteurs du logement public bruxellois. Il s’agit principalement de la dotation au Fonds du Logement qui connaît 14 une croissance de 6.203.000 €, en seconde position le logement social avec une hausse de respectivement 2.792.000 € et de 1.550.000 € pour l’allocation régionale de solidarité et les crédits d’investissement, ensuite les AIS voient leur budget augmenter de 1.500.000 € et les subventions d’investissement pour les projets innovants de 1.057.000 €. Enfin, les allocations de déménagement et allocations loyer progressent de 965.000 €. Le budget de 2015 se donne donc les moyens d’une politique bien ambitieuse en matière de logements publics. • Cécile Coddens, Economiste, « service Etudes et qualité », SLRB SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 DOSSIER Economies d’énergie dans le secteur du logement social bruxellois Sensibiliser les locataires sociaux aux économies d’énergie ; l’exemple du Foyer Laekenois. Le libre-marché L’ annonce de la libéralisation du marché de l’énergie de la Région de Bruxelles-Capitale à partir de janvier 2007 a amené l’asbl Cité Modèle et Le Foyer Laekenois à étudier de plus près cette matière. A l’approche de la libéralisation, Tom Lenaerts, travailleur social, a suivi une série de séminaires. En septembre 2007, une délégation de Sibelga est venue informer les membres du personnel du Foyer Laekenois des changements liés à la libéralisation. Principal changement pour les habitants de la Région de Bruxelles-Capitale et donc pour nos locataires : l’entrée sur le marché de nouveaux fournisseurs de gaz et d’électricité. Principales conséquences : le libre choix du fournisseur et la suppression de l’indemnité de rupture des contrats. Black-outs A une époque où l’épée de Damoclès que représentent les black-outs nous pend au-dessus de la tête, les économies d’énergie sont plus actuelles que jamais. En suivant une formation sur l’accompagnement social et la consommation rationnelle d’énergie, Tom Lenaerts s’est rendu compte que la sensibilisation des locataires à l’utilisation ration- nelle de l’énergie est un travail « sur mesure » et de longue haleine. Voilà ce qui, en lien avec les gros travaux de rénovation sur le site de la Cité Modèle, l’a inspiré à lancer un projet « énergie ». Les bâtiments 13 et 14 hébergent les 39 premiers appartements de la Cité Modèle construits conformément aux nouvelles normes en matière d’économies d’énergie. Une isolation performante, un compteur intégrateur chauffage, un nouveau thermostat, un compteur d’électricité bihoraire, etc. Le guide de l’énergie offert par le Foyer Laekenois est un outil de travail clair et pratique qui non seulement donne au locataire des informations et des conseils utiles en matière d’électricité, d’eau et de chauffage, mais lui permet également de faire ses relevés lui-même. L’Italie, la Syrie, L’Ethiopie, … Ceci dit, si on veut vraiment changer les habitudes du locataire, un guide papier qu’on peut lire et remplir tout seul, ne suffira probablement pas. A l’issue d’une enquête, six familles se sont engagées en septembre 2010 dans un projet « énergie » visant à conscientiser les locataires quant à leur comportement en matière de consommation d’énergie. Une conscientisation qui pourrait ensuite les encourager à changer leurs habitudes. Ainsi, les gros consommateurs pourraient revoir leur consommation d’eau, d’électricité et de chauffage. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Tom Lenaerts a rendu visite à chacune des six familles. Le thé éthiopien, les biscuits syriens, l’hospitalité italienne et géorgienne, le zèle belge, ... il garde de beaux souvenirs de cette expérience. Au début, il a aidé les locataires à noter et à analyser les relevés mensuels. Après quatre mois, ils s’en sont chargés eux-mêmes. Chaque trimestre, le travailleur social est passé pour analyser les données et les visualiser à l’aide de tableaux et de graphiques repris dans le guide de l’énergie. Visites Les six familles ont été suivies et accompagnées pendant trois ans. Des conseils et de nouveaux points de vue ont été échangés en cours de route. Trois années de collecte de données ont permis de dégager certaines tendances de consommation. Un hiver n’est pas l’autre, il y a des pics pendant les jours fériés, les congés annuels et même les visites d’amis ou d’autres membres de la famille se reflètent dans les graphiques. Les six familles ont entièrement pris conscience de leur comportement en matière de consommation d’énergie. Lors de chaque visite du travailleur social, elles étaient curieuses de savoir si leur consommation d’énergie avait baissé par rapport à la fois précédente. Certaines ont changé de fournisseur d’électricité. Désormais, l’achat de luminaires et d’appareils électroménagers se fait sur base de choix très conscients. Augmenter le chauffage, prendre une douche ou un bain, sont devenus des actes 15 Quand des locataires s’installent dans un des appartements situés dans les nouveaux immeubles, le travailleur social Tom Lenaerts leur donne, lors d’une première prise de contact, quelques explications concernant les différentes sources d’énergie présentes dans l’appartement. Qu’est-ce que cela implique d’avoir un compteur électrique jour/ nuit? Comment fonctionne le thermostat et que signifient les chiffres sur les vannes thermostatiques du chauffage? Qui est responsable de l’entretien du chauffe-eau? très réfléchis. Les familles procèdent désormais, à ce propos, de manière rationnelle, sans compromettre leur confort. En effet, l’idée n’est pas de se priver de tout. Grâce à une collaboration avec « Défi Energie » qui a traité les données de consommation des ménages concernés, on a constaté que la performance énergétique des immeubles est en effet plusieurs fois supérieure à celle des vieux bâtiments. Les relevés de chauffage démontrent que les bâtiments ont été isolés correctement. La moitié des familles consomme moins d’électricité qu’une famille moyenne ayant déjà une consommation rationnelle. Pourtant, dans les certificats de performance énergétique de l’IBGE, l’isolation de ces nouveaux bâtiments n’obtient qu’une cotation C+. 2921 Aujourd’hui, Le Foyer Laekenois compte 2.927 logements. Le projet « énergie » a réussi à sensibiliser six ménages à une consommation rationnelle d’énergie. Il en reste encore 2921! Si le but final est d’at- 16 teindre l’ensemble des locataires, Le Foyer Laekenois et son service social vont devoir s’y prendre autrement. Plusieurs occasions s’y prêtent, comme par exemple le décompte annuel des charges d’énergie. Tous les locataires n’ont pas accès aux compteurs d’eau. Dans certains complexes, ceux-ci sont installés dans des locaux fermés. Le travailleur social peut leur donner accès, noter les relevés et les mettre en perspective. Souvent on utilise l’exemple d’une minute de douche correspondant à 9 litres (ou un seau) d’eau. La conversion de la consommation totale en consommation par jour donne aussi des résultats assez frappants. Pendant les permanences sociales, les travailleurs sociaux reçoivent parfois des questions de la part des locataires par rapport à leur décompte d’électricité. On fait alors une analyse des données et on donne différents conseils. Parfois on propose de changer de fournisseur. Les personnes concernées sont alors orientées vers “Infor Gaz Elec”. Depuis la libéralisation du marché de l’énergie, environ 50 ménages ont changé de fournisseur sur les conseils du service social. Ambitions Il reste encore beaucoup de points à améliorer. Un grand nombre de bâtiments du patrimoine du Foyer Laekenois et d’autres sociétés immobilières de service public de la Région de Bruxelles-Capitale requièrent une rénovation énergétique. Une meilleure collaboration au niveau des services permettrait un transfert plus efficace des informations disponibles concernant les équipements énergétiques. Et n’oublions pas les locataires qui, eux aussi, doivent apporter leur pierre à l’édifice pour éviter des black-outs. Heureusement on n’est pas seuls et on constate que les ambitions en vue d’une gestion plus rationnelle et plus efficace de l’énergie ne cessent de croître. • Tom Leenaerts, Assistent social, Cité Modèle, Foyer Laekenois SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Une nouvelle fonctionnalité dans le programme « cadastre » : la comptabilité énergétique En cette fin d’année 2014, une nouvelle fonctionnalité a vu le jour dans Antilope ( le logiciel cadastral des SISP ) : la comptabilité énergétique. Tenir une comptabilité énergétique consiste tout d’abord à relever des consommations de manière régulière, que ce soit pour le gaz, l’eau ou l’électricité. On peut le faire une fois par an par exemple, mais idéalement ce sera plutôt une fois par mois. Il est donc possible dans le logiciel Antilope1, de gérer des compteurs et d’encoder les consommations. C’est dans le cadre du programme PLAGE ( Plan Local d’Action pour la Gestion de l’Energie ) que cet outil a été mis au point. En effet, dans le cadre de ce programme subventionné par Bruxelles-Environnement, six responsables « Energie » sont actifs dans un certain nombre de SISP depuis 2012. Ils ont pour objectif de diminuer les consommations, principalement de gaz, dans les logements sociaux. Pour que la comptabilité énergétique soit efficace, il faut qu’elle puisse permettre des réponses à des questions bien concrètes : • Comparer aussi la consommation énergétique de différents immeubles entre eux en tenant compte de la surface chauffée. •La consommation de ce mois-ci, ( de cette année-ci ) est-elle normale ? • Comparer la consommation d’un mois avec une « consommation attendue ». En effet Antilope pourra calculer ce qui est « normal » de consommer chaque mois en tenant compte des températures extérieures ( le programme se base sur les résultats de consommation des années précédentes ). •Consomme-t-on plus ou moins que l’année précédente ? •Où se situe ma consommation par rapport à des immeubles semblables ? Pour répondre à ces questions, Antilope va pouvoir sortir des graphiques de comparaison. Comparer sera alors ici le mot-clé. En effet un chiffre à lui seul ne sera pas significatif. On pourra dès lors : • Comparer différentes années de consommation entre elles. Dans ce cas, il faut tenir compte des températures extérieures, on parlera alors de consommation normalisée. Le tableau ci-dessous illustre les variations de consommations entre celles qui sont prévues et les consommations réelles mesurées par Sorelo pour le bâtiment à l’avenue Georges Henri, 134 à 1040 Bruxelles. Suivre les fluctuations de la consommation des ménages est vraiment au cœur du programme PLAGE. Un tableau de bord va permettre un suivi régulier des installations. A partir du moment où on connaît la consommation d’un immeuble, on va pouvoir surveiller son évolution et voir l’impact des interventions éventuelles pour la faire diminuer. 1. Antilope : Le Cadastre technique est un inventaire de l’ensemble du patrimoine immobilier des SISP. Cette base de données est alimentée en temps réel par les sociétés et ponctuellement par la SLRB par le biais d’enquêtes sur des sujets ciblés. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 17 Ces tableaux indiquent donc les variations de la consommation d’énergie en KWh entre 2009 et 2014 pour le bâtiment situé avenue Georges Henri à 1040 Bruxelles. Pour conclure retenons simplement quelques points essentiels : • Une comptabilité énergétique bien suivie va permettre de jeter un regard objectif sur les consommations. En comparant les données sous forme graphique, d’un coup d’œil, 18 on peut situer une consommation par rapport à celle d’autres années ou d’autres bâtiments. Cet outil permet également de détecter des anomalies éventuelles en cas de fortes consommations et d’être réactif. Il sera très prochainement disponible pour toutes les SISP dans le logiciel Antilope. • Roland Rixen, Ingénieur Responsable Energie, ASSAM-SORELO. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Votre responsable « Energie » vous aide à améliorer la performance énergétique de votre patrimoine immobilier L e responsable « Energie » est le garant de la performance énergétique du patrimoine immobilier de sa société. Son objectif est de limiter autant que possible les charges de chauffage imputées à ses locataires. Il doit ainsi pouvoir leur offrir tout le confort nécessaire… mais au meilleur coût possible pour l’ensemble des locataires. C’est une mission primordiale pour un bailleur social ! Le présent article fait volontairement l’impasse sur la gestion de la vétusté des chaufferies qui ne concerne bien entendu pas que les régulations climatiques. Un tel sujet mériterait un article à part entière. Pour ce faire, il doit agir à différents niveaux, à la fois dans le suivi « quotidien » de la performance énergétique de son patrimoine immobilier ( notamment le suivi de la maintenance des chaufferies et la préconisation de mesures d’améliorations ponctuelles ) mais également en apportant son expertise pour les phases de conception des « gros travaux » ( par exemple les projets de construction, de rénovation lourde ou de rénovation / isolation de façades ). « Mesurer, c’est savoir ». La base de toute démarche d’amélioration énergétique est donc de mesurer les consommations, de les corriger en fonction du climat de l’année concernée et de les analyser. Avant 2012, il y avait déjà un encodage des consommations énergétiques au Foyer Bruxellois, mais sans le support d’une véritable comptabilité énergétique permettant leur analyse détaillée. Le développement d’une comptabilité énergétique a commencé dès fin 2012 et est en train de rentrer dans sa phase de « professionnalisation ». Pour ce faire, nous sommes occupés à finaliser, avec les cinq autres responsables « Energie » travaillant dans le cadre du projet PLAGE 1, une comptabilité énergétique sous Antilope qui sera mise à disposition de toutes les SISP qui le souhaitent. Pour remplir au mieux son rôle de suivi « quotidien » de la performance énergétique, il doit impérativement disposer d’outils de pilotage performants, dont notamment une bonne comptabilité énergétique et un outil efficace de suivi du fonctionnement correct des régulations climatiques. Le secret de sa réussite réside dans le développement d’une approche pragmatique et systématique veillant à la simplicité des solutions mises en œuvre. Une comptabilité énergétique, pourquoi ? Une régulation climatique, pourquoi ? Afin de garantir un confort optimum, les installations de chauffage sont toujours dimensionnées en fonction de la température extérieure minimum de la région concernée ( -9°C à Bruxelles ). Heureusement, il ne fait pas tous les jours -9°C et il faut donc adapter la fourniture de chaleur dans les logements aux besoins réels des occupants ( en fonction de la température extérieure ). Mais pour optimiser les coûts, cette adaptation doit également se faire en fonction de l’heure ( par exemple via une diminution nocturne ou en cas d’inoccupation de longue durée ). Pour adapter la fourniture de chaleur aux besoins réels, « LA » solution est de réguler la température de l’eau dans le circuit de chauffage. Cette régulation se fait de manière automatique en chaufferie sur base d’une mesure de la température extérieure. Cela s’appelle une « régulation climatique ». Le fonctionnement correct des régulations climatiques est d’une importance capitale pour la maîtrise des consommations. Il permet des économies importantes avec le plus souvent des temps de retour sur investissement en moins d’un an. 1. PLAGE : Plan Local d’Action pour la Gestion de l’Energie. Cette démarche volontaire de réduction des consommations d’énergie à moindre coût vise les grands parcs immobiliers. Depuis 2012, six Sociétés Immobilières de Service Public ( SISP ) et leurs Fédérations s’y sont engagées. Plus de deux années se sont écoulées et les premiers résultats sont déjà au rendez-vous ( voir aussi le SLRB-Info n°68 ). SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 19 Constats – les régulations climatiques au Foyer Bruxellois Action – nouvelles régulations avec télégestion Bien que le maintien en parfait état de fonctionnement des régulations climatiques fasse partie intégrante des missions de la société de maintenance des chaufferies, force est de constater que leur fonctionnement optimal n’était pas toujours au centre de leurs préoccupations. En effet, à l’exception du cas spécifique d’une société de maintenance « sensibilisée » de manière contractuelle aux économies d’énergie, l’intérêt de celle-ci est d’abord de limiter autant que possible les plaintes des locataires … et donc parfois de faire fonctionner les régulations « en manuel ». Dans ce cas, il y a une circulation permanente d’une eau à haute température dans les circuits de chauffage et donc une chaleur « à la demande » pour chaque locataire. Malheureusement, cela induit également un montant des charges qui explose ( 20 à 30% de supplément en moyenne par rapport à une installation correctement régulée ). La décision a ainsi été prise par la SISP de renouveler de manière homogène les régulations des plus grands immeubles par une régulation « simple et efficace » avec pour objectif d’en acquérir une maîtrise totale en interne. Les régulations défectueuses des plus petits sites sont également remplacées, lorsqu’elles tombent en panne, par le même modèle de régulation. Une analyse menée en mars 2013 sur un échantillon de 17 régulations du Foyer Bruxellois a ainsi montré que seulement 25 % des régulations fonctionnaient correctement. Un autre constat relevé concerne la complexité de certaines régulations, sélectionnées pour leurs multiples qualités techniques par des bureaux d’études, en oubliant leur facilité d’utilisation et l’intérêt de les rendre « user friendly ». Leur fonctionnement est ainsi souvent mal maîtrisé par la société chargée de la maintenance. Cette difficulté est encore amplifiée par la diversité des marques et des modèles de régulations installés. Le choix de cette régulation « simple et efficace » a été fait sur base de l’expérience des collègues responsables Energie ayant travaillé dans le cadre du « PLAGE Ecoles » ou du « PLAGE Communes » et de l’analyse du marché. Il est important également de signaler que, dans le cas spécifique du logement social, une régulation « Rolls-Royce » 2 est à éviter ! En effet, l’expérience montre que si une régulation climatique est trop compliquée par rapport aux besoins réels du client, elle est coûteuse à maintenir en fonctionnement et n’apporte aucune plus-value. Pire, on constate souvent qu’une telle régulation a souvent beaucoup de bonnes raisons techniques pour ne pas fonctionner correctement et engendrer des surconsommations. Tout ce qui est compliqué ne fonctionne que rarement de manière optimale sans déployer des moyens importants pour le suivi de l’installation. Pour éviter de retomber dans une situation où chaque anomalie risque d’entraîner une remise « en manuel » de la régulation pour une durée non-contrôlée, il a été décidé d’adjoindre à notre régulation « simple et efficace » une télégestion. En effet, une télégestion per- met une gestion à distance du fonctionnement correct des installations de chauffage, l’envoi d’alarmes par courriels ainsi que l’enregistrement des divers paramètres de fonctionnement. Elle est composée d’un web-server et d’un modem d’accès à internet ( Adsl ou 3G ). Retour d’expérience – quelques points d’attention Outre le fait qu’il faille impérativement veiller à la simplicité des régulations climatiques proposées, il est important, lors du paramétrage d’une régulation climatique, d’analyser l’ensemble du système depuis la qualité de la mesure de la température par la sonde extérieure jusqu’à la température de l’eau arrivant dans un logement éloigné de la chaufferie ( qui peut parfois être fort différente de la température de départ en chaufferie ). J’ai ainsi eu l’occasion de constater des différences de températures extérieures dépassant parfois les 10°C entre les sondes de température de différents sites. De la même manière, j’ai également pu constater des cas où la régulation climatique fonctionnait correctement en chaufferie mais était perturbée par une anomalie hydraulique qui causait une forte diminution de la température de l’eau arrivant aux logements et donc un manque de chaleur pour les locataires. Premiers résultats obtenus Le remplacement et le suivi détaillé des régulations des sites prioritaires du Foyer Bruxellois ( sept chaufferies représentant 50% de la consom- 2. « Rolls-Royce » étant ici à comprendre comme un terme générique pour spécifier « le top » de ce qui existe en termes de qualités et de performance. 20 SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Image de contrôle à distance d’une chaufferie mation totale d’énergie ) ont déjà amené une réduction constatée de consommation de près de 20%. La mise en place d’un suivi journalier du fonctionnement correct et une amélioration du paramétrage devraient nous permettre de dépasser le seuil de 20%, le tout sans perte réelle de confort pour le locataire et sans autres investissements. Conclusion Investir du temps et un peu d’argent dans les régulations climatiques est indispensable. C’est notre responsabilité de bailleur social d’offrir à nos locataires un service de fourniture de chaleur au juste prix ! • Jean-Philippe Gerkens, Projet PLAGE, Foyer Bruxellois N’hésitez pas à me contacter pour des informations ou des conseils à ce sujet. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 21 L’implication du responsable « Énergie » dans le contrat de maintenance L e Logement Molenbeekois sous-traite entièrement la gestion des installations de chauffage à une société de maintenance. Le contrat de maintenance, divisé en plusieurs parties, à savoir un contrat d’exploitation, de garantie totale, de gestion des énergies et d’investissements des installations a été conclu pour une durée de 10 ans. Les relations entre la société de maintenance et le Logement Molenbeekois sont du type « sous-traitance ou outsourcing » de la gestion des installations techniques et reportent entièrement les réparations ou réglages des installations de chauffage sur le prestataire de services. La société, par l’intermédiaire de son service technique et du responsable « énergie » ( RE ) doit cependant veiller au respect des clauses contractuelles. Figure 1. Exemple de prise de température des circuits Cela se concrétise par des réunions trimestrielles dont le fil conducteur est principalement l’énergie. Considérant que la société de maintenance doit optimaliser énergétiquement les installations, le responsable Energie ( RE ) procède à divers contrôles et audits afin de relever d’éventuels dysfonctionnements. Pour cela, le responsable « Energie » dispose de plusieurs outils de contrôle tels que : 1. Le data-logging des températures. Il est un des outils qui permet de vérifier le bon fonctionnement des régulations dans les chaufferies. Exemple réel d’intervention : Chaufferie desservant 290 logements. 22 Figure 2. Profil des températures de départ avant du circuit de chauffage SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 On observe sur la Figure 2 que la température du circuit augmente la nuit au lieu de diminuer. Sur la Figure 3, on remarque que le dysfonctionnement constaté à la figure 2 a été réparé. La cause était due à une mauvaise programmation du régulateur Synco. Cette intervention a permis donc de réduire la consommation d’environ 3%. 2.Le relevé mensuel des consommations : La société de maintenance a également pour tâche de faire le relevé mensuellement de 139 compteurs de gaz, d’eau, et des calorimètres. Les données sont encodées et interprétées par le responsable « Energie » Certains relevés permettent de mettre en évidence des dysfonctionnements. Exemple réel : Trois chaufferies desservant chacune 57 logements : L’installation solaire des trois bâtiments étant identique, les relevés mensuels des productions solaires mettent en évidence le fait que deux des installations ne produisent que la moitié de leur capacité théorique et/ ou de la troisième installation. Figure 3. Même circuit de chauffage après réparation La mise en ordre des deux installations a été commandée et l’apport solaire a été restauré. • Frédéric Bisshop, Responsable Energie, Logement Molenbeekois Conclusions Au travers du comptage des flux énergétiques et de l’observation du fonctionnement des chaufferies, le responsable « Energie » peut diminuer au quotidien les consommations. A plus long terme il joue un rôle dans le choix des investissements liés à l’énergie et du type même de contrat de maintenance. Productions solaires mensuelles de Gandhi 1 6-8-10 1.Immeubles se situant à l’avenue Mahatma Gandhi à 1080 Bruxelles SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 23 Marché conjoint de fourniture de gaz et d’électricité entre la SLRB et les SISP associées : tentative de bilan I l existe certains domaines où le fait de se rassembler permet de mutualiser la demande et de pouvoir bénéficier de tarifs plus avantageux. de la Ministre de l’Environnement se pencha sur cette question ( en 2007 ), et choisit le marché conjoint comme instrument juridique le plus adapté pour lancer le marché. Mais qu’en est-il du marché de l’énergie ? Dans un marché conjoint, des pouvoirs adjudicateurs différents décident d’exécuter conjointement leurs marchés de travaux, de fournitures et de service. Ils désignent à cet effet une autorité ou un organe qui interviendra, en leur nom collectif, en qualité de pouvoir adjudicateur. Celui-ci permet en outre, à condition que cela soit indiqué dans les documents du marché, un paiement séparé par les entités associées. ( Art. 19 de la loi du 24 décembre 1993 et art. 38 de la loi du 15 juin 2006 ). La libéralisation du marché de gaz et de l‘électricité, effective au 1/1/2007, mit définitivement fin au système de fourniture de l’énergie par l’intercommunale et sa facturation à un prix régulé au niveau fédéral. Elle eut aussi pour conséquences la multiplication du nombre d’acteurs obligés ( producteurs, transporteurs, fournisseurs, distributeurs, sociétés de comptage ), la multiplication des tarifs appliqués ainsi qu’une complexification de la facture ( frais et taxes de transport, frais de relevé et de validation, frais de distribution et de transport, taxes communales, taxes régionales, taxes fédérales, … ). En outre, les acheteurs publics avaient désormais l’obligation, en vertu des règles de marchés publics, de mettre en concurrence lesdits fournisseurs. Au vu des avantages que pouvaient présenter les achats par marchés groupés ( économie d’échelle, capacité de négociation plus importante, unicité et simplification de la procédure ), un groupe de travail constitué des membres de l’ALS, de la FESOCOLAB, de la SLRB ainsi que des Cabinets de la Ministre de Tutelle et 24 Le premier marché, initié en 2007, fut, comme toujours, le plus compliqué à mettre en œuvre. Ainsi, il fallait sonder l‘intérêt des SISP partenaires, étudier la situation existante par l‘identification et le dénombrement des codes EAN ( European Article Numbering-18 chiffres permettant d’identifier chaque point de fourniture ), établir les profils de consommation de référence desdits points de fourniture, évaluer le volume global et conclure des mandats qui instituaient la SLRB comme étant un organe qui interviendrait, en leur nom collectif, en qualité de pouvoir adjudicateur. A celui-ci fut confié les missions d’établir les quantités de gaz et d’électricité, de définir les lots du marché, de rédiger les Cahiers Spéciaux de Charges ( CSC ) de fourniture ainsi que d’analyser les offres des différents fournisseurs. Les bureaux de consultance Siemat devenu Summit et Schneider Electric ensuite, ( pour les deux premières procédures ) et de Coretec pour la troisième procédure furent désignés ensuite de procédures négociées sans publicité. Ainsi à ce jour, trois marchés conjoints de fourniture d’énergie ont été lancés. Sur le plan participatif, les trois marchés furent un franc succès. Nous avons pu compter sur la fidélité indéfectible de nos partenaires. ( A l’heure d’écrire cet article, en raison des fusions des sociétés, nous dénombrions vingt-neuf SISP partenaires en lieu et place des trente et unes précédemment. ) Voici un tableau récapitulatif recensant les données importantes de chacun des marchés conjoints de fournitures d’énergie ( 2 lots-gaz et électricité ): Au vu de la complexité de ce marché, l‘assistance d‘un consultant fut jugée nécessaire. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Premier marché Deuxième marché Troisième marché Période de fourniture du 1/10/2009 au 31/12/2011 ( 27 mois ) du 1/01/2012 au 31/12/2014 inclus ( 36 mois ) Du 1/01/2015 au 31/12/2016 ( 24 mois ) Type de procédure Adjudication publique européenne Adjudication publique européenne Adjudication ouverte européenne Date de l’avis de marché 12 avril 2009 31 août 2011 12 septembre 2014 Ouverture des offres 2 juin 2009 17 octobre 2011 30 octobre 2014 Pouvoir adjudicateur SLRB SLRB SLRB Partenaires : 31 SISP+VLM+SLRB 31 SISP+SLRB 29*+SLRB Volume lot électricité : MWH/an 19.266 20.488,58 21.166 Volume lot gaz : MWh/an 249.794 271.828,89 307.731,430* Soumissionnaires Lot électricité Lampiris et Electrabel Lampiris et Electrabel Lampiris Soumissionnaires Lot gaz Electrabel Electrabel Electrabel Attribution lot électricité Lampiris Lampiris Lampiris Attribution lot gaz Non attribué Non attribué Electrabel *Détail en MWH/an : Tarif social : 302.914,441 -Sites Propres : 801,422 -Logements en cours de relocation 4.015,567 Le premier cahier des charges de fourniture, ainsi que les deux suivants ont été axés sur la division du marché en deux lots distincts, l‘un pour la fourniture de gaz et l‘autre pour la fourniture d‘électricité. Une option facultative était en outre prévue dans chacun des cahiers spéciaux des charges en vue de permettre aux locataires sociaux individuels de participer au marché. 1. Quant au « Lot électricité » Il doit être précisé que l’objet du « lot électricité » ne concerne que la mise en concurrence sur : – la commodity, soit la partie négociable des coûts de l’électricité ( prix de l’électron certificats verts inclus dans les deux premiers marchés et distingués dans le troisième marché ). Aucun fournisseur n’a cependant remis prix pour cette option. Celle-ci équivaut approximativement à 55 % des coûts totaux d’électricité. Pour l‘analyse des prix obtenus, il convient de distinguer le marché de l‘électricité et le marché de gaz, chacun constituant un lot attribuable séparément. Les coûts de transport, de distribution et les taxes et prélèvements ne font dès lors pas l’objet de ce lot, ceux-ci étant non négociables par nature. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 –l’approvisionnement en électricité des communs des immeubles, des compteurs propres des SISP et des « logements en cours de relocation ». Chacun des marchés devant s‘inscrire dans un contexte particulier de prix, ce graphique vous permettra de mieux cerner l‘extrême volatilité des prix de l‘électricité depuis 2009. 25 ( Source : Coretec ) Voici ci-dessous un tableau récapitulatif permettant de mieux cerner l’évolution du prix « commodity » ( Hors taxes, et distribution ) offert pour lot « électricité » au cours des trois marchés successifs : Au vu de ce tableau, nous constatons une évolution majoritaire à la baisse pouvant s’expliquer par différents facteurs, tenant à l’évolution des cours de l’électricité et aux périodes dans lesquelles les marchés s’inscrivent. 26 SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Il apparaît que pour le dernier marché ( 2015-2016 ), le taux de certificats verts est en augmentation de 1.3 %, soit une augmentation due à la Région Bruxelloise de 1 €/MWh ( ± 22.000 € ). Notre consultant a fait le choix, pour ce dernier marché, d’extraire la cotisation énergie renouvelable ( certificats verts ) de la formule générale ( commodity ) en vue d’attirer l’attention sur l’importance grandissante de ce poste dans la facture. Le coût de la redevance a en outre été supprimé. 2.Quant au « lot gaz » L’objet du « lot gaz » ne concerne quant à lui que la mise en concurrence sur : –le prix de la molécule et du transport, équivalent à approximativement à 60 à 80 % des coûts totaux. La partie restante ( distribution, taxes et prélèvements ) étant non négociable. Enfin, il faut préciser que le tarif social est applicable à la fourniture de gaz naturel pour les sites y ayant droit. Ce dernier est établi tous les six mois par la Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz ( CREG ), sur base des tarifs des fournisseurs d’électricité et de gaz naturel les plus bas du marché. – l’approvisionnement en gaz des chaudières collectives ( chauffage central et / ou eau chaude sanitaire ). Il est identique chez tous les fournisseurs, qui ont en outre l’obligation de l’octroyer aux personnes pouvant en bénéficier, comme certains locataires de logements sociaux par exemple. Le prix de la molécule de gaz n‘est cependant jamais fixé, mais variable au cours du marché. Le graphique suivant vous permettra de mieux cerner la variation des prix du gaz depuis 2008. un si gros volume. Ce lot n’a pas dès lors été attribué pour les deux premiers marchés car le prix offert par Electrabel n’était pas plus avantageux que le tarif social. mettre aux soumissionnaires d’obtenir une meilleure visibilité sur les volumes composant ce lot. ( Source: Coretec ) Au niveau du gaz naturel, les deux premiers marchés avaient pour objectif d’obtenir des fournisseurs un prix contractuel inférieur au tarif social. Malheureusement, il n’en a rien été. Ceci peut notamment s’expliquer par l’absence de concurrence effective des fournisseurs de gaz en Région de Bruxelles-Capitale pour Le troisième marché a opéré un changement de tactique par rapport aux deux précédents. Le lot gaz naturel a été subdivisé en trois catégories de sites pour per- SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Les trois catégories de sites sont les suivantes : - S ites tarif social : Nous imposons aux soumissionnaires d’appliquer le tarif social pour l’ensemble des sites y ayant droit. Historiquement, ce tarif est le 27 plus souvent, le tarif le plus avantageux du marché. - S ites propres : Ces sites généralement occupés à d’autres fins que des locataires sociaux n’ont pas droit au tarif social et sont donc facturés à des conditions loin d’être avantageuses. Une formule dédiée à ces sites permettra de réaliser des économies substantielles. - S ites maisons vides : Une formule spécialement dédiée permettra de clarifier la situation en la matière ou actuellement aucune rationalisation n’est mise en place. Chaque catégorie aura la possibilité d’être facturée au travers d’une tarification différente et donc de permettre aux soumissionnaires de répercuter leurs coûts administratifs. En déposant une offre pour le « lot gaz », le fournisseur s’engageait cette fois à fournir au tarif social les sites y ayant droit ( tarif difficilement concurrençable ), et devait remettre prix pour la fourniture de gaz naturel aux sites propres des SISP ainsi qu’aux logements en cours de relocation, ne pouvant pas bénéficier 28 du tarif social. Ce procédé permettait en outre de généraliser les tarifs pratiqués pour ces sites. Electrabel, seul soumissionnaire, s’est dès lors vu attribuer le marché. Pour conclure, les tarifs obtenus à l’issue de chacun des marchés conjoints passés dépendent fondamentalement de l’évolution des cours des marchés de l’énergie. Si un acheteur privé peut bénéficier avantageusement de la libéralisation du marché de l‘électricité en passant son marché rapidement lorsque l‘évolution des cours est à la baisse, il en est autrement pour les acheteurs publics. En effet, les procédures de marchés publics empêchent une certaine rapidité de leur réactivité. Il est aussi à noter que seuls deux fournisseurs semblent intéressés par ces marchés. Malgré les réserves qui précèdent, le marché conjoint d’énergie nous permet d’y voir plus clair dans les profils et les volumes de consommation et les tarifs, en obtenant des prix compétitifs et en répondant à nos obligations en matière de marchés publics. Enfin, nous remercions chaleureusement les initiateurs de ce marché et les sociétés de logement adhérentes au projet ainsi que nos consultants successifs qui ont rendu possible ce vaste marché. Nous restons bien sûr à disposition de qui le souhaite pour tout renseignement complémentaire. • Valentine Colot, Juriste, cellule « marchés publics et droits immobiliers », SLRB Nos consultants successifs en expliquent les raisons par le manque de fournisseurs aptes à fournir un si gros volume de consommation ainsi que par les lourdeurs administratives de la facturation dans le cadre des marchés publics et des logements sociaux. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Des bâtiments à haute performance énergétique ( HPE ) à l’épreuve de leurs occupants : comment améliorer leur usage 1 Premiers occupants, premières leçons son choix d’habiter un bâtiment à haute performance énergétique ! C ette question, sujette à de nombreuses réflexions auprès des concepteurs et gestionnaires de bâtiments, a fait l’objet d’une étude 2 commanditée par Bruxelles Environnement. Les résultats reposent sur des interviews qui ont été menées auprès des occupants et membres des services de gestion et des services techniques de cinq bâtiments 3, dont quatre immeubles de logements. L’humain placé au centre des préoccupations Le travail de suivi dès que le bâtiment est occupé « in use » et le partage d’expériences sont indispensables car la «haute performance» peut représenter une innovation de rupture 4 et il est important d’essayer d’éviter de faire les mêmes erreurs que celles faites auparavant. La réussite passe donc par une attention toute particulière aux aspects sociologiques : un bâtiment doit être conçu pour son usager. Et il est encourageant de constater que même là où des plaintes ont été formulées, personne ne regrette Même là où des plaintes ont été formulées, personne ne regrette son choix d’y habiter ! Des attentes à la hauteur des performances Un constat marquant de cette étude réside dans le fait que les difficultés rencontrées dans ces premiers bâtiments ne sont pas systématiquement liées à la haute performance énergétique ( HPE ) et, en particulier, au passif. En effet, malgré que les bâtiments HPE demandent des attentions particulières de la part de leurs occupants, ceux-ci sont généralement beaucoup plus attentifs au fonctionnement de leur bâtiment. Intervenants, communiquez ! Les difficultés sont bien plus souvent liées au facteur humain. De la phase de programmation à la mise en service du bâtiment se succèdent de nombreux intervenants ( maître d’ouvrage, concepteur, gestionnaire, candidats locataires… ). À chaque étape du projet, ces différents intervenants influencent les conditions d’utilisation futures du bâtiment. De façon générale, la bonne collaboration et une communication adéquates sont des éléments-clés dans l’organisation d’un projet de construction et dans sa gestion. Le rôle des occupants À côté du suivi du bâtiment par des professionnels, le comportement des usagers a aussi un impact sur le fonctionnement du bâtiment. On observe que tant les nouvelles technologies ( ventilation mécanique double flux, etc. ) que les systèmes plus traditionnels ( thermostat d’ambiance, etc. ) ne sont pas toujours bien compris ni maîtrisés par les usagers. Une autre révélation de l’étude montre que, dans leur majorité, les occupants sont curieux de connaître le fonctionnement des systèmes qui assurent leur confort et ont l’envie d’apprendre davantage à ce sujet, ne fut-ce que par crainte de recevoir des factures d’énergie salées ! L’accompagnement doit s’effectuer par groupe, à l’aide de messages simples et illustrés, et favoriser 1. Article réalisé sur base de celui paru dans le be.passive 18, p.51-54. 2. L’étude a été réalisée par le bureau de consultance 3E. 3. Le projet Espoir, regroupant 14 logements sociaux passifs, en fait partie. Il existe un blog sur lequel vous pouvez découvrir ce qui s’y fait en matière d’accompagnement des habitants : http://espoirmolenbeek.blogspot.be/p/ambassadeurs-de-maisons-passives.html?m=1. 4. Gérald Gaglio, Sociologie de l’innovation, Éditions des PUF, Paris, 2011. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 29 l’entraide et la solidarité entre les usagers les plus à même de comprendre la technique et ceux pour qui cela paraît, de prime abord, insurmontable. Prévoir une période d’appropriation du logement par les occupants La réception provisoire et la première année d’occupation sont une étape cruciale dans la vie du bâtiment HPE. C’est là à la fois une période d’adaptation des nouveaux occupants à leur environnement, de mise en service et de calibrage des installations, de transfert d’informations entre concepteurs et gestionnaires. Le maître d’ouvrage doit parallèlement informer les utilisateurs de tout dysfonctionnement éventuel durant cette période clé. Anticiper la régulation, l’entretien et la maintenance Tout choix technologique a un impact sur la maintenance d’un bâtiment et son usage futur. L’étude montre que le choix du type de système lui-même doit tenir compte des capacités de l’équipe de maintenance et des facultés d’adaptation des futurs utilisateurs. Les clés de la réussite ? ✓Partage d’expériences ✓Travail collectif et collaboratif ✓Penser les lieux pour leur usage ( implication des usagers et simplification des installations ) Check-list avant de commencer : ✓Consulter les équipes de maintenance avant le dépôt du permis d’urbanisme ✓Rendre les systèmes techniques simples à l’usage ( pas d’usine à gaz ), voire adapter les systèmes en fonction des compétences ✓Former les équipes aux nouvelles pratiques de régulation ou autres techniques ✓Donner la possibilité aux utilisateurs de régler localement la température de chauffage, les protections solaires, l’éclairage … ✓Accompagner les occupants durant la période d’appropriation ( durant la première année, voire la deuxième année ) ✓L’accompagnement doit s’effectuer par groupe, à l’aide de messages simples et illustrés Et surtout, comme dans tout projet impliquant des êtres humains : COMMUNIQUER ! La haute Performance énergétique ( HPE ) ne sera atteinte que si l’on prête attention aux aspects sociologiques : un bâtiment doit être conçu pour son usager. Pour y arriver, il est indispensable d’accompagner les occupants durant au moins la première année. Projet : Bruyn Ouest, construction de 79 logements passifs, Rue Bruyn à 1120 Bruxelles Photo : Yvan Glavie Maître d’ouvrage : CPAS de Bruxelles Architecte : Pierre Blondel Architectes sprl • Steve Cailler, Project Engineer chez 3E ( Article rédigé sur base de celui paru dans le be.passive 18, p. 51-54 ) 30 SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 TECHNIQUES ET METHODES Formations bâtiment durable SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 31 BRÈVES L’ assemblée générale de la société « ASSAM » a décidé Le 12 novembre 2014 que la société se transforme en coopérative de locataires. Cette transformation a nécessité une modification de ses statuts. Cette modification des statuts n’est opposable aux tiers qu’à dater du 1er janvier 2015. Les locataires sont dans cette forme de coopérative associés et disposent donc notamment d’un droit de vote à l’assemblée générale A vant le 9 décembre 2014, huit agréments ont été octroyés par la SLRB sur base de l’article 54, §2bis, du Code bruxellois du Logement. Cela concerne les SISP suivantes : 1. L’Habitation Moderne 2. Le Foyer Anderlechtois 3. Le Logement Molenbeekois 4. Le Foyer Laekenois 5. Le Foyer Schaerbeekois 6. Foyer du Sud ( fusion Foyer SaintGillois et Foyer Forestois, fusion effective depuis le 16 juillet 2014 ) 7. Groupement Assam et Le Home Familial Bruxellois 8. Everecity ( fusion Germinal et Ieder zijn huis, fusion effective à partir du 1er janvier 2015 ) L e 9 décembre 2014, se terminait le délai pour introduire une demande d’agrément dans la troisième et dernière phase. La SLRB a reçu huit nouvelles demandes, à savoir : 1. L e Foyer Bruxellois et Lorebru 2. Le Foyer Etterbeekois et Le Foyer Koekelbergeois + Sorelo ( pour apport ) 3. Le Foyer Ixellois et Société Uccloise du Logement 4. Le Logis et Floréal 5. Le Foyer Jettois et Les Villas de Ganshoren 6. Les HBM Saint-Josse-ten-Noode 7. Cobralo, Kapelleveld, les Foyers Collectifs, Les Locataires Réunis et Messidor 8. Construction d’Habitations sociales de Woluwe-Saint-Pierre, Les HLS D’Auderghem et Ville et Forêt. Il en résulte que ces demandes d’agrément correspondent exactement au nombre maximal d’agréments à octroyer. Il est à noter que la Cité Moderne a également introduit une demande d’agrément le 9 décembre 2014 pour la jonction avec le groupement « Assam et Le Home Familial Bruxellois » qui a déjà reçu un agrément en date du 29 avril 2014. La SLRB doit, après avis du Gouvernement, statuer sur ces dernières demandes pour le 9 mars 2015. Une actualité à ce sujet est disponible sur le site internet de la SLRB : www.slrb.irisnet.be 32 • Caroline Osselaer, Juriste, service « Tutelle juridique et administrative », SLRB SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 PUBLICATIONS Baromètre conjoncturel de la Région de Bruxelles-Capitale – n°28 »- IBSA, octobre 2014 Baromètre social, rapport bruxellois sur l’état de pauvreté en 2014Observatoire de la Santé et du Social tion 2014 du baromètre est également disponible en version imprimée et peut être commandée par e-mail à l’adresse suivante : [email protected] Observatoire des bureaux de la Région de Bruxelles-Capitale, permis 2013- n° 34 Bruxelles Développement urbain 34-2014. L’ Institut Bruxellois de Statistique et d’Analyse dans son baromètre d’octobre 2014 étudie l’essentiel de la conjoncture économique dans la Région de Bruxelles-Capitale en liant celle-ci à la croissance mondiale, à l’activité économique belge, à la situation du marché de travail bruxellois et à l’activité économique dans la zone euro. Pour plus d’infos : www.ibsa.irisnet.be E nviron un tiers des bruxellois vivent avec un revenu inférieur au risque de pauvreté. L’objectif du Baromètre est de pouvoir suivre l’évolution de la situation socio-économique des Bruxellois en rassemblant les chiffres les plus récents en matière de pauvreté et d’exclusion sociale. La croissance démographique et la défédéralisation d’une série de compétences pèsent lourdement sur le budget régional. Les défis à relever par la Région de Bruxelles-Capitale sont conséquents en termes d’emplois et plus particulièrement d’emplois des jeunes, de scolarisation, de logements et plus particulièrement de l’emploi des jeunes. Le Baromètre social, publié chaque année, fait partie du Rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté comme le prévoit l’ordonnance relative à l’élaboration du rapport sur l’état de la pauvreté du 20 juillet 2006. L’édi- SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 L es effets de la crise continuent de se faire sentir sur les permis pour les bureaux en 2013. Ce marché continue sa mutation à travers la poursuite des conversions, le maintien dans la moyenne de la rénovation d’immeubles existants et la quasi absence de nouvelles implantations de bureaux. Plus d’infos : http://www.urbanisme.irisnet. be/fr/publications/etudes-etobservatoires-1/observatoire-desbureaux 33 Observatoire des activités productives, ateliers, dépôts et sols pollués Rapport d’activités 2013 Citydev Actes du colloque du 7 octobre 2014 de Citydev Bruxelles Développement urbain – 3/2014 C A u-delà de la connaissance objective des terrains pollués ( près de 4000 hectares ) et leur impact sur la dynamique économique régionale, cette étude énumère les pistes de solution visant à gérer cette problématique. Le monde de l’Entreprise et Bruxelles-Environnement ont travaillé de concert pour aborder cette thématique. Enfin, Bruxelles Développement urbain et Citydev ont corrélé la pollution des sols avec les surfaces disponibles pour les entreprises. Cette partie a également été réalisée avec la collaboration de Bruxelles Environnement. itydev vient de publier son rapport d’activités 2013. Celuici présente le fonctionnement de l’institution, ses pouvoirs et compétences, quelques chiffresclés significatifs ( hectares de terrain commercialisés, bâtiments mis en location, ou en souslocation, projets de logements… ), sa politique pour une ville durable et les projets futurs au service de l’économie bruxelloise et de la rénovation urbaine, sans oublier la présentation du contrat de gestion signé avec le Gouvernement Régional Bruxellois. Contact: citydev.brussels.be M ission publique en territoires complexes. L’objectif de la journée consistait essentiellement à tirer des pistes de réflexion pour orienter les choix stratégiques de l’institution dans les années futures au travers de trois thématiques : la place de l’entreprise dans la ville, la densification au service de la qualité de vie et la mixité fonctionnelle au service de la ville de proximité. Plus d’infos : www.citydev.brussels ou 02/422 51 11 Tu bâtis, je rénove n° 304, novembre 2014 C e numéro est consacré à l’« habiter durable ». L’eau chaude est-elle à stocker en ballon ou à produire en instantanée ? Faut-il privilégier des radiateurs ou un chauffage au sol, comment faire pour la recherche du confort optimal ? Jusqu’où aller pour tendre vers le « zéro énergie » ? 34 SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 Le logement social en Europe au début du XXIème siècle Sous la direction de Claire LévyVroelant et Christian Tutin, Presse universitaire de Rennes L’ ouvrage concerné est le résultat d’un travail collectif de deux ans qui a réuni une vingtaine de chercheurs européens. Il fut publié initialement en anglais en 2007 avant de sortir en français en 2010. Cette publication entend faire les points sur les chemins possibles, demain, pour le logement social européen dont elle met en évidence l’absence de définition unique en rappelant l’existence de trois catégories de pays européens : un groupe de pays où le logement social est quasi-inexistant ( -5 % du parc de logement total )1, un second où le logement social est considéré comme résiduel 2 ( entre 5 et 10 % ) et le dernier où plus de 12 % des ménages sont logés dans le parc social3avec des maxima au-delà des trente pourcents. Pour appréhender le futur possible du logement social, les évolutions de ces vingt dernières années sont récapitulées en actant d’abord un certain nombre d’évolutions ou de thématiques communes qui traversent de nombreux pays : ainsi, l’évolution du métier du bailleur social qui déborde de la mission initiale du secteur de mise à disposition d’un logement, la forte croissance de la demande sociale de logement qui oblige à de nouvelles régulations, l’émergence et l’affirmation de l’interculturalité dans la vie des cités de logement social, les nombreux défis en matière de politique d’investissement – extension, rénovation et amélioration de la performance énergétique des bâtiments –, la question du maintien des populations dont les revenus sont supérieurs aux conditions d’accès , etc. Bien entendu ces problématiques communes se posent dans des contextes nationaux ou régionaux spécifiques eu égard principalement au poids du marché privé du logement, aux taux des différents statuts d’occupation et autres dispositifs de la politique du logement notamment en matière de régulation du marché privé locatif : loyers encadrés ou non et existence d’allocation-loyer ou non. Enfin, dans sa dernière partie, l’ouvrage fait le constat et le relevé des dynamiques de modernisation du secteur, à l’ordre du jour depuis la seconde partie des années 80, qui se sont appuyées sur des mouvements de décentralisation, de contractualisation et de diversification dans de nombreux pays. Ces dynamiques débouchent sur des interrogations quant à la capacité du secteur à reformuler son rôle pour le futur. Cette reformulation devra, en tout cas, intégrer des réponses aux cinq défis majeurs, identifiés par Laurent Ghékière dans les conclusions, à savoir : –l’accessibilité du logement pour le plus grand nombre vu la croissance de la demande sociale – la nouvelle donne démographique, variable selon les pays –la donne énergétique plus homogène –l’exigence d’un développement urbain et communautaire durables –ainsi que la nécessité d’un encadrement stable par l’Europe. Ensuite, une dizaine de monographies mettent en évidence la contestation que subit, aujourd’hui dans les faits, le modèle généraliste du logement social, lui dont le standard était la fourniture d’un logement public pour tous les salariés. A travers, cette fragilisation articulée avec la crise de l’Etat-providence, c’est en réalité celle du modèle social européen qui est questionnée et mise en perspective. 1. 7 nouveaux pays de l’Europe des 27, le Luxembourg et l’Espagne, la Grèce et le Portugal. 2. Auxquels appartiennent l’Allemagne, la Belgique et l’Italie entre autres. 3. L’Autriche, la Grande-Bretagne, la France, les Pays-Bas et les pays nordiques principalement. SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015 35 36 SLRB-INFO | 72 | JANVIER - MARS 2015