ASIA n°2
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ASIA n°2
ASIA TOKYO JAKARTA HONG-KONG N°2 Hõ CHI MINH ville SINGAPOUR Bangkok Décembre 2006 - Journal collégien et lycéen d’établissements français de la zone Asie-Pacifique / AEFE - Éditorial Petite histoire des Transports au japon Et de deux ! Après la sortie du premier numéro d’ASIA en mai 2006, voici un nouveau numéro du seul journal collégien et lycéen francophone paraissant en Asie. Aux rédactions des lycées participant à l’édition de cette publication commune (Tokyo, Jakarta, HongKong, Hô Chi Minh Ville et Singapour), se sont joints des élèves du Lycée de Bangkok. Bienvenue à ces nouveaux journalistes qui ont été confrontés à une actualité très riche dans leur pays, comme vous pourrez le lire dans nos pages intérieures. ASIA remercie ses nombreux lecteurs pour les encouragements, les remarques ou les critiques reçus. Un grand merci aussi à l’Agence pour l’enseignement français à l’Etranger (AEFE) qui, en soutien à notre initiative de presse scolaire, a accordé à ASIA une subvention pour accompagner son développement. Notre journal couvre déjà six pays asiatiques et représente un tiers des établissements français d’Asie. Comme annoncé dans le premier numéro, nous essaierons d’élargir notre audience à d’autres lycéens et collégiens de la zone mais aussi à ceux d’Océanie pour les futures parutions. Bonne lecture ! Un des premiers tramways à Tokyo en 1882 Situé à une station de métro du Lycée franco-japonais de Tokyo, le musée des Transports d’Akihabara a fermé ses portes au printemps dernier. Ce Musée, créé avant-guerre, a longtemps présenté au public des exemplaires authentiques ou des modèles réduits de tous les moyens de transport ayant circulé au Japon : locomotives, bateaux, automobiles, avions … Avant la dispersion des collections du Musée entre plusieurs musées thématiques, une équipe d’élèves japonais et franco-japonais a réalisé cet ultime reportage. Les trois moyens de transport qui ont été privilégiés ici - le train, l’automobile et l’avion - sont ceux qui correspondent à l’introduction de technologies occidentales dans le Japon de la fin du XIXème siècle et à leur développement au XXème siècle. ASIA est une publication commune aux collégiens et lycéens des Etablissements scolaires français d’Asie - Pacifique. Pour contacter le journal ASIA : [email protected] Rédaction du Lycée franco-japonais de Tokyo (Japon) : E.Mikura, C.Felus, L.Sumino, R.Ito, K.Fonck, T.Ikeda, (journalistes). J.-P.Crimpet, J.-Y. Pranchère, M.Séguéla (conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Jakarta (Indonésie) : P. et J.Le Bret, Y.Penduff, J.B.Ricarrere (journalistes). P.Rigaux, A.Faye (Conseillers de la rédaction). Rédaction de l’Ecole Colette d’Hô Chi Minh (Viêt-Nam) : A.Chu Quang Thy, R.Letellier, E.Verstrate, B.de Montalembert, R.Michaudel, Do Duc Hoang, Ju Young Baek, L.Methais (Journalistes). F.Drémeaux (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée Victor Segalen de Hong-Kong (Chine) : S.Poirot, G.Labarre (Journalistes). F.Lefèvre (Conseiller de la rédaction). Rédaction du Lycée français de Singapour : A.Lê, N.Renevey, C.de Zulueta, H.Monsaingeon, M.Delvallée (Journalistes). M.Beaudet, D.Weiler, M.Pilon, M.Lajou (Conseillers de la rédaction). Rédaction du Lycée français international de Bangkok : E.Arnaud, C.Zuckmeyer, T.Bremard, M.Subbachi, L.Heras-Gomez, C.Vavasseur, A.Ky, L.Lasquier, P.F.Martin, G.Lubeigt, G.Jeandenand, M.Bonnaud, C.Del Corso, M.Gaudin, F.Roisné, A.Lahalle, A.Auber, S.Brenny, E.Lassus, S.Nosten, M.Tendil, C.Pellequer (Journalistes). P.Courtine, S.Flament (Conseillers de la rédaction). Maquettistes du journal : P.Perez, M.Séguéla. Directeur de la publication : M.Séguéla Train, tramway et métro au Japon Les premières locomotives, symboles de la Révolution industrielle et donc d’un âge révolu, ne subsistent aujourd’hui que dans les musées. Pour nous, il ne s’agit là que d’une invention parmi tant d’autres de l’âge industriel, en Europe puis au Japon. Cependant, pour les contemporains de l’époque, ce fut une invention qui les bouleversa. Pour rappel, la locomotive ou machine à vapeur a été inventée par James Watt en 1765 au Royaume-Uni, pays où a débuté la Révolution industrielle. L’arrivée du train au Japon est très tardive étant donnée sa politique d’isolement national jusqu’en 1868. Son retard par rapport aux mutations industrielles occidentales est grand. Le premier train que voient les Japonais est juste une maquette mais cela suffit à les impressionner. Elle leur a été montrée en 1853 par l’amiral russe Puchachin, venu pour signer un traité avec le Japon. Deux ans après, les Japonais réussissent à faire Critiques, observations, conseils … ASIA attend vos réactions et propositions d’articles à cette adresse : [email protected] -1- N°2 TOKYO eux-aussi une maquette. En 1872, soit 47 ans après le RoyaumeUni, le Japon construit un chemin de fer reliant Tokyo (gare de Shinbashi) à Yokohama (le premier port). Les locomotives parcourant ces rails ne sont pas fabriquées au Japon - par manque de matières premières et de maîtrise technologique - mais sont importées des Etats-Unis ou du Royaume-Uni. Après cette première ligne de chemin de fer, d’autres seront créées comme celle reliant Osaka à Kobe. Les Japonais parviennent à construire leur première locomotive, en 1893, à Kobe. Cette locomotive ressemble beaucoup à celles des Occidentaux mais certaines parties sont spécifiques au Japon, ce qui influencera les locomotives japonaises construites par la suite. Décembre 2006 liaison Japon-Europe. Le 30 décembre 1927, le premier métro est ouvert entre Ueno et Asakusa (ligne de Ginza actuellement). Cela fait sensation et beaucoup de gens accourent. Au point qu’il fallait attendre une heure pour prendre le métro en patientant dans une queue de plus de 800 mètres en dehors de l’entrée. Affiche de la première ligne de métro à Tokyo Bien qu’arrivé tardivement, le train s’est donc rapidement développé dans l’Archipel, permettant au Japon de rattraper son retard et d’arriver au même niveau que l’Europe et les EtatsUnis en moins d’un demi-siècle. Le Japon est un des pays qui utilise le plus le train comme mode de transport. Si, pour les gens de l’époque Meiji, la locomotive a d’abord représenté un symbole de la puissance européenne et américaine, le transport ferroviaire est devenu pour les Japonais d’aujourd’hui, un symbole de fierté, à l’image du Shinkansen (le « TGV » nippon) qui égale - voire surpasse - les autres trains rapides des pays développés. Première locomotive ayant relié Tokyo à Yokohama Dans les avenues de Tokyo, les premiers tramways, d’abord tirés par des chevaux, (voir notre illustration en première page) étaient de marque française et importés; ils ont ensuite été fabriqués localement et électrifiés. Tsukassa Lévy, Toru Ikeda (Tle S -OIB) Le 8 avril 1900 (l’an 33 de l’ère Meiji), le premier Shindaisha (train avec des dortoirs) est apparu au Japon. C’est la société de chemin de fer Sanyô qui l’a conçu, en prenant comme modèle; les wagons-lits américains et anglais. Au début, les chambres n’étaient pas séparées mais à partir d’octobre 1903, un Shindaisha avec des compartiments séparés est créé, ressemblant de plus en plus aux trains européens. En 1904, à Osaka, le premier train ayant deux étages fait son apparition au Japon. Puis, le 24 août 1904, une partie de la ligne centrale de Tokyo est utilisée simultanément par un train à vapeur et un train électrique. Cela permet aux trains des banlieues de parcourir de plus longues distances à une vitesse plus élevée. L’Automobile : la naissance d’un Géant Le Japon qui s’ouvre enfin, avec l’ère Meiji, voit l’importation de sa première voiture en 1898. Ce moment marque le début de l’expansion automobile dans l’Archipel. Un siècle après, le Japon est en passe de devenir le premier pays producteur d’automobiles au monde. La première automobile importée a été un modèle britannique. Neuf ans après, la première voiture japonaise est produite: la Takurie-gou. Le principe de fonctionnement du moteur de ce modèle est le même que le moteur Benz, c’est-à-dire un moteur à explosion à quatre temps. Mais la production est limitée. Car si, aux Etats-Unis, la production à la chaîne s’est généralisée avec la fameuse Ford T. d’Henry Ford, ce système de fabrication n’a été utilisé au Japon qu’à partir des années 1960. Jusque là, l’automobile est un objet de luxe, quasi-impossible à obtenir pour un simple Japonais. Cependant, même si l’automobile a longtemps été un objet de rêve, le peuple y avait accès grâce aux transports en commun, avec notamment le bus, qui a commencé à circuler à Kyoto (1903). Pendant les guerres contre la Chine (1894-1895) et la Russie (1904-1905), le train est mis au service de l’armée. Avant ces conflits, il y avait 17 sociétés privées de chemin de fer mais l’Etat prit la décision de les nationaliser pour faciliter le transport de soldats et de vivres. Auparavant, 70% des entreprises ferroviaires étaient privées (après la guerre contre la Russie, il n’en subsiste que 10%). Vers 1910, les entreprises privées qui subsistent commencent à construire des parcs d’attraction aux alentours des gares. Deux ans plus tard, le premier train rapide (Kyukô) roule entre Shinbashi et Shimonoseki. C’est un train spécial pour les voyageurs aisés. Shimonoseki était une gare de correspondance avec les bateaux qui venaient de Corée, de Mandchourie et de Sibérie, dont la cargaison arrivait d’Europe par l’intermédiaire du Transsibérien (ouvert en 1902). Cela permettait donc une L’automobile a ainsi, petit à petit, pu s’introduire dans l’Archipel. Ceci a été rendu possible grâce à une envie très importante du côté japonais de vouloir rattraper le retard qui avait été pris lors du régime d’Edo (1603-1867). -2- TOKYO N°2 Décembre 2006 en compte, on vise à une meilleure protection de l’environnement. Pour améliorer les solutions à ce problème environnemental, renforcées aujourd’hui par des lois (pour ce qui est du Japon), le Japonais achète sa voiture avec beaucoup d’attention et avec une obligation : prouver que l’on possède une place de parking. Sinon, interdiction d’avoir un véhicule. Les applications militaires de l’automobile au Japon se sont principalement limitées aux chars d’assaut. A partir de l’ère Meiji, le Japon, se sentant beaucoup plus développé et puissant, cherche à rattraper son retard par rapport aux pays occidentaux économiquement, politiquement, industriellement, et militairement. Dès lors, le Japon connaît un renforcement de son potentiel militaire s’accompagnant par de nombreuses victoires lors de la guerre contre la Chine en 1895 ou encore celle contre la Russie en 1905. C’est ainsi qu’il étend peu à peu son emprise sur une grande partie de l’Extrême-Orient notamment avec la mise en place d’un Empire basé sur un régime totalitaire et militariste. Malgré ce développement militaire important, l’armée nipponne n’attachera que peu d’importance à l’emploi du char. Ce n’est qu’après la première guerre mondiale que le premier char est importé au Japon : c’est un “Renault Ft 17” de France. On se limite à l’importation au début car moins coûteuse que la fabrication locale : c’est un moyen d’obtenir rapidement une quantité voulue. Omnibus de Kyoto (1903) Les applications militaires et civiles Comme évoqué ci-dessus, c’est avec la mise en place du système de bus que les Japonais commencent à intégrer l’automobile dans leur culture. A Tokyo, ce n’est en fait qu’à partir de 1919 que les bus circulent. A l’époque, le coût de transport est encore cher. C’est la nationalisation, en 1924, des compagnies de bus qui permet la démocratisation de ce mode de transport. Depuis, le bus est le moyen de transport commun le plus utilisé après le métro et le train (très développés au Japon). Le tourisme nécessite l’intervention du bus. Les déplacements dans les visites touristiques nationales organisées se font par bus, les aéroports nationaux sont reliés au centre-ville par des bus qui ont une fréquence de rotation impressionnante. En ce qui concerne l’aéroport international japonais de Tokyo (Narita), les Limousines Bus (navettes) sont les moyens les plus rapides (80~90 minutes) pour arriver au centre de Tokyo. D’autres modèles tels que le Garden Loyd Mk6 light, le Straussler P. ou le Vickers 6t Tank sont ensuite importés du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des Etats-Unis. Toutefois, l’utilisation du char reste très restreinte. Cet emploi limité est principalement dû au fait que, le Japon étant un archipel recouvert de montagnes, le relief n’était pas favorable au déplacement de ce genre de véhicule. De plus, les conflits se déroulant en dehors du pays, c’est-àdire outre-mer, le transport était une vraie contrainte. Les débarquements de chars ont été les plus nombreux en Chine mais le climat ou le relief ont empêché le déploiement de cette arme. L’application de l’automobile au Japon n’occupe donc pas une grande importance au niveau militaire. En revanche, dans le domaine civil, la réussite est considérable. L’automobile a été pour le Japon de l’après-guerre une des clefs de sa réussite économique au niveau mondial. Longtemps isolé du monde qui l’entourait et ignorant de toutes les découvertes occidentales, le Japon a réussi, avec l’ouverture de l’ère Meiji, à se développer. Peu après sa création en Europe, l’automobile est arrivée au Japon. Au fil du temps et aussi grâce à la volonté japonaise de vouloir créer un réel marché, le secteur automobile s’est développé après la Seconde Guerre mondiale. Malgré de grandes difficultés (avec notamment la crise japonaise des années 1990), le Japon a réussi à s’imposer dans ce secteur. Son importance est telle que le groupe Toyota est classé parmi les trois plus gros constructeurs du monde, dépassant l’américain General Motors. Le Japon qui avait dû, 150 ans auparavant, s’instruire auprès de l’étranger est désormais le pays qui montre l’exemple. En effet, les constructeurs japonais sont aujourd’hui capables des meilleures capacités d’autonomies des véhicules ou encore des plus faibles émissions de gaz d’échappements. Bus japonais « à grande vitesse » Le véhicule individuel est également à présent utilisé dans tous les domaines, surtout la livraison par camion, très courante au Japon. Le taxi, qui existait déjà en 1912, reste néanmoins un transport onéreux (près de 5 euros la seule prise en charge d’un client actuellement). Aujourd’hui, le but de l’industrie automobile est orienté vers une fabrication de modèles qui polluent le moins possible. Caroline Felus, Romain Ito, Kevin Fonck (Tle S - OIB) Maintenant que les problèmes environnementaux sont pris -3- TOKYO N°2 L’Avion : l’ENVOL DU JAPON Décembre 2006 tesse de 65km/h. Il avait été construit en France. Sur le modèle du Farman, d’autres avions furent construits au Japon (le modèle « Narahara » du nom de son créateur Sanji Narahara est considéré comme le premier avion national) mais le recours à l’importation de modèles français continua. L’armée et la marine du Japon furent longtemps équipées de modèles français ou anglais, du fait de l’avance de ces deux pays dans le domaine aéronautique. Pourtant, dès 1916 après un voyage en Europe, Chikuhei Nakajima conclut que l’aviation pourrait être un nouvel outil dans la défense nationale du Japon. C’est ainsi qu’en 1917 il créé son centre de recherche et ensuite sa propre société en 1931. Jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale, Nakajima Hikoki produira des avions militaires dont le célèbre Zéro mais aussi des moteurs dont le modèle “Homare” (signifie “honneur”). C’est une fabrication japonaise pendant la Guerre du Pacifique. A l’échelle mondiale et à l’époque, c’est l’un des plus puissants moteurs malgré sa petite taille. Cependant, à cause du manque de matériel et de techniciens et de la mauvaise qualité du carburant, Homare n’a pas été beaucoup employé pendant la guerre. Dans le domaine civil, en 1922, un centre de transports aériens fut créé avec un service régulier de trajets entre OsakaTokushima, Osaka-Takamatsu. En 1925, les Japonais réussirent leur premier vol à l’étranger entre Tokyo et Rome avec l’avion Hatukaze qui signifie « premier vent » et Higashikaze qui signifie «vent de l’est». Cela a représenté un parcours de 16 555 km, de nombreuses étapes en 95 jours, la durée du vol elle-même a été de 110 heures et 56 minutes. Deux ans plus tard, en 1937, l’avion Kamikaze (« vent divin ») réussit un vol de 15 356 km en 94 heures, 17 minutes et 56 secondes entre Tachikawa et Londres, établissant un record international. C’est un réel exploit pour l’aviation japonaise car de nombreux modèles d’avions étrangers reconnus dans le monde avaient échoué sur ce trajet auparavant. C’est la société du journal Asahi qui avait eu l’idée du vol pour célébrer le couronnement du roi George VI au Royaume Uni. En 1931, le premier aéroport de Tokyo, Haneda, a été ouvert. Le premier avion à avoir volé au Japon était français L’inventeur du premier avion au monde aurait pu être un Japonais. Douze années avant le premier vol du planeur motorisé des frères Wright, Chuhachi Ninomiya (1866-1936) avait déjà réussi à faire voler un avion miniature à l’aide d’un moteur. Si Newton avait trouvé son inspiration en regardant une pomme, lui, il l’avait trouvée dans un vol de corbeaux. C’est ainsi qu’en 1891 la maquette de l’avion type « Karasu » (corbeau en japonais) vola sur une distance de 10m. Ensuite l’idée de Ninomiya fut un engin volant transportant des hommes. Il trouva la réponse sur la forme à lui donner dans le corps d’un gros scarabée, le brupreste. Il pensa alors que cet avion de type « Tamamushi » (brupreste) pourrait être employé dans l’armée. Cependant cette proposition fut rejetée par les dirigeants militaires ignorant combien l’avion prendrait une place importante dans les guerres qui allaient suivre. Malheureusement pour le Japon qui aurait pu être une puissance dans le domaine de l’aéronautique dès le début, Ninomiya abandonna ces recherches sur l’aéronautique au moment de la réussite des frères Wright. La construction aéronautique au Japon a été interdite à la suite de sa défaite lors de la seconde guerre mondiale. C’est dans les années 1950 que le Japon repris son droit du ciel avec la création de plusieurs compagnies aériennes (telles que JAL ou ANA) mais en n’utilisant plus que des appareils américains ou européens. L’aviation dans le Japon d’aujourd’hui est surtout un moyen de transport civil très emprunté et bien peu un moyen d’action militaire. Lila Sumino (Tle S - OIB) L’avion Kamikaze de 1937 La maquette de l’avion type « Karasu » Le modèle Zéro de Nakajima Conseil de lectures - crédits photographiques Le premier avion qui a volé au Japon était une construction du pilote et constructeur français Henri Farman. Ce vol s’est déroulé à Tokyo, au parc de Yoyogi, le 19 décembre 1910 avec pour pilote, Yoshitomo Tokugawa de la famille de l’ancien shôgun. Cet homme était lieutenant dans l’armée de l’air japonaise et avait appris à piloter en France. Le résultat de ce vol fut excellent : un parcours de 3 000 mètres avec une altitude de 70m en quatre minutes. Cet avion faisait une longueur environ de 12 m pour une largeur de 12,5 m. Il pesait 500 kg et volait d’une vi- Pour les transferts de technologie de la France vers le Japon sous l’ère Edo et surtout sous l’ère Meiji, ASIA vous recommande la lecture des deux ouvrages de Christian Polak, Soie et Lumières, Hachette Funjingaho, 2001 et Sabres et Pinceau, Chambre de Commerce et d’Industrie française au Japon. La reproduction de l’estampe de la Une est extraite de Soie et Lumières, avec l’aimable autorisation de Christian Polak. Les autres photographies ont été prises au Musée des Transports par Ikeda Toru et Lévy Tsukasa (page 2), Caroline Felus (page 3) et Lila Sumino (page 4). -4- TOKYO N°2 Décembre 2006 Sources: http://web-japan.org/ - http://ja.wikipedia.org/ http://gogen-allguide.com/ - http://www.soraben.com/ http://eki-ben.web.infoseek.co.jp/ Le Bento japonais Le terme « Bento » qui est familier aux élèves japonais ou franco-japonais de la cantine du Lycée franco-japonais de Tokyo (LFJT) désigne un repas contenu dans une boîte appropriée qu’on apporte à l’école ou au bureau, lors d’excursions ou encore pour des voyages. A quand l’origine du bento remonte-t-elle ? Dès le Vème s, les chasseurs, agriculteurs et guerriers mangeaient des boulettes de riz ou du riz cuit à la vapeur et séché (hoshi-i), que l’on pouvait conserver dans n’importe quelle circonstance. Au XIIème siècle apparaît le mot , adapté du chinois signifiant « la voie pratique » . Mais c’est seulement au XVIème s que le bento se développe : le général Oda Nobunaga prend l’habitude de donner à tous ses Samouraïs un repas simple et plus tard, le général Toyotomi Hideyoshi organise des déjeuners sous les cerisiers (Hanami). Les travailleurs se nourrissent principalement de riz et de patates douces à l’extérieur. Hors du cadre du travail, durant l’ère Edo (1603-1868), on emporte un bento pour une promenade, ou on en achète un, confectionné avec beaucoup d’attention, que l’on déguste pendant la pause d’un spectacle (Makunouchi Bento). A l’ère Meiji (1868-1912), des bento pour les voyageurs apparaissent dans les gares (ekiben). EN DIRECT DU Lycée FRANCO-JAPONAIS Nettoyage du quartier du Lycée par les collégiens A vos balais ! Il est de tradition au Japon que les employés, les étudiants et les élèves fassent régulièrement le nettoyage de leur quartier. Cet acte citoyen et environnemental, les collégiens du LFJT (6ème, 5ème et 4ème) l’ont accompli en octobre et novembre, encadrés par leurs enseignants d’histoire-géographie-éducation civique et la responsable de l’action sociale du Lycée. Une initiative appréciée par les habitants du quartier et par les élèves eux-mêmes qui en redemandent ! Le bento se compose de deux parties distinctes: l’une pour le riz et l’autre pour de petits mets. Le plus souvent, on y met de l’oeuf (omelette, oeuf sur le plat…), de la viande ou du poisson, quelques légumes et parfois une prune salée (Umeboshi). Il en existe de nombreuses variétés. Pour les plus traditionnels, la présentation est primordiale, certaines mères pouvant couper une demi - saucisse en forme de pieuvre ou bien une rondelle de carotte en fleur... Ces Bento sont de moins en moins courants, laissant place au Bento des supérettes (Combini) ouvertes 24 heures sur 24, des supermarchés ou encore des chaînes de magasins spécialisés en ce domaine! (Origin Bento, Hokka hokka tei). On en trouve toujours dans les grandes gares, avec des spécialités ou des sushi de la région (du riz farci dans du calamar à Hokkaido, du crabe Médecins sans frontières Pour remercier les élèves de la 5ème A qui avaient organisé, en juin dernier, une semaine de collecte de fonds en faveur des victimes du séisme du Cachemire (plus de 300 euros recueillis), l’organisation humanitaire Médecins sans frontières a offert des revues et des documents sur son action et sur les métiers de l’humanitaire (consultables au CDI). Une ministre à l’école La ministre déléguée au commerce extérieur, Christiane Lagarde, a rendu visite aux élèves de CM1 et CM2 du Lycée franco-japonais de Tokyo, le jeudi 30 novembre, à l’occasion d’une mission officielle au Japon. Un écrivain au lycée L’écrivain français Daniel Pennac, professeur de Lettres de formation, est venu rencontrer les élèves du Collège (6ème) et du Lycée (Seconde et Première) lors de conférences-débats très riches et animées qui se sont tenues le lundi 7 novembre. à Tottori…). Et depuis 2003, sur les vols intérieurs, les sora-ben peuvent se déguster dans les nuages! Il s’agit des bento que l’on achète à l’aéroport, de taille réduite (d’après une publicité »pour que ça ne déborde pas de la tablette! »). Si cela vous tente, allez à cette adresse : http://www.ajinomoto.co.jp/recipe/bentou/index.html ??OSallabout=bentouTop (en japonais) pour faire, à votre tour, un Bento bien garni ou simplement pour en admirer la présentation! Emilie Mikura (2ndB) Asie au cœur Un concert a été organisé le jeudi 14 décembre par l’association humanitaire Asie au cœur pour recueillir des fonds au profit d’un projet de reconstruction d’écoles détruites par le tsunami de décembre 2004 en Thaïlande. (Cette rubrique n’est qu’une sélection, l’intégralité des manifestations du Lycée franco-japonais est sur : www.lfjt.or.jp). -5- N°2 SINGAPOUR Singapour durant la Seconde Guerre Mondiale Décembre 2006 dement militaire japonais comme des gangsters, des espions ou des personnes supposées avoir des sentiments anti-japonais sont tués. Les exactions perpétrées par les Japonais et par leur police secrète, la kempetai développent dans la population un très fort sentiment anti-nippon. Pendant l’occupation japonaise, des groupes de résistance chinoise vont alors s’organiser dans la ville pour lutter contre les soldats; la principale étant la Malayan People’s Anti-Japanese Army (MPAJA). Un des chefs est Lim Bo Seng, un businessman qui va s’entraîner en Inde Pendant la colonisation, les Anglais font de Singapour une forteresse, notamment sur l’île de Sentosa où ils construisent le Fort Siloso et une importante base navale. Après la déclaration de guerre à l’Empire britannique par le Japon, toutes les colonies anglaises d’Asie du Sud-Est tombent rapidement sous les coups de l’invasion lancée par l’Empire du Soleil Levant. A Singapour, dès le 1er décembre, la mobilisation générale est ordonnée par Shenton Thomas, le gouverneur britannique, pour faire face au conflit. Dans la nuit du 7 au 8 décembre 1941, à l’instar de ce qui est arrivé à Pearl Harbor, les premières bombes japonaises tombent sur Singapour. Jusqu’en février 1942, les Japonais entament la conquête de la Malaisie. Le 1er février, l’artillerie nippone déverse une pluie d’obus sur les forts anglais depuis Johor Bahru, sultanat situé en Malaisie. Le 7 février les troupes impériales occupent Pulau Ubin, une île entre Johor et Singapour. Un chef militaire britannique, le lieutenant-colonel Percival, décrète l’état d’urgence. Durant tout le mois de février des combats acharnés se déroulent sur l’île pour en faire la conquête ou défendre chaque parcelle de terrain, bataille qui se solde par la reddition de l’armée coloniale le dimanche 15 février 1942. Arrestation de Chinois par les troupes japonaises dans les troupes britanniques du Special Operations Executive pour revenir en Malaisie et aider la MPAJA à lutter contre les occupants. Quant aux prisonniers anglais, ils sont envoyés sur la « voie ferrée de la mort » reliant la Birmanie à la Chine. L’occupation va durer jusqu’au 2 septembre 1945, date à laquelle, l’empire nippon capitule, ce qui met un terme à la seconde guerre mondiale. A partir du 5 septembre, les troupes britanniques réinvestissent l’île. Le 12 septembre le général Itagaki Seishiro, chef de la garnison japonaise de l’île, rend les armes au Commandant allié de l’Asie du Sud-Est, Louis Mountbatten. Pourtant ce n’est qu’en octobre que l’évacuation des prisonniers japonais commence et que la Justice entame le procès d’officiers japonais pour crimes de guerre et de ceux qui ont collaboré avec les occupants nippons. Antoine Lê (2nd B) Reddition des forces britanniques aux Japonais le 15-02-42 Lectures ou sites internet recommandés : Commence alors l’occupation japonaise de Singapour que les Japonais vont renommer Syonan-to, (Lumière du Sud.). Juste après la conquête de Singapour, ils ordonnent que tous les hommes Chinois entre 18 et 50 ans se rendent dans des écoles ou des commissariats pour y être interrogés. Ces hommes attendent alors leur tour durant des jours sans eau ni nourriture. Après leur interrogatoire, les Japonais donnent un papier marqué d’un sceau prouvant que l’interrogé a subi cet interrogatoire, papier qu’il doit garder très soigneusement. Cependant, plusieurs milliers de Chinois ne reçoivent jamais ce papier ; ils sont emmenés secrètement sur la côte Est et sont exécutés froidement. Ainsi, plus de 5 000 Chinois présentés par le comman- - Amy Chua, A picture history of Singapore, 3rd Edition, federal Publications, 2001 - http://en.wikipedia.org/wiki/history-of-singapore - http://.country-studies.com/singapore/worldwarii.html -6- N°2 SINGAPOUR Les réunions du FMI et de la Banque mondiale à Singapour Décembre 2006 de Changi. Les autorités singapouriennes les ont arrêtés et interrogés alors qu’ils sont venus dans le seul but d’organiser une conférence de presse pour Via Campesina. Les officiers ont seulement précisé qu’ils « obéissaient aux ordres », mais ceux-ci venaient-ils vraiment du gouvernement de Singapour ? Nombreux sont ceux à avoir critiqué le choix du FMI et de la Banque mondiale, d’avoir accordé l’organisation de l’Assemblée à Singapour. Certains alter mondialistes pensent que ces organisations en sont les principaux responsables et qu’ils ont profité des lois singapouriennes. Le gouvernement défend son action comme un moyen de protection face à la menace terroriste qui pèse sur l’île depuis la découverte d’un réseau terroriste de la Jemaah Islamiah en 2001. Il essayerait aussi d’éviter des évènements comme ceux qui ont eu lieu à Seattle en 1999 et à Prague en 2000, où les manifestations devenues violentes ont provoqué la cessation des réunions. L’Assemblée annuelle du Fond Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale a été organisée à Singapour, la semaine du 14 au 20 septembre 2006. Cette institution des Nations Unies a pour objectif d’améliorer le niveau de vie des pays membres en assurant la stabilité du système financier international. La Banque mondiale lutte pour le développement économique et contre la pauvreté. Pendant ces réunions annuelles, le futur économique, l’aide aux pays en développement et d’autres questions économiques font objet de débats. L’élection de Singapour comme ville hôte souligne l’importance de l’Asie dans l’économie planétaire et le dynamisme de ce continent. Parmi les réformes mises en place lors des discussions qui ont eu lieu au Suntec Convention Center, il y a celle d’une plus forte représentation des pays émergents. En effet, aujourd’hui, la part de l’Asie dans les revenus globaux s’élève à environ 40%, ce qui est conséquent par rapport aux 5% appartenant à l’Afrique. Beaucoup trouvent donc anormal que les Etats-Unis et l’Europe dominent autant le système de vote et les postes hauts placés du FMI. Les réunions du FMI et de la Banque mondiale se sont toujours accompagnées de protestations de la part des organisations de sociétés civiles qui font souvent la une des médias. Difficiles à mettre en place cette année car la loi singapourienne interdit tout rassemblement de plus de cinq personnes dans les lieux publics. Ces organisations non-gouvernementales (ONG) manifestent contre des politiques de développement qu’elles jugent imposées aux pays pauvres les moins avancés. En effet, ces derniers ont à l’Assemblée un moindre poids comparé à celui des pays plus développés. Elles exigent aussi une croissance durable, qui aurait moins d’effets négatifs sur l’écologie et le développement. Si le gouvernement refuse les manifestations dans les rues, il accorde aux manifestants une salle de 50 mètres carrés et a même prévu des panneaux pour qu’ils puissent écrire leurs messages. Néanmoins, les manifestants ont l’obligation de ne porter aucune atteinte à l’ordre public et de ne tenir aucun propos pouvant blesser les sensibilités religieuses, raciales ou ethniques. Certains activistes ont tout de même eu l’audace de défier les autorités singapouriennes. Le 16 septembre, l’opposant Chee Soon Juan a organisé une marche pour la liberté d’expression et la justice sociale, mais la police a réussi à l’en empêcher. « Ils savent que le monde les regarde. C’est une facette de Singapour qu’ils ne veulent pas que le monde connaisse. Ils ne veulent pas que les gens sachent que nous n’avons aucun droit à Singapour », déclare avec force cet opposant actif. Six autres dirigeants d’opposition ont également tenté de rassembler environ 200 partisans en direction du Suntec Convention Center, mais ce fut sans succès. Vue de nuit du Suntec Convention Center. Source : personales.unican.es Les membres d’ONG pensent différemment. “Singapour montre sa face obscure, celle qui ne respecte pas les droits civils, qui traite les gens comme des gosses”, s’exprime Walden Bello, directeur exécutif de Focus on the Global South. L’organisation Amis de la Terre affirme que la société civile internationale “a réagi avec aigreur” aux restrictions mises en place. En effet, celles-ci ne donnent pas une bonne image de Singapour, déjà réputée en dehors de ses frontières comme étant un pays restrictif et autoritaire comme le disait l’activiste Chee Soon Juan. Même le président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz a demandé aux autorités singapouriennes de se montrer plus souples. Les protestations anti-mondialistes ont donc été menées à Batam, en Indonésie, île proche de Singapour. Toutefois, les réunions ont été un succès pour les dirigeants économiques, avec l’assistance record de plus de 20 000 participants. Sous la pression internationale, les autorités singapouriennes se sont montrées plus indulgentes à la dernière minute, à la grande satisfaction des organisateurs. Cristina de Zulueta, Hanaë Monsaingeon (Tle ES) Sources: Strait Times, Le Monde, International Herald Tribune, Independent Media Center, www.imf.org, http://asia.news.yahoo.com, http://infoblog.samizdat.net, Newsweek (25 septembre 06) De plus, l’entrée sur le territoire singapourien a été interdite à 28 délégués d’ONG, ce chiffre étant finalement réduit à 5 individus. Deux activistes de la Fédération des Syndicats des Paysans/Via Campesina, une organisation alter mondialiste, n’ont même pas eu le temps de sortir de l’aéroport international -7- N°2 SINGAPOUR Un mois d’octobre festif… Décembre 2006 La communauté juive célèbre également deux fêtes importantes : Roch Hachana, le 22-23 septembre 2006 , le jour du jugement divin ( le « nouvel an » juif) qui ouvre la période de dix jours de pénitence. Cette fête est suivie de Yom Kippour (le 1 octobre 2006), le « Grand Pardon » , et l’on observe à cette occasion un jeûne qui dure vingt-cinq heures, durant lesquelles l’on prie avec ferveur. C’est la seule fête à avoir préséance sur le Shabbat, qui est fêté tous les vendredis selon la coutume juive. Singapour est une ville cosmopolite où se côtoient de nombreuses religions comme le bouddhisme, le confucianisme, l’islam, l’hindouisme, ou encore le christianisme et le judaïsme... Dans un contexte où la confrontation idéologique mine les relations internationales, l’atmosphère de tolérance et d’harmonie qui règne dans l’île est remarquable. Ainsi, chaque religion observe ses cultes et pratiques en toute liberté, et ce mois d’octobre s’annonce chargé en fêtes de toutes convictions qui se manifestent un peu partout dans la ville, notamment du côté des quartiers typiques comme Chinatown ou Little India. Une ambiance festive donc pour Singapour et ses habitants, qui préparent ces célébrations avec ferveur ! Ce mois chargé en festivités religieuses s’explique principalement par le hasard des calendriers lunaire et solaire qui servent de référence dans le choix des dates. Si l’on n’est pas croyant, cela reste un beau spectacle pour les yeux. Deepavali est une fête hindoue très importante qui a lieu entre octobre et novembre. Cette année, elle est célébrée le samedi 21 octobre 2006. Les temples de Little India sont décorés et illuminés. C’est la fête de la lumière, durant laquelle des lanternes sont allumées, afin de remercier Krishna ( le dieu hindou) pour la santé, la richesse, le savoir, la paix…Avant la fête, les croyants prennent un bain d’huile pour se parfumer et se purifier. Cette fête est un moyen de réunir toutes les générations et d’effacer pour un moment les frontières sociales : qu’ils soient pauvres ou riches, c’est la même ferveur qui anime les croyants. Noemi Renevey (Tle L) Les musulmans pratiquent en ce moment le mois de jeûne qu’est le ramadan. Il se termine par une fête importante qui est appelée Hari Raya Puasa (le mardi 24 octobre 2006). Durant ce mois, les musulmans sont tenus de jeûner de l’aube au coucher du soleil, de ne pas avoir de relations sexuelles, de ne pas fumer, de ne pas boire… Les préparatifs de la fête sont le plus souvent familiaux : les mères préparent de beaux habits, on décore la maison, les plats traditionels se vendent en grande quantité dans les bazars ( curry, beef rendang, et autres petits gâteaux à l’ananas…) Le jour de la fête, le jeûne est rompu aux alentours de 5h15 le matin, et les croyants se retrouvent à la mosquée pour prier, remercier Allah et présenter leurs excuses aux plus âgés selon la coutume. Le soir, les familles acceuillent leurs proches et s’échangent des présents, dans une ambiance festive et familiale. En direct de SINGAPOUR Du 4 septembre au 12 novembre : la première Singapore biennale (exposition d’art moderne et contemporain dans toute la Cité-Etat). Du 14 au 20 septembre 2006 : assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale à Suntec City. Pendant les mois de septembre et octobre, le «Haze» (brouillard de pollution) a touché Singapour. Du 30 septembre au 9 octobre : séjour de MM Lee à Paris pendant lequel il a rencontré le Président Chirac. Du 6 au 15 octobre : le 22ème festival du film français à Singapour. Du 14 au 23 octobre 2006 : le 16ème Festival du film de l’Union européenne. Le samedi 21 octobre : Deepavali, la fête des lumières hindoues, Le mardi 24 Octobre : Hari Raya Puasa, la fin du Ramadan. Un festival plus culturel que religieux est fêté par la communauté chinoise à cette même période de l’année, le 6 octobre selon le calendrier lunaire:le mooncake festival. Il qui tire son origine d’un complot organisé sous la dynastie Yuan. En effet, des révolutionnaires planifiaient d’usurper le trône, mais ils se virent confrontés à un problème majeur : comment unifier le peuple et l’inciter à se rebeller ? Un message fut passé dans les mooncakes, « Rebellez-vous au quinzième jour de la huitième lune ». Ainsi informé, le peuple se rebella et l’empereur fut déchu. Depuis ce jour, les mooncakes font partie intégrante du festival d’automne, qui célèbre aussi les moissons. En direct du LFS Du 24 au 30 septembre 2006 : voyage des élèves de 4ème à Bintan en Indonésie. Visite du lycée le 10 octobre 2006 par M. l’Ambassadeur de France. Semaine du 16 octobre 2006 : élections des délégués élèves pour les classes du secondaire. Chez les chrétiens catholiques, il y a la Toussaint que l’on fête le 1er novembre, fête qui célèbre l’ensemble des saints reconnus par l’église catholique romaine. Elle tire son origine de la fête celtique du Samain, célébration païenne des défunts qui perdure longtemps après l’évangélisation de l’Irlande, de la Grande Bretagne ou encore de la France. C’est un jour de congé durant lequel les croyants se recueillent au cimetière. Ils fleurissent les tombes de leurs défunts. Le 2 novembre il y a la fêtes des Ames qui est associée à tous ceux qui sont morts et qui ne sont pas saints ! D’autres informations sont disponibles sur le site : www.lyceefrancais.edu.sg/ Page réalisée avec la participation de Maximilien Delvallée (2nde B) -8- JAKARTA N°2 Le Wayang golek, outil de propagation de l’islam en Indonésie Décembre 2006 L’intégration des valeurs de l’islam dans le Wayang golek Le Wayang golek très répandu dans l’ouest de Java a des liens incontestables dans la propagation de l’islam. Tout d’abord les marchands musulmans introduisent un certain nombre de leurs légendes populaires arabes écrites par Harun Al-Rachid , calife Abbasside à Bagdad (766-809). Celles-ci racontent seize histoires dont le héros principal est le guerrier Amir Hamzah, l’oncle du prophète Mohammed. Ces épopées décrivent les guerres menées contre différents royaumes, obligeant les rois des royaumes conquis à se convertir à l’islam. Par la suite, ces Deux marionnettes de style Wayang histoires seront utili- golek (DR) sées pour relater l’expansion musulmane sur l’île de Java. Le Wayang golek, est une marionnette en bois qui remonterait au 10ème siècle. Originaire du nord de Java, son aspect ludique ainsi que la conservation de son caractère sacré, en font toujours sa grande popularité. Le Wayang golek, dont les récits ont relaté dans un premier temps la mythologie hindoue (Mahabarata, Ramayana), a par la suite intégré les valeurs de l’islam. En effet, lors de la poussée de l’islam dans l’archipel, pendant les 15 ème et 16 ème siècles, le Wayang golek a été utilisé comme outil de propagande dans la diffusion des valeurs islamiques. De plus, il a joué un rôle très important dans la préservation des différentes cultures qui ont traversées l’archipel indonésien, faisant de lui un sujet riche en héritage. C’est pourquoi, les grands récits de l’époque hindoue sont encore très populaires et les représentations de Wayang golek n’hésitent pas à mélanger les répertoires d’histoires traditionnelles à celles issues du Moyen-Orient, montrant le syncrétisme qui règne sur l’île de Java. Plus tard, lorsque l’islam prit son essor en Indonésie, la représentation de Dieu et des humains fut interdite. Le théâtre fut menacé. Le roi Raden Patah de Demak, un passionné du Wayang se vit refuser par les chefs religieux le droit à ce type de distraction. Le Wayang golek fut remplacé par le Wayang kulit purwa fait de cuir et qui mettait l’accent sur l’ombre et non sur la figurine. (C’est un théâtre d’ombre qui se joue derrière un drap blanc tendu) La propagation de l’islam en Indonésie L’islamisation de l’Indonésie du 13ème au 15ème siècle marque un tournant décisif dans l’histoire de l’archipel qui est encore aujourd’hui resté fidèle en grande majorité à cette religion. Lentement et progressivement, l’islam va s’imposer dans l’archipel. Cette conversion s’est faite par le biais des marchands musulmans. C’est au milieu du 13ème siècle, avec l’importante poussée de l’islam en Inde, que les souverains Indonésiens commencent à adopter cette nouvelle religion. Ainsi, selon le récit traditionnel de l’islamisation de Java, c’est par l’intermédiaire du wayang kulit que neuf saints musulmans, « les Wali Songo » envoyés par Allah auraient propagé l’islam. Ils auraient introduit la proclamation de la foi musul- La conversion à l’islam présente plusieurs avantages pour les royaumes de l’archipel. Sur le plan commercial, cette adhésion leur permet de s’intégrer au réseau musulman, qui Harun Al-Rachid (DR) prend de l’importance. Egalement, elle leur assure une protection contre deux puissances régionales particulièrement agressives : les Thaïs et le puissant royaume javanais de Majapahit qui est un empire fondé en 1293 et qui s’appuie sur un développement de l’agriculture et du commerce. Les 9 saints musulmans : les « Wali Songo » (DR) mane et la lecture des prières coraniques dans les représentations des épopées indiennes du Ramayana et du Maha barata. Cette version des faits expliquerait en partie le syncrétisme qui -9- JAKARTA N°2 règne à Java. Mais la popularité du Wayang golek et la passion de certains rois pour le théâtre, vont éviter sa disparition et il sera alors utilisé comme propagande pour diffuser les valeurs islamiques, donnant naissance au Wayang golek menak. Décembre 2006 Ce type de musique appartient à un registre musical complètement différent du gamelan traditionnel. Cette différence se retrouve également dans l’environnement du spectacle ; cadre décoratif plus sobre, ton plus grave. Le spectacle débute systématiquement par une prière islamique : le Bismillah. De nos jours, le Wayang golek menak est encore joué dans les régions de Cirebon et de Kebumen (centre de Java) et tend à disparaître sur le reste de l’île sous la pression des religieux islamiques. Exemplaires de marionnettes noires (DR) Progressivement, le Wayang golek menak est remplacé par le Wayang golek cepak, qui intègre le répertoire issu du MoyenOrient avec les histoires traditionnelles du Wayang purwa (wayang qui relate les épopées hindoues du Ramayana et du Mahabarata). Description du Wayang golek ménak Le terme « ménak » vient du langage Kawi (le sanscrit de l’île) et désigne les grands de ce monde. C’est à Java Central et Est que les représentations de Wayang golek puisent leurs sources d’inspiration dans les aventures des ménak, dont la plus célèbre est celle d’Amir Hamzah. L’histoire d’Amir Hamzah s’est répandue avec l’expansion musulmane au 16ème siècle. Les principaux personnages mis en scène sont les amis d’Amir : Umar Maya, Alam Daur, sa première femme nommée Putri Muniggar, son beau-père Nursewan et les rois de l’époque. Les références pré-musulmanes ne sont pas pour autant exclues. Le théâtre en lui-même subit quelques modifications. Les marionnettes peuvent avoir un corps noir (une des couleurs de l’islam) ou crème, des vêtements plus sobres et des coiffures simples. Le corps du couvre chef a souvent la forme d’un fez agrémenté d’éléments de décorations. Dans le wayang golek menak, les yeux ne sont pas stylisés mais ouverts et vivants. Aujourd’hui le Wayang golek menak, présente des marionnettes avec des visages proches de celui d’un être humain. Le Wayang cepak est très populaire et il est pratiqué comme divertissement lors d’évènements ou de cérémonies religieuses (mariage, circoncision). A la fin de chaque représentation, le dalang peut introduire une morale musulmane. Des instruments nouveaux font aussi leur apparition dans le gamelan (ensemble instrumental traditionnel indonésien qui accompagne le théâtre du Wayang Golek). Ces instruments sont utilisés pour les représentations en relation avec la religion musulmane. On retrouve des instruments typiquement arabes comme le rebab, instrument emblématique de la musique arabo-andalouse. Priscilla et Jeromine Le Bret (1ere ES – promotion 2005-2006) Jean Baptiste Ricarrere (1ere ES – promotion 2005-2006) - 10 - JAKARTA N°2 La civilisation disparue du Tambora Décembre 2006 tenir au groupe des langues Mon-Khmer) Des chercheurs américains de l’université de Rhode Island en Caroline du Nord sous la direction du professeur Haraldur Sigurdsson, et la Direction indonésienne de volcanologie ont récemment entrepris des fouilles dans un ravin où des habitants locaux avaient trouvé des céramiques et des ossements. Ils ont mis à jour les vestiges d’une maison, des poteries, des objets en bronze et les os carbonisés de deux personnes, le tout dans une couche de sédiment datant de l’éruption. Le 10 avril 1815 l’explosion du gunung Tambora sur l’île de Sumbawa devait à tout jamais enterrer ses habitants et par la même occasion rayer de la carte la curieuse civilisation qui s’y était développée. On dénombrait dans toute la zone environ 83 000 morts. L’éruption, au moins quatre fois plus puissante que celle du gunung Krakatoa en 1883, provoqua un refroidissement mondial. Haraldur Sigurdsson pense prochainement pouvoir mettre à jour l’ensemble du village, y compris un palais construit en bois. Pour lui, l’ensemble des gens, leurs maisons et leur culture ont été figé dans le temps en 1815, faisant ainsi de la civilisation du Tambora, potentiellement, le Pompéi de l’Orient. Certains restes, découverts lors des fouilles laissent penser que les habitants de Tambora avaient des liens commerciaux avec l’Indochine. Des céramiques identiques aux céramiques vietnamiennes ont été trouvées sur place. Dans un prochain numéro d’Asia nous nous proposons de publier les comptes rendus des contacts que nous essayons d’établir avec l’équipe de chercheurs qui travaille sur place. Affaire à suivre… Yann Penduff (1ère S) Localisation de l’île de Sumbawa et du Gunung Tambora près Gunung Tambora, sur l’ile de Sumbawa, de Bali created by PD NASA World Wind Cette année 1815 est restée dans l’histoire comme « l’année sans été ». Par exemple l’État du Maine au nord-est des ÉtatsUnis a connu des gelées en juin, juillet et août qui ont détruit les récoltes. En France et en Allemagne, des cultures de raisin et de maïs n’ont pas résisté, et des récoltes ont été retardées. L’éruption du Tambora est tout à fait comparable avec celle du Vésuve en 1822 mais en beaucoup plus forte. Les volcanologues évaluent à 363 millions de tonnes le gaz soufré rejeté dans l’atmosphère, ce qui en fait une des plus violentes éruptions volcaniques jamais enregistrée dans l’histoire. L’explosion était telle que le volcan a largement diminué en taille, sa hauteur estimée avant l’éruption était de 4000 mètres, alors qu’il ne mesure seulement aujourd’hui que 2850 mètres. Trace toujours visible de cette éruption aujourd’hui, il reste une caldeira de 6 kilomètres de diamètre et de 1100 mètres de profondeur. Les céramiques sont identiques aux céramiques vietnamiennes - Photo Haraldur Sigurdsso Gravure représentant l’éruption du Vésuve en 1822 V. Day & fils, in G. Poullet Scrope, Masson, 1864. Depuis lors la civilisation du Tambora n’a cessé d’intriguer les chercheurs, car la catastrophe a fait disparaître cette société peu de temps après que les Occidentaux aient découvert son existence. Les spécialistes estiment que 10.000 personnes vivaient autour du volcan au moment du désastre. Les récits des explorateurs néerlandais et britanniques l’ont décrite au début du XIXe siècle, comme une société originale parlant une langue en tout point différente des langues indonésiennes. (Certains avancent l’hypothèse qu’elle aurait pu appar- Le professeur Haraldur Sigurdsson et son équipe en train de fouiller - Photo Haraldur Sigurdsson - 11 - Ho Chi Minh-Ville N°2 Visite de la résidence du consul à Saigon Décembre 2006 le lieu de résidence du Consul général. La maison a été entièrement rénovée en 2000. Nous sommes passés par un couloir ouvert sur le jardin qui fait le tour de la maison. Des vitrines présentent l’argenterie du consulat conservée depuis les premières années de la colonisation (on peut voir sur les différents objets les armes de Napoléon III). En arrivant dans les cuisines, on remarque un escalier en métal qui provient d’un bateau de la marine nationale ! On entre ensuite dans le grand salon avec quelques œuvres d’art, des grands vases en céramique bleue et surtout, une immense laque sculptée rouge de Nguyen Gia Tri, un des plus fameux artistes du genre… La visite se poursuit dans la salle à manger principale qui peut recevoir douze convives lors des réunions très importantes. Entrée de la Résidence consulaire A l’occasion des journées du Patrimoine, les classes de quatrième, de seconde et de première de l’Ecole française d’Ho Chi Minh-Ville (Viêt-Nam) sont allées visiter la résidence du Consul de France dans le quartier historique de l’ancienne Saigon. Ils nous font découvrir un témoignage architectural du passé mais aussi un bâtiment officiel de la France qui est toujours utilisé. Une vue du grand salon Là , il y a un très grand paravent derrière lequel nous sommes passés. Suivent la petite salle à manger et le petit salon, des pièces plus tranquilles et très jolies avec du mobilier asiatique collecté il y a très longtemps par un professeur qui a tout donné au consulat. Enfin, nous sommes sortis dans les jardins, très vastes en plein cœur de la ville… ce qui est très rare ! Le consulat nous a offert une glace près de la piscine pour terminer ce tour de la Résidence. Do Duc Hoang (4e) avec l’aide de Ju Young Baek et Laurenna Methais (2nde). HISTOIRE De Saigon à Ho Chi Minh-Ville Occupée par les Nguyên annamites dès 1698, la ville de Saigon fut investie par les troupes françaises de l’amiral Rigault de Genouilly qui s’en emparèrent le 17 février 1859. De 1887 à 1902, Saigon fut la capitale de l’Indochine française qui comprenait alors le Viêt-Nam actuel, le Cambodge et le Laos. Après les accords de Genève en 1954 qui mettait fin à la première guerre d’Indochine, Saigon devint la capitale du Sud Viêt-Nam. Les troupes françaises évacuèrent définitivement la ville en 1956. Au cours de la seconde guerre d’Indochine (ou guerre du Viêt-Nam), Saigon fut le théâtre de nombreux coups d’Etat, attentats et immolations volontaires de bonzes qui manifestaient ainsi leur opposition au gouvernement pro-américain. Après la chute militaire du Sud-ViêtNam en 1975, Saigon fut renommé Ho Chi Minh-Ville et il fut décidé que Hanoï serait la capitale du Viêt-Nam réunifié. Une vue de l’arrière de la Résidence, depuis les jardins Cette demeure, construite en 1872, a été attribuée au chef de l’armée française présente dans la région, c’est-à-dire le commandant supérieur des troupes de Cochinchine. Durant toute la durée de la colonisation (présence française), le commandant en chef du contingent militaire français en Cochinchine y a habité. Après la guerre d’Indochine, la bâtisse est devenue la résidence de l’ambassadeur de France auprès de la République du Sud Viêt-nam… mais après la réunification du Viêt-nam en 1975, la fonction du bâtiment change encore pour devenir - 12 - Ho Chi Minh-Ville N°2 INTERVIEW DE M. WARNERY, CONSUL DE France Décembre 2006 de l’importance de notre action dans ce pays) en liaison avec le service de coopération et d’action culturelle, et un volet économique (soutien aux entreprises françaises au Viêt-nam) en liaison avec la mission économique. Les consuls sont placés sous l’autorité de l’ambassadeur, qui est le chef de tous les fonctionnaires français affectés dans le pays. Après la visite du Consulat, les questions étaient également nombreuses sur la fonction et le rôle du Consul. Nous avons questionné l’intéressé pour qu’il nous en apprenne un peu plus sur son métier. - Monsieur Warnery, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs? Je suis un diplomate de 44 ans, affecté à Ho Chi MinhVille en qualité de consul général de France depuis deux ans. Je vis au Viêt-nam avec ma femme, qui est enseignante, et nos quatre enfants. C’est ma première et peutêtre dernière expérience consulaire car les diplomates ont vocation à servir en ambassade bilatérale (auprès d’un pays), en délégation multilatérale (auprès d’une organisation internationale comme l’ONU ou l’Union européenne) ou dans un service de coopération et d’action culturelle. Monsieur Warnery, Consul de France à Ho Chi Minh-Ville - Quel est votre parcours? Après des études de droit et de sciences politiques, j’ai fait l’ENA. J’ai commencé ma carrière dans les services du Premier ministre avant de bifurquer vers le Quai d’Orsay. Je m’y suis occupé de désarmement avant d’être affecté à Zagreb à l’époque de la fin de la guerre et du processus de paix en ex-Yougoslavie. J’ai ensuite été nommé à Paris pour m’occuper de la sécurité et de la protection de Français à l’étranger puis au cabinet du ministre des affaires étrangères à l’époque de Dominique de Villepin. Quand celui-ci a changé de portefeuille ministériel, j’ai été affecté à Saigon. - Comment devient-on consul? En intégrant le ministère des affaires étrangères par concours lorsque l’on devient consul de carrière, c’est à dire fonctionnaire affecté dans un pays étranger pour une période de 3 ou 4 ans. Les consuls honoraires, en revanche, ne sont pas fonctionnaires (ils sont souvent hommes d’affaires) et assistent le consul dans des villes de la circonscription éloignées du consulat. Nous n’en avons pas au Viêt-nam mais on pourrait en imaginer à Can Tho, par exemple. - Quel est le rôle du consul? Propos recueillis par Roxanne Michaudel, (4e), d’après les interrogations de la classe. La mission du consul consiste à apporter un service public et à défendre les intérêts des Français à l’étranger. Le volet strictement consulaire de cette mission va d’un service administratif classique comparable à celui apporté par les mairies en France (délivrance de papiers d’identité, état-civil, aide sociale, bourses scolaires, organisation des élections...) à la protection consulaire apportée aux prisonniers, à l’aide aux familles venues au Viêt-nam adopter un enfant, à la délivrance des visas aux ressortissants vietnamiens désirant venir en France. A côté de ce volet consulaire, il y a dans les consulats situés en dehors de la capitale du pays (ce qui est donc le cas au Viêt-nam puisque la capitale est Hanoï et que le consulat est à Saigon), un rôle politique (contact avec les autorités locales, en l’occurrence les comités populaires des provinces du sud), un volet de coopération et d’action culturelle (très important au Viêt-nam compte tenu Le drapeau rouge du Viêt-Nam était déjà celui du Vietminh en lutte contre les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale. - 13 - Ho Chi Minh-Ville N°2 Décembre 2006 A la découverte des tunnels de Cuchi ! L’IDECAF, la médiathèque de Saïgon Les tunnels de Cuchi ont été construits à la fin des années 1940, ils se situent à 35 km au Nord de Saïgon. Ces tunnels sont très longs, plus de 40 km mais leur hauteur n’excède jamais un mètre vingt pour une largeur de 80 cm. Voici une médiathèque pas comme une autre ! Il s’agit de la médiathèque de l’Idécaf (l’Institut D’Échanges Culturels Avec la France). Elle se situe au Viêt-Nam, à Ho-Chi-Minh Ville. Contrairement à beaucoup de centres de français, il ne dépends pas du gouvernement français mais du Viêt-nam. L’Idécaf a été fondé en 1982. L’institut a pour mission première d’enseigner le français et de mettre en œuvre des activités franco-vietnamiennes dans le domaine culturel. Il se nommait auparavant “Institut Français de Saigon” et dépendait plus largement de l’Ambassade de France au Viêt-nam. Placé ensuite sous la direction du Ministère des Affaires Etrangères du Viêtnam, il prend alors son nouveau nom. Après des années d’efforts, l’Idécaf a inauguré sa nouvelle médiathèque il y a quelques mois ! Elle est aménagée dans un espace de plus de 800 m2. C’est aujourd’hui parmi les plus importants centres de ressources francophones en Asie du Sud-Est. Elle propose une collection renouvelée de plus de 20 000 documents multi -supports (dont 600 CD- audio, 100 cédéroms et 300 DVD). Nous, les élèves, nous y allons souvent pour regarder des films français. Cette médiathèque est aussi le lieu pour les programmes d’animations (ateliers de création), de rencontres (lectures, conférences, café littéraires) et de grands rendez-vous du livre, de la musique et du cinéma. Un guide de Cuchi montre l’entrée d’un tunnel Ces constructions ont joué un grand rôle pendant la guerre du Viêt-nam; elles permettaient aux Vietnamiens du Nord de se défendre contre les attaques aériennes des Américains mais aussi de contrôler des zones proches du front. Les communications étaient ainsi facilitées même lorsque les soldats étaient isolés dans des zones américaines ou sud-vietnamiennes. Dans les années 1965, les Viet-cong pouvaient ainsi livrer des attaques surprises et s’évaporer sans laisser de traces. Les Américains décidèrent alors de frapper fort et transformèrent la zone de Cuchi en un terrible champ de bataille, restée par la suite « la région la plus bombardée, gazée, défoliée et dévastée » ; on surnomme cette zone le « Triangle de fer ». Les Américains déversèrent des défoliants comme « l’agent orange » sur les rizières, ils rasèrent une énorme superficie de jungle et évacuèrent les villages. Quelques mois plus tard, ils arrosèrent la région de Napalm. Rien n’y a fait… Très souvent, les Américains ne pouvaient pas rentrer dans les tunnels pour une simple histoire de corpulence… et ils lâchèrent des chiens. Les Viet-congs ont alors fait preuve de malice en mettant du poivre sur leur chemin des animaux et en se lavant avec du savon américain, parfois même en revêtant les uniformes des prisonniers pour tromper l’odorat des chiens ! Vue intérieure de l’IDECAF La médiathèque se compose de : Ce n’est qu’à la fin des années 1960, à force d’acharnement que les réussirent à détruire une grande partie des tunnels, en faisant appel aux B52 (énormes avions bombardiers)…Il était trop tard d’un point de vue tactique puisque après la fameuse offensive du Têt 1967, le retrait des troupes se préparait déjà… La victoire des tunnels de Cuchi a coûté cher… La vie des soldats y était très pénible et seuls 6.000 des 16.000 combattants survécurent. Les villages du district de Cuchi ont, encore aujourd’hui, droits à de nombreux honneurs de la part du gouvernement qui les a déclaré « Villages héroïques ». ► Une grande salle de lecture Un lieu où, comme son nom l’indique, on lit. ► Le « Pôle Image » Un espace de ressources spécialisées sur l’image avec une salle de projection, un espace de lecture et un espace dédié à l’exposition de photographies. ► Un Espace jeunesse Lieu connu de tous les jeunes où il y a des bandes dessinées Bertrand de Montalembert (4e B) - 14 - Ho Chi Minh-Ville N°2 Décembre 2006 mais aussi des romans, des magazines, etc. Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ? ► Un Espace pédagogique et de recherche Un espace pour les chercheurs de toutes les disciplines qui y trouvent des dictionnaires spécialisés et des ouvrages de recherche (médecine, géographie, histoire, économie, sociologie, science et technologie…). C’est rencontrer un public, pas assez nombreux mais diversifié, composé de jeunes, d’adultes, d’employés et de retraités. C’est la volonté de donner le goût de lire, de faire partager ses coups de coeur, ses découvertes, de faire connaître le bonheur de l’écriture par des rondes de livres, des lectures, des présentations d’auteurs. Quels sont vos projets ? Accomplir le grand projet de renouvellement de la bibliothèque de l’Idécaf qui a commencé depuis 2005 et mettre en œuvre la bibliothèque numérique sur l’Indochine. Un espace propice au travail et aux échanges Plus personnellement, quels sont vos romans préférés ? Vos films préférés ? Voici quelques chiffres: 1.666 : le nombre de documents didactiques (pour enseigner ou pour apprendre) 4.545 : le nombre de nouveautés reçues au début de 2006 23.000 : le nombre de prêts depuis le début de cette année jusqu’à aujourd’hui Mes romans préférés : It happened to Nancy, Souvenir du Vietnam de Daniel Steel, Les vacances de Nicolas de Sempé mais aussi Harry Potter de J.K. Rowling, les nouvelles de Nguyen Ngoc Tu,... Mes films préférés : Rain Man (Oscar 1989 ; avec les acteurs : Dustin Hoffman, Tom Cruise), L’amant de Jean-Jacques Arnaud, Cánh dong hoang de Hông Sen (Lotus d’or du Festival film du Viêt-nam en 1980. Médaille d’or du festival film de Moscou en 1981) ! INTERVIEW DE LA RESPONSABLE DE L’IDECAF Chu Quang Thy Anne, Letellier Rambert et Verstrate Edward (5eme) Nous avons rencontré la responsable de la médiathèque, Mme Vũ Thi My Hanh, qui a accepté de répondre à nos questions. En direct du Viêt-nam Depuis combien de temps êtes-vous responsable de l’Idecaf ? Les 18 et 19 novembre dernier, Hanoï accueillait le quatorzième sommet de l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) sur le thème «Vers une communauté dynamique, pour le développement durable et la prospérité». Les dirigeants des pays de la zone ont discuté de deux sujets principaux : promotion du commerce et de l’investissement dans un monde plein de changements ; facteurs principaux pour assurer le dynamisme, la croissance et le développement durable au sein de l’APEC. Après ces très sérieuses discussions, une «photo de famille» a été prise de tous les dirigeants, en tenue traditionnelle vietnamienne: l’ao dai - prononcez «ao zai» - (photo ci-dessous). Je suis responsable de l’Institut D’Échanges Culturels Avec la France depuis 1 an. En quoi consiste votre métier ? Les activités des bibliothécaires peuvent être réparties en 5 grands ensembles de métiers. Il s’agit des métiers liés au public (accueil, orientation), aux collections (sélection, acquisitions, catalogue, indexation, développement et gestion des documents) à l’animation (organisation d’activités de valorisation des collections et services) et à la formation ainsi qu’à l’étude et à la recherche (organisation d’activités et de formation pour d’autres bibliothécaires, mise en œuvre et exploitation d’enquêtes sur les publics) et enfin à la conduite de projet et du service (conception et mise en oeuvre de projets, direction d’un service, etc). - 15 - N°2 HONG-KONG Une nouvelle impulsion Décembre 2006 dues représentées, mais aussi la littérature et l’ethnologie. C’est pourquoi, si les deux premieres disciplines restent essentielles, d’autres aspects de la Chine contemporaine ne sont pas laissés pour compte. Les champs d’études sont renouvelés au fur et à mesure que l’effectif du centre se transforme, permettant à celui-ci de changer perpétuellement de points de vue. au Centre d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine La récente nomination de M. Huchet à la direction du Centre d’Etudes Français sur la Chine contemporaine nous a incité à lui solliciter une entrevue. Cet entretien nous a permis de préciser son parcours universitaire, les différents objectifs du CEFC, et enfin d’avoir un aperçu des orientations que le centre va suivre sous sa direction. Un autre but du CEFC est de nouer des contacts entre les milieux universitaires Chinois et Français : par exemple, une bourse de 1 000 000 HK$ (soit 101000 €), sera répartie entre quatre équipes franco-chinoises, dans le cadre d’un concours que le CEFC organise. L’étude de la Chine n’était pas une vocation pour M. Huchet : en effet, rien ne le prédestinait à étudier la Chine après son DEA de sciences économiques. Mais une rencontre fortuite entre son directeur de thèse et un professeur de Chinois va le décider à partir étudier en Chine dans le cadre d’une bourse. A ce rôle de passerelle entre les mondes universitaires chinois et français, s’ajoute une coopération active avec le ministère des affaires étrangères, qui, par l’intermédiaire du consulat, peut demander au centre de répondre à une question précise sur la Chine contemporaine. L’arrivée d’un nouveau directeur est souvent synonyme de changement : ce dernier est en effet choisi à partir des projets qu’il entend réaliser une fois à la direction du centre. Les nouvelles orientations du CEFC que M. Huchet entend réaliser portent à la fois sur la revue et sur le centre lui-même. De 1987 à 1991, M. Huchet eut à apprendre le Chinois (qu’il ne parlait pas du tout auparavant), et à effectuer des recherches pour sa thèse portant sur les transferts de technologies effectués en Chine Populaire. Après l’avoir terminée, il partit de Pékin pour le Japon, en tant que chercheur à la maison FrancoJaponaise (un centre de recherches similaire au CEFC) avec pour thème les investissements japonais en Chine. Enfin, de 1997 à 2001, M. Huchet fut chercheur au CEFC, avant de repartir pour la France, en tant que maître de conférence à Rennes (en économie) tout en donnant parfois des cours à Langues O’. En septembre 2006, M. Huchet prend la succession de M. Guiheux au poste de directeur du CEFC. Premièrement, le bimestriel Perspectives Chinoise pourrait devenir une publication trimestrielle, afin de publier des numéros en phase avec l’actualité tout en restant académique. Par exemple, à partir de janvier 2007, des thèmes tel que l’environnement en Chine, le bilan de 10 années de rétrocession à HongKong ou encore le 17eme congrès du Parti Communiste Chinois pourraient être abordés au fil des numéros. De plus, si le centre dispose déjà d’une antenne à Taïpeï de deux chercheurs, l’un des objectifs du directeur est d’avoir une plus grande ouverture sur la Chine continentale, en ouvrant peut-être des activités à Pékin ou à Shanghaï. Ainsi, le centre pourrait profiter de la qualité du monde universitaire Chinois, et organiser des conférences dans ces villes. Toutefois, les sujets sensibles seraient toujours traités à Hong-Kong. Ces changements, encore à un stade embryonnaire (cela ne fait que 3 semaines que M. Huchet est arrivé), ont été initiés par le nouveau directeur. A ces objectifs s’ajoutent bien sûr des tâches administratives, mais aussi un travail de recherches, tout comme les autres membres du CEFC. Bien sûr, ces projets font encore l’objet de débats, et pourraient donc être modifiés dans les mois à venir. Grégoire Labarre, Nans-Sébastien Poirot (Tle ES-L) Monsieur Huchet nous a accueillis dans son nouveau bureau du CEFC à Hong Kong. Lien : Centres d’Etudes Français sur la Chine Contemporaine : http://www.cefc.com.hk/ Le CEFC a plusieurs objectifs : tout d’abord, c’est un centre qui acceuille des chercheurs pour une durée de 3 à 4 ans. Pendant cet intervalle de temps, ils développent des thèmes (selon leurs études), qu’ils choisissent de publier, soit dans des livres, soit par l’intermédiaire de Perspectives Chinoises. Le CEFC est surtout connu pour cette revue, car à l’inverse d’autre centres, il édite ou dirige peu d’ouvrages : chaque centre a ses spécifités, mais publie toujours ses travaux de recherches, que se soit par l’intermédiaire de livres ou de revues. Les huit chercheurs du CEFC ont tous un cursus universitaire différent : ainsi, l’économie et la politique sont bien enten- 16 - BANGKOK N°2 LES 60 ans de règne DU roi de Thaïlande Décembre 2006 Muay Thai : La boxe des Rois Nous sommes Vendredi soir , il est 6h30, nous avons acheté nos tickets à 120 baths pour assister à une séance de combats de Muay Thai au stade de Lumphini. Nous entrons dans l’arène où se déroulent les combats et nous nous installons à mi-hauteur dans les gradins. En bas les paris vont de bon train allant de sommes modestes à des enjeux assez élevés. Enfin le bruit est interrompu par l’arrivée des combattants. Ils montent sur le ring couvert de toile de 5 a 7 mètres de côté, vêtus seulement d’un short et de leurs gants. Ils ont posé sur leur tête la coiffure sacrée le « monkon » qui honore leurs entraîneurs et les forces spirituelles et qui devra être retiré après le rituel qui précède chaque match. La fête des soixante ans de règne du Roi Rama IX, appelé encore Bhumibol Adulyadej, est exceptionnelle ! C’est actuellement le plus long règne du monde ! Plus d’un million de Thaïlandais se sont réunis devant le palais royal, le lundi 9 juin 2006, pour rendre hommage à leur roi. Tous les princes et rois sont venus du monde entier pour assister aux cérémonies. Les Thaïlandais portaient le tee-shirt jaune, symbole de la couleur du roi, couleur du lundi jour de sa naissance. Le pays respecte et vénère beauEmblème royal avec la si- coup son roi qui est comme un demi-dieu pour les Thaïlandais. gnature du souverain Il ne faut jamais dire de mal de Sa Majesté le roi Rama IX qui fait le bien pour son peuple. Après le « Wai Kru » la prière à genoux et la danse autour du ring, le combat commence. Les boxeurs de ce soir font partie de la catégorie poids Mi-moyens qui va d’environ 61 kg à 66 kg (il existe en tout 8 catégories de poids vérifiées avant chaque combat). En observant leurs gestes, on peut voir que les combattants utilisent aussi bien les poings, les pieds, les coudes et les genoux. Leurs coups sont précis, puissants et rapides; en effet les 2 juges attribuent des points aux combattants pour ces aspects de leur performance ainsi que pour leur habileté à la défense et leur agressivité à l’attaque afin de les départager à la fin du combat. Le match se déroule en 5 reprises de 3 minutes séparées par 2 minutes de pause. Elsa Arnaud, Camille Zuckmeyer (6ème C) Le Roi BHUMIBOL ADULYADEJ Le Roi de Thaïlande s’appelle Bhumibol Adulyadej ou Rama IX. Il est né le 5 décembre 1927, à Cambridge (Massachusetts) aux Etats-Unis. Il a suivi ses études à Lausanne en Suisse, c’est pour cela qu’il parle le français. Il monte sur le trône le 5 mai 1950 pour succeder à son frère Rama VIII. Il est le souverain, le chef de l’Etat et le protecteur des religions, il est marié à la Reine Sirikit Kitiyakorn ; ils ont quatre enfants. Il se déplace dans toutes les régions de Thaïlande pour aider les plus pauvres : c’est le roi le plus vénéré de Thaïlande. Le peuple Thaïlandais adore son roi et le reste de la famille royale, plusieurs fêtes célèbrent le roi : le 5 décembre qui est le jour de sa nais- Des portraits du roi sont sance et le 5 mai qui correspond visibles partout dans le au jour de son couronnement pays Vue du ring depuis la salle A la fin du match, les juges et l’arbitre déclarent les vainqueurs grâce aux points, à cause d’un K.O. ou d’un K.O. technique (impossibilité pour un joueur de reprendre le combat). A l’origine, le Muay Thai était une technique de combat utilisée par les rois qui s’est transmise ensuite aux militaires et qui est devenue à la fin un sport à part entière, présent partout dans le monde et qui possède même ses propres compétitions mondiales... la soirée fur pleine de rebondissements. Thanawat Bremard, Marco Subbachi (6ème C) Leket Heras-Gomez, Clement Vavasseur, Anthony Ky, Leonard Lasquier (2nde B) - 17 - N°2 BANGKOK Décembre 2006 Le coup d’Etat militaire en Thaïlande La nuit du 19 septembre semblait être une nuit comme les autres dans Bangkok, la capitale de la Thaïlande. Pourtant, vers 21 heures, des régiments de l’armée thaïlandaise font leur entrée dans le nord de Bangkok et se positionnent sur tous les points stratégiques de la ville comme l’aéroport, les ponts ainsi que le siège du gouvernement. Soldats de l’armée thaïlandaise arborant la couleur jaune, couleur de fidélité au roi (photo C.Pellequer) Le 22 Septembre 2006 Les militaires qui ont pris le pouvoir en Thaïlande ont désigné une commission de neuf personnes chargée d’enquêter sur les pratiques de corruption présumées. Le 25 Septembre 2006 Une liste de quatre candidats au poste de premier ministre circule. Le plus pressenti serait, selon la presse thaïe, Supachai Panitchpakdi, ancien directeur de l’OMC en Thaïlande, aujourd’hui président de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED). Chars devant le Parlement thaïlandais à Bangkok (photo C.Pellequer) Le 1er Octobre 2006 Près de deux semaines après le coup d’État, la Thaïlande amorce une autre période de transition. D’abord, le général à la retraite Surayud Chulanont, 63 ans, devient le 24ème premier ministre du pays. M. Surayud était conseiller du roi depuis 2003. Il avait été nommé à ce poste après un conflit avec M. Thaksin. Le général Sonthi Boonyartshin déclare peu de temps après à la télévision qu’il a décidé de renverser le régime en place. « Je suis celui qui a décidé d’organiser ce coup d’Etat. Personne ne m’a soutenu » déclare-t-il mettant en avant comme raisons de l’action de l’armée les troubles dans le sud du pays et la corruption. Au Palais royal, le souverain vénéré par le peuple semble favorable à cette prise du pouvoir ainsi qu’une majorité de la population d’après les sondages (85%). Ce coup d’Etat n’a engendré aucune victime, ni aucune conséquence sur la vie quotidienne. Pierre Francois Martin, Gabriel Lubeigt, Guillaume Jeandenand, Mélanie Bonnaud, Clara Del Corso, Mathilde Gaudin, Fanny Roisné (1ère ES) Dans l’attente d’une nouvelle Constitution et d’élections futures, les militaires contrôlent la Thaïlande. Sans prendre position face à ce premier coup d’Etat intervenu depuis 15 ans de démocratie, voici un rappel des onze jours qui ont suivi cet événement, avec des photographies prises par des élèves du Lycée : Le 19 Septembre 2006 Des forces militaires s’emparent du siège du gouvernement. De New York, où il assiste à l’Assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre thaïlandais Thaksin, décrète l’état d’urgence. Ses ordres ne sont pas exécutés en Thaïlande où la télévision annonce qu’une Commission dirigée par les chefs de la police et de l’armée contrôle le pays. M. Thaksin décide de rester en exil à Londres. Le 20 Septembre 2006 Peu de voix s’élèvent en Thaïlande pour regretter la prise du pouvoir par les militaires. Les généraux promettent un gouvernement civil dans quinze jours et des élections dans un an. Char dans les rues de Bangkok (photo C.Pellequer) Le 21 Septembre 2006 L’opposition thaïlandaise réclame la tenue d’élections dans un délai de six mois. - 18 - BANGKOK N°2 Souvenirs du pays aux mille éléphants Décembre 2006 petites pirogues à moteur, admirant les berges cultivées ou sablonneuses. Parfois nos bateliers avaient l’esprit compétitif et des bateaux en doublaient d’autres. Nous nous sommes même arrêtés sur des dunes de sable où nous avons eu droit à la photo souvenir et à la compagnie de buffles ! Et certains d’entre nous en ont même profité pour se baigner, quoi de plus relaxant que de se laisser emporter par le courant, sauf quand il s’agit de le remonter pour regagner les bateaux ! Au mois de mars 2006, MM. Courtine et Marechalen, professeurs d’histoire-géographie et de physique-chimie au Lycée français international de Bangkok, ont emmené les 27 élèves de la classe de Seconde dans un voyage d’une semaine au Laos. Le but de ce voyage était, entre autres, l’étude du barrage en construction « Nam Theung 2 », situé dans la région de Nakai, et la visite du Laos du Sud. Voici le récit de cette découverte du « pays aux mille éléphants » - ancien nom du Laos - par une des élèves ayant participé à ce voyage épique. Après 12 heures de bus nous étions arrivés à Nakhom Phanom, une ville située sur le Mékong. Après un réveil assez matinal et peu d’heures de sommeil, malgré le couvre-feu imposé par nos professeurs, nous avons quitté les lieux et marché le long du fleuve en traînant nos bagages sur quelques 3 kms, avant de traverser le fleuve en bateau pour gagner le point d’immigration laotien. Nous avons été pris en charge par une équipe d’EDF qui parrainait une partie de notre voyage et qui avait mis à notre service une dizaine de 4x4 pour notre transport à travers la région de Thakek. La multitude de véhicules nous donnait un air de convoi exceptionnel, ce qui était assez amusant ! Vue partielle des travaux sur le plateau Dans la région des karsts, l’action de l’eau sur les roches a formé des grottes ou des dolines. Cette étape nous a donc permis de découvrir des grottes dont le relief a rendu notre ascension difficile, ce qui présentait néanmoins un certain charme. Certaines offraient des reflets magiques et un instant de fraîcheur. Le barrage situé sur le plateau de Nakkai devrait être mis en œuvre en 2009. Un beau défi ce projet : 39 mètres de haut, un réservoir de 450 km2, une hauteur de chute de 350 m pour générer 6000 GW/an. Un « challenge » liant contraintes et enjeux : 40% du plateau submergé et 17 villages engloutis, déplacement de population, impact sur la flore et la faune et la pêche, mais constructions de fermes et de maisons pour les habitants, d’écoles et de dispensaires, la production apportera 1/5 du budget laotien de quoi financer d’autres projets et de créer des emplois. La vaste étendue des travaux nous a fait comprendre l’importance du projet. Entrée de grotte Les filles ont été obligées de mettre des sarongs pour entrer dans la grotte « aux mille Bouddhas ». Certaines statues y ont été cachées durant des siècles et ne sont accessibles qu’en période sèche, ce qui a certainement permis leur conservation étonnante, surtout quand on sait que ces représentations de Bouddha datent du 13e siècle. Le chantier du barrage Le lendemain a été consacré à un dernier aperçu de Thakek, ancienne ville coloniale française, dont le nom signifie « point d’amarrage des hôtes », en référence aux navires de commerce étrangers : visite du Vat Sikhotabong (18e siècle), petite balade au marché local Tat Lak Sawng, aux curiosités colorées et La région de Khammouane est un paradis pour les amoureux de la nature : karsts (labyrinthes de calcaire érodé), balades paresseuses sur les rivières façonnées au cours du temps. Nous avons ainsi eu la possibilité de faire des balades sur de - 19 - N°2 BANGKOK où nous avons trouvé des baguettes françaises et acheté divers souvenirs. Décembre 2006 Le passage de la frontière thaïlandaise s’est fait en bateau. En revanche, notre moyen de transport vers l’aéroport était un tuk tuk (d’une contenance de dix personnes) ou « skylab ». Nous étions de retour à Bangkok, deux heures après, avec plein d’histoires à raconter et de merveilleux souvenirs. Aude Lahalle (1ère S) Suvarnabhumi, nouvel aéroport de Bangkok Le nouvel aéroport de Bangkok, capitale du royaume de Thaïlande, appelé Suvarnabhumi, a ouvert ses portes le 28 septembre 2006. Construit afin de remplacer l’ancien aéroport et pour permettre à la Thaïlande d’accueillir le nouvel A 380, le futur avion géant d’Airbus, il monopolise désormais tous les vols au départ et à l’arrivée sur Bangkok. Don Muang, l’ancien aéroport, conserve à présent des fonctions militaires et gouvernementales. La grotte des Bouddhas, un sanctuaire souterrain La veille, le voyage s’est terminé par une soirée dans une « boîte » dans laquelle tout le monde a dansé, même nos profs ! Là, on a fêté l’anniversaire de Thibault avec un gros gâteau et …. de l’eau ! Une des structures futuristes : le hall d’accueil Notre groupe devant un stupa du Laos Bien plus vaste que l’ancien aéroport, il possède la tour de contrôle la plus haute du monde, ainsi qu’un terminal principal, long d’un kilomètre et bondé de boutiques duty free. Nécessité absolue du fait du climat, cet aéroport moderne, est équipé d’un système de climatisation très élaboré. Par ailleurs, son architecte a mis en place une structure autonettoyante circulaire. Pour ce qui est des avions, il existe deux pistes parallèles, longues respectivement de 4 et 3,7km. L’aéroport peut également gérer 76 vols par heure. On estime à 45 millions le nombre de passagers attendus par an et à 100 millions lorsque sa construction sera complètement achevée. Suvarnabhumi connait toutefois quelques problèmes d’organisation, notamment pour les bagages des passagers ou en ce qui concerne le retard d’un grand nombre de vols. Mais la situation s’améliore progressivement. Grâce à un plus grand nombre d’avions atterrissant sur les pistes de ce nouvel aéroport, la Thaïlande espère bien dépasser son chiffre d’affaires actuel dans le domaine du tourisme. Avec Suvarnabhumi, voilà donc une avancée technologique importante pour le pays et une source de devises étrangères accrue dans le futur. Anaïs Auber, Sophie Brenny, Estelle Lassus, Stanley Nosten, Margot Tendil (2nde B) A bord des Tuk Tuk - 20 -