Édition 2003-03-01 (PDF document)

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Édition 2003-03-01 (PDF document)
Numéro 16 - Mars - Avril 2003
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Ses élèves interprètent Molière et Devos
sur les scènes de Roumanie et d'Europe
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
Infatigable Liliana
prof de français à Cluj
T
raductrice de plusieurs ouvrages aussi bien en
français-roumain que l'inverse, Liliana Somfalean
est aussi, et surtout, professeur de français au lycée
Mihai Eminescu de Cluj-Napoca. A ce titre, elle dirige, depuis
six ans, la troupe de théâtre francophone du lycée qui interprète aussi bien Molière que Jules Romain, Raymond Devos,
Michel de Ghelderode, Balzac, Boris Vian, Panaït Istrati, et, en
2002 Jacques Prévert. Des spectacles particuliers ont été réalisés pour fêter Saint-Exupéry,
Balzac, Hugo, Caragiale et Eminescu.
La petite troupe s'est produite en Roumanie et à l'étranger, participant aux fêtes de la francophonie à Cluj, à la journée européenne de Târgu-Mures, au festival francophone d'Arad. Le festival international de théâtre francophone l’accueille en Italie, à Naples, en Turquie à Istanbul, en République Tchèque à Brno, en Hongrie à Pécs, en Belgique à
Gand. Elle participe également à des échanges scolaires avec Toulouse, Waregen en Belgique, Huedin, Bistrita et Baia Mare en
Roumanie. Elle donne aussi des spectacles dont la recette est versée à l'orphelinat "Buchetel" ou à une maison des personnes âgées.
Bien des récompenses lui ont été attribuées : Prix spécial pour la poésie du spectacle en 1998 à Arad, Prix de la mise en scène
en 1999 à Brno, Premier prix à Arad en 2000, Premier prix au festival Caragiale.
Des déplacements à la charge des parents
52
Les élèves de Liliana au festival international
du théâtre francophone de Pécs, en Hongrie.
Le but poursuivi par Liliana Somfalean est triple : elle entend ouvrir l'esprit des adolescents à la culture française, les perfectionner dans la pratique
de la langue et leur permettre d'accéder à la connaissance des valeurs multiples véhiculées par les jeunes venus des différents horizons d'Europe.
Si l'on ajoute le projet de 2003, à savoir celui de se produire en Espagne,
le tableau est idyllique. Cependant la participation des élèves se fait de plus
en plus faible. Et comment ne le serait-elle pas quand on sait que les frais de
déplacements sont à la charge des parents ? Comment payer un voyage en
Espagne à son enfant quand on gagne entre 70 et 150 € par mois ? Alors,
Liliana "mendie" tous azimuts, chaque année, pour réduire la participation
financière des familles. Cette année, le Centre Culturel Français de Cluj
accordera 20 € par enfant, sur lesquels il faudra payer le séjour des chauffeurs.
Faire de la francophonie une raison de vivre et aimer
Réticences pour des raisons financières, mais aussi par lassitude, manque d'intérêt. Les
"valeurs" ont changé : s'enrichir de nouvelles connaissances, apprendre à aimer, à s'accepter… c'était bon dans le passé ! Comment en faire le but d'une vie quand on est confrontés
aux difficultés matérielles quotidiennes et qu'on sait que son voisin émigré en Italie gagne
six fois le salaire d'un professeur en fin de carrière.
Ce qu'on aime en Liliana, c'est son énergie inépuisable, son immense foi en la vie, son
amour du bonheur vrai, simple, celui qui est à notre portée. Mais c'est aussi sa modestie :
dès 1990 elle participait à des émissions télévisées retransmises en France, elle a côtoyé
des artistes, des écrivains (notamment le Prix Goncourt Dominique Fernandez, à qui elle a
fait découvrir le Maramures et qui en fait état dans son livre Rapsodie roumaine), mais
La jeune troupe a interprété
“Histoires”, d’après Jacques Prévert.
ses préoccupations sont restées les mêmes : donner de la joie à ses élèves et faire connaître
la culture française dont elle est imprégnée.
Liliana, certes… mais il y a sûrement d'autres professeurs comme elle en Roumanie, et on peut regretter que la France ne les
aide pas davantage, eux qui participent au rayonnement de sa culture.
Jacquie Bernard
de
SOMMAIRE
Actualité
L'Europe ne veut pas perdre son âme
Vie internationale, Voisins
2à5
Politique
6à8
Economie
9 à 12
13 à 15
Social
Société
Faits divers
Justice
Mon village
Vie quotidienne
Evénements
Minorités
Santé, Religion
Enseignement
Environnement
Sports , Insolite
16 et 17
18 et 19
20 et 21
22 et 23
24 à 27
28 et 29
30 et 31
32
33
35
Connaissance
et découverte
Livres
Cinéma
Musique, Variétés
Histoire
Tourisme
Coup de colère
Francophonie, Internet
Humour
Infos pratiques
Coup de coeur
Lettre d’information bimestrielle
36 et 37
38
39
40 à 43
44 à 46
46 et 47
48 et 49
50
51
52
L
'initiative de dix pays de l'Est candidats à l'Union Européenne et à l'OTAN
d'apporter un soutien marqué à Georges W. Bush dans sa volonté d'en
découdre avec l'Irak, sans en faire part à leurs futurs partenaires du "Vieux
continent" a choqué à Bruxelles. Elle a provoqué une réaction très vive de la France,
lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu dans la capitale belge. Cette démarche a
comme seule excuse d'avoir été encouragée par la publication, quelques jours plus tôt,
d'une lettre d'allégeance à Washington signée par Londres, Madrid, Rome, Lisbonne et
Copenhague, sans que les autres pays membres de l'UE n'en soient avertis et ceci en
contradiction avec la position arrêtée en commun peu avant.
Ces mauvaises manières augurent mal de l'avenir européen. Si l'on peut admettre
la persistance d'un syndrome de la sécurité face au voisin russe de la part de ses
anciens satellites, ces derniers doivent comprendre que la politique européenne ne
peut se concevoir qu'en fonction de ses intérêts propres et se décider que sur leur
continent. Même si elle prend en compte les liens transatlantiques, les solidarités et les
alliances traditionnelles, l'Europe n'entend pas être vassalisée.
Les pays de l'Est ne doivent pas s'y tromper. Leurs dirigeants, à l'inverse de leurs
opinions publiques, opposées aux trois-quarts à une intervention militaire en Irak sans
l'aval de l'ONU, se montrent trop volontiers prêts à jouer sur les deux tableaux. Ils
donnent le sentiment de vouloir profiter des avantages des uns et des autres, mais ne
réservent en retour leurs sourires qu'aux nouveaux alliés américains, qui leur apportent certes la garantie de la protection du bouclier de l'OTAN, mais face à un danger
devenu bien hypothétique.
L'UE n'a droit qu'à la soupe à la grimace : celle des revendications sur le montant
des aides accordées, des foires d'empoigne sur les subventions qu'il faut verser, des
récriminations en tous genres sur les droits, les places à occuper au sein de ses institutions. Et pourtant c'est elle qui finance la transition économique et sociale de ces
pays, c'est elle qui s'apprête à régler la lourde ardoise de leur adhésion, c'est elle qui
ouvre ses bras généreusement pour les accueillir. Et pas l’Amérique !
En s'affranchissant d'un minimum de solidarité envers leur future famille, les Dix
font penser à une fiancée qui choisirait d'aller s'amuser chez le voisin, jugé plus attirant, la veille de son mariage, lequel se montre tout émoustillé de cette bonne fortune.
Les pays de l'Est doivent y réfléchir : où est l'avenir pour eux ? S'ils n'y prennent
garde, les portes d'une UE qui peine tant à se construire une âme et ne veut surtout pas
la perdre pourraient bien se refermer.
Henri Gillet
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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BUCAREST
CONSTANTA
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2,2 milliards d'euros
de dettes à récupérer
auprès des pays
du tiers monde
2
La Roumanie a 2,24 milliards
d'euros (15 milliards de F) de dettes
à récupérer auprès de pays arabes
ou du tiers-monde, héritées pour l'essentiel de l'époque de Ceausescu qui
avait tourné sa politique diplomatique
et commerciale vers les pays du
tiers-monde. L'Irak est le plus gros
débiteur (1,7 milliards d'euros, 11 milliards de F), mais ce pays refuse de
rembourser quoi que ce soit tant qu'il
se trouve sous embargo. La Syrie
doit 170 M€ (1,120 milliards de F) et
la Libye 50 M€ (330 MF).
Bagdad est le plus gros
débiteur, devant Damas
Le Mozambique (140 M€, 925
MF), l'Angola, la Guinée, la
République centrafricaine, l'Angola,
les deux Congo, la Somalie, le
Soudan, sont aussi débiteurs pour un
total de 360 M€ (2,4 milliards de F).
Tous ces pays sont soit en état de
guerre, soit de post-guerre ou de
cessation de paiement et les organismes internationaux préconisent de
réduire de 90 % leurs dettes ainsi
que de ré échelonner le reliquat. La
Roumanie a donc peu de chances de
récupérer cet argent, bien qu'elle
envoie des missions diplomatiques et
fasse pression sur les organismes
internationaux pour obtenir des
garanties. Dans le cas du Soudan
(170 M€, 1,120 MF), elle essaie de
négocier pour transformer une partie
de la dette en investissement économique dans ce pays.
U
Irak : Bucarest engagera
des forces sur le terrain
ne semaine après l'initiative des huit pays de l'UE, emmenés par
l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, appelant à soutenir la position américaine sur la question de l'Irak, dix autres Etats, candidats à l'entrée dans
l'Union Européenne ou à l'OTAN, leur ont emboîté le pas, début février. Parmi ceuxci, tous anciens pays de l'Est, la Roumanie qui s'est montrée particulièrement réceptive aux thèses de Washington depuis que ses chances d'entrer dans l'organisation atlantique se sont précisées (1er janvier 2004, après l'approbation du Congrès américain).
La Roumanie a ainsi été le seul pays européen a signé un accord avec les USA,
exemptant les Américains de poursuites devant le Tribunal Pénal International, en cas
de crimes de guerre, contre l'humanité ou de génocide. A la mi-février, le gouvernement roumain a fait voter par le Parlement l'autorisation d'engager des troupes en Irak
pour combattre aux côtés des Américains.
Le contingent roumain pourrait compter entre 280 et 500 hommes, tous militaires
de carrière et volontaires, ayant eu parfois une expérience sur le terrain en Bosnie, au
Kosovo ou en Afghanistan. Il comprendrait quatre officiers supérieurs, un détachement du Génie, une compagnie de protection contre les armes nucléaires, chimiques
et bactériologiques, une compagnie de police militaire, un détachement sanitaire.
Par ailleurs, la base navale de Constantsa, les aéroports militaires de Timisoara,
Otopeni, Fetesti et Mihail Kogalniceanu sont mis à la disposition de l'OTAN pour servir de base logistique aux bateaux et aux avions stationnés en Italie et en Allemagne.
Ces sites ont reçu la visite d’experts américains.
Enfin, dans un autre registre, les autorités ont décidé de recenser les 4x4, jeeps,
bateaux à moteur, avions, hélicoptères, etc… en vue de leur éventuelle réquisition.
L'entrée dans l'OTAN conduit la Roumanie
à une restructuration de sa défense
Vers une armée professionnelle de
90 000 personnes et l'abandon du service militaire
L
'entrée dans l'OTAN, prévue au 1er janvier 2004, amène la Roumanie à
restructurer son armée pour, d'une force de défense, la transformer en une
force de sécurité et de coopération. Jusqu'en 1989, l'Armée, basée essentiellement sur la conscription, comptait 300 000 hommes et femmes (le service militaire était obligatoire pour les étudiantes). La Roumanie s'était engagée auprès de
l'OTAN à ramener ce chiffre à 140 000 militaires et civils à la fin 2002.
Au cours de la précédent décennie, les réformes visaient surtout à assurer le
contrôle des civils et à diminuer les effectifs puis, dans un second temps, a restructurer l'Armée en une force flexible et efficace, apte à assumer la défense du pays mais
aussi à participer à des opérations pour le maintien de la paix ou de défense collective. Les nouvelles structures amèneront les effectifs au niveau de 90 000 - 75 000 militaires et 15 000 civils - en 2007, l'Armée étant partagée, en fonction des missions, en
forces actives, destinées à défendre la Roumanie, à participer à des opérations internationales ou à assurer la sécurité collective, et en forces territoriales, chargées de soutenir les premières au cours des combats.
Le service militaire sera graduellement abandonné - il a été ramené à huit mois et
était de 14 mois en 1989 - les autorités visant à créer une armée professionnelle.
Jusqu'en 2005, les fonds alloués au budget militaire se chiffreront à 2,5 % du PIB.
A partir de 2004, en vue des opérations de maintien de la paix et de défense collective, la Roumanie mettra à disposition de l'OTAN : 4 compagnies de parachutistes,
2 bataillons d'infanterie, un bataillon de chasseurs alpins, une brigade mécanisée, une
compagnie de génie, une compagnie de police militaire, un détachement de déminage, 12 chasseurs Mig 21, un bombardier, quatre avions militaires de transport, deux
frégates, quatre bateaux lance-missiles, deux bateaux de scaphandriers.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
CHANGE*
( en lei )
Euro
Franc
Franc belge
Franc suisse
Dollar
Forint hongrois
35 316
5 351
875
24 041
32 628
144
*Au 18 février 2003
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 16, mars - avril 2003
Lettre d'information bimestrielle sur
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International, la Culture et l’Amitié)
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Directeur de la publication
Henri Gillet
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Dolores Sîrbu-Ghiran
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(*dans la limite, au total, de quatre personnes)
Ont participé à ce numéro :
Bernard Camboulives, Leonard
Butucea, Nichita Sîrbu, Ovidiu
Gorea, Alain Defline, Philippe
Gillet, Doïna Le Noay, Franky
Blandeau, Marian Munteanu,
Martine et Jean Bovon-Dumoulin,
Jacquie Bernard.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA
Impression : Helio Graphic
11 rue Louis Armand,
44 980, Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro : mai 2003
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Humour
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Prévoyants
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Blagues à la roumaine
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Sous Ceausescu, le doyen des
Roumains passe à la télévision. Le
présentateur l'invite à dire quelques
mots. Le vieil homme se tait.
- Je t'en prie, camarade, dis
quelque chose… tu passes en direct
sur Intervision, tous nos grands pays
socialistes te regardent.
Même silence butté.
- Allons camarade, maintenant
tu es sur Panavision… c'est le monde
entier qui te regarde
- Même les Américains ?
- Mais oui
- A l'aiiiiiide !
Histoire vraie
Rien ne sert
de courir...
Gare du Nord à Bucarest, Adina
attend dans le couloir du wagon le
départ de son train pour Craiova.
C'est l'été, il fait chaud, les fenêtres
sont baissées. Sur le quai, un retardataire arrive en courant, alors que
le convoi s'ébranle lentement.
L'homme, assez corpulent, en nage,
tente désespérément de le rattraper,
encouragé par les autres passagers
qui réussissent à l'agripper et à le
hisser sur le marchepied puis jusqu'à
eux. Epuisé, à bout de souffle, il s'écroule sur une banquette où on lui a
fait place, s'éponge le front, reprend
lentement sa respiration, se confond
en remerciements tout autours de lui.
Et, tandis que le train a déjà pris sa
vitesse, rassuré et ayant retrouvé
ses esprits, il demande: "C'est bien
le train pour Iasi ?".
Ceausescu et sa femme se préparent
pour une visite officielle en France. Le
"Conducator" demande a sa femme :
- T'as pensé à prendre les maillots de
bain?
- Pourquoi faire ?.
- Demain soir, on est invités à l'Opéra
au "Lac des cygnes".
- Dès que je rentre de l'école, je ne
vais pas jouer mais j'apprends mes
leçons, comme çà je n'ai pas besoin de
lumière.
- C'est très bien. A ton tour Bula…
- Moi, je regarde la télévision hongroise… comme çà c'est eux qui consomment le courant.
Chien et chat
Souvenirs
Dans leur chambre glacée, un couple
de petits vieux se serre sous la lumière de
l'ampoule pour lire le journal, tout en se
tenant chaud.
-Ah, si au moins on avait à manger,
çà nous rappellerait le bon temps… pendant la guerre.
Un chat et un chien se croisent à la
frontière hongroise. Le chat est très surpris de voir que le chien veut entrer en
Roumanie.
- Pourquoi tu viens chez nous ? lui
demande-t-il
- Parce qu'on m'a dit qu'on y menait
une vie de chien.
Economies
Bon sens
Le Conducator a ordonné que chaque
Roumain fasse des économies d'énergie.
La maîtresse interroge ses élèves :
- Dis moi, Cornel, que font tes
parents pour suivre les consignes de notre
grand leader aimé ?
- Maman, elle met la nourriture sur le
balcon et on a débranché le frigidaire
- Bravo, et toi Marian ?
- Taticule (papa), comment je suis
venu au monde ?
- C’est grâce à une cigogne, mon
garçon.
- Et ma sœur ?
- La même chose
- T'es vraiment bête ! Maman est si
jolie… et il faut que tu couches avec une
cigogne.
Le prix de l’essence
Infos pratiques
Ordinaire :
Super plus :
Sans plomb :
Euro Premium :
Gazole :
Euro Diesel :
23 750 lei (0,67 €, (4,42 F)
24 150 lei (0,68 €, (4,49 F)
22 800 lei (0,64 €, 4,22 F)
25 800 lei (0,73 €, 4,82 F)
17 450 lei (0,49 €,(3,23 F)
20 250 lei (0,57 €, 3,76 F)
Prix au 15 janvier fixés par la société nationale Petrom, les stations services de
son réseau ayant la possibilité de les majorer de 5 %.
Premier pas vers l'introduction de la référence Euro 4, Pétrom a commercialisé
des carburant de norme Euro 3 depuis le 1er juillet dernier (Euro Premium pour l'essence, Euro Diesel pour le gazole) dans 60 stations à travers le pays, en produisant
actuellement 5000 tonnes.
L'alignement sur les standards européens va lui demander un investissement de
200 M€ (1,3 milliards de F) par raffinerie. Rompetrol a annoncé de son côté qu'il
allait produire de l'Euro 3 dès cette année, tandis que Lukoil-Petrolel indique que sa
raffinerie en fournit déjà. La compagnie autrichienne OMV commercialise aussi ce
carburant qu'elle importe.
A
Actualité
La Roumanie sera le septième pays
d'une Europe de 484 millions d'habitants
u 1er janvier 2003, l'Union Européenne comptait
378,5 millions d'habitants. La population des dix
pays appelés à la rejoindre l'an prochain s'élève à
74,5 millions d'habitants, ce qui fait que l'UE, au 1er janvier
2004, aura 453 millions d'habitants. L'entrée prévue de la
Roumanie (22,5 millions, 7ème pays européen par sa population) et de la Bulgarie (8,7 millions), au 1er janvier 2007, portera ce total à 484 millions d'habitants.
En prenant en compte les populations des pays qui ont
vocation à y entrer ou qui appartiennent à son espace (la
Suisse, 7,3 millions, la Norvège, 4,4 millions, les ex-républiques de Yougoslavie, 20,2 millions, la Turquie, 63 millions), l'Europe représente un potentiel de population de 580
millions d'habitants (Chine, 1, 250 milliards, Inde, 1,100 milliards, USA, 266 millions, CEI, ex URSS, 250 millions, Japon,
130 millions).
Voici dans l'ordre le classement des populations des 27
pays que l'Union Européenne comptera en 2007 :
1. Allemagne (82,3 millions d'habitants); 2. France (59,6
millions); 3. Royaume Uni (59,1 millions); 4. Italie (56,5 millions); 5. Espagne (40,7 millions); 6. Pologne* (38,6 millions);
7. Roumanie** (22,5 millions), 8. Pays-Bas (16,2 millions), 9.
Grèce (11 millions); 10. Portugal (10,4 millions); 11.Belgique
(10,3 millions); 12. Hongrie* (10,2 millions); 13. République
Tchèque* (10,1 millions); 14. Suède (8,9 millions); 15.
Bulgarie** (8,7 millions); 16. Autriche (8,2 millions); 17.
Danemark (5,4 millions); 18. Slovaquie (5,4 millions); 19.
Finlande (5,2 millions); 20. Irlande (3,9 millions); 21.
Lituanie* (3,5 millions); 22. Lettonie* (2,3 millions); 23.
Slovénie* (2 millions); 24. Estonie* (1,4 millions); 25.
Chypre* (700 000); 26. Luxembourg (400 000), 27. Malte*
(400 000).
* : adhésion prévue en 2004
** : adhésion prévue en 2007
Malgré la perspective d'adhésion à l'UE,
le recyclage des voitures n'est pas rentré dans les mœurs
Les routes des pays de l'Est encombrées d'épaves
de recyclage du pays n'est que de 20 000
tonnes par an, alors qu'il en faudrait
150 000.
Largement plus de dix ans
“Et pourtant ça roule”: cet automobiliste
bucarestois ne manque pas d’humour...
mais il est vrai que les Trabant
rendent encore bien des services.
L
'adhésion prévue en 2004 de
plusieurs pays de l'Est amène
leurs gouvernements à introduire des réglementations pour recycler
les voitures qui ne sont plus en état de circuler. Mais ces mesures sont rarement
appliquées, faute de moyens, et de nombreux véhicules, ayant dépassé largement
leur durée de vie, roulent encore sur les
routes ou pourrissent sur des aires de stationnement et le long des trottoirs.
La Hongrie et la Slovénie sont les
deux pays ayant pris les dispositions les
plus sérieuses, mais le coût du recyclage
dissuade souvent leurs citoyens d'y
recourir. En Hongrie, 130 000 véhicules
sont déclarés impropres à la circulation
chaque année, mais les Hongrois préfèrent les abandonner dans des rues,
champs ou forêts. D'ailleurs la capacité
A partir de 2003, le prix de cette opération sera compris dans celui d'acquisition d'un véhicule neuf. Le pays s'attend à
une nouvelle vague d'épaves en 2005,
quand les voitures devront être obligatoirement équipées d'un pot catalytique, ce
qui éliminera automatiquement de la circulation les vieilles Trabant et Wartburg,
de fabrication allemande. La raison en est
simple: un tel dispositif coûterait plus
cher que le véhicule lui-même.
En Slovénie, quand sa vieille
Zastava, de fabrication yougoslave, n'en
peut vraiment plus, son propriétaire fera
tout pour ne pas avoir à payer la taxe de
recyclage qui coûte un sixième du salaire
mensuel moyen. Il la détaillera en pièces
de rechange, gardera la carrosserie dans
une cour où elle servira de poulailler…
en attendant une hypothétique amnistie
pour les contrevenants.
Sur les plus de dix millions de voitures qui circulent en Pologne, 55 % ont
plus de dix ans. 2,5 millions d'entre elles
devraient être immédiatement détruites,
et ce chiffre ne fait qu'augmenter.
En République Tchèque, l'âge moyen
des trois millions de voitures dépasse
quatorze ans. Les routes de Slovaquie
sont un véritable catalogue de l'ancienne
industrie automobile communiste. On y
rencontre des Skoda (Tchécoslovaquie),
Moskvici et Lada (URSS), Dacia, Oltcit
et ARO (Roumanie), Trabant et Wartburg
(RDA), Zastava… Les Slovaques importent aussi des vieilles voitures occidentales d'occasion qu'ils déclarent à la douane comme servant de pièces de rechange,
mais que l'on retrouve plus tard en circulation, dotées d'anciennes plaques d'immatriculation.
La Bulgarie vaste
cimetière de voitures
La Bulgarie, qui ne rentrera pas dans
l'UE avant 2007, tout comme la
Roumanie, apparaît comme un immense
cimetière de voitures. D'après le ministre
de l'Environnement, 600 000 véhicules
rouillent au bord des routes ou dans des
cours d'immeubles. Plus de 400 000 sont
inutilisables, faute de pièces de rechange.
En 1997, le gouvernement a lancé un plan
pour leur recyclage… Jusqu'ici seulement 500 véhicules ont été concernés.
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Actualité
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Le premier sondage scientifique sur
le comportement sexuel des Hongrois
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Permis de travail
pour étrangers
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Neuf partenaires pour
les hommes, quatre pour les femmes...
Le gouvernement a réglementé,
par ordonnance, les conditions dans
lesquelles les étrangers peuvent
venir travailler en Roumanie. Ceux-ci
devront solliciter des permis de travail auprès de l'OMFM (Office de
Migration des Travailleurs) qui seront
délivrés selon des quotas fixés
annuellement. Jusqu'à maintenant,
ces permis n'étaient accordés que si
les demandeurs montraient que leur
poste ne pouvait pas être occupé par
un Roumain. Toutefois, les étrangers
domiciliés en Roumanie, les citoyens
de l'UE, les employés de firmes
étrangères, les étudiants étrangers s'ils ne travaillent pas plus de quatre
heures par jour - pourront être dispensés de permis.
Deux milles personnes
concernées, dont
10 % de Français
Actuellement, environ 2000 étrangers, essentiellement basés à
Bucarest, possèdent un permis de
travail, dont un tiers de Turcs et 10
% de Français. 45 % occupent des
fonctions de direction. 40 % travaillent dans la production, 27 %
dans le commerce, 6 % dans la
construction et 5 % dans l'industrie
du jeu. 23 % ont un salaire inférieur
à 150 € (1000 F), 17 % jusqu'à 500
€ (3300 F), 13 % jusqu'à 1500 € (10
000 F), et 7 % au-dessus.
Dans ces statistiques n'entrent
pas en compte les salariés internationaux des firmes étrangères, ni les
personnels des ambassades ou
détachés par des administrations et
organismes étrangers.
U
n peu plus de 90% des hommes de plus de 18 ans et 78% des femmes du
même âge ont une vie sexuelle active, le Hongrois moyen a neuf partenaires sexuelles durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. C'est ce que
nous apprend un sondage représentatif réalisé en janvier dernier par l'Institut psychologique de l'Université des Sciences Loránd Eötvös de Budapest (ELTE) et l'Institut
de prospection de marché Marketing Centrum, lequel a interrogé mille hommes et
mille femmes. Ce premier sondage fait à ce sujet constate que 47 % des hommes et
plus de la moitié des femmes ont un problème sexuel quelconque.
En Hongrie où il y a 10,2 millions d'habitants, les femmes sont plus nombreuses,
d'un demi-million. Dans la génération des plus de 18 ans,
examinée par ELTE et Marketing Centrum, le nombre des
hommes est d'environ 3 600 000, celui des femmes d'environ 4 100 000. L'enquête qui a consisté à interroger mille
hommes et mille femmes à propos de leurs habitudes
sexuelles, démontre que trois quarts des personnes interrogées ont un compagnon ou une compagne (époux ou
concubin). 65% vivent ensemble avec leur partenaire, 91%
des hommes, 78% des femmes ont une vie sexuelle active.
Les hommes plus vantards
“La Cicciolina”, symbole
du sexe, est hongroise.
28% des sujets du sondage ont des liaisons avec plusieurs partenaires à la fois. Le
Hongrois moyen a neuf partenaires durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. Dans
la capitale, ce chiffre est de 12 chez les hommes et de 6 chez les femmes. En province il est de 7 pour les hommes et de 3 pour les femmes. Selon les résultats du sondage, les femmes, plus pudiques, oublient plus facilement leur aventures sexuelles tandis que les hommes préfèrent s'en vanter. Les hommes de cinquante ans sont les plus
nombreux à avoir ce genre d'attitude.
47% des hommes interrogés ont reconnu avoir des problèmes sexuels. 18% se
plaignent d'une éjaculation précoce, 15% disent que leur intérêt baisse pour la vie
sexuelle, 14% parlent de troubles érectiles. Les causes les plus fréquentes en sont le
tabagisme, l'obésité, le diabète, les médicaments contre un état dépressif ou des maladie chroniques. 40% des plus de 40 ans souffrent de troubles érectiles, ce problème ne
peut être considéré comme grave que dans 3% des cas. Le sondage indique que 40%
des hommes ne parlent jamais de ces troubles, 51% n'en parlent que rarement. Il n'y a
que 25% qui accepteraient de prendre des médicaments pour soigner ces troubles.
Parmi les hommes atteints, ce sont ceux d'âge moyen et les diplômés qui seraient les
plus susceptibles de prendre un aphrodisiaque, mais seulement 1% a déjà essayé.
Les riches font plus souvent l'amour
52% des femmes avouent un problème sexuel quelconque. 24% voient baisser
leur intérêt pour la vie sexuelle, 19% disent arriver difficilement jusqu'à l'orgasme, 9%
ne trouvent aucun plaisir dans l'acte sexuel.
Le sondage montre aussi que les plus riches font plus souvent l'amour. 25% des
plus riches parmi les personnes interrogées de 18 à 29 ans ont eu des relations
sexuelles dans les dix jours précédant le sondage (3,5 fois), 25% des plus pauvres, 2,4
fois. Cette correspondance est corroborée par un autre sondage régional qui a démontré que les femmes de la région la plus pauvre du pays, le nord-est de la Hongrie ont
le moins de partenaires sexuels et ont le plus rarement des rêves à contenu sexuel.
D'après “Le Journal Francophone de Budapest”
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Au début des années 90,
ceux-ci bénéficiaient d'avantages, également sous forme
de bourses de l'Etat français,
qui ne leur sont désormais
plus accordés, sauf s'il s'agit
pour eux de terminer des
études déjà entreprises.
on franchit la porte d'entrée,
on est en territoire français 22 strada Cristian Tell, il
accueille ses élèves dans un
pavillon ayant beaucoup de
cachet, mais où ils se trouvent un peu à l'étroit. Quatre
à cinq classes supplémentaires sont en cours de
construction et, dans l'attenEtablissement
te, les six classes de primaire
privé et payant
ont trouvé provisoirement
Ecole d'ambassade jusrefuge au lycée roumain
qu'en 1994, le lycée a tenté de
Caragiale.
devenir franco-roumain alors.
On y pratique les
Le lycée français Anna de Noailles accueille des élèves,
souvent enfants de diplomates, de la maternelle jusqu’au baccalauréat.
Le peu d'implication des autohoraires et les vacances à la
rités roumaines l'a conduit à devenir totalement français, sous
française, sauf pour le primaire où, à la demande des parents,
la forme d'un établissement privé conventionné et donc
l'école se termine à 14 h. Le midi, élèves et professeurs se
payant, géré par une association de parents d'élèves et le proretrouvent dans une ou deux salles pour prendre le repas qu'ils
viseur.
ont amené, à moins qu'ils n'achètent sandwichs et boissons
dans le petit bungalow en bois installé dans la cour.
Situé dans le périmètre de l'ambassade de France - quand
Internet
Partez à la découverte de palais et châteaux
A
en croire les brochures touristiques, la Roumanie ne possèderait que trois palais et châteaux : le palais Brâncoveanu
de Mogosoaia et les châteaux de Vlad Tepes à Bran et Peles, à Sinaia, où vivait la famille royale. Mais en parcourant
le pays, vous pourrez découvrir d'autres constructions toutes aussi remarquables, même si elles sont moins connues.
Le château de Iancu de Hunedoara (notre photo) construit au 14e siécle, en cours de restauration, est un parfait exemple de ces
sites historiques méconnus. Restons dans le même judet avec la citadelle en ruine de Deva (1269) qui domine la cité. “Castelul
Huniazilor”, le plus vieil édifice de la ville de Timisoara, devenu musée du Banat, vaut un arrêt. Mais d'autres bâtiments tels, à
Bucarest, les palais Regal (royal) et de Cotroceni - ce dernier abrite désormais la Présidence de la République et on peut visiter son
musée - ou encore le château Stravechi (judet de Harghita), datant de 1450 et toujours habité, méritent tout autant votre attention.
L'intérêt de la Transylvanie ne se limite pas non plus à Peles et Bran (celui-ci valant beaucoup plus que son image commerciale de
"château de Dracula"). L'imposante forteresse de Fagaras (1310) construite en brique rose en lieu et place d'une ancienne forteresse en bois, impressionnera le visiteur. Et la liste ne s'arrête pas là : Castelul Poienari, Cetatea de Balta, Târgu Neamt (1375),
Râsnov, Rupea dominent leur cité qu'elles protégeaient, tout comme les forteresses de Colt, Carensebes, Slimnic ou Poenari qui ne
sont plus malheureusement que des ruines plus ou moins bien conservées.
On ne peut terminer cette présentation sans parler du très controversé "palais du Parlement", le 2ème plus grand bâtiment du
monde après le Pentagone, appelé plus communément "le palais de Ceausescu"… et qui pourtant ne possède aucun site Internet!
Alain Defline
Voici une liste de liens Internet où vous pourrez trouver informations et
photos, pour ceux d'entres vous qui veulent en savoir plus:
http://www.roplace.ro/brn_foto.htm
http://www.ici.ro/romania/turism/c_peles.html
http://www.cchr.ro/jud/turism/rom/2/24/24szarhegykastely.html
http://dumitru.lucian.free.fr/index.html
http://www.infotim.ro/mbt/b019/b0019.htm
http://cetateacolt.tripod.com/romana/id5.html
http://www.pitesti.ro/curtea_de_arges/aref/c1_h.htm
http://www.mtromania.ro
Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site
http://laroumanie.de-France.org,
partenaire des "Nouvelles de Roumanie"
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
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Les francophones peuvent désormais
passer leur baccalauréat à Bucarest
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La concurrence
du lycée américain
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Le lycée français Anna de Noailles
accueille près de 450 élèves
Environ 70 personnes, enseignants compris, assurent le fonctionnement du lycée, le personnel administratif et de service étant le plus
souvent roumain. Les 30-40 professeurs sont pour moitié français.
Quelques uns ont été détachés de
l'Education nationale française pour
deux contrats de trois ans chacun, et
bénéficient d'un statut très intéressant qui, avec les indemnités d'expatriation, non imposables, permet de
doubler, voire plus, leur salaire, celuici étant versé en France.
D'autres, mariées à un Roumain
ou ayant suivi un conjoint en
Roumanie, bénéficient d'un statut
moins avantageux de résident. Il
existe aussi les "faux résidents",
recrutés en France pour trois mois et
qui restent sur place. Enfin, des
enseignants roumains et étrangers,
parlant français, sont embauchés
localement. Plus vieil établissement
étranger à Bucarest, le lycée français
a bien besoin de cette équipe pour
faire front à la montée de l'anglais,
seul concurrent sur place. Si les
Britanniques ont ouvert un établissement modeste, le collège américain a
d'autres prétentions. Il accueille déjà
plus de 400 élèves, bien que le coût
de l'inscription soit dissuasif, 15 000
€ (100 000 F) par an, soit près de
sept fois supérieur.
Pour résister, le lycée de la strada
Cristian Tell mise sur la réputation de
la culture française et de son enseignement. Il s'y est encouragé en se
donnant le nom d'une grande poétesse, devenue française par son mariage, et descendante d'une illustre
ligne de voïvodes roumains, les
Brancoveanu: Anna de Noailles.
L
e lycée français Anna de Noailles, de Bucarest, pourrait être un bon
baromètre du développement des relations entre les deux pays. Son proviseur pensait enregistrer une progression continue des effectifs. De fait, il
n'en est rien. Quarante élèves se présentent pour entrée en sixième... et ne sont plus
que vingt, l'année suivante. L'explication est simple et courante : une grosse société,
comme Carrefour, a envoyé ses cadres pendant un an ou deux pour son installation et
les rapatrie une fois celle-ci assurée, laissant son personnel roumain prendre les choses
en main. Des familles, aussi, se séparent, les enfants suivant leur mère en France.
Ces fluctuations ne sont guère prévisibles et difficiles à gérer, pour un établissement qui a comme mission première d'accueillir les enfants de français installés en
Roumanie. Ceux-ci peuvent y suivre un cursus scolaire intégral, de la maternelle, où
ils sont les plus nombreux, au baccalauréat, avec trois options proposées (littéraire,
scientifique, économique et sociale) et quatre langues étrangères, roumain, anglais,
espagnol, allemand, enseignées.
Des élèves de 35 nationalités
Le Lycée accueille entre 430 et 450 élèves, de 4 à 18 ans, dont la moitié de
Français, un quart de Roumains et un quart d'étrangers. Ces derniers, Coréens,
Brésiliens, Espagnols - au total, 35 nationalités - souvent enfants de diplomates, l'ont
choisi pour la continuité de l'enseignement. Les lycées français existent un peu partout
dans le monde, organisés de la même façon, ce qui rassure les parents appelés à être
mutés d'une capitale à une autre, tous les 3-4 ans.
Quant aux Français, prioritaires pour s'inscrire, devant les élèves ayant déjà bénéficié d' un enseignement "à la française", avec leurs frères et sœurs et les ressortissants des autres pays de l'UE, ils y trouvent l'assurance d'un enseignement identique à
celui de la Métropole. L'établissement a un partenariat avec l'académie de MetzNancy pour la pédagogie et est rattaché à celle de Strasbourg pour les examens, brevet des collèges et baccalauréat, ces diplômes ayant la même valeur qu'en France.
Le Lycée Anna de Noailles est d'ailleurs devenu centre d'examen pour la région.
Une dizaine d'élèves du lycée français de Sofia viennent y passer leur baccalauréat.
Auparavant, candidats de Bucarest et de la capitale bulgare devaient se rendre à
Vienne. Maintenant, ce déplacement n'est plus nécessaire que dans le cas d'un oral de
rattrapage, lequel n'a concerné que deux des 25 élèves de terminale, en 2002. Depuis
deux ans, l'établissement se flatte d'un taux de réussite à 100 %. Il n'y a dans ce résultat aucune complaisance: les copies sont corrigées à Strasbourg.
Les Roumains se font de plus en plus rares
Les Roumains sont considérés comme de bons élèves, studieux. Chaque année,
deux ou trois d'entre eux décrochent une mention très bien au Bac, et obtiennent des
bourses d'excellence pour continuer leurs études en France. Leur Bac français est
reconnu en équivalence avec le Bac de leur pays, à condition qu'ils réussissent un
examen de littérature roumaine. Mais ils sont de moins en moins nombreux.
Représentant un quart de l'effectif, ils ne sont pas prioritaires pour s'inscrire... et sont
même plutôt les derniers. La raison avancée est qu'il existe des lycées roumains avec
sections bilingues en français.
Les nouveaux élèves roumains se font même de plus en plus rares. Si les familles
françaises doivent acquitter 2000 € par an et par enfant pour qu'ils suivent les cours avec la possibilité de bénéficier de bourses - cette somme est encore plus élevée pour
les autres nationalités, et est inaccessible pour les Roumains.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Voisins
A
Actualité
Criminalité et routes peu sûres sont
de véritables plaies pour la Bulgarie
vec plus de 120 attentats à la bombe, 40 assassinats visant des personnalités publiques et de nombreux vols à main armés, commis au cours de la
seule année 2002, la Bulgarie est considérée comme le pays au
plus fort taux de criminalité de l'Europe du Sud-Est. Le
meurtre du procureur chef militaire bulgare, Nikolai Kolev,
abattu en pleine rue de dix balles, la veille du réveillon, ajoute encore à ce sombre tableau.
Sur les 64 attaques à main armée visant des automobilistes, 24 ont concerné des étrangers (Roumains, Turcs,
Bosniaques et Grecs). Des bandes organisées de 5 à 10 criminels écument jour et nuit les principales routes bulgares, à la
recherche de véhicules providentiels, terrorisant et dépouillant
leurs passagers. Elles utilisent des équipements et des uniformes de policiers ou leur ressemblant fort pour accomplir
leurs méfaits, sans qu'une complicité de la police ait pu être
mise en évidence jusqu'ici.
Ces groupes reçoivent pourtant des informations des
postes frontières leur indiquant quelles sont les valeurs ou l'argent que les étrangers ont déclaré lors de leur passage en douane, repérant ainsi les voitures les plus intéressantes. La situation s'est pourtant un peu améliorée par rapport à 1997, année
où 220 attaques de ce genre avaient été enregistrées.
L'été dernier, la Turquie a conseillé à ses concitoyens d'éviter la Bulgarie pour se rendre en Europe Occidentale, quitte
à utiliser une route plus longue mais plus sûre, passant par la
Grèce et l'Italie. Les Roumains désireux d'aller à Istanbul sont
tentés de faire un détour par l'ex-Yougoslavie, la Macédoine et
la Grèce… soit un chemin trois fois plus long et coûteux.
Des forces spéciales de police
patrouilleront sur les grands axes
Le ministre de l'Intérieur bulgare, Gheorghi Petkanov, a
mis en cause des compagnies de tourisme étrangères qui
répandraient la rumeur que la police bulgare est impliquée
dans ce banditisme. Sans entrer plus dans les détails, il a indiqué "qu'un pays voisin (la Roumanie ? la Grèce ?) où la fréquentation touristique avait baissé de 15 % se faisait un malin
plaisir à noircir la situation pour détourner les visiteurs de la
Bulgarie et redresser la situation chez lui".
Le ministre n'en a pas moins décidé la création de forces
spéciales de police qui vont patrouiller à bord de 230 Opel
Vectra ou Astra, récemment acquises, sur les principales routes
de 8 des 28 départements du pays avec pour mission de mettre
un terme à ce phénomène.
En outre, à leur entrée en Bulgarie, les automobilistes
étrangers recevront une documentation en anglais et en turc les
mettant en garde, comprenant des photos permettant d'identifier les véritables véhicules et uniformes de la police.
La Pologne prépare son référendum d'adhésion à l'UE
Victoire du oui attendue malgré les euro-sceptiques
L
'année 2002 s'est achevée sur
un événement dont les
Polonais commencent seulement a mesurer la dimension historique et
morale. Une Europe a 25 est née a
Copenhague. L'année 2003 sera marquée
par la bataille autour du référendum
d'adhésion, qui pourrait se tenir le 8 juin
en Pologne. Son succès n'est pas garanti.
La méfiance, l'ignorance, la tentation
populiste et les intérêts particuliers, voire
la simple indifférence, font le jeu des
euro-sceptiques. La très catholique et
nationaliste Ligue des Familles Polonaise
(LPR) a fait de la lutte contre l'Union
européenne sa raison d'être, au nom de la
défense des intérêts polonais et de l'identité nationale. Et la LPR est soutenue par
la populaire station catholique Radio
Maryja, xénophobe et anti-européenne. A
l'autre extrémité, le populiste Lepper
dénonce la trahison des socio-démocrates
qui "vendent les paysans et ouvriers polonais au capital occidental". Après leurs
percées aux municipales, les partisans de
l'Europe auront fort à faire pour contrebalancer leur influence.
Faut-il en déduire que les Polonais
risquent de dire "non" au référendum?
Absolument pas. Tous les sondages prédisent entre 60 % et 70 % de "oui", mais le
résultat ne sera contraignant qu'avec une
participation de plus 50 % et c'est la que le
bât blesse. Les euro-enthousiastes battent
donc le rappel de leur troupes, de la
gauche post-communiste a la droite postSolidarnoç.
Le président Kwaniewski et le
Premier ministre Miller se préparent a
sillonner le pays pour y porter la bonne
parole européenne. Les libéraux de la
Plate-forme civique et les anciens chefs
de Solidarité, Lech Walesa en tête, se
mobilisent aussi de leur côté. 2003 s'annonce donc pour les Polonais comme
l'année des choix cruciaux.
Michel Mrozinski
(Le Courrier de Varsovie)
Radio free Europe
n'émettra plus
en roumain
A
la suite de restrictions
budgétaires, Radio Free
Europe et Voice of
América, ont décidé d'arrêter leurs
émissions en roumain (sauf à destination de la République de Moldavie),
hongrois, polonais, croate, langues
baltes, slovène, slovaque, bulgare et
tchèque. Financées par la CIA, ces
deux radios, basées autrefois à Munich
et aujourd'hui à Prague, étaient le seul
le média, sous le communisme, permettant aux populations des pays de
l'Est de se tenir informées.
Le président Bush a choisi d'accorder la priorité à la lutte anti-terroriste en décidant du lancement d'un
satellite TV de 30 M€ diffusant des
émissions en langue arabe destinées
notamment à l'Indonésie, le plus
important pays musulman du monde
(200 millions d'habitants).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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Adrian Nastase
le plus intelligent
et Ion Iliescu
le plus honnête…
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Réalisé à la fin de l'année, un
sondage d'opinion permet de se faire
une idée de la façon dont les
Roumains ressentent les personnages en vue de leur pays.
Ainsi, le Premier ministre, Adrian
Nastase est-il désigné comme le
Roumain le plus intelligent,
devançant le Président Ion Iliescu et
l'homme d'affaires à scandales,
Sorin Ovidiu Vântu… Peut-être les
personnes interrogées ont-elles
confondu intelligent et malin ? Îon
Iliescu est considéré comme le plus
honnête, devant le leader ultra-nationaliste du parti Romania Mare
(Grande Roumanie), Corneliu Vadim
Tudor… Le Président est aussi
considéré comme l'homme le plus
puissant du pays, devançant son
Premier ministre qui, lui, est désigné
comme l'homme de l'année devant
Ion Iliescu.
Le ministre des Affaires
étrangères, Mircea Geoana, dont on
parle souvent comme d'un premier
ministrable, obtient un lot de consolation avec le "prix" de l'élégance,
alors que le "meilleur parti", aux
yeux des Roumaines, est Ion Tiriac,
seconde fortune du pays, devant
Sorin Ovidiu Vântu. Pour l'ensemble
des Roumains, le comédien et chanteur Stefan Banica Junior apparaît
comme le plus beau d'entre eux,
devant le footballeur Adrian Mutu, et
la plus sexy des Roumaines est la
présentatrice de Romania 1,
Andreea Marin.
Iliescu-Nastase:
la paix armée
A
couteaux tirés depuis plus de six mois, Ion Iliescu et Adrian Nastase semblent avoir marqué une pause dans le conflit de pouvoir qui les oppose à
la tête de l'Etat. Après avoir subi les assauts de son Premier ministre,
visant à le marginaliser, le Président de la République a repris l'offensive, répondant
par une fin de non-recevoir à nombre de ses demandes de réformes d'ordre constitutionnel ou portant sur des élections anticipées.
Suivant le vœu de Bruxelles et de Washington, Ion Iliescu a même porté le combat sur le terrain de la corruption, contraignant le gouvernement à se séparer de nombreux chefs des services de la police, dénonçant nommément plusieurs hiérarques du
PSD (Parti Social Démocrate) au pouvoir, demandant aux parlementaires d'abandonner les fonctions qu'ils occupent dans les conseils d'administration d'entreprises, proposant d'instituer un impôt de 80 % sur les grosses fortunes… Pour autant, le Président
n'est pas allé encore jusqu'à se séparer de son Premier Ministre, sans-doute parce qu'il
n'est pas assuré de bénéficier d'un rapport de forces favorable sur le plan de l'arithmétique parlementaire. Adrian Nastase a accusé le coup, sans trop broncher, mais sa côte
de popularité a baissé dans les sondages de 14 pts, ne s'établissant plus qu'à 46 %.
Révolution culturelle pour les
fonctionnaires invités à être aimables
A
pprouvée par le ministre de l'Administration publique, Octav Cozmânca,
une ordonnance d'urgence risque de provoquer un véritable choc culturel
parmi les fonctionnaires roumains qui sont appelés à renoncer à leur vieux
réflexes bureaucratiques. Ceux-ci devront désormais faire preuve de professionnalisme, respecter la loi et les droits des citoyens, se montrer impartiaux, ne plus prétendre
et refuser tous avantages, pourboires, dessous de table (mita) liés à leurs fonctions. Ils
sont également invités à être aimables et à ne plus médire.
Mais le plus difficile pour les fonctionnaires sera de ne plus considérer leur
emploi comme une rente de fonction, de
respecter leurs horaires, de travailler
effectivement pendant leur service et de
ne plus s'absenter pour aller s'occuper de
leur jardin ou vaquer à d'autres occupations personnelles.
Aux yeux des Roumains, leur administration constitue une véritable plaie.
Ils savent qu'ils devront attendre dans
des queues interminables durant parfois
toute la journée, et le plus souvent revenir car il leur manquera toujours un
papier… tout cela pour seulement obtenir satisfaction à la plus simple de leurs
requêtes. Ils devront aussi affronter la
morgue, le regard rogne et excédé de
leurs interlocuteurs, glisser quelques
billets accompagnés de sourires imploPrésentation du code du fonctionnaire
de l’administration publique rants pour accélérer le cours des
par le ministre de tutelle, Octav Cozmânca. choses… et tout simplement faire resGazdaru, “Gardianul”, 19 dec. 2002
pecter leur bon droit.
Ce genre de réforme a été introduite, dans les années 60, dans les administrations
de plusieurs pays occidentaux, dont les lourdeurs étaient cependant dépourvues de
corruption et a mis de deux à trois décennies pour aboutir.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Coup de colère
L
Connaissance et découverte
"La méthode Sarkozy" à l'œuvre
aux dépens des Roumains de la région nantaise
e 9 octobre dernier, au petit matin, 280 gendarmes,
policiers, douaniers, agents du fisc, accompagnés
de dix interprètes, raflaient 102 Roumains dans la
région nantaise. Présentée comme un gigantesque coup de filet
destiné à démanteler les réseaux mafieux, l'opération aboutira
finalement à dix arrestations pour de simples délits de recel
d'objets volés, dont une visant un Nantais qui avait hébergé
quelques Roumains et qui sera inquiété pour "association de
malfaiteurs"… alors qu'il était seul en cause.
66 Roumains auront été mis en garde à vue, puis relâchés
dans la précipitation, faute d'éléments… si vite d'ailleurs qu'il
faudra aller rechercher certains d'entre-eux pour terminer l'enregistrement de leurs déclarations; 15 Roumains ont été poursuivis pour situation irrégulière (travail clandestin ou validité
du séjour terminée).
couverture. Les conditions de l'interpellation avaient été ellesmêmes particulièrement rudes, des femmes terrorisées, surprises en plein sommeil par l'irruption des policiers, étant
contraintes de justifier leur identité, alors qu'elles étaient en
chemise de nuit.
Le syndicat des officiers de police, ayant en mémoire la
sinistre "Rafle du Vélodrome d’hiver", s'est élevé contre "une
méthode rappelant une période historique où les forces de
l'ordre interpellaient des gens en raison de leur appartenance
à une religion".
Une presse complaisante:
le discrédit sur toute une communauté est jeté
Faillissant à ce qui devrait être son rôle, la presse régionale, reprise par la presse nationale, a fait chorus à cette opéraCinq jours avant la venue du ministre
tion médiatique du ministre de l'Intérieur. Dans toute la région
nantaise, des affichettes étaient placardées à l'entrée des
Cette intervention entrait dans le cadre de la politique de
bureaux de tabac et librairies, annonçant en gros caractères,
sécurité mise en place à grand renfort de publicité par le
"le démantèlement d'un réseau de plus de cent
ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkosy, et précédait
Roumains", d'énormes titre barrant les "une" des
justement sa venue très médiatisée à Nantes, cinq
journaux.
280 gendarmes
jours plus tard. Dirigée par le GIR (Groupement
L'effet était garanti auprès d’une population
d'Intervention Régionale), elle avait été comdéjà chauffée à blanc pendant l'été par le
et policiers
manditée par le procureur de la République et
déchaînement des médias sur "les prostituées,
le préfet des Pays de la Loire qui, dans une
voleurs, mendiants roumains", seules "réaraflent
lettre, avaient ordonné de contrôler la commulités" de la Roumanie qu'ils montrent. Par la
nauté roumaine, "devant la recrudescence des
suite, quand il s'est avéré que l'opération nan102 Roumains
vols à la tire et à la roulotte dans la région".
taise n'était que bluff et fiasco, aucun de ces
à l’aube. Seulement
Au cours des quinze jours de surveillance
journaux n'a eu la décence de le reconnaître.
précédents, la police n'avait guère constaté que
une poignée
des transferts de sacs poubelles dans un coffre
Le racisme n'est plus loin
de voiture. Au terme de son enquête, elle n'aura
sera poursuivie
saisi que des bouteilles de whisky, flacons de déoCette affaire, ainsi montée en épingle pour
dorants et autre maigres larcins de ce genre.
servir une ambition politique - peut importe qu'elle
soit de gauche ou de droite, puisque l'ancien ministre
socialiste de l'Intérieur, Daniel Vaillant, ne renie pas les
"Si un Roumain ouvre,
méthodes de son successeur de droite - et reprise sans discerinterpellez! Après, on verra…"
nement par les médias a des conséquences navrantes et palL'opération a provoqué des remous, notamment au SNOP
pables quotidiennement pour la communauté roumaine de la
(Syndicat National des Officiers de Police) qui a publié un
région nantaise, de plus en plus montrée du doigt.
communiqué dénonçant ce coup de bluff de la razzia chez les
Une jeune et charmante caissière d'une grande surface se
Roumains. Le SNOP a indiqué que " les policiers n'étaient pas
voyait souvent interrogée sympathiquement sur l'origine de
informés du contenu précis de la procédure et des objectifs de
"son joli accent" par ses clients. Aujourd'hui, lorsqu'elle dit
l'opération (…) le lieutenant-colonel dirigeant le GIR clamant:
qu'elle est Roumaine, les sourires se figent et la conversation
"frappez aux portes; si un Roumain ouvre, interpellez ! Après
s'arrête net.
on verra…".
A défaut de "délit de sale gueule", le racisme n'est plus
Le SNOP indique que les officiers de police nantais ont
loin, surtout si les autorités se laissent aller aux dérapages ou
été choqués par le résultat de cette affaire : "Bien qu'aucun fait
désignent du doigt les cibles. Début janvier, toujours à Nantes,
de vol à l'étalage reconnu par les Roumains mis en cause n'ait
une procureur, après avoir requis trois mois de prison contre
été rapproché de plaintes précises, neuf d'entre-eux ont été
deux Roumains qui avaient volé des parfums, a crû bon de
écroués". Quand à la garde à vue, elle s'est effectuée hors
rajouter : "Il faut endiguer ce phénomène de personnes, le plus
norme, les gendarmes enfermant une trentaine d'hommes et
souvent d'origine roumaine, qui viennent en France pour comfemmes dans 30 m2, toute une nuit, sans fournir la moindre
mettre des vols et alimenter des réseaux".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Coup de colère
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Tourisme
Parties
de chasse en Vâlcea
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Les organisations de chasseurs
ont compris l'intérêt qu'elles avaient
à faire connaître à l'étranger les possibilités qu'elles pouvaient offrir dans
ce domaine. Accidenté, couvert de
forêts, de vignobles, le judet de
Râmnicu Vâlcea est l'un des plus
attractifs, tant sa faune est abondante. Des groupes d'Italiens y viennent
fréquemment et repartent comblés
aussi bien par leurs tableaux de
chasse que par leur contact avec la
nature. Il n'est par rare de les voir
repartir avec une quarantaine de perdrix qu'ils paient 10 € pièce, une
vingtaine de faisans (60 €, 400 F) et
autant de lièvres (35 €, 230 F).
Leur séjour est encadré et guidé
par les associations locales qui
récupèrent ainsi environ 2000 € par
partie de chasse, argent censé être
utilisé pour la protection du milieu et
le développement des activités
cynégétiques.
52 projets financés
par la Wallonie
La région de Wallonie a décidé de
financer 52 projets de coopération
avec la Roumanie portant sur les
années 2003 et 2004. Les Belges
francophones vont consacrer leurs
efforts aux domaines de l'agriculture
et du tourisme rural, de l'emploi et de
la formation, de l'économie, du social
et de la culture. Des bourses seront
accordées pour des stages d'interprètes et de professeurs de français.
L'ouverture d'un centre d'études de
la Francophonie est envisagée.
La souffrance de Doïna, professeur
de français à Nantes, depuis 20 ans
"A force d'être martelés, les clichés sur
les Roumains s'imprègnent fortement
dans la conscience des Français"
D
ans un courrier publié par le quotidien Ouest-France, Doïna Le Noay
nantaise d'origine roumaine, professeur de français dans un lycée, et présidente de l'Association des Roumains de Loire Atlantique a réagi devant
les clichés accolés par les médias à son pays natal.
" Si j'ai pris la décision de m'adresser à votre journal ce n'est pas pour parler de la
chance que j'ai de vivre à Nantes depuis 20 ans, de faire un travail que j'aime, d'avoir
des collègues et des amis qui me sont chers. C'est que ces derniers temps, comme tous
les Roumains, je vis un état de malaise.
Nous en avons longuement débattu lors de l'assemblée générale de l'association
du mois d'octobre dernier.
Nous sommes des Français d'origine roumaine, des jeunes et de moins jeunes,
tous intégrés dans le monde du travail de la région, dans des domaines très divers : services, médecine, arts, artisanat, enseignement, etc. Nous participons à la vie sociale
par notre famille et par les activités de bénévolat. Ce qu'on appelle "la majorité silencieuse", qui n'a rien de sensationnel pour intéresser les médias.
Nous sommes riches de deux cultures que nous avons faites nôtres, et dont nous
sommes fiers, mais aujourd'hui nous sommes indignés, affligés, voire blessés.
De manière récurrente, presque obsessionnelle, les mêmes titres, les mêmes
images, devenus clichés, sur la Roumanie et les Roumains, s'imprègnent fortement, à
force d'être martelés, dans la conscience des Français.
Le cœur serré, nous reconnaissons que ces images sont réelles. Il y a beaucoup
d'enfants dans les orphelinats en Roumanie; il y a des Tziganes qui encombrent ici des
camps et des rues ; il y a aussi des Roumains qui, chassés par la fermeture des usines,
viennent chercher du travail en France et se font déloger par les équipes du GIR ; il y
a aussi ceux qui profitent de la misère et de la déroute de leurs concitoyens.
Voilà l'image que peut avoir aujourd'hui un Français qui n'a jamais été en
Roumanie pour apprécier l'hospitalité de ses habitants et l'authenticité de ses campagnes ou celui qui n'a pas eu l'occasion de connaître le patrimoine intellectuel et artistique légué par ses créateurs à la culture universelle.
"Quand elle est réductrice, une image peut devenir fausse"
Cela me rappelle une situation anecdotique, personnelle. Avant 1990, ma mère me
téléphonait parfois, sans objet précis apparent, juste pour se rassurer que j'étais bien
portante et surtout que je me trouvais bien à Nantes. C'est qu'à cette époque en
Roumanie les seules images qu'on donnait au journal télévisé sur la France étaient les
incendies de forêts du Midi, en été, et les "soupes populaires" de Paris, en hiver. Sales
images réductrices !
Est-il juste de bafouer vingt millions de Roumains à cause d'une minorité de
0,1 % ? Nous savons tous que les médias ont des exigences d'écoute, mais trop c'est
trop, et c'est pour cela que j'ai pris la plume.
Je ne peux finir sans rappeler le soutien moral et les encouragements que nous
avons reçus de la part des Français qui connaissent une autre Roumanie. Nous les
remercions et nous les assurons que, malgré tout, nous cultiverons les vertus ancestrales d'accueil et d'amitié chères à notre âme et à notre peuple.
Réunis pour fêter le Noël roumain le 21 décembre, en association, nous nous
sommes préparés pour mieux apprécier celui du 25 au sein de nos familles. Avoir deux
Noël, cela fait partie de notre chance".
Doïna Le Noay
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les restes du roi controversé
et d'Elena Lupescu rapatriés du Portugal en Roumanie
Politique
Après 63 années d'exil, Carol II retrouve sa terre natale
C
e début d'année a été marqué
par deux évènements forts pour
la famille royale roumaine.
Après un long processus judiciaire, la Cour
d'Appel de Bucarest a reconnu le fils naturel de Carol II (1893-1953) et de Zizi
Lambrino comme enfant légitime. Carol
Mircea Grigore Lambrino, né en 1921, est
donc considéré comme le demi-frère du Roi
Michel, qui a un an de moins. Cette décision pourrait avoir des conséquences quand au partage des
biens de la Couronne, dont le château de Peles (Sinaïa), la
famille royale s'efforçant actuellement de les récupérer auprès
des autorités. Dans un communiqué, elle a fait savoir qu'elle se
pourvoirait devant la Cour Suprême de Justice et que, en tant
que chef de la famille royale, le Roi Michel était le seul à pouvoir se prononcer sur les questions d'ordre dynastique.
Agé aujourd'hui de 82 ans et atteint d'un cancer, Carol
Mircea Grigore, n'a jamais montré de vraies prétentions dans
ce domaine, ce qui n'est pas le cas de son fils, Paul Lambrino,
qui se fait appeler le Prince Paul de Roumanie et a entamé une
série de procès pour faire reconnaître son titre, en 1990. Carol
II et Zizi Lambrino s'étaient mariés secrètement en 1918, alors
que la Roumanie était en guerre. Officier, le prince héritier
I
avait déserté pour aller faire célébrer son
union à Odessa, en Ukraine. A son retour, il
avait été arrêté et interné dans un monastère. Le mariage avait été annulé.
Quelques années plus tard, après son
mariage en 1921 avec Elena de Grèce et la
naissance de son second fils, le futur Roi
Michel, la même année, il tombait éperdument amoureux d'une aventurière, Elena
Lupescu, provoquant un énorme scandale
dans le pays. Il l'épousera en 1949, lors de son exil au Portugal.
Mort en 1953, il sera inhumé dans le caveau de la famille royale portugaise, sa femme l'y rejoignant en 1977.
Cinquante ans après la disparition de Carol et après 63 ans
d'exil, le gouvernement roumain a décidé de rapatrier les deux
corps, ce qui a été fait le 14 février avec l'accord de la famille
royale. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien roi et
une cérémonie religieuse s'est déroulée dans la crypte du
monastère de Curtea de Arges où son cercueil a rejoint ceux de
ses ancêtres, en présence de la Princesse Margareta, fille aînée
du Roi Michel, de son mari, et de plusieurs représentants du
gouvernement. Les restes d'Elena Lupescu ont, eux, été
enterrés discrètement dans le jardin du monastère, seule une de
ses nièces étant autorisée à assister à la cérémonie.
Les logements des centre-villes davantage taxés
ntroduite dans la confusion, en janvier, la réforme des impôts immobiliers, a
conduit les Roumains propriétaires de leurs logements à prendre d'assaut leurs perceptions et à faire d'interminables queues dans le froid, avant qu'elle ne rentre en
application. Cette précipitation a été particulièrement visible à Bucarest, où le conseil municipal a attendu la dernière semaine de décembre pour voter les nouvelles dispositions.
Selon les termes de cette réforme, et sous peine d'amende pour tout retard après le 15
mars, chaque propriétaire doit présenter un plan actualisé de son habitation et y mentionner
les éventuels balcons et garages, désormais imposables. Par ailleurs, dans les villes divisées
Incohérence et confusion ont conduit en quatre zones dégressives (A, B, C, D), suivant leur éloignement du centre, la zone cende nombreux Bucarestois à faire
une nouvelle fois la queue trale A, voit ses taxes relevées.
pour payer leurs impôts.
A Bucarest, cette disposition a entraîné de nombreuses protestations, les habitants des
blocs, étant plus fortement imposés que les résidents de certains quartiers périphériques huppés. Toutefois, les propriétaires de logements d’ immeubles de plus de 3 étages et 8 appartements bénéficient désormais d'un abattement de 10 %. Les propriétaires possédant une deuxième habitation verront leur impôt majoré de 15 % pour celle-ci, de 50 % pour la 3ème, de 75 % pour la 4ème et de
100 % au-delà. Les propriétaires d'espaces commerciaux devront acquitter une taxe spéciale. Enfin, les handicapés, les chômeurs,
les bénéficiaires d'aides sociales ou de certaines allocations, pourront être exemptés ou voir leur impôt immobilier réduit.
L
e gouvernement a arrêté les
taux d'imposition sur le revenu pour l'année 2003, en fonction de l'inflation prévisible. Pour les
revenus mensuels inférieurs à 2 100 000
lei (60 €, 400 F), l'impôt, retiré directement chaque mois sur les salaires ou les
Impôts sur le revenu 2003 : de 18 à 40 % des gains
pensions, est de 18 %. Jusqu'à 5 200 000
lei (150 €, 1000 F), il est de 378 000 lei
(11,3 €, 75 F) plus 23 % pour la somme
dépassant 2 100 000 lei.
Jusqu'à 8 300 000 lei (250 €, 1650
F), il est de 1 091 000 lei (30 €, 200 F)
plus 28 % pour la somme dépassant le
seuil de 5 200 000 lei.
Jusqu'à 11 600 000 lei (335 €, 2230
F), il est de 1 959 000 lei (58 €, 380 F),
plus 34 % sur la somme dépassant 8 300
000 lei. Au-dessus, il est de 3 081 000 lei
(90 €, 600 F), plus 40 % sur les sommes
dépassant 11 600 000 lei.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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CALARASI
A Cluj, on peut
parler chinois…
mais pas hongrois
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Le maire ultra-nationaliste de Cluj,
Gheorghe Funar, a décidé de faire
apposer des panneaux en bleujaune-rouge, les couleurs nationales,
à toutes les entrées de la ville, souhaitant la bienvenue et donnant des
indications en français, anglais, allemand, espagnol, russe et chinois… à
l'exception du hongrois, langue
parlée par 20 % de la population du
judet. Contestant ce pourcentage qui
déclenche automatiquement l'utilisation du bi-linguisme dans les rapports
de l'administration et des citoyens,
Funar, farouchement hostile aux
Hongrois, a décidé de ne pas appliquer cette disposition à l'égard de
ses administrés d'origine magyare.
“Pas touche” au
palais de Ceausescu
Anca Petrescu, la femme architecte qui a conçu le "palais de
Ceausescu" a porté plainte contre
les autorités roumaines qui ont
décidé, sans la consulter, d'en modifier intérieurement une aile pour y
installer un musée de l'Art contemporain dans l'un des 21 éléments qu'il
comporte, chacun d'entre eux représentant l'équivalent d'un immeuble
de six-sept étages.
L'architecte soutient que ce projet
va modifier considérablement l'harmonie de son oeuvre dont elle
détient les droits d'auteur. Anca
Petrescu considère également que
les 12 M€ (80 MF) destinés aux travaux pourraient être mieux utilisés en
créant, ailleurs, un véritable musée
personnalisé.
U
Les serviteurs de l'Etat
savent aussi se servir
Préfets… et hommes d'affaires :
un mélange des genres gênant
ne enquête du journal "Gardianul" dresse un tableau révélateur de la
fonction préfectorale en Roumanie. Les préfets, représentants des intérêts
de l'Etat, sont surtout défenseurs des leurs. Le quotidien estime qu'actuellement la moitié d'entre eux se sont constitués d'importantes fortunes, mélangeant allègrement leurs propres affaires et celles du judet qu'ils administrent, utilisant leurs
femmes comme prête-noms lorsqu'ils ne veulent pas apparaître directement. Sur les 41
judets que compte le pays, "Gardianul" a relevé 19 cas de préfets devenus de riches
entrepreneurs, certains faisant l'objet d'une procédure pénale.
Femmes et frères associés
A Constantsa, le préfet et son frère contrôlent pas moins de 18 firmes, dont l'une
a emporté le contrat exclusif de l'enlèvement et du traitements des ordures ménagères
de la ville, payé par celle-ci... et dont le budget doit être approuvé par la préfecture.
A Alba Iulia, c'est la femme du préfet qui contrôle une importante société dont
une branche pharmaceutique a servi de paravent pour une vente fictive d'alcool médicinal et toucher ainsi de l'Etat le remboursement des taxes.
A Oradea, le préfet, qui est aussi le patron du PSD local (Parti Social Démocrate,
au pouvoir) a tenté, en vain, de faire mettre en position éligible sur la liste de son parti
le fils de son prédécesseur, Adrian Tarau, afin qu'il puisse bénéficier de l'immunité
parlementaire et échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui, lesquelles lui
valent un mandat de recherche à Interpol.
A Slobozia, le préfet est un des grands propriétaires agricoles du judet et a réussi
à mettre la main sur la majorité des actions de la firme d'Etat Comcereal, lors de sa
privatisation. Il dispose de quatre énormes silos, desquels ont disparu 2500 tonnes de
blé appartenant à l'Etat. Le préfet-chef d'entreprise a mis en cause un de ses
employés... qui n'est autre que le fils du président de la Cour des Comptes du judet,
chargé de surveiller l'usage des fonds publics. Par ailleurs, ce même préfet est en cheville avec un riche entrepreneur impliqué dans une affaire qui a valu un préjudice de
2 M€ (13 M€) à l'Etat.
Le préfet d'Hunedoara contrôle plus
d'un tiers de l'économie de la vallée minière de Jiu
A lui tout seul, le préfet de Hunedoara contrôle plus du tiers de l'économie de la
vallée minière de Jiu et est à la tête d'un immense holding formé de ses nombreuses
sociétés. Longtemps dans l'ombre du leader des mineurs, Miron Cozma, condamné à
18 ans de prison et toujours incarcéré pour avoir déclenché une grève insurrectionnelle, il a fait fortune très rapidement. On dit qu'il est actuellement surveillé par le
gouvernement, mais ses affaires continuent à être prospères.
Le préfet de Iasi est l'un des plus puissants magnats de la filière de la boucherie
de toute la Moldavie; celui de Slatina possède un groupe de presse, ce qui lui permet
de mettre en relief son action et celle de son parti, le PSD. Ancien directeur adjoint de
la succursale locale de Petrom, la firme nationale de pétrole, le préfet de Ploiesti, au
cœur de la zone pétrolifère roumaine, détient un quart des actions de "Petro
Construct", chargée des constructions dans le domaine des hydrocarbures.
Les sociétés dirigées par la femme du préfet de Teleorman ont obtenu plusieurs
gros contrats de l'Etat ou des municipalités qu'il administre pour la construction de
deux immeubles à Alexandria (un million d'euros), du siège de la Direction
Départementale du Travail, pour d'importants travaux dans la mairie du chef-lieu... On
n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Tourisme
Connaissance et découverte
La Roumanie authentique
Sur un haut plateau, à 700 mètres d'altitude
la splendeur et la douceur de Lunca Ilvei se méritent…
A
vant de parler de Lunca Ilvei (judet Bistritala route de Vatra Dornei. Il est aussi possible d'organiser des
Nasaud), parlons de la route ! Dès Ilva Mica, vous
camps de vacances pour enfants et adultes.
serez découragés par les nids de poules, les fonEn hiver, le train spécial des skieurs vous amène à Lunca
drières, les passages à niveau
Ilvei depuis Ilva Mica ou
redoutables. Si vous y allez
Vatra Dornei. Location aux
par temps de pluie ou juste
gares de divers équipements :
après , à la sortie de Magura
ski, raquettes etc... Sept
Ilvei, vous serez effrayés par
pistes de ski de fond et de
une mare qui s'est formée
randonnée vous attendent
sous le pont du chemin de fer
ainsi qu'une école de ski, des
! Après votre surprise, n'hésibalades et randonnées en
tez pas: prenez à l' extrême
raquettes et en traîneau. La
gauche tout doucement, cela
situation de Lunca Ilvei fait
passe sans casse nous l'avons
que les alentours intéressants
fait, et puis...récompense, un
et faciles d'accès restent liés
peu plus loin une magnifique
aux activités de la montagne,
route
goudronnée
vous
mais elles peuvent vous
conduit à Lunca Ilvei. Fin du
mener loin !
voyage, c'est un cul de sac.
Randonnées pédestres de
Vous découvrirez alors un
un ou plusieurs jours avec
haut plateau situé à 700 m
guide: découverte des monts
d'altitude, bordé de douces
Bârgau et de Rodna dont les
Entre Maramures et Bucovine, la région de Lunca Ilvei, dans
le département de Bistrita, offre des points de vue superbes, comme icii sommets culminent à 2000
montagnes, c'est splendide.
le col de Tihuta, ainsi qu’une qualité de vie appréciée par ses visiteurs.
mètres, réserve naturelle de
Pietrosul à 2300 mètres, pics volcaniques du massif du
Un paradis pour randonnées
Caliman. Le centre équestre propose également une semaine
et balades, été comme hiver
de randonnée vers les Maramures ou la Bucovine.
Les atouts principaux de Lunca Ilvei sont sa nature, ses
infrastructures sportives hivernales et estivales ainsi que sa
Une pause idéale entre Maramures et Bucovine
situation sur le passage de la grande ligne de chemin de fer qui
traverse la Roumanie de Cluj à Iasi. Imaginez que la commuEn train ou en voiture (oubliée la mare !), vous ne regretne possède quatre gares: Lunca, Silhoasa, Larion et Gradinita,
terez pas d'être parvenus jusqu' à ce bout du monde, car s'ils
toutes desservies par les trains "Rapid" et "Accelerat". Pas
étaient tous comme celui-là, nous en redemanderions! En été,
besoin de voiture donc pour des vacances à Lunca Ilvei!
se laisser vivre au rythme des agriculteurs, éleveurs, artisans
En été, vous pouvez y faire des promenades sur des sendu bois, se ressourcer dans la nature, monter à cheval et galotiers balisés, des visites de bergeries, d'une source d'eau ferruper par monts et par vaux. En hiver, pour les fans de ski de
gineuse, des balades en vélo tous terrains (location sur place).
fond et de grands espaces blancs, de silence, c'est le pied… et
Pêche, cueillette de fruits des bois et de plantes médicinales
si en plus vos hôtes ont la bonne idée de faire venir des musipeuvent également figurer au programme.
ciens pour vous faire une aubade autour d'un feu de bois, que
demander de plus ? Lunca Ilvei n'est pas un village étape, il
faut y rester plusieurs jours, prendre des vacances, où alors
Traîneaux et train
pourquoi pas une pause de 3 ou 4 jours entre la visite du
spécial des skieurs de fond
Maramures et les monastères de la Bucovine. Une vingtaine de
Au centre équestre, tenu par un anglais, vous pourrez
maisons ou chalets peuvent vous héberger (voir auprès de
prendre des cours d'équitation, faire des balades à cheval.
Ieronim Somesan, responsable OVR ou Iulia Vâsies, responStephen organise également des randonnées de plusieurs jours,
sable du tourisme, tel: (00 40) 263 37 80 92 ou 263 37 80 60.
à cheval et en calèche, par exemple jusqu'à l'hôtel Dracula sur
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea
Turistica Au pays des villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en
couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 €
(port compris) à son ordre.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
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Une survivance de l'ère communiste
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Enterré à Sighisoara,
"Dracula Park"
ressurgit à Bucarest
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La double tarification dans les hôtels
Lancé voici maintenant près de
deux ans et ayant essuyé de nombreuses critiques, le projet de parc
d'attractions sur le thème de Dracula,
à Sighisoara, ville où a longuement
séjourné Vlad Tepes, qui a donné
naissance à la légende du vampire,
a vécu. Ainsi en a décidé l'assemblée des actionnaires, convoquée fin
janvier. Le parc sera installé dans le
secteur résidentiel du lac Snagov, à
une vingtaine de kilomètres au nord
de la capitale, près d'un monastère
où est conservé le cœur du voïvode.
Le premier projet, bouclé à la vavite par le ministre du Tourisme Dan
Matei Aghaton, sans réelle étude de
faisabilité, positionné sur un terrain
n'ayant fait l'objet d'aucune étude de
sol préalable et qui s'est avéré
impropre à la construction, avait soulevé les oppositions de l'UNESCO,
désireuse de protéger l'environnement du site de la ville médiévale fortifiée, du prince Charles d'Angleterre,
et suscité les réticences du Président
Iliescu ainsi que du Patriarche de
l'Eglise orthodoxe, Teoctist.
Finalement ses initiateurs se sont
repliés sur les propositions du cabinet de consultants Pricewaterhouse
Coopers privilégiant l'implantation du
site à Bucarest, son étude faisant
état d'une fréquentation d'un million
de visiteurs par an, contre 620 000 à
Sighisoara, l'hypothèse d'une installation à Constantsa, sur les bords de
la Mer Noire, étant également abandonnée. L'ouverture du parc est toujours prévue en 2004, ce qui laisse
un délai rendant sceptique de nombreux observateurs.
D
ans un courrier à la suite de notre article "Chers hôtels de la capitale" (Les
Nouvelles de Roumanie, n° 15, page 43), Jean-François Ragot réagit en
faisant part de son exaspération devant une survivance du communisme :
la double tarification.
"Je voudrais revenir sur votre article concernant le logement à Bucarest. Il n'est
qu'une des facettes du logement hôtelier en Roumanie, avec le maintien de la double
tarification; une locale, pour les Roumains ou "résidents", une seconde pour les étrangers ou "non résidents". Cette situation anormale, voire scandaleuse, doit être
dénoncée car peu conforme aux critères d'appartenance à l'UE. Si on accepte ce principe discriminatoire, pourquoi ne pas faire un tarif "spécial" restaurant, essence, achat
de biens divers, etc…
La meilleure manière de mesurer cette discrimination de type "soviétique" ou
"africaine" est de consulter les sites en roumain ou les agences de voyage roumaines.
Nous constatons ainsi que l'étranger est pris pour un pigeon. Le ministère du
Tourisme, sous la pression de l'UE s'il le faut, serait bien inspiré de remettre de l'ordre
dans ces pratiques d'un autre âge".
Pour appuyer ses dires, Jean-François Ragot, qui pratique la Roumanie à titre professionnel depuis 1987, fournit des exemples édifiants, trouvés notamment sur le site
eTurism : à Brasov, Sibiu, Bran, des hôtels sont proposés à moitié prix aux Roumains,
quelque soit la période de l'année. Ces établissements se gardent bien d'ailleurs d'afficher ces tarifs à leur réception. La célèbre auberge Hanul lui Manuc de Bucarest, elle,
ne cache même pas la couleur : sa publicité indique noir sur blanc qu'un étranger doit
payer 37 € pour une chambre double ou simple, et les Roumains, 18 €.
Même si cette pratique s'est un peu atténuée depuis la chute du communisme - A
Tulcea, en 1990, une chambre était facturée 75 € à un occidental, et la même, pour
son interprète roumain, 5 € - il n'en demeure pas moins qu'elle perdure, mais de façon
dissimulée. Outre le fait que ces tarifs sont déjà disproportionnés, vue la qualité du
service offert - literie vieillotte, robinetterie défaillante, confort approximatif - ils sont
aussi contre-productifs en dissuadant les touristes de venir, dans un pays qui doit faire
face à d'autres handicaps : éloignement, état des routes, manque de services.
L'Espagne, en son temps, a bâti sa réputation et a fait du tourisme une des clés de
son économie en faisant profiter les étrangers de ses prix sans concurrence, quitte à les
relever en même temps que le coût de la vie augmentait. La Hongrie, pourtant plus
développée que la Roumanie, pratique des prix d'hôtellerie inférieurs à sa voisine.
L'hôtel Bulevard de Sibiu fermera
prochainement pour rénovation
L
'hôtel "Bulevard", deux
étoiles, de Sibiu, très connu
des touristes, fermera ses
portes, au plus tard à l'automne, pour
des travaux de rénovation d'une durée
indéterminée, visant à le transformer
en hôtel quatre étoiles pratiquent des
tarifs trois étoiles. Au terme de quatre
ans de procès et de nombreux rebondissements, le propriétaire des murs a retrouvé la jouissance de son bien qui lui avait
été confisqué sous le communisme. Il en a immédiatement cédé la concession pour 49
ans et un loyer mensuel de 12 000 € (80 000 F) à la chaîne hôtelière Continental, qui
a pour charge de le rénover et possède déjà un établissement dans la cité. Situé en
plein centre de Sibiu, et comportant 132 chambres, l'hôtel est l'un des plus vieux
immeubles de la ville et n'avait pas été restauré depuis près d'un siècle.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
Malgré un rythme lent et des échecs, les privatisations se poursuivent
55 % de l'économie aux mains des capitaux privés
B
usines d'aciers spéciaux de Târgoviste, Alro Slatina, Alprom
ien qu'elles se soient développées à un rythme lent,
Slatina, Promex Braila, Nicolina Iasi, le chantier naval de
les privatisations ont touché 259 entreprises et rapConstantsa, les usines de soude de
porté 127 M€ (840 MF)
Govora, Romvag, Caracal, Bicapa
à l'Etat roumain, en 2002. Le capital
Târnaveni… Plusieurs autres sont en
privé représente désormais 55 % de
négociation : Tractorul Brasov,
la propriété économique en
Rulmentul Brasov, Industria Sarmei
Roumanie et assure 69 % du PIB
Campia Turzii, Nitramonaia Fagaras,
contre 31% pour les sociétés d'Etat.
Uztel Ploiesti, Mecanica Marsa,
Pas suffisamment attractives,
Urbis Armaturi Sanitare.
plusieurs sociétés n'ont pas trouvé
Certaines grosses sociétés n'ont
preneurs dans cette première tranche
pas
encore
été présentées à la privatiqui doit être bouclée à la fin de ce
sation
par
l'APAPS
(Autorité pour la
semestre, dont la BCR (Banque
Privatisation
et
l'Administration
des
Commerciale Roumaine), la princiParticipations
de
l'Etat),
organisme
pale banque du pays pour laquelle
L’usine de camions et engins utilitaires
aucune offre sérieuse n'a été faite.
“Roman Brasov” devrait faire partie chargé de cette opération : l'usine de
d’une prochaine vague de privatisation. camions Roman Brasov, Siderurgica
D'autres ont dû s'y reprendre à pluHunedoara, Faur Bucuresti, Griro Bucuresti, Timpuri noi…
sieurs fois avant de trouver chaussure à leur pied. C'est le cas
Une seconde étape, à partir de juillet prochain, devrait
de Aro Câmpulung (constructeur de 4x4), Rocar Bucarest
faire entrer dans ce processus d'autres mastodontes d'Etat
(constructeur d'autobus), Carom Onesti, Celhart Donaris,
comme Iaifo Zalau, Tubinox Bucuresti, Energoutilaj
Electroputere Craiova, Moldosin Vaslui.
23 très grosses sociétés, dont 15 employant plus de 1000
Bucuresti, Helitube Bucuresti, Unirea Cluj, Caromet
Caransebes, Giurgiu Nav, URB Rulmenti Suceava…
personnes étaient offertes à la privatisation. Parmi elles : les
22
9
Croissance : "The Economist"
moins optimiste que le gouvernement
D
ans un article paru début janvier, la revue britannique "The
Economist" tempère les prévisions optimistes du gouvernement
roumain sur la croissance espérée en 2003, qu'elle ramène à 4,6 %
au lieu des 5,2 % annoncés, du fait du ralentissement économique aux USA et
en Europe, principaux débouchés commerciaux de la Roumanie. Le journal
table sur 5 % l'année prochaine si l'économie mondiale repart et à condition que
Bucarest accélère ses réformes de structures.
De la même façon, "The Economist", qui base ses prévisions sur les analyses de son institut d'études, estime que le déficit budgétaire de la Roumanie,
pour cette année, ne se situera pas à 2,65 % du PIB, pour s'y stabiliser par la
suite, mais atteindra 3,1 % à cause de la majoration des salaires du secteur
public, de l'instauration du Revenu minimum garanti et de la baisse des rentrées
de cotisations sociales. En 2004, année des élections générales, ce déficit
devrait même passer à 3,4 % avec l'augmentation à attendre des dépenses
publiques.
Par contre, le niveau du taux d'inflation prévu par le gouvernement - + 14
% - lui paraît plausible et même souhaitable, une décélération plus importante
(+ 12 %) pouvant casser la croissance. Ces perspectives amènent la revue britannique à se demander si la Roumanie sera prête pour adhérer à l'UE en 2007,
notant - avec un euroscepticisme bien britannique - que les difficultés que ne
va pas manquer de provoquer l'adhésion de dix nouveaux membres en 2004 risquent de retarder de plusieurs années celles de Bucarest et Sofia.
Enfin, "The Economist" engage la Roumanie à multiplier les efforts, dans
les deux années à venir, pour se montrer plus attractive à l'égard des capitaux
étrangers et rattraper ainsi les 3 milliards d'euros (20 milliards de F) de déficit
d'investissements enregistrés ces dernières années par rapport à la Bulgarie.
+ 17,8 % : sérieux coup
de frein sur l'inflation
A
près + 30,3 % en 2001, les prix ont
augmenté de 17,8 % en 2002, soit
+ 1,4 % par mois, ce qui montre
une décélération importante de l'inflation. Les
services sont les principaux responsables de la
hausse (+ 21 %), devant les produits courants
(+18,8 %) et les produits alimentaires (+15,8
%). Fort de ce succès, le gouvernement table
sur une inflation de 12 à 14 % pour l'année en
cours. Il est à noter toutefois que les chiffres
annoncés dans ce domaine par les pouvoirs
publics roumains sont toujours révisés à la
hausse par les organismes internationaux.
L'euro,
monnaie de référence
L
'euro est devenu la monnaie de référence de la Roumanie, qui effectue
les 2/3 de son commerce extérieur
avec les pays de l'UE, ce 1er mars. Cette mesure a été prise par la Banque Nationale
Roumaine à la demande de la Banque Centrale
Européenne. La Roumanie était le dernier des
pays candidats à l'UE à conserver le dollar
comme monnaie de référence.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
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ORADEA
BAIA MARE
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z
ARAD
CLUJ
z
SUCEAVA
TARGU
MURES
z
IASI
z
z
BACAU
z
z HOGHIZ
z
DEVA z
z
GALATI
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SIBIU
TIMISOARA
z
BRASOV
TARGU JIU
BRAILA z
z
PITESTI z
MEDGIDIA
CRAIOVA
z
„
BUCAREST
z
z
MANGALIA
Lafarge a mis le cap
sur la protection
de l'environnement
et la formation
22
10
Lafarge, numéro un mondial du
ciment, a investi 20 M€ dans son
usine de Medgidia et 17 autres dans
celle de Hoghiz pour la protection de
l'environnement. Le groupe français a
fait également des efforts importants
dans le domaine des ressources
humaines, concernant aussi bien le
personnel licencié que celui qui restait. Quand il est arrivé en Roumanie,
la production sur place était assurée
par 8000 personnes alors qu'elle
équivalait à celle de 800 dans les
autres pays d'Europe.
La firme a fait appel aux départs
volontaires, proposant deux ans de
salaire, une formation ou bien un
appui à ceux qui voulaient ouvrir leur
propre affaire, ce qui a été rarement
le cas. Lafarge a toutefois créé la
première pépinière privée d'entreprises de Roumanie à Medgidia,
offrant conseils et locaux. A Târgu
Jiu, au cœur de la région déshéritée
des mineurs, elle a encouragé un de
ses anciens ingénieurs à monter un
atelier de réparation et d'entretien
mécanique destinée à ses propres
usines. L'affaire marche et emploie
90 anciens du groupe.
Par ailleurs, le cimentier a entrepris une requalification du personnel
restant, comprenant aussi des cours
d'anglais et français, les deux
langues de Lafarge, pour tout le
monde. Ses spécialistes ont été
envoyés pour des stages dans
d'autres unités à l'étranger et sont
revenus en Roumanie après plusieurs mois de formation.
Les pays candidats à l'UE
de plus en plus attractifs
A
vec leur société de consommation en émergence, moins bien équipée que
leurs voisins d'Europe Occidentale, les douze pays de l'Est candidats à
l'UE constituent une réelle opportunité économique et intéressent de plus
en plus les entreprises françaises, comptant un potentiel de plus de cent millions de
consommateurs. Autre atout de taille à leurs yeux : leur main d'œuvre encore bon marché. Plusieurs industriels, notamment dans le textile et l'électroménager y ont
d'ailleurs délocalisé leur outil de production depuis quelques années.
Mais si la plupart des grandes entreprises industrielles et de services françaises
ont une très bonne présence à l'Est, en revanche, les entreprises moyennes, à l'exception de l'industrie agro-alimentaire, sont souvent en retard par rapport à leurs concurrentes allemandes. Les banques françaises sont aussi dans ce cas, largement supplantées par les banques allemandes, autrichiennes et italiennes, malgré la présence de
la Société Générale qui a racheté la BRD (Banque Roumaine de Développement), la
Komercny Banka tchèque, la SKB slovène, et l'Express Bank bulgare.
Cependant les taux de croissance attractifs qu'enregistrent les pays de l'Est, les
opportunités économiques qu'ils offrent, ne doivent pas faire oublier certaines zones
d'ombre, au premier rang desquelles le fonctionnement opaque des affaires avec leurs
pratiques de pots de vin et de corruption généralisées à toute la région, et le risque d'instabilité politique. Si pour ce dernier, l'entrée dans l'UE devrait calmer les choses dans
la décennie, pour les premières il faut plutôt parler en terme de générations.
La France au premier rang en Roumanie et Pologne
Au total, en 2000, on comptait 1650 filiales d'entreprises françaises dans les douze
pays candidats à l'UE. En Roumanie, la France est traditionnellement le premier investisseur étranger, en particulier grâce à France Télécom qui a investi 400 M€ (2,6 milliards de F) pour la mise en place d'un réseau de téléphonie mobile et Renault qui a
payé 270 M€ (1,8 milliards de F) pour reprendre et moderniser le constructeur Dacia.
En Pologne, la France est également le 1er investisseur, mais depuis 2000.
Danone, France Télécom, Total-Elf-Fina, LVMH, Pernod-Ricard, y ont investi 10 milliards d'euros (65 milliards de F), devant les Américains, (8 milliards d'euros) et les
Allemands (7 milliards d'euros). Quand un Polonais fait ses courses dans une grande
surface, il y a de bonnes chances qu'il aille chez Carrefour, Auchan et Casino.
Faiblement présente en République Tchèque dans les années 95 (5 % des investissements étrangers), la France y comble son handicap, grâce surtout au contrat signé
par Vivendi pour la gestion des eaux de Prague, et la Société Générale. Sa part est
passée à 30 % et elle est remontée du 6ème rang au 4ème, derrière l'Allemagne, les
Pays bas et l'Autriche, malgré un tassement de sa position en 2002, GDF et EDF ne
réussissant pas à emporter les marchés de la distribution du gaz et de l'électricité.
En Hongrie, la France figure à la 3ème place, derrière l'Allemagne (un tiers des
investissements étrangers), les Etats Unis (un quart), ex aequo avec l'Autriche (10 %).
En revanche, en Slovaquie, la France n'arrive qu'en 7ème position et sa présence est
très faible dans les pays baltes.Un constat s'impose : lorsqu'ils rachètent une entreprise publique privatisée, les Français n'hésitent pas à supprimer de nombreux emplois,
comme Renault lors de la reprise de Dacia. En cinq ans, le constructeur a prévu de
réduire les effectifs de l'usine de Pitesti de 40 %, passant de 27 000 à 16 000 employés.
Paris, 3ème partenaire commercial de Bucarest
E
n 2002, les échanges commerciaux entre la France et la Roumanie se sont
montés à 2 milliards d'euros, soit près de + 15 %, se partageant pratiquement à moitié entre importations et exportations. Entrant pour 7 % dans la
balance commerciale de la Roumanie, l'Hexagone se situe en 3ème position, derrière
l'Allemagne et l'Italie. 2767 sociétés mixtes ont été formées entre les deux pays.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Des paysans contraints de s'agenouiller
et de prier devant le portrait de Staline
Le pays connaît l'une des pages les plus sombres de son
histoire, qui va durer 3-4 mois. Mais opportunément, pendant
cette période, Ana Pauker est partie à Moscou faire soigner un
cancer du sein. Elle a laissé les rênes à Alexandru Mogyorosi.
Pourtant à son retour, non seulement elle continue la répression mais elle va l'aggraver en 1950. Dans de nombreux judets,
les paysans qui refusent la collectivisation sont conduits la nuit
devant les conseils populaires qui ont remplacé les mairies; ils
sont battus, injuriés, pendus par les pieds, mis nus dans des
chambres frigorifiques, forcés de lire à haute voix et de commenter pendant des heures la brochure "Les problèmes du
léninisme". Ana Pauker ordonne qu'ils s'agenouillent devant le
portrait de Staline et prient pour que celui-ci leur fasse comprendre "la voie lumineuse" du communisme et de l'URSS.
L'agriculture roumaine ne
se relèvera pas de ce cataclysme qui a conduit les campagnes du pays à l'état d'arriération que l'on peut toujours
constater aujourd'hui. En
novembre 1961, lors du plénum du comité central du
Parti, Nicolae Ceausescu dira :
"Ana s'y connaissait en agriculture… comme la poule avec
l'alphabet; elle ne savait
même pas faire la différence
entre le blé et le seigle".
Connaissance et découverte
Moghiorosi, Emil Bodnaras, membres éminents du Parti, et
Alexandru Draghici qui a ouvert, entre autres, le goulag du
canal, la prison de Sighet, veut se débarrasser de sa rivale pour
avoir la main mise totale sur le pays. Il sait qu'il peut désormais compter sur l'appui de Staline, revenu à de meilleurs sentiments à son égard; Ana Pauker est tombée peu à peu en disgrâce auprès du maître du Kremlin qui s'apprête à lancer une
terrible répression contre les juifs après avoir inventé de toutes
pièces le "complot des blouses blanches", ces médecins qui
auraient tenté de l'éliminer, lui et la nomenklatura du Parti.
Arrêtée en 1952 et sauvée
par la disparition du “Petit Père des peuples”
Ana Pauker est arrêtée en 1952 et, comme les autres satellites de l'URSS, la Roumanie s'apprête à vivre son procès stalinien. Avec son groupe, elle est accusée de déviationnisme de
droite en ayant suscité une
ligne "anti-parti" pour
déconsidérer celui-ci auprès
de la population et de l'opinion internationale par la violence des répressions qu'elle
a menées… lesquelles ont
pourtant été approuvées et
encouragées par le groupe
Dej. Mais elle est également
taxée de déviationnisme de
gauche et de cosmopolitisme… accusation qui flaire
l'antisémitisme.
Condamnée lors du procès des communistes de Craïova, en 1936,
Au cours de ses interroAna Pauker passera quatre ans en prison, sous Carol II, avant
d’être échangée contre un patriote roumain, prisonnier des Soviétiques. gatoires, Ana Pauker reproMusiciens et poètes
chera au Parti d'utiliser les mêmes méthodes… que la
composent des hymnes à sa gloire
Siguranta, la police secrète de l'ancien régime ! La chance est
cependant avec elle. Staline meurt subitement, le 5 mars 1953,
Arrivée au faîte de sa puissance, Ana Pauker commence à
avant la fin du procès, qui trainera en longueur. Apprenant la
singer le culte de la personnalité de son maître. Elle incite des
nouvelle, la prisonnière éclate en sanglots ce qui fait s'exclamusiciens et des poètes, Anatol Vieru, Dumitru Corbea, etc., à
mer candidement Moghiorosi, ancien camarade devenu advercomposer des hymnes à sa gloire qui seront chantés dans les
saire : "Ne pleure pas. Si Staline était encore vivant, tu serais
écoles, dès la maternelle, les usines, les meetings politiques
bientôt morte !".
(obligatoires), les chantiers de jeunes. On y scande :
Ana Pauker, Gheorghiu Dej
Scapa tara de burgheji
Stalin si poporul rus
Libertate ne-au adus
Osana lui Stalin
Osana tovarasei Ana
Ana Pauker, Gheorghiu Dej
Sauvent le pays des bourgeois
Staline et le peuple russe
Nous ont apporté la liberté
Gloire à Staline
Gloire à la camarade Ana
Plus dure sera la chute
Mais c'est le chant du cygne. L'appétit du pouvoir a peu à
peu dressé deux clans l'un contre l'autre au sein du Parti. Ana
Pauker compte parmi ses alliés, des figures marquantes du
communisme, Vasile Luca et l'ancien ministre de l'Intérieur,
Teohari Georgescu.
Futur secrétaire général du Parti et futur dictateur du pays
jusqu'à sa mort en 1965, Gheorghiu Dej, flanqué de Alexandru
Morte dans son lit… comme son maître
Finalement, après quelques mois en prison - pour la quatrième fois de son existence - Ana Pauker et son groupe seront
démis de leurs fonctions et exclus du parti. Assignée à résidence, elle sera soumise à enquête jusqu'en 1956 et continuellement surveillée, mais pourra vivre avec sa famille. A partir
de 1957, elle occupera un poste subalterne aux "Editions politiques", sous les ordres de Walter Roman, le père de Petre
Roman, faisant des traductions en français et en allemand, et
gagnant correctement sa vie (1500 lei par mois).
Atteinte d'un cancer au poumon, elle décèdera le 3 juin
1960, à l'âge de 67 ans, poussant sa dévotion pour Staline jusqu'à mourir comme lui… dans son lit. Un exploit rarissime à
l'époque.
Nichita Sîrbu
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Le grand poète et philosophe Lucian Blaga
condamné à balayer les caniveaux de Cluj
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BAIA MARE
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z
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BRAILA
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PLOIESTI
„
BUCAREST
CONSTANTA
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"Pire que la Siguranta"
"Vous arrêtez quelqu'un; vous le
traitez d'espion, vous le brutalisez
par des méthodes que je n'ai jamais
connues dans aucune prison, même
à la Siguranta (police secrète de l'ancien régime); vous l'insultez, l'humiliez, jetez ses enfants hors de chez
lui… sans oublier de dire "Excusezmoi" comme si vous lui aviez marché
sur les pieds "…
42
22
Economie
Grief d'Ana Pauker à l'encontre de
ses anciens camarades communistes, devenus ses juges, lors de
son procès, en 1952.
"Un serpent fascinant"
"Une grosse et forte femme, une
tignasse grise courte et en désordre,
un regard bleu sauvage sous des
paupières qui tombent, un sourire
fascinant que ne pouvait cacher sa
lèvre supérieure débordant sur son
menton… tout en elle révélait un
forte personnalité. J'ai toujours pensé
quand je la voyais qu'elle était un
boa constrictor qui venait d'avaler sa
proie et qui n'était pas pressé de
vous manger. Lourde et empruntée,
elle avait l'aspect repoussant et terriblement fascinant d'un serpent. A
simplement la regarder, je pouvais
très bien me l'imaginer en train de
dénoncer son mari, qui sera fusillé
plus tard. Je compris par quelle froide et déshumanisée volonté elle
avait atteint les sommets du pouvoir".
Portrait d'Ana Pauker par la princesse Ileana de Roumanie (19091991), tante du Roi Michel, (I live
again, Je revis, Edition Golancz,
Londres, 1952).
Chargée de la réorganisation des structures de l'Etat à tous les niveaux, et
considérée comme une intellectuelle malgré son maigre bagage en la matière, Ana
Pauker joue aussi un rôle de premier plan dans la "purification culturelle" du pays,
menée en même temps. Le but est simple : il faut éliminer l'élite et la remplacer par
une nouvelle caste, créée de toutes pièces par le PCR, dont elle-même fait partie avec
le ministre de l'Intérieur et qui ne compte que des opportunistes : Iosif Chisinevski,
Leonte Rautu, Mihai Roler. Toute liaison avec la culture occidentale est interdite En
1949, le régime annulera l'accord culturel passé avec la France, onze ans plus tôt.
Prison avec parfois la mort au bout, intimidations, harcèlements, mises à l'écart
vont sinistrer durablement la brillante culture roumaine. Professeur à l'université de
Cluj, le grand poète et philosophe Lucian Blaga, universellement connu, proposé pour
le Prix Nobel, est envoyé au "munca de jos" ("travail d'en bas"). Devenu ouvrier, il
est chargé par la mairie, à plus de 60 ans, de balayer les caniveaux de la ville, dont
ceux de la place centrale qui porte aujourd'hui son nom. Ses étudiants se relaieront la
nuit pour effectuer sa tâche. Plus tard, il sera confiné dans un poste de bibliothécaire.
Ami de Matisse, le peintre Theodor Pallady est totalement isolé à son domicile,
sans contacts extérieurs, à cause de son refus de respecter les "canons artistiques" du
stalinisme. Le poète Tudor Arghezi, consacré par des prix prestigieux à l'étranger, est
interdit de publication et vendra des cerises ou des pommes pour survivre. Quand à
l'historien Gheorghe Bratianu, il mourra en prison des suites de mauvais traitements.
Prudente sur la collectivisation
car effrayée par l'expérience soviétique
Ana Pauker s'efforce d'étendre son emprise sur le pouvoir. Alors qu'elle a 52 ans, elle
tentera même d'élargir son
influence jusqu'au jeune roi
Michel, 23 ans, encore célibataire et toujours chef de l'Etat, en
essayant en vain de le séduire.
Après un court passage à la tête
du ministère des Affaires
étrangères, en 1947, où elle servira la voix de son maître Staline,
Ana Pauker va devenir le personVictimes d’une purge, Vasile Luca et Teohari
Georgescu tomberont en même temps qu’Ana Pauker.
nage central d'un des épisodes les
plus terribles que la Roumanie ait connu. Ministre de l'Agriculture, en 1948, dans un
pays où la paysannerie constitue encore 80 % de la population, elle a en charge la collectivisation en masse des campagnes imposée par Moscou. Pourtant, elle est prudente, non par humanisme mais pour s'assurer de la réussite de cette entreprise. En 1930,
en stage à l'école du léninisme de Moscou, elle a fait partie d'une délégation chargée
de contrôler dans la région de la Volga, la collectivisation forcée décidée par Staline.
La famine qui en a résultée, la révolte des paysans russes, l'ont effrayée. Elle a assisté
aux arrestations massives, aux déportations, aux exécutions sommaires auxquels le
pouvoir procède dans des proportions hallucinantes, pour venir à bout des résistances.
Mais le plénum du comité central du Parti de mars 1949, décide de passer outre
ses réserves, supprime d'un coup de plume la grande réforme agraire de 1945 qui avait
permis à des centaines de milliers de familles d'agriculteurs de devenir propriétaires
de leurs champs et ordonne la confiscation des terres, tout en laissant croire aux paysans qu'ils sont libres de leur choix. Pour mener à bien son projet, le pouvoir mobilise des forces énormes de la milice (police), de la Securitate, appelle à la rescousse
l'Armée, recrute des mouchards sur place. Dénichés en ville, des délinquants issus de
la pègre viennent terroriser et brutaliser les récalcitrants.
Actualité
Les "dragons" coréens peinent à changer la mentalité des ouvriers
du chantier naval de Mangalia, repris par Daewoo en 1997
Gymnastique matinale contre tsuica
z
SUCEAVA
TARGU MURES
z
ARAD
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
E
n 1997, Daewoo a repris le chantier naval de
Mangalia, quasiment en état de faillite, acquérant
51 % des parts. A cette époque, seulement un
bateau par an sortait de ses cales et 25 étaient en réparation. En
2001, le chantier de Mangalia en a construit 54 et réparé 30. Il
emploie 3500 personnes et en fait vivre 2500 autres dans des
entreprises en sous-traitance.
Avant l'arrivée du géant coréen, le matériel et l'outillage
étaient à l'état d'abandon, les ouvriers ne recevaient pas leurs
salaires, restaient les bras ballants, fumant une cigarette,
buvant une tsuica, attendant les ordres.
Quand ceux-ci arrivaient, ils n'étaient pas
exécutés, de peur de faire des bêtises.
Aujourd'hui, un soudeur gagne 7,5 millions de lei net (230 €, 1500 F), soit plus
de deux fois le salaire moyen, un contremaître, 12 millions de lei (365 €, 2400 F).
mesures de sécurité, les cadres ne montraient pas l'exemple.
Personne n'attachait son harnais de sécurité quand il fallait
effectuer un travail en hauteur, ne portait son casque de sécurité ou son masque de protection pour souder. Des contrôles
effectués post-mortem à la morgue, sur des ouvriers qui s'étaient tués en tombant d'un échafaudage relevaient souvent des
taux d'alcoolémie supérieurs à deux grammes…
Un an après son arrivée, la direction a créé une police de
la sécurité de douze hommes qui patrouille à travers tout le
chantier, relevant les infractions. Celui qui est surpris pour ne
pas avoir respecté les consignes, reçoit un
carton jaune. Il ne lui sera retiré que s'il ne
commet pas d'autres fautes dans les trois
mois. Mais, là encore, il a fallu adapter le
règlement à l'esprit local. Alors qu'en
Corée, l'avertissement suivant conduit
immédiatement à un carton rouge, entraînant une retenue sur salaire de 10 %… à
Mangalia, celui-ci n'est attribué qu'au
"Un talent extraordinaire pour
troisième. La sécurité s'est toutefois notane pas faire le boulot demandé"
Le choc des cultures sur les chantiers de
Mangalia a surpris tout autant les travailleurs blement améliorée, même si l'on voit touroumains que les commanditaires Coréens. jours des contremaîtres chargés de la forTout, pourtant, est loin d'être rose sur
le chantier… surtout pour les Coréens qui s'arrachent souvent
mation des jeunes soudeurs se balader en tennis, alors que des
les cheveux. Les trois premières années, plutôt que de partir à
bottes de protection métalliques sont exigées.
la conquête du marché mondial, la nouvelle direction du chantier s'est échinée à convaincre les ouvriers à se mettre au tra"Souffler dans le ballon" avant l'embauche
vail. Plusieurs centaines d'entre eux ont été envoyés en formation en Corée du Sud, sur le chantier mère du port de Okpo, qui
Quant à l'alcool, la mesure prise a été radicale. Le chantier
compte 11 000 employés. De nombreux autres y sont encore.
s'est équipé d'éthylomètres identiques à ceux de la police et les
Pour autant, les ouvriers de Mangalia n'ont pas acquis
ouvriers sont contraints de "souffler dans le ballon" avant
cette discipline et ce sens de l'effort qui ont fait du "Pays du
d'embaucher. Ceux qui sont pris en état d'ébriété sont immématin calme" un des "dragons" de l'économie mondiale. La
diatement renvoyés.
relation au travail y est toute différente. "Ici, j'ai découvert
Les employés ont dû aussi se soumettre sans trop discuter
qu'on avait un talent extraordinaire pour ne pas faire le bouà une pratique typiquement asiatique. Ils sont tenus d'arriver
lot demandé. Il doit bien exister 6000 motifs pour ne pas l'exédès 7 h 30, une demi-heure avant l'embauche, de nettoyer les
cuter" confiait un cadre coréen à un journaliste
lieux de leur travail et, le quart d'heure suivant, de se livrer à
d'"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour").
une séance de gymnastique et d'étirements, ce que les jeunes
La journée de travail commence à 8 h pour s'achever à 16
ont maintenant assimilé… les vieux rechignant toujours à exéh 30, avec une pause déjeuner d'une demi-heure. Mais, trois
cuter ces mouvements d'extension et de génuflexion inspirés
quarts d'heure avant la fin, les ouvriers se dirigent déjà vers la
d'un autre univers. Les trois premiers mois, le rythme était
sortie. Il a fallu instaurer un appel avec retenue sur le salaire
donné par hauts-parleurs… en coréen.
en cas de départ prématuré pour limiter le phénomène.
Autre comportement qui déroute totalement les Asiatiques
Tarom négocie son
: les innombrables vols de matériel sur le chantier, comme s'il
adhésion à l'alliance SkyTeam
s'agissait d'un sport. Un directeur a même surpris son chauffeur en train de dérober l'essence de sa voiture.
a compagnie aérienne nationale Tarom a entamé
des discussions en vue de son adhésion à l'alliance
Une police de sécurité de douze hommes
SkyTeam qui comprend six membres : Air France,
l'américain Delta Ailines, Alitalia, le tchèque CSA Czech
Ces deux points demeurent toujours une préoccupation
Airlines, Aeromexico et Korean Air. Par le jeu de ces
majeure. Mais dans d'autres domaines, les esprits ont un peu
alliances, Tarom, qui dessert 44 destinations, pourrait ainsi en
évolué, même s'il reste beaucoup à faire. Auparavant, les acciproposer 500 à sa clientèle, dans 114 pays et sur 8000 vols
dents de travail étaient nombreux. Tout le monde se fichait des
quotidiens.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
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Six mois de soldes
pendant l'année
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Confection, lingerie, chaussures,
articles de sport, électro-ménager,
meubles… les Roumains se familiarisent avec les soldes, notamment à
Bucarest où les vitrines sont barrées
d'affiches "Atentie, cad preturile !"
(Attention, les prix tombent !). Les
commerçants entendent ainsi liquider
leurs stocks estimés à 10-15 %, en
proposant des ristournes allant de 20
à 50 % et atteignant jusqu'à 70 % au
mois d'août.
Le phénomène est encore trop
récent pour savoir s'il a déjà engendré un comportement attentiste chez
une clientèle guettant ces périodes et
différant ses achats, comme en
Occident, les soldes devenant alors
partie prenante de la stratégie globale des commerces.
Mettre un peu d’ordre dans
une pratique anarchique
En Roumanie, elles se déroulaient de manière un peu anarchique
jusque là, chacun fixant ses
périodes de promotion comme il
l'entendait, en dehors de toute réglementation. Celle-ci, peu respectée
encore, a cependant vu le jour le 1er
janvier dernier, délimitant la période
des soldes d'automne-hiver du 15
janvier au 15 avril, et celle de printemps-été, du 1er août au 31
octobre, soit, au total, six mois.
Carrefour n'a cependant pas
attendu cette période pour habituer
sa clientèle à des réductions régulières sur l'ensemble de ses produits, tout au long de l'année, portant sur une baisse de 20 % de leurs
prix.
Investisseurs hors UE:
100 000 € minimum pour
être autorisé à s'installer
U
ne nouvelle réglementation exige que les investisseurs étrangers, hormis
ceux originaires de l'UE, des pays occidentaux et du Japon, disposent
désormais d'un capital de 100 000 € (650 000 F), d'un plan précis d'investissement et d'une activité équivalente dans leur pays d'origine, pour pouvoir développer leurs affaires en Roumanie et y bénéficier d'un visa long séjour.
Cette nouvelle mesure vise les petits investisseurs d'origine moyen-orientale et de
Chine, suspectés de se servir de la Roumanie comme base d'accès ultérieure aux marchés de l'UE. Elle a fait réagir négativement le président des associations d'investisseurs en Roumanie qui note qu'avec seulement 8,6 milliards d'euros (57 milliards de
F) de capitaux attirés depuis 1990, la Roumanie est le moins attractif des ex pays de
l'Est et que les petits investisseurs ont injecté des sommes importantes dans l'économie roumaine, créant de très nombreux emplois.
A ses yeux, cette nouvelle condition ne peut que décourager les entreprises
étrangères déjà confrontées à l'incroyable lourdeur de l'administration, exigeant une
centaine d'avis avant de délivrer une autorisation, et à la corruption. En Hongrie, un
investisseur étranger potentiel ne doit justifier que d'un apport de 15 000 € (100 000
F) et en Pologne de 25 000 € (165 000 F).
A savoir
Dix millions de cartes
de crédit dans cinq ans
D'après le directeur de Master Card
pour la Roumanie, ce pays est très loin
d'avoir épuisé son potentiel de développement au niveau des cartes de crédit,
lequel devrait se développer fortement
dans les cinq ans à venir pour atteindre 10
millions de titulaires. Le marché est
entravé par le faible nombre de commerçants acceptant les cartes ou étant
équipés à cet effet : 5000 seulement en
Roumanie, contre 33 000 en Slovaquie,
39 000 en République Tchèque, 114 000
en Pologne… et plus d'un million en
Italie ou en France.
Premières rames
automotrices livrées
Les deux premières rames automotrices commandées à Siemens sont
entrées en service le 1er février sur les
lignes Bucarest-Iasi et Bucarest-PitestiCraiova. Composées de deux wagons
avec un couloir continu, disposant de 123
places assises et de 90 debout, elles peuvent circuler à 120 km/h, sous le régime
des trains inter-city qui effectuent les liaisons les plus rapides entre les grandes
villes, sans supplément de prix. La
SNCFR a passé une commande de 120
rames à la firme allemande, dont 57 doivent être livrées cette année.
Près d'un tiers du personnel
licencié à RomTelecom
OTE, l'opérateur grec qui détient,
depuis janvier, 54 % du capital de
RomTelecom, contre 35 % auparavant, a
décidé immédiatement de supprimer dans
les années à venir près d'un tiers du personnel, soit 9000 employés sur 30 000.
Pour justifier sa décision, la compagnie
s'appuie sur la stagnation du marché prévue pour les deux prochaines années, la
baisse de son action à la suite de la perte
de son monopole dans le domaine de la
téléphonie fixe, et l'ajustement de ses
tarifs. OTE a toutefois précisé qu'il
comptait investir près de 300 M€ (2 milliards de F) pour la modernisation du
réseau, dans les trois prochaines années.
Autoroute Bucarest-Brasov
Le travaux du premier tronçon de
l'autoroute Bucarest-Brasov, d'une longueur de 65 km allant jusqu'à Ploiesti, sur
un trajet de 170 km, devraient commencer au cours de ce premier trimestre 2003
et durer quatre ans.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Un internationalisme qui tient lieu de patrie
Cette attitude sera désormais un trait dominant de son
engagement : le militantisme internationaliste, que ce soit au
sein du Komintern (1919-1943), puis de son successeur, le
Kominform (1947-1956), les organisations extérieures communistes, courroies de transmission de l'URSS. Dès lors, elle
rejettera tout attachement sentimental avec son pays, le remplaçant par un autre patriotisme, fondé sur une obédience
autrement aveugle, à un parti, à une puissance étrangère, et à
son chef.
Envoyée en Suisse par son employeur, un industriel qui lui
avait confié un poste de bibliothécaire, pour continuer des
études… qu'elle ne suivra jamais, elle y rencontrera son mari,
Marcel Pauker, un militant communiste, roumain et juif
comme elle, qui y faisait des études d'ingénieur. De retour en
Roumanie, le couple participera à la création du Parti
Communiste Roumain, en 1921, lequel adhère immédiatement
au Komintern.
Son engagement en faveur de la séparation des provinces
où vivent des minorités - il aurait conduit notamment au rattachement de la Bessarabie à l'URSS - considéré comme une trahison vis à vis de l'unité nationale roumaine, lui vaut un premier séjour en prison, fin 1921, suivi d'une amnistie en 1922.
Le PCR, dirigé alors par Elek Koblos - un juif hongrois… la
pire des origines aux yeux des Roumains de l'époque - étant
déclaré hors la loi en 1924, Ana Pauker est à nouveau arrêtée
et ne sera libérée que deux ans plus tard.
Connaissance et découverte
Affaires étrangères de Staline, qui ne pipera mot quand celuici déportera sa femme, d'origine juive… L'époque où elle se
décrivait comme une femme rêveuse, altruiste est bien lointaine.
Ana Pauker échappe à la grande épuration stalinienne des
années 1935-37, qui prend déjà un caractère antisémite marqué. Les Soviétiques la considèrent alors comme leur
"homme" pour la Roumanie, "le seul" qu'ils agréent totalement. Cette confiance se concrétisera en 1940 quand, rentrée
au pays cinq ans plus tôt et arrêtée pour la 3ème fois,
condamnée à dix ans de prison dans le cadre du procès de
Craiova contre les dirigeants du PCR, elle est la seule détenue
libérée par Bucarest, à la demande de l'URSS, et échangée par
les Soviétiques contre le leader des Roumains de Bessarabie,
Ion Codreanu qu'ils ont emprisonné.
Des semi-analphabètes
à la place des fonctionnaires
Dès l'entrée des chars russes dans Bucarest, début septembre 1944, Ana Pauker est à pied d'œuvre. Elle est l'une des
sept secrétaires du comité central du PCR, devenu plus tard le
PMR (Parti Ouvrier Roumain) à la suite de sa fusion avec le
PSDR (Parti Social Démocrate Roumain). A ce titre, ces apparatchiks ont la main haute sur l'appareil du Parti et tirent les
ficelles du gouvernement de l'homme de paille que Moscou a
installé au pouvoir le 6 mars 1945, le docteur Petru Groza.
Dès le lendemain, les communistes déclenchent une
répression à large échelle. Plus de 70 000 fonctionnaires et
Devenue "L'homme de Moscou"
cadres sont licenciés, arrêtés, envoyés dans des camps de travail. Trois semaines plus tard, Ana Pauker réprimande son
Près de deux décennies d'errance, au service du
camarade, Teohari Georgescu, le sinistre ministre de
Komintern, commencent alors.
l'Intérieur, estimant qu'il ne va
Successivement à Prague, pour
pas assez vite en besogne.
soigner son mari, à Berlin pour
Des demi-analphabètes,
réactiver le PC allemand, à Paris
parfois des détenus de droit
pour s'occuper du PC français, à
commun ou des voyous les
Vienne, où elle traduit les œuvres
remplacent… s'ils peuvent se
de Lénine, Ana, désormais
prévaloir d'une "origine saine",
Pauker, est devenue une militante
c'est à dire appartenant à des
familles sans biens, ne compprofessionnelle. Sa plus grande
tant pas d'intellectuels, de proambition est de rejoindre l'école
fessions libérales et de prêtres
du Parti à Moscou. Mais ses tendans leur rang. Pour mener à
tations trotskistes exprimées lors
bien sa tâche, le Parti avait
du IVème congrès du PCR, qui
besoin d'exécutants dociles, ne
s'est tenu en Ukraine en 1927, la
se posant pas de questions.
desservent. Toutefois, l'insistance
de relations haut placées lui en
Un décret gouvernemental
ouvre les portes.
légalisera l'affaire : il ne sera
Ana Pauker, lors d’un meeting, sous les portraits de Petru Groza, plus nécessaire d'avoir un
Commence alors une ascenprésident du Conseil, homme de paille des communistes,
et du jeune Roi Michel, dont l’image est utilisée pour leur cause. minimum d'études pour exersion foudroyante au sein du
Komintern. Vouant une obéissance sans faille à ses maîtres de
cer les fonctions de préfet, maire, directeur de services déparMoscou, une admiration sans limite au "Petit père des
tementaux, inspecteur des finances, etc… La carte du Parti
peuples", Ana Pauker est devenue une apparatchik sans scrutient lieu de diplôme. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsigane
pules, stalinienne fanatique… qui avalera sans rien dire la
analphabète, voleurs de chevaux, qui devient président de la
déportation dans un goulag de son mari, soupçonné de "trahiCAP (Coopérative Agricole de Production), et propulse sa
son trotskiste", et son exécution. Elle est amie avec
sœur chef-comptable… La mairesse désignée par le Parti était,
Viatcheslav Molotov (1890-1986), inamovible ministre des
elle, connue de tous pour être la prostituée de la commune.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
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Suspectée d'avoir
dénoncé son mari
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Ana Pauker a eu une vie sentimentale agitée et on lui a prêté de
nombreux amants, qui avaient
cependant tous la caractéristique
d'être, à ses yeux, "politiquement
correct". Deux enfants sont nés de
son mariage avec Marcel Pauker :
Vlad, en 1926, et Tatiana, en 1928.
Leurs attributions respectives au sein
du Kominterm les éloignant géographiquement, le couple se délite.
Marcel a une liaison avec une militante communiste de Bessarabie,
dont naît un fils, Iakov, en 1931.
De son côté, Ana, envoyée à
Paris, y rencontre Eugen Fried,
homme lige mandaté par Staline
pour réorganiser le Parti
Communiste Français dont il est le
secrétaire général, et qui installera
Maurice Thorez à sa tête. De leur
relation, naîtra en 1932, à Moscou,
Marie, qui sera élevée par Aurora,
l'ancienne maîtresse de Thorez,
devenue la femme de Fried… ce qui
accréditera le bruit que le premier
serait son véritable père. Prise par
ses activités militantes, Ana confiera
ses deux premiers enfants au MOPR
("Le Secours rouge", œuvre sociale
communiste pour les militants).
Ana Pauker apprendra l'arrestation de son mari comme "ennemi du
peuple", "pour trotskisme", sa déportation et son exécution, en 1938,
lors des purges staliniennes, alors
qu'elle est elle-même en prison en
Roumanie. Elle sera suspectée de
l'avoir dénoncé, aveuglée par son
fanatisme mais, plus tard, elle
démentira cette version et la question est toujours sujette à controverse, aujourd'hui.
De retour en Roumanie avec l'Armée
Rouge, la stalinienne fanatique
sera déchue par son propre parti
Ana Pauker, toute puissante matrone
d'un régime honni, importé d'URSS
A
na Pauker… L'évocation du nom fait encore frémir bien des Roumains
qui y accolent les souvenirs de l'instauration du régime communiste, de sa
terrible épuration et de la collectivisation forcée. Pourtant, cette figure de
premier plan du communisme international le
plus sinistre, devenue la première femme au
monde ministre des Affaires étrangères, en
1947, avant d'être dévorée, elle-aussi, par la
Révolution qu'elle avait contribué à mettre en
place, suscite parfois des ébauches de réhabilitation de la part d'historiens américains.
Ces tentatives indignent les Roumains qui
n'oublient pas le rôle d'une poignée d'intellectuels et activistes - essentiellement d'origine
juive, ne manquent-ils pas de souligner formés à Moscou, revenus au pays dans les
fourgons de l'Armée Rouge pour l'aider à installer la dictature communiste dans un pays
qui n'en voulait pas et où ils étaient ultraminoritaires.
Pour des générations de Roumains, Ana Pauker est cette matrone d'un régime qui,
au temps de sa toute puissance, entre 1947 et 1952, ne circulait à travers le pays que
dans une voiture blindée, escortée par d'autres véhicules de la police secrète, changeant sans arrêt de place… sans-doute de peur d'être victime du sentiment de haine et
de dégoût que nourrissait tout un peuple à son égard.
De la communauté juive de Vaslui au bolchevisme
Ana Pauker, de son vrai nom, Ana Rabinsohn, est née le 13 décembre 1893 dans
une famille juive de Codaesti (judet de Vaslui), en Moldavie. Son père était chanteur,
puis professeur d'hébreu à la synagogue locale; sa mère, Sarah, beaucoup plus pragmatique, tenait une petite épicerie. La communauté juive était nombreuse dans la
région, la politique antisémite du tsar Alexandre II (1818-1881) ayant conduit des centaines de milliers de ses membres à fuir la Russie pour des cieux plus tolérants et
mieux disposés à accueillir leurs activités.
Son grand-père ayant remarqué ses dispositions, Ana fut inscrite à l'école Heder
censée n'accueillir que les garçons de sa communauté. Elle y suivit une scolarité de
huit années, avant de fréquenter une école pour devenir couturière. Plus tard, à l'âge
de 18 ans - ce sera son premier engagement - elle militera au sein du mouvement Bait
Ya'cov qui avait pris en charge la scolarisation des jeunes filles juives, et donnera des
cours d'hébreu.
Révoltée par l'injustice sociale qui règne dans le pays, Ana Rabinsohn rejoint un
groupuscule socialiste, le PSDMR (Parti Social-Démocrate des Travailleurs
Roumains), en 1915. Elle a 22 ans et sa vie prend dès lors une autre tournure, qui l'éloigne du destin habituel des jeunes filles de sa communauté pour prendre le chemin
de la révolution et de l'internationalisme.
Sous l'effet de la Révolution russe, le PSDMR se divise entre radicaux et modérés.
La jeune femme rejoint les premiers et les aide à constituer un "conseil secret",
d'orientation bolchevique. En cette période agitée de la fin de la première Guerre mondiale, alors que la Roumanie, qui s'est rangée aux côtés des alliés, parvient enfin à faire
son unité, elle distribue des manifestes appelant à l'autodétermination des minorités.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les rigueurs de l'hiver lèvent un coin
de voile sur la détresse de nombreuses familles
Social
A Târgu Jiu, Dalia, dix ans, pleure de froid
L
a vague de froid de décembre (-34° à Buzau) a une
nouvelle fois confronté les Roumains aux graves
problèmes de chauffage qui existent dans les blocs
des villes. Sinistrée par le chômage et la fermeture de nombreux puits, la vallée minière de Jiu a particulièrement souffert. A Târgu Jiu, certains immeubles n'ont plus de chauffage
depuis des années.
Des familles vivent entassées dans des studios. Les plus
fortunés se sont procurés un poêle à mazout ou à bois. Ce n'est
pas le cas de la famille Oprisescu. Mirela, la mère, 32 ans, et
son mari, sont au chômage. A la maison, tout le monde porte
trois à quatre épaisseurs de vêtements. La plus petite des deux
filles, Dalia, dix ans, pleure à cause du froid, ce qui brise le
cœur de sa mère qui la réchauffe en la serrant contre sa poitrine. Elle est déjà tombée trois fois malade en moins de deux
mois. L'école n'est pas un refuge car, elle non plus, n'est pas
chauffée. Les élèves doivent rester dans les classes avec leurs
gants et leur caciula sur la tête.
La voisine, Floarea, 33 ans, affirme que depuis six ans, le
bloc n'a reçu du chauffage qu'en une occasion. Elle réchauffe
les lits avec des bouillottes improvisées. La famille s'est
débrouillée pour acquérir un poêle fonctionnant au bois, mais
il consomme beaucoup; il a fallu en faire rentrer quatre mètres
cubes et regrouper tout le monde dans la chambre des parents
pour pouvoir l'entreposer.
A l'étage inférieur, Ovidiu, 10 ans, apprend ses leçons en
s'enfouissant sous une couette. Ses parents ont bien acheté un
poêle à mazout, mais cela revient trop cher à faire fonctionner
toute la journée, alors il ne marche que 2-3 heures par jour.
Pour tenir chaud dans le lit, sa mère met des briques ou des
Un quart
d'enfants en moins
dans les orphelinats
E
n 2002, le nombre d'orphelins,
enfants abandonnés ou retirés à
leur famille, pris en charge par
l'Etat a diminué de un quart, passant de
57 000 à 43 500. 47 orphelinats ou institutions publiques spécialisées ont été fermés
ou transformés en services alternatifs et
centres de placement familiaux. 18 000
enfants ont ainsi pu rejoindre le système
d'enseignement normal et fréquenter les
mêmes écoles que les camarades de leur
âge. 78 maisons et 112 appartements où les
enfants bénéficient d'un environnement de
type familial ont été mis en service. Par
ailleurs, le nombre d'assistantes maternelles professionnelles est passé d'un peu
plus de 3000 à près de 9000.
pierres sur la cuisinière ainsi que des sacs remplis de sel.
"C'est bon pour la santé" assure-t-elle.
Salle à manger transformée en dépôt de charbon
Dans la ville voisine de Rovinari, 12 000 habitants, 2000
chômeurs et 500 personnes ne vivant qu'avec l'aide sociale,
tous les appartements se sont débranchés du chauffage. La
mairie a bien investi 450 000 € (3 MF) pour la construction
d'une centrale thermique et de mini-centrales pour les blocs,
mais leurs occupants ont refusé de s'y brancher, de peur de ne
pas pouvoir payer les factures.
Aurelia, 35 ans, deux fillettes (2 ans et 12 ans), ne se souvient plus avoir eu du chauffage et de l'eau chaude depuis
qu'elle a emménagé dans les lieux… en 1987. Elle invente
mille choses pour que ses enfants résistent au froid. Chaque
jour, elle leur prépare un bain de pieds brûlant, leur confectionne des boissons chaudes aux noix et oignons, réputées
pour guérir la toux et les maux de gorge. Chaque semaine toute
la famille va chez le médecin.
Dans la ville toute proche de Matasari, la situation est
identique. Mais comme ici on est près d'une mine, les gens ont
acheté des poêles au charbon. Tous les adultes de la famille
Olteanu - dix personnes au total - sont au chômage. Afin de
gagner quelques sous, les enfants vont dans les galeries désaffectées chercher du charbon pour les voisins.
La salle à manger a été réquisitionnée pour le stocker et
tout le monde dort dans la même pièce. La famille est très heureuse de sa dernière acquisition : un poêle en terre qui garde la
chaleur plus longtemps.
Des enfants qui grelottent à l'hôpital de Lugoj
D
epuis le début de l'hiver,
les enfants sont transis
de froid à l'hôpital municipal de Lugoj où la température
moyenne ne dépasse pas 8° dans les
salles. Souvent internés pour des
maladies pulmonaires, les petits pensionnaires doivent s'habiller et s'enrouler dans leurs couvertures la nuit
pour résister à la chute des températures, le système de chauffage étant
alors arrêté.
En pédiatrie, des parents ont
La température moyenne
ne dépassait pas huit degrés, cet hiver, préféré récupérer leurs bébés et les
dans les salles de l’hôpital de Lugoj.
soigner à la maison, plutôt que de les
laisser dans ces lieux. Même le chef de service qui avait pris froid a été obligé de
s'arrêter, début janvier, alors que le thermomètre enregistrait - 26° à l'extérieur. Le
directeur de l'hôpital, tout en reconnaissant qu'il fait froid, estime que la situation
n'est pas si grave que çà et la met sur le compte de la vétusté de l'installation de
chauffage qu'il a tenté en vain de faire réparer ou rafistoler.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
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Sauver les jeunes sans-domicile
relève de la mission impossible
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Deux semaines pour
payer son chauffage
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"Un enfant qui a passé plus de
deux ans dans la rue est perdu"
Alors qu'en prévision de l'hiver il
avait annoncé à l'automne dernier
des mesures pour échelonner les
dettes des personnes qui ne pouvaient pas payer leur chauffage, le
gouvernement a soudainement fait
volte-face, début janvier. En pleine
vague de froid (-34° dans l'Ouest du
pays), il a promulgué, discrètement,
une ordonnance d'urgence, exigeant
le paiement des factures dans les
quinze jours, sous peine d'une majoration de 0,06 % par jour de retard
(soit +21% par an). Jusqu'ici, les
abonnés disposaient d'un délai d'un
mois, auquel s'ajoutait un mois de
tolérance.
Cette mesure a été prise alors
que de nombreuses familles se
débranchent du réseau, faute de
pouvoir payer - un phénomène
aggravé par la rigueur de l'hiver - et
choisissent des moyens de fortune,
souvent dangereux pour pouvoir
continuer à se chauffer. Dans les
blocs, certains bons payeurs voient
leur chauffage, dépendant du système collectif, coupé d'autorité, leurs
voisins ne pouvant s'acquitter de
leurs dettes.
Cinq accidents par
jour dans les mines
de la vallée de Jiu
En 2002, les mines de la vallée
de Jiu (Petrosani) ont enregistré 18
morts au cours de 1204 accidents du
travail, soit cinq par jour et 158 de
moins que l'année précédente. La
principale cause avancée par les
autorités pour les accidents mortels
est le non-respect des normes de
sécurité.
Q
uelques associations roumaines, assez peu nombreuses, tentent de venir
en aide aux enfants de la rue de Bucarest, qui se calfeutrent l'hiver dans
les réseaux souterrains de chauffage, appelés les "canale". Elles leur
apportent de la nourriture, des médicaments; certaines tentent de mettre sur pied des
cours d'alphabétisation, de formation à des métiers comme coiffeurs, couturières,
d'ouvrir un foyer. Mais le découragement les guette souvent devant l'inanité de leurs
efforts, comme le rapporte le quotidien "Adevarul" ("La Vérité") dans une enquête
d'un de ses journalistes.
"Ces enfants-là, leur journée commence non pas par "bonjour" mais par des
jurons. Quand on leur parle d'aller à l'école, il répondent insolemment qu'ils ne peuvent pas parce que leurs intestins feraient trop de bruit" confie une bénévole, enchaînant : "Leur vie est faite d'énormes frustrations, de peurs, de réactions de méchanceté,
d'abrutissement. Les tirer de cet univers est très difficile. 75 à 80 % d'entre-eux sont
irrécupérables. Un enfant qui a passé plus de deux ans dans la rue est perdu".
Ces associations comptent presque sur les doigts de la main les cas de réussite. "Il
faut une volonté énorme et aussi de la chance pour
s'en sortir" constatent-elles. "Le gamin doit surtout
échapper à l'influence de sa bande, s'en séparer
physiquement, définitivement… sinon, il retournera
immanquablement dans le canal". Des cas heureux
surviennent parfois, comme Florin; un de ses
oncles a accepté de le loger, il a tenté plusieurs fois
de rejoindre ses anciens amis mais, à court d'argent,
revenait toujours. Aujourd'hui, il semble stabilisé et
travaille comme "tractoriste" à la campagne.
Apparition d'une deuxième génération
qui naît et grandit dans les "canale"
Le plus souvent ces tentatives de sortir ces
"boschetari" (sans abris) de leur enfer se heurtent à
un cercle vicieux. Très rares sont les patrons qui
accepteraient de les embaucher, d'autant plus qu'ils
n'ont pas de papiers d'identité… or la police ne
Les canalisations de chauffage
donne pas de papiers aux jeunes qui n'ont pas de
constituent un refuge pour
les sans-domiciles pendant l’hiver.
domiciles… et ceux-ci, faute d'argent ne trouvent
pas à se loger.
Si quelques uns acceptent de les engager, le scénario est toujours le même : on
leur confie des travaux pénibles, porter des sacs pendant 8-10 heures d'affilée. Le soir,
ils rejoignent leur canal où leurs amis les attendent avec des boissons, de la drogue,
les sacs plastic remplis de vernis qu'ils inhalent et qui leur a donné leur nom, les
"aurolaci". Le lendemain matin, au lieu de se présenter à 6 h, ils viennent à 10 h et
leur patron les met à la porte. En outre, ils auront dû partager avec la bande le maigre
argent gagné.
"On n'aime pas les voir, mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pour rien dans
leur situation" se désespère un autre bénévole qui s'alarme de l'apparition d'une
deuxième génération d'enfants de la rue : ceux qui naissent et grandissent dans le
"canal" où leurs encore très jeunes parents ont eux-mêmes vécu ces dix dernières
années. "Sortir une famille du canal et l'empêcher d'y retomber, c'est une mission
impossible. Il faudrait l'énergie de dizaines de personnes. C'est au-dessus des moyens
de la Roumanie, maintenant" constate-t-il, désabusé.
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A
Connaissance et découverte
Remus Azoitei, violoniste au talent reconnu
par l'Académie Royale de Musique de Londres
31 ans, Remus Azoitei est devenu le plus jeune
professeur de toute l'histoire de la prestigieuse
Académie Royale de Musique de
Londres, vieille pourtant de 180 ans. La
vénérable institution a proposé au jeune violoniste non seulement d'interrompre sa
seconde année d'études qu'il y menait mais
lui a proposé de rejoindre le corps professoral. Remus Azoitei a parallèlement entrepris
une carrière de concertiste qui l'a déjà conduit
sur les plus grandes scènes de la planète où
ses interprétations pleines de tempérament
lui ont valu éloges et nombreux prix, ses
prestations étant saluées par la critique, aussi
bien en France qu'en Allemagne, qui a reconnu en lui "un violoniste de classe mondiale".
Le jeune Roumain avait commencé très tôt l'apprentissage
du violon à Galati, encouragé par ses parents, ingénieurs et
mélomanes. Ceux-ci avaient d'ailleurs décidé, avec beaucoup
de difficultés, de quitter les bords du Danube pour venir s'établir à Bucarest, en 1984, afin que leur fils puisse s'inscrire au
Variétés
F
lycée de musique "George Enescu", puis à l'Académie de
Musique "Ciprian Porumbescu".
En 1995, Remus Azoitei remportait le
prix Eugène Sirbu d'un montant de 1000 €,
qui lui offrait aussi la possibilité de donner
deux concerts aux Etats-Unis. Aidé par deux
relations, persuadées de son talent, qui lui
remirent 3000 €, il put se rendre à New-York
et donna un récital qui enchanta une spectatrice de près de 80 ans, Dorothy Delay, la
plus célèbre professeur de piano américaine.
La vieille dame lui fit obtenir une bourse à la
Juliard school de New-York, où un an d'étude coûte 27 000 € (180 000 F), et où il fut
l'un des quinze interprètes admis à poursuivre un master de violon, sur un total de
500 musiciens venus du monde entier qui y suivent des cours.
Depuis, la carrière de Remus Azotei a pris son envol mais,
tout comme sa jeune compatriote, Alina Cojocaru, danseuse
étoile à Covent Garden, l'Opéra Royal de Londres, l'artiste est
davantage connu à l'étranger que dans son pays.
Les deux jumelles effrontées de Cluj font un tabac en Angleterre
Les "Cheeky Girls" : un "petit cul"
adorable déboussole les ados timides
in décembre, en quelques semaines, deux adorables et effrontées jumelles de 20 ans, Gabriela et Monica, originaires de
Cluj, ont créé l'événement en Grande Bretagne avec un "single" (une seule chanson) qui est restée au hit-parade quatre
semaines, occupant même la seconde place, alors qu'elles étaient totalement inconnues. Avec 360 000 exemplaires déjà
vendus en un mois, leur tube, "Touch my bum" ("Touche mon petit cul") est bien parti pour
leur assurer un disque d'or, décerné automatiquement quand la barre des 400 000 est dépassée.
Mutines, les deux très jolies sœurs, qui ont pris comme nom de scène "Cheeky Girls"
("Les chenapantes") ont tapé dans le mille en s'adressant aux adolescents et garçons timides
de leur âge pour les "décoincer". La chanson a été écrite en une demi-heure sur un coin de
table par leur mère, Maggie, une Roumaine qui vit dans le Kent et est séparée de son mari,
médecin à Cluj.
"C'est de la culture de jeunes, simple à comprendre" plaide-telle devant les adultes dubitatifs devant le niveau du texte … et les chiffres de vente lui donnent raison. La chanson s'est
imposée dans les discothèques, a fait le tour des écoles : "Je ne te demanderais jamais où tu
vas; je ne te demanderais jamais ce que tu fais; je ne te demanderais jamais ce que tu penses;
je ne te demanderais jamais si tu veux être à moi; Viens et souris, ne sois pas timide; touche
mon petit cul, c'est la vie; nous sommes les chenapantes; vous êtes les chenapans". Difficile
de résister !
Le site Internet de CNN Europe a consacré un grand article avec photo aux deux clujoises, lesquelles ont commencé à faire un tabac aux Etats-Unis et aux Canada, y faisant l'objet de reportages dans plusieurs journaux à grand tirage Le succès des jumelles s'apprête à
franchir la Manche, les "Cheeky Girls" devant faire une tournée de présentation en
Allemagne, Autriche, France et Hollande.
Elèves dans une école de danse et d'art dramatique de Cluj, où on les trouvait gâtées, trop délurées, manquant de la grâce et
de la rigueur exigées pour les ballerines, Gabriela et Monica Irimia vivent un vrai rêve. Elevées pendant sept ans par leur grandmère de 80 ans, après la séparation de leurs parents, les deux sœurs ont rejoint leur mère en Angleterre, en 2001, pour de simples
vacances qui durent encore… et viennent de recevoir le droit d'y résider.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Cinéma
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BAIA MARE
ORADEA
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CLUJ
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Amour et guerre de Sécession
transposés dans les Carpates
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SUCEAVA
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TIMISOARA
GALATI
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CRAIOVA
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BUCAREST
CONSTANTA
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On nous écrit
Français du Banat
réfugiés en Provence
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Brasov a accueilli le tournage
du plus grand film tourné en Roumanie
Bernard Gremillet, de Balagny
sur Thérain (Oise), apporte des éléments complémentaires à la suite
de notre article sur les colons
français du Banat, venus de
Lorraine et d'Alsace ( N°15, p.48).
"Des généalogistes m'ont fait
parvenir des documents intéressants; ils confirment l'implantation
de ces colons du temps de l'empire
austro-hongrois. Après 200 ans, au
cours de la Seconde Guerre mondiale, ils ont subi l'invasion russe et
ont dû émigrer vers l'ouest de
l'Europe. Robert Schumann, luimême lorrain, a été sensible aux
conditions de vie de ces déplacés
en Autriche (Noël 1947) ; il permit et
favorisa l'accueil de plusieurs centaines de réfugiés dans une commune du Vaucluse, La Roque sur
Pernes, au pied du Ventoux. Depuis
ceux-ci ont fait souche et redonné
vie à une commune délaissée.”
Ces Informations sont tirées des
articles de presse et d'études :
- "Le Républicain Lorrain" du
21 janvier 1976
- Mémoire au sujet de la recolonisation des Lorrains et des Alsaciens
du Banat par le Dr.Emmerich Reitter
(né en 1875 à Lovrin, proche de
Timisoara), ancien député et sénateur de Roumanie, publié en 1945.
- Extrait du "Lorrain" du 12 et 13
juin 1954, photocopié aux archives
municipales de Thionville.
- "L'illustration" du 21/11/1934;
article d’André Rosambert concernant Mertisoara, ancien Mercydorf,
entre Arad et Timisoara.
T
out au long du second semestre 2002, les environs immédiats de Brasov ont
accueilli le tournage du plus grand long-métrage jamais réalisé en
Roumanie, "Cold mountain", dont le budget de plus de cent millions
d'euros aurait été le plus important de l'année, au niveau du cinéma mondial.
Cette co-production britannico-italo-roumaine, dont on parle déjà comme étant en
course pour les Oscars, a réuni des acteurs célèbres comme Nicole Kidman, Jude Law,
Donald Sutherland, et devrait sortir sur les écrans à la fin de l'année. Le scénario, mis
en scène par Anthony Minghella d'après le roman de Charles Frazier, raconte l'histoire d'amour née entre une jeune femme et un soldat confédéré poursuivi pour désertion
pendant la guerre de Sécession.
Le producteur du film, l'Ecossais Iain Smith, qui a déjà à son actif "Sept ans au
Tibet", "Le cinquième élément", "1492", a confié à "Adevarul" ("La Vérité") les
circonstances qui l'ont amené à choisir la Roumanie pour ce tournage.
Ressemblance avec la Caroline du Nord, coûts moins élevés
"J'étais venu voici deux ans en Transylvanie pour me faire une idée du pays. J'ai
voyagé à pied, en stop, en bus, en taxi pendant une semaine, et quand j'ai découvert
Brasov et ses environs, je me suis dit que c'était une ville assez grande pour accueillir
une réalisation mais je n'avais pas du tout en tête "Cold Mountain" dont le tournage était prévu aux USA, tout en me disant que je viendrai faire un film ici".
"Mais six mois plus tard, le coût de la production s'était tellement enflé, au point
de vouloir arrêter le projet, qu'il a fallu se tourner vers d'autres pays meilleurs marchés, le Canada, les pays de l'Est… ce qui n'enchantait pas le réalisateur. Mais je l'ai
finalement convaincu en lui parlant des beautés étranges de la Transylvanie, de ses
ressemblances avec la Caroline du Nord où se déroule l'action, "Cold Mountain" se
trouvant d'ailleurs dans un comté portant le nom… de Transylvanie. Bien sûr, les coûts
extrêmement bas de la réalisation sur place, permettant de réaliser beaucoup d'autres
choses sont entrés en ligne de compte".
Interrogé sur les conditions du tournage et le niveau technique du cinéma en
Roumanie, Iain Smith a indiqué que ce pays ne figurait pas encore sur la carte des
lieux où les grandes productions peuvent réaliser des films, mais que l'idée avançait
doucement. "Cold Mountain", film de bonne qualité, coûtant beaucoup moins cher
qu'aux USA aidera certainement à faire signer de nouveaux contrats" a-t-il prédit,
ajoutant toutefois "l'industrie cinématographique est encore sous-développée ici ; les
professionnels ne le sont parfois pas ou manquent d'expérience car ils n'ont travaillé
que sur de petits projets. J'en ai quand même trouvé des bons, pleins d'enthousiasme".
"Ce n'est pas un pays où on travaille sans problèmes"
Le producteur a également confié que "la Roumanie n'est pas un pays où on travaille sans problèmes. La mentalité y est très étrangère à la nôtre; la corruption y est
très grande ainsi que la propension à faire des affaires par en dessous. Je l'ai senti
tous les jours". L'Ecossais a indiqué que cette corruption ne l'avait pas perturbé personnellement, car il n'y avait pas été confronté lui-même, ni à des tentatives de chantage, mais qu'elle avait certainement joué sur les Roumains : "J'ai négocié avec eux
un salaire, le meilleur que je pouvais offrir; en contre-partie, je voulais qu'ils soient
disponibles 7 jours sur 7, et qu'ils travaillent quand on en avait besoin. Mais comment
se montrer exigeant quand ils ne reçoivent qu'une partie de la somme due… et que le
reste a disparu. Quand je paye un chauffeur, je veux que ce soit lui qui reçoive l'argent et pas quelqu'un d'autre".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Social
Actualité
Des statistiques démographiques
inquiétantes : un actif pour cinq non productifs
A
lors qu'avant la "Révolution” de 1989 3,6 salariés
cotisaient pour un retraité, cette proportion s'est
dramatiquement inversée, du fait de la crise économique et de l'apparition du chômage, ainsi que du laxisme
de la réglementation, laquelle a permis à de nombreux
employés de s'octroyer une retraite très anticipée - dès l'âge de
50 ans, dans de nombreux cas - ou d'obtenir une pension d'invalidité ou de longue maladie, souvent non justifiée.
Ainsi le rapport était-il passé à 1,5 salariés pour un retraité
dès 1997, tombant à la parité en 1999, pour s'établir à 1 salarié pour 1,6 retraités, en 2002. Dans la Bulgarie voisine, il est
exactement inverse, 1,6 salariés pour 1 retraité.
Aujourd'hui, la Roumanie compte 6,5 millions de
retraités, 770 000 chômeurs, 3,4 millions d'élèves et 300 000
étudiants. Si l'on ajoute à ces catégories, les conjoints ne tra-
vaillant pas, les personnes ne bénéficiant d'aucune aide, les
enfants de moins de six ans, on arrive à la proportion d'un
Roumain actif acquittant les cotisations sociales pour cinq
compatriotes non productifs.
Ces déséquilibres démographiques ont des conséquences
sérieuses sur l'avenir des retraites. D'ici à 2014, l'âge de cessation d'activité va être reculé de 62 à 65 ans pour les hommes,
et de 57 à 60 ans pour les femmes, comme il avait été déja
annoncé à plusieurs reprises. L'ancien ministre du Travail,
Alexandru Athanasiu, a prédit que si aucune réforme du régime n'était entreprise, en 2030, le niveau des pensions ne représentera plus qu'un quart du salaire au lieu de la moitié actuellement. Conscients de la gravité du problème, les syndicats se
penchent sur des projets de création de fonds de pensions
privés.
Baisse du chômage en 2002, avec un taux moyen de 8,1 %
D
'après les statistiques gouvernementales, le niveau du
chômage a baissé de 0,5 %
en un an, s'établissant à 8,1 % de la population active, fin décembre 2002. A cette
époque, la Roumanie comptait 760 000
chômeurs, dont 340 000 femmes (45 %).
Ce sont les judets de l'Ouest du pays et de
la région de Bucarest qui étaient le moins
touchés par ce phénomène : Bihor
(Oradea), 3,1 %, Bucarest (3,2 %), Satu
Mare (3,7 %), Timis (4 %), Arad (5 %),
Ilfov (périphérie de Bucarest, 5,4 %), et
Vrancea (Focsani, 5,7 %).
Parmi les départements se situant en
dessous de la moyenne nationale figurent: Maramures (Baia Mare, 6,1 %),
Dolj (Craiova, 6,3 %), Arges (Pitesti, 6,4
%), Mures (Târgu Mures, 6,5 %), Giurgiu
et Salaj (Zalau, 6,7 %), Harghita
(Miercurea Ciuc) et Sibiu (7,1 %),
Mehedinti (Turnu-Severin, 7,8 %).
A contrario, les taux de chômages les
plus élevés sont enregistrés dans l'Est et
le Centre du pays : Vaslui (14,7 %),
Galati (14,2 %), Brasov (12,3 %),
Ialomita (Slobozia, 11,5 %), Alba (11,2
%), Vâlcea (Râmnicu Vâlcea, 11 %),
Botosani (10,2 %), Cluj et Gorj (Târgu
Jiu, 10,1 %), Prahova (Ploiesti, 10 %).
Ces chiffres, finalement modérés
pour un pays en transition et au paysage
économique bouleversé, avec des régions
entièrement sinistrées, ne manquent pas
de surprendre les observateurs. Nombre
d’entre eux se posent la question de
savoir quelle réalité exacte du chômage
les statistiques gouvernementales recouvrent-elles ?
L'Italie recrute
des chefs cuisiniers roumains
M
i-janvier à Bucarest, la province italienne d'Udine (près de
Venise, sur la mer Adriatique), a organisé une présélection
pour recruter trois cent cinquante chefs de cuisine roumains,
chefs de salle, réceptionnistes, serveurs, femmes de chambre, pour la saison
de mai à juin. Les candidats devaient avoir au moins deux ans d'expérience
dans le domaine hôtelier, posséder quelques éléments d'italien et d'allemand
(pour le personnel chargé de l'accueil). Les personnes retenues devaient
bénéficier de cours de formation professionnelle et d'italien. Le salaire mensuel proposé variait de 770 à 900 € (5000 à 6000 F), logé-nourri, soit près
de dix fois le salaire moyen en Roumanie.
Cette démarche volontariste a pour avantage de répondre à une demande qui existe, d'y adapter l'offre, et de sécuriser les personnes embauchées en
leur donnant un statut régulier, contrairement à la France, où dans les mêmes
conditions, les Roumains doivent travailler le plus souvent de manière clandestine alors qu'on a besoin de leur main d'œuvre. Revers de la médaille : la
sélection… Rien ne garantit qu'elle se fait davantage sur des critères professionnels que sur des dessous de table, comme cela a été généralement le
cas jusqu'ici.
Première grève
chez Dacia-Renault
P
our la première fois depuis qu'il a pris
le contrôle de Dacia, en 1999, le
constructeur français Renault a dû
faire face à un mouvement de grève dans l'usine
du fabricant automobile roumain, à Pitesti. Les
syndicats réclamaient une augmentation de
salaire de 23 % alors que la direction ne proposait que 14 %.
Suivant la législation sociale en place, ce
mouvement s'est limité à une première grève
d'avertissement de deux heures, le vendredi 14
février, après qu'elle ait été décidée par deux
tiers des ouvriers syndiqués. Pour améliorer la
productivité, Renault a décidé de licencier plus
de 11 000 employés sur 27 600 en cinq ans. Le
constructeur s’apprête à sortir un nouveau
modèle appelé à prendre la succession des Dacia
en septembre prochain.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Tout leur village les cherchait
depuis quatre jours
Faits divers
SATU MARE
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ORADEA
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BAIA MARE
ZALAU
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GALATI
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CRAIOVA
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MURES
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TIMISOARA
Deux gamins sauvés grâce à leur
présence d'esprit… et à Jules Verne
z
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CLUJ
ARAD
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z
MIZIL
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BUCAREST
CIUPERCENII NOI
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PLOIESTI
CONSTANTA
EFORIE
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80 000 chiens errants
auraient été
euthanasiés
à Bucarest
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En 2000, la campagne d'euthanasie des chiens errants dans les rues
de Bucarest, estimés alors à 200 000,
avait provoqué la levée de boucliers
des défenseurs des animaux et la
venue sur place de Brigitte Bardot.
Deux ans après, la clameur s'est
calmée et l'administration municipale
s'est targuée de l'élimination de 80
000 chiens (50 000 en 2001 et un
peu plus de 30 000 en 2002), à peine
3 % des animaux capturés ayant été
adoptés. Le coût de l'opération a été
de 500 000 lei par chien (15 €, 100
F), soit 1,15 M€ (7,5 MF).
Toutefois, depuis le début de
2003, la campagne d'élimination a
cessé, à cause de la réorganisation
des services municipaux, qui a provoqué la délégation de cette fonction
aux mairies d'arrondissement, ce qui
fait redouter une résurgence du problème.
De leur côté, les associations de
défense des animaux doutent du
bien-fondé des chiffres avancés par
la mairie, l'estimant nettement inférieur… les statistiques citées servant
surtout, à leur avis, à gonfler le coût
de l'opération et des sommes qui y
ont été consacrées.
D
ans le village de Ciupercenii Noi, plus personne ne pensait revoir vivants
Ionut et Catalin. En ce début janvier, alors qu'il faisait un froid de canard,
tous les habitants cherchaient à travers champs et forêts des environs les
deux gamins de onze ans qui avaient disparu depuis quatre jours, après être partis
jouer. Toutes les hypothèses avaient été échafaudées, tous les coins et recoins du village passés au peigne fin… sauf un.
La cinquième nuit, un paysan a vu les deux enfants en rêve, tombés dans un trou.
Dès le matin, il s'est dirigé vers le puits désaffecté de l'un de ses voisins où il les a
découverts, transis de froids, morts de faim et de soif, aphones à force d'avoir crié
"Ajutor" ("A l'aide"). "De l'eau, de l'eau" ont-ils à peine pu articuler quand, à bout de
force et de résistance, ils ont été sortis de leur fâcheuse situation.
Bloqués au fond d’un puits
Ionut et Catalin, copains de classe, s'étaient donnés rendez-vous pour aller explorer le puits, devenu une grotte dans l'imaginaire des enfants du village qui y descendaient volontiers à l'aide d'une corde. Mais, manque de chance, celle-ci avait cédé
quand ils avaient voulu remonter. Il n'était venu à personne l'idée d'aller inspecter les
lieux, tenus secrets par les enfants. L'un d'entre-eux avait pris son courage à deux
mains pour en parler à sa mère, mais avait reçu en retour une gifle magistrale qui
l'avait dissuadé de revenir sur le sujet.
Laissés à leur sort, se cachant mutuellement leur peur, Ionut et Catalin n'ont dû
leur survie qu'à l'application des techniques qu'ils avaient lues dans les romans de
Jules Verne. Economisant leurs forces, ils évitèrent de s’époumoner, ne criant qu'à tour
de rôle; ils se désaltéraient en recueillant des gouttelettes de rosée sur les manches de
leur blouson et se réchauffaient en dormant dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient
réussi à jeter à l'extérieur leurs bottes et leur caciula (bonnet), espérant qu'ils attireraient l'attention. En vain…
Conduits sains et saufs à l'hôpital, pour récupérer, ils y ont été chaleureusement
réconfortés par les infirmières qui ont confectionné un énorme gâteau pour l'anniversaire de Ionut. Pendant ce temps là, tout Ciupercii Noi s'était réuni pour fêter l'événement à l'occasion d'un "chef monstru" (une fête monumentale) comme le village
n'avait jamais connu jusqu'ici et qui a duré jusqu'au petit matin.
L
Un réseau de passeurs
démantelé à la frontière hongroise
a police des frontières de Satu
Mare a démantelé un des plus
vieux réseau de passeurs entre
la Hongrie et la Roumanie, arrêtant 90 de
ses membre, dont 28 Roumains, comprenant entremetteurs, transporteurs, organisateurs et individus chargés de faire franchir la frontière à travers champs. Le
réseau opérait en deux branches, l'une
spécialisée dans les Afghans, Irakiens ou
Iraniens, l'autre dans les Vietnamiens,
Somaliens, Africains.
Récupérés à Bucarest, ces clandestins étaient acheminés nocturnement, en
micro-bus ou en Dacia, vers Cluj et
Zalau, contre la somme de 250 € (1650
F). Ils étaient ensuite confiés à des passeurs après avoir versé à nouveau 300 €
(2000 F). Arrivé en Hongrie, la pègre
locale les prenait en charge pour les acheminer vers les pays occidentaux, moyennant 1500 € (10 000 F), somme comprenant leurs frais de séjour en hôtels trois
étoiles, la pension, le transport, la
rémunération de leurs accompagnateurs.
L'ensemble des membres du réseau
ont été condamnés à un total de 834
années de prison, soit 9 ans chacun.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
"Nous autres, nous avons besoin d'une classe possédante.
Jusqu'à présent nous n'en avons pas… Qu'il y ait des victimes,
cela aussi est naturel. Car enfin votre conquête de la patrie,
comme vous dites, n'a-t-elle pas eu les siennes ?... Eh bien
nous autres, nous faisons la même chose, si ce n'est que notre
conquête nous ne la faisons ni à cheval , ni par le glaive…
Nous sommes des hommes d'aujourd'hui, nous sommes gris,
modestes !".
Comparé au “Guépard” de Lampedusa
La thématique politique n'est cependant pas l'essentiel du
roman de Banffy. Certains critiques en Angleterre, où le livre
vient de rencontrer un grand succès, l'ont comparé au Guépard
de Lampedusa. Peut-être pour ce sentiment de déclin et de nostalgie d'une époque sur sa fin qui habiterait l'auteur (le livre est
ainsi titré : Vos jours sont comptés). Ou encore pour la description des fastes d'une aristocratie qui court d'un bal à l'autre,
d'une table de jeu à l'autre ou après un amour impossible.
"L'univers qui est décrit par l'auteur transylvain est celui
de la Mitteleuropa de la Belle Epoque", écrit le préfacier du
livre, Patrick Leigh Fermor. "Les hommes de ce temps-là, fussent-ils atteint de myopie, avaient décidé de jeter leurs lunettes
aux orties pour les remplacer par d'élégants monocles". Bien
mal leur en pris car c'est ensuite dans un tout autre monde, bien
moins doré, que l'histoire allait les propulser.
Adam Bodor, romancier
d'une Transylvanie carcérale
Adam Bodor ne précise pas avec exactitude les lieux où se
déroule son roman, mais il s'agit de La vallée de la Sinistra qui
donne son titre au livre. On est aux confins de la Roumanie
transylvaine et de l'Ukraine, dans le nord du pays. L'identité
des personnages importe peu. C'est d'ailleurs "le commissaire
forestier qui décide du nom" des nouveaux arrivants. Andrei
Bodor, tel sera celui attribué au personnage central, venu là
pour tenter de retrouver son fils adoptif. Cela lui prendra des
années. C'est que le temps, dans cette sorte de colonie pénitentiaire, semble ne plus vouloir progresser.
Il faudra à Andrei Bodor des trésors de patience pour parvenir à surmonter l'absurdité des comportements et de la situation générale. Le livre a été publié en 1992 (traduit en français
en 1995) et nous parle bien sûr de l'incroyable anéantissement
des âmes sous un régime de terreur. L'humour est au service de
cette écriture, sans doute pour éviter à son auteur de sombrer
dans la folie. La beauté des lieux aussi, à travers la fine description qu'il en fait, lui permet de conserver une part de
dignité. Mais diable que cet ensemble de Chapitres d'un roman
(sous-titre donné au livre) peut être désespérant avec des individus qui n'en sont plus vraiment.
S'il est possible d'établir un lien avec le monde décrit par
Miklos Banffy, c'est le personnage de Connie Illafeld qui peut
un tant soit peu l'établir. "Descendante des Illarion, boyards de
Bucovine, elle vivait sur l'ancien domaine familial, parmi de
simples montagnards, et s'appelait en réalité Cornelia
Illarion". Mais l'histoire de son temps va la conduire à l'hôpital psychiatrique "Colonia Sinistra". Elle va non seulement y
devenir folle : "Elle mélange toutes les langues en parlant",
mais prendre une apparence inhumaine : "… une veste en
loques sur les épaules, un être velu qui semblait prier… Sa
figure était couverte de longs poils soyeux ; entre les touffes,
on voyait luire ses yeux verts ". Triste sort advenu à cette descendante d'aristocrates qui se voit régresser dans une sorte
d'animalité par suite d'une surdose de produit médicamenteux
de son tortionnaire.
A coup sûr, l'ancienne classe dominante n'avait pas prévu
le sort que lui réservait "Colonia Sinistra". Si cela avait été le
cas, peut-être aurait-elle eu alors plus de souci à faire évoluer
le monde doré dans lequel elle se complaisait égoïstement et
que Miklos Banffy a finement décrit.
Adam Bodor, né en 1936, a fait des études de théologie
protestante à Koloszvar (Cluj). Arrêté, il a passé plusieurs
années en prison, avant de quitter la Transylvanie en 1982
pour s'installer en Hongrie où il est considéré aujourd'hui
comme un des maîtres de la prose hongroise.
Bernard Camboulives
Vos jours sont comptés, Chronique transylvaine, de Miklos
Banffy (1934). Traduit du Hongrois par Jean-Luc Moreau, préface de
Patrick Leigh Fermor, Phébus, "D'aujourd'hui étranger", 2002 pour
l'édition française, 764 pages, 24,5 € (162 F).
La vallée de la Sinistra d'Adam Bodor (1992). Traduit du
Hongrois par Emilie Molnos Malaguti, avant-propos de Jean-Luc
Moreau, Robert Laffont, coll. "Pavillons", 1995 pour l'édition
française, 216 pages, 20 € (132 F).
Parution d'un dictionnaire en français
sur la mythologie populaire roumaine
L
'université de Grenoble a
publié, à la fin 2002, un petit
dictionnaire de la mythologie
roumaine écrit par le professeur Ion Talos
de l'université de Cologne, en Allemagne,
et inspiré de ses cours. L'ouvrage avait
déjà été publié en Roumanie, aux édition
"Enciclopedica", en 2000. Il a été traduit
en français par Anneliese et Claude
Lecouteux.
Ce dictionnaire a le mérite de familiariser le lecteur français avec l'univers
complexe des coutumes et traditions roumaines, dont certaines sont encore pratiquées de nos jours et sont toujours un
sujet d'étonnement pour les étrangers qui
les découvrent.
Personnages mythologiques, animaux, esprits, y figurent avec leurs significations, leur symbolique, leur significa-
tion aussi bien sur le plan des cultes que
de la culture, leur influence sur les mentalités collectives, à travers les différentes
régions de la Roumanie.
Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine de Ion Talos, traduit par
Anneliese et Claude Lecouteux. Editions littéraires et linguistiques de l'université de
Grenoble, 2002, 211 pages, 19 € (125 F).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Livres
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Les excuses
du "Petit Robert"
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22
"Les Nouvelles de Roumanie"
s'étaient faites l'écho de l'indignation
des Roumains devant la photo choisie par Le Petit Robert pour illustrer
leur pays : un campement de
Tsiganes, dont plusieurs enfants aux
visages sales, près de tentes installées dans un champ boueux.
Dans un communiqué, Pierre
Varrod, le directeur général de la
célèbre maison d'édition du dictionnaire a déclaré "regretté vivement
l'erreur faite et présenté ses plus
sincères excuses au peuple
roumain", ajoutant "Aucune réédition
n'est prévue mais, le cas échéant, je
m'engage formellement à supprimer
la photo incriminée".
Cette affaire est allée jusqu'à la tribune du Sénat roumain, comme l'indique le journal "Le Monde", citant
"Les Nouvelles de Roumanie" dans
son article. "C'est une atteinte à la
dignité nationale" s'est exclamé le
sénateur du Parti Social Démocrate
au pouvoir, George Pruteanu, auteur
par ailleurs d'une loi de défense de la
langue roumaine, ajoutant "le
ministère des Affaires étrangères
devrait rédiger une note de protestation. Nous ne pouvons pas rester les
bras croisés lorsqu'un dictionnaire à
grand tirage se moque de nous".
Dans une lettre adressée à l'éditeur français, le Conseil de la communauté des Roumains de RhinMain avait également réagi, indiquant
que "cette photo n'était pas plus
représentative de la Roumanie
qu'une case africaine de la France,
de sa langue et de son peuple,
même si son équipe de football est
composée en majorité d'Africains".
Deux romanciers hongrois de
Transylvanie, évoquent leur province
natale et deux univers aux antipodes
La Mitteleuropa de la Belle Epoque
et les sinistres prisons du communisme
L
es points communs qui unissent Miklos Banffy et Adam Bodor seront plus
vite énumérés que ce qui les sépare du point de vue littéraire. Tous deux
sont nés à Kolozsvar (Cluj en hongrois) ou dans ses environs. Tous deux
ont un amour infini pour leur province natale et tous deux en ont été exilés par l'histoire : Banffy est mort à Budapest en 1950 (aujourd'hui enterré dans le cimetière
Hazsongard de Cluj); Bodor vit encore dans la capitale hongroise mais "ne cesse de
retourner en Transylvanie par l'imagination".
Pour le reste, leur œuvre romanesque rend compte de deux réalités historiques si
dissemblables à plus de cinquante ans de distance que le lecteur en reste interloqué.
Tant de contrastes politiques sociaux et culturels en si peu de temps donne bien toute
la mesure des violences qui ont pu s'exercer sur cette région au XXème siècle (comme
dans toute l'Europe de l'Est et du Centre, d'ailleurs).
Miklos Banffy, romancier de
l'aristocratie hongroise de Transylvanie
Si le paysan roumain de Transylvanie a eu son romancier en la personne de Liviu
Rebreanu -lire Ion le Roumain (1920) et L'Insurrection (Rascoala -1933)- l'aristocratie hongroise de cette même région a également son romancier avec Miklos Banffy
(1873-1950). Et c'est à une aussi longue lecture que s'attache celui qui plonge dans
cette Chronique transylvaine que l'auteur hongrois a écrite et publiée en 1934 (et encore n'est-ce là que le premier tome d'une œuvre qui en compte trois, publiés en 1937 et
1940 mais non encore traduits en français).
La période évoquée est celle du début du siècle (les années 1904-1905). La
Transylvanie est alors hongroise et la Hongrie est liée à l'Autriche dans un même
empire. Toutefois, les relations entre les deux partenaires ne sont pas au mieux. Cette
situation politique qui voit la Hongrie s'agiter pour tenter de sortir de la tutelle autrichienne est un des axes du roman. Banffy fait observer cette agitation à son personnage principal, Balint Abady, avec recul et parfois même avec consternation tant les
attitudes nationalistes lui paraissent sordides.
Député de Transylvanie à Budapest, ce dernier songe par ailleurs à ce que devrait
être l'avenir de sa province, non seulement en regard du pouvoir hongrois mais également du point de vue des nationalités. Ainsi dit-il, s'adressant à un interlocuteur roumain de Transylvanie : "Je crois (…) que spirituellement et économiquement nous
devrions chercher un terrain d'entente et nous rapprocher. Si nous parvenions à avoir
confiance les uns dans les autres, le reste nous serait donné de surcroît. Vous et nous
sommes également Transylvains. La Transylvanie, c'est notre petite patrie, celle que
nous avons en commun. Sur ce terrain, il y a beaucoup de choses que nous pouvons
désirer ensemble : qu'on nous comprenne mieux, que davantage d'attention soit prêtée
à nos intérêts locaux, que tout ne soit pas raflé par Budapest".
"Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ?"
Mais la sagesse de ce propos n'est pas alors le sentiment le plus répandu. C'est
d'une part la haine qui prévaut quand un aristocrate hongrois s'insurge auprès de Balint
Abady : "Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ? Moi, ces animaux-là, je ne
pourrais pas ! Il suffit que je les voie, mon sang de Hongrois se met à bouillir !". C'est
d'autre part la duplicité qui l'emporte quand Abady, soucieux de sortir les paysans roumains de leur misère dans laquelle des hobereaux de même nationalité s'évertuent à
les maintenir, s'entend dire de la bouche d'un avocat également roumain :
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Canalisations sauvages branchées
sur les réseaux des compagnies pétrolières
Faits divers
Essence à bon compte…
et un trafic devenu sport national
U
n colonel de
l'Armée, responsable de
la Protection civile pour
le judet de Brasov, a été
arrêté à la mi-janvier, pris
la main dans le sac, en
pleine nuit, avec deux
complices, en train de
détourner du carburant
transitant par le réseau
d'approvisionnement de
la société Petrotrans. Le
gradé avait pratiqué un trou dans une canalisation et s'y approvisionnait régulièrement pour alimenter la station d'essence
toute proche, appartenant à sa famille. Celle-ci avait été
construite au milieu des blocs, malgré les protestations des
riverains, mais avait obtenu toutes les autorisations nécessaires… dont celle de la Protection civile.
Ce fait-divers illustre une nouvelle fois un aspect d'un des
trafics les plus répandus en Roumanie : celui de l'essence et du
gas-oil au détriment des compagnies nationales. Un phénomène encouragé par le prix atteint par les carburants dans le pays,
25 000 lei le litre (0,7 €, 4,70 F… soit l'équivalent de 8,5 €,
56 F pour un Occidental).
Un souterrain de 250 mètres
de long, doté de l'électricité
siècle de son salaire. Quant au juriste, il menait la belle vie…
maison splendide, grosses voitures et pourboires distribués
générreusement à droite et à gauche.
Ni vu, ni connu… 4 M€ détournés
à la barbe des sociétés pétrolières
A Crevedia, près de Bucarest, les trafiquants s'étaient mis
à quatorze pour installer un détournement sauvage de plus de
trois kilomètres de long, aboutissant en pleine nature, loin des
regards indiscrets. L'achat du seul tuyau de raccordement avait
coûté 6000 € (40 000 F).
Mais le plus ingénieux des voleurs a été un habitant de
Constantsa qui a soustrait pour environ 4 M€ (26 MF) de carburant en un an, sans que la société spoliée ne s'en rende
compte. Il s'était installé à côté même d'un dépôt de Petrotrans
et avait branché plusieurs conduits passant sous la clôture.
L'un approvisionnait une station clandestine où les clients pouvaient venir se servir; un autre aboutissait dans un hangar et
remplissait directement les cuves d'un camion, dont le chargement était caché par des caisses de bouteilles de bière vides.
Lorsque le plein était fait, celui-ci partait faire sa tournée de
livraison dans les stations services du secteur, à des prix sans
concurrence contre un paiement cash, en liquide.
Fuites entraînant des pollutions
Mais pour un trafic démasqué, combien continuent à prospérer à travers tout le
Quelques semaines auparavant, c'est un
pays ? Que de tels détournements puissent
juriste de Mizil qui avait été appréhendé
avoir lieu à la barbe des sociétés pétropour avoir soustrait en deux mois plusieurs
lières, parfois sans réaction de leur part, et
milliers de m3 de carburant de type Euro 3,
durer aussi longtemps, en dit long sur l'amdestiné à l'exportation, d'une valeur d' un
pleur des complicités dont ils peuvent
Branchement sauvage, archaïque
million d'euros. Ayant monté une société de
(en haut, à gauche) ou galerie bénéficier. Dans la région de Constantsa, la
sophistiquée (ci-dessus): le vol de plus touchée, un seul trafiquant avait été
distribution de boisson comme couverture, carburants
a pris des proportions inouïes.
il en remplissait les cuves après s'être branarrêté au cours de l'année 2000 où l'on estiché sur l'oléoduc tout proche de son entreprise, reliant les rafme à au moins 13 000 tonnes le carburant ayant disparu dans
fineries de Ploiesti au port de Constantsa.
le judet cette année-là, et à 2000 les branchements clandestins.
Pour ce faire, l'individu avait fait construire un souterrain
La seule société Compet SA en a été victime de 300, le mois
de 250 mètres de long, 1,70 m de haut, 1 m de large, doté de
de juillet battant tous les records avec 40 installations
l'électricité, comprenant deux conduits, l'un pour l'essence,
trouvées. En outre, aucune enquête mettant en cause des polil'autre pour le gas-oil. L'installation aboutissait directeciers, gradés ou non, fortement suspectés d'avoir prêté la main
ment…dans sa cour et lui permettait de remplir une citerne de
à ces vols, n'avait abouti.
10 tonnes en 8 heures, sous une pression de 5 bars. Il ne lui resOutre ses répercussions économiques, ce phénomène a
tait plus qu'à faire effectuer les livraisons vers les stations-serd'autres conséquences. Toujours dans les judets de Constantsa
vices ou autres clients par un camion-citerne lui appartenant.
et voisins, des dizaines d'hectares de terrains ont été pollués
La sécurité du transport était assurée par un policier à bord
par des fuites provenant de ces installations sauvages. Près de
Pitesti, trois trafiquants sont morts asphyxiés à la suite d'un
de sa jeep-Toyota d'une valeur de 35 000 € (230 000 F). Un
dysfonctionnement du système qu'ils étaient en train de mettre
de ses collègues, lui aussi dans le coup, s'était fait construire
une villa de 150 000 € (un million de F), représentant un
en place et ayant entraîné des émanations de gaz.
17
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Justice
z
z
BAIA MARE
ORADEA
TARGU MURES
CLUJ
z
z
BACAU
z
z
SIBIU
TIMISOARA
TURNU
SEVERIN
z
CRAIOVA
IASI
z
GALATI
z
BRASOV
PLOIESTI
z
La Justice considérée comme
la deuxième administration
la plus corrompue du pays
z
SUCEAVA
z
z
ARAD
z
BRAILA
z
z
z
TULCEA
„
BUCAREST
77 % des Roumains
n’ont pas confiance dans leurs juges
CONSTANTA
z
Mise en place d'un
nouveau code pénal
Le gouvernement s'apprête à
mettre en place un nouveau code
pénal qui répartira les faits tombant
sous le coup de la loi en délits ou
crimes, suivant leur gravité. Pour les
premiers, la peine principale sera les
travaux d'intérêt général, un système
de jours-amende étant prévu. Les
délits passibles de deux ans de prison pourront être transformés en travaux pour les espaces verts.
18
22
Rodica
Stanoiu,
ministre
de la
Justice.
Les personnes juridiques pourront
être condamnées pour les infractions
commises, dissoutes ou suspendues, cette peine ne s'appliquant
toutefois pas aux partis politiques, à
la presse ou aux syndicats.
Des dispositions nouvelles sont
également introduites. L'interdiction
de revenir au domicile familial en cas
de violences sera étendue aux abus
sexuels commis sur des mineurs y
vivant. Le clonage, l'interception des
communications téléphoniques, les
agissements arbitraires des fonctionnaires, le terrorisme, les crimes et
délits économiques, industriels, commerciaux, les agissements portant
préjudice aux intérêts financiers de
l'Union Européenne seront désormais autant de faits justiciables.
L
a Roumanie ne dispose toujours pas d'une justice indépendante, professionnelle et efficace"… Tel est le jugement sévère que porte l' "Open
Society Institute" dans un rapport qu'il a remis au gouvernement roumain.
Cet organisme, financé notamment par le milliardaire hongrois George Soros, basé à
Budapest mais ayant des antennes dans plusieurs pays, milite pour l'instauration de
sociétés ouvertes et démocratiques, une justice transparente, dans les Etats en voie de
développement ou qui ont été privés de libertés publiques.
Les rapporteurs estiment que la situation ne s'est pas améliorée l'an passé. A leurs
yeux, le ministère de la Justice, dirigée par Rodica Stanoiu, exerce une autorité et une
surveillance injustifiées et démesurées sur l'administration et les juges eux-mêmes, l'évolution de leur carrière. Les inspecteurs du ministère font de l'ingérence manifeste,
utilisent sans vergogne leur pouvoir d'influence, s'arrogent un droit de regard sur les
affaires en cours et le travail des magistrats. Le Procureur général utilise sans limite la
procédure de recours extraordinaires pour faire invalider des décisions de justice définitives qui ne lui conviennent pas, cette pratique se développant même.
Le rapport relève aussi que les magistrats, nommés normalement par le Chef de
l'Etat sur proposition du Conseil Supérieur de la
Magistrature, le sont en fait sur recommandation du
ministère de la Justice qui a fait de cet organisme une
annexe. Il est ainsi noté qu'il suffit d'une ancienneté de cinq
années dans des domaines concomitants à la Justice pour
être admis au concours de magistrats, et au-delà, on peutêtre dispensé d'examen. En outre, les parlementaires, le
ministre de la Justice, les secrétaires d'Etat, les employés
du ministère ayant quelques connaissances dans le domaine, peuvent être nommés directement magistrats. En 2000,
la totalité des 70 nouveaux juges du pays ont été désignés
de cette façon, et en 2001, 45 sur 53.
Tanase Joita, Procureur
Une réforme qui tarde à voir le jour
général de la République,
aura fort à faire
pour redonner de la
crédibilité à ses services.
Il en résulte une déprofessionnalisation de la fonction qui ne remplit pas sa mission. Si l'on ajoute à ces éléments que la Justice est considérée par l'opinion publique
comme la deuxième administration la plus corrompue du pays, après celle des
douanes, il n'est pas étonnant de constater la chute de l'estime que lui accorde les
Roumains.
En novembre 1998, ils étaient déjà 62 % à ne pas lui faire confiance, un an plus
tard ce chiffre était passé à 74 % et en novembre 2000, à 77 %. La presse, que Rodica
Stanoiu a tenté de mettre au pas en voulant introduire une législation lui interdisant en
fait toute investigation sur la nomenklatura, avec peines de prisons à la clé, fait fréquemment état de pots de vins, d'affaires arrangées, de sentences incompréhensibles
voire illégales, d'ingérences de politiciens ou de personnes bien placées au cours de
l'instruction ou des procès.
La ministre de la Justice, dont le mari est également un des plus hauts magistrats
du pays -juge à la Cour Constitutionnelle - a bien promis une réforme s'appuyant sur
une nouvelle loi. Mais, annoncée pour l'été 2002, celle-ci n'a pas encore vu le jour et
s'élabore à l'abri des regards des spécialistes du domaine juridique et de la société civile. Enfin, " Open Society Institute" souligne que le manque de moyens, de personnel,
de locaux de la Justice entrave son bon fonctionnement.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
La reconnaissance n'attend pas
le nombre des années
Insolite
D
ébut décembre, Vasile Govon, d'Arad, marié voici
deux ans et ayant un bébé d'un an et demi, était
victime d'un très grave accident de la route.
Transporté dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de
Timisoara, le jeune homme est resté dans un état de coma profond pendant deux semaine, entre la vie et la mort, ses médecins et son entourage ne lui donnant guère de chances de survivre. Pourtant Vasile est sorti de son coma et, reprenant
conscience, il a promis au personnel médical de venir refaire
la chambre en piteux état où il était hospitalisé, dès qu'il serait
Quatre millions de Ion
L
P
rétabli… Ce qu'il a fait deux mois plus tard, aidée par sa jeune
femme, Silvia. A leur grand ébahissement, les médecins du
service, également très émus, ont vu le couple débarquer avec
des panneaux de termopan pour les vitres, des seaux de peinture, du linoléum, et se mettre tout de suite à l'ouvrage, refaisant également la salle de bain et les toilettes, changeant le
mobilier et apportant un poste de télévision. Vasile et Silvia tout juste 22 ans - ont mis toutes leurs économies, 65 millions
de lei (près de 2000 €, 13 000 F) dans cette entreprise, qu'ils
ont déclaré avoir fait spontanément la vie n'ayant pas de prix.
Bière et pilules, rois du réveillon
e 7 janvier est la date la plus fêtée de
Roumanie. Ce jour-là, lendemain de
Boboteaza (le baptême du Christ),
autre grand évènement de l'année, quatre millions de Roumains, soit un habitant sur cinq,
fêtent leurs prénoms, Ion ou Ioan (Jean), qu'ils
sont plu d’un million à porter (1 110 046) et
Ioana (Jeanne), lesquelles sont 285 000. Il faut
aussi comptabiliser les Ionel (Jeannot) - dérivé
qui vexe ceux qui le portent, lorsqu'ils occupent
des fonctions importantes - et tous les prénoms
combinés à partir de Ion, plus de 2,5 millions.
Rien qu'à Bucarest, on compte 314 028 Ion.
our oublier la dureté des temps et se réchauffer, les Roumains ont
consommé comme jamais aux cours des fêtes de fin d'année.
D'après les premières estimations, ils ont dépensé en une semaine
autant que les trois mois précédents. Bien sûr les commerçants, selon leurs
mauvaise habitudes qui se renouvellent également à Pâques, en ont profité
pour augmenter allègrement les prix. Alcools, vins ,bières, et même l'eau
minérale ont doublé. Les ventes de bières, de café - considéré comme un
luxe, vu son prix - et de cigarettes ont bondi de 50 %… et celles de pansements gastriques de 30 %. Autres produits de "consommation" ayant eu la
cote : les pilules contraceptives et les préservatifs dont les ventes ont augmenté de 10 à 20 %, les fournisseurs ayant par endroits épuisés leurs stocks.
Le Légion d'Honneur
proposée pour
l'admirateur de Napoléon
rêtre mais aussi
professeur,
Constantin Onu
a ouvert à l'intention des
sourds et muets, et au sein
de la Faculté de Théologie
orthodoxe de Pitesti, la
première section en Europe
du Sud-Est de communication et d'officiants pour les cérémonies religieuses. Pour ce faire, il a appris le
langage gestuel, le plus difficile étant pour lui de comprendre et de penser
comme un sourd et muet. Le prêtre a également constitué une chorale - unique
au monde - avec ses seize élèves, qui est allée interpréter des colinde de Noël
à la Patriarchie de Bucarest. Mimes, gestes superbes, mouvements des lèvres
et du regard, remplaçant paroles et sons, ont bouleversé le public par leur
intensité.
J
ournaliste et directeur des éditions
Rompit, Marian Deaconu a une passion
dans la vie : Napoléon. Le Roumain
vient de publier, dans sa langue maternelle, un
ouvrage de 800 pages, intitulé "Ascension et
décadence de Napoléon Bonaparte", paru aux
éditions Athena, qui lui a demandé 15 ans de
recherches, la lecture de 300 livres en français,
de multiples déplacements à Paris, à Waterloo.
Son travail a été récompensé par le diplôme
de membre d'honneur de la Société
Internationale Napoléonienne, qu'il a reçu
récemment par la poste. Basée à Montréal, cette
association, présidée par le milliardaire Ben
Weider, a comme président d'honneur le prince
Albert de Monaco. Mais, distinction suprême,
Marian Deaconu a été aussi proposé pour devenir chevalier de la Légion d'Honneur, ordre créé
par Napoléon.
Le journaliste a entrepris deux nouveaux
livres, dont l'un sur Alexandre le Grand et
l'autre sur la Révolution française.
Chorale de sourds et muets
P
S
Surprises policières
oupçonné par son voisin de lui avoir dérobé deux sacs de haricots,
un habitant de Belcesti (Iasi) a accusé le policier venu enquêter de
l'avoir forcé à mettre la main dans le feu pour jurer qu'il n'y était
pour rien. A Pitesti, Ioan Moldovan, 25 ans, a dérobé dans un magasin deux
saucissons de Sibiu, un pain au chocolat et est allé immédiatement se dénoncer à la police, ébahie. Le jeune homme, chassé par sa famille, libéré quelques
jours plus tôt pour bonne conduite et errant dans les rues, préférait retrouver
la prison dont il sortait, où le gîte et le couvert lui sont assurés.
35
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Sports
SUCEAVA
z
z
ORADEA BAIA
z
MARE
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ARAD
z
z
TARGU PIATRA
MURES NEAMT
ALBA IULIA
BACAU
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TIMISOARA
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IASI
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CLUJ
z
GALATI
z
SIBIU BRASOV
z
BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Classement UEFA:
la Roumanie 24ème
Eliminée de la phase préliminaire
de la coupe du monde 2002, la
Roumanie a obtenu sa plus mauvaise place au classement annuel de la
FIFA (Fédération Internationale de
Football), instauré en 1993. Elles se
classe au 24ème rang, avec 649
points, loin derrière, respectivement,
le Brésil, premier avec 856 pts, la
France, (787 pts), l'Espagne (779
pts), l'Allemagne (761 pts).
34
Anghel Iordanescu,
sélectionneur de l’équipe nationale.
Pour les éliminatoires de l'Euro
2004, lequel se déroulera au
Portugal, la Roumanie doit affronter
le Danemark (12ème, 707 pts), la
Norvège (26ème, 648 pts), la
Bosnie-Herzégovine (87ème, 462
pts), le Luxembourg (148ème, 254
pts). Après trois matchs, la
Roumanie est seconde de sa poule
avec 6 points (deux victoires contre
le Luxembourg et la BosnieHerzégovine, une défaite à Bucarest
contre la Norvège), derrière la
Norvège (7 pts) et devant le
Danemark (4 pts, un match en
moins). Seule la première place est
qualificative, le second de la poule
étant appelé à disputer un match
aller-retour de barrage.
Entraînement commando
pour les rugbymen roumains
P
etit Napoléon" - c'est ainsi que les Roumains appellent le sélectionneur de
leur équipe nationale, le Français Bernard Charreyre, depuis qu'il a sauvé
du naufrage leur rugby - a mis au point un plan de préparation inédit en vue
de la prochaine coupe du monde qui doit se dérouler en Australie, en octobre prochain.
Trente jours avant de s'envoler pour les antipodes, ses joueurs seront réunis dans une
base sportive ultra-moderne des Alpes françaises, recevant un entraînement commando dans un cadre sauvage où ils devront eux-mêmes se débrouiller avec des techniques
de survie, développer leur condition physique et leur esprit de corps… ainsi que le font
les sélections nationales anglaise et française.
Par ailleurs, Bruno Charreyre a désigné trente joueurs qui ont obtenu le statut professionnel de la part de la Fédération Roumaine de Rugby et reçoivent de celle-ci un
salaire mensuel de 300 à 500 € (2000 à 3300 F), s'entraînant déjà en vue de la coupe
du monde. Le Français a prévenu que chacun d'entre-eux avait une chance d'être retenu pour l'Australie, le capitaine de l'équipe, Romeo Gontineac, étant le seul assuré
d'être sélectionné.
Au cours de ce mondial, la Roumanie doit affronter l'Australie, tenante du titre,
l'Argentine, l'Irlande et la Namibie, en poule qualificative.
Cinq ans de suspension pour les gymnastes nues
L
es trois anciennes championnes roumaines de gymnastique, Lavinia MiloSovici, Claudia Presecan et Corina
Ungureanu, qui avaient posé nues dans un magazine japonais et tourné dans un film vidéo pour
adultes, ont été suspendues par la Fédération
Internationale de Gymnastique de toute compétition
et activité touchant à ce sport, pour cinq ans. Cette
mesure s'applique également à la Roumanie. Pour
motiver sa décision, la FIG a avancé le fait que les
prises de vue avaient eu lieu dans une salle de
sports… inventant ainsi le délit d'atteinte aux
bonnes mœurs d'appareils de gymnastique !
Alors que cette sanction était annoncée, leurs
anciennes camarades de la sélection nationale, les
deux championnes olympiques, Andreea Raducan et Maria Olaru étaient invitées pour
une tournée de démonstration en Malaisie, faisant admirer leurs talents, sans pour
autant retirer leur justaucorps… ce qui a fait dire à certains journaux que l'on pouvait
gagner de l'argent avec ce sport sans se déshabiller, omettant toutefois de rajouter que
cela leur avait rapporté environ cinquante fois moins.
Coupe Davis :
défaite sans appel de
la Roumanie face à la France
A
En méforme, Andrei Pavel, joueur
phare du tennis roumain, n’a pas pu
peser sur le sort de la rencontre.
près sa défaite sans appel (1-4) devant
la France, à Bucarest, en 1/8ème de
finale de la Coupe Davis, la
Roumanie devra disputer un match de barrage, en
septembre prochain, pour pouvoir espérer figurer
dans le prochain tableau mondial du tournoi de
tennis. En 20 ans, les Roumains n'ont réussi qu'une
fois à se qualifier pour les quarts de finale.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Le jeu pyramidal avait dépouillé de leurs
économies des centaines de milliers de Roumains
Justice
2900 euros d'amende et 21 mois de prison
pour Ioan Stoica, l'inventeur de "Caritas"
I
oan Stoica et son épouse, Elena, peuvent se frotter les
mains. Les inventeurs de "Caritas", jeu pyramidal
constituant une des plus grosses escroqueries
publiques du XXème siècle en Roumanie, ont vu les poursuites engagées contre eux abandonnées pour raison de prescription… Ainsi en a décidé en dernier recours, la Cour
d'Appel d'Oradea, les sept ans et demi de délai accordés par la
loi pour rendre un verdict étant dépassés. Des centaines de milliers de personnes, le plus souvent modestes, avaient été
dépouillées de leurs économies.
Procès déplacés, reportés, décisions cassées, grâces, etc…
ont permis au couple d'échapper aux rigueurs de la loi, à la
grande colère des milliers de plaignants dont certains parlent
de continuer une action en justice devant la Cour Européenne
des Droits de l'Homme de Strasbourg.
Les victimes réclamaient 1 M€ à Ioan Stoica, somme très
inférieure à celles qui ont été englouties dans "Caritas" à travers tout le pays. Finalement, au bout du processus judiciaire,
elle n'auront obtenu que 2900 € (19 000 F), Elena Stoica étant,
elle, condamnée à verser 200 000 lei (6 €, 40 F), amende qui
a été graciée. Ioan Stoica aura effectué, en tout et pour tout, 21
mois de prison préventive, une autre peine de 6 mois ayant été
gracié. Il déclare vivre aujourd'hui avec sa pension de 800 000
lei (25 €, 160 F) et dément avoir des comptes à l'étranger.
Une hystérie collective à travers le pays
Le jeu pyramidal avait débuté en 1990 à Brasov, mais la
ville étant en mauvaise posture financière, Ioan Stoica l'avait
déplacé à Cluj, cité beaucoup opulente dont nombre de
citoyens s'enrichiront à cette occasion, achetant voitures,
appartements. Cette opération se déroula sous le regard bienveillant du maire, l'ultra-nationaliste Gheorghe Funar. Pendant
près de deux ans "Caritas" y prospérera, promettant des gains
V
s'élevant à huit fois leur mise en seulement trois mois à ceux
qui y mettaient leurs fonds. Les premiers déposants, surtout
des Clujois, furent les principaux gagnants, comme le veut le
principe boule de neige du système pyramidal… jusqu'à l'avalanche et l'immanquable catastrophe finale.
Le succès du jeu sera vertigineux, provoquant une véritable hystérie collective à laquelle il était très difficile de résister, à travers un pays qui découvrait tout juste le capitalisme,
l'assimilant à un moyen de s'enrichir vite et sans effort.
La passivité du gouvernement
Des centaines de milliers de petits épargnants, venus de
toute la Roumanie, firent le déplacement pour confier leurs
modestes économies; des paysans vendirent leur bétail pour se
constituer un viatique leur permettant de jouer; des retraités
apportèrent leur maigre pension; des jeunes mariés gaspillèrent la dot collectée au cours de leurs noces. Certains, sans
argent, empruntèrent; d'autres vinrent avec les sommes que
leur avaient remises leur familles, les voisins.
Tous se retrouvèrent à Cluj, dans un univers familier et
qu'ils venaient tout juste de quitter : les interminables queues.
Elle atteignirent jusqu'à plusieurs jours pour accéder à l'antre
de "Caritas" que Ioan Stoica avait fait entourer de vigiles
chargés d'écarter les curieux, les journalistes et les sceptiques… Tout cela à la barbe du gouvernement (président Ion
Iliescu, Premiers ministres de l'époque : Petre Roman, Teodor
Stolojan) qui ne bougea pas et laissa faire les choses jusqu'à
l'effondrement du jeu, en septembre 1992.
En 1994, en Albanie, un jeu pyramidal identique provoqua
la chute du régime et conduisit à un début de guerre civile,
avec des centaines de morts. En Roumanie, des tentatives de
ressusciter "Caritas" sous une autre forme apparaissent régulièrement. Mais, cette fois-ci, les autorités veillent au grain…
“Moche”... mais généreuse
ice-championne du monde du 1500 m, Violeta Beclea-Szekely (notre photo) a gagné le
procès en diffamation qu'elle avait intenté à Gabriela Szabo. La multi-championne olympique avait déclaré que si sa compatriote et rivale, à laquelle une profonde inimitié l'oppose, n'était pas invitée à certains meetings d'athlétisme, ce n'était pas parce qu'elle faisait pression auprès
des organisateurs pour l'évincer, mais parce que ceux-ci estimaient qu'elle était… si laide qu'elle ferait
peur au public! Peu sensible à cette gracieuseté féminine, le tribunal de Bucarest appelé à statuer sur
l'affaire, a condamné la belle "Gaby" à verser 5000 € (33 000 F) de dommages et intérêts à la "moche" Violeta qui lui en réclamait 150 000 (un million de F), ainsi qu'à une amende de 250 € (1650 F) et aux remboursement des frais de procédure.
Ne pas savoir tenir sa langue coûte cher à la championne, déjà condamnée à verser 10 000 € (65 000 F) à l'entraîneuse française d'origine roumaine, Carmen Hodos, pour avoir soutenu qu'elle se droguait. Du fait de l'accumulation de ces condamnations figurant sur son casier judiciaire, Gabriela Szabo ne peut plus prétendre à des fonctions de direction dans l'athlétisme roumain, ni au
sein du Comité Olympique de son pays, comme cela se pratique couramment à la fin d'une carrière sportive. Quand à Violeta, qui
n'a jamais pu remporter un titre mondial ou olympique, Gabriela se mettant toujours en travers de son chemin, elle a montré que
la vraie beauté,qui comptait, était celle du cœur : la grande championne a décidé de remettre son chèque à une œuvre caritative.
19
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Mon village
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CLUJ
ARAD
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BAIA MARE
ORADEA
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TARGU
MURES
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TIMISOARA
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IASI
GALATI
SIBIU BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
z
A la fabrique de meubles
de Pâncota, capitalisme
rime désormais avec Moyen-Age
z
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PANCOTA
z
SUCEAVA
z
„
z
CERNAVODA
BUCAREST
z
z
CONSTANTA
A peine 4 % du
vignoble en état
de produire du vin
22
20
Sur les pentes des monts Zarand,
première bosses des Apuseni au
pied desquelles vient mourir l'immense et morne plaie hongroise, pousse
depuis plus d'un millénaire un
vignoble qui donne des vins de
moyenne qualité, dont le plus côté
est le Minis, mais qui représentait
une activité importante jusqu'à la
"Révolution". A Pâncota, 380 hectares étaient plantés en vigne. Avant
le communisme, chaque famille propriétaire produisait 20 hectolitres,
dont une bonne partie pour sa propre
consommation, soit au total 20 000
hl, auxquels il fallait ajouter la production industrielle. Blanc, rouge,
cabernet, sauvignon, merlot étaient
les cépages du crû, le petit village
de Maderat (5 km) étant connu pour
son "mustoasa" (issu du moût) blanc,
appelé en Allemagne "Mustafer".
Après 1990, pendant une ou deux
années, l'exploitation a continué.
Puis la coopérative viticole a arrêté
son exploitation. N'étant plus surveillées, laissées à l'abandon, les
vignes ont été saccagées, le bois des
cabanes, les fils des espaliers, volés,
les structures et le matériel ont disparu. L'Etat devait redistribuer les terrains mais, douze ans après, très
peu de titres de propriété avaient été
attribués ou restitués, les anciens
propriétaires ne se bousculant pas
pour les récupérer : replanter la vigne
exige un investissement de 20 millions de lei (600 €, 4000 F par hectare) et rares sont ceux qui en ont les
moyens. Aujourd'hui, 15 ha sur 380
sont cultivés, soit à peine 4 % du
vignoble.
La petite ville du Banat était fière
de ses chaises courbées
que l'on trouvait dans le monde entier
P
âncota était fière de sa fabrique de meubles, la première du pays pour l'exportation à laquelle elle consacrait 98 % de sa fabrication. Elle avait été
créée en 1912 par un Français, Marcel Thonet, spécialiste et promoteur du
meuble courbé. Celui-ci avait choisi la petite ville du nord du Banat parce qu'elle se
trouvait sur un nœud routier et ferroviaire, et était devenue un important carrefour
commercial avec son marché aux chevaux célèbre dans tout le pays. Au début, la
fabrique comptait une centaine d'employés, travaillant selon le système des 3 x 8,
fabriquant 400 chaises par jour; puis leur nombre grimpa à 250 dans les années 20.
L'arrivée des communistes amena sa nationalisation en 1948 où, en hommage au
"grand frère" soviétique, elle prit le nom de "Rasaritul" ("Là où le soleil se lève"). Le
développement de l'entreprise fut exponentiel. Elle devint la plus grande fabrique de
meubles courbés d'Europe, exporta en Belgique, Suisse, France, Allemagne, Suède.
Les chaises de Pâncota étaient connues dans le monde entier. On en trouvait dans
les bars en Amérique. Devant le carnet de commandes bien rempli, les 2100 employés
que l'usine compta durent même travailler le dimanche. Ils venaient de toute la région,
par des systèmes de navettes de cars et de trains.
Un repreneur allemand de rêve évincé
au profit d'un cadre de l'ancien régime
Après la "Révolution de 1989", l'entreprise se transforma en société commerciale
à capital d'Etat,
d é n o m m é e
"Pâncota
S.A.",
n'employant plus
bientôt que 1450
personnes. C'était
le début de la
déconfiture, laquelle s'acheva par sa
privatisation, en
1998. Pourtant, à
cette occasion, une
chance exceptionEn 1998, lors de sa privatisation, le choix d’un nomenclaturiste
nelle se présenta
à la place d’une firme allemande sérieuse, condamnait déja
la fabrique de meubles de Pâncota à la déconfiture.
sous la forme d'un
candidat à la reprise allemand qui posa sa candidature lors de la mise aux enchères par
le FPS (Fonds de Privatisation d'Etat). Cette grosse firme d'Outre-Rhin proposait de
payer cash l'acquisition, de moderniser l'usine, de ne pas procéder à des licenciements
pendant les cinq années à venir et de verser des salaires moyens nets de 3 millions de
lei (90 €, 600 F). Un rêve dans une Roumanie où l'économie s'était effondrée!
Mais les Allemands eurent sans-doute le tort de ne pas avoir "le geste qu'il faut"
et la décision traîna en longueur sous l'influence d'un autre repreneur potentiel qui
leur souffla l'affaire. Celui-ci, ancien haut fonctionnaire de Bucarest, chargé sous le
communisme de l'exportation des meubles roumains et qui, bénéficiant de ses
connaissances, s'était reconverti dans le capitalisme, avait déjà acquis une entreprise à
Bacau. Avec tout "son savoir-faire", il racheta la fabrique de Pâncota pour 2,5 milliards de lei… alors qu'elle était estimée à 15 milliards de lei.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Environnement
Société
Bucarest a perdu la moitié de ses espaces verts depuis 1990
Plus de place pour enterrer les morts
C
es douze dernières années, Bucarest a perdu 17
km2 d'espaces verts, soit la moitié de ceux qui
existaient lors de la chute du régime communiste.
Avec 2,5 m2 de zone de verdure par habitant, la capitale roumaine atteint à peine le quart des normes internationales qui
sont de 12 m2. Cette restriction de l'espace vitale, due pour une
bonne part à l'affairisme immobilier, se traduit par une détérioration de l'environnement. Chaque kilomètre carré de la
ville reçoit mensuellement 275 tonnes de poussière. Les deux
millions de véhicules, souvent usagers, qui circulent dans la
capitale provoquent 70 % de la pollution.
Les promoteurs de cimetières privés déchantent
Mais il existe aussi à Bucarest 12 cimetières "paroissiaux"
dépendant essentiellement de l'Eglise orthodoxe ainsi que
quatre cimetières privés, apparus au cours de ces quatre-cinq
dernières années: le cimetière "Metallurgie", près du quartier
Tunari, "Cernica" (quartier Pantalimon), "Pace Voua"
(chaussée Magurele), "Michel et Gabriel", près de l'autoroute
Bucarest-Pitesti.
Ces derniers ont été créés par des hommes d'affaires qui,
au vu de la hausse relative du taux de mortalité et des dépenses
que les Roumains n'hésitent pas à entreprendre pour les
Seize cimetières publics totalement saturés
obsèques de leurs proches, ont estimé que l'investissement
pouvait être rentable en moins de dix ans.
Le manque de place se fait aussi dramatiquement ressenAujourd'hui, ces "promoteurs" déchantent. Non seulement
tir au niveau des seize cimetières publics de la capitale qui sont
il leur a fallu acquérir d'immenses terrains au prix du mètre
totalement saturés. Ceux-ci ne peucarré pratiqué dans la capitale, mais
vent plus proposer que quatre cents
encore ont-ils dû les viabiliser, assurer leur drainage, installer des allées
places mensuellement, alors qu'il
en béton, y construire une chapelle,
meure cinq cents Bucarestois penun bâtiment administratif, des comdant cette période. Les tombes sont
modités... tout en respectant la dismises à touche-touche jusqu'aux
tance minimum de 50 m entre la
portes des maisons de gardien, alors
porte du cimetière et la première
que la réglementation prévoit
habitation.
qu'elles en soient distantes d'au
Ainsi l'achat et l'aménagement
moins trois mètres.
d'un
terrain de 10 ha est-il revenu à
D'après celle-ci, une réserve de
500
000
€ (3 MF) à son propriétaidouze mille emplacements devrait
re.
L'obtention
de la vingtaine d'auexister pour faire face à une calamité
torisations
nécessaires,
demandant
naturelle et pouvoir enterrer la totaA
Bucarest,
faute
de
place,
morts
et
vivants
lité des victimes... ce que, malheuplus d'un an de démarches auprès de
ont de plus en plus de mal... à respirer. Mais, vu les prix
reusement, on ne peut pas exclure à
demandés dans les cimetières, les vivants multiples services, et 10 000 € de
ont de moins en moins l’intention d’y rejoindre les morts.
Bucarest, ville souvent touchée par
frais et taxes supplémentaires, a
les tremblements de terre. La mairie a bien acheté deux terdécouragé le développement de ces initiatives.
rains, mais le budget de la ville n'a pas prévu d'argent pour les
aménager.
Des Bucarestois effrayés par les prix demandés
La pollution se retrouve également dans ces lieux. Un rapport de l'Inspection Sanitaire indique que la moitié des cimeQuant aux résultats, ils sont en-dessous de tous les scénatières fonctionnent sans autorisation sanitaire et que l'autre ne
rios imaginés. Effrayés par les prix demandés, parfois aussi
la respecte pas. De graves problème d'hygiène sont signalés. Il
par la distance de certains de ces cimetières situés en périphén'est pas rare de voir des déchets jonchés le sol. Les poubelles
rie, les Bucarestois ont boudé cette innovation. A
n'existent pas ou débordent, la collecte des ordures n'étant
"Metallurgie", un emplacement se vend entre 500 et 700 €
effectuée qu'une fois par semaine. Des robinets manquent ou
(3300-4600 F). On n'y dénombre que 50 tombes, après trois
sont volés, l'état des toilettes est misérable...
années d'existence. A "Michel et Gabriel", à peine cent places
Véritable Panthéon national, où sont enterrés les grands
ont été acquises en cinq ans. Son propriétaire cherche à s'en
noms de l'histoire et de la culture roumaine, le cimetière Bellu
débarrasser et un emplacement est bradé à 60 € (400 F), uniéchappe à cette triste réalité. Aujourd'hui, il est surtout
quement pour tenter de récupérer une partie de la mise de
départ.
considéré comme la dernière résidence "cinq étoiles" de la
A "Pace Voua", seule la pratique de prix plus accessibles
nouvelle nomenklatura.
- entre 120 et 210 € (800-1400F) - a permis à son promoteur
L'administration municipale tente cependant de donner
de vendre 500 des 10 000 places proposées en dix-huit mois.
une image plus reluisante de ces lieux qu'elle a en charge. Elle
Quelque soit l'immense respect que les Roumains portent à
a créé un site Internet, www.cimitire.ro, présentant tous les
leurs morts, leur vie est aujourd'hui trop dure pour se permettre
cimetières publics, les moyens de transports pour s'y rendre,
n'importe quelle dépense.
les formalités à accomplir lors d'un décès...
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22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Près de 15 000 suppléants
sans qualification dans tout le pays
Enseignement
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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CRAIOVA
Brevet: des notes
arrangeantes
32
Fin juin 2002, à Slatina. Les
élèves de huitième consultent les
résultats de l'examen de capacitate
(brevet). Le père de l'un d'entre-eux
s'indigne de voir que son fils n'a
obtenu que la moyenne de 7,40 sur
10, ce qui lui barre l'entrée au lycée
de la police où la note 8 est exigée.
Les candidats pouvant contester les
résultats, deux professeurs du jury
s'attellent à la relecture de l'ensemble des devoirs du garçon et,
bienveillants, remontent finalement
sa moyenne à 7,6. Quand la différence est inférieure à 0,5 point, le
dossier reste sur place; si elle est
plus grande, c'est l'inspection qui le
prend en charge.
“Vous ne voulez pas de
mes 300 dollars ?
Bien, j’appelle l’inspecteur.”
Le père proteste auprès des
enseignants, tempête, implore, insiste… Rien n'y fait, le maximum a été
consenti. En désespoir de cause, il
sort 300 dollars (2000 F), qui sont
refusés, et est invité à sortir de la
salle du jury, malgré ses prières.
Une demi-heure plus tard, le téléphone sonne. L'un des chefs de
l'inspection demande à ce que les
devoirs lui soient transmis pour une
nouvelle correction. Protestations
des deux professeurs coupées par
un brutal : "Vous m'avez compris ou
je dois le répéter ?". Deux jours plus
tard, la moyenne de l'élève avait été
rectifiée à 8,90. Aujourd'hui lycéen, il
envisage de faire carrière dans la
police…
Peut-être sera-t-il chargé d'enquêter sur les affaires de corruption?
L
es démissions de professeurs, faute de salaires décents, s'accélèrent à travers le pays. Rien que dans la capitale, quinze d'entre-eux quittent l'enseignement chaque semaine, se reconvertissant dans la vente de téléphones
mobiles, la publicité, devenant pompistes dans des stations-services ou vendant simplement des légumes et des fruits sur les marchés. Par ailleurs, près de 3000 ont pris
un congé sans solde de un an.
Ces enseignants sont souvent remplacés
par des personnes n'ayant pas la qualification
requise ni les diplômes exigés. Près de 15 000
postes, dont 4000 en ville, sont ainsi pourvus
par des suppléants n'ayant pas la compétence
indispensable, ne disposant parfois que de
leur baccalauréat ou bien encore en cours de
formation ou ayant une qualification autre.
C'est en anglais que le phénomène est le
Faute de salaires décents, plus criant (15 % d'enseignants non qualifiés),
les enseignants désertent le métier.
discipline qui précède la religion (12 %), l'informatique (11 %), et le roumain (7 %). Par ailleurs, si la crise est moins profonde
dans l'enseignement supérieur, elle n'en épargne pas pour autant les 3600 professeurs
universitaires du pays qui gagnent, en moyenne, 300 euros par mois (2000 F), salaire
brut… soit douze fois moins que la moyenne de leurs 18 000 collègues français.
L
A 300 € par mois, les enfants de riches
peuvent apprendre l'anglais à Bucarest
'émergence d'une classe de Roumains qui s'est enrichie après la Révolution
a favorisé l'apparition d'universités et de lycées privés à travers le pays. Les
écoles primaires du même type sont beaucoup plus rares. L'une d'entre
elles, l'école "Mark Twain", fondée en 1995 dans la banlieue résidentielle nord de
Bucarest, se flatte d'être la seule de son genre en Roumanie à être bilingue, les 200
enfants la fréquentant y recevant leur enseignement, inspiré d'une méthode américaine, successivement en roumain et en anglais.
Un mini-bus effectue le ramassage scolaire tous les matins. Les élèves arrivent à
8 h 30 et prennent ensemble un copieux petit-déjeuner, puis étudient différentes disciplines en roumain jusqu'à 11 h. Une pause d'un quart d'heure, accompagnée d'une collation, précède l'enseignement en anglais, dont les mathématiques, qui se déroule jusqu'à 13 h 30. Puis pendant une heure, les enfants prennent leur déjeuner et se reposent.
L'après-midi, jusqu'à 16 h 30 et le retour dans les familles par minu-bus, est consacré
aux disciplines optionnelles enseignées dans des ateliers: ordinateur, échecs, aïkido,
art, histoire, religion, ballet, danse sportive, théâtre, allemand, espagnol, arabe. Il existe aussi des ateliers jeunes journalistes, magie, amour de la littérature, etc…
Surveillance en direct des cours sur Internet pour les parents
Pour pouvoir inscrire leurs enfants, les parents doivent s'acquitter de 300 € (2000
F) par mois, ce qui, comparativement, ferait 3800 € (25 000 F) pour un occidental.
Pourtant on s'y bouscule : l'école a une liste d'attente représentant 15 % des effectifs
et il est conseillé de se pré-inscrire un an à l'avance.
Petit plus offert aux familles, à 95 % roumaines, les autres appartenant au corps
diplomatique… une web-camera leur permet de surveiller en direct sur Internet leurs
rejetons pendant les cours et de vérifier le contenu de ceux-ci. Les enseignants - un
pour cinq élèves - doivent apprécier… mais, triés sur le volet, ils gardent leurs
remarques pour eux : leur salaire, à 7 millions de lei (210 €, 1400 F) est trois fois
supérieur à celui d'un débutant.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un milliers de licenciés
qui vivent des légumes de leur jardin
de meubles ont vu leur condition empirer. Ils ont perdu la
"prime pour les 3 x 8", du fait de la baisse de l'activité; puis ce
fut le tour de la "prime de pénibilité" (20 % du salaire), versée
Quatre ans plus tard, alors que son nouveau propriétaire
pour le déchargement des camions, suspendue parce que le
n'est venu sur les lieux que 3-4 fois, l'entreprise touche le fond.
patron avait déclaré ne plus avoir d'argent.
En un mois, elle ne fabrique plus que ce qu'elle faisait en un
La "prime de nocivité" (20 %) a été également supprimée.
jour. Sa réputation a chuté, car ses meubles sont mélangés avec
Elle représentait 400 000 lei ( 12 €, 80 F) par mois et était jusceux de l'usine de Bacau, dont la
tifiée par l'importante pollution
qualité est moindre. La gestion a
qui règne dans les ateliers du fait
été déplorable et apparaît louche.
du traitement du bois et de son
L'usine vend sa production à l'enponçage à l'aide de papier de
treprise d'import-export de la
verre, lequel soulève un nuage
femme du propriétaire, qui touche
permanent de poussière, amenant
ainsi au passage une commission
de nombreuses tuberculoses, des
de 7 %, ce qui lui permet de minoemphysèmes. Des maladies ocurer son bilan et de payer moins de
laires sont également provoquées
taxes.
par la pulvérisation de laques, et
Plus d'un millier d'employés
les ouvrières qui les subissent ont
ont été licenciés et il n'en reste
les yeux qui pleurent. Les nouplus que 250. Les autres ont touveaux embauchés mettent pluLa vente des produits de leurs jardins, sieurs mois à s'habituer aux
ché le chômage pendant neuf mois
ici dans la rue principale de Pâncota, permet
à de nombreux chômeurs de la région de survivre. odeurs épouvantables des lieux
et vivent désormais le plus souvent avec ce que peuvent leur rapporter leurs champs ou leur
et présentent souvent des réactions d'allergie sur les bras.
jardin. Car il est pratiquement impossible de retrouver du traPour autant, l'Inspection du Travail n'a rien remarqué. Elle
vail dans la région. Des deux mastodontes qui permettaient
était venue constater les faits à la reprise du travail, un lundi
autrefois d'assurer le plein emploi, l'un, le combinat chimique
matin, alors que la fabrique n'avait pas fonctionné pendant tout
de Vladimirescu, pollueur patenté du secteur, a fermé ses
le week-end. "Pas de pollution, pas de prime" a donc décidé la
portes, l'autre, le fabricant de wagons UVA d'Arad, devenu
direction, se basant sur le rapport de l'inspecteur, provoquant
ASTRA, a réduit ses effectifs de 15 000 à 1000 ouvriers.
un mouvement de révolte qu'elle a vite endigué : "Ceux qui ne
sont pas contents, prennent la porte".
Des bons d'alimentation en guise de salaire
Les chanceux qui sont restés ne sont pourtant pas mieux
lotis. Alors que le salaire mensuel net minimum était de 1,750
millions de lei (53 €, 350 F), l'année dernière, ils ne touchaient
que 500 000 lei (15 €, 100 F), non pas en espèces, mais sous
forme de bons d'achats négociables seulement dans 3 ou 4
magasins alimentaires de Pâncota et uniquement pour de la
nourriture. Pas question d'y acheter de la bière, du vin, du
tabac, ni d'essence, pas plus que d'aller faire des courses à
Arad, où cette "monnaie de singe" n'est pas reconnue.
Normalement, ces employés auraient dû recevoir 22 bons de
45 000 lei, mais l'entreprise ne leur en délivre que dix. En
outre, ce système les humilie en les réduisant à l'état des nécessiteux dont on surveille les dépenses.
L'Inspection du Travail d'Arad ne trouve rien à redire.
N'est-elle pas assez curieuse ? Lors de sa venue dans la commune pour enquêter sur une firme italienne de fabrication de
vêtements, un inspecteur n'a pas remarqué que les cotisations
chômage et retraite des employés n'étaient pas acquittées. Il est
reparti les mains vides… et le coffre de sa voiture plein de
vêtements. Depuis l'entreprise a fermé ses portes et le personnel ne peut pas toucher le chômage, faute d'avoir cotisé.
"Ceux qui ne sont pas contents prennent la porte"
Avant d'en arriver à avoir leur salaire versé sous forme de
saucisses ou de pommes de terre, les employés de la fabrique
Fatalisme devant la retraite qui s'envole
En juin dernier, une autre ombre est venue noircir le
tableau. Un vieil ouvrier s'est rendu compte qu'il lui manquait
des années de cotisation pour le supplément retraite. Un ancien
chef-comptable, qui a disparu de la circulation depuis, avait
omis de les verser pour quelques 800 employés sur une période de 25 ans, leur réservant sans-doute une autre destination.
Aujourd'hui, les personnes lésées se retrouveront, au moment
de leur cessation d'activité, avec 28 annuités au lieu des 35
exigées pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Leur pension ne sera plus que de 900 000 lei (27 €, 180 F) au lieu des
1,4 millions de lei (42 €, 280 F) auxquels elles ont droit, perdant ainsi 36 % d'un futur revenu qui, complet, ne leur permettrait déjà pas de subsister.
La nouvelle a suscité un vent de panique à la fabrique. Les
employés se sont précipités dans le bureau du personnel pour
consulter leur carnet de travail, où sont consignés tous les éléments ayant trait à leur carrière. Ils ont été éconduits sans pouvoir y avoir accès.
La mouvement de colère s'est arrêté là, le fatalisme l'emportant. Les plus jeunes comptent sur les années à venir pour
trouver un moyen de combler ce manque à gagner. Les anciens
se sont retrouvés seuls, découragés à l'avance, à l'idée d'aller
intenter un procès à Arad, bien que dans le cadre de la législation du travail, cette procédure soit entièrement gratuite.
Marian Munteanu
21
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
z
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ORADEA
ARAD
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CLUJ
DEVA
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MURES
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BRASOV
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MUSCEL
CRAIOVA
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La saga des Dacia
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BUCAREST
CONSTANTA
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"Te casse pas la tête,
çà marche comme çà"
22
Lancée en 1968, la Renault 12 roumaine
est entrée vivante dans la légende
Berlines, breaks, pick-up ou
camionnettes… on voit encore bon
nombre de Dacia circuler. Très populaires et accessibles au plus grand
nombre, elles sont aussi employées
comme charrettes, transportant
cochons, poulets, bottes de foin, bois.
La reprise de l'usine de Pitesti par
Renault, en 1999, n'a pas conduit à
toutes les améliorations attendues,
leurs acquéreurs devant se montrer
bricoleurs et la finition laissant à désirer. "Te casses pas la tête, çà marche
comme çà !" dit-on en Roumanie.
La marque a sorti deux modèles
un peu plus élaborés, avec moteur
Renault, la Dacia SuperNova (5000
€, 33 000 F), et un pick-up pour les
petits entrepreneurs (6000 €,
40 000 F), mais elle doit faire face à
la rude concurrence des voitures
d'occasion venues de façon plus ou
moins légales des pays de l'UE. Ces
véhicules beaucoup plus fiables et
confortables séduisent de plus en
plus de Roumains qui peuvent s'offrir
une Golf ou une Passat Volkswagen
pour le prix d'une Dacia neuve.
Les marques françaises, Renault,
Peugeot, Citroën, sont présentes en
Roumanie, mais moins appréciées
parce que leurs prix sont plus élevés
et, aux yeux des Roumains, leur
mécanique est plus compliquée que
celle des voitures allemandes.
Dacia-Renault devrait se rattraper
avec la X 90, à 5000 € qu'il s'apprête
à sortir de son usine de Pitesti. Le
lancement de cette voiture entièrement différente, moderne et "écobasique", la moins chère du monde, est
prévu cet automne, à l'occasion, du
salon automobile de Bucarest .
A
u milieu des années 60, Ceausescu s'était mis en tête de montrer la puissance économique de son régime en se lançant dans la construction d'une
petite voiture, les grosses limousines soviétiques, Volga ou Tcheika, ne
correspondant pas aux aspirations populaires. Une certaine tradition existait dans le
pays mais, jusque là, la production se limitait à la fabrication de 4x4, les IMS, ancêtres
des ARO de nos jours, à Câmpulung Muscel, et à celle de camions et de tracteurs à
Brasov, le tout sous licence soviétique, une bonne partie de ces véhicules y étant
exportés.
Ceausescu se tourna vers des fabricants occidentaux. Toyota semblait le mieux
placé, mais la pression des pays européens, qui redoutaient l'irruption des Japonais sur
leur marché, aurait décidé le "Conducator" a opté pour Renault. Une usine a donc été
construite à Pitesti, avec l'aide du constructeur français. La fabrication a débuté en
1968 avec la Dacia 1100, inspirée de la R8, dont le premier exemplaire fût remis à
Ceausescu et qui se trouve exposé aujourd'hui dans le hall de l'usine.
Des carrosseries qui rouillaient trois-quatre ans après l'achat
La marque prit son envol au tout début des années 70 quand, en même temps
qu'en France, sortait la Dacia 1300, en fait la R 12, une voiture dont rêvaient tous les
Roumains, séduits par son élégance, sa maniabilité, son confort, sa mécanique assez
simple. Les premières séries
furent achetées, comme de
juste, par la haute et moyenne
nomenklatura. Il fallait
débourser à l'époque 70 000
lei, soit cinq ans de salaire. La
qualité était assez bonne car,
au début, ce modèle était produit sous la surveillance et
avec l'assistance technique
des spécialistes français.
Au fil des années, la
demande s'est faite de plus en
Le sens pratique des Roumains les a amenés
à inventer un usage multi-fonctions pour leur Dacia.
plus forte… alors que la qualité commençait à baisser, Renault ayant cessé sa collaboration en 1978. Les carrosseries rouillaient trois-quatre ans après l'achat. Sont apparus alors une multitude de
tôliers-carrossiers - on en comptait un pour cent Dacia ! - qui firent des prodiges et
demeurent encore aujourd'hui de véritables experts.
Ils devaient procéder à l'"antiphonage" qui consiste à découper la tôle pourrie, en
souder une neuve au chalumeau, peindre en dessous avec du mastic puis avec de la
peinture résistante à l'eau, et finalement repeindre toute la carrosserie.
Une telle réparation exige de deux à quatre semaines et, de nos jours, coûte entre
500 et 800 € (3300-5300 F). Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, il faut faire attention aux escrocs qui bouchent les trous de rouille avec du mastic, voire du papier toilette, recouverts de peinture ou de vernis.
La fierté de la famille
De nos jours, la Dacia 1300 est devenue la voiture de la classe moyenne, celle qui
gagne autour de 100 € par mois. S'acheter un véhicule neuf n'est pas aussi facile que
çà. Une Dacia coûte entre 3000 et 5000 € (20 000-33 000 F), ce qui est au-dessus des
possibilités de l'énorme majorité des familles. On n'en vend d'ailleurs qu'à peine 60
000 par an dont 40 000 voitures de tourisme.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Santé
Société
Une Roumaine avorte,
en moyenne, trois à quatre fois dans sa vie
U
n million de Roumaines deviennent enceintes
chaque année, mais seulement 300 000 mèneront
leur grossesse à terme, 700 000 ayant recours à
l'avortement. Dans le pays, la Moldavie vient en tête, avec 60
000 avortements. Avec une moyenne de 3 à 4 avortements par
femme, contre à peine un pour les Européennes de l'Ouest, la
Roumanie est le pays qui enregistre le plus grand nombre de
décès entraînés par cette intervention.
Considéré comme une méthode de contraception, l'avortement mal pratiqué laisse aussi 20 % des Roumaines qui y ont
recours stériles et provoque fausses couches et naissances prématurées.
Le manque d'éducation sexuelle et de sensibilisation aux
méthodes contraceptives expliquent l'importance de ce phénomène. Jusqu'ici les efforts des pouvoirs publics, des ONG,
les programmes financés par la Banque Mondiale pour y remédier se sont soldés par des échecs. Plusieurs raisons sont
avancées : la grand pauvreté et la peur de l'avenir qui amènent
Religion
L
des couples à refuser les naissances, particulièrement chez les
jeunes qui touchent des salaires dérisoires s'ils ne sont pas au
chômage. L'appréhension du "qu'en dira-ton" et de la honte,
toujours bien présents en Roumanie, qui conduisent des
parents à insister pour que leurs filles avortent, ainsi qu'une
pudeur chez les jeunes femmes qui les amène à ne pas vouloir
d'enfants en dehors du mariage… et parfois n'en auront pas
non plus quand elles seront mariées, à la suite des conséquences de leurs avortements antérieurs.
Certains spécialistes de la santé mettent aussi en cause les
médecins gynécologues qui se garderaient bien de promouvoir
la contraception auprès de leur patientes pour pouvoir continuer à pratiquer des actes rémunérateurs et nombreux.
Plusieurs hôpitaux tentent de mettre un terme à ce comportement des Roumaines face à la contraception, en rendant plus
onéreux les curetages qui sont facturés 200 000 lei (6 €, 40 F)
alors qu'un traitement mensuel par pilule (50 000 lei, 1,5 €, 10
F) ou la pose d'un stérilet revient beaucoup moins cher.
La quatrième paroisse orthodoxe
roumaine de France est née à Lyon
a quatrième paroisse orthodoxe roumaine en France, après Paris et Strasbourg a
ouvert ses portes à la fin de l'année passée, à Lyon. Arrivé voici cinq ans dans la
capitale des Primats de Gaule, pour préparer une thèse de doctorat, Cristian
Niculescu, prêtre de Timisoara, avait reçu également la mission du métropolite orthodoxe
roumain pour l'Europe Centrale et Occidentale, d'y créer une paroisse.
La tâche s'est avérée délicate, le prêtre se rendant vite compte que les Roumains orthodoxes ne formaient pas une communauté, beaucoup d'entre eux n'ayant pas confiance dans
leur église nationale. Il constata avec stupeur que la suspicion d'une complicité entre celle-ci
et la police politique, datant du régime communiste et de la Securitate, n'avait pas disparu.
Cristian Niculescu a lors procédé par étapes. Au début, il a organisé de simples séances
de prières dans l'appartement d'un Roumain, puis a réuni suffisamment de signatures de
fidèles pour que le métropolite décide de l'ouverture de la paroisse.
Mais le problème des locaux se posait toujours. Antoine Callot, prêtre de la paroisse
orthodoxe française de Lyon, proposa de partager sa chapelle, les offices ayant lieu alternativement en langue française et roumaine. Du coup, sous la direction de la femme de Cristian, une chorale franco-roumaine s'est
constituée, les chants liturgiques étant interprétés et traduits dans les deux langues.
Le métropolite se désintéressant du sort de la petite paroisse roumaine de Lyon et ne fournissant aucune aide, celle-ci s'est
tournée vers l'archevêché catholique de la région qui a mis à sa disposition une salle dans sa maison paroissiale Saint Maurice. Les
fidèles ont ainsi pu y disposer de leur propre chapelle… totalement vide au début et aménagée peu à peu grâce à l'argent collecté
lors des offices. Le prêtre a acheté du bois pour construire l'autel, des cadres pour les icônes… mais faute d'en posséder celles-ci
ont été remplacées par des photos prises sur des sites Internet. Depuis, la petite église lyonnaise est devenue le lieu de prières de
quelques dizaines de Roumains orthodoxes, mais aussi de Grecs, Russes et Français.
L
es 430 moines et nonnes des
27 monastères de l'éparchie
(diocèse) de Roman vont recevoir une "légitimatie" (carte d'identité
professionnelle) de leur hiérarchie, comportant tous les éléments pouvant permettre de les identifier, leur fonction ainsi
Carte professionnelle pour les moines et nonnes
qu'une photo. Munis de celle-ci et après
avoir obtenu une autorisation de sortie,
ils pourront s'absenter de leur monastère.
Cette initiative a été prise pour permettre
aux policiers de pouvoir démasquer les
faux moines ou nonnes qui recueillent de
l'argent, soi-disant pour les bonnes
œuvres ou la construction d'édifices religieux. Elle vise aussi à mieux contrôler
les sorties non autorisées des moines, qui
seront exposés aux sanctions prévues par
le règlement monacal. Cette "legitimatie"
ne sera délivré qu'aux religieux qui ont
déjà prononcé leur serment.
22
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
z
z
ORADEA
CLUJ
ARAD
z
z
COPSA
MICA
BAIA
z
MARE SUCEAVA IASI
VASLUI
BACAU
z
z
z
z
TIMISOARA
z
TARGU
MURES
z
SIBIU
BRASOV
z
SINAIA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
z
GALATI
BRAILA
z
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Des donneurs de sang
"mieux nourris"
souhaités
30
Réunis en congrès, les médecins
roumains de l'Institut National
d'Hématologie Transfusionnelle ont
déploré que leurs compatriotes ne
donnent leur sang que pour des
motifs matériels. "Sur dix ou quinze
mille donneurs, cent seulement sont
véritablement volontaires et effectuent un geste désintéressé" ont-ils
estimé, souhaitant voir venir aux collectes, "des personnes mieux nourries, ayant une meilleure situation
matérielle et n'ayant pas à cacher
leur véritable état de santé".
Les donneurs reçoivent une
somme de 200 000 lei (6 €, 40 F,
soit près de deux jours d'un salaire
moyen), se voient attribuer deux
jours de congé et accorder une
réduction de 50 % sur les transports
en commun.
Premier hôpital privé
Dans moins d'un an, la Roumanie
disposera de son premier hôpital
privé, dénommé Euroclinic. Construit
sur un terrain de 4000 m2 appartenant à l'Hôpital des urgences de
Bucarest, lequel est public, il sera en
fait un hôtel de luxe médicalisé dont
les clients seront conduits vers les
salles d'opérations de celui-ci, mais
sera doté de services complémentaires (dermatologie, urologie, pédiatrie, maladies chroniques, etc...)
ainsi que d'un héliport. La première
phase du projet nécessite un investissement de 5 M€ (32 MF). Les
employés de l'Hôpital des urgences
auront la possibilité de devenir
actionnaire du nouvel établissement,
dans la limite globale de 20 %.
Grave pénurie de
médecins du secteur public
L
e concours pour le recrutement des professions médicales dans le système
public de santé a mis en évidence la profonde désaffection des jeunes à son
égard. Seulement 115 candidats se sont présentés pour 878 postes à pourvoir dans tout le pays, soit un pour 7-8 postes. Parmi eux 90 visaient la fonction de
médecin de famille, 23 de chirurgien-dentiste, et seulement deux voulaient devenir
pharmacien. La situation est d'autant plus inquiétante que la Roumanie est l'un des
pays européens où l'état sanitaire de la population est le plus préoccupant.
Le déficit le plus important est enregistré à Bacau qui recherche 100 médecins et
a besoin de 2700 para- médicaux. Pour les 14 postes de médecin de famille, une seule
candidature s'est manifestée, et aucune pour les cinq postes de pharmacien disponibles. L'hôpital de Bacau qui recrutait 35 médecins n'a reçu que 19 candidatures.
Salaires dérisoires, conditions de travail difficiles, cabinets mal équipés et souvent
à l'étroit, expliquent le renoncement des jeunes praticiens à entrer dans le service
public et leur tentation de se diriger vers le secteur privé. Les spécialités souffrant d'un
plus grand déficit de candidats sont celles où il est le plus facile de se mettre à son
compte, comme pharmacien ou chirurgien-dentiste.
Il faudra payer une taxe pour entrer à l'hôpital
L
a ministre de la Santé, Daniela
Bartos, a pris deux mesures
vis à vis des assurés sociaux
pour restreindre leurs dépenses, provoquant de vives protestations aussi bien de
leur part que de celle des professionnels
du secteur.
La première vise à décourager les
hospitalisations inutiles de malades qui
pourraient se soigner à domicile, en instituant une taxe obligatoire de 50 000 à 100
000 lei (1,5 à 3 €) quelque soit le nombre
de jours d'hospitalisation et même s'ils
disposent d'une assurance santé. Les
retraités, malades particulièrement
exposés et aux très faibles revenus, sont
les plus touchés par cette nouvelle taxe.
La seconde impose aux médecins de
délivrer au maximum trois médicaments
remboursés ou gratuits par mois à leurs
patients atteints d'une affection chronique, afin de réduire l'importances des
prescriptions. En cas de dépassement, ce
sera aux médecins de payer la différence.
Cette décision a suscité la colère du corps
médical qui la considère comme une
aberration, certaines maladies ou l'état de
santé de leur patient exigeant davantage
de médicaments. Un médecin a posé cette
question : "Si je ne donne pas le traitement nécessaire à un malade et qu'il
meurt… qui sera poursuivi, le médecin
qui n'a pas fait son travail ou le ministère qui lui a ordonné de ne pas le faire?".
Un chirurgien roumain, académicien français
C
hirurgien ayant réalisé la première greffe du foie en Roumanie et ayant
effectué 35 interventions de ce type à travers tout le pays depuis, le professeur Irinel Popescu, chef de clinique à l'hôpital Fundeni de Bucarest et
ancien secrétaire d'Etat à la Santé sous la présidence d'Emil Constantinescu, a été fait
membre de l'Académie Française de Chirurgie.
L
Disco pour handicapés mentaux
aila Onu, directeur du centre de jour pour handicapés mentaux "Pentru voi
" ("Pour vous") de Timisoara, a décidé de sortir ses 80 protégés de l'univers de leur atelier où ils apprennent et pratiquent quotidiennement la couture, fabriquent des objets artisanaux. Profitant des espaces libres dans ces locaux, il
a aménagé une discothèque où ces jeunes pourront se retrouver après leur journée, fait
installer des jeux et autres distractions, et espère qu'ils pourront servir à tous les évènements heureux de le vie, comme les anniversaires.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
d'anciennes voitures, sur les modèles neufs. Moteur, boîte de
Autrefois, la voiture était un objet de fierté pour toute la
famille et celle-ci mobilisait l'ensemble de ses moyens pour
vitesse, cardans pouvaient casser au bout de seulement 500pouvoir effectuer l'acquisition.
600 km, l'installation électrique ne plus fonctionner. Parfois,
Vers 1980, un système de crédit - nouveauté pour le régic'est le faisceau électrique qui brûlait sans raison précise… ou
me - avait été mis en place par la Caisse d'Epargne. Il fallait
bien des roues se détachaient.
déposer 50 % du prix du véhicuLes problèmes posés par les
le et payer le reste en mensuaDacia étaient devenus si nomlités pendant trois ans… temps
breux qu'un voyage avec une
minimum d'ailleurs nécessaire à
telle voiture devenait une vraie
sa livraison. Avec le reçu de la
aventure. Son conducteur devait
Caisse d'Epargne, on se rendait
absolument être à la fois, mécaau service commercial de Dacia
no, électricien, tôlier, et avoir
qui attribuait un numéro d'ordre,
toujours à bord un minimum
pour la commande. Il ne restait
d'outils pour se dépanner : clés,
plus qu'à patienter…
tournevis, pinces, marteau…
Une blague de l'époque
sans oublier les indispensables
voulait que lorsque le vendeur
rustines et la colle.
avait fixé la date de livraison,
Vu l'état des routes mais
donc plusieurs année plus tard,
aussi la mauvaise qualité des
l'acheteur se fasse préciser si
pneus, les crevaisons étaient - et
Un véhicule fonctionnel transformé en basse-cour sont toujours - si fréquentes,
celle-ci devait se faire le matin
pour ce vendeur de poulets sur un marché du Banat.
ou l'après-midi… le plombier
que la chambre à air, usée, credevant passer réparer l'évier de la cuisine ce jour-là.
vait au passage du moindre trou ou obstacle. L'auteur de ces
lignes a crevé sept fois en allant de chez lui à Sibiu, distant de
Les Dacia noires de la Securitate redoutées
40 km, et a dû réparer seul en pleine nuit, égrenant tout le chapelet de jurons qu'il connaissait.
Bien sûr, il existait des passe-droits. Les comités départeC'est ce problème qui a entraîné l'apparition de nombreux
mentaux du parti communiste approuvaient pour la nomenkla"Vulcanizare" (réparateurs de pneumatiques) dans toute la
tura locale l'achat immédiat d'une Dacia. Les dessous de table
Roumanie. Quant à la suspension, appréciée pour sa souplesse
existaient aussi pour faire raccourcir les délais.
lorsque la voiture est neuve, elle s'abîme vite avec les trous.
Les Roumains redoutaient par dessus-tout les Dacia
Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il faut changer
noires. Voitures solides et de bonne qualité, elles n'étaient pas
les silentblocs, les rotules et autres éléments.
destinées à la population mais à l'appareil d'Etat, au parti communiste, à la police et à la Securitate. Toujours vers 1980, une
Pas regardante pour le carburant
Dacia 2000 est apparue réservée à la très haute nomenklatura,
mais dont seulement 200 exemplaires ont été construits. Il
L'apparition de fabricants de pièces de rechange spécis'agissait en fait de la Renault 30 qui arrivait en Roumanie prafiques aux Dacia est un phénomène beaucoup plus récent et
tiquement terminée, l'usine de Pitesti se contentant de monter
grave : produites à moindre coût par des entreprises ayant un
des éléments de moindre importance comme les sièges ou les
minimum de machines, leur qualité est plus que douteuse et
pare-chocs.
elles peuvent conduire à des tragédies à la suite de défaillances
La Roumanie exportait aussi - et exporte toujours - des
du freinage ou de la direction, sans parler de la pollution
Dacia de meilleure qualité vers divers Etats de l'Amérique latiengendrée.
ne, la Chine, ou d'autres pays dépourvus de constructeurs autoBon nombre de Dacia fument à cause de leurs moteurs très
mobiles. Mais des problèmes apparaissent fréquemment. Une
anciens, souvent mal réglés pour consommer le moins posanecdote voulait que les importateurs étrangers lorsqu'ils vérisible, mais aussi à cause de la mauvaise qualité du carburant.
fiaient leurs lots de voitures, démontent les portes d'une Dacia
On dit que les Dacia en acceptent de toutes sortes, à l'exceppour les remonter sur une autre… et finalement constater que
tion du gas-oil : gaz liquide sortant de la terre, solvants, etc…
çà ne marchait jamais. A la décharge des employés du
Dernier phénomène lié à la "saga” de cette voiture : l'apconstructeur : machines, outillage, moules pour les carrosseparition de nombreux chauffeurs de taxis improvisés - on
ries n'avaient pas été changés depuis la construction de l'usine.
serait tenté de dire chauffards vu leur manière de conduire souvent sans autorisation. Il s'agit de chômeurs qui ont consaEtre à la fois mécano, électricien, tôlier
cré leur prime de licenciement à l'achat d'une vieille Dacia et
profitent, dans certaines régions, de la quasi disparition des
Plus le temps passait depuis l'apparition de Dacia, plus la
entreprises de transport en commun, en faillite. Trente ans
qualité s'effondrait. Après la tôle, c'est la mécanique qui
après, ils montrent des prodiges d'inventions et d'astuces pour
lâchait. Avec la folie des économies à tout prix que le régime
continuer à faire rouler leur véhicule, faisant ainsi entrer un
peu plus la Dacia, de son vivant, dans sa légende.
avait décidé de réaliser, notamment en important au minimum,
Ovidiu Gorea
on est allé jusqu'à installer des pièces d'occasion, prises sur
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
SUCEAVA
ORADEA
z
CHISINEU CRIS
BAIA
MARE
z
CLUJ
z
GHEORGHENI
z
z
z
DEVA
BRASOV
CRAIOVA
z
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BACAU
SF GHEORGHE
z
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BUZAU
PITESTI
z
z
z
M. CIUC
ARAD
z
IASI
z
z
TIMISOARA
z
FOCSANI
z
SLOBOZIA
„
BUCAREST
z
z
BRAILA
CONSTANTA
z
KOSLODUI
Déjà l'hiver du siècle !
24
Le XXIème siècle n'a beau avoir
que trois ans, il a déjà enregistré un
hiver qui restera dans ses annales.
Après un automne particulièrement
doux, le "général hiver" s'est manifesté dès les premiers jours de
décembre, sévissant pendant trois
semaines sans discontinuer, l'Ouest
du pays étant relativement épargné.
Des records de froid, jamais enregistrés pour un mois de décembre, ont
été atteints : -26° à Bucarest, -34° à
Buzau et Miercurea Ciuc. Cette
offensive a cependant marqué une
trêve entre les fêtes de fin d'année,
avec un léger redoux (+5°).
Mais dès le 8 janvier, le froid était
reparti de plus belle. Même si les
températures étaient moins
extrêmes, elles étaient accompagnées de très forte chutes de neige.
La circulation à travers le pays était
rendue extrêmement périlleuse à
cause du verglas. De nombreuses
routes étaient coupées, l'aéroport
d'Arad fermé. L'Ouest, le Sud et la
Moldavie étaient les régions les plus
touchées. En une semaine, la capitale enregistrait 400 hospitalisations
pour fractures.
Puis, les 13 et 14 janvier, l'Ouest
devenait le pôle du froid de la
Roumanie, le thermomètre descendant à -26° à Timisoara et -34° à
Chisineu Chris, entre Arad et
Oradea. Du jamais vu ! Dans les
semaines suivantes, les températures montraient leurs rigueurs habituelles, entre -5° et -15°, suivant les
régions, mais repartaient de plus
belles vers les profondeurs à partir
du 7 février (-26° à Focsani), avec
d'importantes chutes de neige… hormis dans les stations de skiqui se
désespéraient de leur absence.
La fin du XXème siècle marquée par des
phénomènes météorologiques extrêmes
Crues et sécheresse plus dévastatrices
que les redoutés tremblements de terre
I
nondations, sécheresse, pollutions, sont sans-doute moins spectaculaires que
les tremblements de terre tant redoutés des Roumains; pourtant ils causent
davantage de dégâts en terme de biens et de vies humaines : telle est la conclusion d'un rapport remis aux autorités sur les catastrophes naturelles et les risques
majeurs encourus par la Roumanie. Ainsi y relève-t-on que 52 000 hectares de terrains, principalement en Moldavie, dans la région de Buzau et à l'Ouest de la
Transylvanie, sont menacés par des glissements de terrain. L'érosion des sols affecte
deux tiers du territoire, principalement dans les régions montagneuses et vallonnées,
dont 42 % des terres agricoles ayant une déclivité supérieure à 5 %. Le déboisement
incontrôlé des forêts a aggravé le phénomène.
Depuis une décennie, les crues et inondations des 4000 rivières du pays se sont
répétées selon un rythme devenu quasiment annuel, recouvrant 1,3 millions d'hectares
et en menaçant 3,5 millions, affectant une population de 500 000 personnes. Les
régions riveraines du Danube sont les plus touchées ainsi que le Sud et l'Est du pays Câmpia Romana, la Plaine roumaine - qui reçoivent le débit des fleuves Siret, Buzau,
Arges, Ialomita, Olt et Jiu. L'Ouest et la plaine Banato-Crisana sont également affectés
par la montée des eaux du Somes, du Crisuri et du Mures.
La fin du XXème siècle a été marquée par des phénomènes météorologiques
extrêmes, températures excessivement basses (- 37°à Miercurea Ciuc en 2000), accablantes (+46° à Bucarest, la même année), des précipitations abondantes, des chute de
neige et de grêle d'une grande intensité, des fortes tempêtes et aussi la répétition des
sécheresses. La plaine transylvienne (Târgu Mures), l'Olténie (Craiova), le Baragan
(Slobozia) et, en premier lieu la région de Calafat, sont les plus exposés avec des
sécheresses s'étendant sur des périodes de deux à quatre ans.
Un périmètre de sécurité de 70 km
autour de la centrale bulgare de Kozlodui
Même si les risques d'un accident nucléaire ne sont estimés qu'à une chance sur
100 000, ils n'en concernent pas moins plusieurs régions du pays. La centrale nucléaire bulgare de Kosloduy, sur les rives du Danube, à la technologie soviétique dépassée,
apparaît comme la menace la plus sérieuse. En cas de problème grave, une zone d'évacuation de la population portant sur 70 km serait mise en place et sept judets
seraient concernés. Un grave problème à la centrale de Cernavoda, qui bénéficie d'une
technologie canadienne plus moderne, entraînerait l'instauration d'un périmètre de
sécurité de 10 km et affecterait partiellement 3 judets. Le Danube et son delta seraient
touchés. Il existe des réacteurs moins importants, mais dont on ne peut exclure totalement l'absence de risques, à Pitesti, Mioveni et Bucarest, Magurele. 610 autres installations peuvent provoquer des radiations, mais celles-ci concernent essentiellement
leur personnel.
Un autre danger a été pris en compte : le risque d'accidents chimiques qui s'est fortement accru depuis la "Révolution" avec la désorganisation du milieu industriel, le
stockage de produits dangereux destinés à des usines qui ont fermé. Plus de 140 sites
à risques ont ainsi été repérés à travers tout le pays, menaçant une population estimée
à 3 millions de personnes. Enfin, les risques de pollution par hydrocarbures touchent
principalement la côte de la Mer Noire et le Danube avec, cependant, l'apparition d'un
épiphénomène : le détournement de carburant par le pompage sauvage des oléoducs
et réseaux de distribution qui entraîne fréquemment l'inondation des terrains à la suite
de la rupture des branchements de fortune.
Pour faire face à l'ensemble de ces situations, la Roumanie ne dispose souvent pas
d'une législation adaptée et souffre surtout d'un manque de moyens financiers.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Minorités
Société
Quatre villages démunis voici encore peu, mais à la population soudée
Les "Poloni" s'amusent et boivent comme
ils travaillent… de toute leur âme, de toutes leurs forces
D
d'injures en roumain, au répertoire incomparablement plus
e grandes maisons colorées, en bleu, vert, rouge,
enveloppées d'un bardage en bois, avec de vastes
riche en la matière, et seul emprunt qu’ils lui font.
fenêtres blanches, des toits à deux pentes, des
poutres intérieures, le berceau du nouveau-né qui se balance,
"Quand je me mets à boire, je bois !"
accroché au plafond… Les quatre villages polonais de
Bucovine transportent dans un autre univers.
On serait tenté de dire que la "samahoanca", eau de vie de
Pour s'en convaincre, il suffit de regarder ces petites têtes
betterave, et l'"horaspinca", sorte de vodka de maïs et mélanblondes aux yeux bleus s'interpelge de plusieurs alcools, titrant
lant dans une langue étrange et arrêtoutes les deux entre 30 et 40°, sont
tant leurs jeux dès qu'une charrette
les deux mamelles du "Poloni", le
passe. On est au pays des charrejour du Seigneur. "Quand je me
tiers, des tonneliers, des maréchauxmets à boire, je bois", clament-ils.
ferrants, tous métiers liés au cheval,
Certains dimanches, la fête peut
partout présent. Les hommes ne
durer jusqu'au matin. L'alcool et
sont pas très grands, mais costauds.
l'ambiance aidant, on danse la polka
Ils sont souvent bûcherons, durs au
et la mazurka pieds nus sur les
travail, que ce soit dans les champs
tables des bistrots, endroit où les
ou à la ferme à s'occuper des anifemmes savent pouvoir récupérer
maux.
leurs maris. "On s'amuse comme on
Nécessité faisant loi dans cette
travaille, de toute notre âme, de
région démunie de tous services
Tout en étant repliée sur elle-même, la communauté toutes nos forces" semblent-ils s'expolonaise, à l’activité essentiellement agricole
voici encore peu, le menuisier se
aujourd’hui, entretient de bonnes relations cuser.
de voisinage avec les Roumains.
servait de ses instruments pour remDans les quatre villages poloplacer le dentiste, le charpentier était également vétérinaire, le
nais de Bucovine, tout le monde se connaît. Il y a parfois des
berger se transformait en coiffeur, utilisant ses ciseaux destinés
Allemands catholiques mais très peu de Roumains, même si
à la tonte des moutons. Les vieilles du village guérissaient le
les relations sont bonnes. La population est très unie et s'enmal de tête en appliquant des pommes de terre et faisaient des
traide volontiers. A Plesa, les "Poloni" sont appelés, avec un
bouillies d'arnica.
peu de condescendance, les "Slovaci", car ils viennent d'une
région appartenant à la Slovaquie.
Jurer en roumain est beaucoup plus riche
Un couvert pour le Seigneur
Ici, on loue toujours les terres, les
ou le convive inattendu
forêts, car l'Etat n'a pas rendu ce que
les communistes avaient confisqué.
Les mariages se font à l'intérieur
Une bonne raison pour aller couper du
de la communauté, ce qui n'est pas
bois en douce, et d'avoir quelques
sans nourrir quelques inquiétudes de
ennuis avec les gardes-forestiers et la
consanguinité parmi ces 3-4000 habipolice… Mais, si on sait y faire, les
tants. Mais ce repli sur soi a permis de
choses peuvent s'arranger. Pour être
conserver coutumes, traditions, cos"Poloni", on n'en est pas moins
tumes que l'on peut voir lors des fêtes,
Roumain !
essentiellement religieuses, ainsi que
La main sur le cœur, les nombreux
la langue. A table, on met toujours un
braconniers vous jureront que les sancouvert de plus, pour le Seigneur ou
Des villages reconnaissables à leurs maisons
peintes et à leurs cimetières fleuris.
gliers qu'ils guettent la nuit détruisent
un convive inattendu. Le jour de Noël,
leurs cultures de pommes de terre et de maïs et qu'ils les tuent
on sert onze à treize plats différents, mais forcément un
uniquement pour cette raison. D'ailleurs, affirment-ils, ils ne
nombre impair.
détestent rien de plus que cette viande, trop dure à leur goût…
Dans cet univers, la femme, souvent habillée dans des
mais personne ne va vérifier le contenu de leur assiette quant
vêtements aux couleurs vives avec des motifs de fleurs, occuils mangent en famille.
pe une place importante, égale à celle de l'homme. Un dicton
Attention ! Il ne faut pas trop chatouiller la susceptibilité
polonais dit que "l'homme est la tête de la famille, et la femme,
de ces hommes simples, renfermés et fiers. Quand ils se
la couronne". Les Roumains ont de son rôle une idée encore
fâchent, ils en perdent leur polonais pour lancer une bordée
plus directrice : si l'homme est la tête, la femme… est le cou.
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Minorités
Visite du Président de la Pologne
et venue de Jean-Paul II en Roumanie
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
z
ORADEA
z
ARAD
z
z
CACICA
z
z
z
z
CRAIOVA
z
VASLUI
BRASOV
GALATI
BRAILA
PITESTI
z
IASI
z
BACAU
z
SIBIU
Les Polonais de Bucovine:
une foi ancrée, des liens retrouvés
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MURES
CLUJ
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TIMISOARA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Pologne ou Bucovine:
les mêmes
malédictions
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En Bucovine, les "Poloni" n'ont pu
pour autant échapper aux deux malédictions qui ont accablé leur pays
d'origine tout au long de son histoire :
les Allemands et les Russes.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande a envahi la
région. Des enfants naturels sont
nés, appelés "Fritz". En 1944,
troupes allemandes et soviétiques, se
disputèrent férocement la vallée où
se trouvent les quatre villages polonais. Les Allemands, soupçonnant la
présence d'espions soviétiques,
brûlèrent Poïana Mica. L'Armée
Rouge, elle, fit fusiller sur le champ
tous les pauvres bougres qui avaient
la malchance d'être surnommés Fritz.
Les mêmes causes produisant les
mêmes effets, les soldats russes
laissèrent des traces de leur descendance. Les enfants ainsi nés portèrent longtemps comme un fardeau le
nom de "Sovieticul" ("Le Soviétique").
Ces malheurs sont loin aujourd'hui
et les "Poloni" se lamentent davantage de voir leurs enfants de plus en
plus nombreux à quitter la région,
faute de pouvoir trouver du travail sur
place. Les jeunes, qui obtenaient des
facilités auprès de l'ambassade de
Pologne à Bucarest quand les
Roumains avaient encore besoin d'un
visa pour voyager à l'étranger, partent pour l'Espagne, le Portugal,
l'Allemagne, mais très peu vers la
Pologne, contrairement aux anciens
qui s'y rendent fréquemment en visite. Toutefois, si les uns et les autres
se sentent beaucoup plus Polonais
que Roumains, ils reviennent en
Bucovine. Pour l'instant…
E
n cette fin du mois de mai 1999, il ne restait que quelques vieillards impotents à Solonetu Nou, Cacica, Poiana Micului et Plesa, les quatre villages
polonais de Bucovine. La population en entier avait déserté les lieux pour
se rendre à 600 km de là, à Bucarest, à l'occasion de la venue de Jean-Paul II, un compatriote, qui effectuait sa première visite dans un pays orthodoxe. Pour cette communauté de 3 à 4000 habitants, il s'agissait de l'événement le plus important depuis qu'elle avait quitté son sol natal, vers 1800, quand l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse,
avait réclamé des Polonais pour exploiter les mines de sel et développer l'industrie du
bois de cette province dépendant de sa couronne.
Longeant l'arc septentrional des Carpates, mineurs et bûcherons de Silésie et
d'autres régions du sud de la Pologne avaient effectué près d'un millier de kilomètres
à pied, emportant leur foi catholique et portant sur leur dos des pierres taillées et des
briques de Cracovie pour édifier leur future cathédrale, à Cacica, à la porte même de
la principale mine de sel, maintenant désaffectée.
Aujourd'hui, cet imposant édifice, accueille chaque 15 août, un impressionnant
pèlerinage de 100 000 fidèles, venus de Roumanie, mais aussi de toute la Pologne, se
recueillir devant la copie de la Vierge Noire de Czestochowa et la reproduction de la
Grotte de Lourdes. La Vierge noire de Cacica
a la réputation de faire des miracles mais également des prédictions. Ainsi, en 1998, les
pèlerins ont-ils noté un de ses signes, interprété comme un avertissement céleste
annonçant de grands bouleversements dans le
monde.
Isolés au bout du monde
Bien qu’elle soit fermée, la mine de sel
de Cacica a conservé sa chapelle, ainsi
Longtemps, les Polonais de Bucovine, les
qu’une salle de bal, utilisée le 15 août.
"Poloni", ont pu croire être abandonnés, non
de Dieu - la foi est toujours très vive - mais aussi bien par leurs compatriotes que par
la Roumanie dont ils dépendent puisqu'ils en portent la nationalité. Ils vivaient dans
leurs villages isolés, au bout du monde, accessibles uniquement par des routes
défoncées. D'ailleurs la première promesse faite par Alexandre Kwasniewski en 1998,
au cours de la seule visite effectuée jusqu'ici par un Président polonais, concernait le
prochain bitumage des routes du secteur. Ses anciens compatriotes s'étaient montrés
sceptiques… mais auraient dû l'être davantage contre leur pays d'accueil. L'Etat roumain devait en effet prendre en charge les travaux contre l'annulation de sa dette extérieure vis à vis de la Pologne, d'un montant de 2 M€, et n'en a réalisés pour l'instant
que la moitié.
Depuis ces dernières années, Varsovie semble manifester un véritable regain
d'intérêt à l'égard de ses nationaux. En avril dernier, les quatre villages ont reçu la visite du Président du Sénat polonais venu constater que l'aide annoncée pour les écoles livres, ordinateurs - était, bien arrivée.
Des professeurs de polonais, certifiés après des études dans la Patrie-mère, assurent désormais les quatre heures de cours hebdomadaires réservées à cette langue dans
les écoles roumaines de la région, des manuels en polonais étant fournis par l'Etat roumain. Un curé polonais a pris en charge la paroisse pendant un an, mais les fidèles ont
préféré finalement confier cette mission à un prêtre issu de leur communauté, plus
proche de leurs aspirations. Cette attention de l'extérieur se traduit donc généralement
par des bienfaits… comme lors de la venue du Pape : la cathédrale de Cacica dépend
depuis directement du Vatican, ce qui se ressent sur son entretien.
"L'hiver le plus terrible… est celui à venir"
Evénements
Au pied des Carpates, une "petite Sibérie"
où le thermomètre approche des moins 40 degrés
SUCEAVA
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Société
D
e tous temps, le pôle du froid en Roumanie s'est
situé dans trois départements du centre du pays,
les judets à dominance hongroise de Covasna
(Sfântu-Gheorghe) et Harghita (Miercurea Ciuc), et celui de
Brasov… sauf cette année, où ils ont exceptionnellement subi
la "concurrence" du judet d'Arad, avec -34° enregistrés à
Chisineu-Cris, le 12 janvier.
conteste une centaine de kilomètres plus au nord, pas très loin
des gorges du Bicaz. Situées dans une dépression, Gheorgheni
et Joseni enregistrent 175 jours de températures négatives par
an - fréquemment en dessous de -30° - ou égales à 0°, et la
neige y persiste pendant 200 jours. Il n'est pas impossible
d'ailleurs que le record absolu de froid ait été enregistré ici
sous Ceausescu, à plusieurs reprises, mais le "Conducator"
aurait donné des consignes pour qu'on n'en fasse pas état…
afin que les entreprises ne ferment pas et que les ouvriers
continuent à aller travailler.
Les cerisiers en fleurs au mois de juillet
Dans une dépression, à l'intérieur et au pied des Carpates,
trois communes se disputent la palme de l'endroit le plus froid
du pays. Officiellement, celle-ci revient à Intorsura Buzaului
(Covasna), sur la rivière Buzau, à 45 km à l'est de Brasov, où
la température est descendue jusqu'à -38,5°, le 24 janvier
1942. Mais aucun des anciens encore en vie ne se souvient
avoir vu de thermomètre ce jour là et il n'existait pas de station
météo dans les environs.
Ici, l'hiver dure six mois. Les habitants de la commune,
baptisée "Mica Siberie" ("La petite Sibérie") mettent les
rigueurs du temps sur le compte du grand tunnel ferroviaire de
Teliu - le plus long de Roumanie, avec 4370 m - creusé par les
Allemands entre 1924 et 1929, pour permettre la liaison avec
Brasov, et qui provoque d'intenses courants d'air glacé… bien
qu'il soit distant de plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, leur
préoccupation par grand froid n'est pas tant de se protéger que
de pouvoir aller chercher et rentrer le fourrage pour le bétail.
Près de 200 jours de
températures négatives et de neige
A Bod, à une vingtaine de kilomètres au nord de Brasov,
toujours en plaine, le thermomètre est descendu à -37,5° deux
années consécutives, en 1984 et 1985. Est-ce le froid intense
ou les années Ceausescu qui les ont fait fuir ? En tous les cas
les Sasi (Saxons) ont quitté en masse la ville, dont l'activité
principale tournait autour de la raffinerie de sucre, pour retourner dans leur Allemagne originelle, après la "révolution" de
1989. Sur place, on a l'habitude de dire "l'hiver le plus terrible… est celui à venir".
Mais le pôle roumain des températures basses se situe sans
Les 58 000 habitants de cette vallée où ne poussent guère
que les pommes de terre et où il n'est pas rare de voir les paysans charroyer leurs champs en juin, se réjouissent quand le
thermomètre atteint 20° en août. "Ici, l'été tombe un jeudi
après-midi" ont-ils l'habitude de plaisanter… en regardant
fleurir leurs rares cerisiers en juillet. D'ailleurs, la belle saison
n'y est pas exempte de mauvaises surprises, avec de terribles
orages, provoquant des incendies au grand dam des pompiers
dont les quatre véhicules ne suffisent plus alors.
Les météorologues mettent ces grands froids sur le compte d'une inversion thermique. Dépourvue de courants et de
vents, la vallée retient les masses d'air sibérien qui stagnent
alors que l'air plus chaud gagne les hauteurs. Les habitants en
ont pris leur partie. Dans la région, les murs des maisons ont
une épaisseur de 70-100 centimètres. On n'y craint pas tant le
froid que les secours
qui ne peuvent pas
arriver. Des malades
meurent faute de
soins, médecins et
ambulances étant bloqués par la neige ou le
verglas.
+ 4,5 degrés en moyenne annuelle
D'un autre côté, ces températures extrêmes trempent le
caractère des gens. Première femme au monde à avoir atteint
le Pôle Nord et le Pôle Sud, la même année, Maria Uca
Marinescu est native de Gheorghieni. Enfant du pays, la
célèbre exploratrice y a préparé son expédition dans
l'Himalaya. Et puis cela permet de se moquer des gens de la
capitale qui claquent des dents et grelottent dès que le thermomètre descend de quelques degrés en dessous de zéro.
D'ailleurs, sur place, l'avenir semble s'éclaircir : la moyenne annuelle des températures a été de 5,5° en 2002, contre 4,5°
habituellement… ce qui fait dire, très sérieusement, à la
météorologue locale, qu'"à Gheorghieni, on peut constater le
phénomène de réchauffement global de la planète ".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
BOTOSANI
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Le suicide des jeunes
révélateur d'un avenir
sans perspectives
26
Valentin, du judet de Botosani,
s'est pendu dans le grenier de sa
maison, le 2 décembre dernier. Il
devait fêter ses 24 ans, six jours plus
tard. Il avait terminé ses études
d'ingénieur en informatique et ne
trouvait pas d'emploi. Personne ne
peut expliquer les raisons de son
geste. Un amour déçu, la peur de
l'avenir, l'impossibilité de partir travailler à l'étranger ? Le jeune homme
était-il perturbé par les messages sur
Internet que lui envoyait un "groupe
satanique", appartenant à ces sectes
aux pratiques démoniaques qui
resurgissent régulièrement en
Roumanie depuis quelques années ?
Se résigner à vivre
aux crochets des parents
Malheureusement, le suicide
apparaît comme un acte auquel trop
de jeunes Roumains ont de plus en
plus recours. C'est un véritable problème pour le pays, bien que les
autorités feignent d'ignorer le phénomène. Pleins d'espoir à la sortie
de leurs études, ces jeunes gens
déchantent vite quand les portes des
entreprises se ferment devant eux;
la seule solution est alors de tenter
sa chance à l'étranger, ce qui veut
dire abandonner les siens et, souvent, travailler et s'installer dans
l'illégalité. Encore faut-il pouvoir le
faire ! Quand ce n'est pas le cas,
l'horizon paraît totalement bouché. Il
faut se résigner à vivre aux crochets
de la famille, renoncer à former la
sienne, à avoir une vie normale.
Alors le désespoir guette et le geste
fatal n'est pas loin.
I
on Chirila, 68 ans, et ses deux fils, Traian, 35 ans, et Doru, 32 ans, du village
de Plesi dans les Apuseni, ont vécu le réveillon le plus effrayant de leur vie.
Comme tous les ans, les trois bergers avaient pris leurs quartiers d'hiver en
haut de la montagne, continuant la tradition d'une vie familiale pastorale. Sur les coups
de minuit, le père a été réveillé par des hurlements, n'y prêtant cependant guère attention et les mettant sur le compte des aboiements des chiens chargés de surveiller la
bergerie et ses 300 moutons, distante d'à peine cent mètres. Aucun loup n'ayant été
signalé dans la région depuis des années, il s'est rendormi en toute quiétude jusqu'à ce
que ces cris plaintifs et lugubres enserrent la maison. Sautant du lit et ouvrant la porte,
il devina dans la nuit des yeux luisants guettant leurs proies. Une meute d'une vingtaine de loups affamés s'apprêtaient à dévorer les moutons.
S'habillant sur le champ, et ses fils réveillés, Ion est sorti avec une lampe à pétrole à la main qui lui a échappé et s'est brisé en tombant. La flamme, en se répandant sur
le sol, a amené un mouvement de recul chez les loups. Voyant que le feu les effrayait,
les bergers se sont précipités chez eux, récupérant des draps qu'ils ont enflammés à
l'aide d'un bidon d'une dizaine de litres d'essence, les faisant tournoyer au-dessus de
leur tête.
Mais le stratagème n'a marché qu'un temps, les loups se rapprochant dans les
espaces vides. L'idée leur est alors venue de mettre le feu aux meules de foin. Les trois
hommes y ont tout de suite renoncé, car elles auraient brûlé trop vite et consommé le
peu de carburant à leur disposition. Ils ont alors disposé régulièrement les pneus usés de leur
vieille Aro et les ont enflammés.
Après s'être éloignés, les loups
sont revenus à la charge, tentant
de s'infiltrer dans les espaces
libres. L'un des fils s'est emparé
d'un pneu qui finissait de se
consumer, l'a fait tourner au-dessus de sa tête et l'a jeté dans leur
direction.
La gerbe d'étincelles a effrayé la meute qui a reculé puis, devant la répétition du
stratagème s'est enfuie. Il était quatre heures du matin et les trois bergers, auxquels il
ne restait plus qu'un litre ou deux d'essence ont décidé de veiller jusqu'à l'aube.
Depuis, les loups ne sont plus revenus.
Société
Le nouveau code de la route est entré en application
Evénements
Priorité à gauche dans les giratoires
et interdiction de manifester sur les routes
Un réveillon au clair de loup
z
TARGU
MURES
ARAD
z
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SUCEAVA IASI
ZALAU
Chassées des forêts par le froid
et la faim, les meutes n'hésitent
plus à attaquer les habitations
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
C
encourt la même peine, tout comme celui qui est sous l'empriomme annoncé mais avec un mois de retard (Voir
se de drogues ou de médicaments ayant les mêmes effets.
les Nouvelles de Roumanie n° 12), les autorités ont
Dorénavant les médecins seront tenus
mis en application le noupour responsables s'ils ne signalent
veau code de la route, fin janvier,
pas à la police les automobilistes dont
adapté à la réglementation européenl'état de santé ou psychique ne permet
ne et comportant comme principale
plus la conduite. En cas d'accident
disposition nouvelle, l'introduction
provoqué par leurs patients, ils
du permis à points : celui-ci sera
encourent de un à cinq ans de priannulé quand un chauffeur aura accuson… Toutefois, la réglementation
mulé quinze points de pénalité, à la
n'oblige pas les mêmes patients à leur
différence du permis français où l'on
déclarer s'ils sont titulaires ou non du
retire les "bons" points. Parmi les
permis de conduire.
aménagements intervenus depuis la
Enfin, les législateurs qui, lors de
publication du premier projet, en mai
séjours
en France, n'ont dû que
dernier, ou les précisions apportées, il
modérément
apprécié les barrages
faut surtout retenir:
des producteurs d'artichauts (légume
- l'introduction de la priorité à
inconnu en Roumanie) bretons, de
gauche - c'est à dire à celui qui est
melons et abricots du Languedocdéjà engagé - dans les giratoires
Roussillon et des transporteurs rou- la priorité aux véhicules de
L’apprentissage des nouveaux tarifs tiers, ont également prévu des peines
transports en commun à l'arrêt, lorsde dessous de table, en cas d’infraction.
qu'ils redémarrent
Gazdaru, Gardianul, 2 février 2003 de prison (trois mois à deux ans) pour
toute entrave à la circulation à la suite
- le durcissement des peines en
de grèves ou autres manifestations. Les "progrès " apportés
cas de conduite en état d'ébriété. Le taux admis est toujours de
par le "pays des lumières" dans ce domaine ne semblent pas
0 g par litre de sang, mais au-dessus de 0,8 g, il devient un délit
avoir convaincu. D'autre part, préfets et maires n'ont plus le
punissable d'une peine d'emprisonnement de un à cinq ans. Le
droit aux gyrophares dont certains faisaient un usage abusif.
conducteur refusant de se soumettre à une prise de sang
Bucarest veut garder son côté "Petit Paris"…
au grand mécontentement des automobilistes
Plusieurs milliers à travers le pays
Dans plusieurs autres judets, la recrudescence des attaques de loups et la croissance de leur nombre s'est vérifiée à la faveurs des différentes vagues de froid qui les
affament et les font sortir des forêts. C'est le cas dans le département de Salaj (Zalau),
où des battues organisés par les associations de chasseurs ont permis d'en tuer une
dizaine. Devant la rigueur de l'hiver, les loups ne se sont pas contentés de dévorer les
cochons et les moutons mais s'en sont pris aussi aux chiens et aux chevaux. Bien, qu'à
priori, ils n'attaquent pas l'homme, les paysans ont préféré faire accompagner leurs
enfants à l'école.
Classés en espèce protégée à cause des menaces pesant sur leur perpétuation, les
loups ont vu leur nombre s'accroître sensiblement ces derniers temps, ce qui a entraîné
la levée de l'interdiction de les chasser et l'instauration d'un quota annuel qui permet
d'en abattre 882 pour la seule année 2003… ce qui laisse à penser qu'il en existe plusieurs milliers à travers le pays, sans doute plus de 8000.
L’Arc de Triomphe, copié sur celui de Paris.
B
ucarest
s'enorgueillissait
autrefois de son appellation
de "Petit Paris" de l'Europe
du Sud-Est. Si ce charme a malheureusement disparu dans le centre de la capitale
avec le communisme et les bulldozers de
Ceausescu, il en reste cependant une trace
dans le Nord de la cité avec la Place de
l'Arc de Triomphe, copiée sur celle de
Paris, la place Charles De Gaulle et la
strada Prezan. Cette ressemblance n'est
pas seulement patronymique, due à la
configuration des lieux ou à la présence
d'un monument prestigieux, elle est liée
aussi au caractère du revêtement de la
chaussée : des petits pavés, comme sur
les Champs Elysées et sur la place de
l'Etoile.
Mais cette spécificité ne fait pas du
tout l'affaire des automobilistes qui se
plaignent depuis des années auprès de la
mairie et de la police : la chaussée est
glissante, dangereuse en cas de pluie ou
de verglas ; en outre le gel fait éclater les
joints qui ne sont pas de la même qualité
qu'à Paris. Le problème est encore plus
grand place Charles De Gaulle, sous
laquelle passe le métro dont la voûte en
béton ne permet pas l'écoulement de
l'eau, ce qui fait éclater les pierres lors
des grands froids.
Bref, les lieux sont en travaux tous
les trois mois, ce qui entraînent des bouchons à répétition, de l'énervement, une
consommation plus grande des voitures
et les protestations répétées des automobilistes, lesquels ont reçu le renfort de la
police routière pour exiger de la municipalité que la chaussée soit asphaltée,
arguant également des centaines de millions de lei gaspillés à chaque réparation.
Les urbanistes de la mairie, soutenus
par le maire qui habite dans le quartier, ne
l'entendent toutefois pas de cette oreille.
Si, après le grand froid de décembre (-25°
dans la capitale), ils ont décidé de transiger en recouvrant provisoirement les
trous de bitume, ils ont prévenu que dès
les beaux jours, les lieux retrouveront
leur aspect de "Petit Paris".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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Evénements
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Le suicide des jeunes
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sans perspectives
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Valentin, du judet de Botosani,
s'est pendu dans le grenier de sa
maison, le 2 décembre dernier. Il
devait fêter ses 24 ans, six jours plus
tard. Il avait terminé ses études
d'ingénieur en informatique et ne
trouvait pas d'emploi. Personne ne
peut expliquer les raisons de son
geste. Un amour déçu, la peur de
l'avenir, l'impossibilité de partir travailler à l'étranger ? Le jeune homme
était-il perturbé par les messages sur
Internet que lui envoyait un "groupe
satanique", appartenant à ces sectes
aux pratiques démoniaques qui
resurgissent régulièrement en
Roumanie depuis quelques années ?
Se résigner à vivre
aux crochets des parents
Malheureusement, le suicide
apparaît comme un acte auquel trop
de jeunes Roumains ont de plus en
plus recours. C'est un véritable problème pour le pays, bien que les
autorités feignent d'ignorer le phénomène. Pleins d'espoir à la sortie
de leurs études, ces jeunes gens
déchantent vite quand les portes des
entreprises se ferment devant eux;
la seule solution est alors de tenter
sa chance à l'étranger, ce qui veut
dire abandonner les siens et, souvent, travailler et s'installer dans
l'illégalité. Encore faut-il pouvoir le
faire ! Quand ce n'est pas le cas,
l'horizon paraît totalement bouché. Il
faut se résigner à vivre aux crochets
de la famille, renoncer à former la
sienne, à avoir une vie normale.
Alors le désespoir guette et le geste
fatal n'est pas loin.
I
on Chirila, 68 ans, et ses deux fils, Traian, 35 ans, et Doru, 32 ans, du village
de Plesi dans les Apuseni, ont vécu le réveillon le plus effrayant de leur vie.
Comme tous les ans, les trois bergers avaient pris leurs quartiers d'hiver en
haut de la montagne, continuant la tradition d'une vie familiale pastorale. Sur les coups
de minuit, le père a été réveillé par des hurlements, n'y prêtant cependant guère attention et les mettant sur le compte des aboiements des chiens chargés de surveiller la
bergerie et ses 300 moutons, distante d'à peine cent mètres. Aucun loup n'ayant été
signalé dans la région depuis des années, il s'est rendormi en toute quiétude jusqu'à ce
que ces cris plaintifs et lugubres enserrent la maison. Sautant du lit et ouvrant la porte,
il devina dans la nuit des yeux luisants guettant leurs proies. Une meute d'une vingtaine de loups affamés s'apprêtaient à dévorer les moutons.
S'habillant sur le champ, et ses fils réveillés, Ion est sorti avec une lampe à pétrole à la main qui lui a échappé et s'est brisé en tombant. La flamme, en se répandant sur
le sol, a amené un mouvement de recul chez les loups. Voyant que le feu les effrayait,
les bergers se sont précipités chez eux, récupérant des draps qu'ils ont enflammés à
l'aide d'un bidon d'une dizaine de litres d'essence, les faisant tournoyer au-dessus de
leur tête.
Mais le stratagème n'a marché qu'un temps, les loups se rapprochant dans les
espaces vides. L'idée leur est alors venue de mettre le feu aux meules de foin. Les trois
hommes y ont tout de suite renoncé, car elles auraient brûlé trop vite et consommé le
peu de carburant à leur disposition. Ils ont alors disposé régulièrement les pneus usés de leur
vieille Aro et les ont enflammés.
Après s'être éloignés, les loups
sont revenus à la charge, tentant
de s'infiltrer dans les espaces
libres. L'un des fils s'est emparé
d'un pneu qui finissait de se
consumer, l'a fait tourner au-dessus de sa tête et l'a jeté dans leur
direction.
La gerbe d'étincelles a effrayé la meute qui a reculé puis, devant la répétition du
stratagème s'est enfuie. Il était quatre heures du matin et les trois bergers, auxquels il
ne restait plus qu'un litre ou deux d'essence ont décidé de veiller jusqu'à l'aube.
Depuis, les loups ne sont plus revenus.
Société
Le nouveau code de la route est entré en application
Evénements
Priorité à gauche dans les giratoires
et interdiction de manifester sur les routes
Un réveillon au clair de loup
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Chassées des forêts par le froid
et la faim, les meutes n'hésitent
plus à attaquer les habitations
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
C
encourt la même peine, tout comme celui qui est sous l'empriomme annoncé mais avec un mois de retard (Voir
se de drogues ou de médicaments ayant les mêmes effets.
les Nouvelles de Roumanie n° 12), les autorités ont
Dorénavant les médecins seront tenus
mis en application le noupour responsables s'ils ne signalent
veau code de la route, fin janvier,
pas à la police les automobilistes dont
adapté à la réglementation européenl'état de santé ou psychique ne permet
ne et comportant comme principale
plus la conduite. En cas d'accident
disposition nouvelle, l'introduction
provoqué par leurs patients, ils
du permis à points : celui-ci sera
encourent de un à cinq ans de priannulé quand un chauffeur aura accuson… Toutefois, la réglementation
mulé quinze points de pénalité, à la
n'oblige pas les mêmes patients à leur
différence du permis français où l'on
déclarer s'ils sont titulaires ou non du
retire les "bons" points. Parmi les
permis de conduire.
aménagements intervenus depuis la
Enfin, les législateurs qui, lors de
publication du premier projet, en mai
séjours
en France, n'ont dû que
dernier, ou les précisions apportées, il
modérément
apprécié les barrages
faut surtout retenir:
des producteurs d'artichauts (légume
- l'introduction de la priorité à
inconnu en Roumanie) bretons, de
gauche - c'est à dire à celui qui est
melons et abricots du Languedocdéjà engagé - dans les giratoires
Roussillon et des transporteurs rou- la priorité aux véhicules de
L’apprentissage des nouveaux tarifs tiers, ont également prévu des peines
transports en commun à l'arrêt, lorsde dessous de table, en cas d’infraction.
qu'ils redémarrent
Gazdaru, Gardianul, 2 février 2003 de prison (trois mois à deux ans) pour
toute entrave à la circulation à la suite
- le durcissement des peines en
de grèves ou autres manifestations. Les "progrès " apportés
cas de conduite en état d'ébriété. Le taux admis est toujours de
par le "pays des lumières" dans ce domaine ne semblent pas
0 g par litre de sang, mais au-dessus de 0,8 g, il devient un délit
avoir convaincu. D'autre part, préfets et maires n'ont plus le
punissable d'une peine d'emprisonnement de un à cinq ans. Le
droit aux gyrophares dont certains faisaient un usage abusif.
conducteur refusant de se soumettre à une prise de sang
Bucarest veut garder son côté "Petit Paris"…
au grand mécontentement des automobilistes
Plusieurs milliers à travers le pays
Dans plusieurs autres judets, la recrudescence des attaques de loups et la croissance de leur nombre s'est vérifiée à la faveurs des différentes vagues de froid qui les
affament et les font sortir des forêts. C'est le cas dans le département de Salaj (Zalau),
où des battues organisés par les associations de chasseurs ont permis d'en tuer une
dizaine. Devant la rigueur de l'hiver, les loups ne se sont pas contentés de dévorer les
cochons et les moutons mais s'en sont pris aussi aux chiens et aux chevaux. Bien, qu'à
priori, ils n'attaquent pas l'homme, les paysans ont préféré faire accompagner leurs
enfants à l'école.
Classés en espèce protégée à cause des menaces pesant sur leur perpétuation, les
loups ont vu leur nombre s'accroître sensiblement ces derniers temps, ce qui a entraîné
la levée de l'interdiction de les chasser et l'instauration d'un quota annuel qui permet
d'en abattre 882 pour la seule année 2003… ce qui laisse à penser qu'il en existe plusieurs milliers à travers le pays, sans doute plus de 8000.
L’Arc de Triomphe, copié sur celui de Paris.
B
ucarest
s'enorgueillissait
autrefois de son appellation
de "Petit Paris" de l'Europe
du Sud-Est. Si ce charme a malheureusement disparu dans le centre de la capitale
avec le communisme et les bulldozers de
Ceausescu, il en reste cependant une trace
dans le Nord de la cité avec la Place de
l'Arc de Triomphe, copiée sur celle de
Paris, la place Charles De Gaulle et la
strada Prezan. Cette ressemblance n'est
pas seulement patronymique, due à la
configuration des lieux ou à la présence
d'un monument prestigieux, elle est liée
aussi au caractère du revêtement de la
chaussée : des petits pavés, comme sur
les Champs Elysées et sur la place de
l'Etoile.
Mais cette spécificité ne fait pas du
tout l'affaire des automobilistes qui se
plaignent depuis des années auprès de la
mairie et de la police : la chaussée est
glissante, dangereuse en cas de pluie ou
de verglas ; en outre le gel fait éclater les
joints qui ne sont pas de la même qualité
qu'à Paris. Le problème est encore plus
grand place Charles De Gaulle, sous
laquelle passe le métro dont la voûte en
béton ne permet pas l'écoulement de
l'eau, ce qui fait éclater les pierres lors
des grands froids.
Bref, les lieux sont en travaux tous
les trois mois, ce qui entraînent des bouchons à répétition, de l'énervement, une
consommation plus grande des voitures
et les protestations répétées des automobilistes, lesquels ont reçu le renfort de la
police routière pour exiger de la municipalité que la chaussée soit asphaltée,
arguant également des centaines de millions de lei gaspillés à chaque réparation.
Les urbanistes de la mairie, soutenus
par le maire qui habite dans le quartier, ne
l'entendent toutefois pas de cette oreille.
Si, après le grand froid de décembre (-25°
dans la capitale), ils ont décidé de transiger en recouvrant provisoirement les
trous de bitume, ils ont prévenu que dès
les beaux jours, les lieux retrouveront
leur aspect de "Petit Paris".
27
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Minorités
Visite du Président de la Pologne
et venue de Jean-Paul II en Roumanie
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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ORADEA
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CACICA
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CRAIOVA
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Les Polonais de Bucovine:
une foi ancrée, des liens retrouvés
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TARGU
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CLUJ
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TIMISOARA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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Pologne ou Bucovine:
les mêmes
malédictions
28
En Bucovine, les "Poloni" n'ont pu
pour autant échapper aux deux malédictions qui ont accablé leur pays
d'origine tout au long de son histoire :
les Allemands et les Russes.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande a envahi la
région. Des enfants naturels sont
nés, appelés "Fritz". En 1944,
troupes allemandes et soviétiques, se
disputèrent férocement la vallée où
se trouvent les quatre villages polonais. Les Allemands, soupçonnant la
présence d'espions soviétiques,
brûlèrent Poïana Mica. L'Armée
Rouge, elle, fit fusiller sur le champ
tous les pauvres bougres qui avaient
la malchance d'être surnommés Fritz.
Les mêmes causes produisant les
mêmes effets, les soldats russes
laissèrent des traces de leur descendance. Les enfants ainsi nés portèrent longtemps comme un fardeau le
nom de "Sovieticul" ("Le Soviétique").
Ces malheurs sont loin aujourd'hui
et les "Poloni" se lamentent davantage de voir leurs enfants de plus en
plus nombreux à quitter la région,
faute de pouvoir trouver du travail sur
place. Les jeunes, qui obtenaient des
facilités auprès de l'ambassade de
Pologne à Bucarest quand les
Roumains avaient encore besoin d'un
visa pour voyager à l'étranger, partent pour l'Espagne, le Portugal,
l'Allemagne, mais très peu vers la
Pologne, contrairement aux anciens
qui s'y rendent fréquemment en visite. Toutefois, si les uns et les autres
se sentent beaucoup plus Polonais
que Roumains, ils reviennent en
Bucovine. Pour l'instant…
E
n cette fin du mois de mai 1999, il ne restait que quelques vieillards impotents à Solonetu Nou, Cacica, Poiana Micului et Plesa, les quatre villages
polonais de Bucovine. La population en entier avait déserté les lieux pour
se rendre à 600 km de là, à Bucarest, à l'occasion de la venue de Jean-Paul II, un compatriote, qui effectuait sa première visite dans un pays orthodoxe. Pour cette communauté de 3 à 4000 habitants, il s'agissait de l'événement le plus important depuis qu'elle avait quitté son sol natal, vers 1800, quand l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse,
avait réclamé des Polonais pour exploiter les mines de sel et développer l'industrie du
bois de cette province dépendant de sa couronne.
Longeant l'arc septentrional des Carpates, mineurs et bûcherons de Silésie et
d'autres régions du sud de la Pologne avaient effectué près d'un millier de kilomètres
à pied, emportant leur foi catholique et portant sur leur dos des pierres taillées et des
briques de Cracovie pour édifier leur future cathédrale, à Cacica, à la porte même de
la principale mine de sel, maintenant désaffectée.
Aujourd'hui, cet imposant édifice, accueille chaque 15 août, un impressionnant
pèlerinage de 100 000 fidèles, venus de Roumanie, mais aussi de toute la Pologne, se
recueillir devant la copie de la Vierge Noire de Czestochowa et la reproduction de la
Grotte de Lourdes. La Vierge noire de Cacica
a la réputation de faire des miracles mais également des prédictions. Ainsi, en 1998, les
pèlerins ont-ils noté un de ses signes, interprété comme un avertissement céleste
annonçant de grands bouleversements dans le
monde.
Isolés au bout du monde
Bien qu’elle soit fermée, la mine de sel
de Cacica a conservé sa chapelle, ainsi
Longtemps, les Polonais de Bucovine, les
qu’une salle de bal, utilisée le 15 août.
"Poloni", ont pu croire être abandonnés, non
de Dieu - la foi est toujours très vive - mais aussi bien par leurs compatriotes que par
la Roumanie dont ils dépendent puisqu'ils en portent la nationalité. Ils vivaient dans
leurs villages isolés, au bout du monde, accessibles uniquement par des routes
défoncées. D'ailleurs la première promesse faite par Alexandre Kwasniewski en 1998,
au cours de la seule visite effectuée jusqu'ici par un Président polonais, concernait le
prochain bitumage des routes du secteur. Ses anciens compatriotes s'étaient montrés
sceptiques… mais auraient dû l'être davantage contre leur pays d'accueil. L'Etat roumain devait en effet prendre en charge les travaux contre l'annulation de sa dette extérieure vis à vis de la Pologne, d'un montant de 2 M€, et n'en a réalisés pour l'instant
que la moitié.
Depuis ces dernières années, Varsovie semble manifester un véritable regain
d'intérêt à l'égard de ses nationaux. En avril dernier, les quatre villages ont reçu la visite du Président du Sénat polonais venu constater que l'aide annoncée pour les écoles livres, ordinateurs - était, bien arrivée.
Des professeurs de polonais, certifiés après des études dans la Patrie-mère, assurent désormais les quatre heures de cours hebdomadaires réservées à cette langue dans
les écoles roumaines de la région, des manuels en polonais étant fournis par l'Etat roumain. Un curé polonais a pris en charge la paroisse pendant un an, mais les fidèles ont
préféré finalement confier cette mission à un prêtre issu de leur communauté, plus
proche de leurs aspirations. Cette attention de l'extérieur se traduit donc généralement
par des bienfaits… comme lors de la venue du Pape : la cathédrale de Cacica dépend
depuis directement du Vatican, ce qui se ressent sur son entretien.
"L'hiver le plus terrible… est celui à venir"
Evénements
Au pied des Carpates, une "petite Sibérie"
où le thermomètre approche des moins 40 degrés
SUCEAVA
z
Société
D
e tous temps, le pôle du froid en Roumanie s'est
situé dans trois départements du centre du pays,
les judets à dominance hongroise de Covasna
(Sfântu-Gheorghe) et Harghita (Miercurea Ciuc), et celui de
Brasov… sauf cette année, où ils ont exceptionnellement subi
la "concurrence" du judet d'Arad, avec -34° enregistrés à
Chisineu-Cris, le 12 janvier.
conteste une centaine de kilomètres plus au nord, pas très loin
des gorges du Bicaz. Situées dans une dépression, Gheorgheni
et Joseni enregistrent 175 jours de températures négatives par
an - fréquemment en dessous de -30° - ou égales à 0°, et la
neige y persiste pendant 200 jours. Il n'est pas impossible
d'ailleurs que le record absolu de froid ait été enregistré ici
sous Ceausescu, à plusieurs reprises, mais le "Conducator"
aurait donné des consignes pour qu'on n'en fasse pas état…
afin que les entreprises ne ferment pas et que les ouvriers
continuent à aller travailler.
Les cerisiers en fleurs au mois de juillet
Dans une dépression, à l'intérieur et au pied des Carpates,
trois communes se disputent la palme de l'endroit le plus froid
du pays. Officiellement, celle-ci revient à Intorsura Buzaului
(Covasna), sur la rivière Buzau, à 45 km à l'est de Brasov, où
la température est descendue jusqu'à -38,5°, le 24 janvier
1942. Mais aucun des anciens encore en vie ne se souvient
avoir vu de thermomètre ce jour là et il n'existait pas de station
météo dans les environs.
Ici, l'hiver dure six mois. Les habitants de la commune,
baptisée "Mica Siberie" ("La petite Sibérie") mettent les
rigueurs du temps sur le compte du grand tunnel ferroviaire de
Teliu - le plus long de Roumanie, avec 4370 m - creusé par les
Allemands entre 1924 et 1929, pour permettre la liaison avec
Brasov, et qui provoque d'intenses courants d'air glacé… bien
qu'il soit distant de plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, leur
préoccupation par grand froid n'est pas tant de se protéger que
de pouvoir aller chercher et rentrer le fourrage pour le bétail.
Près de 200 jours de
températures négatives et de neige
A Bod, à une vingtaine de kilomètres au nord de Brasov,
toujours en plaine, le thermomètre est descendu à -37,5° deux
années consécutives, en 1984 et 1985. Est-ce le froid intense
ou les années Ceausescu qui les ont fait fuir ? En tous les cas
les Sasi (Saxons) ont quitté en masse la ville, dont l'activité
principale tournait autour de la raffinerie de sucre, pour retourner dans leur Allemagne originelle, après la "révolution" de
1989. Sur place, on a l'habitude de dire "l'hiver le plus terrible… est celui à venir".
Mais le pôle roumain des températures basses se situe sans
Les 58 000 habitants de cette vallée où ne poussent guère
que les pommes de terre et où il n'est pas rare de voir les paysans charroyer leurs champs en juin, se réjouissent quand le
thermomètre atteint 20° en août. "Ici, l'été tombe un jeudi
après-midi" ont-ils l'habitude de plaisanter… en regardant
fleurir leurs rares cerisiers en juillet. D'ailleurs, la belle saison
n'y est pas exempte de mauvaises surprises, avec de terribles
orages, provoquant des incendies au grand dam des pompiers
dont les quatre véhicules ne suffisent plus alors.
Les météorologues mettent ces grands froids sur le compte d'une inversion thermique. Dépourvue de courants et de
vents, la vallée retient les masses d'air sibérien qui stagnent
alors que l'air plus chaud gagne les hauteurs. Les habitants en
ont pris leur partie. Dans la région, les murs des maisons ont
une épaisseur de 70-100 centimètres. On n'y craint pas tant le
froid que les secours
qui ne peuvent pas
arriver. Des malades
meurent faute de
soins, médecins et
ambulances étant bloqués par la neige ou le
verglas.
+ 4,5 degrés en moyenne annuelle
D'un autre côté, ces températures extrêmes trempent le
caractère des gens. Première femme au monde à avoir atteint
le Pôle Nord et le Pôle Sud, la même année, Maria Uca
Marinescu est native de Gheorghieni. Enfant du pays, la
célèbre exploratrice y a préparé son expédition dans
l'Himalaya. Et puis cela permet de se moquer des gens de la
capitale qui claquent des dents et grelottent dès que le thermomètre descend de quelques degrés en dessous de zéro.
D'ailleurs, sur place, l'avenir semble s'éclaircir : la moyenne annuelle des températures a été de 5,5° en 2002, contre 4,5°
habituellement… ce qui fait dire, très sérieusement, à la
météorologue locale, qu'"à Gheorghieni, on peut constater le
phénomène de réchauffement global de la planète ".
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22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Evénements
SUCEAVA
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CHISINEU CRIS
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GHEORGHENI
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SF GHEORGHE
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M. CIUC
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FOCSANI
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SLOBOZIA
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Déjà l'hiver du siècle !
24
Le XXIème siècle n'a beau avoir
que trois ans, il a déjà enregistré un
hiver qui restera dans ses annales.
Après un automne particulièrement
doux, le "général hiver" s'est manifesté dès les premiers jours de
décembre, sévissant pendant trois
semaines sans discontinuer, l'Ouest
du pays étant relativement épargné.
Des records de froid, jamais enregistrés pour un mois de décembre, ont
été atteints : -26° à Bucarest, -34° à
Buzau et Miercurea Ciuc. Cette
offensive a cependant marqué une
trêve entre les fêtes de fin d'année,
avec un léger redoux (+5°).
Mais dès le 8 janvier, le froid était
reparti de plus belle. Même si les
températures étaient moins
extrêmes, elles étaient accompagnées de très forte chutes de neige.
La circulation à travers le pays était
rendue extrêmement périlleuse à
cause du verglas. De nombreuses
routes étaient coupées, l'aéroport
d'Arad fermé. L'Ouest, le Sud et la
Moldavie étaient les régions les plus
touchées. En une semaine, la capitale enregistrait 400 hospitalisations
pour fractures.
Puis, les 13 et 14 janvier, l'Ouest
devenait le pôle du froid de la
Roumanie, le thermomètre descendant à -26° à Timisoara et -34° à
Chisineu Chris, entre Arad et
Oradea. Du jamais vu ! Dans les
semaines suivantes, les températures montraient leurs rigueurs habituelles, entre -5° et -15°, suivant les
régions, mais repartaient de plus
belles vers les profondeurs à partir
du 7 février (-26° à Focsani), avec
d'importantes chutes de neige… hormis dans les stations de skiqui se
désespéraient de leur absence.
La fin du XXème siècle marquée par des
phénomènes météorologiques extrêmes
Crues et sécheresse plus dévastatrices
que les redoutés tremblements de terre
I
nondations, sécheresse, pollutions, sont sans-doute moins spectaculaires que
les tremblements de terre tant redoutés des Roumains; pourtant ils causent
davantage de dégâts en terme de biens et de vies humaines : telle est la conclusion d'un rapport remis aux autorités sur les catastrophes naturelles et les risques
majeurs encourus par la Roumanie. Ainsi y relève-t-on que 52 000 hectares de terrains, principalement en Moldavie, dans la région de Buzau et à l'Ouest de la
Transylvanie, sont menacés par des glissements de terrain. L'érosion des sols affecte
deux tiers du territoire, principalement dans les régions montagneuses et vallonnées,
dont 42 % des terres agricoles ayant une déclivité supérieure à 5 %. Le déboisement
incontrôlé des forêts a aggravé le phénomène.
Depuis une décennie, les crues et inondations des 4000 rivières du pays se sont
répétées selon un rythme devenu quasiment annuel, recouvrant 1,3 millions d'hectares
et en menaçant 3,5 millions, affectant une population de 500 000 personnes. Les
régions riveraines du Danube sont les plus touchées ainsi que le Sud et l'Est du pays Câmpia Romana, la Plaine roumaine - qui reçoivent le débit des fleuves Siret, Buzau,
Arges, Ialomita, Olt et Jiu. L'Ouest et la plaine Banato-Crisana sont également affectés
par la montée des eaux du Somes, du Crisuri et du Mures.
La fin du XXème siècle a été marquée par des phénomènes météorologiques
extrêmes, températures excessivement basses (- 37°à Miercurea Ciuc en 2000), accablantes (+46° à Bucarest, la même année), des précipitations abondantes, des chute de
neige et de grêle d'une grande intensité, des fortes tempêtes et aussi la répétition des
sécheresses. La plaine transylvienne (Târgu Mures), l'Olténie (Craiova), le Baragan
(Slobozia) et, en premier lieu la région de Calafat, sont les plus exposés avec des
sécheresses s'étendant sur des périodes de deux à quatre ans.
Un périmètre de sécurité de 70 km
autour de la centrale bulgare de Kozlodui
Même si les risques d'un accident nucléaire ne sont estimés qu'à une chance sur
100 000, ils n'en concernent pas moins plusieurs régions du pays. La centrale nucléaire bulgare de Kosloduy, sur les rives du Danube, à la technologie soviétique dépassée,
apparaît comme la menace la plus sérieuse. En cas de problème grave, une zone d'évacuation de la population portant sur 70 km serait mise en place et sept judets
seraient concernés. Un grave problème à la centrale de Cernavoda, qui bénéficie d'une
technologie canadienne plus moderne, entraînerait l'instauration d'un périmètre de
sécurité de 10 km et affecterait partiellement 3 judets. Le Danube et son delta seraient
touchés. Il existe des réacteurs moins importants, mais dont on ne peut exclure totalement l'absence de risques, à Pitesti, Mioveni et Bucarest, Magurele. 610 autres installations peuvent provoquer des radiations, mais celles-ci concernent essentiellement
leur personnel.
Un autre danger a été pris en compte : le risque d'accidents chimiques qui s'est fortement accru depuis la "Révolution" avec la désorganisation du milieu industriel, le
stockage de produits dangereux destinés à des usines qui ont fermé. Plus de 140 sites
à risques ont ainsi été repérés à travers tout le pays, menaçant une population estimée
à 3 millions de personnes. Enfin, les risques de pollution par hydrocarbures touchent
principalement la côte de la Mer Noire et le Danube avec, cependant, l'apparition d'un
épiphénomène : le détournement de carburant par le pompage sauvage des oléoducs
et réseaux de distribution qui entraîne fréquemment l'inondation des terrains à la suite
de la rupture des branchements de fortune.
Pour faire face à l'ensemble de ces situations, la Roumanie ne dispose souvent pas
d'une législation adaptée et souffre surtout d'un manque de moyens financiers.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Minorités
Société
Quatre villages démunis voici encore peu, mais à la population soudée
Les "Poloni" s'amusent et boivent comme
ils travaillent… de toute leur âme, de toutes leurs forces
D
d'injures en roumain, au répertoire incomparablement plus
e grandes maisons colorées, en bleu, vert, rouge,
enveloppées d'un bardage en bois, avec de vastes
riche en la matière, et seul emprunt qu’ils lui font.
fenêtres blanches, des toits à deux pentes, des
poutres intérieures, le berceau du nouveau-né qui se balance,
"Quand je me mets à boire, je bois !"
accroché au plafond… Les quatre villages polonais de
Bucovine transportent dans un autre univers.
On serait tenté de dire que la "samahoanca", eau de vie de
Pour s'en convaincre, il suffit de regarder ces petites têtes
betterave, et l'"horaspinca", sorte de vodka de maïs et mélanblondes aux yeux bleus s'interpelge de plusieurs alcools, titrant
lant dans une langue étrange et arrêtoutes les deux entre 30 et 40°, sont
tant leurs jeux dès qu'une charrette
les deux mamelles du "Poloni", le
passe. On est au pays des charrejour du Seigneur. "Quand je me
tiers, des tonneliers, des maréchauxmets à boire, je bois", clament-ils.
ferrants, tous métiers liés au cheval,
Certains dimanches, la fête peut
partout présent. Les hommes ne
durer jusqu'au matin. L'alcool et
sont pas très grands, mais costauds.
l'ambiance aidant, on danse la polka
Ils sont souvent bûcherons, durs au
et la mazurka pieds nus sur les
travail, que ce soit dans les champs
tables des bistrots, endroit où les
ou à la ferme à s'occuper des anifemmes savent pouvoir récupérer
maux.
leurs maris. "On s'amuse comme on
Nécessité faisant loi dans cette
travaille, de toute notre âme, de
région démunie de tous services
Tout en étant repliée sur elle-même, la communauté toutes nos forces" semblent-ils s'expolonaise, à l’activité essentiellement agricole
voici encore peu, le menuisier se
aujourd’hui, entretient de bonnes relations cuser.
de voisinage avec les Roumains.
servait de ses instruments pour remDans les quatre villages poloplacer le dentiste, le charpentier était également vétérinaire, le
nais de Bucovine, tout le monde se connaît. Il y a parfois des
berger se transformait en coiffeur, utilisant ses ciseaux destinés
Allemands catholiques mais très peu de Roumains, même si
à la tonte des moutons. Les vieilles du village guérissaient le
les relations sont bonnes. La population est très unie et s'enmal de tête en appliquant des pommes de terre et faisaient des
traide volontiers. A Plesa, les "Poloni" sont appelés, avec un
bouillies d'arnica.
peu de condescendance, les "Slovaci", car ils viennent d'une
région appartenant à la Slovaquie.
Jurer en roumain est beaucoup plus riche
Un couvert pour le Seigneur
Ici, on loue toujours les terres, les
ou le convive inattendu
forêts, car l'Etat n'a pas rendu ce que
les communistes avaient confisqué.
Les mariages se font à l'intérieur
Une bonne raison pour aller couper du
de la communauté, ce qui n'est pas
bois en douce, et d'avoir quelques
sans nourrir quelques inquiétudes de
ennuis avec les gardes-forestiers et la
consanguinité parmi ces 3-4000 habipolice… Mais, si on sait y faire, les
tants. Mais ce repli sur soi a permis de
choses peuvent s'arranger. Pour être
conserver coutumes, traditions, cos"Poloni", on n'en est pas moins
tumes que l'on peut voir lors des fêtes,
Roumain !
essentiellement religieuses, ainsi que
La main sur le cœur, les nombreux
la langue. A table, on met toujours un
braconniers vous jureront que les sancouvert de plus, pour le Seigneur ou
Des villages reconnaissables à leurs maisons
peintes et à leurs cimetières fleuris.
gliers qu'ils guettent la nuit détruisent
un convive inattendu. Le jour de Noël,
leurs cultures de pommes de terre et de maïs et qu'ils les tuent
on sert onze à treize plats différents, mais forcément un
uniquement pour cette raison. D'ailleurs, affirment-ils, ils ne
nombre impair.
détestent rien de plus que cette viande, trop dure à leur goût…
Dans cet univers, la femme, souvent habillée dans des
mais personne ne va vérifier le contenu de leur assiette quant
vêtements aux couleurs vives avec des motifs de fleurs, occuils mangent en famille.
pe une place importante, égale à celle de l'homme. Un dicton
Attention ! Il ne faut pas trop chatouiller la susceptibilité
polonais dit que "l'homme est la tête de la famille, et la femme,
de ces hommes simples, renfermés et fiers. Quand ils se
la couronne". Les Roumains ont de son rôle une idée encore
fâchent, ils en perdent leur polonais pour lancer une bordée
plus directrice : si l'homme est la tête, la femme… est le cou.
29
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Santé
z
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ORADEA
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COPSA
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MARE SUCEAVA IASI
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GALATI
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BUCAREST
CONSTANTA
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Des donneurs de sang
"mieux nourris"
souhaités
30
Réunis en congrès, les médecins
roumains de l'Institut National
d'Hématologie Transfusionnelle ont
déploré que leurs compatriotes ne
donnent leur sang que pour des
motifs matériels. "Sur dix ou quinze
mille donneurs, cent seulement sont
véritablement volontaires et effectuent un geste désintéressé" ont-ils
estimé, souhaitant voir venir aux collectes, "des personnes mieux nourries, ayant une meilleure situation
matérielle et n'ayant pas à cacher
leur véritable état de santé".
Les donneurs reçoivent une
somme de 200 000 lei (6 €, 40 F,
soit près de deux jours d'un salaire
moyen), se voient attribuer deux
jours de congé et accorder une
réduction de 50 % sur les transports
en commun.
Premier hôpital privé
Dans moins d'un an, la Roumanie
disposera de son premier hôpital
privé, dénommé Euroclinic. Construit
sur un terrain de 4000 m2 appartenant à l'Hôpital des urgences de
Bucarest, lequel est public, il sera en
fait un hôtel de luxe médicalisé dont
les clients seront conduits vers les
salles d'opérations de celui-ci, mais
sera doté de services complémentaires (dermatologie, urologie, pédiatrie, maladies chroniques, etc...)
ainsi que d'un héliport. La première
phase du projet nécessite un investissement de 5 M€ (32 MF). Les
employés de l'Hôpital des urgences
auront la possibilité de devenir
actionnaire du nouvel établissement,
dans la limite globale de 20 %.
Grave pénurie de
médecins du secteur public
L
e concours pour le recrutement des professions médicales dans le système
public de santé a mis en évidence la profonde désaffection des jeunes à son
égard. Seulement 115 candidats se sont présentés pour 878 postes à pourvoir dans tout le pays, soit un pour 7-8 postes. Parmi eux 90 visaient la fonction de
médecin de famille, 23 de chirurgien-dentiste, et seulement deux voulaient devenir
pharmacien. La situation est d'autant plus inquiétante que la Roumanie est l'un des
pays européens où l'état sanitaire de la population est le plus préoccupant.
Le déficit le plus important est enregistré à Bacau qui recherche 100 médecins et
a besoin de 2700 para- médicaux. Pour les 14 postes de médecin de famille, une seule
candidature s'est manifestée, et aucune pour les cinq postes de pharmacien disponibles. L'hôpital de Bacau qui recrutait 35 médecins n'a reçu que 19 candidatures.
Salaires dérisoires, conditions de travail difficiles, cabinets mal équipés et souvent
à l'étroit, expliquent le renoncement des jeunes praticiens à entrer dans le service
public et leur tentation de se diriger vers le secteur privé. Les spécialités souffrant d'un
plus grand déficit de candidats sont celles où il est le plus facile de se mettre à son
compte, comme pharmacien ou chirurgien-dentiste.
Il faudra payer une taxe pour entrer à l'hôpital
L
a ministre de la Santé, Daniela
Bartos, a pris deux mesures
vis à vis des assurés sociaux
pour restreindre leurs dépenses, provoquant de vives protestations aussi bien de
leur part que de celle des professionnels
du secteur.
La première vise à décourager les
hospitalisations inutiles de malades qui
pourraient se soigner à domicile, en instituant une taxe obligatoire de 50 000 à 100
000 lei (1,5 à 3 €) quelque soit le nombre
de jours d'hospitalisation et même s'ils
disposent d'une assurance santé. Les
retraités, malades particulièrement
exposés et aux très faibles revenus, sont
les plus touchés par cette nouvelle taxe.
La seconde impose aux médecins de
délivrer au maximum trois médicaments
remboursés ou gratuits par mois à leurs
patients atteints d'une affection chronique, afin de réduire l'importances des
prescriptions. En cas de dépassement, ce
sera aux médecins de payer la différence.
Cette décision a suscité la colère du corps
médical qui la considère comme une
aberration, certaines maladies ou l'état de
santé de leur patient exigeant davantage
de médicaments. Un médecin a posé cette
question : "Si je ne donne pas le traitement nécessaire à un malade et qu'il
meurt… qui sera poursuivi, le médecin
qui n'a pas fait son travail ou le ministère qui lui a ordonné de ne pas le faire?".
Un chirurgien roumain, académicien français
C
hirurgien ayant réalisé la première greffe du foie en Roumanie et ayant
effectué 35 interventions de ce type à travers tout le pays depuis, le professeur Irinel Popescu, chef de clinique à l'hôpital Fundeni de Bucarest et
ancien secrétaire d'Etat à la Santé sous la présidence d'Emil Constantinescu, a été fait
membre de l'Académie Française de Chirurgie.
L
Disco pour handicapés mentaux
aila Onu, directeur du centre de jour pour handicapés mentaux "Pentru voi
" ("Pour vous") de Timisoara, a décidé de sortir ses 80 protégés de l'univers de leur atelier où ils apprennent et pratiquent quotidiennement la couture, fabriquent des objets artisanaux. Profitant des espaces libres dans ces locaux, il
a aménagé une discothèque où ces jeunes pourront se retrouver après leur journée, fait
installer des jeux et autres distractions, et espère qu'ils pourront servir à tous les évènements heureux de le vie, comme les anniversaires.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
d'anciennes voitures, sur les modèles neufs. Moteur, boîte de
Autrefois, la voiture était un objet de fierté pour toute la
famille et celle-ci mobilisait l'ensemble de ses moyens pour
vitesse, cardans pouvaient casser au bout de seulement 500pouvoir effectuer l'acquisition.
600 km, l'installation électrique ne plus fonctionner. Parfois,
Vers 1980, un système de crédit - nouveauté pour le régic'est le faisceau électrique qui brûlait sans raison précise… ou
me - avait été mis en place par la Caisse d'Epargne. Il fallait
bien des roues se détachaient.
déposer 50 % du prix du véhicuLes problèmes posés par les
le et payer le reste en mensuaDacia étaient devenus si nomlités pendant trois ans… temps
breux qu'un voyage avec une
minimum d'ailleurs nécessaire à
telle voiture devenait une vraie
sa livraison. Avec le reçu de la
aventure. Son conducteur devait
Caisse d'Epargne, on se rendait
absolument être à la fois, mécaau service commercial de Dacia
no, électricien, tôlier, et avoir
qui attribuait un numéro d'ordre,
toujours à bord un minimum
pour la commande. Il ne restait
d'outils pour se dépanner : clés,
plus qu'à patienter…
tournevis, pinces, marteau…
Une blague de l'époque
sans oublier les indispensables
voulait que lorsque le vendeur
rustines et la colle.
avait fixé la date de livraison,
Vu l'état des routes mais
donc plusieurs année plus tard,
aussi la mauvaise qualité des
l'acheteur se fasse préciser si
pneus, les crevaisons étaient - et
Un véhicule fonctionnel transformé en basse-cour sont toujours - si fréquentes,
celle-ci devait se faire le matin
pour ce vendeur de poulets sur un marché du Banat.
ou l'après-midi… le plombier
que la chambre à air, usée, credevant passer réparer l'évier de la cuisine ce jour-là.
vait au passage du moindre trou ou obstacle. L'auteur de ces
lignes a crevé sept fois en allant de chez lui à Sibiu, distant de
Les Dacia noires de la Securitate redoutées
40 km, et a dû réparer seul en pleine nuit, égrenant tout le chapelet de jurons qu'il connaissait.
Bien sûr, il existait des passe-droits. Les comités départeC'est ce problème qui a entraîné l'apparition de nombreux
mentaux du parti communiste approuvaient pour la nomenkla"Vulcanizare" (réparateurs de pneumatiques) dans toute la
tura locale l'achat immédiat d'une Dacia. Les dessous de table
Roumanie. Quant à la suspension, appréciée pour sa souplesse
existaient aussi pour faire raccourcir les délais.
lorsque la voiture est neuve, elle s'abîme vite avec les trous.
Les Roumains redoutaient par dessus-tout les Dacia
Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il faut changer
noires. Voitures solides et de bonne qualité, elles n'étaient pas
les silentblocs, les rotules et autres éléments.
destinées à la population mais à l'appareil d'Etat, au parti communiste, à la police et à la Securitate. Toujours vers 1980, une
Pas regardante pour le carburant
Dacia 2000 est apparue réservée à la très haute nomenklatura,
mais dont seulement 200 exemplaires ont été construits. Il
L'apparition de fabricants de pièces de rechange spécis'agissait en fait de la Renault 30 qui arrivait en Roumanie prafiques aux Dacia est un phénomène beaucoup plus récent et
tiquement terminée, l'usine de Pitesti se contentant de monter
grave : produites à moindre coût par des entreprises ayant un
des éléments de moindre importance comme les sièges ou les
minimum de machines, leur qualité est plus que douteuse et
pare-chocs.
elles peuvent conduire à des tragédies à la suite de défaillances
La Roumanie exportait aussi - et exporte toujours - des
du freinage ou de la direction, sans parler de la pollution
Dacia de meilleure qualité vers divers Etats de l'Amérique latiengendrée.
ne, la Chine, ou d'autres pays dépourvus de constructeurs autoBon nombre de Dacia fument à cause de leurs moteurs très
mobiles. Mais des problèmes apparaissent fréquemment. Une
anciens, souvent mal réglés pour consommer le moins posanecdote voulait que les importateurs étrangers lorsqu'ils vérisible, mais aussi à cause de la mauvaise qualité du carburant.
fiaient leurs lots de voitures, démontent les portes d'une Dacia
On dit que les Dacia en acceptent de toutes sortes, à l'exceppour les remonter sur une autre… et finalement constater que
tion du gas-oil : gaz liquide sortant de la terre, solvants, etc…
çà ne marchait jamais. A la décharge des employés du
Dernier phénomène lié à la "saga” de cette voiture : l'apconstructeur : machines, outillage, moules pour les carrosseparition de nombreux chauffeurs de taxis improvisés - on
ries n'avaient pas été changés depuis la construction de l'usine.
serait tenté de dire chauffards vu leur manière de conduire souvent sans autorisation. Il s'agit de chômeurs qui ont consaEtre à la fois mécano, électricien, tôlier
cré leur prime de licenciement à l'achat d'une vieille Dacia et
profitent, dans certaines régions, de la quasi disparition des
Plus le temps passait depuis l'apparition de Dacia, plus la
entreprises de transport en commun, en faillite. Trente ans
qualité s'effondrait. Après la tôle, c'est la mécanique qui
après, ils montrent des prodiges d'inventions et d'astuces pour
lâchait. Avec la folie des économies à tout prix que le régime
continuer à faire rouler leur véhicule, faisant ainsi entrer un
peu plus la Dacia, de son vivant, dans sa légende.
avait décidé de réaliser, notamment en important au minimum,
Ovidiu Gorea
on est allé jusqu'à installer des pièces d'occasion, prises sur
23
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Vie quotidienne
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ORADEA
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CLUJ
DEVA
TIMISOARA
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TARGU
MURES
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BRASOV
CPL
MUSCEL
CRAIOVA
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IASI
BACAU
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PITESTI
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La saga des Dacia
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MARE SUCEAVA
SIBIU
GALATI
BRAILA
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z
TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
z
"Te casse pas la tête,
çà marche comme çà"
22
Lancée en 1968, la Renault 12 roumaine
est entrée vivante dans la légende
Berlines, breaks, pick-up ou
camionnettes… on voit encore bon
nombre de Dacia circuler. Très populaires et accessibles au plus grand
nombre, elles sont aussi employées
comme charrettes, transportant
cochons, poulets, bottes de foin, bois.
La reprise de l'usine de Pitesti par
Renault, en 1999, n'a pas conduit à
toutes les améliorations attendues,
leurs acquéreurs devant se montrer
bricoleurs et la finition laissant à désirer. "Te casses pas la tête, çà marche
comme çà !" dit-on en Roumanie.
La marque a sorti deux modèles
un peu plus élaborés, avec moteur
Renault, la Dacia SuperNova (5000
€, 33 000 F), et un pick-up pour les
petits entrepreneurs (6000 €,
40 000 F), mais elle doit faire face à
la rude concurrence des voitures
d'occasion venues de façon plus ou
moins légales des pays de l'UE. Ces
véhicules beaucoup plus fiables et
confortables séduisent de plus en
plus de Roumains qui peuvent s'offrir
une Golf ou une Passat Volkswagen
pour le prix d'une Dacia neuve.
Les marques françaises, Renault,
Peugeot, Citroën, sont présentes en
Roumanie, mais moins appréciées
parce que leurs prix sont plus élevés
et, aux yeux des Roumains, leur
mécanique est plus compliquée que
celle des voitures allemandes.
Dacia-Renault devrait se rattraper
avec la X 90, à 5000 € qu'il s'apprête
à sortir de son usine de Pitesti. Le
lancement de cette voiture entièrement différente, moderne et "écobasique", la moins chère du monde, est
prévu cet automne, à l'occasion, du
salon automobile de Bucarest .
A
u milieu des années 60, Ceausescu s'était mis en tête de montrer la puissance économique de son régime en se lançant dans la construction d'une
petite voiture, les grosses limousines soviétiques, Volga ou Tcheika, ne
correspondant pas aux aspirations populaires. Une certaine tradition existait dans le
pays mais, jusque là, la production se limitait à la fabrication de 4x4, les IMS, ancêtres
des ARO de nos jours, à Câmpulung Muscel, et à celle de camions et de tracteurs à
Brasov, le tout sous licence soviétique, une bonne partie de ces véhicules y étant
exportés.
Ceausescu se tourna vers des fabricants occidentaux. Toyota semblait le mieux
placé, mais la pression des pays européens, qui redoutaient l'irruption des Japonais sur
leur marché, aurait décidé le "Conducator" a opté pour Renault. Une usine a donc été
construite à Pitesti, avec l'aide du constructeur français. La fabrication a débuté en
1968 avec la Dacia 1100, inspirée de la R8, dont le premier exemplaire fût remis à
Ceausescu et qui se trouve exposé aujourd'hui dans le hall de l'usine.
Des carrosseries qui rouillaient trois-quatre ans après l'achat
La marque prit son envol au tout début des années 70 quand, en même temps
qu'en France, sortait la Dacia 1300, en fait la R 12, une voiture dont rêvaient tous les
Roumains, séduits par son élégance, sa maniabilité, son confort, sa mécanique assez
simple. Les premières séries
furent achetées, comme de
juste, par la haute et moyenne
nomenklatura. Il fallait
débourser à l'époque 70 000
lei, soit cinq ans de salaire. La
qualité était assez bonne car,
au début, ce modèle était produit sous la surveillance et
avec l'assistance technique
des spécialistes français.
Au fil des années, la
demande s'est faite de plus en
Le sens pratique des Roumains les a amenés
à inventer un usage multi-fonctions pour leur Dacia.
plus forte… alors que la qualité commençait à baisser, Renault ayant cessé sa collaboration en 1978. Les carrosseries rouillaient trois-quatre ans après l'achat. Sont apparus alors une multitude de
tôliers-carrossiers - on en comptait un pour cent Dacia ! - qui firent des prodiges et
demeurent encore aujourd'hui de véritables experts.
Ils devaient procéder à l'"antiphonage" qui consiste à découper la tôle pourrie, en
souder une neuve au chalumeau, peindre en dessous avec du mastic puis avec de la
peinture résistante à l'eau, et finalement repeindre toute la carrosserie.
Une telle réparation exige de deux à quatre semaines et, de nos jours, coûte entre
500 et 800 € (3300-5300 F). Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, il faut faire attention aux escrocs qui bouchent les trous de rouille avec du mastic, voire du papier toilette, recouverts de peinture ou de vernis.
La fierté de la famille
De nos jours, la Dacia 1300 est devenue la voiture de la classe moyenne, celle qui
gagne autour de 100 € par mois. S'acheter un véhicule neuf n'est pas aussi facile que
çà. Une Dacia coûte entre 3000 et 5000 € (20 000-33 000 F), ce qui est au-dessus des
possibilités de l'énorme majorité des familles. On n'en vend d'ailleurs qu'à peine 60
000 par an dont 40 000 voitures de tourisme.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Santé
Société
Une Roumaine avorte,
en moyenne, trois à quatre fois dans sa vie
U
n million de Roumaines deviennent enceintes
chaque année, mais seulement 300 000 mèneront
leur grossesse à terme, 700 000 ayant recours à
l'avortement. Dans le pays, la Moldavie vient en tête, avec 60
000 avortements. Avec une moyenne de 3 à 4 avortements par
femme, contre à peine un pour les Européennes de l'Ouest, la
Roumanie est le pays qui enregistre le plus grand nombre de
décès entraînés par cette intervention.
Considéré comme une méthode de contraception, l'avortement mal pratiqué laisse aussi 20 % des Roumaines qui y ont
recours stériles et provoque fausses couches et naissances prématurées.
Le manque d'éducation sexuelle et de sensibilisation aux
méthodes contraceptives expliquent l'importance de ce phénomène. Jusqu'ici les efforts des pouvoirs publics, des ONG,
les programmes financés par la Banque Mondiale pour y remédier se sont soldés par des échecs. Plusieurs raisons sont
avancées : la grand pauvreté et la peur de l'avenir qui amènent
Religion
L
des couples à refuser les naissances, particulièrement chez les
jeunes qui touchent des salaires dérisoires s'ils ne sont pas au
chômage. L'appréhension du "qu'en dira-ton" et de la honte,
toujours bien présents en Roumanie, qui conduisent des
parents à insister pour que leurs filles avortent, ainsi qu'une
pudeur chez les jeunes femmes qui les amène à ne pas vouloir
d'enfants en dehors du mariage… et parfois n'en auront pas
non plus quand elles seront mariées, à la suite des conséquences de leurs avortements antérieurs.
Certains spécialistes de la santé mettent aussi en cause les
médecins gynécologues qui se garderaient bien de promouvoir
la contraception auprès de leur patientes pour pouvoir continuer à pratiquer des actes rémunérateurs et nombreux.
Plusieurs hôpitaux tentent de mettre un terme à ce comportement des Roumaines face à la contraception, en rendant plus
onéreux les curetages qui sont facturés 200 000 lei (6 €, 40 F)
alors qu'un traitement mensuel par pilule (50 000 lei, 1,5 €, 10
F) ou la pose d'un stérilet revient beaucoup moins cher.
La quatrième paroisse orthodoxe
roumaine de France est née à Lyon
a quatrième paroisse orthodoxe roumaine en France, après Paris et Strasbourg a
ouvert ses portes à la fin de l'année passée, à Lyon. Arrivé voici cinq ans dans la
capitale des Primats de Gaule, pour préparer une thèse de doctorat, Cristian
Niculescu, prêtre de Timisoara, avait reçu également la mission du métropolite orthodoxe
roumain pour l'Europe Centrale et Occidentale, d'y créer une paroisse.
La tâche s'est avérée délicate, le prêtre se rendant vite compte que les Roumains orthodoxes ne formaient pas une communauté, beaucoup d'entre eux n'ayant pas confiance dans
leur église nationale. Il constata avec stupeur que la suspicion d'une complicité entre celle-ci
et la police politique, datant du régime communiste et de la Securitate, n'avait pas disparu.
Cristian Niculescu a lors procédé par étapes. Au début, il a organisé de simples séances
de prières dans l'appartement d'un Roumain, puis a réuni suffisamment de signatures de
fidèles pour que le métropolite décide de l'ouverture de la paroisse.
Mais le problème des locaux se posait toujours. Antoine Callot, prêtre de la paroisse
orthodoxe française de Lyon, proposa de partager sa chapelle, les offices ayant lieu alternativement en langue française et roumaine. Du coup, sous la direction de la femme de Cristian, une chorale franco-roumaine s'est
constituée, les chants liturgiques étant interprétés et traduits dans les deux langues.
Le métropolite se désintéressant du sort de la petite paroisse roumaine de Lyon et ne fournissant aucune aide, celle-ci s'est
tournée vers l'archevêché catholique de la région qui a mis à sa disposition une salle dans sa maison paroissiale Saint Maurice. Les
fidèles ont ainsi pu y disposer de leur propre chapelle… totalement vide au début et aménagée peu à peu grâce à l'argent collecté
lors des offices. Le prêtre a acheté du bois pour construire l'autel, des cadres pour les icônes… mais faute d'en posséder celles-ci
ont été remplacées par des photos prises sur des sites Internet. Depuis, la petite église lyonnaise est devenue le lieu de prières de
quelques dizaines de Roumains orthodoxes, mais aussi de Grecs, Russes et Français.
L
es 430 moines et nonnes des
27 monastères de l'éparchie
(diocèse) de Roman vont recevoir une "légitimatie" (carte d'identité
professionnelle) de leur hiérarchie, comportant tous les éléments pouvant permettre de les identifier, leur fonction ainsi
Carte professionnelle pour les moines et nonnes
qu'une photo. Munis de celle-ci et après
avoir obtenu une autorisation de sortie,
ils pourront s'absenter de leur monastère.
Cette initiative a été prise pour permettre
aux policiers de pouvoir démasquer les
faux moines ou nonnes qui recueillent de
l'argent, soi-disant pour les bonnes
œuvres ou la construction d'édifices religieux. Elle vise aussi à mieux contrôler
les sorties non autorisées des moines, qui
seront exposés aux sanctions prévues par
le règlement monacal. Cette "legitimatie"
ne sera délivré qu'aux religieux qui ont
déjà prononcé leur serment.
22
31
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Près de 15 000 suppléants
sans qualification dans tout le pays
Enseignement
BAIA MARE
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z
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ORADEA
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CLUJ
ALBA
IULIA
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SUCEAVA
TARGU
MURES
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TIMISOARA
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BACAU
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BRASOV
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SLATINA
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BRAILA
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TULCEA
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BUCAREST
CONSTANTA
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CRAIOVA
Brevet: des notes
arrangeantes
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Fin juin 2002, à Slatina. Les
élèves de huitième consultent les
résultats de l'examen de capacitate
(brevet). Le père de l'un d'entre-eux
s'indigne de voir que son fils n'a
obtenu que la moyenne de 7,40 sur
10, ce qui lui barre l'entrée au lycée
de la police où la note 8 est exigée.
Les candidats pouvant contester les
résultats, deux professeurs du jury
s'attellent à la relecture de l'ensemble des devoirs du garçon et,
bienveillants, remontent finalement
sa moyenne à 7,6. Quand la différence est inférieure à 0,5 point, le
dossier reste sur place; si elle est
plus grande, c'est l'inspection qui le
prend en charge.
“Vous ne voulez pas de
mes 300 dollars ?
Bien, j’appelle l’inspecteur.”
Le père proteste auprès des
enseignants, tempête, implore, insiste… Rien n'y fait, le maximum a été
consenti. En désespoir de cause, il
sort 300 dollars (2000 F), qui sont
refusés, et est invité à sortir de la
salle du jury, malgré ses prières.
Une demi-heure plus tard, le téléphone sonne. L'un des chefs de
l'inspection demande à ce que les
devoirs lui soient transmis pour une
nouvelle correction. Protestations
des deux professeurs coupées par
un brutal : "Vous m'avez compris ou
je dois le répéter ?". Deux jours plus
tard, la moyenne de l'élève avait été
rectifiée à 8,90. Aujourd'hui lycéen, il
envisage de faire carrière dans la
police…
Peut-être sera-t-il chargé d'enquêter sur les affaires de corruption?
L
es démissions de professeurs, faute de salaires décents, s'accélèrent à travers le pays. Rien que dans la capitale, quinze d'entre-eux quittent l'enseignement chaque semaine, se reconvertissant dans la vente de téléphones
mobiles, la publicité, devenant pompistes dans des stations-services ou vendant simplement des légumes et des fruits sur les marchés. Par ailleurs, près de 3000 ont pris
un congé sans solde de un an.
Ces enseignants sont souvent remplacés
par des personnes n'ayant pas la qualification
requise ni les diplômes exigés. Près de 15 000
postes, dont 4000 en ville, sont ainsi pourvus
par des suppléants n'ayant pas la compétence
indispensable, ne disposant parfois que de
leur baccalauréat ou bien encore en cours de
formation ou ayant une qualification autre.
C'est en anglais que le phénomène est le
Faute de salaires décents, plus criant (15 % d'enseignants non qualifiés),
les enseignants désertent le métier.
discipline qui précède la religion (12 %), l'informatique (11 %), et le roumain (7 %). Par ailleurs, si la crise est moins profonde
dans l'enseignement supérieur, elle n'en épargne pas pour autant les 3600 professeurs
universitaires du pays qui gagnent, en moyenne, 300 euros par mois (2000 F), salaire
brut… soit douze fois moins que la moyenne de leurs 18 000 collègues français.
L
A 300 € par mois, les enfants de riches
peuvent apprendre l'anglais à Bucarest
'émergence d'une classe de Roumains qui s'est enrichie après la Révolution
a favorisé l'apparition d'universités et de lycées privés à travers le pays. Les
écoles primaires du même type sont beaucoup plus rares. L'une d'entre
elles, l'école "Mark Twain", fondée en 1995 dans la banlieue résidentielle nord de
Bucarest, se flatte d'être la seule de son genre en Roumanie à être bilingue, les 200
enfants la fréquentant y recevant leur enseignement, inspiré d'une méthode américaine, successivement en roumain et en anglais.
Un mini-bus effectue le ramassage scolaire tous les matins. Les élèves arrivent à
8 h 30 et prennent ensemble un copieux petit-déjeuner, puis étudient différentes disciplines en roumain jusqu'à 11 h. Une pause d'un quart d'heure, accompagnée d'une collation, précède l'enseignement en anglais, dont les mathématiques, qui se déroule jusqu'à 13 h 30. Puis pendant une heure, les enfants prennent leur déjeuner et se reposent.
L'après-midi, jusqu'à 16 h 30 et le retour dans les familles par minu-bus, est consacré
aux disciplines optionnelles enseignées dans des ateliers: ordinateur, échecs, aïkido,
art, histoire, religion, ballet, danse sportive, théâtre, allemand, espagnol, arabe. Il existe aussi des ateliers jeunes journalistes, magie, amour de la littérature, etc…
Surveillance en direct des cours sur Internet pour les parents
Pour pouvoir inscrire leurs enfants, les parents doivent s'acquitter de 300 € (2000
F) par mois, ce qui, comparativement, ferait 3800 € (25 000 F) pour un occidental.
Pourtant on s'y bouscule : l'école a une liste d'attente représentant 15 % des effectifs
et il est conseillé de se pré-inscrire un an à l'avance.
Petit plus offert aux familles, à 95 % roumaines, les autres appartenant au corps
diplomatique… une web-camera leur permet de surveiller en direct sur Internet leurs
rejetons pendant les cours et de vérifier le contenu de ceux-ci. Les enseignants - un
pour cinq élèves - doivent apprécier… mais, triés sur le volet, ils gardent leurs
remarques pour eux : leur salaire, à 7 millions de lei (210 €, 1400 F) est trois fois
supérieur à celui d'un débutant.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Un milliers de licenciés
qui vivent des légumes de leur jardin
de meubles ont vu leur condition empirer. Ils ont perdu la
"prime pour les 3 x 8", du fait de la baisse de l'activité; puis ce
fut le tour de la "prime de pénibilité" (20 % du salaire), versée
Quatre ans plus tard, alors que son nouveau propriétaire
pour le déchargement des camions, suspendue parce que le
n'est venu sur les lieux que 3-4 fois, l'entreprise touche le fond.
patron avait déclaré ne plus avoir d'argent.
En un mois, elle ne fabrique plus que ce qu'elle faisait en un
La "prime de nocivité" (20 %) a été également supprimée.
jour. Sa réputation a chuté, car ses meubles sont mélangés avec
Elle représentait 400 000 lei ( 12 €, 80 F) par mois et était jusceux de l'usine de Bacau, dont la
tifiée par l'importante pollution
qualité est moindre. La gestion a
qui règne dans les ateliers du fait
été déplorable et apparaît louche.
du traitement du bois et de son
L'usine vend sa production à l'enponçage à l'aide de papier de
treprise d'import-export de la
verre, lequel soulève un nuage
femme du propriétaire, qui touche
permanent de poussière, amenant
ainsi au passage une commission
de nombreuses tuberculoses, des
de 7 %, ce qui lui permet de minoemphysèmes. Des maladies ocurer son bilan et de payer moins de
laires sont également provoquées
taxes.
par la pulvérisation de laques, et
Plus d'un millier d'employés
les ouvrières qui les subissent ont
ont été licenciés et il n'en reste
les yeux qui pleurent. Les nouplus que 250. Les autres ont touveaux embauchés mettent pluLa vente des produits de leurs jardins, sieurs mois à s'habituer aux
ché le chômage pendant neuf mois
ici dans la rue principale de Pâncota, permet
à de nombreux chômeurs de la région de survivre. odeurs épouvantables des lieux
et vivent désormais le plus souvent avec ce que peuvent leur rapporter leurs champs ou leur
et présentent souvent des réactions d'allergie sur les bras.
jardin. Car il est pratiquement impossible de retrouver du traPour autant, l'Inspection du Travail n'a rien remarqué. Elle
vail dans la région. Des deux mastodontes qui permettaient
était venue constater les faits à la reprise du travail, un lundi
autrefois d'assurer le plein emploi, l'un, le combinat chimique
matin, alors que la fabrique n'avait pas fonctionné pendant tout
de Vladimirescu, pollueur patenté du secteur, a fermé ses
le week-end. "Pas de pollution, pas de prime" a donc décidé la
portes, l'autre, le fabricant de wagons UVA d'Arad, devenu
direction, se basant sur le rapport de l'inspecteur, provoquant
ASTRA, a réduit ses effectifs de 15 000 à 1000 ouvriers.
un mouvement de révolte qu'elle a vite endigué : "Ceux qui ne
sont pas contents, prennent la porte".
Des bons d'alimentation en guise de salaire
Les chanceux qui sont restés ne sont pourtant pas mieux
lotis. Alors que le salaire mensuel net minimum était de 1,750
millions de lei (53 €, 350 F), l'année dernière, ils ne touchaient
que 500 000 lei (15 €, 100 F), non pas en espèces, mais sous
forme de bons d'achats négociables seulement dans 3 ou 4
magasins alimentaires de Pâncota et uniquement pour de la
nourriture. Pas question d'y acheter de la bière, du vin, du
tabac, ni d'essence, pas plus que d'aller faire des courses à
Arad, où cette "monnaie de singe" n'est pas reconnue.
Normalement, ces employés auraient dû recevoir 22 bons de
45 000 lei, mais l'entreprise ne leur en délivre que dix. En
outre, ce système les humilie en les réduisant à l'état des nécessiteux dont on surveille les dépenses.
L'Inspection du Travail d'Arad ne trouve rien à redire.
N'est-elle pas assez curieuse ? Lors de sa venue dans la commune pour enquêter sur une firme italienne de fabrication de
vêtements, un inspecteur n'a pas remarqué que les cotisations
chômage et retraite des employés n'étaient pas acquittées. Il est
reparti les mains vides… et le coffre de sa voiture plein de
vêtements. Depuis l'entreprise a fermé ses portes et le personnel ne peut pas toucher le chômage, faute d'avoir cotisé.
"Ceux qui ne sont pas contents prennent la porte"
Avant d'en arriver à avoir leur salaire versé sous forme de
saucisses ou de pommes de terre, les employés de la fabrique
Fatalisme devant la retraite qui s'envole
En juin dernier, une autre ombre est venue noircir le
tableau. Un vieil ouvrier s'est rendu compte qu'il lui manquait
des années de cotisation pour le supplément retraite. Un ancien
chef-comptable, qui a disparu de la circulation depuis, avait
omis de les verser pour quelques 800 employés sur une période de 25 ans, leur réservant sans-doute une autre destination.
Aujourd'hui, les personnes lésées se retrouveront, au moment
de leur cessation d'activité, avec 28 annuités au lieu des 35
exigées pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Leur pension ne sera plus que de 900 000 lei (27 €, 180 F) au lieu des
1,4 millions de lei (42 €, 280 F) auxquels elles ont droit, perdant ainsi 36 % d'un futur revenu qui, complet, ne leur permettrait déjà pas de subsister.
La nouvelle a suscité un vent de panique à la fabrique. Les
employés se sont précipités dans le bureau du personnel pour
consulter leur carnet de travail, où sont consignés tous les éléments ayant trait à leur carrière. Ils ont été éconduits sans pouvoir y avoir accès.
La mouvement de colère s'est arrêté là, le fatalisme l'emportant. Les plus jeunes comptent sur les années à venir pour
trouver un moyen de combler ce manque à gagner. Les anciens
se sont retrouvés seuls, découragés à l'avance, à l'idée d'aller
intenter un procès à Arad, bien que dans le cadre de la législation du travail, cette procédure soit entièrement gratuite.
Marian Munteanu
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Mon village
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CLUJ
ARAD
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BAIA MARE
ORADEA
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TARGU
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TIMISOARA
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IASI
GALATI
SIBIU BRASOV
PITESTI
CRAIOVA
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A la fabrique de meubles
de Pâncota, capitalisme
rime désormais avec Moyen-Age
z
z
PANCOTA
z
SUCEAVA
z
„
z
CERNAVODA
BUCAREST
z
z
CONSTANTA
A peine 4 % du
vignoble en état
de produire du vin
22
20
Sur les pentes des monts Zarand,
première bosses des Apuseni au
pied desquelles vient mourir l'immense et morne plaie hongroise, pousse
depuis plus d'un millénaire un
vignoble qui donne des vins de
moyenne qualité, dont le plus côté
est le Minis, mais qui représentait
une activité importante jusqu'à la
"Révolution". A Pâncota, 380 hectares étaient plantés en vigne. Avant
le communisme, chaque famille propriétaire produisait 20 hectolitres,
dont une bonne partie pour sa propre
consommation, soit au total 20 000
hl, auxquels il fallait ajouter la production industrielle. Blanc, rouge,
cabernet, sauvignon, merlot étaient
les cépages du crû, le petit village
de Maderat (5 km) étant connu pour
son "mustoasa" (issu du moût) blanc,
appelé en Allemagne "Mustafer".
Après 1990, pendant une ou deux
années, l'exploitation a continué.
Puis la coopérative viticole a arrêté
son exploitation. N'étant plus surveillées, laissées à l'abandon, les
vignes ont été saccagées, le bois des
cabanes, les fils des espaliers, volés,
les structures et le matériel ont disparu. L'Etat devait redistribuer les terrains mais, douze ans après, très
peu de titres de propriété avaient été
attribués ou restitués, les anciens
propriétaires ne se bousculant pas
pour les récupérer : replanter la vigne
exige un investissement de 20 millions de lei (600 €, 4000 F par hectare) et rares sont ceux qui en ont les
moyens. Aujourd'hui, 15 ha sur 380
sont cultivés, soit à peine 4 % du
vignoble.
La petite ville du Banat était fière
de ses chaises courbées
que l'on trouvait dans le monde entier
P
âncota était fière de sa fabrique de meubles, la première du pays pour l'exportation à laquelle elle consacrait 98 % de sa fabrication. Elle avait été
créée en 1912 par un Français, Marcel Thonet, spécialiste et promoteur du
meuble courbé. Celui-ci avait choisi la petite ville du nord du Banat parce qu'elle se
trouvait sur un nœud routier et ferroviaire, et était devenue un important carrefour
commercial avec son marché aux chevaux célèbre dans tout le pays. Au début, la
fabrique comptait une centaine d'employés, travaillant selon le système des 3 x 8,
fabriquant 400 chaises par jour; puis leur nombre grimpa à 250 dans les années 20.
L'arrivée des communistes amena sa nationalisation en 1948 où, en hommage au
"grand frère" soviétique, elle prit le nom de "Rasaritul" ("Là où le soleil se lève"). Le
développement de l'entreprise fut exponentiel. Elle devint la plus grande fabrique de
meubles courbés d'Europe, exporta en Belgique, Suisse, France, Allemagne, Suède.
Les chaises de Pâncota étaient connues dans le monde entier. On en trouvait dans
les bars en Amérique. Devant le carnet de commandes bien rempli, les 2100 employés
que l'usine compta durent même travailler le dimanche. Ils venaient de toute la région,
par des systèmes de navettes de cars et de trains.
Un repreneur allemand de rêve évincé
au profit d'un cadre de l'ancien régime
Après la "Révolution de 1989", l'entreprise se transforma en société commerciale
à capital d'Etat,
d é n o m m é e
"Pâncota
S.A.",
n'employant plus
bientôt que 1450
personnes. C'était
le début de la
déconfiture, laquelle s'acheva par sa
privatisation, en
1998. Pourtant, à
cette occasion, une
chance exceptionEn 1998, lors de sa privatisation, le choix d’un nomenclaturiste
nelle se présenta
à la place d’une firme allemande sérieuse, condamnait déja
la fabrique de meubles de Pâncota à la déconfiture.
sous la forme d'un
candidat à la reprise allemand qui posa sa candidature lors de la mise aux enchères par
le FPS (Fonds de Privatisation d'Etat). Cette grosse firme d'Outre-Rhin proposait de
payer cash l'acquisition, de moderniser l'usine, de ne pas procéder à des licenciements
pendant les cinq années à venir et de verser des salaires moyens nets de 3 millions de
lei (90 €, 600 F). Un rêve dans une Roumanie où l'économie s'était effondrée!
Mais les Allemands eurent sans-doute le tort de ne pas avoir "le geste qu'il faut"
et la décision traîna en longueur sous l'influence d'un autre repreneur potentiel qui
leur souffla l'affaire. Celui-ci, ancien haut fonctionnaire de Bucarest, chargé sous le
communisme de l'exportation des meubles roumains et qui, bénéficiant de ses
connaissances, s'était reconverti dans le capitalisme, avait déjà acquis une entreprise à
Bacau. Avec tout "son savoir-faire", il racheta la fabrique de Pâncota pour 2,5 milliards de lei… alors qu'elle était estimée à 15 milliards de lei.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Environnement
Société
Bucarest a perdu la moitié de ses espaces verts depuis 1990
Plus de place pour enterrer les morts
C
es douze dernières années, Bucarest a perdu 17
km2 d'espaces verts, soit la moitié de ceux qui
existaient lors de la chute du régime communiste.
Avec 2,5 m2 de zone de verdure par habitant, la capitale roumaine atteint à peine le quart des normes internationales qui
sont de 12 m2. Cette restriction de l'espace vitale, due pour une
bonne part à l'affairisme immobilier, se traduit par une détérioration de l'environnement. Chaque kilomètre carré de la
ville reçoit mensuellement 275 tonnes de poussière. Les deux
millions de véhicules, souvent usagers, qui circulent dans la
capitale provoquent 70 % de la pollution.
Les promoteurs de cimetières privés déchantent
Mais il existe aussi à Bucarest 12 cimetières "paroissiaux"
dépendant essentiellement de l'Eglise orthodoxe ainsi que
quatre cimetières privés, apparus au cours de ces quatre-cinq
dernières années: le cimetière "Metallurgie", près du quartier
Tunari, "Cernica" (quartier Pantalimon), "Pace Voua"
(chaussée Magurele), "Michel et Gabriel", près de l'autoroute
Bucarest-Pitesti.
Ces derniers ont été créés par des hommes d'affaires qui,
au vu de la hausse relative du taux de mortalité et des dépenses
que les Roumains n'hésitent pas à entreprendre pour les
Seize cimetières publics totalement saturés
obsèques de leurs proches, ont estimé que l'investissement
pouvait être rentable en moins de dix ans.
Le manque de place se fait aussi dramatiquement ressenAujourd'hui, ces "promoteurs" déchantent. Non seulement
tir au niveau des seize cimetières publics de la capitale qui sont
il leur a fallu acquérir d'immenses terrains au prix du mètre
totalement saturés. Ceux-ci ne peucarré pratiqué dans la capitale, mais
vent plus proposer que quatre cents
encore ont-ils dû les viabiliser, assurer leur drainage, installer des allées
places mensuellement, alors qu'il
en béton, y construire une chapelle,
meure cinq cents Bucarestois penun bâtiment administratif, des comdant cette période. Les tombes sont
modités... tout en respectant la dismises à touche-touche jusqu'aux
tance minimum de 50 m entre la
portes des maisons de gardien, alors
porte du cimetière et la première
que la réglementation prévoit
habitation.
qu'elles en soient distantes d'au
Ainsi l'achat et l'aménagement
moins trois mètres.
d'un
terrain de 10 ha est-il revenu à
D'après celle-ci, une réserve de
500
000
€ (3 MF) à son propriétaidouze mille emplacements devrait
re.
L'obtention
de la vingtaine d'auexister pour faire face à une calamité
torisations
nécessaires,
demandant
naturelle et pouvoir enterrer la totaA
Bucarest,
faute
de
place,
morts
et
vivants
lité des victimes... ce que, malheuplus d'un an de démarches auprès de
ont de plus en plus de mal... à respirer. Mais, vu les prix
reusement, on ne peut pas exclure à
demandés dans les cimetières, les vivants multiples services, et 10 000 € de
ont de moins en moins l’intention d’y rejoindre les morts.
Bucarest, ville souvent touchée par
frais et taxes supplémentaires, a
les tremblements de terre. La mairie a bien acheté deux terdécouragé le développement de ces initiatives.
rains, mais le budget de la ville n'a pas prévu d'argent pour les
aménager.
Des Bucarestois effrayés par les prix demandés
La pollution se retrouve également dans ces lieux. Un rapport de l'Inspection Sanitaire indique que la moitié des cimeQuant aux résultats, ils sont en-dessous de tous les scénatières fonctionnent sans autorisation sanitaire et que l'autre ne
rios imaginés. Effrayés par les prix demandés, parfois aussi
la respecte pas. De graves problème d'hygiène sont signalés. Il
par la distance de certains de ces cimetières situés en périphén'est pas rare de voir des déchets jonchés le sol. Les poubelles
rie, les Bucarestois ont boudé cette innovation. A
n'existent pas ou débordent, la collecte des ordures n'étant
"Metallurgie", un emplacement se vend entre 500 et 700 €
effectuée qu'une fois par semaine. Des robinets manquent ou
(3300-4600 F). On n'y dénombre que 50 tombes, après trois
sont volés, l'état des toilettes est misérable...
années d'existence. A "Michel et Gabriel", à peine cent places
Véritable Panthéon national, où sont enterrés les grands
ont été acquises en cinq ans. Son propriétaire cherche à s'en
noms de l'histoire et de la culture roumaine, le cimetière Bellu
débarrasser et un emplacement est bradé à 60 € (400 F), uniéchappe à cette triste réalité. Aujourd'hui, il est surtout
quement pour tenter de récupérer une partie de la mise de
départ.
considéré comme la dernière résidence "cinq étoiles" de la
A "Pace Voua", seule la pratique de prix plus accessibles
nouvelle nomenklatura.
- entre 120 et 210 € (800-1400F) - a permis à son promoteur
L'administration municipale tente cependant de donner
de vendre 500 des 10 000 places proposées en dix-huit mois.
une image plus reluisante de ces lieux qu'elle a en charge. Elle
Quelque soit l'immense respect que les Roumains portent à
a créé un site Internet, www.cimitire.ro, présentant tous les
leurs morts, leur vie est aujourd'hui trop dure pour se permettre
cimetières publics, les moyens de transports pour s'y rendre,
n'importe quelle dépense.
les formalités à accomplir lors d'un décès...
33
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Sports
SUCEAVA
z
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ORADEA BAIA
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MARE
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ARAD
z
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TARGU PIATRA
MURES NEAMT
ALBA IULIA
BACAU
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TIMISOARA
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IASI
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CLUJ
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GALATI
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SIBIU BRASOV
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BRAILA
PITESTI
CRAIOVA
z
z
„
BUCAREST
z
z
TULCEA
CONSTANTA
z
Classement UEFA:
la Roumanie 24ème
Eliminée de la phase préliminaire
de la coupe du monde 2002, la
Roumanie a obtenu sa plus mauvaise place au classement annuel de la
FIFA (Fédération Internationale de
Football), instauré en 1993. Elles se
classe au 24ème rang, avec 649
points, loin derrière, respectivement,
le Brésil, premier avec 856 pts, la
France, (787 pts), l'Espagne (779
pts), l'Allemagne (761 pts).
34
Anghel Iordanescu,
sélectionneur de l’équipe nationale.
Pour les éliminatoires de l'Euro
2004, lequel se déroulera au
Portugal, la Roumanie doit affronter
le Danemark (12ème, 707 pts), la
Norvège (26ème, 648 pts), la
Bosnie-Herzégovine (87ème, 462
pts), le Luxembourg (148ème, 254
pts). Après trois matchs, la
Roumanie est seconde de sa poule
avec 6 points (deux victoires contre
le Luxembourg et la BosnieHerzégovine, une défaite à Bucarest
contre la Norvège), derrière la
Norvège (7 pts) et devant le
Danemark (4 pts, un match en
moins). Seule la première place est
qualificative, le second de la poule
étant appelé à disputer un match
aller-retour de barrage.
Entraînement commando
pour les rugbymen roumains
P
etit Napoléon" - c'est ainsi que les Roumains appellent le sélectionneur de
leur équipe nationale, le Français Bernard Charreyre, depuis qu'il a sauvé
du naufrage leur rugby - a mis au point un plan de préparation inédit en vue
de la prochaine coupe du monde qui doit se dérouler en Australie, en octobre prochain.
Trente jours avant de s'envoler pour les antipodes, ses joueurs seront réunis dans une
base sportive ultra-moderne des Alpes françaises, recevant un entraînement commando dans un cadre sauvage où ils devront eux-mêmes se débrouiller avec des techniques
de survie, développer leur condition physique et leur esprit de corps… ainsi que le font
les sélections nationales anglaise et française.
Par ailleurs, Bruno Charreyre a désigné trente joueurs qui ont obtenu le statut professionnel de la part de la Fédération Roumaine de Rugby et reçoivent de celle-ci un
salaire mensuel de 300 à 500 € (2000 à 3300 F), s'entraînant déjà en vue de la coupe
du monde. Le Français a prévenu que chacun d'entre-eux avait une chance d'être retenu pour l'Australie, le capitaine de l'équipe, Romeo Gontineac, étant le seul assuré
d'être sélectionné.
Au cours de ce mondial, la Roumanie doit affronter l'Australie, tenante du titre,
l'Argentine, l'Irlande et la Namibie, en poule qualificative.
Cinq ans de suspension pour les gymnastes nues
L
es trois anciennes championnes roumaines de gymnastique, Lavinia MiloSovici, Claudia Presecan et Corina
Ungureanu, qui avaient posé nues dans un magazine japonais et tourné dans un film vidéo pour
adultes, ont été suspendues par la Fédération
Internationale de Gymnastique de toute compétition
et activité touchant à ce sport, pour cinq ans. Cette
mesure s'applique également à la Roumanie. Pour
motiver sa décision, la FIG a avancé le fait que les
prises de vue avaient eu lieu dans une salle de
sports… inventant ainsi le délit d'atteinte aux
bonnes mœurs d'appareils de gymnastique !
Alors que cette sanction était annoncée, leurs
anciennes camarades de la sélection nationale, les
deux championnes olympiques, Andreea Raducan et Maria Olaru étaient invitées pour
une tournée de démonstration en Malaisie, faisant admirer leurs talents, sans pour
autant retirer leur justaucorps… ce qui a fait dire à certains journaux que l'on pouvait
gagner de l'argent avec ce sport sans se déshabiller, omettant toutefois de rajouter que
cela leur avait rapporté environ cinquante fois moins.
Coupe Davis :
défaite sans appel de
la Roumanie face à la France
A
En méforme, Andrei Pavel, joueur
phare du tennis roumain, n’a pas pu
peser sur le sort de la rencontre.
près sa défaite sans appel (1-4) devant
la France, à Bucarest, en 1/8ème de
finale de la Coupe Davis, la
Roumanie devra disputer un match de barrage, en
septembre prochain, pour pouvoir espérer figurer
dans le prochain tableau mondial du tournoi de
tennis. En 20 ans, les Roumains n'ont réussi qu'une
fois à se qualifier pour les quarts de finale.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Le jeu pyramidal avait dépouillé de leurs
économies des centaines de milliers de Roumains
Justice
2900 euros d'amende et 21 mois de prison
pour Ioan Stoica, l'inventeur de "Caritas"
I
oan Stoica et son épouse, Elena, peuvent se frotter les
mains. Les inventeurs de "Caritas", jeu pyramidal
constituant une des plus grosses escroqueries
publiques du XXème siècle en Roumanie, ont vu les poursuites engagées contre eux abandonnées pour raison de prescription… Ainsi en a décidé en dernier recours, la Cour
d'Appel d'Oradea, les sept ans et demi de délai accordés par la
loi pour rendre un verdict étant dépassés. Des centaines de milliers de personnes, le plus souvent modestes, avaient été
dépouillées de leurs économies.
Procès déplacés, reportés, décisions cassées, grâces, etc…
ont permis au couple d'échapper aux rigueurs de la loi, à la
grande colère des milliers de plaignants dont certains parlent
de continuer une action en justice devant la Cour Européenne
des Droits de l'Homme de Strasbourg.
Les victimes réclamaient 1 M€ à Ioan Stoica, somme très
inférieure à celles qui ont été englouties dans "Caritas" à travers tout le pays. Finalement, au bout du processus judiciaire,
elle n'auront obtenu que 2900 € (19 000 F), Elena Stoica étant,
elle, condamnée à verser 200 000 lei (6 €, 40 F), amende qui
a été graciée. Ioan Stoica aura effectué, en tout et pour tout, 21
mois de prison préventive, une autre peine de 6 mois ayant été
gracié. Il déclare vivre aujourd'hui avec sa pension de 800 000
lei (25 €, 160 F) et dément avoir des comptes à l'étranger.
Une hystérie collective à travers le pays
Le jeu pyramidal avait débuté en 1990 à Brasov, mais la
ville étant en mauvaise posture financière, Ioan Stoica l'avait
déplacé à Cluj, cité beaucoup opulente dont nombre de
citoyens s'enrichiront à cette occasion, achetant voitures,
appartements. Cette opération se déroula sous le regard bienveillant du maire, l'ultra-nationaliste Gheorghe Funar. Pendant
près de deux ans "Caritas" y prospérera, promettant des gains
V
s'élevant à huit fois leur mise en seulement trois mois à ceux
qui y mettaient leurs fonds. Les premiers déposants, surtout
des Clujois, furent les principaux gagnants, comme le veut le
principe boule de neige du système pyramidal… jusqu'à l'avalanche et l'immanquable catastrophe finale.
Le succès du jeu sera vertigineux, provoquant une véritable hystérie collective à laquelle il était très difficile de résister, à travers un pays qui découvrait tout juste le capitalisme,
l'assimilant à un moyen de s'enrichir vite et sans effort.
La passivité du gouvernement
Des centaines de milliers de petits épargnants, venus de
toute la Roumanie, firent le déplacement pour confier leurs
modestes économies; des paysans vendirent leur bétail pour se
constituer un viatique leur permettant de jouer; des retraités
apportèrent leur maigre pension; des jeunes mariés gaspillèrent la dot collectée au cours de leurs noces. Certains, sans
argent, empruntèrent; d'autres vinrent avec les sommes que
leur avaient remises leur familles, les voisins.
Tous se retrouvèrent à Cluj, dans un univers familier et
qu'ils venaient tout juste de quitter : les interminables queues.
Elle atteignirent jusqu'à plusieurs jours pour accéder à l'antre
de "Caritas" que Ioan Stoica avait fait entourer de vigiles
chargés d'écarter les curieux, les journalistes et les sceptiques… Tout cela à la barbe du gouvernement (président Ion
Iliescu, Premiers ministres de l'époque : Petre Roman, Teodor
Stolojan) qui ne bougea pas et laissa faire les choses jusqu'à
l'effondrement du jeu, en septembre 1992.
En 1994, en Albanie, un jeu pyramidal identique provoqua
la chute du régime et conduisit à un début de guerre civile,
avec des centaines de morts. En Roumanie, des tentatives de
ressusciter "Caritas" sous une autre forme apparaissent régulièrement. Mais, cette fois-ci, les autorités veillent au grain…
“Moche”... mais généreuse
ice-championne du monde du 1500 m, Violeta Beclea-Szekely (notre photo) a gagné le
procès en diffamation qu'elle avait intenté à Gabriela Szabo. La multi-championne olympique avait déclaré que si sa compatriote et rivale, à laquelle une profonde inimitié l'oppose, n'était pas invitée à certains meetings d'athlétisme, ce n'était pas parce qu'elle faisait pression auprès
des organisateurs pour l'évincer, mais parce que ceux-ci estimaient qu'elle était… si laide qu'elle ferait
peur au public! Peu sensible à cette gracieuseté féminine, le tribunal de Bucarest appelé à statuer sur
l'affaire, a condamné la belle "Gaby" à verser 5000 € (33 000 F) de dommages et intérêts à la "moche" Violeta qui lui en réclamait 150 000 (un million de F), ainsi qu'à une amende de 250 € (1650 F) et aux remboursement des frais de procédure.
Ne pas savoir tenir sa langue coûte cher à la championne, déjà condamnée à verser 10 000 € (65 000 F) à l'entraîneuse française d'origine roumaine, Carmen Hodos, pour avoir soutenu qu'elle se droguait. Du fait de l'accumulation de ces condamnations figurant sur son casier judiciaire, Gabriela Szabo ne peut plus prétendre à des fonctions de direction dans l'athlétisme roumain, ni au
sein du Comité Olympique de son pays, comme cela se pratique couramment à la fin d'une carrière sportive. Quand à Violeta, qui
n'a jamais pu remporter un titre mondial ou olympique, Gabriela se mettant toujours en travers de son chemin, elle a montré que
la vraie beauté,qui comptait, était celle du cœur : la grande championne a décidé de remettre son chèque à une œuvre caritative.
19
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Justice
z
z
BAIA MARE
ORADEA
TARGU MURES
CLUJ
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z
BACAU
z
z
SIBIU
TIMISOARA
TURNU
SEVERIN
z
CRAIOVA
IASI
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GALATI
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BRASOV
PLOIESTI
z
La Justice considérée comme
la deuxième administration
la plus corrompue du pays
z
SUCEAVA
z
z
ARAD
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BRAILA
z
z
z
TULCEA
„
BUCAREST
77 % des Roumains
n’ont pas confiance dans leurs juges
CONSTANTA
z
Mise en place d'un
nouveau code pénal
Le gouvernement s'apprête à
mettre en place un nouveau code
pénal qui répartira les faits tombant
sous le coup de la loi en délits ou
crimes, suivant leur gravité. Pour les
premiers, la peine principale sera les
travaux d'intérêt général, un système
de jours-amende étant prévu. Les
délits passibles de deux ans de prison pourront être transformés en travaux pour les espaces verts.
18
22
Rodica
Stanoiu,
ministre
de la
Justice.
Les personnes juridiques pourront
être condamnées pour les infractions
commises, dissoutes ou suspendues, cette peine ne s'appliquant
toutefois pas aux partis politiques, à
la presse ou aux syndicats.
Des dispositions nouvelles sont
également introduites. L'interdiction
de revenir au domicile familial en cas
de violences sera étendue aux abus
sexuels commis sur des mineurs y
vivant. Le clonage, l'interception des
communications téléphoniques, les
agissements arbitraires des fonctionnaires, le terrorisme, les crimes et
délits économiques, industriels, commerciaux, les agissements portant
préjudice aux intérêts financiers de
l'Union Européenne seront désormais autant de faits justiciables.
L
a Roumanie ne dispose toujours pas d'une justice indépendante, professionnelle et efficace"… Tel est le jugement sévère que porte l' "Open
Society Institute" dans un rapport qu'il a remis au gouvernement roumain.
Cet organisme, financé notamment par le milliardaire hongrois George Soros, basé à
Budapest mais ayant des antennes dans plusieurs pays, milite pour l'instauration de
sociétés ouvertes et démocratiques, une justice transparente, dans les Etats en voie de
développement ou qui ont été privés de libertés publiques.
Les rapporteurs estiment que la situation ne s'est pas améliorée l'an passé. A leurs
yeux, le ministère de la Justice, dirigée par Rodica Stanoiu, exerce une autorité et une
surveillance injustifiées et démesurées sur l'administration et les juges eux-mêmes, l'évolution de leur carrière. Les inspecteurs du ministère font de l'ingérence manifeste,
utilisent sans vergogne leur pouvoir d'influence, s'arrogent un droit de regard sur les
affaires en cours et le travail des magistrats. Le Procureur général utilise sans limite la
procédure de recours extraordinaires pour faire invalider des décisions de justice définitives qui ne lui conviennent pas, cette pratique se développant même.
Le rapport relève aussi que les magistrats, nommés normalement par le Chef de
l'Etat sur proposition du Conseil Supérieur de la
Magistrature, le sont en fait sur recommandation du
ministère de la Justice qui a fait de cet organisme une
annexe. Il est ainsi noté qu'il suffit d'une ancienneté de cinq
années dans des domaines concomitants à la Justice pour
être admis au concours de magistrats, et au-delà, on peutêtre dispensé d'examen. En outre, les parlementaires, le
ministre de la Justice, les secrétaires d'Etat, les employés
du ministère ayant quelques connaissances dans le domaine, peuvent être nommés directement magistrats. En 2000,
la totalité des 70 nouveaux juges du pays ont été désignés
de cette façon, et en 2001, 45 sur 53.
Tanase Joita, Procureur
Une réforme qui tarde à voir le jour
général de la République,
aura fort à faire
pour redonner de la
crédibilité à ses services.
Il en résulte une déprofessionnalisation de la fonction qui ne remplit pas sa mission. Si l'on ajoute à ces éléments que la Justice est considérée par l'opinion publique
comme la deuxième administration la plus corrompue du pays, après celle des
douanes, il n'est pas étonnant de constater la chute de l'estime que lui accorde les
Roumains.
En novembre 1998, ils étaient déjà 62 % à ne pas lui faire confiance, un an plus
tard ce chiffre était passé à 74 % et en novembre 2000, à 77 %. La presse, que Rodica
Stanoiu a tenté de mettre au pas en voulant introduire une législation lui interdisant en
fait toute investigation sur la nomenklatura, avec peines de prisons à la clé, fait fréquemment état de pots de vins, d'affaires arrangées, de sentences incompréhensibles
voire illégales, d'ingérences de politiciens ou de personnes bien placées au cours de
l'instruction ou des procès.
La ministre de la Justice, dont le mari est également un des plus hauts magistrats
du pays -juge à la Cour Constitutionnelle - a bien promis une réforme s'appuyant sur
une nouvelle loi. Mais, annoncée pour l'été 2002, celle-ci n'a pas encore vu le jour et
s'élabore à l'abri des regards des spécialistes du domaine juridique et de la société civile. Enfin, " Open Society Institute" souligne que le manque de moyens, de personnel,
de locaux de la Justice entrave son bon fonctionnement.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
La reconnaissance n'attend pas
le nombre des années
Insolite
D
ébut décembre, Vasile Govon, d'Arad, marié voici
deux ans et ayant un bébé d'un an et demi, était
victime d'un très grave accident de la route.
Transporté dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de
Timisoara, le jeune homme est resté dans un état de coma profond pendant deux semaine, entre la vie et la mort, ses médecins et son entourage ne lui donnant guère de chances de survivre. Pourtant Vasile est sorti de son coma et, reprenant
conscience, il a promis au personnel médical de venir refaire
la chambre en piteux état où il était hospitalisé, dès qu'il serait
Quatre millions de Ion
L
P
rétabli… Ce qu'il a fait deux mois plus tard, aidée par sa jeune
femme, Silvia. A leur grand ébahissement, les médecins du
service, également très émus, ont vu le couple débarquer avec
des panneaux de termopan pour les vitres, des seaux de peinture, du linoléum, et se mettre tout de suite à l'ouvrage, refaisant également la salle de bain et les toilettes, changeant le
mobilier et apportant un poste de télévision. Vasile et Silvia tout juste 22 ans - ont mis toutes leurs économies, 65 millions
de lei (près de 2000 €, 13 000 F) dans cette entreprise, qu'ils
ont déclaré avoir fait spontanément la vie n'ayant pas de prix.
Bière et pilules, rois du réveillon
e 7 janvier est la date la plus fêtée de
Roumanie. Ce jour-là, lendemain de
Boboteaza (le baptême du Christ),
autre grand évènement de l'année, quatre millions de Roumains, soit un habitant sur cinq,
fêtent leurs prénoms, Ion ou Ioan (Jean), qu'ils
sont plu d’un million à porter (1 110 046) et
Ioana (Jeanne), lesquelles sont 285 000. Il faut
aussi comptabiliser les Ionel (Jeannot) - dérivé
qui vexe ceux qui le portent, lorsqu'ils occupent
des fonctions importantes - et tous les prénoms
combinés à partir de Ion, plus de 2,5 millions.
Rien qu'à Bucarest, on compte 314 028 Ion.
our oublier la dureté des temps et se réchauffer, les Roumains ont
consommé comme jamais aux cours des fêtes de fin d'année.
D'après les premières estimations, ils ont dépensé en une semaine
autant que les trois mois précédents. Bien sûr les commerçants, selon leurs
mauvaise habitudes qui se renouvellent également à Pâques, en ont profité
pour augmenter allègrement les prix. Alcools, vins ,bières, et même l'eau
minérale ont doublé. Les ventes de bières, de café - considéré comme un
luxe, vu son prix - et de cigarettes ont bondi de 50 %… et celles de pansements gastriques de 30 %. Autres produits de "consommation" ayant eu la
cote : les pilules contraceptives et les préservatifs dont les ventes ont augmenté de 10 à 20 %, les fournisseurs ayant par endroits épuisés leurs stocks.
Le Légion d'Honneur
proposée pour
l'admirateur de Napoléon
rêtre mais aussi
professeur,
Constantin Onu
a ouvert à l'intention des
sourds et muets, et au sein
de la Faculté de Théologie
orthodoxe de Pitesti, la
première section en Europe
du Sud-Est de communication et d'officiants pour les cérémonies religieuses. Pour ce faire, il a appris le
langage gestuel, le plus difficile étant pour lui de comprendre et de penser
comme un sourd et muet. Le prêtre a également constitué une chorale - unique
au monde - avec ses seize élèves, qui est allée interpréter des colinde de Noël
à la Patriarchie de Bucarest. Mimes, gestes superbes, mouvements des lèvres
et du regard, remplaçant paroles et sons, ont bouleversé le public par leur
intensité.
J
ournaliste et directeur des éditions
Rompit, Marian Deaconu a une passion
dans la vie : Napoléon. Le Roumain
vient de publier, dans sa langue maternelle, un
ouvrage de 800 pages, intitulé "Ascension et
décadence de Napoléon Bonaparte", paru aux
éditions Athena, qui lui a demandé 15 ans de
recherches, la lecture de 300 livres en français,
de multiples déplacements à Paris, à Waterloo.
Son travail a été récompensé par le diplôme
de membre d'honneur de la Société
Internationale Napoléonienne, qu'il a reçu
récemment par la poste. Basée à Montréal, cette
association, présidée par le milliardaire Ben
Weider, a comme président d'honneur le prince
Albert de Monaco. Mais, distinction suprême,
Marian Deaconu a été aussi proposé pour devenir chevalier de la Légion d'Honneur, ordre créé
par Napoléon.
Le journaliste a entrepris deux nouveaux
livres, dont l'un sur Alexandre le Grand et
l'autre sur la Révolution française.
Chorale de sourds et muets
P
S
Surprises policières
oupçonné par son voisin de lui avoir dérobé deux sacs de haricots,
un habitant de Belcesti (Iasi) a accusé le policier venu enquêter de
l'avoir forcé à mettre la main dans le feu pour jurer qu'il n'y était
pour rien. A Pitesti, Ioan Moldovan, 25 ans, a dérobé dans un magasin deux
saucissons de Sibiu, un pain au chocolat et est allé immédiatement se dénoncer à la police, ébahie. Le jeune homme, chassé par sa famille, libéré quelques
jours plus tôt pour bonne conduite et errant dans les rues, préférait retrouver
la prison dont il sortait, où le gîte et le couvert lui sont assurés.
35
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Livres
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BAIA MARE
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IASI
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HUNEDOARA
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BUCAREST
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TULCEA
CONSTANTA
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Les excuses
du "Petit Robert"
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22
"Les Nouvelles de Roumanie"
s'étaient faites l'écho de l'indignation
des Roumains devant la photo choisie par Le Petit Robert pour illustrer
leur pays : un campement de
Tsiganes, dont plusieurs enfants aux
visages sales, près de tentes installées dans un champ boueux.
Dans un communiqué, Pierre
Varrod, le directeur général de la
célèbre maison d'édition du dictionnaire a déclaré "regretté vivement
l'erreur faite et présenté ses plus
sincères excuses au peuple
roumain", ajoutant "Aucune réédition
n'est prévue mais, le cas échéant, je
m'engage formellement à supprimer
la photo incriminée".
Cette affaire est allée jusqu'à la tribune du Sénat roumain, comme l'indique le journal "Le Monde", citant
"Les Nouvelles de Roumanie" dans
son article. "C'est une atteinte à la
dignité nationale" s'est exclamé le
sénateur du Parti Social Démocrate
au pouvoir, George Pruteanu, auteur
par ailleurs d'une loi de défense de la
langue roumaine, ajoutant "le
ministère des Affaires étrangères
devrait rédiger une note de protestation. Nous ne pouvons pas rester les
bras croisés lorsqu'un dictionnaire à
grand tirage se moque de nous".
Dans une lettre adressée à l'éditeur français, le Conseil de la communauté des Roumains de RhinMain avait également réagi, indiquant
que "cette photo n'était pas plus
représentative de la Roumanie
qu'une case africaine de la France,
de sa langue et de son peuple,
même si son équipe de football est
composée en majorité d'Africains".
Deux romanciers hongrois de
Transylvanie, évoquent leur province
natale et deux univers aux antipodes
La Mitteleuropa de la Belle Epoque
et les sinistres prisons du communisme
L
es points communs qui unissent Miklos Banffy et Adam Bodor seront plus
vite énumérés que ce qui les sépare du point de vue littéraire. Tous deux
sont nés à Kolozsvar (Cluj en hongrois) ou dans ses environs. Tous deux
ont un amour infini pour leur province natale et tous deux en ont été exilés par l'histoire : Banffy est mort à Budapest en 1950 (aujourd'hui enterré dans le cimetière
Hazsongard de Cluj); Bodor vit encore dans la capitale hongroise mais "ne cesse de
retourner en Transylvanie par l'imagination".
Pour le reste, leur œuvre romanesque rend compte de deux réalités historiques si
dissemblables à plus de cinquante ans de distance que le lecteur en reste interloqué.
Tant de contrastes politiques sociaux et culturels en si peu de temps donne bien toute
la mesure des violences qui ont pu s'exercer sur cette région au XXème siècle (comme
dans toute l'Europe de l'Est et du Centre, d'ailleurs).
Miklos Banffy, romancier de
l'aristocratie hongroise de Transylvanie
Si le paysan roumain de Transylvanie a eu son romancier en la personne de Liviu
Rebreanu -lire Ion le Roumain (1920) et L'Insurrection (Rascoala -1933)- l'aristocratie hongroise de cette même région a également son romancier avec Miklos Banffy
(1873-1950). Et c'est à une aussi longue lecture que s'attache celui qui plonge dans
cette Chronique transylvaine que l'auteur hongrois a écrite et publiée en 1934 (et encore n'est-ce là que le premier tome d'une œuvre qui en compte trois, publiés en 1937 et
1940 mais non encore traduits en français).
La période évoquée est celle du début du siècle (les années 1904-1905). La
Transylvanie est alors hongroise et la Hongrie est liée à l'Autriche dans un même
empire. Toutefois, les relations entre les deux partenaires ne sont pas au mieux. Cette
situation politique qui voit la Hongrie s'agiter pour tenter de sortir de la tutelle autrichienne est un des axes du roman. Banffy fait observer cette agitation à son personnage principal, Balint Abady, avec recul et parfois même avec consternation tant les
attitudes nationalistes lui paraissent sordides.
Député de Transylvanie à Budapest, ce dernier songe par ailleurs à ce que devrait
être l'avenir de sa province, non seulement en regard du pouvoir hongrois mais également du point de vue des nationalités. Ainsi dit-il, s'adressant à un interlocuteur roumain de Transylvanie : "Je crois (…) que spirituellement et économiquement nous
devrions chercher un terrain d'entente et nous rapprocher. Si nous parvenions à avoir
confiance les uns dans les autres, le reste nous serait donné de surcroît. Vous et nous
sommes également Transylvains. La Transylvanie, c'est notre petite patrie, celle que
nous avons en commun. Sur ce terrain, il y a beaucoup de choses que nous pouvons
désirer ensemble : qu'on nous comprenne mieux, que davantage d'attention soit prêtée
à nos intérêts locaux, que tout ne soit pas raflé par Budapest".
"Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ?"
Mais la sagesse de ce propos n'est pas alors le sentiment le plus répandu. C'est
d'une part la haine qui prévaut quand un aristocrate hongrois s'insurge auprès de Balint
Abady : "Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ? Moi, ces animaux-là, je ne
pourrais pas ! Il suffit que je les voie, mon sang de Hongrois se met à bouillir !". C'est
d'autre part la duplicité qui l'emporte quand Abady, soucieux de sortir les paysans roumains de leur misère dans laquelle des hobereaux de même nationalité s'évertuent à
les maintenir, s'entend dire de la bouche d'un avocat également roumain :
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Canalisations sauvages branchées
sur les réseaux des compagnies pétrolières
Faits divers
Essence à bon compte…
et un trafic devenu sport national
U
n colonel de
l'Armée, responsable de
la Protection civile pour
le judet de Brasov, a été
arrêté à la mi-janvier, pris
la main dans le sac, en
pleine nuit, avec deux
complices, en train de
détourner du carburant
transitant par le réseau
d'approvisionnement de
la société Petrotrans. Le
gradé avait pratiqué un trou dans une canalisation et s'y approvisionnait régulièrement pour alimenter la station d'essence
toute proche, appartenant à sa famille. Celle-ci avait été
construite au milieu des blocs, malgré les protestations des
riverains, mais avait obtenu toutes les autorisations nécessaires… dont celle de la Protection civile.
Ce fait-divers illustre une nouvelle fois un aspect d'un des
trafics les plus répandus en Roumanie : celui de l'essence et du
gas-oil au détriment des compagnies nationales. Un phénomène encouragé par le prix atteint par les carburants dans le pays,
25 000 lei le litre (0,7 €, 4,70 F… soit l'équivalent de 8,5 €,
56 F pour un Occidental).
Un souterrain de 250 mètres
de long, doté de l'électricité
siècle de son salaire. Quant au juriste, il menait la belle vie…
maison splendide, grosses voitures et pourboires distribués
générreusement à droite et à gauche.
Ni vu, ni connu… 4 M€ détournés
à la barbe des sociétés pétrolières
A Crevedia, près de Bucarest, les trafiquants s'étaient mis
à quatorze pour installer un détournement sauvage de plus de
trois kilomètres de long, aboutissant en pleine nature, loin des
regards indiscrets. L'achat du seul tuyau de raccordement avait
coûté 6000 € (40 000 F).
Mais le plus ingénieux des voleurs a été un habitant de
Constantsa qui a soustrait pour environ 4 M€ (26 MF) de carburant en un an, sans que la société spoliée ne s'en rende
compte. Il s'était installé à côté même d'un dépôt de Petrotrans
et avait branché plusieurs conduits passant sous la clôture.
L'un approvisionnait une station clandestine où les clients pouvaient venir se servir; un autre aboutissait dans un hangar et
remplissait directement les cuves d'un camion, dont le chargement était caché par des caisses de bouteilles de bière vides.
Lorsque le plein était fait, celui-ci partait faire sa tournée de
livraison dans les stations services du secteur, à des prix sans
concurrence contre un paiement cash, en liquide.
Fuites entraînant des pollutions
Mais pour un trafic démasqué, combien continuent à prospérer à travers tout le
Quelques semaines auparavant, c'est un
pays ? Que de tels détournements puissent
juriste de Mizil qui avait été appréhendé
avoir lieu à la barbe des sociétés pétropour avoir soustrait en deux mois plusieurs
lières, parfois sans réaction de leur part, et
milliers de m3 de carburant de type Euro 3,
durer aussi longtemps, en dit long sur l'amdestiné à l'exportation, d'une valeur d' un
pleur des complicités dont ils peuvent
Branchement sauvage, archaïque
million d'euros. Ayant monté une société de
(en haut, à gauche) ou galerie bénéficier. Dans la région de Constantsa, la
sophistiquée (ci-dessus): le vol de plus touchée, un seul trafiquant avait été
distribution de boisson comme couverture, carburants
a pris des proportions inouïes.
il en remplissait les cuves après s'être branarrêté au cours de l'année 2000 où l'on estiché sur l'oléoduc tout proche de son entreprise, reliant les rafme à au moins 13 000 tonnes le carburant ayant disparu dans
fineries de Ploiesti au port de Constantsa.
le judet cette année-là, et à 2000 les branchements clandestins.
Pour ce faire, l'individu avait fait construire un souterrain
La seule société Compet SA en a été victime de 300, le mois
de 250 mètres de long, 1,70 m de haut, 1 m de large, doté de
de juillet battant tous les records avec 40 installations
l'électricité, comprenant deux conduits, l'un pour l'essence,
trouvées. En outre, aucune enquête mettant en cause des polil'autre pour le gas-oil. L'installation aboutissait directeciers, gradés ou non, fortement suspectés d'avoir prêté la main
ment…dans sa cour et lui permettait de remplir une citerne de
à ces vols, n'avait abouti.
10 tonnes en 8 heures, sous une pression de 5 bars. Il ne lui resOutre ses répercussions économiques, ce phénomène a
tait plus qu'à faire effectuer les livraisons vers les stations-serd'autres conséquences. Toujours dans les judets de Constantsa
vices ou autres clients par un camion-citerne lui appartenant.
et voisins, des dizaines d'hectares de terrains ont été pollués
La sécurité du transport était assurée par un policier à bord
par des fuites provenant de ces installations sauvages. Près de
Pitesti, trois trafiquants sont morts asphyxiés à la suite d'un
de sa jeep-Toyota d'une valeur de 35 000 € (230 000 F). Un
dysfonctionnement du système qu'ils étaient en train de mettre
de ses collègues, lui aussi dans le coup, s'était fait construire
une villa de 150 000 € (un million de F), représentant un
en place et ayant entraîné des émanations de gaz.
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22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Société
Tout leur village les cherchait
depuis quatre jours
Faits divers
SATU MARE
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ORADEA
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BAIA MARE
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TIMISOARA
Deux gamins sauvés grâce à leur
présence d'esprit… et à Jules Verne
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MIZIL
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BUCAREST
CIUPERCENII NOI
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PLOIESTI
CONSTANTA
EFORIE
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80 000 chiens errants
auraient été
euthanasiés
à Bucarest
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En 2000, la campagne d'euthanasie des chiens errants dans les rues
de Bucarest, estimés alors à 200 000,
avait provoqué la levée de boucliers
des défenseurs des animaux et la
venue sur place de Brigitte Bardot.
Deux ans après, la clameur s'est
calmée et l'administration municipale
s'est targuée de l'élimination de 80
000 chiens (50 000 en 2001 et un
peu plus de 30 000 en 2002), à peine
3 % des animaux capturés ayant été
adoptés. Le coût de l'opération a été
de 500 000 lei par chien (15 €, 100
F), soit 1,15 M€ (7,5 MF).
Toutefois, depuis le début de
2003, la campagne d'élimination a
cessé, à cause de la réorganisation
des services municipaux, qui a provoqué la délégation de cette fonction
aux mairies d'arrondissement, ce qui
fait redouter une résurgence du problème.
De leur côté, les associations de
défense des animaux doutent du
bien-fondé des chiffres avancés par
la mairie, l'estimant nettement inférieur… les statistiques citées servant
surtout, à leur avis, à gonfler le coût
de l'opération et des sommes qui y
ont été consacrées.
D
ans le village de Ciupercenii Noi, plus personne ne pensait revoir vivants
Ionut et Catalin. En ce début janvier, alors qu'il faisait un froid de canard,
tous les habitants cherchaient à travers champs et forêts des environs les
deux gamins de onze ans qui avaient disparu depuis quatre jours, après être partis
jouer. Toutes les hypothèses avaient été échafaudées, tous les coins et recoins du village passés au peigne fin… sauf un.
La cinquième nuit, un paysan a vu les deux enfants en rêve, tombés dans un trou.
Dès le matin, il s'est dirigé vers le puits désaffecté de l'un de ses voisins où il les a
découverts, transis de froids, morts de faim et de soif, aphones à force d'avoir crié
"Ajutor" ("A l'aide"). "De l'eau, de l'eau" ont-ils à peine pu articuler quand, à bout de
force et de résistance, ils ont été sortis de leur fâcheuse situation.
Bloqués au fond d’un puits
Ionut et Catalin, copains de classe, s'étaient donnés rendez-vous pour aller explorer le puits, devenu une grotte dans l'imaginaire des enfants du village qui y descendaient volontiers à l'aide d'une corde. Mais, manque de chance, celle-ci avait cédé
quand ils avaient voulu remonter. Il n'était venu à personne l'idée d'aller inspecter les
lieux, tenus secrets par les enfants. L'un d'entre-eux avait pris son courage à deux
mains pour en parler à sa mère, mais avait reçu en retour une gifle magistrale qui
l'avait dissuadé de revenir sur le sujet.
Laissés à leur sort, se cachant mutuellement leur peur, Ionut et Catalin n'ont dû
leur survie qu'à l'application des techniques qu'ils avaient lues dans les romans de
Jules Verne. Economisant leurs forces, ils évitèrent de s’époumoner, ne criant qu'à tour
de rôle; ils se désaltéraient en recueillant des gouttelettes de rosée sur les manches de
leur blouson et se réchauffaient en dormant dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient
réussi à jeter à l'extérieur leurs bottes et leur caciula (bonnet), espérant qu'ils attireraient l'attention. En vain…
Conduits sains et saufs à l'hôpital, pour récupérer, ils y ont été chaleureusement
réconfortés par les infirmières qui ont confectionné un énorme gâteau pour l'anniversaire de Ionut. Pendant ce temps là, tout Ciupercii Noi s'était réuni pour fêter l'événement à l'occasion d'un "chef monstru" (une fête monumentale) comme le village
n'avait jamais connu jusqu'ici et qui a duré jusqu'au petit matin.
L
Un réseau de passeurs
démantelé à la frontière hongroise
a police des frontières de Satu
Mare a démantelé un des plus
vieux réseau de passeurs entre
la Hongrie et la Roumanie, arrêtant 90 de
ses membre, dont 28 Roumains, comprenant entremetteurs, transporteurs, organisateurs et individus chargés de faire franchir la frontière à travers champs. Le
réseau opérait en deux branches, l'une
spécialisée dans les Afghans, Irakiens ou
Iraniens, l'autre dans les Vietnamiens,
Somaliens, Africains.
Récupérés à Bucarest, ces clandestins étaient acheminés nocturnement, en
micro-bus ou en Dacia, vers Cluj et
Zalau, contre la somme de 250 € (1650
F). Ils étaient ensuite confiés à des passeurs après avoir versé à nouveau 300 €
(2000 F). Arrivé en Hongrie, la pègre
locale les prenait en charge pour les acheminer vers les pays occidentaux, moyennant 1500 € (10 000 F), somme comprenant leurs frais de séjour en hôtels trois
étoiles, la pension, le transport, la
rémunération de leurs accompagnateurs.
L'ensemble des membres du réseau
ont été condamnés à un total de 834
années de prison, soit 9 ans chacun.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
"Nous autres, nous avons besoin d'une classe possédante.
Jusqu'à présent nous n'en avons pas… Qu'il y ait des victimes,
cela aussi est naturel. Car enfin votre conquête de la patrie,
comme vous dites, n'a-t-elle pas eu les siennes ?... Eh bien
nous autres, nous faisons la même chose, si ce n'est que notre
conquête nous ne la faisons ni à cheval , ni par le glaive…
Nous sommes des hommes d'aujourd'hui, nous sommes gris,
modestes !".
Comparé au “Guépard” de Lampedusa
La thématique politique n'est cependant pas l'essentiel du
roman de Banffy. Certains critiques en Angleterre, où le livre
vient de rencontrer un grand succès, l'ont comparé au Guépard
de Lampedusa. Peut-être pour ce sentiment de déclin et de nostalgie d'une époque sur sa fin qui habiterait l'auteur (le livre est
ainsi titré : Vos jours sont comptés). Ou encore pour la description des fastes d'une aristocratie qui court d'un bal à l'autre,
d'une table de jeu à l'autre ou après un amour impossible.
"L'univers qui est décrit par l'auteur transylvain est celui
de la Mitteleuropa de la Belle Epoque", écrit le préfacier du
livre, Patrick Leigh Fermor. "Les hommes de ce temps-là, fussent-ils atteint de myopie, avaient décidé de jeter leurs lunettes
aux orties pour les remplacer par d'élégants monocles". Bien
mal leur en pris car c'est ensuite dans un tout autre monde, bien
moins doré, que l'histoire allait les propulser.
Adam Bodor, romancier
d'une Transylvanie carcérale
Adam Bodor ne précise pas avec exactitude les lieux où se
déroule son roman, mais il s'agit de La vallée de la Sinistra qui
donne son titre au livre. On est aux confins de la Roumanie
transylvaine et de l'Ukraine, dans le nord du pays. L'identité
des personnages importe peu. C'est d'ailleurs "le commissaire
forestier qui décide du nom" des nouveaux arrivants. Andrei
Bodor, tel sera celui attribué au personnage central, venu là
pour tenter de retrouver son fils adoptif. Cela lui prendra des
années. C'est que le temps, dans cette sorte de colonie pénitentiaire, semble ne plus vouloir progresser.
Il faudra à Andrei Bodor des trésors de patience pour parvenir à surmonter l'absurdité des comportements et de la situation générale. Le livre a été publié en 1992 (traduit en français
en 1995) et nous parle bien sûr de l'incroyable anéantissement
des âmes sous un régime de terreur. L'humour est au service de
cette écriture, sans doute pour éviter à son auteur de sombrer
dans la folie. La beauté des lieux aussi, à travers la fine description qu'il en fait, lui permet de conserver une part de
dignité. Mais diable que cet ensemble de Chapitres d'un roman
(sous-titre donné au livre) peut être désespérant avec des individus qui n'en sont plus vraiment.
S'il est possible d'établir un lien avec le monde décrit par
Miklos Banffy, c'est le personnage de Connie Illafeld qui peut
un tant soit peu l'établir. "Descendante des Illarion, boyards de
Bucovine, elle vivait sur l'ancien domaine familial, parmi de
simples montagnards, et s'appelait en réalité Cornelia
Illarion". Mais l'histoire de son temps va la conduire à l'hôpital psychiatrique "Colonia Sinistra". Elle va non seulement y
devenir folle : "Elle mélange toutes les langues en parlant",
mais prendre une apparence inhumaine : "… une veste en
loques sur les épaules, un être velu qui semblait prier… Sa
figure était couverte de longs poils soyeux ; entre les touffes,
on voyait luire ses yeux verts ". Triste sort advenu à cette descendante d'aristocrates qui se voit régresser dans une sorte
d'animalité par suite d'une surdose de produit médicamenteux
de son tortionnaire.
A coup sûr, l'ancienne classe dominante n'avait pas prévu
le sort que lui réservait "Colonia Sinistra". Si cela avait été le
cas, peut-être aurait-elle eu alors plus de souci à faire évoluer
le monde doré dans lequel elle se complaisait égoïstement et
que Miklos Banffy a finement décrit.
Adam Bodor, né en 1936, a fait des études de théologie
protestante à Koloszvar (Cluj). Arrêté, il a passé plusieurs
années en prison, avant de quitter la Transylvanie en 1982
pour s'installer en Hongrie où il est considéré aujourd'hui
comme un des maîtres de la prose hongroise.
Bernard Camboulives
Vos jours sont comptés, Chronique transylvaine, de Miklos
Banffy (1934). Traduit du Hongrois par Jean-Luc Moreau, préface de
Patrick Leigh Fermor, Phébus, "D'aujourd'hui étranger", 2002 pour
l'édition française, 764 pages, 24,5 € (162 F).
La vallée de la Sinistra d'Adam Bodor (1992). Traduit du
Hongrois par Emilie Molnos Malaguti, avant-propos de Jean-Luc
Moreau, Robert Laffont, coll. "Pavillons", 1995 pour l'édition
française, 216 pages, 20 € (132 F).
Parution d'un dictionnaire en français
sur la mythologie populaire roumaine
L
'université de Grenoble a
publié, à la fin 2002, un petit
dictionnaire de la mythologie
roumaine écrit par le professeur Ion Talos
de l'université de Cologne, en Allemagne,
et inspiré de ses cours. L'ouvrage avait
déjà été publié en Roumanie, aux édition
"Enciclopedica", en 2000. Il a été traduit
en français par Anneliese et Claude
Lecouteux.
Ce dictionnaire a le mérite de familiariser le lecteur français avec l'univers
complexe des coutumes et traditions roumaines, dont certaines sont encore pratiquées de nos jours et sont toujours un
sujet d'étonnement pour les étrangers qui
les découvrent.
Personnages mythologiques, animaux, esprits, y figurent avec leurs significations, leur symbolique, leur significa-
tion aussi bien sur le plan des cultes que
de la culture, leur influence sur les mentalités collectives, à travers les différentes
régions de la Roumanie.
Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine de Ion Talos, traduit par
Anneliese et Claude Lecouteux. Editions littéraires et linguistiques de l'université de
Grenoble, 2002, 211 pages, 19 € (125 F).
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22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Cinéma
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BAIA MARE
ORADEA
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CLUJ
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Amour et guerre de Sécession
transposés dans les Carpates
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SIBIU
TIMISOARA
GALATI
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BRAILA
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CRAIOVA
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BUCAREST
CONSTANTA
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On nous écrit
Français du Banat
réfugiés en Provence
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22
Brasov a accueilli le tournage
du plus grand film tourné en Roumanie
Bernard Gremillet, de Balagny
sur Thérain (Oise), apporte des éléments complémentaires à la suite
de notre article sur les colons
français du Banat, venus de
Lorraine et d'Alsace ( N°15, p.48).
"Des généalogistes m'ont fait
parvenir des documents intéressants; ils confirment l'implantation
de ces colons du temps de l'empire
austro-hongrois. Après 200 ans, au
cours de la Seconde Guerre mondiale, ils ont subi l'invasion russe et
ont dû émigrer vers l'ouest de
l'Europe. Robert Schumann, luimême lorrain, a été sensible aux
conditions de vie de ces déplacés
en Autriche (Noël 1947) ; il permit et
favorisa l'accueil de plusieurs centaines de réfugiés dans une commune du Vaucluse, La Roque sur
Pernes, au pied du Ventoux. Depuis
ceux-ci ont fait souche et redonné
vie à une commune délaissée.”
Ces Informations sont tirées des
articles de presse et d'études :
- "Le Républicain Lorrain" du
21 janvier 1976
- Mémoire au sujet de la recolonisation des Lorrains et des Alsaciens
du Banat par le Dr.Emmerich Reitter
(né en 1875 à Lovrin, proche de
Timisoara), ancien député et sénateur de Roumanie, publié en 1945.
- Extrait du "Lorrain" du 12 et 13
juin 1954, photocopié aux archives
municipales de Thionville.
- "L'illustration" du 21/11/1934;
article d’André Rosambert concernant Mertisoara, ancien Mercydorf,
entre Arad et Timisoara.
T
out au long du second semestre 2002, les environs immédiats de Brasov ont
accueilli le tournage du plus grand long-métrage jamais réalisé en
Roumanie, "Cold mountain", dont le budget de plus de cent millions
d'euros aurait été le plus important de l'année, au niveau du cinéma mondial.
Cette co-production britannico-italo-roumaine, dont on parle déjà comme étant en
course pour les Oscars, a réuni des acteurs célèbres comme Nicole Kidman, Jude Law,
Donald Sutherland, et devrait sortir sur les écrans à la fin de l'année. Le scénario, mis
en scène par Anthony Minghella d'après le roman de Charles Frazier, raconte l'histoire d'amour née entre une jeune femme et un soldat confédéré poursuivi pour désertion
pendant la guerre de Sécession.
Le producteur du film, l'Ecossais Iain Smith, qui a déjà à son actif "Sept ans au
Tibet", "Le cinquième élément", "1492", a confié à "Adevarul" ("La Vérité") les
circonstances qui l'ont amené à choisir la Roumanie pour ce tournage.
Ressemblance avec la Caroline du Nord, coûts moins élevés
"J'étais venu voici deux ans en Transylvanie pour me faire une idée du pays. J'ai
voyagé à pied, en stop, en bus, en taxi pendant une semaine, et quand j'ai découvert
Brasov et ses environs, je me suis dit que c'était une ville assez grande pour accueillir
une réalisation mais je n'avais pas du tout en tête "Cold Mountain" dont le tournage était prévu aux USA, tout en me disant que je viendrai faire un film ici".
"Mais six mois plus tard, le coût de la production s'était tellement enflé, au point
de vouloir arrêter le projet, qu'il a fallu se tourner vers d'autres pays meilleurs marchés, le Canada, les pays de l'Est… ce qui n'enchantait pas le réalisateur. Mais je l'ai
finalement convaincu en lui parlant des beautés étranges de la Transylvanie, de ses
ressemblances avec la Caroline du Nord où se déroule l'action, "Cold Mountain" se
trouvant d'ailleurs dans un comté portant le nom… de Transylvanie. Bien sûr, les coûts
extrêmement bas de la réalisation sur place, permettant de réaliser beaucoup d'autres
choses sont entrés en ligne de compte".
Interrogé sur les conditions du tournage et le niveau technique du cinéma en
Roumanie, Iain Smith a indiqué que ce pays ne figurait pas encore sur la carte des
lieux où les grandes productions peuvent réaliser des films, mais que l'idée avançait
doucement. "Cold Mountain", film de bonne qualité, coûtant beaucoup moins cher
qu'aux USA aidera certainement à faire signer de nouveaux contrats" a-t-il prédit,
ajoutant toutefois "l'industrie cinématographique est encore sous-développée ici ; les
professionnels ne le sont parfois pas ou manquent d'expérience car ils n'ont travaillé
que sur de petits projets. J'en ai quand même trouvé des bons, pleins d'enthousiasme".
"Ce n'est pas un pays où on travaille sans problèmes"
Le producteur a également confié que "la Roumanie n'est pas un pays où on travaille sans problèmes. La mentalité y est très étrangère à la nôtre; la corruption y est
très grande ainsi que la propension à faire des affaires par en dessous. Je l'ai senti
tous les jours". L'Ecossais a indiqué que cette corruption ne l'avait pas perturbé personnellement, car il n'y avait pas été confronté lui-même, ni à des tentatives de chantage, mais qu'elle avait certainement joué sur les Roumains : "J'ai négocié avec eux
un salaire, le meilleur que je pouvais offrir; en contre-partie, je voulais qu'ils soient
disponibles 7 jours sur 7, et qu'ils travaillent quand on en avait besoin. Mais comment
se montrer exigeant quand ils ne reçoivent qu'une partie de la somme due… et que le
reste a disparu. Quand je paye un chauffeur, je veux que ce soit lui qui reçoive l'argent et pas quelqu'un d'autre".
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Social
Actualité
Des statistiques démographiques
inquiétantes : un actif pour cinq non productifs
A
lors qu'avant la "Révolution” de 1989 3,6 salariés
cotisaient pour un retraité, cette proportion s'est
dramatiquement inversée, du fait de la crise économique et de l'apparition du chômage, ainsi que du laxisme
de la réglementation, laquelle a permis à de nombreux
employés de s'octroyer une retraite très anticipée - dès l'âge de
50 ans, dans de nombreux cas - ou d'obtenir une pension d'invalidité ou de longue maladie, souvent non justifiée.
Ainsi le rapport était-il passé à 1,5 salariés pour un retraité
dès 1997, tombant à la parité en 1999, pour s'établir à 1 salarié pour 1,6 retraités, en 2002. Dans la Bulgarie voisine, il est
exactement inverse, 1,6 salariés pour 1 retraité.
Aujourd'hui, la Roumanie compte 6,5 millions de
retraités, 770 000 chômeurs, 3,4 millions d'élèves et 300 000
étudiants. Si l'on ajoute à ces catégories, les conjoints ne tra-
vaillant pas, les personnes ne bénéficiant d'aucune aide, les
enfants de moins de six ans, on arrive à la proportion d'un
Roumain actif acquittant les cotisations sociales pour cinq
compatriotes non productifs.
Ces déséquilibres démographiques ont des conséquences
sérieuses sur l'avenir des retraites. D'ici à 2014, l'âge de cessation d'activité va être reculé de 62 à 65 ans pour les hommes,
et de 57 à 60 ans pour les femmes, comme il avait été déja
annoncé à plusieurs reprises. L'ancien ministre du Travail,
Alexandru Athanasiu, a prédit que si aucune réforme du régime n'était entreprise, en 2030, le niveau des pensions ne représentera plus qu'un quart du salaire au lieu de la moitié actuellement. Conscients de la gravité du problème, les syndicats se
penchent sur des projets de création de fonds de pensions
privés.
Baisse du chômage en 2002, avec un taux moyen de 8,1 %
D
'après les statistiques gouvernementales, le niveau du
chômage a baissé de 0,5 %
en un an, s'établissant à 8,1 % de la population active, fin décembre 2002. A cette
époque, la Roumanie comptait 760 000
chômeurs, dont 340 000 femmes (45 %).
Ce sont les judets de l'Ouest du pays et de
la région de Bucarest qui étaient le moins
touchés par ce phénomène : Bihor
(Oradea), 3,1 %, Bucarest (3,2 %), Satu
Mare (3,7 %), Timis (4 %), Arad (5 %),
Ilfov (périphérie de Bucarest, 5,4 %), et
Vrancea (Focsani, 5,7 %).
Parmi les départements se situant en
dessous de la moyenne nationale figurent: Maramures (Baia Mare, 6,1 %),
Dolj (Craiova, 6,3 %), Arges (Pitesti, 6,4
%), Mures (Târgu Mures, 6,5 %), Giurgiu
et Salaj (Zalau, 6,7 %), Harghita
(Miercurea Ciuc) et Sibiu (7,1 %),
Mehedinti (Turnu-Severin, 7,8 %).
A contrario, les taux de chômages les
plus élevés sont enregistrés dans l'Est et
le Centre du pays : Vaslui (14,7 %),
Galati (14,2 %), Brasov (12,3 %),
Ialomita (Slobozia, 11,5 %), Alba (11,2
%), Vâlcea (Râmnicu Vâlcea, 11 %),
Botosani (10,2 %), Cluj et Gorj (Târgu
Jiu, 10,1 %), Prahova (Ploiesti, 10 %).
Ces chiffres, finalement modérés
pour un pays en transition et au paysage
économique bouleversé, avec des régions
entièrement sinistrées, ne manquent pas
de surprendre les observateurs. Nombre
d’entre eux se posent la question de
savoir quelle réalité exacte du chômage
les statistiques gouvernementales recouvrent-elles ?
L'Italie recrute
des chefs cuisiniers roumains
M
i-janvier à Bucarest, la province italienne d'Udine (près de
Venise, sur la mer Adriatique), a organisé une présélection
pour recruter trois cent cinquante chefs de cuisine roumains,
chefs de salle, réceptionnistes, serveurs, femmes de chambre, pour la saison
de mai à juin. Les candidats devaient avoir au moins deux ans d'expérience
dans le domaine hôtelier, posséder quelques éléments d'italien et d'allemand
(pour le personnel chargé de l'accueil). Les personnes retenues devaient
bénéficier de cours de formation professionnelle et d'italien. Le salaire mensuel proposé variait de 770 à 900 € (5000 à 6000 F), logé-nourri, soit près
de dix fois le salaire moyen en Roumanie.
Cette démarche volontariste a pour avantage de répondre à une demande qui existe, d'y adapter l'offre, et de sécuriser les personnes embauchées en
leur donnant un statut régulier, contrairement à la France, où dans les mêmes
conditions, les Roumains doivent travailler le plus souvent de manière clandestine alors qu'on a besoin de leur main d'œuvre. Revers de la médaille : la
sélection… Rien ne garantit qu'elle se fait davantage sur des critères professionnels que sur des dessous de table, comme cela a été généralement le
cas jusqu'ici.
Première grève
chez Dacia-Renault
P
our la première fois depuis qu'il a pris
le contrôle de Dacia, en 1999, le
constructeur français Renault a dû
faire face à un mouvement de grève dans l'usine
du fabricant automobile roumain, à Pitesti. Les
syndicats réclamaient une augmentation de
salaire de 23 % alors que la direction ne proposait que 14 %.
Suivant la législation sociale en place, ce
mouvement s'est limité à une première grève
d'avertissement de deux heures, le vendredi 14
février, après qu'elle ait été décidée par deux
tiers des ouvriers syndiqués. Pour améliorer la
productivité, Renault a décidé de licencier plus
de 11 000 employés sur 27 600 en cinq ans. Le
constructeur s’apprête à sortir un nouveau
modèle appelé à prendre la succession des Dacia
en septembre prochain.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Social
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Sauver les jeunes sans-domicile
relève de la mission impossible
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Deux semaines pour
payer son chauffage
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"Un enfant qui a passé plus de
deux ans dans la rue est perdu"
Alors qu'en prévision de l'hiver il
avait annoncé à l'automne dernier
des mesures pour échelonner les
dettes des personnes qui ne pouvaient pas payer leur chauffage, le
gouvernement a soudainement fait
volte-face, début janvier. En pleine
vague de froid (-34° dans l'Ouest du
pays), il a promulgué, discrètement,
une ordonnance d'urgence, exigeant
le paiement des factures dans les
quinze jours, sous peine d'une majoration de 0,06 % par jour de retard
(soit +21% par an). Jusqu'ici, les
abonnés disposaient d'un délai d'un
mois, auquel s'ajoutait un mois de
tolérance.
Cette mesure a été prise alors
que de nombreuses familles se
débranchent du réseau, faute de
pouvoir payer - un phénomène
aggravé par la rigueur de l'hiver - et
choisissent des moyens de fortune,
souvent dangereux pour pouvoir
continuer à se chauffer. Dans les
blocs, certains bons payeurs voient
leur chauffage, dépendant du système collectif, coupé d'autorité, leurs
voisins ne pouvant s'acquitter de
leurs dettes.
Cinq accidents par
jour dans les mines
de la vallée de Jiu
En 2002, les mines de la vallée
de Jiu (Petrosani) ont enregistré 18
morts au cours de 1204 accidents du
travail, soit cinq par jour et 158 de
moins que l'année précédente. La
principale cause avancée par les
autorités pour les accidents mortels
est le non-respect des normes de
sécurité.
Q
uelques associations roumaines, assez peu nombreuses, tentent de venir
en aide aux enfants de la rue de Bucarest, qui se calfeutrent l'hiver dans
les réseaux souterrains de chauffage, appelés les "canale". Elles leur
apportent de la nourriture, des médicaments; certaines tentent de mettre sur pied des
cours d'alphabétisation, de formation à des métiers comme coiffeurs, couturières,
d'ouvrir un foyer. Mais le découragement les guette souvent devant l'inanité de leurs
efforts, comme le rapporte le quotidien "Adevarul" ("La Vérité") dans une enquête
d'un de ses journalistes.
"Ces enfants-là, leur journée commence non pas par "bonjour" mais par des
jurons. Quand on leur parle d'aller à l'école, il répondent insolemment qu'ils ne peuvent pas parce que leurs intestins feraient trop de bruit" confie une bénévole, enchaînant : "Leur vie est faite d'énormes frustrations, de peurs, de réactions de méchanceté,
d'abrutissement. Les tirer de cet univers est très difficile. 75 à 80 % d'entre-eux sont
irrécupérables. Un enfant qui a passé plus de deux ans dans la rue est perdu".
Ces associations comptent presque sur les doigts de la main les cas de réussite. "Il
faut une volonté énorme et aussi de la chance pour
s'en sortir" constatent-elles. "Le gamin doit surtout
échapper à l'influence de sa bande, s'en séparer
physiquement, définitivement… sinon, il retournera
immanquablement dans le canal". Des cas heureux
surviennent parfois, comme Florin; un de ses
oncles a accepté de le loger, il a tenté plusieurs fois
de rejoindre ses anciens amis mais, à court d'argent,
revenait toujours. Aujourd'hui, il semble stabilisé et
travaille comme "tractoriste" à la campagne.
Apparition d'une deuxième génération
qui naît et grandit dans les "canale"
Le plus souvent ces tentatives de sortir ces
"boschetari" (sans abris) de leur enfer se heurtent à
un cercle vicieux. Très rares sont les patrons qui
accepteraient de les embaucher, d'autant plus qu'ils
n'ont pas de papiers d'identité… or la police ne
Les canalisations de chauffage
donne pas de papiers aux jeunes qui n'ont pas de
constituent un refuge pour
les sans-domiciles pendant l’hiver.
domiciles… et ceux-ci, faute d'argent ne trouvent
pas à se loger.
Si quelques uns acceptent de les engager, le scénario est toujours le même : on
leur confie des travaux pénibles, porter des sacs pendant 8-10 heures d'affilée. Le soir,
ils rejoignent leur canal où leurs amis les attendent avec des boissons, de la drogue,
les sacs plastic remplis de vernis qu'ils inhalent et qui leur a donné leur nom, les
"aurolaci". Le lendemain matin, au lieu de se présenter à 6 h, ils viennent à 10 h et
leur patron les met à la porte. En outre, ils auront dû partager avec la bande le maigre
argent gagné.
"On n'aime pas les voir, mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pour rien dans
leur situation" se désespère un autre bénévole qui s'alarme de l'apparition d'une
deuxième génération d'enfants de la rue : ceux qui naissent et grandissent dans le
"canal" où leurs encore très jeunes parents ont eux-mêmes vécu ces dix dernières
années. "Sortir une famille du canal et l'empêcher d'y retomber, c'est une mission
impossible. Il faudrait l'énergie de dizaines de personnes. C'est au-dessus des moyens
de la Roumanie, maintenant" constate-t-il, désabusé.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Musique
A
Connaissance et découverte
Remus Azoitei, violoniste au talent reconnu
par l'Académie Royale de Musique de Londres
31 ans, Remus Azoitei est devenu le plus jeune
professeur de toute l'histoire de la prestigieuse
Académie Royale de Musique de
Londres, vieille pourtant de 180 ans. La
vénérable institution a proposé au jeune violoniste non seulement d'interrompre sa
seconde année d'études qu'il y menait mais
lui a proposé de rejoindre le corps professoral. Remus Azoitei a parallèlement entrepris
une carrière de concertiste qui l'a déjà conduit
sur les plus grandes scènes de la planète où
ses interprétations pleines de tempérament
lui ont valu éloges et nombreux prix, ses
prestations étant saluées par la critique, aussi
bien en France qu'en Allemagne, qui a reconnu en lui "un violoniste de classe mondiale".
Le jeune Roumain avait commencé très tôt l'apprentissage
du violon à Galati, encouragé par ses parents, ingénieurs et
mélomanes. Ceux-ci avaient d'ailleurs décidé, avec beaucoup
de difficultés, de quitter les bords du Danube pour venir s'établir à Bucarest, en 1984, afin que leur fils puisse s'inscrire au
Variétés
F
lycée de musique "George Enescu", puis à l'Académie de
Musique "Ciprian Porumbescu".
En 1995, Remus Azoitei remportait le
prix Eugène Sirbu d'un montant de 1000 €,
qui lui offrait aussi la possibilité de donner
deux concerts aux Etats-Unis. Aidé par deux
relations, persuadées de son talent, qui lui
remirent 3000 €, il put se rendre à New-York
et donna un récital qui enchanta une spectatrice de près de 80 ans, Dorothy Delay, la
plus célèbre professeur de piano américaine.
La vieille dame lui fit obtenir une bourse à la
Juliard school de New-York, où un an d'étude coûte 27 000 € (180 000 F), et où il fut
l'un des quinze interprètes admis à poursuivre un master de violon, sur un total de
500 musiciens venus du monde entier qui y suivent des cours.
Depuis, la carrière de Remus Azotei a pris son envol mais,
tout comme sa jeune compatriote, Alina Cojocaru, danseuse
étoile à Covent Garden, l'Opéra Royal de Londres, l'artiste est
davantage connu à l'étranger que dans son pays.
Les deux jumelles effrontées de Cluj font un tabac en Angleterre
Les "Cheeky Girls" : un "petit cul"
adorable déboussole les ados timides
in décembre, en quelques semaines, deux adorables et effrontées jumelles de 20 ans, Gabriela et Monica, originaires de
Cluj, ont créé l'événement en Grande Bretagne avec un "single" (une seule chanson) qui est restée au hit-parade quatre
semaines, occupant même la seconde place, alors qu'elles étaient totalement inconnues. Avec 360 000 exemplaires déjà
vendus en un mois, leur tube, "Touch my bum" ("Touche mon petit cul") est bien parti pour
leur assurer un disque d'or, décerné automatiquement quand la barre des 400 000 est dépassée.
Mutines, les deux très jolies sœurs, qui ont pris comme nom de scène "Cheeky Girls"
("Les chenapantes") ont tapé dans le mille en s'adressant aux adolescents et garçons timides
de leur âge pour les "décoincer". La chanson a été écrite en une demi-heure sur un coin de
table par leur mère, Maggie, une Roumaine qui vit dans le Kent et est séparée de son mari,
médecin à Cluj.
"C'est de la culture de jeunes, simple à comprendre" plaide-telle devant les adultes dubitatifs devant le niveau du texte … et les chiffres de vente lui donnent raison. La chanson s'est
imposée dans les discothèques, a fait le tour des écoles : "Je ne te demanderais jamais où tu
vas; je ne te demanderais jamais ce que tu fais; je ne te demanderais jamais ce que tu penses;
je ne te demanderais jamais si tu veux être à moi; Viens et souris, ne sois pas timide; touche
mon petit cul, c'est la vie; nous sommes les chenapantes; vous êtes les chenapans". Difficile
de résister !
Le site Internet de CNN Europe a consacré un grand article avec photo aux deux clujoises, lesquelles ont commencé à faire un tabac aux Etats-Unis et aux Canada, y faisant l'objet de reportages dans plusieurs journaux à grand tirage Le succès des jumelles s'apprête à
franchir la Manche, les "Cheeky Girls" devant faire une tournée de présentation en
Allemagne, Autriche, France et Hollande.
Elèves dans une école de danse et d'art dramatique de Cluj, où on les trouvait gâtées, trop délurées, manquant de la grâce et
de la rigueur exigées pour les ballerines, Gabriela et Monica Irimia vivent un vrai rêve. Elevées pendant sept ans par leur grandmère de 80 ans, après la séparation de leurs parents, les deux sœurs ont rejoint leur mère en Angleterre, en 2001, pour de simples
vacances qui durent encore… et viennent de recevoir le droit d'y résider.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Histoire
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Suspectée d'avoir
dénoncé son mari
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Ana Pauker a eu une vie sentimentale agitée et on lui a prêté de
nombreux amants, qui avaient
cependant tous la caractéristique
d'être, à ses yeux, "politiquement
correct". Deux enfants sont nés de
son mariage avec Marcel Pauker :
Vlad, en 1926, et Tatiana, en 1928.
Leurs attributions respectives au sein
du Kominterm les éloignant géographiquement, le couple se délite.
Marcel a une liaison avec une militante communiste de Bessarabie,
dont naît un fils, Iakov, en 1931.
De son côté, Ana, envoyée à
Paris, y rencontre Eugen Fried,
homme lige mandaté par Staline
pour réorganiser le Parti
Communiste Français dont il est le
secrétaire général, et qui installera
Maurice Thorez à sa tête. De leur
relation, naîtra en 1932, à Moscou,
Marie, qui sera élevée par Aurora,
l'ancienne maîtresse de Thorez,
devenue la femme de Fried… ce qui
accréditera le bruit que le premier
serait son véritable père. Prise par
ses activités militantes, Ana confiera
ses deux premiers enfants au MOPR
("Le Secours rouge", œuvre sociale
communiste pour les militants).
Ana Pauker apprendra l'arrestation de son mari comme "ennemi du
peuple", "pour trotskisme", sa déportation et son exécution, en 1938,
lors des purges staliniennes, alors
qu'elle est elle-même en prison en
Roumanie. Elle sera suspectée de
l'avoir dénoncé, aveuglée par son
fanatisme mais, plus tard, elle
démentira cette version et la question est toujours sujette à controverse, aujourd'hui.
De retour en Roumanie avec l'Armée
Rouge, la stalinienne fanatique
sera déchue par son propre parti
Ana Pauker, toute puissante matrone
d'un régime honni, importé d'URSS
A
na Pauker… L'évocation du nom fait encore frémir bien des Roumains
qui y accolent les souvenirs de l'instauration du régime communiste, de sa
terrible épuration et de la collectivisation forcée. Pourtant, cette figure de
premier plan du communisme international le
plus sinistre, devenue la première femme au
monde ministre des Affaires étrangères, en
1947, avant d'être dévorée, elle-aussi, par la
Révolution qu'elle avait contribué à mettre en
place, suscite parfois des ébauches de réhabilitation de la part d'historiens américains.
Ces tentatives indignent les Roumains qui
n'oublient pas le rôle d'une poignée d'intellectuels et activistes - essentiellement d'origine
juive, ne manquent-ils pas de souligner formés à Moscou, revenus au pays dans les
fourgons de l'Armée Rouge pour l'aider à installer la dictature communiste dans un pays
qui n'en voulait pas et où ils étaient ultraminoritaires.
Pour des générations de Roumains, Ana Pauker est cette matrone d'un régime qui,
au temps de sa toute puissance, entre 1947 et 1952, ne circulait à travers le pays que
dans une voiture blindée, escortée par d'autres véhicules de la police secrète, changeant sans arrêt de place… sans-doute de peur d'être victime du sentiment de haine et
de dégoût que nourrissait tout un peuple à son égard.
De la communauté juive de Vaslui au bolchevisme
Ana Pauker, de son vrai nom, Ana Rabinsohn, est née le 13 décembre 1893 dans
une famille juive de Codaesti (judet de Vaslui), en Moldavie. Son père était chanteur,
puis professeur d'hébreu à la synagogue locale; sa mère, Sarah, beaucoup plus pragmatique, tenait une petite épicerie. La communauté juive était nombreuse dans la
région, la politique antisémite du tsar Alexandre II (1818-1881) ayant conduit des centaines de milliers de ses membres à fuir la Russie pour des cieux plus tolérants et
mieux disposés à accueillir leurs activités.
Son grand-père ayant remarqué ses dispositions, Ana fut inscrite à l'école Heder
censée n'accueillir que les garçons de sa communauté. Elle y suivit une scolarité de
huit années, avant de fréquenter une école pour devenir couturière. Plus tard, à l'âge
de 18 ans - ce sera son premier engagement - elle militera au sein du mouvement Bait
Ya'cov qui avait pris en charge la scolarisation des jeunes filles juives, et donnera des
cours d'hébreu.
Révoltée par l'injustice sociale qui règne dans le pays, Ana Rabinsohn rejoint un
groupuscule socialiste, le PSDMR (Parti Social-Démocrate des Travailleurs
Roumains), en 1915. Elle a 22 ans et sa vie prend dès lors une autre tournure, qui l'éloigne du destin habituel des jeunes filles de sa communauté pour prendre le chemin
de la révolution et de l'internationalisme.
Sous l'effet de la Révolution russe, le PSDMR se divise entre radicaux et modérés.
La jeune femme rejoint les premiers et les aide à constituer un "conseil secret",
d'orientation bolchevique. En cette période agitée de la fin de la première Guerre mondiale, alors que la Roumanie, qui s'est rangée aux côtés des alliés, parvient enfin à faire
son unité, elle distribue des manifestes appelant à l'autodétermination des minorités.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les rigueurs de l'hiver lèvent un coin
de voile sur la détresse de nombreuses familles
Social
A Târgu Jiu, Dalia, dix ans, pleure de froid
L
a vague de froid de décembre (-34° à Buzau) a une
nouvelle fois confronté les Roumains aux graves
problèmes de chauffage qui existent dans les blocs
des villes. Sinistrée par le chômage et la fermeture de nombreux puits, la vallée minière de Jiu a particulièrement souffert. A Târgu Jiu, certains immeubles n'ont plus de chauffage
depuis des années.
Des familles vivent entassées dans des studios. Les plus
fortunés se sont procurés un poêle à mazout ou à bois. Ce n'est
pas le cas de la famille Oprisescu. Mirela, la mère, 32 ans, et
son mari, sont au chômage. A la maison, tout le monde porte
trois à quatre épaisseurs de vêtements. La plus petite des deux
filles, Dalia, dix ans, pleure à cause du froid, ce qui brise le
cœur de sa mère qui la réchauffe en la serrant contre sa poitrine. Elle est déjà tombée trois fois malade en moins de deux
mois. L'école n'est pas un refuge car, elle non plus, n'est pas
chauffée. Les élèves doivent rester dans les classes avec leurs
gants et leur caciula sur la tête.
La voisine, Floarea, 33 ans, affirme que depuis six ans, le
bloc n'a reçu du chauffage qu'en une occasion. Elle réchauffe
les lits avec des bouillottes improvisées. La famille s'est
débrouillée pour acquérir un poêle fonctionnant au bois, mais
il consomme beaucoup; il a fallu en faire rentrer quatre mètres
cubes et regrouper tout le monde dans la chambre des parents
pour pouvoir l'entreposer.
A l'étage inférieur, Ovidiu, 10 ans, apprend ses leçons en
s'enfouissant sous une couette. Ses parents ont bien acheté un
poêle à mazout, mais cela revient trop cher à faire fonctionner
toute la journée, alors il ne marche que 2-3 heures par jour.
Pour tenir chaud dans le lit, sa mère met des briques ou des
Un quart
d'enfants en moins
dans les orphelinats
E
n 2002, le nombre d'orphelins,
enfants abandonnés ou retirés à
leur famille, pris en charge par
l'Etat a diminué de un quart, passant de
57 000 à 43 500. 47 orphelinats ou institutions publiques spécialisées ont été fermés
ou transformés en services alternatifs et
centres de placement familiaux. 18 000
enfants ont ainsi pu rejoindre le système
d'enseignement normal et fréquenter les
mêmes écoles que les camarades de leur
âge. 78 maisons et 112 appartements où les
enfants bénéficient d'un environnement de
type familial ont été mis en service. Par
ailleurs, le nombre d'assistantes maternelles professionnelles est passé d'un peu
plus de 3000 à près de 9000.
pierres sur la cuisinière ainsi que des sacs remplis de sel.
"C'est bon pour la santé" assure-t-elle.
Salle à manger transformée en dépôt de charbon
Dans la ville voisine de Rovinari, 12 000 habitants, 2000
chômeurs et 500 personnes ne vivant qu'avec l'aide sociale,
tous les appartements se sont débranchés du chauffage. La
mairie a bien investi 450 000 € (3 MF) pour la construction
d'une centrale thermique et de mini-centrales pour les blocs,
mais leurs occupants ont refusé de s'y brancher, de peur de ne
pas pouvoir payer les factures.
Aurelia, 35 ans, deux fillettes (2 ans et 12 ans), ne se souvient plus avoir eu du chauffage et de l'eau chaude depuis
qu'elle a emménagé dans les lieux… en 1987. Elle invente
mille choses pour que ses enfants résistent au froid. Chaque
jour, elle leur prépare un bain de pieds brûlant, leur confectionne des boissons chaudes aux noix et oignons, réputées
pour guérir la toux et les maux de gorge. Chaque semaine toute
la famille va chez le médecin.
Dans la ville toute proche de Matasari, la situation est
identique. Mais comme ici on est près d'une mine, les gens ont
acheté des poêles au charbon. Tous les adultes de la famille
Olteanu - dix personnes au total - sont au chômage. Afin de
gagner quelques sous, les enfants vont dans les galeries désaffectées chercher du charbon pour les voisins.
La salle à manger a été réquisitionnée pour le stocker et
tout le monde dort dans la même pièce. La famille est très heureuse de sa dernière acquisition : un poêle en terre qui garde la
chaleur plus longtemps.
Des enfants qui grelottent à l'hôpital de Lugoj
D
epuis le début de l'hiver,
les enfants sont transis
de froid à l'hôpital municipal de Lugoj où la température
moyenne ne dépasse pas 8° dans les
salles. Souvent internés pour des
maladies pulmonaires, les petits pensionnaires doivent s'habiller et s'enrouler dans leurs couvertures la nuit
pour résister à la chute des températures, le système de chauffage étant
alors arrêté.
En pédiatrie, des parents ont
La température moyenne
ne dépassait pas huit degrés, cet hiver, préféré récupérer leurs bébés et les
dans les salles de l’hôpital de Lugoj.
soigner à la maison, plutôt que de les
laisser dans ces lieux. Même le chef de service qui avait pris froid a été obligé de
s'arrêter, début janvier, alors que le thermomètre enregistrait - 26° à l'extérieur. Le
directeur de l'hôpital, tout en reconnaissant qu'il fait froid, estime que la situation
n'est pas si grave que çà et la met sur le compte de la vétusté de l'installation de
chauffage qu'il a tenté en vain de faire réparer ou rafistoler.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Economie
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Six mois de soldes
pendant l'année
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Confection, lingerie, chaussures,
articles de sport, électro-ménager,
meubles… les Roumains se familiarisent avec les soldes, notamment à
Bucarest où les vitrines sont barrées
d'affiches "Atentie, cad preturile !"
(Attention, les prix tombent !). Les
commerçants entendent ainsi liquider
leurs stocks estimés à 10-15 %, en
proposant des ristournes allant de 20
à 50 % et atteignant jusqu'à 70 % au
mois d'août.
Le phénomène est encore trop
récent pour savoir s'il a déjà engendré un comportement attentiste chez
une clientèle guettant ces périodes et
différant ses achats, comme en
Occident, les soldes devenant alors
partie prenante de la stratégie globale des commerces.
Mettre un peu d’ordre dans
une pratique anarchique
En Roumanie, elles se déroulaient de manière un peu anarchique
jusque là, chacun fixant ses
périodes de promotion comme il
l'entendait, en dehors de toute réglementation. Celle-ci, peu respectée
encore, a cependant vu le jour le 1er
janvier dernier, délimitant la période
des soldes d'automne-hiver du 15
janvier au 15 avril, et celle de printemps-été, du 1er août au 31
octobre, soit, au total, six mois.
Carrefour n'a cependant pas
attendu cette période pour habituer
sa clientèle à des réductions régulières sur l'ensemble de ses produits, tout au long de l'année, portant sur une baisse de 20 % de leurs
prix.
Investisseurs hors UE:
100 000 € minimum pour
être autorisé à s'installer
U
ne nouvelle réglementation exige que les investisseurs étrangers, hormis
ceux originaires de l'UE, des pays occidentaux et du Japon, disposent
désormais d'un capital de 100 000 € (650 000 F), d'un plan précis d'investissement et d'une activité équivalente dans leur pays d'origine, pour pouvoir développer leurs affaires en Roumanie et y bénéficier d'un visa long séjour.
Cette nouvelle mesure vise les petits investisseurs d'origine moyen-orientale et de
Chine, suspectés de se servir de la Roumanie comme base d'accès ultérieure aux marchés de l'UE. Elle a fait réagir négativement le président des associations d'investisseurs en Roumanie qui note qu'avec seulement 8,6 milliards d'euros (57 milliards de
F) de capitaux attirés depuis 1990, la Roumanie est le moins attractif des ex pays de
l'Est et que les petits investisseurs ont injecté des sommes importantes dans l'économie roumaine, créant de très nombreux emplois.
A ses yeux, cette nouvelle condition ne peut que décourager les entreprises
étrangères déjà confrontées à l'incroyable lourdeur de l'administration, exigeant une
centaine d'avis avant de délivrer une autorisation, et à la corruption. En Hongrie, un
investisseur étranger potentiel ne doit justifier que d'un apport de 15 000 € (100 000
F) et en Pologne de 25 000 € (165 000 F).
A savoir
Dix millions de cartes
de crédit dans cinq ans
D'après le directeur de Master Card
pour la Roumanie, ce pays est très loin
d'avoir épuisé son potentiel de développement au niveau des cartes de crédit,
lequel devrait se développer fortement
dans les cinq ans à venir pour atteindre 10
millions de titulaires. Le marché est
entravé par le faible nombre de commerçants acceptant les cartes ou étant
équipés à cet effet : 5000 seulement en
Roumanie, contre 33 000 en Slovaquie,
39 000 en République Tchèque, 114 000
en Pologne… et plus d'un million en
Italie ou en France.
Premières rames
automotrices livrées
Les deux premières rames automotrices commandées à Siemens sont
entrées en service le 1er février sur les
lignes Bucarest-Iasi et Bucarest-PitestiCraiova. Composées de deux wagons
avec un couloir continu, disposant de 123
places assises et de 90 debout, elles peuvent circuler à 120 km/h, sous le régime
des trains inter-city qui effectuent les liaisons les plus rapides entre les grandes
villes, sans supplément de prix. La
SNCFR a passé une commande de 120
rames à la firme allemande, dont 57 doivent être livrées cette année.
Près d'un tiers du personnel
licencié à RomTelecom
OTE, l'opérateur grec qui détient,
depuis janvier, 54 % du capital de
RomTelecom, contre 35 % auparavant, a
décidé immédiatement de supprimer dans
les années à venir près d'un tiers du personnel, soit 9000 employés sur 30 000.
Pour justifier sa décision, la compagnie
s'appuie sur la stagnation du marché prévue pour les deux prochaines années, la
baisse de son action à la suite de la perte
de son monopole dans le domaine de la
téléphonie fixe, et l'ajustement de ses
tarifs. OTE a toutefois précisé qu'il
comptait investir près de 300 M€ (2 milliards de F) pour la modernisation du
réseau, dans les trois prochaines années.
Autoroute Bucarest-Brasov
Le travaux du premier tronçon de
l'autoroute Bucarest-Brasov, d'une longueur de 65 km allant jusqu'à Ploiesti, sur
un trajet de 170 km, devraient commencer au cours de ce premier trimestre 2003
et durer quatre ans.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Un internationalisme qui tient lieu de patrie
Cette attitude sera désormais un trait dominant de son
engagement : le militantisme internationaliste, que ce soit au
sein du Komintern (1919-1943), puis de son successeur, le
Kominform (1947-1956), les organisations extérieures communistes, courroies de transmission de l'URSS. Dès lors, elle
rejettera tout attachement sentimental avec son pays, le remplaçant par un autre patriotisme, fondé sur une obédience
autrement aveugle, à un parti, à une puissance étrangère, et à
son chef.
Envoyée en Suisse par son employeur, un industriel qui lui
avait confié un poste de bibliothécaire, pour continuer des
études… qu'elle ne suivra jamais, elle y rencontrera son mari,
Marcel Pauker, un militant communiste, roumain et juif
comme elle, qui y faisait des études d'ingénieur. De retour en
Roumanie, le couple participera à la création du Parti
Communiste Roumain, en 1921, lequel adhère immédiatement
au Komintern.
Son engagement en faveur de la séparation des provinces
où vivent des minorités - il aurait conduit notamment au rattachement de la Bessarabie à l'URSS - considéré comme une trahison vis à vis de l'unité nationale roumaine, lui vaut un premier séjour en prison, fin 1921, suivi d'une amnistie en 1922.
Le PCR, dirigé alors par Elek Koblos - un juif hongrois… la
pire des origines aux yeux des Roumains de l'époque - étant
déclaré hors la loi en 1924, Ana Pauker est à nouveau arrêtée
et ne sera libérée que deux ans plus tard.
Connaissance et découverte
Affaires étrangères de Staline, qui ne pipera mot quand celuici déportera sa femme, d'origine juive… L'époque où elle se
décrivait comme une femme rêveuse, altruiste est bien lointaine.
Ana Pauker échappe à la grande épuration stalinienne des
années 1935-37, qui prend déjà un caractère antisémite marqué. Les Soviétiques la considèrent alors comme leur
"homme" pour la Roumanie, "le seul" qu'ils agréent totalement. Cette confiance se concrétisera en 1940 quand, rentrée
au pays cinq ans plus tôt et arrêtée pour la 3ème fois,
condamnée à dix ans de prison dans le cadre du procès de
Craiova contre les dirigeants du PCR, elle est la seule détenue
libérée par Bucarest, à la demande de l'URSS, et échangée par
les Soviétiques contre le leader des Roumains de Bessarabie,
Ion Codreanu qu'ils ont emprisonné.
Des semi-analphabètes
à la place des fonctionnaires
Dès l'entrée des chars russes dans Bucarest, début septembre 1944, Ana Pauker est à pied d'œuvre. Elle est l'une des
sept secrétaires du comité central du PCR, devenu plus tard le
PMR (Parti Ouvrier Roumain) à la suite de sa fusion avec le
PSDR (Parti Social Démocrate Roumain). A ce titre, ces apparatchiks ont la main haute sur l'appareil du Parti et tirent les
ficelles du gouvernement de l'homme de paille que Moscou a
installé au pouvoir le 6 mars 1945, le docteur Petru Groza.
Dès le lendemain, les communistes déclenchent une
répression à large échelle. Plus de 70 000 fonctionnaires et
Devenue "L'homme de Moscou"
cadres sont licenciés, arrêtés, envoyés dans des camps de travail. Trois semaines plus tard, Ana Pauker réprimande son
Près de deux décennies d'errance, au service du
camarade, Teohari Georgescu, le sinistre ministre de
Komintern, commencent alors.
l'Intérieur, estimant qu'il ne va
Successivement à Prague, pour
pas assez vite en besogne.
soigner son mari, à Berlin pour
Des demi-analphabètes,
réactiver le PC allemand, à Paris
parfois des détenus de droit
pour s'occuper du PC français, à
commun ou des voyous les
Vienne, où elle traduit les œuvres
remplacent… s'ils peuvent se
de Lénine, Ana, désormais
prévaloir d'une "origine saine",
Pauker, est devenue une militante
c'est à dire appartenant à des
familles sans biens, ne compprofessionnelle. Sa plus grande
tant pas d'intellectuels, de proambition est de rejoindre l'école
fessions libérales et de prêtres
du Parti à Moscou. Mais ses tendans leur rang. Pour mener à
tations trotskistes exprimées lors
bien sa tâche, le Parti avait
du IVème congrès du PCR, qui
besoin d'exécutants dociles, ne
s'est tenu en Ukraine en 1927, la
se posant pas de questions.
desservent. Toutefois, l'insistance
de relations haut placées lui en
Un décret gouvernemental
ouvre les portes.
légalisera l'affaire : il ne sera
Ana Pauker, lors d’un meeting, sous les portraits de Petru Groza, plus nécessaire d'avoir un
Commence alors une ascenprésident du Conseil, homme de paille des communistes,
et du jeune Roi Michel, dont l’image est utilisée pour leur cause. minimum d'études pour exersion foudroyante au sein du
Komintern. Vouant une obéissance sans faille à ses maîtres de
cer les fonctions de préfet, maire, directeur de services déparMoscou, une admiration sans limite au "Petit père des
tementaux, inspecteur des finances, etc… La carte du Parti
peuples", Ana Pauker est devenue une apparatchik sans scrutient lieu de diplôme. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsigane
pules, stalinienne fanatique… qui avalera sans rien dire la
analphabète, voleurs de chevaux, qui devient président de la
déportation dans un goulag de son mari, soupçonné de "trahiCAP (Coopérative Agricole de Production), et propulse sa
son trotskiste", et son exécution. Elle est amie avec
sœur chef-comptable… La mairesse désignée par le Parti était,
Viatcheslav Molotov (1890-1986), inamovible ministre des
elle, connue de tous pour être la prostituée de la commune.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Le grand poète et philosophe Lucian Blaga
condamné à balayer les caniveaux de Cluj
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"Pire que la Siguranta"
"Vous arrêtez quelqu'un; vous le
traitez d'espion, vous le brutalisez
par des méthodes que je n'ai jamais
connues dans aucune prison, même
à la Siguranta (police secrète de l'ancien régime); vous l'insultez, l'humiliez, jetez ses enfants hors de chez
lui… sans oublier de dire "Excusezmoi" comme si vous lui aviez marché
sur les pieds "…
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Economie
Grief d'Ana Pauker à l'encontre de
ses anciens camarades communistes, devenus ses juges, lors de
son procès, en 1952.
"Un serpent fascinant"
"Une grosse et forte femme, une
tignasse grise courte et en désordre,
un regard bleu sauvage sous des
paupières qui tombent, un sourire
fascinant que ne pouvait cacher sa
lèvre supérieure débordant sur son
menton… tout en elle révélait un
forte personnalité. J'ai toujours pensé
quand je la voyais qu'elle était un
boa constrictor qui venait d'avaler sa
proie et qui n'était pas pressé de
vous manger. Lourde et empruntée,
elle avait l'aspect repoussant et terriblement fascinant d'un serpent. A
simplement la regarder, je pouvais
très bien me l'imaginer en train de
dénoncer son mari, qui sera fusillé
plus tard. Je compris par quelle froide et déshumanisée volonté elle
avait atteint les sommets du pouvoir".
Portrait d'Ana Pauker par la princesse Ileana de Roumanie (19091991), tante du Roi Michel, (I live
again, Je revis, Edition Golancz,
Londres, 1952).
Chargée de la réorganisation des structures de l'Etat à tous les niveaux, et
considérée comme une intellectuelle malgré son maigre bagage en la matière, Ana
Pauker joue aussi un rôle de premier plan dans la "purification culturelle" du pays,
menée en même temps. Le but est simple : il faut éliminer l'élite et la remplacer par
une nouvelle caste, créée de toutes pièces par le PCR, dont elle-même fait partie avec
le ministre de l'Intérieur et qui ne compte que des opportunistes : Iosif Chisinevski,
Leonte Rautu, Mihai Roler. Toute liaison avec la culture occidentale est interdite En
1949, le régime annulera l'accord culturel passé avec la France, onze ans plus tôt.
Prison avec parfois la mort au bout, intimidations, harcèlements, mises à l'écart
vont sinistrer durablement la brillante culture roumaine. Professeur à l'université de
Cluj, le grand poète et philosophe Lucian Blaga, universellement connu, proposé pour
le Prix Nobel, est envoyé au "munca de jos" ("travail d'en bas"). Devenu ouvrier, il
est chargé par la mairie, à plus de 60 ans, de balayer les caniveaux de la ville, dont
ceux de la place centrale qui porte aujourd'hui son nom. Ses étudiants se relaieront la
nuit pour effectuer sa tâche. Plus tard, il sera confiné dans un poste de bibliothécaire.
Ami de Matisse, le peintre Theodor Pallady est totalement isolé à son domicile,
sans contacts extérieurs, à cause de son refus de respecter les "canons artistiques" du
stalinisme. Le poète Tudor Arghezi, consacré par des prix prestigieux à l'étranger, est
interdit de publication et vendra des cerises ou des pommes pour survivre. Quand à
l'historien Gheorghe Bratianu, il mourra en prison des suites de mauvais traitements.
Prudente sur la collectivisation
car effrayée par l'expérience soviétique
Ana Pauker s'efforce d'étendre son emprise sur le pouvoir. Alors qu'elle a 52 ans, elle
tentera même d'élargir son
influence jusqu'au jeune roi
Michel, 23 ans, encore célibataire et toujours chef de l'Etat, en
essayant en vain de le séduire.
Après un court passage à la tête
du ministère des Affaires
étrangères, en 1947, où elle servira la voix de son maître Staline,
Ana Pauker va devenir le personVictimes d’une purge, Vasile Luca et Teohari
Georgescu tomberont en même temps qu’Ana Pauker.
nage central d'un des épisodes les
plus terribles que la Roumanie ait connu. Ministre de l'Agriculture, en 1948, dans un
pays où la paysannerie constitue encore 80 % de la population, elle a en charge la collectivisation en masse des campagnes imposée par Moscou. Pourtant, elle est prudente, non par humanisme mais pour s'assurer de la réussite de cette entreprise. En 1930,
en stage à l'école du léninisme de Moscou, elle a fait partie d'une délégation chargée
de contrôler dans la région de la Volga, la collectivisation forcée décidée par Staline.
La famine qui en a résultée, la révolte des paysans russes, l'ont effrayée. Elle a assisté
aux arrestations massives, aux déportations, aux exécutions sommaires auxquels le
pouvoir procède dans des proportions hallucinantes, pour venir à bout des résistances.
Mais le plénum du comité central du Parti de mars 1949, décide de passer outre
ses réserves, supprime d'un coup de plume la grande réforme agraire de 1945 qui avait
permis à des centaines de milliers de familles d'agriculteurs de devenir propriétaires
de leurs champs et ordonne la confiscation des terres, tout en laissant croire aux paysans qu'ils sont libres de leur choix. Pour mener à bien son projet, le pouvoir mobilise des forces énormes de la milice (police), de la Securitate, appelle à la rescousse
l'Armée, recrute des mouchards sur place. Dénichés en ville, des délinquants issus de
la pègre viennent terroriser et brutaliser les récalcitrants.
Actualité
Les "dragons" coréens peinent à changer la mentalité des ouvriers
du chantier naval de Mangalia, repris par Daewoo en 1997
Gymnastique matinale contre tsuica
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SUCEAVA
TARGU MURES
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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n 1997, Daewoo a repris le chantier naval de
Mangalia, quasiment en état de faillite, acquérant
51 % des parts. A cette époque, seulement un
bateau par an sortait de ses cales et 25 étaient en réparation. En
2001, le chantier de Mangalia en a construit 54 et réparé 30. Il
emploie 3500 personnes et en fait vivre 2500 autres dans des
entreprises en sous-traitance.
Avant l'arrivée du géant coréen, le matériel et l'outillage
étaient à l'état d'abandon, les ouvriers ne recevaient pas leurs
salaires, restaient les bras ballants, fumant une cigarette,
buvant une tsuica, attendant les ordres.
Quand ceux-ci arrivaient, ils n'étaient pas
exécutés, de peur de faire des bêtises.
Aujourd'hui, un soudeur gagne 7,5 millions de lei net (230 €, 1500 F), soit plus
de deux fois le salaire moyen, un contremaître, 12 millions de lei (365 €, 2400 F).
mesures de sécurité, les cadres ne montraient pas l'exemple.
Personne n'attachait son harnais de sécurité quand il fallait
effectuer un travail en hauteur, ne portait son casque de sécurité ou son masque de protection pour souder. Des contrôles
effectués post-mortem à la morgue, sur des ouvriers qui s'étaient tués en tombant d'un échafaudage relevaient souvent des
taux d'alcoolémie supérieurs à deux grammes…
Un an après son arrivée, la direction a créé une police de
la sécurité de douze hommes qui patrouille à travers tout le
chantier, relevant les infractions. Celui qui est surpris pour ne
pas avoir respecté les consignes, reçoit un
carton jaune. Il ne lui sera retiré que s'il ne
commet pas d'autres fautes dans les trois
mois. Mais, là encore, il a fallu adapter le
règlement à l'esprit local. Alors qu'en
Corée, l'avertissement suivant conduit
immédiatement à un carton rouge, entraînant une retenue sur salaire de 10 %… à
Mangalia, celui-ci n'est attribué qu'au
"Un talent extraordinaire pour
troisième. La sécurité s'est toutefois notane pas faire le boulot demandé"
Le choc des cultures sur les chantiers de
Mangalia a surpris tout autant les travailleurs blement améliorée, même si l'on voit touroumains que les commanditaires Coréens. jours des contremaîtres chargés de la forTout, pourtant, est loin d'être rose sur
le chantier… surtout pour les Coréens qui s'arrachent souvent
mation des jeunes soudeurs se balader en tennis, alors que des
les cheveux. Les trois premières années, plutôt que de partir à
bottes de protection métalliques sont exigées.
la conquête du marché mondial, la nouvelle direction du chantier s'est échinée à convaincre les ouvriers à se mettre au tra"Souffler dans le ballon" avant l'embauche
vail. Plusieurs centaines d'entre eux ont été envoyés en formation en Corée du Sud, sur le chantier mère du port de Okpo, qui
Quant à l'alcool, la mesure prise a été radicale. Le chantier
compte 11 000 employés. De nombreux autres y sont encore.
s'est équipé d'éthylomètres identiques à ceux de la police et les
Pour autant, les ouvriers de Mangalia n'ont pas acquis
ouvriers sont contraints de "souffler dans le ballon" avant
cette discipline et ce sens de l'effort qui ont fait du "Pays du
d'embaucher. Ceux qui sont pris en état d'ébriété sont immématin calme" un des "dragons" de l'économie mondiale. La
diatement renvoyés.
relation au travail y est toute différente. "Ici, j'ai découvert
Les employés ont dû aussi se soumettre sans trop discuter
qu'on avait un talent extraordinaire pour ne pas faire le bouà une pratique typiquement asiatique. Ils sont tenus d'arriver
lot demandé. Il doit bien exister 6000 motifs pour ne pas l'exédès 7 h 30, une demi-heure avant l'embauche, de nettoyer les
cuter" confiait un cadre coréen à un journaliste
lieux de leur travail et, le quart d'heure suivant, de se livrer à
d'"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour").
une séance de gymnastique et d'étirements, ce que les jeunes
La journée de travail commence à 8 h pour s'achever à 16
ont maintenant assimilé… les vieux rechignant toujours à exéh 30, avec une pause déjeuner d'une demi-heure. Mais, trois
cuter ces mouvements d'extension et de génuflexion inspirés
quarts d'heure avant la fin, les ouvriers se dirigent déjà vers la
d'un autre univers. Les trois premiers mois, le rythme était
sortie. Il a fallu instaurer un appel avec retenue sur le salaire
donné par hauts-parleurs… en coréen.
en cas de départ prématuré pour limiter le phénomène.
Autre comportement qui déroute totalement les Asiatiques
Tarom négocie son
: les innombrables vols de matériel sur le chantier, comme s'il
adhésion à l'alliance SkyTeam
s'agissait d'un sport. Un directeur a même surpris son chauffeur en train de dérober l'essence de sa voiture.
a compagnie aérienne nationale Tarom a entamé
des discussions en vue de son adhésion à l'alliance
Une police de sécurité de douze hommes
SkyTeam qui comprend six membres : Air France,
l'américain Delta Ailines, Alitalia, le tchèque CSA Czech
Ces deux points demeurent toujours une préoccupation
Airlines, Aeromexico et Korean Air. Par le jeu de ces
majeure. Mais dans d'autres domaines, les esprits ont un peu
alliances, Tarom, qui dessert 44 destinations, pourrait ainsi en
évolué, même s'il reste beaucoup à faire. Auparavant, les acciproposer 500 à sa clientèle, dans 114 pays et sur 8000 vols
dents de travail étaient nombreux. Tout le monde se fichait des
quotidiens.
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MANGALIA
Lafarge a mis le cap
sur la protection
de l'environnement
et la formation
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10
Lafarge, numéro un mondial du
ciment, a investi 20 M€ dans son
usine de Medgidia et 17 autres dans
celle de Hoghiz pour la protection de
l'environnement. Le groupe français a
fait également des efforts importants
dans le domaine des ressources
humaines, concernant aussi bien le
personnel licencié que celui qui restait. Quand il est arrivé en Roumanie,
la production sur place était assurée
par 8000 personnes alors qu'elle
équivalait à celle de 800 dans les
autres pays d'Europe.
La firme a fait appel aux départs
volontaires, proposant deux ans de
salaire, une formation ou bien un
appui à ceux qui voulaient ouvrir leur
propre affaire, ce qui a été rarement
le cas. Lafarge a toutefois créé la
première pépinière privée d'entreprises de Roumanie à Medgidia,
offrant conseils et locaux. A Târgu
Jiu, au cœur de la région déshéritée
des mineurs, elle a encouragé un de
ses anciens ingénieurs à monter un
atelier de réparation et d'entretien
mécanique destinée à ses propres
usines. L'affaire marche et emploie
90 anciens du groupe.
Par ailleurs, le cimentier a entrepris une requalification du personnel
restant, comprenant aussi des cours
d'anglais et français, les deux
langues de Lafarge, pour tout le
monde. Ses spécialistes ont été
envoyés pour des stages dans
d'autres unités à l'étranger et sont
revenus en Roumanie après plusieurs mois de formation.
Les pays candidats à l'UE
de plus en plus attractifs
A
vec leur société de consommation en émergence, moins bien équipée que
leurs voisins d'Europe Occidentale, les douze pays de l'Est candidats à
l'UE constituent une réelle opportunité économique et intéressent de plus
en plus les entreprises françaises, comptant un potentiel de plus de cent millions de
consommateurs. Autre atout de taille à leurs yeux : leur main d'œuvre encore bon marché. Plusieurs industriels, notamment dans le textile et l'électroménager y ont
d'ailleurs délocalisé leur outil de production depuis quelques années.
Mais si la plupart des grandes entreprises industrielles et de services françaises
ont une très bonne présence à l'Est, en revanche, les entreprises moyennes, à l'exception de l'industrie agro-alimentaire, sont souvent en retard par rapport à leurs concurrentes allemandes. Les banques françaises sont aussi dans ce cas, largement supplantées par les banques allemandes, autrichiennes et italiennes, malgré la présence de
la Société Générale qui a racheté la BRD (Banque Roumaine de Développement), la
Komercny Banka tchèque, la SKB slovène, et l'Express Bank bulgare.
Cependant les taux de croissance attractifs qu'enregistrent les pays de l'Est, les
opportunités économiques qu'ils offrent, ne doivent pas faire oublier certaines zones
d'ombre, au premier rang desquelles le fonctionnement opaque des affaires avec leurs
pratiques de pots de vin et de corruption généralisées à toute la région, et le risque d'instabilité politique. Si pour ce dernier, l'entrée dans l'UE devrait calmer les choses dans
la décennie, pour les premières il faut plutôt parler en terme de générations.
La France au premier rang en Roumanie et Pologne
Au total, en 2000, on comptait 1650 filiales d'entreprises françaises dans les douze
pays candidats à l'UE. En Roumanie, la France est traditionnellement le premier investisseur étranger, en particulier grâce à France Télécom qui a investi 400 M€ (2,6 milliards de F) pour la mise en place d'un réseau de téléphonie mobile et Renault qui a
payé 270 M€ (1,8 milliards de F) pour reprendre et moderniser le constructeur Dacia.
En Pologne, la France est également le 1er investisseur, mais depuis 2000.
Danone, France Télécom, Total-Elf-Fina, LVMH, Pernod-Ricard, y ont investi 10 milliards d'euros (65 milliards de F), devant les Américains, (8 milliards d'euros) et les
Allemands (7 milliards d'euros). Quand un Polonais fait ses courses dans une grande
surface, il y a de bonnes chances qu'il aille chez Carrefour, Auchan et Casino.
Faiblement présente en République Tchèque dans les années 95 (5 % des investissements étrangers), la France y comble son handicap, grâce surtout au contrat signé
par Vivendi pour la gestion des eaux de Prague, et la Société Générale. Sa part est
passée à 30 % et elle est remontée du 6ème rang au 4ème, derrière l'Allemagne, les
Pays bas et l'Autriche, malgré un tassement de sa position en 2002, GDF et EDF ne
réussissant pas à emporter les marchés de la distribution du gaz et de l'électricité.
En Hongrie, la France figure à la 3ème place, derrière l'Allemagne (un tiers des
investissements étrangers), les Etats Unis (un quart), ex aequo avec l'Autriche (10 %).
En revanche, en Slovaquie, la France n'arrive qu'en 7ème position et sa présence est
très faible dans les pays baltes.Un constat s'impose : lorsqu'ils rachètent une entreprise publique privatisée, les Français n'hésitent pas à supprimer de nombreux emplois,
comme Renault lors de la reprise de Dacia. En cinq ans, le constructeur a prévu de
réduire les effectifs de l'usine de Pitesti de 40 %, passant de 27 000 à 16 000 employés.
Paris, 3ème partenaire commercial de Bucarest
E
n 2002, les échanges commerciaux entre la France et la Roumanie se sont
montés à 2 milliards d'euros, soit près de + 15 %, se partageant pratiquement à moitié entre importations et exportations. Entrant pour 7 % dans la
balance commerciale de la Roumanie, l'Hexagone se situe en 3ème position, derrière
l'Allemagne et l'Italie. 2767 sociétés mixtes ont été formées entre les deux pays.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Des paysans contraints de s'agenouiller
et de prier devant le portrait de Staline
Le pays connaît l'une des pages les plus sombres de son
histoire, qui va durer 3-4 mois. Mais opportunément, pendant
cette période, Ana Pauker est partie à Moscou faire soigner un
cancer du sein. Elle a laissé les rênes à Alexandru Mogyorosi.
Pourtant à son retour, non seulement elle continue la répression mais elle va l'aggraver en 1950. Dans de nombreux judets,
les paysans qui refusent la collectivisation sont conduits la nuit
devant les conseils populaires qui ont remplacé les mairies; ils
sont battus, injuriés, pendus par les pieds, mis nus dans des
chambres frigorifiques, forcés de lire à haute voix et de commenter pendant des heures la brochure "Les problèmes du
léninisme". Ana Pauker ordonne qu'ils s'agenouillent devant le
portrait de Staline et prient pour que celui-ci leur fasse comprendre "la voie lumineuse" du communisme et de l'URSS.
L'agriculture roumaine ne
se relèvera pas de ce cataclysme qui a conduit les campagnes du pays à l'état d'arriération que l'on peut toujours
constater aujourd'hui. En
novembre 1961, lors du plénum du comité central du
Parti, Nicolae Ceausescu dira :
"Ana s'y connaissait en agriculture… comme la poule avec
l'alphabet; elle ne savait
même pas faire la différence
entre le blé et le seigle".
Connaissance et découverte
Moghiorosi, Emil Bodnaras, membres éminents du Parti, et
Alexandru Draghici qui a ouvert, entre autres, le goulag du
canal, la prison de Sighet, veut se débarrasser de sa rivale pour
avoir la main mise totale sur le pays. Il sait qu'il peut désormais compter sur l'appui de Staline, revenu à de meilleurs sentiments à son égard; Ana Pauker est tombée peu à peu en disgrâce auprès du maître du Kremlin qui s'apprête à lancer une
terrible répression contre les juifs après avoir inventé de toutes
pièces le "complot des blouses blanches", ces médecins qui
auraient tenté de l'éliminer, lui et la nomenklatura du Parti.
Arrêtée en 1952 et sauvée
par la disparition du “Petit Père des peuples”
Ana Pauker est arrêtée en 1952 et, comme les autres satellites de l'URSS, la Roumanie s'apprête à vivre son procès stalinien. Avec son groupe, elle est accusée de déviationnisme de
droite en ayant suscité une
ligne "anti-parti" pour
déconsidérer celui-ci auprès
de la population et de l'opinion internationale par la violence des répressions qu'elle
a menées… lesquelles ont
pourtant été approuvées et
encouragées par le groupe
Dej. Mais elle est également
taxée de déviationnisme de
gauche et de cosmopolitisme… accusation qui flaire
l'antisémitisme.
Condamnée lors du procès des communistes de Craïova, en 1936,
Au cours de ses interroAna Pauker passera quatre ans en prison, sous Carol II, avant
d’être échangée contre un patriote roumain, prisonnier des Soviétiques. gatoires, Ana Pauker reproMusiciens et poètes
chera au Parti d'utiliser les mêmes méthodes… que la
composent des hymnes à sa gloire
Siguranta, la police secrète de l'ancien régime ! La chance est
cependant avec elle. Staline meurt subitement, le 5 mars 1953,
Arrivée au faîte de sa puissance, Ana Pauker commence à
avant la fin du procès, qui trainera en longueur. Apprenant la
singer le culte de la personnalité de son maître. Elle incite des
nouvelle, la prisonnière éclate en sanglots ce qui fait s'exclamusiciens et des poètes, Anatol Vieru, Dumitru Corbea, etc., à
mer candidement Moghiorosi, ancien camarade devenu advercomposer des hymnes à sa gloire qui seront chantés dans les
saire : "Ne pleure pas. Si Staline était encore vivant, tu serais
écoles, dès la maternelle, les usines, les meetings politiques
bientôt morte !".
(obligatoires), les chantiers de jeunes. On y scande :
Ana Pauker, Gheorghiu Dej
Scapa tara de burgheji
Stalin si poporul rus
Libertate ne-au adus
Osana lui Stalin
Osana tovarasei Ana
Ana Pauker, Gheorghiu Dej
Sauvent le pays des bourgeois
Staline et le peuple russe
Nous ont apporté la liberté
Gloire à Staline
Gloire à la camarade Ana
Plus dure sera la chute
Mais c'est le chant du cygne. L'appétit du pouvoir a peu à
peu dressé deux clans l'un contre l'autre au sein du Parti. Ana
Pauker compte parmi ses alliés, des figures marquantes du
communisme, Vasile Luca et l'ancien ministre de l'Intérieur,
Teohari Georgescu.
Futur secrétaire général du Parti et futur dictateur du pays
jusqu'à sa mort en 1965, Gheorghiu Dej, flanqué de Alexandru
Morte dans son lit… comme son maître
Finalement, après quelques mois en prison - pour la quatrième fois de son existence - Ana Pauker et son groupe seront
démis de leurs fonctions et exclus du parti. Assignée à résidence, elle sera soumise à enquête jusqu'en 1956 et continuellement surveillée, mais pourra vivre avec sa famille. A partir
de 1957, elle occupera un poste subalterne aux "Editions politiques", sous les ordres de Walter Roman, le père de Petre
Roman, faisant des traductions en français et en allemand, et
gagnant correctement sa vie (1500 lei par mois).
Atteinte d'un cancer au poumon, elle décèdera le 3 juin
1960, à l'âge de 67 ans, poussant sa dévotion pour Staline jusqu'à mourir comme lui… dans son lit. Un exploit rarissime à
l'époque.
Nichita Sîrbu
43
22
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Tourisme
BAIA MARE
LUNCA
ILVEI
z
z
ORADEA
CLUJ
z
z
TARGU MURES
ARAD
Une survivance de l'ère communiste
z
SUCEAVA
z
IASI
z
z
SIGHISOARA
z
z
z
z
SIBIU
TIMISOARA
PITESTI
CRAIOVA
z
GALATI
BRASOV
z
z
BRAN
BRAILA
z
z
TULCEA
z
„
BUCAREST
CONSTANTA
z
Enterré à Sighisoara,
"Dracula Park"
ressurgit à Bucarest
44
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La double tarification dans les hôtels
Lancé voici maintenant près de
deux ans et ayant essuyé de nombreuses critiques, le projet de parc
d'attractions sur le thème de Dracula,
à Sighisoara, ville où a longuement
séjourné Vlad Tepes, qui a donné
naissance à la légende du vampire,
a vécu. Ainsi en a décidé l'assemblée des actionnaires, convoquée fin
janvier. Le parc sera installé dans le
secteur résidentiel du lac Snagov, à
une vingtaine de kilomètres au nord
de la capitale, près d'un monastère
où est conservé le cœur du voïvode.
Le premier projet, bouclé à la vavite par le ministre du Tourisme Dan
Matei Aghaton, sans réelle étude de
faisabilité, positionné sur un terrain
n'ayant fait l'objet d'aucune étude de
sol préalable et qui s'est avéré
impropre à la construction, avait soulevé les oppositions de l'UNESCO,
désireuse de protéger l'environnement du site de la ville médiévale fortifiée, du prince Charles d'Angleterre,
et suscité les réticences du Président
Iliescu ainsi que du Patriarche de
l'Eglise orthodoxe, Teoctist.
Finalement ses initiateurs se sont
repliés sur les propositions du cabinet de consultants Pricewaterhouse
Coopers privilégiant l'implantation du
site à Bucarest, son étude faisant
état d'une fréquentation d'un million
de visiteurs par an, contre 620 000 à
Sighisoara, l'hypothèse d'une installation à Constantsa, sur les bords de
la Mer Noire, étant également abandonnée. L'ouverture du parc est toujours prévue en 2004, ce qui laisse
un délai rendant sceptique de nombreux observateurs.
D
ans un courrier à la suite de notre article "Chers hôtels de la capitale" (Les
Nouvelles de Roumanie, n° 15, page 43), Jean-François Ragot réagit en
faisant part de son exaspération devant une survivance du communisme :
la double tarification.
"Je voudrais revenir sur votre article concernant le logement à Bucarest. Il n'est
qu'une des facettes du logement hôtelier en Roumanie, avec le maintien de la double
tarification; une locale, pour les Roumains ou "résidents", une seconde pour les étrangers ou "non résidents". Cette situation anormale, voire scandaleuse, doit être
dénoncée car peu conforme aux critères d'appartenance à l'UE. Si on accepte ce principe discriminatoire, pourquoi ne pas faire un tarif "spécial" restaurant, essence, achat
de biens divers, etc…
La meilleure manière de mesurer cette discrimination de type "soviétique" ou
"africaine" est de consulter les sites en roumain ou les agences de voyage roumaines.
Nous constatons ainsi que l'étranger est pris pour un pigeon. Le ministère du
Tourisme, sous la pression de l'UE s'il le faut, serait bien inspiré de remettre de l'ordre
dans ces pratiques d'un autre âge".
Pour appuyer ses dires, Jean-François Ragot, qui pratique la Roumanie à titre professionnel depuis 1987, fournit des exemples édifiants, trouvés notamment sur le site
eTurism : à Brasov, Sibiu, Bran, des hôtels sont proposés à moitié prix aux Roumains,
quelque soit la période de l'année. Ces établissements se gardent bien d'ailleurs d'afficher ces tarifs à leur réception. La célèbre auberge Hanul lui Manuc de Bucarest, elle,
ne cache même pas la couleur : sa publicité indique noir sur blanc qu'un étranger doit
payer 37 € pour une chambre double ou simple, et les Roumains, 18 €.
Même si cette pratique s'est un peu atténuée depuis la chute du communisme - A
Tulcea, en 1990, une chambre était facturée 75 € à un occidental, et la même, pour
son interprète roumain, 5 € - il n'en demeure pas moins qu'elle perdure, mais de façon
dissimulée. Outre le fait que ces tarifs sont déjà disproportionnés, vue la qualité du
service offert - literie vieillotte, robinetterie défaillante, confort approximatif - ils sont
aussi contre-productifs en dissuadant les touristes de venir, dans un pays qui doit faire
face à d'autres handicaps : éloignement, état des routes, manque de services.
L'Espagne, en son temps, a bâti sa réputation et a fait du tourisme une des clés de
son économie en faisant profiter les étrangers de ses prix sans concurrence, quitte à les
relever en même temps que le coût de la vie augmentait. La Hongrie, pourtant plus
développée que la Roumanie, pratique des prix d'hôtellerie inférieurs à sa voisine.
L'hôtel Bulevard de Sibiu fermera
prochainement pour rénovation
L
'hôtel "Bulevard", deux
étoiles, de Sibiu, très connu
des touristes, fermera ses
portes, au plus tard à l'automne, pour
des travaux de rénovation d'une durée
indéterminée, visant à le transformer
en hôtel quatre étoiles pratiquent des
tarifs trois étoiles. Au terme de quatre
ans de procès et de nombreux rebondissements, le propriétaire des murs a retrouvé la jouissance de son bien qui lui avait
été confisqué sous le communisme. Il en a immédiatement cédé la concession pour 49
ans et un loyer mensuel de 12 000 € (80 000 F) à la chaîne hôtelière Continental, qui
a pour charge de le rénover et possède déjà un établissement dans la cité. Situé en
plein centre de Sibiu, et comportant 132 chambres, l'hôtel est l'un des plus vieux
immeubles de la ville et n'avait pas été restauré depuis près d'un siècle.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Economie
Actualité
Malgré un rythme lent et des échecs, les privatisations se poursuivent
55 % de l'économie aux mains des capitaux privés
B
usines d'aciers spéciaux de Târgoviste, Alro Slatina, Alprom
ien qu'elles se soient développées à un rythme lent,
Slatina, Promex Braila, Nicolina Iasi, le chantier naval de
les privatisations ont touché 259 entreprises et rapConstantsa, les usines de soude de
porté 127 M€ (840 MF)
Govora, Romvag, Caracal, Bicapa
à l'Etat roumain, en 2002. Le capital
Târnaveni… Plusieurs autres sont en
privé représente désormais 55 % de
négociation : Tractorul Brasov,
la propriété économique en
Rulmentul Brasov, Industria Sarmei
Roumanie et assure 69 % du PIB
Campia Turzii, Nitramonaia Fagaras,
contre 31% pour les sociétés d'Etat.
Uztel Ploiesti, Mecanica Marsa,
Pas suffisamment attractives,
Urbis Armaturi Sanitare.
plusieurs sociétés n'ont pas trouvé
Certaines grosses sociétés n'ont
preneurs dans cette première tranche
pas
encore
été présentées à la privatiqui doit être bouclée à la fin de ce
sation
par
l'APAPS
(Autorité pour la
semestre, dont la BCR (Banque
Privatisation
et
l'Administration
des
Commerciale Roumaine), la princiParticipations
de
l'Etat),
organisme
pale banque du pays pour laquelle
L’usine de camions et engins utilitaires
aucune offre sérieuse n'a été faite.
“Roman Brasov” devrait faire partie chargé de cette opération : l'usine de
d’une prochaine vague de privatisation. camions Roman Brasov, Siderurgica
D'autres ont dû s'y reprendre à pluHunedoara, Faur Bucuresti, Griro Bucuresti, Timpuri noi…
sieurs fois avant de trouver chaussure à leur pied. C'est le cas
Une seconde étape, à partir de juillet prochain, devrait
de Aro Câmpulung (constructeur de 4x4), Rocar Bucarest
faire entrer dans ce processus d'autres mastodontes d'Etat
(constructeur d'autobus), Carom Onesti, Celhart Donaris,
comme Iaifo Zalau, Tubinox Bucuresti, Energoutilaj
Electroputere Craiova, Moldosin Vaslui.
23 très grosses sociétés, dont 15 employant plus de 1000
Bucuresti, Helitube Bucuresti, Unirea Cluj, Caromet
Caransebes, Giurgiu Nav, URB Rulmenti Suceava…
personnes étaient offertes à la privatisation. Parmi elles : les
22
9
Croissance : "The Economist"
moins optimiste que le gouvernement
D
ans un article paru début janvier, la revue britannique "The
Economist" tempère les prévisions optimistes du gouvernement
roumain sur la croissance espérée en 2003, qu'elle ramène à 4,6 %
au lieu des 5,2 % annoncés, du fait du ralentissement économique aux USA et
en Europe, principaux débouchés commerciaux de la Roumanie. Le journal
table sur 5 % l'année prochaine si l'économie mondiale repart et à condition que
Bucarest accélère ses réformes de structures.
De la même façon, "The Economist", qui base ses prévisions sur les analyses de son institut d'études, estime que le déficit budgétaire de la Roumanie,
pour cette année, ne se situera pas à 2,65 % du PIB, pour s'y stabiliser par la
suite, mais atteindra 3,1 % à cause de la majoration des salaires du secteur
public, de l'instauration du Revenu minimum garanti et de la baisse des rentrées
de cotisations sociales. En 2004, année des élections générales, ce déficit
devrait même passer à 3,4 % avec l'augmentation à attendre des dépenses
publiques.
Par contre, le niveau du taux d'inflation prévu par le gouvernement - + 14
% - lui paraît plausible et même souhaitable, une décélération plus importante
(+ 12 %) pouvant casser la croissance. Ces perspectives amènent la revue britannique à se demander si la Roumanie sera prête pour adhérer à l'UE en 2007,
notant - avec un euroscepticisme bien britannique - que les difficultés que ne
va pas manquer de provoquer l'adhésion de dix nouveaux membres en 2004 risquent de retarder de plusieurs années celles de Bucarest et Sofia.
Enfin, "The Economist" engage la Roumanie à multiplier les efforts, dans
les deux années à venir, pour se montrer plus attractive à l'égard des capitaux
étrangers et rattraper ainsi les 3 milliards d'euros (20 milliards de F) de déficit
d'investissements enregistrés ces dernières années par rapport à la Bulgarie.
+ 17,8 % : sérieux coup
de frein sur l'inflation
A
près + 30,3 % en 2001, les prix ont
augmenté de 17,8 % en 2002, soit
+ 1,4 % par mois, ce qui montre
une décélération importante de l'inflation. Les
services sont les principaux responsables de la
hausse (+ 21 %), devant les produits courants
(+18,8 %) et les produits alimentaires (+15,8
%). Fort de ce succès, le gouvernement table
sur une inflation de 12 à 14 % pour l'année en
cours. Il est à noter toutefois que les chiffres
annoncés dans ce domaine par les pouvoirs
publics roumains sont toujours révisés à la
hausse par les organismes internationaux.
L'euro,
monnaie de référence
L
'euro est devenu la monnaie de référence de la Roumanie, qui effectue
les 2/3 de son commerce extérieur
avec les pays de l'UE, ce 1er mars. Cette mesure a été prise par la Banque Nationale
Roumaine à la demande de la Banque Centrale
Européenne. La Roumanie était le dernier des
pays candidats à l'UE à conserver le dollar
comme monnaie de référence.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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BAIA MARE
SUCEAVA
SATU MARE
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CLUJ
IASI
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SLOBIOZIA
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BUCAREST
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TULCEA
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CALARASI
A Cluj, on peut
parler chinois…
mais pas hongrois
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Le maire ultra-nationaliste de Cluj,
Gheorghe Funar, a décidé de faire
apposer des panneaux en bleujaune-rouge, les couleurs nationales,
à toutes les entrées de la ville, souhaitant la bienvenue et donnant des
indications en français, anglais, allemand, espagnol, russe et chinois… à
l'exception du hongrois, langue
parlée par 20 % de la population du
judet. Contestant ce pourcentage qui
déclenche automatiquement l'utilisation du bi-linguisme dans les rapports
de l'administration et des citoyens,
Funar, farouchement hostile aux
Hongrois, a décidé de ne pas appliquer cette disposition à l'égard de
ses administrés d'origine magyare.
“Pas touche” au
palais de Ceausescu
Anca Petrescu, la femme architecte qui a conçu le "palais de
Ceausescu" a porté plainte contre
les autorités roumaines qui ont
décidé, sans la consulter, d'en modifier intérieurement une aile pour y
installer un musée de l'Art contemporain dans l'un des 21 éléments qu'il
comporte, chacun d'entre eux représentant l'équivalent d'un immeuble
de six-sept étages.
L'architecte soutient que ce projet
va modifier considérablement l'harmonie de son oeuvre dont elle
détient les droits d'auteur. Anca
Petrescu considère également que
les 12 M€ (80 MF) destinés aux travaux pourraient être mieux utilisés en
créant, ailleurs, un véritable musée
personnalisé.
U
Les serviteurs de l'Etat
savent aussi se servir
Préfets… et hommes d'affaires :
un mélange des genres gênant
ne enquête du journal "Gardianul" dresse un tableau révélateur de la
fonction préfectorale en Roumanie. Les préfets, représentants des intérêts
de l'Etat, sont surtout défenseurs des leurs. Le quotidien estime qu'actuellement la moitié d'entre eux se sont constitués d'importantes fortunes, mélangeant allègrement leurs propres affaires et celles du judet qu'ils administrent, utilisant leurs
femmes comme prête-noms lorsqu'ils ne veulent pas apparaître directement. Sur les 41
judets que compte le pays, "Gardianul" a relevé 19 cas de préfets devenus de riches
entrepreneurs, certains faisant l'objet d'une procédure pénale.
Femmes et frères associés
A Constantsa, le préfet et son frère contrôlent pas moins de 18 firmes, dont l'une
a emporté le contrat exclusif de l'enlèvement et du traitements des ordures ménagères
de la ville, payé par celle-ci... et dont le budget doit être approuvé par la préfecture.
A Alba Iulia, c'est la femme du préfet qui contrôle une importante société dont
une branche pharmaceutique a servi de paravent pour une vente fictive d'alcool médicinal et toucher ainsi de l'Etat le remboursement des taxes.
A Oradea, le préfet, qui est aussi le patron du PSD local (Parti Social Démocrate,
au pouvoir) a tenté, en vain, de faire mettre en position éligible sur la liste de son parti
le fils de son prédécesseur, Adrian Tarau, afin qu'il puisse bénéficier de l'immunité
parlementaire et échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui, lesquelles lui
valent un mandat de recherche à Interpol.
A Slobozia, le préfet est un des grands propriétaires agricoles du judet et a réussi
à mettre la main sur la majorité des actions de la firme d'Etat Comcereal, lors de sa
privatisation. Il dispose de quatre énormes silos, desquels ont disparu 2500 tonnes de
blé appartenant à l'Etat. Le préfet-chef d'entreprise a mis en cause un de ses
employés... qui n'est autre que le fils du président de la Cour des Comptes du judet,
chargé de surveiller l'usage des fonds publics. Par ailleurs, ce même préfet est en cheville avec un riche entrepreneur impliqué dans une affaire qui a valu un préjudice de
2 M€ (13 M€) à l'Etat.
Le préfet d'Hunedoara contrôle plus
d'un tiers de l'économie de la vallée minière de Jiu
A lui tout seul, le préfet de Hunedoara contrôle plus du tiers de l'économie de la
vallée minière de Jiu et est à la tête d'un immense holding formé de ses nombreuses
sociétés. Longtemps dans l'ombre du leader des mineurs, Miron Cozma, condamné à
18 ans de prison et toujours incarcéré pour avoir déclenché une grève insurrectionnelle, il a fait fortune très rapidement. On dit qu'il est actuellement surveillé par le
gouvernement, mais ses affaires continuent à être prospères.
Le préfet de Iasi est l'un des plus puissants magnats de la filière de la boucherie
de toute la Moldavie; celui de Slatina possède un groupe de presse, ce qui lui permet
de mettre en relief son action et celle de son parti, le PSD. Ancien directeur adjoint de
la succursale locale de Petrom, la firme nationale de pétrole, le préfet de Ploiesti, au
cœur de la zone pétrolifère roumaine, détient un quart des actions de "Petro
Construct", chargée des constructions dans le domaine des hydrocarbures.
Les sociétés dirigées par la femme du préfet de Teleorman ont obtenu plusieurs
gros contrats de l'Etat ou des municipalités qu'il administre pour la construction de
deux immeubles à Alexandria (un million d'euros), du siège de la Direction
Départementale du Travail, pour d'importants travaux dans la mairie du chef-lieu... On
n'est jamais mieux servi que par soi-même.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Tourisme
Connaissance et découverte
La Roumanie authentique
Sur un haut plateau, à 700 mètres d'altitude
la splendeur et la douceur de Lunca Ilvei se méritent…
A
vant de parler de Lunca Ilvei (judet Bistritala route de Vatra Dornei. Il est aussi possible d'organiser des
Nasaud), parlons de la route ! Dès Ilva Mica, vous
camps de vacances pour enfants et adultes.
serez découragés par les nids de poules, les fonEn hiver, le train spécial des skieurs vous amène à Lunca
drières, les passages à niveau
Ilvei depuis Ilva Mica ou
redoutables. Si vous y allez
Vatra Dornei. Location aux
par temps de pluie ou juste
gares de divers équipements :
après , à la sortie de Magura
ski, raquettes etc... Sept
Ilvei, vous serez effrayés par
pistes de ski de fond et de
une mare qui s'est formée
randonnée vous attendent
sous le pont du chemin de fer
ainsi qu'une école de ski, des
! Après votre surprise, n'hésibalades et randonnées en
tez pas: prenez à l' extrême
raquettes et en traîneau. La
gauche tout doucement, cela
situation de Lunca Ilvei fait
passe sans casse nous l'avons
que les alentours intéressants
fait, et puis...récompense, un
et faciles d'accès restent liés
peu plus loin une magnifique
aux activités de la montagne,
route
goudronnée
vous
mais elles peuvent vous
conduit à Lunca Ilvei. Fin du
mener loin !
voyage, c'est un cul de sac.
Randonnées pédestres de
Vous découvrirez alors un
un ou plusieurs jours avec
haut plateau situé à 700 m
guide: découverte des monts
d'altitude, bordé de douces
Bârgau et de Rodna dont les
Entre Maramures et Bucovine, la région de Lunca Ilvei, dans
le département de Bistrita, offre des points de vue superbes, comme icii sommets culminent à 2000
montagnes, c'est splendide.
le col de Tihuta, ainsi qu’une qualité de vie appréciée par ses visiteurs.
mètres, réserve naturelle de
Pietrosul à 2300 mètres, pics volcaniques du massif du
Un paradis pour randonnées
Caliman. Le centre équestre propose également une semaine
et balades, été comme hiver
de randonnée vers les Maramures ou la Bucovine.
Les atouts principaux de Lunca Ilvei sont sa nature, ses
infrastructures sportives hivernales et estivales ainsi que sa
Une pause idéale entre Maramures et Bucovine
situation sur le passage de la grande ligne de chemin de fer qui
traverse la Roumanie de Cluj à Iasi. Imaginez que la commuEn train ou en voiture (oubliée la mare !), vous ne regretne possède quatre gares: Lunca, Silhoasa, Larion et Gradinita,
terez pas d'être parvenus jusqu' à ce bout du monde, car s'ils
toutes desservies par les trains "Rapid" et "Accelerat". Pas
étaient tous comme celui-là, nous en redemanderions! En été,
besoin de voiture donc pour des vacances à Lunca Ilvei!
se laisser vivre au rythme des agriculteurs, éleveurs, artisans
En été, vous pouvez y faire des promenades sur des sendu bois, se ressourcer dans la nature, monter à cheval et galotiers balisés, des visites de bergeries, d'une source d'eau ferruper par monts et par vaux. En hiver, pour les fans de ski de
gineuse, des balades en vélo tous terrains (location sur place).
fond et de grands espaces blancs, de silence, c'est le pied… et
Pêche, cueillette de fruits des bois et de plantes médicinales
si en plus vos hôtes ont la bonne idée de faire venir des musipeuvent également figurer au programme.
ciens pour vous faire une aubade autour d'un feu de bois, que
demander de plus ? Lunca Ilvei n'est pas un village étape, il
faut y rester plusieurs jours, prendre des vacances, où alors
Traîneaux et train
pourquoi pas une pause de 3 ou 4 jours entre la visite du
spécial des skieurs de fond
Maramures et les monastères de la Bucovine. Une vingtaine de
Au centre équestre, tenu par un anglais, vous pourrez
maisons ou chalets peuvent vous héberger (voir auprès de
prendre des cours d'équitation, faire des balades à cheval.
Ieronim Somesan, responsable OVR ou Iulia Vâsies, responStephen organise également des randonnées de plusieurs jours,
sable du tourisme, tel: (00 40) 263 37 80 92 ou 263 37 80 60.
à cheval et en calèche, par exemple jusqu'à l'hôtel Dracula sur
Martine et Jean Bovon-Dumoulin
Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea
Turistica Au pays des villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en
couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 €
(port compris) à son ordre.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Coup de colère
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ARAD
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BUCAREST
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Tourisme
Parties
de chasse en Vâlcea
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Les organisations de chasseurs
ont compris l'intérêt qu'elles avaient
à faire connaître à l'étranger les possibilités qu'elles pouvaient offrir dans
ce domaine. Accidenté, couvert de
forêts, de vignobles, le judet de
Râmnicu Vâlcea est l'un des plus
attractifs, tant sa faune est abondante. Des groupes d'Italiens y viennent
fréquemment et repartent comblés
aussi bien par leurs tableaux de
chasse que par leur contact avec la
nature. Il n'est par rare de les voir
repartir avec une quarantaine de perdrix qu'ils paient 10 € pièce, une
vingtaine de faisans (60 €, 400 F) et
autant de lièvres (35 €, 230 F).
Leur séjour est encadré et guidé
par les associations locales qui
récupèrent ainsi environ 2000 € par
partie de chasse, argent censé être
utilisé pour la protection du milieu et
le développement des activités
cynégétiques.
52 projets financés
par la Wallonie
La région de Wallonie a décidé de
financer 52 projets de coopération
avec la Roumanie portant sur les
années 2003 et 2004. Les Belges
francophones vont consacrer leurs
efforts aux domaines de l'agriculture
et du tourisme rural, de l'emploi et de
la formation, de l'économie, du social
et de la culture. Des bourses seront
accordées pour des stages d'interprètes et de professeurs de français.
L'ouverture d'un centre d'études de
la Francophonie est envisagée.
La souffrance de Doïna, professeur
de français à Nantes, depuis 20 ans
"A force d'être martelés, les clichés sur
les Roumains s'imprègnent fortement
dans la conscience des Français"
D
ans un courrier publié par le quotidien Ouest-France, Doïna Le Noay
nantaise d'origine roumaine, professeur de français dans un lycée, et présidente de l'Association des Roumains de Loire Atlantique a réagi devant
les clichés accolés par les médias à son pays natal.
" Si j'ai pris la décision de m'adresser à votre journal ce n'est pas pour parler de la
chance que j'ai de vivre à Nantes depuis 20 ans, de faire un travail que j'aime, d'avoir
des collègues et des amis qui me sont chers. C'est que ces derniers temps, comme tous
les Roumains, je vis un état de malaise.
Nous en avons longuement débattu lors de l'assemblée générale de l'association
du mois d'octobre dernier.
Nous sommes des Français d'origine roumaine, des jeunes et de moins jeunes,
tous intégrés dans le monde du travail de la région, dans des domaines très divers : services, médecine, arts, artisanat, enseignement, etc. Nous participons à la vie sociale
par notre famille et par les activités de bénévolat. Ce qu'on appelle "la majorité silencieuse", qui n'a rien de sensationnel pour intéresser les médias.
Nous sommes riches de deux cultures que nous avons faites nôtres, et dont nous
sommes fiers, mais aujourd'hui nous sommes indignés, affligés, voire blessés.
De manière récurrente, presque obsessionnelle, les mêmes titres, les mêmes
images, devenus clichés, sur la Roumanie et les Roumains, s'imprègnent fortement, à
force d'être martelés, dans la conscience des Français.
Le cœur serré, nous reconnaissons que ces images sont réelles. Il y a beaucoup
d'enfants dans les orphelinats en Roumanie; il y a des Tziganes qui encombrent ici des
camps et des rues ; il y a aussi des Roumains qui, chassés par la fermeture des usines,
viennent chercher du travail en France et se font déloger par les équipes du GIR ; il y
a aussi ceux qui profitent de la misère et de la déroute de leurs concitoyens.
Voilà l'image que peut avoir aujourd'hui un Français qui n'a jamais été en
Roumanie pour apprécier l'hospitalité de ses habitants et l'authenticité de ses campagnes ou celui qui n'a pas eu l'occasion de connaître le patrimoine intellectuel et artistique légué par ses créateurs à la culture universelle.
"Quand elle est réductrice, une image peut devenir fausse"
Cela me rappelle une situation anecdotique, personnelle. Avant 1990, ma mère me
téléphonait parfois, sans objet précis apparent, juste pour se rassurer que j'étais bien
portante et surtout que je me trouvais bien à Nantes. C'est qu'à cette époque en
Roumanie les seules images qu'on donnait au journal télévisé sur la France étaient les
incendies de forêts du Midi, en été, et les "soupes populaires" de Paris, en hiver. Sales
images réductrices !
Est-il juste de bafouer vingt millions de Roumains à cause d'une minorité de
0,1 % ? Nous savons tous que les médias ont des exigences d'écoute, mais trop c'est
trop, et c'est pour cela que j'ai pris la plume.
Je ne peux finir sans rappeler le soutien moral et les encouragements que nous
avons reçus de la part des Français qui connaissent une autre Roumanie. Nous les
remercions et nous les assurons que, malgré tout, nous cultiverons les vertus ancestrales d'accueil et d'amitié chères à notre âme et à notre peuple.
Réunis pour fêter le Noël roumain le 21 décembre, en association, nous nous
sommes préparés pour mieux apprécier celui du 25 au sein de nos familles. Avoir deux
Noël, cela fait partie de notre chance".
Doïna Le Noay
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Les restes du roi controversé
et d'Elena Lupescu rapatriés du Portugal en Roumanie
Politique
Après 63 années d'exil, Carol II retrouve sa terre natale
C
e début d'année a été marqué
par deux évènements forts pour
la famille royale roumaine.
Après un long processus judiciaire, la Cour
d'Appel de Bucarest a reconnu le fils naturel de Carol II (1893-1953) et de Zizi
Lambrino comme enfant légitime. Carol
Mircea Grigore Lambrino, né en 1921, est
donc considéré comme le demi-frère du Roi
Michel, qui a un an de moins. Cette décision pourrait avoir des conséquences quand au partage des
biens de la Couronne, dont le château de Peles (Sinaïa), la
famille royale s'efforçant actuellement de les récupérer auprès
des autorités. Dans un communiqué, elle a fait savoir qu'elle se
pourvoirait devant la Cour Suprême de Justice et que, en tant
que chef de la famille royale, le Roi Michel était le seul à pouvoir se prononcer sur les questions d'ordre dynastique.
Agé aujourd'hui de 82 ans et atteint d'un cancer, Carol
Mircea Grigore, n'a jamais montré de vraies prétentions dans
ce domaine, ce qui n'est pas le cas de son fils, Paul Lambrino,
qui se fait appeler le Prince Paul de Roumanie et a entamé une
série de procès pour faire reconnaître son titre, en 1990. Carol
II et Zizi Lambrino s'étaient mariés secrètement en 1918, alors
que la Roumanie était en guerre. Officier, le prince héritier
I
avait déserté pour aller faire célébrer son
union à Odessa, en Ukraine. A son retour, il
avait été arrêté et interné dans un monastère. Le mariage avait été annulé.
Quelques années plus tard, après son
mariage en 1921 avec Elena de Grèce et la
naissance de son second fils, le futur Roi
Michel, la même année, il tombait éperdument amoureux d'une aventurière, Elena
Lupescu, provoquant un énorme scandale
dans le pays. Il l'épousera en 1949, lors de son exil au Portugal.
Mort en 1953, il sera inhumé dans le caveau de la famille royale portugaise, sa femme l'y rejoignant en 1977.
Cinquante ans après la disparition de Carol et après 63 ans
d'exil, le gouvernement roumain a décidé de rapatrier les deux
corps, ce qui a été fait le 14 février avec l'accord de la famille
royale. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien roi et
une cérémonie religieuse s'est déroulée dans la crypte du
monastère de Curtea de Arges où son cercueil a rejoint ceux de
ses ancêtres, en présence de la Princesse Margareta, fille aînée
du Roi Michel, de son mari, et de plusieurs représentants du
gouvernement. Les restes d'Elena Lupescu ont, eux, été
enterrés discrètement dans le jardin du monastère, seule une de
ses nièces étant autorisée à assister à la cérémonie.
Les logements des centre-villes davantage taxés
ntroduite dans la confusion, en janvier, la réforme des impôts immobiliers, a
conduit les Roumains propriétaires de leurs logements à prendre d'assaut leurs perceptions et à faire d'interminables queues dans le froid, avant qu'elle ne rentre en
application. Cette précipitation a été particulièrement visible à Bucarest, où le conseil municipal a attendu la dernière semaine de décembre pour voter les nouvelles dispositions.
Selon les termes de cette réforme, et sous peine d'amende pour tout retard après le 15
mars, chaque propriétaire doit présenter un plan actualisé de son habitation et y mentionner
les éventuels balcons et garages, désormais imposables. Par ailleurs, dans les villes divisées
Incohérence et confusion ont conduit en quatre zones dégressives (A, B, C, D), suivant leur éloignement du centre, la zone cende nombreux Bucarestois à faire
une nouvelle fois la queue trale A, voit ses taxes relevées.
pour payer leurs impôts.
A Bucarest, cette disposition a entraîné de nombreuses protestations, les habitants des
blocs, étant plus fortement imposés que les résidents de certains quartiers périphériques huppés. Toutefois, les propriétaires de logements d’ immeubles de plus de 3 étages et 8 appartements bénéficient désormais d'un abattement de 10 %. Les propriétaires possédant une deuxième habitation verront leur impôt majoré de 15 % pour celle-ci, de 50 % pour la 3ème, de 75 % pour la 4ème et de
100 % au-delà. Les propriétaires d'espaces commerciaux devront acquitter une taxe spéciale. Enfin, les handicapés, les chômeurs,
les bénéficiaires d'aides sociales ou de certaines allocations, pourront être exemptés ou voir leur impôt immobilier réduit.
L
e gouvernement a arrêté les
taux d'imposition sur le revenu pour l'année 2003, en fonction de l'inflation prévisible. Pour les
revenus mensuels inférieurs à 2 100 000
lei (60 €, 400 F), l'impôt, retiré directement chaque mois sur les salaires ou les
Impôts sur le revenu 2003 : de 18 à 40 % des gains
pensions, est de 18 %. Jusqu'à 5 200 000
lei (150 €, 1000 F), il est de 378 000 lei
(11,3 €, 75 F) plus 23 % pour la somme
dépassant 2 100 000 lei.
Jusqu'à 8 300 000 lei (250 €, 1650
F), il est de 1 091 000 lei (30 €, 200 F)
plus 28 % pour la somme dépassant le
seuil de 5 200 000 lei.
Jusqu'à 11 600 000 lei (335 €, 2230
F), il est de 1 959 000 lei (58 €, 380 F),
plus 34 % sur la somme dépassant 8 300
000 lei. Au-dessus, il est de 3 081 000 lei
(90 €, 600 F), plus 40 % sur les sommes
dépassant 11 600 000 lei.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Politique
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Adrian Nastase
le plus intelligent
et Ion Iliescu
le plus honnête…
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6
Réalisé à la fin de l'année, un
sondage d'opinion permet de se faire
une idée de la façon dont les
Roumains ressentent les personnages en vue de leur pays.
Ainsi, le Premier ministre, Adrian
Nastase est-il désigné comme le
Roumain le plus intelligent,
devançant le Président Ion Iliescu et
l'homme d'affaires à scandales,
Sorin Ovidiu Vântu… Peut-être les
personnes interrogées ont-elles
confondu intelligent et malin ? Îon
Iliescu est considéré comme le plus
honnête, devant le leader ultra-nationaliste du parti Romania Mare
(Grande Roumanie), Corneliu Vadim
Tudor… Le Président est aussi
considéré comme l'homme le plus
puissant du pays, devançant son
Premier ministre qui, lui, est désigné
comme l'homme de l'année devant
Ion Iliescu.
Le ministre des Affaires
étrangères, Mircea Geoana, dont on
parle souvent comme d'un premier
ministrable, obtient un lot de consolation avec le "prix" de l'élégance,
alors que le "meilleur parti", aux
yeux des Roumaines, est Ion Tiriac,
seconde fortune du pays, devant
Sorin Ovidiu Vântu. Pour l'ensemble
des Roumains, le comédien et chanteur Stefan Banica Junior apparaît
comme le plus beau d'entre eux,
devant le footballeur Adrian Mutu, et
la plus sexy des Roumaines est la
présentatrice de Romania 1,
Andreea Marin.
Iliescu-Nastase:
la paix armée
A
couteaux tirés depuis plus de six mois, Ion Iliescu et Adrian Nastase semblent avoir marqué une pause dans le conflit de pouvoir qui les oppose à
la tête de l'Etat. Après avoir subi les assauts de son Premier ministre,
visant à le marginaliser, le Président de la République a repris l'offensive, répondant
par une fin de non-recevoir à nombre de ses demandes de réformes d'ordre constitutionnel ou portant sur des élections anticipées.
Suivant le vœu de Bruxelles et de Washington, Ion Iliescu a même porté le combat sur le terrain de la corruption, contraignant le gouvernement à se séparer de nombreux chefs des services de la police, dénonçant nommément plusieurs hiérarques du
PSD (Parti Social Démocrate) au pouvoir, demandant aux parlementaires d'abandonner les fonctions qu'ils occupent dans les conseils d'administration d'entreprises, proposant d'instituer un impôt de 80 % sur les grosses fortunes… Pour autant, le Président
n'est pas allé encore jusqu'à se séparer de son Premier Ministre, sans-doute parce qu'il
n'est pas assuré de bénéficier d'un rapport de forces favorable sur le plan de l'arithmétique parlementaire. Adrian Nastase a accusé le coup, sans trop broncher, mais sa côte
de popularité a baissé dans les sondages de 14 pts, ne s'établissant plus qu'à 46 %.
Révolution culturelle pour les
fonctionnaires invités à être aimables
A
pprouvée par le ministre de l'Administration publique, Octav Cozmânca,
une ordonnance d'urgence risque de provoquer un véritable choc culturel
parmi les fonctionnaires roumains qui sont appelés à renoncer à leur vieux
réflexes bureaucratiques. Ceux-ci devront désormais faire preuve de professionnalisme, respecter la loi et les droits des citoyens, se montrer impartiaux, ne plus prétendre
et refuser tous avantages, pourboires, dessous de table (mita) liés à leurs fonctions. Ils
sont également invités à être aimables et à ne plus médire.
Mais le plus difficile pour les fonctionnaires sera de ne plus considérer leur
emploi comme une rente de fonction, de
respecter leurs horaires, de travailler
effectivement pendant leur service et de
ne plus s'absenter pour aller s'occuper de
leur jardin ou vaquer à d'autres occupations personnelles.
Aux yeux des Roumains, leur administration constitue une véritable plaie.
Ils savent qu'ils devront attendre dans
des queues interminables durant parfois
toute la journée, et le plus souvent revenir car il leur manquera toujours un
papier… tout cela pour seulement obtenir satisfaction à la plus simple de leurs
requêtes. Ils devront aussi affronter la
morgue, le regard rogne et excédé de
leurs interlocuteurs, glisser quelques
billets accompagnés de sourires imploPrésentation du code du fonctionnaire
de l’administration publique rants pour accélérer le cours des
par le ministre de tutelle, Octav Cozmânca. choses… et tout simplement faire resGazdaru, “Gardianul”, 19 dec. 2002
pecter leur bon droit.
Ce genre de réforme a été introduite, dans les années 60, dans les administrations
de plusieurs pays occidentaux, dont les lourdeurs étaient cependant dépourvues de
corruption et a mis de deux à trois décennies pour aboutir.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Coup de colère
L
Connaissance et découverte
"La méthode Sarkozy" à l'œuvre
aux dépens des Roumains de la région nantaise
e 9 octobre dernier, au petit matin, 280 gendarmes,
policiers, douaniers, agents du fisc, accompagnés
de dix interprètes, raflaient 102 Roumains dans la
région nantaise. Présentée comme un gigantesque coup de filet
destiné à démanteler les réseaux mafieux, l'opération aboutira
finalement à dix arrestations pour de simples délits de recel
d'objets volés, dont une visant un Nantais qui avait hébergé
quelques Roumains et qui sera inquiété pour "association de
malfaiteurs"… alors qu'il était seul en cause.
66 Roumains auront été mis en garde à vue, puis relâchés
dans la précipitation, faute d'éléments… si vite d'ailleurs qu'il
faudra aller rechercher certains d'entre-eux pour terminer l'enregistrement de leurs déclarations; 15 Roumains ont été poursuivis pour situation irrégulière (travail clandestin ou validité
du séjour terminée).
couverture. Les conditions de l'interpellation avaient été ellesmêmes particulièrement rudes, des femmes terrorisées, surprises en plein sommeil par l'irruption des policiers, étant
contraintes de justifier leur identité, alors qu'elles étaient en
chemise de nuit.
Le syndicat des officiers de police, ayant en mémoire la
sinistre "Rafle du Vélodrome d’hiver", s'est élevé contre "une
méthode rappelant une période historique où les forces de
l'ordre interpellaient des gens en raison de leur appartenance
à une religion".
Une presse complaisante:
le discrédit sur toute une communauté est jeté
Faillissant à ce qui devrait être son rôle, la presse régionale, reprise par la presse nationale, a fait chorus à cette opéraCinq jours avant la venue du ministre
tion médiatique du ministre de l'Intérieur. Dans toute la région
nantaise, des affichettes étaient placardées à l'entrée des
Cette intervention entrait dans le cadre de la politique de
bureaux de tabac et librairies, annonçant en gros caractères,
sécurité mise en place à grand renfort de publicité par le
"le démantèlement d'un réseau de plus de cent
ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkosy, et précédait
Roumains", d'énormes titre barrant les "une" des
justement sa venue très médiatisée à Nantes, cinq
journaux.
280 gendarmes
jours plus tard. Dirigée par le GIR (Groupement
L'effet était garanti auprès d’une population
d'Intervention Régionale), elle avait été comdéjà chauffée à blanc pendant l'été par le
et policiers
manditée par le procureur de la République et
déchaînement des médias sur "les prostituées,
le préfet des Pays de la Loire qui, dans une
voleurs, mendiants roumains", seules "réaraflent
lettre, avaient ordonné de contrôler la commulités" de la Roumanie qu'ils montrent. Par la
nauté roumaine, "devant la recrudescence des
suite, quand il s'est avéré que l'opération nan102 Roumains
vols à la tire et à la roulotte dans la région".
taise n'était que bluff et fiasco, aucun de ces
à l’aube. Seulement
Au cours des quinze jours de surveillance
journaux n'a eu la décence de le reconnaître.
précédents, la police n'avait guère constaté que
une poignée
des transferts de sacs poubelles dans un coffre
Le racisme n'est plus loin
de voiture. Au terme de son enquête, elle n'aura
sera poursuivie
saisi que des bouteilles de whisky, flacons de déoCette affaire, ainsi montée en épingle pour
dorants et autre maigres larcins de ce genre.
servir une ambition politique - peut importe qu'elle
soit de gauche ou de droite, puisque l'ancien ministre
socialiste de l'Intérieur, Daniel Vaillant, ne renie pas les
"Si un Roumain ouvre,
méthodes de son successeur de droite - et reprise sans discerinterpellez! Après, on verra…"
nement par les médias a des conséquences navrantes et palL'opération a provoqué des remous, notamment au SNOP
pables quotidiennement pour la communauté roumaine de la
(Syndicat National des Officiers de Police) qui a publié un
région nantaise, de plus en plus montrée du doigt.
communiqué dénonçant ce coup de bluff de la razzia chez les
Une jeune et charmante caissière d'une grande surface se
Roumains. Le SNOP a indiqué que " les policiers n'étaient pas
voyait souvent interrogée sympathiquement sur l'origine de
informés du contenu précis de la procédure et des objectifs de
"son joli accent" par ses clients. Aujourd'hui, lorsqu'elle dit
l'opération (…) le lieutenant-colonel dirigeant le GIR clamant:
qu'elle est Roumaine, les sourires se figent et la conversation
"frappez aux portes; si un Roumain ouvre, interpellez ! Après
s'arrête net.
on verra…".
A défaut de "délit de sale gueule", le racisme n'est plus
Le SNOP indique que les officiers de police nantais ont
loin, surtout si les autorités se laissent aller aux dérapages ou
été choqués par le résultat de cette affaire : "Bien qu'aucun fait
désignent du doigt les cibles. Début janvier, toujours à Nantes,
de vol à l'étalage reconnu par les Roumains mis en cause n'ait
une procureur, après avoir requis trois mois de prison contre
été rapproché de plaintes précises, neuf d'entre-eux ont été
deux Roumains qui avaient volé des parfums, a crû bon de
écroués". Quand à la garde à vue, elle s'est effectuée hors
rajouter : "Il faut endiguer ce phénomène de personnes, le plus
norme, les gendarmes enfermant une trentaine d'hommes et
souvent d'origine roumaine, qui viennent en France pour comfemmes dans 30 m2, toute une nuit, sans fournir la moindre
mettre des vols et alimenter des réseaux".
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Francophonie
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Les francophones peuvent désormais
passer leur baccalauréat à Bucarest
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La concurrence
du lycée américain
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Le lycée français Anna de Noailles
accueille près de 450 élèves
Environ 70 personnes, enseignants compris, assurent le fonctionnement du lycée, le personnel administratif et de service étant le plus
souvent roumain. Les 30-40 professeurs sont pour moitié français.
Quelques uns ont été détachés de
l'Education nationale française pour
deux contrats de trois ans chacun, et
bénéficient d'un statut très intéressant qui, avec les indemnités d'expatriation, non imposables, permet de
doubler, voire plus, leur salaire, celuici étant versé en France.
D'autres, mariées à un Roumain
ou ayant suivi un conjoint en
Roumanie, bénéficient d'un statut
moins avantageux de résident. Il
existe aussi les "faux résidents",
recrutés en France pour trois mois et
qui restent sur place. Enfin, des
enseignants roumains et étrangers,
parlant français, sont embauchés
localement. Plus vieil établissement
étranger à Bucarest, le lycée français
a bien besoin de cette équipe pour
faire front à la montée de l'anglais,
seul concurrent sur place. Si les
Britanniques ont ouvert un établissement modeste, le collège américain a
d'autres prétentions. Il accueille déjà
plus de 400 élèves, bien que le coût
de l'inscription soit dissuasif, 15 000
€ (100 000 F) par an, soit près de
sept fois supérieur.
Pour résister, le lycée de la strada
Cristian Tell mise sur la réputation de
la culture française et de son enseignement. Il s'y est encouragé en se
donnant le nom d'une grande poétesse, devenue française par son mariage, et descendante d'une illustre
ligne de voïvodes roumains, les
Brancoveanu: Anna de Noailles.
L
e lycée français Anna de Noailles, de Bucarest, pourrait être un bon
baromètre du développement des relations entre les deux pays. Son proviseur pensait enregistrer une progression continue des effectifs. De fait, il
n'en est rien. Quarante élèves se présentent pour entrée en sixième... et ne sont plus
que vingt, l'année suivante. L'explication est simple et courante : une grosse société,
comme Carrefour, a envoyé ses cadres pendant un an ou deux pour son installation et
les rapatrie une fois celle-ci assurée, laissant son personnel roumain prendre les choses
en main. Des familles, aussi, se séparent, les enfants suivant leur mère en France.
Ces fluctuations ne sont guère prévisibles et difficiles à gérer, pour un établissement qui a comme mission première d'accueillir les enfants de français installés en
Roumanie. Ceux-ci peuvent y suivre un cursus scolaire intégral, de la maternelle, où
ils sont les plus nombreux, au baccalauréat, avec trois options proposées (littéraire,
scientifique, économique et sociale) et quatre langues étrangères, roumain, anglais,
espagnol, allemand, enseignées.
Des élèves de 35 nationalités
Le Lycée accueille entre 430 et 450 élèves, de 4 à 18 ans, dont la moitié de
Français, un quart de Roumains et un quart d'étrangers. Ces derniers, Coréens,
Brésiliens, Espagnols - au total, 35 nationalités - souvent enfants de diplomates, l'ont
choisi pour la continuité de l'enseignement. Les lycées français existent un peu partout
dans le monde, organisés de la même façon, ce qui rassure les parents appelés à être
mutés d'une capitale à une autre, tous les 3-4 ans.
Quant aux Français, prioritaires pour s'inscrire, devant les élèves ayant déjà bénéficié d' un enseignement "à la française", avec leurs frères et sœurs et les ressortissants des autres pays de l'UE, ils y trouvent l'assurance d'un enseignement identique à
celui de la Métropole. L'établissement a un partenariat avec l'académie de MetzNancy pour la pédagogie et est rattaché à celle de Strasbourg pour les examens, brevet des collèges et baccalauréat, ces diplômes ayant la même valeur qu'en France.
Le Lycée Anna de Noailles est d'ailleurs devenu centre d'examen pour la région.
Une dizaine d'élèves du lycée français de Sofia viennent y passer leur baccalauréat.
Auparavant, candidats de Bucarest et de la capitale bulgare devaient se rendre à
Vienne. Maintenant, ce déplacement n'est plus nécessaire que dans le cas d'un oral de
rattrapage, lequel n'a concerné que deux des 25 élèves de terminale, en 2002. Depuis
deux ans, l'établissement se flatte d'un taux de réussite à 100 %. Il n'y a dans ce résultat aucune complaisance: les copies sont corrigées à Strasbourg.
Les Roumains se font de plus en plus rares
Les Roumains sont considérés comme de bons élèves, studieux. Chaque année,
deux ou trois d'entre eux décrochent une mention très bien au Bac, et obtiennent des
bourses d'excellence pour continuer leurs études en France. Leur Bac français est
reconnu en équivalence avec le Bac de leur pays, à condition qu'ils réussissent un
examen de littérature roumaine. Mais ils sont de moins en moins nombreux.
Représentant un quart de l'effectif, ils ne sont pas prioritaires pour s'inscrire... et sont
même plutôt les derniers. La raison avancée est qu'il existe des lycées roumains avec
sections bilingues en français.
Les nouveaux élèves roumains se font même de plus en plus rares. Si les familles
françaises doivent acquitter 2000 € par an et par enfant pour qu'ils suivent les cours avec la possibilité de bénéficier de bourses - cette somme est encore plus élevée pour
les autres nationalités, et est inaccessible pour les Roumains.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Voisins
A
Actualité
Criminalité et routes peu sûres sont
de véritables plaies pour la Bulgarie
vec plus de 120 attentats à la bombe, 40 assassinats visant des personnalités publiques et de nombreux vols à main armés, commis au cours de la
seule année 2002, la Bulgarie est considérée comme le pays au
plus fort taux de criminalité de l'Europe du Sud-Est. Le
meurtre du procureur chef militaire bulgare, Nikolai Kolev,
abattu en pleine rue de dix balles, la veille du réveillon, ajoute encore à ce sombre tableau.
Sur les 64 attaques à main armée visant des automobilistes, 24 ont concerné des étrangers (Roumains, Turcs,
Bosniaques et Grecs). Des bandes organisées de 5 à 10 criminels écument jour et nuit les principales routes bulgares, à la
recherche de véhicules providentiels, terrorisant et dépouillant
leurs passagers. Elles utilisent des équipements et des uniformes de policiers ou leur ressemblant fort pour accomplir
leurs méfaits, sans qu'une complicité de la police ait pu être
mise en évidence jusqu'ici.
Ces groupes reçoivent pourtant des informations des
postes frontières leur indiquant quelles sont les valeurs ou l'argent que les étrangers ont déclaré lors de leur passage en douane, repérant ainsi les voitures les plus intéressantes. La situation s'est pourtant un peu améliorée par rapport à 1997, année
où 220 attaques de ce genre avaient été enregistrées.
L'été dernier, la Turquie a conseillé à ses concitoyens d'éviter la Bulgarie pour se rendre en Europe Occidentale, quitte
à utiliser une route plus longue mais plus sûre, passant par la
Grèce et l'Italie. Les Roumains désireux d'aller à Istanbul sont
tentés de faire un détour par l'ex-Yougoslavie, la Macédoine et
la Grèce… soit un chemin trois fois plus long et coûteux.
Des forces spéciales de police
patrouilleront sur les grands axes
Le ministre de l'Intérieur bulgare, Gheorghi Petkanov, a
mis en cause des compagnies de tourisme étrangères qui
répandraient la rumeur que la police bulgare est impliquée
dans ce banditisme. Sans entrer plus dans les détails, il a indiqué "qu'un pays voisin (la Roumanie ? la Grèce ?) où la fréquentation touristique avait baissé de 15 % se faisait un malin
plaisir à noircir la situation pour détourner les visiteurs de la
Bulgarie et redresser la situation chez lui".
Le ministre n'en a pas moins décidé la création de forces
spéciales de police qui vont patrouiller à bord de 230 Opel
Vectra ou Astra, récemment acquises, sur les principales routes
de 8 des 28 départements du pays avec pour mission de mettre
un terme à ce phénomène.
En outre, à leur entrée en Bulgarie, les automobilistes
étrangers recevront une documentation en anglais et en turc les
mettant en garde, comprenant des photos permettant d'identifier les véritables véhicules et uniformes de la police.
La Pologne prépare son référendum d'adhésion à l'UE
Victoire du oui attendue malgré les euro-sceptiques
L
'année 2002 s'est achevée sur
un événement dont les
Polonais commencent seulement a mesurer la dimension historique et
morale. Une Europe a 25 est née a
Copenhague. L'année 2003 sera marquée
par la bataille autour du référendum
d'adhésion, qui pourrait se tenir le 8 juin
en Pologne. Son succès n'est pas garanti.
La méfiance, l'ignorance, la tentation
populiste et les intérêts particuliers, voire
la simple indifférence, font le jeu des
euro-sceptiques. La très catholique et
nationaliste Ligue des Familles Polonaise
(LPR) a fait de la lutte contre l'Union
européenne sa raison d'être, au nom de la
défense des intérêts polonais et de l'identité nationale. Et la LPR est soutenue par
la populaire station catholique Radio
Maryja, xénophobe et anti-européenne. A
l'autre extrémité, le populiste Lepper
dénonce la trahison des socio-démocrates
qui "vendent les paysans et ouvriers polonais au capital occidental". Après leurs
percées aux municipales, les partisans de
l'Europe auront fort à faire pour contrebalancer leur influence.
Faut-il en déduire que les Polonais
risquent de dire "non" au référendum?
Absolument pas. Tous les sondages prédisent entre 60 % et 70 % de "oui", mais le
résultat ne sera contraignant qu'avec une
participation de plus 50 % et c'est la que le
bât blesse. Les euro-enthousiastes battent
donc le rappel de leur troupes, de la
gauche post-communiste a la droite postSolidarnoç.
Le président Kwaniewski et le
Premier ministre Miller se préparent a
sillonner le pays pour y porter la bonne
parole européenne. Les libéraux de la
Plate-forme civique et les anciens chefs
de Solidarité, Lech Walesa en tête, se
mobilisent aussi de leur côté. 2003 s'annonce donc pour les Polonais comme
l'année des choix cruciaux.
Michel Mrozinski
(Le Courrier de Varsovie)
Radio free Europe
n'émettra plus
en roumain
A
la suite de restrictions
budgétaires, Radio Free
Europe et Voice of
América, ont décidé d'arrêter leurs
émissions en roumain (sauf à destination de la République de Moldavie),
hongrois, polonais, croate, langues
baltes, slovène, slovaque, bulgare et
tchèque. Financées par la CIA, ces
deux radios, basées autrefois à Munich
et aujourd'hui à Prague, étaient le seul
le média, sous le communisme, permettant aux populations des pays de
l'Est de se tenir informées.
Le président Bush a choisi d'accorder la priorité à la lutte anti-terroriste en décidant du lancement d'un
satellite TV de 30 M€ diffusant des
émissions en langue arabe destinées
notamment à l'Indonésie, le plus
important pays musulman du monde
(200 millions d'habitants).
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Voisins
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Le premier sondage scientifique sur
le comportement sexuel des Hongrois
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Permis de travail
pour étrangers
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4
Neuf partenaires pour
les hommes, quatre pour les femmes...
Le gouvernement a réglementé,
par ordonnance, les conditions dans
lesquelles les étrangers peuvent
venir travailler en Roumanie. Ceux-ci
devront solliciter des permis de travail auprès de l'OMFM (Office de
Migration des Travailleurs) qui seront
délivrés selon des quotas fixés
annuellement. Jusqu'à maintenant,
ces permis n'étaient accordés que si
les demandeurs montraient que leur
poste ne pouvait pas être occupé par
un Roumain. Toutefois, les étrangers
domiciliés en Roumanie, les citoyens
de l'UE, les employés de firmes
étrangères, les étudiants étrangers s'ils ne travaillent pas plus de quatre
heures par jour - pourront être dispensés de permis.
Deux milles personnes
concernées, dont
10 % de Français
Actuellement, environ 2000 étrangers, essentiellement basés à
Bucarest, possèdent un permis de
travail, dont un tiers de Turcs et 10
% de Français. 45 % occupent des
fonctions de direction. 40 % travaillent dans la production, 27 %
dans le commerce, 6 % dans la
construction et 5 % dans l'industrie
du jeu. 23 % ont un salaire inférieur
à 150 € (1000 F), 17 % jusqu'à 500
€ (3300 F), 13 % jusqu'à 1500 € (10
000 F), et 7 % au-dessus.
Dans ces statistiques n'entrent
pas en compte les salariés internationaux des firmes étrangères, ni les
personnels des ambassades ou
détachés par des administrations et
organismes étrangers.
U
n peu plus de 90% des hommes de plus de 18 ans et 78% des femmes du
même âge ont une vie sexuelle active, le Hongrois moyen a neuf partenaires sexuelles durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. C'est ce que
nous apprend un sondage représentatif réalisé en janvier dernier par l'Institut psychologique de l'Université des Sciences Loránd Eötvös de Budapest (ELTE) et l'Institut
de prospection de marché Marketing Centrum, lequel a interrogé mille hommes et
mille femmes. Ce premier sondage fait à ce sujet constate que 47 % des hommes et
plus de la moitié des femmes ont un problème sexuel quelconque.
En Hongrie où il y a 10,2 millions d'habitants, les femmes sont plus nombreuses,
d'un demi-million. Dans la génération des plus de 18 ans,
examinée par ELTE et Marketing Centrum, le nombre des
hommes est d'environ 3 600 000, celui des femmes d'environ 4 100 000. L'enquête qui a consisté à interroger mille
hommes et mille femmes à propos de leurs habitudes
sexuelles, démontre que trois quarts des personnes interrogées ont un compagnon ou une compagne (époux ou
concubin). 65% vivent ensemble avec leur partenaire, 91%
des hommes, 78% des femmes ont une vie sexuelle active.
Les hommes plus vantards
“La Cicciolina”, symbole
du sexe, est hongroise.
28% des sujets du sondage ont des liaisons avec plusieurs partenaires à la fois. Le
Hongrois moyen a neuf partenaires durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. Dans
la capitale, ce chiffre est de 12 chez les hommes et de 6 chez les femmes. En province il est de 7 pour les hommes et de 3 pour les femmes. Selon les résultats du sondage, les femmes, plus pudiques, oublient plus facilement leur aventures sexuelles tandis que les hommes préfèrent s'en vanter. Les hommes de cinquante ans sont les plus
nombreux à avoir ce genre d'attitude.
47% des hommes interrogés ont reconnu avoir des problèmes sexuels. 18% se
plaignent d'une éjaculation précoce, 15% disent que leur intérêt baisse pour la vie
sexuelle, 14% parlent de troubles érectiles. Les causes les plus fréquentes en sont le
tabagisme, l'obésité, le diabète, les médicaments contre un état dépressif ou des maladie chroniques. 40% des plus de 40 ans souffrent de troubles érectiles, ce problème ne
peut être considéré comme grave que dans 3% des cas. Le sondage indique que 40%
des hommes ne parlent jamais de ces troubles, 51% n'en parlent que rarement. Il n'y a
que 25% qui accepteraient de prendre des médicaments pour soigner ces troubles.
Parmi les hommes atteints, ce sont ceux d'âge moyen et les diplômés qui seraient les
plus susceptibles de prendre un aphrodisiaque, mais seulement 1% a déjà essayé.
Les riches font plus souvent l'amour
52% des femmes avouent un problème sexuel quelconque. 24% voient baisser
leur intérêt pour la vie sexuelle, 19% disent arriver difficilement jusqu'à l'orgasme, 9%
ne trouvent aucun plaisir dans l'acte sexuel.
Le sondage montre aussi que les plus riches font plus souvent l'amour. 25% des
plus riches parmi les personnes interrogées de 18 à 29 ans ont eu des relations
sexuelles dans les dix jours précédant le sondage (3,5 fois), 25% des plus pauvres, 2,4
fois. Cette correspondance est corroborée par un autre sondage régional qui a démontré que les femmes de la région la plus pauvre du pays, le nord-est de la Hongrie ont
le moins de partenaires sexuels et ont le plus rarement des rêves à contenu sexuel.
D'après “Le Journal Francophone de Budapest”
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Au début des années 90,
ceux-ci bénéficiaient d'avantages, également sous forme
de bourses de l'Etat français,
qui ne leur sont désormais
plus accordés, sauf s'il s'agit
pour eux de terminer des
études déjà entreprises.
on franchit la porte d'entrée,
on est en territoire français 22 strada Cristian Tell, il
accueille ses élèves dans un
pavillon ayant beaucoup de
cachet, mais où ils se trouvent un peu à l'étroit. Quatre
à cinq classes supplémentaires sont en cours de
construction et, dans l'attenEtablissement
te, les six classes de primaire
privé et payant
ont trouvé provisoirement
Ecole d'ambassade jusrefuge au lycée roumain
qu'en 1994, le lycée a tenté de
Caragiale.
devenir franco-roumain alors.
On y pratique les
Le lycée français Anna de Noailles accueille des élèves,
souvent enfants de diplomates, de la maternelle jusqu’au baccalauréat.
Le peu d'implication des autohoraires et les vacances à la
rités roumaines l'a conduit à devenir totalement français, sous
française, sauf pour le primaire où, à la demande des parents,
la forme d'un établissement privé conventionné et donc
l'école se termine à 14 h. Le midi, élèves et professeurs se
payant, géré par une association de parents d'élèves et le proretrouvent dans une ou deux salles pour prendre le repas qu'ils
viseur.
ont amené, à moins qu'ils n'achètent sandwichs et boissons
dans le petit bungalow en bois installé dans la cour.
Situé dans le périmètre de l'ambassade de France - quand
Internet
Partez à la découverte de palais et châteaux
A
en croire les brochures touristiques, la Roumanie ne possèderait que trois palais et châteaux : le palais Brâncoveanu
de Mogosoaia et les châteaux de Vlad Tepes à Bran et Peles, à Sinaia, où vivait la famille royale. Mais en parcourant
le pays, vous pourrez découvrir d'autres constructions toutes aussi remarquables, même si elles sont moins connues.
Le château de Iancu de Hunedoara (notre photo) construit au 14e siécle, en cours de restauration, est un parfait exemple de ces
sites historiques méconnus. Restons dans le même judet avec la citadelle en ruine de Deva (1269) qui domine la cité. “Castelul
Huniazilor”, le plus vieil édifice de la ville de Timisoara, devenu musée du Banat, vaut un arrêt. Mais d'autres bâtiments tels, à
Bucarest, les palais Regal (royal) et de Cotroceni - ce dernier abrite désormais la Présidence de la République et on peut visiter son
musée - ou encore le château Stravechi (judet de Harghita), datant de 1450 et toujours habité, méritent tout autant votre attention.
L'intérêt de la Transylvanie ne se limite pas non plus à Peles et Bran (celui-ci valant beaucoup plus que son image commerciale de
"château de Dracula"). L'imposante forteresse de Fagaras (1310) construite en brique rose en lieu et place d'une ancienne forteresse en bois, impressionnera le visiteur. Et la liste ne s'arrête pas là : Castelul Poienari, Cetatea de Balta, Târgu Neamt (1375),
Râsnov, Rupea dominent leur cité qu'elles protégeaient, tout comme les forteresses de Colt, Carensebes, Slimnic ou Poenari qui ne
sont plus malheureusement que des ruines plus ou moins bien conservées.
On ne peut terminer cette présentation sans parler du très controversé "palais du Parlement", le 2ème plus grand bâtiment du
monde après le Pentagone, appelé plus communément "le palais de Ceausescu"… et qui pourtant ne possède aucun site Internet!
Alain Defline
Voici une liste de liens Internet où vous pourrez trouver informations et
photos, pour ceux d'entres vous qui veulent en savoir plus:
http://www.roplace.ro/brn_foto.htm
http://www.ici.ro/romania/turism/c_peles.html
http://www.cchr.ro/jud/turism/rom/2/24/24szarhegykastely.html
http://dumitru.lucian.free.fr/index.html
http://www.infotim.ro/mbt/b019/b0019.htm
http://cetateacolt.tripod.com/romana/id5.html
http://www.pitesti.ro/curtea_de_arges/aref/c1_h.htm
http://www.mtromania.ro
Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site
http://laroumanie.de-France.org,
partenaire des "Nouvelles de Roumanie"
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Connaissance et découverte
Humour
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Prévoyants
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Cri du coeur
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Blagues à la roumaine
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Sous Ceausescu, le doyen des
Roumains passe à la télévision. Le
présentateur l'invite à dire quelques
mots. Le vieil homme se tait.
- Je t'en prie, camarade, dis
quelque chose… tu passes en direct
sur Intervision, tous nos grands pays
socialistes te regardent.
Même silence butté.
- Allons camarade, maintenant
tu es sur Panavision… c'est le monde
entier qui te regarde
- Même les Américains ?
- Mais oui
- A l'aiiiiiide !
Histoire vraie
Rien ne sert
de courir...
Gare du Nord à Bucarest, Adina
attend dans le couloir du wagon le
départ de son train pour Craiova.
C'est l'été, il fait chaud, les fenêtres
sont baissées. Sur le quai, un retardataire arrive en courant, alors que
le convoi s'ébranle lentement.
L'homme, assez corpulent, en nage,
tente désespérément de le rattraper,
encouragé par les autres passagers
qui réussissent à l'agripper et à le
hisser sur le marchepied puis jusqu'à
eux. Epuisé, à bout de souffle, il s'écroule sur une banquette où on lui a
fait place, s'éponge le front, reprend
lentement sa respiration, se confond
en remerciements tout autours de lui.
Et, tandis que le train a déjà pris sa
vitesse, rassuré et ayant retrouvé
ses esprits, il demande: "C'est bien
le train pour Iasi ?".
Ceausescu et sa femme se préparent
pour une visite officielle en France. Le
"Conducator" demande a sa femme :
- T'as pensé à prendre les maillots de
bain?
- Pourquoi faire ?.
- Demain soir, on est invités à l'Opéra
au "Lac des cygnes".
- Dès que je rentre de l'école, je ne
vais pas jouer mais j'apprends mes
leçons, comme çà je n'ai pas besoin de
lumière.
- C'est très bien. A ton tour Bula…
- Moi, je regarde la télévision hongroise… comme çà c'est eux qui consomment le courant.
Chien et chat
Souvenirs
Dans leur chambre glacée, un couple
de petits vieux se serre sous la lumière de
l'ampoule pour lire le journal, tout en se
tenant chaud.
-Ah, si au moins on avait à manger,
çà nous rappellerait le bon temps… pendant la guerre.
Un chat et un chien se croisent à la
frontière hongroise. Le chat est très surpris de voir que le chien veut entrer en
Roumanie.
- Pourquoi tu viens chez nous ? lui
demande-t-il
- Parce qu'on m'a dit qu'on y menait
une vie de chien.
Economies
Bon sens
Le Conducator a ordonné que chaque
Roumain fasse des économies d'énergie.
La maîtresse interroge ses élèves :
- Dis moi, Cornel, que font tes
parents pour suivre les consignes de notre
grand leader aimé ?
- Maman, elle met la nourriture sur le
balcon et on a débranché le frigidaire
- Bravo, et toi Marian ?
- Taticule (papa), comment je suis
venu au monde ?
- C’est grâce à une cigogne, mon
garçon.
- Et ma sœur ?
- La même chose
- T'es vraiment bête ! Maman est si
jolie… et il faut que tu couches avec une
cigogne.
Le prix de l’essence
Infos pratiques
Ordinaire :
Super plus :
Sans plomb :
Euro Premium :
Gazole :
Euro Diesel :
23 750 lei (0,67 €, (4,42 F)
24 150 lei (0,68 €, (4,49 F)
22 800 lei (0,64 €, 4,22 F)
25 800 lei (0,73 €, 4,82 F)
17 450 lei (0,49 €,(3,23 F)
20 250 lei (0,57 €, 3,76 F)
Prix au 15 janvier fixés par la société nationale Petrom, les stations services de
son réseau ayant la possibilité de les majorer de 5 %.
Premier pas vers l'introduction de la référence Euro 4, Pétrom a commercialisé
des carburant de norme Euro 3 depuis le 1er juillet dernier (Euro Premium pour l'essence, Euro Diesel pour le gazole) dans 60 stations à travers le pays, en produisant
actuellement 5000 tonnes.
L'alignement sur les standards européens va lui demander un investissement de
200 M€ (1,3 milliards de F) par raffinerie. Rompetrol a annoncé de son côté qu'il
allait produire de l'Euro 3 dès cette année, tandis que Lukoil-Petrolel indique que sa
raffinerie en fournit déjà. La compagnie autrichienne OMV commercialise aussi ce
carburant qu'elle importe.
A
Actualité
La Roumanie sera le septième pays
d'une Europe de 484 millions d'habitants
u 1er janvier 2003, l'Union Européenne comptait
378,5 millions d'habitants. La population des dix
pays appelés à la rejoindre l'an prochain s'élève à
74,5 millions d'habitants, ce qui fait que l'UE, au 1er janvier
2004, aura 453 millions d'habitants. L'entrée prévue de la
Roumanie (22,5 millions, 7ème pays européen par sa population) et de la Bulgarie (8,7 millions), au 1er janvier 2007, portera ce total à 484 millions d'habitants.
En prenant en compte les populations des pays qui ont
vocation à y entrer ou qui appartiennent à son espace (la
Suisse, 7,3 millions, la Norvège, 4,4 millions, les ex-républiques de Yougoslavie, 20,2 millions, la Turquie, 63 millions), l'Europe représente un potentiel de population de 580
millions d'habitants (Chine, 1, 250 milliards, Inde, 1,100 milliards, USA, 266 millions, CEI, ex URSS, 250 millions, Japon,
130 millions).
Voici dans l'ordre le classement des populations des 27
pays que l'Union Européenne comptera en 2007 :
1. Allemagne (82,3 millions d'habitants); 2. France (59,6
millions); 3. Royaume Uni (59,1 millions); 4. Italie (56,5 millions); 5. Espagne (40,7 millions); 6. Pologne* (38,6 millions);
7. Roumanie** (22,5 millions), 8. Pays-Bas (16,2 millions), 9.
Grèce (11 millions); 10. Portugal (10,4 millions); 11.Belgique
(10,3 millions); 12. Hongrie* (10,2 millions); 13. République
Tchèque* (10,1 millions); 14. Suède (8,9 millions); 15.
Bulgarie** (8,7 millions); 16. Autriche (8,2 millions); 17.
Danemark (5,4 millions); 18. Slovaquie (5,4 millions); 19.
Finlande (5,2 millions); 20. Irlande (3,9 millions); 21.
Lituanie* (3,5 millions); 22. Lettonie* (2,3 millions); 23.
Slovénie* (2 millions); 24. Estonie* (1,4 millions); 25.
Chypre* (700 000); 26. Luxembourg (400 000), 27. Malte*
(400 000).
* : adhésion prévue en 2004
** : adhésion prévue en 2007
Malgré la perspective d'adhésion à l'UE,
le recyclage des voitures n'est pas rentré dans les mœurs
Les routes des pays de l'Est encombrées d'épaves
de recyclage du pays n'est que de 20 000
tonnes par an, alors qu'il en faudrait
150 000.
Largement plus de dix ans
“Et pourtant ça roule”: cet automobiliste
bucarestois ne manque pas d’humour...
mais il est vrai que les Trabant
rendent encore bien des services.
L
'adhésion prévue en 2004 de
plusieurs pays de l'Est amène
leurs gouvernements à introduire des réglementations pour recycler
les voitures qui ne sont plus en état de circuler. Mais ces mesures sont rarement
appliquées, faute de moyens, et de nombreux véhicules, ayant dépassé largement
leur durée de vie, roulent encore sur les
routes ou pourrissent sur des aires de stationnement et le long des trottoirs.
La Hongrie et la Slovénie sont les
deux pays ayant pris les dispositions les
plus sérieuses, mais le coût du recyclage
dissuade souvent leurs citoyens d'y
recourir. En Hongrie, 130 000 véhicules
sont déclarés impropres à la circulation
chaque année, mais les Hongrois préfèrent les abandonner dans des rues,
champs ou forêts. D'ailleurs la capacité
A partir de 2003, le prix de cette opération sera compris dans celui d'acquisition d'un véhicule neuf. Le pays s'attend à
une nouvelle vague d'épaves en 2005,
quand les voitures devront être obligatoirement équipées d'un pot catalytique, ce
qui éliminera automatiquement de la circulation les vieilles Trabant et Wartburg,
de fabrication allemande. La raison en est
simple: un tel dispositif coûterait plus
cher que le véhicule lui-même.
En Slovénie, quand sa vieille
Zastava, de fabrication yougoslave, n'en
peut vraiment plus, son propriétaire fera
tout pour ne pas avoir à payer la taxe de
recyclage qui coûte un sixième du salaire
mensuel moyen. Il la détaillera en pièces
de rechange, gardera la carrosserie dans
une cour où elle servira de poulailler…
en attendant une hypothétique amnistie
pour les contrevenants.
Sur les plus de dix millions de voitures qui circulent en Pologne, 55 % ont
plus de dix ans. 2,5 millions d'entre elles
devraient être immédiatement détruites,
et ce chiffre ne fait qu'augmenter.
En République Tchèque, l'âge moyen
des trois millions de voitures dépasse
quatorze ans. Les routes de Slovaquie
sont un véritable catalogue de l'ancienne
industrie automobile communiste. On y
rencontre des Skoda (Tchécoslovaquie),
Moskvici et Lada (URSS), Dacia, Oltcit
et ARO (Roumanie), Trabant et Wartburg
(RDA), Zastava… Les Slovaques importent aussi des vieilles voitures occidentales d'occasion qu'ils déclarent à la douane comme servant de pièces de rechange,
mais que l'on retrouve plus tard en circulation, dotées d'anciennes plaques d'immatriculation.
La Bulgarie vaste
cimetière de voitures
La Bulgarie, qui ne rentrera pas dans
l'UE avant 2007, tout comme la
Roumanie, apparaît comme un immense
cimetière de voitures. D'après le ministre
de l'Environnement, 600 000 véhicules
rouillent au bord des routes ou dans des
cours d'immeubles. Plus de 400 000 sont
inutilisables, faute de pièces de rechange.
En 1997, le gouvernement a lancé un plan
pour leur recyclage… Jusqu'ici seulement 500 véhicules ont été concernés.
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Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Actualité
Vie internationale
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2,2 milliards d'euros
de dettes à récupérer
auprès des pays
du tiers monde
2
La Roumanie a 2,24 milliards
d'euros (15 milliards de F) de dettes
à récupérer auprès de pays arabes
ou du tiers-monde, héritées pour l'essentiel de l'époque de Ceausescu qui
avait tourné sa politique diplomatique
et commerciale vers les pays du
tiers-monde. L'Irak est le plus gros
débiteur (1,7 milliards d'euros, 11 milliards de F), mais ce pays refuse de
rembourser quoi que ce soit tant qu'il
se trouve sous embargo. La Syrie
doit 170 M€ (1,120 milliards de F) et
la Libye 50 M€ (330 MF).
Bagdad est le plus gros
débiteur, devant Damas
Le Mozambique (140 M€, 925
MF), l'Angola, la Guinée, la
République centrafricaine, l'Angola,
les deux Congo, la Somalie, le
Soudan, sont aussi débiteurs pour un
total de 360 M€ (2,4 milliards de F).
Tous ces pays sont soit en état de
guerre, soit de post-guerre ou de
cessation de paiement et les organismes internationaux préconisent de
réduire de 90 % leurs dettes ainsi
que de ré échelonner le reliquat. La
Roumanie a donc peu de chances de
récupérer cet argent, bien qu'elle
envoie des missions diplomatiques et
fasse pression sur les organismes
internationaux pour obtenir des
garanties. Dans le cas du Soudan
(170 M€, 1,120 MF), elle essaie de
négocier pour transformer une partie
de la dette en investissement économique dans ce pays.
U
Irak : Bucarest engagera
des forces sur le terrain
ne semaine après l'initiative des huit pays de l'UE, emmenés par
l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, appelant à soutenir la position américaine sur la question de l'Irak, dix autres Etats, candidats à l'entrée dans
l'Union Européenne ou à l'OTAN, leur ont emboîté le pas, début février. Parmi ceuxci, tous anciens pays de l'Est, la Roumanie qui s'est montrée particulièrement réceptive aux thèses de Washington depuis que ses chances d'entrer dans l'organisation atlantique se sont précisées (1er janvier 2004, après l'approbation du Congrès américain).
La Roumanie a ainsi été le seul pays européen a signé un accord avec les USA,
exemptant les Américains de poursuites devant le Tribunal Pénal International, en cas
de crimes de guerre, contre l'humanité ou de génocide. A la mi-février, le gouvernement roumain a fait voter par le Parlement l'autorisation d'engager des troupes en Irak
pour combattre aux côtés des Américains.
Le contingent roumain pourrait compter entre 280 et 500 hommes, tous militaires
de carrière et volontaires, ayant eu parfois une expérience sur le terrain en Bosnie, au
Kosovo ou en Afghanistan. Il comprendrait quatre officiers supérieurs, un détachement du Génie, une compagnie de protection contre les armes nucléaires, chimiques
et bactériologiques, une compagnie de police militaire, un détachement sanitaire.
Par ailleurs, la base navale de Constantsa, les aéroports militaires de Timisoara,
Otopeni, Fetesti et Mihail Kogalniceanu sont mis à la disposition de l'OTAN pour servir de base logistique aux bateaux et aux avions stationnés en Italie et en Allemagne.
Ces sites ont reçu la visite d’experts américains.
Enfin, dans un autre registre, les autorités ont décidé de recenser les 4x4, jeeps,
bateaux à moteur, avions, hélicoptères, etc… en vue de leur éventuelle réquisition.
L'entrée dans l'OTAN conduit la Roumanie
à une restructuration de sa défense
Vers une armée professionnelle de
90 000 personnes et l'abandon du service militaire
L
'entrée dans l'OTAN, prévue au 1er janvier 2004, amène la Roumanie à
restructurer son armée pour, d'une force de défense, la transformer en une
force de sécurité et de coopération. Jusqu'en 1989, l'Armée, basée essentiellement sur la conscription, comptait 300 000 hommes et femmes (le service militaire était obligatoire pour les étudiantes). La Roumanie s'était engagée auprès de
l'OTAN à ramener ce chiffre à 140 000 militaires et civils à la fin 2002.
Au cours de la précédent décennie, les réformes visaient surtout à assurer le
contrôle des civils et à diminuer les effectifs puis, dans un second temps, a restructurer l'Armée en une force flexible et efficace, apte à assumer la défense du pays mais
aussi à participer à des opérations pour le maintien de la paix ou de défense collective. Les nouvelles structures amèneront les effectifs au niveau de 90 000 - 75 000 militaires et 15 000 civils - en 2007, l'Armée étant partagée, en fonction des missions, en
forces actives, destinées à défendre la Roumanie, à participer à des opérations internationales ou à assurer la sécurité collective, et en forces territoriales, chargées de soutenir les premières au cours des combats.
Le service militaire sera graduellement abandonné - il a été ramené à huit mois et
était de 14 mois en 1989 - les autorités visant à créer une armée professionnelle.
Jusqu'en 2005, les fonds alloués au budget militaire se chiffreront à 2,5 % du PIB.
A partir de 2004, en vue des opérations de maintien de la paix et de défense collective, la Roumanie mettra à disposition de l'OTAN : 4 compagnies de parachutistes,
2 bataillons d'infanterie, un bataillon de chasseurs alpins, une brigade mécanisée, une
compagnie de génie, une compagnie de police militaire, un détachement de déminage, 12 chasseurs Mig 21, un bombardier, quatre avions militaires de transport, deux
frégates, quatre bateaux lance-missiles, deux bateaux de scaphandriers.
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
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*Au 18 février 2003
Les NOUVeLLes
de ROUMANIe
Numéro 16, mars - avril 2003
Lettre d'information bimestrielle sur
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International, la Culture et l’Amitié)
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Siège social, rédaction :
8 Chemin de la Sécherie
44 300 Nantes, France
Tel-Fax : 02 40 49 79 94
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Directeur de la publication
Henri Gillet
Rédactrice en chef
Dolores Sîrbu-Ghiran
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Ont participé à ce numéro :
Bernard Camboulives, Leonard
Butucea, Nichita Sîrbu, Ovidiu
Gorea, Alain Defline, Philippe
Gillet, Doïna Le Noay, Franky
Blandeau, Marian Munteanu,
Martine et Jean Bovon-Dumoulin,
Jacquie Bernard.
Autres sources : agences de presse
et presse roumaines, françaises et
francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de
documentation ADICA
Impression : Helio Graphic
11 rue Louis Armand,
44 980, Sainte-Luce
Numéro de Commission paritaire:
1107 G 80172
ISSN 1624-4699
Dépôt légal: à parution
Prochain numéro : mai 2003
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Numéro 16 - Mars - Avril 2003
Les NOUVeLLes de ROUMANIe
Ses élèves interprètent Molière et Devos
sur les scènes de Roumanie et d'Europe
NOUVeLLes
ROUMANIe
Les
Infatigable Liliana
prof de français à Cluj
T
raductrice de plusieurs ouvrages aussi bien en
français-roumain que l'inverse, Liliana Somfalean
est aussi, et surtout, professeur de français au lycée
Mihai Eminescu de Cluj-Napoca. A ce titre, elle dirige, depuis
six ans, la troupe de théâtre francophone du lycée qui interprète aussi bien Molière que Jules Romain, Raymond Devos,
Michel de Ghelderode, Balzac, Boris Vian, Panaït Istrati, et, en
2002 Jacques Prévert. Des spectacles particuliers ont été réalisés pour fêter Saint-Exupéry,
Balzac, Hugo, Caragiale et Eminescu.
La petite troupe s'est produite en Roumanie et à l'étranger, participant aux fêtes de la francophonie à Cluj, à la journée européenne de Târgu-Mures, au festival francophone d'Arad. Le festival international de théâtre francophone l’accueille en Italie, à Naples, en Turquie à Istanbul, en République Tchèque à Brno, en Hongrie à Pécs, en Belgique à
Gand. Elle participe également à des échanges scolaires avec Toulouse, Waregen en Belgique, Huedin, Bistrita et Baia Mare en
Roumanie. Elle donne aussi des spectacles dont la recette est versée à l'orphelinat "Buchetel" ou à une maison des personnes âgées.
Bien des récompenses lui ont été attribuées : Prix spécial pour la poésie du spectacle en 1998 à Arad, Prix de la mise en scène
en 1999 à Brno, Premier prix à Arad en 2000, Premier prix au festival Caragiale.
Des déplacements à la charge des parents
52
Les élèves de Liliana au festival international
du théâtre francophone de Pécs, en Hongrie.
Le but poursuivi par Liliana Somfalean est triple : elle entend ouvrir l'esprit des adolescents à la culture française, les perfectionner dans la pratique
de la langue et leur permettre d'accéder à la connaissance des valeurs multiples véhiculées par les jeunes venus des différents horizons d'Europe.
Si l'on ajoute le projet de 2003, à savoir celui de se produire en Espagne,
le tableau est idyllique. Cependant la participation des élèves se fait de plus
en plus faible. Et comment ne le serait-elle pas quand on sait que les frais de
déplacements sont à la charge des parents ? Comment payer un voyage en
Espagne à son enfant quand on gagne entre 70 et 150 € par mois ? Alors,
Liliana "mendie" tous azimuts, chaque année, pour réduire la participation
financière des familles. Cette année, le Centre Culturel Français de Cluj
accordera 20 € par enfant, sur lesquels il faudra payer le séjour des chauffeurs.
Faire de la francophonie une raison de vivre et aimer
Réticences pour des raisons financières, mais aussi par lassitude, manque d'intérêt. Les
"valeurs" ont changé : s'enrichir de nouvelles connaissances, apprendre à aimer, à s'accepter… c'était bon dans le passé ! Comment en faire le but d'une vie quand on est confrontés
aux difficultés matérielles quotidiennes et qu'on sait que son voisin émigré en Italie gagne
six fois le salaire d'un professeur en fin de carrière.
Ce qu'on aime en Liliana, c'est son énergie inépuisable, son immense foi en la vie, son
amour du bonheur vrai, simple, celui qui est à notre portée. Mais c'est aussi sa modestie :
dès 1990 elle participait à des émissions télévisées retransmises en France, elle a côtoyé
des artistes, des écrivains (notamment le Prix Goncourt Dominique Fernandez, à qui elle a
fait découvrir le Maramures et qui en fait état dans son livre Rapsodie roumaine), mais
La jeune troupe a interprété
“Histoires”, d’après Jacques Prévert.
ses préoccupations sont restées les mêmes : donner de la joie à ses élèves et faire connaître
la culture française dont elle est imprégnée.
Liliana, certes… mais il y a sûrement d'autres professeurs comme elle en Roumanie, et on peut regretter que la France ne les
aide pas davantage, eux qui participent au rayonnement de sa culture.
Jacquie Bernard
de
SOMMAIRE
Actualité
L'Europe ne veut pas perdre son âme
Vie internationale, Voisins
2à5
Politique
6à8
Economie
9 à 12
13 à 15
Social
Société
Faits divers
Justice
Mon village
Vie quotidienne
Evénements
Minorités
Santé, Religion
Enseignement
Environnement
Sports , Insolite
16 et 17
18 et 19
20 et 21
22 et 23
24 à 27
28 et 29
30 et 31
32
33
35
Connaissance
et découverte
Livres
Cinéma
Musique, Variétés
Histoire
Tourisme
Coup de colère
Francophonie, Internet
Humour
Infos pratiques
Coup de coeur
Lettre d’information bimestrielle
36 et 37
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40 à 43
44 à 46
46 et 47
48 et 49
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52
L
'initiative de dix pays de l'Est candidats à l'Union Européenne et à l'OTAN
d'apporter un soutien marqué à Georges W. Bush dans sa volonté d'en
découdre avec l'Irak, sans en faire part à leurs futurs partenaires du "Vieux
continent" a choqué à Bruxelles. Elle a provoqué une réaction très vive de la France,
lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu dans la capitale belge. Cette démarche a
comme seule excuse d'avoir été encouragée par la publication, quelques jours plus tôt,
d'une lettre d'allégeance à Washington signée par Londres, Madrid, Rome, Lisbonne et
Copenhague, sans que les autres pays membres de l'UE n'en soient avertis et ceci en
contradiction avec la position arrêtée en commun peu avant.
Ces mauvaises manières augurent mal de l'avenir européen. Si l'on peut admettre
la persistance d'un syndrome de la sécurité face au voisin russe de la part de ses
anciens satellites, ces derniers doivent comprendre que la politique européenne ne
peut se concevoir qu'en fonction de ses intérêts propres et se décider que sur leur
continent. Même si elle prend en compte les liens transatlantiques, les solidarités et les
alliances traditionnelles, l'Europe n'entend pas être vassalisée.
Les pays de l'Est ne doivent pas s'y tromper. Leurs dirigeants, à l'inverse de leurs
opinions publiques, opposées aux trois-quarts à une intervention militaire en Irak sans
l'aval de l'ONU, se montrent trop volontiers prêts à jouer sur les deux tableaux. Ils
donnent le sentiment de vouloir profiter des avantages des uns et des autres, mais ne
réservent en retour leurs sourires qu'aux nouveaux alliés américains, qui leur apportent certes la garantie de la protection du bouclier de l'OTAN, mais face à un danger
devenu bien hypothétique.
L'UE n'a droit qu'à la soupe à la grimace : celle des revendications sur le montant
des aides accordées, des foires d'empoigne sur les subventions qu'il faut verser, des
récriminations en tous genres sur les droits, les places à occuper au sein de ses institutions. Et pourtant c'est elle qui finance la transition économique et sociale de ces
pays, c'est elle qui s'apprête à régler la lourde ardoise de leur adhésion, c'est elle qui
ouvre ses bras généreusement pour les accueillir. Et pas l’Amérique !
En s'affranchissant d'un minimum de solidarité envers leur future famille, les Dix
font penser à une fiancée qui choisirait d'aller s'amuser chez le voisin, jugé plus attirant, la veille de son mariage, lequel se montre tout émoustillé de cette bonne fortune.
Les pays de l'Est doivent y réfléchir : où est l'avenir pour eux ? S'ils n'y prennent
garde, les portes d'une UE qui peine tant à se construire une âme et ne veut surtout pas
la perdre pourraient bien se refermer.
Henri Gillet