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SEXOLOGIE MÉDICO-LÉGALE
37
SEVÈNE A. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 37-39
A. SEVÈNE
RÉSUMÉ : Les conséquences sexuelles à long
terme de la pédophilie ou de l’inceste chez
l’homme qui en est victime sont un sujet qui
semble avoir été négligé, bien plus encore
que chez la femme. Pourtant la pédophilie et
l'inceste sont des sujets au cœur de
l'actualité. Le droit à la protection des
personnes exige une exacte connaissance des
conséquences des abus sur les enfants. À
l’inverse, des groupes de pression tendent à
minimiser les effets des relations sexuelles
entre des adultes et des enfants. Les raisons
de l’absence de prise en compte des enfants
de sexe masculin et la sous-estimation des
agressions sexuelles subies sont rapportées.
L'examen des études de la bibliographie
internationale révèle la difficulté d’étudier les
effets à long terme de la pédophilie ou de
l’inceste chez l’homme victime, tant en raison
des difficultés que soulève l'analyse de faits
rétrospectifs, que celle à apprécier les liens
de causalité entre ces faits et leurs
conséquences sur l’état actuel, psychique ou
organique de l'adulte. Si les études actuelles
tendent à lever ces obstacles, elles visent
essentiellement à étudier les comportements
sexuels à risque, dont l'augmentation dans ce
type de population ne semble plus faire de
doute. Quoi qu’il en soit, si les conséquences
sur la sexualité restent difficiles à évaluer
avec précision – d'autant qu’elles incluent de
nombreux autres facteurs –, elles sont
nombreuses et variées. Leur responsabilité
dans les troubles psychiques, mais aussi dans
certains troubles du comportement, exige
qu’en consultation les événements sexuels
traumatiques de l'enfance soient recherchés,
aussi bien chez l’homme que chez la femme.
MOTS-CLEFS :
• Pédophilie
• Inceste
• Abus sexuel pendant l'enfance
• Fonction sexuelle
• Dysfonctions sexuelles
• Effets à long terme
Conséquences
sexologiques
de la pédophilie
et de l’inceste
sur l’homme-victime
Article réalisé à partir de la communication aux journées “Sexe et psychiatrie” de l’EFS
(École française de sexologie), les 5 et 6 décembre 2003.
L
es conséquences sexuelles à long
terme de la pédophilie ou de l’inceste chez l’homme qui en est victime sont à la fois peu étudiées et difficiles à évaluer. Au-delà des difficultés
soulevées par l’analyse de faits rétrospectifs, il faut pouvoir apprécier les liens
de causalité entre ces faits et leurs conséquences sur l'état actuel, psychique ou
organique de la personne.
Il est nécessaire aussi de soulever les difficultés méthodologiques des études sur
le sujet des effets à long terme des
sévices sexuels subits pendant l’enfance.
Kilpatrick (7) a réalisé une revue critique
en 1989 de 34 de ces études. Il notait l’absence de définition claire ou consensuelle
de l’inceste et d'un comportement considéré comme une agression sexuelle,
d’autant que les comportements retenus
étaient définis tantôt comme la conséquence d’une activité sexuelle qui pouvait être quantitativement mesurée, tantôt par rapport à la violation des normes
sociales. La traduction du terme anglosaxon habituellement utilisé de “sexual
abuse” pose un problème supplémentaire. En effet le terme d'abus en français
tend à signifier “usage excessif”, alors
que le terme anglo-saxon “abuse”
contient une notion de maltraitance ou
de violence plus explicite. Or il n’est pas
toujours possible d’échapper à la traduction littérale et d’utiliser d’autres
termes, comme ceux de “violence
sexuelle”, d’“agression” ou de “sévices
sexuels”. Kilpatrick note encore dans les
études l’absence de groupe contrôle, des
biais de sélection, le manque de spécificité des âges étudiés, l’absence d’identification claire de l’agresseur, etc. Sa
revue critique souligne aussi qu’aucune
des études relevées ne soutient valablement l’hypothèse, également discutée,
selon laquelle les effets à long terme
seraient salutaires.
Études recentes
Les études actuelles présentent les
mêmes biais qui impliquent qu’elles ne
sont pas valides ou qu’elles ne peuvent
pas être généralisées ; ou encore il existe
de nombreuses variables pouvant
concourir aux effets observés, ce qui ne
permet pas de conclure. Cependant les
études émergentes sur lesquelles je me
suis appuyé s’efforcent de plus en plus
de tenir compte de ces facteurs. On peut
citer, à titre d’exemple, l’étude de Dolezal et Carballo-Dieguez en 2002 (4), dans
laquelle des hommes sont interrogés
pour savoir s’ils perçoivent les expériences sexuelles qu’ils ont eues pendant
l'enfance comme des abus. Cette étude a
été conduite dans une population ciblée
d’hommes latino-américains homosexuels en majorité. Tenant compte de
cette sélection, sur les 100 hommes interrogés, on relève que 41 d’entre eux ne
considèrent pas leurs expériences
sexuelles dans l'enfance avec un partenaire plus âgé comme un abus sexuel,
alors que 59 considèrent que oui. Ceux
qui estiment avoir été abusés étaient plus
jeunes quand les événements sont arrivés et avaient été probablement physiquement forcés, traumatisés, menacés
ou blessés émotionnellement.
Sur le plan légal, un acte sexuel entre un
adulte et un mineur est considéré de fait
comme une violence sexuelle (même
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38
sans contrainte, violence, menace ou surprise). La loi ne tient pas compte de l’argument de la défense qui consisterait à
établir un éventuel consentement de l’enfant (par des écrits amoureux par
exemple). Cependant, une affaire récente
tendrait à démontrer la possibilité récente
d’une certaine clémence de la part des
juges selon les circonstances…
Le débat social n'est pas clos puisque des
groupes de pression cherchent à normaliser les relations sexuelles avec les
mineurs. L’étude de Graupner (5), parue
en 1999 dans le Journal of Homosexuality,
soutient que l’autodétermination sexuelle
des enfants et des adolescents doit être
considérée comme faisant partie du droit
de base à la vie privée et la protection
qui leur est due.
Il est donc d’autant plus important de
prendre la mesure des conséquences des
comportements incestueux et pédophiliques sur les victimes.
Si les effets psychologiques sont depuis
longtemps débattus et étudiés, les effets
sur la sexualité le sont beaucoup moins
et encore plus rarement lorsqu’il s’agit
d’hommes. En effet, la recherche s’est
tournée naturellement et subjectivement
vers des victimes femmes négligeant les
victimes hommes. Le viol des garçons
par des femmes adultes a tendance à être
considéré dans l'inconscient collectif
comme une initiation dont l'enfant
devrait être heureux.
Le consentement d'un homme est naturellement admis comme nécessaire pour
qu'une relation sexuelle avec une femme
soit possible. Quoique ancienne et portant sur un nombre de cas limité, une
étude (12) nous rapporte, à partir de
11 affaires d'agressions sexuelles commises par des femmes, la possibilité d’une
réponse sexuelle chez un homme même
soumis à des émotions comme la colère
ou la terreur. Quant au viol ou à la séduction des garçons par des hommes, il introduit un brouillage identitaire pour la victime (homosexualité ?) conduisant à de
probables sous-déclarations. La lutte
féminine a créé des stéréotypes tels que
“la violence n’appartient qu’aux
hommes”. Rudominer rapporte le caractère particulièrement violent d'agressions
verbales, physiques et sexuelles d'une
mère sur son fils, le replaçant dans le
contexte de résistances à l’identification
de ce type d’inceste (11). Sur les 134 victimes de 69 femmes incarcérées à Rennes
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depuis 1995, 111 avaient moins de 15 ans
et beaucoup étaient de sexe masculin (2).
Quelles sont les pathologies sexuelles qui
sont concernées à l’âge adulte ? McCabe
en 1989 et bien d'autres mentionnent que
les traumatismes et les abus vécus dans
l'enfance peuvent être impliqués dans la
baisse du désir sexuel. Selon Mélanie
Klein, les troubles de l’identité sexuelle et
la perversion seraient étroitement mêlés
à l’inceste. On peut évoquer des dysfonctions érectiles, peut-être des retards
d'éjaculation ou des anéjaculations, mais
il y a peu ou pas d'études, tout du moins
récentes et valides, qui permettraient
d'appuyer ces faits et d'évaluer la fréquence de ces troubles. Existe-t-il, comme
pour les femmes, des douleurs pelviennes ou d’autres douleurs inexpliquées comme celles que nous rapportent
nos patients au cours des relations
sexuelles ? Les études font défaut. Qu’en
est-il du désir d'enfant chez ces hommes
victimes?
Conséquences
sur le comportement
sexuel
Par contre, de nombreux chercheurs ont
étudié les comportements sexuels des
patients victimes de pédophilie ou d'inceste, en particulier les comportements
sexuels à risque.
L'une de ces études, réalisée par Braitstein (1), porte sur 1 437 individus (dont
65 % d'hommes) usagers de drogues à
Vancouver. Cette étude permet à la fois
d'évaluer la fréquence des antécédents
de violence sexuelle parmi les utilisateurs de drogues injectables (à 36 % [67 %
pour les femmes et 19 % pour les
hommes]), mais aussi de contrôler les
cofacteurs potentiels. Les données suggèrent que la violence sexuelle est fortement associée au risque de VIH à n'importe quel âge, mais aussi à d'autres
comportements à risque pour la santé,
aussi bien chez les hommes que les
femmes. Les abus sexuels dans l'enfance
sont très répandus (21 % pour la cohorte
entière dont 33 % pour les femmes et
12 % pour les hommes).
Cette violence sexuelle dans l'enfance,
plus que la violence sexuelle à d'autres
âges, est fortement associée à la prostitution, la maladie mentale, les tentatives
de suicide, des overdoses accidentelles,
l'utilisation en connaissance de cause de
matériel d'injection par des toxicomanes
séropositifs, et à l'usage abusif d'alcool
et d'héroïne. Enfin, parmi les personnes
interrogées ayant subi des violences
sexuelles à une quelconque période de
leur vie, les faits avaient débuté avant
12 ans pour une proportion plus importante d'hommes que de femmes.
Une autre étude réalisée par O’Leary (9)
porte sur les risques de transmission du
VIH parmi 456 hommes séropositifs
ayant des relations avec d'autres
hommes. Un abus sexuel dans l’enfance
a été significativement associé à ces actes
sexuels non protégés anaux et “insertifs”
(lors des 90 derniers jours) dans 33 % des
cas (contre 20 % pour les autres), et
“réceptifs” dans 43 % des cas (contre
27 % avec des partenaires séronégatifs
– pour le VIH – ou de statut inconnu).
Un nombre croissant d'études indique
qu'un abus sexuel dans l'enfance prédispose à l'âge adulte à des comportements à risque de transmission du VIH
et d'autres maladies sexuellement transmissibles par des relations non protégées
sexuelles, des partenaires multiples et
des rapports sexuels brefs avec des partenaires occasionnels. On a montré cela
aussi bien pour les femmes (Thompson,
1997; Wyatt, 1988; Zierler, 1991) que pour
les hommes homosexuels (Bartholow,
1994; Carballo-Dieguez et Dolezal, 1995;
Jinich, 1998). Les évaluations sur la fréquence des abus sexuels dans l'enfance
parmi les hommes ayant des relations
sexuelles avec d'autres hommes sont
proches d'un tiers (en particulier Bartholow en 1994).
Browne et O'Connor en 2000 rapportent
une fréquence d'abus sexuel dans l'enfance de 21 % parmi les usagers de
drogues intraveineuses à Dublin (ce qui
recoupe à peu près les chiffres des autres
études). Mais il est souvent impossible
dans la plupart des études de séparer la
victimisation non-sexuelle (comme l'abus
physique, l'abus émotionnel, la négligence, etc.) de la victimisation sexuelle,
ou même des autres facteurs de dysfonctionnements familiaux (par exemple
l'alcoolisme ou le divorce). La littérature
indique qu'il y a souvent un chevauchement entre les différents types d'abus
parmi des victimes, et les mesures de violence sexuelle peuvent en fait mesurer
une autre variable associée.
L'étude de Paul et al. portant sur 2 881
39
hommes ayant des relations sexuelles
avec d’autres hommes (10), confirme le
lien entre comportement sexuel à risque
et sévices sexuels dans l'enfance (un cinquième rapportait un abus sexuel dans
l'enfance, principalement par des auteurs
en dehors de la famille) avec des expériences d'agressions sexuelles qui étaient
caractérisées par des hauts niveaux de
violence (43 % impliquaient la force physique ou des armes) et avec pénétration
(dont 46 % rapportaient des relations
anales tentées ou réalisées). Selon cette
étude, de tels hommes, probablement
plus que des hommes qui n’ont jamais
été forcés, ont des comportements
sexuels à risque élevé.
Parmi les autres études (8) portant sur le
comportement, il faut signaler chez les
victimes d'agression sexuelle la crainte
des rapports sexuels, l'aversion du sexe
ou la réminiscence du traumatisme lors
des rapports sexuels. Les capacités de
séduction sont fréquemment altérées en
raison des nombreux facteurs d'exclusion sociale, eux-mêmes pourvoyeurs de
troubles sexuels, tels que la drogue, la
toxicomanie ou l'alcool, en raison de la
profonde altération de l'estime de soi et
de la détérioration de l'identité personnelle, en raison de facteurs dépressifs très
fréquents, ou en raison de troubles du
schéma corporel. Le pourcentage d'antécédents de traumatismes sexuels en cas
d'obésité morbide atteindrait 39 % chez
les femmes et 11 % chez les hommes.
Pour être exhaustif, il faudrait encore
rajouter les antécédents de traumatismes
pédophiles ou incestueux, réels ou vécus
comme tels, signalés chez les agresseurs
eux-mêmes.
Nous aimerions aussi connaître les conséquences induites chez la victime secondaire, c’est-à-dire le ou la partenaire (9)
des sujets ayant subi un inceste ou une
agression sexuelle dans l’enfance. Qu’advient-il également d'une autre victime,
l’enfant, lorsque cela arrive, de la victime
de l’abus, notamment sur le plan sexuel ?
Si tant est que cette comparaison ait un
sens, quelle est la gravité d'un viol incestueux par rapport à un viol non incestueux ? Deux études apportent des
débuts de réponses :
L'étude de Darves-Bornoz en 1999 a comparé 102 victimes (dont 10 % étaient des
hommes) de viol incestueux et non incestueux (3). Le syndrome de stress posttraumatique, les désordres dissociatifs,
l'agoraphobie, ainsi que la baisse de l'estime de soi sont davantage présents chez
les victimes d'inceste.
L'étude de Kelly en 2002 porte sur 67
hommes abusés – dont 17 par leur
mère (8). Ces hommes évoquent davantage de troubles que ceux qui ont été
abusés dans d'autres conditions, même
violentes. L'inceste entre un fils et sa
mère est probablement plus subtil, impliquant des comportements parfois difficiles à distinguer de soins normaux
(comme la toilette génitale), malgré les
conséquences potentiellement sérieuses
à long terme. Par ailleurs, la perception
de sensations agréables lors de l'abus
apparaît comme un facteur de risque
supplémentaire.
Conclusion
Si les perturbations sexuelles chez les
hommes victimes d'inceste ou de pédophilie font peu de doute, leur évaluation
reste encore très imprécise, parce qu'elles
ne concernent pas une population actuellement prise en compte, sauf pour des
raisons de santé publique en cas d’infection par le VIH. Pourtant, le nombre
des garçons ayant subi un inceste, ayant
été séduits ou violentés par d'autres
hommes ou par des femmes, est loin
d'être négligeable. Les conséquences à
long terme sont difficilement identifiables
parce qu'elles font le plus souvent l'objet
d'une évaluation rétrospective faussée
par de nombreux biais. Cependant, il est
de notre devoir, en tant qu'intervenants
médicaux, en particulier en tant que
sexologues, de dépasser nos préjugés et
de nous informer sur les éventuels abus
subis dans l'enfance par nos patients de
sexe masculin, comme pour nos patients
de sexe féminin.
RÉFÉRENCES
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Behav. 1982 Apr. 11 (2) : 117-31.
A. Sevène
Médecin généraliste, Sexologue,
Directeur d'enseignement
en sexologie à Paris V ;
Secrétaire général du Syndicat
National des Médecins Sexologues
(SNMS).
26, rue de la Tour, 75116 Paris
<[email protected]>
- VOL.XIII, N°48
FORENSIC SEXOLOGY
SEVÈNE A. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 40-42
A. SEVÈNE
SUMMARY : The long-term sexual
consequences on male victims of paedophilia
or incest would appear to have been
neglected even more than the consequences
on female victims, despite the fact that
paedophilia and incest are “extremely”
topical subjects. The rights of human beings
to protection require precise knowledge of
the consequences of childhood sexual abuse,
as opposed to pressure groups who try to
minimise the effects of sexual relations
between adults and children. Reasons have
been advanced to explain this neglect of the
consequences on male children and the
underestimation of the sexual aggressions to
which they have been subjected. By reviewing
international literature, the difficulty in
studying the long-term effects on male
victims of paedophilia or incest is obvious,
both due to the fact that the analysis takes
place a long time after the events, and the
difficulty in assessing the causal links
between these events and their consequences
on the current physical or psychological state
of the adult subject. Although current studies
are trying to remove these obstacles, they
mainly attempt to study “high risk” sexual
behaviour, undeniably on the rise in this type
of population. In all events, although the
consequences on sexuality are difficult to
evaluate with any level of precision,
particularly since they include many other
associated factors, they are obviously
numerous and varied. Their responsibility in
psychological disorders, but also in
behavioural dysfunctions requires traumatic
sexual events during childhood to be
identified during consultations for male
subjects, in the same way as for women.
KEY WORDS :
• Paedophilia
• Incest
• Sexual abuse during childhood
• Sexual functioning
• Sexual dysfunctions
• Long-term effects
- VOL.XIII, N°48
Sexological
consequences of
paedophilia and incest
on male victims
Article based on a paper presented during the EFS conference “Sex and psychiatry”,
December 5 and 6, 2003.
ot much research has been
conducted until now on the
long term consequences on the
sexuality of male victims of paedophilia or incest, and such consequences are difficult to assess. In
addition to the fact that the analysis
has to be made a long time after the
events, it is also difficult to judge whether the consequences of these events
really are the cause of the current psychological or physical condition of the
person concerned or not.
There have also been methodological
difficulties in the studies conducted
on the long-term effects of sexual
abuse suffered during childhood In
1989, Kilpatrick (7) conducted a critical review of 34 such studies. He
observed that there was not even a
clearly agreed definition of what was
meant by the term “incest” or behaviour considered to be “sexual abuse”.
The behaviour studied was sometimes
defined as being the consequence of
sexual activity that could be measured in terms of quantity, and considered to violate social norms. Translation into French of the English term
“sexual abuse” is also another problem raised in these studies. The equivalent term in French, “abus”, tends
to imply excessive or unreasonable
usage of something, whereas the
English word implies explicit concepts
of mistreatment or violence. It is not
always possible to avoid the literal
translation and use other terms meaning sexual violence, aggression or
injury. Kilpatrick also observed in these
studies that there was no control
group, the selection criteria were biased, there was a lack of specificity in
N
the age-groups studied, an absence
of clear identification of the aggressor,
etc. His critical review also underlined
the fact that none of these studies
really provided evidence to support
the hypothesis, also put forward sometimes, that the long-term effects could
even be profitable for the victim.
Current studies
Current studies are confronted with
the same difficulties, resulting in
conclusions that are either invalid, cannot be generalised, or where there are
so many variables that could have
contributed to the result that no
conclusions may be drawn. Nevertheless, emerging studies on which
this article is based have increasingly
tried to take account of these factors.
As far as results and the limitations of
studies are concerned, a good
example is the one conducted by
Dolezal and Carballo-Dieguez (4) in
2002 where male subjects were questioned about their own perception of
sexual experiences during childhood
and whether or not they considered
them to have been abusive This study
was conducted amongst a target
population of South American men
who had had sexual relations as a child
with other men, mainly homosexuals.
Taking account of these criteria, out
of 100 subjects questioned, 41 of them
do not consider their sexual experience during childhood with an older
partner to have been sexually abusive,
whilst 59 % consider that it was. Those
who considered themselves to be abused were younger when the events
took place and had most probably
41
been forced into the act, traumatised,
threatened or emotionally damaged in
some way.
From a legal standpoint, any sexual
act committed by an adult with a
minor is considered to be an act of
sexual violence in itself (even without
resorting to the use of physical violence, threatening behaviour or surprise). The law does not take account
of arguments for the defence consisting in trying to prove that the adult
had the child’s consent (such as love
letters, etc.). Nevertheless a recent
case has shown that there can be a
certain amount of leniency on the part
of the judges, according to circumstances… debate in society continues
since there are lobbies trying to normalise sexual relations with minors
supported by a study by Graupner (5)
published in 1999 in the Journal of
Homosexuality. This study suggests
that sexual self-determination by children and teenagers should be considered as one their fundamental rights
to private life and protection.
This makes it all the more important
to take stock of the consequences of
incestuous and paedophilic behaviour
on victims.
Although there has been much
research and discussion about the
psychological effects, the effects on
the victim’s sexuality have generally
been ignored, particularly when the
victims are male. Research has naturally and subjectively focused on
female victims rather than male, and
cases of rape of young boys by adult
women tend to be considered in the
collective conscience as a form of initiation for which the child should be
grateful. It is generally believed that
the male involved must be consenting
for a sexual act with a woman to be
possible. One study (12), although now
rather outdated and only based on a
limited number of cases, reported that
in 11 cases of sexual offence committed by women, it was possible to
obtain a sexual response from a man
even when subjected to emotions such
as anger or terror. As far as rape or
molestation of young boys by men is
concerned, this introduces a factor of
identity doubts for the victim (homosexuality), meaning that the number
of cases is most probably grossly
under-estimated.
Campaigns for women’s rights have
established stereotypes such as “violence is a man’s thing…”. Rudominer (11) reported the particularly violent
nature of verbal, physical and sexual
aggression by a mother on her son,
setting it in the context of resistance to
identification in this type of incest. Out
of the 134 victims of 69 women imprisoned in the Rennes penitentiary since
1995, 111 were aged less than 15, and
a quarter of them were male (2).
Which sexual pathologies are involved
at adult age ? McCabe in 1989 and
many others have spoken of trauma
and abuse experienced during childhood as being the potential cause of
reduced sex drive. According to Melanie Klein, sexual identity disorders and
perversion are closely related to incest.
Erectile disorders have been suggested, or perhaps difficulties in ejaculation, or anejaculation, but there have
been very few studies, if any, at least
recent and validated ones, providing
evidence to support these hypotheses,
or to estimate the frequency of such
disorders. Is there any pelvic pain or
other unexplained pain similar to that
experienced by women during sexual
intercourse described by our patients?
Unfortunately we do not have studies
to provide such information. And what
are the repercussions experienced by
these male victims in terms of their
desire to have children ?
Consequences on
the sexual behaviour
Many researchers have however studied the sexual behaviour of patients
who were victims of paedophilia or
incest, in particular high risk sexual
behaviour :
One of these studies conducted by
Braitstein (1) included 1,437 individuals
(65 % male), all drug abusers from
Vancouver. This study assessed the
frequency of past histories of sexual
violence amongst the users of injected drugs (at 36 % [67 % for women
and 19 % for men]), but also any
potential cofactors.
The data suggests that sexual violence
is closely associated with the risk of
HIV at any age, but also with other high
risk behaviour for health, both in men
and women. Sexual abuse during
childhood was extremely frequent
(21 % for the whole cohort, 33 % for
females and 12 % for males). This
sexual violence during childhood, more
than sexual violence at any other age,
is more closely associated with prostitution, mental illness, attempted suicide, accidental overdosing, deliberately using needles infected by
HIV-positive drug addicts, and alcohol and heroin addiction. Finally,
amongst the subjects questioned who
reported experiences of sexual violence at a given period of their life, a
larger proportion of men then women
stated that the events took place
before the age of 12.
Another study by O'Leary (9) looked
at the risks of HIV transmission
amongst 456 HIV-positive men having
sexual relations with other men. A history of sexual abuse in childhood was
found to be significantly associated
with unprotected sexual anal insertive
intercourse (during the past 90 days) in
33 % of cases as opposed to 20 %
for the others, and in 43 % as opposed
to 27 % for receptive intercourse with
HIV-negative partners, or where the
condition was unknown.
An increasingly large number of studies would appear to show that a history of sexual abuse during childhood
gives a predisposition at adult age for
behaviour patterns that increase the
risk of HIV transmission or other
sexually transmitted diseases, by
unprotected sex, multiple partners and
brief sexual relations with occasional
partners. This has been shown to be
true for women (Thompson, 1997 ;
Wyatt, 1988 ; Zierler, 1991) and for
homosexual men (Bartholow, 1994 ;
Carballo-Dieguez et Dolezal, 1995 ;
Jinich, 1998). Estimates of the frequency of sexual abuse during childhood amongst men having sexual relations with other men are close to one
third (shown in particular by Bartholow in 1994).
Browne and O'Connor in 2000 reported a frequency of sexual abuse in
childhood of 21 % amongst type IV
drug abusers in Dublin (more-or-less
corroborating other studies). But in
most of these studies it is usually
impossible to separate the non-sexual
aspects (such as physical or emotio-
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nal abuse, negligence, etc.) from the
sexual aspects of the abuse, or even
other factors of family dysfunction (e.g.
alcoholism or divorce). Literature suggests that the different types of abuse
often overlap amongst victims, and
measures of sexual violence can in
fact be used to measure a different
associated variable.
The study by Paul et al. on 2881 men
having sexual relations with other men
confirms the link between high-risk
sexual behaviour and sexual abuse in
childhood (10) (one fifth report suffering
sexual abuse during childhood, mainly
perpetrated outside the family) with
experience of sexual aggression characterised by high levels of violence
(43 % involved the use of physical
force or weapons) and penetration
(46 % reported attempted or successful anal intercourse). According to
this study, such men, probably more
than those who had not been subjected to such violence, are more likely
to adopt high-risk sexual behaviour.
In other behavioural studies (8), victims of sexual aggression have reported fear of sexual relations, an aversion to sex or flash-backs of the
trauma during intercourse. Their
seduction capacity is often lessened
by many factors of social exclusion,
themselves creating sexual disorders,
such as drug or alcohol addiction, due
to the serious damage done to selfesteem and personal identity, created
by bouts of depression commonly
found, or disorders in bodily functions.
The percentage of sexual trauma in
childhood in cases of morbid obesity
has been estimated as 39 % for
- VOL.XIII, N°48
women and 11 % for men. To round
the story off, we should also add the
history of paedophilic or incestuous
trauma, either real or experienced as
such, reported by aggressors themselves.
It would also be of interest to have
information about the induced consequences for secondary victims, i.e. the
person who becomes the partner (9)
of a subject who suffered incest or
sexual aggression in childhood. And
there is another level of potential victim who may suffer consequences ;
any children that the victim of childhood sexual abuse might have later.
What awaits them in the future ? Particularly from a sexual point of view…
If such a question can have any meaning at all, is it possible to assess how
serious an incestuous rape is compared to a non-incestuous rape ? Two
studies have tried to provide some
answers :
The Darves-Bornoz (3) study in 1999
compared 102 victims (10 % men) of
incestuous rape and non-incestuous
rape. It reported over-representation
of post-traumatic stress syndrome,
and dissociative disorders, agoraphobia and reduced self-esteem in victims of incest compared with the nonincestuous rape victims.
Kelly’s study (8) in 2002 included 67
abused males, 17 with incestuous relations with their mothers. These men
evidenced more disorders than the
other sexually abused males in different conditions, even when these
conditions were violent. Daughtermother incest was probably more
subtle, involving behaviour that is
sometimes difficult to distinguish from
normal child-care (genital cleaning, for
example), despite the potentially
serious long-term consequences. In
fact, the perception of pleasant sensations during the abuse was revealed to be an additional risk factor.
Conclusion
Although there would appear to be no
doubt that male victims of incest or
paedophilic abuse suffer sexual consequences, it is nevertheless very difficult
to assess them accurately due to the
fact that they concern a population
only considered from a public-health
standpoint such as for HIV transmission. And yet the frequency of boys
suffering incest, violence or molestation by other men or women is far from
negligible The long-term consequences are difficult to measure
because they are usually part of a
retrospective assessment that includes
many other associated factors. It is
our duty nevertheless, as representatives of the medical profession and
indeed as sexologists, to overcome
our prejudice, and question our
patients, be they male or female, about
any incestuous or paedophilic events
that they may have experienced during
childhood.
A. Sevène
GP, Sexologist,
Director of the sexology teaching
department at Paris V University ;
General Secretary of the National
Union of Sexology Physicians (SNMS)

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