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Journées d’études du Groupe PPE Marseille 7-8 décembre 2011 Défendre nos citoyens, nos économies et nos valeurs : La réponse c’est plus d’Europe FR Journées d’études du Groupe PPE à Marseille TABLE DES MATIÈRES Programme4 Compte rendu8 Discours Joseph Daul, MdPE, Président du Groupe PPE au Parlement européen, 19 Wilfried Martens, Président du PPE22 Youssef Amrani, Secrétaire général de l’UpM (L’Union pour la Méditerranée) 25 Franco Frattini, ancien Ministre des Affaires étrangères d’Italie 29 Tokia Saïfi, MdPE, Présidente de la commission politique de l’AP-UpM 32 Arnaud Danjean, MdPE, Président de la sous-commission Sécurité et Défense du PE 34 Elmar Brok, MdPE, Co-coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des affaires étrangères du PE 36 Rodi Kratsa-Tsagaropoulou, MdPE, Vice-présidente du PE, Présidente du Groupe de Travail EMUNI 40 Nizar Baraka, Ministre chargé de l’économie et des affaires générales du Royaume du Maroc 43 Mario Mauro, MdPE, Chef de la Délégation italienne (PDL) du Groupe PPE au PE, Membre de la commission des Affaires étrangères du PE 46 Dominique Vlasto, MdPE, Coordinateur de la commission économique de l’AP-UpM 48 Nadim Gemayel, Membre du Parlement libanais51 Salvatore Iacolino, MdPE, Vice-président de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE54 Vito Bonsignore, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable de l’Union méditerranéenne, Euromed, Coordinateur de l’AP-UpM; Responsable de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale du PE 56 Dacian Cioloş, Commissaire européen chargé de l’Agriculture et du Développement rural 59 Michel Dantin, MdPE, Membre de la commission de l’agriculture et du développement rural du PE 61 François Baroin, Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de la République française 64 Conclusions 68 3 PROGRAMME Mercredi 7 Décembre 2011 SÉMINAIRE CONJOINT PPE ET GROUPE PPE 09h00-09h30 Mot d’accueil Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille, Président du Groupe UMP au Sénat, Président du Comité de la Majorité présidentielle Discours d’ouverture : -Joseph Daul, MdPE, Président du Groupe PPE au Parlement européen (PE), Membre de la Présidence du PPE -Wilfried Martens, Président du PPE -Jean-Pierre Audy, MdPE, Président de la Délégation française (UMP) du Groupe PPE au PE 09h30-12h30 L’UE ET L’ÉVEIL DÉMOCRATIQUE EN MÉDITERRANÉE : ACCOMPAGNER LE PRINTEMPS ARABE EN ACCROISSANT L’AIDE AUX JEUNES DÉMOCRATIES EN GESTATION 09h30-10h30 Les orientations futures du processus d’intégration euro-méditerranéen dans le cadre de la politique européenne de voisinage et de l’UpM Présidence : Ioannis Kasoulides, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable du Groupe de travail Affaires étrangères, coordinateur du Groupe PPE de la commission culture de l’Assemblée parlementaire de l’Euro-Méditerranée (AP-UPM) Youssef Amrani, Secrétaire général de l’UpM (L’Union pour la Méditerranée) Paulo Sacadura Cabral Portas, Ministre des Affaires étrangères, Ministre d’État du Portugal Franco Frattini, ancien Ministre des Affaires étrangères d’Italie Tokia Saïfi, MdPE, Présidente de la commission politique de l’AP-UpM Arnaud Danjean, MdPE, Président de la sous-commission sécurité et défense du PE José Ignacio Salafranca Sánchez-Neyra, MdPE, Co-Coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des affaires étrangères du PE, Président sur le Groupe de Suivi sur le Sud de la Méditerranée du PE Elmar Brok, MdPE, Co-coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des affaires étrangères du PE Débats 4 PROGRAMME 10h30-11h30 ACCOMPAGNER LE PRINTEMPS ARABE EN RENFORCANT LA CONFIANCE : Répondre à l’aspiration des populations à une croissance forte et globale Développer les investissements économiques Présidence : Rodi Kratsa-Tsagaropoulou, MdPE, Vice-présidente du PE, Présidente du Groupe de Travail EMUNI Nizar Baraka, Ministre chargé de l’économie et des Affaires générales du Royaume du Maroc Dhya Mourou, Président de l’Association tunisienne des jeunes avocats Mario Mauro, MdPE, Chef de la Délégation italienne (PDL) du Groupe PPE au PE, Membre de la commission des affaires étrangères du PE Dominique Vlasto, MdPE, Coordinateur de la commission économique de l’AP-UpM Débats 11h30-12h30 ACCOMPAGNER LE PRINTEMPS ARABE EN RENFORCANT LA CONFIANCE : Vers une gestion des flux migratoires et des politiques d’intégration Renforcement des échanges interculturels Présidence : Manfred Weber, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable du Groupe de travail Affaires juridiques et intérieures, Co-coordinateur des Ministres Affaires Intérieures du PPE Nadim Gemayel, Membre du Parlement libanais Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman, Paris Jaime Mayor Oreja, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable du Groupe de travail Stratégie politique, Réseau d’Idées européen Mário David, MdPE, Vice-président du PPE, Membre de la Délégation à l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée au PE, coordinateur PPE de la commission politique de l’AP-UpM Salvatore Iacolino, MdPE, Vice-président de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE Simon Busuttil, MdPE, Coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE Débats Conclusions : Jerzy Buzek, MdPE, Président du PE, Président ex-officio du PPE Vito Bonsignore, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable de l’Union méditerranéenne, Euromed, Coordinateur de l’AP-UpM; Responsable de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale du PE 5 Jeudi 8 décembre 2011 09h00-10h30 LUTTE CONTRE LA VOLATILITÉ DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE - REDONNER DES VALEURS SAINES AUX MARCHÉS Présidence : Corien Wortmann-Kool, MdPE, Vice-présidente du Groupe PPE au PE, responsable du Groupe de Travail sur l’Economie et l’Environnement Matières premières industrielles Antonio Tajani, Vice-président de la Commission européenne chargé de l’Industrie et de l’entrepreneuriat Aliments et produits agricoles Dacian Cioloş, Commissaire européen chargé de l’Agriculture et du Développement rural Michel Dantin, MdPE, Membre de la commission de l’agriculture et du développement rural du PE Energie Günther H. Oettinger, Commissaire européen chargé de l’Énergie Débats 10h30-11h00 PRÉPARATION DU CONSEIL EUROPÉEN Présidence : Joseph Daul, MdPE, Président du Groupe PPE au PE, Membre de la Présidence du PPE Intervention de Jean Léonetti, Ministre auprès du Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé des Affaires européennes de la République française Débats 6 11h00-12h00 LUTTE CONTRE LA VOLATILITÉ DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE - REDONNER DES VALEURS SAINES AUX MARCHÉS (suite) Présidence : Marian-Jean Marinescu, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable du Groupe de travail sur le Budget et les politiques structurelles Répondre à la volatilité des prix en régulant et en rendant plus transparents les marchés financiers Intervention de François Baroin, Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de la République française Michel Barnier, Commissaire européen chargé du Marché intérieur et des Services Werner Langen, MdPE, Chef de la Délégation allemande du Groupe PPE au PE, Membre de la commission économique et monétaire du PE Débats Conclusions Jean-Paul Gauzès, MdPE, Coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission économique et monétaire du PE 13h30-16h00 CONGRÈS DU PPE 7 COMPTE RENDU Session d’ouverture Jean-Claude Gaudin, Maire de Marseille et Président du Groupe UMP au Sénat, a souhaité expliquer dans son discours d’ouverture que pour faire avancer l’Europe dans un contexte difficile, il faut toujours plus et toujours mieux d’Europe. Toujours plus, cela signifie renforcer et pérenniser l’Europe. Toujours mieux, signifie la capacité et la volonté de rendre le continent meilleur. Il n’y a pas d’autres choix et la famille du PPE doit être celle qui ouvre la voie de l’espérance et du courage. Pour le Sénateur-Maire de Marseille, il convient de poursuivre ce projet qui a apporté la sécurité et la paix au continent européen. Dans un monde nouveau et en transformation, il faut savoir se réformer et trouver un nouveau modèle : la gouvernance économique est un modèle nouveau qui nécessite volonté et sacrifice. À Marseille, l’UE est reliée sur le terrain par des parlementaires et des élus locaux. J.-C. Gaudin rappelle le rôle majeur des territoires locaux dans la compétitivité. En 2013, Marseille sera la capitale de la culture et en est fière. Sans l’UE, rien ne serait possible. Joseph Daul, MdPE, Président du Groupe PPE au Parlement européen (PE), l’Europe vit depuis sa naissance, après la seconde guerre mondiale, une crise aussi grave. La démocratie, les droits de l’Homme, de la Femme, des enfants, la Liberté, l’État de droit et l’économie sociale de marché sont les valeurs de l’Europe pour lesquelles la famille PPE doit se battre. Les débats de ces journées d’études sont essentiels et éminemment politiques et leurs conclusions sont dans les mains de la famille du PPE. Il y a deux messages : - Le premier est que les institutions européennes, comme le Parlement européen et la Commission, doivent rester au centre des décisions européennes. - Le deuxième message est que le Groupe PPE doit être fort et uni pour répondre aux défis. Durant l’histoire de la construction européenne, la famille PPE a été à l’avant-garde des grands événements comme le Marché intérieur et la réunification du continent. Le plan de sortie de crise doit être ambitieux et réaliste, audacieux, efficace et rester fidèle à la méthode communautaire. L’Europe ne peut aborder la mondialisation de façon dispersée : il convient de partager la souveraineté et non l’abandonner. La proposition d’un nouveau traité par la France et l’Allemagne doit être une question débattue par l’ensemble de la famille européenne, afin qu’il n’y ait ni vainqueur, ni vaincu. Une décision à 27 est préférable à une décision à 17+. Concernant les relations avec le sud de la Méditerranée, le Groupe PPE a toujours été très actif. Le Printemps arabe est une chance si l’on apporte de justes réponses. Wilfried Martens, Président du PPE, considère que le moment est décisif pour l’Europe. Le défi de la démocratie dans les pays arabes doit être gardé à l’esprit. De plus en plus de pays arabes accèdent à la justice et à la démocratie. Les élections démocratiques ont eu lieu et la révolution continue en Syrie. L’Union européenne a un rôle à jouer. Dans le passé, l’UE a commis quelques erreurs et devra continuer à s’engager pour la démocratie et les valeurs des droits de l’Homme. Premièrement, l’UE ne devrait pas oublier de regarder aussi vers l’Est. Les défis au Sud et à l’Est de l’Europe sont les mêmes : réfugiés, crime organisé,... Les structures démocratiques doivent être développées dans le voisinage. Deuxièmement, il faut accepter les résultats des élections démocratiques et offrir aux cultures musulmanes de nouvelles perspectives. Le dialogue interreligieux et interculturel a besoin d’être poursuivi. Troisièmement, il est nécessaire de coordonner la politique européenne de voisinage avec la politique étrangère avec les USA. Il y a beaucoup à gagner avec une approche concertée. 8 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille La politique de voisinage est un instrument décisif pour les développements du Printemps arabe. Il faut ouvrir le marché européen à ces pays. Une nouvelle et meilleure politique de visa doit être mise en place. Il faut une approche libérale pour les étudiants, les hommes d’affaires... Cela suppose une approche commune de la politique des visas. L’UE a un rôle constructif à jouer. Jean-Pierre Audy, MdPE, Président de la Délégation française du Groupe PPE au Parlement européen, considère qu’économie et valeur sont des termes liés. On ne peut faire d’économie sur les valeurs européennes. C’est à l’Europe de cimenter les valeurs européennes. J.-P. Audy remarque, qu’au sud de la Méditerranée, les jeunes n’ont pas voulu la chute de l’Occident mais ont souhaité rejoindre les valeurs occidentales. Sur les questions européennes, la droite et le centredroit français sont d’accord. Les Européens ne sont pas différents, mais diverses et cette diversité les unis. Baptiste Thollon Les orientations futures du processus d’intégration euro-méditérranéen dans le cadre de la politique européenne de voisinage et de l’UPM Selon Ioannis Kasoulides, MdPE, l’Europe doit prendre conscience du nouveau contexte qui fait suite au Printemps arabe. M. Kasoulides souligne ainsi l’importance des résultats des élections dans les pays du sud de la Méditerranée, ainsi que de leurs nouveaux gouvernements. Le secrétaire général de l’UPM, Youssef Amrani, souligne qu’il est important pour l’Europe de revoir sa vision à propos de la Méditerranée, et invite le PE et le Groupe PPE à montrer la voie à suivre dans cette région. L’Europe et le sud de la Méditerranée doivent collaborer et avancer ensemble, déclare le secrétaire général de l’UPM. M. Amrani insiste également sur la nécessité d’engager le dialogue avec les partis islamistes qui ont remporté les élections dans leurs pays et de soutenir leur transition économique. Paulo Sacadura, ministre des Affaires étrangères et ministre d’État au Portugal, considère les événements du Printemps arabe comme l’occasion de rétablir un partenariat entre l’Europe et les pays arabes. Si l’on veut recréer une union avec les pays du sud de la Méditerranée, certaines obligations s’imposent néanmoins : - l’Europe doit comprendre que chaque pays a sa propre histoire ; - l’Europe ne peut exporter son modèle politique de démocratie dans le Sud ; - l’Europe doit respecter la société spirituelle des pays arabes ; - l’Europe doit apprendre à travailler avec les gouvernements islamistes qui ont remporté les élections. D’autre part, M. Sacadura soutient que des négociations s’imposent sans attendre entre la Palestine et Israël dans le cadre du processus de paix. Le principal problème dans le sud de la Méditerranée est l’Iran, cependant, et il n’a pas été résolu, affirme le ministre d’État du Portugal. Franco Frattini, ancien ministre italien des Affaires étrangères, souligne qu’il est important de coopérer avec les pays du sud de la Méditerranée, mais sans renoncer aux valeurs de notre société, fondées sur la dignité humaine, le droit à la liberté, le droit à la religion, des éléments non négociables selon M. Frattini. Seul le respect du principe de dialogue mutuel et de respect mutuel peut permettre d’aboutir à un partenariat entre l’Europe et les pays arabes, souligne également l’ancien ministre italien des Affaires étrangères. Tokia Saïfi, MdPE, estime que l’Europe doit aider les pays du sud de la Méditerranée à réussir leurs transitions démocratiques. L’UE doit par conséquent respecter l’issue de leurs élections, et garantir le respect des droits humains. De même, Mme Saïfi souligne la nécessité de renforcer les valeurs du PPE au sein des partis qui partagent les mêmes valeurs dans le sud de la Méditerranée, en les soutenant. Selon Arnaud Danjean, MdPE, l’Europe doit prévoir un plan pour la Méditerranée qui concerne : le marché, la mobilité et la migration. Dans le cadre de ce plan de travail, M. Danjean recommande une collaboration 9 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille plus ouverte avec la société civile et une plus grande créativité. essentiel pour assurer la coopération entre l’UE et les pays arabes. José Ignacio Salafranca, MdPE, souligne qu’il est important pour l’Europe d’œuvrer à l’avenir. Selon lui, l’UE a besoin d’une vision stratégique et elle doit travailler, dans les quinze années à venir avec les bons partenaires, qui sont ceux qui partagent les valeurs du PPE. L’action de l’Europe était autrefois très lente et non harmonisée ; cela ne peut plus arriver. Jorge Soutullo Jan-Willem Vlasman (Virginia Millán de Silva) Selon Elmar Brok, MdPE, dans les pays du sud de la Méditerranée les minorités doivent être protégées, et cela n’a pas été fait en Iraq. Le véritable danger, c’est que dans ces pays arabes la liberté rime quelquefois avec une réduction de la protection, en particulier pour les minorités religieuses telles que les chrétiens. D’autre part, l’Europe offre à ces pays une aide économique pour créer une zone économique durable et solide et contribuer au développement de la région. Les interventions sont suivies d’un bref débat, auquel participent entre autres : Doris Pack, MdPE, Gaston Franco, MdPE, Alojz Peterle, MdPE, Ioannis Kasoulides, MdPE, Youssef Amrani, Ursula Stenzel, ancienne MdPE. Dans le cadre du débat, qui est centré sur la coopération entre l’Europe et les pays du sud de la Méditerranée, les participants expriment la responsabilité importante qu’a l’UE dans cette région, ainsi que l’importance de son modèle de démocratie pour les pays arabes. En ce qui concerne cette coopération, cependant, l’on s’interroge sur la protection des minorités chrétiennes dans ces pays du sud de la Méditerranée et sur la façon de l’assurer, une question importante pour l’Europe. Les participants se sont d’autre part dit satisfaits d’offrir à des personnes venues des pays arabes l’occasion de venir en Europe pour enrichir leur formation et découvrir à quoi ressemble la démocratie dans nos pays. Le programme Erasmus est présenté comme une occasion pour les enseignants et les étudiants d’enrichir leur formation en vue de songer à l’avenir dans leur pays d’origine, un élément primordial. Le débat s’est conclu en soulignant que le dialogue avec les partis islamistes modérés est un facteur 10 Accompagner le Printemps arabe en renforçant la confiance : - Répondre à l’aspiration des populations à une croissance forte et globale ; - Développer les investissements économiques. Rodi Kratsa-Tsagaropoulou, MdPE, ouvre la session en remerciant la délégation française d’avoir préparé les journées d’études, et la ville de Marseille pour son aide. Elle présente le premier orateur, M. Baraka. Nizar Baraka parle des principales ambitions et aspirations du Maroc et de la région, mais aussi des défis qui les attendent. Avec un taux de chômage de 10 % et pouvant aller jusqu’à 40 % chez les jeunes dans les régions les plus défavorisées, 1,5 million d’emplois vont devoir être créés chaque année juste pour maintenir les niveaux d’emploi actuels et éventuellement réduire quelque peu le chômage. Le renforcement de la bonne gouvernance, la création d’un climat propice à l’investissement et le renforcement de la coopération régionale pourraient renforcer la croissance de deux points environ par an. Les évolutions positives sont nombreuses : l’adoption d’une nouvelle Constitution par référendum, l’indépendance accrue du système juridique, la tenue d’élections pacifiques et transparentes en septembre et le transfert sans heurts du pouvoir au profit d’un nouveau gouvernement de coalition sont autant d’éléments qui contribuent à consolider le statut de pays avancé dont bénéficie le Maroc dans l’UE. La croissance est stable, à 5 %, depuis quelques années, la dette publique s’élève à 53 % pour 2011 et le pays possède une économie de marché social qui fonctionne. Une accélération des réformes permettra au gouvernement de répondre aux attentes économiques et sociales des citoyens. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Le Groupe PPE est invité (notamment dans le cadre de l’accord de coopération entre le Groupe PPE et le parti de l’Istiqlal) à accompagner le Maroc dans cette dynamique afin de l’aider à créer une région méditerranéenne empreinte de paix et de prospérité, notamment en privilégiant l’investissement et l’emploi. La zone de libre-échange du sud de la Méditerranée doit être étendue. Le deuxième orateur, Dhya Mourou, parle de l’espoir démocratique suscité par la révolution tunisienne, mais aussi des difficultés économiques que connaît actuellement le pays. La démocratie ne peut prospérer dans une économie faible caractérisée par un chômage élevé, des différences régionales et un sous-développement rural. Il souligne que des mesures urgentes s’imposent pour faire face aux défis économiques et sociaux en vue de maintenir la stabilité et d’éviter un retour de la dictature, et demande à l’Europe d’offrir son aide sur la base des valeurs universelles et des libertés fondamentales qu’elle représente. Mario Mauro, MdPE, insiste sur le rôle que peuvent jouer le Groupe PPE et l’UE dans le sud de la Méditerranée. Le processus de Barcelone et l’Union pour la Méditerranée n’ont pas produit l’action nécessaire pour apporter aux pays du Sud la démocratie et le développement. Le Groupe PPE doit concentrer ses efforts sur le fait de doter son action d’un contenu politique. Le parti turc AKP est observateur du Groupe PPE depuis 2005, et le Groupe PPE pourrait jouer un rôle important dans le dialogue avec les partis islamistes. L’Ennahda, le parti islamiste tunisien, a affirmé qu’il souhaitait se réimplanter sur la base du modèle de l’AKP turc. Le Groupe PPE doit dépasser le stade du discours ; il doit faire des efforts concrets pour comprendre les choix politiques opérés par les partis islamistes et pour suivre et surveiller, sans pour autant imposer, les débats constitutionnels qui décideront de la direction des évolutions dans la région. La Turquie et l’AKP sont parvenus à créer la prospérité et ont établi des relations diplomatiques solides avec la Tunisie, l’Égypte, la Libye et la Syrie. Le Groupe PPE et sa famille politique, mais aussi l’UE et son Service pour l’action extérieure, doivent suivre ces évolutions de près et prendre les mesures qui s’imposent. M. Mauro parle également de la nécessité de créer un cadre plus efficace pour les PME de la région afin de stimuler l’économie, car ce n’est qu’en présence d’un tissu sain de micro entreprises que la région pourra installer la démocratie. Pour terminer, Dominique Vlasto, MdPE, poursuit sur la question de l’amélioration des perspectives économiques. Il indique que l’UE doit être présente pour accompagner la reprise économique de la région. L’un des secteurs clés de la croissance sera le secteur de la construction, et les autres concernent la distribution d’eau, l’accès à l’énergie, les transports et les télécommunications. Il est également essentiel d’offrir aux jeunes, souvent qualifiés mais sans emploi, des informations et des formations si l’on veut assurer la croissance. Car on ne peut oublier que le Printemps arabe a été déclenché par les problèmes rencontrés par les jeunes. L’éducation et la formation professionnelle doivent être étroitement liées au marché de l’emploi. Les universités doivent être rapprochées des entreprises, il faut anticiper les besoins du marché et les jeunes doivent avoir la possibilité d’exploiter leurs qualifications. Jesper Haglund, Maria Paola De Angelis 11 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Accompagner le printemps arabe en renforçant la confiance : Vers une meilleure maîtrise des flux migratoires et des politiques d’intégration ; renforcement des échanges interculturels Manfred Weber, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable du groupe de travail « Affaires juridiques et intérieures », co-coordinateur des ministres des Affaires intérieures du Groupe PPE, ouvre la réunion en rappelant l’importance politique des flux migratoires à destination de l’Europe. Il souligne également la nécessité pour l’UE d’entamer un dialogue efficace avec les pays tiers, visant à développer un partenariat afin de cerner les nouvelles perspectives qui s’offrent aux populations à la suite du Printemps arabe. Il considère en outre la sécurité frontalière comme une question d’intérêt bilatéral et prend également en considération l’impact culturel découlant des flux migratoires. Nadim Gemayel, membre du Parlement libanais, souligne que l’Europe est considérée par les populations concernées par le Printemps arabe non seulement comme une destination pour les flux migratoires, mais aussi comme un modèle de référence et une source d’inspiration. Dans sa volonté de stimuler un débat nouveau et ouvert, il est important que l’UE évite toute attitude mesquine susceptible de déclencher, en réaction, un renforcement des extrémismes dans les pays d’Afrique du Nord. Il est par conséquent essentiel de trouver un terrain d’entente afin d’aborder concrètement et efficacement la question des flux migratoires. Dans ce contexte, le facteur culturel joue un rôle décisif car l’ouverture mutuelle est le seul antidote à la montée de l’extrémisme. Malgré la présence grandissante du discours populiste en Europe, les échanges culturels doivent être considérés comme un enrichissement. L’entente mutuelle est dès lors indispensable pour permettre aux pays arabes de parvenir à la démocratie. Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman, entame son intervention en rappelant que l’UE doit stimuler la croissance. Compte tenu de la stagnation démographique actuelle en Europe, l’immigration constitue le seul moyen de s’en sortir à 12 court terme. Il est par conséquent essentiel de veiller à ce que les accords de Schengen et de Dublin soient pleinement fonctionnels. L’aide financière de l’UE doit être mieux répartie, en prenant en considération les événements survenus dans la région méditerranéenne. De plus, les jeunes représentent la part la plus importante de la population dans les pays arabes. Ils doivent être aidés en leur accordant un statut particulier pour leur permettre de venir étudier en Europe. En ce qui concerne la religion, le seul véritable problème concerne le mauvais usage qui en est fait lorsqu’elle est exploitée à des fins politiques. Jaime Mayor Oreja, MdPE, Vice-président du Groupe PPE, responsable de la Stratégie politique, indique que la crise économique actuelle influence également le monde arabe. Cette crise est en effet mondiale et elle concerne non seulement l’aspect économique de notre société, mais aussi nos modèles et nos valeurs. Nous devons dès lors revoir notre approche en commençant par renforcer la cohésion interne de l’UE. Cette nécessité est encore plus manifeste lorsque l’on sait que les extrémistes renforcent leur influence grâce à l’absence de politique en matière de cohésion interne de l’UE. En l’absence de cohésion interne et de politique d’intégration efficace pour les immigrés dans l’UE, il n’y aura pas de politique européenne de voisinage. Le Groupe PPE doit être à l’avant-poste dans la définition d’une réponse commune en matière de politique d’immigration basée sur le principe de la cohésion interne européenne. Mario David, MdPE, Vice-président du Parti populaire européen et président de la délégation pour les relations avec les pays du Mashrek, indique à quel point il est important que l’UE témoigne sa solidarité à l’égard des pays arabes. Il va en effet falloir attendre un certain temps avant d’observer les effets des changements suscités par le Printemps arabe. Le risque est que les populations arabes soient déçues dans leurs attentes. Il est dès lors essentiel d’appuyer les politiques de protection de l’environnement et celles axées sur l’efficacité des ressources dans ces pays, de même que le renforcement des institutions. Il est également essentiel de venir en aide à nos voisins du Sud en les aidant à résoudre leurs problèmes économiques grâce à une assistance mieux ciblée. Ces mesures auront également un impact positif sur les problèmes découlant de la migration. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Salvatore Iacolino, MdPE, Vice-président de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE, salue le fait que le Groupe PPE accorde une attention particulière à l’immigration et continue de considérer cette question comme une priorité politique, comme il l’a également confirmé à l’occasion des journées d’études du Groupe PPE organisées à Palerme. Pour faire face à la criminalité et à l’immigration clandestine, il convient de mettre en œuvre des accordscadres bilatéraux sur la gestion des flux migratoires. En outre, ces pays sont potentiellement confrontés au risque d’une islamisation extrême. La surveillance doit dès lors être renforcée, tout comme le dialogue politique par le biais du Service européen pour l’action extérieure. Il convient de s’intéresser plus particulièrement aux jeunes en développant des programmes destinés aux étudiants, tels qu’Erasmus, ou en améliorant les perspectives d’emploi des entrepreneurs. Simon Busuttil, MdPE, coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE, plaide en faveur d’un renforcement de la confiance mutuelle si l’UE veut vraiment aider les pays arabes. À l’heure actuelle, il semble que la confiance mutuelle soit totalement inexistante et des efforts des deux côtés s’imposent pour la renforcer. Dans ces circonstances, les pays du sud de la Méditerranée doivent coopérer pour mettre fin aux franchissements illégaux des frontières, qui mettent à mal les frontières extérieures de l’UE. De plus, les pays arabes doivent accepter que l’immigration soit traitée comme un chapitre distinct et spécifique dans les accords futurs. Il faut s’intéresser davantage à la protection des droits humains grâce à la signature de la Convention de Genève sur les réfugiés. D’autre part, l’UE doit offrir aux pays arabes une expertise technique en matière de contrôle des frontières et une aide financière afin de faire face à l’immigration. Le coordinateur évoque également la nécessité d’une politique européenne commune en matière d’asile, ainsi que d’une simplification des procédures d’octroi de visas. Dans le cadre du débat, les interventions de Nizar Baraka, ministre chargé de l’Économie et des Affaires générales du Royaume du Maroc, Anne Delvaux, MdPE, et Philippe Boulland, MdPE, portent sur les dangers liés à la montée du populisme et à l’exacerbation potentielle de la situation. Les intervenants rappellent également qu’il convient de réduire le phénomène de la fuite des cerveaux, ainsi que de définir des politiques plus efficaces pour venir en aide aux migrants qui rentrent dans leur pays. L’idée de créer un programme destiné aux étudiants afin de permettre aux jeunes arabes de compléter leur formation en Europe est considérée positivement, mais il convient d’en définir clairement les conditions et de déterminer le statut qui sera accordé aux étudiants arabes. Jerzy Buzek, MdPE, Président du Parlement européen, conclut en rappelant l’importance grandissante du Service européen pour l’action extérieure en tant qu’outil diplomatique afin d’influencer les évolutions futures dans les pays arabes. Dans ce contexte, le Parlement européen doit maintenir ses relations permanentes avec le Haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Il est fondamental, à ce stade, d’appuyer le renforcement des institutions et d’encourager les nouveaux acteurs politiques. Pour le Groupe PPE, il est plus particulièrement important de coopérer avec les partis musulmans, comme il l’a déjà fait par le passé avec la Turquie. La dimension liée à la société civile doit également être prise en compte. Il est essentiel d’éviter de commettre les mêmes erreurs dans la refonte du dialogue futur avec les pays du sud de la Méditerranée. La seule manière d’assurer la stabilité consiste à assurer la démocratie et la prospérité. Vito Bonsignore, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable d’Euromed et de l’Union méditerranéenne, clôture le débat en signalant que cette discussion intervient à un moment particulier pour l’UE. L’on peut en effet constater aujourd’hui que le processus de Barcelone et l’Union méditerranéenne n’ont pas répondu aux attentes, et il convient dès lors de procéder à une réforme approfondie de la politique européenne de voisinage. Il y a plusieurs questions importantes et difficiles à aborder si l’on veut revoir la stratégie communautaire dans la Méditerranée. Il est essentiel de commencer à coopérer avec les partis islamiques modérés et, parallèlement à cela, de gérer les flux migratoires à destination de l’Europe. Un effort particulier doit en outre être consenti pour contenir les approches populistes. À propos du processus de paix au Moyen-Orient, l’UE doit renforcer son rôle politique dans le quartet, en appuyant vigoureusement la solution des deux États et en facilitant ce processus par le biais d’une approche innovante. Michael Speiser Vittoria Venezia 13 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Lutte contre la volatilité des prix des matières premières et sécurité alimentaire - redonner des valeurs saines aux marchés Matières premières industrielles Le Groupe PPE a demandé à la Commission européenne de proposer une véritable politique européenne pour les matières premières dans le cadre de son initiative phare relative à la politique industrielle, une vraie politique européenne soulignant l’importance des entreprises compétitives et de la chaîne de valeur industrielle en tant que principaux moteurs de croissance économique forte. Le Commissaire européen Tajani a souligné que la demande accrue découlant de la croissance démographique et les revenus plus élevés sur les marchés émergents pèsent lourdement sur la nécessité d’atteindre une répartition des ressources plus efficace, en particulier en ce qui concerne les matières premières. Le Groupe PPE défend l’établissement d’une gouvernance et d’une coordination plus efficaces concernant les politiques relatives aux matières premières afin de répondre aux opportunités et aux défis posés par la mondialisation en combinant tous les instruments et toutes les mesures possibles de la politique industrielle de l’UE (y compris, par exemple, les instruments et mesures issus du marché intérieur, de la concurrence, de la politique de compétences et de la politique régionale, du commerce et des investissements, des normes et de la convergence réglementaire). Le Groupe PPE encourage le développement d’une méthode plus fiable pour évaluer l’utilisation efficace 14 des ressources, ainsi que pour déterminer et introduire des objectifs d’amélioration de cette utilisation à moyen et à long terme. Le Groupe PPE accorde une attention particulière à l’accès aux matières premières stratégiques et critiques, telles que les terres rares (REE), comme l’a indiqué M. Tsoukalas, ainsi qu’aux problèmes liés à l’utilisation efficace des ressources, au recyclage et à la substitution des matières premières, notamment la gestion efficace des déchets permettant de renforcer la compétitivité industrielle, de stimuler la croissance durable et de garantir la sécurité d’approvisionnement en Europe. Le Commissaire Tajani a rappelé que le Groupe PPE défend à juste titre un approvisionnement durable à partir de sources de pays de l’Union grâce à la coopération entre les États membres dans le domaine des données et des études géologiques, ainsi qu’un approvisionnement durable à partir de sources de pays tiers grâce à la « diplomatie des matières premières », aux partenariats avec des pays riches en ressources et à une politique de développement axée sur le renforcement de la gouvernance et de la transparence. Dans ce contexte, Antonio Tajani invite le Groupe PPE à jouer un rôle actif dans le prochain sommet sur les matières premières prévu début 2012. Alfredo Sousa De Jesus Produits agroalimentaires et agricoles Le Commissaire Barnier introduit cette première partie du débat en se félicitant de l’initiative du Groupe PPE d’étudier la question cruciale de la volatilité des prix des matières premières et souligne son potentiel de déstabilisation. D’après lui, la crise, la famine et même la guerre sont possibles si le problème n’est pas résolu à temps. Il mentionne les problèmes auxquels est confrontée l’agriculture mondiale où la demande dépasse l’offre, notamment en raison de l’augmentation de la population et du changement d’habitudes alimentaires dans les économies émergentes. Il poursuit en déclarant qu’une plus grande transparence et un meilleur contrôle du marché sont nécessaires et qu’il est essentiel de définir exactement le rôle de chacun et de mieux connaître les positions des différents acteurs du marché. Il conseille Journées d’études du Groupe PPE à Marseille de prendre davantage de sanctions afin de lutter contre certains abus sur le marché. Il conclut qu’il incombe au centre-droit, et non à la gauche, de présenter des solutions à ce problème et il souligne la nécessité d’accroître la productivité du secteur agricole. stocks et l’évolution des prix), créer des stocks stratégiques et améliorer la gestion des risques. Il conclut en affirmant que les propositions avancées par le commissaire Ciolos sont en cours d’examen et qu’elles semblent aller dans la bonne direction. Le Commissaire Cioloş fait remarquer qu’une production alimentaire suffisante est un principe fondateur de la politique agricole commune (PAC) et qu’il importe, aujourd’hui plus que jamais, de permettre aux agriculteurs européens de pouvoir vivre de leur métier. Il affirme qu’il y a indéniablement un problème dans l’ensemble de la chaîne alimentaire du fait de l’absence de corrélation entre les prix accordés aux agriculteurs pour leurs produits et les prix payés par les consommateurs dans les magasins et les supermarchés. Il poursuit en exposant les mesures avancées dans ses propositions de réforme de la PAC, destinées à renforcer la position des agriculteurs sur le marché. Il déclare que des mécanismes flexibles sont prévus afin d’agir sur le marché, s’il y a lieu, et d’éviter des perturbations majeures. Il explique également son point de vue au sujet de l’utilisation du Fonds de développement rural qui permet aux agriculteurs d’investir dans des régimes d’assurance et des fonds de placement, en particulier les années de bonne conjoncture économique. Il indique également qu’il est important d’encourager les agriculteurs à s’organiser en vue d’accroître leur pouvoir de négociation tout au long de la chaîne alimentaire et souligne l’expérience positive constatée dans le secteur des fruits et légumes, une approche qu’il a l’intention d’étendre à tous les secteurs. Il ajoute que certaines exceptions aux lois générales régissant la concurrence pourraient également être envisagées et qu’il se réjouit d’en discuter davantage avec les membres du PPE. Il poursuit en saluant l’initiative de la présidence française du G20 de mettre, pour la première fois, la question de la sécurité alimentaire à l’ordre du jour. Il se réjouit des conclusions du G20, particulièrement en ce qui concerne la transparence sur le marché, la promotion de la recherche et de l’innovation ainsi que l’idée de PAC régionales. Mme McGuinness, MdPE, prend la parole lors du débat suivant et dit regretter le fait que le Parlement européen ne soit pas correctement représenté ni impliqué dans les travaux du groupe de haut niveau sur la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Elle ajoute qu’il y a eu beaucoup de discussions pour une meilleure organisation des agriculteurs, mais pas assez pour l’autre extrémité de la chaîne alimentaire, à savoir la concentration dans le secteur de la distribution. M. Dantin, MdPE, souligne le fait que l’objectif premier de la PAC reste celui de nourrir la population et que les fortes disparités entre les prix sont inacceptables. Il se réjouit de la réelle détermination, affichée à Cannes, à résoudre le problème par des actions telles qu’augmenter la production agricole, favoriser les investissements public/privé dans l’agriculture, financer la recherche de manière adéquate, assurer une plus grande transparence sur le marché (améliorer, en particulier, les informations sur l’état des M. Zver, MdPE, insiste sur la nécessité de définir des mesures en vue d’aider les jeunes agriculteurs et souligne le fait que seulement 6 % des agriculteurs de l’Union sont âgés de moins de 35 ans. M. Papastamkos demande plus de précision sur le rôle que pourraient jouer les régimes d’assurance dans la lutte contre la volatilité des prix et M. Jahr fait observer que le marché à terme encourage la spéculation sur les matières premières agricoles. Le Commissaire Cioloş répond que le groupe de haut niveau présidé par le Commissaire Tajani publiera un rapport en juin. Il indique que, dans la mesure du possible, une nouvelle législation sera évitée mais que, si les acteurs de la chaîne alimentaire ne parviennent pas à trouver un accord, la Commission prendra des mesures. Concernant la concentration dans le secteur de la distribution, il déclare qu’il a demandé au Commissaire Almunia d’étudier cette question en profondeur. Quant à l’augmentation de la productivité, il souligne les difficultés rencontrées lors de la mise en pratique des recherches mais ajoute que le prochain CFP prévoira un plus large budget pour la recherche. Il précise que les jeunes agriculteurs continueront à recevoir de l’aide au titre du deuxième pilier de la PAC, mais qu’il a proposé que ces agriculteurs puissent également bénéficier du financement du premier pilier. En ce qui concerne les assurances, le commissaire explique que les fonds du deuxième pilier permettront aux agriculteurs de subventionner leurs primes d’assurance ou de les aider à créer des fonds de placement. Il poursuit en affirmant qu’il importe de garantir une plus grande transparence sur le marché à terme ainsi qu’une meilleure information sur les prix. Il annonce que la Commission publiera des informations régulières sur l’évolution, et 15 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille les perspectives d’évolution, des prix et que d’autres pays suivront l’exemple, à la suite des résultats du sommet du G20. M. Dantin souligne la diminution considérable des ressources financières remises aux producteurs et affirme que ce point ne pourrait pas être résolu par la PAC. Il ajoute qu’environ un tiers des agriculteurs de l’Union prendront prochainement leur retraite et que ces deux sujets suscitent de réelles inquiétudes. sont déjà très compétitifs sur le marché international et que les quotas créent des contraintes inutiles. Pour ce qui est de l’entrée en vigueur de la nouvelle PAC, il assure aux membres présents que, bien qu’elle espère une entrée en vigueur des nouvelles règles début 2014, la Commission est consciente des risques d’un tel calendrier et prépare des plans d’urgence. Alwyn Strange Mme Lulling, MdPE, ouvre la deuxième partie du débat en demandant pourquoi la Commission a proposé la libéralisation des droits de plantation dans le secteur vinicole. Elle insiste sur le fait que ces droits devraient être maintenus. M. Siekierski souligne l’importance du marché des céréales et affirme que le grand public devrait être plus sensibilisé aux avantages de la PAC et qu’il faudrait en faire davantage pour assurer la sécurité alimentaire. Mme Bildt prie le commissaire Cioloş de travailler en plus étroite collaboration avec son collègue Barnier sur les questions relatives à la chaîne alimentaire et insiste sur le fait que le Parlement européen a besoin d’une meilleure information sur les travaux du groupe de haut niveau. Mme Herranz plaide en faveur du maintien des quotas de production dans le secteur du sucre jusqu’en 2020 et invite ses collègues à soutenir la question orale et la résolution de sa collègue Mme Patrao Neves sur les déséquilibres de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. M. La Via mentionne les difficultés des négociations pour un nouveau CFP et s’interroge sur les chances réelles de voir une nouvelle PAC mise en place pour début 2014. Il s’enquiert également de l’avenir du programme d’aide aux plus démunis après 2013. M. Dorfmann demande si le financement des régimes d’assurance et des fonds de placement devrait provenir du deuxième pilier, étant donné que ces instruments sont liés aux revenus des agriculteurs et qu’ils concernent davantage le premier pilier. Garantir des prix équitables et non faussés pour les installations énergétiques Le Commissaire Cioloş reprend la parole et déclare que c’est le Conseil qui a pris la décision relative aux droits de plantation dans le secteur vinicole. Il poursuit en affirmant que la situation des jeunes agriculteurs est en effet préoccupante et qu’il espère que le Parlement européen pourra défendre le financement global de la PAC proposé par la Commission, ou du moins garantir une augmentation de ces fonds. Il indique que, pour les questions relatives à la volatilité des prix et à la chaîne alimentaire, il travaille en très étroite collaboration avec ses collègues commissaires et que le rapport du groupe de haut niveau prévu en juin devrait également être envoyé au Parlement. En ce qui concerne le marché du sucre, il précise que nos producteurs de sucre 16 Le Groupe PPE estime que les variations importantes et soudaines des prix observées sur les marchés des matières premières depuis 2007, en particulier sur les marchés pétrolier et agricole, ont fait de la volatilité des prix une question capitale pour l’économie mondiale. Il convient, en particulier pour l’Union européenne, de répondre à la volatilité des prix afin de suivre une croissance intelligente, durable, inclusive et verte, comme l’a indiqué M. Rubig. Les variations excessives des prix, souvent proches de la spéculation, favorisent l’incertitude et entravent les capacités de prévision des différents acteurs économiques. Cette incertitude est en outre exacerbée par le manque de transparence sur les marchés des matières premières, ce qui à son tour rend les prix encore plus volatiles. Les marchés financiers doivent fournir les moyens de gérer cette volatilité en permettant aux acteurs de se prémunir contre les variations des prix. Toutefois, l’auto réglementation en tant que telle n’est pas suffisante et des règles renforcées et harmonisées doivent être mises en place pour ces marchés afin d’empêcher les abus de marché et les manipulations des prix. C’est pourquoi le Groupe PPE est favorable à l’adoption rapide de mesures visant à lutter contre la volatilité des prix et à promouvoir la sécurité dans le domaine des produits agricoles et des marchés des matières premières. Il convient également d’aborder et d’encourager ces initiatives lors de tous les forums internationaux, comme le G8, le G20, l’OCDE, l’OMC et les Nations unies. Dans ce contexte, le Commissaire européen Oettinguer a souligné la dépendance énergétique de l’UE, vis-àvis du pétrole et du gaz, ainsi que le rôle joué par la politique énergétique en tant qu’instrument de politique extérieure. Pour cette raison, l’UE aurait pu mieux gérer ses propres ressources, dans le domaine du nucléaire, de la technologie CSC, de l’efficacité énergétique, en particulier dans les bâtiments publics, des énergies renouvelables, et du stockage de l’électricité. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille M. Vidal-Quadras a souligné qu’en termes de gaz d’importantes réalisations ont été obtenues, à savoir en matière d’interconnections, de débit inverse et de stockage d’urgence, mais il a insisté sur le fait que l’efficacité énergétique ne suffit pas à elle seule et que des mesures supplémentaires devraient être prises pour atteindre une production d’énergie propre. M. Belet a pris la parole pour dire qu’il est possible d’apporter des réponses à la plupart des problèmes énergétiques dans l’UE, et à leurs coûts respectifs, en adoptant la devise du Groupe PPE, « Plus d’Europe », et en libéralisant davantage les marchés afin d’acquérir l’énergie à des prix abordables. En réponse à M. Landsbergis, inquiet quant à la mise en œuvre du troisième paquet par les autorités russes, le Commissaire européen Oettinguer rappelle le rôle de la Commission, qui veille soigneusement à ce qu’il soit véritablement et convenablement mis en œuvre. Alfredo Sousa De Jesus Intervention de M. Léonetti conclusions de M. Gauzès et Jean Léonetti, Ministre français chargé des Affaires européennes, explique que l’Europe se trouve à la croisée des chemins : - soit le renoncement, c’est-à-dire se passer de l’Europe, mais ce qui n’empêchera pas de devoir rembourser les dettes des États ; - soit la voie du langage de vérité et regarder la situation telle qu’elle est. L’Europe a vécu avec la sécurité de l’euro. Pour le ministre, il faut plus et mieux d’Europe. Au Conseil, la France et l’Allemagne ont proposé une méthode et un objectif. La méthode, c’est la discipline et la solidarité. L’objectif, c’est la croissance, l’emploi et la compétitivité. La crise actuelle n’est pas une crise de l’euro, mais de la dette. Il faut des actions préventives avec l’instauration de la règle d’or dont le contrôle se fera par la Cour de justice avec un droit de regard sur son application par le juge national. Mais ce sont les Parlements qui seront maîtres de la décision. La règle d’or doit permettre de redonner la confiance entre les Européens et ainsi ouvrir la voie à plus de solidarité. Pour le ministre, l’épisode grec est clos ; il faut redonner confiance aux investisseurs. Le Mécanisme européen de stabilité financière sera opérationnel dès 2012. La question, qui est aujourd’hui centrale, est de combattre le populisme et l’euroscepticisme qui sont nés de la crise. Il faut remettre au centre du débat le Parlement européen et les Parlements nationaux. La coordination fiscale doit aussi être discutée entre les 27 États membres, bien que ce soit un idéal et qu’il faille certainement avancer sur ce dossier avec moins d’États. Toutefois quelques États ne peuvent empêcher l’Europe d’évoluer. Dans les prochains mois, plusieurs dossiers seront discutés au Conseil : - le Cadre financier pluriannuel : il s’agit de dépenser mieux, plutôt que plus. En période d’austérité, l’effort doit venir de tous et l’Europe doit elle aussi adopter la rigueur ; - l’adhésion des États des Balkans occidentaux : le ministre se dit favorable à l’adhésion de ces États avec des exigences ; - l’Iran : sur ce dossier, l’UE doit fournir des réponses claires. En conclusion, le ministre explique que l’Europe traverse une étape essentielle de son existence mais qu’elle est à même d’y répondre. Jean-Paul Gauzès, MdPE, coordinateur du Groupe PPE à la commission économique et monétaire du Parlement européen, rappelle dans ses conclusions qu’il est primordial de rétablir la confiance et rassurer les entrepreneurs et les marchés. La méthode intergouvernementale n’est, à cet égard, pas plus efficace ni plus rapide que la méthode communautaire : au contraire. Le Groupe PPE apporte son soutien au Commissaire Michel Barnier dans ses réformes pour rendre l’UE plus forte. Celles-ci doivent continuer de défendre ses valeurs, dont la première d’entre elles est la dimension humaine de la relation économique et sociale. Le Groupe PPE soutient l’économie sociale de marché et, dans ce domaine, le Parlement européen peut apporter beaucoup. Jusqu’à présent, les députés ont d’ailleurs montré une grande cohérence dans leurs positions : si un contrôle démocratique des procédures est mis en place au niveau national, un autre est indispensable au niveau européen. Lors de leur prochaine réunion, les Chefs d’État et de gouvernement devront décider de travailler ensemble et être déterminés à envoyer un message de confiance fort aux citoyens européens. Enfin, concernant les agences de notation, M. Gauzès rappelle qu’elles ont un rôle d’information auprès des investisseurs et qu’il ne faut pas leur accorder plus d’importance. Baptiste Thollon 17 OUVERTURE 18 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille JOSEPH DAUL, MdPE Président du Groupe PPE au PE, Membre de la Présidence du PPE M onsieur le Maire de Marseille et Président du Groupe UMP au Sénat, Cher Jean-Claude Gaudin, Monsieur le Président du Parti Populaire Européen, Cher Wilfried Martens, Monsieur le Président de la Délégation française du Groupe PPE, Cher Jean-Pierre Audy, Cher(e)s Invité(e)s, Cher(e)s Collègues, Cher(e)s Ami(e)s, C’est un grand bonheur pour moi de vous souhaiter, à titre personnel et au nom des Membres du Groupe du Parti Populaire Européen, la plus chaleureuse bienvenue, ici à Marseille. Je veux, en votre nom à toutes et à tous, remercier très vivement le Maire de cette belle Ville, mon ami JeanClaude Gaudin, qui n’a pas ménagé ses efforts pour faire de ces Journées dans la Cité phocéenne un temps de travail intense et, en même temps, un temps de rencontre fraternel entre les Membres de l’ensemble de la famille du PPE, la plus grande force politique en Europe. Je veux aussi remercier très chaleureusement notre Collègue Dominique Vlasto, Membre active de notre Groupe et également Adjointe au Maire de Marseille, qui en cette double capacité, a tout fait pour la réussite de ces Journées d’Études. Je veux saluer le Président de la Délégation française, Jean-Pierre Audy, pour son soutien et son engagement. Je veux enfin féliciter le Président Martens pour le choix judicieux qu’à la tête de notre Parti européen, il a fait en décidant de réunir le Congrès du PPE dans cette ville de Marseille. Joseph Daul, MdPE Président du Groupe PPE au PE, Membre de la Présidence du PPE Cher(e)s Collègues, Cher(e)s Ami(e)s, Rarement je crois l’actualité européenne, les enjeux européens auront autant été au-devant de la scène politique. Rarement, et je crois même jamais depuis la seconde guerre mondiale, l’Union européenne et ses Etats membres n’ont été confrontés à des choix aussi majeurs, aussi décisifs, pour l’avenir des 500 millions d’Européens, pour l’avenir aussi des valeurs et des idéaux que nous, Européens, incarnons dans le monde. Car il faut bien le dire, rares sont sur la planète les puissances de la taille et de l’importance de l’Europe qui portent des messages aussi forts pour l’humanité. Je veux parler de la démocratie, je veux parler des droits de la femme, de l’enfant, de l’homme, des minorités. 19 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Je veux parler des libertés, je veux parler de l’État de droit, je veux parler de l’économie sociale de marché. Oui, Cher(e)s ami(e)s, nous devons être conscients que le combat que nous menons pour sauver pour l’euro, pour sauvegarder et renforcer la construction européenne, ce n’est pas seulement un combat économique et financier, ce n’est pas seulement un rapport aux marchés et aux agences de notation, ce n’est pas seulement un débat sur la dette publique ou sur la gouvernance. Non, ce débat est bel et bien celui des valeurs, celui des idéaux, celui des principes qui font notre identité, qui font de nous qui nous sommes, à savoir des êtres libres, démocrates, et soucieux du bien-être de tous ceux qui, sur l’ensemble de la planète, nous regardent et nous demandent de ne pas renoncer à ces idéaux. Bref, le débat que nous allons avoir, aujourd’hui et demain dans le cadre des Journées d’Études de notre Groupe parlementaire, dans le cadre du Congrès du PPE sous la direction de Wilfried Martens, le débat que nos Chefs d’État et de Gouvernement auront demain midi, ici-même, quelques heures avant un Conseil européen décisif à Bruxelles, ces débats sont éminemment politiques. Mais ces discussions, et surtout leurs conclusions, je dois le dire aussi, sont largement dans les mains de notre famille politique. Le PPE porte une responsabilité écrasante, non pas parce qu’il en a décidé lui-même, mais parce que les Européens lui ont accordé leur pleine confiance dans 17 des 27 États membres de l’Union, et dans les Institutions européennes que sont le Parlement européen, la Commission et le Conseil. Mon premier message, ici à Marseille, est que ces Institutions européennes, et en particulier le Parlement, directement issu du suffrage universel, et la Commission européenne, dont le Président, notre ami José Manuel Barroso, a été choisi parce qu’il est issu du PPE, premier Groupe parlementaire, ces Institutions donc, doivent être, et doivent demeurer, au centre, au coeur des prises de décisions européennes. 20 Cette responsabilité de garant de l’intérêt général européen, nous les Parlementaires européens, devons l’exercer à 100%, comme la Commission européenne se doit d’exercer à 100% la mission, qu’elle a toujours eue, de gardienne des traités. Le Groupe PPE jouera tout le rôle qui lui incombe dans la définition, avec le Conseil et la Commission, des voies d’avenir pour nos concitoyens, plus encore dans la crise difficile à laquelle nous faisons face. Je souhaite que la Commission en fasse de même. Mon deuxième message, c’est que la famille du PPE doit tout faire pour être à la fois forte et unie dans la proposition des mesures de sortie de crise. C’est notre devoir, et notre famille a toujours honoré ses devoirs, qu’il s’agisse de la mise en place de la Communauté européenne dans les années 50, qu’il s’agisse de la réunification historique du continent européen après la chute du mur de Berlin, qu’il s’agisse du marché intérieur de 1993, qu’il s’agisse enfin de la moralisation financière après la crise financière de 2008. Je ne doute pas, donc, que le PPE saura proposer un plan de sortie de crise à nos concitoyens, aux jeunes qui ont du mal à trouver du travail, aux actifs qui ne ménagent pas leur peine pour faire vivre leurs familles et qui contribuent au bien public par le biais de leurs impôts, aux retraités qui ont le droit de vivre du fruit de leur travail de toute une vie. Ce plan de sortie de crise, il doit être ambitieux, et réaliste. Il doit être responsable, et solidaire. Il doit être audacieux, et inclusif. Il doit viser à des solutions d’urgence, tout en ménageant l’avenir. Ce plan, Mesdames et Messieurs, doit à la fois être efficace, et rester fidèle au principe qui a fait le succès de l’Union européenne, à savoir le principe de la méthode communautaire. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Le temps est venu pour nos États d’aborder les défis de la mondialisation non pas en ordre dispersé, mais de façon unie et harmonieuse. Vous savez combien ce sujet me tient a coeur, et je suis heureux que nous prenions le temps de l’aborder demain matin. Le temps est venu pour nos États non pas de renoncer à leur souveraineté, - personne au PPE ne songerait à le demander -, mais à partager, à assumer de façon unie leur souveraineté en dotant, enfin, la zone euro d’une gouvernance économique et politique digne de ce nom. Enfin, la régulation des marchés financiers que j’évoquais au début de mon introduction figure aussi au menu de nos débats, et je suis heureux que le Ministre français des finances et Président en exercice du G20, François Baroin, ait voulu nous rejoindre sur ce sujet. Les États membres se verront proposer cette semaine, par Berlin et Paris, de nouvelles règles de gouvernance qui pourraient, si un accord se dessinait, se traduire par une révision des traités. Merci encore aux Présidents Gaudin et Martens, et très bon séjour à Marseille à toutes et à tous. Il va de soi qu’une décision unanime des 27 est préférable a un accord entre les 17+ de la zone euro. Il va de soi aussi qu’aucun État ne saurait empêcher ceux qui veulent se donner les moyens d’une gouvernance de le faire. Il va de soi, enfin, que le Parlement et la Commission ne peuvent être que pleinement partie prenante de toute négociation d’un plan de sortie de crise, quel qu’il soit. Cher(e)s Ami(e)s, Nos débats à Marseille feront aussi une large part aux relations de l’Europe avec son voisinage, et spécialement avec le sud de l’Europe, puisque nous sommes ici en pleine Méditerranée. Notre Groupe est très actif sur ce plan aussi, et j’en remercie au premier titre mon Vice-président Vito Bonsignore, et tous les Collègues qui travaillent à ses côtés. Le Printemps arabe est une chance pour cette région, comme la crise économique l’est pour l’Europe, à condition que l’on soit capable d’y apporter les justes réponses. C’est à ces réponses que nous travaillerons encore aujourd’hui. Autre crise, autre défi, celui de la sécurité alimentaire et de la lutte contre la volatilité des matières premières. 21 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille WILFRIED MARTENS, Président du PPE élections pleinement démocratiques, et d’autres sont promises ailleurs. Quelles avancées incroyables pour la liberté et les droits de l’homme ! En revanche, tant la guerre civile libyenne que la constante répression syrienne nous ont rappelé que le « Printemps arabe » n’allait pas sans poser certaines difficultés. Wilfried Martens, Président du PPE C her Joseph Daul, Chers députés du Parlement européen, Mesdames et Messieurs, Chers amis, Alors que nous vivons un moment décisif pour l’avenir de l’Union européenne, il importe de garder à l’esprit notre défi primordial en matière de politique extérieure, apparu au début de cette année : le réveil démocratique dans la région méditerranéenne. Et quel lieu pourrait-il mieux se prêter à cet exercice que la cité phocéenne ? Tout a commencé en Tunisie, il y a exactement un an par des revendications pour davantage de justice sociale, de meilleures perspectives économiques et la fin du régime autoritaire. La révolte tunisienne a déclenché des mouvements démocratiques en Égypte, en Libye, en Syrie, au Yémen, au Bahreïn et dans de nombreux autres pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord. La Tunisie et l’Égypte ont organisé des 22 L’Europe doit jouer un rôle de premier plan dans tous ces événements. Il est vrai que des gouvernements européens ont commis de graves erreurs dans le passé, se sont liés d’amitié avec des autocrates et ont fait passer la société civile au second plan. Cela ne peut signifier pour autant que nous nous désengageons ou que nous apportons de l’aide sans faire des choix fondés sur nos valeurs fondamentales comme les droits de l’homme, la démocratie pluraliste et l’état de droit. C’est justement le triomphe de ces valeurs au cours du Printemps arabe qui devrait nous donner confiance et nous imposer l’examen critique de nos stratégies antérieures. Tout d’abord, lorsque nous regardons vers le Sud, ne cessons pas de regarder vers l’Est. Gardons-nous d’oublier nos voisins orientaux. En dernière analyse, ils relèvent de la même question stratégique. Il s’agit de promouvoir les droits de l’homme, l’état de droit, la démocratie multipartite et la bonne gouvernance dans les pays proches de nous – sachant que l’absence de ces facteurs entraîne automatiquement des dangers pour l’Union elle-même, qu’ils prennent le nom de réfugiés, de criminalité organisée, de perte de marchés, de terrorisme et de risque de conflit militaire. En ce sens, le soutien des démocrates et des structures démocratiques doit être notre objectif dans l’ensemble de notre voisinage. Deuxièmement, nous devons accepter le verdict des élections démocratiques organisées dans notre voisinage méridional, en Tunisie aujourd’hui et en Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Égypte demain, et nous devons nous engager dans un dialogue avec les nouvelles forces démocratiques au pouvoir. Nous devons également porter un regard nouveau sur la culture musulmane, si éloignée de nos traditions. C’est la raison pour laquelle, il y a deux ans, le PPE a lancé un dialogue interreligieux et interculturel avec les musulmans, en premier lieu avec le grand imam de l’Université El Azhar du Caire et avec le roi Abdallah de Jordanie, et il continuera de s’engager dans un tel dialogue. Troisièmement, toute politique européenne vis-à-vis du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord doit être étroitement coordonnée avec les États-Unis. Tant du point de vue gouvernemental que de celui des ONG et de la société civile, l’Europe et l’Amérique ont beaucoup à gagner d’une approche concertée. Quatrièmement, l’Union européenne possède désormais deux décennies d’expérience dans le soutien au passage entre les régimes autoritaires et les démocraties de marché. La politique européenne de voisinage constituera un facteur de première importance. Un consensus existe autour du fait que la PEV est l’instrument qui convient pour gérer les changements qu’entraîne le Printemps arabe. Fait également consensus la question de la réforme de la PEV, dans le sens d’un éclaircissement des engagements en matière de conditionnalité, d’une approche plus stratégique des relations commerciales et d’un volet de la société civile renforcé. Sixièmement, et enfin, une nouvelle approche stratégique concernant nos voisins méridionaux doit impliquer le renouvellement et l’amélioration de notre politique de visa et d’immigration. Cette question transcende la PEV et touche de très près au domaine politique européen de la justice et des affaires intérieures. Il n’en faut pas moins la résoudre : par des efforts encourageant la migration circulaire et par une approche libéralisée des visas destinés aux étudiants, aux chercheurs et aux entrepreneurs. Par-dessus tout, cela présuppose une politique commune de visa et d’immigration de la part de l’Union européenne, sans quoi les réalisations de Schengen seront en danger, comme nous l’avons vu en Italie ce printemps. Mesdames et Messieurs, Je crois que nous nous retrouvons tous dans l’idée que non seulement l’Europe a un intérêt fondamental aux réveils démocratiques dans notre voisinage sud, mais que nous devons aussi assumer un rôle important et constructif à cet égard ! Je me réjouis de nos discussions fructueuses et intéressantes. Cinquièmement, le commerce sera un autre domaine de la PEV dans lequel il y aura matière à amélioration : admettons-le, il est assez facile d’affirmer que l’Union doit à présent ouvrir ses marchés de l’agriculture et des services – pour offrir les perspectives de croissance nécessaires aux pays du Printemps arabe. Ces ouvertures sont indispensables et, de surcroît, elles offrent des perspectives de croissance dans l’Union elle-même. En revanche, dès que l’on discutera concrètement de la suppression des barrières commerciales, certains groupes d’intérêt, des producteurs aux syndicats, y verront forcément une menace sur leurs intérêts. Ils réagiront. Il ne sera pas aisé de répliquer à ces protestations, mais elles seront inévitables. 23 THÈME I: L’UE ET L’ÉVEIL DÉMOCRATIQUE EN MÉDITERRANÉE: ACCOMPAGNER LE PRINTEMPS ARABE EN ACCROISSANT L’AIDE AUX JEUNES DÉMOCRATIES EN GESTATION 24 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille YOUSSEF AMRANI, Secrétaire général de l’UpM (L’Union pour la Méditerranée) C hers Présidents, Cher Maire, Chers députés du Parlement européen et des Parlements nationaux, Mesdames et Messieurs, Permettez-moi tout d’abord de remercier le Parti populaire européen et son groupe parlementaire au Parlement européen qui ont la gentillesse de m’inviter à ce séminaire conjoint au cours duquel vous vous proposez de discuter des « Orientations futures du processus d’intégration euro-méditerranéen dans le cadre de la politique européenne de voisinage et de l’UpM ». En ma qualité de Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, je ne puis qu’exprimer mon soutien le plus absolu à votre initiative, qui intervient à un moment extrêmement opportun : les pays du sud de la Méditerranée sont engagés dans un processus de réforme et de transformation politiques qui nécessite certaines mesures d’accompagnement importantes tandis que les pays du nord de la Méditerranée souffrent de la crise la plus dévastatrice à laquelle nous avons assisté au cours des 70 dernières années. Je me réjouis sans réserve de la possibilité que nous donne le Parti populaire européen, de loin la plus grande force politique en Europe, en invitant l’Union pour la Méditerranée à discuter de l’avenir de la politique européenne de voisinage et à partager avec vous notre vision de l’avenir de la région. Avant d’entrer plus spécifiquement dans le sujet, permettez-moi de partager quelques pensées sur les évolutions électorales les plus récentes. Au lendemain des victoires électorales de partis confessionnels islamiques modérés lors des élections tunisienne et marocaine, je crois fermement qu’il est à présent plus nécessaire que jamais que les forces politiques européennes en Europe – et qui d’autre que vous Youssef Amrani, Secrétaire général de l’UpM (L’Union pour la Méditerranée) le ferait avec plus de légitimité – s’engagent dans un dialogue et dans des discussions avec ces partis. Ces partis marient des éléments de la politique confessionnelle comme de la défense de l’économie de marché, éléments qui ne sont pas bien éloignés des positions défendues par certains de vos membres si l’on se reporte quelques décennies dans le passé. Par conséquent, à l’image de l’ouverture dont vous aviez fait preuve en 2005 à l’égard du parti turc AK, je vous encourage à utiliser les outils mis en place par la Commission européenne et le Parlement européen pour coopérer et conseiller ces partis politiques qui sont désormais au pouvoir. Nouveaux scénarios dans la région Depuis les sommets de Paris et de Marseille en 2008, le paysage économique, politique et social de la région a complètement changé. Le Printemps arabe transforme rapidement les sociétés dans le Sud et la 25 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille crise économique affecte profondément le nord de la Méditerranée. Ces deux processus produisent d’ores et déjà des incidences majeures sur la situation que connaîtra la région dans les prochaines années. La Méditerranée est aujourd’hui au centre du débat international. Les changements auxquels nous assistons en Tunisie, en Égypte, en Libye et les réformes menées dans d’autres pays comme le Maroc montrent que le monde arabe entre dans une nouvelle ère, après des années de régimes non démocratiques et de sous-développement économique. Avec les protestations en Tunisie et sur la place Tahrir, des milliers de jeunes gens ont démontré qu’ils étaient totalement favorables au changement, à la démocratie et à l’emploi. La jeunesse arabe, unanime, a lancé un appel au monde. Les marchés du travail arabes sont devenus spécialement défavorables aux jeunes travailleurs. Non seulement la génération la plus nombreuse jamais née dans le monde arabe se trouve désormais en âge de travailler, mais la baisse récente des taux de natalité est également liée à deux autres tendances qui font pression sur le marché du travail : l’évolution du rôle des femmes et le développement rapide de l’enseignement formel. Plusieurs enquêtes du PNUD montrent que 45 % des jeunes Égyptiens envisagent l’émigration. L’augmentation de la proportion des Tunisiens qui ont envisagé d’émigrer est peut-être encore plus révélatrice, puisqu’elle est passée de 22 % en 1996 à 45 % en 2000, pour ensuite bondir à 76 % en 2005. Ce chiffre en dit beaucoup sur l’ampleur du mécontentement. Dans un monde globalisé où l’accès aux technologies de l’information et de la communication est répandu (30 % d’entre eux utilisent Internet – on les appelle la « Youth Power Generation »), les raisons qui poussent les jeunes à émigrer vers l’Europe ou les pays du Golfe sont impérieuses. Ce n’est pas dans l’intérêt des pays développés et, surtout, ce n’est pas dans l’intérêt des pays d’émigration, puisqu’ils risquent de perdre une force de travail physique et intellectuelle considérable (une fuite de cerveaux, par exemple). 26 Vingt millions de ressortissants des États arabes vivent actuellement hors de leurs pays d’origine. L’Égypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Syrie et la Tunisie comptent parmi les principaux pays d’émigration ; entre 5 et 20 % de leurs ressortissants vivent aujourd’hui à l’étranger. Au Maroc et en Tunisie, notamment, cette proportion a doublé depuis 1995 et une culture de l’émigration s’est développée dans l’ensemble de la région. Aussi, ma première conclusion est que la création d’emplois doit devenir la première priorité réelle de toutes les initiatives dans la région, dans la mesure où l’emploi est une source de stabilité et de croissance. Un problème particulier est apparu avec la génération de citoyens la plus nombreuse, celle née dans les années 1980. Cette génération a atteint l’âge de travailler et a entraîné un basculement : les jeunes adultes, entre 25 et 35 ans, sont aujourd’hui perçus comme la tranche d’âge la plus problématique. Leur croissance a excédé les ressources disponibles, qu’il s’agisse des emplois, qui leur donnent un revenu et un statut, ou de la liberté et de la participation. L’Union européenne et la région méditerranéenne Nous devons admettre que les changements en cours sur la rive sud n’affecteront pas uniquement les perspectives politiques des pays concernés, ils influenceront aussi de nombreux aspects des relations économiques, sociales et politiques dans la zone euroméditerranéenne. Ces changements auront un impact direct en premier lieu sur les relations économiques entre les deux rives de la Méditerranée. Ils toucheront les relations bilatérales et multilatérales entre les divers pays. Ils transformeront complètement la façon dont l’Europe perçoit la région et notamment sa politique de voisinage. Ils auront une incidence sur les conflits stagnants de la région, en particulier le processus de paix du MoyenOrient. Enfin, ils changeront les conceptions que l’on peut avoir de la coopération euro-méditerranéenne. En tant que Secrétaire général de l’UpM, je voudrais me concentrer tout particulièrement sur ce dernier aspect du Printemps arabe. Ce nouveau contexte offre une possibilité de renforcer la coopération Journées d’études du Groupe PPE à Marseille euro-méditerranéenne. Si ce processus peut s’avérer capable de trouver sa place dans les changements et les réformes en cours, nous avons la possibilité unique de renforcer l’UpM et le processus dans son ensemble. coopération et d’intégration économique. Il faut que ces pays sentent que l’Europe a quelque chose à leur offrir. Le statut avancé d’association entre l’UE et le Maroc en est un exemple parlant. Que faut-il alors changer et comment l’Union pour la Méditerranée peut-elle renforcer ce processus? La politique européenne de voisinage, dans ses dimensions à la fois bilatérale, mais aussi régionale, fournit un appui efficace vis-à-vis des pays voisins de l’Est et du Sud. Dans le cadre des perspectives financières pour la période 2014-2020, qui sont actuellement discutées, je suis favorable au renforcement de la dimension régionale de la politique de voisinage afin que cette dimension soit mieux prise en considération dans les instruments politiques globaux. Depuis que j’ai repris les fonctions de Secrétaire général de l’UpM, il y a de cela quatre mois, j’ai eu la chance de rencontrer un certain nombre de hauts responsables – dont beaucoup appartiennent à votre famille politique (22 ministres des Affaires étrangères des 43 pays membres de l’UpM, 4 Premiers ministres et d’autres représentants des institutions de l’Union européenne). Tous sont d’accord sur les points suivants : 1) souligner le rôle nécessaire que doit assumer l’UpM dans la région ; 2) souligner l’approche prémonitoire de l’UpM, qui fait d’elle une plate-forme politique unique et un instrument régional utile, notamment dans le contexte de changement actuel ; 3) reconnaître la forte demande des pays du Sud en ce qui concerne des projets et des initiatives concrètes. L’Union européenne a elle aussi des intérêts non négligeables en Méditerranée en ce moment précis de la crise économique. La Méditerranée offre à l’Europe l’occasion d’agrandir sa zone d’influence économique et d’élargir ses marchés. N’oublions pas que nous parlons d’une région (UE + pays MEDA du Sud) de quelque 800 millions de consommateurs, une région qui, si elle était économiquement intégrée, pourrait devenir la plus grande et l’une des plus dynamiques du monde, capable de concurrencer les marchés émergents et de développer davantage de complémentarités. L’Europe ne peut pas rater cette occasion historique. Au cours des 15 dernières années, l’UE a été capable de donner aux pays de l’Est la perspective de l’adhésion. Ces pays y ont puisé l’énergie pour se réformer et évoluer vers la démocratie. L’Europe ne peut offrir cette adhésion aux pays du sud de la Méditerranée, mais elle peut leur donner une perspective de Il serait notamment judicieux d’élargir le Fonds régional de l’IEVP, qui représente environ 10 % de l’enveloppe totale, afin de répondre avec précision aux besoins actuels de la région. Si nous croyons dans le futur de la région dans son ensemble et que nous voulons qu’elle relève ses défis socio-économiques, nous nous devons de renforcer la dimension régionale de la politique européenne de voisinage. L’Union pour la Méditerranée est le catalyseur le plus efficace pour atteindre ces objectifs. La question que je vous pose est donc celle-ci : pourquoi ne pas confier à l’UpM la mise en œuvre du Fonds régional de l’instrument européen de voisinage et de partenariat pour concrétiser des projets soutenus par l’UpM ? Tel était le deuxième grand message que je tenais à vous communiquer aujourd’hui. Le rôle de l’UpM Le temps est à l’action, et le moment est aussi venu de renforcer le cadre de coopération euroméditerranéen. Nous ne réussirons à relever les défis de la région que si l’Europe et la Méditerranée s’entraident. Dans ce contexte, l’UpM est le cadre qui convient pour une nouvelle coopération politique et économique, elle est le pont qui peut conduire à la démocratie et à la croissance économique, tout en connectant parallèlement les intérêts privés légitimes avec les intérêts publics. Votre famille politique est une partisane convaincue de l’importance du secteur privé dans la société. 27 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Certaines firmes et banques commerciales européennes coopèrent déjà dans le cadre de projets et d’initiatives lancés par le secrétariat de l’UpM. Au vu des capacités limitées des finances publiques, elles devront jouer à l’avenir un rôle de premier plan dans le futur de la rive sud. N’oublions pas que la région ne sera capable de relever le défi de la création d’emplois qu’à condition de bénéficier du plein engagement du secteur privé, non seulement en veillant à l’environnement commercial dans ces pays pour que l’investissement étranger direct puisse y prospérer, mais aussi en apportant une meilleure réponse aux besoins de financement des petites et moyennes entreprises, grandes créatrices d’emploi dans la région. L’UpM ne peut vivre en ignorant les récents événements. Nous adaptons notre fonctionnement et nos objectifs à ces nouveaux processus afin de réussir. L’UpM doit fournir un appui non seulement pour développer le dialogue politique et économique, mais aussi pour accompagner et soutenir les nouvelles transitions. Aujourd’hui, les bénéfices de l’action de l’UpM sont bien réels. Elle est impliquée dans de nombreux processus comme le partenariat de Deauville, les groupes de travail de l’Union européenne pour la Tunisie, l’Égypte, le Maroc et la Jordanie, et nous sommes prêts à accompagner le processus de construction socio-économique des pays du sud de la Méditerranée. Nous concentrons notre travail sur le développement de nouveaux projets en coopération avec les institutions européennes, les secteurs privés et bancaires d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Notre objectif consiste à donner un coup de fouet à la coopération EuroMed grâce au lancement de projets concrets dans les domaines de l’énergie, des transports, des PME, de la société civile, de l’enseignement et de l’environnement. Nos conseils d’administration ont d’ores et déjà approuvé certains de ces projets. À cet égard, notre équipe au sein du secrétariat est déjà opérationnelle et concentre ses efforts sur les pays qui connaissent des difficultés économiques. Par conséquent, durant le prochain semestre, l’UpM, de conserve avec la Commission européenne, la BEI et le groupe de la Banque mondiale, lancera une série de nouveaux instruments qui contribueront à 28 attirer des investissements importants et atténuer différents types de risques associés aux grands projets dans les domaines de l’énergie, des transports, du développement urbain, de l’environnement et de l’eau. Le secrétariat se consacre par ailleurs à la création d’un important système de contregarantie destiné aux micro-, petites et moyennes entreprises afin de faciliter l’accès au financement dans la région tout en multipliant les possibilités d’emploi. Enfin, le secrétariat lancera très prochainement une initiative méditerranéenne globale pour l’emploi avec la Fondation européenne pour la formation qui aura pour objectif de créer une partie de ces 20 millions de nouveaux emplois dont les pays du sud de la Méditerranée ont besoin d’ici à 2020. Mesdames et Messieurs, je ne doute pas un instant qu’à travers le partenariat, à travers la coopération, que ce soit au niveau du Parlement européen ou de l’Assemblée parlementaire de l’UpM, au sein desquels vous vous montrez extrêmement déterminés et actifs, nous serons capables d’assurer un avenir plus prospère dans la région. Vous connaissez certainement ce proverbe qui dit « si tu veux aller vite, vas-y seul, mais si tu veux aller loin, alors il faut y aller ensemble ». Je vous engage à prendre une part encore plus active dans ce processus. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille FRANCO FRATTINI, ancien Ministre des Affaires étrangères d’Italie L a Méditerranée n’est pas seulement une mer qui unit des continents et représente un pont entre des cultures, des religions et des civilisations historiques. À l’ère de la mondialisation, la Méditerranée est une vaste région, dont la stabilité, la prospérité, la sécurité doivent être considérées comme une priorité absolue par la communauté internationale dans son ensemble. Les derniers événements du « Printemps arabe », les graves problèmes auxquels les populations sont toujours confrontées dans certains pays de la région, le conflit non résolu entre Israéliens et Palestiniens, les conséquences très lourdes qu’a, dans de multiples domaines, la prolifération nucléaire iranienne : tous ces facteurs sont déterminants non seulement pour la Méditerranée, mais aussi pour un monde plus sûr et plus prospère dans un avenir proche. L’Europe, et notre famille politique, le PPE et les partis nationaux affiliés, ont une responsabilité particulière. En effet, ces dernières décennies, les pays d’Europe, et les pays occidentaux en général, ont accepté, et parfois encouragé ou contribué à renforcer, des partenariats de complaisance avec un grand nombre de régimes dictatoriaux. Nous pensions tous, autrefois, qu’il était dans notre intérêt de privilégier des domaines comme la stratégie de lutte contre le terrorisme ou les politiques globales en matière d’immigration clandestine. En d’autres termes, nous mettions d’abord l’accent sur la stabilité et la sécurité, aux dépens d’une prospérité partagée pour toutes les populations résidant dans ces pays ; mais surtout, nous n’avons pas accordé suffisamment d’importance au rôle joué dans ces sociétés, des décennies durant, par les violations continues et massives des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Tous, nous avons commis une grave erreur. Franco Frattini, ancien Ministre des Affaires étrangères d’Italie Premièrement, parce qu’en coopérant avec des dictateurs, nous avons ébranlé la crédibilité des Européens et de l’Occident aux yeux de millions de jeunes et de classes sociales tout entières dans les pays arabes. - Le Printemps arabe nous a brutalement réveillés. - Ces manifestants qui sont descendus dans les rues en grand nombre demandaient de la dignité, des droits humains, du pain et des emplois pour tous. - Un certain nombre de régimes sont tombés. - Immédiatement pour certains, tandis qu’en Libye, une mission internationale a dû être envoyée pour protéger la population, conduisant à la chute du régime Kadhafi. En Syrie, un régime discrédité, frappé par des sanctions internationales, devrait se retirer dès que possible, 29 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille même l’intervention d’une force internationale doit être évitée. souvent instruites, une diffusion de l’idée qu’aucun des principaux objectifs n’est réalisable. Mais à présent, comment l’Europe et comment notre parti peuvent-ils rétablir leur légitimité dans ces régions clés, en remplaçant les anciens partenariats de complaisance par de nouvelles formes de partenariats équitables basés sur des droits, le développement, l’entente mutuelle ? Cette issue ouvrirait la porte à l’endoctrinement et à l’incitation par des groupes extrémistes, qui n’ont aucun intérêt à coopérer avec les pays occidentaux et ont plutôt tendance à diffuser des idées hostiles et discriminatoires. Comment encourager nos amis de la région à éviter toute forme d’approche extrémiste, tenus que nous sommes de respecter les résultats des élections libres ? À cet égard, l’Égypte aura une valeur de test pour l’ensemble de la région. Conformément à la Charte européenne et à la charte du PPE sur les valeurs fondamentales, nous ne pouvons nous concentrer exclusivement sur la promotion de la croissance économique dans la région du sud de la Méditerranée. Nous devons investir dans ces jeunes générations qui revendiquent des opportunités culturelles et des perspectives d’emploi, ainsi que le respect absolu des droits fondamentaux de tous les êtres humains. Premièrement, nous devons investir dans les échanges culturels ; créons des réseaux entre les universités du Nord et du Sud, et lançons un vaste projet Erasmus pour les étudiants de la Méditerranée, tout en assouplissant ces régimes de visa trop stricts, souvent considérés comme un obstacle à la circulation générale des idées et des expériences culturelles. - Nous devons investir dans la recherche et l’innovation. - Nous devons mettre en œuvre un plan économique général pour venir en aide aux économies qui risquent de s’effondrer, réduisant ainsi le risque important d’une hausse du chômage. - Le pire des scénarios dans ces révolutions arabes serait l’apparition d’un sentiment de frustration au sein de ces sociétés jeunes, et 30 Par conséquent, si nous ne parvenons pas à nouer le dialogue avec ces sociétés, si nous les laissons se débrouiller seules dans ces transitions difficiles et ces situations économiques qui se détériorent, le prix à payer par nous, l’Europe, et l’Occident, sera bientôt nettement plus lourd. Lorsque les gens sont désespérés et affamés, ils émigrent massivement, indépendamment des risques qu’ils encourent pour leur vie. Lorsque les jeunes et les étudiants se heurtent à un mur dans leur désir d’échanger librement des idées avec leurs collègues des réseaux d’enseignement européen, ils ont toutes les chances d’évoluer dans la conviction qu’un choc des civilisations est le seul moyen de faire face à ce qu’ils commencent à considérer comme la « forteresse Europe ». Dans la promotion de cette stratégie ouverte, nous, au sein de la famille du PPE, ne faisons que suivre nos principes. Mais certains de ces principes sont fondamentaux, basés sur des valeurs et des droits qui ne sont pas négociables. La vie humaine et la dignité ; l’égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines ; le droit de professer librement sa religion, pour n’en citer que quelques-uns. Sur ces points, je pense que le PPE a une responsabilité particulière : il nous faut maintenir et renforcer notre identité commune, dont l’ensemble des principes qui font partie de nos valeurs chrétiennes. Nous ne voulons pas imposer notre modèle de démocratie, ni notre système de droits fondamentaux. La démocratie ne peut s’exporter : elle doit se développer au sein d’un peuple et d’une société. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille L’instauration d’un dialogue ouvert et d’une entente mutuelle entre des cultures et des civilisations différentes ne doit cependant pas nous amener à renoncer au fondement de notre propre société dans un simple souci de complaisance à l’égard de nos interlocuteurs. Par conséquent, s’agissant de la liberté de religion, par exemple, nous ne pouvons rester silencieux face aux graves discriminations dont sont victimes les minorités chrétiennes de beaucoup de pays, des discriminations qui passent par de la violence physique et des assassinats, ou par l’interdiction légale de professer le christianisme. En l’occurrence, la question de la prise en considération des règles de réciprocité doit être abordée, s’agissant d’un élément nécessaire pour un partenariat et un dialogue égaux, dans lequel on ne peut cependant accepter les déséquilibres et les distorsions des autres parties. Pour conclure, l’UE, avec la contribution du PPE, si elle veut être un acteur efficace et respecté dans la Méditerranée doit être visionnaire, s’exprimer et agir, sur le plan politique et non sur le plan bureaucratique, d’une seule voix, et trouver un juste milieu entre l’acceptation des raisons et des arguments d’autrui et la fermeté en ce qui concerne le respect des fondements de notre construction européenne. Plus d’Europe, et pas moins d’Europe, pour investir dans l’avenir de la région méditerranéenne, jetant aujourd’hui les bases des objectifs à atteindre à court, moyen et long terme. L’un des pères fondateurs de l’Europe, Alcide De Gasperi, a dit un jour : « Le politicien s’intéresse aux élections suivantes ; l’homme d’État s’intéresse à la génération suivante ». Faisons en sorte que l’Europe montre la voie à suivre dans cet esprit. Faisons en sorte que notre parti joue le rôle qui lui revient. 31 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille TOKIA SAÏFI, MdPE, Présidente de la commission politique de l’AP-UpM Nous avons le devoir de respecter le résultat des urnes. Ce printemps arabe est un immense espoir, mais c’est également un immense défi pour eux mais aussi pour nous. Je me concentrerai sur deux défis. 1. Premièrement, le défi politique, Tokia Saïfi, MdPE, Présidente de la commission politique de l’AP-UpM M essieurs les Présidents, Chers amis, Voilà un an déjà que les événements au Sud de la Méditerranée ont commencé. Dans les jours qui viennent, les bilans vont être tirés. Mais dresser des constats est une chose, passer à l’action en est une autre. Les réalités politiques du Printemps arabe deviennent perceptibles. Les premières élections libres ont montré la volonté de changement des populations. Ces peuples ont décidé de faire confiance aux partis qui se sont toujours opposés aux anciens régimes. Les résultats des élections en Tunisie, au Maroc et celles en cours en Egypte conduisent à l’arrivée au pouvoir des partis politico-religieux. 32 L’Europe de part son expérience des transitions démocratiques à un rôle majeur à jouer. Il nous faut aider à la réussite de ces transitions. Le partage de notre expertise en matière de droit constitutionnel, de système électoral, de liberté publique, la liberté de la presse en particulier, peut renforcer les liens de confiances entre partenaires. Garantir le respect des droits fondamentaux doit être le fil conducteur de nos politiques. Je pense que nous devons échanger, confronter nos idées avec tous ceux qui respectent les règles du jeu démocratique, le respect des droits de l’homme et le refus de toute violence. Y compris donc avec les représentants des différents courants politico-religieux. Alors oui bien sûr nous avons nos lignes rouges et les respecterons de toutes nos forces, mais l’histoire nous enseigne que l’absence de dialogue, l’isolement n’apporte pas toujours ce que nous souhaitons. En tant que Présidente de la Commission politique et de sécurité de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée, j’accueillerai prochainement les parlementaires nouvellement élus. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Vous pouvez compter sur mes convictions et ma détermination pour affirmer et défendre les valeurs en lesquelles nous croyons tous. Notre parti dispose, en raison de son histoire et de sa composition, des outils pour soutenir les partis qui partagent nos idéaux. 2. Deuxièmement le défi sécuritaire. A l’heure où des changements historiques se déroulent à nos portes, il est de notre devoir et de notre responsabilité de repenser nos relations avec nos voisins les plus proches. - La répression en Syrie nous préoccupe et les prochaines semaines risquent encore d’être meurtrières mais je ne vais pas m’étendre sur ce sujet. - La chute de Kadhafi a des conséquences potentiellement déstabilisatrices pour une partie du continent africain et il convient d’en prendre toute la mesure. Le retour forcé de centaines de milliers de travailleurs émigrés pose un redoutable problème économique aux pays sahéliens, qui vont notamment devoir faire face à l’arrêt des transferts de fonds. Au Mali, en Mauritanie et au Niger, les Touaregs pourraient prendre exemple sur les rebelles libyens pour réclamer leur autonomie et partir en guerre contre le pouvoir central. Des répliques africaines aux séismes arabes ne sont donc pas à exclure et l’Union européenne se doit de les anticiper. Messieurs les Présidents, Chers amis, Face à tous ces événements et changements : Notre parti doit amplifier et renforcer son aide aux mouvements politiques qui partagent nos valeurs et nos idéaux afin qu’ils puissent s’organiser et faire entendre leurs messages. Il faut continuer à développer une stratégie de soutien à leur égard. Le développement d’un réseau fort, global, au Sud de la Méditerranée permettra, je pense, de relever ensemble les défis de cette région. 33 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille ARNAUD DANJEAN, MdPE Président de la sous-commission sécurité et défense du PE Arnaud Danjean, MdPE Président de la sous-commission sécurité et défense du PE C hers collègues, Le Parlement Européen et notre groupe politique avons accueilli avec enthousiasme le printemps arabe, cet événement géopolitique majeur aussi important sans doute que la chute du Mur de Berlin il y a deux décennies. Il faut reconnaitre que cet enthousiasme était d’autant plus fort que nous avons tous été surpris par ce mouvement imprévu, spontané, son ampleur et sa nature authentiquement démocratique. Pour autant, près d’un an après le déclenchement de ces révolutions, il convient de faire preuve de lucidité et de ne pas céder à une certaine naïveté. Attention en effet à la naïveté quant à l’évolution de ce processus de démocratisation, qui sera long, très long, et rempli d’aléas. Les résultats des élections en Égypte, avec notamment la percée d’un parti ouvertement salafiste, illustrent combien nous devons rester vigilants - même s’il faut bien insister sur le fait que la vigilance ne veut pas dire la suspicion. 34 Naïveté à éviter également quant au rôle que peut et doit jouer l’Union européenne. La générosité naturellement affichée a l’égard d’une région avec laquelle notre destin est historiquement lié depuis des millénaires ne doit pas nous conduire à mener des politiques qui s’avèreraient contre-productives ou inadaptées. Je dois ainsi admettre que les fameux trois «m» (mobility, market, money) qui sont évoqués à Bruxelles comme devant être les piliers de notre action, sont des principes louables mais devant être appliqués avec finesse, en tenant bien compte de la situation dans laquelle se trouvent nos pays eux-mêmes. Gardonsnous de promettre des avancées que nous ne pourrons pas concrétiser, ou que nos pays ne seraient pas en mesure d’assumer. L’Europe doit également travailler en partenariat avec tous les pays qui ont également un intérêt à soutenir la démocratisation de la rive sud de la Méditerranée- comme cela est fait au sein du G20, de l’initiative dite de Deauville ou encore du forum pour l’avenir lancé à Koweït en septembre. L’approche européenne vis-à-vis des pays en transition doit concilier trois qualités: - le volontarisme politique : ne laissons pas, comme cela est malheureusement trop souvent le cas, la routine bureaucratique gérer ces processus prometteurs ! J’ai parlé au début de mon propos de l’enthousiasme soulevé par ces mouvements. Notre curiosité et notre engagement doivent continuer à s’exercer sur la durée, en dépit des aléas. Notre disponibilité à accompagner ces transitions aléatoires doit pouvoir s’afficher et s’exprimer avec constance, au plus haut niveau d’engagement politique. - la responsabilité; qui consiste à ne pas reproduire les erreurs commises trop longtemps a l’égard des précédents régimes. Nous devons tenir un langage de vérité et clairement intégrer une conditionnalité Journées d’études du Groupe PPE à Marseille à notre engagement. Tout en rappelant que vigilance n’est pas suspicion, l’appui européen ne saurait exister sans le respect des valeurs fondamentales de liberté d’expression et du respect des droits: droits des minorités religieuses, droits des hommes et des femmes. Il nous faut aussi rappeler aux démocraties naissantes que la stabilité régionale et le droit à l’existence et à la sécurité d’Israël sont, pour l’Europe, des exigences essentielles. - le créativité: comme l’a rappelé avec beaucoup de force le secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, l’aide de l’Union européenne se doit d’être innovante, et pas prisonnière de dispositifs exclusivement centrés sur les relations avec les structures d’État. Cela suppose de se focaliser sur des projets très concrets, mais aussi sur la société civile, et en particulier la jeunesse, qui a été a l’origine de ce formidable mouvement de démocratisation. L’aide européenne sera d’autant plus efficace qu’elle parviendra à toucher cette jeunesse (40% de la population des pays arabes du sud de la Méditerranée ont moins de 30 ans), à l’ancrer dans une dynamique de formation, d’emploi et de participation à la vie publique. La dimension régionale constitue également un axe prioritaire, car s’il est vrai que les relations avec l’Union européenne offrent des perspectives de croissance importantes, un fort potentiel encore inexploité existe dans le commerce et le développement des infrastructures au niveau régional. Les défis sont immenses, et l’intérêt européen à accompagner cette transition inédite est à la mesure en réalité de la profondeur des liens et de la communauté de destin qui existent historiquement entre les deux rives de la Méditerranée. Les instruments que l’Union européenne peut mobiliser sont importants, ils doivent l’être rapidement, efficacement, toujours sous un pilotage politique attentif, qui doit prendre pleinement en considération les spécificités de chacun des pays et de leur cheminement démocratique, mais sans jamais abdiquer l’attachement aux valeurs de liberté et de paix, sur lesquelles s’est bâti le projet européen et qui doivent continuer d’inspirer l’émancipation démocratiques des nations arabes. 35 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille ELMAR BROK, MdPE Co-coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des affaires étrangères du PE Elmar Brok, MdPE Co-coordinateur du Groupe PPE au sein de la commission des affaires étrangères du PE U n poème, c’est ainsi que Tahar Ben Jelloun, d’origine marocaine, qualifie le soulèvement dans le monde arabe. Cette dénomination semble quelque peu poétique, mais c’est la manière dont cet écrivain veut attirer l’attention sur les sentiments de la population. Le soulèvement est « un poème », écritil dans son livre L’étincelle, puisé au plus profond du poète, dicté par la vie, qui se révolte et espère des jours meilleurs. Toutefois, pour le Marocain, le Printemps arabe est avant tout une révolte spontanée de personnes en colère, une réaction du corps, une expression de l’intolérable. Tahar Ben Jelloun sait de quoi il parle. Dans les années 1960, il faisait lui-même partie de la jeunesse protestataire. En 1966, il a été emprisonné dans un camp militaire pendant près de deux ans pour avoir pris part aux manifestations d’étudiants contre la tyrannie de la police marocaine. 36 Depuis lors, le Printemps arabe s’est transformé en Automne arabe. Les bouleversements sont toujours en cours, avec pour exemple la Libye et la mort de Kadhafi. On pense également au Yémen et à la poursuite des protestations malgré le retrait du président Saleh. On pense également à l’Égypte, où le conseil militaire a chargé l’ancien Premier ministre Ganzouri de former un nouveau gouvernement. Les élections législatives du mois de janvier seront décisives pour la suite. En Égypte, justement, il convient d’examiner la situation de près et d’un œil critique. Les évènements récents, en particulier la répression des manifestants par les militaires, posent de nouveaux problèmes et dangers. Le fait que les salafistes radicaux, qui voudraient créer un État fondé sur la charia, aient reçu 100 millions d’euros d’aide pour leur campagne électorale de la part de l’Arabie saoudite, est également interpelant. Le Printemps arabe risque d’être confisqué si les forces fondamentalistes égyptiennes bénéficient d’un nouvel élan. Il ne faut toutefois pas mettre toutes les associations religieuses dans le même sac. Il importe, par exemple, de faire la distinction entre les Frères musulmans et les salafistes et d’examiner s’il est envisageable de collaborer avec les premiers, le cas échéant. En tant que représentants de l’UE, nous devons avant tout veiller à ce que la liberté de religion soit respectée lors de l’élaboration de la nouvelle constitution. Les chrétiens doivent être protégés contre les persécutions. La situation des coptes ne doit pas se détériorer; il faut, au contraire, qu’elle s’améliore. Dans certains pays, la situation s’est en revanche quelque peu consolidée. En effet, les élections en Tunisie se sont déroulées librement : l’UE y était présente avec une mission d’observation électorale. L’assemblée constituante a tenu sa première réunion la semaine dernière en vue d’élaborer une constitution. Il faut suivre l’évolution de la situation sous Ghannouchi, le président d’Ennahda, car les Tunisiens libéraux Journées d’études du Groupe PPE à Marseille ont craint que la victoire des islamistes n’entraîne un bouleversement à leurs yeux dramatique pour le pays, pouvant aller jusqu’au port du voile obligatoire et à l’interdiction de l’alcool. Jusqu’à présent, on ne note toutefois aucun signe concret de restrictions menaçant les libertés individuelles et les droits des citoyens. Il faut malgré tout rester vigilant ! Tous ces pays se trouvent encore en plein bouleversement, ce qui a une influence sur l’ensemble de la région. La situation est particulièrement critique en Syrie. Le bain de sang perpétré sous Assad nécessite une réponse européenne ferme. En Iran, il se trame également quelque chose. L’UE a une responsabilité considérable à l’égard de ces pays. Nous devons aider ces personnes courageuses et engagées dans leur lutte « contre l’intolérable » ! Nous devons les soutenir. D’une part, notre soutien doit être moral, et la remise du prix Sakharov (prix du Parlement européen en faveur des droits de l’homme) aux activistes du Printemps arabe, qui s’est déroulée le 14 décembre à Strasbourg, a constitué un signal fort en ce sens. Asmaa Mahfouz (Égypte), Ahmed alZubair Ahmed al-Sanusi (Libye), Razan Zeitouneh et Ali Farzat (Syrie) et, à titre posthume, Mohamed Bouazizi (Tunisie), sont les représentants de toutes ces personnes courageuses, qui, dans un esprit de démocratie, de liberté, d’autodétermination, de dignité et de respect des droits de l’homme, se battent au péril de leur vie. L’UE, le peuple européen vous soutient ! Vous n’êtes pas seuls ! C’est le message véhiculé par la remise du prix Sakharov ! nous partageons des valeurs et des intérêts communs. Si nous ne parvenons toutefois pas à stabiliser ces pays, le risque est immense, car les organisations terroristes peuvent se développer dans des pays instables, de même que la criminalité organisée et les migrations vers l’Europe. Il ne s’agit pas de nous isoler, mais nous avons besoin d’une immigration contrôlée, et non d’un afflux de gens pauvres qui risquent leur vie pour venir en Europe dans l’espoir d’y trouver un eldorado. Dans l’intérêt de ces personnes et dans le nôtre, nous devrions leur donner des perspectives au niveau local. L’Europe ne peut pas se permettre de laisser sombrer dans le chaos des pays tels que l’Égypte, le Yémen, Bahreïn, la Libye ou la Tunisie. En effet, notre propre sécurité et notre bien-être en Europe s’en trouveraient menacés. Pour que le Printemps arabe soit un 1989 et non un 1979 (révolution iranienne), l’UE doit soutenir activement les progrès en Afrique du Nord. Chaque pays est différent, et les changements se déroulent différemment, comme nous le constatons en Libye ou en Égypte. D’une manière générale, on peut toutefois dire que l’Europe a quelque chose à offrir, car nous avons de l’expérience en ce qui concerne la transformation de sociétés autocratiques en sociétés démocratiques fondées sur l’économie de marché ! La Pologne, la Hongrie, la République tchèque et la Slovaquie ont toutes franchi ce pas au cours des 20 dernières années ! En revanche, nous devons également offrir une aide financière et technique pour la transformation de ces pays, car la parole et les actes ne suffisent pas. Nous devons en effet prendre conscience que notre propre sécurité et notre propre bien-être en Europe dépendront très fortement de notre réussite dans la mise en place d’une stratégie crédible et cohérente en Afrique du Nord grâce à tous les moyens dont nous disposons, comme l’instrument en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. Les conditions sont-elles toutefois comparables ? En Europe de l’Est, il existait une société civile viable (églises, partis, associations). En Afrique du Nord, la situation n’est pas aussi claire. En effet, en Égypte, les Frères musulmans étaient le seul groupe d’opposition viable, que la plupart des Occidentaux considéraient comme l’ennemi de l’Occident. Est-il possible de collaborer avec eux ? Question délicate… La même question se pose pour la Tunisie et la Libye. Qui sont les partenaires de l’Occident pour la démocratisation ? Il s’agit des problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui ! Et il nous faut réagir ! Ainsi, le Printemps arabe nous offre des chances : la chance d’avoir un voisinage sûr et stable avec lequel L’UE dispose de différents instruments et possibilités pour influencer activement la situation en Afrique du 37 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Nord. Il s’agit de la PEV, de l’instrument européen de voisinage et de partenariat (près de 12 milliards d’euros pour la période 2007-2013). Entre 2011 et 2013, la Tunisie peut par exemple recevoir jusqu’à 258 millions d’euros du budget consacré à la politique de voisinage. On cite pour l’Égypte un montant d’environ 150 millions d’euros par an comme valeur indicative. Dans le cadre de l’instrument pour la démocratie et les droits de l’homme, un budget de près de 1,1 milliard d’euros est également disponible pour la période 2007-2013. L’instrument de stabilité consacre quant à lui un montant de 2,1 milliards d’euros pour la même période. Le cadre financier pluriannuel prévoit aussi une distribution généreuse de fonds. Proposition de financement pour la période 20142020. L’instrument européen de voisinage recevra une enveloppe de 16,1 milliards d’euros et l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme, de 1,4 milliard d’euros. Doté d’un budget de 350 millions d’euros, le nouveau programme SPRING (Support to Partnership, Reform and Inclusive Growth, aide au partenariat, aux réformes et à la croissance inclusive) est une bonne manière de répondre au Printemps arabe. L’aide sera adaptée aux besoins de chaque pays et devrait principalement être accordée pour la transition pacifique vers la démocratie et la stimulation de la croissance, condition indispensable à cet effet. Ces fonds devront être utilisés de manière intelligente, car ce n’est pas l’importance des montants qui importe. Après tout, des pays tels que la Libye, productrice de pétrole, ont suffisamment d’argent. À long terme, il s’agit davantage d’utiliser les fonds de telle sorte que, rapidement, les conditions de vie de la population s’améliorent, la démocratie et l’État de droit soient favorisés, les infrastructures soient développées et la formation des jeunes soit renforcée. Ainsi, une aide d’urgence de 7 millions d’euros a été accordée aux Tunisiens en vue de soutenir principalement la mise en place des élections et d’améliorer la situation des droits de l’homme. Le traité de Lisbonne a aussi constitué une étape importante. En effet, la nomination d’un « ministre 38 des Affaires étrangères » (en même temps haut représentant et vice-président) et d’un Service européen pour l’action extérieure offrent les conditions institutionnelles permettant à l’UE de parler à l’avenir d’une seule voix et de pratiquer une politique clairement visible et cohérente pour tous. L’UE a le potentiel d’influencer les processus de manière active en tant qu’acteur mondial. Nous devons exploiter ces processus et parler d’une seule voix. Nous devons nous engager ensemble en Afrique du Nord avec tous les moyens dont nous disposons, dans un esprit de paix et de liberté. Il faut apporter notre aide à l’établissement de la démocratie, ce qui n’a de sens que si nous contribuons à offrir dans le même temps de meilleures conditions de vie. On a évoqué ici l’idée d’un plan Marshall, d’une zone de libre-échange ; ces éléments sont utiles, car l’avènement de la démocratie, de la liberté et de meilleures conditions de vie dans ces pays auront pour nous des retombées extrêmement positives au regard de l’histoire. Il faut à présent suivre les étapes et lignes directrices suivantes dans le cadre des relations avec nos voisins méridionaux. Premièrement, nous devons mieux tirer profit du HR/ VP et du SEAE. Les États membres doivent poursuivre une politique commune. Deuxièmement, nous devons mettre en place un groupe de travail avec la participation du Parlement européen pour répondre à la demande répétée des acteurs du changement démocratique en vue d’un accompagnement du processus de transition vers la démocratie, en particulier en ce qui concerne des élections libres et démocratiques et le développement des institutions, notamment d’une justice indépendante. Troisièmement, lors de la révision stratégique de la PEV, il y a lieu de vérifier si, dans les pays ayant bénéficié d’une aide financière dans le cadre de la PEV, la transition vers la démocratie s’est opérée. La Commission doit notamment revoir au plus vite le programme indicatif national pour la Tunisie et l’Égypte pour la période 2011-2013 afin de tenir compte des nouvelles urgences de ces partenaires en matière de construction de la démocratie. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Quatrièmement, l’UE doit également être prête à mettre à disposition des mécanismes de soutien financier temporaire à court terme, notamment des prêts. Cinquièmement, nous devons renforcer le dialogue politique avec nos voisins méridionaux. Sixièmement, il importe de consolider la démocratie et l’État de droit, ainsi que d’encourager la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales que sont la liberté de conscience, de religion et d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de la presse et des médias, la liberté d’association, mais aussi le respect des droits des femmes et de l’égalité entre hommes et femmes, ainsi que la protection des minorités. Il est nécessaire de mettre toutes ces mesures en marche dans les plus brefs délais, car notre respect et notre reconnaissance vont aux manifestants courageux. Nous ne devons pas les abandonner dans leur lutte pour la liberté et la démocratie. Et ce dans notre propre intérêt également ! Car, comme le disait Georg Wilhelm Friedrich Hegel, « l’Histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté. » Septièmement, il y a lieu de lutter contre la corruption, en particulier dans le système judiciaire et au sein de la police. Globalement, pour être efficace, le partenariat entre l’Union européenne et ses voisins du Sud doit être fondé sur une synergie entre les dimensions bilatérales et multilatérales, interdépendantes, de cette coopération. La PEV doit renforcer la dimension multilatérale. La coopération entre les pays d’Afrique du Nord doit être renforcée. Les échanges commerciaux entre ces pays ne s’élèvent pour l’instant qu’à 15 %. Nous avons là un énorme potentiel de croissance, qui peut apporter bienêtre et stabilité s’il est exploité. Par ailleurs, l’Europe doit offrir de meilleures conditions commerciales aux pays d’Afrique du Nord afin d’accroître les volumes commerciaux avec l’UE. Il y a toutefois lieu de veiller dans ce cas à ce que ces conditions ne nuisent pas à l’économie intérieure des pays d’Afrique du Nord. Au lieu de consacrer le financement prévu dans le cadre de la PEV à des études qui nous informent en premier lieu, nous les Européens, des relations entre les pays d’Afrique du Nord, ce dernier devrait servir à mettre en place des infrastructures et à renforcer la compétitivité. Ces fonds doivent servir de mesures d’incitation pour la poursuite des réformes démocratiques. Ils permettront d’enregistrer des progrès de manière plus rapide, plus efficace et plus pragmatique. 39 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille RODI KRATSA-TSAGAROPOULOU, MdPE Vice-présidente du PE, Présidente du Groupe de Travail EMUNI Le Groupe PPE, le plus grand groupe politique, participe activement à la promotion des relations euroméditerranéennes depuis 1995, année d’adoption du cadre institutionnel du partenariat euro-méditeranéen. Parallèlement, nous soutenons depuis le début du Printemps arabe le combat du peuple pour plus de liberté et de dignité, tout en nous prononçant et en nous engageant par tous les moyens afin de renforcer les perspectives de croissance et d’emploi, conditions préalables nécessaires pour réaliser les objectifs du Printemps arabe et répondre aux immenses attentes des populations. Rodi Kratsa-Tsagaropoulou, MdPE, Vice-présidente du PE, Présidente du Groupe de Travail EMUNI • Répondre aux aspirations des populations à une croissance forte et globale • Développer les investissements financiers L es changements en cours au Moyen-Orient et en Afrique du Nord sont historiques et l’Europe doit tirer les bonnes leçons du Printemps arabe, tout en prévoyant une stratégie et des réponses politiques adéquates. L’aspiration des populations à la liberté, aux droits de l’homme, à la démocratie, à l’emploi, à la responsabilisation et à la dignité les a poussées à prendre leur destin en mains dans plusieurs États de la région. L’Europe a un rôle important à jouer dans le soutien des objectifs du Printemps arabe en promouvant des initiatives sociales et économiques aux niveaux national, européen et mondial, et ce afin de protéger nos valeurs communes et nos buts en matière de stabilité, de prospérité et de démocratie dans toute la zone euro-méditerranéenne, mais aussi de s’adapter à un monde de plus en plus concurrentiel. 40 Le paquet de Printemps de l’UE, d’un montant de 350 millions d’euros, a été adopté en septembre 2011 pour directement compléter la subvention déjà prévue dans le cadre de la politique de voisinage. De plus, le mandat de prêt de la BEI pour les pays voisins du Sud a été gonflé d’un milliard d’euros, alors que la BERD a réalisé des progrès significatifs pour étendre le champ de ses opérations chez les partenaires du Sud. Une approche coordonnée, bien structurée et globale de la BEI, de la BERD ainsi que des institutions européennes et internationales est donc nécessaire pour soutenir les pays voisins du Sud. Je salue également les démarches entreprises jusqu’à présent pour reprendre les négociations en cours en matière de libéralisation des échanges, tout en tenant compte des intérêts et des sensibilités des économies des deux rives de la Méditerranée. La crise dans la zone euro et le Printemps arabe constituent dès lors une opportunité unique de réformer nos politiques et relations économiques, tout en augmentant les investissements, les échanges et la mobilité entre le Nord et le Sud, ce qui favorisera la création d’emplois et renforcera la coopération, la croissance économique et la concurrence dans toute la région. De plus, il est important de développer de Journées d’études du Groupe PPE à Marseille solides projets à long terme qui impliquent hommes et femmes, et facilitent l’accès aux instruments techniques et financiers, l’éducation ainsi que les opportunités commerciales. L’Europe doit soutenir le développement et l’intégration économiques des États partenaires de la Méditerranée, mais aussi encourager la modernisation et la libéralisation des économies de ces pays. À cet égard, la BEI a pris des initiatives courageuses telles que la FEMIP, tandis que la BERD a récemment élargi son mandat dans les pays du sud de la Méditerranée. Nous devons clairement accorder plus d’importance au soutien au secteur privé et à la création d’un environnement propice aux investissements dans les infrastructures, les petites et moyennes entreprises, la recherche et les énergies nouvelles. De nombreux jeunes des pays partenaires de la Méditerranée étaient présents à ces journées d’étude à Marseille. Je tiens à souligner que l’objectif principal de toutes nos initiatives et politiques est de donner des perspectives aux jeunes sans trahir leurs rêves. Le succès du Printemps arabe dépend du développement durable de leur pays et de chacun. Nous devons nous engager dans la coopération régionale, notamment en soutenant l’Union pour la Méditerranée, et ce afin de proposer des projets régionaux concrets offrant des avantages tangibles aux populations des deux côtés de la région. Le secteur de l’enseignement et de la formation mettant souvent du temps à répondre aux demandes des entreprises, ces dernières doivent aider les institutions éducatives et « mener de l’extérieur » davantage de programmes éducatifs axés sur le marché. Il est primordial d’améliorer les compétences des travailleurs des pays méditerranéens pour renforcer la compétitivité et favoriser l’emploi, ce qui nécessite d’adapter l’enseignement et la formation aux compétences requises par un marché moderne et compétitif, ainsi qu’aux besoins spécifiques au développement du partenariat euro-méditerranéen. La création d’un espace économique commun et l’objectif de parvenir à un accord de libre-échange exigent des efforts continus et l’harmonisation de tous les domaines. Le projet de l’Université euro-méditerranéenne (EMUNI) constitue une des priorités de l’Union pour la Méditerranée (UPM) en matière de promotion d’un espace commun de recherche et d’enseignement supérieur, de création de ponts, de renforcement de la coopération, de communication et de préparation d’un meilleur avenir commun. Pour réaliser ces objectifs et tirer le maximum de ces projets, nous avons besoin d’une société civile active et engagée. C’est pourquoi l’Europe a renforcé et considérablement intensifié son partenariat ainsi que son soutien à la société civile dans son voisinage, en particulier en Tunisie, en Libye et en Égypte, les pays du Printemps arabe. À cet égard, nous saluons le lancement du dispositif pour la société civile des pays voisins, qui financera les acteurs non étatiques chez nos partenaires (22 millions d’euros entre 2011 et 2013), visant à renforcer le rôle de la société civile dans la région et ses relations commerciales avec les entités telles que la Fondation Anna Lindh, qui apporte son aide et a réalisé des progrès remarquables en matière de mécanismes de coopération entre l’UE, le Conseil de l’Europe et les partenaires méditerranéens afin de promouvoir la démocratie participative. Il est donc vital de reconnaître le rôle de la société civile et des médias dans ce processus démocratique en mettant les gouvernements devant leurs responsabilités, de développer un partenariat solide avec les parlements et les autorités locales afin de superviser la réforme et de renforcer leur rôle dans l’application des valeurs universelles, des droits de l’homme, de la démocratie et des lois. Nous, peuples des deux rives, avons la chance et le devoir de servir une vision commune pour créer un espace d’espoir, de sécurité et de croissance au bénéfice de tous, du nord au sud de la Méditerranée. Nous devons collaborer en toute confiance et avec conviction pour concrétiser ce projet. 41 THÈME II: ACCOMPAGNER LE PRINTEMPS ARABE EN RENFORCANT LA CONFIANCE 42 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille NIZAR BARAKA, Ministre chargé de l’Économie et des Affaires générales du Royaume du Maroc C ’est pour moi un grand plaisir de participer avec vous à ces journées d’études qui porte sur la thématique « accompagner le printemps arabe en renforçant la confiance». Un sujet qui revêt un caractère stratégique du fait de la mutation formidable que connait le monde arabe dans le sens de la démocratie et de la citoyenneté. En effet, avec le Printemps arabe, un nouveau paysage politique est en train de prendre forme au sein de la région où les attentes et les aspirations de la population, surtout des jeunes, sont de taille et s’inscrivent dans ce qu’on pourrait appeler la dictature de l’instant. D’où le besoin pour nos pays de répondre au mieux et au plus vite aux aspirations de démocratie, de liberté et de dignité exprimés par les citoyens mais aussi à leurs aspirations de croissance soutenue et globale et d’ investissements à fort contenu en emplois objet de ce panel. Mesdames et Messieurs, la problématique de la préservation et de la création d’emplois s’impose, aujourd’hui, avec acuité à un moment où les défis nés des mutations économiques récentes et de la crise économique sans précédent que connaît le Monde et principalement nos partenaires européens deviennent préoccupants et pressants. Et ce d’autant plus qu’en matière de création d’emplois et notamment d’emplois des jeunes, les défis sont grands. Le chômage dans la région MENA qui est de 10% est le plus élevé par rapport à toute autre région dans le monde. Le chômage est particulièrement élevé chez les jeunes (24,4% contre 15% dans le monde). Dans certains pays, ce taux de chômage atteint près de 40% et touche les diplômés (17% en Egypte et 21% en Tunisie) ce qui pose avec acuité le problème de la mobilité sociale dans ses pays. Nizar Baraka, Ministre chargé de l’Économie et des Affaires générales du Royaume du Maroc Et avec la transition démographique que connaissent nos pays d’Afrique du Nord, les marchés du travail auront besoin de créer plus de 1,5 millions d’emplois supplémentaires par an au cours des 10 prochaines années afin d’offrir des possibilités d’emploi pour les nouveaux venus sur le marché du travail. Des efforts énormes attendent donc la région, imposant des réformes profondes visant à mettre en place les jalons d’une croissance forte, durable et solidaire : il s’agit de : • renforcer l’État de droit, l’intégrité et la transparence dans la conduite des affaires publiques et privées, la liberté du commerce et d’investissement • mettre en place un climat propice aux affaires et à l’investissement • et associer activement le secteur privé au dialogue et à la concertation public-privé pour l’élaboration des politiques publiques. • promouvoir 43 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Au-delà de la nécessité de réaliser une véritable transition économique dans nos pays, il sera aujourd’hui obligatoire de donner une impulsion nouvelle aux efforts d’intégration régionale, de poursuivre la convergence et le rapprochement des économies de la région et de construire un cadre des affaires propice au développement des investissements économiques et au renforcement du contenu de la croissance en emplois. Mesdames et messieurs, Le Maroc est au cœur de la dynamique de changement que connaît le Monde arabe. Ayant démarré sa transition politique au milieu des années 90, le Maroc a connu , sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, une accélération de sa transition démocratique avec notamment l’adoption par le peuple marocain, le premier juillet d’une nouvelle Constitution qui au-delà de l’organisation et de la séparation des pouvoirs, érige le chef du Gouvernement en tant que chef de l’exécutif, renforce les pouvoirs du parlement, assure une meilleure indépendance de la justice, institue une véritable Charte des citoyens donnant la primauté aux droits de l’homme et à la protection des libertés individuelles, consacre une organisation étatique fondée sur la régionalisation avancée et développe une culture de la responsabilité et de la reddition des comptes. Cet ancrage démocratique du Maroc a été conforté par l’organisation d’élections anticipées transparentes le 25 Novembre dernier qui ont ouvert la voie à une alternance par les urnes dans le cadre des institutions du Royaume .En effet le Secrétaire Général du le parti de la Justice et du développement, parti d’opposition arrivé en tête à ces élections a été chargé par le Souverain de former un gouvernement de coalition. Cette dynamique de changement tranquille dans le sens de l’approfondissement démocratique a d’ailleurs été saluée par toutes les grandes puissances et notamment l’Union européenne et a permis à notre pays d’être invité à rejoindre le cadre de Partenariat de Deauville. Cette dynamique a également incité les agences de notation Stantards Poors et Fitch rating à maintenir l’investment grade qu’elles avaient attribué au Maroc en 2010. 44 Cette appréciation est également imputable aux politiques publiques menées par notre pays au cours des 4 dernières années et qui ont permis de réaliser une croissance économique de près de 5% par an, de réduire le taux de chômage à 9 %, de stabiliser le cadre marco-économique avec une inflation maîtrisée à 1%, un endettement du Trésor contenu à 52% du PIB et un déficit du compte courant maintenu autour de 4% du PIB malgré le renchérissement des cours des matières premières. En fait, le modèle de développement retenu par notre pays repose sur 5 axes : 1.la consolidation de la croissance endogène à travers le renforcement de l’investissement public et des infrastructures et l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens en vue de l’élargissement des classes moyennes. 2.Le positionnement du Maroc en tant que plateforme d’investissement et d’exportation à travers l’amélioration du climat des affaires (gain de 21 rangs doing business), la mise en œuvre de stratégies sectorielles ( maroc vert, halieutis, energie, logistique, industrie, automobile, offshoring tourisme etc…) en vue de donner de la visibilité aux opérateurs économiques et de développer les métiers mondiaux du Maroc et le positionnement du Maroc sur les nouveaux gisements de croissance (énergies renouvelables solaire et éolien) 3.Le développement des mécanismes de solidarité pour renforcer la cohésion sociale nécessaire pour entretenir la croissance (indh, amo, ramed) et assurer un développement plus équilibré (création de 21 pôles régionaux de développement) et durable (Charte de l’Environnement) et ce conformément au concept de l’économie sociale de marché cher au PPE 4.Le renforcement des acteurs qu’il s’agisse des ressources humaines (formation en adéquation avec les besoins des stratégies sectorielles, politique active d’emploi) des entreprises (notamment les PME et les TPE) et de l’État (règles de Journées d’études du Groupe PPE à Marseille bonne gouvernance, lutte contre la corruption et amélioration de la gestion des risques). 5.L’accélération des réformes dans le sens du renforcement de l’ancrage démocratique du Maroc et de la mise en œuvre de ce modèle de développement qui place le citoyen au centre de ses préoccupations devraient permettre à notre pays de répondre progressivement aux aspirations des populations en termes de liberté, de dignité et de bien être et de réussir à mener à bien les transitions politique, économique et sociale en cours. Mesdames et messieurs, j’invite les partis populaires européens à accompagner cette dynamique de réformes menée par notre pays et plus généralement ce vent de démocratie qui souffle sur nos pays du Sud de la Méditerranée de la même manière que vous l’avez fait suite à la chute du Mur de Berlin avec les pays de l’Europe de l’Est de manière à contribuer à créer un espace de paix, de stabilité et de prospérité dans cette zone méditerranéenne qui a un fort potentiel de développement et qui pourrait constituer pour l’Union Européenne un véritable relai de croissance en cette période de crise économique. Cet accompagnement devrait également favoriser une forte intégration régionale Sud Méditerranéenne en appuyant la nouvelle dynamique maghrébine qui se dessine aujourd’hui ainsi que les efforts du Maroc pour élargir la zone de libre échange sud méditerranéenne constituée par l’accord d’Agadir qui regroupe déjà le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, la Jordanie et dernièrement la Palestine. Enfin, il conviendrait d’œuvrer pour une intégration intelligente « UE-MENA » dans le cadre de la nouvelle division internationale du travail qui est en cours en focalisant sur certains secteurs spécifiques à fort potentiel tels que les énergies renouvelables, le transport, la logistique, le commerce etc…. Mesdames et messieurs, je vous souhaite de fructueux débats qui ne manqueront pas assurément d’enrichir les réflexions engagées pour consolider le processus d’édification de la démocratie dans le monde arabe et renforcer la confiance en l’avenir. 45 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille MARIO MAURO, MdPE Chef de la Délégation italienne (PDL) du Groupe PPE au PE, Membre de la commission des affaires étrangères du PE parce qu’ils désirent également une stabilité et un développement qui favorisent à la fois la démocratie et la prospérité de leurs pays. Une recherche rapide pourrait nous être utile afin de comprendre ce que veut dire laisser tomber la rhétorique : il apparaît sur le site web du Parti populaire européen que le parti AKP de Recep Tayyip Erdogan bénéficie depuis 2005 du statut d’« observateur » au sein de notre famille politique. Mario Mauro, MdPE Chef de la Délégation italienne (PDL) du Groupe PPE au PE, Membre de la commission des affaires étrangères du PE - Répondre à l’aspiration des populations à une croissance forte et globale - Développer les investissements économiques Je voudrais essayer ici de contrebalancer la rhétorique euro-méditerranéenne excessive faite ces dernières années, et surtout ces derniers mois, sur le thème du Printemps arabe. Je vais essayer d’expliquer ce que je veux dire en partant de l’expérience concrète que j’ai acquise au lendemain du Printemps arabe avec plusieurs collègues en rencontrant certains des mouvements islamiques qui sont désormais des protagonistes du scénario qui se déroule au sud de la Méditerranée et qui y jouent un rôle central. Les responsables d’Ennahda en Tunisie, le parti qui a remporté les élections, et les Frères musulmans en Égypte affirment avoir pour modèle le parti AKP du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Et ce, 46 Cela signifie que nous – en tant que Groupe PPE – devrions pouvoir nous estimer vainqueurs des élections dans ces pays du sud de la Méditerranée. En outre, nous ne devrions pas avoir de problèmes à imaginer un modèle de développement pour la rive sud de la Méditerranée justement parce que le parti pris comme critère et considéré comme leader de la croissance démocratique de ces pays est un parti qui est « observateur » de notre famille politique et qui participe donc à plein titre à nos rencontres. La réalité est tout autre. Ce n’est pas à nos interlocuteurs qu’il faut cette fois adresser les questions, mais à nous. La mienne a clairement pour objectif de provoquer. Mais, en tant que Groupe PPE, nous devons entamer une réflexion profonde : qu’avons-nous fait depuis 2005 pour construire une politique euro-méditerranéenne sérieuse ? Qu’avons-nous fait pour comprendre selon quelles modalités un parti comme celui de Recep Tayyip Erdogan peut être efficacement pris pour modèle par les autres mouvements islamiques des pays de la rive sud de la Méditerranée ? Le lien entre l’Union européenne et les pays du sud de la Méditerranée est vicié par des années de rhétorique. Le processus de Barcelone a été une initiative rhétorique parce qu’il n’a pas fourni de résultats concrets. L´Union pour la Méditerranée a été et est en partie une initiative encore trop rhétorique, Journées d’études du Groupe PPE à Marseille peu concrète, et elle a évidemment besoin de la contribution d’une réflexion politique qui ne peut venir que de notre famille politique puisque c’est nous qui avons en mains les clés du développement européen et, donc, à plus forte raison, qui sommes intimement responsables de ce qui se passe dans la zone euro-méditerranéenne. Et c’est parce que cette responsabilité nous incombe tellement que nous comprenons peut-être mieux les choix faits aujourd’hui par les partis islamiques, choix qui peuvent être en partie attribués à une tactique politique visant à conquérir le pouvoir, mais qui, peutêtre, peuvent être mieux compris si l’on tient compte d’une donnée du Fonds monétaire international. Selon le Fonds monétaire international (FMI), si l’on considère que le PIB de l’Italie, un pays important de la zone euro-méditerranéenne, s’élève à 100, la somme des PIB des pays qui donnent sur la Méditerranée et qui vont du Maroc au Liban, en incluant donc des pays comme l’Égypte et Israël, mais en excluant la Turquie (à savoir l’Algérie, l’Égypte, la bande de Gaza, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Syrie et la Tunisie), s’élève à près de 37 %. Avec la Turquie, nous arrivons à 67 %. Beaucoup des mouvements islamiques de la zone sud de la Méditerranée ont pour modèle le parti AKP de Recep Tayyip Erdogan parce qu’il a garanti la prospérité et qu’il représente une opportunité de développement qu’aucun de ces pays ne veut perdre en ce moment. C’est pourquoi la diplomatie turque est particulièrement active et présente en Égypte, tout comme en Tunisie, en Libye, etc. En tant que Groupe PPE, nous devons arrêter de nous poser des questions rhétoriques : si Ankara est aussi active dans cette région, sommes-nous vraiment certains d’être tout aussi actifs ? Et sommes-nous vraiment certains que notre Service pour l’action extérieure, qui symbolise aujourd’hui l’action coordonnée de l’Union européenne dans cette région, soit tout aussi actif, cohérent et compétent ? Notre famille politique doit avoir aujourd’hui la capacité de se remettre en question à la fois par rapport à ce qui se passe et par rapport à ce qu’elle fait. Autrement, nous devrons faire face à une autre crise de la zone euro-méditerranéenne, à la fois économique et politique, outre celle que nous subissons déjà de manière significative. Je voudrais terminer sur une dernière réflexion. La région compte essentiellement des petites entreprises voire des micro-entreprises et leur dimension est souvent indépendante des activités connexes des grandes entreprises. Ces micro et petites entreprises (MPE) opèrent dans des contextes régulateurs peu clairs. Nous ne pouvons pas négliger ensuite le débat de nature constitutionnelle et portant sur la modification des codes en cours dans ces pays. Nous ne devons certainement pas imposer notre modèle, mais nous devons rester disponibles en vue de favoriser une réelle transition vers la démocratie, la stabilité et le développement. Ce qui se produira au terme du processus constitutionnel que traversent des pays comme l’Égypte et la Tunisie sera déterminant pour le développement de l’ensemble de la zone euroméditerranéenne. Il est certain que Dieu est présent dans la Constitution des États-Unis et dans celle du Soudan, mais le résultat n’est pas le même. Tout comme il est vrai que Dieu n’est pas présent dans la Constitution de la France ou de la Chine, mais que, ici non plus, le résultat n’est pas le même. Cela vaut d’autant plus si, au lieu de considérer le niveau et le profil constitutionnels, nous passons au niveau d’un organe commun de régulation qui, s’il est bien agencé, ne pourra que permettre le développement des petites et moyennes entreprises, un phénomène qui influence l’économie, mais aussi la démocratisation d’un pays. Ce n’est en effet qu’en présence d’un tissu de petites et moyennes entreprises sain que peut se faire la vraie démocratisation d’un pays. En conclusion, il est important, à la fois en tant qu’institutions européennes, mais aussi en tant que famille du Parti Populaire Européen, que nous ne nous tenions pas à l’écart du débat relatif aux codes et aux Constitutions qui se déroule dans la zone sud de la Méditerranée et que nous nous posions en interlocuteurs dans un moment tellement délicat que le sort et le futur de notre Europe en dépendent. Je vous remercie. 47 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille DOMINIQUE VLASTO, MdPE Coordinateur de la commission économique de l’AP-UpM Soyons pragmatiques : ce qui donne confiance à chacun d’entre nous, c’est d’avoir la liberté d’expression et de pensée, un sentiment de sécurité pour soi et sa famille et une perspective professionnelle pour ses enfants. Le printemps arabe a rendu la liberté, c’est un changement formidable : il doit maintenant offrir des perspectives meilleures aux citoyens qui se sont battus pour avoir des élections libres, d’accord – mais aussi un travail, un environnement plus prospère et une vie meilleure. Dominique Vlasto, MdPE Coordinateur de la commission économique de l’AP-UpM C hers Collègues et Amis, Permettez-moi d’abord, ce matin, dans ce débat, d’avoir une pensée pour les pays qui attendent encore leur « printemps », ces pays qui espèrent que le vent de liberté du « printemps arabe » puisse balayer leurs régimes répressifs – et je pense en particulier à la Syrie mais aussi à l’Iran. Renforcer la confiance, c’est évidemment une nécessité pour les nouveaux régimes qui se mettent en place mais c’est aussi une exigence pour nous tous, en pleine crise économique mondiale. Cette crise, elle a changé la donne et elle est aussi une crise de confiance : dans l’économie, les marchés financiers, les banques et les gouvernements. Face à cette crise, il ne peut y avoir qu’une seule réponse, partout dans le monde : la relance de l’activité économique et le retour à l’emploi. 48 Et l’Union européenne doit accompagner ce défi de la relance économique, d’autant plus qu’elle y est ellemême aussi confrontée : créer des emplois, relancer l’activité industrielle, développer les services, ce sont aussi des impératifs de l’économie européenne. Quelles sont les priorités pour relancer l’économie ? La relance de l’économie, dont je suis convaincue qu’elle est indispensable pour ramener la confiance et consolider la stabilité politique, elle passe, me semble-t-il, par la définition de véritables priorités d’intervention. Je vois une première priorité, très concrète, indispensable, parce qu’elle crée des emplois, non qualifiés et qualifiés, et parce qu’elle change la vie quotidienne : c’est la relance du secteur de la construction. La construction de logements, c’est essentiel parce que l’habitat apporte une vie meilleure aux familles, partout où cela n’a pas encore été fait. L’accès à la propriété, c’est un changement dans les conditions de vie, c’est aussi un changement de statut social, une meilleure place dans la société. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Monsieur le Ministre, je crois que ce qui s’est fait, et se fait toujours, au Maroc, par exemple, est exemplaire de la transformation d’un pays grâce à la construction de logements. Mais construire, c’est aussi investir dans les infrastructures, la colonne vertébrale de l’économie de tout pays : c’est la distribution de l’eau, l’accès à l’énergie, le développement des réseaux de transports et de télécommunications. Ces secteurs préparent la future croissance de l’ensemble des entreprises d’un pays. Ils sont créateurs d’emploi, directs et indirects, dans les services notamment. Ils sont aussi créateurs d’emplois qualifiés et non qualifiés. Ce qui m’amène à ma deuxième priorité : il faut orienter les jeunes vers des métiers dans les filières où existent de vrais besoins et de vrais débouchés. Cela paraît très simple mais c’est en réalité très difficile : faire coïncider l’éducation et la formation professionnelle avec le marché du travail, c’est un effort politique permanent. Il faut penser « filière » et anticiper les besoins pour donner le plus d’opportunités aux jeunes qui sortent chaque année du système scolaire, avec ou sans diplôme. Car j’insiste : tous les emplois ne sont pas qualifiés et il ne faudra pas faire la même erreur que nous, qui avons formé des diplômés dans des domaines de spécialisation sans réfléchir aux besoins du marché. On le sait, dans certains pays du Printemps arabe, je pense à la Tunisie notamment, c’est déjà un problème; de nombreux diplômés ne trouvent pas d’emploi correspondant à leur qualification - j’ai lu que 30% des diplômés tunisiens ne trouvaient pas d’emploi à temps plein : c’est terrible ! Je me tourne vers vous, M. Mourou, qui présidez l’association tunisienne des jeunes avocats : peut-être pourrez-vous nous dire ce qu’il en est aujourd’hui et nous donner votre sentiment sur la question. Voilà, c’est en tout cas ce que je voulais partager avec vous, ce besoin d’agir concrètement pour relancer la croissance économique, notamment par la construction, et aussi de faire un très gros effort sur la formation et l’analyse des besoins d’emplois du marché du travail pour créer de l’emploi tout de suite. Quelle aide l’Union européenne peut-elle apporter ? Oui, je voudrais simplement ajouter un mot concernant le rôle que l’Union européenne peut jouer aux côtés de nos voisons méditerranéens. D’abord, il faut le redire, la Méditerranée, c’est un espace que nous partageons tous ici et nous avons donc tous intérêt à sa stabilité, à sa prospérité et à sa sécurité. Et pour y parvenir, nous devons travailler ensemble : seul, aucun de nos pays ne pourra relever des défis qui dépassent le cadre naturel de nos frontières (je pense à l’énergie, aux transports, à l’environnement, à l’agriculture : dans tous ces domaines, nos pays peuvent travailler ensemble, être complémentaires). Et nous avons créé ensemble un cadre pour travailler ensemble : c’est l’Union pour la Méditerranée. Plus que jamais, elle est d’actualité ! Les projets concrets qui ont été initiés, dans les domaines de l’énergie, des investissements dans les PME, de l’éducation et de la formation sont autant de progrès, de petits pas réalisés, et en disant cela, je pense bien entendu à Jean Monnet, à Robert Schuman, et à cette méthode communautaire des petits pas qui finissent par produire de grandes choses. Oui, l’Union européenne doit accompagner le changement économique dans les pays du Sud de la Méditerranée et elle doit le faire, selon moi, dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée. Depuis sa nomination en juillet 2011, M. Amrani lui a apporté un nouvel élan. 49 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Je crois qu’elle peut devenir un instrument multilatéral régional performant, orienté vers la promotion de la croissance, le soutien à l’emploi, par exemple avec des incubateurs d’entreprises, et le développement régional. Alors, ne laissons pas passer cette chance et engageons résolument l’aide européenne dans le cadre de l’UpM qui a déjà fait un très grand travail d’identification des besoins et de mise en contact des entreprises, des pouvoirs publics et des investisseurs. L’exemple de Marseille Pour illustrer un peu nos propos ce matin, et puisque nous sommes dans ma ville, permettez-moi un mot sur la coopération entre collectivités territoriales. D’abord, je veux dire que cette coopération a changé, parce qu’elle implique de plus en plus des partenaires privés et je trouve cela très positif. Marseille entretient des relations privilégiés avec plusieurs villes du bassin méditerranéen : lorsque nous effectuons des échanges, lorsque Jean-Claude Gaudin, notre Maire, se rend dans un de ces villes ou en accueille les représentants, il est toujours accompagné d’une délégation de chefs d’entreprises et d’acteurs de la société civile, universitaires, médecins ou chercheurs. Ce qui est intéressant dans ces démarches, c’est de faciliter les rencontres et les échanges entre acteurs économiques et de la société civile. Selon moi, c’est la véritable plus-value de la coopération décentralisée : créer des partenariats au plus près du terrain, de la réalité économique. Et cette coopération, elle ne peut pas se faire uniquement au niveau des gouvernements ou des instances internationales. Alors, Marseille participe à cette dynamique de terrain, en s’appuyant sur des partenaires institutionnels (la banque mondiale, l’ONUDI) et privés, je pense en particulier à ANIMA, notre plateforme multi-pays de développement économique de la Méditerranée. 50 Le réseau ANIMA, ce sont 80 agences gouvernementales et réseaux d’affaires, de financement et d’innovation du pourtour méditerranéen qui, avec le soutien de l’Union européenne (programme INVEST in MED) et d’autres partenaires, montent des projets entre partenaires locaux. Ce réseau, c’est un des exemples de tous ceux qui participent à la dynamique de coopération et tissent, à leurs niveaux, les maillons qui font de l’Euromed une réalité. Alors, il faut aussi penser à cette implication locale parce qu’elle comptera beaucoup dans la relance économique et dans le retour à la confiance. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille NADIM GEMAYEL, Membre du Parlement libanais d’en face. Ce regard est toutefois lui-même, construit sur une schizophrénie structurelle. Etant parlementaire, j’œuvre avec les responsables de mon pays pour créer les conditions d’une réduction de la migration, mais étant également citoyen libanais et arabe, je me dois d’éclairer mon auditoire, sur le regard porté par les populations arabes, sur la tendance européenne visant à limiter l’émigration, et sur les conséquences d’une stigmatisation des émigrés. Nadim Gemayel, Membre du Parlement libanais L ibanais, Arabe, Chrétien, Oriental, Occidental de formation, Expatrié un temps en Europe, un autre temps dans le golfe arabe. Je crois que ces appartenances multiples résument bien l’esprit avec lequel j’entends apporter ma contribution. Je souhaite remercier le groupe parlementaire du Parti Populaire Européen de m’avoir donné l’occasion de participer à ses Journées d’Études et de faire partie de ce panel, qui entend discuter des aspects de la gestion des flux migratoires et des échanges culturels, dans le cadre de l’accompagnement du Printemps arabe. 1. Europe destination d’une émigration continue Étant le seul Arabe de ce panel, je me dois d’apporter un regard différent. Je serai tenté de dire le regard Il conviendrait d’ajouter à cette grille de lecture, l’éclairage apporté par ce qui est communément appelé le printemps arabe. La transformation interne des pays arabes est sans doute un évènement historique dont il faudra, à terme, mesurer les conséquences. Les populations de la région perçoivent d’un œil assez critique, les discours qui font la promotion d’une fermeture des frontières à l’émigration et qui s’accompagnent souvent d’une mise en accusation des émigrés. Ce regard critique trouve son fondement, d’une part, dans une approche historique des relations entre les deux bords de la Méditerranée et, d’autre part, dans les atteintes portées au principe de tolérance dont l’Europe est, pourtant et avant tout, la garante. Il est devenu assez récurant, en période électorale et surtout en période de crise économique, d’introduire en Europe la question de l’émigration dans le débat politique, non pas de manière sereine et constructive mais dans le cadre d’une surenchère nuisible. L’Europe doit être consciente qu’elle sert de modèle aux peuples du monde arabe et que les musulmans modérés présentent l’Europe comme une source d’inspiration. L’Occident, les Chrétiens d’Orient 51 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille et les Musulmans modérés peuvent et doivent se retrouver autour de valeurs communes. Il faut donc savoir garder à l’esprit que des prises de positions maladroites permettent d’alimenter les discours extrémistes au dépend de celui des promoteurs de l’ouverture. Mon propos ne vise, bien évidemment, pas à contester le droit pour les pays européens de garantir une maîtrise des flux migratoires, ni à contester les inquiétudes, somme toute légitimes, à l’égard des déséquilibres que des flux migratoires peuvent, lorsqu’ils ne sont pas maîtrisés, faire peser sur les sociétés européennes. Par conséquent et loin de toute polémique devenue inutile, je pense qu’il conviendrait d’adopter, ensemble, un langage qui rassemble, et une politique qui vise à réduire à la source le nombre des candidatures à l’émigration. Les Etats arabes ont un intérêt évident à conserver dans leur pays les forces vives de leur population et les pays européens ont intérêt à maîtriser les flux migratoires. Le Printemps arabe n’a, à ce jour, pas eu un effet accélérateur de l’émigration. Au contraire, cette partie du monde pourra, à terme, dans le cadre de l’instauration de démocraties véritables, connaître une période de stabilité et de prospérité qui devrait même permettre de réduire ou même d’inverser le sens du flux migratoire. C’est donc par une véritable coopération effective et concrète entre les pays des deux rives de la Méditerranée que l’on pourrait œuvrer contre une multiplication des candidatures à l’émigration. Cette coopération devra s’opérer dans tous les domaines et les échanges culturels devront en être une expression essentielle. 2. Les échanges culturels Le Liban dispose déjà, depuis longtemps, d’un système démocratique bien que lacunaire. Néanmoins, il nous a été permis de mesurer 52 combien, au Liban, les échanges culturels avec l’Europe apportent un enrichissement sur le plan de l’incorporation des droits humains dans les réflexes sociaux ainsi que sur le plan du développement de la culture et des arts. L’échange culturel constituera donc également un facteur essentiel dans l’accompagnement des pays arabes sur la voie de la démocratie. Il est évident que la liberté d’expression, les manifestations artistiques et le développement de la culture en générale contribueront efficacement à une meilleure assimilation par les peuples de la région du cadre nouveau qui sera issu de ce que l’on a convenu d’appeler le printemps arabe. Plusieurs domaines d’interaction sont facilement envisageables entre l’Europe, garante des droits humains, et des pays qui entendent rétablir les libertés fondamentales : le cinéma, la littérature, le théâtre et même la musique sont autant de domaines dont l’essor dépend des conditions politiques et de la marge de liberté accordées par les pays concernés. Une ouverture culturelle réciproque et une meilleure connaissance de l’autre sont à mon sens, les armes les plus efficaces pour combattre les extrémistes et pour assurer un enrichissement de toutes les populations concernées. Nous avons aujourd’hui, pays d’Orient et d’Occident, une très grande responsabilité à l’égard des générations présentes et futures. La théorie des conflits de civilisation pose une véritable problématique. Il ne me parait pas raisonnable de prétendre la résoudre, par les armes. Sur ce plan, il me semble que l’expérience militaire a déjà démontré ses limites en Irak et en Afghanistan. Nous avons, au contraire, l’obligation d’œuvrer ensemble en faveur des échanges culturels réels et il nous appartient plus que jamais d’agir ensemble dans l’intérêt de tous. Je souhaite conclure par un appel rendu indispensable par l’évolution historique des pays arabes. La voie Journées d’études du Groupe PPE à Marseille vers la démocratie et la liberté a été empruntée par les peuples au prix de souffrances et de sang. Beaucoup de bouleversements sont encore à venir. L’Europe doit être au rendez-vous de l’histoire. Les forces de progrès et de modération sont conscientes de l’ampleur des enjeux et des dangers. Elles ne devront ni ne pourront hésiter ou fléchir. L’Europe, forte des valeurs qu’elle représente, devra les soutenir avec conviction et enthousiasme pour que la liberté puisse vraiment fleurir au printemps. Nous serons alors ensemble, fils de l’Orient et de l’Occident, unis autour des valeurs qui donnent aux femmes et hommes un espace commun d’épanouissement, d’échange et de progrès. Je vous remercie. 53 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille SALVATORE IACOLINO, MdPE Vice-président de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE politique : la première proposition concrète concerne justement cette question, des accords bilatéraux dans le cadre d’accords-cadres communautaires pour la réglementation des flux migratoires et la lutte contre la criminalité organisée et la migration clandestine. Cela avec le concours, d’une part, de l’Union européenne, qui doit se charger, dans le cadre d’une obligation de solidarité, de cet objectif essentiel et concret et, d’autre part, des différents pays tiers, en particulier les pays frontaliers avec le sud de l’Europe. Salvatore Iacolino, MdPE Vice-président de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du PE L a visite, fin novembre, de la délégation de la commission LIBE en Sicile a été pour moi comme pour mes collègues une occasion réelle et concrète de découvrir la solidarité locale à l’égard des migrants. De Palerme à Marseille : nous nous étions rendus à Palerme pour les Journées d’études en mai cette année et à présent, à Marseille, le Groupe PPE exprime l’intention politique de préserver la Méditerranée en vue de lui redonner son importance, une exigence que l’UE considère elle aussi désormais comme primordiale. Dans la région méditerranéenne, l’on enregistre des flux migratoires croissants, y compris ces derniers jours, et beaucoup de migrants accostent en Sicile, ainsi qu’à Malte et dans d’autres États du sud de l’Europe. La réglementation du phénomène migratoire au moyen d’accords bilatéraux est une priorité 54 Nous avons constaté l’importance du vent de liberté qui a soufflé depuis l’Afrique du Nord vers l’Europe. Un vent de liberté qu’il faut maintenir, cultiver et appuyer. Parallèlement à cela, l’on ne peut oublier la dérive islamiste possible dans les affirmations, y compris de liberté, qui ont accompagné les récentes campagnes électorales dans ces pays. Ces phénomènes doivent par conséquent faire l’objet d’une surveillance et d’un contrôle constants, en favorisant avant tout le dialogue interculturel parallèlement à un dialogue politique, qui doit être mis en œuvre avec une intensité plus grande que ce qui a été fait par le Service européen pour l’action extérieure, notamment. Le Groupe PPE a soutenu de manière habile le processus de développement concret et dynamique de relations avec les pays frontaliers. Il convient d’intervenir dans ce cadre avec des mesures concrètes en vue d’atteindre des objectifs qui doivent bien tenir compte des libertés fondamentales qui concernent aussi les femmes et les enfants dans le cadre d’un processus de participation démocratique aux décisions politiques. Beaucoup d’entre eux, abandonnés, disparaissent non seulement en Sicile, mais aussi dans beaucoup d’autres contextes : cela doit nous amener à réfléchir sérieusement. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille En Sicile, nous avons eu l’occasion de découvrir certains modèles basés sur une véritable solidarité, comme celui du père missionnaire Biagio Conte ou encore d’Emergency : autant d’exemples concrets d’intégration et d’accueil, ainsi que de protection des personnes vulnérables. Nous devons faire en sorte que les jeunes qui vivent en Afrique du Nord restent là où ils vivent, avec des politiques et des stratégies communautaires ciblées. À cette fin, un programme Erasmus destiné aux jeunes entrepreneurs et aux jeunes chercheurs, similaire à celui proposé aux citoyens de l’Union européenne, pourrait jouer un rôle important. En outre, il convient de libéraliser les visas pour certaines catégories de travailleurs hautement qualifiés, dans le cadre, cependant, d’accords-cadres qui tiennent compte des obligations correspondantes qui incombent aux pays frontaliers. Sans ces mesures, nous n’arriverons jamais à des résultats concrets et la responsabilité de certains États membres ne suffira pas. objectifs de protection des libertés fondamentales avec les pays tiers, en se rappelant que la traite des êtres humains continue à relever de la criminalité organisée et que les accords-cadres évoqués, parallèlement au renforcement du mandat confié à Frontex, pourront représenter un moyen de lutter efficacement contre les flux migratoires irréguliers. Nous ne pouvons, par ailleurs, oublier que la réponse aux migrants économiques ne peut se traduire par le rapatriement d’une manière générale. Parallèlement à cela, en ce qui concerne les réfugiés, nous avons pu constater dans les centres d’accueil en Sicile (à Mineo ainsi qu’à Trapani) que les procédures de contrôle qui leur sont appliquées avaient été simplifiées. La Commission européenne, sous la direction de M. Barroso, devrait se montrer plus courageuse. Les réfugiés, lorsqu’ils sont retenus et considérés comme tels, ont le droit sacro-saint de demeurer sur le territoire des États membres. Les procédures, à la fois rigoureuses et simplifiées, souples, doivent néanmoins se conclure dans des délais raisonnables. Dans le cas contraire, cela revient à cultiver des rêves qui ne pourront probablement jamais se réaliser, et qui s’accompagnent de coûts élevés pour les États membres. Pour conclure, si l’on parle aujourd’hui à juste titre d’un Printemps arabe, il convient néanmoins de surveiller les processus de développement, au moyen d’une orientation politique claire et bien définie, afin de faire concorder et de partager les valeurs et les 55 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille VITO BONSIGNORE, MdPE Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable de l’Union méditerranéenne, Euromed, Coordinateur de l’AP-UpM; Responsable de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale du PE Le Printemps arabe s’est étendu à d’autres pays de la région, mais il est encore difficile d’imaginer quel sera l’épilogue des transformations en cours. L´Europe est associée à cette saison de grands changements. Elle possède en effet une tradition de relations politiques, économiques et commerciales avec cette région et sa proximité en fait un protagoniste. Vito Bonsignore, MdPE, Vice-président du Groupe PPE au PE, responsable de l’Union méditerranéenne, Euromed, Coordinateur de l’AP-UpM; Responsable de la commission spéciale sur la crise financière, économique et sociale du PE D ès le mois de décembre 2010, la Méditerranée et le Moyen-Orient se sont engagés dans une saison de profonds changements, tant sur le plan politique qu’institutionnel. Dans tous ces pays, les mots tels que droits de l’homme, liberté et démocratie ont dominé l’ensemble des manifestations, donnant lieu à ce qu’on appelle communément le « Printemps arabe ». Le « Printemps arabe » a déjà conduit à des changements profonds et radicaux dans trois pays. L’Égypte, la Libye et la Tunisie suivent à présent péniblement le long chemin de la constitution d’États régis par des institutions fortes et démocratiques, où le citoyen est maître de son destin. L’Algérie, la Jordanie et le Maroc ont également entamé des processus de transformation en vue d’éliminer les derniers obstacles qui les séparent de systèmes institutionnels démocratiquement matures. 56 L´Europe est née après une période de dur labeur, grâce à la vision des pères fondateurs de l’Union européenne. Une vision qui s’est propagée également aux pays d’Europe centrale et de l’Est, qui sont aujourd’hui membres de cette Union. Les pays du sud de la Méditerranée et du Moyen-Orient ont connu, après l’époque coloniale, une période de relative stabilité, abstraction faite de certains pays et de certaines périodes historiques. Une longue stabilité, difficilement conquise, mais avec un coût humain élevé, une stabilité précaire où la limitation des libertés individuelles et du progrès social n’était plus acceptable. Nous aussi, nous avons choisi, par erreur, de soutenir des hommes forts, au lieu de soutenir des institutions fortes. Aujourd’hui, le Printemps arabe nous a rouvert les yeux. Ce qui semblait une époque immuable, en raison d’une suprématie supposée des raisons de la stabilité régionale sur l’homme et sa dignité, est révolu. Après le défi posé par la gestion de la fin de la guerre froide, qui a conduit à l’élargissement de l’Union européenne, l’Europe fait face aujourd’hui à un nouveau défi. Celui de se doter d’une politique extérieure unique pour la Méditerranée, qui remplace la politique gérée au niveau national. Mais y parviendrons-nous? Il y a plusieurs années, l’Europe a lancé, sans grand succès, une politique commune euro-méditerranéenne, qui n’a pas remplacé les politiques nationales, mais qui s’y est ajoutée. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Aujourd’hui, en particulier, les événements qui secouent la Méditerranée incitent au renforcement d’une politique extérieure européenne fondée sur une action politique extérieure cohérente, forte et influente. Une nouvelle politique européenne pour la Méditerranée ne sera cohérente, forte et influente que si elle est fondée sur une stratégie de promotion de ses valeurs et sur sa capacité à instaurer des institutions démocratiques afin de défendre l’état de droit et les droits de l’homme. Cette approche doit comprendre une révision approfondie de la politique européenne de voisinage ainsi qu’une revitalisation de l’Union pour la Méditerranée. Le parti et le Groupe PPE estiment que l’Union européenne doit redéfinir sa politique de voisinage à l’égard de la Méditerranée, en ciblant, parmi ses ambitions, l’aide et le soutien accordés à tous les pays qui souhaitent s’unir à la communauté internationale fondée sur des sociétés démocratiques, ouvertes et libres, et qui choisissent de mettre l’être humain au centre de leur dernière action, y compris en dialoguant avec les partis islamistes modérés. Le parti et le Groupe PPE considèrent que l’Europe a les moyens et la capacité d’apporter immédiatement son aide afin de soutenir et d’encourager l’espoir exprimé par les peuples lors des révoltes de la Méditerranée. L’Union européenne doit favoriser, dans les plus brefs délais, la relance des rencontres au sommet, tant au niveau des chefs d’État et de gouvernement qu’au niveau ministériel, et donner à la dimension démocratique des relations euro-méditerranéennes, représentée par l’assemblée de l’Union pour la Méditerranée, un rôle plus incisif dans les futurs choix communs. Le parti et le Groupe PPE sont d’avis qu’il faudra rapidement aboutir à une politique commune, efficace et incisive pour la gestion des flux migratoires, en tenant compte tant des exigences des pays de l’UE que des difficultés rencontrées dans la gestion des frontières des pays tiers. Sans politique migratoire commune, il sera très difficile d’élaborer, avec succès, une politique d’intégration. En ce qui concerne la relance de la coopération économique, le parti et le Groupe PPE estiment indispensable de créer des contextes favorables aux investissements et aux échanges commerciaux, d’une part, en aidant les pays de la Méditerranée à se doter rapidement d’institutions efficaces garantissant l’état de droit et, d’autre part, en créant des instruments financiers et des règlements qui favorisent le développement des entreprises. Nous devons reconnaître que les échanges commerciaux actuels basés essentiellement sur l’achat d’énergie en échange de produits manufacturés ne contribuent pas au développement socio-économique des nations du sud de la Méditerranée et constitue une forme de colonialisme. La réponse européenne au Printemps arabe ne peut pas être uniquement économique. S’agissant du processus de paix au Moyen-Orient, l’UE doit jouer un rôle plus fort, en soutenant avec conviction la solution de deux États indépendants et en contribuant à ce processus avec une nouvelle approche. Il est nécessaire de mener des négociations directes et urgentes entre les deux parties. Le parti et le Groupe PPE considèrent que le dialogue avec l’ensemble des nouvelles forces politiques issues des nouvelles élections ainsi qu’avec les mouvements populaires sera bénéfique pour une stratégie politique renouvelée. Le parti et le Groupe PPE ont investi pendant de nombreuses années afin de promouvoir un dialogue avec l’Islam et ils poursuivront sur cette voie, tout en renforçant leurs instruments d’action. De nouvelles forces apparaissant, nous devons adopter une nouvelle stratégie plus appropriée. La présence de forces politiques islamiques dans les assemblées renouvelées est certainement destinée à augmenter à l’avenir et, si le vote populaire le confirme, ces pays pourraient être dirigés par des gouvernements soutenus par des partis islamiques. L´Europe doit non seulement poursuivre le dialogue, mais également l’améliorer, afin d’avancer sur le chemin de la compréhension mutuelle, tout en respectant les particularités de chacun. Si le Printemps arabe donne lieu à une nouvelle ère fondée sur la démocratie et, par conséquent, sur l’épanouissement de l’individu, la promotion de ses droits, de ses devoirs et de ses libertés civiles et spirituelles, l’Europe devra être à l’avant-garde pour la promotion de ces valeurs, de sorte que de nouvelles relations euro-méditerranéennes prometteuses et fructueuses puissent se développer au profit de tous les peuples euro-méditerranéens. 57 THÈME III: LUTTE CONTRE LA VOLATILITÉ DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE - REDONNER DES VALEURS SAINES AUX MARCHÉS 58 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille DACIAN CIOLOŞ, Commissaire européen chargé de l’Agriculture et du Développement rural Un nouveau monde, de nouveaux défis pour l’agriculture P rogressivement, ces dernières décennies, le mot “régulation” avec ses excès – les montagnes de beurre et les torrents de lait – a été remplacé par le mot “volatilité” et les excès que nous connaissons aujourd’hui : la crise du lait, l’absence de transparence et la spéculation notamment. Le mot régulation était passé de mode et la Politique agricole commune était assaillie de toute part. Mais je sais que le Groupe PPE a toujours su discerner l’importance de la PAC tant comme pilier stratégique de la construction européenne que comme politique sectorielle ayant un impact bien au-delà des frontières du secteur agricole. D’ailleurs, ce soutien sans faille n’a pas faibli ces derniers mois. Je vous remercie pour les débats et les réflexions que nous avons pu avoir en amont de la présentation des propositions législatives de réforme de la PAC après 2013, notamment au moment du rapport sur la Communication de la Commission. Face au défi alimentaire, face au défi écologique, face au défi de la croissance et de l’emploi dans les zones rurales, nous devons trouver un nouvel équilibre pour la Politique agricole commune. Cet équilibre ne doit pas être un retour vers le passé. Il ne doit pas non plus être un statut quo qui serait source de crises de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes et ferait peser une menace économique, écologique et sociale sur notre agriculture. Ce nouvel équilibre passe par un véritable partenariat entre l’Europe et ses agriculteurs, par un partenariat régénéré, réadapté, repensé en fonction des attentes de notre génération, des réalités de notre monde et du besoin de renforcer la compétitivité de l’agriculture. C’est ce que la Commission européenne a proposé le 12 octobre dernier. Dacian Cioloş, Commissaire européen chargé de l’Agriculture et du Développement rural Ce nouveau partenariat passe d’abord par une gestion moderne des marchés. Je sais que je parle à côté d’un convaincu, Michel Dantin, qui est rapporteur du Parlement européen sur ce sujet véritablement central pour les prochaines années. Nous ne pouvons plus, comme par le passé, imposer des prix de “Bruxelles”, tout encadrer, tout légiférer. Il ne faut pas non plus se résoudre à l’impuissance, ce qui signifierait un affaiblissement progressif, mais certain, de notre agriculture, secteurs après secteurs. Je propose une nouvelle approche à trois niveaux. Un, des outils de gestion plus efficaces et plus réactifs. Cet été encore, la crise E-Coli a montré qu’il faut aller vite pour être efficace. Je propose une clause d’urgence généralisée. Deux, des instruments de gestion de la volatilité (fonds mutuels, assurances). Trois, une gestion partagée, non bureaucratique, entre pouvoirs publics et acteurs privés à travers un renforcement des organisations de producteurs et une place confortée pour les agriculteurs au sein de la chaine alimentaire. 59 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille Ces outils de gestion des crises vont s’ajouter aux soutiens directs des revenus des agriculteurs qui seront maintenus, mais mieux ciblés et plus efficaces. Ces aides aux revenues sont tout simplement indispensables pour préserver la capacité de nos agriculteurs à investir, moderniser leurs exploitations. Le revenu moyen agricole reste trop faible aujourd’hui encore. L’ensemble de ces outils va permettre de préserver la capacité de notre secteur agricole à produire et à être compétitif. Une politique comme la Politique agricole commune doit s’inscrire dans le long terme et proposer des perspectives, une compétitivité, non pas seulement pour demain, mais aussi pour après demain. Préserver la capacité à produire, cela signifie aussi maintenir la fertilité de nos ressources naturelles et développer une agriculture de la connaissance, capable d’optimiser l’utilisation des sols et de l’eau, de produire plus avec moins. Cela passe par plus de recherche et d’innovation – nous proposons un quasitriplement de l’effort de recherche agronomique au niveau européen, avec un accent spécifique sur la mise en œuvre de la recherche dans les exploitations. Nous allons également soutenir les pratiques agricoles durables. L’environnement a toujours été présenté aux agriculteurs comme une contrainte, des règlementations lourdes, figées et parfois déconnectées de la réalité du terrain. Cette fois, la Commission propose véritablement de mettre en valeur les efforts des agriculteurs avec une mesure simple. La Commission propose d’orienter 30% des aides directes vers des pratiques agricoles durables. C’est un instrument à la fois efficace et compréhensible, visible et concret pour l’ensemble des citoyens, structuré autour de trois pratiques agricoles simples et pertinentes pour l’ensemble du territoire européen. Enfin, nous devons garantir, avec cette grande politique publique qu’est la PAC, un développement équilibré de l’ensemble des territoires. La PAC est aussi un levier de croissance et d’emploi qui dépasse le strict cadre de l’agriculture. Nous ne pouvons pas accepter d’un côté une intensification à outrance 60 de la production et, de l’autre, la désertification de territoires entiers. L’équilibre, cela passe par un meilleur ciblage des aides directes, avec des soutiens renforcés pour les zones défavorisées. Cela passe également par des stratégies cohérentes et claires définies pour les programmes de développement ruraux nationaux. Ces stratégies permettront une mise en œuvre plus flexible et plus simple que par le passé de nos programmes de développement rural. La nouvelle gouvernance que je propose pour ces programmes permettra de moderniser le monde rural, avec des investissements dans les infrastructures publiques et privées, tout en stimulant un secteur agricole dynamique, innovant qui permet aux territoires ruraux de se projeter vers d’autres activités économiques. Pour conclure, je voudrais revenir quelques instants sur la question de la volatilité et des valeurs, dans une perspective plus large. La PAC est un outil. Mais, dans le contexte mondial actuel, elle ne peut pas tout. Nous devons avoir une stratégie cohérente de développement de l’agriculture mondiale avec une approche globale de notre politique agricole, de nos politiques commerciales et de notre politique de développement. Des avancées doivent être réalisées dans les enceintes internationales d’une part – je compte sur la FAO pour jouer un rôle plus important dans les prochaines années – et d’autre part nous devons continuer à travailler comme nous le faisons sous l’impulsion du commissaire Barnier, sur la question de l’encadrement des marchés pour qu’ils jouent leur rôle de soutien à l’économie réelle. Nous ne devons pas accepter que la spéculation, les excès, les phénomènes irrationnels menacent l’existence de pans entiers d’un secteur aussi stratégique que l’agriculture. Un travail sur la transparence a été engagé au G20 – il doit être poursuivi et amplifié. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille MICHEL DANTIN, MdPE Membre de la commission de l’agriculture et du développement rural du PE M esdames et Messieurs, Voilà plus de 50 ans, les dirigeants européens ont pris la décision historique d’abandonner leurs politiques agricoles nationales pour créer ensemble la politique agricole commune. L’objectif et la méthode étaient simples: assurer l’indépendance alimentaire de l’Europe en mutualisant nos moyens, pour moderniser notre agriculture et orienter les marchés. Le triptyque production / commercialisation / consommation est donc depuis l’origine au cœur de la PAC. En d’autres termes, la PAC a toujours été une politique alimentaire commune, autant qu’une politique agricole commune. Mais au fil du temps, l’Europe et le monde ont changé, les priorités ont évolué et les outils de politique publique se sont modifiés. Dans ce grand chambardement, sans doute avons nous perdu de vue l’objectif primordial de toute agriculture, et donc de toute politique agricole. Cet objectif n’est pas, en tant que tel, d’approvisionner un marché en matières premières. Cet objectif reste, et restera toujours avant tout, de nourrir les hommes. Or, ces dernières années nous ont rappelé avec une extrême dureté combien l’accomplissement de cette mission pouvait s’avérer aléatoire. Que les prix alimentaires s’envolent, et les consommateurs les plus humbles sont directement touchés, les poussant à des émeutes de la faim comme en 2007/2008 où la hausse des prix a fait passer le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde de 850 millions à un milliard. Ces faits ne peuvent qu’interroger notre sensibilité démocratechrétienne. Michel Dantin, MdPE Membre de la commission de l’agriculture et du développement rural du PE Que les prix agricoles s’effondrent, et les producteurs sont acculés à la faillite, à l’abandon définitif de leur activité, et parfois au suicide, comme en 2009/2010 avec la crise du secteur laitier en Europe. Certes, l’inélasticité de la demande alimentaire, la lourdeur des investissements productifs nécessaires à l’activité agricole, ou encore la prégnance du risque climatique engendrent depuis toujours une volatilité des marchés agricoles plus forte que dans n’importe quel autre secteur. Certes, la volatilité des prix fait partie intégrante de la vie normale de toute économie de marché libre et ouverte, et il serait illusoire, voire dangereux, de vouloir totalement l’éradiquer. Mais la volatilité extrême, celle qui rend les cours imprévisibles et erratiques, celle qui accouche de prix totalement déconnectés de la réalité de la production 61 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille et de la consommation, cette volatilité-là doit être combattue sans faiblesse. Le défi est de taille. Avec une expansion démographique mondiale galopante, une pression croissante sur les ressources naturelles nécessaires à la production agricole; avec des modifications climatiques profondes, une crise économique aux effets ravageurs, un développement accru d’usages non alimentaires des produits agricoles ou encore un fonctionnement des marchés financiers dont l’encadrement demeure difficile, l’exigence de maintenir à long terme, à un niveau relativement stable, des prix à la fois rémunérateurs pour les producteurs et abordables pour les consommateurs, semble relever de la gageure. D’autant que la volatilité des prix ne répond pas aux mêmes mécanismes, et n’a pas les mêmes conséquences selon les pays. Selon que l’on se penche sur le cas de pays développés aux économies matures, ou sur le cas des pays en développement, dont les systèmes agroalimentaires restent encore souvent à créer ou à renforcer. Ceci étant, même s’ils ne concernent qu’une part généralement faible de la production agricole, les marchés mondiaux sont aujourd’hui devenus l’étalon sur lequel l’ensemble des prix pratiqués sur les marchés nationaux ou locaux tendent à s’aligner. Dans un monde global et interconnecté, la transmission des prix et des crises fait que le premier niveau de réponse ne peut à mon sens qu’être international. Je me réjouis donc vivement qu’une véritable prise de conscience ait eu lieu sur ce sujet. Les travaux du G20 récemment conclus à Cannes l’ont montré: les Gouvernements des principales économies mondiales ont compris l’enjeu, et ils ont démontré une véritable volonté de s’attaquer à la question. Je souhaiterais donc ici faire miens les objectifs autour desquels ils se sont retrouvés: 1) augmenter la production et la productivité agricoles. Pour nourrir les 9 milliards d’êtres humains qui peupleront la planète en 2050 et éviter les tensions 62 structurelles sur les marchés, toujours propices à la volatilité et à la spéculation excessives, cet objectif relève de l’évidence. Il nécessitera pourtant des investissements publics et privés massifs dans le secteur agricole, que ce soit dans les pays en développement, mais également en Europe. Le secteur fondamental de la recherche agricole devra également être financé à la hauteur des enjeux qui sont désormais face à nous. 2) renforcer la transparence des marchés. Il s’agit ici de la question de la prévisibilité, qui doit devenir l’un de nos maitres-mots de notre réflexion en matière agricole. Savoir de quoi demain sera fait reste aujourd’hui une question lancinante pour les producteurs, y compris en Europe. Des informations exactes, transparentes et fournies en temps réel sur la production, les stocks et les transactions auraient notamment permis d’anticiper la crise de 2007/2008 et d’éviter, au moins en partie, les drames que nous avons connus alors. 3) approfondir la coopération politique internationale. C’est-à-dire mettre en œuvre un embryon de gouvernance internationale en matière agricole et alimentaire. Constituer des stocks stratégiques dans toutes les régions du monde, et agir conjointement sur leurs niveaux quand cela est nécessaire, comme le font par exemple parfois les banques centrales en cas de risque monétaire, est aujourd’hui indispensable. 4) créer des outils de gestion du risque. Ce risque est avant tout celui qui pèse sur les producteurs. Car, pardonnez-moi cette lapalissade, mais sans producteur agricole, pas de production agricole. Si l’on ne peut éviter toute volatilité ou toute crise, au moins nous faut-il nous prémunir au mieux de leurs conséquences dévastatrices, par exemple en développant les fonds assurantiels et les fonds de mutualisation. 5) réguler les marchés financiers. Il ne s’agit évidemment pas ici d’empêcher ou de contraindre des mouvements commerciaux nécessaires, et parfois indispensables en cas de crise d’approvisionnement régional, mais bien d’encadrer fermement l’activité spéculative venant se greffer sur des situations de Journées d’études du Groupe PPE à Marseille marché déjà extrêmement tendues, et n’ajoutant que l’instabilité à l’instabilité. Est-il admissible que certains mois, à la bourse de Chicago, le rapport entre volume échangé et volume produit soit supérieur pour le blé à celui qu’il est pour le pétrole, que d’aucuns trouvent déjà abusif? Sur le plan «intérieur», les propositions faites par la Commission européenne ces derniers mois vont dans la bonne direction, et ciblent efficacement les défis propres à notre continent, qu’il s’agisse des initiatives du Commissaire Barnier sur la transparence, la supervision et la régulation de tous les marchés financiers, ou bien entendu des propositions du Commissaire Ciolos sur la nouvelle politique agricole commune, notamment en matière d’organisation commune des marchés. Je me contenterai de citer ici pêle-mêle : • le maintien de filets de sécurité par voie d’intervention publique sur les marchés, Tous ces outils nous permettront, je le crois, d’avancer dans la lutte contre la volatilité excessive des prix et ses effets, et de progresser pour résoudre peu à peu cette quadrature du cercle qu’est aujourd’hui encore l’équilibre entre action internationale coordonnée et action domestique autonome ; entre agriculture administrée, incapable d’apporter des réponses viables aux attentes de nos concitoyens en matière alimentaire, et libéralisation aveugle, qui ne sera jamais en mesure de répondre aux multiples défis que nous impose le XXI° siècle naissant. Nous avons longtemps cru, tout au moins dans les pays développes, être à jamais libérés du spectre de la faim. Si celui-ci ne frappe pas encore à notre porte, prenons garde à ne pas le découvrir une fois qu’il sera sur le seuil. Prenons garde également à ne jamais nous accoutumer des famines qui frappent les autres parties du monde et à ne plus laisser se développer la faim, ce terreau fertile sur lequel se développent toutes les instabilités. • le développement des aides au stockage privé, Nous devons aujourd’hui nous saisir de tous les outils à notre disposition pour éviter l’évitable. Il en va de notre intérêt. Il en va de notre devoir. • les nouvelles conditions d’activation de ces Je vous remercie. outils prenant notamment en compte les charges d’exploitation et plus seulement les prix, • la réserve financière de gestion de crise, • les nouveaux crédits accordés à la recherche agricole, • la participation aux fonds de mutualisation et de systèmes assurantiels, • ou encore la capacité offerte aux producteurs de s’organiser collectivement pour peser plus dans la chaine d’approvisionnement alimentaire et ainsi protéger leurs revenus, et donc in fine leur capacité d’investissement. 63 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille FRANÇOIS BAROIN, Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de la République française Vous abordez aujourd’hui un thème très important, qui est la lutte contre la volatilité des prix et la transparence financière. Dans ce domaine, le G20 sous présidence française a agi et j’aimerais vous rappeler quelles sont nos principales réalisations. I. Mais avant d’aborder cette question, je souhaite évoquer la situation de la zone euro. François Baroin, Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de la République française M esdames et Messieurs les membres de gouvernements, Messieurs les Commissaires européens, Monsieur le Président du Parlement européen, cher Jerzy Buzek, Monsieur le Président du Parti Populaire Européen, cher Wilfried Martens, Monsieur le Président du Groupe PPE au Parlement européen, cher Joseph Daul, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Dans la période difficile que l’Europe et la zone euro traversent, c’est un vrai plaisir de voir les représentants de la droite européenne réunis sous la bannière du Parti Populaire Européen pour ces deux Journées d’études. Je salue le Président Jean-Claude Gaudin et le remercie de nous faire l’honneur de nous accueillir à Marseille. Je vois aussi dans cette assemblée de nombreux visages connus et tiens également à les saluer. 64 Comme vous le savez, nous sommes aujourd’hui à la veille de décisions essentielles pour l’avenir de la zone euro. Lundi dernier, le Président de la République et la Chancelière allemande ont présenté leurs propositions pour tracer les contours d’un accord européen ambitieux, à la hauteur des difficultés auxquelles nous devons faire face. Nous souhaitons que les 27 pays européens ou, à défaut, les 17 États membres de la zone euro, s’entendent au plus vite sur des mesures qui marquent à la fois le renforcement de la discipline commune et l’accroissement de la solidarité en Europe. • Nous voulons tout d’abord renforcer le volet préventif du pacte de stabilité et de croissance, en instaurant des sanctions automatiques en cas de déficit public excessif (c’est à dire supérieur à 3% du PIB). Seules des circonstances exceptionnelles, dépassant la responsabilité d’un Etat, devraient conduire à une dérogation à cette règle. • Afin d’ancrer l’équilibre budgétaire au cœur de nos finances publiques, nous proposons d’instaurer une règle d’or dans chaque État. La Cour de justice de l’Union européenne serait chargée de veiller à son uniformité entre les États membres. Les cours constitutionnelles nationales, pour leur part, vérifieraient la conformité des budgets nationaux à la règle d’or nationale. Je précise Journées d’études du Groupe PPE à Marseille que l’articulation entre la CJUE et le Conseil constitutionnel est pleinement respectueuse des compétences des parlements nationaux. • Nous souhaitons accélérer l’instauration du mécanisme européen de stabilité. Notre objectif est de le rendre opérationnel dès 2012. Nous proposons que les décisions concernant ce fonds soient prises à une majorité qualifiée de 85% - le même seuil qu’au FMI. • Enfin, en ce qui concerne l’implication du secteur privé, le mécanisme européen de stabilité devra être révisé, afin qu’il soit clair que la solution requise pour la Grèce était unique et exceptionnelle. Tous les autres membres de la zone euro réaffirmeront leur grande détermination à honorer leur signature souveraine. La zone euro se conformera à la pratique du FMI. Avec ces règles de discipline et de solidarité nouvelles, nous disposerons d’un cadre qui écartera durablement les risques qui pèsent sur les dettes souveraines des Etats. Désormais, il appartient à l’ensemble des États membres de prendre les meilleures décisions pour l’avenir de l’Union européenne et pour la préservation de notre monnaie commune. II. La crise de la zone euro ne doit pas nous faire perdre de vue les chantiers de plus long terme que vous abordez aujourd’hui, à savoir la réforme du fonctionnement des marchés financiers. Ces réformes participent de la réponse globale à la crise que la France formule avec ses partenaires, au niveau du G20 comme en Europe. Bien entendu, dans cette démarche, le Parlement européen est un partenaire essentiel des Gouvernements, qu’il agisse au nom du dialogue économique ou en tant que co-législateur. C’est la raison pour laquelle le ministre des finances allemand Wolfgang Schauble et moi-même nous sommes rendus à Bruxelles le 8 novembre dernier, pour faire état de l’avancement de nos travaux auprès de la commission ECON, qui est en charge de ces questions. Quelques semaines après la clôture du sommet de Cannes, je veux vous rappeler nos avancées en matière de régulation financière, et formuler plusieurs souhaits pour la poursuite de ces travaux au cours des prochaines années. 1) Le G20 de Cannes a prolongé les efforts déjà engagés pour opérer des réformes structurelles des marchés financiers. Depuis trois ans, c’est avant tout notre perspective qui a changé : nous avons tiré les leçons de la crise financière, et avons promu une nouvelle régulation. Ce n’est ni une régulation allégée, ni une « surrégulation », mais une régulation large, complète, qui traite de tous les produits, de tous les acteurs, dans toutes les juridictions. Depuis trois ans, des chantiers considérables ont été mis en œuvre. Ils modèlent déjà le nouveau paysage des marchés financiers. Le sommet de Cannes a été l’occasion de poursuivre certains chantiers et d’en inscrire de nouveaux à l’agenda. Trois exemples : - Avant la fin de l’année 2012, la régulation des marchés dérivés de gré à gré sera mise en œuvre dans l’ensemble des pays du G20. Les transactions sur ces marchés seront partout soumises aux mêmes règles de garanties financières. Ce cadre harmonisé permettra de limiter les risques et l’effet de levier associés à ces transactions. Les États-Unis achèveront la mise en place de leur cadre réglementaire au premier trimestre 2012. L’Europe devrait les suivre de près. Bien entendu, je veillerai à ce que les chambres de compensation offrant des services en euros soient correctement supervisées. - La lutte contre les paradis fiscaux. Nous avons identifié les juridictions non coopératives, et passé en revue les efforts entrepris – ou non – pour se mettre en conformité avec 65 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille les standards internationaux de transparence et d’échange d’informations. 11 juridictions ont ainsi clairement été identifiées comme présentant de sérieuses carences en matière fiscale. Il faudra y remédier dans les plus brefs délais. Par ailleurs, les États membres du G20 ont adhéré à la convention multilatérale sur l’assistance administrative mutuelle en matière fiscale. Cette nouvelle convention donne accès à un réseau d’échange d’information fiscale incluant les plus grandes économies. Elle permettra de créer un nouvel effet d’entraînement, notamment en direction des pays en développement. - Au cours du sommet de Cannes, nous avons mis en place un cadre de traitement des institutions financières systémiques. Ce cadre comprend trois volets : 1. des obligations de supervision renforcées ; 2. des obligations de résolution renforcées, avec l’obligation faite à chaque juridiction de se doter de régimes de résolution des crises bancaires ; 3. et enfin, des surcharges en capital pour les grandes banques systémiques à partir de 2016. En Europe, la négociation de la nouvelle directive « résolution » s’ouvrira en 2012. Je souhaite qu’elle aboutisse rapidement. Nous avons institutionnalisé un mécanisme international de revue des engagements du G20 dans les différentes juridictions. Le G20 édictait déjà la norme financière internationale : désormais, sa bonne application sera contrôlée. Le Conseil de Stabilité Financière sera investi de la mission fondamentale de contrôler le respect des engagements de chacun. Il mènera l’année prochaine une analyse approfondie des régimes nationaux sur les bonus. Nous prendrons connaissance de ses appréciations ainsi que de ses recommandations avec le plus grand intérêt. 66 2) La présidence française a également mis à l’agenda du G20 de nouveaux chantiers de régulation, qui devront être mis en œuvre en 2012 dans les différentes juridictions. Au-delà de la réalisation de nos engagements, Cannes a permis de faire émerger un ensemble de priorités nouvelles. Cela a profondément renouvelé l’agenda de la régulation financière. Sur plusieurs de ces chantiers, 2012 sera l’année de la mise en œuvre, en particulier en Europe. - Nous avons d’abord dessiné un nouveau cadre pour l’intégrité et l’efficacité des marchés financiers. Face à l’automatisation croissante des transactions sur les marchés d’actions, face à la fragmentation des marchés en une multitude de plates-formes opaques, le G20 n’est pas resté inactif. Nous avons adopté les premières recommandations portant sur les régulateurs de marché internationaux : obligations d’information renforcées à toutes les étapes des transactions, procédures de coupe-circuit, outils de détection renforcés des abus de marché. Les travaux en G20 devront se poursuivre afin d’approfondir ces propositions. En Europe, nous mettrons ces principes en œuvre à l’occasion de la révision de la directive MIF. Elle dessinera notamment un cadre de réglementation de la négociation automatique à haute fréquence. La révision de la directive « abus de marché » permettra aussi de punir sévèrement les manipulations qui peuvent être associées à ces techniques de négociation. - Nous avons adopté un cadre de régulation et de supervision des marchés dérivés de matières premières. Le Président Nicolas Sarkozy l’a rappelé : davantage de transparence et de régulation sont nécessaires sur ces marchés compte tenu de leurs implications sur l’économie réelle, mais aussi et surtout sur la vie de milliers d’hommes et de femmes À l’initiative de la France, la spécificité de ces marchés a donc été prise en compte – et c’était la première fois. En Europe, c’est à nouveau la directive MIF qui sera le véhicule de transposition de ces engagements. Journées d’études du Groupe PPE à Marseille 3) Avant de conclure, je voudrais dire un mot des travaux qui devront être poursuivis sous présidence mexicaine en 2012. - Nous avons d’ores et déjà débuté le chantier de la régulation du marché des dérivés de crédit - les Credit Default Swaps. Sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne, l’Europe a joué un rôle pionnier en la matière. Vous le savez, le règlement européen sur les ventes à découvert et les CDS souverains a fait l’objet d’un accord politique entre le Conseil et le Parlement européen. Il entrera en vigueur l’année prochaine. Dans l’enceinte du G20, nous avons lancé des travaux sur le fonctionnement de ce marché, à l’échelle internationale. Ce chantier devra aboutir d’ici le prochain sommet. - Notre travail d’identification des institutions systémiques doit lui aussi être poursuivi. Cannes a été l’occasion de la publication d’une liste de 29 banques systémiques d’importance mondiale. Pour autant, il n’y a pas que les établissements bancaires qui peuvent être considérés comme des acteurs systémiques. Nous avons donc complété ce travail en identifiant des acteurs non bancaires (comme par exemple les hedge funds) et des infrastructures de marché (comme les chambres de compensation) de taille systémique. Je souhaite que ce travail soit repris par la présidence mexicaine. - Autre chantier d’envergure pour la présidence mexicaine : l’initiative pour une meilleure transparence sur les marchés financiers. Le G20 a consacré le lancement d’un identifiant international unique des contreparties aux transactions financières. C’est un travail ambitieux, qui durera sans doute des années. Cannes a posé la première pierre de ce qui deviendra à terme un nouveau bien public mondial, parce que la transparence est au service des régulateurs et renforce la gouvernance internationale. Il appartient désormais au Conseil de Stabilité Financière de mettre en œuvre les travaux de manière coordonnée, dans toutes les juridictions. Le CSF devra également assurer l’accès équitable et réciproque des superviseurs aux données financières collectées dans les différentes juridictions. - Un dernier point, qui me tient particulièrement à cœur : nous avons lancé des travaux sur l’encadrement du système bancaire parallèle – ce que l’on appelle parfois « la finance de l’ombre ». Nous savons que l’accroissement de la régulation présente un risque. Ce risque, c’est de voir des activités financières migrer vers le trou noir de la finance non régulée. C’est la raison pour laquelle le Conseil de Stabilité Financière devra, en 2012, présenter des propositions concrètes de réglementation. Elles porteront en particulier sur la régulation des fonds monétaires, sur la régulation de la titrisation et sur l’encadrement de certaines pratiques de financement qui ont participé à la crise de 2007. Je souhaite que l’Union européenne se saisisse d’un tel sujet, et j’attends des propositions de la Commission européenne sur cet enjeu dans l’année qui vient Mesdames et Messieurs, Pour assurer en Europe la mise en œuvre des différents chantiers que je viens d’évoquer, l’Autorité européenne des marchés financiers jouera un rôle crucial. Je veux vous dire que la France soutiendra toujours le renforcement des prérogatives du nouveau gendarme boursier européen. Sur toutes ces questions, l’Europe doit être exemplaire. 2012 est à cet égard une année cruciale : c’est l’année où le règlement européen pour les infrastructures de marché (EMIR), la directive CRD 4 et la révision de la directive MIF doivent aboutir. Ce sont nos priorités. Mais exemplarité ne veut pas dire naïveté : l’Union européenne ne doit pas être seule à engager ces réformes. Nous veillerons donc à ce que le Conseil de Stabilité Financière tienne son rôle de garant de l’intégrité des engagements du G20, et ce dans toutes les juridictions. Nos efforts pour écarter durablement les perspectives d’une nouvelle crise seront fructueux, et je ne doute pas que le Conseil européen de demain marquera une nouvelle étape dans la résolution de nos difficultés. Je vous remercie. 67 CONCLUSIONS JOURNÉES D’ÉTUDES DU GROUPE PPE À MARSEILLE 68 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille DÉFENDRE NOS CITOYENS, NOS ÉCONOMIES ET NOS VALEURS : LA RÉPONSE C’EST PLUS D’EUROPE L’UE ET L’ÉVEIL DÉMOCRATIQUE EN MÉDITERRANÉE : ACCOMPAGNER LE PRINTEMPS ARABE EN ACCROISSANT L’AIDE AUX JEUNES DEMOCRATIES EN GESTATION Depuis décembre 2010, le Sud de la Méditerranée et le Moyen-Orient ont commencé une période de profonde transformation, aussi bien sur le plan politique qu’institutionnel, créant ce que l’on appelle communément le «Printemps arabe». L’Europe est définitivement impliquée de par sa proximité dans cette période de changements structurels, en tant que partenaire politique, économique et commercial. Le Printemps arabe de 2011 a ouvert une nouvelle ère. Les événements en Méditerranée peuvent encourager maintenant le renforcement d’une nouvelle politique étrangère de l’Union européenne, basée sur une action plus cohérente, puissante et influente. Une nouvelle politique méditerranéenne de l’UE peut réussir si elle est basée sur une stratégie visant à promouvoir ses valeurs démocratiques et sa capacité à construire des institutions démocratiques à même de garantir l’État de droit et la protection des droits de l’Homme. Cette nouvelle approche doit inclure une profonde révision de la politique de voisinage et revitaliser l’Union pour la Méditerranée. Le Groupe PPE croit que l’UE devrait rétablir sa politique de voisinage envers la Méditerranée, en se concentrant sur l’aide concrète afin de promouvoir la démocratie et les droits fondamentaux. Il est aussi essentiel d’encourager la croissance et la création d’emplois par l’investissement dans les infrastructures, l’éducation et la formation, et d’appliquer le principe de différentiation. Le Groupe PPE croit que l’Europe a le potentiel et les instruments capables de fournir immédiatement son soutien afin d’encourager l’espoir des peuples engagés dans la révolution méditerranéenne, particulièrement envers les jeunes. En ce qui concerne l’immigration, le Groupe PPE soutient avec force la création d’une politique européenne commune d’immigration. Il est aussi important de mettre en avant la dimension européenne de la politique d’intégration et de souligner le besoin d’engagement dans la lutte contre l’immigration illégale. L’immigration légale, qui est considérée à court terme comme une solution contre les questions démographiques et économiques des États Membres, appelle une coordination étroite entre les pays européens et les pays d’origine, à travers des accords de partenariats. D’un autre côté, le Groupe PPE doit prendre en compte le fait que des millions de jeunes européens sont sans travail. De plus, le Groupe PPE souligne que l’immigration légale est une responsabilité nationale. Le Groupe PPE soutient pleinement les facilitations de visa pour des objectifs précis et certaines catégories de personnes. En ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient, l’UE devrait jouer un rôle politique plus important que celui qu’elle a dans le Quartet, soutenir pleinement la solution de deux États et aider le processus par une approche innovante. L’Europe et ses familles politiques doivent continuer de travailler ensemble avec tous les nouveaux partis représentés dans les nouvelles assemblées parlementaires. Le Groupe PPE a investi depuis plusieurs années dans la promotion du dialogue avec l’Islam et continuera en développant ses moyens, afin de poursuivre la compréhension mutuelle et, en même temps, s’attaquer à l’augmentation potentielle des extrémismes. Si le Printemps arabe est à l’origine d’une nouvelle ère basée sur la démocratie et, conséquemment, sur la promotion de la personne humaine, ses droits, devoirs et libertés civiles et spirituelles, le Groupe PPE applaudit le courage montré par les peuples et la société civile des pays concernés par ces bouleversements. De plus, le Groupe PPE doit être aux avant-postes de la promotion de ces valeurs, de sorte que de nouvelles, prometteuses et fructueuses relations euro-méditerranéennes puissent être vraiment établies pour les populations des deux bords de la Méditerranée. P. Licandro, J. Salafranca, V. Venezia 69 Journées d’études du Groupe PPE à Marseille LUTTE CONTRE LA VOLATILITÉ DES PRIX DES MATIÈRES PREMIÈRES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE - REDONNER DES VALEURS SAINES AUX MARCHÉS La question de la volatilité des prix, notamment des matières premières, est une question stratégique, car elle est une cause d’instabilité partout dans le monde. Elle relève entre autre de la capacité de production industrielle et agricole. Le Groupe PPE doit prendre la tête de ce combat qui peut également être une réponse à la crise financière et à la période d’instabilité actuelles. Il faut s’attaquer aux causes de l’instabilité des prix. Ainsi, en matière agricole, l’offre n’est pas suffisante pour la demande. La demande des pays émergents devient de plus en plus importante et la production doit doubler d’ici 2050 pour nourrir la population mondiale. De même sur les marchés financiers les contrats de gré à gré ont été multipliés par 14 au cours de la période 2002-2008. La menace posée par l’extrême volatilité des prix des matières premières agricoles nécessite d’être contrée urgemment pour garantir la sécurité alimentaire mondiale et celle de l’Union européenne. Les membres du Groupe PPE et les Commissaires PPE sont d’accord sur la nécessité de combattre les abus des marchés financiers, d’accroître la transparence des prix, d’améliorer le fonctionnement de la chaine d’approvisionnement alimentaire afin que les producteurs reçoivent un prix équitable pour leurs produits et qu’ils bénéficient des avantages de l’imminente réforme de la PAC, de stimuler l’agriculture et d’améliorer la productivité européenne. Le Groupe PPE accueille favorablement les récentes conclusions du G20 sur la volatilité des prix des matières premières, et se félicite notamment de l’adoption d’un plan d’action sur la volatilité des prix alimentaires et sur l’agriculture. Le Groupe PPE est convaincu qu’il faut lutter énergiquement contre la spéculation. Lorsque le volume du commerce mondial d’un produit de base atteint trente fois sa production, les conséquences sont insupportables et peuvent porter atteinte aux conditions de vie de millions de personnes. Le Groupe PPE est convaincu qu’il faut donner aux autorités européennes, telles que l’ESMA (European Securities and Markets Authority), les moyens réglementaires et les ressources nécessaires pour interdire certaines pratiques et certains produits. Le Groupe PPE considère que la directive MIFID (directive sur les Marchés d’instruments financiers), actuellement en cours de discussion au Parlement européen, doit permettre de trouver des solutions à cette problématique. Le Groupe PPE est conscient qu’il n’est pas facile de définir ce qui constitue la spéculation et que seuls les acteurs du marché peuvent connaitre l’objectif final de la transaction. De même les produits dérivés sont parfois le seul moyen de couvrir certains risques. Le Groupe PPE considère que la proposition de la Commission européenne sur la MIFID, et dont le rapporteur au Parlement européen est M. Ferber, est équilibrée. Le Groupe PPE est notamment favorable à ce que les traders soient obligés de déclarer leurs position pour pouvoir connaitre à tout moment les situations des marchés et prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la volatilité des marchés. Le Groupe PPE soutient les négociations en trilogue sur le Règlement EMIR (European Market Infrastructure Regulation) dont le rapporteur pour le Parlement européen, M. Langen, représente l’une des meilleures garanties pour obtenir un résultat qui augmentera la transparence des marchés. Le Groupe PPE soutient avec force l’économie sociale de marché qui est au cœur de ses valeurs. Le Groupe PPE est convaincu qu’il faut replacer au centre des politiques européennes le caractère humain des relations économiques et sociales. Dans la mise en œuvre des réformes nécessaires, le Groupe PPE appelle au respect de la méthode communautaire afin que soit garanti le contrôle démocratique, tant au niveau national qu’européen, des décisions et afin de redonner confiance aux citoyens européens. A. Bastiaansen, K. Wynands, B. Thollon 70 Dernières publications parues en 2011 - 2012 Cellule Publications - Service de Presse et Communications Groupe PPE au Parlement européen Affaires juridiques & intérieures Priorités 2011 du Groupe PPE Février 2011 Budget & Politiques structurelles Priorités 2011 du Groupe PPE Février 2011 Economie & environnement Priorités 2011 du Groupe PPE Février 2011 Affaires étrangères Priorités 2011 du Groupe PPE Février 2011 Réunion du Bureau du Groupe PPE -Mars 2011Zagreb Avril 2011 FR EN DE NL FR EN DE NL FR EN DE NL FR EN DE NL FR EN DE Journées d’études du Groupe PPE à Palerme Mai 2011 Février 2011 Audition du Groupe PPE “Building European Energy Diplomacy” Novembre 2011 Réunion du Bureau du Groupe PPE -Septembre 2011Wroclaw (Pologne) Novembre 2011 Réunion du Bureau du Groupe PPE Octobre 2011- Sofia (Bulgarie) Décembre 2011 Audition du Groupe PPE “Internet Today and Tomorrow” Février 2012 FR EN DE IT EN FR EN DE PL FR EN DE BG EN Séries Watching Brief EIN Food for thought EPP Group Top Events FR EN DE EN FR EN DE 71 Unité Stratégie Politique Publication du : Cellule Publications Service de Presse et Communications Groupe du Parti Populaire européen (Démocrates Chrétiens) au Parlement européen Èditeur : Robert Fitzhenry Parution : Mars 2012 Publié en: DE, EN, FR Responsable : Christine Detourbet Responsable de l’Unité Stratégie Politique Adresse: Parlement européen 60, rue Wiertz B - 1047 Bruxelles Belgique Internet: http://www.eppgroup.eu E-mail: [email protected] Copyright: Groupe PPE au Parlement européen