DÉCOMPRESSION ASSISTÉE PAR ORDINATEUR Le vrai danger
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DÉCOMPRESSION ASSISTÉE PAR ORDINATEUR Le vrai danger
DÉCOMPRESSION ASSISTÉE PAR ORDINATEUR Le vrai danger, ce n'est pas quand les ordinateurs penseront comme les hommes, c'est quand les hommes penseront comme les ordinateurs. [Sydney Harris] 21. mars 2011 Maud Quillon [email protected] MOTS Clefs : ordinateur de plongée, palanquées avec moyens de décompression hétérogènes Questionnaire introductif 1. J’utilise toujours un ordinateur ? a. Oui b. Non 2. J’ai déjà lu la notice de mon ordinateur ou en tout cas je l’ai toujours avec moi en sortie plongée ? a. Oui b. Non 3. Lors d’une première plongée mon ordinateur tombe en panne, l’après midi, a. Je ne plonge pas b. Je prends un autre ordinateur pour l’après midi c. J’utilise des tables c : à condition d'avoir évalué un GPS et un intervalle de surface) 4. Je plonge avec des élèves, l’un d’entre eux à un palier plus long que le mien a. Tant pis le guide a toujours raison, on remonte à la fin du mien b. On le laisse au pendeur, il remontera quand ce sera fini c. On attend qu’il finisse son palier tous ensemble 5. Tous les ordinateurs posés au fond à 30 mètres indiquent 30mètres a. Oui b. Non 6. Dans une palanquée, si les plongeurs suivent exactement le même profil, ils auront la même procédure de décompression. a. Oui b. Non si les ordinateurs sont différents, il y a des chances que les paliers ne soient pas les mêmes. Les capteurs ne sont pas calibrés de la même façon et les algorithmes seront différents. 7. 1 niveau 4 et 2 plongeurs plongent avec un ordinateur, en cas de remontée rapide a. Je redescends au fond, je continue mes exercices, je ferai 5 minutes à la fin en remontant à mi profondeur puis mes paliers indiqués par l’ordinateur, s' il n’y en a pas je ferai au moins 2 minutes à 3m. b. Je redescends rapidement à mi-profondeur et attends 5 minutes, puis je remonte pour faire les paliers indiqués par l’ordinateur, si il n’y en a pas je ferai au moins 2 minutes à 3m. c. Je redescends au fond et je continue ma plongée, l’ordinateur va gérer la fin de plongée, je n’utilise pas les tables donc pas leurs procédures. 1 1. Pour la petite histoire 1983 : 1er ordi DECOBRAIN d’Herman 1950 décompressimètres Fin 1970 Lecteur de tables Plongée carrée 1990 1980 1995 Lecteur de tables multiprofondeur 1985 Aladin Gestion d’air Mélanges Adaptatif = Comportement du plongeur 2010 Compas/GPS Cardio -fréquencemètre 2. Un peu de vocabulaire électronique et informatique • « Organes des sens de l'ordinateur »: Capteur : élément permettant de capter une information du milieu : contact humide, sonde de température, de pression… Emetteur/récepteur : l'un envoi un signal l'autre le reçoit et le traduit. C'est le cas des émetteurs que l'on branche sur le 1èr étage pour indiquer la pression restante dans la bouteille à l'ordinateur. • « partie intelligente de l'ordinateur » Processeur = le cerveau qui enchaine les calculs Algorithme/Modèle/Simulation : enchaînement de calcul visant à simuler un phénomène et obtenir un résultat approximatif de la réalité. C’est le cas des scientifiques essayant d’élaborer des modèles mathématiques pour pronostiquer la météo. Dans notre cas on cherche à simuler ce qu’il se passe au niveau de l’azote dans le corps du plongeur soumis à la pression variant au cours de sa plongée. 2 Mémoire : espace pour stocker des informations. Elle peut être persistante (journal des plongées, profil sauvegardé), ou volatile (données gardées le temps d'un calcul par exemple). • « Organes de dialogue de l'ordinateur » Ecran : affichage d'information. Retro éclairage optionnel: très pratique pour les plongées de nuit ou en eau trouble. Alarme sonore : paramètrable pour certaine par exemple réglage de la profondeur de plancher. Interface avec un autre ordinateur : permet d'échanger des informations avec un ordinateur type PC. Les derniers modèles utilisent cette voie pour des mise à jour. Capteurs : Pression, humidité, Température, Chronomètre, cardio, Pression dans le bloc Relevé des valeurs selon une fréquence dépendant du modèle Recalcul régulier de la déco Mise à jour continue des informations à l'écran Affichage : Déco, T°, temps, profondeur Éventuellement Alarmes Sauvegarde des valeurs des capteurs mémoire 3. Du plus simple au plus compliqué Le plus simple hormis les profondimètres à écran digital et les ordinateurs ne donnant que la courbe de sécurité (indique qu’il y a un palier mais pas le temps) est l’ordinateur qui ne gère que la décompression du plongeur : palier, et temps de palier pour les plongées effectuées. Il existe ensuite un certain nombre de fonctionnalités, nécessitant des capteurs, des algorithmes et des affichages supplémentaires en plus selon les modèles. Attention car plus il y a d'options plus éventuellement ce sera compliqué à utiliser: « trop d'information tue l'information ». Sans compter que le plongeur pourra être focalisé sur son instrument s' il ne le comprend pas ou ne trouve pas l'information facilement (attention au tout nouveau acheteur du dernier cri, en plongée il risque d'être absent) ! Si on part du modèle actuel le plus complet et qui pour l'instant donne un aperçu de la génération d'ordinateur que l'on trouvera dans un futur proche on arrive à tout ce qui est pour l'instant possible de rassembler. 3 • • • • • • • • Compas embarqué: “Plus à droite !” • • • Gestion des mélanges gazeux: nitrox. Programmation d'alarmes sur la profondeur, le temps de plongée. Programmation pour durcir l'algorithme = choix d'algorithmes Détection eau salée/ eau douce Détection de l'altitude Interface avec un PC Gestion du carnet de plongée Mise à jour des nouvelles versions possibles via internet : mise à jour d'algorithme, correctifs. Compas intégré avec indication de la direction à • prendre. Interface traduite en français Gestion d'air, avec des nouvelles indications dont par exemple une notion de demi-tour indiquée à la mi pression ! Cardio fréquencemètre : d'habitude utilisé par les sportifs en endurance (course à pieds, triathlète...) , cet outil mesure la fréquence cardiaque instantanément. Selon l'age, les zones d'effort sont directement liées à des plages de la fréquence cardiaque ( voir cours sur « La préparation physique du plongeur” et notions d'effort aérobie, anaérobie... ). En résumé, avec Texte traduit, gestion d'air : : "fais demi-tour" cette information, on peut savoir si on approche de l'essoufflement avant d'être essoufflé. Avec ce genre de système combiné avec la gestion de l'air dans la bouteille, l'ordinateur peut estimer assez finement la consommation du plongeur et ainsi prévoir le temps restant de plongée. En tant que guide vous devez vous tenir au courant des dernières avancées ne serait ce que dans le cas où une des personnes à guider à un nouveau matériel. Renseignez vous auprès de la personne afin d'en connaître d'avantage et en même temps vérifier qu'elle même sait s'en servir. Comme pour tout le reste du matériel, le guide de palanquée pourra être amené à donner des indications aux élèves. Le choix dépendra évidemment de ce qu'on a besoin concrètement dans son quotidien de plongeur (gestion des mélanges si je n'en fais jamais ? ), du prix, de la fréquence et du niveau de pratique (si je suis niveau 1, peut être est-il bon d'attendre ? ). Un guide n'a pas à faire la promotion d'une marque ou d'une autre mais doit connaître les options existantes et surtout celles conseillées à telle ou telle pratique de plongée. Un guide n'a pas non plus à dénigrer un matériel à partir du moment où il est vendu et a été validé par un distributeur (c'est obligatoire), d'autant qu'il n'en mesurera pas forcément l'impact psychologique « mon M...s est nul, je vais mourir...!». 4 4. Savoir utiliser son ordinateur et rester intelligent face à la machine. • Il ne gère pas votre comportement ni votre trajectoire. Avoir un ordinateur ne rend pas un plongeur plus intelligent: il va automatiser la partie calcul mais il ne va pas vous dire ce que vous devez ou ne devez pas faire pour plonger en sécurité. Tout comme l'ordinateur d'une voiture vous indique quand vous n'avez presque plus d'essence, peut réguler votre vitesse, mais ne corrige pas votre trajectoire pour éviter un arbre! En gros l'ordinateur ne conduit pas à votre place, en plongée c'est pareil ! L'ordinateur prévoit que vous allez l'utiliser de manière proche des procédures prévues par les tables: éviter tous les profils à risque. Pas de profil inversé, 2 plongées par 24h max, pas de yoyo, pas de remontée rapides... • Différences dans le calcul de la décompression Le temps de plongée sera par contre plus long que celui pris dans les calculs avec les tables (rappel: celui ci démarre dès l'immersion et fini au moment où on décide de remonter à la vitesse préconisée). Remarque : le temps, affiché en fin de plongée prend également en compte le retour en surface. Enfin au niveau de la profondeur, il l'a relève tout au long de la plongée et en tient compte pour calculer votre décompression, il ne prend donc pas seulement la profondeur maximum mais tous les points qu'il a enregistrés pour calculer la décompression. Cas du profil remontée lente des tables : la vitesse conseillée par un ordinateur est plus lente que celle prévue par les tables. Cela veut dire qu'avec un ordinateur, le temps de remontée vers le palier si on le compare au profil des tables doit être inclus au temps de plongée si on repasse à l'utilisation des tables. 5 Cela peut rendre plus compliquée la gestion de la décompression dans le cas de palanquée avec procédures hétérogènes. En effet, on prend le plus sécurisant partout : à la remontée on prend la vitesse de l'ordinateur comme vitesse de remontée de la palanquée car elle est plus lente. Par contre aux paliers, on prendra la procédure des tables pour la décompression qui est plus pénalisante. La combinaison des deux peut entraîner à des paliers très majorés pour toute la palanquée. A prévoir et à planifier lorsqu'on l'on plonge avec ce type de configuration! • Savoir lui dire «NON», parfois ? Les fabricants durcissent un nombre d'éléments par rapport aux tables de plongée, ou rajoutent des sécurités. Mais parfois il faut savoir faire la part des choses selon les circonstances (tout comme, on peut parfois dépasser la vitesse autorisée en voiture s'il s'agit d'éviter un obstacle). Vitesse plus lente (10m/min au lieu des 15-17). Attention en cas d'assistance ou de sauvetage, en général l'ordinateur signale qu'on va trop vite même si on respecte la vitesse des tables. Dans ce cas, tant pis, la rapidité dans le sauvetage est primordiale surtout dans l'espace lointain où il est important de dégager de la zone à risque. Palier de sécurité : certains ordinateurs prévoit dès lors qu'on a mis une palme dans l'eau un palier de sécurité de 3minutes à 3 mètres. Il faut d'abord savoir faire la différence entre ces paliers de sécurité et les vrais paliers obligatoires (lire la notice !). Ensuite il faut là aussi parfois être plus intelligent que l'ordinateur car respecter ce palier peut entrainer plus d'inconvénients que de bénéfices: s'il fait froid (le froid est un facteur favorisant de l'ADD), si il y a du courant ou si on dérive (cas de perte ou effort pour rejoindre le bateau (=>ADD ! ). Procédures hétérogènes dans la palanquée : on dira non à l'ordinateur également en cas de palanquée avec procédures de décompression hétérogène, dans le sens où il nous dira que notre phase de paliers est finie et qu'on peut remonter si les ordinateurs où la procédure manuelle (tables) des autres plongeurs indiquent pour eux qu'elle n'est pas finie. La palanquée doit rester groupée et s'aligner sur la procédure la plus sécurisante (terme qu'on devrait préférée au terme plus souvent employé : « plus pénalisante »). Tables Ordinateur Profondeur pour la déco maximum atteinte multi-profondeurs Temps de plongée Surface jusqu'au moment où on décide de remonter à vitesse >15m/min 1 ou 2 mètres sous la surface jusqu'à la sortie de l'eau Vitesse 15-17 m/minute C'est une vitesse trop rapide pour les ordinateurs ! 10 à 12 m par minute selon modèle C'est une vitesse lente pour les tables ! Remontée trop rapide > 15m. minutes Procédure prévue voir le cours Peut rater l'information (il prend des relevés à intervalle régulier)! N'indiquera pas de procédure (peut être du palier en plus). Remontée lente Procédure prévue voir le cours (temps de plongée inclus) Recalcul automatique Altitude Recalcul (cours à venir) Gérée parfois selon modèle Yoyo, profil inversé... Non adapté à ce genre d'utilisation! Conclusion : l'ordinateur est un outil pratique mais ne doit pas remplacer notre réflexion sur la meilleur façon de gérer au mieux notre décompression pour nous et pour les plongeurs sous notre responsabilité.. 6