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LE DOSSIER
SON C-V
Xavier Siméon
21 ans
Né à Etterbeek
le 1er août 1989
Carrière en Moto2
19 Mars 2011 I Les Sports Mag I 16
“Cette catégorie est en constante progression et des nouveaux pilotes pointent chaque
année le bout de leur nez. J’aurais accepté
n’importe quel guidon pour 2011… Car pas
question de me faire oublier !” poursuit le
pilote bruxellois.
À nouveau heureux
et ambitieux,
Xavier Siméon
sait qu’il doit
avancer étape
par étape.
(OLIVIER PIRARD)
µ Première
course : GP de
France 2010.
10 GP, 2 abandons.
µ Meilleure place
sur la grille : 6e.
µ Meilleur
résultat : 8e .
µ 30e au
Championnat
du monde 2010.
“La MotoGP ? Un rêve de gosse”
Palmarès
µ Champion
d’Europe 2006
de Superstock 600
µ Champion
d’Europe 2009
de Superstock 1000
µ Champion de
la Coupe Suzuki
GSX-R 750 en 2006
Siméon remet les gaz
LE DOSSIER
17 I Les Sports Mag I 19 Mars 2011
Pour se faire une place parmi les meilleurs, Xavier va devoir travailler la régularité et sa concentration, qui lui ont parfois
fait défaut dans le passé : “Je dois mieux appréhender le week-end de course. Je ne roule
plus en Superstock. Ici, si tu te déconcentres
l’espace d’une seconde, tu perds tout de suite
quinze places ! L’année dernière, je n’ai pas
couru toute la saison, puisque je bénéficiais
surtout de wild card, afin de disputer les
Grands Prix. À chaque course, je commençais
avec une nouvelle équipe technique. Pas facile d’être régulier dans ces conditions.”
Pour la saison à venir, l’Etterbeekois
pourra compter sur une équipe performante, au sein du team français Tech 3, dirigé par Hervé Poncharal. Xavier entretient d’ailleurs une relation quasi fusionnelle avec son staff, avec lequel il bosse
depuis la fin 2010 : “L’ambiance y est géniale ! J’ai aussi une totale confiance en ma
moto, une Mistral 610, qui a vraiment du potentiel. Même si j’ai commencé un peu tard la
préparation, je pense qu’un Top 15 est réaliste lors du premier GP, au Qatar. Pour la
suite, on verra bien. Cet année doit me permettre de préparer au mieux l’avenir. Évidemment que je rêve de rouler un jour en Mo-
toGP. C’est un rêve de gosse, mais d’abord, je
dois évoluer étape après étape !”
Motivé, affûté physiquement et requinqué mentalement, le pilote bruxellois
s’apprête à vivre un tournant important
dans sa jeune carrière. Se montrer, être régulier, et prendre du plaisir, voilà ses ambitions. En piste, Xavier !
Xavier et Michel,
dans le magasin familial
d’Auderghem.
La moto,
une affaire de famille !
La moto chez les Siméon, c’est génétique ! Le père, Michel, champion du monde d’enduro, a également roulé
dans la catégorie reine, dans les années 80. Attentif au
parcours de son fiston, il n’en retire pourtant aucun mérite personnel : “Je ne lui ai jamais mis aucune pression. Et
puis, c’est lui qui met les gaz,
pas moi ! Plus sérieusement, je
suis très heureux pour mon
fils, il y a évidemment du encore du travail, mais je suis
déjà très fier de lui”. Un sentiment que partage Sylviane,
la maman, toujours un peu
stressée quand elle regarde
les prestations de Xavier à la
TV : “J’ai toujours peur d’un accident... C’est normal, je suis
une mère ! Mais que voulezvous, c’est son métier. Depuis
tout petit, il vit pour la moto. Il
a toujours eu besoin de rouler,
sinon il nous cassait les
pieds !” Il faut dire que Xavier a commencé très tôt à
piloter toutes sortes d’engins. À 7 ans, il roule pour la première fois en karting,
avant de découvrir les Pocket Bikes (mini-motos). “Je me
rappelle avoir menti sur mon âge la toute première fois, car il
fallait avoir huit ans pour rouler en kart”, plaisante l’Etterbeekois. Très vite, les résultats s’enchaînent, et la passion
ne le quitte plus. On connaît la suite...
L’excitation a effacé la déception. Sans équipe, début 2011, Xavier Siméon a retrouvé le sourire,
en même temps qu’un guidon, en Moto2, l’anti-chambre de la MotoGP. À l’aube de la nouvelle
saison, le pilote bruxellois s’est confié sur ses doutes passés, ses ambitions, son avenir…
Rencontre TRISTAN GODAERT
Deux roues,
quatre langues !
Il a beau être le plus grand espoir
belge de la moto de vitesse, Xavier ne
se prend pas la tête. Toujours disponible, il reste avant tout sympa et plein
d’humilité. Le pilote s’apprête également à vivre une nouvelle expérience,
puisqu’il va beaucoup voyager en
2011 : “Ce sera un grand changement par
rapport à la catégorie Superstock, où les
courses se roulent uniquement en Europe. Cette année, ce sera une semaine
au Qatar, le jour d’après au Portugal,
puis au Japon, par exemple. Je vais devoir m’adapter à ce nouveau train de
vie.” La langue ne sera pas un obstacle
pour le Bruxellois, puisqu’il parle quatre langues : français, anglais, espagnol et italien ! “Ce bagage m’a déjà
beaucoup aidé, notamment lorsque
j’étais chez Ducati. On ne sait jamais, ce
sera peut-être utile pour l’avenir…” Pour
travailler, un jour, dans une grande
écurie italienne ou espagnole, en
Moto GP ?
T
I
Photos OLIVIER PIRARD
el le phénix, Xavier Siméon renaît de ses cendres. Il est au
Qatar, ce week-end. Impensable il y a encore deux mois.
Après le retrait du team Holiday Gym Racing, le grand espoir belge de la moto de vitesse a longtemps cru ne pas pouvoir rouler sur l’asphalte des circuits, en 2011. C’était sans
compter sur le soutien inconditionnel de
l’ancien pilote Didier de Radiguès et de Freddy Tacheny,
directeur général de RTL Belgium, qui lui ont retrouvé
un guidon au sein du Team
Tech 3 pour 2011.
Xavier Siméon remonte en
selle. Soulagé, il va enfin
pouvoir se consacrer à son
“Ne pas savoir si tu vas métier, la moto. “L’année derpouvoir vivre ton rêve, nière, j’étais simplement dégoûté. Le patron d’Holyday
c’est humainement Gym, que je pensais être un
très dur…” homme de parole, est devenu
du jour au lendemain un traître. Il m’a fait miroiter des choses extraordinaires, mais au final, il a retiré l’équipe...
D’un seul coup, tout s’est écroulé autour de
moi. Et là, tu commences à douter.”
Malgré le choc, le Bruxellois ne perd pas
courage. Soutenu par sa famille, ses amis et
surtout sa fiancée, il n’a jamais abandonné
l’idée de retrouver sa place en Moto2, l’antichambre de la catégorie MotoGP : “Ne pas
savoir si j’allais pouvoir vivre mon rêve, c’est
humainement très dur... Mais dans les yeux
des mes proches, j’ai toujours vu qu’ils
croyaient en moi. Je leur dois beaucoup.”
“Je n’ai pas l’argent
pour acheter un guidon”
Freddy Tacheny et Didier de Radiguès
voulaient garder un pilote belge en
Moto2, cette saison : “C’est très compliqué
de retrouver un guidon. Si vous sonnez à la
porte des teams, on vous demande de mettre
d’emblée un sacré paquet d’argent sur la table. Argent que je n’ai pas. Vous n’êtes jamais
en position de force face à eux. C’est là que
sont intervenus le circuit de Mettet et RTL, via
Freddy et Didier. Ils ont fait un boulot énorme
pour me donner une chance. Je leur suis vraiment reconnaissant.”
Mais le plus important, pour le champion d’Europe 2009 de Superstock 1000,
c’était de ne pas perdre le contact avec la
Moto2.
Siméon lors de ses tests,
à Jerez, début mars, au
guidon de sa Mistral 610,
construite par Tech 3.
(D. R.)