Fernand Corcos

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Fernand Corcos
Fernand Corcos
‘’Si vous voulez reconstituer votre pays,
c’est dans les peuples et non dans les gouvernements
que vous trouverez l’appui qu’il vous faut.
Organisez-vous, groupez-vous et n’oubliez pas que le
Succès dépend de votre propagande’’.
F. Corcos, avril 1921
Fernand Corcos est issu d’un groupe de plusieurs familles qui a fait l’histoire des Juifs de
France et tout simplement l’histoire de la France. En effet Fernand Corcos, qui fut VicePrésident du Fonds Français pour la Reconstruction de la Palestine et directeur de son organe
de presse : « L’Appui Français », était le cousin de Bernard Lazare et d’Ephraïm Mikhaël.
Fernand Corcos a toujours été fier de ses racines juives, mais il gardait au fond de son
cœur un sentiment particulier d’être français faisant souvent allusion aux Lettres Patentes
que ses aïeux reçurent du Roi Louis XV. En 1870 son père s’engagea dans la marine et servit à
bord de la frégate « La Victoire ».
Photo anthropomorphique de Fernand Corcos.
Archives Préfecture de Police de Paris.
Né à Toulouse le 30 Juillet 1875, il y fit ses études. Bien que le nom de sa famille ne soit
pas inscrit en 1896 dans : « L’indicateur Israélite » de Philippe Sapin, il est à penser qu’il était
encore dans la ville rose lors des émeutes antidreyfusardes qui secouèrent le département de
la Haute-Garonne. Attiré très tôt par le droit, il monta à Paris en 1900 où il commença sa
carrière comme sténographe assermenté puis en 1916, âgé de 41 ans et avec le titre de Docteur
en Droit, il prêta serment comme avocat. C’est sans doute lors de l’Affaire Dreyfus que
débuta son combat politique ; il s’acharna alors à promouvoir l’évolution sociale. Son
intransigeance doctrinale le conduisit dans les réunions populaires où il soutint avec passion
le droit au bien être des classes laborieuses tant en France qu’en Palestine. C’est au cours de
son premier voyage aux USA qu’il se maria avec Adèle Dreyfus, née le 7 avril 1877 à Bâle, ils
n’eurent pas d’enfant. Son frère aîné, Raoul, exploitait une imprimerie Rue Racine à Paris.
Dans les années 30, Fernand Corcos signait des articles dans le Journal ‘’Revue des études
coopératives’’ paraissant à l’imprimerie Jouve, rue Racine. Polyglotte, Fernand Corcos effectua
de nombreux voyages à l’étranger et aux colonies, soit pour y donner des conférences, soit
pour présenter la défense de ses clients devant les tribunaux. Durant la Première Guerre
Mondiale, il fut mobilisé dans une formation militaire stationnée au Mans.
Sioniste, il le fut jusqu’au bout des ongles car il fut à l’initiative de la création de
l’Association « France Palestine » dont son ami Painlevé fut l’un des membres actifs. Membre
du Bureau français du Keren Hayesod dont il fut l’un des fondateurs à Paris en 1923, Fernand
Corcos publia de nombreux articles dans « Ménorah » puis dans le journal sioniste qu’il fonda
et dont il fut le directeur : « L’appui Français ». Il écrivit de nombreux articles dans
« L’Univers Israélite » et plusieurs livres notamment un sur son voyage en Palestine en 1925.
Lorsque le Dr Haim Weizman vient à Paris pour une réunion du Comité Français du Keren
Hayesod en 1923, Fernand Corcos le reçut chez lui et fit en cette occasion l’historique du
sionisme et une critique positive de l’antinomie du Sionisme. Il offrit également une réception
en l’honneur d’Emile Vandervelde, chef socialiste belge, lorsque celui-ci fit une conférence
publique sur son voyage en Palestine en 1926. Le 6 juin 1926 lors d’une réunion organisée par
la Fédération Sioniste de France, qui se tint au Palais du Trocadéro, un inspecteur de police fit
le rapport suivant sur cette manifestation :
‘’ Environ 2.000 personnes sont présentes.
La séance est ouverte à 21heures sous la présidence de M. Fernand Corcos, avocat, assisté de M.
Henri de Jouvenel, Haut Commissaire français en Syrie, et Weizman, Président de l’Etat libre de
Palestine.
M. Corcos définit ce que doit être le rôle des Juifs dans le Monde. Il proclame l’utilité du
sionisme et regrette que le israélites répartis à travers toutes les nationalités n’y soient pas déjà ralliés.
Il dit que le rôle de ceux-ci est plus important qu’ils ne semblent le croire et exprime le regret que le
mouvement de renaissance sioniste n’ait pas suffi, par son intérêt même, à recréer l’unité si désirable
pour une telle cause.
Il remarque que toutes les nations ont accordé aux Juifs certains droits mais qu’aucune ne leur
a réservé comme la France, un aussi large accueil et que l’initiative de ce geste revient à ses
gouvernants.
L’orateur engage les Juifs à conserver intact leur loyalisme national, seul capable de leur faire
obtenir partout la place qui leur revient.
Le Président Weizman parle de la mission du Judaïsme en Palestine et en Syrie. Il indique
qu’actuellement 2.000 Juifs rentrent chaque mois en Palestine et s’attachent à faire revivre, après
2.000 ans, une nation dont ils savent toute la grandeur passée.
Il exalte le paysan juif palestinien s’acharnant avec courage à vouloir rendre prospère et fertile
une terre ingrate et aride.
Enfin, faisant allusion aux différences qui existent actuellement entre les peuples, il affirme que
les Juifs seront entre ceux là ‘’le Peuple-Pont’’ qui les rapprochera dans un grand élan de fraternité et
de paix’’.
Fernand Corcos a compté parmi les plus actifs militants du Parti Socialiste Unifié et il a
été à la fin des hostilités rédacteur à ‘’L’Humanité’’ et membre du groupe ‘’Clarté’’ de
Barbusse. Il participa à de nos nombreuses élections sionistes où il fut élu, il ne se lança dans
la politique française plusieurs fois tant à Paris qu’en Province où il brigua le siège de député
de la Nièvre à Cosne-sur-Loire aux élections législatives de 1928, il fut malheureusement
battu. Il écrivit un chapitre intéressant : ‘’Le Communisme serait-il viable ?’’ dans son livre :
‘’Une visite à la Russie Nouvelle’’.
Avant la Seconde Guerre Mondiale, il visita l’Allemagne et la Russie mais outre la
Palestine, c’est l’Amérique qui retint toute son attention. Ayant pourtant très bel appartement
au 27 avenue Foch à Paris, il séjourna durant de longues années aux USA. En 1939, il revint à
Paris pour servir de son mieux et après l’exode, ses biens furent confisqués ce qui l’obligea à
repartir outre-Atlantique. En 1945, il retrouva ses meubles, ses biens et sa combativité.
Reprenant ses activités professionnelles ce n’est qu’en 1954 qu’il démissionnait du barreau,
recevait la Légion d’Honneur et accédait à l’honorariat.
De tous ces titres ; Avocat, Docteur es Sciences politiques et économiques, Membre du
Comité Central de la Ligue des Droits de l’Homme, Professeur au Collège Libre des Sciences
Sociales ; c’est sans doute celui de Vice-Président du Fonds Français pour la Reconstruction
de la Palestine juive dans les années 30 dont il fut le plus fier. Pourtant il s’est toujours fait
l’apôtre du pacifisme, le défenseur de la Société des Nations, l’adversaire irréductible du
militarisme et des dictatures. Dans les grandes affaires judiciaire qui marquèrent les ‘’année
folles’’ il fut l’un de ardents défenseurs de Sacco et Vanzetti’ notamment dans un très bel
article intitulé : ‘’Il faut libérer Sacco et Vanzetti, Il y va de l’honneur de la civilisation américaine’’
où il terminait son plaidoyer en faveur de ces deux condamné : ‘’Le prolétariat français, les
intellectuels, la bourgeoisie française doivent aider à ouvrir ces deux cellules’’.
Fernand Corcos, qui disparut le 12 décembre 1959, eut l’ultime plaisir de voir la
création de l’Etat d’Israël pour lequel avec tant d’autres il s’était battu. L’immigration légale
vers Israël, qu’il avait appelé de ses voeux, se trouvait écrite dans les bases de l’Etat par la
« Loi Fondamentale » de 1952 chargeant l’Agence Juive et l’Organisation Sioniste Mondiale
de rassembler les exilés.
Bibliographie de Fernand Corcos
L’art de parler en public
Israël sur la terre biblique
A travers la Palestine Juive
Les israélites français et le Foyer National Juif
Le Foyer National Juif
Auto-Réforme
Les femmes dans la Guerre
Visite à la Russie Nouvelle
Catéchisme des Partis Politiques
Archives de la Préfecture de Police à Paris.
FrédéricVIEY
Janvier 2013