Ta-IseT ou le mystère de la momie - Rueil
Transcription
Ta-IseT ou le mystère de la momie - Rueil
patrimoine Ta-Iset ou le mystère de la momie Découverte en 2000 dans des circonstances insolites, Ta-Iset, que les médias (1) ont surnommée « la momie de Rueil », réclame aujourd’hui une large mobilisation pour assurer sa conservation. Retour sur le destin rocambolesque du trésor archéologique de notre ville. Yaël Simon A près avoir traversé plus de deux millénaires, résistant vaillamment aux déprédations du temps, Ta-Iset allait connaître une fin sans gloire dans la désolante indifférence d’un centre d’incinération des déchets. C’était sans compter sur la présence d’esprit des agents municipaux de la voirie, chargés de la collecte des encombrants en ce jour de juin 2000... Sauvée des flammes Une Rueilloise, demeurée anonyme, se présente alors place de la caserne Guynemer pour y mettre au rebut les détritus entreposés dans la cave d’une maison dont elle vient de faire l’acquisition. Parmi ce monceau de vieilleries figure un objet atypique, dont elle ne sait trop de quel bac de tri sélectif il relève. Intrigués par cet étrange dépôt, les agents de la Ville ont l’excellent réflexe d’alerter la police municipale, qui vient constater les faits, et d’informer le musée d’histoire locale de leur sensationnelle trouvaille : un cercueil en bois contenant la momie d’un enfant. Rueil Infos 314 / février 2014 Sous l’œil des spécialistes 20 Responsable du musée, Liliane Kalenitchenko prend en charge ce « dossier » inédit à la demande du maire. Forte de son entregent, elle parvient, « avec peu de moyens, mais beaucoup d’investissement personnel », à dissiper une part de l’énigme. « Nous avons fait appel à l’expertise de la grande égyptologue Christiane Desroches-Noblecourt, qui donnait des conférences au théâtre André-Malraux, se souvientelle. Celle-ci a confirmé l’authenticité de la momie et nous a recommandé de la faire radiographier, opération qui a été effectuée... dans un cabinet vétérinaire ! » Par la suite, la dépouille a été soumise à un scanner à l’hôpital Bégin de Saint-Mandé, dont les clichés ont été analysés par les docteurs Jouan, radiologue, et Pajoni, stomatologue. Premières conclusions © C.S. L’imagerie médicale dévoile un squelette complet (à l’exception notable des rotules) de 92,5 cm en bon état, sans traces de traumatisme autres que celles qui ont trait aux opérations de momification. L’examen de la dentition permet de déterminer l’âge de l’enfant, 5 ans environ. Pour sa part, la traduction des inscriptions hiéroglyphiques du cartonnage révèle son nom, Ta-Iset (« celle d’Isis ») et, partant, son sexe féminin. Les égyptologues qui se sont penchés sur ses restes – dont, récemment, Hélène Guichard, conservatrice en chef des antiquités égyptiennes du Louvre, et Maire-Noëlle Bellessort, étudiante en égyptologie au Louvre – ont daté sa mort de l’époque ptolémaïque ou du début de l’époque romaine, soit entre le IIIe siècle avant l’ère commune et le Ier siècle. « Bien qu’un soin attentif ait été apporté à l’embaumement du corps, la qualité du lin utilisé et la relative sobriété du cercueil en bois blond, remontant à la XVIIIe dynastie, laissent penser que Ta-Iset était issue de la classe moyenne », complète Marie-Aude Picaud, directrice du musée d’histoire locale. Des questions sans réponses Son aventure n’a pas manqué de piquer la curiosité des amateurs d’histoire. De nombreuses spéculations ont ainsi été émises quant à la manière dont elle avait échoué au fond d’une cave rueilloise, à commencer par l’hypothèse selon laquelle elle aurait été rapportée d’Égypte dans les bagages du général Noël Varin-Bey, officier des armées napoléoniennes ayant résidé à Rueil. Toutefois, aucune preuve historique n’étaie cette supposition. « Un anneau en métal a été scellé dans le cercueil, précise Liliane Kalenitchenko. Il est donc très probable que la momie ait été employée comme ornement de quelque salon bourgeois de la fin du XIXe siècle, période où il était de bon ton d’exposer chez soi des antiquités égyptiennes. » Nul doute que Ta-Iset n’a pas encore livré tous ses secrets... Objectif restauration Pour en savoir plus sur son cas, en particulier sur son origine géographique, il faudrait pousser plus avant l’étude des matériaux dont elle est composée. Un patrimoine vœu qui pourrait être exaucé dans le cadre de sa restauration, chaudement préconisée par les experts. « Même s’ils ont été conservés dans les meilleures conditions climatiques dans les réserves du musée, la momie et son cercueil se détériorent rapidement, ce qui nous empêche de les exposer de façon permanente (2) et compromet leur préservation à long terme, signale Marie-Aude Picaud. Les bandelettes de lin tendent à se désolidariser du corps, le cartonnage se craquelle, les pigments s’altèrent, et le bois du cercueil se fissure. » Œuvre de longue haleine, requérant des centaines d’heures de travail minutieux, la restauration, opérée par le C2RMF (lire encadré), est évaluée à 15 000 €. Conscients de la valeur inestimable de Ta-Iset, désormais propriété de la Ville, le conseil municipal et la Drac (direction régionale des Affaires culturelles) ont respectivement alloué 5000 € et 4000 € à ce projet. « Afin de récolter les 6000 € restants, une souscription a été ouverte auprès de la Fondation du patrimoine, à laquelle nous invitons le grand public à participer (lire encadré), indique Marie-Aude Picaud. Nous sommes persuadés que le sort miraculeux de cette enfant, qui vécut à la croisée de trois des plus grandes civilisations de l’Antiquité (3), saura émouvoir nos concitoyens. » Grâce à votre générosité, Ta-Iset pourra bientôt entamer une seconde vie à Rueil, sous les regards admiratifs de milliers de visiteurs ! (1) La momie a fait l’objet d’une importante couverture médiatique : Le Parisien, Le Journal du dimanche, Le Figaro, France Télévisions, la télévision publique espagnole, etc. (2) La momie n’a jusqu’ici été exposée qu’à de très rares et éphémères occasions, après sa découverte, en 2002, et lors du premier Jubilé impérial en 2012. (3) Égyptienne, grecque et romaine. Le couvercle du cercueil en bois blond de forme géométrique présente des parties en relief au niveau du visage et de la perruque. © C.S. © C.S. La momie de Ta-Iset nécessite une restauration urgente. Soutenez la momie de Rueil ! Orchestrée par le C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France), situé à Versailles, la restauration de Ta-Iset comprendra deux phases : > Celle de la momie proprement dite : bandelettes, pièces de cartonnage, pigments, inscriptions et iconographie funéraires > Celle du cercueil : nettoyage du bois et colmatage des fissures. PARTICULIERS, ENTREPRISES grâce à vos dons, la momie Ta-Iset et son cercueil pourront être restaurés. Ainsi, ils seront transmis aux générations futures. Chacun peut apporter sa contribution et devenir acteur de cette sauvegarde, tout en bénéficiant d’une réduction d’impôt.* Apportez votre soutien pour sauver ce patrimoine historique ! Un don = un reçu fiscal Informations sur le projet : Adressez votre don à : Musée d’histoire locale de Rueil-Malmaison Fondation du patrimoine, délégation régionale d’Île-de-France Marie-Aude Picaud, directrice du musée 8 passage du Moulinet, 75013 Paris - Tél. : 01 40 79 93 50 Place du 11-Novembre, 92500 Rueil-Malmaison Merci de libeller votre chèque à l’ordre de : « Fondation du patrimoine - Momie de Rueil-Malmaison ». Le reçu fiscal sera établi exclusivement au nom et adresse indiqués sur le chèque. Don en ligne sécurisé sur : www.fondation-patrimoine.org/14595 Tél. : 01 47 32 66 50 E-mail : [email protected] * Pour connaître les conditions et détails de ces avantages fiscaux, contactez la Fondation du patrimoine. Société historique de Rueil-Malmaison Christian Latou, président de l’association Place du 11-Novembre, 92500 Rueil-Malmaison Tél. : 01 47 32 58 37 E-mail : [email protected] Flashez ce code à l’aide de votre smartphone et faites vos dons directement sur notre site Internet sécurisé Rueil Infos 314 / février 2014 Comment participer ? 21