Construire et améliorer l`insertion des bâtiments agricoles

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Construire et améliorer l`insertion des bâtiments agricoles
Construire
et améliorer l’insertion
des bâtiments agricoles...
… sur les territoires
de Limagne Bords d’Allier
et des Coteaux de Randan
agricoles
bâtiments
Les
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La concentration des structures agricoles, l’évolution des pratiques
et des contraintes ne sont pas sans conséquences sur l’aspect
des exploitations et leur impact dans le paysage.
Le changement d’échelle de ces exploitations, l’évolution des techniques,
la diversification des productions ont des conséquences directes et visibles :
les implantations se sont souvent déplacées en périphérie de villages,
voire en plein champ, les matériaux de construction se sont standardisés,
les teintes de ces matériaux se sont multipliées.
On assiste bien souvent à une banalisation de l’architecture.
La volonté de réduire les coûts a souvent eu pour effet de limiter
au minimum les actions d’accompagnement qui favorisent l’intégration
du bâtiment dans son site.
Si l’on veut aujourd’hui préserver la qualité de nos villages
et de nos paysages, enjeu du développement local, une attention particulière
doit être apportée à la construction et à l’entretien des bâtiments agricoles.
Leur construction ne peut plus être considérée comme la production
d’un objet technique répondant à de seuls critères fonctionnels.
Leur insertion dans le paysage est devenue un enjeu qui nécessite
une réflexion globale : l’implantation du bâtiment, sa composition,
le choix des matériaux et des teintes, l’accompagnement végétal…
seront autant de thèmes à aborder pour réussir votre projet.
Les élus des communautés de communes ont pris la mesure
de cette évolution et des conséquences possibles pour l’avenir
et ont réalisé une charte architecturale et paysagère.
Ils vous proposent maintenant ce document de conseils
pour mener à bien votre projet de réhabilitation ou de construction.
Communauté
de communes
des Coteaux
de Randan
Bas-et
Lezat
St-Sylvestre
Pragoulin
St-Priest
Bramefant
Randan
Villeneuve
les-Cerfs
St-Clément
de Régnat
Mons
Beaumont
les-Randan
Limons
St-Denis
Combarnazat
Luzillat
St-André
le-Coq
Maringues
Communauté
de communes
Limagne
Bords d’Allier
Trois types de paysage structurent le territoire :
la plaine de Limagne, les buttes de Randan,
un secteur de plateau orienté vers l’Allier.
Au nord, un secteur de plateau, marqué par des prairies et le bocage.
Le bâti est moins exposé, absorbé
par la végétation et réparti entre de
nombreux hameaux.
Au sud, un paysage de plaine cultivée, largement ouvert, où le bâti
est concentré dans de gros bourgs
denses.
Les coteaux de Randan constituent
un territoire de transition bien affirmé, facilement identifiable par les
formes douces du relief : les fermes et villages s’abritent parfois au
creux de ces reliefs, mais s’exposent aussi au sommet des buttes.
Qu’est-ce qu’une charte architecturale et paysagère ?
C’est un document réalisé avec l’aide d’un architecte et d’un paysagiste.
Il est composé d’un diagnostic et de préconisations sur les thèmes du paysage
et de l’architecture locale.
La construction d’un bâtiment agricole est un projet à part entière qui nécessite :
• une réflexion préalable sur l’environnement de la construction future et sa
place dans le paysage,
• un travail soigné sur le bâtiment lui-même.
Accès direct route
Nouveau bâtiment à implanter
Vue
Séchoirs
à tabac
Des fermes implantées en limite de
village.
Des domaines isolés et exposés sur
les buttes.
Extension
possible
Logement
Jardin
Végétation
à implanter
Vue
Un enjeu important pour la physionomie des villages : une cohabitation harmonieuse entre l’architecture traditionnelle et les constructions nouvelles.
Route départementale
bâtiments
Une part prépondérante de dépendances agricoles à l’intérieur des
villages.
Les
Des silhouettes de villages traditionnellement marquées par l’activité agricole.
agricoles
L’activité agricole, historiquement dominante sur le territoire, est à l’origine
de l’essentiel du bâti. Elle a façonné l’aspect des villages et forgé l’identité
de la région.
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Les
bâtiments
agricoles
L’implantation
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Implanter un nouveau bâtiment nécessite une analyse du site
et de ses caractéristiques. Quelle végétation ? Quels types de constructions
sont situés à proximité ? Se dégage-t-il une structure, une organisation
particulière de l’ensemble ? Y a-t-il un enjeu particulier sur ce site
(site protégé, entrée de village, paysage de qualité…) ?
Il est essentiel d’anticiper la perception du nouveau bâtiment.
D’où le verra-t-on ? Sous quel angle et à quelle distance ?
Utiliser au mieux les caractéristiques du site permet
de protéger naturellement le bâtiment contre les intempéries
(vents dominants…) et favorise son intégration.
Les teintes des matériaux assurent une relative
discrétion à la construction, mais l’implantation
au sommet du relief l’expose aux vues dans le
secteur des coteaux. Cette situation n’assure
aucune protection contre les vents dominants…
Une vision d’ensemble doit permettre
d’identifier les enjeux du projet.
… L’implantation dans une
légère pente permet une
meilleure intégration de ce bâtiment de stockage, en limitant
les terrassements. La proximité
d’un boisement de peupliers
assure une protection contre les
vents d’ouest, et dissimule le
bâtiment depuis la route départementale située en contre-bas.
À une entrée du même village, un hangar agricole s’insère correctement dans
la trame bâtie existante, composée de
fermes et d’extensions récentes. Le
respect de l’orientation dominante du
bâti suffit à cette intégration. La volumétrie et la couleur de toitures similaires, la présence de bosquets à l’avant du
hangar renforcent la qualité de cette
intégration.
Une implantation logique, en
continuité d’une construction
traditionnelle, parallèlement à la
route.
Une implantation sur la
zone de culture n’exclut
pas des possibilités de protection et d’insertion dans
la mesure où l’on agît sur
l’ensemble des dispositifs
disponibles : un accompagnement végétal de bonne
qualité, des matériaux de
construction discrets, des
abords soignés…
Un léger terrassement
en complément d’un
mouvement naturel du
terrain efface ce poulailler industriel du
cône de vue depuis la
route. La teinte du toit
fait référence à un
fond visuel végétal.
Il sera préférable d’éviter, dans la mesure du possible, certains sites particulièrement sensibles :
• les cônes de vues majeures,
• les entrées principales de bourgs,
• les terrains proches d’éléments du patrimoine architectural : tonnes
de vigne, pigeonniers…
Le toit est réalisé en plaques de
fibrociment, les murs pignons en
bacs acier. L’unité du volume est
assurée par la teinte qui fait ici référence à un environnement végétal.
Le bois est localement peu utilisé dans la construction, malgré une tradition
fortement ancrée et d’indéniables qualités. C’est un matériau vivant, qui présente d’excellentes facultés d’intégration en milieu naturel, mais aussi aux
abords des villages, où des granges traditionnelles en structure et bardage
bois sont toujours visibles. L’utilisation du bois permet une transition en douceur, maîtrisée, entre constructions traditionnelle et contemporaine.
L’utilisation du bois évite les problèmes
d’humidité ou de condensation fréquemment rencontrés avec les autres matériaux.
Les modifications ou réparations éventuelles
à apporter sont faciles à réaliser : outillage,
techniques simples…
Assez proches dans leur aspect, le bac acier et le fibrociment
permettent d’obtenir des résultats assez semblables en vue
lointaine.
L’utilisation de matières plastiques se
répand également dans la construction
de serres tunnels, de séchoirs à tabac,
de poulaillers… Ces matériaux sont
beaucoup plus sensibles aux effets de
brillance et de réflexion de la lumière.
Ils devront être évités dans des cônes
de vues trop exposés ou jugés sensibles.
Les plastiques ondulés translucides protégeant les ouvertures peuvent provoquer les mêmes effets indésirables.
L’aspect de la construction peut vouloir transmettre un message qualitatif :
ici, le refus d’une industrialisation
exagérée, traduite dans l’architecture
du projet (réutilisation de volumes
traditionnels) et le choix des matériaux : association de bardage bois,
de murs enduits à la chaux…
Les contraintes économiques sont cependant présentes : les toitures sont
réalisées en plaques de fibrociment teintées dans la masse.
agricoles
Toit et murs sont ici réalisés en bacs
acier. Ce matériau permet une unité de
teinte et de matière avec le silo.
Il est préconiser de conserver l’aspect
naturel du bois, ce qui n’exclut pas une
protection incolore.
bâtiments
Les plaques de fibrociment et le bac acier sont le plus fréquemment utilisés
pour la toiture des bâtiments agricoles. Ces matériaux seront utilisés
de préférence teintés dans la masse afin de favoriser une meilleure intégration.
Les mêmes matériaux sont également utilisés pour les murs. Le parpaing
enduit, le bois autrefois largement employé en bardage et en structure,
constituent des alternatives intéressantes.
Les essences locales sont à privilégier :
• mélèze, douglas, châtaigner qui se
patinent avec le temps,
• pin sylvestre, sapin, épicéa qui seront
à protéger.
Les
Les matériaux
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Les
bâtiments
agricoles
La couleur
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Le choix des teintes est déterminant pour l’insertion de votre bâtiment.
La couleur atténue ou accentue l’impact visuel du bâtiment dans le paysage,
même si d’autres notions, comme l’accompagnement végétal, peuvent intervenir.
Les couleurs sombres et les tons mats constituent une base de références
efficaces, à respecter en priorité : on limitera ainsi la présence visuelle du bâtiment en vue lointaine fréquente en plaine, ainsi que les effets de brillance.
Le coût d’une coloration est le même quelle que soit la teinte.
RAL 1019
RAL 7006
RAL 6011
RAL 8012
Cette gamme de couleurs n’est pas exhaustive,
le choix des teintes est à adapter en fonction
du contexte et de l’environnement.
Une exploitation agricole s’est développée à l’entrée du village et s’impose
dans une silhouette marquée par un équilibre entre la végétation et le bâti.
Le choix judicieux d’une couleur discrète améliore l’insertion du bâtiment.
La seule teinte blanche
impose visuellement ce hangar
dans le paysage.
L’aspect et la couleur des toitures sont à étudier prioritairement : dans des
espaces de plaine, les bâtiments de faible hauteur comme les poulaillers, les
séchoirs à tabac, les serres… sont particulièrement exposés.
Dans le cas ci-dessus, le linéaire de toiture blanche des séchoirs à tabac s’impose fortement dans la perception de la silhouette du village.
Par comparaison et sans être un modèle d’intégration réussie, le hangar situé à
l’arrière est beaucoup plus discret par le seul effet de sa teinte dominante.
La couleur du toit
Dans un village ou à proximité d’un village, une teinte rouge, la plus proche de
la teinte dominante, favorise l’intégration de la nouvelle construction.
En plein champ, plus que la teinte, qui pourra se situer aussi dans des gammes
de gris ou de verts, l’essentiel est d’éviter des teintes claires trop visibles.
Les teintes très claires utilisées pour les toitures et le bardage de ces bâtiments
d’exploitation induisent un effet de masse. La silhouette du bourg est sensiblement altérée, y compris en vue lointaine. Une intervention sur les seules teintes
des matériaux améliore la qualité de l’entrée du village. Des toitures rouges permettent de « raccrocher » l’exploitation aux granges situées de l’autre côté de la
route. Un bardage plus sombre réintègre les volumes dans le linéaire bâti.
Améliorer l’aspect et la perception des constructions
agricoles existantes
Des bâtiments visuellement trop exposés, des couleurs inadaptées, trop claires
et donc trop voyantes, sont les problématiques le plus fréquemment identifiées
sur le secteur.
On préférera une teinte
plus proche des toits du
village à dominante rouge.
Deux types d’intervention permettent d’améliorer sensiblement et à peu de frais, l’insertion de constructions agricoles existantes, sans envisager d’opération lourde :
• un accompagnement végétal des bâtiments,
• une coloration des plaques de fibrociment lorsqu’elles n’ont pas été préalablement teintées.
Planter des arbustes
Teinter le toit
Trois problématiques sont identifiées sur ce site :
• le choix d’une teinte blanche pour le poulailler et son silo,
• une grande surface de toiture fibrociment non teintée,
• un « trou noir », très visible, dû à l’absence de paroi du hangar.
Trois types d’interventions sont proposées :
• planter des arbustes afin de dissimuler le linéaire trop clair du poulailler,
• planter quelques arbres à hautes tiges afin d’absorber la partie sombre
du hangar et les abords,
• teinter la toiture en fibrociment par une pulvérisation au sulfate de manganèse qui apportera une coloration orangée des plaques.
Des hangars à structure métallique ont pu être
implantés sur des sites sensibles. Ici pour améliorer la perception en entrée de bourg, un traitement en bardage bois sur les façades vues
depuis l’espace public a été retenu.
Les constructions inutilisées subsistent parfois longtemps, et font tache dans le
paysage de plaine : séchoirs à tabac recouverts de plastiques, anciens poulaillers… Il serait souhaitable de démonter ces installations lors de l’arrêt définitif de ces productions.
L’accompagnement végétal
L’accompagnement végétal est essentiel dans la conduite du projet. Il assure
la meilleure transition possible entre le bâtiment et son environnement. Il est
efficace et peu coûteux.
La plantation de haies et d’arbres permet :
• d’adoucir les lignes géométriques des bâtiments,
• de créer un lien entre le bâti existant et la nouvelle implantation,
• d’interrompre un linéaire de façade trop présent,
Le boisement existant protège cet abri pour
chevaux des vents froids et apporte de
l’ombrage l’été.
Au cœur des terres agricoles, la reconstitution d’une
haie est le seul moyen d’atténuer l’impact d’un bardage trop visible. Elle délimite un espace protégé
des vents à proximité du bâtiment.
Conserver cette haie de buissons atténue l’impact d’une teinte trop vive du bardage et dissimule l’espace de stockage, souvent encombré.
L’implantation du bâtiment au milieu d’un
espace déjà arboré (fruitiers en premier
plan, peupliers à l’arrière) assure une bonne
intégration.
La haie de peupliers assure une transition
entre le village et la ferme située en limite. Elle
assure une unité à l’ensemble du corps de
ferme et absorbe l’impact des constructions
les plus récentes.
La plantation de haies associant plusieurs espèces en mélange est conseillée. On
assurera ainsi une complémentarité des modes et périodes de développement et
donc un bon garnissage de la haie. L’utilisation d’essences locales est une condition
indispensable. Ces essences sont adaptées au climat et au sol de notre région, gage
d’une bonne reprise. C’est également le seul moyen d’assurer une unité avec la
végétation déjà en place sur le site : prunelliers, églantiers, cornouillers, amandiers,
noisetiers, sureaux… pour les arbustes, noyers, arbres fruitiers, peupliers, ormes,
chênes… pour les arbres à hautes tiges.
bâtiments
Planter des arbres
Les
Tout projet devra préserver au mieux la végétation existante, les plantations
nouvelles éviteront des alignements trop systématiques qui soulignent le bâtiment plus qu’ils ne l’atténuent.
agricoles
• d’atténuer l’impact d’un bâtiment neuf,
• de constituer autour de la construction un écran et une protection contre le
vent, le soleil, le froid…
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agricoles
Disposer de conseils
Le CAUE (Conseil en architecture urbanisme et environnement) 63 – Maison de l’Habitat - 129 av. de la
République - 63000 Clermont-Ferrand - Tél. 04 73 42 21 20 - www.caue.com
Vous pouvez disposer de conseils gratuits auprès du CAUE dont l’une des missions est le conseil auprès
des particuliers. Un architecte pourra vous guider dans vos choix (implantation, volumétrie, parti
architectural…).
SDAP (Service départemental de l’architecture et du patrimoine) – 29 avenue de la Libération - 63000
Clermont-Ferrand - Tél. 04 73 29 33 80
Le service vérifie la conformité de tous les dossiers concernant les constructions situées dans le périmètre de protection des édifices classés ou inscrits. Vous pourrez y recevoir des conseils avant de déposer
votre permis de construire.
La direction départementale de l'agriculture et de la forêt
Marmilhat - 63370 Lempdes. tél. 04 73 42 14 00
Une réalisation des communautés de communes
Limagne Bords d’Allier et les Coteaux de Randan,
avec l’assistance du CAUE du Puy-de-Dôme.
Subdivision de l’équipement Thiers – Le Faux - Le Nohat - 63300 Thiers - Tél. 04 73 80 74 74
Subdivision de l’équipement Riom – 15 rue Eugène Gilbert - 63200 Riom - Tél. 04 73 64 64 00
Photos, textes et illustrations
Christophe Camus, Marie Deschamps, Georges Floret
Chambre départementale d’Agriculture (service bâtiments)
Les
bâtiments
11 allée Pierre de Fermat - BP 7007 - 63171 Aubière Cedex - Tél. 04 73 44 45 46
Enfin, les collectivités territoriales (communes, communauté de communes) peuvent également
vous apporter une information sur les démarches à entreprendre, les services à consulter, ou vous
permettre de consulter les documents dont elles disposent : charte architecturale et paysagère,
documents règlementaires tels que les cartes communales ou les PLU (Plan local d’urbanisme).
Communauté de communes Limagne Bords d’Allier
8 rue de l’Hôtel de ville - 63350 Maringues - Tél. 04 73 68 71 80 - www.limagne-bords-allier.com
Communauté de communes des Coteaux de Randan
Le bourg - 63310 Mons - Tél. 04 70 56 12 02 - www.cc-coteauxderandan.fr
Bibliographie
• Charte architecturale et paysagère, Limagne Bords d’Allier et Coteaux de Randan
(2004), Eliane Auberger, Christophe Camus.
• Inventaire général du canton de Maringues (1993), direction régionale des affaires
culturelles, service régional de l’inventaire général.
• Inventaire général du canton de Randan (2003), direction régionale des affaires
culturelles, service régional de l’inventaire général.
Création graphique / Mise en page
Le Scribe - Chamalières
Co-financement
Conseil général du Puy-de-Dôme, Conseil régional d’Auvergne,
Communauté de communes Limagne Bords d’Allier,
Communauté de communes des Coteaux de Randan
Dépôt légal : Septembre 2005