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Sortie du dernier numéro de Décadrages. Cinéma, à travers champs
N° 32-33 printemps 2016
Décadrages
32-33 * (Printemps 2016)
Séries
Décadrages
32-33
Dossier
Séries télévisées contemporaines
20 CHF / 18 €
isbn 978-2-9700963-2-0
* Séries télévisées contemporaines
Vernissage le vendredi 24 juin 2016 à 19h00 au Café littéraire de Vevey
(Quai Perdonnet 33, 1800 Vevey)
En vente dans les librairies suisses à partir du 20 juin au prix de 20 CHF ou 18 €.
Contacts presse (dir. du dossier) : [email protected] & [email protected]
Pour tout renseignement (administrateur de la revue) : [email protected]
Diffuseur pour la Suisse : Servidis [email protected]
Diffuseur à l’étranger : FMSH-diffusion http://www.lcdpu.fr
Sans adopter un angle d’approche particulier ou une thématique définie, ce numéro de
Décadrages cherche à interroger, non pas pourquoi les séries télévisées ont du succès, mais
comment elles fonctionnent, à savoir quels sont les modèles esthétiques, idéologiques,
narratifs qui les gouvernent. À défaut d’être exhaustif dans les objets et approches choisis,
il propose plus modestement un échantillon de ce que des chercheuses et chercheurs en
études du cinéma et autres médias peuvent produire à partir de leurs branches respectives
de compétence (Star Studies, Gender Studies, Fan Studies, histoire des genres, esthétique,
narratologie, sociologie des médias). Alors que certains articles proposent des lectures
théoriques, d’autres développent une réflexion à partir d’une étude de cas. Ces articles
traitent par exemple :
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de la question de la sérialité comme forme idéologique (David Buxton)
de l’expérience esthétique offerte par la série TV (Stéphane Benassi)
de la représentation des technologies numériques qui induisent des fantasmes
panoptiques (Mireille Berton)
du genre télévisuel du western dans ses liens avec le cinéma, notamment à partir de
Deadwood (HBO) (Achille Papakonstantis)
de la figure du fan dans la série Sherlock (BBC) (Jeanne Rohner)
de l’apparition de la guest star vieillissante dans les séries TV (Gwénaëlle Le Gras)
des questions raciales et sociales soulevées par The Wire (HBO) (Linda Williams)
des termes employés dans ce dossier grâce à un glossaire richement référencé
(M. Berton)
Un dernier article présente le résultat d’une table ronde qui a eu lieu aux Journées de
Soleure en janvier 2016 à propos des séries et web-séries produites en Suisse (Sylvain
Portmann et Anne-Katrin Weber).
La rubrique suisse passe en revue un certain nombre d’événements qui ont marqué
l’actualité helvétique en 2015. Kim Seob Boninsegni, artiste polyvalent qui vit et travaille à
Genève, relate à Charlotte Bouchez et Tristan Lavoyer son expérience d’incursion dans la
fiction cinématographique avec Occupy the Pool, présenté dans la compétition internationale du Festival Tous Ecrans. La monographie de Daniel Reymond, La Bobine 1923-2015. Un
cinéma à la Vallée de Joux, est présentée par Roland Cosandey. Son compte rendu montre
comment le travail de Reymond dépasse les limites d’une histoire locale et suggère, de
manière plus générale, des pistes nouvelles pour l’historiographie de l’exploitation
cinématographique. Laure Cordonier, pour sa part, revient sur le sixième long-métrage
fictionnel de Lionel Baier, La Vanité, qui traite du suicide assisté. Deux expositions, la
rétrospective qu’a consacrée le Mamco à l’artiste belge David Claerbout, et Film
implosion! Experiments in Swiss Cinema and Moving Images, organisée au Fri Art sont
recensées par les articles d’Achilleas Papakonstantis et d’A nthony Bekirov. Le compte
rendu de Gaspard Vignon qui clôt cette rubrique présente l’anthologie Musique de film
suisse (un livre de quatre cents pages, trois CDs et un DVD), éditée par la fondation SUISA
Dossier : Séries télévisées contemporaines
David Buxton / La forme de la série de télévision comme contenu sédimenté
Cet article cherche à appliquer aux séries télévisées l’idée adornienne que la forme relève
«du contenu sédimenté». On présuppose que la forme «interne» prise par la série (elle-même
une forme) à un moment donné prime sur l’analyse des contenus d’une série particulière.
L’article trace l’évolution de la série dite classique caractérisée par quelques personnages
récurrents et une même situation statique, traduction formelle d’une société harmonieuse
dans le fond, qui se protège contre une menace venue de l’extérieure ; dans une analyse des
premières séries américaines écrite en 1954, Adorno épingle l’artificialité psychologique
de la forme. À partir des années 1970, on voit l’émergence d’une forme bâtarde, la «série
feuilletonnante», qui introduit des éléments d’instabilité dans la situation de base. La
série feuilletonnante est la forme qui s’accommode le mieux à la passivité idéologique des
protagonistes, et l’absence de projet social à défendre. La série actuelle, de plus en plus
décentrée, se trouve condamnée à gérer l’extrême indétermination des personnages
désormais multiples, où la relation de l’individu à la totalité n’opère plus.
Stéphane Benassi / Principes de la relation sensible aux séries télé
Le propos de cet article est de tenter de mettre en évidence les éléments caractéristiques de
la sérialité des fictions plurielles de la télévision afin de montrer que celle-ci serait susceptible de jouer un rôle essentiel dans la relation sensible qui lie ces fictions à leurs publics, ce
qui en ferait une notion centrale de leur approche esthétique. Si la sérialité peut se situer au
niveau de l’œuvre au travers du développement sériel et/ou feuilletonesque d’une matrice
(sérialité matricielle), elle peut aussi se situer au niveau du média, non seulement au travers
du développement d’un certains nombre de paramètres éditoriaux liés aux promesses de
la fiction, à son rapport à l’expérience quotidienne, et à la programmation ; mais aussi dans
la mesure où même les œuvres de logique éditoriale (les téléfilms unitaires ou les films de
cinéma) ne peuvent échapper à une forme de contagion sérielle liée aux phénomènes de
mise en module ou en paradigme (sérialité éditoriale).
Mireille Berton / Technologies numériques et fantasmes panoptiques dans les séries
télévisées contemporaines
Cet article vise à explorer les enjeux des fantasmes panoptiques véhiculés et stimulés par
la représentation de technologies numériques dans des séries telles que Revenge, House of
Cards, Utopia et Homeland. Il ne s’agit pas seulement de prendre en compte la dimension
de « télé-surveillance » intrinsèque au dispositif télévisuel, mais d’observer les effets idéologiques et sémio-pragmatiques produits par la récurrence de motifs qui induisent chez le
spectateur une impression de toute-puissance sur le perçu. L’usage, par les personnages,
d’appareils numériques (téléphone portable, tablette numérique, GPS, ordinateur, etc.)
construit alors au sein de la diégèse un régime visuel et auditif qui renvoie plus largement
à la prééminence des systèmes « invisibles » de surveillance qui captent chacun de nos
mouvements et comportements.
Achilleas Papakonstantis / « How the West Was Won Again » / Les genres aux
croisements du cinéma et des séries télé : l’exemple de Deadwood
À travers l’exemple de Deadwood, une des rares séries western apparues récemment sur le
petit écran, Achilleas Papakonstantis interroge l’articulation entre les concepts de genre
et de Quality TV afin d’historiciser les discours qui mettent en évidence la déconstruction
des conventions génériques comme marque distinctive de la fiction télévisuelle des années
2000. Ainsi, cet article met en avant l’hypothèse selon laquelle les relations historiques
entre cinéma et télévision déterminent en grande partie les modalités de reconfiguration
des genres par les séries télévisées ainsi que la construction discursive de ces dernières en
tant que programmes de « qualité ».
Jeanne Rohner / We believe in Sherlock ! » : Sherlock (BBC) et la culture fan
La série Sherlock, qui actualise les aventures du célèbre détective, suscite très vite
l’enthousiasme des admirateurs du héros littéraire mais aussi d’un public moins
connaisseur. Des communautés de fans très actives font alors surface. Or, tout en
revisitant un mythe fondé sur la perméabilité de ses frontières fictionnelles, ses créateurs
exploitent le succès rencontré en intégrant ce phénomène d’engouement médiatique à la
diégèse. Dans cette perspective, s’intéresser à l’investissement des fans et des rapports
qu’ils entretiennent avec la production peut apporter un nouveau regard sur la perpétuation du mythe holmésien.
Gwénaëlle Le Gras / Guest stars : de la stratégie has been au second souflle des stars de
cinéma
Il y a toujours eu des échanges entre le cinéma et la télévision depuis les années 1950 et
1960, mais depuis le tournant des années 2000, on constate des transferts plus fréquents
d’acteurs de cinéma sous la forme de guest star, c’est-à-dire d’invité dans un, ou parfois
plusieurs épisodes d’une série télévisée, ce qui est une tradition principalement américaine
jusqu’à présent. Ce phénomène s’est institutionnalisé au tournant des années 1990, avec la
création en 1989 aux Emmy Awards d’une nouvelle catégorie « best guest », déclinée entre
acteur et actrice et comédie et dramatique. L’emploi de guest star, de plus en plus dévolu
aux stars de cinéma vieillissantes – sans forcément les rendre has been puisque certaines
deviennent des héroïnes centrales de séries suite au succès d’un rôle de guest star (Jeremy
Irons, Glenn Close, Kathy Bates) –, leur permet d’agir en « reaction-shots » à leur image
publique (Catherine Deneuve dans Nip Tuck) ou cinématographique (Julia Roberts dans
New York District ou Robin Williams dans New York unité spéciale), qui leur offre souvent
moins de visibilité et moins de liberté pour renouveler leur carrière. Le passage par la case
guest star peut donc être une phase d’évaluation à un âge charnière entre deux emplois,
deux registres, pour négocier un transfert dépassant le rôle d’invité d’une star de cinéma
vers la télévision. Cependant, si le bénéfice est évident dans certains cas tant pour les
séries que pour les stars, on pourra s’interroger sur les limites du phénomène de guest star
qui s’étend à tout type de célébrité au point d’être un marronnier à la télévision, reposant
souvent sur du name dropping masquant les faiblesses scénaristiques d’une série, devenue
véhicule marketing pour star en manque d’audience.
Linda Williams (traduit de l’américain par Sylvain Portmann) / The Wire et le
mélodrame américain de Noirs et Blancs (extrait)
Le dossier se clôt sur la traduction en français d’un extrait de l’ouvrage de Linda Williams sur la série The Wire (HBO) (On The Wire, 2014). Invités à choisir parmi les chapitres
qui le composent, nous avons opté pour la seconde partie du chapitre 6 – «Feeling Race.
The Wire and the American Melodrama of Black and White» – qui interroge l’hypothèse
selon laquelle cette série reconduirait les stéréotypes liés à la représentation des Noirs
en tant que personnages dominés par les Blancs, que ce soit par excès de paternalisme
(«négrophilie») ou par mépris d’une «race» jugée inférieure («négrophobie»). Il s’agit
justement pour Linda Williams de montrer que The Wire échappe aux écueils habituels du
mélodrame de «Noirs et Blancs» qui, depuis le milieu du XIXème siècle, ne voit que deux
issues possibles pour les personnages de couleur : soit être l’objet du racisme blanc, soit
celui de la bienveillance mêlée de pitié de la part de ceux qui les dominent. Traversant les
époques, ces deux points de vue opposés participent au même titre à pérenniser le mélodrame de « Noirs et Blancs » fondé sur une conception manichéenne des rapports de
race, les uns étant tantôt les victimes, tantôt les bourreaux des autres. L’ intimation fréquente à la représentation « réaliste » de personnages appartenant à la communauté afroaméricaine n’y change rien : les stéréotypes, qu’ils leur soient favorables ou non, persistent.
Refusant précisément de jouer la «carte raciale» (à savoir de jouer le jeu de la victime d’un
autre racialisé, explique Williams), The Wire met en scène des individus qui s’affrontent
davantage sur le terrain des rapports de classes que sur celui des antagonismes raciaux.
Aussi, si les problèmes de racisme (qui touchent toutes les communautés représentées) ne
sont pas écartés de l’intrigue, ils sont subsumés au sein d’un faisceau de déterminations
sociales, économiques et politiques plus larges où la couleur de peau a peu de poids face au
pouvoir de l’argent.
Séries télévisées contemporaines en Suisse
Sylvain Portmann et Anne-Katrin Weber / Qu’en est-il des (web-)séries suisses ? /
Point sur la situation lors des Journées de Soleure 2016
A l’intersection du dossier et de la rubrique suisse, nous proposons un article/compte-rendu ainsi qu’une retranscription de la table ronde qui s’est tenue en janvier 2016 aux Journées de Soleure sur le thème des séries et des web-séries suisses, contribution signée par
Sylvain Portmann et Anne-Katrin Weber. Organisée en collaboration avec Décadrages
et le Réseau Cinéma CH, cette rencontre a permis de faire dialoguer des professionnels
de la production télévisuelle, au niveau aussi bien suisse romand que suisse alémanique.
Elle a donné l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la production de séries télévisées (majoritairement financées par de l’argent public), la Suisse proposant depuis une
dizaine d’années des fictions plurielles «maison» qui traitent de questions variées à travers
des genres que le sont tout autant. Aux séries «classiques» produites et diffusées par les
différentes chaînes nationales, sont venus récemment s’ajouter de nouveaux formats
destinés aux médias numériques, à l’instar des web-séries (de fiction également). Qu’elles
soient le résultat d’initiatives privées ou publiques (ou les deux), ces web-séries présentent
la particularité d’être moins coûteuses, plus courtes en termes de durée (quelques minutes)
et de s’adresser à un public familier des technologies numériques et du visionnement sur
internet de contenus audiovisuels. A partir du constat de la multiplication des séries suisses
tous formats confondus, les intervenants de cette table ronde ont débattu de questions
relatives aux modes de production, de diffusion et de consommation qu’elles engagent.
Rubrique cinéma suisse
Charlotte Bouchez et Tristan Lavoyer/
Entretien avec Kim Seob Boninsegni
Dans l’entretien qu’ils ont réalisé avec Kim Seob Boninsegni, Charlotte Bouchez et Tristan
Lavoyer interrogent le parcours qui a mené l’artiste plasticien installé à Genève à la réalisation de son dernier long-métrage, Occupy the Pool (2015). Kim Seob Boninsegni explicite son choix d’investir le domaine de la réalisation cinématographique pour ce projet qui
prolonge les réflexions sur la jeunesse et son rapport au réel amorcées dans les pièces de
théâtre qu’il avait crées ces précédentes années.
Roland Cosandey/
Du Local à la Bobine – un cinéma à la vallée de Joux (VD) : richesses d’une monographie
Richement illustré, l’ouvrage de Daniel Reymond sur le cinéma La Bobine met en valeur un
pan méconnu de l’activité culturelle dans la vallée de Joux depuis les années 1920. Exploitant des archives exceptionnelles pour une salle de cinéma, cette monographie consacrée à
un établissement périphérique développe une approche dont le compte-rendu qu’en donne
Roland Cosandey souligne comment ses aspects programmatiques et thématiques sont
susceptibles d’inspirer la recherche sur l’histoire de l’exploitation cinématographique.
Achilleas Papakonstantis/
Apprivoiser le temps, contrôler l’espace : David Claerbout au Mamco
Du 10 juin au 13 septembre 2015, le Mamco (Musée d’art moderne et contemporain de
Genève) a organisé une rétrospective de l’œuvre de David Claerbout qui a permis de
découvrir onze projections vidéo ainsi qu’une série de photographies et de dessins de cet
artiste belge reconnu depuis le milieu des années 1990 dans le champ de l’art contemporain. L’article propose de revenir de manière réflexive sur certaines particularités esthétiques et techniques des œuvres exposées en interrogeant notamment leur manipulation
de la dimension spatio-temporelle par le truchement de la technologie numérique et les
répercussions sur la place et l’expérience du spectateur/visiteur.
Laure Cordonier /
La Vanité : de front et de biais
L’article de Laure Cordonier revient sur La Vanité (2015), long-métrage fictionnel de Lionel Baier, qui traite de l’euthanasie. A l’exemple de la célèbre anamorphose du tableau
«Les Ambassadeurs» d’Holbein le Jeune, le film aborde le sujet de biais. Tout en retenue et
touches légères, la comédie qui en résulte lègue toute la frontalité d’une question de société
très actuelle.
Anthony Bekirov/
Swiss film implosion ! au Centre d’art de Fribourg
Du 21 novembre 2015 au 21 février 2016, le Fri Art de Fribourg a présenté la première rétrospective entièrement dédiée au cinéma expérimental suisse, suite à l’initiative d’un groupe
de recherche conduit par l’Université de Lausanne, la ZHdK et la HSLU (Lucerne). L’auteur
de l’article s’est essayé à proposer une synthèse non-exhaustive des soixante opus présentés, en détachant du corpus sept œuvres représentatives de certaines pratiques communes
aux cinéastes exposés, et remarquables par la réflexion qu’elles engagent sur la destination
et les possibilités de l’image en mouvement.
Gaspard Vignon/
Musique de film suisse – Anthologie 1923-2012
L’anthologie « Musique de film Suisse, 1923-2012 » est une publication à la fois inédite et
ambitieuse de la fondation SUISA qui a pour but de mettre en lumière la part de la création musicale suisse dédiée à l’audiovisuel. Au travers d’un coffret rassemblant à la fois des
articles scientifiques, des textes sources ou encore des extraits de bande-son, il esquisse
non seulement une certaine identité sonore et musicale de la Suisse, mais tend également à
interroger plus intensément le rapport qu’entretiennent musique et image en mouvement.

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