Histoire des arts
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Histoire des arts
Histoire des arts De l’Antiquité au IXes. Du IXe s. à la fin du XVIIe s. XVIIIe et XIXe s. Le XXe s. et notre époque Domaines artistiques Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel Thématiques artistiques Art, Créations, Cultures Art, Espace, Temps Arts De L’espace Arts, Etats & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Arts, Ruptures, Continuité Référence artistique CARTEL Titre Artiste/Auteur Logorama H5 (François Alaux, Ludovic Houplain, Hervé de Crecy) Date de création 2009 Nature de la production Animation dimensions 16’ techniques Animatic et Rotoscopie Synopsis « Une course poursuite effrénée, des animaux sauvages lâchés dans la ville, une prise d’otage qui tourne au drame et bien plus encore dans Logorama ! » Une belle journée à Los Angeles. Ça sifflote joyeusement. Des flics conversent dans leur voiture de patrouille. Des enfants visitent le zoo. Et puis, au détour d’une rue, le sourire du clown psychopathe, la course-poursuite, la prise d’otages… Avant l’escalade finale. B.O rétro, dialogues à la sauce des séries en vogue, rythme effréné. S’amusant des conventions des films policiers et des films catastrophe. Au rang des héros et des clins d’œil, les Bibendums Michelin incarnent les forces de l’ordre, Monsieur Propre officie comme guide du zoo, le Géant Vert se soucie du bien-être des animaux et la jolie serveuse n’est autre qu’une pin-up Esso. Le rôle du grand méchant revient de droit à Ronald McDonald qui se fera un plaisir de dézinguer tout ce qui bouge et de corriger les deux garnements de service : le bonhomme Haribo et le gamin Big Boy. ANALYSE DE L’ŒUVRE Logorama est un petit film qui nous raconte une histoire complète dont les personnages, les décors et les événements sont tous faits de détournements de marques. Plus de 2500 marques en tout. Au long de 16 minutes enjouées, Logorama laisse libre cours à l’animation typographique de 2500 logos. Le logo (type), forme graphique servant à identifier usuellement et immédiatement une « marque ». Là aussi, ils sont absolument partout. Ils sont tout à la fois le décor et les acteurs. Dans le petit monde de Logorama *Los Angeles+, c’est une journée ordinaire : dans une ville saturée par la publicité, un truand qui a les traits de Ronald Mc Donald se fait courser par deux flics Bibendum (Michelin) pendant que, au zoo local, le bonhomme Haribo expose son sympathique postérieur à un lion de la MGM légèrement flapi. Mais dans cet univers ultra marketé, il arrive que la nature reprenne ses droits… dénouement chaotique, cet enfouissement du monde des grandes firmes capitalistes … Dénouement en spirale, long travelling arrière jusqu’à l’infini de l’espace, composé lui aussi de sigles commerciaux. Sur un rythme survolté, jouant des codes du film catastrophe, propose une satire pop de notre société, assommée par son désir de consommation. Une réflexion ludique en ces temps de crise. Les Techniques & Contraintes employées: Etape première : la période d’écriture et de story-board. Il a joué avant tout sur les « clichés » de la culture populaire : Le clown psychopathe, le flic forcément nourri aux donuts et aux hamburgers, le gentil enfant, droit comme un « i » (« parce que tous les enfants sages se ressemblent »), le routier moustachu et assez rond, cela amène à Ronald McDonald, Bibendum, le « i » de Bic et la tête des Pringles… Et puis les logos utilisent déjà à leur compte des éléments tirés de nos environnements : le lion de la MGM, la montagne de la Paramount, le crocodile de Lacoste, la pomme d’Apple … Contrainte centrale : l’intégrité des logos, c’est-à-dire les utiliser tels qu’ils sont, sans les customiser (ou personnaliser).Concrètement, prenons l’exemple du chauve bodybuildé nommé Mr. Propre ou du monsieur Pringles qu’on a déjà évoqué : n’ayant ni l’un ni l’autre de jambes, leur utilisation excluait la pousse de jambes et devait donc s’adapter à ce détail. Deuxièmement le respect des proportions devaient être strict. les réalisateurs ont confirmé les proportions réelles des rues, des édicules qui la parsèment et des véhicules qui la parcourent. Le but visé s’exprime par une deuxième contrainte : le réalisme ;parce qu’on est dans le domaine de l’animation, parce qu’on anime des logos qui font partie de notre vie quotidienne. Enfin, le court-métrage a été filmé par rotoscopie (retouche ou découpage manuel, image par image, d’un film numérisé, afin d’en supprimer certains éléments ou d’en ajouter d’autres, notamment de décor), chacun des réalisateurs jouant alors les rôles incarnés par les logos Ainsi, Logorama présente toutes les caractéristiques du film d’action classique : journée ordinaire, où chacun vaque à ses occupations, la pin-up d’Esso traînant dans le coin, l’affaire tourne à la prise d’otage d’un enfant (Haribo) par le clown Ronald McDonald qui menace de lui faire sauter la tête avec sa mitraillette (sigle de la Fraction Armée rouge) lorsqu’il est pris en chasse par deux flics (des bonshommes Michelin). Le bain de sang de ce mini-polar est interrompu par un séisme qui fout la ville par terre et notamment le zoo, d’où s’échappent le lion de MGM, le crocodile Lacoste, le panda WWF et bien d’autres… pour finalement virer dans le Chaos. Les situations catastrophes sont classiques et immédiatement appréhendables. Un scénario, deux story-boards Le travail se construit d’abord avec l’image. D’une idée rédigée sur une ou deux pages présentant l’histoire et la manière dont ils vont la traiter à la réalisation, ils story-boardent ensuite. Ludovic Houplain : Nous avons construit l’histoire en deux étapes. Nous avons réalisé un premier story-board sur l’histoire, puis construit un second qui inclut les logos. Dans la première version, Mamie Nova avait le rôle de la mère de Ronald. On s’est aperçu que les deux personnages ont exactement la même coupe de cheveux, la même tête. L’accident de Ronald dans le Diners Club International était déclenché par une embrouille avec sa mère. On avait réuni également de vieux logos dans cette scène. On voyait Mamie Nova dans un transat en train d’écouter Pathé Marconi sur son phonographe. Le monteur américain a décidé de s’en séparer car la scène ne fonctionnait pas avec l’accident. Hervé de Crécy : Le cadre général défini, le processus scénaristique s’est construit jusqu’à la fin du premier montage. Des scènes et des dialogues ont été ajoutés au fur et à mesure. De l’étape du story-board, on est arrivé à l’étape d’animatique. François Alaux : Nous voulions surtout construire des situations où plusieurs protagonistes se retrouvent dans un drame commun en pleine ville de Los Angeles et ensuite les développer en partant du dessin. Au départ, le personnage de Ronald, dessiné par Hervé, était un homme avec une moustache. Archivage et Modélisation des logos (sur une base de 45 000 logos, 2500 ont été sélectionnés) Hervé de Crécy : L’énorme travail a été de les catégoriser et de les ranger dans des rubriques (nature, personnages, véhicules, animaux…) et des sous rubriques (par ex : dans « nature », recensement des logos de montagnes comme celles d’Évian). Dans la sélection, Quentin a dû tous les redessiner en volume car un logo n’est fait que d’une face. Sur des planches, il a construit des mises en place dans la ville, fait des simulations de logos dans l’environnement où l’action se passe. Lorsqu’on avait une scène à construire en pleine ville, on recherchait dans « équipements urbains » les logos appropriés (bancs, poubelles, réverbères…). Tout ce travail d’archivage a duré environ 3 ans, mais nous a permis ensuite d’aller beaucoup plus vite pour la fabrication du film. Un casting: quel personnage pour quel logo ? Pour sélectionner ceux qui feraient partie de la seconde étape dans l’écriture du scénario, ce fut pour les auteurs un aller-retour perpétuel entre les personnages et les logos. François Alaux : L’idée du casting nous plaisait, un personnage/un logo comme un personnage/un acteur pour mieux détourner les marques. La sélection s’est faite essentiellement sur des logos complets avec un corps pour pouvoir les manipuler dans une contrainte de mise en scène. Les garnements Big Boy et Haribo ont été choisis pour cette raison et pour être aussi comparés aux logos Bic, qui ressemblent à des élèves d’une école privée anglo-saxonne tel le lycée français à LA. Tout le monde est en uniforme, on a le stylo dans le dos et on est bien rangé. Le personnage de Ronald McDonald est venu très vite, tout comme Michelin pour les flics. Ce logo a une force dingue. Il est hyper bien dessiné, puissant. Par contre, il a été difficile de trouver notre personnage féminin. Nous sommes allés chercher dans les années 60 pour sélectionner la Pin Up Esso. Monsieur Propre est un personnage qu’il faut voir assis car le reste de son corps est une spirale. C’est un génie. Les Pringles, eux, n’ont qu’une tête et parfois des mains. C’est pour cette raison qu’on les voit uniquement au volant d’un camion et assis à une table. Les petits bonshommes jaunes AOL sont comme des figurants et représentent Monsieur Tout-Le-Monde. _ Animatic et Rotoscopie François Alaux et Hervé de Crécy ont réalisé des prises de vues réelles qu’ils ont ensuite rotoscopées. L’animation a décalqué leurs mouvements et leurs expressions, qui donnent ce côté réaliste. Pour interpréter les Bic, Big Boy, Haribo, les fils de Ludovic Houplain se sont également prêtés au jeu car il est impossible de rotoscoper un adulte pour jouer un enfant. Hervé de Crécy : Pour l’étape de l’animatic, nous nous sommes servis de dessins que nous avons animés sommairement. Nous avons ensuite pris des extraits de films existants avec les plans qui nous plaisaient. Par exemple, pour des plans d’hélicoptère sur un toit, nous avons pris l’extrait d’un plan d’arrivée dans La Chute du Faucon Noir de Ridley Scott. La rotoscopie, inventée par Disney sur Blanche-Neige, consistait à aller plus vite dans l’animation. Il filmait une actrice et les animateurs décalquaient sur l’image celles prises, les unes derrières les autres. Aujourd’hui, il est possible de réutiliser cette technique en 3D. Les animateurs peuvent travailler, avec en toile de fond, une image vidéo tournée. L’avantage est d’être directement lié au mouvement des personnages. L’animateur peut accélérer, faire des mouvements plus forts.