L`importance de la prise de vue :
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L`importance de la prise de vue :
HISTOIRE DES ARTS ET GUERRE D’INDOCHINE-VIETNAM Etude d’une photographie : La petite fille brûlée au napalm, Nick Ut Cong Huynh, Associated Press, 8juin 1972. Quel est le rôle des média dans la couverture d’une guerre ? http://images.artnet.com/artwork_images/424079904/254401.jpg. Pourquoi cette photo est-t-elle mondialement connue ? Les soldats américains étaient appelés les « boys », comme s’ils étaient tous les fils de la nation américaine. L’Amérique pleurait habituellement ses morts. Ici les boys ont le « mauvais rôle » : ils ne portent pas secours aux enfants : on ne distingue pas leur visage, seulement leur casque, leur mitraillette en bandoulière. Ils semblent chasser devant eux des enfants, pied-nus, qui fuient en hurlant de douleur. La vision de la petite fille au premier plan est insupportable : ses bras écartés, la position des ses mains suggèrent la douleur. Son corps est nu, brûlé. Les soldats à l’arrière plan. Pour Marc Wiese, auteur du documentaire La petite fille brûlée au napalm, WDR/ARTE 17 février 2010 : « la petite Kim Phuc a donné un visage aux innombrables victimes anonymes ». De plus, l’effet de la photo se trouve renforcé du fait qu’elle représente des enfants : « Dès que des enfants sont en jeu, l’émotion est décuplée » L’importance de la prise de vue : Selon l’historien Gerhard Paul, si la photo a eu un tel impact, c’est parce qu’elle allie une prise optimale à un cadrage idéal. Le cliché d’origine montrait à droite les autres photographes en train de travailler : en coupant cette partie, la petite fille était mise au centre. L’enfant qui hurle arrive face à l’observateur et le force à réagir. Le corps entier de Kim Phuc communique sa douleur. Le décor est dramatique : derrière elle s’élèvent d’épais nuages noirs, autour d’elle, d’autres enfants pleurent. Claire Deveze ; Collège Montesquieu, Narbonne. Gerhard Paul compare l’impact de la photo de Nick Ut au « Cri » d’Edvard Munch. Le cri, Edvard Munch, http://media.aftenpos ten.no /archive/00765/ARKIV __skrikbr_d_j_765190f.jpg Le contexte historique : en 1972, le Vietnam est en guerre contre les Etats-Unis. L’Indochine était une colonie française. En 1945 Ho Chi Minh proclame l’indépendance du Viêt-Nam. La France essaie d’abord de négocier mais le conflit s’internationalise : Ho Chi Minh reçoit l’aide de l’URSS et de la Chine. Les Français capitulent a Dien Bien Phu en 1954. Les accords de Genève négociés par Pierre Mendes France accordent l’indépendance. Mais le pays reste divisé entre le Nord communiste et le Sud qui reçoit le soutien des Américains. A partir de 1964 ceux-ci s’engagent directement et envoient « les boys » qui sont près de 500 000 en 1968. La guerre se traduit par des bombardements massifs, l’emploi d’armes chimiques (napalm) et des opérations de guérilla. Largement couverte par les médias, elle traumatise l’opinion publique américaine. Finalement vaincu par le Vietcong les Américains se retirent en1973. Une photo peut-elle changer le cours d’une guerre ? Pour Gerhard Paul « la photo est mise en relation avec une attaque américaine. Or, c’est l’aviation sud-vietnamienne qui, le 8 juin 1972, a largué des bombes au napalm sur Trang Bang, croyant que s’y trouvaient des soldats nord-vietnamiens. Le gouvernement américain a reproché leur rôle aux médias. Ils ont été accusés d’être la cause de la défaite américaine au Viêtnam. La photo de « la petite fille » aurait fait basculer l’opinion américaine. C’est faux. À ce moment-là, les Américains avaient déjà commencé à se retirer du Sud-Viêtnam. Sur le plan militaire, la guerre était déjà perdue ». Propos recueillis par Miriam Arndts Sur ARTE. Faut-il photographier ou porter secours ? Pourquoi Nick Ut a-t-il pris cette photo ? Le fait que Nick Ut ait travaillé ce jour là à Trang Bang pour Associated Presse est le fruit d’un triste concours de circonstances, raconte Marc Wiese, auteur du documentaire pour Arte : « La petite fille brûlée au napalm ». Nick Ut était en effet entré à l’agence AP pour remplacer son frère qui avait été mortellement blessé en 1965 alors qu’il était en mission dans le delta du Mékong. Le 8 juin 1972, Nick Ut Coong Huynh, croise cette petite fille qui court en hurlant sur une route vietnamienne. Elle vient de réchapper à un bombardement au napalm et présente d'atroces brûlures. Le journaliste appuie sur le déclencheur de son appareil, puis fait évacuer l'enfant vers un hôpital pour grands brûlés à Saigon. Une photo peut-elle changer une vie ? Pour beaucoup d'historien d'art le statut juridique de victime est né de cette photo là et de sa postérité : c'est la fameuse question du droit à l'image. A-t-on pensé en publiant cette photo à la destinée de cette petite fille, nue devant le monde entier ? Elle se nomme Kim Phuc. Elle avait 9 ans tandis qu’elle courait, suivie de ses deux cousins. Hospitalisée durant quatorze mois, elle a subi dix-sept opérations chirurgicales : le napalm avait brûlé son corps à 65%. Elle a perdu deux petits cousins : l’un avait 3 ans, l’autre 9 mois. Pendant des années, Kim Phuc n’a eu de cesse d’«échapper à une photo qui lui avait causé tant de mal». En effet son image a été utilisée pour la propagande du régime communiste vietnamien. Claire Deveze ; Collège Montesquieu, Narbonne. Kim Phuc(crédit photo:Steeve IunckerGomezOMEZ), En 1997, l’Unesco l’a nommée ambassadrice pour la paix. Elle parcourt le monde. «Je ne cours plus, dit-elle, je vole.» Elle a appris à contrôler son image. Invitée à s’adresser à des vétérans américains, elle a ouvert ses bras à un auditeur qui avait participé au bombardement de son village : Trang Bang. Elle a créé son organisation, la Fondation Kim Phuc, qui vient en aide aux enfants victimes de la guerre et de la violence en finançant des écoles et des hôpitaux.