Erling Mandelmann, un pio nnier de la photo « people »

Région Riviera
Erling Mandelmann, un pio
PUBLICATION
Bertrand Piccard à 24 ans, prêt à s’envoler des Rochers de Naye, en
1982, «au départ d’une vie extraordinaire».
E.Mandelmann
Pour les 80 ans d’Erling
Mandelmann, les éditions
veveysannes Call me Edouard
publient «Show me»: 80
portraits et autant de récits en
format de poche, où le photographe d’origine danoise
raconte, en toute simplicité,
comment il a capturé des
personnalités qui ont fait le
monde des années 60 à 2010,
du Dalaï-Lama au petit-fils de
Karl Marx. Un voyage intimiste
et captivant, entre la Riviera et
Genève, Paris et Copenhague.
Rencontre chez lui à Pully,
autour d’un café-croissant.
Priska Hess
«L’
«Le pianiste Arthur Rubinstein m’avait particulièrement marqué, par sa
stature, sa position comme un lion sur son trône, au Montreux Palace,
face au jeune photographe inexpérimenté que j’étais », se souvient Erling
E.Mandelmann
Mandelmann.
idée, c’est exactement ça: vous êtes
chez Erling Mandelmann, installé sur
son canapé, vous feuilletez avec lui
son album de photos et il vous raconte
le contexte de chacune d’elles», décrit,
enthousiaste, l’éditeur Patrick Moser,
qui a imaginé et conçu «Show me»
(livre bilingue français-anglais). Sauf
qu’il ne s’agit pas d’un simple album
de famille, puisqu’il contient les portraits de 80 personnalités, parmi les
quelque 600 que le photographe a capturées depuis son arrivée en Suisse, en
1963, pour suivre un cours de perfectionnement à l’école de photographie
de Vevey. «Show me jette un pont,
d’une certaine façon, entre le 20e et
le 21e siècle», relève Patrick Moser.
Qui l’emprunte découvrira comment
Mandelmann a orchestré une rencontre
avec le roi de Thaïlande chez le peintre
> Oui, et je trouve très bien d’expli-
quer leurs circonstances, leur histoire. C’est quelque chose que l’on
ne fait pas d’habitude, parce que les
photos parlent d’elles-mêmes.
Quelle a été votre rencontre
la plus marquante?
> Je ne peux vraiment pas le dire.
Tous les personnages que j’ai rencontrés sont liés à une histoire, j’ai
eu un lien avec eux. Exceptionnellement, j’ai dû partir très rapidement
parce que le personnage se prenait
pour une diva!
Quand j’y pense, le pianiste Arthur
Rubinstein m’avait particulièrement marqué, par sa stature, sa position comme un lion sur son trône,
au Montreux Palace, face au jeune
photographe inexpérimenté que
j’étais… Et quelqu’un d’extraordinaire, c’était le marin Mogens Frohn
Nielsen. Son projet était de former
un équipage avec des délinquants,
pour les «récupérer». Par sa manière
d’être, sa personnalité, il a obtenu
90% de réussite, ces jeunes ont
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nnier de la photo « people »
Oskar Kokoschka à Villeneuve, immortalisé le 14e Dalaï-Lama au Mont-Pèlerin, l’acteur James Mason «dans sa
belle maison de Corseaux», ou encore
Bertrand Piccard prêt à s’envoler des
Rochers de Naye «au départ d’une vie
extraordinaire». Et comment, au gré
de son travail pour des magazines,
des liens tissés par amis interposés,
et parfois de heureux hasards, il rencontrera des personnalités comme
Georges Brassens, Hans Erni, Peyo le
père des Schtroumpfs, Werner Panton
le designer, l’actrice Nastassja Kinsky
ou le petit-fils de Karl Marx.
Erling Mandelmann, c’est
la première fois que vous
parlez de vos photos?
Région Riviera
04 au 11 mai 2016 - N° 803
04 au 11 mai 2016 - N° 803
trouvé un métier et ont pu s’intégrer à la société. Mais il avait ses
méthodes, qui n’étaient pas celles
des pédagogues danois… Si bien
qu’il a fini par laisser tomber et ne
donnait plus que des conférences.
C’était vraiment une personnalité.
Il est devenu l’un de nos meilleurs
quelqu’un d’autre, il est comme nous
un homme, un être: il faut s’en approcher, bien sûr avec respect.
Une photo que vous regrettez de ne pas avoir faite?
>
Bien sûr, il y a beaucoup de gens
que je n’ai pas pu photographier…
Mais je suis un grand admirateur de
Philippe Glass, compositeur américain de musique minimaliste. La première fois que je l’ai entendue, j’étais
en voiture entre Genève et Lausanne,
et je me disais: pourvu que ça dure
encore, jusqu’à ce que j’arrive à Lausanne! Il y a deux mois, il a donné un
concert à Genève et on y est allés avec
Patrick Moser. Je me suis dit: est-ce
que j’ose, comme quand j’étais plus
jeune, le déranger pour le prendre en
photo? Malheureusement, Philippe
Glass ne pouvait pas… Si on avait
réussi, l’idée était qu’il soit aussi dans
le livre.
«Que ce soit
Obama ou
quelqu’un
d’autre, il est
comme nous
un homme,
un être»
C. Huber
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E. Mandelmann
amis et on se retrouvait avec sa
famille chaque fois qu’on allait
au Danemark. Malheureusement,
comme beaucoup de gens dans le
livre, il n’est plus là…
Photographier un ami ou
quelqu’un que vous rencontrez pour la première fois,
c’est différent pour vous?
> Si on se connaît, c’est plus facile, car
le contact est déjà là. Alors que si c’est
une personnalité que je n’ai jamais
rencontrée, il faut créer l’ambiance,
la mettre en confiance. Surtout au
début, quand je n’avais pas d’expérience, je me demandais comment
j’allais communiquer pour ne pas
me mouiller, parce que je ne connais
pas la matière, parce qu’avant de rencontrer un écrivain je n’ai pas lu ses
livres… Mais je me suis toujours bien
débrouillé et c’est devenu presque un
sport! Aujourd’hui, ce n’est plus un
problème, car que ce soit Obama ou
L’acteur anglais James Mason, dans sa maison de Corseaux en 1975.
E.Mandelmann
Vous dévoilez aussi quelques
photos de famille…
>
C’est une idée de Patrick. Je trouve
sympa qu’il ait choisi de montrer des
photos de mon père, de ma femme décédée, de mes filles, de ma copine... et de
moi à trois ans, sur la plage, avec une
petite pelle.
Une image chargée de sens, aux yeux
de l’éditeur, citant l’écrivain Christian
Bobin: «Chacun de nous a un château
de sable à élever, pour la joie des yeux
de quelqu’un d’autre. C’est une profonde
raison d’exercer un art ou de faire un
métier. Quel qu’il soit». Erling Mandelmann y a parfaitement réussi.
Show me se trouve en librairie
ou peut être commandé
chez l’éditeur
www.call-me-edouard.com
Au Danemark, Mogens Frohn Nielsen, le marin qui avait formé un équipage avec des délinquants.
E.Mandelmann
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FESTIVAL
Un foyer pour les migrants mineurs
MONTREUX
L’EVAM a ouvert le 1er
avril un nouveau foyer
de 36 places destiné aux
migrants non accompagnés
qui n’ont pas atteint l’âge
de la majorité. L’objectif
est double: les aider à
s’intégrer et leur offrir des
perspectives d’avenir.
C’
est dans un cadre bucolique,
à Chamby-sur-Montreux, que
l’EVAM a pu acquérir l’ancienne propriété des sœurs de St-Vincent de Paul.
Le foyer peut recevoir jusqu’à 36 mineurs
non- accompagnés. Depuis le 1er avril,
33 jeunes, âgés de plus de 15 ans bénéficiant d’une protection liée à leur minorité
tout en relevant du domaine particulier
de l’asile, y sont hébergés. «Avec l’afflux
de nouvelles arrivées de requérants
d’asile depuis l’été dernier, le nombre de
mineurs non accompagnés a augmenté de façon considérable, souligne Evi
Kassimidis, chargée de communication
à l’EVAM. De 50 en mai 2015, ils sont aujourd’hui 215 jeunes, dont environ 150 à
être logés dans les structures de l’EVAM».
Intégration et avenir
Du personnel professionnel encadre et
accompagne ces jeunes 24h/24 tout au
long de l’année. «Les jeunes en âge de
scolarité obligatoire sont inscrits dans les
écoles. Il y en a deux à Montreux. Ceux
qui sont plus âgés sont tenus de suivre
nos cours de formation au sein de l’EVAM
avec notamment des cours de français et
SUISSE DE LA
de mathématique», précise la chargée de
communication. Que sont devenus leurs
parents? «On ne connaît pas leur histoire.
On la découvre petit à petit selon leur
envie de se confier ou non. Mais chaque
demande d’asile est traitée comme celle
d’un adulte. La seule différence est que
les mineurs sont protégés jusqu’à leur
18 ans, ils ne peuvent être expulsés», explique la chargée de communication. sgi
Bénévoles bienvenus, pour les
devoirs de math ou français
s’annoncer à [email protected]
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