Édition 2003-03-01 (PDF document)
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Numéro 16 - Mars - Avril 2003 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Ses élèves interprètent Molière et Devos sur les scènes de Roumanie et d'Europe NOUVeLLes ROUMANIe Les Infatigable Liliana prof de français à Cluj T raductrice de plusieurs ouvrages aussi bien en français-roumain que l'inverse, Liliana Somfalean est aussi, et surtout, professeur de français au lycée Mihai Eminescu de Cluj-Napoca. A ce titre, elle dirige, depuis six ans, la troupe de théâtre francophone du lycée qui interprète aussi bien Molière que Jules Romain, Raymond Devos, Michel de Ghelderode, Balzac, Boris Vian, Panaït Istrati, et, en 2002 Jacques Prévert. Des spectacles particuliers ont été réalisés pour fêter Saint-Exupéry, Balzac, Hugo, Caragiale et Eminescu. La petite troupe s'est produite en Roumanie et à l'étranger, participant aux fêtes de la francophonie à Cluj, à la journée européenne de Târgu-Mures, au festival francophone d'Arad. Le festival international de théâtre francophone l’accueille en Italie, à Naples, en Turquie à Istanbul, en République Tchèque à Brno, en Hongrie à Pécs, en Belgique à Gand. Elle participe également à des échanges scolaires avec Toulouse, Waregen en Belgique, Huedin, Bistrita et Baia Mare en Roumanie. Elle donne aussi des spectacles dont la recette est versée à l'orphelinat "Buchetel" ou à une maison des personnes âgées. Bien des récompenses lui ont été attribuées : Prix spécial pour la poésie du spectacle en 1998 à Arad, Prix de la mise en scène en 1999 à Brno, Premier prix à Arad en 2000, Premier prix au festival Caragiale. Des déplacements à la charge des parents 52 Les élèves de Liliana au festival international du théâtre francophone de Pécs, en Hongrie. Le but poursuivi par Liliana Somfalean est triple : elle entend ouvrir l'esprit des adolescents à la culture française, les perfectionner dans la pratique de la langue et leur permettre d'accéder à la connaissance des valeurs multiples véhiculées par les jeunes venus des différents horizons d'Europe. Si l'on ajoute le projet de 2003, à savoir celui de se produire en Espagne, le tableau est idyllique. Cependant la participation des élèves se fait de plus en plus faible. Et comment ne le serait-elle pas quand on sait que les frais de déplacements sont à la charge des parents ? Comment payer un voyage en Espagne à son enfant quand on gagne entre 70 et 150 € par mois ? Alors, Liliana "mendie" tous azimuts, chaque année, pour réduire la participation financière des familles. Cette année, le Centre Culturel Français de Cluj accordera 20 € par enfant, sur lesquels il faudra payer le séjour des chauffeurs. Faire de la francophonie une raison de vivre et aimer Réticences pour des raisons financières, mais aussi par lassitude, manque d'intérêt. Les "valeurs" ont changé : s'enrichir de nouvelles connaissances, apprendre à aimer, à s'accepter… c'était bon dans le passé ! Comment en faire le but d'une vie quand on est confrontés aux difficultés matérielles quotidiennes et qu'on sait que son voisin émigré en Italie gagne six fois le salaire d'un professeur en fin de carrière. Ce qu'on aime en Liliana, c'est son énergie inépuisable, son immense foi en la vie, son amour du bonheur vrai, simple, celui qui est à notre portée. Mais c'est aussi sa modestie : dès 1990 elle participait à des émissions télévisées retransmises en France, elle a côtoyé des artistes, des écrivains (notamment le Prix Goncourt Dominique Fernandez, à qui elle a fait découvrir le Maramures et qui en fait état dans son livre Rapsodie roumaine), mais La jeune troupe a interprété “Histoires”, d’après Jacques Prévert. ses préoccupations sont restées les mêmes : donner de la joie à ses élèves et faire connaître la culture française dont elle est imprégnée. Liliana, certes… mais il y a sûrement d'autres professeurs comme elle en Roumanie, et on peut regretter que la France ne les aide pas davantage, eux qui participent au rayonnement de sa culture. Jacquie Bernard de SOMMAIRE Actualité L'Europe ne veut pas perdre son âme Vie internationale, Voisins 2à5 Politique 6à8 Economie 9 à 12 13 à 15 Social Société Faits divers Justice Mon village Vie quotidienne Evénements Minorités Santé, Religion Enseignement Environnement Sports , Insolite 16 et 17 18 et 19 20 et 21 22 et 23 24 à 27 28 et 29 30 et 31 32 33 35 Connaissance et découverte Livres Cinéma Musique, Variétés Histoire Tourisme Coup de colère Francophonie, Internet Humour Infos pratiques Coup de coeur Lettre d’information bimestrielle 36 et 37 38 39 40 à 43 44 à 46 46 et 47 48 et 49 50 51 52 L 'initiative de dix pays de l'Est candidats à l'Union Européenne et à l'OTAN d'apporter un soutien marqué à Georges W. Bush dans sa volonté d'en découdre avec l'Irak, sans en faire part à leurs futurs partenaires du "Vieux continent" a choqué à Bruxelles. Elle a provoqué une réaction très vive de la France, lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu dans la capitale belge. Cette démarche a comme seule excuse d'avoir été encouragée par la publication, quelques jours plus tôt, d'une lettre d'allégeance à Washington signée par Londres, Madrid, Rome, Lisbonne et Copenhague, sans que les autres pays membres de l'UE n'en soient avertis et ceci en contradiction avec la position arrêtée en commun peu avant. Ces mauvaises manières augurent mal de l'avenir européen. Si l'on peut admettre la persistance d'un syndrome de la sécurité face au voisin russe de la part de ses anciens satellites, ces derniers doivent comprendre que la politique européenne ne peut se concevoir qu'en fonction de ses intérêts propres et se décider que sur leur continent. Même si elle prend en compte les liens transatlantiques, les solidarités et les alliances traditionnelles, l'Europe n'entend pas être vassalisée. Les pays de l'Est ne doivent pas s'y tromper. Leurs dirigeants, à l'inverse de leurs opinions publiques, opposées aux trois-quarts à une intervention militaire en Irak sans l'aval de l'ONU, se montrent trop volontiers prêts à jouer sur les deux tableaux. Ils donnent le sentiment de vouloir profiter des avantages des uns et des autres, mais ne réservent en retour leurs sourires qu'aux nouveaux alliés américains, qui leur apportent certes la garantie de la protection du bouclier de l'OTAN, mais face à un danger devenu bien hypothétique. L'UE n'a droit qu'à la soupe à la grimace : celle des revendications sur le montant des aides accordées, des foires d'empoigne sur les subventions qu'il faut verser, des récriminations en tous genres sur les droits, les places à occuper au sein de ses institutions. Et pourtant c'est elle qui finance la transition économique et sociale de ces pays, c'est elle qui s'apprête à régler la lourde ardoise de leur adhésion, c'est elle qui ouvre ses bras généreusement pour les accueillir. Et pas l’Amérique ! En s'affranchissant d'un minimum de solidarité envers leur future famille, les Dix font penser à une fiancée qui choisirait d'aller s'amuser chez le voisin, jugé plus attirant, la veille de son mariage, lequel se montre tout émoustillé de cette bonne fortune. Les pays de l'Est doivent y réfléchir : où est l'avenir pour eux ? S'ils n'y prennent garde, les portes d'une UE qui peine tant à se construire une âme et ne veut surtout pas la perdre pourraient bien se refermer. Henri Gillet Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z z BACAU z z z SIBIU z PITESTI z VASLUI BRASOV SINAIA CRAIOVA z GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z 2,2 milliards d'euros de dettes à récupérer auprès des pays du tiers monde 2 La Roumanie a 2,24 milliards d'euros (15 milliards de F) de dettes à récupérer auprès de pays arabes ou du tiers-monde, héritées pour l'essentiel de l'époque de Ceausescu qui avait tourné sa politique diplomatique et commerciale vers les pays du tiers-monde. L'Irak est le plus gros débiteur (1,7 milliards d'euros, 11 milliards de F), mais ce pays refuse de rembourser quoi que ce soit tant qu'il se trouve sous embargo. La Syrie doit 170 M€ (1,120 milliards de F) et la Libye 50 M€ (330 MF). Bagdad est le plus gros débiteur, devant Damas Le Mozambique (140 M€, 925 MF), l'Angola, la Guinée, la République centrafricaine, l'Angola, les deux Congo, la Somalie, le Soudan, sont aussi débiteurs pour un total de 360 M€ (2,4 milliards de F). Tous ces pays sont soit en état de guerre, soit de post-guerre ou de cessation de paiement et les organismes internationaux préconisent de réduire de 90 % leurs dettes ainsi que de ré échelonner le reliquat. La Roumanie a donc peu de chances de récupérer cet argent, bien qu'elle envoie des missions diplomatiques et fasse pression sur les organismes internationaux pour obtenir des garanties. Dans le cas du Soudan (170 M€, 1,120 MF), elle essaie de négocier pour transformer une partie de la dette en investissement économique dans ce pays. U Irak : Bucarest engagera des forces sur le terrain ne semaine après l'initiative des huit pays de l'UE, emmenés par l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, appelant à soutenir la position américaine sur la question de l'Irak, dix autres Etats, candidats à l'entrée dans l'Union Européenne ou à l'OTAN, leur ont emboîté le pas, début février. Parmi ceuxci, tous anciens pays de l'Est, la Roumanie qui s'est montrée particulièrement réceptive aux thèses de Washington depuis que ses chances d'entrer dans l'organisation atlantique se sont précisées (1er janvier 2004, après l'approbation du Congrès américain). La Roumanie a ainsi été le seul pays européen a signé un accord avec les USA, exemptant les Américains de poursuites devant le Tribunal Pénal International, en cas de crimes de guerre, contre l'humanité ou de génocide. A la mi-février, le gouvernement roumain a fait voter par le Parlement l'autorisation d'engager des troupes en Irak pour combattre aux côtés des Américains. Le contingent roumain pourrait compter entre 280 et 500 hommes, tous militaires de carrière et volontaires, ayant eu parfois une expérience sur le terrain en Bosnie, au Kosovo ou en Afghanistan. Il comprendrait quatre officiers supérieurs, un détachement du Génie, une compagnie de protection contre les armes nucléaires, chimiques et bactériologiques, une compagnie de police militaire, un détachement sanitaire. Par ailleurs, la base navale de Constantsa, les aéroports militaires de Timisoara, Otopeni, Fetesti et Mihail Kogalniceanu sont mis à la disposition de l'OTAN pour servir de base logistique aux bateaux et aux avions stationnés en Italie et en Allemagne. Ces sites ont reçu la visite d’experts américains. Enfin, dans un autre registre, les autorités ont décidé de recenser les 4x4, jeeps, bateaux à moteur, avions, hélicoptères, etc… en vue de leur éventuelle réquisition. L'entrée dans l'OTAN conduit la Roumanie à une restructuration de sa défense Vers une armée professionnelle de 90 000 personnes et l'abandon du service militaire L 'entrée dans l'OTAN, prévue au 1er janvier 2004, amène la Roumanie à restructurer son armée pour, d'une force de défense, la transformer en une force de sécurité et de coopération. Jusqu'en 1989, l'Armée, basée essentiellement sur la conscription, comptait 300 000 hommes et femmes (le service militaire était obligatoire pour les étudiantes). La Roumanie s'était engagée auprès de l'OTAN à ramener ce chiffre à 140 000 militaires et civils à la fin 2002. Au cours de la précédent décennie, les réformes visaient surtout à assurer le contrôle des civils et à diminuer les effectifs puis, dans un second temps, a restructurer l'Armée en une force flexible et efficace, apte à assumer la défense du pays mais aussi à participer à des opérations pour le maintien de la paix ou de défense collective. Les nouvelles structures amèneront les effectifs au niveau de 90 000 - 75 000 militaires et 15 000 civils - en 2007, l'Armée étant partagée, en fonction des missions, en forces actives, destinées à défendre la Roumanie, à participer à des opérations internationales ou à assurer la sécurité collective, et en forces territoriales, chargées de soutenir les premières au cours des combats. Le service militaire sera graduellement abandonné - il a été ramené à huit mois et était de 14 mois en 1989 - les autorités visant à créer une armée professionnelle. Jusqu'en 2005, les fonds alloués au budget militaire se chiffreront à 2,5 % du PIB. A partir de 2004, en vue des opérations de maintien de la paix et de défense collective, la Roumanie mettra à disposition de l'OTAN : 4 compagnies de parachutistes, 2 bataillons d'infanterie, un bataillon de chasseurs alpins, une brigade mécanisée, une compagnie de génie, une compagnie de police militaire, un détachement de déminage, 12 chasseurs Mig 21, un bombardier, quatre avions militaires de transport, deux frégates, quatre bateaux lance-missiles, deux bateaux de scaphandriers. Les NOUVeLLes de ROUMANIe CHANGE* ( en lei ) Euro Franc Franc belge Franc suisse Dollar Forint hongrois 35 316 5 351 875 24 041 32 628 144 *Au 18 février 2003 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 16, mars - avril 2003 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel-Fax : 02 40 49 79 94 E-Mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Infos pratiques Nouveau ! le multi-abonnement Abonnez vos amis* et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement Afin de rendre l'abonnement plus accessible aux particuliers et de faciliter la tâche aux associations, collectivités, entreprises, qui souhaitent voir assurer par nos soins la diffusion de notre revue auprès de leurs membres ou collaborateurs, "Les Nouvelles de Roumanie" proposent une formule spéciale: le multi-abonnement Le système en est simple : vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant de 75 € à 56 € (Multi-abonnement Formule 2). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3), la réduction est de 40% (tarif de l'abonnement : 45 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement : 37,5 €). Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à la formule choisie. Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne et un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. (*dans la limite, au total, de quatre personnes) Ont participé à ce numéro : Bernard Camboulives, Leonard Butucea, Nichita Sîrbu, Ovidiu Gorea, Alain Defline, Philippe Gillet, Doïna Le Noay, Franky Blandeau, Marian Munteanu, Martine et Jean Bovon-Dumoulin, Jacquie Bernard. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises et francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de documentation ADICA Impression : Helio Graphic 11 rue Louis Armand, 44 980, Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1107 G 80172 ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro : mai 2003 ABONNEMENT Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Normal: 100 € TTC / an Associations et particuliers : 75 € TTC / an Nom:……………………………………………………………………………… Adresse :…………………………………………………………………………. Code postal :.......................Ville……………………........................................... 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Le vieil homme se tait. - Je t'en prie, camarade, dis quelque chose… tu passes en direct sur Intervision, tous nos grands pays socialistes te regardent. Même silence butté. - Allons camarade, maintenant tu es sur Panavision… c'est le monde entier qui te regarde - Même les Américains ? - Mais oui - A l'aiiiiiide ! Histoire vraie Rien ne sert de courir... Gare du Nord à Bucarest, Adina attend dans le couloir du wagon le départ de son train pour Craiova. C'est l'été, il fait chaud, les fenêtres sont baissées. Sur le quai, un retardataire arrive en courant, alors que le convoi s'ébranle lentement. L'homme, assez corpulent, en nage, tente désespérément de le rattraper, encouragé par les autres passagers qui réussissent à l'agripper et à le hisser sur le marchepied puis jusqu'à eux. Epuisé, à bout de souffle, il s'écroule sur une banquette où on lui a fait place, s'éponge le front, reprend lentement sa respiration, se confond en remerciements tout autours de lui. Et, tandis que le train a déjà pris sa vitesse, rassuré et ayant retrouvé ses esprits, il demande: "C'est bien le train pour Iasi ?". Ceausescu et sa femme se préparent pour une visite officielle en France. Le "Conducator" demande a sa femme : - T'as pensé à prendre les maillots de bain? - Pourquoi faire ?. - Demain soir, on est invités à l'Opéra au "Lac des cygnes". - Dès que je rentre de l'école, je ne vais pas jouer mais j'apprends mes leçons, comme çà je n'ai pas besoin de lumière. - C'est très bien. A ton tour Bula… - Moi, je regarde la télévision hongroise… comme çà c'est eux qui consomment le courant. Chien et chat Souvenirs Dans leur chambre glacée, un couple de petits vieux se serre sous la lumière de l'ampoule pour lire le journal, tout en se tenant chaud. -Ah, si au moins on avait à manger, çà nous rappellerait le bon temps… pendant la guerre. Un chat et un chien se croisent à la frontière hongroise. Le chat est très surpris de voir que le chien veut entrer en Roumanie. - Pourquoi tu viens chez nous ? lui demande-t-il - Parce qu'on m'a dit qu'on y menait une vie de chien. Economies Bon sens Le Conducator a ordonné que chaque Roumain fasse des économies d'énergie. La maîtresse interroge ses élèves : - Dis moi, Cornel, que font tes parents pour suivre les consignes de notre grand leader aimé ? - Maman, elle met la nourriture sur le balcon et on a débranché le frigidaire - Bravo, et toi Marian ? - Taticule (papa), comment je suis venu au monde ? - C’est grâce à une cigogne, mon garçon. - Et ma sœur ? - La même chose - T'es vraiment bête ! Maman est si jolie… et il faut que tu couches avec une cigogne. Le prix de l’essence Infos pratiques Ordinaire : Super plus : Sans plomb : Euro Premium : Gazole : Euro Diesel : 23 750 lei (0,67 €, (4,42 F) 24 150 lei (0,68 €, (4,49 F) 22 800 lei (0,64 €, 4,22 F) 25 800 lei (0,73 €, 4,82 F) 17 450 lei (0,49 €,(3,23 F) 20 250 lei (0,57 €, 3,76 F) Prix au 15 janvier fixés par la société nationale Petrom, les stations services de son réseau ayant la possibilité de les majorer de 5 %. Premier pas vers l'introduction de la référence Euro 4, Pétrom a commercialisé des carburant de norme Euro 3 depuis le 1er juillet dernier (Euro Premium pour l'essence, Euro Diesel pour le gazole) dans 60 stations à travers le pays, en produisant actuellement 5000 tonnes. L'alignement sur les standards européens va lui demander un investissement de 200 M€ (1,3 milliards de F) par raffinerie. Rompetrol a annoncé de son côté qu'il allait produire de l'Euro 3 dès cette année, tandis que Lukoil-Petrolel indique que sa raffinerie en fournit déjà. La compagnie autrichienne OMV commercialise aussi ce carburant qu'elle importe. A Actualité La Roumanie sera le septième pays d'une Europe de 484 millions d'habitants u 1er janvier 2003, l'Union Européenne comptait 378,5 millions d'habitants. La population des dix pays appelés à la rejoindre l'an prochain s'élève à 74,5 millions d'habitants, ce qui fait que l'UE, au 1er janvier 2004, aura 453 millions d'habitants. L'entrée prévue de la Roumanie (22,5 millions, 7ème pays européen par sa population) et de la Bulgarie (8,7 millions), au 1er janvier 2007, portera ce total à 484 millions d'habitants. En prenant en compte les populations des pays qui ont vocation à y entrer ou qui appartiennent à son espace (la Suisse, 7,3 millions, la Norvège, 4,4 millions, les ex-républiques de Yougoslavie, 20,2 millions, la Turquie, 63 millions), l'Europe représente un potentiel de population de 580 millions d'habitants (Chine, 1, 250 milliards, Inde, 1,100 milliards, USA, 266 millions, CEI, ex URSS, 250 millions, Japon, 130 millions). Voici dans l'ordre le classement des populations des 27 pays que l'Union Européenne comptera en 2007 : 1. Allemagne (82,3 millions d'habitants); 2. France (59,6 millions); 3. Royaume Uni (59,1 millions); 4. Italie (56,5 millions); 5. Espagne (40,7 millions); 6. Pologne* (38,6 millions); 7. Roumanie** (22,5 millions), 8. Pays-Bas (16,2 millions), 9. Grèce (11 millions); 10. Portugal (10,4 millions); 11.Belgique (10,3 millions); 12. Hongrie* (10,2 millions); 13. République Tchèque* (10,1 millions); 14. Suède (8,9 millions); 15. Bulgarie** (8,7 millions); 16. Autriche (8,2 millions); 17. Danemark (5,4 millions); 18. Slovaquie (5,4 millions); 19. Finlande (5,2 millions); 20. Irlande (3,9 millions); 21. Lituanie* (3,5 millions); 22. Lettonie* (2,3 millions); 23. Slovénie* (2 millions); 24. Estonie* (1,4 millions); 25. Chypre* (700 000); 26. Luxembourg (400 000), 27. Malte* (400 000). * : adhésion prévue en 2004 ** : adhésion prévue en 2007 Malgré la perspective d'adhésion à l'UE, le recyclage des voitures n'est pas rentré dans les mœurs Les routes des pays de l'Est encombrées d'épaves de recyclage du pays n'est que de 20 000 tonnes par an, alors qu'il en faudrait 150 000. Largement plus de dix ans “Et pourtant ça roule”: cet automobiliste bucarestois ne manque pas d’humour... mais il est vrai que les Trabant rendent encore bien des services. L 'adhésion prévue en 2004 de plusieurs pays de l'Est amène leurs gouvernements à introduire des réglementations pour recycler les voitures qui ne sont plus en état de circuler. Mais ces mesures sont rarement appliquées, faute de moyens, et de nombreux véhicules, ayant dépassé largement leur durée de vie, roulent encore sur les routes ou pourrissent sur des aires de stationnement et le long des trottoirs. La Hongrie et la Slovénie sont les deux pays ayant pris les dispositions les plus sérieuses, mais le coût du recyclage dissuade souvent leurs citoyens d'y recourir. En Hongrie, 130 000 véhicules sont déclarés impropres à la circulation chaque année, mais les Hongrois préfèrent les abandonner dans des rues, champs ou forêts. D'ailleurs la capacité A partir de 2003, le prix de cette opération sera compris dans celui d'acquisition d'un véhicule neuf. Le pays s'attend à une nouvelle vague d'épaves en 2005, quand les voitures devront être obligatoirement équipées d'un pot catalytique, ce qui éliminera automatiquement de la circulation les vieilles Trabant et Wartburg, de fabrication allemande. La raison en est simple: un tel dispositif coûterait plus cher que le véhicule lui-même. En Slovénie, quand sa vieille Zastava, de fabrication yougoslave, n'en peut vraiment plus, son propriétaire fera tout pour ne pas avoir à payer la taxe de recyclage qui coûte un sixième du salaire mensuel moyen. Il la détaillera en pièces de rechange, gardera la carrosserie dans une cour où elle servira de poulailler… en attendant une hypothétique amnistie pour les contrevenants. Sur les plus de dix millions de voitures qui circulent en Pologne, 55 % ont plus de dix ans. 2,5 millions d'entre elles devraient être immédiatement détruites, et ce chiffre ne fait qu'augmenter. En République Tchèque, l'âge moyen des trois millions de voitures dépasse quatorze ans. Les routes de Slovaquie sont un véritable catalogue de l'ancienne industrie automobile communiste. On y rencontre des Skoda (Tchécoslovaquie), Moskvici et Lada (URSS), Dacia, Oltcit et ARO (Roumanie), Trabant et Wartburg (RDA), Zastava… Les Slovaques importent aussi des vieilles voitures occidentales d'occasion qu'ils déclarent à la douane comme servant de pièces de rechange, mais que l'on retrouve plus tard en circulation, dotées d'anciennes plaques d'immatriculation. La Bulgarie vaste cimetière de voitures La Bulgarie, qui ne rentrera pas dans l'UE avant 2007, tout comme la Roumanie, apparaît comme un immense cimetière de voitures. D'après le ministre de l'Environnement, 600 000 véhicules rouillent au bord des routes ou dans des cours d'immeubles. Plus de 400 000 sont inutilisables, faute de pièces de rechange. En 1997, le gouvernement a lancé un plan pour leur recyclage… Jusqu'ici seulement 500 véhicules ont été concernés. 22 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Voisins z z BAIA MARE ORADEA CLUJ ARAD z DEVA z z IASI TARGU MURES z BACAU z SIBIU TIMISOARA Le premier sondage scientifique sur le comportement sexuel des Hongrois z SUCEAVA z z z GALATI z BRASOV z PITESTI z TULCEA z CRAIOVA z BUCAREST CONSTANTA z Permis de travail pour étrangers 22 4 Neuf partenaires pour les hommes, quatre pour les femmes... Le gouvernement a réglementé, par ordonnance, les conditions dans lesquelles les étrangers peuvent venir travailler en Roumanie. Ceux-ci devront solliciter des permis de travail auprès de l'OMFM (Office de Migration des Travailleurs) qui seront délivrés selon des quotas fixés annuellement. Jusqu'à maintenant, ces permis n'étaient accordés que si les demandeurs montraient que leur poste ne pouvait pas être occupé par un Roumain. Toutefois, les étrangers domiciliés en Roumanie, les citoyens de l'UE, les employés de firmes étrangères, les étudiants étrangers s'ils ne travaillent pas plus de quatre heures par jour - pourront être dispensés de permis. Deux milles personnes concernées, dont 10 % de Français Actuellement, environ 2000 étrangers, essentiellement basés à Bucarest, possèdent un permis de travail, dont un tiers de Turcs et 10 % de Français. 45 % occupent des fonctions de direction. 40 % travaillent dans la production, 27 % dans le commerce, 6 % dans la construction et 5 % dans l'industrie du jeu. 23 % ont un salaire inférieur à 150 € (1000 F), 17 % jusqu'à 500 € (3300 F), 13 % jusqu'à 1500 € (10 000 F), et 7 % au-dessus. Dans ces statistiques n'entrent pas en compte les salariés internationaux des firmes étrangères, ni les personnels des ambassades ou détachés par des administrations et organismes étrangers. U n peu plus de 90% des hommes de plus de 18 ans et 78% des femmes du même âge ont une vie sexuelle active, le Hongrois moyen a neuf partenaires sexuelles durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. C'est ce que nous apprend un sondage représentatif réalisé en janvier dernier par l'Institut psychologique de l'Université des Sciences Loránd Eötvös de Budapest (ELTE) et l'Institut de prospection de marché Marketing Centrum, lequel a interrogé mille hommes et mille femmes. Ce premier sondage fait à ce sujet constate que 47 % des hommes et plus de la moitié des femmes ont un problème sexuel quelconque. En Hongrie où il y a 10,2 millions d'habitants, les femmes sont plus nombreuses, d'un demi-million. Dans la génération des plus de 18 ans, examinée par ELTE et Marketing Centrum, le nombre des hommes est d'environ 3 600 000, celui des femmes d'environ 4 100 000. L'enquête qui a consisté à interroger mille hommes et mille femmes à propos de leurs habitudes sexuelles, démontre que trois quarts des personnes interrogées ont un compagnon ou une compagne (époux ou concubin). 65% vivent ensemble avec leur partenaire, 91% des hommes, 78% des femmes ont une vie sexuelle active. Les hommes plus vantards “La Cicciolina”, symbole du sexe, est hongroise. 28% des sujets du sondage ont des liaisons avec plusieurs partenaires à la fois. Le Hongrois moyen a neuf partenaires durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. Dans la capitale, ce chiffre est de 12 chez les hommes et de 6 chez les femmes. En province il est de 7 pour les hommes et de 3 pour les femmes. Selon les résultats du sondage, les femmes, plus pudiques, oublient plus facilement leur aventures sexuelles tandis que les hommes préfèrent s'en vanter. Les hommes de cinquante ans sont les plus nombreux à avoir ce genre d'attitude. 47% des hommes interrogés ont reconnu avoir des problèmes sexuels. 18% se plaignent d'une éjaculation précoce, 15% disent que leur intérêt baisse pour la vie sexuelle, 14% parlent de troubles érectiles. Les causes les plus fréquentes en sont le tabagisme, l'obésité, le diabète, les médicaments contre un état dépressif ou des maladie chroniques. 40% des plus de 40 ans souffrent de troubles érectiles, ce problème ne peut être considéré comme grave que dans 3% des cas. Le sondage indique que 40% des hommes ne parlent jamais de ces troubles, 51% n'en parlent que rarement. Il n'y a que 25% qui accepteraient de prendre des médicaments pour soigner ces troubles. Parmi les hommes atteints, ce sont ceux d'âge moyen et les diplômés qui seraient les plus susceptibles de prendre un aphrodisiaque, mais seulement 1% a déjà essayé. Les riches font plus souvent l'amour 52% des femmes avouent un problème sexuel quelconque. 24% voient baisser leur intérêt pour la vie sexuelle, 19% disent arriver difficilement jusqu'à l'orgasme, 9% ne trouvent aucun plaisir dans l'acte sexuel. Le sondage montre aussi que les plus riches font plus souvent l'amour. 25% des plus riches parmi les personnes interrogées de 18 à 29 ans ont eu des relations sexuelles dans les dix jours précédant le sondage (3,5 fois), 25% des plus pauvres, 2,4 fois. Cette correspondance est corroborée par un autre sondage régional qui a démontré que les femmes de la région la plus pauvre du pays, le nord-est de la Hongrie ont le moins de partenaires sexuels et ont le plus rarement des rêves à contenu sexuel. D'après “Le Journal Francophone de Budapest” Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Au début des années 90, ceux-ci bénéficiaient d'avantages, également sous forme de bourses de l'Etat français, qui ne leur sont désormais plus accordés, sauf s'il s'agit pour eux de terminer des études déjà entreprises. on franchit la porte d'entrée, on est en territoire français 22 strada Cristian Tell, il accueille ses élèves dans un pavillon ayant beaucoup de cachet, mais où ils se trouvent un peu à l'étroit. Quatre à cinq classes supplémentaires sont en cours de construction et, dans l'attenEtablissement te, les six classes de primaire privé et payant ont trouvé provisoirement Ecole d'ambassade jusrefuge au lycée roumain qu'en 1994, le lycée a tenté de Caragiale. devenir franco-roumain alors. On y pratique les Le lycée français Anna de Noailles accueille des élèves, souvent enfants de diplomates, de la maternelle jusqu’au baccalauréat. Le peu d'implication des autohoraires et les vacances à la rités roumaines l'a conduit à devenir totalement français, sous française, sauf pour le primaire où, à la demande des parents, la forme d'un établissement privé conventionné et donc l'école se termine à 14 h. Le midi, élèves et professeurs se payant, géré par une association de parents d'élèves et le proretrouvent dans une ou deux salles pour prendre le repas qu'ils viseur. ont amené, à moins qu'ils n'achètent sandwichs et boissons dans le petit bungalow en bois installé dans la cour. Situé dans le périmètre de l'ambassade de France - quand Internet Partez à la découverte de palais et châteaux A en croire les brochures touristiques, la Roumanie ne possèderait que trois palais et châteaux : le palais Brâncoveanu de Mogosoaia et les châteaux de Vlad Tepes à Bran et Peles, à Sinaia, où vivait la famille royale. Mais en parcourant le pays, vous pourrez découvrir d'autres constructions toutes aussi remarquables, même si elles sont moins connues. Le château de Iancu de Hunedoara (notre photo) construit au 14e siécle, en cours de restauration, est un parfait exemple de ces sites historiques méconnus. Restons dans le même judet avec la citadelle en ruine de Deva (1269) qui domine la cité. “Castelul Huniazilor”, le plus vieil édifice de la ville de Timisoara, devenu musée du Banat, vaut un arrêt. Mais d'autres bâtiments tels, à Bucarest, les palais Regal (royal) et de Cotroceni - ce dernier abrite désormais la Présidence de la République et on peut visiter son musée - ou encore le château Stravechi (judet de Harghita), datant de 1450 et toujours habité, méritent tout autant votre attention. L'intérêt de la Transylvanie ne se limite pas non plus à Peles et Bran (celui-ci valant beaucoup plus que son image commerciale de "château de Dracula"). L'imposante forteresse de Fagaras (1310) construite en brique rose en lieu et place d'une ancienne forteresse en bois, impressionnera le visiteur. Et la liste ne s'arrête pas là : Castelul Poienari, Cetatea de Balta, Târgu Neamt (1375), Râsnov, Rupea dominent leur cité qu'elles protégeaient, tout comme les forteresses de Colt, Carensebes, Slimnic ou Poenari qui ne sont plus malheureusement que des ruines plus ou moins bien conservées. On ne peut terminer cette présentation sans parler du très controversé "palais du Parlement", le 2ème plus grand bâtiment du monde après le Pentagone, appelé plus communément "le palais de Ceausescu"… et qui pourtant ne possède aucun site Internet! Alain Defline Voici une liste de liens Internet où vous pourrez trouver informations et photos, pour ceux d'entres vous qui veulent en savoir plus: http://www.roplace.ro/brn_foto.htm http://www.ici.ro/romania/turism/c_peles.html http://www.cchr.ro/jud/turism/rom/2/24/24szarhegykastely.html http://dumitru.lucian.free.fr/index.html http://www.infotim.ro/mbt/b019/b0019.htm http://cetateacolt.tripod.com/romana/id5.html http://www.pitesti.ro/curtea_de_arges/aref/c1_h.htm http://www.mtromania.ro Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site http://laroumanie.de-France.org, partenaire des "Nouvelles de Roumanie" 49 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Francophonie z z ARAD z BAIA MARE ORADEA CLUJ z z TIMISOARA z IASI z HUNEDOARA z BRAN PITESTI z z z BACAU GALATI z SIBIU CRAIOVA z BRASOV z Les francophones peuvent désormais passer leur baccalauréat à Bucarest z SUCEAVA TARGU MURES z SINAIA z z z PLOIESTI BUCAREST TULCEA CONSTANTA z La concurrence du lycée américain 48 22 Le lycée français Anna de Noailles accueille près de 450 élèves Environ 70 personnes, enseignants compris, assurent le fonctionnement du lycée, le personnel administratif et de service étant le plus souvent roumain. Les 30-40 professeurs sont pour moitié français. Quelques uns ont été détachés de l'Education nationale française pour deux contrats de trois ans chacun, et bénéficient d'un statut très intéressant qui, avec les indemnités d'expatriation, non imposables, permet de doubler, voire plus, leur salaire, celuici étant versé en France. D'autres, mariées à un Roumain ou ayant suivi un conjoint en Roumanie, bénéficient d'un statut moins avantageux de résident. Il existe aussi les "faux résidents", recrutés en France pour trois mois et qui restent sur place. Enfin, des enseignants roumains et étrangers, parlant français, sont embauchés localement. Plus vieil établissement étranger à Bucarest, le lycée français a bien besoin de cette équipe pour faire front à la montée de l'anglais, seul concurrent sur place. Si les Britanniques ont ouvert un établissement modeste, le collège américain a d'autres prétentions. Il accueille déjà plus de 400 élèves, bien que le coût de l'inscription soit dissuasif, 15 000 € (100 000 F) par an, soit près de sept fois supérieur. Pour résister, le lycée de la strada Cristian Tell mise sur la réputation de la culture française et de son enseignement. Il s'y est encouragé en se donnant le nom d'une grande poétesse, devenue française par son mariage, et descendante d'une illustre ligne de voïvodes roumains, les Brancoveanu: Anna de Noailles. L e lycée français Anna de Noailles, de Bucarest, pourrait être un bon baromètre du développement des relations entre les deux pays. Son proviseur pensait enregistrer une progression continue des effectifs. De fait, il n'en est rien. Quarante élèves se présentent pour entrée en sixième... et ne sont plus que vingt, l'année suivante. L'explication est simple et courante : une grosse société, comme Carrefour, a envoyé ses cadres pendant un an ou deux pour son installation et les rapatrie une fois celle-ci assurée, laissant son personnel roumain prendre les choses en main. Des familles, aussi, se séparent, les enfants suivant leur mère en France. Ces fluctuations ne sont guère prévisibles et difficiles à gérer, pour un établissement qui a comme mission première d'accueillir les enfants de français installés en Roumanie. Ceux-ci peuvent y suivre un cursus scolaire intégral, de la maternelle, où ils sont les plus nombreux, au baccalauréat, avec trois options proposées (littéraire, scientifique, économique et sociale) et quatre langues étrangères, roumain, anglais, espagnol, allemand, enseignées. Des élèves de 35 nationalités Le Lycée accueille entre 430 et 450 élèves, de 4 à 18 ans, dont la moitié de Français, un quart de Roumains et un quart d'étrangers. Ces derniers, Coréens, Brésiliens, Espagnols - au total, 35 nationalités - souvent enfants de diplomates, l'ont choisi pour la continuité de l'enseignement. Les lycées français existent un peu partout dans le monde, organisés de la même façon, ce qui rassure les parents appelés à être mutés d'une capitale à une autre, tous les 3-4 ans. Quant aux Français, prioritaires pour s'inscrire, devant les élèves ayant déjà bénéficié d' un enseignement "à la française", avec leurs frères et sœurs et les ressortissants des autres pays de l'UE, ils y trouvent l'assurance d'un enseignement identique à celui de la Métropole. L'établissement a un partenariat avec l'académie de MetzNancy pour la pédagogie et est rattaché à celle de Strasbourg pour les examens, brevet des collèges et baccalauréat, ces diplômes ayant la même valeur qu'en France. Le Lycée Anna de Noailles est d'ailleurs devenu centre d'examen pour la région. Une dizaine d'élèves du lycée français de Sofia viennent y passer leur baccalauréat. Auparavant, candidats de Bucarest et de la capitale bulgare devaient se rendre à Vienne. Maintenant, ce déplacement n'est plus nécessaire que dans le cas d'un oral de rattrapage, lequel n'a concerné que deux des 25 élèves de terminale, en 2002. Depuis deux ans, l'établissement se flatte d'un taux de réussite à 100 %. Il n'y a dans ce résultat aucune complaisance: les copies sont corrigées à Strasbourg. Les Roumains se font de plus en plus rares Les Roumains sont considérés comme de bons élèves, studieux. Chaque année, deux ou trois d'entre eux décrochent une mention très bien au Bac, et obtiennent des bourses d'excellence pour continuer leurs études en France. Leur Bac français est reconnu en équivalence avec le Bac de leur pays, à condition qu'ils réussissent un examen de littérature roumaine. Mais ils sont de moins en moins nombreux. Représentant un quart de l'effectif, ils ne sont pas prioritaires pour s'inscrire... et sont même plutôt les derniers. La raison avancée est qu'il existe des lycées roumains avec sections bilingues en français. Les nouveaux élèves roumains se font même de plus en plus rares. Si les familles françaises doivent acquitter 2000 € par an et par enfant pour qu'ils suivent les cours avec la possibilité de bénéficier de bourses - cette somme est encore plus élevée pour les autres nationalités, et est inaccessible pour les Roumains. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Voisins A Actualité Criminalité et routes peu sûres sont de véritables plaies pour la Bulgarie vec plus de 120 attentats à la bombe, 40 assassinats visant des personnalités publiques et de nombreux vols à main armés, commis au cours de la seule année 2002, la Bulgarie est considérée comme le pays au plus fort taux de criminalité de l'Europe du Sud-Est. Le meurtre du procureur chef militaire bulgare, Nikolai Kolev, abattu en pleine rue de dix balles, la veille du réveillon, ajoute encore à ce sombre tableau. Sur les 64 attaques à main armée visant des automobilistes, 24 ont concerné des étrangers (Roumains, Turcs, Bosniaques et Grecs). Des bandes organisées de 5 à 10 criminels écument jour et nuit les principales routes bulgares, à la recherche de véhicules providentiels, terrorisant et dépouillant leurs passagers. Elles utilisent des équipements et des uniformes de policiers ou leur ressemblant fort pour accomplir leurs méfaits, sans qu'une complicité de la police ait pu être mise en évidence jusqu'ici. Ces groupes reçoivent pourtant des informations des postes frontières leur indiquant quelles sont les valeurs ou l'argent que les étrangers ont déclaré lors de leur passage en douane, repérant ainsi les voitures les plus intéressantes. La situation s'est pourtant un peu améliorée par rapport à 1997, année où 220 attaques de ce genre avaient été enregistrées. L'été dernier, la Turquie a conseillé à ses concitoyens d'éviter la Bulgarie pour se rendre en Europe Occidentale, quitte à utiliser une route plus longue mais plus sûre, passant par la Grèce et l'Italie. Les Roumains désireux d'aller à Istanbul sont tentés de faire un détour par l'ex-Yougoslavie, la Macédoine et la Grèce… soit un chemin trois fois plus long et coûteux. Des forces spéciales de police patrouilleront sur les grands axes Le ministre de l'Intérieur bulgare, Gheorghi Petkanov, a mis en cause des compagnies de tourisme étrangères qui répandraient la rumeur que la police bulgare est impliquée dans ce banditisme. Sans entrer plus dans les détails, il a indiqué "qu'un pays voisin (la Roumanie ? la Grèce ?) où la fréquentation touristique avait baissé de 15 % se faisait un malin plaisir à noircir la situation pour détourner les visiteurs de la Bulgarie et redresser la situation chez lui". Le ministre n'en a pas moins décidé la création de forces spéciales de police qui vont patrouiller à bord de 230 Opel Vectra ou Astra, récemment acquises, sur les principales routes de 8 des 28 départements du pays avec pour mission de mettre un terme à ce phénomène. En outre, à leur entrée en Bulgarie, les automobilistes étrangers recevront une documentation en anglais et en turc les mettant en garde, comprenant des photos permettant d'identifier les véritables véhicules et uniformes de la police. La Pologne prépare son référendum d'adhésion à l'UE Victoire du oui attendue malgré les euro-sceptiques L 'année 2002 s'est achevée sur un événement dont les Polonais commencent seulement a mesurer la dimension historique et morale. Une Europe a 25 est née a Copenhague. L'année 2003 sera marquée par la bataille autour du référendum d'adhésion, qui pourrait se tenir le 8 juin en Pologne. Son succès n'est pas garanti. La méfiance, l'ignorance, la tentation populiste et les intérêts particuliers, voire la simple indifférence, font le jeu des euro-sceptiques. La très catholique et nationaliste Ligue des Familles Polonaise (LPR) a fait de la lutte contre l'Union européenne sa raison d'être, au nom de la défense des intérêts polonais et de l'identité nationale. Et la LPR est soutenue par la populaire station catholique Radio Maryja, xénophobe et anti-européenne. A l'autre extrémité, le populiste Lepper dénonce la trahison des socio-démocrates qui "vendent les paysans et ouvriers polonais au capital occidental". Après leurs percées aux municipales, les partisans de l'Europe auront fort à faire pour contrebalancer leur influence. Faut-il en déduire que les Polonais risquent de dire "non" au référendum? Absolument pas. Tous les sondages prédisent entre 60 % et 70 % de "oui", mais le résultat ne sera contraignant qu'avec une participation de plus 50 % et c'est la que le bât blesse. Les euro-enthousiastes battent donc le rappel de leur troupes, de la gauche post-communiste a la droite postSolidarnoç. Le président Kwaniewski et le Premier ministre Miller se préparent a sillonner le pays pour y porter la bonne parole européenne. Les libéraux de la Plate-forme civique et les anciens chefs de Solidarité, Lech Walesa en tête, se mobilisent aussi de leur côté. 2003 s'annonce donc pour les Polonais comme l'année des choix cruciaux. Michel Mrozinski (Le Courrier de Varsovie) Radio free Europe n'émettra plus en roumain A la suite de restrictions budgétaires, Radio Free Europe et Voice of América, ont décidé d'arrêter leurs émissions en roumain (sauf à destination de la République de Moldavie), hongrois, polonais, croate, langues baltes, slovène, slovaque, bulgare et tchèque. Financées par la CIA, ces deux radios, basées autrefois à Munich et aujourd'hui à Prague, étaient le seul le média, sous le communisme, permettant aux populations des pays de l'Est de se tenir informées. Le président Bush a choisi d'accorder la priorité à la lutte anti-terroriste en décidant du lancement d'un satellite TV de 30 M€ diffusant des émissions en langue arabe destinées notamment à l'Indonésie, le plus important pays musulman du monde (200 millions d'habitants). 22 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique SUCEAVA z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA TIMISOARA z BAIA MARE IASI TARGU MURES z z z BRASOV z z z SIBIU z CURTEA DE ARGES CRAIOVA z z BACAU SINAIA z z BRAILA z z TULCEA BUCAREST CONSTANTA z Adrian Nastase le plus intelligent et Ion Iliescu le plus honnête… 22 6 Réalisé à la fin de l'année, un sondage d'opinion permet de se faire une idée de la façon dont les Roumains ressentent les personnages en vue de leur pays. Ainsi, le Premier ministre, Adrian Nastase est-il désigné comme le Roumain le plus intelligent, devançant le Président Ion Iliescu et l'homme d'affaires à scandales, Sorin Ovidiu Vântu… Peut-être les personnes interrogées ont-elles confondu intelligent et malin ? Îon Iliescu est considéré comme le plus honnête, devant le leader ultra-nationaliste du parti Romania Mare (Grande Roumanie), Corneliu Vadim Tudor… Le Président est aussi considéré comme l'homme le plus puissant du pays, devançant son Premier ministre qui, lui, est désigné comme l'homme de l'année devant Ion Iliescu. Le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana, dont on parle souvent comme d'un premier ministrable, obtient un lot de consolation avec le "prix" de l'élégance, alors que le "meilleur parti", aux yeux des Roumaines, est Ion Tiriac, seconde fortune du pays, devant Sorin Ovidiu Vântu. Pour l'ensemble des Roumains, le comédien et chanteur Stefan Banica Junior apparaît comme le plus beau d'entre eux, devant le footballeur Adrian Mutu, et la plus sexy des Roumaines est la présentatrice de Romania 1, Andreea Marin. Iliescu-Nastase: la paix armée A couteaux tirés depuis plus de six mois, Ion Iliescu et Adrian Nastase semblent avoir marqué une pause dans le conflit de pouvoir qui les oppose à la tête de l'Etat. Après avoir subi les assauts de son Premier ministre, visant à le marginaliser, le Président de la République a repris l'offensive, répondant par une fin de non-recevoir à nombre de ses demandes de réformes d'ordre constitutionnel ou portant sur des élections anticipées. Suivant le vœu de Bruxelles et de Washington, Ion Iliescu a même porté le combat sur le terrain de la corruption, contraignant le gouvernement à se séparer de nombreux chefs des services de la police, dénonçant nommément plusieurs hiérarques du PSD (Parti Social Démocrate) au pouvoir, demandant aux parlementaires d'abandonner les fonctions qu'ils occupent dans les conseils d'administration d'entreprises, proposant d'instituer un impôt de 80 % sur les grosses fortunes… Pour autant, le Président n'est pas allé encore jusqu'à se séparer de son Premier Ministre, sans-doute parce qu'il n'est pas assuré de bénéficier d'un rapport de forces favorable sur le plan de l'arithmétique parlementaire. Adrian Nastase a accusé le coup, sans trop broncher, mais sa côte de popularité a baissé dans les sondages de 14 pts, ne s'établissant plus qu'à 46 %. Révolution culturelle pour les fonctionnaires invités à être aimables A pprouvée par le ministre de l'Administration publique, Octav Cozmânca, une ordonnance d'urgence risque de provoquer un véritable choc culturel parmi les fonctionnaires roumains qui sont appelés à renoncer à leur vieux réflexes bureaucratiques. Ceux-ci devront désormais faire preuve de professionnalisme, respecter la loi et les droits des citoyens, se montrer impartiaux, ne plus prétendre et refuser tous avantages, pourboires, dessous de table (mita) liés à leurs fonctions. Ils sont également invités à être aimables et à ne plus médire. Mais le plus difficile pour les fonctionnaires sera de ne plus considérer leur emploi comme une rente de fonction, de respecter leurs horaires, de travailler effectivement pendant leur service et de ne plus s'absenter pour aller s'occuper de leur jardin ou vaquer à d'autres occupations personnelles. Aux yeux des Roumains, leur administration constitue une véritable plaie. Ils savent qu'ils devront attendre dans des queues interminables durant parfois toute la journée, et le plus souvent revenir car il leur manquera toujours un papier… tout cela pour seulement obtenir satisfaction à la plus simple de leurs requêtes. Ils devront aussi affronter la morgue, le regard rogne et excédé de leurs interlocuteurs, glisser quelques billets accompagnés de sourires imploPrésentation du code du fonctionnaire de l’administration publique rants pour accélérer le cours des par le ministre de tutelle, Octav Cozmânca. choses… et tout simplement faire resGazdaru, “Gardianul”, 19 dec. 2002 pecter leur bon droit. Ce genre de réforme a été introduite, dans les années 60, dans les administrations de plusieurs pays occidentaux, dont les lourdeurs étaient cependant dépourvues de corruption et a mis de deux à trois décennies pour aboutir. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Coup de colère L Connaissance et découverte "La méthode Sarkozy" à l'œuvre aux dépens des Roumains de la région nantaise e 9 octobre dernier, au petit matin, 280 gendarmes, policiers, douaniers, agents du fisc, accompagnés de dix interprètes, raflaient 102 Roumains dans la région nantaise. Présentée comme un gigantesque coup de filet destiné à démanteler les réseaux mafieux, l'opération aboutira finalement à dix arrestations pour de simples délits de recel d'objets volés, dont une visant un Nantais qui avait hébergé quelques Roumains et qui sera inquiété pour "association de malfaiteurs"… alors qu'il était seul en cause. 66 Roumains auront été mis en garde à vue, puis relâchés dans la précipitation, faute d'éléments… si vite d'ailleurs qu'il faudra aller rechercher certains d'entre-eux pour terminer l'enregistrement de leurs déclarations; 15 Roumains ont été poursuivis pour situation irrégulière (travail clandestin ou validité du séjour terminée). couverture. Les conditions de l'interpellation avaient été ellesmêmes particulièrement rudes, des femmes terrorisées, surprises en plein sommeil par l'irruption des policiers, étant contraintes de justifier leur identité, alors qu'elles étaient en chemise de nuit. Le syndicat des officiers de police, ayant en mémoire la sinistre "Rafle du Vélodrome d’hiver", s'est élevé contre "une méthode rappelant une période historique où les forces de l'ordre interpellaient des gens en raison de leur appartenance à une religion". Une presse complaisante: le discrédit sur toute une communauté est jeté Faillissant à ce qui devrait être son rôle, la presse régionale, reprise par la presse nationale, a fait chorus à cette opéraCinq jours avant la venue du ministre tion médiatique du ministre de l'Intérieur. Dans toute la région nantaise, des affichettes étaient placardées à l'entrée des Cette intervention entrait dans le cadre de la politique de bureaux de tabac et librairies, annonçant en gros caractères, sécurité mise en place à grand renfort de publicité par le "le démantèlement d'un réseau de plus de cent ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkosy, et précédait Roumains", d'énormes titre barrant les "une" des justement sa venue très médiatisée à Nantes, cinq journaux. 280 gendarmes jours plus tard. Dirigée par le GIR (Groupement L'effet était garanti auprès d’une population d'Intervention Régionale), elle avait été comdéjà chauffée à blanc pendant l'été par le et policiers manditée par le procureur de la République et déchaînement des médias sur "les prostituées, le préfet des Pays de la Loire qui, dans une voleurs, mendiants roumains", seules "réaraflent lettre, avaient ordonné de contrôler la commulités" de la Roumanie qu'ils montrent. Par la nauté roumaine, "devant la recrudescence des suite, quand il s'est avéré que l'opération nan102 Roumains vols à la tire et à la roulotte dans la région". taise n'était que bluff et fiasco, aucun de ces à l’aube. Seulement Au cours des quinze jours de surveillance journaux n'a eu la décence de le reconnaître. précédents, la police n'avait guère constaté que une poignée des transferts de sacs poubelles dans un coffre Le racisme n'est plus loin de voiture. Au terme de son enquête, elle n'aura sera poursuivie saisi que des bouteilles de whisky, flacons de déoCette affaire, ainsi montée en épingle pour dorants et autre maigres larcins de ce genre. servir une ambition politique - peut importe qu'elle soit de gauche ou de droite, puisque l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, Daniel Vaillant, ne renie pas les "Si un Roumain ouvre, méthodes de son successeur de droite - et reprise sans discerinterpellez! Après, on verra…" nement par les médias a des conséquences navrantes et palL'opération a provoqué des remous, notamment au SNOP pables quotidiennement pour la communauté roumaine de la (Syndicat National des Officiers de Police) qui a publié un région nantaise, de plus en plus montrée du doigt. communiqué dénonçant ce coup de bluff de la razzia chez les Une jeune et charmante caissière d'une grande surface se Roumains. Le SNOP a indiqué que " les policiers n'étaient pas voyait souvent interrogée sympathiquement sur l'origine de informés du contenu précis de la procédure et des objectifs de "son joli accent" par ses clients. Aujourd'hui, lorsqu'elle dit l'opération (…) le lieutenant-colonel dirigeant le GIR clamant: qu'elle est Roumaine, les sourires se figent et la conversation "frappez aux portes; si un Roumain ouvre, interpellez ! Après s'arrête net. on verra…". A défaut de "délit de sale gueule", le racisme n'est plus Le SNOP indique que les officiers de police nantais ont loin, surtout si les autorités se laissent aller aux dérapages ou été choqués par le résultat de cette affaire : "Bien qu'aucun fait désignent du doigt les cibles. Début janvier, toujours à Nantes, de vol à l'étalage reconnu par les Roumains mis en cause n'ait une procureur, après avoir requis trois mois de prison contre été rapproché de plaintes précises, neuf d'entre-eux ont été deux Roumains qui avaient volé des parfums, a crû bon de écroués". Quand à la garde à vue, elle s'est effectuée hors rajouter : "Il faut endiguer ce phénomène de personnes, le plus norme, les gendarmes enfermant une trentaine d'hommes et souvent d'origine roumaine, qui viennent en France pour comfemmes dans 30 m2, toute une nuit, sans fournir la moindre mettre des vols et alimenter des réseaux". 47 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Coup de colère z z BAIA MARE ORADEA ARAD CLUJ z DEVA IASI z z z z z z SUCEAVA TARGU MURES BACAU z z TIMISOARA z SIBIU PITESTI CRAIOVA z BRASOV z z BRAILA z z PLOIESTI TULCEA BUCAREST CONSTANTA z Tourisme Parties de chasse en Vâlcea 46 22 Les organisations de chasseurs ont compris l'intérêt qu'elles avaient à faire connaître à l'étranger les possibilités qu'elles pouvaient offrir dans ce domaine. Accidenté, couvert de forêts, de vignobles, le judet de Râmnicu Vâlcea est l'un des plus attractifs, tant sa faune est abondante. Des groupes d'Italiens y viennent fréquemment et repartent comblés aussi bien par leurs tableaux de chasse que par leur contact avec la nature. Il n'est par rare de les voir repartir avec une quarantaine de perdrix qu'ils paient 10 € pièce, une vingtaine de faisans (60 €, 400 F) et autant de lièvres (35 €, 230 F). Leur séjour est encadré et guidé par les associations locales qui récupèrent ainsi environ 2000 € par partie de chasse, argent censé être utilisé pour la protection du milieu et le développement des activités cynégétiques. 52 projets financés par la Wallonie La région de Wallonie a décidé de financer 52 projets de coopération avec la Roumanie portant sur les années 2003 et 2004. Les Belges francophones vont consacrer leurs efforts aux domaines de l'agriculture et du tourisme rural, de l'emploi et de la formation, de l'économie, du social et de la culture. Des bourses seront accordées pour des stages d'interprètes et de professeurs de français. L'ouverture d'un centre d'études de la Francophonie est envisagée. La souffrance de Doïna, professeur de français à Nantes, depuis 20 ans "A force d'être martelés, les clichés sur les Roumains s'imprègnent fortement dans la conscience des Français" D ans un courrier publié par le quotidien Ouest-France, Doïna Le Noay nantaise d'origine roumaine, professeur de français dans un lycée, et présidente de l'Association des Roumains de Loire Atlantique a réagi devant les clichés accolés par les médias à son pays natal. " Si j'ai pris la décision de m'adresser à votre journal ce n'est pas pour parler de la chance que j'ai de vivre à Nantes depuis 20 ans, de faire un travail que j'aime, d'avoir des collègues et des amis qui me sont chers. C'est que ces derniers temps, comme tous les Roumains, je vis un état de malaise. Nous en avons longuement débattu lors de l'assemblée générale de l'association du mois d'octobre dernier. Nous sommes des Français d'origine roumaine, des jeunes et de moins jeunes, tous intégrés dans le monde du travail de la région, dans des domaines très divers : services, médecine, arts, artisanat, enseignement, etc. Nous participons à la vie sociale par notre famille et par les activités de bénévolat. Ce qu'on appelle "la majorité silencieuse", qui n'a rien de sensationnel pour intéresser les médias. Nous sommes riches de deux cultures que nous avons faites nôtres, et dont nous sommes fiers, mais aujourd'hui nous sommes indignés, affligés, voire blessés. De manière récurrente, presque obsessionnelle, les mêmes titres, les mêmes images, devenus clichés, sur la Roumanie et les Roumains, s'imprègnent fortement, à force d'être martelés, dans la conscience des Français. Le cœur serré, nous reconnaissons que ces images sont réelles. Il y a beaucoup d'enfants dans les orphelinats en Roumanie; il y a des Tziganes qui encombrent ici des camps et des rues ; il y a aussi des Roumains qui, chassés par la fermeture des usines, viennent chercher du travail en France et se font déloger par les équipes du GIR ; il y a aussi ceux qui profitent de la misère et de la déroute de leurs concitoyens. Voilà l'image que peut avoir aujourd'hui un Français qui n'a jamais été en Roumanie pour apprécier l'hospitalité de ses habitants et l'authenticité de ses campagnes ou celui qui n'a pas eu l'occasion de connaître le patrimoine intellectuel et artistique légué par ses créateurs à la culture universelle. "Quand elle est réductrice, une image peut devenir fausse" Cela me rappelle une situation anecdotique, personnelle. Avant 1990, ma mère me téléphonait parfois, sans objet précis apparent, juste pour se rassurer que j'étais bien portante et surtout que je me trouvais bien à Nantes. C'est qu'à cette époque en Roumanie les seules images qu'on donnait au journal télévisé sur la France étaient les incendies de forêts du Midi, en été, et les "soupes populaires" de Paris, en hiver. Sales images réductrices ! Est-il juste de bafouer vingt millions de Roumains à cause d'une minorité de 0,1 % ? Nous savons tous que les médias ont des exigences d'écoute, mais trop c'est trop, et c'est pour cela que j'ai pris la plume. Je ne peux finir sans rappeler le soutien moral et les encouragements que nous avons reçus de la part des Français qui connaissent une autre Roumanie. Nous les remercions et nous les assurons que, malgré tout, nous cultiverons les vertus ancestrales d'accueil et d'amitié chères à notre âme et à notre peuple. Réunis pour fêter le Noël roumain le 21 décembre, en association, nous nous sommes préparés pour mieux apprécier celui du 25 au sein de nos familles. Avoir deux Noël, cela fait partie de notre chance". Doïna Le Noay Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les restes du roi controversé et d'Elena Lupescu rapatriés du Portugal en Roumanie Politique Après 63 années d'exil, Carol II retrouve sa terre natale C e début d'année a été marqué par deux évènements forts pour la famille royale roumaine. Après un long processus judiciaire, la Cour d'Appel de Bucarest a reconnu le fils naturel de Carol II (1893-1953) et de Zizi Lambrino comme enfant légitime. Carol Mircea Grigore Lambrino, né en 1921, est donc considéré comme le demi-frère du Roi Michel, qui a un an de moins. Cette décision pourrait avoir des conséquences quand au partage des biens de la Couronne, dont le château de Peles (Sinaïa), la famille royale s'efforçant actuellement de les récupérer auprès des autorités. Dans un communiqué, elle a fait savoir qu'elle se pourvoirait devant la Cour Suprême de Justice et que, en tant que chef de la famille royale, le Roi Michel était le seul à pouvoir se prononcer sur les questions d'ordre dynastique. Agé aujourd'hui de 82 ans et atteint d'un cancer, Carol Mircea Grigore, n'a jamais montré de vraies prétentions dans ce domaine, ce qui n'est pas le cas de son fils, Paul Lambrino, qui se fait appeler le Prince Paul de Roumanie et a entamé une série de procès pour faire reconnaître son titre, en 1990. Carol II et Zizi Lambrino s'étaient mariés secrètement en 1918, alors que la Roumanie était en guerre. Officier, le prince héritier I avait déserté pour aller faire célébrer son union à Odessa, en Ukraine. A son retour, il avait été arrêté et interné dans un monastère. Le mariage avait été annulé. Quelques années plus tard, après son mariage en 1921 avec Elena de Grèce et la naissance de son second fils, le futur Roi Michel, la même année, il tombait éperdument amoureux d'une aventurière, Elena Lupescu, provoquant un énorme scandale dans le pays. Il l'épousera en 1949, lors de son exil au Portugal. Mort en 1953, il sera inhumé dans le caveau de la famille royale portugaise, sa femme l'y rejoignant en 1977. Cinquante ans après la disparition de Carol et après 63 ans d'exil, le gouvernement roumain a décidé de rapatrier les deux corps, ce qui a été fait le 14 février avec l'accord de la famille royale. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien roi et une cérémonie religieuse s'est déroulée dans la crypte du monastère de Curtea de Arges où son cercueil a rejoint ceux de ses ancêtres, en présence de la Princesse Margareta, fille aînée du Roi Michel, de son mari, et de plusieurs représentants du gouvernement. Les restes d'Elena Lupescu ont, eux, été enterrés discrètement dans le jardin du monastère, seule une de ses nièces étant autorisée à assister à la cérémonie. Les logements des centre-villes davantage taxés ntroduite dans la confusion, en janvier, la réforme des impôts immobiliers, a conduit les Roumains propriétaires de leurs logements à prendre d'assaut leurs perceptions et à faire d'interminables queues dans le froid, avant qu'elle ne rentre en application. Cette précipitation a été particulièrement visible à Bucarest, où le conseil municipal a attendu la dernière semaine de décembre pour voter les nouvelles dispositions. Selon les termes de cette réforme, et sous peine d'amende pour tout retard après le 15 mars, chaque propriétaire doit présenter un plan actualisé de son habitation et y mentionner les éventuels balcons et garages, désormais imposables. Par ailleurs, dans les villes divisées Incohérence et confusion ont conduit en quatre zones dégressives (A, B, C, D), suivant leur éloignement du centre, la zone cende nombreux Bucarestois à faire une nouvelle fois la queue trale A, voit ses taxes relevées. pour payer leurs impôts. A Bucarest, cette disposition a entraîné de nombreuses protestations, les habitants des blocs, étant plus fortement imposés que les résidents de certains quartiers périphériques huppés. Toutefois, les propriétaires de logements d’ immeubles de plus de 3 étages et 8 appartements bénéficient désormais d'un abattement de 10 %. Les propriétaires possédant une deuxième habitation verront leur impôt majoré de 15 % pour celle-ci, de 50 % pour la 3ème, de 75 % pour la 4ème et de 100 % au-delà. Les propriétaires d'espaces commerciaux devront acquitter une taxe spéciale. Enfin, les handicapés, les chômeurs, les bénéficiaires d'aides sociales ou de certaines allocations, pourront être exemptés ou voir leur impôt immobilier réduit. L e gouvernement a arrêté les taux d'imposition sur le revenu pour l'année 2003, en fonction de l'inflation prévisible. Pour les revenus mensuels inférieurs à 2 100 000 lei (60 €, 400 F), l'impôt, retiré directement chaque mois sur les salaires ou les Impôts sur le revenu 2003 : de 18 à 40 % des gains pensions, est de 18 %. Jusqu'à 5 200 000 lei (150 €, 1000 F), il est de 378 000 lei (11,3 €, 75 F) plus 23 % pour la somme dépassant 2 100 000 lei. Jusqu'à 8 300 000 lei (250 €, 1650 F), il est de 1 091 000 lei (30 €, 200 F) plus 28 % pour la somme dépassant le seuil de 5 200 000 lei. Jusqu'à 11 600 000 lei (335 €, 2230 F), il est de 1 959 000 lei (58 €, 380 F), plus 34 % sur la somme dépassant 8 300 000 lei. Au-dessus, il est de 3 081 000 lei (90 €, 600 F), plus 40 % sur les sommes dépassant 11 600 000 lei. 22 7 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z z z BAIA MARE SUCEAVA SATU MARE z z CLUJ IASI ORADEA z TARGU z z MURES ARAD z ALBA z IULIA z z GALATI TIMISOARA DEVA z BRASOV PLOIESTI CRAIOVA z z SLOBIOZIA z BUCAREST z TULCEA CONSTANTA z z CALARASI A Cluj, on peut parler chinois… mais pas hongrois 22 8 Le maire ultra-nationaliste de Cluj, Gheorghe Funar, a décidé de faire apposer des panneaux en bleujaune-rouge, les couleurs nationales, à toutes les entrées de la ville, souhaitant la bienvenue et donnant des indications en français, anglais, allemand, espagnol, russe et chinois… à l'exception du hongrois, langue parlée par 20 % de la population du judet. Contestant ce pourcentage qui déclenche automatiquement l'utilisation du bi-linguisme dans les rapports de l'administration et des citoyens, Funar, farouchement hostile aux Hongrois, a décidé de ne pas appliquer cette disposition à l'égard de ses administrés d'origine magyare. “Pas touche” au palais de Ceausescu Anca Petrescu, la femme architecte qui a conçu le "palais de Ceausescu" a porté plainte contre les autorités roumaines qui ont décidé, sans la consulter, d'en modifier intérieurement une aile pour y installer un musée de l'Art contemporain dans l'un des 21 éléments qu'il comporte, chacun d'entre eux représentant l'équivalent d'un immeuble de six-sept étages. L'architecte soutient que ce projet va modifier considérablement l'harmonie de son oeuvre dont elle détient les droits d'auteur. Anca Petrescu considère également que les 12 M€ (80 MF) destinés aux travaux pourraient être mieux utilisés en créant, ailleurs, un véritable musée personnalisé. U Les serviteurs de l'Etat savent aussi se servir Préfets… et hommes d'affaires : un mélange des genres gênant ne enquête du journal "Gardianul" dresse un tableau révélateur de la fonction préfectorale en Roumanie. Les préfets, représentants des intérêts de l'Etat, sont surtout défenseurs des leurs. Le quotidien estime qu'actuellement la moitié d'entre eux se sont constitués d'importantes fortunes, mélangeant allègrement leurs propres affaires et celles du judet qu'ils administrent, utilisant leurs femmes comme prête-noms lorsqu'ils ne veulent pas apparaître directement. Sur les 41 judets que compte le pays, "Gardianul" a relevé 19 cas de préfets devenus de riches entrepreneurs, certains faisant l'objet d'une procédure pénale. Femmes et frères associés A Constantsa, le préfet et son frère contrôlent pas moins de 18 firmes, dont l'une a emporté le contrat exclusif de l'enlèvement et du traitements des ordures ménagères de la ville, payé par celle-ci... et dont le budget doit être approuvé par la préfecture. A Alba Iulia, c'est la femme du préfet qui contrôle une importante société dont une branche pharmaceutique a servi de paravent pour une vente fictive d'alcool médicinal et toucher ainsi de l'Etat le remboursement des taxes. A Oradea, le préfet, qui est aussi le patron du PSD local (Parti Social Démocrate, au pouvoir) a tenté, en vain, de faire mettre en position éligible sur la liste de son parti le fils de son prédécesseur, Adrian Tarau, afin qu'il puisse bénéficier de l'immunité parlementaire et échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui, lesquelles lui valent un mandat de recherche à Interpol. A Slobozia, le préfet est un des grands propriétaires agricoles du judet et a réussi à mettre la main sur la majorité des actions de la firme d'Etat Comcereal, lors de sa privatisation. Il dispose de quatre énormes silos, desquels ont disparu 2500 tonnes de blé appartenant à l'Etat. Le préfet-chef d'entreprise a mis en cause un de ses employés... qui n'est autre que le fils du président de la Cour des Comptes du judet, chargé de surveiller l'usage des fonds publics. Par ailleurs, ce même préfet est en cheville avec un riche entrepreneur impliqué dans une affaire qui a valu un préjudice de 2 M€ (13 M€) à l'Etat. Le préfet d'Hunedoara contrôle plus d'un tiers de l'économie de la vallée minière de Jiu A lui tout seul, le préfet de Hunedoara contrôle plus du tiers de l'économie de la vallée minière de Jiu et est à la tête d'un immense holding formé de ses nombreuses sociétés. Longtemps dans l'ombre du leader des mineurs, Miron Cozma, condamné à 18 ans de prison et toujours incarcéré pour avoir déclenché une grève insurrectionnelle, il a fait fortune très rapidement. On dit qu'il est actuellement surveillé par le gouvernement, mais ses affaires continuent à être prospères. Le préfet de Iasi est l'un des plus puissants magnats de la filière de la boucherie de toute la Moldavie; celui de Slatina possède un groupe de presse, ce qui lui permet de mettre en relief son action et celle de son parti, le PSD. Ancien directeur adjoint de la succursale locale de Petrom, la firme nationale de pétrole, le préfet de Ploiesti, au cœur de la zone pétrolifère roumaine, détient un quart des actions de "Petro Construct", chargée des constructions dans le domaine des hydrocarbures. Les sociétés dirigées par la femme du préfet de Teleorman ont obtenu plusieurs gros contrats de l'Etat ou des municipalités qu'il administre pour la construction de deux immeubles à Alexandria (un million d'euros), du siège de la Direction Départementale du Travail, pour d'importants travaux dans la mairie du chef-lieu... On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Tourisme Connaissance et découverte La Roumanie authentique Sur un haut plateau, à 700 mètres d'altitude la splendeur et la douceur de Lunca Ilvei se méritent… A vant de parler de Lunca Ilvei (judet Bistritala route de Vatra Dornei. Il est aussi possible d'organiser des Nasaud), parlons de la route ! Dès Ilva Mica, vous camps de vacances pour enfants et adultes. serez découragés par les nids de poules, les fonEn hiver, le train spécial des skieurs vous amène à Lunca drières, les passages à niveau Ilvei depuis Ilva Mica ou redoutables. Si vous y allez Vatra Dornei. Location aux par temps de pluie ou juste gares de divers équipements : après , à la sortie de Magura ski, raquettes etc... Sept Ilvei, vous serez effrayés par pistes de ski de fond et de une mare qui s'est formée randonnée vous attendent sous le pont du chemin de fer ainsi qu'une école de ski, des ! Après votre surprise, n'hésibalades et randonnées en tez pas: prenez à l' extrême raquettes et en traîneau. La gauche tout doucement, cela situation de Lunca Ilvei fait passe sans casse nous l'avons que les alentours intéressants fait, et puis...récompense, un et faciles d'accès restent liés peu plus loin une magnifique aux activités de la montagne, route goudronnée vous mais elles peuvent vous conduit à Lunca Ilvei. Fin du mener loin ! voyage, c'est un cul de sac. Randonnées pédestres de Vous découvrirez alors un un ou plusieurs jours avec haut plateau situé à 700 m guide: découverte des monts d'altitude, bordé de douces Bârgau et de Rodna dont les Entre Maramures et Bucovine, la région de Lunca Ilvei, dans le département de Bistrita, offre des points de vue superbes, comme icii sommets culminent à 2000 montagnes, c'est splendide. le col de Tihuta, ainsi qu’une qualité de vie appréciée par ses visiteurs. mètres, réserve naturelle de Pietrosul à 2300 mètres, pics volcaniques du massif du Un paradis pour randonnées Caliman. Le centre équestre propose également une semaine et balades, été comme hiver de randonnée vers les Maramures ou la Bucovine. Les atouts principaux de Lunca Ilvei sont sa nature, ses infrastructures sportives hivernales et estivales ainsi que sa Une pause idéale entre Maramures et Bucovine situation sur le passage de la grande ligne de chemin de fer qui traverse la Roumanie de Cluj à Iasi. Imaginez que la commuEn train ou en voiture (oubliée la mare !), vous ne regretne possède quatre gares: Lunca, Silhoasa, Larion et Gradinita, terez pas d'être parvenus jusqu' à ce bout du monde, car s'ils toutes desservies par les trains "Rapid" et "Accelerat". Pas étaient tous comme celui-là, nous en redemanderions! En été, besoin de voiture donc pour des vacances à Lunca Ilvei! se laisser vivre au rythme des agriculteurs, éleveurs, artisans En été, vous pouvez y faire des promenades sur des sendu bois, se ressourcer dans la nature, monter à cheval et galotiers balisés, des visites de bergeries, d'une source d'eau ferruper par monts et par vaux. En hiver, pour les fans de ski de gineuse, des balades en vélo tous terrains (location sur place). fond et de grands espaces blancs, de silence, c'est le pied… et Pêche, cueillette de fruits des bois et de plantes médicinales si en plus vos hôtes ont la bonne idée de faire venir des musipeuvent également figurer au programme. ciens pour vous faire une aubade autour d'un feu de bois, que demander de plus ? Lunca Ilvei n'est pas un village étape, il faut y rester plusieurs jours, prendre des vacances, où alors Traîneaux et train pourquoi pas une pause de 3 ou 4 jours entre la visite du spécial des skieurs de fond Maramures et les monastères de la Bucovine. Une vingtaine de Au centre équestre, tenu par un anglais, vous pourrez maisons ou chalets peuvent vous héberger (voir auprès de prendre des cours d'équitation, faire des balades à cheval. Ieronim Somesan, responsable OVR ou Iulia Vâsies, responStephen organise également des randonnées de plusieurs jours, sable du tourisme, tel: (00 40) 263 37 80 92 ou 263 37 80 60. à cheval et en calèche, par exemple jusqu'à l'hôtel Dracula sur Martine et Jean Bovon-Dumoulin Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre. 45 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Tourisme BAIA MARE LUNCA ILVEI z z ORADEA CLUJ z z TARGU MURES ARAD Une survivance de l'ère communiste z SUCEAVA z IASI z z SIGHISOARA z z z z SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA z GALATI BRASOV z z BRAN BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Enterré à Sighisoara, "Dracula Park" ressurgit à Bucarest 44 22 La double tarification dans les hôtels Lancé voici maintenant près de deux ans et ayant essuyé de nombreuses critiques, le projet de parc d'attractions sur le thème de Dracula, à Sighisoara, ville où a longuement séjourné Vlad Tepes, qui a donné naissance à la légende du vampire, a vécu. Ainsi en a décidé l'assemblée des actionnaires, convoquée fin janvier. Le parc sera installé dans le secteur résidentiel du lac Snagov, à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale, près d'un monastère où est conservé le cœur du voïvode. Le premier projet, bouclé à la vavite par le ministre du Tourisme Dan Matei Aghaton, sans réelle étude de faisabilité, positionné sur un terrain n'ayant fait l'objet d'aucune étude de sol préalable et qui s'est avéré impropre à la construction, avait soulevé les oppositions de l'UNESCO, désireuse de protéger l'environnement du site de la ville médiévale fortifiée, du prince Charles d'Angleterre, et suscité les réticences du Président Iliescu ainsi que du Patriarche de l'Eglise orthodoxe, Teoctist. Finalement ses initiateurs se sont repliés sur les propositions du cabinet de consultants Pricewaterhouse Coopers privilégiant l'implantation du site à Bucarest, son étude faisant état d'une fréquentation d'un million de visiteurs par an, contre 620 000 à Sighisoara, l'hypothèse d'une installation à Constantsa, sur les bords de la Mer Noire, étant également abandonnée. L'ouverture du parc est toujours prévue en 2004, ce qui laisse un délai rendant sceptique de nombreux observateurs. D ans un courrier à la suite de notre article "Chers hôtels de la capitale" (Les Nouvelles de Roumanie, n° 15, page 43), Jean-François Ragot réagit en faisant part de son exaspération devant une survivance du communisme : la double tarification. "Je voudrais revenir sur votre article concernant le logement à Bucarest. Il n'est qu'une des facettes du logement hôtelier en Roumanie, avec le maintien de la double tarification; une locale, pour les Roumains ou "résidents", une seconde pour les étrangers ou "non résidents". Cette situation anormale, voire scandaleuse, doit être dénoncée car peu conforme aux critères d'appartenance à l'UE. Si on accepte ce principe discriminatoire, pourquoi ne pas faire un tarif "spécial" restaurant, essence, achat de biens divers, etc… La meilleure manière de mesurer cette discrimination de type "soviétique" ou "africaine" est de consulter les sites en roumain ou les agences de voyage roumaines. Nous constatons ainsi que l'étranger est pris pour un pigeon. Le ministère du Tourisme, sous la pression de l'UE s'il le faut, serait bien inspiré de remettre de l'ordre dans ces pratiques d'un autre âge". Pour appuyer ses dires, Jean-François Ragot, qui pratique la Roumanie à titre professionnel depuis 1987, fournit des exemples édifiants, trouvés notamment sur le site eTurism : à Brasov, Sibiu, Bran, des hôtels sont proposés à moitié prix aux Roumains, quelque soit la période de l'année. Ces établissements se gardent bien d'ailleurs d'afficher ces tarifs à leur réception. La célèbre auberge Hanul lui Manuc de Bucarest, elle, ne cache même pas la couleur : sa publicité indique noir sur blanc qu'un étranger doit payer 37 € pour une chambre double ou simple, et les Roumains, 18 €. Même si cette pratique s'est un peu atténuée depuis la chute du communisme - A Tulcea, en 1990, une chambre était facturée 75 € à un occidental, et la même, pour son interprète roumain, 5 € - il n'en demeure pas moins qu'elle perdure, mais de façon dissimulée. Outre le fait que ces tarifs sont déjà disproportionnés, vue la qualité du service offert - literie vieillotte, robinetterie défaillante, confort approximatif - ils sont aussi contre-productifs en dissuadant les touristes de venir, dans un pays qui doit faire face à d'autres handicaps : éloignement, état des routes, manque de services. L'Espagne, en son temps, a bâti sa réputation et a fait du tourisme une des clés de son économie en faisant profiter les étrangers de ses prix sans concurrence, quitte à les relever en même temps que le coût de la vie augmentait. La Hongrie, pourtant plus développée que la Roumanie, pratique des prix d'hôtellerie inférieurs à sa voisine. L'hôtel Bulevard de Sibiu fermera prochainement pour rénovation L 'hôtel "Bulevard", deux étoiles, de Sibiu, très connu des touristes, fermera ses portes, au plus tard à l'automne, pour des travaux de rénovation d'une durée indéterminée, visant à le transformer en hôtel quatre étoiles pratiquent des tarifs trois étoiles. Au terme de quatre ans de procès et de nombreux rebondissements, le propriétaire des murs a retrouvé la jouissance de son bien qui lui avait été confisqué sous le communisme. Il en a immédiatement cédé la concession pour 49 ans et un loyer mensuel de 12 000 € (80 000 F) à la chaîne hôtelière Continental, qui a pour charge de le rénover et possède déjà un établissement dans la cité. Situé en plein centre de Sibiu, et comportant 132 chambres, l'hôtel est l'un des plus vieux immeubles de la ville et n'avait pas été restauré depuis près d'un siècle. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité Malgré un rythme lent et des échecs, les privatisations se poursuivent 55 % de l'économie aux mains des capitaux privés B usines d'aciers spéciaux de Târgoviste, Alro Slatina, Alprom ien qu'elles se soient développées à un rythme lent, Slatina, Promex Braila, Nicolina Iasi, le chantier naval de les privatisations ont touché 259 entreprises et rapConstantsa, les usines de soude de porté 127 M€ (840 MF) Govora, Romvag, Caracal, Bicapa à l'Etat roumain, en 2002. Le capital Târnaveni… Plusieurs autres sont en privé représente désormais 55 % de négociation : Tractorul Brasov, la propriété économique en Rulmentul Brasov, Industria Sarmei Roumanie et assure 69 % du PIB Campia Turzii, Nitramonaia Fagaras, contre 31% pour les sociétés d'Etat. Uztel Ploiesti, Mecanica Marsa, Pas suffisamment attractives, Urbis Armaturi Sanitare. plusieurs sociétés n'ont pas trouvé Certaines grosses sociétés n'ont preneurs dans cette première tranche pas encore été présentées à la privatiqui doit être bouclée à la fin de ce sation par l'APAPS (Autorité pour la semestre, dont la BCR (Banque Privatisation et l'Administration des Commerciale Roumaine), la princiParticipations de l'Etat), organisme pale banque du pays pour laquelle L’usine de camions et engins utilitaires aucune offre sérieuse n'a été faite. “Roman Brasov” devrait faire partie chargé de cette opération : l'usine de d’une prochaine vague de privatisation. camions Roman Brasov, Siderurgica D'autres ont dû s'y reprendre à pluHunedoara, Faur Bucuresti, Griro Bucuresti, Timpuri noi… sieurs fois avant de trouver chaussure à leur pied. C'est le cas Une seconde étape, à partir de juillet prochain, devrait de Aro Câmpulung (constructeur de 4x4), Rocar Bucarest faire entrer dans ce processus d'autres mastodontes d'Etat (constructeur d'autobus), Carom Onesti, Celhart Donaris, comme Iaifo Zalau, Tubinox Bucuresti, Energoutilaj Electroputere Craiova, Moldosin Vaslui. 23 très grosses sociétés, dont 15 employant plus de 1000 Bucuresti, Helitube Bucuresti, Unirea Cluj, Caromet Caransebes, Giurgiu Nav, URB Rulmenti Suceava… personnes étaient offertes à la privatisation. Parmi elles : les 22 9 Croissance : "The Economist" moins optimiste que le gouvernement D ans un article paru début janvier, la revue britannique "The Economist" tempère les prévisions optimistes du gouvernement roumain sur la croissance espérée en 2003, qu'elle ramène à 4,6 % au lieu des 5,2 % annoncés, du fait du ralentissement économique aux USA et en Europe, principaux débouchés commerciaux de la Roumanie. Le journal table sur 5 % l'année prochaine si l'économie mondiale repart et à condition que Bucarest accélère ses réformes de structures. De la même façon, "The Economist", qui base ses prévisions sur les analyses de son institut d'études, estime que le déficit budgétaire de la Roumanie, pour cette année, ne se situera pas à 2,65 % du PIB, pour s'y stabiliser par la suite, mais atteindra 3,1 % à cause de la majoration des salaires du secteur public, de l'instauration du Revenu minimum garanti et de la baisse des rentrées de cotisations sociales. En 2004, année des élections générales, ce déficit devrait même passer à 3,4 % avec l'augmentation à attendre des dépenses publiques. Par contre, le niveau du taux d'inflation prévu par le gouvernement - + 14 % - lui paraît plausible et même souhaitable, une décélération plus importante (+ 12 %) pouvant casser la croissance. Ces perspectives amènent la revue britannique à se demander si la Roumanie sera prête pour adhérer à l'UE en 2007, notant - avec un euroscepticisme bien britannique - que les difficultés que ne va pas manquer de provoquer l'adhésion de dix nouveaux membres en 2004 risquent de retarder de plusieurs années celles de Bucarest et Sofia. Enfin, "The Economist" engage la Roumanie à multiplier les efforts, dans les deux années à venir, pour se montrer plus attractive à l'égard des capitaux étrangers et rattraper ainsi les 3 milliards d'euros (20 milliards de F) de déficit d'investissements enregistrés ces dernières années par rapport à la Bulgarie. + 17,8 % : sérieux coup de frein sur l'inflation A près + 30,3 % en 2001, les prix ont augmenté de 17,8 % en 2002, soit + 1,4 % par mois, ce qui montre une décélération importante de l'inflation. Les services sont les principaux responsables de la hausse (+ 21 %), devant les produits courants (+18,8 %) et les produits alimentaires (+15,8 %). Fort de ce succès, le gouvernement table sur une inflation de 12 à 14 % pour l'année en cours. Il est à noter toutefois que les chiffres annoncés dans ce domaine par les pouvoirs publics roumains sont toujours révisés à la hausse par les organismes internationaux. L'euro, monnaie de référence L 'euro est devenu la monnaie de référence de la Roumanie, qui effectue les 2/3 de son commerce extérieur avec les pays de l'UE, ce 1er mars. Cette mesure a été prise par la Banque Nationale Roumaine à la demande de la Banque Centrale Européenne. La Roumanie était le dernier des pays candidats à l'UE à conserver le dollar comme monnaie de référence. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z ORADEA BAIA MARE z z ARAD CLUJ z SUCEAVA TARGU MURES z IASI z z BACAU z z HOGHIZ z DEVA z z GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRASOV TARGU JIU BRAILA z z PITESTI z MEDGIDIA CRAIOVA z BUCAREST z z MANGALIA Lafarge a mis le cap sur la protection de l'environnement et la formation 22 10 Lafarge, numéro un mondial du ciment, a investi 20 M€ dans son usine de Medgidia et 17 autres dans celle de Hoghiz pour la protection de l'environnement. Le groupe français a fait également des efforts importants dans le domaine des ressources humaines, concernant aussi bien le personnel licencié que celui qui restait. Quand il est arrivé en Roumanie, la production sur place était assurée par 8000 personnes alors qu'elle équivalait à celle de 800 dans les autres pays d'Europe. La firme a fait appel aux départs volontaires, proposant deux ans de salaire, une formation ou bien un appui à ceux qui voulaient ouvrir leur propre affaire, ce qui a été rarement le cas. Lafarge a toutefois créé la première pépinière privée d'entreprises de Roumanie à Medgidia, offrant conseils et locaux. A Târgu Jiu, au cœur de la région déshéritée des mineurs, elle a encouragé un de ses anciens ingénieurs à monter un atelier de réparation et d'entretien mécanique destinée à ses propres usines. L'affaire marche et emploie 90 anciens du groupe. Par ailleurs, le cimentier a entrepris une requalification du personnel restant, comprenant aussi des cours d'anglais et français, les deux langues de Lafarge, pour tout le monde. Ses spécialistes ont été envoyés pour des stages dans d'autres unités à l'étranger et sont revenus en Roumanie après plusieurs mois de formation. Les pays candidats à l'UE de plus en plus attractifs A vec leur société de consommation en émergence, moins bien équipée que leurs voisins d'Europe Occidentale, les douze pays de l'Est candidats à l'UE constituent une réelle opportunité économique et intéressent de plus en plus les entreprises françaises, comptant un potentiel de plus de cent millions de consommateurs. Autre atout de taille à leurs yeux : leur main d'œuvre encore bon marché. Plusieurs industriels, notamment dans le textile et l'électroménager y ont d'ailleurs délocalisé leur outil de production depuis quelques années. Mais si la plupart des grandes entreprises industrielles et de services françaises ont une très bonne présence à l'Est, en revanche, les entreprises moyennes, à l'exception de l'industrie agro-alimentaire, sont souvent en retard par rapport à leurs concurrentes allemandes. Les banques françaises sont aussi dans ce cas, largement supplantées par les banques allemandes, autrichiennes et italiennes, malgré la présence de la Société Générale qui a racheté la BRD (Banque Roumaine de Développement), la Komercny Banka tchèque, la SKB slovène, et l'Express Bank bulgare. Cependant les taux de croissance attractifs qu'enregistrent les pays de l'Est, les opportunités économiques qu'ils offrent, ne doivent pas faire oublier certaines zones d'ombre, au premier rang desquelles le fonctionnement opaque des affaires avec leurs pratiques de pots de vin et de corruption généralisées à toute la région, et le risque d'instabilité politique. Si pour ce dernier, l'entrée dans l'UE devrait calmer les choses dans la décennie, pour les premières il faut plutôt parler en terme de générations. La France au premier rang en Roumanie et Pologne Au total, en 2000, on comptait 1650 filiales d'entreprises françaises dans les douze pays candidats à l'UE. En Roumanie, la France est traditionnellement le premier investisseur étranger, en particulier grâce à France Télécom qui a investi 400 M€ (2,6 milliards de F) pour la mise en place d'un réseau de téléphonie mobile et Renault qui a payé 270 M€ (1,8 milliards de F) pour reprendre et moderniser le constructeur Dacia. En Pologne, la France est également le 1er investisseur, mais depuis 2000. Danone, France Télécom, Total-Elf-Fina, LVMH, Pernod-Ricard, y ont investi 10 milliards d'euros (65 milliards de F), devant les Américains, (8 milliards d'euros) et les Allemands (7 milliards d'euros). Quand un Polonais fait ses courses dans une grande surface, il y a de bonnes chances qu'il aille chez Carrefour, Auchan et Casino. Faiblement présente en République Tchèque dans les années 95 (5 % des investissements étrangers), la France y comble son handicap, grâce surtout au contrat signé par Vivendi pour la gestion des eaux de Prague, et la Société Générale. Sa part est passée à 30 % et elle est remontée du 6ème rang au 4ème, derrière l'Allemagne, les Pays bas et l'Autriche, malgré un tassement de sa position en 2002, GDF et EDF ne réussissant pas à emporter les marchés de la distribution du gaz et de l'électricité. En Hongrie, la France figure à la 3ème place, derrière l'Allemagne (un tiers des investissements étrangers), les Etats Unis (un quart), ex aequo avec l'Autriche (10 %). En revanche, en Slovaquie, la France n'arrive qu'en 7ème position et sa présence est très faible dans les pays baltes.Un constat s'impose : lorsqu'ils rachètent une entreprise publique privatisée, les Français n'hésitent pas à supprimer de nombreux emplois, comme Renault lors de la reprise de Dacia. En cinq ans, le constructeur a prévu de réduire les effectifs de l'usine de Pitesti de 40 %, passant de 27 000 à 16 000 employés. Paris, 3ème partenaire commercial de Bucarest E n 2002, les échanges commerciaux entre la France et la Roumanie se sont montés à 2 milliards d'euros, soit près de + 15 %, se partageant pratiquement à moitié entre importations et exportations. Entrant pour 7 % dans la balance commerciale de la Roumanie, l'Hexagone se situe en 3ème position, derrière l'Allemagne et l'Italie. 2767 sociétés mixtes ont été formées entre les deux pays. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Des paysans contraints de s'agenouiller et de prier devant le portrait de Staline Le pays connaît l'une des pages les plus sombres de son histoire, qui va durer 3-4 mois. Mais opportunément, pendant cette période, Ana Pauker est partie à Moscou faire soigner un cancer du sein. Elle a laissé les rênes à Alexandru Mogyorosi. Pourtant à son retour, non seulement elle continue la répression mais elle va l'aggraver en 1950. Dans de nombreux judets, les paysans qui refusent la collectivisation sont conduits la nuit devant les conseils populaires qui ont remplacé les mairies; ils sont battus, injuriés, pendus par les pieds, mis nus dans des chambres frigorifiques, forcés de lire à haute voix et de commenter pendant des heures la brochure "Les problèmes du léninisme". Ana Pauker ordonne qu'ils s'agenouillent devant le portrait de Staline et prient pour que celui-ci leur fasse comprendre "la voie lumineuse" du communisme et de l'URSS. L'agriculture roumaine ne se relèvera pas de ce cataclysme qui a conduit les campagnes du pays à l'état d'arriération que l'on peut toujours constater aujourd'hui. En novembre 1961, lors du plénum du comité central du Parti, Nicolae Ceausescu dira : "Ana s'y connaissait en agriculture… comme la poule avec l'alphabet; elle ne savait même pas faire la différence entre le blé et le seigle". Connaissance et découverte Moghiorosi, Emil Bodnaras, membres éminents du Parti, et Alexandru Draghici qui a ouvert, entre autres, le goulag du canal, la prison de Sighet, veut se débarrasser de sa rivale pour avoir la main mise totale sur le pays. Il sait qu'il peut désormais compter sur l'appui de Staline, revenu à de meilleurs sentiments à son égard; Ana Pauker est tombée peu à peu en disgrâce auprès du maître du Kremlin qui s'apprête à lancer une terrible répression contre les juifs après avoir inventé de toutes pièces le "complot des blouses blanches", ces médecins qui auraient tenté de l'éliminer, lui et la nomenklatura du Parti. Arrêtée en 1952 et sauvée par la disparition du “Petit Père des peuples” Ana Pauker est arrêtée en 1952 et, comme les autres satellites de l'URSS, la Roumanie s'apprête à vivre son procès stalinien. Avec son groupe, elle est accusée de déviationnisme de droite en ayant suscité une ligne "anti-parti" pour déconsidérer celui-ci auprès de la population et de l'opinion internationale par la violence des répressions qu'elle a menées… lesquelles ont pourtant été approuvées et encouragées par le groupe Dej. Mais elle est également taxée de déviationnisme de gauche et de cosmopolitisme… accusation qui flaire l'antisémitisme. Condamnée lors du procès des communistes de Craïova, en 1936, Au cours de ses interroAna Pauker passera quatre ans en prison, sous Carol II, avant d’être échangée contre un patriote roumain, prisonnier des Soviétiques. gatoires, Ana Pauker reproMusiciens et poètes chera au Parti d'utiliser les mêmes méthodes… que la composent des hymnes à sa gloire Siguranta, la police secrète de l'ancien régime ! La chance est cependant avec elle. Staline meurt subitement, le 5 mars 1953, Arrivée au faîte de sa puissance, Ana Pauker commence à avant la fin du procès, qui trainera en longueur. Apprenant la singer le culte de la personnalité de son maître. Elle incite des nouvelle, la prisonnière éclate en sanglots ce qui fait s'exclamusiciens et des poètes, Anatol Vieru, Dumitru Corbea, etc., à mer candidement Moghiorosi, ancien camarade devenu advercomposer des hymnes à sa gloire qui seront chantés dans les saire : "Ne pleure pas. Si Staline était encore vivant, tu serais écoles, dès la maternelle, les usines, les meetings politiques bientôt morte !". (obligatoires), les chantiers de jeunes. On y scande : Ana Pauker, Gheorghiu Dej Scapa tara de burgheji Stalin si poporul rus Libertate ne-au adus Osana lui Stalin Osana tovarasei Ana Ana Pauker, Gheorghiu Dej Sauvent le pays des bourgeois Staline et le peuple russe Nous ont apporté la liberté Gloire à Staline Gloire à la camarade Ana Plus dure sera la chute Mais c'est le chant du cygne. L'appétit du pouvoir a peu à peu dressé deux clans l'un contre l'autre au sein du Parti. Ana Pauker compte parmi ses alliés, des figures marquantes du communisme, Vasile Luca et l'ancien ministre de l'Intérieur, Teohari Georgescu. Futur secrétaire général du Parti et futur dictateur du pays jusqu'à sa mort en 1965, Gheorghiu Dej, flanqué de Alexandru Morte dans son lit… comme son maître Finalement, après quelques mois en prison - pour la quatrième fois de son existence - Ana Pauker et son groupe seront démis de leurs fonctions et exclus du parti. Assignée à résidence, elle sera soumise à enquête jusqu'en 1956 et continuellement surveillée, mais pourra vivre avec sa famille. A partir de 1957, elle occupera un poste subalterne aux "Editions politiques", sous les ordres de Walter Roman, le père de Petre Roman, faisant des traductions en français et en allemand, et gagnant correctement sa vie (1500 lei par mois). Atteinte d'un cancer au poumon, elle décèdera le 3 juin 1960, à l'âge de 67 ans, poussant sa dévotion pour Staline jusqu'à mourir comme lui… dans son lit. Un exploit rarissime à l'époque. Nichita Sîrbu 43 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Le grand poète et philosophe Lucian Blaga condamné à balayer les caniveaux de Cluj z z BAIA MARE ORADEA z z z z CLUJ DEVA z PITESTI CRAIOVA z BACAU GALATI z PREDEAL z IASI z BRASOV z SIBIU TIMISOARA z z z BRAILA z PLOIESTI BUCAREST CONSTANTA z "Pire que la Siguranta" "Vous arrêtez quelqu'un; vous le traitez d'espion, vous le brutalisez par des méthodes que je n'ai jamais connues dans aucune prison, même à la Siguranta (police secrète de l'ancien régime); vous l'insultez, l'humiliez, jetez ses enfants hors de chez lui… sans oublier de dire "Excusezmoi" comme si vous lui aviez marché sur les pieds "… 42 22 Economie Grief d'Ana Pauker à l'encontre de ses anciens camarades communistes, devenus ses juges, lors de son procès, en 1952. "Un serpent fascinant" "Une grosse et forte femme, une tignasse grise courte et en désordre, un regard bleu sauvage sous des paupières qui tombent, un sourire fascinant que ne pouvait cacher sa lèvre supérieure débordant sur son menton… tout en elle révélait un forte personnalité. J'ai toujours pensé quand je la voyais qu'elle était un boa constrictor qui venait d'avaler sa proie et qui n'était pas pressé de vous manger. Lourde et empruntée, elle avait l'aspect repoussant et terriblement fascinant d'un serpent. A simplement la regarder, je pouvais très bien me l'imaginer en train de dénoncer son mari, qui sera fusillé plus tard. Je compris par quelle froide et déshumanisée volonté elle avait atteint les sommets du pouvoir". Portrait d'Ana Pauker par la princesse Ileana de Roumanie (19091991), tante du Roi Michel, (I live again, Je revis, Edition Golancz, Londres, 1952). Chargée de la réorganisation des structures de l'Etat à tous les niveaux, et considérée comme une intellectuelle malgré son maigre bagage en la matière, Ana Pauker joue aussi un rôle de premier plan dans la "purification culturelle" du pays, menée en même temps. Le but est simple : il faut éliminer l'élite et la remplacer par une nouvelle caste, créée de toutes pièces par le PCR, dont elle-même fait partie avec le ministre de l'Intérieur et qui ne compte que des opportunistes : Iosif Chisinevski, Leonte Rautu, Mihai Roler. Toute liaison avec la culture occidentale est interdite En 1949, le régime annulera l'accord culturel passé avec la France, onze ans plus tôt. Prison avec parfois la mort au bout, intimidations, harcèlements, mises à l'écart vont sinistrer durablement la brillante culture roumaine. Professeur à l'université de Cluj, le grand poète et philosophe Lucian Blaga, universellement connu, proposé pour le Prix Nobel, est envoyé au "munca de jos" ("travail d'en bas"). Devenu ouvrier, il est chargé par la mairie, à plus de 60 ans, de balayer les caniveaux de la ville, dont ceux de la place centrale qui porte aujourd'hui son nom. Ses étudiants se relaieront la nuit pour effectuer sa tâche. Plus tard, il sera confiné dans un poste de bibliothécaire. Ami de Matisse, le peintre Theodor Pallady est totalement isolé à son domicile, sans contacts extérieurs, à cause de son refus de respecter les "canons artistiques" du stalinisme. Le poète Tudor Arghezi, consacré par des prix prestigieux à l'étranger, est interdit de publication et vendra des cerises ou des pommes pour survivre. Quand à l'historien Gheorghe Bratianu, il mourra en prison des suites de mauvais traitements. Prudente sur la collectivisation car effrayée par l'expérience soviétique Ana Pauker s'efforce d'étendre son emprise sur le pouvoir. Alors qu'elle a 52 ans, elle tentera même d'élargir son influence jusqu'au jeune roi Michel, 23 ans, encore célibataire et toujours chef de l'Etat, en essayant en vain de le séduire. Après un court passage à la tête du ministère des Affaires étrangères, en 1947, où elle servira la voix de son maître Staline, Ana Pauker va devenir le personVictimes d’une purge, Vasile Luca et Teohari Georgescu tomberont en même temps qu’Ana Pauker. nage central d'un des épisodes les plus terribles que la Roumanie ait connu. Ministre de l'Agriculture, en 1948, dans un pays où la paysannerie constitue encore 80 % de la population, elle a en charge la collectivisation en masse des campagnes imposée par Moscou. Pourtant, elle est prudente, non par humanisme mais pour s'assurer de la réussite de cette entreprise. En 1930, en stage à l'école du léninisme de Moscou, elle a fait partie d'une délégation chargée de contrôler dans la région de la Volga, la collectivisation forcée décidée par Staline. La famine qui en a résultée, la révolte des paysans russes, l'ont effrayée. Elle a assisté aux arrestations massives, aux déportations, aux exécutions sommaires auxquels le pouvoir procède dans des proportions hallucinantes, pour venir à bout des résistances. Mais le plénum du comité central du Parti de mars 1949, décide de passer outre ses réserves, supprime d'un coup de plume la grande réforme agraire de 1945 qui avait permis à des centaines de milliers de familles d'agriculteurs de devenir propriétaires de leurs champs et ordonne la confiscation des terres, tout en laissant croire aux paysans qu'ils sont libres de leur choix. Pour mener à bien son projet, le pouvoir mobilise des forces énormes de la milice (police), de la Securitate, appelle à la rescousse l'Armée, recrute des mouchards sur place. Dénichés en ville, des délinquants issus de la pègre viennent terroriser et brutaliser les récalcitrants. Actualité Les "dragons" coréens peinent à changer la mentalité des ouvriers du chantier naval de Mangalia, repris par Daewoo en 1997 Gymnastique matinale contre tsuica z SUCEAVA TARGU MURES z ARAD Les NOUVeLLes de ROUMANIe E n 1997, Daewoo a repris le chantier naval de Mangalia, quasiment en état de faillite, acquérant 51 % des parts. A cette époque, seulement un bateau par an sortait de ses cales et 25 étaient en réparation. En 2001, le chantier de Mangalia en a construit 54 et réparé 30. Il emploie 3500 personnes et en fait vivre 2500 autres dans des entreprises en sous-traitance. Avant l'arrivée du géant coréen, le matériel et l'outillage étaient à l'état d'abandon, les ouvriers ne recevaient pas leurs salaires, restaient les bras ballants, fumant une cigarette, buvant une tsuica, attendant les ordres. Quand ceux-ci arrivaient, ils n'étaient pas exécutés, de peur de faire des bêtises. Aujourd'hui, un soudeur gagne 7,5 millions de lei net (230 €, 1500 F), soit plus de deux fois le salaire moyen, un contremaître, 12 millions de lei (365 €, 2400 F). mesures de sécurité, les cadres ne montraient pas l'exemple. Personne n'attachait son harnais de sécurité quand il fallait effectuer un travail en hauteur, ne portait son casque de sécurité ou son masque de protection pour souder. Des contrôles effectués post-mortem à la morgue, sur des ouvriers qui s'étaient tués en tombant d'un échafaudage relevaient souvent des taux d'alcoolémie supérieurs à deux grammes… Un an après son arrivée, la direction a créé une police de la sécurité de douze hommes qui patrouille à travers tout le chantier, relevant les infractions. Celui qui est surpris pour ne pas avoir respecté les consignes, reçoit un carton jaune. Il ne lui sera retiré que s'il ne commet pas d'autres fautes dans les trois mois. Mais, là encore, il a fallu adapter le règlement à l'esprit local. Alors qu'en Corée, l'avertissement suivant conduit immédiatement à un carton rouge, entraînant une retenue sur salaire de 10 %… à Mangalia, celui-ci n'est attribué qu'au "Un talent extraordinaire pour troisième. La sécurité s'est toutefois notane pas faire le boulot demandé" Le choc des cultures sur les chantiers de Mangalia a surpris tout autant les travailleurs blement améliorée, même si l'on voit touroumains que les commanditaires Coréens. jours des contremaîtres chargés de la forTout, pourtant, est loin d'être rose sur le chantier… surtout pour les Coréens qui s'arrachent souvent mation des jeunes soudeurs se balader en tennis, alors que des les cheveux. Les trois premières années, plutôt que de partir à bottes de protection métalliques sont exigées. la conquête du marché mondial, la nouvelle direction du chantier s'est échinée à convaincre les ouvriers à se mettre au tra"Souffler dans le ballon" avant l'embauche vail. Plusieurs centaines d'entre eux ont été envoyés en formation en Corée du Sud, sur le chantier mère du port de Okpo, qui Quant à l'alcool, la mesure prise a été radicale. Le chantier compte 11 000 employés. De nombreux autres y sont encore. s'est équipé d'éthylomètres identiques à ceux de la police et les Pour autant, les ouvriers de Mangalia n'ont pas acquis ouvriers sont contraints de "souffler dans le ballon" avant cette discipline et ce sens de l'effort qui ont fait du "Pays du d'embaucher. Ceux qui sont pris en état d'ébriété sont immématin calme" un des "dragons" de l'économie mondiale. La diatement renvoyés. relation au travail y est toute différente. "Ici, j'ai découvert Les employés ont dû aussi se soumettre sans trop discuter qu'on avait un talent extraordinaire pour ne pas faire le bouà une pratique typiquement asiatique. Ils sont tenus d'arriver lot demandé. Il doit bien exister 6000 motifs pour ne pas l'exédès 7 h 30, une demi-heure avant l'embauche, de nettoyer les cuter" confiait un cadre coréen à un journaliste lieux de leur travail et, le quart d'heure suivant, de se livrer à d'"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour"). une séance de gymnastique et d'étirements, ce que les jeunes La journée de travail commence à 8 h pour s'achever à 16 ont maintenant assimilé… les vieux rechignant toujours à exéh 30, avec une pause déjeuner d'une demi-heure. Mais, trois cuter ces mouvements d'extension et de génuflexion inspirés quarts d'heure avant la fin, les ouvriers se dirigent déjà vers la d'un autre univers. Les trois premiers mois, le rythme était sortie. Il a fallu instaurer un appel avec retenue sur le salaire donné par hauts-parleurs… en coréen. en cas de départ prématuré pour limiter le phénomène. Autre comportement qui déroute totalement les Asiatiques Tarom négocie son : les innombrables vols de matériel sur le chantier, comme s'il adhésion à l'alliance SkyTeam s'agissait d'un sport. Un directeur a même surpris son chauffeur en train de dérober l'essence de sa voiture. a compagnie aérienne nationale Tarom a entamé des discussions en vue de son adhésion à l'alliance Une police de sécurité de douze hommes SkyTeam qui comprend six membres : Air France, l'américain Delta Ailines, Alitalia, le tchèque CSA Czech Ces deux points demeurent toujours une préoccupation Airlines, Aeromexico et Korean Air. Par le jeu de ces majeure. Mais dans d'autres domaines, les esprits ont un peu alliances, Tarom, qui dessert 44 destinations, pourrait ainsi en évolué, même s'il reste beaucoup à faire. Auparavant, les acciproposer 500 à sa clientèle, dans 114 pays et sur 8000 vols dents de travail étaient nombreux. Tout le monde se fichait des quotidiens. L 11 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z z ARAD z CLUJ DEVA z TIMISOARA BAIA MARE ORADEA z SUCEAVA z z TARGU MURES SIBIU z IASI z z BRASOV GALATI z z z LUGOJ z TARGU JIU CRAIOVA z PITESTI BRAILA z z BUCAREST BUZAU z CONSTANTA z Six mois de soldes pendant l'année 12 22 Confection, lingerie, chaussures, articles de sport, électro-ménager, meubles… les Roumains se familiarisent avec les soldes, notamment à Bucarest où les vitrines sont barrées d'affiches "Atentie, cad preturile !" (Attention, les prix tombent !). Les commerçants entendent ainsi liquider leurs stocks estimés à 10-15 %, en proposant des ristournes allant de 20 à 50 % et atteignant jusqu'à 70 % au mois d'août. Le phénomène est encore trop récent pour savoir s'il a déjà engendré un comportement attentiste chez une clientèle guettant ces périodes et différant ses achats, comme en Occident, les soldes devenant alors partie prenante de la stratégie globale des commerces. Mettre un peu d’ordre dans une pratique anarchique En Roumanie, elles se déroulaient de manière un peu anarchique jusque là, chacun fixant ses périodes de promotion comme il l'entendait, en dehors de toute réglementation. Celle-ci, peu respectée encore, a cependant vu le jour le 1er janvier dernier, délimitant la période des soldes d'automne-hiver du 15 janvier au 15 avril, et celle de printemps-été, du 1er août au 31 octobre, soit, au total, six mois. Carrefour n'a cependant pas attendu cette période pour habituer sa clientèle à des réductions régulières sur l'ensemble de ses produits, tout au long de l'année, portant sur une baisse de 20 % de leurs prix. Investisseurs hors UE: 100 000 € minimum pour être autorisé à s'installer U ne nouvelle réglementation exige que les investisseurs étrangers, hormis ceux originaires de l'UE, des pays occidentaux et du Japon, disposent désormais d'un capital de 100 000 € (650 000 F), d'un plan précis d'investissement et d'une activité équivalente dans leur pays d'origine, pour pouvoir développer leurs affaires en Roumanie et y bénéficier d'un visa long séjour. Cette nouvelle mesure vise les petits investisseurs d'origine moyen-orientale et de Chine, suspectés de se servir de la Roumanie comme base d'accès ultérieure aux marchés de l'UE. Elle a fait réagir négativement le président des associations d'investisseurs en Roumanie qui note qu'avec seulement 8,6 milliards d'euros (57 milliards de F) de capitaux attirés depuis 1990, la Roumanie est le moins attractif des ex pays de l'Est et que les petits investisseurs ont injecté des sommes importantes dans l'économie roumaine, créant de très nombreux emplois. A ses yeux, cette nouvelle condition ne peut que décourager les entreprises étrangères déjà confrontées à l'incroyable lourdeur de l'administration, exigeant une centaine d'avis avant de délivrer une autorisation, et à la corruption. En Hongrie, un investisseur étranger potentiel ne doit justifier que d'un apport de 15 000 € (100 000 F) et en Pologne de 25 000 € (165 000 F). A savoir Dix millions de cartes de crédit dans cinq ans D'après le directeur de Master Card pour la Roumanie, ce pays est très loin d'avoir épuisé son potentiel de développement au niveau des cartes de crédit, lequel devrait se développer fortement dans les cinq ans à venir pour atteindre 10 millions de titulaires. Le marché est entravé par le faible nombre de commerçants acceptant les cartes ou étant équipés à cet effet : 5000 seulement en Roumanie, contre 33 000 en Slovaquie, 39 000 en République Tchèque, 114 000 en Pologne… et plus d'un million en Italie ou en France. Premières rames automotrices livrées Les deux premières rames automotrices commandées à Siemens sont entrées en service le 1er février sur les lignes Bucarest-Iasi et Bucarest-PitestiCraiova. Composées de deux wagons avec un couloir continu, disposant de 123 places assises et de 90 debout, elles peuvent circuler à 120 km/h, sous le régime des trains inter-city qui effectuent les liaisons les plus rapides entre les grandes villes, sans supplément de prix. La SNCFR a passé une commande de 120 rames à la firme allemande, dont 57 doivent être livrées cette année. Près d'un tiers du personnel licencié à RomTelecom OTE, l'opérateur grec qui détient, depuis janvier, 54 % du capital de RomTelecom, contre 35 % auparavant, a décidé immédiatement de supprimer dans les années à venir près d'un tiers du personnel, soit 9000 employés sur 30 000. Pour justifier sa décision, la compagnie s'appuie sur la stagnation du marché prévue pour les deux prochaines années, la baisse de son action à la suite de la perte de son monopole dans le domaine de la téléphonie fixe, et l'ajustement de ses tarifs. OTE a toutefois précisé qu'il comptait investir près de 300 M€ (2 milliards de F) pour la modernisation du réseau, dans les trois prochaines années. Autoroute Bucarest-Brasov Le travaux du premier tronçon de l'autoroute Bucarest-Brasov, d'une longueur de 65 km allant jusqu'à Ploiesti, sur un trajet de 170 km, devraient commencer au cours de ce premier trimestre 2003 et durer quatre ans. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Un internationalisme qui tient lieu de patrie Cette attitude sera désormais un trait dominant de son engagement : le militantisme internationaliste, que ce soit au sein du Komintern (1919-1943), puis de son successeur, le Kominform (1947-1956), les organisations extérieures communistes, courroies de transmission de l'URSS. Dès lors, elle rejettera tout attachement sentimental avec son pays, le remplaçant par un autre patriotisme, fondé sur une obédience autrement aveugle, à un parti, à une puissance étrangère, et à son chef. Envoyée en Suisse par son employeur, un industriel qui lui avait confié un poste de bibliothécaire, pour continuer des études… qu'elle ne suivra jamais, elle y rencontrera son mari, Marcel Pauker, un militant communiste, roumain et juif comme elle, qui y faisait des études d'ingénieur. De retour en Roumanie, le couple participera à la création du Parti Communiste Roumain, en 1921, lequel adhère immédiatement au Komintern. Son engagement en faveur de la séparation des provinces où vivent des minorités - il aurait conduit notamment au rattachement de la Bessarabie à l'URSS - considéré comme une trahison vis à vis de l'unité nationale roumaine, lui vaut un premier séjour en prison, fin 1921, suivi d'une amnistie en 1922. Le PCR, dirigé alors par Elek Koblos - un juif hongrois… la pire des origines aux yeux des Roumains de l'époque - étant déclaré hors la loi en 1924, Ana Pauker est à nouveau arrêtée et ne sera libérée que deux ans plus tard. Connaissance et découverte Affaires étrangères de Staline, qui ne pipera mot quand celuici déportera sa femme, d'origine juive… L'époque où elle se décrivait comme une femme rêveuse, altruiste est bien lointaine. Ana Pauker échappe à la grande épuration stalinienne des années 1935-37, qui prend déjà un caractère antisémite marqué. Les Soviétiques la considèrent alors comme leur "homme" pour la Roumanie, "le seul" qu'ils agréent totalement. Cette confiance se concrétisera en 1940 quand, rentrée au pays cinq ans plus tôt et arrêtée pour la 3ème fois, condamnée à dix ans de prison dans le cadre du procès de Craiova contre les dirigeants du PCR, elle est la seule détenue libérée par Bucarest, à la demande de l'URSS, et échangée par les Soviétiques contre le leader des Roumains de Bessarabie, Ion Codreanu qu'ils ont emprisonné. Des semi-analphabètes à la place des fonctionnaires Dès l'entrée des chars russes dans Bucarest, début septembre 1944, Ana Pauker est à pied d'œuvre. Elle est l'une des sept secrétaires du comité central du PCR, devenu plus tard le PMR (Parti Ouvrier Roumain) à la suite de sa fusion avec le PSDR (Parti Social Démocrate Roumain). A ce titre, ces apparatchiks ont la main haute sur l'appareil du Parti et tirent les ficelles du gouvernement de l'homme de paille que Moscou a installé au pouvoir le 6 mars 1945, le docteur Petru Groza. Dès le lendemain, les communistes déclenchent une répression à large échelle. Plus de 70 000 fonctionnaires et Devenue "L'homme de Moscou" cadres sont licenciés, arrêtés, envoyés dans des camps de travail. Trois semaines plus tard, Ana Pauker réprimande son Près de deux décennies d'errance, au service du camarade, Teohari Georgescu, le sinistre ministre de Komintern, commencent alors. l'Intérieur, estimant qu'il ne va Successivement à Prague, pour pas assez vite en besogne. soigner son mari, à Berlin pour Des demi-analphabètes, réactiver le PC allemand, à Paris parfois des détenus de droit pour s'occuper du PC français, à commun ou des voyous les Vienne, où elle traduit les œuvres remplacent… s'ils peuvent se de Lénine, Ana, désormais prévaloir d'une "origine saine", Pauker, est devenue une militante c'est à dire appartenant à des familles sans biens, ne compprofessionnelle. Sa plus grande tant pas d'intellectuels, de proambition est de rejoindre l'école fessions libérales et de prêtres du Parti à Moscou. Mais ses tendans leur rang. Pour mener à tations trotskistes exprimées lors bien sa tâche, le Parti avait du IVème congrès du PCR, qui besoin d'exécutants dociles, ne s'est tenu en Ukraine en 1927, la se posant pas de questions. desservent. Toutefois, l'insistance de relations haut placées lui en Un décret gouvernemental ouvre les portes. légalisera l'affaire : il ne sera Ana Pauker, lors d’un meeting, sous les portraits de Petru Groza, plus nécessaire d'avoir un Commence alors une ascenprésident du Conseil, homme de paille des communistes, et du jeune Roi Michel, dont l’image est utilisée pour leur cause. minimum d'études pour exersion foudroyante au sein du Komintern. Vouant une obéissance sans faille à ses maîtres de cer les fonctions de préfet, maire, directeur de services déparMoscou, une admiration sans limite au "Petit père des tementaux, inspecteur des finances, etc… La carte du Parti peuples", Ana Pauker est devenue une apparatchik sans scrutient lieu de diplôme. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsigane pules, stalinienne fanatique… qui avalera sans rien dire la analphabète, voleurs de chevaux, qui devient président de la déportation dans un goulag de son mari, soupçonné de "trahiCAP (Coopérative Agricole de Production), et propulse sa son trotskiste", et son exécution. Elle est amie avec sœur chef-comptable… La mairesse désignée par le Parti était, Viatcheslav Molotov (1890-1986), inamovible ministre des elle, connue de tous pour être la prostituée de la commune. 41 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire BAIA MARE z ARAD z z z z SUCEAVA ORADEA CLUJ z TARGU MURES z DEVA z z SIBIU TIMISOARA z CODAESTI BACAU z IASI z z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z VASLUI z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Suspectée d'avoir dénoncé son mari 22 40 Ana Pauker a eu une vie sentimentale agitée et on lui a prêté de nombreux amants, qui avaient cependant tous la caractéristique d'être, à ses yeux, "politiquement correct". Deux enfants sont nés de son mariage avec Marcel Pauker : Vlad, en 1926, et Tatiana, en 1928. Leurs attributions respectives au sein du Kominterm les éloignant géographiquement, le couple se délite. Marcel a une liaison avec une militante communiste de Bessarabie, dont naît un fils, Iakov, en 1931. De son côté, Ana, envoyée à Paris, y rencontre Eugen Fried, homme lige mandaté par Staline pour réorganiser le Parti Communiste Français dont il est le secrétaire général, et qui installera Maurice Thorez à sa tête. De leur relation, naîtra en 1932, à Moscou, Marie, qui sera élevée par Aurora, l'ancienne maîtresse de Thorez, devenue la femme de Fried… ce qui accréditera le bruit que le premier serait son véritable père. Prise par ses activités militantes, Ana confiera ses deux premiers enfants au MOPR ("Le Secours rouge", œuvre sociale communiste pour les militants). Ana Pauker apprendra l'arrestation de son mari comme "ennemi du peuple", "pour trotskisme", sa déportation et son exécution, en 1938, lors des purges staliniennes, alors qu'elle est elle-même en prison en Roumanie. Elle sera suspectée de l'avoir dénoncé, aveuglée par son fanatisme mais, plus tard, elle démentira cette version et la question est toujours sujette à controverse, aujourd'hui. De retour en Roumanie avec l'Armée Rouge, la stalinienne fanatique sera déchue par son propre parti Ana Pauker, toute puissante matrone d'un régime honni, importé d'URSS A na Pauker… L'évocation du nom fait encore frémir bien des Roumains qui y accolent les souvenirs de l'instauration du régime communiste, de sa terrible épuration et de la collectivisation forcée. Pourtant, cette figure de premier plan du communisme international le plus sinistre, devenue la première femme au monde ministre des Affaires étrangères, en 1947, avant d'être dévorée, elle-aussi, par la Révolution qu'elle avait contribué à mettre en place, suscite parfois des ébauches de réhabilitation de la part d'historiens américains. Ces tentatives indignent les Roumains qui n'oublient pas le rôle d'une poignée d'intellectuels et activistes - essentiellement d'origine juive, ne manquent-ils pas de souligner formés à Moscou, revenus au pays dans les fourgons de l'Armée Rouge pour l'aider à installer la dictature communiste dans un pays qui n'en voulait pas et où ils étaient ultraminoritaires. Pour des générations de Roumains, Ana Pauker est cette matrone d'un régime qui, au temps de sa toute puissance, entre 1947 et 1952, ne circulait à travers le pays que dans une voiture blindée, escortée par d'autres véhicules de la police secrète, changeant sans arrêt de place… sans-doute de peur d'être victime du sentiment de haine et de dégoût que nourrissait tout un peuple à son égard. De la communauté juive de Vaslui au bolchevisme Ana Pauker, de son vrai nom, Ana Rabinsohn, est née le 13 décembre 1893 dans une famille juive de Codaesti (judet de Vaslui), en Moldavie. Son père était chanteur, puis professeur d'hébreu à la synagogue locale; sa mère, Sarah, beaucoup plus pragmatique, tenait une petite épicerie. La communauté juive était nombreuse dans la région, la politique antisémite du tsar Alexandre II (1818-1881) ayant conduit des centaines de milliers de ses membres à fuir la Russie pour des cieux plus tolérants et mieux disposés à accueillir leurs activités. Son grand-père ayant remarqué ses dispositions, Ana fut inscrite à l'école Heder censée n'accueillir que les garçons de sa communauté. Elle y suivit une scolarité de huit années, avant de fréquenter une école pour devenir couturière. Plus tard, à l'âge de 18 ans - ce sera son premier engagement - elle militera au sein du mouvement Bait Ya'cov qui avait pris en charge la scolarisation des jeunes filles juives, et donnera des cours d'hébreu. Révoltée par l'injustice sociale qui règne dans le pays, Ana Rabinsohn rejoint un groupuscule socialiste, le PSDMR (Parti Social-Démocrate des Travailleurs Roumains), en 1915. Elle a 22 ans et sa vie prend dès lors une autre tournure, qui l'éloigne du destin habituel des jeunes filles de sa communauté pour prendre le chemin de la révolution et de l'internationalisme. Sous l'effet de la Révolution russe, le PSDMR se divise entre radicaux et modérés. La jeune femme rejoint les premiers et les aide à constituer un "conseil secret", d'orientation bolchevique. En cette période agitée de la fin de la première Guerre mondiale, alors que la Roumanie, qui s'est rangée aux côtés des alliés, parvient enfin à faire son unité, elle distribue des manifestes appelant à l'autodétermination des minorités. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les rigueurs de l'hiver lèvent un coin de voile sur la détresse de nombreuses familles Social A Târgu Jiu, Dalia, dix ans, pleure de froid L a vague de froid de décembre (-34° à Buzau) a une nouvelle fois confronté les Roumains aux graves problèmes de chauffage qui existent dans les blocs des villes. Sinistrée par le chômage et la fermeture de nombreux puits, la vallée minière de Jiu a particulièrement souffert. A Târgu Jiu, certains immeubles n'ont plus de chauffage depuis des années. Des familles vivent entassées dans des studios. Les plus fortunés se sont procurés un poêle à mazout ou à bois. Ce n'est pas le cas de la famille Oprisescu. Mirela, la mère, 32 ans, et son mari, sont au chômage. A la maison, tout le monde porte trois à quatre épaisseurs de vêtements. La plus petite des deux filles, Dalia, dix ans, pleure à cause du froid, ce qui brise le cœur de sa mère qui la réchauffe en la serrant contre sa poitrine. Elle est déjà tombée trois fois malade en moins de deux mois. L'école n'est pas un refuge car, elle non plus, n'est pas chauffée. Les élèves doivent rester dans les classes avec leurs gants et leur caciula sur la tête. La voisine, Floarea, 33 ans, affirme que depuis six ans, le bloc n'a reçu du chauffage qu'en une occasion. Elle réchauffe les lits avec des bouillottes improvisées. La famille s'est débrouillée pour acquérir un poêle fonctionnant au bois, mais il consomme beaucoup; il a fallu en faire rentrer quatre mètres cubes et regrouper tout le monde dans la chambre des parents pour pouvoir l'entreposer. A l'étage inférieur, Ovidiu, 10 ans, apprend ses leçons en s'enfouissant sous une couette. Ses parents ont bien acheté un poêle à mazout, mais cela revient trop cher à faire fonctionner toute la journée, alors il ne marche que 2-3 heures par jour. Pour tenir chaud dans le lit, sa mère met des briques ou des Un quart d'enfants en moins dans les orphelinats E n 2002, le nombre d'orphelins, enfants abandonnés ou retirés à leur famille, pris en charge par l'Etat a diminué de un quart, passant de 57 000 à 43 500. 47 orphelinats ou institutions publiques spécialisées ont été fermés ou transformés en services alternatifs et centres de placement familiaux. 18 000 enfants ont ainsi pu rejoindre le système d'enseignement normal et fréquenter les mêmes écoles que les camarades de leur âge. 78 maisons et 112 appartements où les enfants bénéficient d'un environnement de type familial ont été mis en service. Par ailleurs, le nombre d'assistantes maternelles professionnelles est passé d'un peu plus de 3000 à près de 9000. pierres sur la cuisinière ainsi que des sacs remplis de sel. "C'est bon pour la santé" assure-t-elle. Salle à manger transformée en dépôt de charbon Dans la ville voisine de Rovinari, 12 000 habitants, 2000 chômeurs et 500 personnes ne vivant qu'avec l'aide sociale, tous les appartements se sont débranchés du chauffage. La mairie a bien investi 450 000 € (3 MF) pour la construction d'une centrale thermique et de mini-centrales pour les blocs, mais leurs occupants ont refusé de s'y brancher, de peur de ne pas pouvoir payer les factures. Aurelia, 35 ans, deux fillettes (2 ans et 12 ans), ne se souvient plus avoir eu du chauffage et de l'eau chaude depuis qu'elle a emménagé dans les lieux… en 1987. Elle invente mille choses pour que ses enfants résistent au froid. Chaque jour, elle leur prépare un bain de pieds brûlant, leur confectionne des boissons chaudes aux noix et oignons, réputées pour guérir la toux et les maux de gorge. Chaque semaine toute la famille va chez le médecin. Dans la ville toute proche de Matasari, la situation est identique. Mais comme ici on est près d'une mine, les gens ont acheté des poêles au charbon. Tous les adultes de la famille Olteanu - dix personnes au total - sont au chômage. Afin de gagner quelques sous, les enfants vont dans les galeries désaffectées chercher du charbon pour les voisins. La salle à manger a été réquisitionnée pour le stocker et tout le monde dort dans la même pièce. La famille est très heureuse de sa dernière acquisition : un poêle en terre qui garde la chaleur plus longtemps. Des enfants qui grelottent à l'hôpital de Lugoj D epuis le début de l'hiver, les enfants sont transis de froid à l'hôpital municipal de Lugoj où la température moyenne ne dépasse pas 8° dans les salles. Souvent internés pour des maladies pulmonaires, les petits pensionnaires doivent s'habiller et s'enrouler dans leurs couvertures la nuit pour résister à la chute des températures, le système de chauffage étant alors arrêté. En pédiatrie, des parents ont La température moyenne ne dépassait pas huit degrés, cet hiver, préféré récupérer leurs bébés et les dans les salles de l’hôpital de Lugoj. soigner à la maison, plutôt que de les laisser dans ces lieux. Même le chef de service qui avait pris froid a été obligé de s'arrêter, début janvier, alors que le thermomètre enregistrait - 26° à l'extérieur. Le directeur de l'hôpital, tout en reconnaissant qu'il fait froid, estime que la situation n'est pas si grave que çà et la met sur le compte de la vétusté de l'installation de chauffage qu'il a tenté en vain de faire réparer ou rafistoler. 13 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BAIA MARE z SUCEAVA z z ORADEA BISTRITA TARGU MURES z ARAD z CLUJ z SIGHISOARA z z z TIMISOARA z BACAU GALATI z z PETROSANI BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Sauver les jeunes sans-domicile relève de la mission impossible IASI z z z BUCAREST CONSTANTA z Deux semaines pour payer son chauffage 14 22 "Un enfant qui a passé plus de deux ans dans la rue est perdu" Alors qu'en prévision de l'hiver il avait annoncé à l'automne dernier des mesures pour échelonner les dettes des personnes qui ne pouvaient pas payer leur chauffage, le gouvernement a soudainement fait volte-face, début janvier. En pleine vague de froid (-34° dans l'Ouest du pays), il a promulgué, discrètement, une ordonnance d'urgence, exigeant le paiement des factures dans les quinze jours, sous peine d'une majoration de 0,06 % par jour de retard (soit +21% par an). Jusqu'ici, les abonnés disposaient d'un délai d'un mois, auquel s'ajoutait un mois de tolérance. Cette mesure a été prise alors que de nombreuses familles se débranchent du réseau, faute de pouvoir payer - un phénomène aggravé par la rigueur de l'hiver - et choisissent des moyens de fortune, souvent dangereux pour pouvoir continuer à se chauffer. Dans les blocs, certains bons payeurs voient leur chauffage, dépendant du système collectif, coupé d'autorité, leurs voisins ne pouvant s'acquitter de leurs dettes. Cinq accidents par jour dans les mines de la vallée de Jiu En 2002, les mines de la vallée de Jiu (Petrosani) ont enregistré 18 morts au cours de 1204 accidents du travail, soit cinq par jour et 158 de moins que l'année précédente. La principale cause avancée par les autorités pour les accidents mortels est le non-respect des normes de sécurité. Q uelques associations roumaines, assez peu nombreuses, tentent de venir en aide aux enfants de la rue de Bucarest, qui se calfeutrent l'hiver dans les réseaux souterrains de chauffage, appelés les "canale". Elles leur apportent de la nourriture, des médicaments; certaines tentent de mettre sur pied des cours d'alphabétisation, de formation à des métiers comme coiffeurs, couturières, d'ouvrir un foyer. Mais le découragement les guette souvent devant l'inanité de leurs efforts, comme le rapporte le quotidien "Adevarul" ("La Vérité") dans une enquête d'un de ses journalistes. "Ces enfants-là, leur journée commence non pas par "bonjour" mais par des jurons. Quand on leur parle d'aller à l'école, il répondent insolemment qu'ils ne peuvent pas parce que leurs intestins feraient trop de bruit" confie une bénévole, enchaînant : "Leur vie est faite d'énormes frustrations, de peurs, de réactions de méchanceté, d'abrutissement. Les tirer de cet univers est très difficile. 75 à 80 % d'entre-eux sont irrécupérables. Un enfant qui a passé plus de deux ans dans la rue est perdu". Ces associations comptent presque sur les doigts de la main les cas de réussite. "Il faut une volonté énorme et aussi de la chance pour s'en sortir" constatent-elles. "Le gamin doit surtout échapper à l'influence de sa bande, s'en séparer physiquement, définitivement… sinon, il retournera immanquablement dans le canal". Des cas heureux surviennent parfois, comme Florin; un de ses oncles a accepté de le loger, il a tenté plusieurs fois de rejoindre ses anciens amis mais, à court d'argent, revenait toujours. Aujourd'hui, il semble stabilisé et travaille comme "tractoriste" à la campagne. Apparition d'une deuxième génération qui naît et grandit dans les "canale" Le plus souvent ces tentatives de sortir ces "boschetari" (sans abris) de leur enfer se heurtent à un cercle vicieux. Très rares sont les patrons qui accepteraient de les embaucher, d'autant plus qu'ils n'ont pas de papiers d'identité… or la police ne Les canalisations de chauffage donne pas de papiers aux jeunes qui n'ont pas de constituent un refuge pour les sans-domiciles pendant l’hiver. domiciles… et ceux-ci, faute d'argent ne trouvent pas à se loger. Si quelques uns acceptent de les engager, le scénario est toujours le même : on leur confie des travaux pénibles, porter des sacs pendant 8-10 heures d'affilée. Le soir, ils rejoignent leur canal où leurs amis les attendent avec des boissons, de la drogue, les sacs plastic remplis de vernis qu'ils inhalent et qui leur a donné leur nom, les "aurolaci". Le lendemain matin, au lieu de se présenter à 6 h, ils viennent à 10 h et leur patron les met à la porte. En outre, ils auront dû partager avec la bande le maigre argent gagné. "On n'aime pas les voir, mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pour rien dans leur situation" se désespère un autre bénévole qui s'alarme de l'apparition d'une deuxième génération d'enfants de la rue : ceux qui naissent et grandissent dans le "canal" où leurs encore très jeunes parents ont eux-mêmes vécu ces dix dernières années. "Sortir une famille du canal et l'empêcher d'y retomber, c'est une mission impossible. Il faudrait l'énergie de dizaines de personnes. C'est au-dessus des moyens de la Roumanie, maintenant" constate-t-il, désabusé. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Musique A Connaissance et découverte Remus Azoitei, violoniste au talent reconnu par l'Académie Royale de Musique de Londres 31 ans, Remus Azoitei est devenu le plus jeune professeur de toute l'histoire de la prestigieuse Académie Royale de Musique de Londres, vieille pourtant de 180 ans. La vénérable institution a proposé au jeune violoniste non seulement d'interrompre sa seconde année d'études qu'il y menait mais lui a proposé de rejoindre le corps professoral. Remus Azoitei a parallèlement entrepris une carrière de concertiste qui l'a déjà conduit sur les plus grandes scènes de la planète où ses interprétations pleines de tempérament lui ont valu éloges et nombreux prix, ses prestations étant saluées par la critique, aussi bien en France qu'en Allemagne, qui a reconnu en lui "un violoniste de classe mondiale". Le jeune Roumain avait commencé très tôt l'apprentissage du violon à Galati, encouragé par ses parents, ingénieurs et mélomanes. Ceux-ci avaient d'ailleurs décidé, avec beaucoup de difficultés, de quitter les bords du Danube pour venir s'établir à Bucarest, en 1984, afin que leur fils puisse s'inscrire au Variétés F lycée de musique "George Enescu", puis à l'Académie de Musique "Ciprian Porumbescu". En 1995, Remus Azoitei remportait le prix Eugène Sirbu d'un montant de 1000 €, qui lui offrait aussi la possibilité de donner deux concerts aux Etats-Unis. Aidé par deux relations, persuadées de son talent, qui lui remirent 3000 €, il put se rendre à New-York et donna un récital qui enchanta une spectatrice de près de 80 ans, Dorothy Delay, la plus célèbre professeur de piano américaine. La vieille dame lui fit obtenir une bourse à la Juliard school de New-York, où un an d'étude coûte 27 000 € (180 000 F), et où il fut l'un des quinze interprètes admis à poursuivre un master de violon, sur un total de 500 musiciens venus du monde entier qui y suivent des cours. Depuis, la carrière de Remus Azotei a pris son envol mais, tout comme sa jeune compatriote, Alina Cojocaru, danseuse étoile à Covent Garden, l'Opéra Royal de Londres, l'artiste est davantage connu à l'étranger que dans son pays. Les deux jumelles effrontées de Cluj font un tabac en Angleterre Les "Cheeky Girls" : un "petit cul" adorable déboussole les ados timides in décembre, en quelques semaines, deux adorables et effrontées jumelles de 20 ans, Gabriela et Monica, originaires de Cluj, ont créé l'événement en Grande Bretagne avec un "single" (une seule chanson) qui est restée au hit-parade quatre semaines, occupant même la seconde place, alors qu'elles étaient totalement inconnues. Avec 360 000 exemplaires déjà vendus en un mois, leur tube, "Touch my bum" ("Touche mon petit cul") est bien parti pour leur assurer un disque d'or, décerné automatiquement quand la barre des 400 000 est dépassée. Mutines, les deux très jolies sœurs, qui ont pris comme nom de scène "Cheeky Girls" ("Les chenapantes") ont tapé dans le mille en s'adressant aux adolescents et garçons timides de leur âge pour les "décoincer". La chanson a été écrite en une demi-heure sur un coin de table par leur mère, Maggie, une Roumaine qui vit dans le Kent et est séparée de son mari, médecin à Cluj. "C'est de la culture de jeunes, simple à comprendre" plaide-telle devant les adultes dubitatifs devant le niveau du texte … et les chiffres de vente lui donnent raison. La chanson s'est imposée dans les discothèques, a fait le tour des écoles : "Je ne te demanderais jamais où tu vas; je ne te demanderais jamais ce que tu fais; je ne te demanderais jamais ce que tu penses; je ne te demanderais jamais si tu veux être à moi; Viens et souris, ne sois pas timide; touche mon petit cul, c'est la vie; nous sommes les chenapantes; vous êtes les chenapans". Difficile de résister ! Le site Internet de CNN Europe a consacré un grand article avec photo aux deux clujoises, lesquelles ont commencé à faire un tabac aux Etats-Unis et aux Canada, y faisant l'objet de reportages dans plusieurs journaux à grand tirage Le succès des jumelles s'apprête à franchir la Manche, les "Cheeky Girls" devant faire une tournée de présentation en Allemagne, Autriche, France et Hollande. Elèves dans une école de danse et d'art dramatique de Cluj, où on les trouvait gâtées, trop délurées, manquant de la grâce et de la rigueur exigées pour les ballerines, Gabriela et Monica Irimia vivent un vrai rêve. Elevées pendant sept ans par leur grandmère de 80 ans, après la séparation de leurs parents, les deux sœurs ont rejoint leur mère en Angleterre, en 2001, pour de simples vacances qui durent encore… et viennent de recevoir le droit d'y résider. 39 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Cinéma z z BAIA MARE ORADEA z z CLUJ z Amour et guerre de Sécession transposés dans les Carpates z SUCEAVA TARGU MURES z IASI BACAU ARAD z z z SIBIU TIMISOARA GALATI z BRASOV PITESTI BRAILA z z z CRAIOVA z BUCAREST CONSTANTA z On nous écrit Français du Banat réfugiés en Provence 38 22 Brasov a accueilli le tournage du plus grand film tourné en Roumanie Bernard Gremillet, de Balagny sur Thérain (Oise), apporte des éléments complémentaires à la suite de notre article sur les colons français du Banat, venus de Lorraine et d'Alsace ( N°15, p.48). "Des généalogistes m'ont fait parvenir des documents intéressants; ils confirment l'implantation de ces colons du temps de l'empire austro-hongrois. Après 200 ans, au cours de la Seconde Guerre mondiale, ils ont subi l'invasion russe et ont dû émigrer vers l'ouest de l'Europe. Robert Schumann, luimême lorrain, a été sensible aux conditions de vie de ces déplacés en Autriche (Noël 1947) ; il permit et favorisa l'accueil de plusieurs centaines de réfugiés dans une commune du Vaucluse, La Roque sur Pernes, au pied du Ventoux. Depuis ceux-ci ont fait souche et redonné vie à une commune délaissée.” Ces Informations sont tirées des articles de presse et d'études : - "Le Républicain Lorrain" du 21 janvier 1976 - Mémoire au sujet de la recolonisation des Lorrains et des Alsaciens du Banat par le Dr.Emmerich Reitter (né en 1875 à Lovrin, proche de Timisoara), ancien député et sénateur de Roumanie, publié en 1945. - Extrait du "Lorrain" du 12 et 13 juin 1954, photocopié aux archives municipales de Thionville. - "L'illustration" du 21/11/1934; article d’André Rosambert concernant Mertisoara, ancien Mercydorf, entre Arad et Timisoara. T out au long du second semestre 2002, les environs immédiats de Brasov ont accueilli le tournage du plus grand long-métrage jamais réalisé en Roumanie, "Cold mountain", dont le budget de plus de cent millions d'euros aurait été le plus important de l'année, au niveau du cinéma mondial. Cette co-production britannico-italo-roumaine, dont on parle déjà comme étant en course pour les Oscars, a réuni des acteurs célèbres comme Nicole Kidman, Jude Law, Donald Sutherland, et devrait sortir sur les écrans à la fin de l'année. Le scénario, mis en scène par Anthony Minghella d'après le roman de Charles Frazier, raconte l'histoire d'amour née entre une jeune femme et un soldat confédéré poursuivi pour désertion pendant la guerre de Sécession. Le producteur du film, l'Ecossais Iain Smith, qui a déjà à son actif "Sept ans au Tibet", "Le cinquième élément", "1492", a confié à "Adevarul" ("La Vérité") les circonstances qui l'ont amené à choisir la Roumanie pour ce tournage. Ressemblance avec la Caroline du Nord, coûts moins élevés "J'étais venu voici deux ans en Transylvanie pour me faire une idée du pays. J'ai voyagé à pied, en stop, en bus, en taxi pendant une semaine, et quand j'ai découvert Brasov et ses environs, je me suis dit que c'était une ville assez grande pour accueillir une réalisation mais je n'avais pas du tout en tête "Cold Mountain" dont le tournage était prévu aux USA, tout en me disant que je viendrai faire un film ici". "Mais six mois plus tard, le coût de la production s'était tellement enflé, au point de vouloir arrêter le projet, qu'il a fallu se tourner vers d'autres pays meilleurs marchés, le Canada, les pays de l'Est… ce qui n'enchantait pas le réalisateur. Mais je l'ai finalement convaincu en lui parlant des beautés étranges de la Transylvanie, de ses ressemblances avec la Caroline du Nord où se déroule l'action, "Cold Mountain" se trouvant d'ailleurs dans un comté portant le nom… de Transylvanie. Bien sûr, les coûts extrêmement bas de la réalisation sur place, permettant de réaliser beaucoup d'autres choses sont entrés en ligne de compte". Interrogé sur les conditions du tournage et le niveau technique du cinéma en Roumanie, Iain Smith a indiqué que ce pays ne figurait pas encore sur la carte des lieux où les grandes productions peuvent réaliser des films, mais que l'idée avançait doucement. "Cold Mountain", film de bonne qualité, coûtant beaucoup moins cher qu'aux USA aidera certainement à faire signer de nouveaux contrats" a-t-il prédit, ajoutant toutefois "l'industrie cinématographique est encore sous-développée ici ; les professionnels ne le sont parfois pas ou manquent d'expérience car ils n'ont travaillé que sur de petits projets. J'en ai quand même trouvé des bons, pleins d'enthousiasme". "Ce n'est pas un pays où on travaille sans problèmes" Le producteur a également confié que "la Roumanie n'est pas un pays où on travaille sans problèmes. La mentalité y est très étrangère à la nôtre; la corruption y est très grande ainsi que la propension à faire des affaires par en dessous. Je l'ai senti tous les jours". L'Ecossais a indiqué que cette corruption ne l'avait pas perturbé personnellement, car il n'y avait pas été confronté lui-même, ni à des tentatives de chantage, mais qu'elle avait certainement joué sur les Roumains : "J'ai négocié avec eux un salaire, le meilleur que je pouvais offrir; en contre-partie, je voulais qu'ils soient disponibles 7 jours sur 7, et qu'ils travaillent quand on en avait besoin. Mais comment se montrer exigeant quand ils ne reçoivent qu'une partie de la somme due… et que le reste a disparu. Quand je paye un chauffeur, je veux que ce soit lui qui reçoive l'argent et pas quelqu'un d'autre". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Social Actualité Des statistiques démographiques inquiétantes : un actif pour cinq non productifs A lors qu'avant la "Révolution” de 1989 3,6 salariés cotisaient pour un retraité, cette proportion s'est dramatiquement inversée, du fait de la crise économique et de l'apparition du chômage, ainsi que du laxisme de la réglementation, laquelle a permis à de nombreux employés de s'octroyer une retraite très anticipée - dès l'âge de 50 ans, dans de nombreux cas - ou d'obtenir une pension d'invalidité ou de longue maladie, souvent non justifiée. Ainsi le rapport était-il passé à 1,5 salariés pour un retraité dès 1997, tombant à la parité en 1999, pour s'établir à 1 salarié pour 1,6 retraités, en 2002. Dans la Bulgarie voisine, il est exactement inverse, 1,6 salariés pour 1 retraité. Aujourd'hui, la Roumanie compte 6,5 millions de retraités, 770 000 chômeurs, 3,4 millions d'élèves et 300 000 étudiants. Si l'on ajoute à ces catégories, les conjoints ne tra- vaillant pas, les personnes ne bénéficiant d'aucune aide, les enfants de moins de six ans, on arrive à la proportion d'un Roumain actif acquittant les cotisations sociales pour cinq compatriotes non productifs. Ces déséquilibres démographiques ont des conséquences sérieuses sur l'avenir des retraites. D'ici à 2014, l'âge de cessation d'activité va être reculé de 62 à 65 ans pour les hommes, et de 57 à 60 ans pour les femmes, comme il avait été déja annoncé à plusieurs reprises. L'ancien ministre du Travail, Alexandru Athanasiu, a prédit que si aucune réforme du régime n'était entreprise, en 2030, le niveau des pensions ne représentera plus qu'un quart du salaire au lieu de la moitié actuellement. Conscients de la gravité du problème, les syndicats se penchent sur des projets de création de fonds de pensions privés. Baisse du chômage en 2002, avec un taux moyen de 8,1 % D 'après les statistiques gouvernementales, le niveau du chômage a baissé de 0,5 % en un an, s'établissant à 8,1 % de la population active, fin décembre 2002. A cette époque, la Roumanie comptait 760 000 chômeurs, dont 340 000 femmes (45 %). Ce sont les judets de l'Ouest du pays et de la région de Bucarest qui étaient le moins touchés par ce phénomène : Bihor (Oradea), 3,1 %, Bucarest (3,2 %), Satu Mare (3,7 %), Timis (4 %), Arad (5 %), Ilfov (périphérie de Bucarest, 5,4 %), et Vrancea (Focsani, 5,7 %). Parmi les départements se situant en dessous de la moyenne nationale figurent: Maramures (Baia Mare, 6,1 %), Dolj (Craiova, 6,3 %), Arges (Pitesti, 6,4 %), Mures (Târgu Mures, 6,5 %), Giurgiu et Salaj (Zalau, 6,7 %), Harghita (Miercurea Ciuc) et Sibiu (7,1 %), Mehedinti (Turnu-Severin, 7,8 %). A contrario, les taux de chômages les plus élevés sont enregistrés dans l'Est et le Centre du pays : Vaslui (14,7 %), Galati (14,2 %), Brasov (12,3 %), Ialomita (Slobozia, 11,5 %), Alba (11,2 %), Vâlcea (Râmnicu Vâlcea, 11 %), Botosani (10,2 %), Cluj et Gorj (Târgu Jiu, 10,1 %), Prahova (Ploiesti, 10 %). Ces chiffres, finalement modérés pour un pays en transition et au paysage économique bouleversé, avec des régions entièrement sinistrées, ne manquent pas de surprendre les observateurs. Nombre d’entre eux se posent la question de savoir quelle réalité exacte du chômage les statistiques gouvernementales recouvrent-elles ? L'Italie recrute des chefs cuisiniers roumains M i-janvier à Bucarest, la province italienne d'Udine (près de Venise, sur la mer Adriatique), a organisé une présélection pour recruter trois cent cinquante chefs de cuisine roumains, chefs de salle, réceptionnistes, serveurs, femmes de chambre, pour la saison de mai à juin. Les candidats devaient avoir au moins deux ans d'expérience dans le domaine hôtelier, posséder quelques éléments d'italien et d'allemand (pour le personnel chargé de l'accueil). Les personnes retenues devaient bénéficier de cours de formation professionnelle et d'italien. Le salaire mensuel proposé variait de 770 à 900 € (5000 à 6000 F), logé-nourri, soit près de dix fois le salaire moyen en Roumanie. Cette démarche volontariste a pour avantage de répondre à une demande qui existe, d'y adapter l'offre, et de sécuriser les personnes embauchées en leur donnant un statut régulier, contrairement à la France, où dans les mêmes conditions, les Roumains doivent travailler le plus souvent de manière clandestine alors qu'on a besoin de leur main d'œuvre. Revers de la médaille : la sélection… Rien ne garantit qu'elle se fait davantage sur des critères professionnels que sur des dessous de table, comme cela a été généralement le cas jusqu'ici. Première grève chez Dacia-Renault P our la première fois depuis qu'il a pris le contrôle de Dacia, en 1999, le constructeur français Renault a dû faire face à un mouvement de grève dans l'usine du fabricant automobile roumain, à Pitesti. Les syndicats réclamaient une augmentation de salaire de 23 % alors que la direction ne proposait que 14 %. Suivant la législation sociale en place, ce mouvement s'est limité à une première grève d'avertissement de deux heures, le vendredi 14 février, après qu'elle ait été décidée par deux tiers des ouvriers syndiqués. Pour améliorer la productivité, Renault a décidé de licencier plus de 11 000 employés sur 27 600 en cinq ans. Le constructeur s’apprête à sortir un nouveau modèle appelé à prendre la succession des Dacia en septembre prochain. 15 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Tout leur village les cherchait depuis quatre jours Faits divers SATU MARE z z z z ORADEA z SUCEAVA z BAIA MARE ZALAU z BRASOV GALATI z SIBIU z PITESTI CRAIOVA z z IASI TARGU MURES z z TIMISOARA Deux gamins sauvés grâce à leur présence d'esprit… et à Jules Verne z z CLUJ ARAD z z MIZIL BUCAREST CIUPERCENII NOI z PLOIESTI CONSTANTA EFORIE z z 80 000 chiens errants auraient été euthanasiés à Bucarest 16 22 En 2000, la campagne d'euthanasie des chiens errants dans les rues de Bucarest, estimés alors à 200 000, avait provoqué la levée de boucliers des défenseurs des animaux et la venue sur place de Brigitte Bardot. Deux ans après, la clameur s'est calmée et l'administration municipale s'est targuée de l'élimination de 80 000 chiens (50 000 en 2001 et un peu plus de 30 000 en 2002), à peine 3 % des animaux capturés ayant été adoptés. Le coût de l'opération a été de 500 000 lei par chien (15 €, 100 F), soit 1,15 M€ (7,5 MF). Toutefois, depuis le début de 2003, la campagne d'élimination a cessé, à cause de la réorganisation des services municipaux, qui a provoqué la délégation de cette fonction aux mairies d'arrondissement, ce qui fait redouter une résurgence du problème. De leur côté, les associations de défense des animaux doutent du bien-fondé des chiffres avancés par la mairie, l'estimant nettement inférieur… les statistiques citées servant surtout, à leur avis, à gonfler le coût de l'opération et des sommes qui y ont été consacrées. D ans le village de Ciupercenii Noi, plus personne ne pensait revoir vivants Ionut et Catalin. En ce début janvier, alors qu'il faisait un froid de canard, tous les habitants cherchaient à travers champs et forêts des environs les deux gamins de onze ans qui avaient disparu depuis quatre jours, après être partis jouer. Toutes les hypothèses avaient été échafaudées, tous les coins et recoins du village passés au peigne fin… sauf un. La cinquième nuit, un paysan a vu les deux enfants en rêve, tombés dans un trou. Dès le matin, il s'est dirigé vers le puits désaffecté de l'un de ses voisins où il les a découverts, transis de froids, morts de faim et de soif, aphones à force d'avoir crié "Ajutor" ("A l'aide"). "De l'eau, de l'eau" ont-ils à peine pu articuler quand, à bout de force et de résistance, ils ont été sortis de leur fâcheuse situation. Bloqués au fond d’un puits Ionut et Catalin, copains de classe, s'étaient donnés rendez-vous pour aller explorer le puits, devenu une grotte dans l'imaginaire des enfants du village qui y descendaient volontiers à l'aide d'une corde. Mais, manque de chance, celle-ci avait cédé quand ils avaient voulu remonter. Il n'était venu à personne l'idée d'aller inspecter les lieux, tenus secrets par les enfants. L'un d'entre-eux avait pris son courage à deux mains pour en parler à sa mère, mais avait reçu en retour une gifle magistrale qui l'avait dissuadé de revenir sur le sujet. Laissés à leur sort, se cachant mutuellement leur peur, Ionut et Catalin n'ont dû leur survie qu'à l'application des techniques qu'ils avaient lues dans les romans de Jules Verne. Economisant leurs forces, ils évitèrent de s’époumoner, ne criant qu'à tour de rôle; ils se désaltéraient en recueillant des gouttelettes de rosée sur les manches de leur blouson et se réchauffaient en dormant dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient réussi à jeter à l'extérieur leurs bottes et leur caciula (bonnet), espérant qu'ils attireraient l'attention. En vain… Conduits sains et saufs à l'hôpital, pour récupérer, ils y ont été chaleureusement réconfortés par les infirmières qui ont confectionné un énorme gâteau pour l'anniversaire de Ionut. Pendant ce temps là, tout Ciupercii Noi s'était réuni pour fêter l'événement à l'occasion d'un "chef monstru" (une fête monumentale) comme le village n'avait jamais connu jusqu'ici et qui a duré jusqu'au petit matin. L Un réseau de passeurs démantelé à la frontière hongroise a police des frontières de Satu Mare a démantelé un des plus vieux réseau de passeurs entre la Hongrie et la Roumanie, arrêtant 90 de ses membre, dont 28 Roumains, comprenant entremetteurs, transporteurs, organisateurs et individus chargés de faire franchir la frontière à travers champs. Le réseau opérait en deux branches, l'une spécialisée dans les Afghans, Irakiens ou Iraniens, l'autre dans les Vietnamiens, Somaliens, Africains. Récupérés à Bucarest, ces clandestins étaient acheminés nocturnement, en micro-bus ou en Dacia, vers Cluj et Zalau, contre la somme de 250 € (1650 F). Ils étaient ensuite confiés à des passeurs après avoir versé à nouveau 300 € (2000 F). Arrivé en Hongrie, la pègre locale les prenait en charge pour les acheminer vers les pays occidentaux, moyennant 1500 € (10 000 F), somme comprenant leurs frais de séjour en hôtels trois étoiles, la pension, le transport, la rémunération de leurs accompagnateurs. L'ensemble des membres du réseau ont été condamnés à un total de 834 années de prison, soit 9 ans chacun. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte "Nous autres, nous avons besoin d'une classe possédante. Jusqu'à présent nous n'en avons pas… Qu'il y ait des victimes, cela aussi est naturel. Car enfin votre conquête de la patrie, comme vous dites, n'a-t-elle pas eu les siennes ?... Eh bien nous autres, nous faisons la même chose, si ce n'est que notre conquête nous ne la faisons ni à cheval , ni par le glaive… Nous sommes des hommes d'aujourd'hui, nous sommes gris, modestes !". Comparé au “Guépard” de Lampedusa La thématique politique n'est cependant pas l'essentiel du roman de Banffy. Certains critiques en Angleterre, où le livre vient de rencontrer un grand succès, l'ont comparé au Guépard de Lampedusa. Peut-être pour ce sentiment de déclin et de nostalgie d'une époque sur sa fin qui habiterait l'auteur (le livre est ainsi titré : Vos jours sont comptés). Ou encore pour la description des fastes d'une aristocratie qui court d'un bal à l'autre, d'une table de jeu à l'autre ou après un amour impossible. "L'univers qui est décrit par l'auteur transylvain est celui de la Mitteleuropa de la Belle Epoque", écrit le préfacier du livre, Patrick Leigh Fermor. "Les hommes de ce temps-là, fussent-ils atteint de myopie, avaient décidé de jeter leurs lunettes aux orties pour les remplacer par d'élégants monocles". Bien mal leur en pris car c'est ensuite dans un tout autre monde, bien moins doré, que l'histoire allait les propulser. Adam Bodor, romancier d'une Transylvanie carcérale Adam Bodor ne précise pas avec exactitude les lieux où se déroule son roman, mais il s'agit de La vallée de la Sinistra qui donne son titre au livre. On est aux confins de la Roumanie transylvaine et de l'Ukraine, dans le nord du pays. L'identité des personnages importe peu. C'est d'ailleurs "le commissaire forestier qui décide du nom" des nouveaux arrivants. Andrei Bodor, tel sera celui attribué au personnage central, venu là pour tenter de retrouver son fils adoptif. Cela lui prendra des années. C'est que le temps, dans cette sorte de colonie pénitentiaire, semble ne plus vouloir progresser. Il faudra à Andrei Bodor des trésors de patience pour parvenir à surmonter l'absurdité des comportements et de la situation générale. Le livre a été publié en 1992 (traduit en français en 1995) et nous parle bien sûr de l'incroyable anéantissement des âmes sous un régime de terreur. L'humour est au service de cette écriture, sans doute pour éviter à son auteur de sombrer dans la folie. La beauté des lieux aussi, à travers la fine description qu'il en fait, lui permet de conserver une part de dignité. Mais diable que cet ensemble de Chapitres d'un roman (sous-titre donné au livre) peut être désespérant avec des individus qui n'en sont plus vraiment. S'il est possible d'établir un lien avec le monde décrit par Miklos Banffy, c'est le personnage de Connie Illafeld qui peut un tant soit peu l'établir. "Descendante des Illarion, boyards de Bucovine, elle vivait sur l'ancien domaine familial, parmi de simples montagnards, et s'appelait en réalité Cornelia Illarion". Mais l'histoire de son temps va la conduire à l'hôpital psychiatrique "Colonia Sinistra". Elle va non seulement y devenir folle : "Elle mélange toutes les langues en parlant", mais prendre une apparence inhumaine : "… une veste en loques sur les épaules, un être velu qui semblait prier… Sa figure était couverte de longs poils soyeux ; entre les touffes, on voyait luire ses yeux verts ". Triste sort advenu à cette descendante d'aristocrates qui se voit régresser dans une sorte d'animalité par suite d'une surdose de produit médicamenteux de son tortionnaire. A coup sûr, l'ancienne classe dominante n'avait pas prévu le sort que lui réservait "Colonia Sinistra". Si cela avait été le cas, peut-être aurait-elle eu alors plus de souci à faire évoluer le monde doré dans lequel elle se complaisait égoïstement et que Miklos Banffy a finement décrit. Adam Bodor, né en 1936, a fait des études de théologie protestante à Koloszvar (Cluj). Arrêté, il a passé plusieurs années en prison, avant de quitter la Transylvanie en 1982 pour s'installer en Hongrie où il est considéré aujourd'hui comme un des maîtres de la prose hongroise. Bernard Camboulives Vos jours sont comptés, Chronique transylvaine, de Miklos Banffy (1934). Traduit du Hongrois par Jean-Luc Moreau, préface de Patrick Leigh Fermor, Phébus, "D'aujourd'hui étranger", 2002 pour l'édition française, 764 pages, 24,5 € (162 F). La vallée de la Sinistra d'Adam Bodor (1992). Traduit du Hongrois par Emilie Molnos Malaguti, avant-propos de Jean-Luc Moreau, Robert Laffont, coll. "Pavillons", 1995 pour l'édition française, 216 pages, 20 € (132 F). Parution d'un dictionnaire en français sur la mythologie populaire roumaine L 'université de Grenoble a publié, à la fin 2002, un petit dictionnaire de la mythologie roumaine écrit par le professeur Ion Talos de l'université de Cologne, en Allemagne, et inspiré de ses cours. L'ouvrage avait déjà été publié en Roumanie, aux édition "Enciclopedica", en 2000. Il a été traduit en français par Anneliese et Claude Lecouteux. Ce dictionnaire a le mérite de familiariser le lecteur français avec l'univers complexe des coutumes et traditions roumaines, dont certaines sont encore pratiquées de nos jours et sont toujours un sujet d'étonnement pour les étrangers qui les découvrent. Personnages mythologiques, animaux, esprits, y figurent avec leurs significations, leur symbolique, leur significa- tion aussi bien sur le plan des cultes que de la culture, leur influence sur les mentalités collectives, à travers les différentes régions de la Roumanie. Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine de Ion Talos, traduit par Anneliese et Claude Lecouteux. Editions littéraires et linguistiques de l'université de Grenoble, 2002, 211 pages, 19 € (125 F). 37 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Livres z BAIA MARE ORADEA CLUJ z z ARAD z z IASI z HUNEDOARA z z SUCEAVA TARGU MURES SIBIU z BACAU GALATI z PLOIESTI CRAIOVA z BRASOV z z TIMISOARA z BRAILA z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Les excuses du "Petit Robert" 36 22 "Les Nouvelles de Roumanie" s'étaient faites l'écho de l'indignation des Roumains devant la photo choisie par Le Petit Robert pour illustrer leur pays : un campement de Tsiganes, dont plusieurs enfants aux visages sales, près de tentes installées dans un champ boueux. Dans un communiqué, Pierre Varrod, le directeur général de la célèbre maison d'édition du dictionnaire a déclaré "regretté vivement l'erreur faite et présenté ses plus sincères excuses au peuple roumain", ajoutant "Aucune réédition n'est prévue mais, le cas échéant, je m'engage formellement à supprimer la photo incriminée". Cette affaire est allée jusqu'à la tribune du Sénat roumain, comme l'indique le journal "Le Monde", citant "Les Nouvelles de Roumanie" dans son article. "C'est une atteinte à la dignité nationale" s'est exclamé le sénateur du Parti Social Démocrate au pouvoir, George Pruteanu, auteur par ailleurs d'une loi de défense de la langue roumaine, ajoutant "le ministère des Affaires étrangères devrait rédiger une note de protestation. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés lorsqu'un dictionnaire à grand tirage se moque de nous". Dans une lettre adressée à l'éditeur français, le Conseil de la communauté des Roumains de RhinMain avait également réagi, indiquant que "cette photo n'était pas plus représentative de la Roumanie qu'une case africaine de la France, de sa langue et de son peuple, même si son équipe de football est composée en majorité d'Africains". Deux romanciers hongrois de Transylvanie, évoquent leur province natale et deux univers aux antipodes La Mitteleuropa de la Belle Epoque et les sinistres prisons du communisme L es points communs qui unissent Miklos Banffy et Adam Bodor seront plus vite énumérés que ce qui les sépare du point de vue littéraire. Tous deux sont nés à Kolozsvar (Cluj en hongrois) ou dans ses environs. Tous deux ont un amour infini pour leur province natale et tous deux en ont été exilés par l'histoire : Banffy est mort à Budapest en 1950 (aujourd'hui enterré dans le cimetière Hazsongard de Cluj); Bodor vit encore dans la capitale hongroise mais "ne cesse de retourner en Transylvanie par l'imagination". Pour le reste, leur œuvre romanesque rend compte de deux réalités historiques si dissemblables à plus de cinquante ans de distance que le lecteur en reste interloqué. Tant de contrastes politiques sociaux et culturels en si peu de temps donne bien toute la mesure des violences qui ont pu s'exercer sur cette région au XXème siècle (comme dans toute l'Europe de l'Est et du Centre, d'ailleurs). Miklos Banffy, romancier de l'aristocratie hongroise de Transylvanie Si le paysan roumain de Transylvanie a eu son romancier en la personne de Liviu Rebreanu -lire Ion le Roumain (1920) et L'Insurrection (Rascoala -1933)- l'aristocratie hongroise de cette même région a également son romancier avec Miklos Banffy (1873-1950). Et c'est à une aussi longue lecture que s'attache celui qui plonge dans cette Chronique transylvaine que l'auteur hongrois a écrite et publiée en 1934 (et encore n'est-ce là que le premier tome d'une œuvre qui en compte trois, publiés en 1937 et 1940 mais non encore traduits en français). La période évoquée est celle du début du siècle (les années 1904-1905). La Transylvanie est alors hongroise et la Hongrie est liée à l'Autriche dans un même empire. Toutefois, les relations entre les deux partenaires ne sont pas au mieux. Cette situation politique qui voit la Hongrie s'agiter pour tenter de sortir de la tutelle autrichienne est un des axes du roman. Banffy fait observer cette agitation à son personnage principal, Balint Abady, avec recul et parfois même avec consternation tant les attitudes nationalistes lui paraissent sordides. Député de Transylvanie à Budapest, ce dernier songe par ailleurs à ce que devrait être l'avenir de sa province, non seulement en regard du pouvoir hongrois mais également du point de vue des nationalités. Ainsi dit-il, s'adressant à un interlocuteur roumain de Transylvanie : "Je crois (…) que spirituellement et économiquement nous devrions chercher un terrain d'entente et nous rapprocher. Si nous parvenions à avoir confiance les uns dans les autres, le reste nous serait donné de surcroît. Vous et nous sommes également Transylvains. La Transylvanie, c'est notre petite patrie, celle que nous avons en commun. Sur ce terrain, il y a beaucoup de choses que nous pouvons désirer ensemble : qu'on nous comprenne mieux, que davantage d'attention soit prêtée à nos intérêts locaux, que tout ne soit pas raflé par Budapest". "Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ?" Mais la sagesse de ce propos n'est pas alors le sentiment le plus répandu. C'est d'une part la haine qui prévaut quand un aristocrate hongrois s'insurge auprès de Balint Abady : "Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ? Moi, ces animaux-là, je ne pourrais pas ! Il suffit que je les voie, mon sang de Hongrois se met à bouillir !". C'est d'autre part la duplicité qui l'emporte quand Abady, soucieux de sortir les paysans roumains de leur misère dans laquelle des hobereaux de même nationalité s'évertuent à les maintenir, s'entend dire de la bouche d'un avocat également roumain : Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Canalisations sauvages branchées sur les réseaux des compagnies pétrolières Faits divers Essence à bon compte… et un trafic devenu sport national U n colonel de l'Armée, responsable de la Protection civile pour le judet de Brasov, a été arrêté à la mi-janvier, pris la main dans le sac, en pleine nuit, avec deux complices, en train de détourner du carburant transitant par le réseau d'approvisionnement de la société Petrotrans. Le gradé avait pratiqué un trou dans une canalisation et s'y approvisionnait régulièrement pour alimenter la station d'essence toute proche, appartenant à sa famille. Celle-ci avait été construite au milieu des blocs, malgré les protestations des riverains, mais avait obtenu toutes les autorisations nécessaires… dont celle de la Protection civile. Ce fait-divers illustre une nouvelle fois un aspect d'un des trafics les plus répandus en Roumanie : celui de l'essence et du gas-oil au détriment des compagnies nationales. Un phénomène encouragé par le prix atteint par les carburants dans le pays, 25 000 lei le litre (0,7 €, 4,70 F… soit l'équivalent de 8,5 €, 56 F pour un Occidental). Un souterrain de 250 mètres de long, doté de l'électricité siècle de son salaire. Quant au juriste, il menait la belle vie… maison splendide, grosses voitures et pourboires distribués générreusement à droite et à gauche. Ni vu, ni connu… 4 M€ détournés à la barbe des sociétés pétrolières A Crevedia, près de Bucarest, les trafiquants s'étaient mis à quatorze pour installer un détournement sauvage de plus de trois kilomètres de long, aboutissant en pleine nature, loin des regards indiscrets. L'achat du seul tuyau de raccordement avait coûté 6000 € (40 000 F). Mais le plus ingénieux des voleurs a été un habitant de Constantsa qui a soustrait pour environ 4 M€ (26 MF) de carburant en un an, sans que la société spoliée ne s'en rende compte. Il s'était installé à côté même d'un dépôt de Petrotrans et avait branché plusieurs conduits passant sous la clôture. L'un approvisionnait une station clandestine où les clients pouvaient venir se servir; un autre aboutissait dans un hangar et remplissait directement les cuves d'un camion, dont le chargement était caché par des caisses de bouteilles de bière vides. Lorsque le plein était fait, celui-ci partait faire sa tournée de livraison dans les stations services du secteur, à des prix sans concurrence contre un paiement cash, en liquide. Fuites entraînant des pollutions Mais pour un trafic démasqué, combien continuent à prospérer à travers tout le Quelques semaines auparavant, c'est un pays ? Que de tels détournements puissent juriste de Mizil qui avait été appréhendé avoir lieu à la barbe des sociétés pétropour avoir soustrait en deux mois plusieurs lières, parfois sans réaction de leur part, et milliers de m3 de carburant de type Euro 3, durer aussi longtemps, en dit long sur l'amdestiné à l'exportation, d'une valeur d' un pleur des complicités dont ils peuvent Branchement sauvage, archaïque million d'euros. Ayant monté une société de (en haut, à gauche) ou galerie bénéficier. Dans la région de Constantsa, la sophistiquée (ci-dessus): le vol de plus touchée, un seul trafiquant avait été distribution de boisson comme couverture, carburants a pris des proportions inouïes. il en remplissait les cuves après s'être branarrêté au cours de l'année 2000 où l'on estiché sur l'oléoduc tout proche de son entreprise, reliant les rafme à au moins 13 000 tonnes le carburant ayant disparu dans fineries de Ploiesti au port de Constantsa. le judet cette année-là, et à 2000 les branchements clandestins. Pour ce faire, l'individu avait fait construire un souterrain La seule société Compet SA en a été victime de 300, le mois de 250 mètres de long, 1,70 m de haut, 1 m de large, doté de de juillet battant tous les records avec 40 installations l'électricité, comprenant deux conduits, l'un pour l'essence, trouvées. En outre, aucune enquête mettant en cause des polil'autre pour le gas-oil. L'installation aboutissait directeciers, gradés ou non, fortement suspectés d'avoir prêté la main ment…dans sa cour et lui permettait de remplir une citerne de à ces vols, n'avait abouti. 10 tonnes en 8 heures, sous une pression de 5 bars. Il ne lui resOutre ses répercussions économiques, ce phénomène a tait plus qu'à faire effectuer les livraisons vers les stations-serd'autres conséquences. Toujours dans les judets de Constantsa vices ou autres clients par un camion-citerne lui appartenant. et voisins, des dizaines d'hectares de terrains ont été pollués La sécurité du transport était assurée par un policier à bord par des fuites provenant de ces installations sauvages. Près de Pitesti, trois trafiquants sont morts asphyxiés à la suite d'un de sa jeep-Toyota d'une valeur de 35 000 € (230 000 F). Un dysfonctionnement du système qu'ils étaient en train de mettre de ses collègues, lui aussi dans le coup, s'était fait construire une villa de 150 000 € (un million de F), représentant un en place et ayant entraîné des émanations de gaz. 17 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Justice z z BAIA MARE ORADEA TARGU MURES CLUJ z z BACAU z z SIBIU TIMISOARA TURNU SEVERIN z CRAIOVA IASI z GALATI z BRASOV PLOIESTI z La Justice considérée comme la deuxième administration la plus corrompue du pays z SUCEAVA z z ARAD z BRAILA z z z TULCEA BUCAREST 77 % des Roumains n’ont pas confiance dans leurs juges CONSTANTA z Mise en place d'un nouveau code pénal Le gouvernement s'apprête à mettre en place un nouveau code pénal qui répartira les faits tombant sous le coup de la loi en délits ou crimes, suivant leur gravité. Pour les premiers, la peine principale sera les travaux d'intérêt général, un système de jours-amende étant prévu. Les délits passibles de deux ans de prison pourront être transformés en travaux pour les espaces verts. 18 22 Rodica Stanoiu, ministre de la Justice. Les personnes juridiques pourront être condamnées pour les infractions commises, dissoutes ou suspendues, cette peine ne s'appliquant toutefois pas aux partis politiques, à la presse ou aux syndicats. Des dispositions nouvelles sont également introduites. L'interdiction de revenir au domicile familial en cas de violences sera étendue aux abus sexuels commis sur des mineurs y vivant. Le clonage, l'interception des communications téléphoniques, les agissements arbitraires des fonctionnaires, le terrorisme, les crimes et délits économiques, industriels, commerciaux, les agissements portant préjudice aux intérêts financiers de l'Union Européenne seront désormais autant de faits justiciables. L a Roumanie ne dispose toujours pas d'une justice indépendante, professionnelle et efficace"… Tel est le jugement sévère que porte l' "Open Society Institute" dans un rapport qu'il a remis au gouvernement roumain. Cet organisme, financé notamment par le milliardaire hongrois George Soros, basé à Budapest mais ayant des antennes dans plusieurs pays, milite pour l'instauration de sociétés ouvertes et démocratiques, une justice transparente, dans les Etats en voie de développement ou qui ont été privés de libertés publiques. Les rapporteurs estiment que la situation ne s'est pas améliorée l'an passé. A leurs yeux, le ministère de la Justice, dirigée par Rodica Stanoiu, exerce une autorité et une surveillance injustifiées et démesurées sur l'administration et les juges eux-mêmes, l'évolution de leur carrière. Les inspecteurs du ministère font de l'ingérence manifeste, utilisent sans vergogne leur pouvoir d'influence, s'arrogent un droit de regard sur les affaires en cours et le travail des magistrats. Le Procureur général utilise sans limite la procédure de recours extraordinaires pour faire invalider des décisions de justice définitives qui ne lui conviennent pas, cette pratique se développant même. Le rapport relève aussi que les magistrats, nommés normalement par le Chef de l'Etat sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature, le sont en fait sur recommandation du ministère de la Justice qui a fait de cet organisme une annexe. Il est ainsi noté qu'il suffit d'une ancienneté de cinq années dans des domaines concomitants à la Justice pour être admis au concours de magistrats, et au-delà, on peutêtre dispensé d'examen. En outre, les parlementaires, le ministre de la Justice, les secrétaires d'Etat, les employés du ministère ayant quelques connaissances dans le domaine, peuvent être nommés directement magistrats. En 2000, la totalité des 70 nouveaux juges du pays ont été désignés de cette façon, et en 2001, 45 sur 53. Tanase Joita, Procureur Une réforme qui tarde à voir le jour général de la République, aura fort à faire pour redonner de la crédibilité à ses services. Il en résulte une déprofessionnalisation de la fonction qui ne remplit pas sa mission. Si l'on ajoute à ces éléments que la Justice est considérée par l'opinion publique comme la deuxième administration la plus corrompue du pays, après celle des douanes, il n'est pas étonnant de constater la chute de l'estime que lui accorde les Roumains. En novembre 1998, ils étaient déjà 62 % à ne pas lui faire confiance, un an plus tard ce chiffre était passé à 74 % et en novembre 2000, à 77 %. La presse, que Rodica Stanoiu a tenté de mettre au pas en voulant introduire une législation lui interdisant en fait toute investigation sur la nomenklatura, avec peines de prisons à la clé, fait fréquemment état de pots de vins, d'affaires arrangées, de sentences incompréhensibles voire illégales, d'ingérences de politiciens ou de personnes bien placées au cours de l'instruction ou des procès. La ministre de la Justice, dont le mari est également un des plus hauts magistrats du pays -juge à la Cour Constitutionnelle - a bien promis une réforme s'appuyant sur une nouvelle loi. Mais, annoncée pour l'été 2002, celle-ci n'a pas encore vu le jour et s'élabore à l'abri des regards des spécialistes du domaine juridique et de la société civile. Enfin, " Open Society Institute" souligne que le manque de moyens, de personnel, de locaux de la Justice entrave son bon fonctionnement. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société La reconnaissance n'attend pas le nombre des années Insolite D ébut décembre, Vasile Govon, d'Arad, marié voici deux ans et ayant un bébé d'un an et demi, était victime d'un très grave accident de la route. Transporté dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de Timisoara, le jeune homme est resté dans un état de coma profond pendant deux semaine, entre la vie et la mort, ses médecins et son entourage ne lui donnant guère de chances de survivre. Pourtant Vasile est sorti de son coma et, reprenant conscience, il a promis au personnel médical de venir refaire la chambre en piteux état où il était hospitalisé, dès qu'il serait Quatre millions de Ion L P rétabli… Ce qu'il a fait deux mois plus tard, aidée par sa jeune femme, Silvia. A leur grand ébahissement, les médecins du service, également très émus, ont vu le couple débarquer avec des panneaux de termopan pour les vitres, des seaux de peinture, du linoléum, et se mettre tout de suite à l'ouvrage, refaisant également la salle de bain et les toilettes, changeant le mobilier et apportant un poste de télévision. Vasile et Silvia tout juste 22 ans - ont mis toutes leurs économies, 65 millions de lei (près de 2000 €, 13 000 F) dans cette entreprise, qu'ils ont déclaré avoir fait spontanément la vie n'ayant pas de prix. Bière et pilules, rois du réveillon e 7 janvier est la date la plus fêtée de Roumanie. Ce jour-là, lendemain de Boboteaza (le baptême du Christ), autre grand évènement de l'année, quatre millions de Roumains, soit un habitant sur cinq, fêtent leurs prénoms, Ion ou Ioan (Jean), qu'ils sont plu d’un million à porter (1 110 046) et Ioana (Jeanne), lesquelles sont 285 000. Il faut aussi comptabiliser les Ionel (Jeannot) - dérivé qui vexe ceux qui le portent, lorsqu'ils occupent des fonctions importantes - et tous les prénoms combinés à partir de Ion, plus de 2,5 millions. Rien qu'à Bucarest, on compte 314 028 Ion. our oublier la dureté des temps et se réchauffer, les Roumains ont consommé comme jamais aux cours des fêtes de fin d'année. D'après les premières estimations, ils ont dépensé en une semaine autant que les trois mois précédents. Bien sûr les commerçants, selon leurs mauvaise habitudes qui se renouvellent également à Pâques, en ont profité pour augmenter allègrement les prix. Alcools, vins ,bières, et même l'eau minérale ont doublé. Les ventes de bières, de café - considéré comme un luxe, vu son prix - et de cigarettes ont bondi de 50 %… et celles de pansements gastriques de 30 %. Autres produits de "consommation" ayant eu la cote : les pilules contraceptives et les préservatifs dont les ventes ont augmenté de 10 à 20 %, les fournisseurs ayant par endroits épuisés leurs stocks. Le Légion d'Honneur proposée pour l'admirateur de Napoléon rêtre mais aussi professeur, Constantin Onu a ouvert à l'intention des sourds et muets, et au sein de la Faculté de Théologie orthodoxe de Pitesti, la première section en Europe du Sud-Est de communication et d'officiants pour les cérémonies religieuses. Pour ce faire, il a appris le langage gestuel, le plus difficile étant pour lui de comprendre et de penser comme un sourd et muet. Le prêtre a également constitué une chorale - unique au monde - avec ses seize élèves, qui est allée interpréter des colinde de Noël à la Patriarchie de Bucarest. Mimes, gestes superbes, mouvements des lèvres et du regard, remplaçant paroles et sons, ont bouleversé le public par leur intensité. J ournaliste et directeur des éditions Rompit, Marian Deaconu a une passion dans la vie : Napoléon. Le Roumain vient de publier, dans sa langue maternelle, un ouvrage de 800 pages, intitulé "Ascension et décadence de Napoléon Bonaparte", paru aux éditions Athena, qui lui a demandé 15 ans de recherches, la lecture de 300 livres en français, de multiples déplacements à Paris, à Waterloo. Son travail a été récompensé par le diplôme de membre d'honneur de la Société Internationale Napoléonienne, qu'il a reçu récemment par la poste. Basée à Montréal, cette association, présidée par le milliardaire Ben Weider, a comme président d'honneur le prince Albert de Monaco. Mais, distinction suprême, Marian Deaconu a été aussi proposé pour devenir chevalier de la Légion d'Honneur, ordre créé par Napoléon. Le journaliste a entrepris deux nouveaux livres, dont l'un sur Alexandre le Grand et l'autre sur la Révolution française. Chorale de sourds et muets P S Surprises policières oupçonné par son voisin de lui avoir dérobé deux sacs de haricots, un habitant de Belcesti (Iasi) a accusé le policier venu enquêter de l'avoir forcé à mettre la main dans le feu pour jurer qu'il n'y était pour rien. A Pitesti, Ioan Moldovan, 25 ans, a dérobé dans un magasin deux saucissons de Sibiu, un pain au chocolat et est allé immédiatement se dénoncer à la police, ébahie. Le jeune homme, chassé par sa famille, libéré quelques jours plus tôt pour bonne conduite et errant dans les rues, préférait retrouver la prison dont il sortait, où le gîte et le couvert lui sont assurés. 35 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Sports SUCEAVA z z ORADEA BAIA z MARE z ARAD z z TARGU PIATRA MURES NEAMT ALBA IULIA BACAU z z TIMISOARA z IASI z z CLUJ z GALATI z SIBIU BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Classement UEFA: la Roumanie 24ème Eliminée de la phase préliminaire de la coupe du monde 2002, la Roumanie a obtenu sa plus mauvaise place au classement annuel de la FIFA (Fédération Internationale de Football), instauré en 1993. Elles se classe au 24ème rang, avec 649 points, loin derrière, respectivement, le Brésil, premier avec 856 pts, la France, (787 pts), l'Espagne (779 pts), l'Allemagne (761 pts). 34 Anghel Iordanescu, sélectionneur de l’équipe nationale. Pour les éliminatoires de l'Euro 2004, lequel se déroulera au Portugal, la Roumanie doit affronter le Danemark (12ème, 707 pts), la Norvège (26ème, 648 pts), la Bosnie-Herzégovine (87ème, 462 pts), le Luxembourg (148ème, 254 pts). Après trois matchs, la Roumanie est seconde de sa poule avec 6 points (deux victoires contre le Luxembourg et la BosnieHerzégovine, une défaite à Bucarest contre la Norvège), derrière la Norvège (7 pts) et devant le Danemark (4 pts, un match en moins). Seule la première place est qualificative, le second de la poule étant appelé à disputer un match aller-retour de barrage. Entraînement commando pour les rugbymen roumains P etit Napoléon" - c'est ainsi que les Roumains appellent le sélectionneur de leur équipe nationale, le Français Bernard Charreyre, depuis qu'il a sauvé du naufrage leur rugby - a mis au point un plan de préparation inédit en vue de la prochaine coupe du monde qui doit se dérouler en Australie, en octobre prochain. Trente jours avant de s'envoler pour les antipodes, ses joueurs seront réunis dans une base sportive ultra-moderne des Alpes françaises, recevant un entraînement commando dans un cadre sauvage où ils devront eux-mêmes se débrouiller avec des techniques de survie, développer leur condition physique et leur esprit de corps… ainsi que le font les sélections nationales anglaise et française. Par ailleurs, Bruno Charreyre a désigné trente joueurs qui ont obtenu le statut professionnel de la part de la Fédération Roumaine de Rugby et reçoivent de celle-ci un salaire mensuel de 300 à 500 € (2000 à 3300 F), s'entraînant déjà en vue de la coupe du monde. Le Français a prévenu que chacun d'entre-eux avait une chance d'être retenu pour l'Australie, le capitaine de l'équipe, Romeo Gontineac, étant le seul assuré d'être sélectionné. Au cours de ce mondial, la Roumanie doit affronter l'Australie, tenante du titre, l'Argentine, l'Irlande et la Namibie, en poule qualificative. Cinq ans de suspension pour les gymnastes nues L es trois anciennes championnes roumaines de gymnastique, Lavinia MiloSovici, Claudia Presecan et Corina Ungureanu, qui avaient posé nues dans un magazine japonais et tourné dans un film vidéo pour adultes, ont été suspendues par la Fédération Internationale de Gymnastique de toute compétition et activité touchant à ce sport, pour cinq ans. Cette mesure s'applique également à la Roumanie. Pour motiver sa décision, la FIG a avancé le fait que les prises de vue avaient eu lieu dans une salle de sports… inventant ainsi le délit d'atteinte aux bonnes mœurs d'appareils de gymnastique ! Alors que cette sanction était annoncée, leurs anciennes camarades de la sélection nationale, les deux championnes olympiques, Andreea Raducan et Maria Olaru étaient invitées pour une tournée de démonstration en Malaisie, faisant admirer leurs talents, sans pour autant retirer leur justaucorps… ce qui a fait dire à certains journaux que l'on pouvait gagner de l'argent avec ce sport sans se déshabiller, omettant toutefois de rajouter que cela leur avait rapporté environ cinquante fois moins. Coupe Davis : défaite sans appel de la Roumanie face à la France A En méforme, Andrei Pavel, joueur phare du tennis roumain, n’a pas pu peser sur le sort de la rencontre. près sa défaite sans appel (1-4) devant la France, à Bucarest, en 1/8ème de finale de la Coupe Davis, la Roumanie devra disputer un match de barrage, en septembre prochain, pour pouvoir espérer figurer dans le prochain tableau mondial du tournoi de tennis. En 20 ans, les Roumains n'ont réussi qu'une fois à se qualifier pour les quarts de finale. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Le jeu pyramidal avait dépouillé de leurs économies des centaines de milliers de Roumains Justice 2900 euros d'amende et 21 mois de prison pour Ioan Stoica, l'inventeur de "Caritas" I oan Stoica et son épouse, Elena, peuvent se frotter les mains. Les inventeurs de "Caritas", jeu pyramidal constituant une des plus grosses escroqueries publiques du XXème siècle en Roumanie, ont vu les poursuites engagées contre eux abandonnées pour raison de prescription… Ainsi en a décidé en dernier recours, la Cour d'Appel d'Oradea, les sept ans et demi de délai accordés par la loi pour rendre un verdict étant dépassés. Des centaines de milliers de personnes, le plus souvent modestes, avaient été dépouillées de leurs économies. Procès déplacés, reportés, décisions cassées, grâces, etc… ont permis au couple d'échapper aux rigueurs de la loi, à la grande colère des milliers de plaignants dont certains parlent de continuer une action en justice devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg. Les victimes réclamaient 1 M€ à Ioan Stoica, somme très inférieure à celles qui ont été englouties dans "Caritas" à travers tout le pays. Finalement, au bout du processus judiciaire, elle n'auront obtenu que 2900 € (19 000 F), Elena Stoica étant, elle, condamnée à verser 200 000 lei (6 €, 40 F), amende qui a été graciée. Ioan Stoica aura effectué, en tout et pour tout, 21 mois de prison préventive, une autre peine de 6 mois ayant été gracié. Il déclare vivre aujourd'hui avec sa pension de 800 000 lei (25 €, 160 F) et dément avoir des comptes à l'étranger. Une hystérie collective à travers le pays Le jeu pyramidal avait débuté en 1990 à Brasov, mais la ville étant en mauvaise posture financière, Ioan Stoica l'avait déplacé à Cluj, cité beaucoup opulente dont nombre de citoyens s'enrichiront à cette occasion, achetant voitures, appartements. Cette opération se déroula sous le regard bienveillant du maire, l'ultra-nationaliste Gheorghe Funar. Pendant près de deux ans "Caritas" y prospérera, promettant des gains V s'élevant à huit fois leur mise en seulement trois mois à ceux qui y mettaient leurs fonds. Les premiers déposants, surtout des Clujois, furent les principaux gagnants, comme le veut le principe boule de neige du système pyramidal… jusqu'à l'avalanche et l'immanquable catastrophe finale. Le succès du jeu sera vertigineux, provoquant une véritable hystérie collective à laquelle il était très difficile de résister, à travers un pays qui découvrait tout juste le capitalisme, l'assimilant à un moyen de s'enrichir vite et sans effort. La passivité du gouvernement Des centaines de milliers de petits épargnants, venus de toute la Roumanie, firent le déplacement pour confier leurs modestes économies; des paysans vendirent leur bétail pour se constituer un viatique leur permettant de jouer; des retraités apportèrent leur maigre pension; des jeunes mariés gaspillèrent la dot collectée au cours de leurs noces. Certains, sans argent, empruntèrent; d'autres vinrent avec les sommes que leur avaient remises leur familles, les voisins. Tous se retrouvèrent à Cluj, dans un univers familier et qu'ils venaient tout juste de quitter : les interminables queues. Elle atteignirent jusqu'à plusieurs jours pour accéder à l'antre de "Caritas" que Ioan Stoica avait fait entourer de vigiles chargés d'écarter les curieux, les journalistes et les sceptiques… Tout cela à la barbe du gouvernement (président Ion Iliescu, Premiers ministres de l'époque : Petre Roman, Teodor Stolojan) qui ne bougea pas et laissa faire les choses jusqu'à l'effondrement du jeu, en septembre 1992. En 1994, en Albanie, un jeu pyramidal identique provoqua la chute du régime et conduisit à un début de guerre civile, avec des centaines de morts. En Roumanie, des tentatives de ressusciter "Caritas" sous une autre forme apparaissent régulièrement. Mais, cette fois-ci, les autorités veillent au grain… “Moche”... mais généreuse ice-championne du monde du 1500 m, Violeta Beclea-Szekely (notre photo) a gagné le procès en diffamation qu'elle avait intenté à Gabriela Szabo. La multi-championne olympique avait déclaré que si sa compatriote et rivale, à laquelle une profonde inimitié l'oppose, n'était pas invitée à certains meetings d'athlétisme, ce n'était pas parce qu'elle faisait pression auprès des organisateurs pour l'évincer, mais parce que ceux-ci estimaient qu'elle était… si laide qu'elle ferait peur au public! Peu sensible à cette gracieuseté féminine, le tribunal de Bucarest appelé à statuer sur l'affaire, a condamné la belle "Gaby" à verser 5000 € (33 000 F) de dommages et intérêts à la "moche" Violeta qui lui en réclamait 150 000 (un million de F), ainsi qu'à une amende de 250 € (1650 F) et aux remboursement des frais de procédure. Ne pas savoir tenir sa langue coûte cher à la championne, déjà condamnée à verser 10 000 € (65 000 F) à l'entraîneuse française d'origine roumaine, Carmen Hodos, pour avoir soutenu qu'elle se droguait. Du fait de l'accumulation de ces condamnations figurant sur son casier judiciaire, Gabriela Szabo ne peut plus prétendre à des fonctions de direction dans l'athlétisme roumain, ni au sein du Comité Olympique de son pays, comme cela se pratique couramment à la fin d'une carrière sportive. Quand à Violeta, qui n'a jamais pu remporter un titre mondial ou olympique, Gabriela se mettant toujours en travers de son chemin, elle a montré que la vraie beauté,qui comptait, était celle du cœur : la grande championne a décidé de remettre son chèque à une œuvre caritative. 19 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Mon village z z CLUJ ARAD z z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES z TIMISOARA z IASI GALATI SIBIU BRASOV PITESTI CRAIOVA z A la fabrique de meubles de Pâncota, capitalisme rime désormais avec Moyen-Age z z PANCOTA z SUCEAVA z z CERNAVODA BUCAREST z z CONSTANTA A peine 4 % du vignoble en état de produire du vin 22 20 Sur les pentes des monts Zarand, première bosses des Apuseni au pied desquelles vient mourir l'immense et morne plaie hongroise, pousse depuis plus d'un millénaire un vignoble qui donne des vins de moyenne qualité, dont le plus côté est le Minis, mais qui représentait une activité importante jusqu'à la "Révolution". A Pâncota, 380 hectares étaient plantés en vigne. Avant le communisme, chaque famille propriétaire produisait 20 hectolitres, dont une bonne partie pour sa propre consommation, soit au total 20 000 hl, auxquels il fallait ajouter la production industrielle. Blanc, rouge, cabernet, sauvignon, merlot étaient les cépages du crû, le petit village de Maderat (5 km) étant connu pour son "mustoasa" (issu du moût) blanc, appelé en Allemagne "Mustafer". Après 1990, pendant une ou deux années, l'exploitation a continué. Puis la coopérative viticole a arrêté son exploitation. N'étant plus surveillées, laissées à l'abandon, les vignes ont été saccagées, le bois des cabanes, les fils des espaliers, volés, les structures et le matériel ont disparu. L'Etat devait redistribuer les terrains mais, douze ans après, très peu de titres de propriété avaient été attribués ou restitués, les anciens propriétaires ne se bousculant pas pour les récupérer : replanter la vigne exige un investissement de 20 millions de lei (600 €, 4000 F par hectare) et rares sont ceux qui en ont les moyens. Aujourd'hui, 15 ha sur 380 sont cultivés, soit à peine 4 % du vignoble. La petite ville du Banat était fière de ses chaises courbées que l'on trouvait dans le monde entier P âncota était fière de sa fabrique de meubles, la première du pays pour l'exportation à laquelle elle consacrait 98 % de sa fabrication. Elle avait été créée en 1912 par un Français, Marcel Thonet, spécialiste et promoteur du meuble courbé. Celui-ci avait choisi la petite ville du nord du Banat parce qu'elle se trouvait sur un nœud routier et ferroviaire, et était devenue un important carrefour commercial avec son marché aux chevaux célèbre dans tout le pays. Au début, la fabrique comptait une centaine d'employés, travaillant selon le système des 3 x 8, fabriquant 400 chaises par jour; puis leur nombre grimpa à 250 dans les années 20. L'arrivée des communistes amena sa nationalisation en 1948 où, en hommage au "grand frère" soviétique, elle prit le nom de "Rasaritul" ("Là où le soleil se lève"). Le développement de l'entreprise fut exponentiel. Elle devint la plus grande fabrique de meubles courbés d'Europe, exporta en Belgique, Suisse, France, Allemagne, Suède. Les chaises de Pâncota étaient connues dans le monde entier. On en trouvait dans les bars en Amérique. Devant le carnet de commandes bien rempli, les 2100 employés que l'usine compta durent même travailler le dimanche. Ils venaient de toute la région, par des systèmes de navettes de cars et de trains. Un repreneur allemand de rêve évincé au profit d'un cadre de l'ancien régime Après la "Révolution de 1989", l'entreprise se transforma en société commerciale à capital d'Etat, d é n o m m é e "Pâncota S.A.", n'employant plus bientôt que 1450 personnes. C'était le début de la déconfiture, laquelle s'acheva par sa privatisation, en 1998. Pourtant, à cette occasion, une chance exceptionEn 1998, lors de sa privatisation, le choix d’un nomenclaturiste nelle se présenta à la place d’une firme allemande sérieuse, condamnait déja la fabrique de meubles de Pâncota à la déconfiture. sous la forme d'un candidat à la reprise allemand qui posa sa candidature lors de la mise aux enchères par le FPS (Fonds de Privatisation d'Etat). Cette grosse firme d'Outre-Rhin proposait de payer cash l'acquisition, de moderniser l'usine, de ne pas procéder à des licenciements pendant les cinq années à venir et de verser des salaires moyens nets de 3 millions de lei (90 €, 600 F). Un rêve dans une Roumanie où l'économie s'était effondrée! Mais les Allemands eurent sans-doute le tort de ne pas avoir "le geste qu'il faut" et la décision traîna en longueur sous l'influence d'un autre repreneur potentiel qui leur souffla l'affaire. Celui-ci, ancien haut fonctionnaire de Bucarest, chargé sous le communisme de l'exportation des meubles roumains et qui, bénéficiant de ses connaissances, s'était reconverti dans le capitalisme, avait déjà acquis une entreprise à Bacau. Avec tout "son savoir-faire", il racheta la fabrique de Pâncota pour 2,5 milliards de lei… alors qu'elle était estimée à 15 milliards de lei. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Environnement Société Bucarest a perdu la moitié de ses espaces verts depuis 1990 Plus de place pour enterrer les morts C es douze dernières années, Bucarest a perdu 17 km2 d'espaces verts, soit la moitié de ceux qui existaient lors de la chute du régime communiste. Avec 2,5 m2 de zone de verdure par habitant, la capitale roumaine atteint à peine le quart des normes internationales qui sont de 12 m2. Cette restriction de l'espace vitale, due pour une bonne part à l'affairisme immobilier, se traduit par une détérioration de l'environnement. Chaque kilomètre carré de la ville reçoit mensuellement 275 tonnes de poussière. Les deux millions de véhicules, souvent usagers, qui circulent dans la capitale provoquent 70 % de la pollution. Les promoteurs de cimetières privés déchantent Mais il existe aussi à Bucarest 12 cimetières "paroissiaux" dépendant essentiellement de l'Eglise orthodoxe ainsi que quatre cimetières privés, apparus au cours de ces quatre-cinq dernières années: le cimetière "Metallurgie", près du quartier Tunari, "Cernica" (quartier Pantalimon), "Pace Voua" (chaussée Magurele), "Michel et Gabriel", près de l'autoroute Bucarest-Pitesti. Ces derniers ont été créés par des hommes d'affaires qui, au vu de la hausse relative du taux de mortalité et des dépenses que les Roumains n'hésitent pas à entreprendre pour les Seize cimetières publics totalement saturés obsèques de leurs proches, ont estimé que l'investissement pouvait être rentable en moins de dix ans. Le manque de place se fait aussi dramatiquement ressenAujourd'hui, ces "promoteurs" déchantent. Non seulement tir au niveau des seize cimetières publics de la capitale qui sont il leur a fallu acquérir d'immenses terrains au prix du mètre totalement saturés. Ceux-ci ne peucarré pratiqué dans la capitale, mais vent plus proposer que quatre cents encore ont-ils dû les viabiliser, assurer leur drainage, installer des allées places mensuellement, alors qu'il en béton, y construire une chapelle, meure cinq cents Bucarestois penun bâtiment administratif, des comdant cette période. Les tombes sont modités... tout en respectant la dismises à touche-touche jusqu'aux tance minimum de 50 m entre la portes des maisons de gardien, alors porte du cimetière et la première que la réglementation prévoit habitation. qu'elles en soient distantes d'au Ainsi l'achat et l'aménagement moins trois mètres. d'un terrain de 10 ha est-il revenu à D'après celle-ci, une réserve de 500 000 € (3 MF) à son propriétaidouze mille emplacements devrait re. L'obtention de la vingtaine d'auexister pour faire face à une calamité torisations nécessaires, demandant naturelle et pouvoir enterrer la totaA Bucarest, faute de place, morts et vivants lité des victimes... ce que, malheuplus d'un an de démarches auprès de ont de plus en plus de mal... à respirer. Mais, vu les prix reusement, on ne peut pas exclure à demandés dans les cimetières, les vivants multiples services, et 10 000 € de ont de moins en moins l’intention d’y rejoindre les morts. Bucarest, ville souvent touchée par frais et taxes supplémentaires, a les tremblements de terre. La mairie a bien acheté deux terdécouragé le développement de ces initiatives. rains, mais le budget de la ville n'a pas prévu d'argent pour les aménager. Des Bucarestois effrayés par les prix demandés La pollution se retrouve également dans ces lieux. Un rapport de l'Inspection Sanitaire indique que la moitié des cimeQuant aux résultats, ils sont en-dessous de tous les scénatières fonctionnent sans autorisation sanitaire et que l'autre ne rios imaginés. Effrayés par les prix demandés, parfois aussi la respecte pas. De graves problème d'hygiène sont signalés. Il par la distance de certains de ces cimetières situés en périphén'est pas rare de voir des déchets jonchés le sol. Les poubelles rie, les Bucarestois ont boudé cette innovation. A n'existent pas ou débordent, la collecte des ordures n'étant "Metallurgie", un emplacement se vend entre 500 et 700 € effectuée qu'une fois par semaine. Des robinets manquent ou (3300-4600 F). On n'y dénombre que 50 tombes, après trois sont volés, l'état des toilettes est misérable... années d'existence. A "Michel et Gabriel", à peine cent places Véritable Panthéon national, où sont enterrés les grands ont été acquises en cinq ans. Son propriétaire cherche à s'en noms de l'histoire et de la culture roumaine, le cimetière Bellu débarrasser et un emplacement est bradé à 60 € (400 F), uniéchappe à cette triste réalité. Aujourd'hui, il est surtout quement pour tenter de récupérer une partie de la mise de départ. considéré comme la dernière résidence "cinq étoiles" de la A "Pace Voua", seule la pratique de prix plus accessibles nouvelle nomenklatura. - entre 120 et 210 € (800-1400F) - a permis à son promoteur L'administration municipale tente cependant de donner de vendre 500 des 10 000 places proposées en dix-huit mois. une image plus reluisante de ces lieux qu'elle a en charge. Elle Quelque soit l'immense respect que les Roumains portent à a créé un site Internet, www.cimitire.ro, présentant tous les leurs morts, leur vie est aujourd'hui trop dure pour se permettre cimetières publics, les moyens de transports pour s'y rendre, n'importe quelle dépense. les formalités à accomplir lors d'un décès... 33 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Près de 15 000 suppléants sans qualification dans tout le pays Enseignement BAIA MARE z z z ORADEA ARAD CLUJ ALBA IULIA z z SUCEAVA TARGU MURES z IASI z z z z SIBIU TIMISOARA z BACAU z BRASOV PITESTI SLATINA z z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA Brevet: des notes arrangeantes 32 Fin juin 2002, à Slatina. Les élèves de huitième consultent les résultats de l'examen de capacitate (brevet). Le père de l'un d'entre-eux s'indigne de voir que son fils n'a obtenu que la moyenne de 7,40 sur 10, ce qui lui barre l'entrée au lycée de la police où la note 8 est exigée. Les candidats pouvant contester les résultats, deux professeurs du jury s'attellent à la relecture de l'ensemble des devoirs du garçon et, bienveillants, remontent finalement sa moyenne à 7,6. Quand la différence est inférieure à 0,5 point, le dossier reste sur place; si elle est plus grande, c'est l'inspection qui le prend en charge. “Vous ne voulez pas de mes 300 dollars ? Bien, j’appelle l’inspecteur.” Le père proteste auprès des enseignants, tempête, implore, insiste… Rien n'y fait, le maximum a été consenti. En désespoir de cause, il sort 300 dollars (2000 F), qui sont refusés, et est invité à sortir de la salle du jury, malgré ses prières. Une demi-heure plus tard, le téléphone sonne. L'un des chefs de l'inspection demande à ce que les devoirs lui soient transmis pour une nouvelle correction. Protestations des deux professeurs coupées par un brutal : "Vous m'avez compris ou je dois le répéter ?". Deux jours plus tard, la moyenne de l'élève avait été rectifiée à 8,90. Aujourd'hui lycéen, il envisage de faire carrière dans la police… Peut-être sera-t-il chargé d'enquêter sur les affaires de corruption? L es démissions de professeurs, faute de salaires décents, s'accélèrent à travers le pays. Rien que dans la capitale, quinze d'entre-eux quittent l'enseignement chaque semaine, se reconvertissant dans la vente de téléphones mobiles, la publicité, devenant pompistes dans des stations-services ou vendant simplement des légumes et des fruits sur les marchés. Par ailleurs, près de 3000 ont pris un congé sans solde de un an. Ces enseignants sont souvent remplacés par des personnes n'ayant pas la qualification requise ni les diplômes exigés. Près de 15 000 postes, dont 4000 en ville, sont ainsi pourvus par des suppléants n'ayant pas la compétence indispensable, ne disposant parfois que de leur baccalauréat ou bien encore en cours de formation ou ayant une qualification autre. C'est en anglais que le phénomène est le Faute de salaires décents, plus criant (15 % d'enseignants non qualifiés), les enseignants désertent le métier. discipline qui précède la religion (12 %), l'informatique (11 %), et le roumain (7 %). Par ailleurs, si la crise est moins profonde dans l'enseignement supérieur, elle n'en épargne pas pour autant les 3600 professeurs universitaires du pays qui gagnent, en moyenne, 300 euros par mois (2000 F), salaire brut… soit douze fois moins que la moyenne de leurs 18 000 collègues français. L A 300 € par mois, les enfants de riches peuvent apprendre l'anglais à Bucarest 'émergence d'une classe de Roumains qui s'est enrichie après la Révolution a favorisé l'apparition d'universités et de lycées privés à travers le pays. Les écoles primaires du même type sont beaucoup plus rares. L'une d'entre elles, l'école "Mark Twain", fondée en 1995 dans la banlieue résidentielle nord de Bucarest, se flatte d'être la seule de son genre en Roumanie à être bilingue, les 200 enfants la fréquentant y recevant leur enseignement, inspiré d'une méthode américaine, successivement en roumain et en anglais. Un mini-bus effectue le ramassage scolaire tous les matins. Les élèves arrivent à 8 h 30 et prennent ensemble un copieux petit-déjeuner, puis étudient différentes disciplines en roumain jusqu'à 11 h. Une pause d'un quart d'heure, accompagnée d'une collation, précède l'enseignement en anglais, dont les mathématiques, qui se déroule jusqu'à 13 h 30. Puis pendant une heure, les enfants prennent leur déjeuner et se reposent. L'après-midi, jusqu'à 16 h 30 et le retour dans les familles par minu-bus, est consacré aux disciplines optionnelles enseignées dans des ateliers: ordinateur, échecs, aïkido, art, histoire, religion, ballet, danse sportive, théâtre, allemand, espagnol, arabe. Il existe aussi des ateliers jeunes journalistes, magie, amour de la littérature, etc… Surveillance en direct des cours sur Internet pour les parents Pour pouvoir inscrire leurs enfants, les parents doivent s'acquitter de 300 € (2000 F) par mois, ce qui, comparativement, ferait 3800 € (25 000 F) pour un occidental. Pourtant on s'y bouscule : l'école a une liste d'attente représentant 15 % des effectifs et il est conseillé de se pré-inscrire un an à l'avance. Petit plus offert aux familles, à 95 % roumaines, les autres appartenant au corps diplomatique… une web-camera leur permet de surveiller en direct sur Internet leurs rejetons pendant les cours et de vérifier le contenu de ceux-ci. Les enseignants - un pour cinq élèves - doivent apprécier… mais, triés sur le volet, ils gardent leurs remarques pour eux : leur salaire, à 7 millions de lei (210 €, 1400 F) est trois fois supérieur à celui d'un débutant. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Un milliers de licenciés qui vivent des légumes de leur jardin de meubles ont vu leur condition empirer. Ils ont perdu la "prime pour les 3 x 8", du fait de la baisse de l'activité; puis ce fut le tour de la "prime de pénibilité" (20 % du salaire), versée Quatre ans plus tard, alors que son nouveau propriétaire pour le déchargement des camions, suspendue parce que le n'est venu sur les lieux que 3-4 fois, l'entreprise touche le fond. patron avait déclaré ne plus avoir d'argent. En un mois, elle ne fabrique plus que ce qu'elle faisait en un La "prime de nocivité" (20 %) a été également supprimée. jour. Sa réputation a chuté, car ses meubles sont mélangés avec Elle représentait 400 000 lei ( 12 €, 80 F) par mois et était jusceux de l'usine de Bacau, dont la tifiée par l'importante pollution qualité est moindre. La gestion a qui règne dans les ateliers du fait été déplorable et apparaît louche. du traitement du bois et de son L'usine vend sa production à l'enponçage à l'aide de papier de treprise d'import-export de la verre, lequel soulève un nuage femme du propriétaire, qui touche permanent de poussière, amenant ainsi au passage une commission de nombreuses tuberculoses, des de 7 %, ce qui lui permet de minoemphysèmes. Des maladies ocurer son bilan et de payer moins de laires sont également provoquées taxes. par la pulvérisation de laques, et Plus d'un millier d'employés les ouvrières qui les subissent ont ont été licenciés et il n'en reste les yeux qui pleurent. Les nouplus que 250. Les autres ont touveaux embauchés mettent pluLa vente des produits de leurs jardins, sieurs mois à s'habituer aux ché le chômage pendant neuf mois ici dans la rue principale de Pâncota, permet à de nombreux chômeurs de la région de survivre. odeurs épouvantables des lieux et vivent désormais le plus souvent avec ce que peuvent leur rapporter leurs champs ou leur et présentent souvent des réactions d'allergie sur les bras. jardin. Car il est pratiquement impossible de retrouver du traPour autant, l'Inspection du Travail n'a rien remarqué. Elle vail dans la région. Des deux mastodontes qui permettaient était venue constater les faits à la reprise du travail, un lundi autrefois d'assurer le plein emploi, l'un, le combinat chimique matin, alors que la fabrique n'avait pas fonctionné pendant tout de Vladimirescu, pollueur patenté du secteur, a fermé ses le week-end. "Pas de pollution, pas de prime" a donc décidé la portes, l'autre, le fabricant de wagons UVA d'Arad, devenu direction, se basant sur le rapport de l'inspecteur, provoquant ASTRA, a réduit ses effectifs de 15 000 à 1000 ouvriers. un mouvement de révolte qu'elle a vite endigué : "Ceux qui ne sont pas contents, prennent la porte". Des bons d'alimentation en guise de salaire Les chanceux qui sont restés ne sont pourtant pas mieux lotis. Alors que le salaire mensuel net minimum était de 1,750 millions de lei (53 €, 350 F), l'année dernière, ils ne touchaient que 500 000 lei (15 €, 100 F), non pas en espèces, mais sous forme de bons d'achats négociables seulement dans 3 ou 4 magasins alimentaires de Pâncota et uniquement pour de la nourriture. Pas question d'y acheter de la bière, du vin, du tabac, ni d'essence, pas plus que d'aller faire des courses à Arad, où cette "monnaie de singe" n'est pas reconnue. Normalement, ces employés auraient dû recevoir 22 bons de 45 000 lei, mais l'entreprise ne leur en délivre que dix. En outre, ce système les humilie en les réduisant à l'état des nécessiteux dont on surveille les dépenses. L'Inspection du Travail d'Arad ne trouve rien à redire. N'est-elle pas assez curieuse ? Lors de sa venue dans la commune pour enquêter sur une firme italienne de fabrication de vêtements, un inspecteur n'a pas remarqué que les cotisations chômage et retraite des employés n'étaient pas acquittées. Il est reparti les mains vides… et le coffre de sa voiture plein de vêtements. Depuis l'entreprise a fermé ses portes et le personnel ne peut pas toucher le chômage, faute d'avoir cotisé. "Ceux qui ne sont pas contents prennent la porte" Avant d'en arriver à avoir leur salaire versé sous forme de saucisses ou de pommes de terre, les employés de la fabrique Fatalisme devant la retraite qui s'envole En juin dernier, une autre ombre est venue noircir le tableau. Un vieil ouvrier s'est rendu compte qu'il lui manquait des années de cotisation pour le supplément retraite. Un ancien chef-comptable, qui a disparu de la circulation depuis, avait omis de les verser pour quelques 800 employés sur une période de 25 ans, leur réservant sans-doute une autre destination. Aujourd'hui, les personnes lésées se retrouveront, au moment de leur cessation d'activité, avec 28 annuités au lieu des 35 exigées pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Leur pension ne sera plus que de 900 000 lei (27 €, 180 F) au lieu des 1,4 millions de lei (42 €, 280 F) auxquels elles ont droit, perdant ainsi 36 % d'un futur revenu qui, complet, ne leur permettrait déjà pas de subsister. La nouvelle a suscité un vent de panique à la fabrique. Les employés se sont précipités dans le bureau du personnel pour consulter leur carnet de travail, où sont consignés tous les éléments ayant trait à leur carrière. Ils ont été éconduits sans pouvoir y avoir accès. La mouvement de colère s'est arrêté là, le fatalisme l'emportant. Les plus jeunes comptent sur les années à venir pour trouver un moyen de combler ce manque à gagner. Les anciens se sont retrouvés seuls, découragés à l'avance, à l'idée d'aller intenter un procès à Arad, bien que dans le cadre de la législation du travail, cette procédure soit entièrement gratuite. Marian Munteanu 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA TIMISOARA z TARGU MURES z z z z z BRASOV CPL MUSCEL CRAIOVA z IASI BACAU z PITESTI z La saga des Dacia BAIA z MARE SUCEAVA SIBIU GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z "Te casse pas la tête, çà marche comme çà" 22 Lancée en 1968, la Renault 12 roumaine est entrée vivante dans la légende Berlines, breaks, pick-up ou camionnettes… on voit encore bon nombre de Dacia circuler. Très populaires et accessibles au plus grand nombre, elles sont aussi employées comme charrettes, transportant cochons, poulets, bottes de foin, bois. La reprise de l'usine de Pitesti par Renault, en 1999, n'a pas conduit à toutes les améliorations attendues, leurs acquéreurs devant se montrer bricoleurs et la finition laissant à désirer. "Te casses pas la tête, çà marche comme çà !" dit-on en Roumanie. La marque a sorti deux modèles un peu plus élaborés, avec moteur Renault, la Dacia SuperNova (5000 €, 33 000 F), et un pick-up pour les petits entrepreneurs (6000 €, 40 000 F), mais elle doit faire face à la rude concurrence des voitures d'occasion venues de façon plus ou moins légales des pays de l'UE. Ces véhicules beaucoup plus fiables et confortables séduisent de plus en plus de Roumains qui peuvent s'offrir une Golf ou une Passat Volkswagen pour le prix d'une Dacia neuve. Les marques françaises, Renault, Peugeot, Citroën, sont présentes en Roumanie, mais moins appréciées parce que leurs prix sont plus élevés et, aux yeux des Roumains, leur mécanique est plus compliquée que celle des voitures allemandes. Dacia-Renault devrait se rattraper avec la X 90, à 5000 € qu'il s'apprête à sortir de son usine de Pitesti. Le lancement de cette voiture entièrement différente, moderne et "écobasique", la moins chère du monde, est prévu cet automne, à l'occasion, du salon automobile de Bucarest . A u milieu des années 60, Ceausescu s'était mis en tête de montrer la puissance économique de son régime en se lançant dans la construction d'une petite voiture, les grosses limousines soviétiques, Volga ou Tcheika, ne correspondant pas aux aspirations populaires. Une certaine tradition existait dans le pays mais, jusque là, la production se limitait à la fabrication de 4x4, les IMS, ancêtres des ARO de nos jours, à Câmpulung Muscel, et à celle de camions et de tracteurs à Brasov, le tout sous licence soviétique, une bonne partie de ces véhicules y étant exportés. Ceausescu se tourna vers des fabricants occidentaux. Toyota semblait le mieux placé, mais la pression des pays européens, qui redoutaient l'irruption des Japonais sur leur marché, aurait décidé le "Conducator" a opté pour Renault. Une usine a donc été construite à Pitesti, avec l'aide du constructeur français. La fabrication a débuté en 1968 avec la Dacia 1100, inspirée de la R8, dont le premier exemplaire fût remis à Ceausescu et qui se trouve exposé aujourd'hui dans le hall de l'usine. Des carrosseries qui rouillaient trois-quatre ans après l'achat La marque prit son envol au tout début des années 70 quand, en même temps qu'en France, sortait la Dacia 1300, en fait la R 12, une voiture dont rêvaient tous les Roumains, séduits par son élégance, sa maniabilité, son confort, sa mécanique assez simple. Les premières séries furent achetées, comme de juste, par la haute et moyenne nomenklatura. Il fallait débourser à l'époque 70 000 lei, soit cinq ans de salaire. La qualité était assez bonne car, au début, ce modèle était produit sous la surveillance et avec l'assistance technique des spécialistes français. Au fil des années, la demande s'est faite de plus en Le sens pratique des Roumains les a amenés à inventer un usage multi-fonctions pour leur Dacia. plus forte… alors que la qualité commençait à baisser, Renault ayant cessé sa collaboration en 1978. Les carrosseries rouillaient trois-quatre ans après l'achat. Sont apparus alors une multitude de tôliers-carrossiers - on en comptait un pour cent Dacia ! - qui firent des prodiges et demeurent encore aujourd'hui de véritables experts. Ils devaient procéder à l'"antiphonage" qui consiste à découper la tôle pourrie, en souder une neuve au chalumeau, peindre en dessous avec du mastic puis avec de la peinture résistante à l'eau, et finalement repeindre toute la carrosserie. Une telle réparation exige de deux à quatre semaines et, de nos jours, coûte entre 500 et 800 € (3300-5300 F). Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, il faut faire attention aux escrocs qui bouchent les trous de rouille avec du mastic, voire du papier toilette, recouverts de peinture ou de vernis. La fierté de la famille De nos jours, la Dacia 1300 est devenue la voiture de la classe moyenne, celle qui gagne autour de 100 € par mois. S'acheter un véhicule neuf n'est pas aussi facile que çà. Une Dacia coûte entre 3000 et 5000 € (20 000-33 000 F), ce qui est au-dessus des possibilités de l'énorme majorité des familles. On n'en vend d'ailleurs qu'à peine 60 000 par an dont 40 000 voitures de tourisme. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Santé Société Une Roumaine avorte, en moyenne, trois à quatre fois dans sa vie U n million de Roumaines deviennent enceintes chaque année, mais seulement 300 000 mèneront leur grossesse à terme, 700 000 ayant recours à l'avortement. Dans le pays, la Moldavie vient en tête, avec 60 000 avortements. Avec une moyenne de 3 à 4 avortements par femme, contre à peine un pour les Européennes de l'Ouest, la Roumanie est le pays qui enregistre le plus grand nombre de décès entraînés par cette intervention. Considéré comme une méthode de contraception, l'avortement mal pratiqué laisse aussi 20 % des Roumaines qui y ont recours stériles et provoque fausses couches et naissances prématurées. Le manque d'éducation sexuelle et de sensibilisation aux méthodes contraceptives expliquent l'importance de ce phénomène. Jusqu'ici les efforts des pouvoirs publics, des ONG, les programmes financés par la Banque Mondiale pour y remédier se sont soldés par des échecs. Plusieurs raisons sont avancées : la grand pauvreté et la peur de l'avenir qui amènent Religion L des couples à refuser les naissances, particulièrement chez les jeunes qui touchent des salaires dérisoires s'ils ne sont pas au chômage. L'appréhension du "qu'en dira-ton" et de la honte, toujours bien présents en Roumanie, qui conduisent des parents à insister pour que leurs filles avortent, ainsi qu'une pudeur chez les jeunes femmes qui les amène à ne pas vouloir d'enfants en dehors du mariage… et parfois n'en auront pas non plus quand elles seront mariées, à la suite des conséquences de leurs avortements antérieurs. Certains spécialistes de la santé mettent aussi en cause les médecins gynécologues qui se garderaient bien de promouvoir la contraception auprès de leur patientes pour pouvoir continuer à pratiquer des actes rémunérateurs et nombreux. Plusieurs hôpitaux tentent de mettre un terme à ce comportement des Roumaines face à la contraception, en rendant plus onéreux les curetages qui sont facturés 200 000 lei (6 €, 40 F) alors qu'un traitement mensuel par pilule (50 000 lei, 1,5 €, 10 F) ou la pose d'un stérilet revient beaucoup moins cher. La quatrième paroisse orthodoxe roumaine de France est née à Lyon a quatrième paroisse orthodoxe roumaine en France, après Paris et Strasbourg a ouvert ses portes à la fin de l'année passée, à Lyon. Arrivé voici cinq ans dans la capitale des Primats de Gaule, pour préparer une thèse de doctorat, Cristian Niculescu, prêtre de Timisoara, avait reçu également la mission du métropolite orthodoxe roumain pour l'Europe Centrale et Occidentale, d'y créer une paroisse. La tâche s'est avérée délicate, le prêtre se rendant vite compte que les Roumains orthodoxes ne formaient pas une communauté, beaucoup d'entre eux n'ayant pas confiance dans leur église nationale. Il constata avec stupeur que la suspicion d'une complicité entre celle-ci et la police politique, datant du régime communiste et de la Securitate, n'avait pas disparu. Cristian Niculescu a lors procédé par étapes. Au début, il a organisé de simples séances de prières dans l'appartement d'un Roumain, puis a réuni suffisamment de signatures de fidèles pour que le métropolite décide de l'ouverture de la paroisse. Mais le problème des locaux se posait toujours. Antoine Callot, prêtre de la paroisse orthodoxe française de Lyon, proposa de partager sa chapelle, les offices ayant lieu alternativement en langue française et roumaine. Du coup, sous la direction de la femme de Cristian, une chorale franco-roumaine s'est constituée, les chants liturgiques étant interprétés et traduits dans les deux langues. Le métropolite se désintéressant du sort de la petite paroisse roumaine de Lyon et ne fournissant aucune aide, celle-ci s'est tournée vers l'archevêché catholique de la région qui a mis à sa disposition une salle dans sa maison paroissiale Saint Maurice. Les fidèles ont ainsi pu y disposer de leur propre chapelle… totalement vide au début et aménagée peu à peu grâce à l'argent collecté lors des offices. Le prêtre a acheté du bois pour construire l'autel, des cadres pour les icônes… mais faute d'en posséder celles-ci ont été remplacées par des photos prises sur des sites Internet. Depuis, la petite église lyonnaise est devenue le lieu de prières de quelques dizaines de Roumains orthodoxes, mais aussi de Grecs, Russes et Français. L es 430 moines et nonnes des 27 monastères de l'éparchie (diocèse) de Roman vont recevoir une "légitimatie" (carte d'identité professionnelle) de leur hiérarchie, comportant tous les éléments pouvant permettre de les identifier, leur fonction ainsi Carte professionnelle pour les moines et nonnes qu'une photo. Munis de celle-ci et après avoir obtenu une autorisation de sortie, ils pourront s'absenter de leur monastère. Cette initiative a été prise pour permettre aux policiers de pouvoir démasquer les faux moines ou nonnes qui recueillent de l'argent, soi-disant pour les bonnes œuvres ou la construction d'édifices religieux. Elle vise aussi à mieux contrôler les sorties non autorisées des moines, qui seront exposés aux sanctions prévues par le règlement monacal. Cette "legitimatie" ne sera délivré qu'aux religieux qui ont déjà prononcé leur serment. 22 31 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Santé z z ORADEA CLUJ ARAD z z COPSA MICA BAIA z MARE SUCEAVA IASI VASLUI BACAU z z z z TIMISOARA z TARGU MURES z SIBIU BRASOV z SINAIA PITESTI CRAIOVA z z z GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Des donneurs de sang "mieux nourris" souhaités 30 Réunis en congrès, les médecins roumains de l'Institut National d'Hématologie Transfusionnelle ont déploré que leurs compatriotes ne donnent leur sang que pour des motifs matériels. "Sur dix ou quinze mille donneurs, cent seulement sont véritablement volontaires et effectuent un geste désintéressé" ont-ils estimé, souhaitant voir venir aux collectes, "des personnes mieux nourries, ayant une meilleure situation matérielle et n'ayant pas à cacher leur véritable état de santé". Les donneurs reçoivent une somme de 200 000 lei (6 €, 40 F, soit près de deux jours d'un salaire moyen), se voient attribuer deux jours de congé et accorder une réduction de 50 % sur les transports en commun. Premier hôpital privé Dans moins d'un an, la Roumanie disposera de son premier hôpital privé, dénommé Euroclinic. Construit sur un terrain de 4000 m2 appartenant à l'Hôpital des urgences de Bucarest, lequel est public, il sera en fait un hôtel de luxe médicalisé dont les clients seront conduits vers les salles d'opérations de celui-ci, mais sera doté de services complémentaires (dermatologie, urologie, pédiatrie, maladies chroniques, etc...) ainsi que d'un héliport. La première phase du projet nécessite un investissement de 5 M€ (32 MF). Les employés de l'Hôpital des urgences auront la possibilité de devenir actionnaire du nouvel établissement, dans la limite globale de 20 %. Grave pénurie de médecins du secteur public L e concours pour le recrutement des professions médicales dans le système public de santé a mis en évidence la profonde désaffection des jeunes à son égard. Seulement 115 candidats se sont présentés pour 878 postes à pourvoir dans tout le pays, soit un pour 7-8 postes. Parmi eux 90 visaient la fonction de médecin de famille, 23 de chirurgien-dentiste, et seulement deux voulaient devenir pharmacien. La situation est d'autant plus inquiétante que la Roumanie est l'un des pays européens où l'état sanitaire de la population est le plus préoccupant. Le déficit le plus important est enregistré à Bacau qui recherche 100 médecins et a besoin de 2700 para- médicaux. Pour les 14 postes de médecin de famille, une seule candidature s'est manifestée, et aucune pour les cinq postes de pharmacien disponibles. L'hôpital de Bacau qui recrutait 35 médecins n'a reçu que 19 candidatures. Salaires dérisoires, conditions de travail difficiles, cabinets mal équipés et souvent à l'étroit, expliquent le renoncement des jeunes praticiens à entrer dans le service public et leur tentation de se diriger vers le secteur privé. Les spécialités souffrant d'un plus grand déficit de candidats sont celles où il est le plus facile de se mettre à son compte, comme pharmacien ou chirurgien-dentiste. Il faudra payer une taxe pour entrer à l'hôpital L a ministre de la Santé, Daniela Bartos, a pris deux mesures vis à vis des assurés sociaux pour restreindre leurs dépenses, provoquant de vives protestations aussi bien de leur part que de celle des professionnels du secteur. La première vise à décourager les hospitalisations inutiles de malades qui pourraient se soigner à domicile, en instituant une taxe obligatoire de 50 000 à 100 000 lei (1,5 à 3 €) quelque soit le nombre de jours d'hospitalisation et même s'ils disposent d'une assurance santé. Les retraités, malades particulièrement exposés et aux très faibles revenus, sont les plus touchés par cette nouvelle taxe. La seconde impose aux médecins de délivrer au maximum trois médicaments remboursés ou gratuits par mois à leurs patients atteints d'une affection chronique, afin de réduire l'importances des prescriptions. En cas de dépassement, ce sera aux médecins de payer la différence. Cette décision a suscité la colère du corps médical qui la considère comme une aberration, certaines maladies ou l'état de santé de leur patient exigeant davantage de médicaments. Un médecin a posé cette question : "Si je ne donne pas le traitement nécessaire à un malade et qu'il meurt… qui sera poursuivi, le médecin qui n'a pas fait son travail ou le ministère qui lui a ordonné de ne pas le faire?". Un chirurgien roumain, académicien français C hirurgien ayant réalisé la première greffe du foie en Roumanie et ayant effectué 35 interventions de ce type à travers tout le pays depuis, le professeur Irinel Popescu, chef de clinique à l'hôpital Fundeni de Bucarest et ancien secrétaire d'Etat à la Santé sous la présidence d'Emil Constantinescu, a été fait membre de l'Académie Française de Chirurgie. L Disco pour handicapés mentaux aila Onu, directeur du centre de jour pour handicapés mentaux "Pentru voi " ("Pour vous") de Timisoara, a décidé de sortir ses 80 protégés de l'univers de leur atelier où ils apprennent et pratiquent quotidiennement la couture, fabriquent des objets artisanaux. Profitant des espaces libres dans ces locaux, il a aménagé une discothèque où ces jeunes pourront se retrouver après leur journée, fait installer des jeux et autres distractions, et espère qu'ils pourront servir à tous les évènements heureux de le vie, comme les anniversaires. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société d'anciennes voitures, sur les modèles neufs. Moteur, boîte de Autrefois, la voiture était un objet de fierté pour toute la famille et celle-ci mobilisait l'ensemble de ses moyens pour vitesse, cardans pouvaient casser au bout de seulement 500pouvoir effectuer l'acquisition. 600 km, l'installation électrique ne plus fonctionner. Parfois, Vers 1980, un système de crédit - nouveauté pour le régic'est le faisceau électrique qui brûlait sans raison précise… ou me - avait été mis en place par la Caisse d'Epargne. Il fallait bien des roues se détachaient. déposer 50 % du prix du véhicuLes problèmes posés par les le et payer le reste en mensuaDacia étaient devenus si nomlités pendant trois ans… temps breux qu'un voyage avec une minimum d'ailleurs nécessaire à telle voiture devenait une vraie sa livraison. Avec le reçu de la aventure. Son conducteur devait Caisse d'Epargne, on se rendait absolument être à la fois, mécaau service commercial de Dacia no, électricien, tôlier, et avoir qui attribuait un numéro d'ordre, toujours à bord un minimum pour la commande. Il ne restait d'outils pour se dépanner : clés, plus qu'à patienter… tournevis, pinces, marteau… Une blague de l'époque sans oublier les indispensables voulait que lorsque le vendeur rustines et la colle. avait fixé la date de livraison, Vu l'état des routes mais donc plusieurs année plus tard, aussi la mauvaise qualité des l'acheteur se fasse préciser si pneus, les crevaisons étaient - et Un véhicule fonctionnel transformé en basse-cour sont toujours - si fréquentes, celle-ci devait se faire le matin pour ce vendeur de poulets sur un marché du Banat. ou l'après-midi… le plombier que la chambre à air, usée, credevant passer réparer l'évier de la cuisine ce jour-là. vait au passage du moindre trou ou obstacle. L'auteur de ces lignes a crevé sept fois en allant de chez lui à Sibiu, distant de Les Dacia noires de la Securitate redoutées 40 km, et a dû réparer seul en pleine nuit, égrenant tout le chapelet de jurons qu'il connaissait. Bien sûr, il existait des passe-droits. Les comités départeC'est ce problème qui a entraîné l'apparition de nombreux mentaux du parti communiste approuvaient pour la nomenkla"Vulcanizare" (réparateurs de pneumatiques) dans toute la tura locale l'achat immédiat d'une Dacia. Les dessous de table Roumanie. Quant à la suspension, appréciée pour sa souplesse existaient aussi pour faire raccourcir les délais. lorsque la voiture est neuve, elle s'abîme vite avec les trous. Les Roumains redoutaient par dessus-tout les Dacia Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il faut changer noires. Voitures solides et de bonne qualité, elles n'étaient pas les silentblocs, les rotules et autres éléments. destinées à la population mais à l'appareil d'Etat, au parti communiste, à la police et à la Securitate. Toujours vers 1980, une Pas regardante pour le carburant Dacia 2000 est apparue réservée à la très haute nomenklatura, mais dont seulement 200 exemplaires ont été construits. Il L'apparition de fabricants de pièces de rechange spécis'agissait en fait de la Renault 30 qui arrivait en Roumanie prafiques aux Dacia est un phénomène beaucoup plus récent et tiquement terminée, l'usine de Pitesti se contentant de monter grave : produites à moindre coût par des entreprises ayant un des éléments de moindre importance comme les sièges ou les minimum de machines, leur qualité est plus que douteuse et pare-chocs. elles peuvent conduire à des tragédies à la suite de défaillances La Roumanie exportait aussi - et exporte toujours - des du freinage ou de la direction, sans parler de la pollution Dacia de meilleure qualité vers divers Etats de l'Amérique latiengendrée. ne, la Chine, ou d'autres pays dépourvus de constructeurs autoBon nombre de Dacia fument à cause de leurs moteurs très mobiles. Mais des problèmes apparaissent fréquemment. Une anciens, souvent mal réglés pour consommer le moins posanecdote voulait que les importateurs étrangers lorsqu'ils vérisible, mais aussi à cause de la mauvaise qualité du carburant. fiaient leurs lots de voitures, démontent les portes d'une Dacia On dit que les Dacia en acceptent de toutes sortes, à l'exceppour les remonter sur une autre… et finalement constater que tion du gas-oil : gaz liquide sortant de la terre, solvants, etc… çà ne marchait jamais. A la décharge des employés du Dernier phénomène lié à la "saga” de cette voiture : l'apconstructeur : machines, outillage, moules pour les carrosseparition de nombreux chauffeurs de taxis improvisés - on ries n'avaient pas été changés depuis la construction de l'usine. serait tenté de dire chauffards vu leur manière de conduire souvent sans autorisation. Il s'agit de chômeurs qui ont consaEtre à la fois mécano, électricien, tôlier cré leur prime de licenciement à l'achat d'une vieille Dacia et profitent, dans certaines régions, de la quasi disparition des Plus le temps passait depuis l'apparition de Dacia, plus la entreprises de transport en commun, en faillite. Trente ans qualité s'effondrait. Après la tôle, c'est la mécanique qui après, ils montrent des prodiges d'inventions et d'astuces pour lâchait. Avec la folie des économies à tout prix que le régime continuer à faire rouler leur véhicule, faisant ainsi entrer un peu plus la Dacia, de son vivant, dans sa légende. avait décidé de réaliser, notamment en important au minimum, Ovidiu Gorea on est allé jusqu'à installer des pièces d'occasion, prises sur 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements SUCEAVA ORADEA z CHISINEU CRIS BAIA MARE z CLUJ z GHEORGHENI z z z DEVA BRASOV CRAIOVA z z z BACAU SF GHEORGHE z z BUZAU PITESTI z z z M. CIUC ARAD z IASI z z TIMISOARA z FOCSANI z SLOBOZIA BUCAREST z z BRAILA CONSTANTA z KOSLODUI Déjà l'hiver du siècle ! 24 Le XXIème siècle n'a beau avoir que trois ans, il a déjà enregistré un hiver qui restera dans ses annales. Après un automne particulièrement doux, le "général hiver" s'est manifesté dès les premiers jours de décembre, sévissant pendant trois semaines sans discontinuer, l'Ouest du pays étant relativement épargné. Des records de froid, jamais enregistrés pour un mois de décembre, ont été atteints : -26° à Bucarest, -34° à Buzau et Miercurea Ciuc. Cette offensive a cependant marqué une trêve entre les fêtes de fin d'année, avec un léger redoux (+5°). Mais dès le 8 janvier, le froid était reparti de plus belle. Même si les températures étaient moins extrêmes, elles étaient accompagnées de très forte chutes de neige. La circulation à travers le pays était rendue extrêmement périlleuse à cause du verglas. De nombreuses routes étaient coupées, l'aéroport d'Arad fermé. L'Ouest, le Sud et la Moldavie étaient les régions les plus touchées. En une semaine, la capitale enregistrait 400 hospitalisations pour fractures. Puis, les 13 et 14 janvier, l'Ouest devenait le pôle du froid de la Roumanie, le thermomètre descendant à -26° à Timisoara et -34° à Chisineu Chris, entre Arad et Oradea. Du jamais vu ! Dans les semaines suivantes, les températures montraient leurs rigueurs habituelles, entre -5° et -15°, suivant les régions, mais repartaient de plus belles vers les profondeurs à partir du 7 février (-26° à Focsani), avec d'importantes chutes de neige… hormis dans les stations de skiqui se désespéraient de leur absence. La fin du XXème siècle marquée par des phénomènes météorologiques extrêmes Crues et sécheresse plus dévastatrices que les redoutés tremblements de terre I nondations, sécheresse, pollutions, sont sans-doute moins spectaculaires que les tremblements de terre tant redoutés des Roumains; pourtant ils causent davantage de dégâts en terme de biens et de vies humaines : telle est la conclusion d'un rapport remis aux autorités sur les catastrophes naturelles et les risques majeurs encourus par la Roumanie. Ainsi y relève-t-on que 52 000 hectares de terrains, principalement en Moldavie, dans la région de Buzau et à l'Ouest de la Transylvanie, sont menacés par des glissements de terrain. L'érosion des sols affecte deux tiers du territoire, principalement dans les régions montagneuses et vallonnées, dont 42 % des terres agricoles ayant une déclivité supérieure à 5 %. Le déboisement incontrôlé des forêts a aggravé le phénomène. Depuis une décennie, les crues et inondations des 4000 rivières du pays se sont répétées selon un rythme devenu quasiment annuel, recouvrant 1,3 millions d'hectares et en menaçant 3,5 millions, affectant une population de 500 000 personnes. Les régions riveraines du Danube sont les plus touchées ainsi que le Sud et l'Est du pays Câmpia Romana, la Plaine roumaine - qui reçoivent le débit des fleuves Siret, Buzau, Arges, Ialomita, Olt et Jiu. L'Ouest et la plaine Banato-Crisana sont également affectés par la montée des eaux du Somes, du Crisuri et du Mures. La fin du XXème siècle a été marquée par des phénomènes météorologiques extrêmes, températures excessivement basses (- 37°à Miercurea Ciuc en 2000), accablantes (+46° à Bucarest, la même année), des précipitations abondantes, des chute de neige et de grêle d'une grande intensité, des fortes tempêtes et aussi la répétition des sécheresses. La plaine transylvienne (Târgu Mures), l'Olténie (Craiova), le Baragan (Slobozia) et, en premier lieu la région de Calafat, sont les plus exposés avec des sécheresses s'étendant sur des périodes de deux à quatre ans. Un périmètre de sécurité de 70 km autour de la centrale bulgare de Kozlodui Même si les risques d'un accident nucléaire ne sont estimés qu'à une chance sur 100 000, ils n'en concernent pas moins plusieurs régions du pays. La centrale nucléaire bulgare de Kosloduy, sur les rives du Danube, à la technologie soviétique dépassée, apparaît comme la menace la plus sérieuse. En cas de problème grave, une zone d'évacuation de la population portant sur 70 km serait mise en place et sept judets seraient concernés. Un grave problème à la centrale de Cernavoda, qui bénéficie d'une technologie canadienne plus moderne, entraînerait l'instauration d'un périmètre de sécurité de 10 km et affecterait partiellement 3 judets. Le Danube et son delta seraient touchés. Il existe des réacteurs moins importants, mais dont on ne peut exclure totalement l'absence de risques, à Pitesti, Mioveni et Bucarest, Magurele. 610 autres installations peuvent provoquer des radiations, mais celles-ci concernent essentiellement leur personnel. Un autre danger a été pris en compte : le risque d'accidents chimiques qui s'est fortement accru depuis la "Révolution" avec la désorganisation du milieu industriel, le stockage de produits dangereux destinés à des usines qui ont fermé. Plus de 140 sites à risques ont ainsi été repérés à travers tout le pays, menaçant une population estimée à 3 millions de personnes. Enfin, les risques de pollution par hydrocarbures touchent principalement la côte de la Mer Noire et le Danube avec, cependant, l'apparition d'un épiphénomène : le détournement de carburant par le pompage sauvage des oléoducs et réseaux de distribution qui entraîne fréquemment l'inondation des terrains à la suite de la rupture des branchements de fortune. Pour faire face à l'ensemble de ces situations, la Roumanie ne dispose souvent pas d'une législation adaptée et souffre surtout d'un manque de moyens financiers. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Minorités Société Quatre villages démunis voici encore peu, mais à la population soudée Les "Poloni" s'amusent et boivent comme ils travaillent… de toute leur âme, de toutes leurs forces D d'injures en roumain, au répertoire incomparablement plus e grandes maisons colorées, en bleu, vert, rouge, enveloppées d'un bardage en bois, avec de vastes riche en la matière, et seul emprunt qu’ils lui font. fenêtres blanches, des toits à deux pentes, des poutres intérieures, le berceau du nouveau-né qui se balance, "Quand je me mets à boire, je bois !" accroché au plafond… Les quatre villages polonais de Bucovine transportent dans un autre univers. On serait tenté de dire que la "samahoanca", eau de vie de Pour s'en convaincre, il suffit de regarder ces petites têtes betterave, et l'"horaspinca", sorte de vodka de maïs et mélanblondes aux yeux bleus s'interpelge de plusieurs alcools, titrant lant dans une langue étrange et arrêtoutes les deux entre 30 et 40°, sont tant leurs jeux dès qu'une charrette les deux mamelles du "Poloni", le passe. On est au pays des charrejour du Seigneur. "Quand je me tiers, des tonneliers, des maréchauxmets à boire, je bois", clament-ils. ferrants, tous métiers liés au cheval, Certains dimanches, la fête peut partout présent. Les hommes ne durer jusqu'au matin. L'alcool et sont pas très grands, mais costauds. l'ambiance aidant, on danse la polka Ils sont souvent bûcherons, durs au et la mazurka pieds nus sur les travail, que ce soit dans les champs tables des bistrots, endroit où les ou à la ferme à s'occuper des anifemmes savent pouvoir récupérer maux. leurs maris. "On s'amuse comme on Nécessité faisant loi dans cette travaille, de toute notre âme, de région démunie de tous services Tout en étant repliée sur elle-même, la communauté toutes nos forces" semblent-ils s'expolonaise, à l’activité essentiellement agricole voici encore peu, le menuisier se aujourd’hui, entretient de bonnes relations cuser. de voisinage avec les Roumains. servait de ses instruments pour remDans les quatre villages poloplacer le dentiste, le charpentier était également vétérinaire, le nais de Bucovine, tout le monde se connaît. Il y a parfois des berger se transformait en coiffeur, utilisant ses ciseaux destinés Allemands catholiques mais très peu de Roumains, même si à la tonte des moutons. Les vieilles du village guérissaient le les relations sont bonnes. La population est très unie et s'enmal de tête en appliquant des pommes de terre et faisaient des traide volontiers. A Plesa, les "Poloni" sont appelés, avec un bouillies d'arnica. peu de condescendance, les "Slovaci", car ils viennent d'une région appartenant à la Slovaquie. Jurer en roumain est beaucoup plus riche Un couvert pour le Seigneur Ici, on loue toujours les terres, les ou le convive inattendu forêts, car l'Etat n'a pas rendu ce que les communistes avaient confisqué. Les mariages se font à l'intérieur Une bonne raison pour aller couper du de la communauté, ce qui n'est pas bois en douce, et d'avoir quelques sans nourrir quelques inquiétudes de ennuis avec les gardes-forestiers et la consanguinité parmi ces 3-4000 habipolice… Mais, si on sait y faire, les tants. Mais ce repli sur soi a permis de choses peuvent s'arranger. Pour être conserver coutumes, traditions, cos"Poloni", on n'en est pas moins tumes que l'on peut voir lors des fêtes, Roumain ! essentiellement religieuses, ainsi que La main sur le cœur, les nombreux la langue. A table, on met toujours un braconniers vous jureront que les sancouvert de plus, pour le Seigneur ou Des villages reconnaissables à leurs maisons peintes et à leurs cimetières fleuris. gliers qu'ils guettent la nuit détruisent un convive inattendu. Le jour de Noël, leurs cultures de pommes de terre et de maïs et qu'ils les tuent on sert onze à treize plats différents, mais forcément un uniquement pour cette raison. D'ailleurs, affirment-ils, ils ne nombre impair. détestent rien de plus que cette viande, trop dure à leur goût… Dans cet univers, la femme, souvent habillée dans des mais personne ne va vérifier le contenu de leur assiette quant vêtements aux couleurs vives avec des motifs de fleurs, occuils mangent en famille. pe une place importante, égale à celle de l'homme. Un dicton Attention ! Il ne faut pas trop chatouiller la susceptibilité polonais dit que "l'homme est la tête de la famille, et la femme, de ces hommes simples, renfermés et fiers. Quand ils se la couronne". Les Roumains ont de son rôle une idée encore fâchent, ils en perdent leur polonais pour lancer une bordée plus directrice : si l'homme est la tête, la femme… est le cou. 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Minorités Visite du Président de la Pologne et venue de Jean-Paul II en Roumanie Les NOUVeLLes de ROUMANIe z ORADEA z ARAD z z CACICA z z z z CRAIOVA z VASLUI BRASOV GALATI BRAILA PITESTI z IASI z BACAU z SIBIU Les Polonais de Bucovine: une foi ancrée, des liens retrouvés z z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Pologne ou Bucovine: les mêmes malédictions 28 En Bucovine, les "Poloni" n'ont pu pour autant échapper aux deux malédictions qui ont accablé leur pays d'origine tout au long de son histoire : les Allemands et les Russes. Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande a envahi la région. Des enfants naturels sont nés, appelés "Fritz". En 1944, troupes allemandes et soviétiques, se disputèrent férocement la vallée où se trouvent les quatre villages polonais. Les Allemands, soupçonnant la présence d'espions soviétiques, brûlèrent Poïana Mica. L'Armée Rouge, elle, fit fusiller sur le champ tous les pauvres bougres qui avaient la malchance d'être surnommés Fritz. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les soldats russes laissèrent des traces de leur descendance. Les enfants ainsi nés portèrent longtemps comme un fardeau le nom de "Sovieticul" ("Le Soviétique"). Ces malheurs sont loin aujourd'hui et les "Poloni" se lamentent davantage de voir leurs enfants de plus en plus nombreux à quitter la région, faute de pouvoir trouver du travail sur place. Les jeunes, qui obtenaient des facilités auprès de l'ambassade de Pologne à Bucarest quand les Roumains avaient encore besoin d'un visa pour voyager à l'étranger, partent pour l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, mais très peu vers la Pologne, contrairement aux anciens qui s'y rendent fréquemment en visite. Toutefois, si les uns et les autres se sentent beaucoup plus Polonais que Roumains, ils reviennent en Bucovine. Pour l'instant… E n cette fin du mois de mai 1999, il ne restait que quelques vieillards impotents à Solonetu Nou, Cacica, Poiana Micului et Plesa, les quatre villages polonais de Bucovine. La population en entier avait déserté les lieux pour se rendre à 600 km de là, à Bucarest, à l'occasion de la venue de Jean-Paul II, un compatriote, qui effectuait sa première visite dans un pays orthodoxe. Pour cette communauté de 3 à 4000 habitants, il s'agissait de l'événement le plus important depuis qu'elle avait quitté son sol natal, vers 1800, quand l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse, avait réclamé des Polonais pour exploiter les mines de sel et développer l'industrie du bois de cette province dépendant de sa couronne. Longeant l'arc septentrional des Carpates, mineurs et bûcherons de Silésie et d'autres régions du sud de la Pologne avaient effectué près d'un millier de kilomètres à pied, emportant leur foi catholique et portant sur leur dos des pierres taillées et des briques de Cracovie pour édifier leur future cathédrale, à Cacica, à la porte même de la principale mine de sel, maintenant désaffectée. Aujourd'hui, cet imposant édifice, accueille chaque 15 août, un impressionnant pèlerinage de 100 000 fidèles, venus de Roumanie, mais aussi de toute la Pologne, se recueillir devant la copie de la Vierge Noire de Czestochowa et la reproduction de la Grotte de Lourdes. La Vierge noire de Cacica a la réputation de faire des miracles mais également des prédictions. Ainsi, en 1998, les pèlerins ont-ils noté un de ses signes, interprété comme un avertissement céleste annonçant de grands bouleversements dans le monde. Isolés au bout du monde Bien qu’elle soit fermée, la mine de sel de Cacica a conservé sa chapelle, ainsi Longtemps, les Polonais de Bucovine, les qu’une salle de bal, utilisée le 15 août. "Poloni", ont pu croire être abandonnés, non de Dieu - la foi est toujours très vive - mais aussi bien par leurs compatriotes que par la Roumanie dont ils dépendent puisqu'ils en portent la nationalité. Ils vivaient dans leurs villages isolés, au bout du monde, accessibles uniquement par des routes défoncées. D'ailleurs la première promesse faite par Alexandre Kwasniewski en 1998, au cours de la seule visite effectuée jusqu'ici par un Président polonais, concernait le prochain bitumage des routes du secteur. Ses anciens compatriotes s'étaient montrés sceptiques… mais auraient dû l'être davantage contre leur pays d'accueil. L'Etat roumain devait en effet prendre en charge les travaux contre l'annulation de sa dette extérieure vis à vis de la Pologne, d'un montant de 2 M€, et n'en a réalisés pour l'instant que la moitié. Depuis ces dernières années, Varsovie semble manifester un véritable regain d'intérêt à l'égard de ses nationaux. En avril dernier, les quatre villages ont reçu la visite du Président du Sénat polonais venu constater que l'aide annoncée pour les écoles livres, ordinateurs - était, bien arrivée. Des professeurs de polonais, certifiés après des études dans la Patrie-mère, assurent désormais les quatre heures de cours hebdomadaires réservées à cette langue dans les écoles roumaines de la région, des manuels en polonais étant fournis par l'Etat roumain. Un curé polonais a pris en charge la paroisse pendant un an, mais les fidèles ont préféré finalement confier cette mission à un prêtre issu de leur communauté, plus proche de leurs aspirations. Cette attention de l'extérieur se traduit donc généralement par des bienfaits… comme lors de la venue du Pape : la cathédrale de Cacica dépend depuis directement du Vatican, ce qui se ressent sur son entretien. "L'hiver le plus terrible… est celui à venir" Evénements Au pied des Carpates, une "petite Sibérie" où le thermomètre approche des moins 40 degrés SUCEAVA z Société D e tous temps, le pôle du froid en Roumanie s'est situé dans trois départements du centre du pays, les judets à dominance hongroise de Covasna (Sfântu-Gheorghe) et Harghita (Miercurea Ciuc), et celui de Brasov… sauf cette année, où ils ont exceptionnellement subi la "concurrence" du judet d'Arad, avec -34° enregistrés à Chisineu-Cris, le 12 janvier. conteste une centaine de kilomètres plus au nord, pas très loin des gorges du Bicaz. Situées dans une dépression, Gheorgheni et Joseni enregistrent 175 jours de températures négatives par an - fréquemment en dessous de -30° - ou égales à 0°, et la neige y persiste pendant 200 jours. Il n'est pas impossible d'ailleurs que le record absolu de froid ait été enregistré ici sous Ceausescu, à plusieurs reprises, mais le "Conducator" aurait donné des consignes pour qu'on n'en fasse pas état… afin que les entreprises ne ferment pas et que les ouvriers continuent à aller travailler. Les cerisiers en fleurs au mois de juillet Dans une dépression, à l'intérieur et au pied des Carpates, trois communes se disputent la palme de l'endroit le plus froid du pays. Officiellement, celle-ci revient à Intorsura Buzaului (Covasna), sur la rivière Buzau, à 45 km à l'est de Brasov, où la température est descendue jusqu'à -38,5°, le 24 janvier 1942. Mais aucun des anciens encore en vie ne se souvient avoir vu de thermomètre ce jour là et il n'existait pas de station météo dans les environs. Ici, l'hiver dure six mois. Les habitants de la commune, baptisée "Mica Siberie" ("La petite Sibérie") mettent les rigueurs du temps sur le compte du grand tunnel ferroviaire de Teliu - le plus long de Roumanie, avec 4370 m - creusé par les Allemands entre 1924 et 1929, pour permettre la liaison avec Brasov, et qui provoque d'intenses courants d'air glacé… bien qu'il soit distant de plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, leur préoccupation par grand froid n'est pas tant de se protéger que de pouvoir aller chercher et rentrer le fourrage pour le bétail. Près de 200 jours de températures négatives et de neige A Bod, à une vingtaine de kilomètres au nord de Brasov, toujours en plaine, le thermomètre est descendu à -37,5° deux années consécutives, en 1984 et 1985. Est-ce le froid intense ou les années Ceausescu qui les ont fait fuir ? En tous les cas les Sasi (Saxons) ont quitté en masse la ville, dont l'activité principale tournait autour de la raffinerie de sucre, pour retourner dans leur Allemagne originelle, après la "révolution" de 1989. Sur place, on a l'habitude de dire "l'hiver le plus terrible… est celui à venir". Mais le pôle roumain des températures basses se situe sans Les 58 000 habitants de cette vallée où ne poussent guère que les pommes de terre et où il n'est pas rare de voir les paysans charroyer leurs champs en juin, se réjouissent quand le thermomètre atteint 20° en août. "Ici, l'été tombe un jeudi après-midi" ont-ils l'habitude de plaisanter… en regardant fleurir leurs rares cerisiers en juillet. D'ailleurs, la belle saison n'y est pas exempte de mauvaises surprises, avec de terribles orages, provoquant des incendies au grand dam des pompiers dont les quatre véhicules ne suffisent plus alors. Les météorologues mettent ces grands froids sur le compte d'une inversion thermique. Dépourvue de courants et de vents, la vallée retient les masses d'air sibérien qui stagnent alors que l'air plus chaud gagne les hauteurs. Les habitants en ont pris leur partie. Dans la région, les murs des maisons ont une épaisseur de 70-100 centimètres. On n'y craint pas tant le froid que les secours qui ne peuvent pas arriver. Des malades meurent faute de soins, médecins et ambulances étant bloqués par la neige ou le verglas. + 4,5 degrés en moyenne annuelle D'un autre côté, ces températures extrêmes trempent le caractère des gens. Première femme au monde à avoir atteint le Pôle Nord et le Pôle Sud, la même année, Maria Uca Marinescu est native de Gheorghieni. Enfant du pays, la célèbre exploratrice y a préparé son expédition dans l'Himalaya. Et puis cela permet de se moquer des gens de la capitale qui claquent des dents et grelottent dès que le thermomètre descend de quelques degrés en dessous de zéro. D'ailleurs, sur place, l'avenir semble s'éclaircir : la moyenne annuelle des températures a été de 5,5° en 2002, contre 4,5° habituellement… ce qui fait dire, très sérieusement, à la météorologue locale, qu'"à Gheorghieni, on peut constater le phénomène de réchauffement global de la planète ". 25 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements BOTOSANI BAIA MARE z ORADEA z z z z z PLESI CLUJ DEVA z TIMISOARA z BRASOV GALATI BRAILA PITESTI z z z SIBIU CRAIOVA BACAU z z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Le suicide des jeunes révélateur d'un avenir sans perspectives 26 Valentin, du judet de Botosani, s'est pendu dans le grenier de sa maison, le 2 décembre dernier. Il devait fêter ses 24 ans, six jours plus tard. Il avait terminé ses études d'ingénieur en informatique et ne trouvait pas d'emploi. Personne ne peut expliquer les raisons de son geste. Un amour déçu, la peur de l'avenir, l'impossibilité de partir travailler à l'étranger ? Le jeune homme était-il perturbé par les messages sur Internet que lui envoyait un "groupe satanique", appartenant à ces sectes aux pratiques démoniaques qui resurgissent régulièrement en Roumanie depuis quelques années ? Se résigner à vivre aux crochets des parents Malheureusement, le suicide apparaît comme un acte auquel trop de jeunes Roumains ont de plus en plus recours. C'est un véritable problème pour le pays, bien que les autorités feignent d'ignorer le phénomène. Pleins d'espoir à la sortie de leurs études, ces jeunes gens déchantent vite quand les portes des entreprises se ferment devant eux; la seule solution est alors de tenter sa chance à l'étranger, ce qui veut dire abandonner les siens et, souvent, travailler et s'installer dans l'illégalité. Encore faut-il pouvoir le faire ! Quand ce n'est pas le cas, l'horizon paraît totalement bouché. Il faut se résigner à vivre aux crochets de la famille, renoncer à former la sienne, à avoir une vie normale. Alors le désespoir guette et le geste fatal n'est pas loin. I on Chirila, 68 ans, et ses deux fils, Traian, 35 ans, et Doru, 32 ans, du village de Plesi dans les Apuseni, ont vécu le réveillon le plus effrayant de leur vie. Comme tous les ans, les trois bergers avaient pris leurs quartiers d'hiver en haut de la montagne, continuant la tradition d'une vie familiale pastorale. Sur les coups de minuit, le père a été réveillé par des hurlements, n'y prêtant cependant guère attention et les mettant sur le compte des aboiements des chiens chargés de surveiller la bergerie et ses 300 moutons, distante d'à peine cent mètres. Aucun loup n'ayant été signalé dans la région depuis des années, il s'est rendormi en toute quiétude jusqu'à ce que ces cris plaintifs et lugubres enserrent la maison. Sautant du lit et ouvrant la porte, il devina dans la nuit des yeux luisants guettant leurs proies. Une meute d'une vingtaine de loups affamés s'apprêtaient à dévorer les moutons. S'habillant sur le champ, et ses fils réveillés, Ion est sorti avec une lampe à pétrole à la main qui lui a échappé et s'est brisé en tombant. La flamme, en se répandant sur le sol, a amené un mouvement de recul chez les loups. Voyant que le feu les effrayait, les bergers se sont précipités chez eux, récupérant des draps qu'ils ont enflammés à l'aide d'un bidon d'une dizaine de litres d'essence, les faisant tournoyer au-dessus de leur tête. Mais le stratagème n'a marché qu'un temps, les loups se rapprochant dans les espaces vides. L'idée leur est alors venue de mettre le feu aux meules de foin. Les trois hommes y ont tout de suite renoncé, car elles auraient brûlé trop vite et consommé le peu de carburant à leur disposition. Ils ont alors disposé régulièrement les pneus usés de leur vieille Aro et les ont enflammés. Après s'être éloignés, les loups sont revenus à la charge, tentant de s'infiltrer dans les espaces libres. L'un des fils s'est emparé d'un pneu qui finissait de se consumer, l'a fait tourner au-dessus de sa tête et l'a jeté dans leur direction. La gerbe d'étincelles a effrayé la meute qui a reculé puis, devant la répétition du stratagème s'est enfuie. Il était quatre heures du matin et les trois bergers, auxquels il ne restait plus qu'un litre ou deux d'essence ont décidé de veiller jusqu'à l'aube. Depuis, les loups ne sont plus revenus. Société Le nouveau code de la route est entré en application Evénements Priorité à gauche dans les giratoires et interdiction de manifester sur les routes Un réveillon au clair de loup z TARGU MURES ARAD z z z SUCEAVA IASI ZALAU Chassées des forêts par le froid et la faim, les meutes n'hésitent plus à attaquer les habitations Les NOUVeLLes de ROUMANIe C encourt la même peine, tout comme celui qui est sous l'empriomme annoncé mais avec un mois de retard (Voir se de drogues ou de médicaments ayant les mêmes effets. les Nouvelles de Roumanie n° 12), les autorités ont Dorénavant les médecins seront tenus mis en application le noupour responsables s'ils ne signalent veau code de la route, fin janvier, pas à la police les automobilistes dont adapté à la réglementation européenl'état de santé ou psychique ne permet ne et comportant comme principale plus la conduite. En cas d'accident disposition nouvelle, l'introduction provoqué par leurs patients, ils du permis à points : celui-ci sera encourent de un à cinq ans de priannulé quand un chauffeur aura accuson… Toutefois, la réglementation mulé quinze points de pénalité, à la n'oblige pas les mêmes patients à leur différence du permis français où l'on déclarer s'ils sont titulaires ou non du retire les "bons" points. Parmi les permis de conduire. aménagements intervenus depuis la Enfin, les législateurs qui, lors de publication du premier projet, en mai séjours en France, n'ont dû que dernier, ou les précisions apportées, il modérément apprécié les barrages faut surtout retenir: des producteurs d'artichauts (légume - l'introduction de la priorité à inconnu en Roumanie) bretons, de gauche - c'est à dire à celui qui est melons et abricots du Languedocdéjà engagé - dans les giratoires Roussillon et des transporteurs rou- la priorité aux véhicules de L’apprentissage des nouveaux tarifs tiers, ont également prévu des peines transports en commun à l'arrêt, lorsde dessous de table, en cas d’infraction. qu'ils redémarrent Gazdaru, Gardianul, 2 février 2003 de prison (trois mois à deux ans) pour toute entrave à la circulation à la suite - le durcissement des peines en de grèves ou autres manifestations. Les "progrès " apportés cas de conduite en état d'ébriété. Le taux admis est toujours de par le "pays des lumières" dans ce domaine ne semblent pas 0 g par litre de sang, mais au-dessus de 0,8 g, il devient un délit avoir convaincu. D'autre part, préfets et maires n'ont plus le punissable d'une peine d'emprisonnement de un à cinq ans. Le droit aux gyrophares dont certains faisaient un usage abusif. conducteur refusant de se soumettre à une prise de sang Bucarest veut garder son côté "Petit Paris"… au grand mécontentement des automobilistes Plusieurs milliers à travers le pays Dans plusieurs autres judets, la recrudescence des attaques de loups et la croissance de leur nombre s'est vérifiée à la faveurs des différentes vagues de froid qui les affament et les font sortir des forêts. C'est le cas dans le département de Salaj (Zalau), où des battues organisés par les associations de chasseurs ont permis d'en tuer une dizaine. Devant la rigueur de l'hiver, les loups ne se sont pas contentés de dévorer les cochons et les moutons mais s'en sont pris aussi aux chiens et aux chevaux. Bien, qu'à priori, ils n'attaquent pas l'homme, les paysans ont préféré faire accompagner leurs enfants à l'école. Classés en espèce protégée à cause des menaces pesant sur leur perpétuation, les loups ont vu leur nombre s'accroître sensiblement ces derniers temps, ce qui a entraîné la levée de l'interdiction de les chasser et l'instauration d'un quota annuel qui permet d'en abattre 882 pour la seule année 2003… ce qui laisse à penser qu'il en existe plusieurs milliers à travers le pays, sans doute plus de 8000. L’Arc de Triomphe, copié sur celui de Paris. B ucarest s'enorgueillissait autrefois de son appellation de "Petit Paris" de l'Europe du Sud-Est. Si ce charme a malheureusement disparu dans le centre de la capitale avec le communisme et les bulldozers de Ceausescu, il en reste cependant une trace dans le Nord de la cité avec la Place de l'Arc de Triomphe, copiée sur celle de Paris, la place Charles De Gaulle et la strada Prezan. Cette ressemblance n'est pas seulement patronymique, due à la configuration des lieux ou à la présence d'un monument prestigieux, elle est liée aussi au caractère du revêtement de la chaussée : des petits pavés, comme sur les Champs Elysées et sur la place de l'Etoile. Mais cette spécificité ne fait pas du tout l'affaire des automobilistes qui se plaignent depuis des années auprès de la mairie et de la police : la chaussée est glissante, dangereuse en cas de pluie ou de verglas ; en outre le gel fait éclater les joints qui ne sont pas de la même qualité qu'à Paris. Le problème est encore plus grand place Charles De Gaulle, sous laquelle passe le métro dont la voûte en béton ne permet pas l'écoulement de l'eau, ce qui fait éclater les pierres lors des grands froids. Bref, les lieux sont en travaux tous les trois mois, ce qui entraînent des bouchons à répétition, de l'énervement, une consommation plus grande des voitures et les protestations répétées des automobilistes, lesquels ont reçu le renfort de la police routière pour exiger de la municipalité que la chaussée soit asphaltée, arguant également des centaines de millions de lei gaspillés à chaque réparation. Les urbanistes de la mairie, soutenus par le maire qui habite dans le quartier, ne l'entendent toutefois pas de cette oreille. Si, après le grand froid de décembre (-25° dans la capitale), ils ont décidé de transiger en recouvrant provisoirement les trous de bitume, ils ont prévenu que dès les beaux jours, les lieux retrouveront leur aspect de "Petit Paris". 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements BOTOSANI BAIA MARE z ORADEA z z z z z PLESI CLUJ DEVA z TIMISOARA z BRASOV GALATI BRAILA PITESTI z z z SIBIU CRAIOVA BACAU z z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Le suicide des jeunes révélateur d'un avenir sans perspectives 26 Valentin, du judet de Botosani, s'est pendu dans le grenier de sa maison, le 2 décembre dernier. Il devait fêter ses 24 ans, six jours plus tard. Il avait terminé ses études d'ingénieur en informatique et ne trouvait pas d'emploi. Personne ne peut expliquer les raisons de son geste. Un amour déçu, la peur de l'avenir, l'impossibilité de partir travailler à l'étranger ? Le jeune homme était-il perturbé par les messages sur Internet que lui envoyait un "groupe satanique", appartenant à ces sectes aux pratiques démoniaques qui resurgissent régulièrement en Roumanie depuis quelques années ? Se résigner à vivre aux crochets des parents Malheureusement, le suicide apparaît comme un acte auquel trop de jeunes Roumains ont de plus en plus recours. C'est un véritable problème pour le pays, bien que les autorités feignent d'ignorer le phénomène. Pleins d'espoir à la sortie de leurs études, ces jeunes gens déchantent vite quand les portes des entreprises se ferment devant eux; la seule solution est alors de tenter sa chance à l'étranger, ce qui veut dire abandonner les siens et, souvent, travailler et s'installer dans l'illégalité. Encore faut-il pouvoir le faire ! Quand ce n'est pas le cas, l'horizon paraît totalement bouché. Il faut se résigner à vivre aux crochets de la famille, renoncer à former la sienne, à avoir une vie normale. Alors le désespoir guette et le geste fatal n'est pas loin. I on Chirila, 68 ans, et ses deux fils, Traian, 35 ans, et Doru, 32 ans, du village de Plesi dans les Apuseni, ont vécu le réveillon le plus effrayant de leur vie. Comme tous les ans, les trois bergers avaient pris leurs quartiers d'hiver en haut de la montagne, continuant la tradition d'une vie familiale pastorale. Sur les coups de minuit, le père a été réveillé par des hurlements, n'y prêtant cependant guère attention et les mettant sur le compte des aboiements des chiens chargés de surveiller la bergerie et ses 300 moutons, distante d'à peine cent mètres. Aucun loup n'ayant été signalé dans la région depuis des années, il s'est rendormi en toute quiétude jusqu'à ce que ces cris plaintifs et lugubres enserrent la maison. Sautant du lit et ouvrant la porte, il devina dans la nuit des yeux luisants guettant leurs proies. Une meute d'une vingtaine de loups affamés s'apprêtaient à dévorer les moutons. S'habillant sur le champ, et ses fils réveillés, Ion est sorti avec une lampe à pétrole à la main qui lui a échappé et s'est brisé en tombant. La flamme, en se répandant sur le sol, a amené un mouvement de recul chez les loups. Voyant que le feu les effrayait, les bergers se sont précipités chez eux, récupérant des draps qu'ils ont enflammés à l'aide d'un bidon d'une dizaine de litres d'essence, les faisant tournoyer au-dessus de leur tête. Mais le stratagème n'a marché qu'un temps, les loups se rapprochant dans les espaces vides. L'idée leur est alors venue de mettre le feu aux meules de foin. Les trois hommes y ont tout de suite renoncé, car elles auraient brûlé trop vite et consommé le peu de carburant à leur disposition. Ils ont alors disposé régulièrement les pneus usés de leur vieille Aro et les ont enflammés. Après s'être éloignés, les loups sont revenus à la charge, tentant de s'infiltrer dans les espaces libres. L'un des fils s'est emparé d'un pneu qui finissait de se consumer, l'a fait tourner au-dessus de sa tête et l'a jeté dans leur direction. La gerbe d'étincelles a effrayé la meute qui a reculé puis, devant la répétition du stratagème s'est enfuie. Il était quatre heures du matin et les trois bergers, auxquels il ne restait plus qu'un litre ou deux d'essence ont décidé de veiller jusqu'à l'aube. Depuis, les loups ne sont plus revenus. Société Le nouveau code de la route est entré en application Evénements Priorité à gauche dans les giratoires et interdiction de manifester sur les routes Un réveillon au clair de loup z TARGU MURES ARAD z z z SUCEAVA IASI ZALAU Chassées des forêts par le froid et la faim, les meutes n'hésitent plus à attaquer les habitations Les NOUVeLLes de ROUMANIe C encourt la même peine, tout comme celui qui est sous l'empriomme annoncé mais avec un mois de retard (Voir se de drogues ou de médicaments ayant les mêmes effets. les Nouvelles de Roumanie n° 12), les autorités ont Dorénavant les médecins seront tenus mis en application le noupour responsables s'ils ne signalent veau code de la route, fin janvier, pas à la police les automobilistes dont adapté à la réglementation européenl'état de santé ou psychique ne permet ne et comportant comme principale plus la conduite. En cas d'accident disposition nouvelle, l'introduction provoqué par leurs patients, ils du permis à points : celui-ci sera encourent de un à cinq ans de priannulé quand un chauffeur aura accuson… Toutefois, la réglementation mulé quinze points de pénalité, à la n'oblige pas les mêmes patients à leur différence du permis français où l'on déclarer s'ils sont titulaires ou non du retire les "bons" points. Parmi les permis de conduire. aménagements intervenus depuis la Enfin, les législateurs qui, lors de publication du premier projet, en mai séjours en France, n'ont dû que dernier, ou les précisions apportées, il modérément apprécié les barrages faut surtout retenir: des producteurs d'artichauts (légume - l'introduction de la priorité à inconnu en Roumanie) bretons, de gauche - c'est à dire à celui qui est melons et abricots du Languedocdéjà engagé - dans les giratoires Roussillon et des transporteurs rou- la priorité aux véhicules de L’apprentissage des nouveaux tarifs tiers, ont également prévu des peines transports en commun à l'arrêt, lorsde dessous de table, en cas d’infraction. qu'ils redémarrent Gazdaru, Gardianul, 2 février 2003 de prison (trois mois à deux ans) pour toute entrave à la circulation à la suite - le durcissement des peines en de grèves ou autres manifestations. Les "progrès " apportés cas de conduite en état d'ébriété. Le taux admis est toujours de par le "pays des lumières" dans ce domaine ne semblent pas 0 g par litre de sang, mais au-dessus de 0,8 g, il devient un délit avoir convaincu. D'autre part, préfets et maires n'ont plus le punissable d'une peine d'emprisonnement de un à cinq ans. Le droit aux gyrophares dont certains faisaient un usage abusif. conducteur refusant de se soumettre à une prise de sang Bucarest veut garder son côté "Petit Paris"… au grand mécontentement des automobilistes Plusieurs milliers à travers le pays Dans plusieurs autres judets, la recrudescence des attaques de loups et la croissance de leur nombre s'est vérifiée à la faveurs des différentes vagues de froid qui les affament et les font sortir des forêts. C'est le cas dans le département de Salaj (Zalau), où des battues organisés par les associations de chasseurs ont permis d'en tuer une dizaine. Devant la rigueur de l'hiver, les loups ne se sont pas contentés de dévorer les cochons et les moutons mais s'en sont pris aussi aux chiens et aux chevaux. Bien, qu'à priori, ils n'attaquent pas l'homme, les paysans ont préféré faire accompagner leurs enfants à l'école. Classés en espèce protégée à cause des menaces pesant sur leur perpétuation, les loups ont vu leur nombre s'accroître sensiblement ces derniers temps, ce qui a entraîné la levée de l'interdiction de les chasser et l'instauration d'un quota annuel qui permet d'en abattre 882 pour la seule année 2003… ce qui laisse à penser qu'il en existe plusieurs milliers à travers le pays, sans doute plus de 8000. L’Arc de Triomphe, copié sur celui de Paris. B ucarest s'enorgueillissait autrefois de son appellation de "Petit Paris" de l'Europe du Sud-Est. Si ce charme a malheureusement disparu dans le centre de la capitale avec le communisme et les bulldozers de Ceausescu, il en reste cependant une trace dans le Nord de la cité avec la Place de l'Arc de Triomphe, copiée sur celle de Paris, la place Charles De Gaulle et la strada Prezan. Cette ressemblance n'est pas seulement patronymique, due à la configuration des lieux ou à la présence d'un monument prestigieux, elle est liée aussi au caractère du revêtement de la chaussée : des petits pavés, comme sur les Champs Elysées et sur la place de l'Etoile. Mais cette spécificité ne fait pas du tout l'affaire des automobilistes qui se plaignent depuis des années auprès de la mairie et de la police : la chaussée est glissante, dangereuse en cas de pluie ou de verglas ; en outre le gel fait éclater les joints qui ne sont pas de la même qualité qu'à Paris. Le problème est encore plus grand place Charles De Gaulle, sous laquelle passe le métro dont la voûte en béton ne permet pas l'écoulement de l'eau, ce qui fait éclater les pierres lors des grands froids. Bref, les lieux sont en travaux tous les trois mois, ce qui entraînent des bouchons à répétition, de l'énervement, une consommation plus grande des voitures et les protestations répétées des automobilistes, lesquels ont reçu le renfort de la police routière pour exiger de la municipalité que la chaussée soit asphaltée, arguant également des centaines de millions de lei gaspillés à chaque réparation. Les urbanistes de la mairie, soutenus par le maire qui habite dans le quartier, ne l'entendent toutefois pas de cette oreille. Si, après le grand froid de décembre (-25° dans la capitale), ils ont décidé de transiger en recouvrant provisoirement les trous de bitume, ils ont prévenu que dès les beaux jours, les lieux retrouveront leur aspect de "Petit Paris". 27 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Minorités Visite du Président de la Pologne et venue de Jean-Paul II en Roumanie Les NOUVeLLes de ROUMANIe z ORADEA z ARAD z z CACICA z z z z CRAIOVA z VASLUI BRASOV GALATI BRAILA PITESTI z IASI z BACAU z SIBIU Les Polonais de Bucovine: une foi ancrée, des liens retrouvés z z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Pologne ou Bucovine: les mêmes malédictions 28 En Bucovine, les "Poloni" n'ont pu pour autant échapper aux deux malédictions qui ont accablé leur pays d'origine tout au long de son histoire : les Allemands et les Russes. Pendant la Première Guerre mondiale, l'armée allemande a envahi la région. Des enfants naturels sont nés, appelés "Fritz". En 1944, troupes allemandes et soviétiques, se disputèrent férocement la vallée où se trouvent les quatre villages polonais. Les Allemands, soupçonnant la présence d'espions soviétiques, brûlèrent Poïana Mica. L'Armée Rouge, elle, fit fusiller sur le champ tous les pauvres bougres qui avaient la malchance d'être surnommés Fritz. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les soldats russes laissèrent des traces de leur descendance. Les enfants ainsi nés portèrent longtemps comme un fardeau le nom de "Sovieticul" ("Le Soviétique"). Ces malheurs sont loin aujourd'hui et les "Poloni" se lamentent davantage de voir leurs enfants de plus en plus nombreux à quitter la région, faute de pouvoir trouver du travail sur place. Les jeunes, qui obtenaient des facilités auprès de l'ambassade de Pologne à Bucarest quand les Roumains avaient encore besoin d'un visa pour voyager à l'étranger, partent pour l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, mais très peu vers la Pologne, contrairement aux anciens qui s'y rendent fréquemment en visite. Toutefois, si les uns et les autres se sentent beaucoup plus Polonais que Roumains, ils reviennent en Bucovine. Pour l'instant… E n cette fin du mois de mai 1999, il ne restait que quelques vieillards impotents à Solonetu Nou, Cacica, Poiana Micului et Plesa, les quatre villages polonais de Bucovine. La population en entier avait déserté les lieux pour se rendre à 600 km de là, à Bucarest, à l'occasion de la venue de Jean-Paul II, un compatriote, qui effectuait sa première visite dans un pays orthodoxe. Pour cette communauté de 3 à 4000 habitants, il s'agissait de l'événement le plus important depuis qu'elle avait quitté son sol natal, vers 1800, quand l'impératrice d'Autriche, Marie-Thérèse, avait réclamé des Polonais pour exploiter les mines de sel et développer l'industrie du bois de cette province dépendant de sa couronne. Longeant l'arc septentrional des Carpates, mineurs et bûcherons de Silésie et d'autres régions du sud de la Pologne avaient effectué près d'un millier de kilomètres à pied, emportant leur foi catholique et portant sur leur dos des pierres taillées et des briques de Cracovie pour édifier leur future cathédrale, à Cacica, à la porte même de la principale mine de sel, maintenant désaffectée. Aujourd'hui, cet imposant édifice, accueille chaque 15 août, un impressionnant pèlerinage de 100 000 fidèles, venus de Roumanie, mais aussi de toute la Pologne, se recueillir devant la copie de la Vierge Noire de Czestochowa et la reproduction de la Grotte de Lourdes. La Vierge noire de Cacica a la réputation de faire des miracles mais également des prédictions. Ainsi, en 1998, les pèlerins ont-ils noté un de ses signes, interprété comme un avertissement céleste annonçant de grands bouleversements dans le monde. Isolés au bout du monde Bien qu’elle soit fermée, la mine de sel de Cacica a conservé sa chapelle, ainsi Longtemps, les Polonais de Bucovine, les qu’une salle de bal, utilisée le 15 août. "Poloni", ont pu croire être abandonnés, non de Dieu - la foi est toujours très vive - mais aussi bien par leurs compatriotes que par la Roumanie dont ils dépendent puisqu'ils en portent la nationalité. Ils vivaient dans leurs villages isolés, au bout du monde, accessibles uniquement par des routes défoncées. D'ailleurs la première promesse faite par Alexandre Kwasniewski en 1998, au cours de la seule visite effectuée jusqu'ici par un Président polonais, concernait le prochain bitumage des routes du secteur. Ses anciens compatriotes s'étaient montrés sceptiques… mais auraient dû l'être davantage contre leur pays d'accueil. L'Etat roumain devait en effet prendre en charge les travaux contre l'annulation de sa dette extérieure vis à vis de la Pologne, d'un montant de 2 M€, et n'en a réalisés pour l'instant que la moitié. Depuis ces dernières années, Varsovie semble manifester un véritable regain d'intérêt à l'égard de ses nationaux. En avril dernier, les quatre villages ont reçu la visite du Président du Sénat polonais venu constater que l'aide annoncée pour les écoles livres, ordinateurs - était, bien arrivée. Des professeurs de polonais, certifiés après des études dans la Patrie-mère, assurent désormais les quatre heures de cours hebdomadaires réservées à cette langue dans les écoles roumaines de la région, des manuels en polonais étant fournis par l'Etat roumain. Un curé polonais a pris en charge la paroisse pendant un an, mais les fidèles ont préféré finalement confier cette mission à un prêtre issu de leur communauté, plus proche de leurs aspirations. Cette attention de l'extérieur se traduit donc généralement par des bienfaits… comme lors de la venue du Pape : la cathédrale de Cacica dépend depuis directement du Vatican, ce qui se ressent sur son entretien. "L'hiver le plus terrible… est celui à venir" Evénements Au pied des Carpates, une "petite Sibérie" où le thermomètre approche des moins 40 degrés SUCEAVA z Société D e tous temps, le pôle du froid en Roumanie s'est situé dans trois départements du centre du pays, les judets à dominance hongroise de Covasna (Sfântu-Gheorghe) et Harghita (Miercurea Ciuc), et celui de Brasov… sauf cette année, où ils ont exceptionnellement subi la "concurrence" du judet d'Arad, avec -34° enregistrés à Chisineu-Cris, le 12 janvier. conteste une centaine de kilomètres plus au nord, pas très loin des gorges du Bicaz. Situées dans une dépression, Gheorgheni et Joseni enregistrent 175 jours de températures négatives par an - fréquemment en dessous de -30° - ou égales à 0°, et la neige y persiste pendant 200 jours. Il n'est pas impossible d'ailleurs que le record absolu de froid ait été enregistré ici sous Ceausescu, à plusieurs reprises, mais le "Conducator" aurait donné des consignes pour qu'on n'en fasse pas état… afin que les entreprises ne ferment pas et que les ouvriers continuent à aller travailler. Les cerisiers en fleurs au mois de juillet Dans une dépression, à l'intérieur et au pied des Carpates, trois communes se disputent la palme de l'endroit le plus froid du pays. Officiellement, celle-ci revient à Intorsura Buzaului (Covasna), sur la rivière Buzau, à 45 km à l'est de Brasov, où la température est descendue jusqu'à -38,5°, le 24 janvier 1942. Mais aucun des anciens encore en vie ne se souvient avoir vu de thermomètre ce jour là et il n'existait pas de station météo dans les environs. Ici, l'hiver dure six mois. Les habitants de la commune, baptisée "Mica Siberie" ("La petite Sibérie") mettent les rigueurs du temps sur le compte du grand tunnel ferroviaire de Teliu - le plus long de Roumanie, avec 4370 m - creusé par les Allemands entre 1924 et 1929, pour permettre la liaison avec Brasov, et qui provoque d'intenses courants d'air glacé… bien qu'il soit distant de plusieurs kilomètres. Aujourd'hui, leur préoccupation par grand froid n'est pas tant de se protéger que de pouvoir aller chercher et rentrer le fourrage pour le bétail. Près de 200 jours de températures négatives et de neige A Bod, à une vingtaine de kilomètres au nord de Brasov, toujours en plaine, le thermomètre est descendu à -37,5° deux années consécutives, en 1984 et 1985. Est-ce le froid intense ou les années Ceausescu qui les ont fait fuir ? En tous les cas les Sasi (Saxons) ont quitté en masse la ville, dont l'activité principale tournait autour de la raffinerie de sucre, pour retourner dans leur Allemagne originelle, après la "révolution" de 1989. Sur place, on a l'habitude de dire "l'hiver le plus terrible… est celui à venir". Mais le pôle roumain des températures basses se situe sans Les 58 000 habitants de cette vallée où ne poussent guère que les pommes de terre et où il n'est pas rare de voir les paysans charroyer leurs champs en juin, se réjouissent quand le thermomètre atteint 20° en août. "Ici, l'été tombe un jeudi après-midi" ont-ils l'habitude de plaisanter… en regardant fleurir leurs rares cerisiers en juillet. D'ailleurs, la belle saison n'y est pas exempte de mauvaises surprises, avec de terribles orages, provoquant des incendies au grand dam des pompiers dont les quatre véhicules ne suffisent plus alors. Les météorologues mettent ces grands froids sur le compte d'une inversion thermique. Dépourvue de courants et de vents, la vallée retient les masses d'air sibérien qui stagnent alors que l'air plus chaud gagne les hauteurs. Les habitants en ont pris leur partie. Dans la région, les murs des maisons ont une épaisseur de 70-100 centimètres. On n'y craint pas tant le froid que les secours qui ne peuvent pas arriver. Des malades meurent faute de soins, médecins et ambulances étant bloqués par la neige ou le verglas. + 4,5 degrés en moyenne annuelle D'un autre côté, ces températures extrêmes trempent le caractère des gens. Première femme au monde à avoir atteint le Pôle Nord et le Pôle Sud, la même année, Maria Uca Marinescu est native de Gheorghieni. Enfant du pays, la célèbre exploratrice y a préparé son expédition dans l'Himalaya. Et puis cela permet de se moquer des gens de la capitale qui claquent des dents et grelottent dès que le thermomètre descend de quelques degrés en dessous de zéro. D'ailleurs, sur place, l'avenir semble s'éclaircir : la moyenne annuelle des températures a été de 5,5° en 2002, contre 4,5° habituellement… ce qui fait dire, très sérieusement, à la météorologue locale, qu'"à Gheorghieni, on peut constater le phénomène de réchauffement global de la planète ". 25 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Evénements SUCEAVA ORADEA z CHISINEU CRIS BAIA MARE z CLUJ z GHEORGHENI z z z DEVA BRASOV CRAIOVA z z z BACAU SF GHEORGHE z z BUZAU PITESTI z z z M. CIUC ARAD z IASI z z TIMISOARA z FOCSANI z SLOBOZIA BUCAREST z z BRAILA CONSTANTA z KOSLODUI Déjà l'hiver du siècle ! 24 Le XXIème siècle n'a beau avoir que trois ans, il a déjà enregistré un hiver qui restera dans ses annales. Après un automne particulièrement doux, le "général hiver" s'est manifesté dès les premiers jours de décembre, sévissant pendant trois semaines sans discontinuer, l'Ouest du pays étant relativement épargné. Des records de froid, jamais enregistrés pour un mois de décembre, ont été atteints : -26° à Bucarest, -34° à Buzau et Miercurea Ciuc. Cette offensive a cependant marqué une trêve entre les fêtes de fin d'année, avec un léger redoux (+5°). Mais dès le 8 janvier, le froid était reparti de plus belle. Même si les températures étaient moins extrêmes, elles étaient accompagnées de très forte chutes de neige. La circulation à travers le pays était rendue extrêmement périlleuse à cause du verglas. De nombreuses routes étaient coupées, l'aéroport d'Arad fermé. L'Ouest, le Sud et la Moldavie étaient les régions les plus touchées. En une semaine, la capitale enregistrait 400 hospitalisations pour fractures. Puis, les 13 et 14 janvier, l'Ouest devenait le pôle du froid de la Roumanie, le thermomètre descendant à -26° à Timisoara et -34° à Chisineu Chris, entre Arad et Oradea. Du jamais vu ! Dans les semaines suivantes, les températures montraient leurs rigueurs habituelles, entre -5° et -15°, suivant les régions, mais repartaient de plus belles vers les profondeurs à partir du 7 février (-26° à Focsani), avec d'importantes chutes de neige… hormis dans les stations de skiqui se désespéraient de leur absence. La fin du XXème siècle marquée par des phénomènes météorologiques extrêmes Crues et sécheresse plus dévastatrices que les redoutés tremblements de terre I nondations, sécheresse, pollutions, sont sans-doute moins spectaculaires que les tremblements de terre tant redoutés des Roumains; pourtant ils causent davantage de dégâts en terme de biens et de vies humaines : telle est la conclusion d'un rapport remis aux autorités sur les catastrophes naturelles et les risques majeurs encourus par la Roumanie. Ainsi y relève-t-on que 52 000 hectares de terrains, principalement en Moldavie, dans la région de Buzau et à l'Ouest de la Transylvanie, sont menacés par des glissements de terrain. L'érosion des sols affecte deux tiers du territoire, principalement dans les régions montagneuses et vallonnées, dont 42 % des terres agricoles ayant une déclivité supérieure à 5 %. Le déboisement incontrôlé des forêts a aggravé le phénomène. Depuis une décennie, les crues et inondations des 4000 rivières du pays se sont répétées selon un rythme devenu quasiment annuel, recouvrant 1,3 millions d'hectares et en menaçant 3,5 millions, affectant une population de 500 000 personnes. Les régions riveraines du Danube sont les plus touchées ainsi que le Sud et l'Est du pays Câmpia Romana, la Plaine roumaine - qui reçoivent le débit des fleuves Siret, Buzau, Arges, Ialomita, Olt et Jiu. L'Ouest et la plaine Banato-Crisana sont également affectés par la montée des eaux du Somes, du Crisuri et du Mures. La fin du XXème siècle a été marquée par des phénomènes météorologiques extrêmes, températures excessivement basses (- 37°à Miercurea Ciuc en 2000), accablantes (+46° à Bucarest, la même année), des précipitations abondantes, des chute de neige et de grêle d'une grande intensité, des fortes tempêtes et aussi la répétition des sécheresses. La plaine transylvienne (Târgu Mures), l'Olténie (Craiova), le Baragan (Slobozia) et, en premier lieu la région de Calafat, sont les plus exposés avec des sécheresses s'étendant sur des périodes de deux à quatre ans. Un périmètre de sécurité de 70 km autour de la centrale bulgare de Kozlodui Même si les risques d'un accident nucléaire ne sont estimés qu'à une chance sur 100 000, ils n'en concernent pas moins plusieurs régions du pays. La centrale nucléaire bulgare de Kosloduy, sur les rives du Danube, à la technologie soviétique dépassée, apparaît comme la menace la plus sérieuse. En cas de problème grave, une zone d'évacuation de la population portant sur 70 km serait mise en place et sept judets seraient concernés. Un grave problème à la centrale de Cernavoda, qui bénéficie d'une technologie canadienne plus moderne, entraînerait l'instauration d'un périmètre de sécurité de 10 km et affecterait partiellement 3 judets. Le Danube et son delta seraient touchés. Il existe des réacteurs moins importants, mais dont on ne peut exclure totalement l'absence de risques, à Pitesti, Mioveni et Bucarest, Magurele. 610 autres installations peuvent provoquer des radiations, mais celles-ci concernent essentiellement leur personnel. Un autre danger a été pris en compte : le risque d'accidents chimiques qui s'est fortement accru depuis la "Révolution" avec la désorganisation du milieu industriel, le stockage de produits dangereux destinés à des usines qui ont fermé. Plus de 140 sites à risques ont ainsi été repérés à travers tout le pays, menaçant une population estimée à 3 millions de personnes. Enfin, les risques de pollution par hydrocarbures touchent principalement la côte de la Mer Noire et le Danube avec, cependant, l'apparition d'un épiphénomène : le détournement de carburant par le pompage sauvage des oléoducs et réseaux de distribution qui entraîne fréquemment l'inondation des terrains à la suite de la rupture des branchements de fortune. Pour faire face à l'ensemble de ces situations, la Roumanie ne dispose souvent pas d'une législation adaptée et souffre surtout d'un manque de moyens financiers. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Minorités Société Quatre villages démunis voici encore peu, mais à la population soudée Les "Poloni" s'amusent et boivent comme ils travaillent… de toute leur âme, de toutes leurs forces D d'injures en roumain, au répertoire incomparablement plus e grandes maisons colorées, en bleu, vert, rouge, enveloppées d'un bardage en bois, avec de vastes riche en la matière, et seul emprunt qu’ils lui font. fenêtres blanches, des toits à deux pentes, des poutres intérieures, le berceau du nouveau-né qui se balance, "Quand je me mets à boire, je bois !" accroché au plafond… Les quatre villages polonais de Bucovine transportent dans un autre univers. On serait tenté de dire que la "samahoanca", eau de vie de Pour s'en convaincre, il suffit de regarder ces petites têtes betterave, et l'"horaspinca", sorte de vodka de maïs et mélanblondes aux yeux bleus s'interpelge de plusieurs alcools, titrant lant dans une langue étrange et arrêtoutes les deux entre 30 et 40°, sont tant leurs jeux dès qu'une charrette les deux mamelles du "Poloni", le passe. On est au pays des charrejour du Seigneur. "Quand je me tiers, des tonneliers, des maréchauxmets à boire, je bois", clament-ils. ferrants, tous métiers liés au cheval, Certains dimanches, la fête peut partout présent. Les hommes ne durer jusqu'au matin. L'alcool et sont pas très grands, mais costauds. l'ambiance aidant, on danse la polka Ils sont souvent bûcherons, durs au et la mazurka pieds nus sur les travail, que ce soit dans les champs tables des bistrots, endroit où les ou à la ferme à s'occuper des anifemmes savent pouvoir récupérer maux. leurs maris. "On s'amuse comme on Nécessité faisant loi dans cette travaille, de toute notre âme, de région démunie de tous services Tout en étant repliée sur elle-même, la communauté toutes nos forces" semblent-ils s'expolonaise, à l’activité essentiellement agricole voici encore peu, le menuisier se aujourd’hui, entretient de bonnes relations cuser. de voisinage avec les Roumains. servait de ses instruments pour remDans les quatre villages poloplacer le dentiste, le charpentier était également vétérinaire, le nais de Bucovine, tout le monde se connaît. Il y a parfois des berger se transformait en coiffeur, utilisant ses ciseaux destinés Allemands catholiques mais très peu de Roumains, même si à la tonte des moutons. Les vieilles du village guérissaient le les relations sont bonnes. La population est très unie et s'enmal de tête en appliquant des pommes de terre et faisaient des traide volontiers. A Plesa, les "Poloni" sont appelés, avec un bouillies d'arnica. peu de condescendance, les "Slovaci", car ils viennent d'une région appartenant à la Slovaquie. Jurer en roumain est beaucoup plus riche Un couvert pour le Seigneur Ici, on loue toujours les terres, les ou le convive inattendu forêts, car l'Etat n'a pas rendu ce que les communistes avaient confisqué. Les mariages se font à l'intérieur Une bonne raison pour aller couper du de la communauté, ce qui n'est pas bois en douce, et d'avoir quelques sans nourrir quelques inquiétudes de ennuis avec les gardes-forestiers et la consanguinité parmi ces 3-4000 habipolice… Mais, si on sait y faire, les tants. Mais ce repli sur soi a permis de choses peuvent s'arranger. Pour être conserver coutumes, traditions, cos"Poloni", on n'en est pas moins tumes que l'on peut voir lors des fêtes, Roumain ! essentiellement religieuses, ainsi que La main sur le cœur, les nombreux la langue. A table, on met toujours un braconniers vous jureront que les sancouvert de plus, pour le Seigneur ou Des villages reconnaissables à leurs maisons peintes et à leurs cimetières fleuris. gliers qu'ils guettent la nuit détruisent un convive inattendu. Le jour de Noël, leurs cultures de pommes de terre et de maïs et qu'ils les tuent on sert onze à treize plats différents, mais forcément un uniquement pour cette raison. D'ailleurs, affirment-ils, ils ne nombre impair. détestent rien de plus que cette viande, trop dure à leur goût… Dans cet univers, la femme, souvent habillée dans des mais personne ne va vérifier le contenu de leur assiette quant vêtements aux couleurs vives avec des motifs de fleurs, occuils mangent en famille. pe une place importante, égale à celle de l'homme. Un dicton Attention ! Il ne faut pas trop chatouiller la susceptibilité polonais dit que "l'homme est la tête de la famille, et la femme, de ces hommes simples, renfermés et fiers. Quand ils se la couronne". Les Roumains ont de son rôle une idée encore fâchent, ils en perdent leur polonais pour lancer une bordée plus directrice : si l'homme est la tête, la femme… est le cou. 29 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Santé z z ORADEA CLUJ ARAD z z COPSA MICA BAIA z MARE SUCEAVA IASI VASLUI BACAU z z z z TIMISOARA z TARGU MURES z SIBIU BRASOV z SINAIA PITESTI CRAIOVA z z z GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Des donneurs de sang "mieux nourris" souhaités 30 Réunis en congrès, les médecins roumains de l'Institut National d'Hématologie Transfusionnelle ont déploré que leurs compatriotes ne donnent leur sang que pour des motifs matériels. "Sur dix ou quinze mille donneurs, cent seulement sont véritablement volontaires et effectuent un geste désintéressé" ont-ils estimé, souhaitant voir venir aux collectes, "des personnes mieux nourries, ayant une meilleure situation matérielle et n'ayant pas à cacher leur véritable état de santé". Les donneurs reçoivent une somme de 200 000 lei (6 €, 40 F, soit près de deux jours d'un salaire moyen), se voient attribuer deux jours de congé et accorder une réduction de 50 % sur les transports en commun. Premier hôpital privé Dans moins d'un an, la Roumanie disposera de son premier hôpital privé, dénommé Euroclinic. Construit sur un terrain de 4000 m2 appartenant à l'Hôpital des urgences de Bucarest, lequel est public, il sera en fait un hôtel de luxe médicalisé dont les clients seront conduits vers les salles d'opérations de celui-ci, mais sera doté de services complémentaires (dermatologie, urologie, pédiatrie, maladies chroniques, etc...) ainsi que d'un héliport. La première phase du projet nécessite un investissement de 5 M€ (32 MF). Les employés de l'Hôpital des urgences auront la possibilité de devenir actionnaire du nouvel établissement, dans la limite globale de 20 %. Grave pénurie de médecins du secteur public L e concours pour le recrutement des professions médicales dans le système public de santé a mis en évidence la profonde désaffection des jeunes à son égard. Seulement 115 candidats se sont présentés pour 878 postes à pourvoir dans tout le pays, soit un pour 7-8 postes. Parmi eux 90 visaient la fonction de médecin de famille, 23 de chirurgien-dentiste, et seulement deux voulaient devenir pharmacien. La situation est d'autant plus inquiétante que la Roumanie est l'un des pays européens où l'état sanitaire de la population est le plus préoccupant. Le déficit le plus important est enregistré à Bacau qui recherche 100 médecins et a besoin de 2700 para- médicaux. Pour les 14 postes de médecin de famille, une seule candidature s'est manifestée, et aucune pour les cinq postes de pharmacien disponibles. L'hôpital de Bacau qui recrutait 35 médecins n'a reçu que 19 candidatures. Salaires dérisoires, conditions de travail difficiles, cabinets mal équipés et souvent à l'étroit, expliquent le renoncement des jeunes praticiens à entrer dans le service public et leur tentation de se diriger vers le secteur privé. Les spécialités souffrant d'un plus grand déficit de candidats sont celles où il est le plus facile de se mettre à son compte, comme pharmacien ou chirurgien-dentiste. Il faudra payer une taxe pour entrer à l'hôpital L a ministre de la Santé, Daniela Bartos, a pris deux mesures vis à vis des assurés sociaux pour restreindre leurs dépenses, provoquant de vives protestations aussi bien de leur part que de celle des professionnels du secteur. La première vise à décourager les hospitalisations inutiles de malades qui pourraient se soigner à domicile, en instituant une taxe obligatoire de 50 000 à 100 000 lei (1,5 à 3 €) quelque soit le nombre de jours d'hospitalisation et même s'ils disposent d'une assurance santé. Les retraités, malades particulièrement exposés et aux très faibles revenus, sont les plus touchés par cette nouvelle taxe. La seconde impose aux médecins de délivrer au maximum trois médicaments remboursés ou gratuits par mois à leurs patients atteints d'une affection chronique, afin de réduire l'importances des prescriptions. En cas de dépassement, ce sera aux médecins de payer la différence. Cette décision a suscité la colère du corps médical qui la considère comme une aberration, certaines maladies ou l'état de santé de leur patient exigeant davantage de médicaments. Un médecin a posé cette question : "Si je ne donne pas le traitement nécessaire à un malade et qu'il meurt… qui sera poursuivi, le médecin qui n'a pas fait son travail ou le ministère qui lui a ordonné de ne pas le faire?". Un chirurgien roumain, académicien français C hirurgien ayant réalisé la première greffe du foie en Roumanie et ayant effectué 35 interventions de ce type à travers tout le pays depuis, le professeur Irinel Popescu, chef de clinique à l'hôpital Fundeni de Bucarest et ancien secrétaire d'Etat à la Santé sous la présidence d'Emil Constantinescu, a été fait membre de l'Académie Française de Chirurgie. L Disco pour handicapés mentaux aila Onu, directeur du centre de jour pour handicapés mentaux "Pentru voi " ("Pour vous") de Timisoara, a décidé de sortir ses 80 protégés de l'univers de leur atelier où ils apprennent et pratiquent quotidiennement la couture, fabriquent des objets artisanaux. Profitant des espaces libres dans ces locaux, il a aménagé une discothèque où ces jeunes pourront se retrouver après leur journée, fait installer des jeux et autres distractions, et espère qu'ils pourront servir à tous les évènements heureux de le vie, comme les anniversaires. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société d'anciennes voitures, sur les modèles neufs. Moteur, boîte de Autrefois, la voiture était un objet de fierté pour toute la famille et celle-ci mobilisait l'ensemble de ses moyens pour vitesse, cardans pouvaient casser au bout de seulement 500pouvoir effectuer l'acquisition. 600 km, l'installation électrique ne plus fonctionner. Parfois, Vers 1980, un système de crédit - nouveauté pour le régic'est le faisceau électrique qui brûlait sans raison précise… ou me - avait été mis en place par la Caisse d'Epargne. Il fallait bien des roues se détachaient. déposer 50 % du prix du véhicuLes problèmes posés par les le et payer le reste en mensuaDacia étaient devenus si nomlités pendant trois ans… temps breux qu'un voyage avec une minimum d'ailleurs nécessaire à telle voiture devenait une vraie sa livraison. Avec le reçu de la aventure. Son conducteur devait Caisse d'Epargne, on se rendait absolument être à la fois, mécaau service commercial de Dacia no, électricien, tôlier, et avoir qui attribuait un numéro d'ordre, toujours à bord un minimum pour la commande. Il ne restait d'outils pour se dépanner : clés, plus qu'à patienter… tournevis, pinces, marteau… Une blague de l'époque sans oublier les indispensables voulait que lorsque le vendeur rustines et la colle. avait fixé la date de livraison, Vu l'état des routes mais donc plusieurs année plus tard, aussi la mauvaise qualité des l'acheteur se fasse préciser si pneus, les crevaisons étaient - et Un véhicule fonctionnel transformé en basse-cour sont toujours - si fréquentes, celle-ci devait se faire le matin pour ce vendeur de poulets sur un marché du Banat. ou l'après-midi… le plombier que la chambre à air, usée, credevant passer réparer l'évier de la cuisine ce jour-là. vait au passage du moindre trou ou obstacle. L'auteur de ces lignes a crevé sept fois en allant de chez lui à Sibiu, distant de Les Dacia noires de la Securitate redoutées 40 km, et a dû réparer seul en pleine nuit, égrenant tout le chapelet de jurons qu'il connaissait. Bien sûr, il existait des passe-droits. Les comités départeC'est ce problème qui a entraîné l'apparition de nombreux mentaux du parti communiste approuvaient pour la nomenkla"Vulcanizare" (réparateurs de pneumatiques) dans toute la tura locale l'achat immédiat d'une Dacia. Les dessous de table Roumanie. Quant à la suspension, appréciée pour sa souplesse existaient aussi pour faire raccourcir les délais. lorsque la voiture est neuve, elle s'abîme vite avec les trous. Les Roumains redoutaient par dessus-tout les Dacia Deux fois par an, au printemps et à l'automne, il faut changer noires. Voitures solides et de bonne qualité, elles n'étaient pas les silentblocs, les rotules et autres éléments. destinées à la population mais à l'appareil d'Etat, au parti communiste, à la police et à la Securitate. Toujours vers 1980, une Pas regardante pour le carburant Dacia 2000 est apparue réservée à la très haute nomenklatura, mais dont seulement 200 exemplaires ont été construits. Il L'apparition de fabricants de pièces de rechange spécis'agissait en fait de la Renault 30 qui arrivait en Roumanie prafiques aux Dacia est un phénomène beaucoup plus récent et tiquement terminée, l'usine de Pitesti se contentant de monter grave : produites à moindre coût par des entreprises ayant un des éléments de moindre importance comme les sièges ou les minimum de machines, leur qualité est plus que douteuse et pare-chocs. elles peuvent conduire à des tragédies à la suite de défaillances La Roumanie exportait aussi - et exporte toujours - des du freinage ou de la direction, sans parler de la pollution Dacia de meilleure qualité vers divers Etats de l'Amérique latiengendrée. ne, la Chine, ou d'autres pays dépourvus de constructeurs autoBon nombre de Dacia fument à cause de leurs moteurs très mobiles. Mais des problèmes apparaissent fréquemment. Une anciens, souvent mal réglés pour consommer le moins posanecdote voulait que les importateurs étrangers lorsqu'ils vérisible, mais aussi à cause de la mauvaise qualité du carburant. fiaient leurs lots de voitures, démontent les portes d'une Dacia On dit que les Dacia en acceptent de toutes sortes, à l'exceppour les remonter sur une autre… et finalement constater que tion du gas-oil : gaz liquide sortant de la terre, solvants, etc… çà ne marchait jamais. A la décharge des employés du Dernier phénomène lié à la "saga” de cette voiture : l'apconstructeur : machines, outillage, moules pour les carrosseparition de nombreux chauffeurs de taxis improvisés - on ries n'avaient pas été changés depuis la construction de l'usine. serait tenté de dire chauffards vu leur manière de conduire souvent sans autorisation. Il s'agit de chômeurs qui ont consaEtre à la fois mécano, électricien, tôlier cré leur prime de licenciement à l'achat d'une vieille Dacia et profitent, dans certaines régions, de la quasi disparition des Plus le temps passait depuis l'apparition de Dacia, plus la entreprises de transport en commun, en faillite. Trente ans qualité s'effondrait. Après la tôle, c'est la mécanique qui après, ils montrent des prodiges d'inventions et d'astuces pour lâchait. Avec la folie des économies à tout prix que le régime continuer à faire rouler leur véhicule, faisant ainsi entrer un peu plus la Dacia, de son vivant, dans sa légende. avait décidé de réaliser, notamment en important au minimum, Ovidiu Gorea on est allé jusqu'à installer des pièces d'occasion, prises sur 23 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Vie quotidienne z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA TIMISOARA z TARGU MURES z z z z z BRASOV CPL MUSCEL CRAIOVA z IASI BACAU z PITESTI z La saga des Dacia BAIA z MARE SUCEAVA SIBIU GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z "Te casse pas la tête, çà marche comme çà" 22 Lancée en 1968, la Renault 12 roumaine est entrée vivante dans la légende Berlines, breaks, pick-up ou camionnettes… on voit encore bon nombre de Dacia circuler. Très populaires et accessibles au plus grand nombre, elles sont aussi employées comme charrettes, transportant cochons, poulets, bottes de foin, bois. La reprise de l'usine de Pitesti par Renault, en 1999, n'a pas conduit à toutes les améliorations attendues, leurs acquéreurs devant se montrer bricoleurs et la finition laissant à désirer. "Te casses pas la tête, çà marche comme çà !" dit-on en Roumanie. La marque a sorti deux modèles un peu plus élaborés, avec moteur Renault, la Dacia SuperNova (5000 €, 33 000 F), et un pick-up pour les petits entrepreneurs (6000 €, 40 000 F), mais elle doit faire face à la rude concurrence des voitures d'occasion venues de façon plus ou moins légales des pays de l'UE. Ces véhicules beaucoup plus fiables et confortables séduisent de plus en plus de Roumains qui peuvent s'offrir une Golf ou une Passat Volkswagen pour le prix d'une Dacia neuve. Les marques françaises, Renault, Peugeot, Citroën, sont présentes en Roumanie, mais moins appréciées parce que leurs prix sont plus élevés et, aux yeux des Roumains, leur mécanique est plus compliquée que celle des voitures allemandes. Dacia-Renault devrait se rattraper avec la X 90, à 5000 € qu'il s'apprête à sortir de son usine de Pitesti. Le lancement de cette voiture entièrement différente, moderne et "écobasique", la moins chère du monde, est prévu cet automne, à l'occasion, du salon automobile de Bucarest . A u milieu des années 60, Ceausescu s'était mis en tête de montrer la puissance économique de son régime en se lançant dans la construction d'une petite voiture, les grosses limousines soviétiques, Volga ou Tcheika, ne correspondant pas aux aspirations populaires. Une certaine tradition existait dans le pays mais, jusque là, la production se limitait à la fabrication de 4x4, les IMS, ancêtres des ARO de nos jours, à Câmpulung Muscel, et à celle de camions et de tracteurs à Brasov, le tout sous licence soviétique, une bonne partie de ces véhicules y étant exportés. Ceausescu se tourna vers des fabricants occidentaux. Toyota semblait le mieux placé, mais la pression des pays européens, qui redoutaient l'irruption des Japonais sur leur marché, aurait décidé le "Conducator" a opté pour Renault. Une usine a donc été construite à Pitesti, avec l'aide du constructeur français. La fabrication a débuté en 1968 avec la Dacia 1100, inspirée de la R8, dont le premier exemplaire fût remis à Ceausescu et qui se trouve exposé aujourd'hui dans le hall de l'usine. Des carrosseries qui rouillaient trois-quatre ans après l'achat La marque prit son envol au tout début des années 70 quand, en même temps qu'en France, sortait la Dacia 1300, en fait la R 12, une voiture dont rêvaient tous les Roumains, séduits par son élégance, sa maniabilité, son confort, sa mécanique assez simple. Les premières séries furent achetées, comme de juste, par la haute et moyenne nomenklatura. Il fallait débourser à l'époque 70 000 lei, soit cinq ans de salaire. La qualité était assez bonne car, au début, ce modèle était produit sous la surveillance et avec l'assistance technique des spécialistes français. Au fil des années, la demande s'est faite de plus en Le sens pratique des Roumains les a amenés à inventer un usage multi-fonctions pour leur Dacia. plus forte… alors que la qualité commençait à baisser, Renault ayant cessé sa collaboration en 1978. Les carrosseries rouillaient trois-quatre ans après l'achat. Sont apparus alors une multitude de tôliers-carrossiers - on en comptait un pour cent Dacia ! - qui firent des prodiges et demeurent encore aujourd'hui de véritables experts. Ils devaient procéder à l'"antiphonage" qui consiste à découper la tôle pourrie, en souder une neuve au chalumeau, peindre en dessous avec du mastic puis avec de la peinture résistante à l'eau, et finalement repeindre toute la carrosserie. Une telle réparation exige de deux à quatre semaines et, de nos jours, coûte entre 500 et 800 € (3300-5300 F). Mais aujourd'hui, encore plus qu'hier, il faut faire attention aux escrocs qui bouchent les trous de rouille avec du mastic, voire du papier toilette, recouverts de peinture ou de vernis. La fierté de la famille De nos jours, la Dacia 1300 est devenue la voiture de la classe moyenne, celle qui gagne autour de 100 € par mois. S'acheter un véhicule neuf n'est pas aussi facile que çà. Une Dacia coûte entre 3000 et 5000 € (20 000-33 000 F), ce qui est au-dessus des possibilités de l'énorme majorité des familles. On n'en vend d'ailleurs qu'à peine 60 000 par an dont 40 000 voitures de tourisme. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Santé Société Une Roumaine avorte, en moyenne, trois à quatre fois dans sa vie U n million de Roumaines deviennent enceintes chaque année, mais seulement 300 000 mèneront leur grossesse à terme, 700 000 ayant recours à l'avortement. Dans le pays, la Moldavie vient en tête, avec 60 000 avortements. Avec une moyenne de 3 à 4 avortements par femme, contre à peine un pour les Européennes de l'Ouest, la Roumanie est le pays qui enregistre le plus grand nombre de décès entraînés par cette intervention. Considéré comme une méthode de contraception, l'avortement mal pratiqué laisse aussi 20 % des Roumaines qui y ont recours stériles et provoque fausses couches et naissances prématurées. Le manque d'éducation sexuelle et de sensibilisation aux méthodes contraceptives expliquent l'importance de ce phénomène. Jusqu'ici les efforts des pouvoirs publics, des ONG, les programmes financés par la Banque Mondiale pour y remédier se sont soldés par des échecs. Plusieurs raisons sont avancées : la grand pauvreté et la peur de l'avenir qui amènent Religion L des couples à refuser les naissances, particulièrement chez les jeunes qui touchent des salaires dérisoires s'ils ne sont pas au chômage. L'appréhension du "qu'en dira-ton" et de la honte, toujours bien présents en Roumanie, qui conduisent des parents à insister pour que leurs filles avortent, ainsi qu'une pudeur chez les jeunes femmes qui les amène à ne pas vouloir d'enfants en dehors du mariage… et parfois n'en auront pas non plus quand elles seront mariées, à la suite des conséquences de leurs avortements antérieurs. Certains spécialistes de la santé mettent aussi en cause les médecins gynécologues qui se garderaient bien de promouvoir la contraception auprès de leur patientes pour pouvoir continuer à pratiquer des actes rémunérateurs et nombreux. Plusieurs hôpitaux tentent de mettre un terme à ce comportement des Roumaines face à la contraception, en rendant plus onéreux les curetages qui sont facturés 200 000 lei (6 €, 40 F) alors qu'un traitement mensuel par pilule (50 000 lei, 1,5 €, 10 F) ou la pose d'un stérilet revient beaucoup moins cher. La quatrième paroisse orthodoxe roumaine de France est née à Lyon a quatrième paroisse orthodoxe roumaine en France, après Paris et Strasbourg a ouvert ses portes à la fin de l'année passée, à Lyon. Arrivé voici cinq ans dans la capitale des Primats de Gaule, pour préparer une thèse de doctorat, Cristian Niculescu, prêtre de Timisoara, avait reçu également la mission du métropolite orthodoxe roumain pour l'Europe Centrale et Occidentale, d'y créer une paroisse. La tâche s'est avérée délicate, le prêtre se rendant vite compte que les Roumains orthodoxes ne formaient pas une communauté, beaucoup d'entre eux n'ayant pas confiance dans leur église nationale. Il constata avec stupeur que la suspicion d'une complicité entre celle-ci et la police politique, datant du régime communiste et de la Securitate, n'avait pas disparu. Cristian Niculescu a lors procédé par étapes. Au début, il a organisé de simples séances de prières dans l'appartement d'un Roumain, puis a réuni suffisamment de signatures de fidèles pour que le métropolite décide de l'ouverture de la paroisse. Mais le problème des locaux se posait toujours. Antoine Callot, prêtre de la paroisse orthodoxe française de Lyon, proposa de partager sa chapelle, les offices ayant lieu alternativement en langue française et roumaine. Du coup, sous la direction de la femme de Cristian, une chorale franco-roumaine s'est constituée, les chants liturgiques étant interprétés et traduits dans les deux langues. Le métropolite se désintéressant du sort de la petite paroisse roumaine de Lyon et ne fournissant aucune aide, celle-ci s'est tournée vers l'archevêché catholique de la région qui a mis à sa disposition une salle dans sa maison paroissiale Saint Maurice. Les fidèles ont ainsi pu y disposer de leur propre chapelle… totalement vide au début et aménagée peu à peu grâce à l'argent collecté lors des offices. Le prêtre a acheté du bois pour construire l'autel, des cadres pour les icônes… mais faute d'en posséder celles-ci ont été remplacées par des photos prises sur des sites Internet. Depuis, la petite église lyonnaise est devenue le lieu de prières de quelques dizaines de Roumains orthodoxes, mais aussi de Grecs, Russes et Français. L es 430 moines et nonnes des 27 monastères de l'éparchie (diocèse) de Roman vont recevoir une "légitimatie" (carte d'identité professionnelle) de leur hiérarchie, comportant tous les éléments pouvant permettre de les identifier, leur fonction ainsi Carte professionnelle pour les moines et nonnes qu'une photo. Munis de celle-ci et après avoir obtenu une autorisation de sortie, ils pourront s'absenter de leur monastère. Cette initiative a été prise pour permettre aux policiers de pouvoir démasquer les faux moines ou nonnes qui recueillent de l'argent, soi-disant pour les bonnes œuvres ou la construction d'édifices religieux. Elle vise aussi à mieux contrôler les sorties non autorisées des moines, qui seront exposés aux sanctions prévues par le règlement monacal. Cette "legitimatie" ne sera délivré qu'aux religieux qui ont déjà prononcé leur serment. 22 31 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Près de 15 000 suppléants sans qualification dans tout le pays Enseignement BAIA MARE z z z ORADEA ARAD CLUJ ALBA IULIA z z SUCEAVA TARGU MURES z IASI z z z z SIBIU TIMISOARA z BACAU z BRASOV PITESTI SLATINA z z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z CRAIOVA Brevet: des notes arrangeantes 32 Fin juin 2002, à Slatina. Les élèves de huitième consultent les résultats de l'examen de capacitate (brevet). Le père de l'un d'entre-eux s'indigne de voir que son fils n'a obtenu que la moyenne de 7,40 sur 10, ce qui lui barre l'entrée au lycée de la police où la note 8 est exigée. Les candidats pouvant contester les résultats, deux professeurs du jury s'attellent à la relecture de l'ensemble des devoirs du garçon et, bienveillants, remontent finalement sa moyenne à 7,6. Quand la différence est inférieure à 0,5 point, le dossier reste sur place; si elle est plus grande, c'est l'inspection qui le prend en charge. “Vous ne voulez pas de mes 300 dollars ? Bien, j’appelle l’inspecteur.” Le père proteste auprès des enseignants, tempête, implore, insiste… Rien n'y fait, le maximum a été consenti. En désespoir de cause, il sort 300 dollars (2000 F), qui sont refusés, et est invité à sortir de la salle du jury, malgré ses prières. Une demi-heure plus tard, le téléphone sonne. L'un des chefs de l'inspection demande à ce que les devoirs lui soient transmis pour une nouvelle correction. Protestations des deux professeurs coupées par un brutal : "Vous m'avez compris ou je dois le répéter ?". Deux jours plus tard, la moyenne de l'élève avait été rectifiée à 8,90. Aujourd'hui lycéen, il envisage de faire carrière dans la police… Peut-être sera-t-il chargé d'enquêter sur les affaires de corruption? L es démissions de professeurs, faute de salaires décents, s'accélèrent à travers le pays. Rien que dans la capitale, quinze d'entre-eux quittent l'enseignement chaque semaine, se reconvertissant dans la vente de téléphones mobiles, la publicité, devenant pompistes dans des stations-services ou vendant simplement des légumes et des fruits sur les marchés. Par ailleurs, près de 3000 ont pris un congé sans solde de un an. Ces enseignants sont souvent remplacés par des personnes n'ayant pas la qualification requise ni les diplômes exigés. Près de 15 000 postes, dont 4000 en ville, sont ainsi pourvus par des suppléants n'ayant pas la compétence indispensable, ne disposant parfois que de leur baccalauréat ou bien encore en cours de formation ou ayant une qualification autre. C'est en anglais que le phénomène est le Faute de salaires décents, plus criant (15 % d'enseignants non qualifiés), les enseignants désertent le métier. discipline qui précède la religion (12 %), l'informatique (11 %), et le roumain (7 %). Par ailleurs, si la crise est moins profonde dans l'enseignement supérieur, elle n'en épargne pas pour autant les 3600 professeurs universitaires du pays qui gagnent, en moyenne, 300 euros par mois (2000 F), salaire brut… soit douze fois moins que la moyenne de leurs 18 000 collègues français. L A 300 € par mois, les enfants de riches peuvent apprendre l'anglais à Bucarest 'émergence d'une classe de Roumains qui s'est enrichie après la Révolution a favorisé l'apparition d'universités et de lycées privés à travers le pays. Les écoles primaires du même type sont beaucoup plus rares. L'une d'entre elles, l'école "Mark Twain", fondée en 1995 dans la banlieue résidentielle nord de Bucarest, se flatte d'être la seule de son genre en Roumanie à être bilingue, les 200 enfants la fréquentant y recevant leur enseignement, inspiré d'une méthode américaine, successivement en roumain et en anglais. Un mini-bus effectue le ramassage scolaire tous les matins. Les élèves arrivent à 8 h 30 et prennent ensemble un copieux petit-déjeuner, puis étudient différentes disciplines en roumain jusqu'à 11 h. Une pause d'un quart d'heure, accompagnée d'une collation, précède l'enseignement en anglais, dont les mathématiques, qui se déroule jusqu'à 13 h 30. Puis pendant une heure, les enfants prennent leur déjeuner et se reposent. L'après-midi, jusqu'à 16 h 30 et le retour dans les familles par minu-bus, est consacré aux disciplines optionnelles enseignées dans des ateliers: ordinateur, échecs, aïkido, art, histoire, religion, ballet, danse sportive, théâtre, allemand, espagnol, arabe. Il existe aussi des ateliers jeunes journalistes, magie, amour de la littérature, etc… Surveillance en direct des cours sur Internet pour les parents Pour pouvoir inscrire leurs enfants, les parents doivent s'acquitter de 300 € (2000 F) par mois, ce qui, comparativement, ferait 3800 € (25 000 F) pour un occidental. Pourtant on s'y bouscule : l'école a une liste d'attente représentant 15 % des effectifs et il est conseillé de se pré-inscrire un an à l'avance. Petit plus offert aux familles, à 95 % roumaines, les autres appartenant au corps diplomatique… une web-camera leur permet de surveiller en direct sur Internet leurs rejetons pendant les cours et de vérifier le contenu de ceux-ci. Les enseignants - un pour cinq élèves - doivent apprécier… mais, triés sur le volet, ils gardent leurs remarques pour eux : leur salaire, à 7 millions de lei (210 €, 1400 F) est trois fois supérieur à celui d'un débutant. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Un milliers de licenciés qui vivent des légumes de leur jardin de meubles ont vu leur condition empirer. Ils ont perdu la "prime pour les 3 x 8", du fait de la baisse de l'activité; puis ce fut le tour de la "prime de pénibilité" (20 % du salaire), versée Quatre ans plus tard, alors que son nouveau propriétaire pour le déchargement des camions, suspendue parce que le n'est venu sur les lieux que 3-4 fois, l'entreprise touche le fond. patron avait déclaré ne plus avoir d'argent. En un mois, elle ne fabrique plus que ce qu'elle faisait en un La "prime de nocivité" (20 %) a été également supprimée. jour. Sa réputation a chuté, car ses meubles sont mélangés avec Elle représentait 400 000 lei ( 12 €, 80 F) par mois et était jusceux de l'usine de Bacau, dont la tifiée par l'importante pollution qualité est moindre. La gestion a qui règne dans les ateliers du fait été déplorable et apparaît louche. du traitement du bois et de son L'usine vend sa production à l'enponçage à l'aide de papier de treprise d'import-export de la verre, lequel soulève un nuage femme du propriétaire, qui touche permanent de poussière, amenant ainsi au passage une commission de nombreuses tuberculoses, des de 7 %, ce qui lui permet de minoemphysèmes. Des maladies ocurer son bilan et de payer moins de laires sont également provoquées taxes. par la pulvérisation de laques, et Plus d'un millier d'employés les ouvrières qui les subissent ont ont été licenciés et il n'en reste les yeux qui pleurent. Les nouplus que 250. Les autres ont touveaux embauchés mettent pluLa vente des produits de leurs jardins, sieurs mois à s'habituer aux ché le chômage pendant neuf mois ici dans la rue principale de Pâncota, permet à de nombreux chômeurs de la région de survivre. odeurs épouvantables des lieux et vivent désormais le plus souvent avec ce que peuvent leur rapporter leurs champs ou leur et présentent souvent des réactions d'allergie sur les bras. jardin. Car il est pratiquement impossible de retrouver du traPour autant, l'Inspection du Travail n'a rien remarqué. Elle vail dans la région. Des deux mastodontes qui permettaient était venue constater les faits à la reprise du travail, un lundi autrefois d'assurer le plein emploi, l'un, le combinat chimique matin, alors que la fabrique n'avait pas fonctionné pendant tout de Vladimirescu, pollueur patenté du secteur, a fermé ses le week-end. "Pas de pollution, pas de prime" a donc décidé la portes, l'autre, le fabricant de wagons UVA d'Arad, devenu direction, se basant sur le rapport de l'inspecteur, provoquant ASTRA, a réduit ses effectifs de 15 000 à 1000 ouvriers. un mouvement de révolte qu'elle a vite endigué : "Ceux qui ne sont pas contents, prennent la porte". Des bons d'alimentation en guise de salaire Les chanceux qui sont restés ne sont pourtant pas mieux lotis. Alors que le salaire mensuel net minimum était de 1,750 millions de lei (53 €, 350 F), l'année dernière, ils ne touchaient que 500 000 lei (15 €, 100 F), non pas en espèces, mais sous forme de bons d'achats négociables seulement dans 3 ou 4 magasins alimentaires de Pâncota et uniquement pour de la nourriture. Pas question d'y acheter de la bière, du vin, du tabac, ni d'essence, pas plus que d'aller faire des courses à Arad, où cette "monnaie de singe" n'est pas reconnue. Normalement, ces employés auraient dû recevoir 22 bons de 45 000 lei, mais l'entreprise ne leur en délivre que dix. En outre, ce système les humilie en les réduisant à l'état des nécessiteux dont on surveille les dépenses. L'Inspection du Travail d'Arad ne trouve rien à redire. N'est-elle pas assez curieuse ? Lors de sa venue dans la commune pour enquêter sur une firme italienne de fabrication de vêtements, un inspecteur n'a pas remarqué que les cotisations chômage et retraite des employés n'étaient pas acquittées. Il est reparti les mains vides… et le coffre de sa voiture plein de vêtements. Depuis l'entreprise a fermé ses portes et le personnel ne peut pas toucher le chômage, faute d'avoir cotisé. "Ceux qui ne sont pas contents prennent la porte" Avant d'en arriver à avoir leur salaire versé sous forme de saucisses ou de pommes de terre, les employés de la fabrique Fatalisme devant la retraite qui s'envole En juin dernier, une autre ombre est venue noircir le tableau. Un vieil ouvrier s'est rendu compte qu'il lui manquait des années de cotisation pour le supplément retraite. Un ancien chef-comptable, qui a disparu de la circulation depuis, avait omis de les verser pour quelques 800 employés sur une période de 25 ans, leur réservant sans-doute une autre destination. Aujourd'hui, les personnes lésées se retrouveront, au moment de leur cessation d'activité, avec 28 annuités au lieu des 35 exigées pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Leur pension ne sera plus que de 900 000 lei (27 €, 180 F) au lieu des 1,4 millions de lei (42 €, 280 F) auxquels elles ont droit, perdant ainsi 36 % d'un futur revenu qui, complet, ne leur permettrait déjà pas de subsister. La nouvelle a suscité un vent de panique à la fabrique. Les employés se sont précipités dans le bureau du personnel pour consulter leur carnet de travail, où sont consignés tous les éléments ayant trait à leur carrière. Ils ont été éconduits sans pouvoir y avoir accès. La mouvement de colère s'est arrêté là, le fatalisme l'emportant. Les plus jeunes comptent sur les années à venir pour trouver un moyen de combler ce manque à gagner. Les anciens se sont retrouvés seuls, découragés à l'avance, à l'idée d'aller intenter un procès à Arad, bien que dans le cadre de la législation du travail, cette procédure soit entièrement gratuite. Marian Munteanu 21 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Mon village z z CLUJ ARAD z z BAIA MARE ORADEA z z TARGU MURES z TIMISOARA z IASI GALATI SIBIU BRASOV PITESTI CRAIOVA z A la fabrique de meubles de Pâncota, capitalisme rime désormais avec Moyen-Age z z PANCOTA z SUCEAVA z z CERNAVODA BUCAREST z z CONSTANTA A peine 4 % du vignoble en état de produire du vin 22 20 Sur les pentes des monts Zarand, première bosses des Apuseni au pied desquelles vient mourir l'immense et morne plaie hongroise, pousse depuis plus d'un millénaire un vignoble qui donne des vins de moyenne qualité, dont le plus côté est le Minis, mais qui représentait une activité importante jusqu'à la "Révolution". A Pâncota, 380 hectares étaient plantés en vigne. Avant le communisme, chaque famille propriétaire produisait 20 hectolitres, dont une bonne partie pour sa propre consommation, soit au total 20 000 hl, auxquels il fallait ajouter la production industrielle. Blanc, rouge, cabernet, sauvignon, merlot étaient les cépages du crû, le petit village de Maderat (5 km) étant connu pour son "mustoasa" (issu du moût) blanc, appelé en Allemagne "Mustafer". Après 1990, pendant une ou deux années, l'exploitation a continué. Puis la coopérative viticole a arrêté son exploitation. N'étant plus surveillées, laissées à l'abandon, les vignes ont été saccagées, le bois des cabanes, les fils des espaliers, volés, les structures et le matériel ont disparu. L'Etat devait redistribuer les terrains mais, douze ans après, très peu de titres de propriété avaient été attribués ou restitués, les anciens propriétaires ne se bousculant pas pour les récupérer : replanter la vigne exige un investissement de 20 millions de lei (600 €, 4000 F par hectare) et rares sont ceux qui en ont les moyens. Aujourd'hui, 15 ha sur 380 sont cultivés, soit à peine 4 % du vignoble. La petite ville du Banat était fière de ses chaises courbées que l'on trouvait dans le monde entier P âncota était fière de sa fabrique de meubles, la première du pays pour l'exportation à laquelle elle consacrait 98 % de sa fabrication. Elle avait été créée en 1912 par un Français, Marcel Thonet, spécialiste et promoteur du meuble courbé. Celui-ci avait choisi la petite ville du nord du Banat parce qu'elle se trouvait sur un nœud routier et ferroviaire, et était devenue un important carrefour commercial avec son marché aux chevaux célèbre dans tout le pays. Au début, la fabrique comptait une centaine d'employés, travaillant selon le système des 3 x 8, fabriquant 400 chaises par jour; puis leur nombre grimpa à 250 dans les années 20. L'arrivée des communistes amena sa nationalisation en 1948 où, en hommage au "grand frère" soviétique, elle prit le nom de "Rasaritul" ("Là où le soleil se lève"). Le développement de l'entreprise fut exponentiel. Elle devint la plus grande fabrique de meubles courbés d'Europe, exporta en Belgique, Suisse, France, Allemagne, Suède. Les chaises de Pâncota étaient connues dans le monde entier. On en trouvait dans les bars en Amérique. Devant le carnet de commandes bien rempli, les 2100 employés que l'usine compta durent même travailler le dimanche. Ils venaient de toute la région, par des systèmes de navettes de cars et de trains. Un repreneur allemand de rêve évincé au profit d'un cadre de l'ancien régime Après la "Révolution de 1989", l'entreprise se transforma en société commerciale à capital d'Etat, d é n o m m é e "Pâncota S.A.", n'employant plus bientôt que 1450 personnes. C'était le début de la déconfiture, laquelle s'acheva par sa privatisation, en 1998. Pourtant, à cette occasion, une chance exceptionEn 1998, lors de sa privatisation, le choix d’un nomenclaturiste nelle se présenta à la place d’une firme allemande sérieuse, condamnait déja la fabrique de meubles de Pâncota à la déconfiture. sous la forme d'un candidat à la reprise allemand qui posa sa candidature lors de la mise aux enchères par le FPS (Fonds de Privatisation d'Etat). Cette grosse firme d'Outre-Rhin proposait de payer cash l'acquisition, de moderniser l'usine, de ne pas procéder à des licenciements pendant les cinq années à venir et de verser des salaires moyens nets de 3 millions de lei (90 €, 600 F). Un rêve dans une Roumanie où l'économie s'était effondrée! Mais les Allemands eurent sans-doute le tort de ne pas avoir "le geste qu'il faut" et la décision traîna en longueur sous l'influence d'un autre repreneur potentiel qui leur souffla l'affaire. Celui-ci, ancien haut fonctionnaire de Bucarest, chargé sous le communisme de l'exportation des meubles roumains et qui, bénéficiant de ses connaissances, s'était reconverti dans le capitalisme, avait déjà acquis une entreprise à Bacau. Avec tout "son savoir-faire", il racheta la fabrique de Pâncota pour 2,5 milliards de lei… alors qu'elle était estimée à 15 milliards de lei. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Environnement Société Bucarest a perdu la moitié de ses espaces verts depuis 1990 Plus de place pour enterrer les morts C es douze dernières années, Bucarest a perdu 17 km2 d'espaces verts, soit la moitié de ceux qui existaient lors de la chute du régime communiste. Avec 2,5 m2 de zone de verdure par habitant, la capitale roumaine atteint à peine le quart des normes internationales qui sont de 12 m2. Cette restriction de l'espace vitale, due pour une bonne part à l'affairisme immobilier, se traduit par une détérioration de l'environnement. Chaque kilomètre carré de la ville reçoit mensuellement 275 tonnes de poussière. Les deux millions de véhicules, souvent usagers, qui circulent dans la capitale provoquent 70 % de la pollution. Les promoteurs de cimetières privés déchantent Mais il existe aussi à Bucarest 12 cimetières "paroissiaux" dépendant essentiellement de l'Eglise orthodoxe ainsi que quatre cimetières privés, apparus au cours de ces quatre-cinq dernières années: le cimetière "Metallurgie", près du quartier Tunari, "Cernica" (quartier Pantalimon), "Pace Voua" (chaussée Magurele), "Michel et Gabriel", près de l'autoroute Bucarest-Pitesti. Ces derniers ont été créés par des hommes d'affaires qui, au vu de la hausse relative du taux de mortalité et des dépenses que les Roumains n'hésitent pas à entreprendre pour les Seize cimetières publics totalement saturés obsèques de leurs proches, ont estimé que l'investissement pouvait être rentable en moins de dix ans. Le manque de place se fait aussi dramatiquement ressenAujourd'hui, ces "promoteurs" déchantent. Non seulement tir au niveau des seize cimetières publics de la capitale qui sont il leur a fallu acquérir d'immenses terrains au prix du mètre totalement saturés. Ceux-ci ne peucarré pratiqué dans la capitale, mais vent plus proposer que quatre cents encore ont-ils dû les viabiliser, assurer leur drainage, installer des allées places mensuellement, alors qu'il en béton, y construire une chapelle, meure cinq cents Bucarestois penun bâtiment administratif, des comdant cette période. Les tombes sont modités... tout en respectant la dismises à touche-touche jusqu'aux tance minimum de 50 m entre la portes des maisons de gardien, alors porte du cimetière et la première que la réglementation prévoit habitation. qu'elles en soient distantes d'au Ainsi l'achat et l'aménagement moins trois mètres. d'un terrain de 10 ha est-il revenu à D'après celle-ci, une réserve de 500 000 € (3 MF) à son propriétaidouze mille emplacements devrait re. L'obtention de la vingtaine d'auexister pour faire face à une calamité torisations nécessaires, demandant naturelle et pouvoir enterrer la totaA Bucarest, faute de place, morts et vivants lité des victimes... ce que, malheuplus d'un an de démarches auprès de ont de plus en plus de mal... à respirer. Mais, vu les prix reusement, on ne peut pas exclure à demandés dans les cimetières, les vivants multiples services, et 10 000 € de ont de moins en moins l’intention d’y rejoindre les morts. Bucarest, ville souvent touchée par frais et taxes supplémentaires, a les tremblements de terre. La mairie a bien acheté deux terdécouragé le développement de ces initiatives. rains, mais le budget de la ville n'a pas prévu d'argent pour les aménager. Des Bucarestois effrayés par les prix demandés La pollution se retrouve également dans ces lieux. Un rapport de l'Inspection Sanitaire indique que la moitié des cimeQuant aux résultats, ils sont en-dessous de tous les scénatières fonctionnent sans autorisation sanitaire et que l'autre ne rios imaginés. Effrayés par les prix demandés, parfois aussi la respecte pas. De graves problème d'hygiène sont signalés. Il par la distance de certains de ces cimetières situés en périphén'est pas rare de voir des déchets jonchés le sol. Les poubelles rie, les Bucarestois ont boudé cette innovation. A n'existent pas ou débordent, la collecte des ordures n'étant "Metallurgie", un emplacement se vend entre 500 et 700 € effectuée qu'une fois par semaine. Des robinets manquent ou (3300-4600 F). On n'y dénombre que 50 tombes, après trois sont volés, l'état des toilettes est misérable... années d'existence. A "Michel et Gabriel", à peine cent places Véritable Panthéon national, où sont enterrés les grands ont été acquises en cinq ans. Son propriétaire cherche à s'en noms de l'histoire et de la culture roumaine, le cimetière Bellu débarrasser et un emplacement est bradé à 60 € (400 F), uniéchappe à cette triste réalité. Aujourd'hui, il est surtout quement pour tenter de récupérer une partie de la mise de départ. considéré comme la dernière résidence "cinq étoiles" de la A "Pace Voua", seule la pratique de prix plus accessibles nouvelle nomenklatura. - entre 120 et 210 € (800-1400F) - a permis à son promoteur L'administration municipale tente cependant de donner de vendre 500 des 10 000 places proposées en dix-huit mois. une image plus reluisante de ces lieux qu'elle a en charge. Elle Quelque soit l'immense respect que les Roumains portent à a créé un site Internet, www.cimitire.ro, présentant tous les leurs morts, leur vie est aujourd'hui trop dure pour se permettre cimetières publics, les moyens de transports pour s'y rendre, n'importe quelle dépense. les formalités à accomplir lors d'un décès... 33 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Sports SUCEAVA z z ORADEA BAIA z MARE z ARAD z z TARGU PIATRA MURES NEAMT ALBA IULIA BACAU z z TIMISOARA z IASI z z CLUJ z GALATI z SIBIU BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Classement UEFA: la Roumanie 24ème Eliminée de la phase préliminaire de la coupe du monde 2002, la Roumanie a obtenu sa plus mauvaise place au classement annuel de la FIFA (Fédération Internationale de Football), instauré en 1993. Elles se classe au 24ème rang, avec 649 points, loin derrière, respectivement, le Brésil, premier avec 856 pts, la France, (787 pts), l'Espagne (779 pts), l'Allemagne (761 pts). 34 Anghel Iordanescu, sélectionneur de l’équipe nationale. Pour les éliminatoires de l'Euro 2004, lequel se déroulera au Portugal, la Roumanie doit affronter le Danemark (12ème, 707 pts), la Norvège (26ème, 648 pts), la Bosnie-Herzégovine (87ème, 462 pts), le Luxembourg (148ème, 254 pts). Après trois matchs, la Roumanie est seconde de sa poule avec 6 points (deux victoires contre le Luxembourg et la BosnieHerzégovine, une défaite à Bucarest contre la Norvège), derrière la Norvège (7 pts) et devant le Danemark (4 pts, un match en moins). Seule la première place est qualificative, le second de la poule étant appelé à disputer un match aller-retour de barrage. Entraînement commando pour les rugbymen roumains P etit Napoléon" - c'est ainsi que les Roumains appellent le sélectionneur de leur équipe nationale, le Français Bernard Charreyre, depuis qu'il a sauvé du naufrage leur rugby - a mis au point un plan de préparation inédit en vue de la prochaine coupe du monde qui doit se dérouler en Australie, en octobre prochain. Trente jours avant de s'envoler pour les antipodes, ses joueurs seront réunis dans une base sportive ultra-moderne des Alpes françaises, recevant un entraînement commando dans un cadre sauvage où ils devront eux-mêmes se débrouiller avec des techniques de survie, développer leur condition physique et leur esprit de corps… ainsi que le font les sélections nationales anglaise et française. Par ailleurs, Bruno Charreyre a désigné trente joueurs qui ont obtenu le statut professionnel de la part de la Fédération Roumaine de Rugby et reçoivent de celle-ci un salaire mensuel de 300 à 500 € (2000 à 3300 F), s'entraînant déjà en vue de la coupe du monde. Le Français a prévenu que chacun d'entre-eux avait une chance d'être retenu pour l'Australie, le capitaine de l'équipe, Romeo Gontineac, étant le seul assuré d'être sélectionné. Au cours de ce mondial, la Roumanie doit affronter l'Australie, tenante du titre, l'Argentine, l'Irlande et la Namibie, en poule qualificative. Cinq ans de suspension pour les gymnastes nues L es trois anciennes championnes roumaines de gymnastique, Lavinia MiloSovici, Claudia Presecan et Corina Ungureanu, qui avaient posé nues dans un magazine japonais et tourné dans un film vidéo pour adultes, ont été suspendues par la Fédération Internationale de Gymnastique de toute compétition et activité touchant à ce sport, pour cinq ans. Cette mesure s'applique également à la Roumanie. Pour motiver sa décision, la FIG a avancé le fait que les prises de vue avaient eu lieu dans une salle de sports… inventant ainsi le délit d'atteinte aux bonnes mœurs d'appareils de gymnastique ! Alors que cette sanction était annoncée, leurs anciennes camarades de la sélection nationale, les deux championnes olympiques, Andreea Raducan et Maria Olaru étaient invitées pour une tournée de démonstration en Malaisie, faisant admirer leurs talents, sans pour autant retirer leur justaucorps… ce qui a fait dire à certains journaux que l'on pouvait gagner de l'argent avec ce sport sans se déshabiller, omettant toutefois de rajouter que cela leur avait rapporté environ cinquante fois moins. Coupe Davis : défaite sans appel de la Roumanie face à la France A En méforme, Andrei Pavel, joueur phare du tennis roumain, n’a pas pu peser sur le sort de la rencontre. près sa défaite sans appel (1-4) devant la France, à Bucarest, en 1/8ème de finale de la Coupe Davis, la Roumanie devra disputer un match de barrage, en septembre prochain, pour pouvoir espérer figurer dans le prochain tableau mondial du tournoi de tennis. En 20 ans, les Roumains n'ont réussi qu'une fois à se qualifier pour les quarts de finale. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Le jeu pyramidal avait dépouillé de leurs économies des centaines de milliers de Roumains Justice 2900 euros d'amende et 21 mois de prison pour Ioan Stoica, l'inventeur de "Caritas" I oan Stoica et son épouse, Elena, peuvent se frotter les mains. Les inventeurs de "Caritas", jeu pyramidal constituant une des plus grosses escroqueries publiques du XXème siècle en Roumanie, ont vu les poursuites engagées contre eux abandonnées pour raison de prescription… Ainsi en a décidé en dernier recours, la Cour d'Appel d'Oradea, les sept ans et demi de délai accordés par la loi pour rendre un verdict étant dépassés. Des centaines de milliers de personnes, le plus souvent modestes, avaient été dépouillées de leurs économies. Procès déplacés, reportés, décisions cassées, grâces, etc… ont permis au couple d'échapper aux rigueurs de la loi, à la grande colère des milliers de plaignants dont certains parlent de continuer une action en justice devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg. Les victimes réclamaient 1 M€ à Ioan Stoica, somme très inférieure à celles qui ont été englouties dans "Caritas" à travers tout le pays. Finalement, au bout du processus judiciaire, elle n'auront obtenu que 2900 € (19 000 F), Elena Stoica étant, elle, condamnée à verser 200 000 lei (6 €, 40 F), amende qui a été graciée. Ioan Stoica aura effectué, en tout et pour tout, 21 mois de prison préventive, une autre peine de 6 mois ayant été gracié. Il déclare vivre aujourd'hui avec sa pension de 800 000 lei (25 €, 160 F) et dément avoir des comptes à l'étranger. Une hystérie collective à travers le pays Le jeu pyramidal avait débuté en 1990 à Brasov, mais la ville étant en mauvaise posture financière, Ioan Stoica l'avait déplacé à Cluj, cité beaucoup opulente dont nombre de citoyens s'enrichiront à cette occasion, achetant voitures, appartements. Cette opération se déroula sous le regard bienveillant du maire, l'ultra-nationaliste Gheorghe Funar. Pendant près de deux ans "Caritas" y prospérera, promettant des gains V s'élevant à huit fois leur mise en seulement trois mois à ceux qui y mettaient leurs fonds. Les premiers déposants, surtout des Clujois, furent les principaux gagnants, comme le veut le principe boule de neige du système pyramidal… jusqu'à l'avalanche et l'immanquable catastrophe finale. Le succès du jeu sera vertigineux, provoquant une véritable hystérie collective à laquelle il était très difficile de résister, à travers un pays qui découvrait tout juste le capitalisme, l'assimilant à un moyen de s'enrichir vite et sans effort. La passivité du gouvernement Des centaines de milliers de petits épargnants, venus de toute la Roumanie, firent le déplacement pour confier leurs modestes économies; des paysans vendirent leur bétail pour se constituer un viatique leur permettant de jouer; des retraités apportèrent leur maigre pension; des jeunes mariés gaspillèrent la dot collectée au cours de leurs noces. Certains, sans argent, empruntèrent; d'autres vinrent avec les sommes que leur avaient remises leur familles, les voisins. Tous se retrouvèrent à Cluj, dans un univers familier et qu'ils venaient tout juste de quitter : les interminables queues. Elle atteignirent jusqu'à plusieurs jours pour accéder à l'antre de "Caritas" que Ioan Stoica avait fait entourer de vigiles chargés d'écarter les curieux, les journalistes et les sceptiques… Tout cela à la barbe du gouvernement (président Ion Iliescu, Premiers ministres de l'époque : Petre Roman, Teodor Stolojan) qui ne bougea pas et laissa faire les choses jusqu'à l'effondrement du jeu, en septembre 1992. En 1994, en Albanie, un jeu pyramidal identique provoqua la chute du régime et conduisit à un début de guerre civile, avec des centaines de morts. En Roumanie, des tentatives de ressusciter "Caritas" sous une autre forme apparaissent régulièrement. Mais, cette fois-ci, les autorités veillent au grain… “Moche”... mais généreuse ice-championne du monde du 1500 m, Violeta Beclea-Szekely (notre photo) a gagné le procès en diffamation qu'elle avait intenté à Gabriela Szabo. La multi-championne olympique avait déclaré que si sa compatriote et rivale, à laquelle une profonde inimitié l'oppose, n'était pas invitée à certains meetings d'athlétisme, ce n'était pas parce qu'elle faisait pression auprès des organisateurs pour l'évincer, mais parce que ceux-ci estimaient qu'elle était… si laide qu'elle ferait peur au public! Peu sensible à cette gracieuseté féminine, le tribunal de Bucarest appelé à statuer sur l'affaire, a condamné la belle "Gaby" à verser 5000 € (33 000 F) de dommages et intérêts à la "moche" Violeta qui lui en réclamait 150 000 (un million de F), ainsi qu'à une amende de 250 € (1650 F) et aux remboursement des frais de procédure. Ne pas savoir tenir sa langue coûte cher à la championne, déjà condamnée à verser 10 000 € (65 000 F) à l'entraîneuse française d'origine roumaine, Carmen Hodos, pour avoir soutenu qu'elle se droguait. Du fait de l'accumulation de ces condamnations figurant sur son casier judiciaire, Gabriela Szabo ne peut plus prétendre à des fonctions de direction dans l'athlétisme roumain, ni au sein du Comité Olympique de son pays, comme cela se pratique couramment à la fin d'une carrière sportive. Quand à Violeta, qui n'a jamais pu remporter un titre mondial ou olympique, Gabriela se mettant toujours en travers de son chemin, elle a montré que la vraie beauté,qui comptait, était celle du cœur : la grande championne a décidé de remettre son chèque à une œuvre caritative. 19 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Justice z z BAIA MARE ORADEA TARGU MURES CLUJ z z BACAU z z SIBIU TIMISOARA TURNU SEVERIN z CRAIOVA IASI z GALATI z BRASOV PLOIESTI z La Justice considérée comme la deuxième administration la plus corrompue du pays z SUCEAVA z z ARAD z BRAILA z z z TULCEA BUCAREST 77 % des Roumains n’ont pas confiance dans leurs juges CONSTANTA z Mise en place d'un nouveau code pénal Le gouvernement s'apprête à mettre en place un nouveau code pénal qui répartira les faits tombant sous le coup de la loi en délits ou crimes, suivant leur gravité. Pour les premiers, la peine principale sera les travaux d'intérêt général, un système de jours-amende étant prévu. Les délits passibles de deux ans de prison pourront être transformés en travaux pour les espaces verts. 18 22 Rodica Stanoiu, ministre de la Justice. Les personnes juridiques pourront être condamnées pour les infractions commises, dissoutes ou suspendues, cette peine ne s'appliquant toutefois pas aux partis politiques, à la presse ou aux syndicats. Des dispositions nouvelles sont également introduites. L'interdiction de revenir au domicile familial en cas de violences sera étendue aux abus sexuels commis sur des mineurs y vivant. Le clonage, l'interception des communications téléphoniques, les agissements arbitraires des fonctionnaires, le terrorisme, les crimes et délits économiques, industriels, commerciaux, les agissements portant préjudice aux intérêts financiers de l'Union Européenne seront désormais autant de faits justiciables. L a Roumanie ne dispose toujours pas d'une justice indépendante, professionnelle et efficace"… Tel est le jugement sévère que porte l' "Open Society Institute" dans un rapport qu'il a remis au gouvernement roumain. Cet organisme, financé notamment par le milliardaire hongrois George Soros, basé à Budapest mais ayant des antennes dans plusieurs pays, milite pour l'instauration de sociétés ouvertes et démocratiques, une justice transparente, dans les Etats en voie de développement ou qui ont été privés de libertés publiques. Les rapporteurs estiment que la situation ne s'est pas améliorée l'an passé. A leurs yeux, le ministère de la Justice, dirigée par Rodica Stanoiu, exerce une autorité et une surveillance injustifiées et démesurées sur l'administration et les juges eux-mêmes, l'évolution de leur carrière. Les inspecteurs du ministère font de l'ingérence manifeste, utilisent sans vergogne leur pouvoir d'influence, s'arrogent un droit de regard sur les affaires en cours et le travail des magistrats. Le Procureur général utilise sans limite la procédure de recours extraordinaires pour faire invalider des décisions de justice définitives qui ne lui conviennent pas, cette pratique se développant même. Le rapport relève aussi que les magistrats, nommés normalement par le Chef de l'Etat sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature, le sont en fait sur recommandation du ministère de la Justice qui a fait de cet organisme une annexe. Il est ainsi noté qu'il suffit d'une ancienneté de cinq années dans des domaines concomitants à la Justice pour être admis au concours de magistrats, et au-delà, on peutêtre dispensé d'examen. En outre, les parlementaires, le ministre de la Justice, les secrétaires d'Etat, les employés du ministère ayant quelques connaissances dans le domaine, peuvent être nommés directement magistrats. En 2000, la totalité des 70 nouveaux juges du pays ont été désignés de cette façon, et en 2001, 45 sur 53. Tanase Joita, Procureur Une réforme qui tarde à voir le jour général de la République, aura fort à faire pour redonner de la crédibilité à ses services. Il en résulte une déprofessionnalisation de la fonction qui ne remplit pas sa mission. Si l'on ajoute à ces éléments que la Justice est considérée par l'opinion publique comme la deuxième administration la plus corrompue du pays, après celle des douanes, il n'est pas étonnant de constater la chute de l'estime que lui accorde les Roumains. En novembre 1998, ils étaient déjà 62 % à ne pas lui faire confiance, un an plus tard ce chiffre était passé à 74 % et en novembre 2000, à 77 %. La presse, que Rodica Stanoiu a tenté de mettre au pas en voulant introduire une législation lui interdisant en fait toute investigation sur la nomenklatura, avec peines de prisons à la clé, fait fréquemment état de pots de vins, d'affaires arrangées, de sentences incompréhensibles voire illégales, d'ingérences de politiciens ou de personnes bien placées au cours de l'instruction ou des procès. La ministre de la Justice, dont le mari est également un des plus hauts magistrats du pays -juge à la Cour Constitutionnelle - a bien promis une réforme s'appuyant sur une nouvelle loi. Mais, annoncée pour l'été 2002, celle-ci n'a pas encore vu le jour et s'élabore à l'abri des regards des spécialistes du domaine juridique et de la société civile. Enfin, " Open Society Institute" souligne que le manque de moyens, de personnel, de locaux de la Justice entrave son bon fonctionnement. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société La reconnaissance n'attend pas le nombre des années Insolite D ébut décembre, Vasile Govon, d'Arad, marié voici deux ans et ayant un bébé d'un an et demi, était victime d'un très grave accident de la route. Transporté dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital de Timisoara, le jeune homme est resté dans un état de coma profond pendant deux semaine, entre la vie et la mort, ses médecins et son entourage ne lui donnant guère de chances de survivre. Pourtant Vasile est sorti de son coma et, reprenant conscience, il a promis au personnel médical de venir refaire la chambre en piteux état où il était hospitalisé, dès qu'il serait Quatre millions de Ion L P rétabli… Ce qu'il a fait deux mois plus tard, aidée par sa jeune femme, Silvia. A leur grand ébahissement, les médecins du service, également très émus, ont vu le couple débarquer avec des panneaux de termopan pour les vitres, des seaux de peinture, du linoléum, et se mettre tout de suite à l'ouvrage, refaisant également la salle de bain et les toilettes, changeant le mobilier et apportant un poste de télévision. Vasile et Silvia tout juste 22 ans - ont mis toutes leurs économies, 65 millions de lei (près de 2000 €, 13 000 F) dans cette entreprise, qu'ils ont déclaré avoir fait spontanément la vie n'ayant pas de prix. Bière et pilules, rois du réveillon e 7 janvier est la date la plus fêtée de Roumanie. Ce jour-là, lendemain de Boboteaza (le baptême du Christ), autre grand évènement de l'année, quatre millions de Roumains, soit un habitant sur cinq, fêtent leurs prénoms, Ion ou Ioan (Jean), qu'ils sont plu d’un million à porter (1 110 046) et Ioana (Jeanne), lesquelles sont 285 000. Il faut aussi comptabiliser les Ionel (Jeannot) - dérivé qui vexe ceux qui le portent, lorsqu'ils occupent des fonctions importantes - et tous les prénoms combinés à partir de Ion, plus de 2,5 millions. Rien qu'à Bucarest, on compte 314 028 Ion. our oublier la dureté des temps et se réchauffer, les Roumains ont consommé comme jamais aux cours des fêtes de fin d'année. D'après les premières estimations, ils ont dépensé en une semaine autant que les trois mois précédents. Bien sûr les commerçants, selon leurs mauvaise habitudes qui se renouvellent également à Pâques, en ont profité pour augmenter allègrement les prix. Alcools, vins ,bières, et même l'eau minérale ont doublé. Les ventes de bières, de café - considéré comme un luxe, vu son prix - et de cigarettes ont bondi de 50 %… et celles de pansements gastriques de 30 %. Autres produits de "consommation" ayant eu la cote : les pilules contraceptives et les préservatifs dont les ventes ont augmenté de 10 à 20 %, les fournisseurs ayant par endroits épuisés leurs stocks. Le Légion d'Honneur proposée pour l'admirateur de Napoléon rêtre mais aussi professeur, Constantin Onu a ouvert à l'intention des sourds et muets, et au sein de la Faculté de Théologie orthodoxe de Pitesti, la première section en Europe du Sud-Est de communication et d'officiants pour les cérémonies religieuses. Pour ce faire, il a appris le langage gestuel, le plus difficile étant pour lui de comprendre et de penser comme un sourd et muet. Le prêtre a également constitué une chorale - unique au monde - avec ses seize élèves, qui est allée interpréter des colinde de Noël à la Patriarchie de Bucarest. Mimes, gestes superbes, mouvements des lèvres et du regard, remplaçant paroles et sons, ont bouleversé le public par leur intensité. J ournaliste et directeur des éditions Rompit, Marian Deaconu a une passion dans la vie : Napoléon. Le Roumain vient de publier, dans sa langue maternelle, un ouvrage de 800 pages, intitulé "Ascension et décadence de Napoléon Bonaparte", paru aux éditions Athena, qui lui a demandé 15 ans de recherches, la lecture de 300 livres en français, de multiples déplacements à Paris, à Waterloo. Son travail a été récompensé par le diplôme de membre d'honneur de la Société Internationale Napoléonienne, qu'il a reçu récemment par la poste. Basée à Montréal, cette association, présidée par le milliardaire Ben Weider, a comme président d'honneur le prince Albert de Monaco. Mais, distinction suprême, Marian Deaconu a été aussi proposé pour devenir chevalier de la Légion d'Honneur, ordre créé par Napoléon. Le journaliste a entrepris deux nouveaux livres, dont l'un sur Alexandre le Grand et l'autre sur la Révolution française. Chorale de sourds et muets P S Surprises policières oupçonné par son voisin de lui avoir dérobé deux sacs de haricots, un habitant de Belcesti (Iasi) a accusé le policier venu enquêter de l'avoir forcé à mettre la main dans le feu pour jurer qu'il n'y était pour rien. A Pitesti, Ioan Moldovan, 25 ans, a dérobé dans un magasin deux saucissons de Sibiu, un pain au chocolat et est allé immédiatement se dénoncer à la police, ébahie. Le jeune homme, chassé par sa famille, libéré quelques jours plus tôt pour bonne conduite et errant dans les rues, préférait retrouver la prison dont il sortait, où le gîte et le couvert lui sont assurés. 35 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Livres z BAIA MARE ORADEA CLUJ z z ARAD z z IASI z HUNEDOARA z z SUCEAVA TARGU MURES SIBIU z BACAU GALATI z PLOIESTI CRAIOVA z BRASOV z z TIMISOARA z BRAILA z BUCAREST z z TULCEA CONSTANTA z Les excuses du "Petit Robert" 36 22 "Les Nouvelles de Roumanie" s'étaient faites l'écho de l'indignation des Roumains devant la photo choisie par Le Petit Robert pour illustrer leur pays : un campement de Tsiganes, dont plusieurs enfants aux visages sales, près de tentes installées dans un champ boueux. Dans un communiqué, Pierre Varrod, le directeur général de la célèbre maison d'édition du dictionnaire a déclaré "regretté vivement l'erreur faite et présenté ses plus sincères excuses au peuple roumain", ajoutant "Aucune réédition n'est prévue mais, le cas échéant, je m'engage formellement à supprimer la photo incriminée". Cette affaire est allée jusqu'à la tribune du Sénat roumain, comme l'indique le journal "Le Monde", citant "Les Nouvelles de Roumanie" dans son article. "C'est une atteinte à la dignité nationale" s'est exclamé le sénateur du Parti Social Démocrate au pouvoir, George Pruteanu, auteur par ailleurs d'une loi de défense de la langue roumaine, ajoutant "le ministère des Affaires étrangères devrait rédiger une note de protestation. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés lorsqu'un dictionnaire à grand tirage se moque de nous". Dans une lettre adressée à l'éditeur français, le Conseil de la communauté des Roumains de RhinMain avait également réagi, indiquant que "cette photo n'était pas plus représentative de la Roumanie qu'une case africaine de la France, de sa langue et de son peuple, même si son équipe de football est composée en majorité d'Africains". Deux romanciers hongrois de Transylvanie, évoquent leur province natale et deux univers aux antipodes La Mitteleuropa de la Belle Epoque et les sinistres prisons du communisme L es points communs qui unissent Miklos Banffy et Adam Bodor seront plus vite énumérés que ce qui les sépare du point de vue littéraire. Tous deux sont nés à Kolozsvar (Cluj en hongrois) ou dans ses environs. Tous deux ont un amour infini pour leur province natale et tous deux en ont été exilés par l'histoire : Banffy est mort à Budapest en 1950 (aujourd'hui enterré dans le cimetière Hazsongard de Cluj); Bodor vit encore dans la capitale hongroise mais "ne cesse de retourner en Transylvanie par l'imagination". Pour le reste, leur œuvre romanesque rend compte de deux réalités historiques si dissemblables à plus de cinquante ans de distance que le lecteur en reste interloqué. Tant de contrastes politiques sociaux et culturels en si peu de temps donne bien toute la mesure des violences qui ont pu s'exercer sur cette région au XXème siècle (comme dans toute l'Europe de l'Est et du Centre, d'ailleurs). Miklos Banffy, romancier de l'aristocratie hongroise de Transylvanie Si le paysan roumain de Transylvanie a eu son romancier en la personne de Liviu Rebreanu -lire Ion le Roumain (1920) et L'Insurrection (Rascoala -1933)- l'aristocratie hongroise de cette même région a également son romancier avec Miklos Banffy (1873-1950). Et c'est à une aussi longue lecture que s'attache celui qui plonge dans cette Chronique transylvaine que l'auteur hongrois a écrite et publiée en 1934 (et encore n'est-ce là que le premier tome d'une œuvre qui en compte trois, publiés en 1937 et 1940 mais non encore traduits en français). La période évoquée est celle du début du siècle (les années 1904-1905). La Transylvanie est alors hongroise et la Hongrie est liée à l'Autriche dans un même empire. Toutefois, les relations entre les deux partenaires ne sont pas au mieux. Cette situation politique qui voit la Hongrie s'agiter pour tenter de sortir de la tutelle autrichienne est un des axes du roman. Banffy fait observer cette agitation à son personnage principal, Balint Abady, avec recul et parfois même avec consternation tant les attitudes nationalistes lui paraissent sordides. Député de Transylvanie à Budapest, ce dernier songe par ailleurs à ce que devrait être l'avenir de sa province, non seulement en regard du pouvoir hongrois mais également du point de vue des nationalités. Ainsi dit-il, s'adressant à un interlocuteur roumain de Transylvanie : "Je crois (…) que spirituellement et économiquement nous devrions chercher un terrain d'entente et nous rapprocher. Si nous parvenions à avoir confiance les uns dans les autres, le reste nous serait donné de surcroît. Vous et nous sommes également Transylvains. La Transylvanie, c'est notre petite patrie, celle que nous avons en commun. Sur ce terrain, il y a beaucoup de choses que nous pouvons désirer ensemble : qu'on nous comprenne mieux, que davantage d'attention soit prêtée à nos intérêts locaux, que tout ne soit pas raflé par Budapest". "Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ?" Mais la sagesse de ce propos n'est pas alors le sentiment le plus répandu. C'est d'une part la haine qui prévaut quand un aristocrate hongrois s'insurge auprès de Balint Abady : "Tu parles à ces Valaques ? Comment peux-tu ? Moi, ces animaux-là, je ne pourrais pas ! Il suffit que je les voie, mon sang de Hongrois se met à bouillir !". C'est d'autre part la duplicité qui l'emporte quand Abady, soucieux de sortir les paysans roumains de leur misère dans laquelle des hobereaux de même nationalité s'évertuent à les maintenir, s'entend dire de la bouche d'un avocat également roumain : Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Canalisations sauvages branchées sur les réseaux des compagnies pétrolières Faits divers Essence à bon compte… et un trafic devenu sport national U n colonel de l'Armée, responsable de la Protection civile pour le judet de Brasov, a été arrêté à la mi-janvier, pris la main dans le sac, en pleine nuit, avec deux complices, en train de détourner du carburant transitant par le réseau d'approvisionnement de la société Petrotrans. Le gradé avait pratiqué un trou dans une canalisation et s'y approvisionnait régulièrement pour alimenter la station d'essence toute proche, appartenant à sa famille. Celle-ci avait été construite au milieu des blocs, malgré les protestations des riverains, mais avait obtenu toutes les autorisations nécessaires… dont celle de la Protection civile. Ce fait-divers illustre une nouvelle fois un aspect d'un des trafics les plus répandus en Roumanie : celui de l'essence et du gas-oil au détriment des compagnies nationales. Un phénomène encouragé par le prix atteint par les carburants dans le pays, 25 000 lei le litre (0,7 €, 4,70 F… soit l'équivalent de 8,5 €, 56 F pour un Occidental). Un souterrain de 250 mètres de long, doté de l'électricité siècle de son salaire. Quant au juriste, il menait la belle vie… maison splendide, grosses voitures et pourboires distribués générreusement à droite et à gauche. Ni vu, ni connu… 4 M€ détournés à la barbe des sociétés pétrolières A Crevedia, près de Bucarest, les trafiquants s'étaient mis à quatorze pour installer un détournement sauvage de plus de trois kilomètres de long, aboutissant en pleine nature, loin des regards indiscrets. L'achat du seul tuyau de raccordement avait coûté 6000 € (40 000 F). Mais le plus ingénieux des voleurs a été un habitant de Constantsa qui a soustrait pour environ 4 M€ (26 MF) de carburant en un an, sans que la société spoliée ne s'en rende compte. Il s'était installé à côté même d'un dépôt de Petrotrans et avait branché plusieurs conduits passant sous la clôture. L'un approvisionnait une station clandestine où les clients pouvaient venir se servir; un autre aboutissait dans un hangar et remplissait directement les cuves d'un camion, dont le chargement était caché par des caisses de bouteilles de bière vides. Lorsque le plein était fait, celui-ci partait faire sa tournée de livraison dans les stations services du secteur, à des prix sans concurrence contre un paiement cash, en liquide. Fuites entraînant des pollutions Mais pour un trafic démasqué, combien continuent à prospérer à travers tout le Quelques semaines auparavant, c'est un pays ? Que de tels détournements puissent juriste de Mizil qui avait été appréhendé avoir lieu à la barbe des sociétés pétropour avoir soustrait en deux mois plusieurs lières, parfois sans réaction de leur part, et milliers de m3 de carburant de type Euro 3, durer aussi longtemps, en dit long sur l'amdestiné à l'exportation, d'une valeur d' un pleur des complicités dont ils peuvent Branchement sauvage, archaïque million d'euros. Ayant monté une société de (en haut, à gauche) ou galerie bénéficier. Dans la région de Constantsa, la sophistiquée (ci-dessus): le vol de plus touchée, un seul trafiquant avait été distribution de boisson comme couverture, carburants a pris des proportions inouïes. il en remplissait les cuves après s'être branarrêté au cours de l'année 2000 où l'on estiché sur l'oléoduc tout proche de son entreprise, reliant les rafme à au moins 13 000 tonnes le carburant ayant disparu dans fineries de Ploiesti au port de Constantsa. le judet cette année-là, et à 2000 les branchements clandestins. Pour ce faire, l'individu avait fait construire un souterrain La seule société Compet SA en a été victime de 300, le mois de 250 mètres de long, 1,70 m de haut, 1 m de large, doté de de juillet battant tous les records avec 40 installations l'électricité, comprenant deux conduits, l'un pour l'essence, trouvées. En outre, aucune enquête mettant en cause des polil'autre pour le gas-oil. L'installation aboutissait directeciers, gradés ou non, fortement suspectés d'avoir prêté la main ment…dans sa cour et lui permettait de remplir une citerne de à ces vols, n'avait abouti. 10 tonnes en 8 heures, sous une pression de 5 bars. Il ne lui resOutre ses répercussions économiques, ce phénomène a tait plus qu'à faire effectuer les livraisons vers les stations-serd'autres conséquences. Toujours dans les judets de Constantsa vices ou autres clients par un camion-citerne lui appartenant. et voisins, des dizaines d'hectares de terrains ont été pollués La sécurité du transport était assurée par un policier à bord par des fuites provenant de ces installations sauvages. Près de Pitesti, trois trafiquants sont morts asphyxiés à la suite d'un de sa jeep-Toyota d'une valeur de 35 000 € (230 000 F). Un dysfonctionnement du système qu'ils étaient en train de mettre de ses collègues, lui aussi dans le coup, s'était fait construire une villa de 150 000 € (un million de F), représentant un en place et ayant entraîné des émanations de gaz. 17 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Société Tout leur village les cherchait depuis quatre jours Faits divers SATU MARE z z z z ORADEA z SUCEAVA z BAIA MARE ZALAU z BRASOV GALATI z SIBIU z PITESTI CRAIOVA z z IASI TARGU MURES z z TIMISOARA Deux gamins sauvés grâce à leur présence d'esprit… et à Jules Verne z z CLUJ ARAD z z MIZIL BUCAREST CIUPERCENII NOI z PLOIESTI CONSTANTA EFORIE z z 80 000 chiens errants auraient été euthanasiés à Bucarest 16 22 En 2000, la campagne d'euthanasie des chiens errants dans les rues de Bucarest, estimés alors à 200 000, avait provoqué la levée de boucliers des défenseurs des animaux et la venue sur place de Brigitte Bardot. Deux ans après, la clameur s'est calmée et l'administration municipale s'est targuée de l'élimination de 80 000 chiens (50 000 en 2001 et un peu plus de 30 000 en 2002), à peine 3 % des animaux capturés ayant été adoptés. Le coût de l'opération a été de 500 000 lei par chien (15 €, 100 F), soit 1,15 M€ (7,5 MF). Toutefois, depuis le début de 2003, la campagne d'élimination a cessé, à cause de la réorganisation des services municipaux, qui a provoqué la délégation de cette fonction aux mairies d'arrondissement, ce qui fait redouter une résurgence du problème. De leur côté, les associations de défense des animaux doutent du bien-fondé des chiffres avancés par la mairie, l'estimant nettement inférieur… les statistiques citées servant surtout, à leur avis, à gonfler le coût de l'opération et des sommes qui y ont été consacrées. D ans le village de Ciupercenii Noi, plus personne ne pensait revoir vivants Ionut et Catalin. En ce début janvier, alors qu'il faisait un froid de canard, tous les habitants cherchaient à travers champs et forêts des environs les deux gamins de onze ans qui avaient disparu depuis quatre jours, après être partis jouer. Toutes les hypothèses avaient été échafaudées, tous les coins et recoins du village passés au peigne fin… sauf un. La cinquième nuit, un paysan a vu les deux enfants en rêve, tombés dans un trou. Dès le matin, il s'est dirigé vers le puits désaffecté de l'un de ses voisins où il les a découverts, transis de froids, morts de faim et de soif, aphones à force d'avoir crié "Ajutor" ("A l'aide"). "De l'eau, de l'eau" ont-ils à peine pu articuler quand, à bout de force et de résistance, ils ont été sortis de leur fâcheuse situation. Bloqués au fond d’un puits Ionut et Catalin, copains de classe, s'étaient donnés rendez-vous pour aller explorer le puits, devenu une grotte dans l'imaginaire des enfants du village qui y descendaient volontiers à l'aide d'une corde. Mais, manque de chance, celle-ci avait cédé quand ils avaient voulu remonter. Il n'était venu à personne l'idée d'aller inspecter les lieux, tenus secrets par les enfants. L'un d'entre-eux avait pris son courage à deux mains pour en parler à sa mère, mais avait reçu en retour une gifle magistrale qui l'avait dissuadé de revenir sur le sujet. Laissés à leur sort, se cachant mutuellement leur peur, Ionut et Catalin n'ont dû leur survie qu'à l'application des techniques qu'ils avaient lues dans les romans de Jules Verne. Economisant leurs forces, ils évitèrent de s’époumoner, ne criant qu'à tour de rôle; ils se désaltéraient en recueillant des gouttelettes de rosée sur les manches de leur blouson et se réchauffaient en dormant dans les bras l'un de l'autre. Ils avaient réussi à jeter à l'extérieur leurs bottes et leur caciula (bonnet), espérant qu'ils attireraient l'attention. En vain… Conduits sains et saufs à l'hôpital, pour récupérer, ils y ont été chaleureusement réconfortés par les infirmières qui ont confectionné un énorme gâteau pour l'anniversaire de Ionut. Pendant ce temps là, tout Ciupercii Noi s'était réuni pour fêter l'événement à l'occasion d'un "chef monstru" (une fête monumentale) comme le village n'avait jamais connu jusqu'ici et qui a duré jusqu'au petit matin. L Un réseau de passeurs démantelé à la frontière hongroise a police des frontières de Satu Mare a démantelé un des plus vieux réseau de passeurs entre la Hongrie et la Roumanie, arrêtant 90 de ses membre, dont 28 Roumains, comprenant entremetteurs, transporteurs, organisateurs et individus chargés de faire franchir la frontière à travers champs. Le réseau opérait en deux branches, l'une spécialisée dans les Afghans, Irakiens ou Iraniens, l'autre dans les Vietnamiens, Somaliens, Africains. Récupérés à Bucarest, ces clandestins étaient acheminés nocturnement, en micro-bus ou en Dacia, vers Cluj et Zalau, contre la somme de 250 € (1650 F). Ils étaient ensuite confiés à des passeurs après avoir versé à nouveau 300 € (2000 F). Arrivé en Hongrie, la pègre locale les prenait en charge pour les acheminer vers les pays occidentaux, moyennant 1500 € (10 000 F), somme comprenant leurs frais de séjour en hôtels trois étoiles, la pension, le transport, la rémunération de leurs accompagnateurs. L'ensemble des membres du réseau ont été condamnés à un total de 834 années de prison, soit 9 ans chacun. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte "Nous autres, nous avons besoin d'une classe possédante. Jusqu'à présent nous n'en avons pas… Qu'il y ait des victimes, cela aussi est naturel. Car enfin votre conquête de la patrie, comme vous dites, n'a-t-elle pas eu les siennes ?... Eh bien nous autres, nous faisons la même chose, si ce n'est que notre conquête nous ne la faisons ni à cheval , ni par le glaive… Nous sommes des hommes d'aujourd'hui, nous sommes gris, modestes !". Comparé au “Guépard” de Lampedusa La thématique politique n'est cependant pas l'essentiel du roman de Banffy. Certains critiques en Angleterre, où le livre vient de rencontrer un grand succès, l'ont comparé au Guépard de Lampedusa. Peut-être pour ce sentiment de déclin et de nostalgie d'une époque sur sa fin qui habiterait l'auteur (le livre est ainsi titré : Vos jours sont comptés). Ou encore pour la description des fastes d'une aristocratie qui court d'un bal à l'autre, d'une table de jeu à l'autre ou après un amour impossible. "L'univers qui est décrit par l'auteur transylvain est celui de la Mitteleuropa de la Belle Epoque", écrit le préfacier du livre, Patrick Leigh Fermor. "Les hommes de ce temps-là, fussent-ils atteint de myopie, avaient décidé de jeter leurs lunettes aux orties pour les remplacer par d'élégants monocles". Bien mal leur en pris car c'est ensuite dans un tout autre monde, bien moins doré, que l'histoire allait les propulser. Adam Bodor, romancier d'une Transylvanie carcérale Adam Bodor ne précise pas avec exactitude les lieux où se déroule son roman, mais il s'agit de La vallée de la Sinistra qui donne son titre au livre. On est aux confins de la Roumanie transylvaine et de l'Ukraine, dans le nord du pays. L'identité des personnages importe peu. C'est d'ailleurs "le commissaire forestier qui décide du nom" des nouveaux arrivants. Andrei Bodor, tel sera celui attribué au personnage central, venu là pour tenter de retrouver son fils adoptif. Cela lui prendra des années. C'est que le temps, dans cette sorte de colonie pénitentiaire, semble ne plus vouloir progresser. Il faudra à Andrei Bodor des trésors de patience pour parvenir à surmonter l'absurdité des comportements et de la situation générale. Le livre a été publié en 1992 (traduit en français en 1995) et nous parle bien sûr de l'incroyable anéantissement des âmes sous un régime de terreur. L'humour est au service de cette écriture, sans doute pour éviter à son auteur de sombrer dans la folie. La beauté des lieux aussi, à travers la fine description qu'il en fait, lui permet de conserver une part de dignité. Mais diable que cet ensemble de Chapitres d'un roman (sous-titre donné au livre) peut être désespérant avec des individus qui n'en sont plus vraiment. S'il est possible d'établir un lien avec le monde décrit par Miklos Banffy, c'est le personnage de Connie Illafeld qui peut un tant soit peu l'établir. "Descendante des Illarion, boyards de Bucovine, elle vivait sur l'ancien domaine familial, parmi de simples montagnards, et s'appelait en réalité Cornelia Illarion". Mais l'histoire de son temps va la conduire à l'hôpital psychiatrique "Colonia Sinistra". Elle va non seulement y devenir folle : "Elle mélange toutes les langues en parlant", mais prendre une apparence inhumaine : "… une veste en loques sur les épaules, un être velu qui semblait prier… Sa figure était couverte de longs poils soyeux ; entre les touffes, on voyait luire ses yeux verts ". Triste sort advenu à cette descendante d'aristocrates qui se voit régresser dans une sorte d'animalité par suite d'une surdose de produit médicamenteux de son tortionnaire. A coup sûr, l'ancienne classe dominante n'avait pas prévu le sort que lui réservait "Colonia Sinistra". Si cela avait été le cas, peut-être aurait-elle eu alors plus de souci à faire évoluer le monde doré dans lequel elle se complaisait égoïstement et que Miklos Banffy a finement décrit. Adam Bodor, né en 1936, a fait des études de théologie protestante à Koloszvar (Cluj). Arrêté, il a passé plusieurs années en prison, avant de quitter la Transylvanie en 1982 pour s'installer en Hongrie où il est considéré aujourd'hui comme un des maîtres de la prose hongroise. Bernard Camboulives Vos jours sont comptés, Chronique transylvaine, de Miklos Banffy (1934). Traduit du Hongrois par Jean-Luc Moreau, préface de Patrick Leigh Fermor, Phébus, "D'aujourd'hui étranger", 2002 pour l'édition française, 764 pages, 24,5 € (162 F). La vallée de la Sinistra d'Adam Bodor (1992). Traduit du Hongrois par Emilie Molnos Malaguti, avant-propos de Jean-Luc Moreau, Robert Laffont, coll. "Pavillons", 1995 pour l'édition française, 216 pages, 20 € (132 F). Parution d'un dictionnaire en français sur la mythologie populaire roumaine L 'université de Grenoble a publié, à la fin 2002, un petit dictionnaire de la mythologie roumaine écrit par le professeur Ion Talos de l'université de Cologne, en Allemagne, et inspiré de ses cours. L'ouvrage avait déjà été publié en Roumanie, aux édition "Enciclopedica", en 2000. Il a été traduit en français par Anneliese et Claude Lecouteux. Ce dictionnaire a le mérite de familiariser le lecteur français avec l'univers complexe des coutumes et traditions roumaines, dont certaines sont encore pratiquées de nos jours et sont toujours un sujet d'étonnement pour les étrangers qui les découvrent. Personnages mythologiques, animaux, esprits, y figurent avec leurs significations, leur symbolique, leur significa- tion aussi bien sur le plan des cultes que de la culture, leur influence sur les mentalités collectives, à travers les différentes régions de la Roumanie. Petit dictionnaire de mythologie populaire roumaine de Ion Talos, traduit par Anneliese et Claude Lecouteux. Editions littéraires et linguistiques de l'université de Grenoble, 2002, 211 pages, 19 € (125 F). 37 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Cinéma z z BAIA MARE ORADEA z z CLUJ z Amour et guerre de Sécession transposés dans les Carpates z SUCEAVA TARGU MURES z IASI BACAU ARAD z z z SIBIU TIMISOARA GALATI z BRASOV PITESTI BRAILA z z z CRAIOVA z BUCAREST CONSTANTA z On nous écrit Français du Banat réfugiés en Provence 38 22 Brasov a accueilli le tournage du plus grand film tourné en Roumanie Bernard Gremillet, de Balagny sur Thérain (Oise), apporte des éléments complémentaires à la suite de notre article sur les colons français du Banat, venus de Lorraine et d'Alsace ( N°15, p.48). "Des généalogistes m'ont fait parvenir des documents intéressants; ils confirment l'implantation de ces colons du temps de l'empire austro-hongrois. Après 200 ans, au cours de la Seconde Guerre mondiale, ils ont subi l'invasion russe et ont dû émigrer vers l'ouest de l'Europe. Robert Schumann, luimême lorrain, a été sensible aux conditions de vie de ces déplacés en Autriche (Noël 1947) ; il permit et favorisa l'accueil de plusieurs centaines de réfugiés dans une commune du Vaucluse, La Roque sur Pernes, au pied du Ventoux. Depuis ceux-ci ont fait souche et redonné vie à une commune délaissée.” Ces Informations sont tirées des articles de presse et d'études : - "Le Républicain Lorrain" du 21 janvier 1976 - Mémoire au sujet de la recolonisation des Lorrains et des Alsaciens du Banat par le Dr.Emmerich Reitter (né en 1875 à Lovrin, proche de Timisoara), ancien député et sénateur de Roumanie, publié en 1945. - Extrait du "Lorrain" du 12 et 13 juin 1954, photocopié aux archives municipales de Thionville. - "L'illustration" du 21/11/1934; article d’André Rosambert concernant Mertisoara, ancien Mercydorf, entre Arad et Timisoara. T out au long du second semestre 2002, les environs immédiats de Brasov ont accueilli le tournage du plus grand long-métrage jamais réalisé en Roumanie, "Cold mountain", dont le budget de plus de cent millions d'euros aurait été le plus important de l'année, au niveau du cinéma mondial. Cette co-production britannico-italo-roumaine, dont on parle déjà comme étant en course pour les Oscars, a réuni des acteurs célèbres comme Nicole Kidman, Jude Law, Donald Sutherland, et devrait sortir sur les écrans à la fin de l'année. Le scénario, mis en scène par Anthony Minghella d'après le roman de Charles Frazier, raconte l'histoire d'amour née entre une jeune femme et un soldat confédéré poursuivi pour désertion pendant la guerre de Sécession. Le producteur du film, l'Ecossais Iain Smith, qui a déjà à son actif "Sept ans au Tibet", "Le cinquième élément", "1492", a confié à "Adevarul" ("La Vérité") les circonstances qui l'ont amené à choisir la Roumanie pour ce tournage. Ressemblance avec la Caroline du Nord, coûts moins élevés "J'étais venu voici deux ans en Transylvanie pour me faire une idée du pays. J'ai voyagé à pied, en stop, en bus, en taxi pendant une semaine, et quand j'ai découvert Brasov et ses environs, je me suis dit que c'était une ville assez grande pour accueillir une réalisation mais je n'avais pas du tout en tête "Cold Mountain" dont le tournage était prévu aux USA, tout en me disant que je viendrai faire un film ici". "Mais six mois plus tard, le coût de la production s'était tellement enflé, au point de vouloir arrêter le projet, qu'il a fallu se tourner vers d'autres pays meilleurs marchés, le Canada, les pays de l'Est… ce qui n'enchantait pas le réalisateur. Mais je l'ai finalement convaincu en lui parlant des beautés étranges de la Transylvanie, de ses ressemblances avec la Caroline du Nord où se déroule l'action, "Cold Mountain" se trouvant d'ailleurs dans un comté portant le nom… de Transylvanie. Bien sûr, les coûts extrêmement bas de la réalisation sur place, permettant de réaliser beaucoup d'autres choses sont entrés en ligne de compte". Interrogé sur les conditions du tournage et le niveau technique du cinéma en Roumanie, Iain Smith a indiqué que ce pays ne figurait pas encore sur la carte des lieux où les grandes productions peuvent réaliser des films, mais que l'idée avançait doucement. "Cold Mountain", film de bonne qualité, coûtant beaucoup moins cher qu'aux USA aidera certainement à faire signer de nouveaux contrats" a-t-il prédit, ajoutant toutefois "l'industrie cinématographique est encore sous-développée ici ; les professionnels ne le sont parfois pas ou manquent d'expérience car ils n'ont travaillé que sur de petits projets. J'en ai quand même trouvé des bons, pleins d'enthousiasme". "Ce n'est pas un pays où on travaille sans problèmes" Le producteur a également confié que "la Roumanie n'est pas un pays où on travaille sans problèmes. La mentalité y est très étrangère à la nôtre; la corruption y est très grande ainsi que la propension à faire des affaires par en dessous. Je l'ai senti tous les jours". L'Ecossais a indiqué que cette corruption ne l'avait pas perturbé personnellement, car il n'y avait pas été confronté lui-même, ni à des tentatives de chantage, mais qu'elle avait certainement joué sur les Roumains : "J'ai négocié avec eux un salaire, le meilleur que je pouvais offrir; en contre-partie, je voulais qu'ils soient disponibles 7 jours sur 7, et qu'ils travaillent quand on en avait besoin. Mais comment se montrer exigeant quand ils ne reçoivent qu'une partie de la somme due… et que le reste a disparu. Quand je paye un chauffeur, je veux que ce soit lui qui reçoive l'argent et pas quelqu'un d'autre". Les NOUVeLLes de ROUMANIe Social Actualité Des statistiques démographiques inquiétantes : un actif pour cinq non productifs A lors qu'avant la "Révolution” de 1989 3,6 salariés cotisaient pour un retraité, cette proportion s'est dramatiquement inversée, du fait de la crise économique et de l'apparition du chômage, ainsi que du laxisme de la réglementation, laquelle a permis à de nombreux employés de s'octroyer une retraite très anticipée - dès l'âge de 50 ans, dans de nombreux cas - ou d'obtenir une pension d'invalidité ou de longue maladie, souvent non justifiée. Ainsi le rapport était-il passé à 1,5 salariés pour un retraité dès 1997, tombant à la parité en 1999, pour s'établir à 1 salarié pour 1,6 retraités, en 2002. Dans la Bulgarie voisine, il est exactement inverse, 1,6 salariés pour 1 retraité. Aujourd'hui, la Roumanie compte 6,5 millions de retraités, 770 000 chômeurs, 3,4 millions d'élèves et 300 000 étudiants. Si l'on ajoute à ces catégories, les conjoints ne tra- vaillant pas, les personnes ne bénéficiant d'aucune aide, les enfants de moins de six ans, on arrive à la proportion d'un Roumain actif acquittant les cotisations sociales pour cinq compatriotes non productifs. Ces déséquilibres démographiques ont des conséquences sérieuses sur l'avenir des retraites. D'ici à 2014, l'âge de cessation d'activité va être reculé de 62 à 65 ans pour les hommes, et de 57 à 60 ans pour les femmes, comme il avait été déja annoncé à plusieurs reprises. L'ancien ministre du Travail, Alexandru Athanasiu, a prédit que si aucune réforme du régime n'était entreprise, en 2030, le niveau des pensions ne représentera plus qu'un quart du salaire au lieu de la moitié actuellement. Conscients de la gravité du problème, les syndicats se penchent sur des projets de création de fonds de pensions privés. Baisse du chômage en 2002, avec un taux moyen de 8,1 % D 'après les statistiques gouvernementales, le niveau du chômage a baissé de 0,5 % en un an, s'établissant à 8,1 % de la population active, fin décembre 2002. A cette époque, la Roumanie comptait 760 000 chômeurs, dont 340 000 femmes (45 %). Ce sont les judets de l'Ouest du pays et de la région de Bucarest qui étaient le moins touchés par ce phénomène : Bihor (Oradea), 3,1 %, Bucarest (3,2 %), Satu Mare (3,7 %), Timis (4 %), Arad (5 %), Ilfov (périphérie de Bucarest, 5,4 %), et Vrancea (Focsani, 5,7 %). Parmi les départements se situant en dessous de la moyenne nationale figurent: Maramures (Baia Mare, 6,1 %), Dolj (Craiova, 6,3 %), Arges (Pitesti, 6,4 %), Mures (Târgu Mures, 6,5 %), Giurgiu et Salaj (Zalau, 6,7 %), Harghita (Miercurea Ciuc) et Sibiu (7,1 %), Mehedinti (Turnu-Severin, 7,8 %). A contrario, les taux de chômages les plus élevés sont enregistrés dans l'Est et le Centre du pays : Vaslui (14,7 %), Galati (14,2 %), Brasov (12,3 %), Ialomita (Slobozia, 11,5 %), Alba (11,2 %), Vâlcea (Râmnicu Vâlcea, 11 %), Botosani (10,2 %), Cluj et Gorj (Târgu Jiu, 10,1 %), Prahova (Ploiesti, 10 %). Ces chiffres, finalement modérés pour un pays en transition et au paysage économique bouleversé, avec des régions entièrement sinistrées, ne manquent pas de surprendre les observateurs. Nombre d’entre eux se posent la question de savoir quelle réalité exacte du chômage les statistiques gouvernementales recouvrent-elles ? L'Italie recrute des chefs cuisiniers roumains M i-janvier à Bucarest, la province italienne d'Udine (près de Venise, sur la mer Adriatique), a organisé une présélection pour recruter trois cent cinquante chefs de cuisine roumains, chefs de salle, réceptionnistes, serveurs, femmes de chambre, pour la saison de mai à juin. Les candidats devaient avoir au moins deux ans d'expérience dans le domaine hôtelier, posséder quelques éléments d'italien et d'allemand (pour le personnel chargé de l'accueil). Les personnes retenues devaient bénéficier de cours de formation professionnelle et d'italien. Le salaire mensuel proposé variait de 770 à 900 € (5000 à 6000 F), logé-nourri, soit près de dix fois le salaire moyen en Roumanie. Cette démarche volontariste a pour avantage de répondre à une demande qui existe, d'y adapter l'offre, et de sécuriser les personnes embauchées en leur donnant un statut régulier, contrairement à la France, où dans les mêmes conditions, les Roumains doivent travailler le plus souvent de manière clandestine alors qu'on a besoin de leur main d'œuvre. Revers de la médaille : la sélection… Rien ne garantit qu'elle se fait davantage sur des critères professionnels que sur des dessous de table, comme cela a été généralement le cas jusqu'ici. Première grève chez Dacia-Renault P our la première fois depuis qu'il a pris le contrôle de Dacia, en 1999, le constructeur français Renault a dû faire face à un mouvement de grève dans l'usine du fabricant automobile roumain, à Pitesti. Les syndicats réclamaient une augmentation de salaire de 23 % alors que la direction ne proposait que 14 %. Suivant la législation sociale en place, ce mouvement s'est limité à une première grève d'avertissement de deux heures, le vendredi 14 février, après qu'elle ait été décidée par deux tiers des ouvriers syndiqués. Pour améliorer la productivité, Renault a décidé de licencier plus de 11 000 employés sur 27 600 en cinq ans. Le constructeur s’apprête à sortir un nouveau modèle appelé à prendre la succession des Dacia en septembre prochain. 15 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Social BAIA MARE z SUCEAVA z z ORADEA BISTRITA TARGU MURES z ARAD z CLUJ z SIGHISOARA z z z TIMISOARA z BACAU GALATI z z PETROSANI BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z Sauver les jeunes sans-domicile relève de la mission impossible IASI z z z BUCAREST CONSTANTA z Deux semaines pour payer son chauffage 14 22 "Un enfant qui a passé plus de deux ans dans la rue est perdu" Alors qu'en prévision de l'hiver il avait annoncé à l'automne dernier des mesures pour échelonner les dettes des personnes qui ne pouvaient pas payer leur chauffage, le gouvernement a soudainement fait volte-face, début janvier. En pleine vague de froid (-34° dans l'Ouest du pays), il a promulgué, discrètement, une ordonnance d'urgence, exigeant le paiement des factures dans les quinze jours, sous peine d'une majoration de 0,06 % par jour de retard (soit +21% par an). Jusqu'ici, les abonnés disposaient d'un délai d'un mois, auquel s'ajoutait un mois de tolérance. Cette mesure a été prise alors que de nombreuses familles se débranchent du réseau, faute de pouvoir payer - un phénomène aggravé par la rigueur de l'hiver - et choisissent des moyens de fortune, souvent dangereux pour pouvoir continuer à se chauffer. Dans les blocs, certains bons payeurs voient leur chauffage, dépendant du système collectif, coupé d'autorité, leurs voisins ne pouvant s'acquitter de leurs dettes. Cinq accidents par jour dans les mines de la vallée de Jiu En 2002, les mines de la vallée de Jiu (Petrosani) ont enregistré 18 morts au cours de 1204 accidents du travail, soit cinq par jour et 158 de moins que l'année précédente. La principale cause avancée par les autorités pour les accidents mortels est le non-respect des normes de sécurité. Q uelques associations roumaines, assez peu nombreuses, tentent de venir en aide aux enfants de la rue de Bucarest, qui se calfeutrent l'hiver dans les réseaux souterrains de chauffage, appelés les "canale". Elles leur apportent de la nourriture, des médicaments; certaines tentent de mettre sur pied des cours d'alphabétisation, de formation à des métiers comme coiffeurs, couturières, d'ouvrir un foyer. Mais le découragement les guette souvent devant l'inanité de leurs efforts, comme le rapporte le quotidien "Adevarul" ("La Vérité") dans une enquête d'un de ses journalistes. "Ces enfants-là, leur journée commence non pas par "bonjour" mais par des jurons. Quand on leur parle d'aller à l'école, il répondent insolemment qu'ils ne peuvent pas parce que leurs intestins feraient trop de bruit" confie une bénévole, enchaînant : "Leur vie est faite d'énormes frustrations, de peurs, de réactions de méchanceté, d'abrutissement. Les tirer de cet univers est très difficile. 75 à 80 % d'entre-eux sont irrécupérables. Un enfant qui a passé plus de deux ans dans la rue est perdu". Ces associations comptent presque sur les doigts de la main les cas de réussite. "Il faut une volonté énorme et aussi de la chance pour s'en sortir" constatent-elles. "Le gamin doit surtout échapper à l'influence de sa bande, s'en séparer physiquement, définitivement… sinon, il retournera immanquablement dans le canal". Des cas heureux surviennent parfois, comme Florin; un de ses oncles a accepté de le loger, il a tenté plusieurs fois de rejoindre ses anciens amis mais, à court d'argent, revenait toujours. Aujourd'hui, il semble stabilisé et travaille comme "tractoriste" à la campagne. Apparition d'une deuxième génération qui naît et grandit dans les "canale" Le plus souvent ces tentatives de sortir ces "boschetari" (sans abris) de leur enfer se heurtent à un cercle vicieux. Très rares sont les patrons qui accepteraient de les embaucher, d'autant plus qu'ils n'ont pas de papiers d'identité… or la police ne Les canalisations de chauffage donne pas de papiers aux jeunes qui n'ont pas de constituent un refuge pour les sans-domiciles pendant l’hiver. domiciles… et ceux-ci, faute d'argent ne trouvent pas à se loger. Si quelques uns acceptent de les engager, le scénario est toujours le même : on leur confie des travaux pénibles, porter des sacs pendant 8-10 heures d'affilée. Le soir, ils rejoignent leur canal où leurs amis les attendent avec des boissons, de la drogue, les sacs plastic remplis de vernis qu'ils inhalent et qui leur a donné leur nom, les "aurolaci". Le lendemain matin, au lieu de se présenter à 6 h, ils viennent à 10 h et leur patron les met à la porte. En outre, ils auront dû partager avec la bande le maigre argent gagné. "On n'aime pas les voir, mais il ne faut pas oublier qu'ils ne sont pour rien dans leur situation" se désespère un autre bénévole qui s'alarme de l'apparition d'une deuxième génération d'enfants de la rue : ceux qui naissent et grandissent dans le "canal" où leurs encore très jeunes parents ont eux-mêmes vécu ces dix dernières années. "Sortir une famille du canal et l'empêcher d'y retomber, c'est une mission impossible. Il faudrait l'énergie de dizaines de personnes. C'est au-dessus des moyens de la Roumanie, maintenant" constate-t-il, désabusé. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Musique A Connaissance et découverte Remus Azoitei, violoniste au talent reconnu par l'Académie Royale de Musique de Londres 31 ans, Remus Azoitei est devenu le plus jeune professeur de toute l'histoire de la prestigieuse Académie Royale de Musique de Londres, vieille pourtant de 180 ans. La vénérable institution a proposé au jeune violoniste non seulement d'interrompre sa seconde année d'études qu'il y menait mais lui a proposé de rejoindre le corps professoral. Remus Azoitei a parallèlement entrepris une carrière de concertiste qui l'a déjà conduit sur les plus grandes scènes de la planète où ses interprétations pleines de tempérament lui ont valu éloges et nombreux prix, ses prestations étant saluées par la critique, aussi bien en France qu'en Allemagne, qui a reconnu en lui "un violoniste de classe mondiale". Le jeune Roumain avait commencé très tôt l'apprentissage du violon à Galati, encouragé par ses parents, ingénieurs et mélomanes. Ceux-ci avaient d'ailleurs décidé, avec beaucoup de difficultés, de quitter les bords du Danube pour venir s'établir à Bucarest, en 1984, afin que leur fils puisse s'inscrire au Variétés F lycée de musique "George Enescu", puis à l'Académie de Musique "Ciprian Porumbescu". En 1995, Remus Azoitei remportait le prix Eugène Sirbu d'un montant de 1000 €, qui lui offrait aussi la possibilité de donner deux concerts aux Etats-Unis. Aidé par deux relations, persuadées de son talent, qui lui remirent 3000 €, il put se rendre à New-York et donna un récital qui enchanta une spectatrice de près de 80 ans, Dorothy Delay, la plus célèbre professeur de piano américaine. La vieille dame lui fit obtenir une bourse à la Juliard school de New-York, où un an d'étude coûte 27 000 € (180 000 F), et où il fut l'un des quinze interprètes admis à poursuivre un master de violon, sur un total de 500 musiciens venus du monde entier qui y suivent des cours. Depuis, la carrière de Remus Azotei a pris son envol mais, tout comme sa jeune compatriote, Alina Cojocaru, danseuse étoile à Covent Garden, l'Opéra Royal de Londres, l'artiste est davantage connu à l'étranger que dans son pays. Les deux jumelles effrontées de Cluj font un tabac en Angleterre Les "Cheeky Girls" : un "petit cul" adorable déboussole les ados timides in décembre, en quelques semaines, deux adorables et effrontées jumelles de 20 ans, Gabriela et Monica, originaires de Cluj, ont créé l'événement en Grande Bretagne avec un "single" (une seule chanson) qui est restée au hit-parade quatre semaines, occupant même la seconde place, alors qu'elles étaient totalement inconnues. Avec 360 000 exemplaires déjà vendus en un mois, leur tube, "Touch my bum" ("Touche mon petit cul") est bien parti pour leur assurer un disque d'or, décerné automatiquement quand la barre des 400 000 est dépassée. Mutines, les deux très jolies sœurs, qui ont pris comme nom de scène "Cheeky Girls" ("Les chenapantes") ont tapé dans le mille en s'adressant aux adolescents et garçons timides de leur âge pour les "décoincer". La chanson a été écrite en une demi-heure sur un coin de table par leur mère, Maggie, une Roumaine qui vit dans le Kent et est séparée de son mari, médecin à Cluj. "C'est de la culture de jeunes, simple à comprendre" plaide-telle devant les adultes dubitatifs devant le niveau du texte … et les chiffres de vente lui donnent raison. La chanson s'est imposée dans les discothèques, a fait le tour des écoles : "Je ne te demanderais jamais où tu vas; je ne te demanderais jamais ce que tu fais; je ne te demanderais jamais ce que tu penses; je ne te demanderais jamais si tu veux être à moi; Viens et souris, ne sois pas timide; touche mon petit cul, c'est la vie; nous sommes les chenapantes; vous êtes les chenapans". Difficile de résister ! Le site Internet de CNN Europe a consacré un grand article avec photo aux deux clujoises, lesquelles ont commencé à faire un tabac aux Etats-Unis et aux Canada, y faisant l'objet de reportages dans plusieurs journaux à grand tirage Le succès des jumelles s'apprête à franchir la Manche, les "Cheeky Girls" devant faire une tournée de présentation en Allemagne, Autriche, France et Hollande. Elèves dans une école de danse et d'art dramatique de Cluj, où on les trouvait gâtées, trop délurées, manquant de la grâce et de la rigueur exigées pour les ballerines, Gabriela et Monica Irimia vivent un vrai rêve. Elevées pendant sept ans par leur grandmère de 80 ans, après la séparation de leurs parents, les deux sœurs ont rejoint leur mère en Angleterre, en 2001, pour de simples vacances qui durent encore… et viennent de recevoir le droit d'y résider. 39 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Histoire BAIA MARE z ARAD z z z z SUCEAVA ORADEA CLUJ z TARGU MURES z DEVA z z SIBIU TIMISOARA z CODAESTI BACAU z IASI z z GALATI z BRASOV z BRAILA PITESTI CRAIOVA z VASLUI z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Suspectée d'avoir dénoncé son mari 22 40 Ana Pauker a eu une vie sentimentale agitée et on lui a prêté de nombreux amants, qui avaient cependant tous la caractéristique d'être, à ses yeux, "politiquement correct". Deux enfants sont nés de son mariage avec Marcel Pauker : Vlad, en 1926, et Tatiana, en 1928. Leurs attributions respectives au sein du Kominterm les éloignant géographiquement, le couple se délite. Marcel a une liaison avec une militante communiste de Bessarabie, dont naît un fils, Iakov, en 1931. De son côté, Ana, envoyée à Paris, y rencontre Eugen Fried, homme lige mandaté par Staline pour réorganiser le Parti Communiste Français dont il est le secrétaire général, et qui installera Maurice Thorez à sa tête. De leur relation, naîtra en 1932, à Moscou, Marie, qui sera élevée par Aurora, l'ancienne maîtresse de Thorez, devenue la femme de Fried… ce qui accréditera le bruit que le premier serait son véritable père. Prise par ses activités militantes, Ana confiera ses deux premiers enfants au MOPR ("Le Secours rouge", œuvre sociale communiste pour les militants). Ana Pauker apprendra l'arrestation de son mari comme "ennemi du peuple", "pour trotskisme", sa déportation et son exécution, en 1938, lors des purges staliniennes, alors qu'elle est elle-même en prison en Roumanie. Elle sera suspectée de l'avoir dénoncé, aveuglée par son fanatisme mais, plus tard, elle démentira cette version et la question est toujours sujette à controverse, aujourd'hui. De retour en Roumanie avec l'Armée Rouge, la stalinienne fanatique sera déchue par son propre parti Ana Pauker, toute puissante matrone d'un régime honni, importé d'URSS A na Pauker… L'évocation du nom fait encore frémir bien des Roumains qui y accolent les souvenirs de l'instauration du régime communiste, de sa terrible épuration et de la collectivisation forcée. Pourtant, cette figure de premier plan du communisme international le plus sinistre, devenue la première femme au monde ministre des Affaires étrangères, en 1947, avant d'être dévorée, elle-aussi, par la Révolution qu'elle avait contribué à mettre en place, suscite parfois des ébauches de réhabilitation de la part d'historiens américains. Ces tentatives indignent les Roumains qui n'oublient pas le rôle d'une poignée d'intellectuels et activistes - essentiellement d'origine juive, ne manquent-ils pas de souligner formés à Moscou, revenus au pays dans les fourgons de l'Armée Rouge pour l'aider à installer la dictature communiste dans un pays qui n'en voulait pas et où ils étaient ultraminoritaires. Pour des générations de Roumains, Ana Pauker est cette matrone d'un régime qui, au temps de sa toute puissance, entre 1947 et 1952, ne circulait à travers le pays que dans une voiture blindée, escortée par d'autres véhicules de la police secrète, changeant sans arrêt de place… sans-doute de peur d'être victime du sentiment de haine et de dégoût que nourrissait tout un peuple à son égard. De la communauté juive de Vaslui au bolchevisme Ana Pauker, de son vrai nom, Ana Rabinsohn, est née le 13 décembre 1893 dans une famille juive de Codaesti (judet de Vaslui), en Moldavie. Son père était chanteur, puis professeur d'hébreu à la synagogue locale; sa mère, Sarah, beaucoup plus pragmatique, tenait une petite épicerie. La communauté juive était nombreuse dans la région, la politique antisémite du tsar Alexandre II (1818-1881) ayant conduit des centaines de milliers de ses membres à fuir la Russie pour des cieux plus tolérants et mieux disposés à accueillir leurs activités. Son grand-père ayant remarqué ses dispositions, Ana fut inscrite à l'école Heder censée n'accueillir que les garçons de sa communauté. Elle y suivit une scolarité de huit années, avant de fréquenter une école pour devenir couturière. Plus tard, à l'âge de 18 ans - ce sera son premier engagement - elle militera au sein du mouvement Bait Ya'cov qui avait pris en charge la scolarisation des jeunes filles juives, et donnera des cours d'hébreu. Révoltée par l'injustice sociale qui règne dans le pays, Ana Rabinsohn rejoint un groupuscule socialiste, le PSDMR (Parti Social-Démocrate des Travailleurs Roumains), en 1915. Elle a 22 ans et sa vie prend dès lors une autre tournure, qui l'éloigne du destin habituel des jeunes filles de sa communauté pour prendre le chemin de la révolution et de l'internationalisme. Sous l'effet de la Révolution russe, le PSDMR se divise entre radicaux et modérés. La jeune femme rejoint les premiers et les aide à constituer un "conseil secret", d'orientation bolchevique. En cette période agitée de la fin de la première Guerre mondiale, alors que la Roumanie, qui s'est rangée aux côtés des alliés, parvient enfin à faire son unité, elle distribue des manifestes appelant à l'autodétermination des minorités. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les rigueurs de l'hiver lèvent un coin de voile sur la détresse de nombreuses familles Social A Târgu Jiu, Dalia, dix ans, pleure de froid L a vague de froid de décembre (-34° à Buzau) a une nouvelle fois confronté les Roumains aux graves problèmes de chauffage qui existent dans les blocs des villes. Sinistrée par le chômage et la fermeture de nombreux puits, la vallée minière de Jiu a particulièrement souffert. A Târgu Jiu, certains immeubles n'ont plus de chauffage depuis des années. Des familles vivent entassées dans des studios. Les plus fortunés se sont procurés un poêle à mazout ou à bois. Ce n'est pas le cas de la famille Oprisescu. Mirela, la mère, 32 ans, et son mari, sont au chômage. A la maison, tout le monde porte trois à quatre épaisseurs de vêtements. La plus petite des deux filles, Dalia, dix ans, pleure à cause du froid, ce qui brise le cœur de sa mère qui la réchauffe en la serrant contre sa poitrine. Elle est déjà tombée trois fois malade en moins de deux mois. L'école n'est pas un refuge car, elle non plus, n'est pas chauffée. Les élèves doivent rester dans les classes avec leurs gants et leur caciula sur la tête. La voisine, Floarea, 33 ans, affirme que depuis six ans, le bloc n'a reçu du chauffage qu'en une occasion. Elle réchauffe les lits avec des bouillottes improvisées. La famille s'est débrouillée pour acquérir un poêle fonctionnant au bois, mais il consomme beaucoup; il a fallu en faire rentrer quatre mètres cubes et regrouper tout le monde dans la chambre des parents pour pouvoir l'entreposer. A l'étage inférieur, Ovidiu, 10 ans, apprend ses leçons en s'enfouissant sous une couette. Ses parents ont bien acheté un poêle à mazout, mais cela revient trop cher à faire fonctionner toute la journée, alors il ne marche que 2-3 heures par jour. Pour tenir chaud dans le lit, sa mère met des briques ou des Un quart d'enfants en moins dans les orphelinats E n 2002, le nombre d'orphelins, enfants abandonnés ou retirés à leur famille, pris en charge par l'Etat a diminué de un quart, passant de 57 000 à 43 500. 47 orphelinats ou institutions publiques spécialisées ont été fermés ou transformés en services alternatifs et centres de placement familiaux. 18 000 enfants ont ainsi pu rejoindre le système d'enseignement normal et fréquenter les mêmes écoles que les camarades de leur âge. 78 maisons et 112 appartements où les enfants bénéficient d'un environnement de type familial ont été mis en service. Par ailleurs, le nombre d'assistantes maternelles professionnelles est passé d'un peu plus de 3000 à près de 9000. pierres sur la cuisinière ainsi que des sacs remplis de sel. "C'est bon pour la santé" assure-t-elle. Salle à manger transformée en dépôt de charbon Dans la ville voisine de Rovinari, 12 000 habitants, 2000 chômeurs et 500 personnes ne vivant qu'avec l'aide sociale, tous les appartements se sont débranchés du chauffage. La mairie a bien investi 450 000 € (3 MF) pour la construction d'une centrale thermique et de mini-centrales pour les blocs, mais leurs occupants ont refusé de s'y brancher, de peur de ne pas pouvoir payer les factures. Aurelia, 35 ans, deux fillettes (2 ans et 12 ans), ne se souvient plus avoir eu du chauffage et de l'eau chaude depuis qu'elle a emménagé dans les lieux… en 1987. Elle invente mille choses pour que ses enfants résistent au froid. Chaque jour, elle leur prépare un bain de pieds brûlant, leur confectionne des boissons chaudes aux noix et oignons, réputées pour guérir la toux et les maux de gorge. Chaque semaine toute la famille va chez le médecin. Dans la ville toute proche de Matasari, la situation est identique. Mais comme ici on est près d'une mine, les gens ont acheté des poêles au charbon. Tous les adultes de la famille Olteanu - dix personnes au total - sont au chômage. Afin de gagner quelques sous, les enfants vont dans les galeries désaffectées chercher du charbon pour les voisins. La salle à manger a été réquisitionnée pour le stocker et tout le monde dort dans la même pièce. La famille est très heureuse de sa dernière acquisition : un poêle en terre qui garde la chaleur plus longtemps. Des enfants qui grelottent à l'hôpital de Lugoj D epuis le début de l'hiver, les enfants sont transis de froid à l'hôpital municipal de Lugoj où la température moyenne ne dépasse pas 8° dans les salles. Souvent internés pour des maladies pulmonaires, les petits pensionnaires doivent s'habiller et s'enrouler dans leurs couvertures la nuit pour résister à la chute des températures, le système de chauffage étant alors arrêté. En pédiatrie, des parents ont La température moyenne ne dépassait pas huit degrés, cet hiver, préféré récupérer leurs bébés et les dans les salles de l’hôpital de Lugoj. soigner à la maison, plutôt que de les laisser dans ces lieux. Même le chef de service qui avait pris froid a été obligé de s'arrêter, début janvier, alors que le thermomètre enregistrait - 26° à l'extérieur. Le directeur de l'hôpital, tout en reconnaissant qu'il fait froid, estime que la situation n'est pas si grave que çà et la met sur le compte de la vétusté de l'installation de chauffage qu'il a tenté en vain de faire réparer ou rafistoler. 13 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z z ARAD z CLUJ DEVA z TIMISOARA BAIA MARE ORADEA z SUCEAVA z z TARGU MURES SIBIU z IASI z z BRASOV GALATI z z z LUGOJ z TARGU JIU CRAIOVA z PITESTI BRAILA z z BUCAREST BUZAU z CONSTANTA z Six mois de soldes pendant l'année 12 22 Confection, lingerie, chaussures, articles de sport, électro-ménager, meubles… les Roumains se familiarisent avec les soldes, notamment à Bucarest où les vitrines sont barrées d'affiches "Atentie, cad preturile !" (Attention, les prix tombent !). Les commerçants entendent ainsi liquider leurs stocks estimés à 10-15 %, en proposant des ristournes allant de 20 à 50 % et atteignant jusqu'à 70 % au mois d'août. Le phénomène est encore trop récent pour savoir s'il a déjà engendré un comportement attentiste chez une clientèle guettant ces périodes et différant ses achats, comme en Occident, les soldes devenant alors partie prenante de la stratégie globale des commerces. Mettre un peu d’ordre dans une pratique anarchique En Roumanie, elles se déroulaient de manière un peu anarchique jusque là, chacun fixant ses périodes de promotion comme il l'entendait, en dehors de toute réglementation. Celle-ci, peu respectée encore, a cependant vu le jour le 1er janvier dernier, délimitant la période des soldes d'automne-hiver du 15 janvier au 15 avril, et celle de printemps-été, du 1er août au 31 octobre, soit, au total, six mois. Carrefour n'a cependant pas attendu cette période pour habituer sa clientèle à des réductions régulières sur l'ensemble de ses produits, tout au long de l'année, portant sur une baisse de 20 % de leurs prix. Investisseurs hors UE: 100 000 € minimum pour être autorisé à s'installer U ne nouvelle réglementation exige que les investisseurs étrangers, hormis ceux originaires de l'UE, des pays occidentaux et du Japon, disposent désormais d'un capital de 100 000 € (650 000 F), d'un plan précis d'investissement et d'une activité équivalente dans leur pays d'origine, pour pouvoir développer leurs affaires en Roumanie et y bénéficier d'un visa long séjour. Cette nouvelle mesure vise les petits investisseurs d'origine moyen-orientale et de Chine, suspectés de se servir de la Roumanie comme base d'accès ultérieure aux marchés de l'UE. Elle a fait réagir négativement le président des associations d'investisseurs en Roumanie qui note qu'avec seulement 8,6 milliards d'euros (57 milliards de F) de capitaux attirés depuis 1990, la Roumanie est le moins attractif des ex pays de l'Est et que les petits investisseurs ont injecté des sommes importantes dans l'économie roumaine, créant de très nombreux emplois. A ses yeux, cette nouvelle condition ne peut que décourager les entreprises étrangères déjà confrontées à l'incroyable lourdeur de l'administration, exigeant une centaine d'avis avant de délivrer une autorisation, et à la corruption. En Hongrie, un investisseur étranger potentiel ne doit justifier que d'un apport de 15 000 € (100 000 F) et en Pologne de 25 000 € (165 000 F). A savoir Dix millions de cartes de crédit dans cinq ans D'après le directeur de Master Card pour la Roumanie, ce pays est très loin d'avoir épuisé son potentiel de développement au niveau des cartes de crédit, lequel devrait se développer fortement dans les cinq ans à venir pour atteindre 10 millions de titulaires. Le marché est entravé par le faible nombre de commerçants acceptant les cartes ou étant équipés à cet effet : 5000 seulement en Roumanie, contre 33 000 en Slovaquie, 39 000 en République Tchèque, 114 000 en Pologne… et plus d'un million en Italie ou en France. Premières rames automotrices livrées Les deux premières rames automotrices commandées à Siemens sont entrées en service le 1er février sur les lignes Bucarest-Iasi et Bucarest-PitestiCraiova. Composées de deux wagons avec un couloir continu, disposant de 123 places assises et de 90 debout, elles peuvent circuler à 120 km/h, sous le régime des trains inter-city qui effectuent les liaisons les plus rapides entre les grandes villes, sans supplément de prix. La SNCFR a passé une commande de 120 rames à la firme allemande, dont 57 doivent être livrées cette année. Près d'un tiers du personnel licencié à RomTelecom OTE, l'opérateur grec qui détient, depuis janvier, 54 % du capital de RomTelecom, contre 35 % auparavant, a décidé immédiatement de supprimer dans les années à venir près d'un tiers du personnel, soit 9000 employés sur 30 000. Pour justifier sa décision, la compagnie s'appuie sur la stagnation du marché prévue pour les deux prochaines années, la baisse de son action à la suite de la perte de son monopole dans le domaine de la téléphonie fixe, et l'ajustement de ses tarifs. OTE a toutefois précisé qu'il comptait investir près de 300 M€ (2 milliards de F) pour la modernisation du réseau, dans les trois prochaines années. Autoroute Bucarest-Brasov Le travaux du premier tronçon de l'autoroute Bucarest-Brasov, d'une longueur de 65 km allant jusqu'à Ploiesti, sur un trajet de 170 km, devraient commencer au cours de ce premier trimestre 2003 et durer quatre ans. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Un internationalisme qui tient lieu de patrie Cette attitude sera désormais un trait dominant de son engagement : le militantisme internationaliste, que ce soit au sein du Komintern (1919-1943), puis de son successeur, le Kominform (1947-1956), les organisations extérieures communistes, courroies de transmission de l'URSS. Dès lors, elle rejettera tout attachement sentimental avec son pays, le remplaçant par un autre patriotisme, fondé sur une obédience autrement aveugle, à un parti, à une puissance étrangère, et à son chef. Envoyée en Suisse par son employeur, un industriel qui lui avait confié un poste de bibliothécaire, pour continuer des études… qu'elle ne suivra jamais, elle y rencontrera son mari, Marcel Pauker, un militant communiste, roumain et juif comme elle, qui y faisait des études d'ingénieur. De retour en Roumanie, le couple participera à la création du Parti Communiste Roumain, en 1921, lequel adhère immédiatement au Komintern. Son engagement en faveur de la séparation des provinces où vivent des minorités - il aurait conduit notamment au rattachement de la Bessarabie à l'URSS - considéré comme une trahison vis à vis de l'unité nationale roumaine, lui vaut un premier séjour en prison, fin 1921, suivi d'une amnistie en 1922. Le PCR, dirigé alors par Elek Koblos - un juif hongrois… la pire des origines aux yeux des Roumains de l'époque - étant déclaré hors la loi en 1924, Ana Pauker est à nouveau arrêtée et ne sera libérée que deux ans plus tard. Connaissance et découverte Affaires étrangères de Staline, qui ne pipera mot quand celuici déportera sa femme, d'origine juive… L'époque où elle se décrivait comme une femme rêveuse, altruiste est bien lointaine. Ana Pauker échappe à la grande épuration stalinienne des années 1935-37, qui prend déjà un caractère antisémite marqué. Les Soviétiques la considèrent alors comme leur "homme" pour la Roumanie, "le seul" qu'ils agréent totalement. Cette confiance se concrétisera en 1940 quand, rentrée au pays cinq ans plus tôt et arrêtée pour la 3ème fois, condamnée à dix ans de prison dans le cadre du procès de Craiova contre les dirigeants du PCR, elle est la seule détenue libérée par Bucarest, à la demande de l'URSS, et échangée par les Soviétiques contre le leader des Roumains de Bessarabie, Ion Codreanu qu'ils ont emprisonné. Des semi-analphabètes à la place des fonctionnaires Dès l'entrée des chars russes dans Bucarest, début septembre 1944, Ana Pauker est à pied d'œuvre. Elle est l'une des sept secrétaires du comité central du PCR, devenu plus tard le PMR (Parti Ouvrier Roumain) à la suite de sa fusion avec le PSDR (Parti Social Démocrate Roumain). A ce titre, ces apparatchiks ont la main haute sur l'appareil du Parti et tirent les ficelles du gouvernement de l'homme de paille que Moscou a installé au pouvoir le 6 mars 1945, le docteur Petru Groza. Dès le lendemain, les communistes déclenchent une répression à large échelle. Plus de 70 000 fonctionnaires et Devenue "L'homme de Moscou" cadres sont licenciés, arrêtés, envoyés dans des camps de travail. Trois semaines plus tard, Ana Pauker réprimande son Près de deux décennies d'errance, au service du camarade, Teohari Georgescu, le sinistre ministre de Komintern, commencent alors. l'Intérieur, estimant qu'il ne va Successivement à Prague, pour pas assez vite en besogne. soigner son mari, à Berlin pour Des demi-analphabètes, réactiver le PC allemand, à Paris parfois des détenus de droit pour s'occuper du PC français, à commun ou des voyous les Vienne, où elle traduit les œuvres remplacent… s'ils peuvent se de Lénine, Ana, désormais prévaloir d'une "origine saine", Pauker, est devenue une militante c'est à dire appartenant à des familles sans biens, ne compprofessionnelle. Sa plus grande tant pas d'intellectuels, de proambition est de rejoindre l'école fessions libérales et de prêtres du Parti à Moscou. Mais ses tendans leur rang. Pour mener à tations trotskistes exprimées lors bien sa tâche, le Parti avait du IVème congrès du PCR, qui besoin d'exécutants dociles, ne s'est tenu en Ukraine en 1927, la se posant pas de questions. desservent. Toutefois, l'insistance de relations haut placées lui en Un décret gouvernemental ouvre les portes. légalisera l'affaire : il ne sera Ana Pauker, lors d’un meeting, sous les portraits de Petru Groza, plus nécessaire d'avoir un Commence alors une ascenprésident du Conseil, homme de paille des communistes, et du jeune Roi Michel, dont l’image est utilisée pour leur cause. minimum d'études pour exersion foudroyante au sein du Komintern. Vouant une obéissance sans faille à ses maîtres de cer les fonctions de préfet, maire, directeur de services déparMoscou, une admiration sans limite au "Petit père des tementaux, inspecteur des finances, etc… La carte du Parti peuples", Ana Pauker est devenue une apparatchik sans scrutient lieu de diplôme. Ainsi, à Pâncota (Arad), c'est un tsigane pules, stalinienne fanatique… qui avalera sans rien dire la analphabète, voleurs de chevaux, qui devient président de la déportation dans un goulag de son mari, soupçonné de "trahiCAP (Coopérative Agricole de Production), et propulse sa son trotskiste", et son exécution. Elle est amie avec sœur chef-comptable… La mairesse désignée par le Parti était, Viatcheslav Molotov (1890-1986), inamovible ministre des elle, connue de tous pour être la prostituée de la commune. 41 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Le grand poète et philosophe Lucian Blaga condamné à balayer les caniveaux de Cluj z z BAIA MARE ORADEA z z z z CLUJ DEVA z PITESTI CRAIOVA z BACAU GALATI z PREDEAL z IASI z BRASOV z SIBIU TIMISOARA z z z BRAILA z PLOIESTI BUCAREST CONSTANTA z "Pire que la Siguranta" "Vous arrêtez quelqu'un; vous le traitez d'espion, vous le brutalisez par des méthodes que je n'ai jamais connues dans aucune prison, même à la Siguranta (police secrète de l'ancien régime); vous l'insultez, l'humiliez, jetez ses enfants hors de chez lui… sans oublier de dire "Excusezmoi" comme si vous lui aviez marché sur les pieds "… 42 22 Economie Grief d'Ana Pauker à l'encontre de ses anciens camarades communistes, devenus ses juges, lors de son procès, en 1952. "Un serpent fascinant" "Une grosse et forte femme, une tignasse grise courte et en désordre, un regard bleu sauvage sous des paupières qui tombent, un sourire fascinant que ne pouvait cacher sa lèvre supérieure débordant sur son menton… tout en elle révélait un forte personnalité. J'ai toujours pensé quand je la voyais qu'elle était un boa constrictor qui venait d'avaler sa proie et qui n'était pas pressé de vous manger. Lourde et empruntée, elle avait l'aspect repoussant et terriblement fascinant d'un serpent. A simplement la regarder, je pouvais très bien me l'imaginer en train de dénoncer son mari, qui sera fusillé plus tard. Je compris par quelle froide et déshumanisée volonté elle avait atteint les sommets du pouvoir". Portrait d'Ana Pauker par la princesse Ileana de Roumanie (19091991), tante du Roi Michel, (I live again, Je revis, Edition Golancz, Londres, 1952). Chargée de la réorganisation des structures de l'Etat à tous les niveaux, et considérée comme une intellectuelle malgré son maigre bagage en la matière, Ana Pauker joue aussi un rôle de premier plan dans la "purification culturelle" du pays, menée en même temps. Le but est simple : il faut éliminer l'élite et la remplacer par une nouvelle caste, créée de toutes pièces par le PCR, dont elle-même fait partie avec le ministre de l'Intérieur et qui ne compte que des opportunistes : Iosif Chisinevski, Leonte Rautu, Mihai Roler. Toute liaison avec la culture occidentale est interdite En 1949, le régime annulera l'accord culturel passé avec la France, onze ans plus tôt. Prison avec parfois la mort au bout, intimidations, harcèlements, mises à l'écart vont sinistrer durablement la brillante culture roumaine. Professeur à l'université de Cluj, le grand poète et philosophe Lucian Blaga, universellement connu, proposé pour le Prix Nobel, est envoyé au "munca de jos" ("travail d'en bas"). Devenu ouvrier, il est chargé par la mairie, à plus de 60 ans, de balayer les caniveaux de la ville, dont ceux de la place centrale qui porte aujourd'hui son nom. Ses étudiants se relaieront la nuit pour effectuer sa tâche. Plus tard, il sera confiné dans un poste de bibliothécaire. Ami de Matisse, le peintre Theodor Pallady est totalement isolé à son domicile, sans contacts extérieurs, à cause de son refus de respecter les "canons artistiques" du stalinisme. Le poète Tudor Arghezi, consacré par des prix prestigieux à l'étranger, est interdit de publication et vendra des cerises ou des pommes pour survivre. Quand à l'historien Gheorghe Bratianu, il mourra en prison des suites de mauvais traitements. Prudente sur la collectivisation car effrayée par l'expérience soviétique Ana Pauker s'efforce d'étendre son emprise sur le pouvoir. Alors qu'elle a 52 ans, elle tentera même d'élargir son influence jusqu'au jeune roi Michel, 23 ans, encore célibataire et toujours chef de l'Etat, en essayant en vain de le séduire. Après un court passage à la tête du ministère des Affaires étrangères, en 1947, où elle servira la voix de son maître Staline, Ana Pauker va devenir le personVictimes d’une purge, Vasile Luca et Teohari Georgescu tomberont en même temps qu’Ana Pauker. nage central d'un des épisodes les plus terribles que la Roumanie ait connu. Ministre de l'Agriculture, en 1948, dans un pays où la paysannerie constitue encore 80 % de la population, elle a en charge la collectivisation en masse des campagnes imposée par Moscou. Pourtant, elle est prudente, non par humanisme mais pour s'assurer de la réussite de cette entreprise. En 1930, en stage à l'école du léninisme de Moscou, elle a fait partie d'une délégation chargée de contrôler dans la région de la Volga, la collectivisation forcée décidée par Staline. La famine qui en a résultée, la révolte des paysans russes, l'ont effrayée. Elle a assisté aux arrestations massives, aux déportations, aux exécutions sommaires auxquels le pouvoir procède dans des proportions hallucinantes, pour venir à bout des résistances. Mais le plénum du comité central du Parti de mars 1949, décide de passer outre ses réserves, supprime d'un coup de plume la grande réforme agraire de 1945 qui avait permis à des centaines de milliers de familles d'agriculteurs de devenir propriétaires de leurs champs et ordonne la confiscation des terres, tout en laissant croire aux paysans qu'ils sont libres de leur choix. Pour mener à bien son projet, le pouvoir mobilise des forces énormes de la milice (police), de la Securitate, appelle à la rescousse l'Armée, recrute des mouchards sur place. Dénichés en ville, des délinquants issus de la pègre viennent terroriser et brutaliser les récalcitrants. Actualité Les "dragons" coréens peinent à changer la mentalité des ouvriers du chantier naval de Mangalia, repris par Daewoo en 1997 Gymnastique matinale contre tsuica z SUCEAVA TARGU MURES z ARAD Les NOUVeLLes de ROUMANIe E n 1997, Daewoo a repris le chantier naval de Mangalia, quasiment en état de faillite, acquérant 51 % des parts. A cette époque, seulement un bateau par an sortait de ses cales et 25 étaient en réparation. En 2001, le chantier de Mangalia en a construit 54 et réparé 30. Il emploie 3500 personnes et en fait vivre 2500 autres dans des entreprises en sous-traitance. Avant l'arrivée du géant coréen, le matériel et l'outillage étaient à l'état d'abandon, les ouvriers ne recevaient pas leurs salaires, restaient les bras ballants, fumant une cigarette, buvant une tsuica, attendant les ordres. Quand ceux-ci arrivaient, ils n'étaient pas exécutés, de peur de faire des bêtises. Aujourd'hui, un soudeur gagne 7,5 millions de lei net (230 €, 1500 F), soit plus de deux fois le salaire moyen, un contremaître, 12 millions de lei (365 €, 2400 F). mesures de sécurité, les cadres ne montraient pas l'exemple. Personne n'attachait son harnais de sécurité quand il fallait effectuer un travail en hauteur, ne portait son casque de sécurité ou son masque de protection pour souder. Des contrôles effectués post-mortem à la morgue, sur des ouvriers qui s'étaient tués en tombant d'un échafaudage relevaient souvent des taux d'alcoolémie supérieurs à deux grammes… Un an après son arrivée, la direction a créé une police de la sécurité de douze hommes qui patrouille à travers tout le chantier, relevant les infractions. Celui qui est surpris pour ne pas avoir respecté les consignes, reçoit un carton jaune. Il ne lui sera retiré que s'il ne commet pas d'autres fautes dans les trois mois. Mais, là encore, il a fallu adapter le règlement à l'esprit local. Alors qu'en Corée, l'avertissement suivant conduit immédiatement à un carton rouge, entraînant une retenue sur salaire de 10 %… à Mangalia, celui-ci n'est attribué qu'au "Un talent extraordinaire pour troisième. La sécurité s'est toutefois notane pas faire le boulot demandé" Le choc des cultures sur les chantiers de Mangalia a surpris tout autant les travailleurs blement améliorée, même si l'on voit touroumains que les commanditaires Coréens. jours des contremaîtres chargés de la forTout, pourtant, est loin d'être rose sur le chantier… surtout pour les Coréens qui s'arrachent souvent mation des jeunes soudeurs se balader en tennis, alors que des les cheveux. Les trois premières années, plutôt que de partir à bottes de protection métalliques sont exigées. la conquête du marché mondial, la nouvelle direction du chantier s'est échinée à convaincre les ouvriers à se mettre au tra"Souffler dans le ballon" avant l'embauche vail. Plusieurs centaines d'entre eux ont été envoyés en formation en Corée du Sud, sur le chantier mère du port de Okpo, qui Quant à l'alcool, la mesure prise a été radicale. Le chantier compte 11 000 employés. De nombreux autres y sont encore. s'est équipé d'éthylomètres identiques à ceux de la police et les Pour autant, les ouvriers de Mangalia n'ont pas acquis ouvriers sont contraints de "souffler dans le ballon" avant cette discipline et ce sens de l'effort qui ont fait du "Pays du d'embaucher. Ceux qui sont pris en état d'ébriété sont immématin calme" un des "dragons" de l'économie mondiale. La diatement renvoyés. relation au travail y est toute différente. "Ici, j'ai découvert Les employés ont dû aussi se soumettre sans trop discuter qu'on avait un talent extraordinaire pour ne pas faire le bouà une pratique typiquement asiatique. Ils sont tenus d'arriver lot demandé. Il doit bien exister 6000 motifs pour ne pas l'exédès 7 h 30, une demi-heure avant l'embauche, de nettoyer les cuter" confiait un cadre coréen à un journaliste lieux de leur travail et, le quart d'heure suivant, de se livrer à d'"Evenimentul Zilei" ("L'Evènement du Jour"). une séance de gymnastique et d'étirements, ce que les jeunes La journée de travail commence à 8 h pour s'achever à 16 ont maintenant assimilé… les vieux rechignant toujours à exéh 30, avec une pause déjeuner d'une demi-heure. Mais, trois cuter ces mouvements d'extension et de génuflexion inspirés quarts d'heure avant la fin, les ouvriers se dirigent déjà vers la d'un autre univers. Les trois premiers mois, le rythme était sortie. Il a fallu instaurer un appel avec retenue sur le salaire donné par hauts-parleurs… en coréen. en cas de départ prématuré pour limiter le phénomène. Autre comportement qui déroute totalement les Asiatiques Tarom négocie son : les innombrables vols de matériel sur le chantier, comme s'il adhésion à l'alliance SkyTeam s'agissait d'un sport. Un directeur a même surpris son chauffeur en train de dérober l'essence de sa voiture. a compagnie aérienne nationale Tarom a entamé des discussions en vue de son adhésion à l'alliance Une police de sécurité de douze hommes SkyTeam qui comprend six membres : Air France, l'américain Delta Ailines, Alitalia, le tchèque CSA Czech Ces deux points demeurent toujours une préoccupation Airlines, Aeromexico et Korean Air. Par le jeu de ces majeure. Mais dans d'autres domaines, les esprits ont un peu alliances, Tarom, qui dessert 44 destinations, pourrait ainsi en évolué, même s'il reste beaucoup à faire. Auparavant, les acciproposer 500 à sa clientèle, dans 114 pays et sur 8000 vols dents de travail étaient nombreux. Tout le monde se fichait des quotidiens. L 11 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Economie z ORADEA BAIA MARE z z ARAD CLUJ z SUCEAVA TARGU MURES z IASI z z BACAU z z HOGHIZ z DEVA z z GALATI z SIBIU TIMISOARA z BRASOV TARGU JIU BRAILA z z PITESTI z MEDGIDIA CRAIOVA z BUCAREST z z MANGALIA Lafarge a mis le cap sur la protection de l'environnement et la formation 22 10 Lafarge, numéro un mondial du ciment, a investi 20 M€ dans son usine de Medgidia et 17 autres dans celle de Hoghiz pour la protection de l'environnement. Le groupe français a fait également des efforts importants dans le domaine des ressources humaines, concernant aussi bien le personnel licencié que celui qui restait. Quand il est arrivé en Roumanie, la production sur place était assurée par 8000 personnes alors qu'elle équivalait à celle de 800 dans les autres pays d'Europe. La firme a fait appel aux départs volontaires, proposant deux ans de salaire, une formation ou bien un appui à ceux qui voulaient ouvrir leur propre affaire, ce qui a été rarement le cas. Lafarge a toutefois créé la première pépinière privée d'entreprises de Roumanie à Medgidia, offrant conseils et locaux. A Târgu Jiu, au cœur de la région déshéritée des mineurs, elle a encouragé un de ses anciens ingénieurs à monter un atelier de réparation et d'entretien mécanique destinée à ses propres usines. L'affaire marche et emploie 90 anciens du groupe. Par ailleurs, le cimentier a entrepris une requalification du personnel restant, comprenant aussi des cours d'anglais et français, les deux langues de Lafarge, pour tout le monde. Ses spécialistes ont été envoyés pour des stages dans d'autres unités à l'étranger et sont revenus en Roumanie après plusieurs mois de formation. Les pays candidats à l'UE de plus en plus attractifs A vec leur société de consommation en émergence, moins bien équipée que leurs voisins d'Europe Occidentale, les douze pays de l'Est candidats à l'UE constituent une réelle opportunité économique et intéressent de plus en plus les entreprises françaises, comptant un potentiel de plus de cent millions de consommateurs. Autre atout de taille à leurs yeux : leur main d'œuvre encore bon marché. Plusieurs industriels, notamment dans le textile et l'électroménager y ont d'ailleurs délocalisé leur outil de production depuis quelques années. Mais si la plupart des grandes entreprises industrielles et de services françaises ont une très bonne présence à l'Est, en revanche, les entreprises moyennes, à l'exception de l'industrie agro-alimentaire, sont souvent en retard par rapport à leurs concurrentes allemandes. Les banques françaises sont aussi dans ce cas, largement supplantées par les banques allemandes, autrichiennes et italiennes, malgré la présence de la Société Générale qui a racheté la BRD (Banque Roumaine de Développement), la Komercny Banka tchèque, la SKB slovène, et l'Express Bank bulgare. Cependant les taux de croissance attractifs qu'enregistrent les pays de l'Est, les opportunités économiques qu'ils offrent, ne doivent pas faire oublier certaines zones d'ombre, au premier rang desquelles le fonctionnement opaque des affaires avec leurs pratiques de pots de vin et de corruption généralisées à toute la région, et le risque d'instabilité politique. Si pour ce dernier, l'entrée dans l'UE devrait calmer les choses dans la décennie, pour les premières il faut plutôt parler en terme de générations. La France au premier rang en Roumanie et Pologne Au total, en 2000, on comptait 1650 filiales d'entreprises françaises dans les douze pays candidats à l'UE. En Roumanie, la France est traditionnellement le premier investisseur étranger, en particulier grâce à France Télécom qui a investi 400 M€ (2,6 milliards de F) pour la mise en place d'un réseau de téléphonie mobile et Renault qui a payé 270 M€ (1,8 milliards de F) pour reprendre et moderniser le constructeur Dacia. En Pologne, la France est également le 1er investisseur, mais depuis 2000. Danone, France Télécom, Total-Elf-Fina, LVMH, Pernod-Ricard, y ont investi 10 milliards d'euros (65 milliards de F), devant les Américains, (8 milliards d'euros) et les Allemands (7 milliards d'euros). Quand un Polonais fait ses courses dans une grande surface, il y a de bonnes chances qu'il aille chez Carrefour, Auchan et Casino. Faiblement présente en République Tchèque dans les années 95 (5 % des investissements étrangers), la France y comble son handicap, grâce surtout au contrat signé par Vivendi pour la gestion des eaux de Prague, et la Société Générale. Sa part est passée à 30 % et elle est remontée du 6ème rang au 4ème, derrière l'Allemagne, les Pays bas et l'Autriche, malgré un tassement de sa position en 2002, GDF et EDF ne réussissant pas à emporter les marchés de la distribution du gaz et de l'électricité. En Hongrie, la France figure à la 3ème place, derrière l'Allemagne (un tiers des investissements étrangers), les Etats Unis (un quart), ex aequo avec l'Autriche (10 %). En revanche, en Slovaquie, la France n'arrive qu'en 7ème position et sa présence est très faible dans les pays baltes.Un constat s'impose : lorsqu'ils rachètent une entreprise publique privatisée, les Français n'hésitent pas à supprimer de nombreux emplois, comme Renault lors de la reprise de Dacia. En cinq ans, le constructeur a prévu de réduire les effectifs de l'usine de Pitesti de 40 %, passant de 27 000 à 16 000 employés. Paris, 3ème partenaire commercial de Bucarest E n 2002, les échanges commerciaux entre la France et la Roumanie se sont montés à 2 milliards d'euros, soit près de + 15 %, se partageant pratiquement à moitié entre importations et exportations. Entrant pour 7 % dans la balance commerciale de la Roumanie, l'Hexagone se situe en 3ème position, derrière l'Allemagne et l'Italie. 2767 sociétés mixtes ont été formées entre les deux pays. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Des paysans contraints de s'agenouiller et de prier devant le portrait de Staline Le pays connaît l'une des pages les plus sombres de son histoire, qui va durer 3-4 mois. Mais opportunément, pendant cette période, Ana Pauker est partie à Moscou faire soigner un cancer du sein. Elle a laissé les rênes à Alexandru Mogyorosi. Pourtant à son retour, non seulement elle continue la répression mais elle va l'aggraver en 1950. Dans de nombreux judets, les paysans qui refusent la collectivisation sont conduits la nuit devant les conseils populaires qui ont remplacé les mairies; ils sont battus, injuriés, pendus par les pieds, mis nus dans des chambres frigorifiques, forcés de lire à haute voix et de commenter pendant des heures la brochure "Les problèmes du léninisme". Ana Pauker ordonne qu'ils s'agenouillent devant le portrait de Staline et prient pour que celui-ci leur fasse comprendre "la voie lumineuse" du communisme et de l'URSS. L'agriculture roumaine ne se relèvera pas de ce cataclysme qui a conduit les campagnes du pays à l'état d'arriération que l'on peut toujours constater aujourd'hui. En novembre 1961, lors du plénum du comité central du Parti, Nicolae Ceausescu dira : "Ana s'y connaissait en agriculture… comme la poule avec l'alphabet; elle ne savait même pas faire la différence entre le blé et le seigle". Connaissance et découverte Moghiorosi, Emil Bodnaras, membres éminents du Parti, et Alexandru Draghici qui a ouvert, entre autres, le goulag du canal, la prison de Sighet, veut se débarrasser de sa rivale pour avoir la main mise totale sur le pays. Il sait qu'il peut désormais compter sur l'appui de Staline, revenu à de meilleurs sentiments à son égard; Ana Pauker est tombée peu à peu en disgrâce auprès du maître du Kremlin qui s'apprête à lancer une terrible répression contre les juifs après avoir inventé de toutes pièces le "complot des blouses blanches", ces médecins qui auraient tenté de l'éliminer, lui et la nomenklatura du Parti. Arrêtée en 1952 et sauvée par la disparition du “Petit Père des peuples” Ana Pauker est arrêtée en 1952 et, comme les autres satellites de l'URSS, la Roumanie s'apprête à vivre son procès stalinien. Avec son groupe, elle est accusée de déviationnisme de droite en ayant suscité une ligne "anti-parti" pour déconsidérer celui-ci auprès de la population et de l'opinion internationale par la violence des répressions qu'elle a menées… lesquelles ont pourtant été approuvées et encouragées par le groupe Dej. Mais elle est également taxée de déviationnisme de gauche et de cosmopolitisme… accusation qui flaire l'antisémitisme. Condamnée lors du procès des communistes de Craïova, en 1936, Au cours de ses interroAna Pauker passera quatre ans en prison, sous Carol II, avant d’être échangée contre un patriote roumain, prisonnier des Soviétiques. gatoires, Ana Pauker reproMusiciens et poètes chera au Parti d'utiliser les mêmes méthodes… que la composent des hymnes à sa gloire Siguranta, la police secrète de l'ancien régime ! La chance est cependant avec elle. Staline meurt subitement, le 5 mars 1953, Arrivée au faîte de sa puissance, Ana Pauker commence à avant la fin du procès, qui trainera en longueur. Apprenant la singer le culte de la personnalité de son maître. Elle incite des nouvelle, la prisonnière éclate en sanglots ce qui fait s'exclamusiciens et des poètes, Anatol Vieru, Dumitru Corbea, etc., à mer candidement Moghiorosi, ancien camarade devenu advercomposer des hymnes à sa gloire qui seront chantés dans les saire : "Ne pleure pas. Si Staline était encore vivant, tu serais écoles, dès la maternelle, les usines, les meetings politiques bientôt morte !". (obligatoires), les chantiers de jeunes. On y scande : Ana Pauker, Gheorghiu Dej Scapa tara de burgheji Stalin si poporul rus Libertate ne-au adus Osana lui Stalin Osana tovarasei Ana Ana Pauker, Gheorghiu Dej Sauvent le pays des bourgeois Staline et le peuple russe Nous ont apporté la liberté Gloire à Staline Gloire à la camarade Ana Plus dure sera la chute Mais c'est le chant du cygne. L'appétit du pouvoir a peu à peu dressé deux clans l'un contre l'autre au sein du Parti. Ana Pauker compte parmi ses alliés, des figures marquantes du communisme, Vasile Luca et l'ancien ministre de l'Intérieur, Teohari Georgescu. Futur secrétaire général du Parti et futur dictateur du pays jusqu'à sa mort en 1965, Gheorghiu Dej, flanqué de Alexandru Morte dans son lit… comme son maître Finalement, après quelques mois en prison - pour la quatrième fois de son existence - Ana Pauker et son groupe seront démis de leurs fonctions et exclus du parti. Assignée à résidence, elle sera soumise à enquête jusqu'en 1956 et continuellement surveillée, mais pourra vivre avec sa famille. A partir de 1957, elle occupera un poste subalterne aux "Editions politiques", sous les ordres de Walter Roman, le père de Petre Roman, faisant des traductions en français et en allemand, et gagnant correctement sa vie (1500 lei par mois). Atteinte d'un cancer au poumon, elle décèdera le 3 juin 1960, à l'âge de 67 ans, poussant sa dévotion pour Staline jusqu'à mourir comme lui… dans son lit. Un exploit rarissime à l'époque. Nichita Sîrbu 43 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Tourisme BAIA MARE LUNCA ILVEI z z ORADEA CLUJ z z TARGU MURES ARAD Une survivance de l'ère communiste z SUCEAVA z IASI z z SIGHISOARA z z z z SIBIU TIMISOARA PITESTI CRAIOVA z GALATI BRASOV z z BRAN BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Enterré à Sighisoara, "Dracula Park" ressurgit à Bucarest 44 22 La double tarification dans les hôtels Lancé voici maintenant près de deux ans et ayant essuyé de nombreuses critiques, le projet de parc d'attractions sur le thème de Dracula, à Sighisoara, ville où a longuement séjourné Vlad Tepes, qui a donné naissance à la légende du vampire, a vécu. Ainsi en a décidé l'assemblée des actionnaires, convoquée fin janvier. Le parc sera installé dans le secteur résidentiel du lac Snagov, à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale, près d'un monastère où est conservé le cœur du voïvode. Le premier projet, bouclé à la vavite par le ministre du Tourisme Dan Matei Aghaton, sans réelle étude de faisabilité, positionné sur un terrain n'ayant fait l'objet d'aucune étude de sol préalable et qui s'est avéré impropre à la construction, avait soulevé les oppositions de l'UNESCO, désireuse de protéger l'environnement du site de la ville médiévale fortifiée, du prince Charles d'Angleterre, et suscité les réticences du Président Iliescu ainsi que du Patriarche de l'Eglise orthodoxe, Teoctist. Finalement ses initiateurs se sont repliés sur les propositions du cabinet de consultants Pricewaterhouse Coopers privilégiant l'implantation du site à Bucarest, son étude faisant état d'une fréquentation d'un million de visiteurs par an, contre 620 000 à Sighisoara, l'hypothèse d'une installation à Constantsa, sur les bords de la Mer Noire, étant également abandonnée. L'ouverture du parc est toujours prévue en 2004, ce qui laisse un délai rendant sceptique de nombreux observateurs. D ans un courrier à la suite de notre article "Chers hôtels de la capitale" (Les Nouvelles de Roumanie, n° 15, page 43), Jean-François Ragot réagit en faisant part de son exaspération devant une survivance du communisme : la double tarification. "Je voudrais revenir sur votre article concernant le logement à Bucarest. Il n'est qu'une des facettes du logement hôtelier en Roumanie, avec le maintien de la double tarification; une locale, pour les Roumains ou "résidents", une seconde pour les étrangers ou "non résidents". Cette situation anormale, voire scandaleuse, doit être dénoncée car peu conforme aux critères d'appartenance à l'UE. Si on accepte ce principe discriminatoire, pourquoi ne pas faire un tarif "spécial" restaurant, essence, achat de biens divers, etc… La meilleure manière de mesurer cette discrimination de type "soviétique" ou "africaine" est de consulter les sites en roumain ou les agences de voyage roumaines. Nous constatons ainsi que l'étranger est pris pour un pigeon. Le ministère du Tourisme, sous la pression de l'UE s'il le faut, serait bien inspiré de remettre de l'ordre dans ces pratiques d'un autre âge". Pour appuyer ses dires, Jean-François Ragot, qui pratique la Roumanie à titre professionnel depuis 1987, fournit des exemples édifiants, trouvés notamment sur le site eTurism : à Brasov, Sibiu, Bran, des hôtels sont proposés à moitié prix aux Roumains, quelque soit la période de l'année. Ces établissements se gardent bien d'ailleurs d'afficher ces tarifs à leur réception. La célèbre auberge Hanul lui Manuc de Bucarest, elle, ne cache même pas la couleur : sa publicité indique noir sur blanc qu'un étranger doit payer 37 € pour une chambre double ou simple, et les Roumains, 18 €. Même si cette pratique s'est un peu atténuée depuis la chute du communisme - A Tulcea, en 1990, une chambre était facturée 75 € à un occidental, et la même, pour son interprète roumain, 5 € - il n'en demeure pas moins qu'elle perdure, mais de façon dissimulée. Outre le fait que ces tarifs sont déjà disproportionnés, vue la qualité du service offert - literie vieillotte, robinetterie défaillante, confort approximatif - ils sont aussi contre-productifs en dissuadant les touristes de venir, dans un pays qui doit faire face à d'autres handicaps : éloignement, état des routes, manque de services. L'Espagne, en son temps, a bâti sa réputation et a fait du tourisme une des clés de son économie en faisant profiter les étrangers de ses prix sans concurrence, quitte à les relever en même temps que le coût de la vie augmentait. La Hongrie, pourtant plus développée que la Roumanie, pratique des prix d'hôtellerie inférieurs à sa voisine. L'hôtel Bulevard de Sibiu fermera prochainement pour rénovation L 'hôtel "Bulevard", deux étoiles, de Sibiu, très connu des touristes, fermera ses portes, au plus tard à l'automne, pour des travaux de rénovation d'une durée indéterminée, visant à le transformer en hôtel quatre étoiles pratiquent des tarifs trois étoiles. Au terme de quatre ans de procès et de nombreux rebondissements, le propriétaire des murs a retrouvé la jouissance de son bien qui lui avait été confisqué sous le communisme. Il en a immédiatement cédé la concession pour 49 ans et un loyer mensuel de 12 000 € (80 000 F) à la chaîne hôtelière Continental, qui a pour charge de le rénover et possède déjà un établissement dans la cité. Situé en plein centre de Sibiu, et comportant 132 chambres, l'hôtel est l'un des plus vieux immeubles de la ville et n'avait pas été restauré depuis près d'un siècle. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Economie Actualité Malgré un rythme lent et des échecs, les privatisations se poursuivent 55 % de l'économie aux mains des capitaux privés B usines d'aciers spéciaux de Târgoviste, Alro Slatina, Alprom ien qu'elles se soient développées à un rythme lent, Slatina, Promex Braila, Nicolina Iasi, le chantier naval de les privatisations ont touché 259 entreprises et rapConstantsa, les usines de soude de porté 127 M€ (840 MF) Govora, Romvag, Caracal, Bicapa à l'Etat roumain, en 2002. Le capital Târnaveni… Plusieurs autres sont en privé représente désormais 55 % de négociation : Tractorul Brasov, la propriété économique en Rulmentul Brasov, Industria Sarmei Roumanie et assure 69 % du PIB Campia Turzii, Nitramonaia Fagaras, contre 31% pour les sociétés d'Etat. Uztel Ploiesti, Mecanica Marsa, Pas suffisamment attractives, Urbis Armaturi Sanitare. plusieurs sociétés n'ont pas trouvé Certaines grosses sociétés n'ont preneurs dans cette première tranche pas encore été présentées à la privatiqui doit être bouclée à la fin de ce sation par l'APAPS (Autorité pour la semestre, dont la BCR (Banque Privatisation et l'Administration des Commerciale Roumaine), la princiParticipations de l'Etat), organisme pale banque du pays pour laquelle L’usine de camions et engins utilitaires aucune offre sérieuse n'a été faite. “Roman Brasov” devrait faire partie chargé de cette opération : l'usine de d’une prochaine vague de privatisation. camions Roman Brasov, Siderurgica D'autres ont dû s'y reprendre à pluHunedoara, Faur Bucuresti, Griro Bucuresti, Timpuri noi… sieurs fois avant de trouver chaussure à leur pied. C'est le cas Une seconde étape, à partir de juillet prochain, devrait de Aro Câmpulung (constructeur de 4x4), Rocar Bucarest faire entrer dans ce processus d'autres mastodontes d'Etat (constructeur d'autobus), Carom Onesti, Celhart Donaris, comme Iaifo Zalau, Tubinox Bucuresti, Energoutilaj Electroputere Craiova, Moldosin Vaslui. 23 très grosses sociétés, dont 15 employant plus de 1000 Bucuresti, Helitube Bucuresti, Unirea Cluj, Caromet Caransebes, Giurgiu Nav, URB Rulmenti Suceava… personnes étaient offertes à la privatisation. Parmi elles : les 22 9 Croissance : "The Economist" moins optimiste que le gouvernement D ans un article paru début janvier, la revue britannique "The Economist" tempère les prévisions optimistes du gouvernement roumain sur la croissance espérée en 2003, qu'elle ramène à 4,6 % au lieu des 5,2 % annoncés, du fait du ralentissement économique aux USA et en Europe, principaux débouchés commerciaux de la Roumanie. Le journal table sur 5 % l'année prochaine si l'économie mondiale repart et à condition que Bucarest accélère ses réformes de structures. De la même façon, "The Economist", qui base ses prévisions sur les analyses de son institut d'études, estime que le déficit budgétaire de la Roumanie, pour cette année, ne se situera pas à 2,65 % du PIB, pour s'y stabiliser par la suite, mais atteindra 3,1 % à cause de la majoration des salaires du secteur public, de l'instauration du Revenu minimum garanti et de la baisse des rentrées de cotisations sociales. En 2004, année des élections générales, ce déficit devrait même passer à 3,4 % avec l'augmentation à attendre des dépenses publiques. Par contre, le niveau du taux d'inflation prévu par le gouvernement - + 14 % - lui paraît plausible et même souhaitable, une décélération plus importante (+ 12 %) pouvant casser la croissance. Ces perspectives amènent la revue britannique à se demander si la Roumanie sera prête pour adhérer à l'UE en 2007, notant - avec un euroscepticisme bien britannique - que les difficultés que ne va pas manquer de provoquer l'adhésion de dix nouveaux membres en 2004 risquent de retarder de plusieurs années celles de Bucarest et Sofia. Enfin, "The Economist" engage la Roumanie à multiplier les efforts, dans les deux années à venir, pour se montrer plus attractive à l'égard des capitaux étrangers et rattraper ainsi les 3 milliards d'euros (20 milliards de F) de déficit d'investissements enregistrés ces dernières années par rapport à la Bulgarie. + 17,8 % : sérieux coup de frein sur l'inflation A près + 30,3 % en 2001, les prix ont augmenté de 17,8 % en 2002, soit + 1,4 % par mois, ce qui montre une décélération importante de l'inflation. Les services sont les principaux responsables de la hausse (+ 21 %), devant les produits courants (+18,8 %) et les produits alimentaires (+15,8 %). Fort de ce succès, le gouvernement table sur une inflation de 12 à 14 % pour l'année en cours. Il est à noter toutefois que les chiffres annoncés dans ce domaine par les pouvoirs publics roumains sont toujours révisés à la hausse par les organismes internationaux. L'euro, monnaie de référence L 'euro est devenu la monnaie de référence de la Roumanie, qui effectue les 2/3 de son commerce extérieur avec les pays de l'UE, ce 1er mars. Cette mesure a été prise par la Banque Nationale Roumaine à la demande de la Banque Centrale Européenne. La Roumanie était le dernier des pays candidats à l'UE à conserver le dollar comme monnaie de référence. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique z z z BAIA MARE SUCEAVA SATU MARE z z CLUJ IASI ORADEA z TARGU z z MURES ARAD z ALBA z IULIA z z GALATI TIMISOARA DEVA z BRASOV PLOIESTI CRAIOVA z z SLOBIOZIA z BUCAREST z TULCEA CONSTANTA z z CALARASI A Cluj, on peut parler chinois… mais pas hongrois 22 8 Le maire ultra-nationaliste de Cluj, Gheorghe Funar, a décidé de faire apposer des panneaux en bleujaune-rouge, les couleurs nationales, à toutes les entrées de la ville, souhaitant la bienvenue et donnant des indications en français, anglais, allemand, espagnol, russe et chinois… à l'exception du hongrois, langue parlée par 20 % de la population du judet. Contestant ce pourcentage qui déclenche automatiquement l'utilisation du bi-linguisme dans les rapports de l'administration et des citoyens, Funar, farouchement hostile aux Hongrois, a décidé de ne pas appliquer cette disposition à l'égard de ses administrés d'origine magyare. “Pas touche” au palais de Ceausescu Anca Petrescu, la femme architecte qui a conçu le "palais de Ceausescu" a porté plainte contre les autorités roumaines qui ont décidé, sans la consulter, d'en modifier intérieurement une aile pour y installer un musée de l'Art contemporain dans l'un des 21 éléments qu'il comporte, chacun d'entre eux représentant l'équivalent d'un immeuble de six-sept étages. L'architecte soutient que ce projet va modifier considérablement l'harmonie de son oeuvre dont elle détient les droits d'auteur. Anca Petrescu considère également que les 12 M€ (80 MF) destinés aux travaux pourraient être mieux utilisés en créant, ailleurs, un véritable musée personnalisé. U Les serviteurs de l'Etat savent aussi se servir Préfets… et hommes d'affaires : un mélange des genres gênant ne enquête du journal "Gardianul" dresse un tableau révélateur de la fonction préfectorale en Roumanie. Les préfets, représentants des intérêts de l'Etat, sont surtout défenseurs des leurs. Le quotidien estime qu'actuellement la moitié d'entre eux se sont constitués d'importantes fortunes, mélangeant allègrement leurs propres affaires et celles du judet qu'ils administrent, utilisant leurs femmes comme prête-noms lorsqu'ils ne veulent pas apparaître directement. Sur les 41 judets que compte le pays, "Gardianul" a relevé 19 cas de préfets devenus de riches entrepreneurs, certains faisant l'objet d'une procédure pénale. Femmes et frères associés A Constantsa, le préfet et son frère contrôlent pas moins de 18 firmes, dont l'une a emporté le contrat exclusif de l'enlèvement et du traitements des ordures ménagères de la ville, payé par celle-ci... et dont le budget doit être approuvé par la préfecture. A Alba Iulia, c'est la femme du préfet qui contrôle une importante société dont une branche pharmaceutique a servi de paravent pour une vente fictive d'alcool médicinal et toucher ainsi de l'Etat le remboursement des taxes. A Oradea, le préfet, qui est aussi le patron du PSD local (Parti Social Démocrate, au pouvoir) a tenté, en vain, de faire mettre en position éligible sur la liste de son parti le fils de son prédécesseur, Adrian Tarau, afin qu'il puisse bénéficier de l'immunité parlementaire et échapper aux poursuites judiciaires engagées contre lui, lesquelles lui valent un mandat de recherche à Interpol. A Slobozia, le préfet est un des grands propriétaires agricoles du judet et a réussi à mettre la main sur la majorité des actions de la firme d'Etat Comcereal, lors de sa privatisation. Il dispose de quatre énormes silos, desquels ont disparu 2500 tonnes de blé appartenant à l'Etat. Le préfet-chef d'entreprise a mis en cause un de ses employés... qui n'est autre que le fils du président de la Cour des Comptes du judet, chargé de surveiller l'usage des fonds publics. Par ailleurs, ce même préfet est en cheville avec un riche entrepreneur impliqué dans une affaire qui a valu un préjudice de 2 M€ (13 M€) à l'Etat. Le préfet d'Hunedoara contrôle plus d'un tiers de l'économie de la vallée minière de Jiu A lui tout seul, le préfet de Hunedoara contrôle plus du tiers de l'économie de la vallée minière de Jiu et est à la tête d'un immense holding formé de ses nombreuses sociétés. Longtemps dans l'ombre du leader des mineurs, Miron Cozma, condamné à 18 ans de prison et toujours incarcéré pour avoir déclenché une grève insurrectionnelle, il a fait fortune très rapidement. On dit qu'il est actuellement surveillé par le gouvernement, mais ses affaires continuent à être prospères. Le préfet de Iasi est l'un des plus puissants magnats de la filière de la boucherie de toute la Moldavie; celui de Slatina possède un groupe de presse, ce qui lui permet de mettre en relief son action et celle de son parti, le PSD. Ancien directeur adjoint de la succursale locale de Petrom, la firme nationale de pétrole, le préfet de Ploiesti, au cœur de la zone pétrolifère roumaine, détient un quart des actions de "Petro Construct", chargée des constructions dans le domaine des hydrocarbures. Les sociétés dirigées par la femme du préfet de Teleorman ont obtenu plusieurs gros contrats de l'Etat ou des municipalités qu'il administre pour la construction de deux immeubles à Alexandria (un million d'euros), du siège de la Direction Départementale du Travail, pour d'importants travaux dans la mairie du chef-lieu... On n'est jamais mieux servi que par soi-même. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Tourisme Connaissance et découverte La Roumanie authentique Sur un haut plateau, à 700 mètres d'altitude la splendeur et la douceur de Lunca Ilvei se méritent… A vant de parler de Lunca Ilvei (judet Bistritala route de Vatra Dornei. Il est aussi possible d'organiser des Nasaud), parlons de la route ! Dès Ilva Mica, vous camps de vacances pour enfants et adultes. serez découragés par les nids de poules, les fonEn hiver, le train spécial des skieurs vous amène à Lunca drières, les passages à niveau Ilvei depuis Ilva Mica ou redoutables. Si vous y allez Vatra Dornei. Location aux par temps de pluie ou juste gares de divers équipements : après , à la sortie de Magura ski, raquettes etc... Sept Ilvei, vous serez effrayés par pistes de ski de fond et de une mare qui s'est formée randonnée vous attendent sous le pont du chemin de fer ainsi qu'une école de ski, des ! Après votre surprise, n'hésibalades et randonnées en tez pas: prenez à l' extrême raquettes et en traîneau. La gauche tout doucement, cela situation de Lunca Ilvei fait passe sans casse nous l'avons que les alentours intéressants fait, et puis...récompense, un et faciles d'accès restent liés peu plus loin une magnifique aux activités de la montagne, route goudronnée vous mais elles peuvent vous conduit à Lunca Ilvei. Fin du mener loin ! voyage, c'est un cul de sac. Randonnées pédestres de Vous découvrirez alors un un ou plusieurs jours avec haut plateau situé à 700 m guide: découverte des monts d'altitude, bordé de douces Bârgau et de Rodna dont les Entre Maramures et Bucovine, la région de Lunca Ilvei, dans le département de Bistrita, offre des points de vue superbes, comme icii sommets culminent à 2000 montagnes, c'est splendide. le col de Tihuta, ainsi qu’une qualité de vie appréciée par ses visiteurs. mètres, réserve naturelle de Pietrosul à 2300 mètres, pics volcaniques du massif du Un paradis pour randonnées Caliman. Le centre équestre propose également une semaine et balades, été comme hiver de randonnée vers les Maramures ou la Bucovine. Les atouts principaux de Lunca Ilvei sont sa nature, ses infrastructures sportives hivernales et estivales ainsi que sa Une pause idéale entre Maramures et Bucovine situation sur le passage de la grande ligne de chemin de fer qui traverse la Roumanie de Cluj à Iasi. Imaginez que la commuEn train ou en voiture (oubliée la mare !), vous ne regretne possède quatre gares: Lunca, Silhoasa, Larion et Gradinita, terez pas d'être parvenus jusqu' à ce bout du monde, car s'ils toutes desservies par les trains "Rapid" et "Accelerat". Pas étaient tous comme celui-là, nous en redemanderions! En été, besoin de voiture donc pour des vacances à Lunca Ilvei! se laisser vivre au rythme des agriculteurs, éleveurs, artisans En été, vous pouvez y faire des promenades sur des sendu bois, se ressourcer dans la nature, monter à cheval et galotiers balisés, des visites de bergeries, d'une source d'eau ferruper par monts et par vaux. En hiver, pour les fans de ski de gineuse, des balades en vélo tous terrains (location sur place). fond et de grands espaces blancs, de silence, c'est le pied… et Pêche, cueillette de fruits des bois et de plantes médicinales si en plus vos hôtes ont la bonne idée de faire venir des musipeuvent également figurer au programme. ciens pour vous faire une aubade autour d'un feu de bois, que demander de plus ? Lunca Ilvei n'est pas un village étape, il faut y rester plusieurs jours, prendre des vacances, où alors Traîneaux et train pourquoi pas une pause de 3 ou 4 jours entre la visite du spécial des skieurs de fond Maramures et les monastères de la Bucovine. Une vingtaine de Au centre équestre, tenu par un anglais, vous pourrez maisons ou chalets peuvent vous héberger (voir auprès de prendre des cours d'équitation, faire des balades à cheval. Ieronim Somesan, responsable OVR ou Iulia Vâsies, responStephen organise également des randonnées de plusieurs jours, sable du tourisme, tel: (00 40) 263 37 80 92 ou 263 37 80 60. à cheval et en calèche, par exemple jusqu'à l'hôtel Dracula sur Martine et Jean Bovon-Dumoulin Pour en savoir plus, retrouvez les bonnes adresses de Martine et Jean Bovon-Dumoulin en commandant le guide OVR Retea Turistica Au pays des villages roumains qui permet de partir à la découverte d'une Roumanie authentique à l'aide de fiches en couleurs. Commandes à adresser à Martine Bovon-Dumoulin, Borgeaud, 35, 1196 Gland, CH Suisse. Joindre un chèque de 20 € (port compris) à son ordre. 45 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Coup de colère z z BAIA MARE ORADEA ARAD CLUJ z DEVA IASI z z z z z z SUCEAVA TARGU MURES BACAU z z TIMISOARA z SIBIU PITESTI CRAIOVA z BRASOV z z BRAILA z z PLOIESTI TULCEA BUCAREST CONSTANTA z Tourisme Parties de chasse en Vâlcea 46 22 Les organisations de chasseurs ont compris l'intérêt qu'elles avaient à faire connaître à l'étranger les possibilités qu'elles pouvaient offrir dans ce domaine. Accidenté, couvert de forêts, de vignobles, le judet de Râmnicu Vâlcea est l'un des plus attractifs, tant sa faune est abondante. Des groupes d'Italiens y viennent fréquemment et repartent comblés aussi bien par leurs tableaux de chasse que par leur contact avec la nature. Il n'est par rare de les voir repartir avec une quarantaine de perdrix qu'ils paient 10 € pièce, une vingtaine de faisans (60 €, 400 F) et autant de lièvres (35 €, 230 F). Leur séjour est encadré et guidé par les associations locales qui récupèrent ainsi environ 2000 € par partie de chasse, argent censé être utilisé pour la protection du milieu et le développement des activités cynégétiques. 52 projets financés par la Wallonie La région de Wallonie a décidé de financer 52 projets de coopération avec la Roumanie portant sur les années 2003 et 2004. Les Belges francophones vont consacrer leurs efforts aux domaines de l'agriculture et du tourisme rural, de l'emploi et de la formation, de l'économie, du social et de la culture. Des bourses seront accordées pour des stages d'interprètes et de professeurs de français. L'ouverture d'un centre d'études de la Francophonie est envisagée. La souffrance de Doïna, professeur de français à Nantes, depuis 20 ans "A force d'être martelés, les clichés sur les Roumains s'imprègnent fortement dans la conscience des Français" D ans un courrier publié par le quotidien Ouest-France, Doïna Le Noay nantaise d'origine roumaine, professeur de français dans un lycée, et présidente de l'Association des Roumains de Loire Atlantique a réagi devant les clichés accolés par les médias à son pays natal. " Si j'ai pris la décision de m'adresser à votre journal ce n'est pas pour parler de la chance que j'ai de vivre à Nantes depuis 20 ans, de faire un travail que j'aime, d'avoir des collègues et des amis qui me sont chers. C'est que ces derniers temps, comme tous les Roumains, je vis un état de malaise. Nous en avons longuement débattu lors de l'assemblée générale de l'association du mois d'octobre dernier. Nous sommes des Français d'origine roumaine, des jeunes et de moins jeunes, tous intégrés dans le monde du travail de la région, dans des domaines très divers : services, médecine, arts, artisanat, enseignement, etc. Nous participons à la vie sociale par notre famille et par les activités de bénévolat. Ce qu'on appelle "la majorité silencieuse", qui n'a rien de sensationnel pour intéresser les médias. Nous sommes riches de deux cultures que nous avons faites nôtres, et dont nous sommes fiers, mais aujourd'hui nous sommes indignés, affligés, voire blessés. De manière récurrente, presque obsessionnelle, les mêmes titres, les mêmes images, devenus clichés, sur la Roumanie et les Roumains, s'imprègnent fortement, à force d'être martelés, dans la conscience des Français. Le cœur serré, nous reconnaissons que ces images sont réelles. Il y a beaucoup d'enfants dans les orphelinats en Roumanie; il y a des Tziganes qui encombrent ici des camps et des rues ; il y a aussi des Roumains qui, chassés par la fermeture des usines, viennent chercher du travail en France et se font déloger par les équipes du GIR ; il y a aussi ceux qui profitent de la misère et de la déroute de leurs concitoyens. Voilà l'image que peut avoir aujourd'hui un Français qui n'a jamais été en Roumanie pour apprécier l'hospitalité de ses habitants et l'authenticité de ses campagnes ou celui qui n'a pas eu l'occasion de connaître le patrimoine intellectuel et artistique légué par ses créateurs à la culture universelle. "Quand elle est réductrice, une image peut devenir fausse" Cela me rappelle une situation anecdotique, personnelle. Avant 1990, ma mère me téléphonait parfois, sans objet précis apparent, juste pour se rassurer que j'étais bien portante et surtout que je me trouvais bien à Nantes. C'est qu'à cette époque en Roumanie les seules images qu'on donnait au journal télévisé sur la France étaient les incendies de forêts du Midi, en été, et les "soupes populaires" de Paris, en hiver. Sales images réductrices ! Est-il juste de bafouer vingt millions de Roumains à cause d'une minorité de 0,1 % ? Nous savons tous que les médias ont des exigences d'écoute, mais trop c'est trop, et c'est pour cela que j'ai pris la plume. Je ne peux finir sans rappeler le soutien moral et les encouragements que nous avons reçus de la part des Français qui connaissent une autre Roumanie. Nous les remercions et nous les assurons que, malgré tout, nous cultiverons les vertus ancestrales d'accueil et d'amitié chères à notre âme et à notre peuple. Réunis pour fêter le Noël roumain le 21 décembre, en association, nous nous sommes préparés pour mieux apprécier celui du 25 au sein de nos familles. Avoir deux Noël, cela fait partie de notre chance". Doïna Le Noay Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Les restes du roi controversé et d'Elena Lupescu rapatriés du Portugal en Roumanie Politique Après 63 années d'exil, Carol II retrouve sa terre natale C e début d'année a été marqué par deux évènements forts pour la famille royale roumaine. Après un long processus judiciaire, la Cour d'Appel de Bucarest a reconnu le fils naturel de Carol II (1893-1953) et de Zizi Lambrino comme enfant légitime. Carol Mircea Grigore Lambrino, né en 1921, est donc considéré comme le demi-frère du Roi Michel, qui a un an de moins. Cette décision pourrait avoir des conséquences quand au partage des biens de la Couronne, dont le château de Peles (Sinaïa), la famille royale s'efforçant actuellement de les récupérer auprès des autorités. Dans un communiqué, elle a fait savoir qu'elle se pourvoirait devant la Cour Suprême de Justice et que, en tant que chef de la famille royale, le Roi Michel était le seul à pouvoir se prononcer sur les questions d'ordre dynastique. Agé aujourd'hui de 82 ans et atteint d'un cancer, Carol Mircea Grigore, n'a jamais montré de vraies prétentions dans ce domaine, ce qui n'est pas le cas de son fils, Paul Lambrino, qui se fait appeler le Prince Paul de Roumanie et a entamé une série de procès pour faire reconnaître son titre, en 1990. Carol II et Zizi Lambrino s'étaient mariés secrètement en 1918, alors que la Roumanie était en guerre. Officier, le prince héritier I avait déserté pour aller faire célébrer son union à Odessa, en Ukraine. A son retour, il avait été arrêté et interné dans un monastère. Le mariage avait été annulé. Quelques années plus tard, après son mariage en 1921 avec Elena de Grèce et la naissance de son second fils, le futur Roi Michel, la même année, il tombait éperdument amoureux d'une aventurière, Elena Lupescu, provoquant un énorme scandale dans le pays. Il l'épousera en 1949, lors de son exil au Portugal. Mort en 1953, il sera inhumé dans le caveau de la famille royale portugaise, sa femme l'y rejoignant en 1977. Cinquante ans après la disparition de Carol et après 63 ans d'exil, le gouvernement roumain a décidé de rapatrier les deux corps, ce qui a été fait le 14 février avec l'accord de la famille royale. Les honneurs militaires ont été rendus à l'ancien roi et une cérémonie religieuse s'est déroulée dans la crypte du monastère de Curtea de Arges où son cercueil a rejoint ceux de ses ancêtres, en présence de la Princesse Margareta, fille aînée du Roi Michel, de son mari, et de plusieurs représentants du gouvernement. Les restes d'Elena Lupescu ont, eux, été enterrés discrètement dans le jardin du monastère, seule une de ses nièces étant autorisée à assister à la cérémonie. Les logements des centre-villes davantage taxés ntroduite dans la confusion, en janvier, la réforme des impôts immobiliers, a conduit les Roumains propriétaires de leurs logements à prendre d'assaut leurs perceptions et à faire d'interminables queues dans le froid, avant qu'elle ne rentre en application. Cette précipitation a été particulièrement visible à Bucarest, où le conseil municipal a attendu la dernière semaine de décembre pour voter les nouvelles dispositions. Selon les termes de cette réforme, et sous peine d'amende pour tout retard après le 15 mars, chaque propriétaire doit présenter un plan actualisé de son habitation et y mentionner les éventuels balcons et garages, désormais imposables. Par ailleurs, dans les villes divisées Incohérence et confusion ont conduit en quatre zones dégressives (A, B, C, D), suivant leur éloignement du centre, la zone cende nombreux Bucarestois à faire une nouvelle fois la queue trale A, voit ses taxes relevées. pour payer leurs impôts. A Bucarest, cette disposition a entraîné de nombreuses protestations, les habitants des blocs, étant plus fortement imposés que les résidents de certains quartiers périphériques huppés. Toutefois, les propriétaires de logements d’ immeubles de plus de 3 étages et 8 appartements bénéficient désormais d'un abattement de 10 %. Les propriétaires possédant une deuxième habitation verront leur impôt majoré de 15 % pour celle-ci, de 50 % pour la 3ème, de 75 % pour la 4ème et de 100 % au-delà. Les propriétaires d'espaces commerciaux devront acquitter une taxe spéciale. Enfin, les handicapés, les chômeurs, les bénéficiaires d'aides sociales ou de certaines allocations, pourront être exemptés ou voir leur impôt immobilier réduit. L e gouvernement a arrêté les taux d'imposition sur le revenu pour l'année 2003, en fonction de l'inflation prévisible. Pour les revenus mensuels inférieurs à 2 100 000 lei (60 €, 400 F), l'impôt, retiré directement chaque mois sur les salaires ou les Impôts sur le revenu 2003 : de 18 à 40 % des gains pensions, est de 18 %. Jusqu'à 5 200 000 lei (150 €, 1000 F), il est de 378 000 lei (11,3 €, 75 F) plus 23 % pour la somme dépassant 2 100 000 lei. Jusqu'à 8 300 000 lei (250 €, 1650 F), il est de 1 091 000 lei (30 €, 200 F) plus 28 % pour la somme dépassant le seuil de 5 200 000 lei. Jusqu'à 11 600 000 lei (335 €, 2230 F), il est de 1 959 000 lei (58 €, 380 F), plus 34 % sur la somme dépassant 8 300 000 lei. Au-dessus, il est de 3 081 000 lei (90 €, 600 F), plus 40 % sur les sommes dépassant 11 600 000 lei. 22 7 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Politique SUCEAVA z z ORADEA ARAD z z CLUJ DEVA TIMISOARA z BAIA MARE IASI TARGU MURES z z z BRASOV z z z SIBIU z CURTEA DE ARGES CRAIOVA z z BACAU SINAIA z z BRAILA z z TULCEA BUCAREST CONSTANTA z Adrian Nastase le plus intelligent et Ion Iliescu le plus honnête… 22 6 Réalisé à la fin de l'année, un sondage d'opinion permet de se faire une idée de la façon dont les Roumains ressentent les personnages en vue de leur pays. Ainsi, le Premier ministre, Adrian Nastase est-il désigné comme le Roumain le plus intelligent, devançant le Président Ion Iliescu et l'homme d'affaires à scandales, Sorin Ovidiu Vântu… Peut-être les personnes interrogées ont-elles confondu intelligent et malin ? Îon Iliescu est considéré comme le plus honnête, devant le leader ultra-nationaliste du parti Romania Mare (Grande Roumanie), Corneliu Vadim Tudor… Le Président est aussi considéré comme l'homme le plus puissant du pays, devançant son Premier ministre qui, lui, est désigné comme l'homme de l'année devant Ion Iliescu. Le ministre des Affaires étrangères, Mircea Geoana, dont on parle souvent comme d'un premier ministrable, obtient un lot de consolation avec le "prix" de l'élégance, alors que le "meilleur parti", aux yeux des Roumaines, est Ion Tiriac, seconde fortune du pays, devant Sorin Ovidiu Vântu. Pour l'ensemble des Roumains, le comédien et chanteur Stefan Banica Junior apparaît comme le plus beau d'entre eux, devant le footballeur Adrian Mutu, et la plus sexy des Roumaines est la présentatrice de Romania 1, Andreea Marin. Iliescu-Nastase: la paix armée A couteaux tirés depuis plus de six mois, Ion Iliescu et Adrian Nastase semblent avoir marqué une pause dans le conflit de pouvoir qui les oppose à la tête de l'Etat. Après avoir subi les assauts de son Premier ministre, visant à le marginaliser, le Président de la République a repris l'offensive, répondant par une fin de non-recevoir à nombre de ses demandes de réformes d'ordre constitutionnel ou portant sur des élections anticipées. Suivant le vœu de Bruxelles et de Washington, Ion Iliescu a même porté le combat sur le terrain de la corruption, contraignant le gouvernement à se séparer de nombreux chefs des services de la police, dénonçant nommément plusieurs hiérarques du PSD (Parti Social Démocrate) au pouvoir, demandant aux parlementaires d'abandonner les fonctions qu'ils occupent dans les conseils d'administration d'entreprises, proposant d'instituer un impôt de 80 % sur les grosses fortunes… Pour autant, le Président n'est pas allé encore jusqu'à se séparer de son Premier Ministre, sans-doute parce qu'il n'est pas assuré de bénéficier d'un rapport de forces favorable sur le plan de l'arithmétique parlementaire. Adrian Nastase a accusé le coup, sans trop broncher, mais sa côte de popularité a baissé dans les sondages de 14 pts, ne s'établissant plus qu'à 46 %. Révolution culturelle pour les fonctionnaires invités à être aimables A pprouvée par le ministre de l'Administration publique, Octav Cozmânca, une ordonnance d'urgence risque de provoquer un véritable choc culturel parmi les fonctionnaires roumains qui sont appelés à renoncer à leur vieux réflexes bureaucratiques. Ceux-ci devront désormais faire preuve de professionnalisme, respecter la loi et les droits des citoyens, se montrer impartiaux, ne plus prétendre et refuser tous avantages, pourboires, dessous de table (mita) liés à leurs fonctions. Ils sont également invités à être aimables et à ne plus médire. Mais le plus difficile pour les fonctionnaires sera de ne plus considérer leur emploi comme une rente de fonction, de respecter leurs horaires, de travailler effectivement pendant leur service et de ne plus s'absenter pour aller s'occuper de leur jardin ou vaquer à d'autres occupations personnelles. Aux yeux des Roumains, leur administration constitue une véritable plaie. Ils savent qu'ils devront attendre dans des queues interminables durant parfois toute la journée, et le plus souvent revenir car il leur manquera toujours un papier… tout cela pour seulement obtenir satisfaction à la plus simple de leurs requêtes. Ils devront aussi affronter la morgue, le regard rogne et excédé de leurs interlocuteurs, glisser quelques billets accompagnés de sourires imploPrésentation du code du fonctionnaire de l’administration publique rants pour accélérer le cours des par le ministre de tutelle, Octav Cozmânca. choses… et tout simplement faire resGazdaru, “Gardianul”, 19 dec. 2002 pecter leur bon droit. Ce genre de réforme a été introduite, dans les années 60, dans les administrations de plusieurs pays occidentaux, dont les lourdeurs étaient cependant dépourvues de corruption et a mis de deux à trois décennies pour aboutir. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Coup de colère L Connaissance et découverte "La méthode Sarkozy" à l'œuvre aux dépens des Roumains de la région nantaise e 9 octobre dernier, au petit matin, 280 gendarmes, policiers, douaniers, agents du fisc, accompagnés de dix interprètes, raflaient 102 Roumains dans la région nantaise. Présentée comme un gigantesque coup de filet destiné à démanteler les réseaux mafieux, l'opération aboutira finalement à dix arrestations pour de simples délits de recel d'objets volés, dont une visant un Nantais qui avait hébergé quelques Roumains et qui sera inquiété pour "association de malfaiteurs"… alors qu'il était seul en cause. 66 Roumains auront été mis en garde à vue, puis relâchés dans la précipitation, faute d'éléments… si vite d'ailleurs qu'il faudra aller rechercher certains d'entre-eux pour terminer l'enregistrement de leurs déclarations; 15 Roumains ont été poursuivis pour situation irrégulière (travail clandestin ou validité du séjour terminée). couverture. Les conditions de l'interpellation avaient été ellesmêmes particulièrement rudes, des femmes terrorisées, surprises en plein sommeil par l'irruption des policiers, étant contraintes de justifier leur identité, alors qu'elles étaient en chemise de nuit. Le syndicat des officiers de police, ayant en mémoire la sinistre "Rafle du Vélodrome d’hiver", s'est élevé contre "une méthode rappelant une période historique où les forces de l'ordre interpellaient des gens en raison de leur appartenance à une religion". Une presse complaisante: le discrédit sur toute une communauté est jeté Faillissant à ce qui devrait être son rôle, la presse régionale, reprise par la presse nationale, a fait chorus à cette opéraCinq jours avant la venue du ministre tion médiatique du ministre de l'Intérieur. Dans toute la région nantaise, des affichettes étaient placardées à l'entrée des Cette intervention entrait dans le cadre de la politique de bureaux de tabac et librairies, annonçant en gros caractères, sécurité mise en place à grand renfort de publicité par le "le démantèlement d'un réseau de plus de cent ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkosy, et précédait Roumains", d'énormes titre barrant les "une" des justement sa venue très médiatisée à Nantes, cinq journaux. 280 gendarmes jours plus tard. Dirigée par le GIR (Groupement L'effet était garanti auprès d’une population d'Intervention Régionale), elle avait été comdéjà chauffée à blanc pendant l'été par le et policiers manditée par le procureur de la République et déchaînement des médias sur "les prostituées, le préfet des Pays de la Loire qui, dans une voleurs, mendiants roumains", seules "réaraflent lettre, avaient ordonné de contrôler la commulités" de la Roumanie qu'ils montrent. Par la nauté roumaine, "devant la recrudescence des suite, quand il s'est avéré que l'opération nan102 Roumains vols à la tire et à la roulotte dans la région". taise n'était que bluff et fiasco, aucun de ces à l’aube. Seulement Au cours des quinze jours de surveillance journaux n'a eu la décence de le reconnaître. précédents, la police n'avait guère constaté que une poignée des transferts de sacs poubelles dans un coffre Le racisme n'est plus loin de voiture. Au terme de son enquête, elle n'aura sera poursuivie saisi que des bouteilles de whisky, flacons de déoCette affaire, ainsi montée en épingle pour dorants et autre maigres larcins de ce genre. servir une ambition politique - peut importe qu'elle soit de gauche ou de droite, puisque l'ancien ministre socialiste de l'Intérieur, Daniel Vaillant, ne renie pas les "Si un Roumain ouvre, méthodes de son successeur de droite - et reprise sans discerinterpellez! Après, on verra…" nement par les médias a des conséquences navrantes et palL'opération a provoqué des remous, notamment au SNOP pables quotidiennement pour la communauté roumaine de la (Syndicat National des Officiers de Police) qui a publié un région nantaise, de plus en plus montrée du doigt. communiqué dénonçant ce coup de bluff de la razzia chez les Une jeune et charmante caissière d'une grande surface se Roumains. Le SNOP a indiqué que " les policiers n'étaient pas voyait souvent interrogée sympathiquement sur l'origine de informés du contenu précis de la procédure et des objectifs de "son joli accent" par ses clients. Aujourd'hui, lorsqu'elle dit l'opération (…) le lieutenant-colonel dirigeant le GIR clamant: qu'elle est Roumaine, les sourires se figent et la conversation "frappez aux portes; si un Roumain ouvre, interpellez ! Après s'arrête net. on verra…". A défaut de "délit de sale gueule", le racisme n'est plus Le SNOP indique que les officiers de police nantais ont loin, surtout si les autorités se laissent aller aux dérapages ou été choqués par le résultat de cette affaire : "Bien qu'aucun fait désignent du doigt les cibles. Début janvier, toujours à Nantes, de vol à l'étalage reconnu par les Roumains mis en cause n'ait une procureur, après avoir requis trois mois de prison contre été rapproché de plaintes précises, neuf d'entre-eux ont été deux Roumains qui avaient volé des parfums, a crû bon de écroués". Quand à la garde à vue, elle s'est effectuée hors rajouter : "Il faut endiguer ce phénomène de personnes, le plus norme, les gendarmes enfermant une trentaine d'hommes et souvent d'origine roumaine, qui viennent en France pour comfemmes dans 30 m2, toute une nuit, sans fournir la moindre mettre des vols et alimenter des réseaux". 47 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Francophonie z z ARAD z BAIA MARE ORADEA CLUJ z z TIMISOARA z IASI z HUNEDOARA z BRAN PITESTI z z z BACAU GALATI z SIBIU CRAIOVA z BRASOV z Les francophones peuvent désormais passer leur baccalauréat à Bucarest z SUCEAVA TARGU MURES z SINAIA z z z PLOIESTI BUCAREST TULCEA CONSTANTA z La concurrence du lycée américain 48 22 Le lycée français Anna de Noailles accueille près de 450 élèves Environ 70 personnes, enseignants compris, assurent le fonctionnement du lycée, le personnel administratif et de service étant le plus souvent roumain. Les 30-40 professeurs sont pour moitié français. Quelques uns ont été détachés de l'Education nationale française pour deux contrats de trois ans chacun, et bénéficient d'un statut très intéressant qui, avec les indemnités d'expatriation, non imposables, permet de doubler, voire plus, leur salaire, celuici étant versé en France. D'autres, mariées à un Roumain ou ayant suivi un conjoint en Roumanie, bénéficient d'un statut moins avantageux de résident. Il existe aussi les "faux résidents", recrutés en France pour trois mois et qui restent sur place. Enfin, des enseignants roumains et étrangers, parlant français, sont embauchés localement. Plus vieil établissement étranger à Bucarest, le lycée français a bien besoin de cette équipe pour faire front à la montée de l'anglais, seul concurrent sur place. Si les Britanniques ont ouvert un établissement modeste, le collège américain a d'autres prétentions. Il accueille déjà plus de 400 élèves, bien que le coût de l'inscription soit dissuasif, 15 000 € (100 000 F) par an, soit près de sept fois supérieur. Pour résister, le lycée de la strada Cristian Tell mise sur la réputation de la culture française et de son enseignement. Il s'y est encouragé en se donnant le nom d'une grande poétesse, devenue française par son mariage, et descendante d'une illustre ligne de voïvodes roumains, les Brancoveanu: Anna de Noailles. L e lycée français Anna de Noailles, de Bucarest, pourrait être un bon baromètre du développement des relations entre les deux pays. Son proviseur pensait enregistrer une progression continue des effectifs. De fait, il n'en est rien. Quarante élèves se présentent pour entrée en sixième... et ne sont plus que vingt, l'année suivante. L'explication est simple et courante : une grosse société, comme Carrefour, a envoyé ses cadres pendant un an ou deux pour son installation et les rapatrie une fois celle-ci assurée, laissant son personnel roumain prendre les choses en main. Des familles, aussi, se séparent, les enfants suivant leur mère en France. Ces fluctuations ne sont guère prévisibles et difficiles à gérer, pour un établissement qui a comme mission première d'accueillir les enfants de français installés en Roumanie. Ceux-ci peuvent y suivre un cursus scolaire intégral, de la maternelle, où ils sont les plus nombreux, au baccalauréat, avec trois options proposées (littéraire, scientifique, économique et sociale) et quatre langues étrangères, roumain, anglais, espagnol, allemand, enseignées. Des élèves de 35 nationalités Le Lycée accueille entre 430 et 450 élèves, de 4 à 18 ans, dont la moitié de Français, un quart de Roumains et un quart d'étrangers. Ces derniers, Coréens, Brésiliens, Espagnols - au total, 35 nationalités - souvent enfants de diplomates, l'ont choisi pour la continuité de l'enseignement. Les lycées français existent un peu partout dans le monde, organisés de la même façon, ce qui rassure les parents appelés à être mutés d'une capitale à une autre, tous les 3-4 ans. Quant aux Français, prioritaires pour s'inscrire, devant les élèves ayant déjà bénéficié d' un enseignement "à la française", avec leurs frères et sœurs et les ressortissants des autres pays de l'UE, ils y trouvent l'assurance d'un enseignement identique à celui de la Métropole. L'établissement a un partenariat avec l'académie de MetzNancy pour la pédagogie et est rattaché à celle de Strasbourg pour les examens, brevet des collèges et baccalauréat, ces diplômes ayant la même valeur qu'en France. Le Lycée Anna de Noailles est d'ailleurs devenu centre d'examen pour la région. Une dizaine d'élèves du lycée français de Sofia viennent y passer leur baccalauréat. Auparavant, candidats de Bucarest et de la capitale bulgare devaient se rendre à Vienne. Maintenant, ce déplacement n'est plus nécessaire que dans le cas d'un oral de rattrapage, lequel n'a concerné que deux des 25 élèves de terminale, en 2002. Depuis deux ans, l'établissement se flatte d'un taux de réussite à 100 %. Il n'y a dans ce résultat aucune complaisance: les copies sont corrigées à Strasbourg. Les Roumains se font de plus en plus rares Les Roumains sont considérés comme de bons élèves, studieux. Chaque année, deux ou trois d'entre eux décrochent une mention très bien au Bac, et obtiennent des bourses d'excellence pour continuer leurs études en France. Leur Bac français est reconnu en équivalence avec le Bac de leur pays, à condition qu'ils réussissent un examen de littérature roumaine. Mais ils sont de moins en moins nombreux. Représentant un quart de l'effectif, ils ne sont pas prioritaires pour s'inscrire... et sont même plutôt les derniers. La raison avancée est qu'il existe des lycées roumains avec sections bilingues en français. Les nouveaux élèves roumains se font même de plus en plus rares. Si les familles françaises doivent acquitter 2000 € par an et par enfant pour qu'ils suivent les cours avec la possibilité de bénéficier de bourses - cette somme est encore plus élevée pour les autres nationalités, et est inaccessible pour les Roumains. Les NOUVeLLes de ROUMANIe Voisins A Actualité Criminalité et routes peu sûres sont de véritables plaies pour la Bulgarie vec plus de 120 attentats à la bombe, 40 assassinats visant des personnalités publiques et de nombreux vols à main armés, commis au cours de la seule année 2002, la Bulgarie est considérée comme le pays au plus fort taux de criminalité de l'Europe du Sud-Est. Le meurtre du procureur chef militaire bulgare, Nikolai Kolev, abattu en pleine rue de dix balles, la veille du réveillon, ajoute encore à ce sombre tableau. Sur les 64 attaques à main armée visant des automobilistes, 24 ont concerné des étrangers (Roumains, Turcs, Bosniaques et Grecs). Des bandes organisées de 5 à 10 criminels écument jour et nuit les principales routes bulgares, à la recherche de véhicules providentiels, terrorisant et dépouillant leurs passagers. Elles utilisent des équipements et des uniformes de policiers ou leur ressemblant fort pour accomplir leurs méfaits, sans qu'une complicité de la police ait pu être mise en évidence jusqu'ici. Ces groupes reçoivent pourtant des informations des postes frontières leur indiquant quelles sont les valeurs ou l'argent que les étrangers ont déclaré lors de leur passage en douane, repérant ainsi les voitures les plus intéressantes. La situation s'est pourtant un peu améliorée par rapport à 1997, année où 220 attaques de ce genre avaient été enregistrées. L'été dernier, la Turquie a conseillé à ses concitoyens d'éviter la Bulgarie pour se rendre en Europe Occidentale, quitte à utiliser une route plus longue mais plus sûre, passant par la Grèce et l'Italie. Les Roumains désireux d'aller à Istanbul sont tentés de faire un détour par l'ex-Yougoslavie, la Macédoine et la Grèce… soit un chemin trois fois plus long et coûteux. Des forces spéciales de police patrouilleront sur les grands axes Le ministre de l'Intérieur bulgare, Gheorghi Petkanov, a mis en cause des compagnies de tourisme étrangères qui répandraient la rumeur que la police bulgare est impliquée dans ce banditisme. Sans entrer plus dans les détails, il a indiqué "qu'un pays voisin (la Roumanie ? la Grèce ?) où la fréquentation touristique avait baissé de 15 % se faisait un malin plaisir à noircir la situation pour détourner les visiteurs de la Bulgarie et redresser la situation chez lui". Le ministre n'en a pas moins décidé la création de forces spéciales de police qui vont patrouiller à bord de 230 Opel Vectra ou Astra, récemment acquises, sur les principales routes de 8 des 28 départements du pays avec pour mission de mettre un terme à ce phénomène. En outre, à leur entrée en Bulgarie, les automobilistes étrangers recevront une documentation en anglais et en turc les mettant en garde, comprenant des photos permettant d'identifier les véritables véhicules et uniformes de la police. La Pologne prépare son référendum d'adhésion à l'UE Victoire du oui attendue malgré les euro-sceptiques L 'année 2002 s'est achevée sur un événement dont les Polonais commencent seulement a mesurer la dimension historique et morale. Une Europe a 25 est née a Copenhague. L'année 2003 sera marquée par la bataille autour du référendum d'adhésion, qui pourrait se tenir le 8 juin en Pologne. Son succès n'est pas garanti. La méfiance, l'ignorance, la tentation populiste et les intérêts particuliers, voire la simple indifférence, font le jeu des euro-sceptiques. La très catholique et nationaliste Ligue des Familles Polonaise (LPR) a fait de la lutte contre l'Union européenne sa raison d'être, au nom de la défense des intérêts polonais et de l'identité nationale. Et la LPR est soutenue par la populaire station catholique Radio Maryja, xénophobe et anti-européenne. A l'autre extrémité, le populiste Lepper dénonce la trahison des socio-démocrates qui "vendent les paysans et ouvriers polonais au capital occidental". Après leurs percées aux municipales, les partisans de l'Europe auront fort à faire pour contrebalancer leur influence. Faut-il en déduire que les Polonais risquent de dire "non" au référendum? Absolument pas. Tous les sondages prédisent entre 60 % et 70 % de "oui", mais le résultat ne sera contraignant qu'avec une participation de plus 50 % et c'est la que le bât blesse. Les euro-enthousiastes battent donc le rappel de leur troupes, de la gauche post-communiste a la droite postSolidarnoç. Le président Kwaniewski et le Premier ministre Miller se préparent a sillonner le pays pour y porter la bonne parole européenne. Les libéraux de la Plate-forme civique et les anciens chefs de Solidarité, Lech Walesa en tête, se mobilisent aussi de leur côté. 2003 s'annonce donc pour les Polonais comme l'année des choix cruciaux. Michel Mrozinski (Le Courrier de Varsovie) Radio free Europe n'émettra plus en roumain A la suite de restrictions budgétaires, Radio Free Europe et Voice of América, ont décidé d'arrêter leurs émissions en roumain (sauf à destination de la République de Moldavie), hongrois, polonais, croate, langues baltes, slovène, slovaque, bulgare et tchèque. Financées par la CIA, ces deux radios, basées autrefois à Munich et aujourd'hui à Prague, étaient le seul le média, sous le communisme, permettant aux populations des pays de l'Est de se tenir informées. Le président Bush a choisi d'accorder la priorité à la lutte anti-terroriste en décidant du lancement d'un satellite TV de 30 M€ diffusant des émissions en langue arabe destinées notamment à l'Indonésie, le plus important pays musulman du monde (200 millions d'habitants). 22 5 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Voisins z z BAIA MARE ORADEA CLUJ ARAD z DEVA z z IASI TARGU MURES z BACAU z SIBIU TIMISOARA Le premier sondage scientifique sur le comportement sexuel des Hongrois z SUCEAVA z z z GALATI z BRASOV z PITESTI z TULCEA z CRAIOVA z BUCAREST CONSTANTA z Permis de travail pour étrangers 22 4 Neuf partenaires pour les hommes, quatre pour les femmes... Le gouvernement a réglementé, par ordonnance, les conditions dans lesquelles les étrangers peuvent venir travailler en Roumanie. Ceux-ci devront solliciter des permis de travail auprès de l'OMFM (Office de Migration des Travailleurs) qui seront délivrés selon des quotas fixés annuellement. Jusqu'à maintenant, ces permis n'étaient accordés que si les demandeurs montraient que leur poste ne pouvait pas être occupé par un Roumain. Toutefois, les étrangers domiciliés en Roumanie, les citoyens de l'UE, les employés de firmes étrangères, les étudiants étrangers s'ils ne travaillent pas plus de quatre heures par jour - pourront être dispensés de permis. Deux milles personnes concernées, dont 10 % de Français Actuellement, environ 2000 étrangers, essentiellement basés à Bucarest, possèdent un permis de travail, dont un tiers de Turcs et 10 % de Français. 45 % occupent des fonctions de direction. 40 % travaillent dans la production, 27 % dans le commerce, 6 % dans la construction et 5 % dans l'industrie du jeu. 23 % ont un salaire inférieur à 150 € (1000 F), 17 % jusqu'à 500 € (3300 F), 13 % jusqu'à 1500 € (10 000 F), et 7 % au-dessus. Dans ces statistiques n'entrent pas en compte les salariés internationaux des firmes étrangères, ni les personnels des ambassades ou détachés par des administrations et organismes étrangers. U n peu plus de 90% des hommes de plus de 18 ans et 78% des femmes du même âge ont une vie sexuelle active, le Hongrois moyen a neuf partenaires sexuelles durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. C'est ce que nous apprend un sondage représentatif réalisé en janvier dernier par l'Institut psychologique de l'Université des Sciences Loránd Eötvös de Budapest (ELTE) et l'Institut de prospection de marché Marketing Centrum, lequel a interrogé mille hommes et mille femmes. Ce premier sondage fait à ce sujet constate que 47 % des hommes et plus de la moitié des femmes ont un problème sexuel quelconque. En Hongrie où il y a 10,2 millions d'habitants, les femmes sont plus nombreuses, d'un demi-million. Dans la génération des plus de 18 ans, examinée par ELTE et Marketing Centrum, le nombre des hommes est d'environ 3 600 000, celui des femmes d'environ 4 100 000. L'enquête qui a consisté à interroger mille hommes et mille femmes à propos de leurs habitudes sexuelles, démontre que trois quarts des personnes interrogées ont un compagnon ou une compagne (époux ou concubin). 65% vivent ensemble avec leur partenaire, 91% des hommes, 78% des femmes ont une vie sexuelle active. Les hommes plus vantards “La Cicciolina”, symbole du sexe, est hongroise. 28% des sujets du sondage ont des liaisons avec plusieurs partenaires à la fois. Le Hongrois moyen a neuf partenaires durant sa vie, la Hongroise n'en a que quatre. Dans la capitale, ce chiffre est de 12 chez les hommes et de 6 chez les femmes. En province il est de 7 pour les hommes et de 3 pour les femmes. Selon les résultats du sondage, les femmes, plus pudiques, oublient plus facilement leur aventures sexuelles tandis que les hommes préfèrent s'en vanter. Les hommes de cinquante ans sont les plus nombreux à avoir ce genre d'attitude. 47% des hommes interrogés ont reconnu avoir des problèmes sexuels. 18% se plaignent d'une éjaculation précoce, 15% disent que leur intérêt baisse pour la vie sexuelle, 14% parlent de troubles érectiles. Les causes les plus fréquentes en sont le tabagisme, l'obésité, le diabète, les médicaments contre un état dépressif ou des maladie chroniques. 40% des plus de 40 ans souffrent de troubles érectiles, ce problème ne peut être considéré comme grave que dans 3% des cas. Le sondage indique que 40% des hommes ne parlent jamais de ces troubles, 51% n'en parlent que rarement. Il n'y a que 25% qui accepteraient de prendre des médicaments pour soigner ces troubles. Parmi les hommes atteints, ce sont ceux d'âge moyen et les diplômés qui seraient les plus susceptibles de prendre un aphrodisiaque, mais seulement 1% a déjà essayé. Les riches font plus souvent l'amour 52% des femmes avouent un problème sexuel quelconque. 24% voient baisser leur intérêt pour la vie sexuelle, 19% disent arriver difficilement jusqu'à l'orgasme, 9% ne trouvent aucun plaisir dans l'acte sexuel. Le sondage montre aussi que les plus riches font plus souvent l'amour. 25% des plus riches parmi les personnes interrogées de 18 à 29 ans ont eu des relations sexuelles dans les dix jours précédant le sondage (3,5 fois), 25% des plus pauvres, 2,4 fois. Cette correspondance est corroborée par un autre sondage régional qui a démontré que les femmes de la région la plus pauvre du pays, le nord-est de la Hongrie ont le moins de partenaires sexuels et ont le plus rarement des rêves à contenu sexuel. D'après “Le Journal Francophone de Budapest” Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Au début des années 90, ceux-ci bénéficiaient d'avantages, également sous forme de bourses de l'Etat français, qui ne leur sont désormais plus accordés, sauf s'il s'agit pour eux de terminer des études déjà entreprises. on franchit la porte d'entrée, on est en territoire français 22 strada Cristian Tell, il accueille ses élèves dans un pavillon ayant beaucoup de cachet, mais où ils se trouvent un peu à l'étroit. Quatre à cinq classes supplémentaires sont en cours de construction et, dans l'attenEtablissement te, les six classes de primaire privé et payant ont trouvé provisoirement Ecole d'ambassade jusrefuge au lycée roumain qu'en 1994, le lycée a tenté de Caragiale. devenir franco-roumain alors. On y pratique les Le lycée français Anna de Noailles accueille des élèves, souvent enfants de diplomates, de la maternelle jusqu’au baccalauréat. Le peu d'implication des autohoraires et les vacances à la rités roumaines l'a conduit à devenir totalement français, sous française, sauf pour le primaire où, à la demande des parents, la forme d'un établissement privé conventionné et donc l'école se termine à 14 h. Le midi, élèves et professeurs se payant, géré par une association de parents d'élèves et le proretrouvent dans une ou deux salles pour prendre le repas qu'ils viseur. ont amené, à moins qu'ils n'achètent sandwichs et boissons dans le petit bungalow en bois installé dans la cour. Situé dans le périmètre de l'ambassade de France - quand Internet Partez à la découverte de palais et châteaux A en croire les brochures touristiques, la Roumanie ne possèderait que trois palais et châteaux : le palais Brâncoveanu de Mogosoaia et les châteaux de Vlad Tepes à Bran et Peles, à Sinaia, où vivait la famille royale. Mais en parcourant le pays, vous pourrez découvrir d'autres constructions toutes aussi remarquables, même si elles sont moins connues. Le château de Iancu de Hunedoara (notre photo) construit au 14e siécle, en cours de restauration, est un parfait exemple de ces sites historiques méconnus. Restons dans le même judet avec la citadelle en ruine de Deva (1269) qui domine la cité. “Castelul Huniazilor”, le plus vieil édifice de la ville de Timisoara, devenu musée du Banat, vaut un arrêt. Mais d'autres bâtiments tels, à Bucarest, les palais Regal (royal) et de Cotroceni - ce dernier abrite désormais la Présidence de la République et on peut visiter son musée - ou encore le château Stravechi (judet de Harghita), datant de 1450 et toujours habité, méritent tout autant votre attention. L'intérêt de la Transylvanie ne se limite pas non plus à Peles et Bran (celui-ci valant beaucoup plus que son image commerciale de "château de Dracula"). L'imposante forteresse de Fagaras (1310) construite en brique rose en lieu et place d'une ancienne forteresse en bois, impressionnera le visiteur. Et la liste ne s'arrête pas là : Castelul Poienari, Cetatea de Balta, Târgu Neamt (1375), Râsnov, Rupea dominent leur cité qu'elles protégeaient, tout comme les forteresses de Colt, Carensebes, Slimnic ou Poenari qui ne sont plus malheureusement que des ruines plus ou moins bien conservées. On ne peut terminer cette présentation sans parler du très controversé "palais du Parlement", le 2ème plus grand bâtiment du monde après le Pentagone, appelé plus communément "le palais de Ceausescu"… et qui pourtant ne possède aucun site Internet! Alain Defline Voici une liste de liens Internet où vous pourrez trouver informations et photos, pour ceux d'entres vous qui veulent en savoir plus: http://www.roplace.ro/brn_foto.htm http://www.ici.ro/romania/turism/c_peles.html http://www.cchr.ro/jud/turism/rom/2/24/24szarhegykastely.html http://dumitru.lucian.free.fr/index.html http://www.infotim.ro/mbt/b019/b0019.htm http://cetateacolt.tripod.com/romana/id5.html http://www.pitesti.ro/curtea_de_arges/aref/c1_h.htm http://www.mtromania.ro Retrouvez tous ces liens avec Alain Defline sur le site http://laroumanie.de-France.org, partenaire des "Nouvelles de Roumanie" 49 22 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Connaissance et découverte Humour z z BAIA MARE ORADEA z ARAD z BACAU z z z DEVA TIMISOARA z z SIBIU CRAIOVA z Prévoyants IASI z GALATI z BRASOV PITESTI z BRAILA z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z Cri du coeur 22 50 Europe z SUCEAVA TARGU MURES CLUJ Blagues à la roumaine Les NOUVeLLes de ROUMANIe Sous Ceausescu, le doyen des Roumains passe à la télévision. Le présentateur l'invite à dire quelques mots. Le vieil homme se tait. - Je t'en prie, camarade, dis quelque chose… tu passes en direct sur Intervision, tous nos grands pays socialistes te regardent. Même silence butté. - Allons camarade, maintenant tu es sur Panavision… c'est le monde entier qui te regarde - Même les Américains ? - Mais oui - A l'aiiiiiide ! Histoire vraie Rien ne sert de courir... Gare du Nord à Bucarest, Adina attend dans le couloir du wagon le départ de son train pour Craiova. C'est l'été, il fait chaud, les fenêtres sont baissées. Sur le quai, un retardataire arrive en courant, alors que le convoi s'ébranle lentement. L'homme, assez corpulent, en nage, tente désespérément de le rattraper, encouragé par les autres passagers qui réussissent à l'agripper et à le hisser sur le marchepied puis jusqu'à eux. Epuisé, à bout de souffle, il s'écroule sur une banquette où on lui a fait place, s'éponge le front, reprend lentement sa respiration, se confond en remerciements tout autours de lui. Et, tandis que le train a déjà pris sa vitesse, rassuré et ayant retrouvé ses esprits, il demande: "C'est bien le train pour Iasi ?". Ceausescu et sa femme se préparent pour une visite officielle en France. Le "Conducator" demande a sa femme : - T'as pensé à prendre les maillots de bain? - Pourquoi faire ?. - Demain soir, on est invités à l'Opéra au "Lac des cygnes". - Dès que je rentre de l'école, je ne vais pas jouer mais j'apprends mes leçons, comme çà je n'ai pas besoin de lumière. - C'est très bien. A ton tour Bula… - Moi, je regarde la télévision hongroise… comme çà c'est eux qui consomment le courant. Chien et chat Souvenirs Dans leur chambre glacée, un couple de petits vieux se serre sous la lumière de l'ampoule pour lire le journal, tout en se tenant chaud. -Ah, si au moins on avait à manger, çà nous rappellerait le bon temps… pendant la guerre. Un chat et un chien se croisent à la frontière hongroise. Le chat est très surpris de voir que le chien veut entrer en Roumanie. - Pourquoi tu viens chez nous ? lui demande-t-il - Parce qu'on m'a dit qu'on y menait une vie de chien. Economies Bon sens Le Conducator a ordonné que chaque Roumain fasse des économies d'énergie. La maîtresse interroge ses élèves : - Dis moi, Cornel, que font tes parents pour suivre les consignes de notre grand leader aimé ? - Maman, elle met la nourriture sur le balcon et on a débranché le frigidaire - Bravo, et toi Marian ? - Taticule (papa), comment je suis venu au monde ? - C’est grâce à une cigogne, mon garçon. - Et ma sœur ? - La même chose - T'es vraiment bête ! Maman est si jolie… et il faut que tu couches avec une cigogne. Le prix de l’essence Infos pratiques Ordinaire : Super plus : Sans plomb : Euro Premium : Gazole : Euro Diesel : 23 750 lei (0,67 €, (4,42 F) 24 150 lei (0,68 €, (4,49 F) 22 800 lei (0,64 €, 4,22 F) 25 800 lei (0,73 €, 4,82 F) 17 450 lei (0,49 €,(3,23 F) 20 250 lei (0,57 €, 3,76 F) Prix au 15 janvier fixés par la société nationale Petrom, les stations services de son réseau ayant la possibilité de les majorer de 5 %. Premier pas vers l'introduction de la référence Euro 4, Pétrom a commercialisé des carburant de norme Euro 3 depuis le 1er juillet dernier (Euro Premium pour l'essence, Euro Diesel pour le gazole) dans 60 stations à travers le pays, en produisant actuellement 5000 tonnes. L'alignement sur les standards européens va lui demander un investissement de 200 M€ (1,3 milliards de F) par raffinerie. Rompetrol a annoncé de son côté qu'il allait produire de l'Euro 3 dès cette année, tandis que Lukoil-Petrolel indique que sa raffinerie en fournit déjà. La compagnie autrichienne OMV commercialise aussi ce carburant qu'elle importe. A Actualité La Roumanie sera le septième pays d'une Europe de 484 millions d'habitants u 1er janvier 2003, l'Union Européenne comptait 378,5 millions d'habitants. La population des dix pays appelés à la rejoindre l'an prochain s'élève à 74,5 millions d'habitants, ce qui fait que l'UE, au 1er janvier 2004, aura 453 millions d'habitants. L'entrée prévue de la Roumanie (22,5 millions, 7ème pays européen par sa population) et de la Bulgarie (8,7 millions), au 1er janvier 2007, portera ce total à 484 millions d'habitants. En prenant en compte les populations des pays qui ont vocation à y entrer ou qui appartiennent à son espace (la Suisse, 7,3 millions, la Norvège, 4,4 millions, les ex-républiques de Yougoslavie, 20,2 millions, la Turquie, 63 millions), l'Europe représente un potentiel de population de 580 millions d'habitants (Chine, 1, 250 milliards, Inde, 1,100 milliards, USA, 266 millions, CEI, ex URSS, 250 millions, Japon, 130 millions). Voici dans l'ordre le classement des populations des 27 pays que l'Union Européenne comptera en 2007 : 1. Allemagne (82,3 millions d'habitants); 2. France (59,6 millions); 3. Royaume Uni (59,1 millions); 4. Italie (56,5 millions); 5. Espagne (40,7 millions); 6. Pologne* (38,6 millions); 7. Roumanie** (22,5 millions), 8. Pays-Bas (16,2 millions), 9. Grèce (11 millions); 10. Portugal (10,4 millions); 11.Belgique (10,3 millions); 12. Hongrie* (10,2 millions); 13. République Tchèque* (10,1 millions); 14. Suède (8,9 millions); 15. Bulgarie** (8,7 millions); 16. Autriche (8,2 millions); 17. Danemark (5,4 millions); 18. Slovaquie (5,4 millions); 19. Finlande (5,2 millions); 20. Irlande (3,9 millions); 21. Lituanie* (3,5 millions); 22. Lettonie* (2,3 millions); 23. Slovénie* (2 millions); 24. Estonie* (1,4 millions); 25. Chypre* (700 000); 26. Luxembourg (400 000), 27. Malte* (400 000). * : adhésion prévue en 2004 ** : adhésion prévue en 2007 Malgré la perspective d'adhésion à l'UE, le recyclage des voitures n'est pas rentré dans les mœurs Les routes des pays de l'Est encombrées d'épaves de recyclage du pays n'est que de 20 000 tonnes par an, alors qu'il en faudrait 150 000. Largement plus de dix ans “Et pourtant ça roule”: cet automobiliste bucarestois ne manque pas d’humour... mais il est vrai que les Trabant rendent encore bien des services. L 'adhésion prévue en 2004 de plusieurs pays de l'Est amène leurs gouvernements à introduire des réglementations pour recycler les voitures qui ne sont plus en état de circuler. Mais ces mesures sont rarement appliquées, faute de moyens, et de nombreux véhicules, ayant dépassé largement leur durée de vie, roulent encore sur les routes ou pourrissent sur des aires de stationnement et le long des trottoirs. La Hongrie et la Slovénie sont les deux pays ayant pris les dispositions les plus sérieuses, mais le coût du recyclage dissuade souvent leurs citoyens d'y recourir. En Hongrie, 130 000 véhicules sont déclarés impropres à la circulation chaque année, mais les Hongrois préfèrent les abandonner dans des rues, champs ou forêts. D'ailleurs la capacité A partir de 2003, le prix de cette opération sera compris dans celui d'acquisition d'un véhicule neuf. Le pays s'attend à une nouvelle vague d'épaves en 2005, quand les voitures devront être obligatoirement équipées d'un pot catalytique, ce qui éliminera automatiquement de la circulation les vieilles Trabant et Wartburg, de fabrication allemande. La raison en est simple: un tel dispositif coûterait plus cher que le véhicule lui-même. En Slovénie, quand sa vieille Zastava, de fabrication yougoslave, n'en peut vraiment plus, son propriétaire fera tout pour ne pas avoir à payer la taxe de recyclage qui coûte un sixième du salaire mensuel moyen. Il la détaillera en pièces de rechange, gardera la carrosserie dans une cour où elle servira de poulailler… en attendant une hypothétique amnistie pour les contrevenants. Sur les plus de dix millions de voitures qui circulent en Pologne, 55 % ont plus de dix ans. 2,5 millions d'entre elles devraient être immédiatement détruites, et ce chiffre ne fait qu'augmenter. En République Tchèque, l'âge moyen des trois millions de voitures dépasse quatorze ans. Les routes de Slovaquie sont un véritable catalogue de l'ancienne industrie automobile communiste. On y rencontre des Skoda (Tchécoslovaquie), Moskvici et Lada (URSS), Dacia, Oltcit et ARO (Roumanie), Trabant et Wartburg (RDA), Zastava… Les Slovaques importent aussi des vieilles voitures occidentales d'occasion qu'ils déclarent à la douane comme servant de pièces de rechange, mais que l'on retrouve plus tard en circulation, dotées d'anciennes plaques d'immatriculation. La Bulgarie vaste cimetière de voitures La Bulgarie, qui ne rentrera pas dans l'UE avant 2007, tout comme la Roumanie, apparaît comme un immense cimetière de voitures. D'après le ministre de l'Environnement, 600 000 véhicules rouillent au bord des routes ou dans des cours d'immeubles. Plus de 400 000 sont inutilisables, faute de pièces de rechange. En 1997, le gouvernement a lancé un plan pour leur recyclage… Jusqu'ici seulement 500 véhicules ont été concernés. 22 3 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Actualité Vie internationale SUCEAVA z z ORADEA z ARAD z z z IASI z TARGU MURES CLUJ DEVA TIMISOARA BAIA MARE z z BACAU z z z SIBIU z PITESTI z VASLUI BRASOV SINAIA CRAIOVA z GALATI BRAILA z z z TULCEA z BUCAREST CONSTANTA z 2,2 milliards d'euros de dettes à récupérer auprès des pays du tiers monde 2 La Roumanie a 2,24 milliards d'euros (15 milliards de F) de dettes à récupérer auprès de pays arabes ou du tiers-monde, héritées pour l'essentiel de l'époque de Ceausescu qui avait tourné sa politique diplomatique et commerciale vers les pays du tiers-monde. L'Irak est le plus gros débiteur (1,7 milliards d'euros, 11 milliards de F), mais ce pays refuse de rembourser quoi que ce soit tant qu'il se trouve sous embargo. La Syrie doit 170 M€ (1,120 milliards de F) et la Libye 50 M€ (330 MF). Bagdad est le plus gros débiteur, devant Damas Le Mozambique (140 M€, 925 MF), l'Angola, la Guinée, la République centrafricaine, l'Angola, les deux Congo, la Somalie, le Soudan, sont aussi débiteurs pour un total de 360 M€ (2,4 milliards de F). Tous ces pays sont soit en état de guerre, soit de post-guerre ou de cessation de paiement et les organismes internationaux préconisent de réduire de 90 % leurs dettes ainsi que de ré échelonner le reliquat. La Roumanie a donc peu de chances de récupérer cet argent, bien qu'elle envoie des missions diplomatiques et fasse pression sur les organismes internationaux pour obtenir des garanties. Dans le cas du Soudan (170 M€, 1,120 MF), elle essaie de négocier pour transformer une partie de la dette en investissement économique dans ce pays. U Irak : Bucarest engagera des forces sur le terrain ne semaine après l'initiative des huit pays de l'UE, emmenés par l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie, appelant à soutenir la position américaine sur la question de l'Irak, dix autres Etats, candidats à l'entrée dans l'Union Européenne ou à l'OTAN, leur ont emboîté le pas, début février. Parmi ceuxci, tous anciens pays de l'Est, la Roumanie qui s'est montrée particulièrement réceptive aux thèses de Washington depuis que ses chances d'entrer dans l'organisation atlantique se sont précisées (1er janvier 2004, après l'approbation du Congrès américain). La Roumanie a ainsi été le seul pays européen a signé un accord avec les USA, exemptant les Américains de poursuites devant le Tribunal Pénal International, en cas de crimes de guerre, contre l'humanité ou de génocide. A la mi-février, le gouvernement roumain a fait voter par le Parlement l'autorisation d'engager des troupes en Irak pour combattre aux côtés des Américains. Le contingent roumain pourrait compter entre 280 et 500 hommes, tous militaires de carrière et volontaires, ayant eu parfois une expérience sur le terrain en Bosnie, au Kosovo ou en Afghanistan. Il comprendrait quatre officiers supérieurs, un détachement du Génie, une compagnie de protection contre les armes nucléaires, chimiques et bactériologiques, une compagnie de police militaire, un détachement sanitaire. Par ailleurs, la base navale de Constantsa, les aéroports militaires de Timisoara, Otopeni, Fetesti et Mihail Kogalniceanu sont mis à la disposition de l'OTAN pour servir de base logistique aux bateaux et aux avions stationnés en Italie et en Allemagne. Ces sites ont reçu la visite d’experts américains. Enfin, dans un autre registre, les autorités ont décidé de recenser les 4x4, jeeps, bateaux à moteur, avions, hélicoptères, etc… en vue de leur éventuelle réquisition. L'entrée dans l'OTAN conduit la Roumanie à une restructuration de sa défense Vers une armée professionnelle de 90 000 personnes et l'abandon du service militaire L 'entrée dans l'OTAN, prévue au 1er janvier 2004, amène la Roumanie à restructurer son armée pour, d'une force de défense, la transformer en une force de sécurité et de coopération. Jusqu'en 1989, l'Armée, basée essentiellement sur la conscription, comptait 300 000 hommes et femmes (le service militaire était obligatoire pour les étudiantes). La Roumanie s'était engagée auprès de l'OTAN à ramener ce chiffre à 140 000 militaires et civils à la fin 2002. Au cours de la précédent décennie, les réformes visaient surtout à assurer le contrôle des civils et à diminuer les effectifs puis, dans un second temps, a restructurer l'Armée en une force flexible et efficace, apte à assumer la défense du pays mais aussi à participer à des opérations pour le maintien de la paix ou de défense collective. Les nouvelles structures amèneront les effectifs au niveau de 90 000 - 75 000 militaires et 15 000 civils - en 2007, l'Armée étant partagée, en fonction des missions, en forces actives, destinées à défendre la Roumanie, à participer à des opérations internationales ou à assurer la sécurité collective, et en forces territoriales, chargées de soutenir les premières au cours des combats. Le service militaire sera graduellement abandonné - il a été ramené à huit mois et était de 14 mois en 1989 - les autorités visant à créer une armée professionnelle. Jusqu'en 2005, les fonds alloués au budget militaire se chiffreront à 2,5 % du PIB. A partir de 2004, en vue des opérations de maintien de la paix et de défense collective, la Roumanie mettra à disposition de l'OTAN : 4 compagnies de parachutistes, 2 bataillons d'infanterie, un bataillon de chasseurs alpins, une brigade mécanisée, une compagnie de génie, une compagnie de police militaire, un détachement de déminage, 12 chasseurs Mig 21, un bombardier, quatre avions militaires de transport, deux frégates, quatre bateaux lance-missiles, deux bateaux de scaphandriers. Les NOUVeLLes de ROUMANIe CHANGE* ( en lei ) Euro Franc Franc belge Franc suisse Dollar Forint hongrois 35 316 5 351 875 24 041 32 628 144 *Au 18 février 2003 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Numéro 16, mars - avril 2003 Lettre d'information bimestrielle sur abonnement éditée par ADICA (Association pour le Développement International, la Culture et l’Amitié) association loi 1901 Siège social, rédaction : 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes, France Tel-Fax : 02 40 49 79 94 E-Mail : [email protected] Directeur de la publication Henri Gillet Rédactrice en chef Dolores Sîrbu-Ghiran Infos pratiques Nouveau ! le multi-abonnement Abonnez vos amis* et gagnez ensemble jusqu'à 50 % sur le prix de l'abonnement Afin de rendre l'abonnement plus accessible aux particuliers et de faciliter la tâche aux associations, collectivités, entreprises, qui souhaitent voir assurer par nos soins la diffusion de notre revue auprès de leurs membres ou collaborateurs, "Les Nouvelles de Roumanie" proposent une formule spéciale: le multi-abonnement Le système en est simple : vous vous abonnez, devenez ainsi "abonné principal", et un de vos proches reçoit également à son domicile "Les Nouvelles". Vous bénéficiez tous les deux de 25 % de réduction, l'abonnement passant de 75 € à 56 € (Multi-abonnement Formule 2). Si vous êtes trois, (Multi-Abonnement Formule 3), la réduction est de 40% (tarif de l'abonnement : 45 €). Et si vous êtes quatre, (Multi-abonnement Formule 4) elle passe à 50 % (tarif de l'abonnement : 37,5 €). Entreprises et collectivités (abonnement normal à 100 €): rajouter 25 € à la formule choisie. Ce tarif est valable dans la limite de quatre personnes et ne peut être souscrit par les associations que dans un cadre strictement interne (Vous ne pouvez pas abonner un membre d'une autre association, même dans le cadre d'une fédération). Seule règle à respecter : le règlement global est effectué par une seule personne et un chèque ou virement unique, en mentionnant les coordonnées (adresse, téléphone, fax et e-mail) des autres abonnés. (*dans la limite, au total, de quatre personnes) Ont participé à ce numéro : Bernard Camboulives, Leonard Butucea, Nichita Sîrbu, Ovidiu Gorea, Alain Defline, Philippe Gillet, Doïna Le Noay, Franky Blandeau, Marian Munteanu, Martine et Jean Bovon-Dumoulin, Jacquie Bernard. Autres sources : agences de presse et presse roumaines, françaises et francophones, télévisions roumaines, sites internet, fonds de documentation ADICA Impression : Helio Graphic 11 rue Louis Armand, 44 980, Sainte-Luce Numéro de Commission paritaire: 1107 G 80172 ISSN 1624-4699 Dépôt légal: à parution Prochain numéro : mai 2003 ABONNEMENT Abonnement aux Nouvelles de Roumanie, lettre d'information bimestrielle, pour un an / 6 numéros, port compris Normal: 100 € TTC / an Associations et particuliers : 75 € TTC / an Nom:……………………………………………………………………………… Adresse :…………………………………………………………………………. Code postal :.......................Ville……………………........................................... Pays :.................................Tel :………………........Fax :……………………..... E-mail :……………………………………. Cachet, signature : *Chèque bancaire ou postal joint , uniquement en Euro, à l'ordre de ADICA. R.I.B : Crédit Lyonnais, agence Saint-Pierre, Nantes 44 000. Code banque: 30 002. Code guichet : 07 437. N° de compte : 00000794 30 H. Clé RIB : 11. Coupon à retourner à : Les Nouvelles de Roumanie-ADICA 8 Chemin de la Sécherie 44 300 Nantes - France 51 Numéro 16 - Mars - Avril 2003 Les NOUVeLLes de ROUMANIe Ses élèves interprètent Molière et Devos sur les scènes de Roumanie et d'Europe NOUVeLLes ROUMANIe Les Infatigable Liliana prof de français à Cluj T raductrice de plusieurs ouvrages aussi bien en français-roumain que l'inverse, Liliana Somfalean est aussi, et surtout, professeur de français au lycée Mihai Eminescu de Cluj-Napoca. A ce titre, elle dirige, depuis six ans, la troupe de théâtre francophone du lycée qui interprète aussi bien Molière que Jules Romain, Raymond Devos, Michel de Ghelderode, Balzac, Boris Vian, Panaït Istrati, et, en 2002 Jacques Prévert. Des spectacles particuliers ont été réalisés pour fêter Saint-Exupéry, Balzac, Hugo, Caragiale et Eminescu. La petite troupe s'est produite en Roumanie et à l'étranger, participant aux fêtes de la francophonie à Cluj, à la journée européenne de Târgu-Mures, au festival francophone d'Arad. Le festival international de théâtre francophone l’accueille en Italie, à Naples, en Turquie à Istanbul, en République Tchèque à Brno, en Hongrie à Pécs, en Belgique à Gand. Elle participe également à des échanges scolaires avec Toulouse, Waregen en Belgique, Huedin, Bistrita et Baia Mare en Roumanie. Elle donne aussi des spectacles dont la recette est versée à l'orphelinat "Buchetel" ou à une maison des personnes âgées. Bien des récompenses lui ont été attribuées : Prix spécial pour la poésie du spectacle en 1998 à Arad, Prix de la mise en scène en 1999 à Brno, Premier prix à Arad en 2000, Premier prix au festival Caragiale. Des déplacements à la charge des parents 52 Les élèves de Liliana au festival international du théâtre francophone de Pécs, en Hongrie. Le but poursuivi par Liliana Somfalean est triple : elle entend ouvrir l'esprit des adolescents à la culture française, les perfectionner dans la pratique de la langue et leur permettre d'accéder à la connaissance des valeurs multiples véhiculées par les jeunes venus des différents horizons d'Europe. Si l'on ajoute le projet de 2003, à savoir celui de se produire en Espagne, le tableau est idyllique. Cependant la participation des élèves se fait de plus en plus faible. Et comment ne le serait-elle pas quand on sait que les frais de déplacements sont à la charge des parents ? Comment payer un voyage en Espagne à son enfant quand on gagne entre 70 et 150 € par mois ? Alors, Liliana "mendie" tous azimuts, chaque année, pour réduire la participation financière des familles. Cette année, le Centre Culturel Français de Cluj accordera 20 € par enfant, sur lesquels il faudra payer le séjour des chauffeurs. Faire de la francophonie une raison de vivre et aimer Réticences pour des raisons financières, mais aussi par lassitude, manque d'intérêt. Les "valeurs" ont changé : s'enrichir de nouvelles connaissances, apprendre à aimer, à s'accepter… c'était bon dans le passé ! Comment en faire le but d'une vie quand on est confrontés aux difficultés matérielles quotidiennes et qu'on sait que son voisin émigré en Italie gagne six fois le salaire d'un professeur en fin de carrière. Ce qu'on aime en Liliana, c'est son énergie inépuisable, son immense foi en la vie, son amour du bonheur vrai, simple, celui qui est à notre portée. Mais c'est aussi sa modestie : dès 1990 elle participait à des émissions télévisées retransmises en France, elle a côtoyé des artistes, des écrivains (notamment le Prix Goncourt Dominique Fernandez, à qui elle a fait découvrir le Maramures et qui en fait état dans son livre Rapsodie roumaine), mais La jeune troupe a interprété “Histoires”, d’après Jacques Prévert. ses préoccupations sont restées les mêmes : donner de la joie à ses élèves et faire connaître la culture française dont elle est imprégnée. Liliana, certes… mais il y a sûrement d'autres professeurs comme elle en Roumanie, et on peut regretter que la France ne les aide pas davantage, eux qui participent au rayonnement de sa culture. Jacquie Bernard de SOMMAIRE Actualité L'Europe ne veut pas perdre son âme Vie internationale, Voisins 2à5 Politique 6à8 Economie 9 à 12 13 à 15 Social Société Faits divers Justice Mon village Vie quotidienne Evénements Minorités Santé, Religion Enseignement Environnement Sports , Insolite 16 et 17 18 et 19 20 et 21 22 et 23 24 à 27 28 et 29 30 et 31 32 33 35 Connaissance et découverte Livres Cinéma Musique, Variétés Histoire Tourisme Coup de colère Francophonie, Internet Humour Infos pratiques Coup de coeur Lettre d’information bimestrielle 36 et 37 38 39 40 à 43 44 à 46 46 et 47 48 et 49 50 51 52 L 'initiative de dix pays de l'Est candidats à l'Union Européenne et à l'OTAN d'apporter un soutien marqué à Georges W. Bush dans sa volonté d'en découdre avec l'Irak, sans en faire part à leurs futurs partenaires du "Vieux continent" a choqué à Bruxelles. Elle a provoqué une réaction très vive de la France, lors du sommet extraordinaire qui s'est tenu dans la capitale belge. Cette démarche a comme seule excuse d'avoir été encouragée par la publication, quelques jours plus tôt, d'une lettre d'allégeance à Washington signée par Londres, Madrid, Rome, Lisbonne et Copenhague, sans que les autres pays membres de l'UE n'en soient avertis et ceci en contradiction avec la position arrêtée en commun peu avant. Ces mauvaises manières augurent mal de l'avenir européen. Si l'on peut admettre la persistance d'un syndrome de la sécurité face au voisin russe de la part de ses anciens satellites, ces derniers doivent comprendre que la politique européenne ne peut se concevoir qu'en fonction de ses intérêts propres et se décider que sur leur continent. Même si elle prend en compte les liens transatlantiques, les solidarités et les alliances traditionnelles, l'Europe n'entend pas être vassalisée. Les pays de l'Est ne doivent pas s'y tromper. Leurs dirigeants, à l'inverse de leurs opinions publiques, opposées aux trois-quarts à une intervention militaire en Irak sans l'aval de l'ONU, se montrent trop volontiers prêts à jouer sur les deux tableaux. Ils donnent le sentiment de vouloir profiter des avantages des uns et des autres, mais ne réservent en retour leurs sourires qu'aux nouveaux alliés américains, qui leur apportent certes la garantie de la protection du bouclier de l'OTAN, mais face à un danger devenu bien hypothétique. L'UE n'a droit qu'à la soupe à la grimace : celle des revendications sur le montant des aides accordées, des foires d'empoigne sur les subventions qu'il faut verser, des récriminations en tous genres sur les droits, les places à occuper au sein de ses institutions. Et pourtant c'est elle qui finance la transition économique et sociale de ces pays, c'est elle qui s'apprête à régler la lourde ardoise de leur adhésion, c'est elle qui ouvre ses bras généreusement pour les accueillir. Et pas l’Amérique ! En s'affranchissant d'un minimum de solidarité envers leur future famille, les Dix font penser à une fiancée qui choisirait d'aller s'amuser chez le voisin, jugé plus attirant, la veille de son mariage, lequel se montre tout émoustillé de cette bonne fortune. Les pays de l'Est doivent y réfléchir : où est l'avenir pour eux ? S'ils n'y prennent garde, les portes d'une UE qui peine tant à se construire une âme et ne veut surtout pas la perdre pourraient bien se refermer. Henri Gillet