L`argus des accidents technologiques du n°119 de

Transcription

L`argus des accidents technologiques du n°119 de
Risques et pollutions industriels
L’argus des accidents technologiques
Feu de déchets : un sujet brûlant
Incendies, mais également explo­
sions, pollutions des milieux, l’acci­
dentologie recense de nombreux
événements impliquant des instal­
lations de stockage ou de traitement
de déchets*.
Au cours des mois de mai et juin 2011, la base de données Aria du ministère du développement durable a répertorié 299 accidents ou incidents
dont 296 français. Comme le précédent argus le soulignait déjà, les déchets
constituent une source récurrente d’accidents en France. En effet, pas
moins de 21 événements ont eu lieu à l’intérieur de nos frontières dans les
activités de tri et de récupération de déchets durant la période.
Pour ne citer que quelques cas : à Décines-Charpieu, dans l’Est lyonnais,
un feu se déclare dans la nuit sur un tas de 150 tonnes de déchets industriels banals (DIB). Quelques kilomètres plus à l’ouest, à Polignac (43),
un incendie se produit dans une déchèterie, causant la destruction des
deux tiers du site et plusieurs millions d’euros de dégâts. À Trange (72),
un tas de 12 000 m3 de déchets verts se consume : un important panache
de fumée se dégage, l’odeur des résidus de combustion est perceptible à
plusieurs kilomètres.
Combustion spontanée dans un tas de copeaux d’aluminium, mélange de
déchets incompatibles, court-circuit électrique, travaux par point chaud,
malveillance constituent les sources d’ignition des feux et rappellent la
nécessité de bien maîtriser le processus de collecte des déchets ainsi que
l’organisation du site.
Lors des opérations d’extinction, les secours sont souvent confrontés à
des difficultés d’alimentation en eau (Décines-Charpieu, Polignac). L’assimilation des leçons des événements passés, le dimensionnement, l’entretien et le test des réseaux incendies permettent d’anticiper ces difficultés
et de limiter les conséquences des sinistres.
Enfin, une fois le feu éteint, le risque de reprise reste important et impose
une surveillance du site. Ainsi à Hasparren (64), le feu reprend 3 jours
après le sinistre, provoquant l’exaspération des riverains qui bloquent
l’accès­au site de traitement de déchets pour exiger une meilleure­
surveillance­de celui-ci.
Avec plusieurs centaines de millions de tonnes de déchets produits par
an en France et compte tenu de l’évolution des nouvelles méthodes
de valorisation, il est essentiel de ne pas perdre de vue qu’un produit,
lorsqu’il devient un déchet, n’en conserve pas moins ses propriétés et
ses dangers (inflammabilité, toxicité, solubilité…). Aussi convient-il d’en
tenir compte dans les opérations de tri à la source, de collecte, de traitement et d’élimination. L’utilisation des leçons des accidents passés dans
la conception et la gestion des installations de tri et d’élimination de
déchets est sans nul doute un élément clé pour améliorer l’acceptation
de ces sites par la société civile.
Jean-François Michel
Ministère de l’écologie, du développement durable,
des transports et du logement
Direction générale de la prévention des risques - BARPI
Photo Dreal
aria.developpement-durable.gouv.fr
* Cf. sur le site Aria les accidents nos 5827, 11350, 25025, 28642, 30111, 34780, 38380…
Pour vous tenir informé(e) de ses dernières
parutions relatives au retour d’expérience
sur accidents industriels, le BARPI vous propose
de vous abonner à sa newsletter bimestrielle
sur www.aria.developpement-durable.gouv.fr.
N° 119 - Septembre-octobre 2011 - Préventique Sécurité
67
Risques et pollutions industriels
Déchets
n 1/05/2011
69 - DéCINES-CHARPIEU
38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux
Dans un centre de transit de déchets, un
feu se déclare vers 23 h dans un stock
de 150 t de déchets industriels banals
(DIB) dans un bâtiment de stockage de
10 000 m². Une épaisse fumée noire se dégage dans l’Est
lyonnais. Vers 23 h 30, l’alarme incendie se déclenche
dans les locaux de la société de surveillance. Parallèlement, des policiers effectuant une ronde dans le secteur
donnent l’alerte. Une quarantaine de pompiers, arrivés
sur place à 23 h 40, ouvrent les exutoires du bâtiment
et détruisent une partie de la toiture pour évacuer les
fumées. Les services du gaz et de l’électricité coupent
les alimentations vers 23 h 45. Malgré des difficultés
d’alimentation en eau, l’incendie est maîtrisé vers 1 h.
Durant toute la nuit, 8 employés évacuent les déchets
brûlés en alternant 15 min de travail et 30 min de
pause afin de limiter l’exposition au monoxyde de
carbone (CO) présent dans les fumées. L’incendie est
éteint vers 12 h 15 le lendemain. L’exploitant met en
place une surveillance interne. Les tas de déchets sont
brassés et arrosés, puis la zone sinistrée est sécurisée. Les déchets brûlés sont envoyés pour destruction sur un site spécialisé. Les eaux d’extinction sont
dirigées vers un bassin de rétention et pompées par
une société spécialisée. La toiture du bâtiment de
stockage est endommagée ainsi que 2 convoyeurs,
1 pont roulant, 3 bennes, 1 semi-remorque et son tracteur ; une vingtaine de balles de carton sont brûlées.
Le site est arrêté le lendemain du sinistre et reprend
partiellement­son activité le surlendemain.
Une enquête de police est effectuée. L’hypothèse
d’un départ de feu accidentel reste privilégiée.
n 4/05/2011
43 - POLIGNAC
38.32 - Récupération de déchets triés
À 23 h 45, des gendarmes repèrent un
départ de feu dans un centre de valorisation de déchets banals et alertent
les pompiers. Un violent incendie se
développe dans un bâtiment de 2 000 m² stockant
plusieurs centaines de tonnes de balles textiles, polyéthylène et se propage aux balles de papiers/cartons/
plastiques stockées en façade. Plus de 140 pompiers
et une trentaine d’engins luttent à l’aide de 9 lances
dont une lance canon contre des flammes de plusieurs
mètres. Le feu s’est propagé à 1 hangar de 1 700 m² et
à 2 aires de stockage extérieures contenant 3 000 m³
de déchets banals de type polyuréthane, papier/cartons, métaux et refus de tri. Les pompiers protègent en
priorité un bâtiment de 360 m² stockant des produits­
68 Préventique Sécurité - N° 119 - Septembre-octobre 2011
dangereux (solvants usagés) et la presse à métal sur
les zones de stockage de ferrailles et de véhicules hors
d’usage. Le feu menace une forêt voisine et un refuge
de la SPA qui est évacué à 2 h. Des salariés, rappelés
pendant la nuit, aident les secours pour déblayer les
déchets. Le débit du réseau incendie du site se révélant
insuffisant, de l’eau est puisée dans la réserve incendie
de la zone industrielle voisine de 800 m³ située à 400 m.
Les différents foyers sont alors attaqués avec de la
mousse et la réserve de la ZI doit être réapprovisionnée­
par des camions-citernes.
Les pompiers maîtrisent le sinistre à 6 h le lendemain
et quittent les lieux vers 12 h 30. L’exploitant nettoie
le site et arrose les déchets brûlés pour les refroidir.
Les deux tiers du site sont détruits : 2 bâtiments de
2 000 m² et 1 700 m², le poste de distribution de carburants, 3 engins de manutention. Environ 300 t de
déchets ont brûlé et 1 200 t de déchets invendables
doivent être enfouis. Les dommages sont évalués à
4 millions d’euros. Les 2 500 m³ d’eau d’extinction n’ont
pas pu être retenus sur le site, mais des contrôles de
pH et de paramètres organiques dans l’eau ainsi que
sur les sédiments ne montrent pas d’impact sur 2 ruisseaux voisins. Aucune mortalité piscicole n’est constatée et les capteurs de qualité de l’air les plus proches
ne relèvent pas d’anomalies. Des mesures de chômage
technique sont envisagées pour les 100 employés du
site pendant les 24/48h suivant le sinistre.
L’origine du feu est inconnue, le dernier employé
avait quitté le site à 21 h. Un incendie d’origine criminelle avait déjà touché le site en 2004. L’exploitant
met en place un gardiennage du site, sépare les stockages de déchets plastiques des autres et améliore
les moyens passifs de lutte ainsi que de détection
incendie jusqu’alors inexistants.
n 18/05/2011
01 - SAINT-VULBAS
38.22 - Traitement et élimination des déchets dangereux
À 15 h 40, un opérateur charge des
seaux contenants des batteries au
lithium usagées dans le monte-charge
d’un four rotatif d’une usine d’incinération de déchets dangereux quand un seau dégage
une forte fumée puis s’enflamme. Il saisit un extincteur à poudre pour arroser le seau, mais n’arrive pas à
l’éteindre. Il alerte sa hiérarchie qui déclenche le POI à
15 h 50. L’équipe de secours interne intervient à 15 h 55
et les services de secours publics sont alertés à 16 h et
arrivent sur site à 16 h 30 avec 20 pompiers, 2 fourgons
grande puissance et 1 cellule mobile d’intervention
chimique (CMIC). Le feu est maîtrisé à 16 h 55. Un stock
de poudre d’extinction spécifique pour le lithium est
envoyé depuis Lyon. La poudre est répandue sur la
zone sinistrée à 18 h. Les pompiers quittent les lieux
à 19 h 30 après nettoyage de la zone et levée du POI.
L’exploitant informe l’inspection des installations classées et ses proches voisins vers 16 h 45.
Le four n’étant pas endommagé, l’exploitant envisage
d’y éliminer le reste du stock des batteries au lithium,
Risques et pollutions industriels
à un faible débit et sous protection préventive de
poudre. D’après l’inspection des installations classées, une réaction entre les piles au lithium et d’autres
déchets serait à l’origine de l’incendie.
n 23/05/2011
59 - LA BASSéE
En fin de matinée, un technicien d’un site de stockage de déchets triés observe une fumée suspecte
s’échappant d’un stock de 850 t de copeaux d’aluminium ferreux, produit un peu gras provenant de
l’indus­trie automobile. Une combustion spontanée
s’est déclarée au sein du stock, entreposé à l’extérieur et au soleil, avec de nombreux points chauds de
plusieurs centaines de degrés à l’intérieur. L’absence
de bâtiment à proximité limite les risques et facilite
l’intervention des secours qui traitent ce « feu de
métaux » kilo par kilo à l’aide d’une caméra thermique
pour repérer les points chauds. Une lance à poudre est
mise en place en protection, ainsi que 3 extincteurs
à poudre de l’entreprise. Une pelleteuse prélève des
petites quantités sur le tas de copeaux, chaque godet
étant refroidi progressivement par arrosage au moyen
d’une lance alimentée tour à tour par 2 fourgons. Ce
procédé permet d’éviter une réaction violente eaualuminium. L’entreprise refuse que les pompiers utilisent du sable qui rendrait les copeaux inutilisables.
Malgré cette intervention, la température du stock de
copeaux reste très élevée et le risque de reprise de feu
est très important. Les pompiers quittent les lieux en
fin de journée, mais le site reste sous surveillance et
plusieurs rondes sont effectuées pendant la nuit.
n 28/05/2011
64 - HASPARREN
38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux
Lors de fortes chaleurs, un feu se déclare vers 15 h 15
dans un centre d’enfouissement de déchets ménagers
et industriels non dangereux, au niveau du front de
taille d’une alvéole de 3 000 m² contenant des déchets
à l’air libre, en cours d’enfouissement. Les employés
du site étouffent le feu en le couvrant de terre et des
pompiers refroidissent avec des lances la zone sinistrée comportant des poches de biogaz et des conduits
pour le canaliser. Une épaisse fumée noire se dégage,
mais les réseaux de drain et de transport du biogaz ne
sont pas touchés. Un technicien effectue des mesures
de toxicité dans l’air qui s’avèrent négatives. Le sinistre
est maîtrisé vers 19 h. Le feu reprend 3 jours après en
soirée et se propage sur le flanc de l’alvéole déjà accidentée, provoquant l’exaspération des riverains qui
bloquent le site pour exiger une meilleure surveillance
de celui-ci, les 2 feux ayant été détectés par des voisins.
L’exploitant réalise des travaux d’urgence : couverture de l’alvéole accidentée avec des matériaux
inertes, séparation de la zone chaude de l’alvéole
de celle de poursuite d’exploitation par une digue,
réparation de la géomembrane superficielle de la
digue endommagée­. Il met en place une surveillance
Photos Sdis 59
38.32 - Récupération de déchets triés
La Bassée, ci-contre repérage des « points chauds »
avec une caméra thermique lors de cette intervention.
permanente­du site pendant la durée des travaux, qui
sera adoptée définitivement par la suite.
Un contrôle thermique nocturne effectué 21 jours
après l’accident montre qu’un secteur de l’alvéole
dépasse 40 ° C sur un flanc de talus d’où s’échappent
des fumerolles et une odeur de déchets. L’exploitant
surveille cette zone pour limiter les entrées d’air,
recharge en matériaux la zone de fissures pour parfaire le confinement et suit l’évolution de celui-ci
(température, état de surface, tassements).
La procédure à suivre en cas de canicule est modifiée
sur les différents sites d’enfouissement de déchets
de l’industriel. L’inspection des IC lui demande de
contrôler les drains de collecte des lixiviats dans
l’alvéole, l’étanchéité des géomembranes de flancs
et de fond du casier en exploitation. Un contrôle des
eaux souterraines en aval hydraulique de l’alvéole est
demandé pour vérifier l’absence de fuite de lixiviats.
n 28/05/2011
72 - TRANGE
38.21 - Traitement et élimination des déchets non dangereux
Un feu se déclare vers 18 h 20 sur un andain composé
de 12 000 m³ de déchets verts dans un centre de compostage de végétaux. Un passant alerte les services de
secours. L’incendie se propage de tas en tas et atteint
un stock de 2 000 m³ de palettes. Il dégage une importante colonne de fumée dont l’odeur est perceptible à
plusieurs dizaines de kilomètres. Les services routiers
sont avertis de la possible retombée des fumées sur
l’A11. Les pompiers interviennent avec 28 hommes et
7 lances à eau sur un foyer de 8 000 m² ; le feu est maîtrisé à 20 h 20. L’exploitant assure une surveillance des
lieux en raison du risque de reprise pendant la nuit et
les pompiers effectuent une dernière reconnaissance
le lendemain à 8 h 30 avant de démonter leur dispositif hydraulique. C’est le deuxième incendie de ce type
en un an. L’exploitant envisage une origine criminelle,
car les 2 incendies se sont déclarés pendant le weekend, période sans activité sur le site.
N° 119 - Septembre-octobre 2011 - Préventique Sécurité
69
Risques et pollutions industriels
Rejet de matières
dangereuses
n 2/05/2011
2A - AJACCIO
46.71 - Commerce de gros de combustibles et de produits annexes
Dans un centre emplisseur de GPL, une
fuite de propane se produit vers 9 h 30
au niveau des soupapes de 3 réservoirs
horizontaux de 150 m³ pleins, lors du
remplacement d’une passerelle métallique enjambant
les 3 capacités par une entreprise extérieure. Au cours
de la manutention de l’ouvrage qui avait été désolidarisé de ses points d’attache, le grutier sentant un
blocage lors de l’enlèvement augmente la tension du
levage, provoquant le décrochage brutal et l’oscillation
de la passerelle qui heurte les soupapes, provoquant
la fuite de gaz. Durant la manœuvre, le grutier soustraitant de l’entreprise extérieure chargée des travaux
était guidé par 2 personnes. Le site est mis en sécurité
et l’arrosage automatique des réservoirs s’active. Le POI
est déclenché à 9 h 32 ; les secours publics sont alertés
et une détection renforcée de gaz est mise en place. Un
périmètre de sécurité est établi et les 150 personnes de
3 bâtiments militaires voisins sont évacuées. La circulation sur la RN 196 est interrompue, perturbant l’accès
à l’aéroport et provoquant une gêne pour 50 % des
passagers à l’embarquement. Les pompiers effectuent
des mesures régulières d’explosimétrie sur le site et à
l’extérieur.
Les phases liquides de GPL sont vidangées par
camions-citernes et évacuées en clientèle. Un transfert
de GPL entre les réservoirs impliqués est également
effectué au fur et à mesure de la réparation des soupapes de chacune des capacités après leur mise à la
pression atmosphérique. La réparation du 3e réservoir
nécessitant la livraison de soupapes neuves adaptées,
celui-ci est consigné. Pendant les vidanges, les murets
des cuvettes de rétention et les réseaux d’air comprimé solidaires se sont rompus sous la pression de
l’eau accumulée à la suite de l’arrosage des réservoirs,
entraînant la perte d’alimentation en air des vannes de
soutirage, leur fermeture automatique et donc l’arrêt
des transferts de propane jusqu’au rétablissement du
réseau par le personnel de l’entreprise.
La circulation routière est rétablie à 21 h 30 après
maîtrise de la situation. Le POI est levé le lendemain
vers 5 h 30 et l’intervention des secours s’achève à
6 h 30. La quantité de propane relâchée est évaluée à
12 t. Une entreprise spécialisée effectue des contrôles
non-destructifs des réservoirs le 25/05 pour vérifier
l’absence de fissuration.
Durant l’intervention des secours, le moteur de l’une
des 2 motopompes eau de mer alimentant les groupes
incendie a surchauffé en raison de la durée de leur
utilisation­(18 h d’affilée). Malgré une perte d’efficacité,
70 Préventique Sécurité - N° 119 - Septembre-octobre 2011
une alimentation suffisante du réseau incendie a été
maintenue ; la motopompe eau douce était en secours.
L’exploitant engage une réflexion sur les procédures
de travaux (permis de grutage, travail de grande hauteur…) à mettre en place ou à modifier afin de réduire
la probabilité de renouvellement d’un tel événement.
n 16/05/2011
21 - DIJON
52.10 - Entreposage et stockage
Dans un dépôt pétrolier, une odeur
d’essence est détectée à proximité de
la tuyauterie de sortie d’un bac de stockage, au passage du merlon de compartimentage de la cuvette de rétention. Le même jour,
une entreprise spécialisée dégage la canalisation du
merlon bétonné sur la partie supérieure de la tuyauterie. L’exploitant constate alors 3 boursouflures de
matière dont une présente une perforation de moins
de 1 mm de diamètre. Le débit de fuite est estimé à
moins de 1 l/h sur les périodes où le réservoir est en
service, soit 12 h/j. Les terres proches de la canalisation
ne présentant pas un taux d’imprégnation très important et le suivi des pertes sur le réservoir ne montrant
pas d’anomalie, la quantité perdue est estimée à 1 m³.
L’exploitant installe un collier pour stopper la fuite et
stocke les terres polluées en attente de traitement. Il
prévoit un remplacement du tronçon de la canalisation, ainsi que du merlon remplacé par un mur de séparation pour visualiser une partie plus importante de la
conduite. Un suivi des piézomètres du site est instauré.
L’exploitant attribue l’apparition des 3 points de corrosion à des soudures réalisées à proximité lors de la
mise en place de la canalisation, créant ainsi un point
de corrosion privilégié. La tuyauterie incriminée était la
seule à ne pas avoir été éprouvée dans le cadre de la
reconfiguration récente des canalisations de la cuvette.
n 22/06/2011
69 - FEYZIN
19.20 - Raffinage du pétrole
Vers 9 h, des « odeurs de gaz » sont ressenties dans l’agglomération lyonnaise,
générant l’inquiétude de la population.
Plus de mille appels, déclenchant 5 procédures d’intervention pour fuite de gaz, sont reçus
par les secours en 1 h. 3 personnes victimes de légers
problèmes respiratoires sont prises en charge par les
secours. De nombreux appels sont enregistrés par la
police, les mairies ainsi que par le service du gaz. Bureaux,
commerces ou habitations sont spontanément­évacués.
Dès la perception des odeurs au niveau de la raffinerie (à 9 h), les causes sont recherchées et attribuées au
déclenchement d’une unité de récupération de soufre
vers 8 h. Cette unité aurait entraîné une augmentation temporaire des émissions de SO2, sans toutefois
conduire à un dépassement ni du seuil réglementaire
journalier des normes à l’émission, ni des seuils de qualité de l’air du réseau de surveillance lyonnais.
L’exploitant communique vers 11 h sur ce premier
scénario­et l’inspection des installations classées
effectue­une enquête. La préfecture publie un communiqué de presse. Toutefois, les données collectées
montrent l’incohérence de ce scénario avec la typologie des odeurs perçues. Une opération programmée de
régénération de tamis moléculaire utilisés pour piéger
les composés soufrés (mercaptans) dans les gaz de
pétrole liquéfiés (GPL) s’avère en être plutôt à l’origine.
Cette opération, non étudiée dans un premier temps
car non incidentelle, a eu lieu de manière concomitante avec le déclenchement d’unités de récupération de souffre. Un flux d’azote, chargé en mercaptans
issus de l’opération de régénération, combiné à un
débit insuffisant de gaz inflammable ainsi qu’à un flux
de vapeur, conduit à la baisse de l’efficacité de combustion de la torche et à l’émission de mercaptans.
Les modélisations de la dispersion atmosphérique
du nuage de mercaptans réalisées sur la base de ce
scénario­corroborent­les faits.
L’exploitant recherche des pistes afin d’éviter que
l’épisode ne se reproduise et d’améliorer sa capacité à
réagir sur des épisodes similaires, non nécessairement
incidentels. Les autorités avaient en effet déploré leur
information tardive par l’industriel, environ 2 h après
l’événement. Photo Barpi
Risques et pollutions industriels
Transport de matières
dangereuses
n 30/06/2011
59 - BOURBOURG
49.41 - Transports routiers de fret
À 6 h 35, le conducteur d’un camionciterne transportant 24 t de bitume à
150 °C perd le contrôle de son véhicule
en sortie de giratoire sur la RD 300. Le
poids-lourd se couche sur la chaussée et la citerne est
éventrée par la glissière de sécurité, libérant la quasitotalité de son contenu. La circulation est interrompue
dans les 2 sens jusqu’à 10 h. Les pompiers établissent
une lance de brumisation. Ne parvenant pas à colmater la fuite, ils font appel aux moyens de chantier
de la direction interdépartementale des routes pour
endiguer le produit par levée de terre. Les déchets
sont récupérés par une société spécialisée et acheminés vers un centre de traitement avant décapage
de la chaussée. Le service de voirie du conseil général
exploitant la route s’est rendu sur place. Une vitesse
excessive (82 km/h dans le giratoire) est à l’origine de
l’accident.
30/05/2011
84 - PIOLENC
49.41 - Transports routiers de fret
Un poids-lourd transportant un conteneur-citerne de 23 t de sulfure de carbone liquide se renverse sur le côté
de la RN 7 dans un giratoire d’accès à
l’A7. Le conducteur âgé de 58 ans gravement blessé
est transporté à l’hôpital. Le conteneur-citerne est
endommagé mais aucune fuite n’est constatée.
Les secours établissent un périmètre de sécurité,
interrompent la circulation sur la RN 7 et installent
un lourd dispositif de protection en cas de fuite
(100 pompiers). Après concertation avec le transporteur et l’entreprise productrice du produit toxique et
inflammable, et en présence de la directrice de cabinet de la préfecture, le périmètre de sécurité est élargi
à 600 m aux environs de minuit : l’ A7 proche est fermée et quelques dizaines d’habitants sont mis à l’abri.
La citerne est relevée à l’aide de coussins gonflables
puis dépotée à partir de 8 h. La situation revient à la
normale vers 11 h.
n 20/05/2011
33 - BORDEAUX
35.22 - Distribution de combustibles gazeux par conduites
Photo Sdis 84
Un violent orage provoque dans l’aprèsmidi l’inondation d’un poste de détente
de gaz naturel. L’amas d’eau entraîne
ainsi une surpression et la fermeture de
vannes, privant d’alimentation 17 000 abonnés de Bordeaux, Talence et Bègles. Près de 160 employés des services du gaz sont mobilisés, les premières réouvertures
de ligne ont lieu le dimanche 22/05 et les dernières en
milieu de semaine.
N° 119 - Septembre-octobre 2011 - Préventique Sécurité
71
Risques et pollutions industriels
Explosions
n 22/06/2011
62 - CALAIS
20.14- Fabrication d’autres produits chimiques organiques de base
Dans une usine fabriquant des intermédiaires de synthèse de chimie organique, une réaction s’emballe et une
explosion se produit à 21 h 10 dans la
colonne de verre surplombant un réacteur de 3 000 l.
Le bardage léger du bâtiment abritant le réacteur est
emporté, mettant à nu sa charpente métallique. Des
témoins extérieurs rapportent avoir vu s’élever une
boule de feu. L’explosion provoque un début d’incendie dans l’unité de fabrication. Un nuage de 295 kg
d’acide chlorhydrique se forme au-dessus du site et
se disperse en quelques minutes vers l’océan grâce
au vent favorable. Alertés par le bruit, les employés
mettent le site en sécurité à 21 h 12 et déclenchent le
POI. Ils commencent à lutter contre l’incendie avec les
moyens du site. Sur place à 21 h 20, les pompiers mobi-
autres unités/réacteurs du site ne sont pas atteints.
L’exploitant nettoie la zone accidentée pour éviter des
blessures par effondrement de bardage. Les activités
du site reprennent 48 h après. Une entreprise voisine
se plaint de la gestion de la communication autour de
l’accident, son nom ayant été cité dans des articles de
presse. L’inspection des IC, prévenue le lendemain midi,
se rend sur place. L’exploitant évalue les dommages et
pertes de production à quelques centaines de milliers
d’euros. La justice lance une enquête.
L’enquête menée par l’exploitant montre que l’accident
est dû au démarrage brutal d’une réaction d’hydro­
silylation d’un composé éthylénique en présence d’un
catalyseur (acide chloroplatinique hydraté), bien que
le mélange réactionnel n’ait pas présenté d’exothermie pendant 6 h à faible température (5-10 °C). Cet
emballement serait dû à la présence de traces d’alcool
ayant activé le catalyseur. Ces traces proviendraient
de la réduction de traces de cétones présentes dans
le milieu réactionnel par l’hydrosilane, réduction favorisée par l’effet de masse. L’exploitant limite la masse
réactionnelle en présence du catalyseur, étant donnée
la difficulté­à maîtriser l’activité de ce dernier.
25/06/2011
42 - FEURS
Photo Sd is 62
24.10 - Sidérurgie
Malgré tout le soin apporté à la
réalisation de cette synthèse, il
est possible que des inexactitudes
persistent dans les éléments
présentés. Merci au lecteur
de bien vouloir signaler toute
anomalie avec mention des sources
d’information au Barpi,
Dreal Rhône–Alpes, site Charial,
69509 Lyon Cedex 03.
Courriel : srt.barpi@
developpement-durable.gouv.fr.
lisent d’importants moyens et constatent à leur arrivée que l’incendie est presque circonscrit. Ils arrosent
le réacteur accidenté avec 4 lances pour le refroidir
pendant que le site est évacué et que la bretelle d’accès à l’autoroute voisine est fermée. En binôme avec
quelques employés, ils inspectent les unités voisines
de celle accidentée pour détecter d’éventuelles fuites
de produits toxiques causées par effet domino. Le souspréfet se rend sur place à 22 h et répond aux questions
des médias. L’accès à l’autoroute est réouvert à 23 h 05,
la situation est jugée sous contrôle à 23 h 30 et les
pompiers­quittent le site à 0 h 30.
Les eaux d’extinction sont recueillies dans le bassin
de rétention du site. 8 employés sont examinés dont
5 restent hospitalisés pour observation durant la nuit,
l’un d’entre eux présente des signes de troubles auditifs­,
car il a été le plus exposé au souffle de l’explosion. Les
72 Préventique Sécurité - N° 119 - Septembre-octobre 2011
Une explosion se produit à 4 h 50 au
niveau du four de fusion d’une fonderie,
lors d’une intervention de sous-traitants,
salariés d’une entreprise sidérurgique
mitoyenne, pour une maintenance corrective à la suite
d’une importante fuite d’eau ; 2 employés sont tués
et 2 autres sont légèrement blessés. Les secours établissent un périmètre de sécurité, coupent l’alimentation en gaz et interrompent la circulation des trains sur
la ligne ferroviaire voisine (Roanne-St-Étienne).
Les bardages (plaques amiante-ciment, tôles…) du
toit et des murs du bâtiment de 800 m² sont gravement endommagés. Des projections se sont éparpillées dans la rue, sur la voie ferrée et dans des jardins
de riverains. Le four de fusion est couché sur le flanc
et la fosse contenant un bac de laitier est remplie
d’eau. L’enceinte de gammagraphie de la fonderie
mitoyenne, située à 100 m du bâtiment sinistré et qui
avait été contaminée lors d’un accident le 7/05/10
(Aria 38184) n’est pas endommagée par l’explosion.
La circulation ferroviaire est rétablie vers 10 h, après
enlèvement des débris projetés et vérification des
voies ferrées. Un arrêté préfectoral du 27/06 suspend
l’activité de fusion et conditionne sa reprise à une
nouvelle autorisation d’exploiter. Les 40 employés de
la fonderie sinistrée sont en chômage technique. Des
enquêtes administrative et judiciaire sont effectuées.
Selon les premières investigations, le four avait été
arrêté à 1 h, après la coulée d’une fusion de piles alcalines usagées. Aucune anomalie n’avait été signalée
par les opérateurs qui ont quitté les lieux vers 3 h 30.
Le contact entre l’eau déversée et le laitier en cours
de refroidissement­est évoqué comme origine de
l’accident­.
n

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