Article
Transcription
Article
SEXOLOGIE MÉDICO-LÉGALE 37 SEVÈNE A. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 37-39 A. SEVÈNE RÉSUMÉ : Les conséquences sexuelles à long terme de la pédophilie ou de l’inceste chez l’homme qui en est victime sont un sujet qui semble avoir été négligé, bien plus encore que chez la femme. Pourtant la pédophilie et l'inceste sont des sujets au cœur de l'actualité. Le droit à la protection des personnes exige une exacte connaissance des conséquences des abus sur les enfants. À l’inverse, des groupes de pression tendent à minimiser les effets des relations sexuelles entre des adultes et des enfants. Les raisons de l’absence de prise en compte des enfants de sexe masculin et la sous-estimation des agressions sexuelles subies sont rapportées. L'examen des études de la bibliographie internationale révèle la difficulté d’étudier les effets à long terme de la pédophilie ou de l’inceste chez l’homme victime, tant en raison des difficultés que soulève l'analyse de faits rétrospectifs, que celle à apprécier les liens de causalité entre ces faits et leurs conséquences sur l’état actuel, psychique ou organique de l'adulte. Si les études actuelles tendent à lever ces obstacles, elles visent essentiellement à étudier les comportements sexuels à risque, dont l'augmentation dans ce type de population ne semble plus faire de doute. Quoi qu’il en soit, si les conséquences sur la sexualité restent difficiles à évaluer avec précision – d'autant qu’elles incluent de nombreux autres facteurs –, elles sont nombreuses et variées. Leur responsabilité dans les troubles psychiques, mais aussi dans certains troubles du comportement, exige qu’en consultation les événements sexuels traumatiques de l'enfance soient recherchés, aussi bien chez l’homme que chez la femme. MOTS-CLEFS : • Pédophilie • Inceste • Abus sexuel pendant l'enfance • Fonction sexuelle • Dysfonctions sexuelles • Effets à long terme Conséquences sexologiques de la pédophilie et de l’inceste sur l’homme-victime Article réalisé à partir de la communication aux journées “Sexe et psychiatrie” de l’EFS (École française de sexologie), les 5 et 6 décembre 2003. L es conséquences sexuelles à long terme de la pédophilie ou de l’inceste chez l’homme qui en est victime sont à la fois peu étudiées et difficiles à évaluer. Au-delà des difficultés soulevées par l’analyse de faits rétrospectifs, il faut pouvoir apprécier les liens de causalité entre ces faits et leurs conséquences sur l'état actuel, psychique ou organique de la personne. Il est nécessaire aussi de soulever les difficultés méthodologiques des études sur le sujet des effets à long terme des sévices sexuels subits pendant l’enfance. Kilpatrick (7) a réalisé une revue critique en 1989 de 34 de ces études. Il notait l’absence de définition claire ou consensuelle de l’inceste et d'un comportement considéré comme une agression sexuelle, d’autant que les comportements retenus étaient définis tantôt comme la conséquence d’une activité sexuelle qui pouvait être quantitativement mesurée, tantôt par rapport à la violation des normes sociales. La traduction du terme anglosaxon habituellement utilisé de “sexual abuse” pose un problème supplémentaire. En effet le terme d'abus en français tend à signifier “usage excessif”, alors que le terme anglo-saxon “abuse” contient une notion de maltraitance ou de violence plus explicite. Or il n’est pas toujours possible d’échapper à la traduction littérale et d’utiliser d’autres termes, comme ceux de “violence sexuelle”, d’“agression” ou de “sévices sexuels”. Kilpatrick note encore dans les études l’absence de groupe contrôle, des biais de sélection, le manque de spécificité des âges étudiés, l’absence d’identification claire de l’agresseur, etc. Sa revue critique souligne aussi qu’aucune des études relevées ne soutient valablement l’hypothèse, également discutée, selon laquelle les effets à long terme seraient salutaires. Études recentes Les études actuelles présentent les mêmes biais qui impliquent qu’elles ne sont pas valides ou qu’elles ne peuvent pas être généralisées ; ou encore il existe de nombreuses variables pouvant concourir aux effets observés, ce qui ne permet pas de conclure. Cependant les études émergentes sur lesquelles je me suis appuyé s’efforcent de plus en plus de tenir compte de ces facteurs. On peut citer, à titre d’exemple, l’étude de Dolezal et Carballo-Dieguez en 2002 (4), dans laquelle des hommes sont interrogés pour savoir s’ils perçoivent les expériences sexuelles qu’ils ont eues pendant l'enfance comme des abus. Cette étude a été conduite dans une population ciblée d’hommes latino-américains homosexuels en majorité. Tenant compte de cette sélection, sur les 100 hommes interrogés, on relève que 41 d’entre eux ne considèrent pas leurs expériences sexuelles dans l'enfance avec un partenaire plus âgé comme un abus sexuel, alors que 59 considèrent que oui. Ceux qui estiment avoir été abusés étaient plus jeunes quand les événements sont arrivés et avaient été probablement physiquement forcés, traumatisés, menacés ou blessés émotionnellement. Sur le plan légal, un acte sexuel entre un adulte et un mineur est considéré de fait comme une violence sexuelle (même - VOL.XIII, N°48 38 sans contrainte, violence, menace ou surprise). La loi ne tient pas compte de l’argument de la défense qui consisterait à établir un éventuel consentement de l’enfant (par des écrits amoureux par exemple). Cependant, une affaire récente tendrait à démontrer la possibilité récente d’une certaine clémence de la part des juges selon les circonstances… Le débat social n'est pas clos puisque des groupes de pression cherchent à normaliser les relations sexuelles avec les mineurs. L’étude de Graupner (5), parue en 1999 dans le Journal of Homosexuality, soutient que l’autodétermination sexuelle des enfants et des adolescents doit être considérée comme faisant partie du droit de base à la vie privée et la protection qui leur est due. Il est donc d’autant plus important de prendre la mesure des conséquences des comportements incestueux et pédophiliques sur les victimes. Si les effets psychologiques sont depuis longtemps débattus et étudiés, les effets sur la sexualité le sont beaucoup moins et encore plus rarement lorsqu’il s’agit d’hommes. En effet, la recherche s’est tournée naturellement et subjectivement vers des victimes femmes négligeant les victimes hommes. Le viol des garçons par des femmes adultes a tendance à être considéré dans l'inconscient collectif comme une initiation dont l'enfant devrait être heureux. Le consentement d'un homme est naturellement admis comme nécessaire pour qu'une relation sexuelle avec une femme soit possible. Quoique ancienne et portant sur un nombre de cas limité, une étude (12) nous rapporte, à partir de 11 affaires d'agressions sexuelles commises par des femmes, la possibilité d’une réponse sexuelle chez un homme même soumis à des émotions comme la colère ou la terreur. Quant au viol ou à la séduction des garçons par des hommes, il introduit un brouillage identitaire pour la victime (homosexualité ?) conduisant à de probables sous-déclarations. La lutte féminine a créé des stéréotypes tels que “la violence n’appartient qu’aux hommes”. Rudominer rapporte le caractère particulièrement violent d'agressions verbales, physiques et sexuelles d'une mère sur son fils, le replaçant dans le contexte de résistances à l’identification de ce type d’inceste (11). Sur les 134 victimes de 69 femmes incarcérées à Rennes - VOL.XIII, N°48 depuis 1995, 111 avaient moins de 15 ans et beaucoup étaient de sexe masculin (2). Quelles sont les pathologies sexuelles qui sont concernées à l’âge adulte ? McCabe en 1989 et bien d'autres mentionnent que les traumatismes et les abus vécus dans l'enfance peuvent être impliqués dans la baisse du désir sexuel. Selon Mélanie Klein, les troubles de l’identité sexuelle et la perversion seraient étroitement mêlés à l’inceste. On peut évoquer des dysfonctions érectiles, peut-être des retards d'éjaculation ou des anéjaculations, mais il y a peu ou pas d'études, tout du moins récentes et valides, qui permettraient d'appuyer ces faits et d'évaluer la fréquence de ces troubles. Existe-t-il, comme pour les femmes, des douleurs pelviennes ou d’autres douleurs inexpliquées comme celles que nous rapportent nos patients au cours des relations sexuelles ? Les études font défaut. Qu’en est-il du désir d'enfant chez ces hommes victimes? Conséquences sur le comportement sexuel Par contre, de nombreux chercheurs ont étudié les comportements sexuels des patients victimes de pédophilie ou d'inceste, en particulier les comportements sexuels à risque. L'une de ces études, réalisée par Braitstein (1), porte sur 1 437 individus (dont 65 % d'hommes) usagers de drogues à Vancouver. Cette étude permet à la fois d'évaluer la fréquence des antécédents de violence sexuelle parmi les utilisateurs de drogues injectables (à 36 % [67 % pour les femmes et 19 % pour les hommes]), mais aussi de contrôler les cofacteurs potentiels. Les données suggèrent que la violence sexuelle est fortement associée au risque de VIH à n'importe quel âge, mais aussi à d'autres comportements à risque pour la santé, aussi bien chez les hommes que les femmes. Les abus sexuels dans l'enfance sont très répandus (21 % pour la cohorte entière dont 33 % pour les femmes et 12 % pour les hommes). Cette violence sexuelle dans l'enfance, plus que la violence sexuelle à d'autres âges, est fortement associée à la prostitution, la maladie mentale, les tentatives de suicide, des overdoses accidentelles, l'utilisation en connaissance de cause de matériel d'injection par des toxicomanes séropositifs, et à l'usage abusif d'alcool et d'héroïne. Enfin, parmi les personnes interrogées ayant subi des violences sexuelles à une quelconque période de leur vie, les faits avaient débuté avant 12 ans pour une proportion plus importante d'hommes que de femmes. Une autre étude réalisée par O’Leary (9) porte sur les risques de transmission du VIH parmi 456 hommes séropositifs ayant des relations avec d'autres hommes. Un abus sexuel dans l’enfance a été significativement associé à ces actes sexuels non protégés anaux et “insertifs” (lors des 90 derniers jours) dans 33 % des cas (contre 20 % pour les autres), et “réceptifs” dans 43 % des cas (contre 27 % avec des partenaires séronégatifs – pour le VIH – ou de statut inconnu). Un nombre croissant d'études indique qu'un abus sexuel dans l'enfance prédispose à l'âge adulte à des comportements à risque de transmission du VIH et d'autres maladies sexuellement transmissibles par des relations non protégées sexuelles, des partenaires multiples et des rapports sexuels brefs avec des partenaires occasionnels. On a montré cela aussi bien pour les femmes (Thompson, 1997; Wyatt, 1988; Zierler, 1991) que pour les hommes homosexuels (Bartholow, 1994; Carballo-Dieguez et Dolezal, 1995; Jinich, 1998). Les évaluations sur la fréquence des abus sexuels dans l'enfance parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes sont proches d'un tiers (en particulier Bartholow en 1994). Browne et O'Connor en 2000 rapportent une fréquence d'abus sexuel dans l'enfance de 21 % parmi les usagers de drogues intraveineuses à Dublin (ce qui recoupe à peu près les chiffres des autres études). Mais il est souvent impossible dans la plupart des études de séparer la victimisation non-sexuelle (comme l'abus physique, l'abus émotionnel, la négligence, etc.) de la victimisation sexuelle, ou même des autres facteurs de dysfonctionnements familiaux (par exemple l'alcoolisme ou le divorce). La littérature indique qu'il y a souvent un chevauchement entre les différents types d'abus parmi des victimes, et les mesures de violence sexuelle peuvent en fait mesurer une autre variable associée. L'étude de Paul et al. portant sur 2 881 39 hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (10), confirme le lien entre comportement sexuel à risque et sévices sexuels dans l'enfance (un cinquième rapportait un abus sexuel dans l'enfance, principalement par des auteurs en dehors de la famille) avec des expériences d'agressions sexuelles qui étaient caractérisées par des hauts niveaux de violence (43 % impliquaient la force physique ou des armes) et avec pénétration (dont 46 % rapportaient des relations anales tentées ou réalisées). Selon cette étude, de tels hommes, probablement plus que des hommes qui n’ont jamais été forcés, ont des comportements sexuels à risque élevé. Parmi les autres études (8) portant sur le comportement, il faut signaler chez les victimes d'agression sexuelle la crainte des rapports sexuels, l'aversion du sexe ou la réminiscence du traumatisme lors des rapports sexuels. Les capacités de séduction sont fréquemment altérées en raison des nombreux facteurs d'exclusion sociale, eux-mêmes pourvoyeurs de troubles sexuels, tels que la drogue, la toxicomanie ou l'alcool, en raison de la profonde altération de l'estime de soi et de la détérioration de l'identité personnelle, en raison de facteurs dépressifs très fréquents, ou en raison de troubles du schéma corporel. Le pourcentage d'antécédents de traumatismes sexuels en cas d'obésité morbide atteindrait 39 % chez les femmes et 11 % chez les hommes. Pour être exhaustif, il faudrait encore rajouter les antécédents de traumatismes pédophiles ou incestueux, réels ou vécus comme tels, signalés chez les agresseurs eux-mêmes. Nous aimerions aussi connaître les conséquences induites chez la victime secondaire, c’est-à-dire le ou la partenaire (9) des sujets ayant subi un inceste ou une agression sexuelle dans l’enfance. Qu’advient-il également d'une autre victime, l’enfant, lorsque cela arrive, de la victime de l’abus, notamment sur le plan sexuel ? Si tant est que cette comparaison ait un sens, quelle est la gravité d'un viol incestueux par rapport à un viol non incestueux ? Deux études apportent des débuts de réponses : L'étude de Darves-Bornoz en 1999 a comparé 102 victimes (dont 10 % étaient des hommes) de viol incestueux et non incestueux (3). Le syndrome de stress posttraumatique, les désordres dissociatifs, l'agoraphobie, ainsi que la baisse de l'estime de soi sont davantage présents chez les victimes d'inceste. L'étude de Kelly en 2002 porte sur 67 hommes abusés – dont 17 par leur mère (8). Ces hommes évoquent davantage de troubles que ceux qui ont été abusés dans d'autres conditions, même violentes. L'inceste entre un fils et sa mère est probablement plus subtil, impliquant des comportements parfois difficiles à distinguer de soins normaux (comme la toilette génitale), malgré les conséquences potentiellement sérieuses à long terme. Par ailleurs, la perception de sensations agréables lors de l'abus apparaît comme un facteur de risque supplémentaire. Conclusion Si les perturbations sexuelles chez les hommes victimes d'inceste ou de pédophilie font peu de doute, leur évaluation reste encore très imprécise, parce qu'elles ne concernent pas une population actuellement prise en compte, sauf pour des raisons de santé publique en cas d’infection par le VIH. Pourtant, le nombre des garçons ayant subi un inceste, ayant été séduits ou violentés par d'autres hommes ou par des femmes, est loin d'être négligeable. Les conséquences à long terme sont difficilement identifiables parce qu'elles font le plus souvent l'objet d'une évaluation rétrospective faussée par de nombreux biais. Cependant, il est de notre devoir, en tant qu'intervenants médicaux, en particulier en tant que sexologues, de dépasser nos préjugés et de nous informer sur les éventuels abus subis dans l'enfance par nos patients de sexe masculin, comme pour nos patients de sexe féminin. RÉFÉRENCES 1- BRAITSTEIN P., LI K., TYNDALL M., SPITTAL P., O'SHAUGHNESSY M.V., SCHILDER A., JOHNSTON C., HOGG R.S., SCHECHTER M.T. La violence sexuelle parmi une cohorte d’utilisateurs de drogues injectables. Soc. Sci. Med. 2003 août ; 57 (3-: 561-9). 2- CIAVALDINI A., BALIER C. Agressions sexuelles : pathologies, suivis thérapeutiques et cadre judiciaire. In : Femmes agresseuses sexuelles en France, par Deschacht J.M., Genuit P. Ed. Masson, pp. 47-57, Paris, 2000. 3- DARVES-BORNOZ J.M., BERGER C., DEGIOVANNI A., GAILLARD P., LEPINE J.P. Similarities and differences between incestuous and nonincestuous rape in a French follow-up study. J. Trauma. Stress, 1999 Oct.12 (4) : 613-23. 4- DOLEZAL C., CARBALLO-DIEGUEZ A. Childhood sexual experiences and the perception of abuse among Latino men who have sex with men. J. Sex. Res. 2002 Aug. 39 (3) :165-73. 5- GRAUPNER H. Love versus abuse: crossgenerational sexual relations of minors: a gay rights issue? J. Homosex. 1999 ; 37 (4): 23-56. 6- KELLY R.J., WOOD J.J., GONZALEZ L.S., MACDONALD V., WATERMAN J. Effects of mother-son incest and positive perceptions of sexual abuse experiences on the psychosocial adjustment of clinic-referred men. Child Abuse Negl. 2002 Apr. 26 (4) : 425-41. 7- KILPATRICK ALLIE C. Expériences sexuelles pendant l'enfance. Problèmes et questions de l'étude des effets à long terme. Journal of Sex Research, vol. 23, n° 2, pp.173-96, mai 1987. 8- MALTZ W. Identifying and treating the sexual repercussions of incest: a couples therapy approach. J. Sex. Marital Ther. 1988, Summer ; 14 (2) : 142-70. 9- O'LEARY A., PURCELL D., REMIEN R.H., GOMEZ C. Childhood sexual abuse and sexual transmission risk behaviour among HIV-positive men who have sex with men. AIDS Care, 2003 Feb. 15 (1) : 17-26. 10- PAUL J.P., CATANIA J., POLLACK L., STALL R. Understanding childhood sexual abuse as a predictor of sexual risktaking among men who have sex with men: The Urban Men's Health Study. Child Abuse Negl. 2001 Apr. 25 (4) : 557-84. 11- RUDOMINER H.S. Consummated mother-son incest in latency: a case report of an adult analysis. J. Am. Psychoanal. Assoc. 2002, Summer, 0 (3) : 909-35. 12- SARREL P.M., MASTERS W.H. Sexual molestation of men by women. Arch. Sex Behav. 1982 Apr. 11 (2) : 117-31. A. Sevène Médecin généraliste, Sexologue, Directeur d'enseignement en sexologie à Paris V ; Secrétaire général du Syndicat National des Médecins Sexologues (SNMS). 26, rue de la Tour, 75116 Paris <[email protected]> - VOL.XIII, N°48 FORENSIC SEXOLOGY SEVÈNE A. (2004) Rev. Europ. Sexol ; Sexologies ; (XIII), 48 : 40-42 A. SEVÈNE SUMMARY : The long-term sexual consequences on male victims of paedophilia or incest would appear to have been neglected even more than the consequences on female victims, despite the fact that paedophilia and incest are “extremely” topical subjects. The rights of human beings to protection require precise knowledge of the consequences of childhood sexual abuse, as opposed to pressure groups who try to minimise the effects of sexual relations between adults and children. Reasons have been advanced to explain this neglect of the consequences on male children and the underestimation of the sexual aggressions to which they have been subjected. By reviewing international literature, the difficulty in studying the long-term effects on male victims of paedophilia or incest is obvious, both due to the fact that the analysis takes place a long time after the events, and the difficulty in assessing the causal links between these events and their consequences on the current physical or psychological state of the adult subject. Although current studies are trying to remove these obstacles, they mainly attempt to study “high risk” sexual behaviour, undeniably on the rise in this type of population. In all events, although the consequences on sexuality are difficult to evaluate with any level of precision, particularly since they include many other associated factors, they are obviously numerous and varied. Their responsibility in psychological disorders, but also in behavioural dysfunctions requires traumatic sexual events during childhood to be identified during consultations for male subjects, in the same way as for women. KEY WORDS : • Paedophilia • Incest • Sexual abuse during childhood • Sexual functioning • Sexual dysfunctions • Long-term effects - VOL.XIII, N°48 Sexological consequences of paedophilia and incest on male victims Article based on a paper presented during the EFS conference “Sex and psychiatry”, December 5 and 6, 2003. ot much research has been conducted until now on the long term consequences on the sexuality of male victims of paedophilia or incest, and such consequences are difficult to assess. In addition to the fact that the analysis has to be made a long time after the events, it is also difficult to judge whether the consequences of these events really are the cause of the current psychological or physical condition of the person concerned or not. There have also been methodological difficulties in the studies conducted on the long-term effects of sexual abuse suffered during childhood In 1989, Kilpatrick (7) conducted a critical review of 34 such studies. He observed that there was not even a clearly agreed definition of what was meant by the term “incest” or behaviour considered to be “sexual abuse”. The behaviour studied was sometimes defined as being the consequence of sexual activity that could be measured in terms of quantity, and considered to violate social norms. Translation into French of the English term “sexual abuse” is also another problem raised in these studies. The equivalent term in French, “abus”, tends to imply excessive or unreasonable usage of something, whereas the English word implies explicit concepts of mistreatment or violence. It is not always possible to avoid the literal translation and use other terms meaning sexual violence, aggression or injury. Kilpatrick also observed in these studies that there was no control group, the selection criteria were biased, there was a lack of specificity in N the age-groups studied, an absence of clear identification of the aggressor, etc. His critical review also underlined the fact that none of these studies really provided evidence to support the hypothesis, also put forward sometimes, that the long-term effects could even be profitable for the victim. Current studies Current studies are confronted with the same difficulties, resulting in conclusions that are either invalid, cannot be generalised, or where there are so many variables that could have contributed to the result that no conclusions may be drawn. Nevertheless, emerging studies on which this article is based have increasingly tried to take account of these factors. As far as results and the limitations of studies are concerned, a good example is the one conducted by Dolezal and Carballo-Dieguez (4) in 2002 where male subjects were questioned about their own perception of sexual experiences during childhood and whether or not they considered them to have been abusive This study was conducted amongst a target population of South American men who had had sexual relations as a child with other men, mainly homosexuals. Taking account of these criteria, out of 100 subjects questioned, 41 of them do not consider their sexual experience during childhood with an older partner to have been sexually abusive, whilst 59 % consider that it was. Those who considered themselves to be abused were younger when the events took place and had most probably 41 been forced into the act, traumatised, threatened or emotionally damaged in some way. From a legal standpoint, any sexual act committed by an adult with a minor is considered to be an act of sexual violence in itself (even without resorting to the use of physical violence, threatening behaviour or surprise). The law does not take account of arguments for the defence consisting in trying to prove that the adult had the child’s consent (such as love letters, etc.). Nevertheless a recent case has shown that there can be a certain amount of leniency on the part of the judges, according to circumstances… debate in society continues since there are lobbies trying to normalise sexual relations with minors supported by a study by Graupner (5) published in 1999 in the Journal of Homosexuality. This study suggests that sexual self-determination by children and teenagers should be considered as one their fundamental rights to private life and protection. This makes it all the more important to take stock of the consequences of incestuous and paedophilic behaviour on victims. Although there has been much research and discussion about the psychological effects, the effects on the victim’s sexuality have generally been ignored, particularly when the victims are male. Research has naturally and subjectively focused on female victims rather than male, and cases of rape of young boys by adult women tend to be considered in the collective conscience as a form of initiation for which the child should be grateful. It is generally believed that the male involved must be consenting for a sexual act with a woman to be possible. One study (12), although now rather outdated and only based on a limited number of cases, reported that in 11 cases of sexual offence committed by women, it was possible to obtain a sexual response from a man even when subjected to emotions such as anger or terror. As far as rape or molestation of young boys by men is concerned, this introduces a factor of identity doubts for the victim (homosexuality), meaning that the number of cases is most probably grossly under-estimated. Campaigns for women’s rights have established stereotypes such as “violence is a man’s thing…”. Rudominer (11) reported the particularly violent nature of verbal, physical and sexual aggression by a mother on her son, setting it in the context of resistance to identification in this type of incest. Out of the 134 victims of 69 women imprisoned in the Rennes penitentiary since 1995, 111 were aged less than 15, and a quarter of them were male (2). Which sexual pathologies are involved at adult age ? McCabe in 1989 and many others have spoken of trauma and abuse experienced during childhood as being the potential cause of reduced sex drive. According to Melanie Klein, sexual identity disorders and perversion are closely related to incest. Erectile disorders have been suggested, or perhaps difficulties in ejaculation, or anejaculation, but there have been very few studies, if any, at least recent and validated ones, providing evidence to support these hypotheses, or to estimate the frequency of such disorders. Is there any pelvic pain or other unexplained pain similar to that experienced by women during sexual intercourse described by our patients? Unfortunately we do not have studies to provide such information. And what are the repercussions experienced by these male victims in terms of their desire to have children ? Consequences on the sexual behaviour Many researchers have however studied the sexual behaviour of patients who were victims of paedophilia or incest, in particular high risk sexual behaviour : One of these studies conducted by Braitstein (1) included 1,437 individuals (65 % male), all drug abusers from Vancouver. This study assessed the frequency of past histories of sexual violence amongst the users of injected drugs (at 36 % [67 % for women and 19 % for men]), but also any potential cofactors. The data suggests that sexual violence is closely associated with the risk of HIV at any age, but also with other high risk behaviour for health, both in men and women. Sexual abuse during childhood was extremely frequent (21 % for the whole cohort, 33 % for females and 12 % for males). This sexual violence during childhood, more than sexual violence at any other age, is more closely associated with prostitution, mental illness, attempted suicide, accidental overdosing, deliberately using needles infected by HIV-positive drug addicts, and alcohol and heroin addiction. Finally, amongst the subjects questioned who reported experiences of sexual violence at a given period of their life, a larger proportion of men then women stated that the events took place before the age of 12. Another study by O'Leary (9) looked at the risks of HIV transmission amongst 456 HIV-positive men having sexual relations with other men. A history of sexual abuse in childhood was found to be significantly associated with unprotected sexual anal insertive intercourse (during the past 90 days) in 33 % of cases as opposed to 20 % for the others, and in 43 % as opposed to 27 % for receptive intercourse with HIV-negative partners, or where the condition was unknown. An increasingly large number of studies would appear to show that a history of sexual abuse during childhood gives a predisposition at adult age for behaviour patterns that increase the risk of HIV transmission or other sexually transmitted diseases, by unprotected sex, multiple partners and brief sexual relations with occasional partners. This has been shown to be true for women (Thompson, 1997 ; Wyatt, 1988 ; Zierler, 1991) and for homosexual men (Bartholow, 1994 ; Carballo-Dieguez et Dolezal, 1995 ; Jinich, 1998). Estimates of the frequency of sexual abuse during childhood amongst men having sexual relations with other men are close to one third (shown in particular by Bartholow in 1994). Browne and O'Connor in 2000 reported a frequency of sexual abuse in childhood of 21 % amongst type IV drug abusers in Dublin (more-or-less corroborating other studies). But in most of these studies it is usually impossible to separate the non-sexual aspects (such as physical or emotio- - VOL.XIII, N°48 42 nal abuse, negligence, etc.) from the sexual aspects of the abuse, or even other factors of family dysfunction (e.g. alcoholism or divorce). Literature suggests that the different types of abuse often overlap amongst victims, and measures of sexual violence can in fact be used to measure a different associated variable. The study by Paul et al. on 2881 men having sexual relations with other men confirms the link between high-risk sexual behaviour and sexual abuse in childhood (10) (one fifth report suffering sexual abuse during childhood, mainly perpetrated outside the family) with experience of sexual aggression characterised by high levels of violence (43 % involved the use of physical force or weapons) and penetration (46 % reported attempted or successful anal intercourse). According to this study, such men, probably more than those who had not been subjected to such violence, are more likely to adopt high-risk sexual behaviour. In other behavioural studies (8), victims of sexual aggression have reported fear of sexual relations, an aversion to sex or flash-backs of the trauma during intercourse. Their seduction capacity is often lessened by many factors of social exclusion, themselves creating sexual disorders, such as drug or alcohol addiction, due to the serious damage done to selfesteem and personal identity, created by bouts of depression commonly found, or disorders in bodily functions. The percentage of sexual trauma in childhood in cases of morbid obesity has been estimated as 39 % for - VOL.XIII, N°48 women and 11 % for men. To round the story off, we should also add the history of paedophilic or incestuous trauma, either real or experienced as such, reported by aggressors themselves. It would also be of interest to have information about the induced consequences for secondary victims, i.e. the person who becomes the partner (9) of a subject who suffered incest or sexual aggression in childhood. And there is another level of potential victim who may suffer consequences ; any children that the victim of childhood sexual abuse might have later. What awaits them in the future ? Particularly from a sexual point of view… If such a question can have any meaning at all, is it possible to assess how serious an incestuous rape is compared to a non-incestuous rape ? Two studies have tried to provide some answers : The Darves-Bornoz (3) study in 1999 compared 102 victims (10 % men) of incestuous rape and non-incestuous rape. It reported over-representation of post-traumatic stress syndrome, and dissociative disorders, agoraphobia and reduced self-esteem in victims of incest compared with the nonincestuous rape victims. Kelly’s study (8) in 2002 included 67 abused males, 17 with incestuous relations with their mothers. These men evidenced more disorders than the other sexually abused males in different conditions, even when these conditions were violent. Daughtermother incest was probably more subtle, involving behaviour that is sometimes difficult to distinguish from normal child-care (genital cleaning, for example), despite the potentially serious long-term consequences. In fact, the perception of pleasant sensations during the abuse was revealed to be an additional risk factor. Conclusion Although there would appear to be no doubt that male victims of incest or paedophilic abuse suffer sexual consequences, it is nevertheless very difficult to assess them accurately due to the fact that they concern a population only considered from a public-health standpoint such as for HIV transmission. And yet the frequency of boys suffering incest, violence or molestation by other men or women is far from negligible The long-term consequences are difficult to measure because they are usually part of a retrospective assessment that includes many other associated factors. It is our duty nevertheless, as representatives of the medical profession and indeed as sexologists, to overcome our prejudice, and question our patients, be they male or female, about any incestuous or paedophilic events that they may have experienced during childhood. A. Sevène GP, Sexologist, Director of the sexology teaching department at Paris V University ; General Secretary of the National Union of Sexology Physicians (SNMS)