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Raisonner l’itinéraire betterave
Plaquette régionale
Aisne
2010
2011
Bilan de campagne : un printemps bien compliqué !
La levée et les averses de grêles
• Alors que l’on se réjouissait une fois de plus d’avoir semé tôt en saison (95 % des semis réalisés au
19 mars) et dans d’excellentes conditions de sol, la suite des événements s’est rapidement compliquée.
• Au cours de la semaine, du 29 mars au 4 avril (semaine "Sainte") de nombreuses averses de grêle
se sont abattues sur le département alors que les premières betteraves sortaient de terre. Rapidement, quelques dégâts mécaniques, bien connus d’entre nous, ont été observés. Ils résultent de la
violence des impacts des grêlons, occasionnant la casse de tout ou partie des cotylédons. Certaines betteraves ont même été sectionnées au ras du sol par la violence du choc.
Cotylédon cassé
Betterave sectionnée
Mais ce n’est qu’une semaine plus tard, après les premiers désherbages, que de nombreux cas de
pertes de pieds par brûlure sont apparus. Cette fois, c’est le choc thermique de la grêle sur la jeune
plantule au stade "point vert" qui est responsable de ces dégâts. En effet, lors de ces averses, un tapis
de grêle a recouvert la surface du sol pendant un laps de temps suffisant pour altérer les cellules
exposées. Dans un premier temps, la betterave a continué à déployer ses cotylédons, puis les cellules
nécrosées sont mortes, entraînant la visualisation des symptômes. Dans de nombreux cas, ce sont
généralement dans les zones de "limon battant" où l’enterrage est moins profond, que l’on dénombre le plus de dégâts, dans la mesure où la levée des betteraves était la plus avancée.
Cadavre de betterave "brûlée" par la grêle plus
d’une semaine après les intempéries.
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ITB Aisne 2010/2011
Les cellules constituant la base d’insertion des cotylédons exposées aux intempéries sont mortes.
L’hypocotyle protégé dans le sol, est resté visible
quelque temps encore.
Un cotylédon brûlé et l’autre endommagé n’ont
pas empéché la betterave de continuer à se développer. Le cœur (base d’insertion des feuilles)
étant intact, les deux premières feuilles pointent.
Beaucoup de betteraves, de parcelles grêlées, ont
présenté des cotylédons en forme de "cornes".
Population irrégulière : ressemis ?
Courbe de rendement en fonction de la population
La décision d’un ressemis doit toujours être
prise après une à plusieurs séries de comptages précis (plusieurs zones de 10 rangs contigus X 10 m), afin de déterminer la population
finale. Sur la courbe du graphique ci-dessus,
la perte de rendement atteint 20 % pour une
population réduite à 40 000 pieds/ha. Décider
de "retourner" une parcelle avant cette limite
est rarement rentable, puisque en plus du
coût du ressemis (préparation-semis-graines),
il faut prendre en compte la perte de productivité liée au retard de la date de semis initiale.
En un mois de temps, entre le 15 mars et le 15
avril, la perte de potentiel atteint 10 à 15 %.
De plus, vous repartez de nouveau de "zéro",
sans être assuré d’une levée optimale (comme
le temps sec du printemps 2010).
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ITB Aisne 2010/2011
Désherbage : chronique d'une "défaite" annoncée
Qualité du désherbage de la plaine axonnaise
On note un net recul de la propreté des parcelles
en 2010, avec 22 % des parcelles où la densité des
mauvaises herbes a un impact sur le rendement. Seul
un tiers des parcelles a été correctement désherbé,
contre presque ¾ l’an dernier.
Les conditions de désherbage ont été particulièrement difficiles cette année. En effet, les températures
froides et le sol sec ont réduit fortement l’action des
herbicides.
Désherbage mal maîtrisé
Néanmoins, certaines erreurs ont été commises :
1. Décalage du T1 après le 10 avril, sous prétexte
d’un sol trop gras ou de betteraves encore stressées par la grêle, se privant ainsi des seules
conditions humides de l’année.
2. Manque de réactivité dans l’augmentation des produits de contact pour palier la déficience
des racinaires.
3. Refus d’utiliser du SAFARI sur la flore appropriée, pour ne pas bloquer les betteraves.
4. Traitement trop tardif dans la matinée en mauvaise condition d’hygrométrie.
5. Utilisation de buses anti-dérive ou dérive limitée à moins de 150 l/ha.
6. Utilisation d’adjuvant moins performant.
L’utilisation d’adjuvant de bonne
qualité est primordiale pour la
réussite du désherbage. Si la dose
d’usage recommandée est 0,5 l/ha,
il est plus judicieux de conseiller une
concentration à 0,5 % du volume de
bouillie.
L’Actirob à 1 l/ha donne logiquement
le meilleur résultat.
Essai de Normandie
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ITB Aisne 2010/2011
AZOTE : la bonne dose au bon moment
Les mécanismes d'Azofert
Développé par l’INRA de Laon et le LDAR, AZOFERT est utilisé depuis 2005 en remplacement
d’AZOBIL. Il apporte, par rapport à l’ancien logiciel, beaucoup plus de précision grâce à la prise
en compte du climat réel (jusqu’au reliquat) et colle d’avantage aux pratiques culturales des parcelles.
La prise en compte du climat réel est un des points importants de l’évolution du logiciel. Grâce
à cela, il permet de mieux appréhender des climats atypiques comme l’automne-hiver 2009-10,
en ajustant au plus près de la réalité les valeurs de minéralisations du sol, ou de l’évolution de la
matière organique. En effet, la fin d’été et le début de l’automne 2009 ont été très secs, ce qui a
retardé la décomposition des pailles avant l’hiver. Les températures froides de l’hiver 2010 ont
également contribué à accentuer le retard dans la dégradation de la matière organique. Par le
passé, ces facteurs auraient été minimisés, à cause de valeurs climatiques moyennes, et aurait
conduit à des conseils azotés moins précis.
Appliquer au bon moment
Si pour des apports de plus de 100 u, il est impératif d’appliquer l’azote avant le semis, pour
éviter les pertes de pieds par brûlure, il est
tout à fait possible, pour des doses inférieures,
d’amener l’engrais azoté juste après le semis.
Il faut cependant rapidement intervenir, sous
peine d'un effet préjudiciable au rendement et
à l’extraction du sucre.
Dans cette synthèse d’essais, les apports compris entre le semis et la levée peinent à atteindre le niveau de performance des apports
avant semis. Pour les apports tardifs, la sanction est encore plus importante (- 5 % sucre).
Localiser pour économiser
En évitant les pertes par volatilisation de la
fraction ammoniacale, et en assurant une bonne alimentation azotée au plus près des jeunes
plantules, la localisation permet de réduire en
moyenne de 20 unités, sans perdre en productivité. De plus, elle accélère le développement
végétatif des jeunes plantes, et améliore l’homogénéité entre plantes.
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ITB Aisne 2010/2011
Nématode à kystes : les enseignements des essais rotation
Avec l’arrivée en 2003 de la première variété tolérante au nématode à kystes "Heterodera schachtii",
des essais sur la gestion de la durabilité de la résistance ont été mis en place conjointement avec
KWS, l’INRA de Rennes et l’ITB. Plusieurs conduites combinant la résistance et/ou la tolérance ont
été testées dans une rotation biennale betteraves/blé, afin de suivre les évolutions des populations de nématodes et des potentiels de productivité.
Les variétés résistantes permettent-elles un retour à la normale ?
1er cycle
2ème cycle
3ème cycle
S-S-S
Sensible
Blé
Sensible
Blé
Sensible
R-S-R
Résistante
Blé
Sensible
Blé
Résistante
R-R-R
Résistante
Blé
Résistante
Blé
Résistante
Evolution des populations de nématodes (synthèse 4 essais)
La culture d’une variété sensible conduit à une augmentation du potentiel infectieux, puisqu’ en
l’espace de 2 betteraves la population initiale de larves passe de 267 à 766. La multiplication au
cours de la culture atteint systématiquement un niveau élevé.
Dans la rotation R-S-R, l’utilisation d’une variété sensible au cours du 2ème cycle, anéantit le travail de "réduction" de la résistante en 1ère année. La population initiale lors de la 3ème betterave
est équivalente la rotation "sensible". La variété résistante, fournie lors des 2 premières années,
comportait 10 % d’individus multiplicateurs, ce qui explique une légère augmentation des populations lors du 1er cycle.
Rotation R-S-R
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Rotation R-R-R
Essai de Coucy les Eppes en mai 2007 (2003-2005-2007) - 2 photos de la résistante
Dans 2 des essais, un retard de végétation a été observé sur la résistante cultivée lors de la 3ème année de betterave, lorsqu’elle était précédée de la sensible.
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Evolution de la productivité suivant 3 rotations (S-S-S / R-R-R / R-S-R)
Alors que dans un premier temps, on laissait
supposer que l’utilisation de variétés résistantes, grâce à leur effet "nettoyant", permettrait
de poursuivre le semis de variétés sensibles,
ces essais "longue durée" démontrent qu’il
n’en est rien.
Malgré son niveau de productivité plus élevé,
la variété sensible n’atteint pas le rendement
de la résistante lors du 2ème cycle. Pire, cette
dernière est pénalisée en 3ème année par l’augmentation du potentiel infectieux.
Intérêt de croiser les moyens de lutte
1er cycle
2ème cycle
3ème cycle
T-T-T
Tolérante
Blé
Tolérante
Blé
Tolérante
T-R-T
Tolérante
Blé
Résistante
Blé
Tolérante
R-R-R
Résistante
Blé
Résistante
Blé
Résistante
Evolution des populations de nématodes (synthèse 4 essais)
L’analyse des populations confirme une légère augmentation (+10 %) du nombre de larves de
nématode dans la rotation tolérante. Alors que les populations initiales, lors de la mise en place
des essais, sont quasiment identiques pour les 3 rotations, elles se distinguent très nettement
lors de la 3ème année.
L’intérêt d’introduire une résistante entre 2 tolérantes permet également d’obtenir un gain de
performance en productivité, puisqu’à rendement équivalent lors de la 1ère année, la tolérante de
"T-R-T" produit 7 % de mieux que la tolérante de "T-T-T" en 3ème année.
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François Courtaux
Jean-Charles Germain
ITB Aisne
Pôle du Griffon
180 rue Pierre Gilles de Gennes
02000 BARENTON BUGNY
Tél. 03.23.24.23.85 - Fax 03.23.24.27.28
Courriel : [email protected]
Notes d’information
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